la douleur : une affaire d'équipe martine cesar et bernadette choteau ucl mont-godinne

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LA DOULEUR : LA DOULEUR : une affaire d'équipe une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU CHOTEAU UCL Mont-Godinne UCL Mont-Godinne

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Page 1: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

LA DOULEUR :LA DOULEUR :

une affaire d'équipeune affaire d'équipe

Martine CESAR et Bernadette CHOTEAUMartine CESAR et Bernadette CHOTEAU

UCL Mont-GodinneUCL Mont-Godinne

Page 2: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

LA DOULEUR :LA DOULEUR :

une affaire d'équipeune affaire d'équipe

Page 3: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

PlanPlan

1.1. Concept de souffrance globaleConcept de souffrance globale

2.2. Attitudes des soignants : Attitudes des soignants :

compétence attentivecompétence attentive

Page 4: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

1. Notion de souffrance globale1. Notion de souffrance globale Maladie grave et/ou perspective de la mortMaladie grave et/ou perspective de la mort

Rupture d'équilibre (remise en question pour Rupture d'équilibre (remise en question pour malade et famille)malade et famille)

Crise graveCrise grave

Souffrance du patient = Souffrance du patient = Douleur physique (considérée à part entière)Douleur physique (considérée à part entière) Souffrance globale ("Total pain") (= plusieurs Souffrance globale ("Total pain") (= plusieurs

aspects intriqués : aspects intriqués : "je suis souffrance""je suis souffrance"))

SOUFFRANCE GLOBALE

Douleur physique

Douleur psychologique

Douleur sociale,culturelle

Douleur morale,spirituelle

Page 5: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

a) Douleur physiquea) Douleur physique

Douleur somatique liée à Douleur somatique liée à maladie elle-même (métastases osseuses)maladie elle-même (métastases osseuses) traitements (chimiothérapie, radiothérapie…)traitements (chimiothérapie, radiothérapie…)

Altération de l'image corporelle parAltération de l'image corporelle par Maladie elle-même (amaigrissement, faiblesse, Maladie elle-même (amaigrissement, faiblesse,

fatigue…)fatigue…) Conséquences de la maladie ou des traitements Conséquences de la maladie ou des traitements

(perte des cheveux, amputations, prothèses…)(perte des cheveux, amputations, prothèses…)Tout demande un effort Tout demande un effort

(marcher, respirer, parler…)(marcher, respirer, parler…)

Page 6: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

b) Douleur psychologiqueb) Douleur psychologique

Peurs devant la maladie :Peurs devant la maladie : peur d'avoir mal, de ne pas guérir, de perdre la tête, de peur d'avoir mal, de ne pas guérir, de perdre la tête, de

mourir…mourir… peur de ne plus être comme avant, de ne plus être aimé, peur de ne plus être comme avant, de ne plus être aimé,

d'être abandonné, de ne pas être à la hauteur…d'être abandonné, de ne pas être à la hauteur… SouffranceSouffrance

des pertes, des deuils à faire : changements de lieux, de des pertes, des deuils à faire : changements de lieux, de personnes ressources (déménagement, "placement" en personnes ressources (déménagement, "placement" en home, transfert en USP…) home, transfert en USP…)

de la perte d'autonomie, de la dépendance (familles, de la perte d'autonomie, de la dépendance (familles, soignants), soignants), de ne plus rien pouvoir décider (horaires, repas…)de ne plus rien pouvoir décider (horaires, repas…)

Blessure de l'image de soi : pyjamas, piqûres, odeurs…Blessure de l'image de soi : pyjamas, piqûres, odeurs… Souffrance de faire souffrir l'entourage, d'être un Souffrance de faire souffrir l'entourage, d'être un

"poids",…"poids",…

Page 7: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

c) Douleur socialec) Douleur sociale

Perte du rôle familial, du rôle social, de Perte du rôle familial, du rôle social, de l'emploi l'emploi (+ problèmes financiers)(+ problèmes financiers)

