journee d'etude "les laines minerales isolantes dans

124
JUIN 1992 N* ISSN 0397 - 4529 JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT : EFFETS SUR LA SANTE" Organisée à l'I.N.R.S. à VANDOEUVRE Le 10 Décembre 1991 Sous la présidence de Monsieur le Professeur J. BIGNON Recueil des communications Comité d'organisation : Edmond KAUFFER Jean-Jacques MOULIN Christine BERTRAND Lucile POIROT Dominique ROUSSELLE Eric ENGELHARD INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SECURITE SIEGE SOCIAL : 30, RUE OLIVIER-NOYER, 75680 PARIS CEDEX 14 CENTRE DE RECHERCHE : AVENUE DE BOURGOGNE, 54501 VANDOEUVRE CEDEX

Upload: halien

Post on 05-Jan-2017

233 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

Page 1: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

JUIN 1992

N* ISSN 0397 - 4529

JOURNEE D'ETUDE

"LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT :

EFFETS SUR LA SANTE"

Organisée à l'I.N.R.S. à VANDŒUVRE

Le 10 Décembre 1991

Sous la présidence de Monsieur le Professeur J. BIGNON

Recueil des communications

Comité d'organisation :

Edmond KAUFFER Jean-Jacques MOULIN Christine BERTRAND Lucile POIROT Dominique ROUSSELLE Eric ENGELHARD

INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE ET DE SECURITE

SIEGE SOCIAL : 30, RUE OLIVIER-NOYER, 75680 PARIS CEDEX 14

CENTRE DE RECHERCHE : AVENUE DE BOURGOGNE, 54501 VANDŒUVRE CEDEX

Page 2: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

SOMMAIRE

LISTE DES PARTICIPANTS

AVANT-PROPOS

m. MUR FABRICATION DES LAINES MINERALES ISOLANTES F. LOUYS

POSE DES ISOLANTS /. BADAIRE

LES DERMITES PAR IRRITATION A LA FIBRE DE VERRE Ch.GERAUT, M. VIGNON, D. DUPAS

TOXICITE DES LAINES MINERALES : DONNEES EXPERIMENTALES S. ACHARD, M.C. JAURAND

PENETRATION, DEPOSITION, CLAIRANCE ET BIOPERSISTANCE DES FIBRES MINERALES P. BROCHARD, JC. PAIRON. J. BIGNON

LES EFFETS A LONG TERME SUR LA SANTE DES FIBRES MINERALES ARTIFICIELLES R. SARACCI

DISCUSSION

EXPOSITION AUX LAINES MINERALES ARTIFICIELLES LORS DE LA POSE DE MATERIAUX ISOLANTS E. KAUFFER, F. BARAT, JF. CERTINJ. LAURE1LLARD, JC. VIGNERON

MESURE DE PREVENTION DANS LA MISE EN OEUVRE DE LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT F. BARAT

TABLE RONDE

DISCUSSION

Page 3: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

ÍÍÑRS) - 1 -

LISTE DES PARTICIPANTS A LA JOURNEE DU 10 DECEMBRE 1991

"LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT : EFFETS SUR LA SANTE"

ABECASSIS J.C. OPPBT Médecin Conseil 72 rue Jean Bleuzen 92170 VANVES

ACCARTR. OPPBTP Tour Amboise, 204 Rond Point du Pont de Sèvres 92516 BOULOGNE BILLANCOURT

ANTHOINE D. CHU Brabois Service de Pneumologie, Avenue de Bourgogne 54500 VANDOEUVRE

ARROYO BUEZOC. C/O CRISTALERÍA ESPAÑOLA Apdo de Correos 61021 28046 SP- MADRID

ARTHAUDY. Institut Pasteur de Lyon Avenue Tony Garnier 69007 LYON

AUDRANR. MRS 30 rue Olivier Noyer 75680 PARIS CEDEX 14

AUVRAYP. BTP Ule et Vilaine Service Médico Social, BP 7709 35077 RENNES CEDEX

BADAIRE J. WANNER ISOFI 250 Route de l'Empereur 92508 RUEIL MALMAISON CEDEX

BAILLY COMTE F. Comité Médical H a vrai s Interentreprises 128 rue Massillon 76600 LE HAVRE

BARATF. Laboratoire Interrégional de Chimie CRAM Aquitaine, Rue de la Tour Gassies 33520 BRUGES

BARTHELEMY G. CEPHBCM 8 rue Benoît Frachon 42007 ST ETIENNE

BARTHELP. Le Laboratoire Métallurgique 29-33 Route de Rombas, BP 66 57146 WOIPPY CEDEX

BAUJONA. LHCF 10 rue delà Pépinière 75008 PARIS

BEAUDOUIN L. CRAM de Bretagne Service Prévention, 236 rue de Chateaugiron 35030 RENNES CEDEX

BELLI J.L Socité PROJISO Avenue de la République, BRESSON 38320 EYBENS

BERTRAND A. APAS Médecine du Travail, BP 54 92340 BOURG LA REINE

BiGNONJ. Déprt. Pathologie Professionnelle CHUC, 40 Avenue de Verdun 94010 CRETE IL CEDEX

