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magazine 6 À Budapest, où désormais ré- sident György Kurtag et son épouse Marta, on avait mis les bouchées doubles pour fêter di- gnement les 90 ans du composi- teur, né le 19 février 1926, à Lugoj (Roumanie). À la fois roumain et hongrois – comme son confrère et ami György Ligeti –, Kurtag appar- tient, comme il le rappela en toute modestie à l’issue d’un concert qui l’honorait (« Je ne suis que le maillon d’une longue chaîne »), à une lignée de compositeurs qui passe, entre autres, par Liszt, Dohnanyi, Kodaly, Bartok, Veress, Farkas et Ligeti. Dans un pays où la musique possède encore une identité forte, on ne pouvait que se réjouir que le festival « Kurtag 90 ! », organisé par le Budapest Music Centre (BMC), ait fait salle comble. Le jeudi 18 février, la veille de son anniversaire, étudiants, public averti ou amis du compositeur se pressaient dans le BMC, superbe bâtiment de bois et de verre flam- bant neuf, situé au cœur histo- rique de la ville, pour assister à une conférence de presse où, contrairement à sa légende, Kurtag se révéla fort disert. Là, entouré de son épouse, de son fils György Junior et de sa petite-fille Judit, il répondit à plusieurs ques- tions, notamment sur sa manière d’écrire, « les mains jamais éloi- gnées du piano, quitte simple- ment à les poser sur le clavier, pour ressentir physiquement l’instrument ». Mais le sujet prin- cipal était évidemment son opéra d’après Fin de partie de Samuel Beckett, dont la création, prévue à l’automne 2016, à la Scala de Milan, vient encore d’être repor- tée (voir O. M. n° 114 p. 3 & p. 9 de février 2016). Assistant à la première de Fin de partie, à Paris (avril 1957), il avoue avoir été « subjugué » par ce théâtre de l’absurde, et même « choqué » par le visage passé au rouge des personnages – même si, ensuite, Beckett modifia à la fois le texte et la mise en scène, renon- çant en particulier au coloris violent du début... Son opéra à venir n’est « ni un opéra-bouffe, ni une tragédie ». « Le style, conti- nuellement changeant, est l’iden- tité même de la pièce – ce que j’essaie de traduire le plus fidèle- ment possible en musique. » Si l’on doit comprendre que la partition, bien avancée, serait quasi termi- née, précisons qu’il s’agit d’une œuvre réalisée en collaboration, depuis 1999, avec Marta (montage du texte), György Junior, fin utili- sateur de l’ordinateur, pour la musique, et Judit qui, depuis 2010, a filmé son grand-père au travail. Le même jour, après la conférence de presse, nous avons pu assister à une présentation publique d’un air de l’opéra, chanté par la contralto Hilary Summers. Ce fut encore plus réjouissant ensuite de voir le compositeur monter sur scène pour, depuis le piano, don- ner de précieuses et ultimes indi- cations à l’interprète – du coup, le public participait à une leçon d’interprétation instructive, bien qu’improvisée ! Un message du chef d’orchestre Simon Rattle, diffusé sur un écran depuis la Philharmonie de Berlin, est venu compléter les festivités. Le lendemain, jour anniversaire donc, tandis que Rattle dirigeait à Berlin la Petite Musique solennelle de Kurtag en hommage à Pierre Boulez (créée à Lucerne en 2015, à l’occasion des 90 ans du compositeur et chef d’or- chestre français), c’est Andras Keller qui proposait la même œuvre à Budapest, à la tête de son orchestre Concerto Budapest, en conclusion d’un concert donné dans le cadre prestigieux de l’Académie Liszt. Dans cet édifice de 1875 (restauré en 2013), à l’acoustique exceptionnelle, le programme, aux côtés de reprises du Double Concerto et de ...quasi una fantasia... – avec en soliste le pianiste Pierre-Laurent Aimard –, nous a permis de découvrir deux nouvelles partitions d’orchestre de Kurtag : Messages et Nouveaux Messages. Une fois encore, nous avons ap- précié l’écriture raréfiée si carac- téristique du compositeur, com- binée à une spatialisation des instruments – les vents étaient répartis aux balcons gauche et droit et, dans Messages, le chœur était installé au-dessus de l’or- chestre, au niveau du clavier de l’orgue –, pour un style d’une tension extrême, conciliant des univers aussi étranges que ceux de Webern et Ives. Monde liquéfié et sans voix, où l’intimité drama- tique se noue dans un souffle instrumental amenuisé, mais électrisant. Un tempérament de feu, à la mesure d’un pays qui n’hésite pas à organiser un festival de plus d’une semaine pour honorer son plus grand compositeur vivant. Qui, en Europe ou ailleurs, pren- drait une telle initiative ? FRANCK MALLET ACTUALITÉS on en parle ÉVÉNEMENT Les 90 ans de György Kurtag JUDIT MARJAI György Kurtag accompagnant la contralto Hilary Summers. JUDIT MARJAI

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À Budapest, où désormais ré-sident György Kurtag et son épouse Marta, on avait mis les bouchées doubles pour fêter di-gnement les 90 ans du composi-teur, né le 19 février 1926, à Lugoj (Roumanie). À la fois roumain et hongrois – comme son confrère et ami György Ligeti –, Kurtag appar-tient, comme il le rappela en toute modestie à l’issue d’un concert qui l’honorait (« Je ne suis que le maillon d’une longue chaîne »), à une lignée de compositeurs qui passe, entre autres, par Liszt, Dohnanyi, Kodaly, Bartok, Veress, Farkas et Ligeti. Dans un pays où la musique possède encore une identité forte, on ne pouvait que s e r é j o u i r q u e l e f e s t i v a l « Kurtag 90 ! », organisé par le Budapest Music Centre (BMC), ait fait salle comble.Le jeudi 18 février, la veille de son anniversaire, étudiants, public averti ou amis du compositeur se pressaient dans le BMC, superbe bâtiment de bois et de verre fl am-bant neuf, situé au cœur histo-rique de la ville, pour assister à une conférence de presse où, contrairement à sa légende,