Exclusion : la maladie fait peur… Exclusion : la maladie fait peur… ou isolement, même si parfois c'est le ou isolement, même si parfois c'est le malade lui-même ou sa famille qui malade lui-même ou sa famille qui choisissent de "s'isoler"choisissent de "s'isoler"

Difficultés de et avec la famille et les Difficultés de et avec la famille et les prochesproches

Page 8: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

d) Douleur spirituelled) Douleur spirituelle

Apparaît dès que l'on prend conscience Apparaît dès que l'on prend conscience de sa finitudede sa finitude

Sens de ma vie ?Sens de ma vie ?Moment de relecture de la vie, Moment de relecture de la vie, des événements clefs, des échecs… des événements clefs, des échecs… de la recherche d'un fil conducteurde la recherche d'un fil conducteur

Sens de la maladie ? Sens de la Sens de la maladie ? Sens de la souffrance ?souffrance ?

Questions sur l'au-delà ?Questions sur l'au-delà ?

Page 9: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Les croyancesLes croyances

Les croyances de la personne Les croyances de la personne influencent le vécu de ces momentsinfluencent le vécu de ces moments

Le spirituelLe spirituel ne peut pas être réduit au religieuxne peut pas être réduit au religieux ne concerne pas seulement les prêtres ou ne concerne pas seulement les prêtres ou

les membres des équipes d'aumônerieles membres des équipes d'aumônerie concerne toute personne qui, par sa concerne toute personne qui, par sa

présence et son écoute, permettra au présence et son écoute, permettra au malade d'avancer dans sa recherche malade d'avancer dans sa recherche

Page 10: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Interaction entre ces différents types de Interaction entre ces différents types de douleur et de souffrancedouleur et de souffrance

Prise en charge pluridisciplinairePrise en charge pluridisciplinaire = = indispensable pour accompagner la indispensable pour accompagner la souffrance dans sa globalitésouffrance dans sa globalité

Chaque compétence spécifique a sa place Chaque compétence spécifique a sa place auprès du malade (médecin, infirmier, auprès du malade (médecin, infirmier, psychologue, kiné, assistante sociale, psychologue, kiné, assistante sociale, aumonier, bénévoles…) s'il le désire pouraumonier, bénévoles…) s'il le désire pour lui permettre de rester "vivant" jusqu'au dernier lui permettre de rester "vivant" jusqu'au dernier

jour de sa viejour de sa vie lui permettre de rester cet être "en relation" qui lui permettre de rester cet être "en relation" qui

constitue l'être humainconstitue l'être humain

Page 11: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Nous le savons, être confronté à cette Nous le savons, être confronté à cette souffrance est difficile, plein d'embûches, souffrance est difficile, plein d'embûches, et chacun des patients essaye, à sa et chacun des patients essaye, à sa manière, avec ses moyens, de ne pas se manière, avec ses moyens, de ne pas se laisser submerger.laisser submerger.

Selon leur personnalité et leurs Selon leur personnalité et leurs expériences antérieures, les malades vont expériences antérieures, les malades vont se situer différemment, développer des se situer différemment, développer des mécanismes d'adaptation ou de défense mécanismes d'adaptation ou de défense qu'il sera bien sûr important d'apprendre qu'il sera bien sûr important d'apprendre à reconnaître et à accompagner.à reconnaître et à accompagner.

Page 12: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

2. Attitude des soignants :2. Attitude des soignants :"compétence attentive""compétence attentive"

"J'ai besoin de tout ce qu'il y a "J'ai besoin de tout ce qu'il y a

dans ta tête et dans ton cœur"dans ta tête et dans ton cœur"

D. TasmaD. Tasma

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a) Compétence "Tête"a) Compétence "Tête"

Chacun dans sa fonction (soignants – Chacun dans sa fonction (soignants –

bénévoles) :bénévoles) :

a un "savoir-faire" adéquat, une formation a un "savoir-faire" adéquat, une formation

spécifiquespécifique

apporte créativité et réflexionapporte créativité et réflexion

recherche et formerecherche et forme

Page 14: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Problème de la douleurProblème de la douleur