BILLON GALAND M A LEPI 11 rue George Eastman 75013 PARIS

BIZEULO. CRAM Nantes Ingénieur Conseil, 7 rue Président E. Herriot 44034 NANTES

BLANCHARD 0. INERIS BP n°2 60505 VERNEUIL EN HALATTE

BLANCKAERT P. ORGEL BP 19 60290 RANTIGNY

BLONDEAU B. ROQUETTE Frères 62136 LESTREM

BONNIN C. APAS-MT BP 54 92340 BOURG LA REINE

BOUDON B. CRAM Service Prévention, 48-50 Bd Lafayette 63000 CLERMONT FERRAND

BOULMIER J.L. BRGM BP 6009 45060 ORLEANS CEDEX 2

BOURDON E. ISO VER SAINT GOBAIN Les Miroirs, Cedex 27 92096 PARIS LA DEFENSE

BRASERO C. ROCKWOOL ISOLATION SA 111 Rue du Château des Rentiers 75013 PARIS

BRIANCON D. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

BROCHARD P. Déprt. Pathologie Professionnelle CHIC, 40 Avenue de Verdun 94010 CRETEIL CEDEX

CARTON B. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

CASTOR R. AIMT 10 Boulevard Pasteur, BP 288 63008 CLERMONT FERRAND

CAZENEUVE J.P. С NAM TS 33 Avenue du Maine 75015 PARIS

CECCHETTIG. Via Misurina 80 135 I - ROME

CHAMBARD G. WANNER ISOFI 63 rue André Senlue 69694 VENISSIEUX CEDEX

CHOUKROUN G. CNA 19 Avenue de la Gare 1001 CH- LAUSANNE

COCHET C. CSTB 84 avenue Jean Jaurès 77421 MARNE LA VALLEE

DALLEMAGNE S. CAFCO EUROPE 1 rue de l'Industrie, ZI Foetz 3895 L-MONDERCANGE

DAVID H. EURIMA Avenue Louise 137 Bte 8 1050 B-BRUXELLES

DA SILVA F. ISOVER SAINT GOBAIN Les Miroirs, Cedex 27 92096 PARIS LA DEFENSE

DEBLOCK R. ISOVERBV Paralletweg 20 4878 NL-AH ETTEN LEUR

DENISE. EDF CPN de Cattenom 57570 CATTENOM

DESCHAMPS F. IMT de Champagne Ardennes, 45 rue Cognac Jay 51100 REIMS

DE MAURA IN N Institut National de la Consommation 80, Rue Lecourbe 75015 PARIS

DEMERINGOA. SAINT GOBAIN Recherche 39 Quai Lucien Lefranc, BP 135 93304 AUBERVILLIERS CEDEX

DEPARTE P. CAFCO EUROPE 1 rue de l'Industrie, ZI Foetz 3895 L-MONDERCANGE

DE VUYSTRE P. Hôpital Erasme 808 Route de Lennir 1070 B-BRUXELLES

Page 4: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

DONNEZ D. Ministère de l'Environnement 14 Boulevard du Général Leclerc 92200 NEUILLY SUR SEINE

DUFOURG. CHICdeCréteil Secrétariat du Pr. Brochard, 40 Avenue de Verdun 94010 CRETEIL CEDEX

DULLIN M A CIMT 18 rue du Manège, BP 128 57103 THIONVILLE CEDEX

DUMORTIER P. Hôpital Erasme 808 Route de Lennir 1070 B-BRUXELLES

DUPOUYF. EUROCOUSTC 14 rue du Général Audran, Cedex 73 92041 PARIS LA DEFENSE

DUVAL ARNOULD G. St Gobain Interservices Service Médical, Cedex 27 92096 PARIS LA DEFENSE

ESSERK. G -»-HÄG Postfach 210 565 6700 D-LUDWIGSHAFEN

FABRESJ.F. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

FARCYM ROCKWOOL ISOLATION ZI du Puits du Manoir 63700 SAINT ELOY LES MINES

FAUCON D. Institut de Médecine du Travail Pavillon 20, Hôpital Bellevue, Boulevard Pasteur 42022 SAINT ETIENNE

FLORES J DELAUNAYSA 15 Rue de la Gare 60134 VILLERS ST SEPULCRE

FOLLIOT D. EDFGDF SGMT, 30 Avenue de Wagram 75382 PARIS CEDEX 08

FONCKJ. AIMT 10 Boulevard Pasteur, BP 288 63008 CLERMONT FERRAND

GERAUTC. IUMT Faculté de Médecine, 1 rue Gaston Veil 44025 NANTES CEDEX

GIORDANO C. ASSOVETRO Via Bissolati 76 187 l-ROME

GLANCLAUDE J.M. ISOVER SAINT GOBAIN Service Médical, BP 203 84107 ORANGE CEDEX

GORNERP. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

GOUTET P. INRS/LICE Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

G RADISKID. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE Cedex

GRENOTD. SODEFIVE Les Miroirs, Cedex 27 92096 PARIS LA DEFENSE

GROBETM ISOVER SA Route de Payerne 1522 LUCENS- SUISSE

GRUNU DEFERE 0 . ISOVER SAMT GOBAIN BP19 60290 RANTIGNY

GUIGNARDJ. Labo Réactivité de Surface et Structure Université Paris VI, 4 Place Jussieu 75252 PARIS