Kurtag se révéla fort disert. Là, entouré de son épouse, de son fi ls György Junior et de sa petite-fi lle Judit, il répondit à plusieurs ques-tions, notamment sur sa manière

d’écrire, « les mains jamais éloi-gnées du piano, quitte simple-ment à les poser sur le clavier, pour ressentir physiquement l’instrument ». Mais le sujet prin-cipal était évidemment son opéra d’après Fin de partie de Samuel Beckett, dont la création, prévue à l’automne 2016, à la Scala de Milan, vient encore d’être repor-tée (voir O. M. n° 114 p. 3 & p. 9 de février 2016).Assistant à la première de Fin de partie, à Paris (avril 1957), il avoue avoir été « subjugué » par ce théâtre de l’absurde, et même « choqué » par le visage passé au rouge des personnages – même si, ensuite, Beckett modifi a à la fois le texte et la mise en scène, renon-çant en particulier au coloris violent du début... Son opéra à venir n’est « ni un opéra-bouffe, ni une tragédie ». « Le style, conti-nuellement changeant, est l’iden-tité même de la pièce – ce que j’essaie de traduire le plus fi dèle-ment possible en musique. » Si l’on doit comprendre que la partition, bien avancée, serait quasi termi-née, précisons qu’il s’agit d’une œuvre réalisée en collaboration,

depuis 1999, avec Marta (montage du texte), György Junior, fi n utili-sateur de l’ordinateur, pour la musique, et Judit qui, depuis 2010, a fi lmé son grand-père au travail.

Le même jour, après la conférence de presse, nous avons pu assister à une présentation publique d’un air de l’opéra, chanté par la contralto Hilary Summers. Ce fut encore plus réjouissant ensuite de voir le compositeur monter sur scène pour, depuis le piano, don-ner de précieuses et ultimes indi-cations à l’interprète – du coup, le public participait à une leçon d’interprétation instructive, bien qu’improvisée ! Un message du chef d’orchestre Simon Rattle, diffusé sur un écran depuis la Philharmonie de Berlin, est venu compléter les festivités.Le lendemain, jour anniversaire donc, tandis que Rattle dirigeait à B e r l i n l a Pe t i t e Mu s i q u e solennelle de Kurtag en hommage à Pierre Boulez (créée à Lucerne en 2015, à l’occasion des 90 ans du compositeur et chef d’or-chestre français), c’est Andras Keller qui proposait la même œuvre à Budapest, à la tête de son orchestre Concerto Budapest, en conclusion d’un concert donné dans le cadre prestigieux de l’Académie Liszt. Dans cet édifi ce de 1875 (restauré en 2013), à l’acoustique exceptionnelle, le

programme, aux côtés de reprises du Double Concerto et de ... quasi una fantasia... – avec en soliste le pianiste Pierre-Laurent Aimard –, nous a permis de découvrir deux nouvelles partitions d’orchestre de Kurtag : Messages et Nouveaux Messages.Une fois encore, nous avons ap-précié l’écriture raréfi ée si carac-téristique du compositeur, com-binée à une spatialisation des instruments – les vents étaient répartis aux balcons gauche et droit et, dans Messages, le chœur était installé au-dessus de l’or-chestre, au niveau du clavier de l’orgue –, pour un style d’une tension extrême, conciliant des univers aussi étranges que ceux de Webern et Ives. Monde liquéfi é et sans voix, où l’intimité drama-tique se noue dans un souffle instrumental amenuisé, mais électrisant.Un tempérament de feu, à la mesure d’un pays qui n’hésite pas à organiser un festival de plus d’une semaine pour honorer son plus grand compositeur vivant. Qui, en Europe ou ailleurs, pren-drait une telle initiative ?

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ACTUALITÉS on en parle

ÉVÉNEMENT

Les 90 ans de György Kurtag

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György Kurtag accompagnant la contralto Hilary Summers.

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En démissionnant de ses fonctions, le 11 mars dernier, Raymond Duffaut, directeur général de l’un des plus prestigieux festivals lyriques européens depuis 1981, a fait éclater au grand jour une crise qui couvait depuis plusieurs mois.Tout a commencé à l’automne 2015, quand le conseil d’administration des Chorégies a lancé un appel à candidatures pour pourvoir au remplacement de Raymond Duffaut, qui avait annoncé son départ à la fin de l’édition 2017. Jusque-là, rien que de très normal. Le processus de sélection a suivi son cours jusqu’au conseil d’administration du lundi 21 décembre, où Jean-Louis Grinda, directeur général de l’Opéra de Monte-Carlo depuis 2007, a été élu à la majorité des voix. Et c’est là que tout a dérapé, Thierry Mariani, le président du festival, déci-dant de démissionner pour cause de désaccord avec le résultat du vote. Espérait-il, comme c’est souvent le cas, que le choix se porterait sur un autre candidat ? Jean-Louis Grinda, après avoir dirigé le Grand Théâtre de Reims (1986-1996) et l’Opéra Royal de Wallonie (1996-2007), possède d’excellents états de service et il connaît on ne peut mieux les Chorégies, puisqu’il y a fait ses premières armes dans le métier, entre 1981 et 1985, en tant que secré-taire artistique, aux côtés de Raymond Duffaut.Suite à la démission de Thierry Mariani, et selon les statuts de l’association, Marie-Thérèse Galmard, adjointe aux Affaires sociales/Petite Enfance, Jeunesse et Loisirs à la mairie d’Orange, a pris la présidence par intérim, en attendant l’élection d’un nouveau président. Comme Raymond Duffaut le rappelle dans sa lettre de démission, l’une des premières déci-