Douleur aiguë :Douleur aiguë : = signe d'appel= signe d'appel peut aider à consulter et à poser un diagnosticpeut aider à consulter et à poser un diagnostic

Douleur chronique :Douleur chronique : stress permanent qui rappelle constamment la maladiestress permanent qui rappelle constamment la maladie quand elle dure, entraîne anxiété, dépressionquand elle dure, entraîne anxiété, dépression "aliène" le sujet, l'inquiète, brise sa liberté, l'empêche "aliène" le sujet, l'inquiète, brise sa liberté, l'empêche

de dormir, de manger, de penserde dormir, de manger, de penser détruit l'individu physiquement, psychologiquement, détruit l'individu physiquement, psychologiquement,

socialementsocialement

Sa suppression est une condition essentielle Sa suppression est une condition essentielle pour permettre au malade de rester en relation pour permettre au malade de rester en relation et de continuer son chemin ainsi que sa famille.et de continuer son chemin ainsi que sa famille.

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Philosophie des Soins Palliatifs Philosophie des Soins Palliatifs

"Tout être humain est capable de "Tout être humain est capable de s'accomplir jusqu'au bout de sa vie à s'accomplir jusqu'au bout de sa vie à condition qu'on lui supprime sa douleur condition qu'on lui supprime sa douleur physique et qu'il trouve autour de lui des physique et qu'il trouve autour de lui des personnes à qui il peut dire ses peurs, ses personnes à qui il peut dire ses peurs, ses angoisses, qui ne se dérobent pas"angoisses, qui ne se dérobent pas"

Cicely Cicely SaundersSaunders

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Or, aujourd'hui, alors que plus de 90 % Or, aujourd'hui, alors que plus de 90 % des douleurs cancéreuses peuvent être des douleurs cancéreuses peuvent être assez facilement contrôlées, 50 à 70 % assez facilement contrôlées, 50 à 70 % des patients ont encore mal !des patients ont encore mal !

Il y a donc lieu de considérer le Il y a donc lieu de considérer le problème à part entière et d'utiliser problème à part entière et d'utiliser correctement les antalgiques.correctement les antalgiques.

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1) Trois paliers de l'OMS1) Trois paliers de l'OMS± coanalgésiques 11

Palier I

Palier II

Palier III

Analgésiquesnon morphiniquesR/ Paracétamol 1

AAS AINS

Morphiniques mineursR/ Codéine 2

Dextro-Propoxyphène 3

Tilidine – Naloxone 4

Tramadol 5

Buprémorphine 6

Morphiniques majeursR/ Morphine 7

Hydromorphone 8

Oxycodone 9

Fentanyl 10

Dolantine Méthadone

non+II III

oui+I II

oui+I III

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I.I. 1) R/ Dafalgan R/ Panadol : 1 g 3 à 4 x/j.1) R/ Dafalgan R/ Panadol : 1 g 3 à 4 x/j.

II.II. 2) R/ Dafalgan codéine : 1 co 3 à 4 x/j.2) R/ Dafalgan codéine : 1 co 3 à 4 x/j. R/ Codicontin : 1 co 2 x/j. R/ Codicontin : 1 co 2 x/j.

3) R/ Depronal : 1 co 2 x/j.3) R/ Depronal : 1 co 2 x/j.

4) R/ Valtran gouttes : 4 x 10 4) R/ Valtran gouttes : 4 x 10 4 x 40 gttes/24 h. 4 x 40 gttes/24 h. retard (50 – 100 – 150 mg) : 1 co retard (50 – 100 – 150 mg) : 1 co

2 x/j.2 x/j.

5) R/ Contramal R/ Tradonal R/ Dolzam5) R/ Contramal R/ Tradonal R/ Dolzam 1 à 2 co 3 à 4 x/j, 10 à 40 gttes 3 à 4 x/j. 1 à 2 co 3 à 4 x/j, 10 à 40 gttes 3 à 4 x/j. co retard (50 – 100 – 150 – 200 mg) 1 co 2 x/j. co retard (50 – 100 – 150 – 200 mg) 1 co 2 x/j.