GUYOTC. ISOVER SAMT GOBAIN BP19 60290 RANTIGNY

HEIDL. Service de Pathologie Professionnelle Hôpital de Haute Pierre 67088 STRASBOURG CEDEX

HONNET P. ANACT 7 Boulevard Romain Rolland 92120 MONTROUGE

HONNONS S. INERIS BPn°2 60505 VERNEUIL EN HALATTE

HURE P. IJM.R.S. 30, rue Olivier Noyer 75680 PARIS CEDEX 14

JAMINM. Société BRETISOL Avenue du Général de Gaulle, BP 58 35530 NOYAL SUR VILAINE

JAMINO. Société BRETISOL Avenue du Général de Gaulle, BP 58 35530 NOYAL SUR VILAINE

JAUMOTTE P. Glaceries de Saint Roch 167 rue des Glaces Nationales 5060 B-SAMBREVILLE

JAURAND M.C. Unité INSERM 139 CHU Henri Mondor, 51 Av. Mal de Lattre de Tassigny 94010 CRETEIL CEDEX

KAMSTRUPO. ROCKWOOL Hovedgaden 584 2640 DK-HEDEHUSENE

KAUF FER E. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

KUHLD. CPN de Cattenom BP 41 57570 CATTENOM

LAFOREST J.C. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

LANDRY J l . CRAM Service Prévention, 48-50 Bd Lafayette 63000 CLERMONT FERRAND

LAUZIER F. CRAMIF 17/19 Place de l'Argonne 75954 PARIS CEDEX 19

LAVILLEJM CRAM Normandie 2022 X 76028 ROUEN

LELARGE M. CFDT Les Rouages 49250 CORNE

LENOBLE H. Service de Pathologie Professionnelle Hôpital de Haute Pierre 67088 STRASBOURG CEDEX

LEONARD H. BTP de rQse SMI, 4 Boulevard Aristide Briant 60000 BEAUVAIS

LEPONTM. CFDT 112 Rue Albert 1er 60140 LIANCOURT

LEPRINCE I.N.R.S. 30, rue Olivier Noyer 75680 PARIS CEDEX 14

LEROUX C. RHONE POULENC Chimie Médecine du Travail 54410 LANEUVEVILLE - NANCV

LEROY D. CRAM Normandie 360 Rue Sainte Venise 76230 BOIS GUILLAUME

LESEIGNEUR P. Centrales Thermiques 13/27 Esplanade Charles de Gaulle 92060 LA DEFENSE

LIUNEKJM CPN de Cattenom BP 41 57570 CATTENOM

LOUYS F. FILMM 3 Avenue du Président Wilson 75016 PARIS

MAKARYG. SODEFIVE 18 Avenue d'Alsace 92400 COURBEVOIE

MASSINN. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX MELLINGER M.C. SMTBTP Chemin de Bivy 57955 MONT IG NY LES METZ

MELLON L. CERTAINTEED PD Box 860 19482 USA-VALLEY FORGE PA

MENARDO. CHU Brabois Service de Pneumologie, Avenue de Bourgogne 54500 VANDOEUVRE

MENER H. BTP Région Nord Médecine du travail, BP 2774 51069 REIMS CEDEX MERCIER A. SA F BRAVER BP 251 77442 MARNE LA VALLEE CEDEX 2 MERLE J l . ROCKWOOL ISOLATION ZI du Puits du Manoir 63700 SAINT ELOY LES MINES M1HOUDC. ISOVER SAINT GOBAIN Les Miroirs, Cedex 27 92096 PARIS LA DEFENSE

MORSCHE DTC. EURIMA Les Miroirs, Cedex 27 92096 PARIS LA DEFENSE

MOSBRUCKERJJ. SMTBTP 147 Chemin de Blory 57158 MONT IG NY LES METZ

Page 5: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

MOULIN J J. INRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

MOULUT J.C. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

MOYON J.P. WANNER ISOFI ZI des Vauguillettes 89100 SENS

MUR J M INRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

NAVARRE L. Médecine du Travail MTI30,6 Rue St Thomas 30000 NIMES

ORLIACM. AOASBTP 23 Avenue de Basingstoke, BP 46 61002 ALENCON CEDEX

OWENS. SAFIBRAVER BP 251 77442 MARNE LA VALLEE CEDEX 2

PEDUZZIC. Entreprise Peduzzi 4 rue Denis Papin 69100 VILLEURBANNE

PELEA. SMSBTP BP 7709 35077 RENNES CEDEX

PETiTG. LEPI 11 rue George Eastman 75013 PARIS

PETIT M. FIL MM 3 Avenue du Président Wilson 75016 PARIS

POIRIER J l . ISOVERSA WTC, Tour 1,162 Bld E. Jacqmain, Bte 40 1210 B-BRUXELLES

PONTAILLERJJ. OWENS CORNING ISOLATION FRANCE 14 rue des Bas Trévois, BP 19 10001 TROYES CEDEX

PRASIL M.P. CNAMTS Direction du Service Médical, 17/19 rue de Flandre 75954 PARIS CEDEX 19

PROTOISJ.C. INRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

QUENETC. ACIMT 32 Avenue Auvergne 23000 GUERET

RAFFAELLIC. BENDIX Matériaux de Friction Médecin du Travail, BP 88 14110 CONDE SUR NOIREAU