sions de Marie-Thérèse Galmard a été de lui retirer sa délégation de signature, ce qu’il a logiquement vu comme une « preuve de dé-fiance ». Mais la crise n’a vraiment éclaté que lors du conseil d’administration du 11 mars, quand Jacques Bompard, maire d’Orange et président de la Ligue du Sud, mouvement poli-tique classé à l’extrême droite, a annoncé que la présidente par intérim serait présidente de droit jusqu’à la fin du mandat de Thierry Mariani, en mars 2018, sans qu’il y ait une nouvelle élection.Le maire s’est appuyé sur les statuts de l’asso-

ciation, qui ne prévoient pas le cas de la démis-sion du président mais seulement celui de son « empêchement ». Pour lui, la démission est un empêchement – une interprétation contestée par Raymond Duffaut. Celui-ci, dès la première élection de Jacques Bompard aux municipales, en 1995, sous l’étiquette Front National, avait fait savoir qu’il démissionnerait immédiate-ment « s’il arrivait que la présidence de l’asso-ciation revînt au maire de la ville ou à l’un de ses adjoints », les « valeurs » qu’il portait ne pouvant lui permettre de « continuer à travail-ler dans un tel nouveau contexte ». Dont acte : le jour même, le directeur général faisait re-mettre en main propre à Marie-Thérèse Galmard sa lettre de démission.La suite était prévisible. Le 13 mars, Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, après s’être entretenue avec Christian Estrosi, président de la Région PACA, demandait que les règles de gouvernance soient respectées, faute de quoi elle suspen-drait la subvention de l’État. Et le 14 mars au matin, Marie-Thérèse Galmard envoyait aux membres du conseil d’administration un cour-rier dans lequel elle s’engageait à convoquer, dans les semaines à venir, un nouveau conseil, où l’élection d’un président figurerait à l’ordre du jour.Tous les scénarios sont désormais envisa-geables, avec une réalité qui se présente de la manière suivante : à trois mois de l’ouverture de l’édition 2016, les Chorégies n’ont plus de directeur, Jean-Louis Grinda ne devant entrer officiellement en fonction qu’en octobre 2017 ; la structure financière du festival est, pour re-prendre la formule de Raymond Duffaut dans sa lettre de démission, d’une « extraordinaire fragilité » (suite à la stagnation des subventions publiques, la manifestation s’autofinance au-jourd’hui à 87 %, un record mondial – et une aberration qui signifie que son fonctionnement repose essentiellement sur les recettes de bil-letterie) ; le montant du déficit cumulé s’élève à 1 million d’euros (Raymond Duffaut ne manque pas de rappeler, à ce propos, que la Ville n’a pas versé sa subvention à trois reprises depuis 1995, ce qui représente une perte de 456 000 euros, une seule fois compensée par l’État) ; et si la présidence revenait définitive-ment à un élu de la Ligue du Sud, à l’issue du prochain vote, le risque est grand que l’État et la Région retirent leur subvention, que les or-chestres invités annulent leur participation, etc. Et l’on voit mal, dans la situation actuelle, quel mécène privé serait prêt à mettre la main à la poche pour compenser.On attend maintenant la suite du feuilleton...

richard martet

Crise ouverte aux Chorégies d’Orange

ACTUALITÉS on en parle

DRDRRaymond Duffaut.

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Même quand on n’est pas d’ac-cord avec lui, Claus Guth est un metteur en scène dont on prend, en général, plaisir à suivre les réalisations. Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, passés maîtres dans l’art de monter de prestigieux partenariats au ni-veau européen, ont eu la bonne idée de coproduire sa nouvelle v i s i o n d e S a l o m e a v e c l e Deutsche Oper de Berlin, où elle a été créée le 24 janvier 2016.Les 17 et 19 avril prochain, au moment où Paris découvrira le Rigoletto mis en scène par Claus Guth à l’Opéra Bastille, le Grand Théâtre accueillera ainsi cette « relecture » qui n’a pas manqué de faire quelques vagues dans la capitale allemande : Herodes en

patron d’un luxueux magasin de v ê t e m e n t s s u r m e s u r e ;

Jochanaan en sosie du précé-dent ; Salome décapitant un

mannequin à la fin, puis enfilant un imperméable et quittant tran-quillement à la fois les lieux et sa famille...La distribution est, à quelques remplacements près, la même qu’à Berlin. De grande qualité, elle réunit Catherine Naglestad dans le rôle-titre, Michael Volle en Jochanaan et Jeanne-Michèle C h a r b o n n e t e n H e r o d i a s . Succédant à Alain Altinoglu au Deutsche Oper, Stefan Soltesz sera à la tête de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, comme pour Der Rosenkavalier, présenté il y a deux saisons, en c o p r o d u c t i o n a v e c O p e r a Vlaanderen et le Covent Garden de Londres.

r. m.

Après un premier cycle consacré aux « Grandes Héroïnes de l’opéra », en novembre dernier, Christian Labrande propose, cette fois, une sélection d’archives filmées du Festival d’Aix-en-Provence, au cinéma Le Balzac, à deux pas des Champs-Élysées. Jusqu’au 16 avril, se succèderont ainsi captations récentes (la pre-mière mondiale de Written on Skin de George Benjamin, le 5 avril à 19 h 30, La traviata avec Natalie Dessay et Ludovic Tézier, le 10 avril à 11 h, Elektra mise en scène par Patrice Chéreau, le 14 avril à 19 h 30) et documents nettement plus anciens.Parmi ces derniers, les mélomanes ne voudront pas manquer quelques fleurons mozartiens des années 1960, à l’époque où Gabriel Dussurget dirigeait la manifestation : Don Giovanni en 1964, sous la direction musi-cale de Peter Maag, dans la mise en scène de Jean Meyer et les légendaires décors et cos-tumes de Cassandre, avec Gabriel Bacquier dans le rôle-titre, Teresa Stich-Randall en Donna Anna, Luigi Alva en Don Ottavio, Ilva Ligabue en Donna Elvira, Wladimiro Ganzarolli en Leporello et Mariella Adani en Zerlina (2 avril, 14 h) ; Le nozze di Figaro en 1962, avec les mêmes Ilva Ligabue et Mariella Adani, res-pectivement en Comtesse et Susanna, aux côtés de Hermann Prey en Comte, Erich Kunz en Figaro et Teresa Berganza en Cherubino, sous la baguette de Michael Gielen, dans des décors et costumes du peintre catalan Antoni