6) R/ Temgesic : 1 co 3 à 4 x/j.6) R/ Temgesic : 1 co 3 à 4 x/j. R/ Transtec patch (35 – 52,5 – 75 µg) 1/72 h R/ Transtec patch (35 – 52,5 – 75 µg) 1/72 h

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III.III. 7) R/ MS direct (10 mg) : 1 à 2 co/4 h.7) R/ MS direct (10 mg) : 1 à 2 co/4 h. R/ MS contin (10 – 30 – 60 – 100 – 200 mg) 1 co R/ MS contin (10 – 30 – 60 – 100 – 200 mg) 1 co 2 x/j.2 x/j. Ampoules 10 ou 20 mg/ml, s/s cutané ou I.V. Ampoules 10 ou 20 mg/ml, s/s cutané ou I.V.

8) R/ Palladone I R : 1 co/4 h.8) R/ Palladone I R : 1 co/4 h. R/ Palladone S R (4 – 8 – 12 – 24 mg) 1 co 2 x/j. R/ Palladone S R (4 – 8 – 12 – 24 mg) 1 co 2 x/j.

9) R/ Oxycontin (5 – 10 – 20 – 30 – 40 – 80 mg) 1 9) R/ Oxycontin (5 – 10 – 20 – 30 – 40 – 80 mg) 1 co 2 x/j.co 2 x/j.

10) R/ Durogesic patch (12 – 25 – 50 – 75 – 100 10) R/ Durogesic patch (12 – 25 – 50 – 75 – 100 µg) 1/72 hµg) 1/72 h R/ Matrifen patch R/ Matrifen patch

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11) Coanalgésiques11) Coanalgésiques AINS, corticoïdesAINS, corticoïdes Pour les douleurs neurogènes :Pour les douleurs neurogènes :

• antidépresseurs tricycliquesantidépresseurs tricycliquesR/ Anafranil R/ RedomexR/ Anafranil R/ Redomex

• antiépileptiquesantiépileptiquesR/ Rivotril R/ Tegretol R/ Neurontin R/ LyricaR/ Rivotril R/ Tegretol R/ Neurontin R/ Lyrica

Pour les douleurs rebelles :Pour les douleurs rebelles :• Clonidine R/ Catapressan co ou ampouleClonidine R/ Catapressan co ou ampoule• Kétamine R/ KetalarKétamine R/ Ketalar

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2) Règles de la prescription correcte 2) Règles de la prescription correcte d'un antalgiqued'un antalgique

Préalable :Préalable : toujours écouter et croire les plaintes toujours écouter et croire les plaintes douloureuses douloureuses

du patientdu patient1.1. Diagnostic précis du type de douleur : nociceptive Diagnostic précis du type de douleur : nociceptive

ou neurogène ?ou neurogène ? Connaissance de la pathologieConnaissance de la pathologie Bon examen cliniqueBon examen clinique Bonne évaluation pluridisciplinaire de la douleur Bonne évaluation pluridisciplinaire de la douleur

(échelles)(échelles)

2.2. Traiter la cause de la douleur si encore possibleTraiter la cause de la douleur si encore possible(ouverture au questionnement éthique)(ouverture au questionnement éthique)

3.3. Choisir le niveau adéquat d'antalgie (palier ?) et Choisir le niveau adéquat d'antalgie (palier ?) et les associations adéquatesles associations adéquates

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2) Règles de la prescription correcte 2) Règles de la prescription correcte d'un antalgiqued'un antalgique

4.4. Etre attentif à la communication, à la relation avec le malade Etre attentif à la communication, à la relation avec le malade et ses proches. Bien expliquer le traitement, démystifier les et ses proches. Bien expliquer le traitement, démystifier les morphiniquesmorphiniques