RAVAULT M.C. APAS-MT 6 rue Musset 75016 PARIS

RAYMOND F. Médecine du Travail 18 rue du Colonel Denfert, BP 161 71104 CHALON SUR SAONE

RAZEL F. ANACT 7 Boulevard Romain Rolland 92120 MONTROUGE

RIHNB. INRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

RIONDELE. CEP HBCM 8 rue Benoît Frachon 42007 ST ETIENNE

ROBINET P. ETERNIT Industries Service Médical, BP 6 59224 THIANT

RONDEAU DU NOYER C. DRTE - MIRTE 122 rue du Faubourg St Jean 45000 ORLEANS

ROUSSYG. ISOVER SAINT GOBAIN "Les Miroirs", 18 Avenue d'Alsace 92400 COURBEVOIE

ROUTER E. WANNER ISOFI 38 rue Kléber, BP 29 59155 FACHES THUMESNIL

ROYERL EDF Service Médical, CPN de Cattenom 57570 CATTENOM

RUIZ VALDEPEÑAS A. CRISTALERÍA ESPAÑOLA Apdo De Correos 61021 28046 SP-MADRID

SANDINOJ.P. INRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

SARACCIR. IARC 150 Cours Albert Thomas 69008 LYON CEDEX

SAUXM. Ministère du Travail 1 Place Fontenoy 75700 PARIS

SCOTTIG. BALZARETTI MODIGLIANI Via E. Romagnoli 6 20146 l-MILANO

SERIGNANTD. AINF 9 -11 rue G. Enesco 94008 CRETE IL

SIREJ. GEC Alsthom Avenue des Trois Chênes 90018 BELFORT CEDEX

STUCKER 1. INSERMU 170 16 Avenue Paul Vaillant Couturier 94807 VILLEJUIF CEDEX

TANTYA. CGT 15 Allée Lafayette 92340 BOURG LA REME

THELOHAN S. SAINT GOBAIN Recherche 39 Quai Lucien Lefranc, BP 135 93304 AUBERVILLIERS CEDEX

THIRET P. ISOVER SAINT GOBAIN 18 Avenue d'Alsace, Immeuble les Miroirs 92096 PARIS LA DEFENSE

THOMAS ISOVER SAINT GOBAIN Les Miroirs 92096 PARIS LA DEFENSE

VEISSERE S. MRS Avenue de Gourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

VERGER D. KAPYROK 35 rue Messager 76170 LILLEBONNE

VIGNERON J.C. MRS Avenue de Bourgogne, BP 27 54501 VANDOEUVRE CEDEX

WENDLING J.M. Service de Pathologie Professionnelle Hôpital de Haute Pierre 67088 STRASBOURG CEDEX

Page 6: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

AVANT-PROPOS

L'utilisation des fibres minérales artificielles (FMA) s'est développée depuis une cinquantaine

d'années notamment pour l'isolation des bâtiments. Pour cette application, les fibres minérales

artificielles ont progressivement remplacé l'amiante, après la mise en évidence des risques liés à son

utilisation. Toutefois il convient de s'interroger sur les éventuels effets sur la santé de l'exposition aux

fibres minérales artificielles, lors de leur production ou de leur utilisation.

Au niveau de la production, les techniques de fabrication ont évolué et les conditions d'hygiène

industrielle se sont améliorées ; ceci a eu pour conséquence une diminution des niveaux de pollution

atmosphérique, la production de fibres plus grosses, réputées moins dangereuses et une moindre

dispersion de leurs caractéristiques dimensionnelles. Les résultats des mesures de pollution attestent de

cette évolution favorable dans les usines de production. Toutefois l'exposition des utilisateurs de fibres

minérales artificielles, encore mal connue, est vraisemblablement plus élevée.

Plusieurs études épidémiologiques ont été réalisées dans le monde, surtout parmi les salariés des usines

de production, afin de rechercher des risques éventuels, notamment respiratoires (cancéreux ou non), en

relation avec l'exposition aux fibres minérales artificielles. D'autres risques sont également à prendre

en compte : dermites irritatives, manifestations allergiques liées à l'exposition aux résines (formo-

phénoliques, urée-formol) d'ensimage des fibres.

Parallèlement, des études expérimentales ont été menées, pour rechercher un éventuel pouvoir

cancérogène des fibres minérales artificielles chez l'animal.

Les contributions qui suivent font le point sur les résultats de ces diverses études et proposent des

orientations de recherche pour l'avenir. La collaboration entre les industriels, les chercheurs et les

préventeurs est un élément favorable pour la progression des connaissances, de l'hygiène et de la

sécurité dans ce domaine.

Docteur J.M MUR

Adjoint au Directeur des Etudes et Recherches

Page 7: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

FABRICATION DES LAINES MINERALES ISOLANTES

F. LOUYS

Syndicat National des Fabricants d'Isolants en Laines Minérales Manufacturées

Page 8: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

1.- INTRODUCTION

Usuellement les laines minérales manufacturées sont dénommées en fonction du matériau

utilisé pour les fabriquer. C'est ainsi que l'on parle de laines de verre, de roche ou de laitier.

Dans les laines, les fibres, par opposition aux filaments continus, sont positionnées de

manière quelconque les unes par rapport aux autres. Le but de ce bref exposé est de

présenter l'utilisation de ces laines minérales, de les situer dans le contexte plus général des

fibres et de décrire les procédés de fabrication.