Clavé (9 avril, 14 h) ; et Die Entführung aus dem Serail, également en 1962, dans les inoubliables décors d’André Derain, créés en 1951, une mise en scène de Jean Le Poulain et une distribution réunissant, sous la direction de Serge Baudo, Anneliese Rothenberger en Konstanze, Luigi Alva en Belmonte et Michael Langdon en Osmin (12 avril, 19 h 30).In c o n t o u r n a b l e, e n f i n , l a m y t h i q u e

Semiramide de Rossini, en 1980, dirigée par Jesus Lopez Cobos et mise en scène par Pier Luigi Pizzi, avec Montserrat Caballé dans le rôle-titre, Marilyn Horne en Arsace, Samuel Ramey en Assur et Francisco Araiza en Idreno (16 avril, 14 h).Pour tous renseignements et réservations : 01 45 61 10 60 ou cinemabalzac.com

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Burkhard Ulrich et Catherine Naglestad dans Salome au Deutsche Oper de Berlin (2016).

Luigi Alva et Michael Langdon dans Die Entführung aus dem Serail au Festival d’Aix-en-Provence, dans le décor d’André Derain (1962).

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ACTUALITÉS on en parle

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magazine 9•

C’est en 2018 que le principal théâtre lyrique de la capitale espagnole fêtera le 200e anniver-saire du début de sa construction (avril 1818), à l’initiative du roi

Ferdinand VII, sur l’emplacement occupé auparavant par le Real Teatro de los Caños del Peral – suite à d’innombrables retards, le bâtiment n’ouvrit finalement ses

portes qu’en 1850, sous le règne d’Isabelle II. Mais le conseil d’ad-ministration a voulu étaler les festivités sur une période de trois ans, allant de 2016 à 2018, et dont les grandes lignes viennent d’être dévoilées.Joan Matabosch, directeur artis-tique du Teatro Real, a ainsi prévu une longue liste de premières in loco : Rodelinda de Haendel et Lucio Silla de Mozart, tous deux mis en scène par Claus Guth et dirigés par Ivor Bolton, directeur musical de la maison ; Giasone de Cavalli et Catone in Utica de Vinci ; Billy Budd et Gloriana de Britten, respectivement mis en scène par Katie Mitchell et David McVicar ; Bomarzo de Ginastera ; Yerma de Villa-Lobos ; Die Soldaten de Zimmermann ; Le Coq d’or de Rimski-Korsakov, mis en scène par

Laurent Pelly ; Jeanne d’Arc au bûcher de Honegger, par le collec-tif La Fura dels Baus ; Street Scene de Weill ; Dead Man Walking de Heggie, avec Joyce DiDonato en Sister Helen Prejean ; Powder Her Face d’Adès... sans oublier les créations mondiales de La ciudad de las mentiras d’Elena Mendoza et El abrecartas de Luis de Pablo.Côté grand répertoire, le menu s’annonce tout aussi copieux : Norma avec Maria Agresta, Karine Deshayes et Gregory Kunde ; Lucia d i L a m m e r m o o r a v e c O l g a Peretyatko et Javier Camarena ; Turandot mise en scène par Bob Wilson, avec Nina Stemme dans le rôle-titre ; Faust et Der fliegende Holländer par La Fura dels Baus ; et encore Aida, Otello, La Bohème, Madama Butterfly, Carmen...

r. m.

Les sympathies apparentes d’Alfredo Casella (1883-1947) pour Mussolini tendent à faire oublier ses grandes qualités de composi-teur et de musicologue. Celui qui, en 1937, exaltait la conquête de l’Éthiopie dans Il deserto tentato fut certainement, au cœur de l’Ita-lie fasciste, l’un des défenseurs les plus acharnés des avant-gardes musicales de son temps. Par ses publications, son enseignement ou ses responsabilités artistiques à la tête de manifestations de pres-tige, il apparut aussi comme l’un des meilleurs spécialistes de la musique ancienne.Né à Turin, Casella approfondit ses études de piano et de compo-sition au Conservatoire de Paris. De retour dans son pays, en 1915, il devient l’un des pivots d’une création musicale ambitieuse, qui entend tourner la page d’un XIXe siècle trop dépendant du goût dominant pour l’opéra. Pourtant, après avoir composé des œuvres marquantes pour piano (A notte alta, 1917), petit ensemble ou o r c h e s t r e s y m p h o n i q u e (La Giara, 1924), il fait représenter

coup sur coup deux ouvrages ly-riques : La favola d’Orfeo, « opéra de chambre » en un acte, créé à Venise, le 6 septembre 1932 ; et, surtout, La donna serpente, « opé-ra-fable » en un prologue et trois actes, qu’il dirige lui-même lors de la première, le 17 mars 1932, au Teatro dell’Opera de Rome.C’est là, incontestablement, son ouvrage le plus ambitieux et le plus inclassable. Le livret de Cesare Vico Lodovici s’inspire d’un conte de Carlo G ozzi , qu’avait déjà adapté Wagner pour Die Feen. On y retrouve le goût de l’époque baroque pour des intri-gues passablement alambiquées, faisant intervenir des person-nages hors du commun dans des cadres fantastiques, susceptibles de se prêter aux inventions scé-niques les plus extravagantes. De fait, on éprouve quelque diffi-culté à suivre le récit des amours contrariées de la fée Miranda (soprano) et du mortel Altidor (ténor). Lui ne doit pas connaître son identité ; elle vit sous la me-nace d’être transformée en serpent. Après pas mal de péripé-

ties, ils pourront tout de même vivre heureux ensemble, Casella manifestant toute l’étendue et la diversité de son talent de compo-siteur dans cette histoire sem-blant appartenir à une autre époque.Très rarement représentée, La donna serpente a été remontée, il y a deux ans, au Festival de Martina Franca. Dans son compte rendu paru dans ces colonnes (voir O. M. n° 99 p. 55 d’octobre 2014), Domenico Gatto dénonçait la disparité et la longueur exces-sive de l’ouvrage, mais se disait séduit par « un spectacle aux

couleurs éclatantes », signé Arturo Cirillo. Le Teatro Regio de Turin, son coproducteur, reprend cette mise en scène à partir du 14 avril, a v e c u n c h e f ( G i a n a n d r e a Noseda) et une distribution (Carmela Remigio, Piero Pretti) différents. Un enregistrement intégral serait le bienvenu car, actuellement, n’existe apparem-ment qu’un témoignage – non commercialisé en CD – datant de 1959, avec l’Orchestre de la RAI de Milan, dirigé par Giulio Bertola, et, dans les deux rôles principaux, Magda Laszlo et Mirto Picchi.