5.5. Se donner des objectifs réalistesSe donner des objectifs réalistes

6.6. Prévenir l'apparition de la douleur Prévenir l'apparition de la douleur prises régulières en prises régulières en fonction de la durée d'action des médicaments.fonction de la durée d'action des médicaments.Prévenir les effets secondaires (constipation, nausées)Prévenir les effets secondaires (constipation, nausées)

7.7. Garder le malade le plus autonome possible. Préférer la voie Garder le malade le plus autonome possible. Préférer la voie orale pour commencer, titrer, choisir la galénique idéale orale pour commencer, titrer, choisir la galénique idéale pour le patient (comprimés, patch…)pour le patient (comprimés, patch…)

8.8. Réévaluer régulièrement la douleur, adapter les doses et le Réévaluer régulièrement la douleur, adapter les doses et le traitementtraitement

9.9. Veiller aux soins de prévenance, de confortVeiller aux soins de prévenance, de confort

10.10. Etre attentif à la souffrance globale du patientEtre attentif à la souffrance globale du patient

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3) Démystification de la morphine et de ses 3) Démystification de la morphine et de ses dérivés dans le contexte de la douleur dérivés dans le contexte de la douleur

cancéreuse et des soins palliatifscancéreuse et des soins palliatifs

La morphine accélère la mort ("mort-fine")La morphine accélère la mort ("mort-fine")L'usage de la morphine a longtemps été réservé L'usage de la morphine a longtemps été réservé aux derniers jours de la vie (aux derniers jours de la vie ( image négative) image négative)

La morphine bien prescrite n'accélère pas le décèsLa morphine bien prescrite n'accélère pas le décès Le décès reste imputable aux désordres Le décès reste imputable aux désordres

métaboliques et à l'épuisement général du malademétaboliques et à l'épuisement général du malade On peut traiter par morphiniques pendant des mois On peut traiter par morphiniques pendant des mois

ou des années avec une qualité de vie acceptableou des années avec une qualité de vie acceptable

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La morphine rend dépendant La morphine rend dépendant

psychologiquementpsychologiquement

"Ne vais-je pas devenir dépendant, "Ne vais-je pas devenir dépendant,

toxicomane ?"toxicomane ?"

La dépendance psychologique ne se La dépendance psychologique ne se

rencontre pas en soins palliatifsrencontre pas en soins palliatifs

Les morphiniques remplaceraient les Les morphiniques remplaceraient les

endorphines naturelles, insuffisantes vu la endorphines naturelles, insuffisantes vu la

chronicité de la douleurchronicité de la douleur

Page 25: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

La morphine rend physiquement La morphine rend physiquement

dépendantdépendant

"Et si l'on arrête le traitement ?""Et si l'on arrête le traitement ?"

Lorsque la douleur diminue ou disparaît, Lorsque la douleur diminue ou disparaît,

on diminue progressivement les on diminue progressivement les

morphiniquesmorphiniques

On peut même les arrêter complètement On peut même les arrêter complètement

sans apparition d'un phénomène de sans apparition d'un phénomène de

sevrage ou de manquesevrage ou de manque

Page 26: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Qu'en est-il de la tolérance Qu'en est-il de la tolérance

médicamenteuse ?médicamenteuse ?

"Si on commence, on devra sans cesse "Si on commence, on devra sans cesse

augmenter les doses"augmenter les doses"

Une fois la dose adéquate trouvée Une fois la dose adéquate trouvée

(équilibre douleur), on peut garder le (équilibre douleur), on peut garder le

traitement pendant des moistraitement pendant des mois

On augmentera les doses si réapparition On augmentera les doses si réapparition

des douleurs liée à une évolution du des douleurs liée à une évolution du

processus pathologiqueprocessus pathologique

Page 27: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Dose plafond ?Dose plafond ?

"Et si j'ai encore mal, qu'est-ce qu'on fera ?""Et si j'ai encore mal, qu'est-ce qu'on fera ?"