2.- L'UTILISATION DES LAINES MINERALES

Les laines de verre et de roche sont utilisées pour leur propriété d'isolation phonique ou

thermique. Elles servent à l'isolation des logements (combles habitables ou perdus, murs

entre parois, sols sous chape ...). Elles sont également utilisées dans le secteur tertiaire

(isolation de cloisons, plafonds, murs et façades, toitures, sous-sols...) et pour l'isolation des

installations techniques (tuyauteries, climatisation ...). Les figures 1 et 2 illustrent quelques

unes de ces applications.

3.- LES LAINES MINERALES PARMI LES AUTRES FIBRES

Les laines minérales sont des fibres artificielles vitreuses de la famille des silicates. La figure 3

les situe parmi l'ensemble des fibres qu'elles soient naturelles ou artificielles, minérales ou

organiques, amorphes ou cristallisées. La figure 4, plus spécialement consacrée aux fibres

artificielles vitreuses distingue les filaments continus, les laines d'isolation, les fibres

réfractaires et les fibres spéciales.

4.- LES PROCEDES DE FABRICATION

Le schéma général de fabrication des laines minérales est présenté sur la figure 5. Le

matériau primaire, verre ou roche, est fondu dans un four ou dans un cubilot. Le fibrage est

obtenu soit par un procédé centrifuge (figure 6) ou rotatif (figure 7).

Page 9: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Les fibres sont liées par une résine thermodurcissable de la famille des formophénolées et

traitées en nappe continue dans des fours de polymérisation. Elles sont ensuite

conditionnées en panneaux ou rouleaux et emballées sur feuilles de polyéthylène

directement sur palettes.

La répartition en volume des 12 millions de m 3 produits annuellement est décrite sur la

figure 8.

Page 10: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS
Page 11: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

— a w a - n z i B

a o - ^ i S B i t f f i i i i â i ï i ï a ' i i i 7niiiiaiiiHi-iBi

~ i B B i g » n i i i • • s a f l â B a i B B

fil I B

1- Toiture terrasse 2- Comble aménagé

5· Cloison acoustique 6- Chape flottante

10-11-12- Isolation par l'extérieur.

3- Comble perdu 4- Gaine de climatisation

7-8- Plafono suscendu 9- Fond de coffrace

Page 12: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

CLASSIFICATION

FIBRE

ORGANIQUE Rayonne Nylon Kcvlar

MANUFACTUREE (Synthétique)

i NATURELLE

1 INORGANIQUE

ORGANIQUE

r NON METALUQUB

I

1 METALLIQUE Laine d'acier

VITREUSE

^ —

INORGANIQUE

VITREUSE

I CRISTALLINE

I

CRISTALLINE (MINERALES Asbeste Wollastonite Zeolites

MONO CRISTALLINE POLY CRISTALUNE o I

CONTINUE

OXYDE NON OXYDE Fluoride

SILICATES NON SILICATES VERRE TEXTILE

I SILICATES

1

LAINE

OXYDE

— T —

NON OXYDE

NON SILICATES

OXYDE A 1 2 0 3

NON OXYDE SIC

CONTINUE

QXYD5 NEXTEL

FPAlf>3

NON OXYDE SIC Carbone S I 3 N 4

LAjNI

OXYDE SAFFIL Z r 0 2

NON OXYDE Carbone

LAINES ISOLANTES!

LAINE CERAMIQUE: REFRACTAIRE

Figure 3 : Classification des fibres (d'après TIMA)

Page 13: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

FIBRES ARTIFICIELLES VITREUSES

FILAMENT CONTINU

1) VERRE

LAINE ISOLATION

1) LAINE DE VERRE 2) LAINE DE ROCHE 3) LAINE DE LAITIER

6-15 firn 2-9 um

ETIRAGE ROTATIF CENTRIFUGE

FIBRES REFRACTAIRES 1) CERAMIQUE 2) AUTRES

FIBRES SPECIALES

1) MICROFIBRES DE VERRE

1.2-3 0.1-3 um

SOUFFLAGE ETIRAGE- SOUFFLAGE

ATTENUATION DE FLAMME

METHODES DE PRODUCTION

Figure 4 : Les fibres artificielles vitreuses (Head & Wagg, 1980)

Page 14: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

HfikriEfKeS -Í~~' SABLÉ" OO

P/l/£-£S

ÙOti P O S I T I O N

PRINCIPES DE FABRICATION DES LAINES MINERALES

CUISSOtl ET polymé Ri savon

£>£5 RESÍflES^

pRocepe Lfiin£ DE

[/ERR e

PÜOCEOS

LAINE D£ roche

FI6RAGE £T Pl/LVÉRiSATÌOn

D£5 LIANTS

Decoupage: SURFAÇAqÊ"

PPODUÍTS FINÎ5

FÌ&RÙGE ET PuLV£fiîSATlon D£5 L/A NTS

Figure 5 : Principes de fabrication des laines minérales

Page 15: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

PROCEDE CENTRIFUGE

Figure 6 : Le procédé centrifuge

Page 16: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Figure 7 : Le procédé rotatif