pierre cadars

Les 200 ans du Teatro Real de Madrid

La Femme serpent de Turin

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La donna serpente au Festival de Martina Franca (2014).

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« Barockissimo ! » Un titre dans l’air du temps, pour une exposition dont Martine Kahane et Catherine Massip sont les commissaires et qui fera date dans l’histoire du Centre National du Costume de Scène de Moulins.Conçue par Simon de Tovar et Alain Batifoulier, la scénographie invite le spectateur à participer à une aventure exaltante, celle des A r t s F l o r i s s a n t s , à t r a v e r s quelques-uns des spectacles ayant contribué à leur succès. Car, de-puis sa fondation par William Christie, en 1979, l’ensemble a participé à plus de cinquante pro-ductions lyriques, dans les théâtres et festivals les plus fameux (Opéra d e Pa r i s , O p é r a - C o m i q u e , C h â t e l e t , F e s t i v a l d’Aix-en-Provence...) et collaboré avec des metteurs en scène presti-gieux, comme Alfredo Arias, Luc

Bondy, Robert Carsen, Pier Luigi Pizzi... sans oublier Jean-Marie Villégier, maître d’œuvre de cet Atys de Lully, créé en 1986 et pré-senté, en janvier 1987, Salle Favart, véritable rêve éveillé que vécurent les amateurs de musique baroque.Treize salles composent le par-cours, avec, en guise de prologue dans la salle d’honneur du rez-de-chaussée, une rencontre entre Lully, Molière, Christie et Villégier, grâce à des costumes imaginés par Patrice Cauchetier pour Le Malade imaginaire (Châtelet, 1990). Une fois franchi le portail d’entrée, le visiteur verra venir à lui les habi-tants de l’Olympe et des Enfers (Il ritorno d’Ulisse in patria et Hercules à Aix, respectivement en 2000 et 2004), assistera à la créa-tion du genre opéra en Italie (L’incoronazione di Poppea à Madrid, en 2010), à son essor en

Angleterre (The Fairy Queen à Aix, en 1989) et en France (Atys déjà nommé), les ouvrages de Rameau (Hippolyte et Aricie et Les Indes

galantes au Palais Garnier, respec-tivement en 1996 et 1999) consti-tuant le bouquet final du feu d’artifice. Celui-ci, en même temps qu’il célèbre un chef et un or-chestre auxquels la musique française sera éternellement rede-vable, rend hommage à des costumiers de grand talent, Anthony Ward, Rudy Sabounghi, Alain Blanchot, Christian Lacroix, Alison Chitty, Gideon Davey, qui savent imposer leur griffe à un spectacle et lui donner sa person-nalité, mais dont on parle trop peu.Le voyage à Moulins s’impose, d’autant que le CNCS fête, en 2016, son 10e anniversaire. Vous avez le temps : l’exposition, qui ouvre le 8 avril, ne fermera ses portes que le 18 septembre.Pour tous renseignements : 04 70 20 76 20 ou www.cncs.fr

michel parouty

Le 26 décembre 1772, au Teatro Regio Ducal de Milan, un jeune compositeur offre la primeur de son nouvel opéra, Lucio Silla, « dramma per musica » en trois actes sur un livret de Giovanni de Gamerra. Malgré son âge (il fêtera ses 17 ans le 27 janvier suivant), Mozart a déjà à son actif plusieurs ouvrages lyriques, dont deux déjà

créés dans la capitale lombarde : Mitridate en 1770 et Ascanio in Alba en 1771. Fondatrice d’Insula Orchestra, Laurence Equilbey s’apprête à diriger cette formation sur instruments d’époque pour Lucio Silla. Elle explique ses choix.« J’ai une affection particulière pour Mozart, et j’avais envie de monter un ouvrage rare ; j’ai

choisi Lucio Silla, peu joué somme toute, et qui semble l’opéra matri-ciel par excellence. Mozart y ren-contre des thèmes et des situations qu’il développera par la suite am-plement : l’enfermement, la pri-son, la clémence et le pardon sur-t o u t . C e d e r n i e r, q u e l ’ o n retrouvera dans La clemenza di Tito, Zaide et Die Entführung aus dem Serail, illustre bien le fan-tasme du despote éclairé tel que le concevait le siècle des Lumières. Voir un adolescent de 16 ans s’y i n t é r e s s e r e s t é t o n n a n t . Musicalement aussi, on perçoit tout ce qui sera approfondi avec la m a t u r i t é . D e u x a n s a p r è s Mitridate, Mozart continue à cas-ser le moule de l’"opera seria", ajoutant, entre autres, des chœurs, et s’attachant à la matière théâtrale très riche qu’offre l’intrigue. »Le rôle de Cecilio est interprété par l’un des contre-ténors vedettes du moment, Franco Fagioli. « La pos-sibilité de travailler à nouveau avec Franco, après notre Orfeo ed Euridice de Gluck, est aussi l’une des raisons qui m’ont amenée à