Il n'y a pas de dose plafondIl n'y a pas de dose plafond

Posologie en fonction de la douleurPosologie en fonction de la douleur

Si doses très élevées de morphine ou si Si doses très élevées de morphine ou si

effets secondaires très importants, on peut effets secondaires très importants, on peut • recourir à d'autres voies d'administration recourir à d'autres voies d'administration

(péridurale, intrathécale) (péridurale, intrathécale)

• réaliser une rotation d'opioïdesréaliser une rotation d'opioïdes

Page 28: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Et la détresse respiratoire ?Et la détresse respiratoire ?

Employée de façon adéquate comme Employée de façon adéquate comme antalgique, la morphine n'induit antalgique, la morphine n'induit pratiquement pas de détresse respiratoirepratiquement pas de détresse respiratoire

La douleur est un antagoniste La douleur est un antagoniste physiologique de la dépression respiratoire physiologique de la dépression respiratoire des morphiniquesdes morphiniques

La morphine constitue même un des La morphine constitue même un des traitements symptomatiques de la dyspnée traitements symptomatiques de la dyspnée importante importante

Page 29: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

Il est capital que médecins et Il est capital que médecins et soignants soient tout à fait à soignants soient tout à fait à l'aise avec ces différentes l'aise avec ces différentes notions afin denotions afin de pouvoir au mieux les transmettre pouvoir au mieux les transmettre

aux malades et à leurs familles aux malades et à leurs familles soulager au mieux la douleur des soulager au mieux la douleur des

patientspatients

Page 30: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

b) Attention "Cœur"b) Attention "Cœur"

A côté du savoir-faire, il est important, A côté du savoir-faire, il est important, en tant que soignants et bénévoles, deen tant que soignants et bénévoles, de développer un "savoir être", une développer un "savoir être", une

"attention" au malade et à ses proches, "attention" au malade et à ses proches, tout ce qu'il y a dans "notre cœur" :tout ce qu'il y a dans "notre cœur" :• l'écoutel'écoute• la communicationla communication• l'accompagnementl'accompagnement• le respectle respect• l'amourl'amour

Page 31: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

a. L'écoute pluridisciplinaire et pluriellea. L'écoute pluridisciplinaire et plurielle

Plurielle :Plurielle : écoute du patient, de ses proches, des soignantsécoute du patient, de ses proches, des soignants

en restant à l'écoute de soi-mêmeen restant à l'écoute de soi-même

Pluridisciplinaire :Pluridisciplinaire : chacun écoute avec sa "compétence" tête et avec chacun écoute avec sa "compétence" tête et avec

sa "compétence" cœur, sa sensibilité…sa "compétence" cœur, sa sensibilité…

L'écoute reste un exercice périlleux et L'écoute reste un exercice périlleux et difficiledifficile, toujours à réapprendre de façon à , toujours à réapprendre de façon à être vraiment présent à l'autreêtre vraiment présent à l'autre avec son corpsavec son corps avec son esprit et son coeuravec son esprit et son coeur

Page 32: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

b. La communication, le dialogueb. La communication, le dialogue

L'écoute demande souvent une réponse dans un L'écoute demande souvent une réponse dans un dialogue :dialogue : avec le patient : question de "la vérité"avec le patient : question de "la vérité" avec la famille, dans la famille : éviter de créer des avec la famille, dans la famille : éviter de créer des

murs de silence entre le patient et la famillemurs de silence entre le patient et la famille à l'intérieur de l'équipe (respect de la confidentialité)à l'intérieur de l'équipe (respect de la confidentialité) avec les autres soignantsavec les autres soignants

Pour que s'instaure une relation de confiance, Pour que s'instaure une relation de confiance, le malade a besoin :le malade a besoin : de savoir certaines choses : ce qu'il veut et peut de savoir certaines choses : ce qu'il veut et peut

entendre au fur et à mesure de sa maladie, dans une entendre au fur et à mesure de sa maladie, dans une "relation de vérité" qui évolue avec le temps"relation de vérité" qui évolue avec le temps

de sentir une cohérence dans les dires des différents de sentir une cohérence dans les dires des différents soigants soigants le partage des informations est essentiel le partage des informations est essentiel