Page 17: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

REPARTITION DES MARCHES EN VOLUME PAR CIRCUITS

ENTREPRISES ET ARTISANS 62% HMHBHHI^HHHHHHMII^^MBHiil^HH

PARTICULIERS 27% WÊÊÊÊÊKÊÊMÊÊÊÊÊ^^^M

INDUSTRIELS 5% ^ H i

PROJECTEURS 2,5% •

SOUFFLEURS 2% • 5

DECOUPEURS 1,5% •

Figure 8 : Répartition des marchés en volume par circuits

Page 18: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

POSE DES ISOLANTS

J. BAD AIRE

Syndicat National de l'isolation

Page 19: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

1.0 PRESENTATION DU SNI

Le Syndicat National de l'Isolation est le porte parole des Entreprises qualifiées en travaux :

- d'isolation thermique

- d'isolation acoustique

- d'isolation frigorifique

- de protection contre l'incendie

A ce titre il regroupe 350 Entreprises adhérentes ce qui correspond à une population de 20 000 agents

Son objectif essentiel est de donner à sa clientèle une image de marque de la profession au travers des Entreprises qualifiées.

Pour cela, le S.N.I :

- participe aux travaux des commissions AFN0R

- développe la formation des jeunes, notamment par la création d'un CAP

- procède à la rédaction des textes techniques (DTU. règles professionnelles)

- assure la promotion de l'isolation et des Entreprises qualifiées

- assure la diffusion des informations concernant ses secteurs d'Entreprises

- joue un rôle international auprès de la Fédération Européenne des Syndicats d'Entreprises d'Isolation (FESI)

Page 20: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

2.0 ISOLATION

Isolation par rapport aux éléments : air. eau, feu ou par rapport aux nuisances : bruit.

2.1 POURQUOI CALORIFUGER ?

- Pour des raisons techniques

Il peut être nécessaire de maintenir une installation à une température déterminée.

. Pour permettre une réaction chimique

. Pour abaisser la viscosité d'un produit à véhiculer, (oléoducs, bacs de fuel, etc...)

. Pour limiter les pertes de produit par évaporation (réservoirs de gaz liquéfiés)

. Pour retarder le gel

- Pour des raisons économiques

Réduction des pertes thermiques.

- Pour des raisons de sécurité

Protection du personnel et/ou des installations contre :

. les brûlures/la chaleur

. le feu

. le bruit

. le gel

2.2 LES PRODUITS D'ISOLATION

Le constituant essentiel des isolants utilisés dans la pratique industrielle est l'air. Pour éviter que le phénomène de convection réduise son efficatité à néant, l'air est enfermé dans une structure fibreuse, cellulaire, granulaire ou feuilletée, structure qui s'oppose directement au phénomène de rayonnement.

C'est l'ensemble de l'air et de cette structure qui prend le nom d'isolant.

Page 21: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

CRITERES TECHNIQUES DE CHOIX

- Tenue aux températures d'emploi

- Conductivité thermique

- Résistance mécanique

- Comportement au feu

- Caractéristiques acoustiques

- Perméabilité à la vapeur d'eau

- Durée de vie

- Compatibilité chimique avec le support

Page 22: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

TENUES EN TEMPERATURES

MATERIAU ISOLANT TEMPERATURE D'UTILISATION (SERVICE CONTINU)

- 200° 0° 200° 400° 600° 800° 1 000° 1 1 1 1 1 1 1

FIBREUX

Laine de verre Laine de roche Fibres céramiques

1 1 1 1 1 1 1

PULVERULENTS

Perlite Vermiculite Silicate de calcium Magnésie Silice microporeuse

CELLULAIRES

Liège

Polystyrène • expansé . extrudé

Polyuréthane Polyisocyanurate PVC Phénolique Verre cellulaire

FEUILLETES

Réflectif

Page 23: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

2.3 LES LAINES MINERALES

Du fait de leur étendue d'utilisation et de leur prix, elles sont de loin les plus utilisées.

Les applications sont vastes :

- en Thermique Industrielle

. matelas

. panneaux

. coquilles

. bourre

- pour l'isolation du Bâtiment

. murs

. combles : panneaux/nappes

. combles : soufflage

. plafond

- pour la Correction Acoustique

. plafond

- dalles

- baffles/écrans

• chambres anéchoïques

. projection

- pour la Protection Passive Incendie

. matelas

. panneaux

. coquilles

. projections

Il est important de noter qu'en Thermique Industrielle, une grande majorité des travaux se déroulent à l'extérieur des bâtiments.

Par contre, les atmosphères sont généralement plus confinées dans les applications "Bâtiment" surtout en aménagement de combles.

Page 24: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

SUIVI D'UNE AFFAIRE (laine minérale)

3 .1 CONSULTATION

Que ce soit en Thermique Industrielle ou dans le domaine du Bâtiment, les Ingénieries, Bureau d'Etudes ou Architectes disposent le plus fréquemment de spécifications sur des produits isolants, la prescription ayant été réalisée par les fabricants (exemple : les laines Qualité Nucléaire..)*

Dans ce cas, le rôle de l'Entreprise d'isolation se limite à vérifier la compatibilité du matériau avec son environnement et le choix d'épaisseur.