monter l ’ouvrage, expl ique Laurence Equilbey. Créé par un castrat, Cecilio est souvent confié à une mezzo ; je pense qu’un contre-ténor lui donne davantage de poids dramatique. Avec notre délégué ar t ist ique, Josquin Macarez, nous avons réuni une belle équipe : les sopranos Olga Pudova (Giunia), Chiara Skerath (Lucio Cinna) et Ilse Eerens (Celia), avec le ténor Paolo Fanale en Lucio Silla. L’Argentine Rita Cosentino a conçu une mise en espace très sobre, très fine. La tournée, qui commencera à la Philharmonie 2/Cité de la Musique de Paris, le 23 avril, nous mènera jusqu’au Theater an der Wien, le 27 avril – ce qui me touche énormément, puisque j’ai fait mes études à Vienne –, ainsi qu’à Aix-en-Provence, le 29 avril, où je suis ar-tiste associée du Grand Théâtre de Provence. Elle s’achèvera le 2 mai, à l’Opéra Royal de Versailles. Deux ans après sa fondation, Insula Orchestra poursuit son chemin dans une forme optimale. »

m. p.

Les Arts Florissants s’exposent

Lucio Silla en tournée européenneFL

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Costume de Patrice Cauchetier pour le rôle d’Iris, dans Atys de Lully.

DRLaurence Equilbey.

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Bien que normand de naissance, Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871) est néan-moins considéré comme le plus parisien des compositeurs qui se vouèrent à l’art lyrique, et l’un des maîtres de cet « opéra-comique » si français qui, petit à petit, tente de reconquérir les scènes. Quarante-sept ouvrages entre 1831 et 1869 : voilà un beau palmarès ! Il lui fallait un librettiste aussi prolifi que que lui : il le trouva en la personne d’Eugène Scribe, qui lui fournit l’argument de trente-sept partitions, dont cette Manon Lescaut que l’Opéra Royal de Wallonie programme à partir du 10 avril, dans une mise en scène de Paul-Émile Fourny.Le 23 février 1856, l’Opéra-Comique accueillit donc la première de l’œuvre, que menèrent au triomphe Marie Cabel dans le rôle-titre (une soprano belge qui créa également Philine dans Mignon et Dinorah dans Le Pardon de Ploërmel) et le jeune Jean-Baptiste Faure, baryton à l’orée d’une prestigieuse carrière. Vingt-huit ans avant Massenet et trente-sept avant Puccini, Auber s’inspire de L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, septième tome des Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde, seul épisode à avoir assuré la renommée de son auteur, l’abbé Prévost.L’âge ne semble pas avoir de prise sur Auber ; en 1856, il porte allègrement ses 74 ans mais sa

musique n’a rien perdu de sa verve gracieuse, de son élégance un brin désuète et de son charme immédiat. Un air est resté longtemps gravé dans les mémoires, surnommé « L’Éclat de rire de Manon », en raison des notes piquées qui en concluent certaines phrases ; mais, dans son ensemble, Manon Lescaut vaut mieux que cette page de virtuosité gentiment spectacu-

laire, qui n’est d’ailleurs pas isolée mais intégrée dans le fi nale de l’acte I.Le jeune chef belge Cyril Englebert sera au pupitre pour cette nouvelle production de l’ORW. Et l’on applaudira dans le rôle-titre Sumi Jo, fi ne musicienne toujours prête à monter au créneau pour défendre la musique française.

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Elle en rêvait, elle l’a fait : c’est au Théâtre des Abbesses, à Paris, qu’on retrouvera Natalie Dessay dans Und, du 29 avril au 14 mai. La pièce d’Howard Barker a été créée à Tours avec elle, en mai 2015. Jacques Vincey la met en scène. « Je savais que Natalie avait l’intention de dépla-cer sa carrière du lyrique vers le dramatique, explique-t-il. L’idée m’est venue de lui proposer cette pièce qui, à mon avis, possède une com-posante musicale importante, dans le rythme, dans le son des mots ; l’auteur parle d’ailleurs, à son sujet, de "symphonie du discours". Natalie a été frappée par l’énergie du texte, elle a saisi tout de suite ce qu’il y avait d’important en lui, une force dépassant la compréhension intellectuelle. Tout ce que dit son personnage n’est pas forcément perceptible et compréhen-sible d’un point de vue logique, mais l’ensemble résonne d’une manière très sensible. Und est un monologue qui s’adresse à un interlocuteur qu’on ne voit jamais. Travailler avec quelqu’un comme Natalie est une chance : elle est intelli-gente, audacieuse, et son approche du rôle a été exceptionnelle. »

Pourquoi Natalie Dessay a-t-elle été séduite par l’idée de relever ce défi ? « J’ai accepté d’abord pour travailler avec Jacques Vincey, en qui j’ai une entière confi ance. C’est lui qui est venu me montrer ce texte. Au début, j’ai été déconcertée, jouer un monologue, je n’en avais pas l’habitude. La première fois où je l’ai lu, je n’ai rien compris mais j’ai adoré. Et j’aime aussi beaucoup la traduction de Vanasay Khamphommala. Le théâtre de Barker est très particulier. Dans Und, il y a bien un person-nage, mais c’est presque un archétype. La

femme que j’incarne attend. Pour moi, c’est peut-être une tentative d’attente stoïcienne de la mort. Elle essaie de garder la tête haute avec courage, malgré des moments de désespoir. Son parcours est accidenté, comme des mon-tagnes russes. »Au côté de Natalie Dessay, Alexandre Meyer joue de la guitare électrique, la musique ve-nant en contrepoint des mots. « Il est plus qu’un simple instrumentiste, il participe au bruitage, à la mise en son et en espace pour créer une atmosphère inquiétante. »Qu’apporte le théâtre parlé de plus que l’opé-ra à la cantatrice devenue comédienne ? « La liberté ! Il m’offre une marge de créativité plus grande ; cela dit, la diffi culté est proportion-nelle à cette marge. Toutes les expériences de la vie servent la représentation théâtrale, qui peut varier selon les jours et les humeurs. Quant à la relation avec le metteur en scène, elle est plus étroite qu’à l’opéra. J’ai dû déjà jouer cette pièce une quinzaine de fois, j’es-père que le spectacle aura mûri avec le temps. »

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Manon Lescaut version Auber à Liège

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DRMaquette du décor signé Benoît Dugardyn.