Page 33: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

c. Accompagner - Soutenirc. Accompagner - Soutenir

= être "à côté" du malade et de sa famille (≠ être à = être "à côté" du malade et de sa famille (≠ être à la place de)la place de)

"Juste proximité" par rapport au malade :"Juste proximité" par rapport au malade : Le malade restera toujours seul à vivre sa propre Le malade restera toujours seul à vivre sa propre

expérience quoi que nous fassions; il a besoin de expérience quoi que nous fassions; il a besoin de s'appuyer sur nous "bien vivants"s'appuyer sur nous "bien vivants"

Connaître nos propres limites Connaître nos propres limites Respecter le rythme du malade, celui des famillesRespecter le rythme du malade, celui des familles Ne pas imposer une idée de "bonne mort"Ne pas imposer une idée de "bonne mort"

La famille = premier accompagnant : "soigné et La famille = premier accompagnant : "soigné et soignant"soignant"

Page 34: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

d. Le respect du maladed. Le respect du malade

Ne pas juger, ne pas mettre d'étiquette : Ne pas juger, ne pas mettre d'étiquette : attention aux "a priori"attention aux "a priori"

Respect :Respect : de la personne du malade, de son nomde la personne du malade, de son nom de son corps (toilettes), de sa parole, de ses de son corps (toilettes), de sa parole, de ses

silencessilences de l'image de soi (odeurs)de l'image de soi (odeurs) de l'histoire du malade, de son mode ou lieu de de l'histoire du malade, de son mode ou lieu de

vievieRépondre aux désirs du patient si possibleRépondre aux désirs du patient si possible

(fumer une cigarette, aller au jardin, …)(fumer une cigarette, aller au jardin, …)

Page 35: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

e. Montrer au malade qu'il est quelqu'un e. Montrer au malade qu'il est quelqu'un de précieux pour nousde précieux pour nous

Place du toucher, du regard, du Place du toucher, du regard, du

sourire…,sourire…,

de toute la relation non verbalede toute la relation non verbale

(80 % de la communication)(80 % de la communication)

Page 36: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

CONCLUSIONCONCLUSION

Nous l'avons vu, prendre en charge la Nous l'avons vu, prendre en charge la

douleur douleur

d'un patient (la mettre à jour, l'évaluer, la d'un patient (la mettre à jour, l'évaluer, la

traiter), accompagner sa souffrance, est traiter), accompagner sa souffrance, est

vraiment une affaire d'équipe et nous vraiment une affaire d'équipe et nous

pouvons alors rejoindre pouvons alors rejoindre

C. Saunders à nouveau lorsqu'elle dit :C. Saunders à nouveau lorsqu'elle dit :

Page 37: LA DOULEUR : une affaire d'équipe Martine CESAR et Bernadette CHOTEAU UCL Mont-Godinne

"La victoire que nous chercherons à remporter sur la "La victoire que nous chercherons à remporter sur la douleur sera en fait celle du malade. Rencontrer des douleur sera en fait celle du malade. Rencontrer des personnes qui se cherchent un chemin au travers d'une personnes qui se cherchent un chemin au travers d'une telle adversité, avec le courage et le bon sens dont ils telle adversité, avec le courage et le bon sens dont ils font si souvent preuve, est un honneur autant qu'un font si souvent preuve, est un honneur autant qu'un enseignement. Nous ne pouvons le voir qu'en nous enseignement. Nous ne pouvons le voir qu'en nous approchant d'eux, et nous nous sommes souvent aperçus approchant d'eux, et nous nous sommes souvent aperçus que le chemin le plus sûr est d'acquérir l'art de soulager que le chemin le plus sûr est d'acquérir l'art de soulager la souffrance physique. Si nos malades nous accordent la souffrance physique. Si nos malades nous accordent le privilège de partager avec eux leur angoisse le privilège de partager avec eux leur angoisse intérieure, nous n'en resterons pas là".intérieure, nous n'en resterons pas là".

Cicely Cicely SaundersSaunders