Dans le cas contraire, le choix technique est guidé essentiellement par la température d'utilisation et le prix. Les Techniciens d'Etude connaissent parfaitement la gamme des produits proposés et disposent de fiches techniques présentant les principales caractéristiques et propriétés de ces produits ainsi que leur domaine d'utilisation et les conditions de mise en oeuvre.

La forme (vrac, panneau, matelas) est définie par la surface et la nature de la pièce à isoler.

3.2 ACHAT/STOCK

Le contact entre l'acheteur de l'Entreprise d'isolation et le fabricant est très rare ; cela nécessite des conditions particulières et des quantités très importantes. L'acheteur traite presque toujours avec des revendeurs (négociants) de produits isolants.

Ils travaillent ensemble à partir de bordereaux de prix (appelés mercuriales). Un même négociant peut être multicartes c'est-à-dire représenter plusieurs fabricants. Le choix de l'acheteur est alors lié aux dominantes de position du négociant par rapport aux fabricants.

Il est à noter que compte tenu de la proximité des négociants des sites industriels et pôles urbains, les Entreprises d'isolation ne constituent que très rarement des stocks importants. Cela arrive en maintenance industrielle, où par site, une spécification précise permet de garantir l'écoulement d'un stock acquis pour bénéficier d'un effet de quantité à l'achat.

Page 25: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

3-3 TECHNIQUES DE POSE

Elles sont la plupart du temps très simples et elles ne nécessitent ni un grand savoir faire professionnel, ni un outillage spécifique.

Les poses de matelas, nappes, coquilles, etc... se font par agrafage, cerclage ou système simple d'accrochage. Les découpes sont réalisées au couteau ou au cutter et la précision demandée n'est pas de l'ordre du millimètre...

Ces tâches élémentaires ne nécessitent pas de formation spécifique : les agents les réalisant sont des "cloisonneurs" (pour le Bâtiment) ou des tôliers (pour l'Industrie Thermique) et ces tâches sont considérées comme secondaires par rapport à celles plus nobles de la pose du revêtement.

Certaines techniques de pose sont plus spécifiques et nécessitent des ressources particulières : c'est ce que nous appelons par référence aux normes Qualité ISO 9000 les procédés spéciaux.

Entrent dans cette catégorie, entre autres, tous les procédés faisant appel à une injection ou une projection :

- Ils ne peuvent être réalisés que par un personnel formé et habilité

- Le matériel utilisé à cet effet est souvent un matériel onéreux qui doit être entretenu dans un objectif de forte disponibilité et ses caractéristiques (débit, alimentation) doivent être appropriées à la l'ampleur du chantier.

- Les opérations sont décrites précisément par des procédures et modes opératoires précisant l'ensemble des moyens mis en oeuvre, des règles applicables (sécurité) et des contrôles à réaliser.

Ces techniques sont décrites par les DTU documents techniques unifiés élaborés par le SNI avec le concours des représentants de fabrication et des bureaux de contrôle.

DEPOSE

Les tâches de dépose nécessitent généralement des précautions pour éviter la dispersion des produits rebutés. De plus en plus fréquement des mises en sac au fur et à mesure de l'enlèvement des laines usagées sont imposées. En effet, ces produits perdent, du fait même de la disparition d'une partie de leur liant, leurs propriétés mécaniques.

Page 26: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

STOCKAGE SUR SITE

Il est rare de disposer sur chantier d'un emplacement permettant le stockage des quantités volumineuses de laine minérale et qui doivent être tenues à l'abri. Même si cela est le cas. ces produits sont considérés comme "sensibles" pouvant attirer la convoitise.

De ce fait, les approvisionnements sont réalisés au fur et à mesure des besoins du chantier.

NETTOYAGE CHANTIER

Il constitue une phase importante du chantier qui différencie souvent les Entreprises qualifiées... des autres Entreprises. Les déchets sont regroupés et stockés en sacs ou conteneurs.

Page 27: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

INFORMATIONS

Les sources d'informations du calorifugeur en matière de produit isolant peuvent être de deux sortes :

- Le négociant est la source privilégiée quelle que soit la taille de

1 * Entreprise

- La Direction Technique est également une source d'informations si l'Entreprise a une taille qui justifie cette structure

Les informations obtenues à ce jour de la part des fabricants sont supportées par :

- les fiches techniques (à destination du technicien)

- les étiquettes sur les palettes (à destination des conducteurs de travaux)

Aujourd'hui, la démarche Qualité engagée par les Entreprises du Syndicat National de l'Isolation et appuyée par les demandes de leurs Clients nécessite une identification sans ambiguïté des divers produits et une traçabilité des fabrications.

Pour obtenir plus d'informations et surtout une meilleure information, il est important de resserer les liens entre fabricants et utilisateurs, les négociants devant assurer la continuité de cette information.

Les normes Qualité imposent un agrément des produits et des fournisseurs. L'information, partie essentielle du service accompagnant les produits de qualité, sera capitale pour cette reconnaissance.

Page 28: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

CONCLUSIONS

Le Syndicat National de l'Isolation tient à apporter sa contribution à toute démarche permettant d'évoluer vers une meilleure connaissance des produits que ses Entreprises mettent en oeuvre : en effet, les Entreprises d'isolation sont concernées au premier plan par les questions d'hygiène et de sécurité liées aux laines minérales et sont demandeuses d'une "bonne" information, courte claire et sans ambiguïté.