Natalie Dessay dans Und à Tours (2015).

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ACTUALITÉS à ne pas manquer

Avril• Teodor Currentzis dirigeant une nouvelle produc-tion de Macbeth, signée Barrie Kosky, à Zurich, le 3.• La nouvelle production de Lucia di Lammermoor, au Covent Garden de Londres, dirigée par Daniel Oren et mise en scène par Katie Mitchell, avec Diana Damrau dans le rôle-titre, Charles Castronovo en Edgardo et Ludovic Tézier en Enrico, le 7.• Les débuts de Juan Diego Florez et Joyce DiDonato dans Werther, en concert au Théâtre des Champs-Élysées, sous la baguette de Jacques Lacombe, le 9.• Le face-à-face entre Sabine Devieilhe et John Osborn dans La sonnambula, en concert au Théâtre des Champs-Élysées, le 11.

La donna del lago à PesaroProgrammée dès la deuxième année d’exis-tence du « Rossini Opera Festival » (ROF), en 1981, La donna del lago y est revenue depuis à plusieurs reprises, sa dernière apparition remontant à 2013, en version de concert.Pour la nouvelle production annoncée à par-tir du 8 août prochain, la direction du ROF, comme souvent ces dernières années, a déci-dé de mêler valeurs sûres et quasi-inconnus. Dans la première catégorie, on rangera sans hésiter Juan Diego Florez, Giacomo/Uberto à Pesaro dès 2001 – le rôle, il est vrai, est sans doute l’un de ses meilleurs –, et Michael Spyres, déjà Rodrigo en 2013.Chef et metteur en scène connaissent égale-ment leur affaire, qu’il s’agisse de Michele

Mariotti ou de Damiano Michieletto, on ne peut plus familiers de l’univers de Rossini et du ROF.Même si sa carrière internationale est en plein essor, la mezzo franco-arménienne Varduhi Abrahamyan, qui incarnera Malcolm, est déjà moins connue. Quant à la soprano géorgienne Salome Jicia, à laquelle est confi é le person-nage central d’Elena, elle en est seulement à ses premières armes dans le métier. Finaliste du Concours « Francisco Viñas », en 2014, elle a fait ses débuts au ROF, l’an dernier, en Folleville dans Il viaggio a Reims.Une affi che alléchante, donc, pour l’un des opéras les plus originaux du « cygne de Pesaro ».

Adriatic Arena.8, 11, 14, 17 août.

Location à partir du 27 avril.Par fax : (39) 0721 38 00 220.

Par courriel :boxoffi [email protected]

Il est temps de réserver pour...

rendez-vous télé

prochaines semaines…

• La nouvelle production d’Ariodante, à Lausanne, avec Diego Fasolis au pupitre, le contre-ténor Yuriy Minenko dans le rôle-titre, Marina Rebeka en Ginevra et Christophe Dumaux en Polinesso, le 15.• La Passione (Matthäus-Passion) de Bach, dirigée par Kent Nagano et mise en scène par Romeo Castellucci, avec une distribution réunissant notam-ment Ian Bostridge, Bernard Richter et Philippe Sly, à Hambourg, le 21.• Gregory Kunde en Idomeneo, sous la baguette de Fabio Biondi et dans une nouvelle mise en scène de Davide Livermore, à Valence, le 21.• Attila à Monte-Carlo, dans la mise en scène de Ruggero Raimondi, créée à Liège en 2013, avec Ildar Abdrazakov dans le rôle-titre et George Petean en

Ezio, le 22.• Amor vien dal destino, une rareté d’Agostino Steffani, au Staatsoper de Berlin, sous la direction de René Jacobs, le 23.• Les débuts de Julie Fuchs dans Lucia di Lammermoor, à l’Opéra Grand Avignon, sous la ba-guette de Roberto Rizzi Brignoli, avec une brillante équipe française autour d’elle : Jean-François Borras en Edgardo, Florian Sempey en Enrico et Julien Dran en Arturo, le 24.• Gustavo Dudamel au pupitre d’une nouvelle pro-duction de Turandot, signée Marco Arturo Marelli, avec Lise Lindstrom dans le rôle-titre, au Staatsoper de Vienne, le 28.

I Capuletià ZurichLa mise en scène d’I Capuleti e i Montecchi par Christof Loy, située dans l’Italie du milieu du XXe siècle, avait soulevé de vives polémiques lors de sa création à Zurich, en juin 2015 (voir O. M. n° 109 p. 71 de septembre). La distribution, en revanche, n’avait recueilli que des éloges : Joyce DiDonato en Romeo, l’un de ses rôles fé-tiches, qu’elle sert comme personne ; la jeune et magnifi que soprano ukrainienne Olga Kulchynska en Giulietta ; et l’excellent Benjamin Bernheim en Tebaldo.Arte. 24 avril. 02 h 00.

Olga Kulchynska et Joyce DiDonato. Hamletà Bruxelles

France 2 diffuse l’Hamlet d’Ambroise Thomas, fi lmé à la Monnaie de Bruxelles, en 2013, sous la baguette de Marc Minkowski et dans une mise en scène d’Olivier Py, inscrite dans un spectaculaire décor de Pierre-André Weitz (voir O. M. n° 92 p. 49 de février 2014). Illuminé par un excep-tionnel Stéphane Degout dans le rôle-titre, le spectacle est de ceux que l’on n’oublie pas.France 2. 14 avril. Vers 00 h 00.

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Juan Diego Florez.Varduhi Abrahamyan.

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Les rôles de l’opéra Brèves

L’opéra au cinémaRoberto Devereux en direct du Met

L e 1 6 a v r i l , à 18 h 55 (heure française), Pathé Live retransmet, dans quelque 120 salles de cinéma, la nouvelle mise en scène de David McVicar, qui com-plète son cycle des « reines Tudor » de Donizetti. Le rôle-

titre revient au ténor américain Matthew Polenzani, adoré du public new-yorkais, ceux de Sara et Nottingham à Elina Garanca et Mariusz Kwiecien. Mais la vedette de l’opéra est sans aucun doute Elisabetta, emploi de soprano colorature dramatique d’une redou-table diffi culté, où Sondra Radvanovsky devrait faire des étincelles.

DistinctionSophie Koch « Kammersängerin »

Depuis ses débuts in loco, le 6 oc-tobre 1999, en C h e r u b i n o , l a mezzo française témoigne d’une fi -délité indéfectible au Staatsoper de

Vienne, où le public lui a toujours fait fête. Il était donc logique qu’elle obtienne le titre convoité de « Kammersängerin », le 4 mars dernier, en présence de Dominique Meyer, directeur du Staatsoper, et Josef Ostermayer, ministre autrichien de la Culture (photo).

CompétitionRing Award 17

Créé en 1997, à Graz, le concours dédié à la mise en scène, au décor et au costume d’opé-ra a l ancé son édition 2017. Les cand ida t s , qu i

doivent avoir moins de 35 ans et n’avoir jamais réalisé une production lyrique dans un théâtre important, ont jusqu’au 8 août 2016 pour re-mettre un projet détaillé pour le premier acte de Don Pasquale. Ceux retenus à l’issue de la phase éliminatoire se présenteront en demi-fi nale, les 13 et 14 janvier 2017, la fi nale se tenant du 23 au 25 juin suivant. Pour tous renseignements : www.ringaward.com

SouscriptionPour la restauration de la tombe de Victor Capoul

L ’ a s s o c i a t i o n « C h e m i n s d e Saint-Jacques », à Pujaudran (Gers), cherche à réunir des fonds pour restaurer la tombe de Victor Capoul (Toulouse, 27 fé-v r i e r 1 8 3 9 - Pujaudran, 18 fé-vrier 1924), en très

mauvais état. Il s’agit d’honorer la mémoire de l’un des plus grands ténors français de l’his-toire, pilier de l’Opéra-Comique, applaudi au Covent Garden de Londres et au Metropolitan Opera de New York, qui créa Paul et Virginie de Victor Massé (1876) et Jocelyn de Benjamin Godard (1888). S’adresser à l’association : 05 62 07 42 46.

FestivalsAbu Dhabi 2016

La France sera l’invitée d’honneur de la 13e édition du Festival, organisée du 3 au 30 avril par l’Abu Dhabi M u s i c & A r t s Foundation. Hoda Al Khamis-Kanoo, fondatrice de la

manifestation, a choisi d’inviter Natalie Dessay et Laurent Naouri, qui se produiront en récital, le 10 avril, avec Maciej Pikulski au piano, dans le cadre prestigieux de l’Emirates Palace.

Saint-Céré 2016Du 30 juillet au 14 août, la mani-festation fondée p a r O l i v i e r D e s b o r d e s a u cœur du Lot pro-posera trois spec-tacles lyriques : une nouvelle pro-d u c t i o n d e La traviata, avec Burcu Uyar, Julien Dran et Christophe

Lacassagne, sous la baguette de Gaspard Brécourt et dans une mise en scène d’Olivier Desbordes ; et des reprises de L’Opéra de quat’sous et La Périchole.

Anna Gottlieb n’avait que 17 ans lorsque Mozart lui confi a le rôle de Pamina dans Die Zauberfl öte (Vienne, 30 septembre 1791), après qu’elle eut créé celui de Barbarina dans Le nozze di Figaro, fi ère de ses 12 prin-temps ! Oubliée la fi lle du jardinier pleurant une épingle perdue, il s’agissait de donner corps et âme à un per-sonnage idéalisé de femme révélée à elle-même et à un amour transcendant, au travers de douloureuses épreuves initiatiques.La gageure, pour toute soprano aspirant à incarner la mue progressive de cette fi gure d’essence allégorique, consiste à lui conférer une pureté de timbre et d’accents sans mièvrerie. Il convient qu’elle soit angélique mais frémissante de féminité, telle cette fl eur sensitive que les botanistes nomment mimosa pudica. Arrachée à sa mère (la Reine de la Nuit) par le solaire Sarastro, expo-sée au désir du lubrique Monostatos, avant d’atteindre à la félicité de son union avec Tamino, Pamina dispense une lumière irradiante.Certes, son duo initial avec Papageno, échange com-plice sur le thème de l’amour source vitale, est encore empreint d’hédonisme juvénile jusque dans ses vola-tines fi nales. Mais avec son seul grand air, « Ach, ich fühl’s », déploration d’un amour cette fois incarné mais encore inaccessible, le désespoir et la tentation du suicide appellent une mue vocale. Scandées par une pulsation intérieure, ses appoggiatures et vocalises tendent une ligne de chant concentrée dans une nuance piano obsédante.Mozart fait ensuite écho à la fi èvre de cette impatience au cœur du trio « Soll ich dich », le questionnement de la femme implorante épousant la forme d’un lied pré-schubertien. C’est enfi n une conquérante s’affi rmant aux accents d’« Ich selbsten », qui la voit conduire son prince au-devant des épreuves du feu et de l’eau, af-frontées avec lui pour leur commune élection.À cette complexité musicale et expressive, une Tiana Lemnitz prêtait hier une âme de violon, un legato imma-tériel et une ineffable pureté. À la radieuse Eleanor Steber, on a pu préférer l’arc-en-ciel vocal et la sensi-bilité d’une Irmgard Seefried, qualités partagées avec Elisabeth Grümmer. Miracle de lumière prismatique ensuite, le chant de Gundula Janowitz, alors que le choix, par le regretté Nikolaus Harnoncourt, de Barbara Bonney se justifi ait dans une optique post-baroque.

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PaminaSoprano (do grave/si bémol aigu)

Eleanor Steber.

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Sondra Radvanovsky.

Hoda Al Khamis-Kanoo.

Olivier Desbordes.

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