C'est pour cette raison que les Entreprises du SNI laissent libre accès à leurs chantiers aux agents du laboratoire d'Etude des Particules Inalées (LEPI) pour effectuer les mesures nécessaires à une meilleure connaissance du sujet.

Le SNI est l'interlocuteur privilégié pour intégrer dans les règles professionnelles, toute recommandation touchant à la santé du personnel de ses Entreprises et les faire appliquer par ses Entreprises qualifiées.

Page 29: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

LES DERMITES PAR IRRITATION A LA FIBRE DE VERRE

Ch.GERAUT, M. VIGNON, D. DUPAS

Service des Maladies professionnelles du CHRU de Nantes Hôpital Saint Jacques - 44035 Nantes Cédex

Page 30: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Les dermites par irritation à la fibre de verre.

Ch. GERAUT, M. VIGNON, D. DUPAS. Service des maladies professionnelles du CHRU de Nantes. Hôpital saint-Jacques 44035 Nantes cedex

Le verre réduit en fils ténus "présentant la souplesse de la laine" est un matériau utilisé depuis le 14ème siècle, mais de plus en plus manipulé de nos jours notamment dans les techniques de calorifugeage et dans l'industrie des matières plastiques.

La fibre de verre est commercialisée depuis 1930. C'est un assemblage de fils de verre (issus d'un étirement du verre incandescent sortant des fours), liés entre eux par des produits d'ensimage (acétate de polyvinyle) protégeant le fil. Ensuite les fibres sont entourées d'un liant organique (résine polyester) pour réaliser un feutre ou "mat", destiné au renforcement des matières plastiques.

La laine de verre est issue de fibres de verre discontinues, collées par une résine, puis enveloppées pour former de petits matelas, utilisés dans l'isolation thermique et phonique.

Sa responsabilité dans le cas de dermites d'irritation chez l'homme et la reproduction expérimentale chez l'animal ont été étudiées dèsl942 (19).

Les premières publications ont été effectuées en France par CHAMPEIX en 1944(4), PELLERAT enl945(17), et DESOILLE en 1946(7).

La notion de variabilité du prurit a été soulignée par BJORNBERG en 1979 (1 et 2).

Les allergies associées ont été décrites par DALQUIST (6) pour les époxy en 1979,et pour les résines formaldéhyde par KRISTI KALIMO (14) en 1979 .

ASPECTS CLINIQUES: Les lésions peuvent débuter dès le début de l'exposition ou

bien quelques années après. Elles se présentent comme de minuscules papules rouges à

prédominance folliculaires (7) siégeant au niveau des parties découvertes (mains, poignets), mais aussi au niveau des zones de frottement (thorax, cuisses).

Page 31: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Nous avons observé des cas d'érythèmes diffus du tronc, souvent aggravés par le grattage(13), et pouvant prendre un aspect légèrement purpurique, et d'autres, moins classiquement décrites, au niveau du visage. Il peut s'y associer une conjonctivite .

L'aspect peut être plus rarement celui d'un eczéma nummulaire, un aspect de folliculite, une accentuation de télangiectasies, une urticaire ou des érosions linéaires (3). les lésions sont souvent prurigineuses pendant des heures , mais cessent habituellement en moins d'une journée après lavage et absence de réexposition aux fibres.

Pour assurer le diagnostic losqu'il parait douteux , on peut pratiquer un test ouvert (open-test) au niveau de la face supéro-interne de l'avant-bras en frottant légèrement l'épiderme avec de la fibre de verre. Lorsque le test est positif on voit apparaître des papules rouges caractéristiques soit immédiatement (dans les 15 minutes, délai de libération de l'histamine), soit à retardement (environ une heure après le test). Le prurit peut parfois se prolonger plusieurs heures .

Lorsque la symptomatologie clinique, les gestes professionnels sont suffisament évocateurs du diagnostic, ce test ne semble pas absolument nécessaire.

Des tests épicutanés pratiqués devant des cas d'eczema associé, avec les allergènes courants et avec les allergènes des matières plastiques peuvent montrer la présence d'une réaction allergique , érythémato-vésiculeuse à un des composants de la fibre de verre (formol, résine époxydique, résine polyester) ou aux autres allergènes de la vie courante (nickel, parfum, cobalt, chrome).

L'évolution des dermites à la fibre de verre est très variable selon les individus: dans l'immense majorité des cas , (environ 95%) les sujets s'habituent à cette nuisance et ne souffrent plus de prurit à la fois par une accoutumance réelle et grâce à l'application de mesures de prévention adaptées . C'est ce que constatent les médecins du travail chargés de la surveillance de ces personnels exposés . Toutefois le risque est parfois minimisé lorsque cette dermatose est connue des ouvriers manipulant la fibre de verre et qu'ils ne la signalent pas au médecin par crainte d'une inaptitude à leur emploi et lorsque le turn-over des employés de certaines industries du plastique est important , ce qui crée un phénomène épidémiologique trompeur dit de "travailleurs sains".

Dans un petit nombre de cas (environ 5%) , le prurit survient lors de chaque exposition et le travail devient impossible , ce qui conduit à une perte d'emploi et parfois au chômage pour des sujets dont la qualification ne permet pas un reclassement dans des délais raisonnables (13).

Selon POSSICK P.A. (18), 10% des intéressés abandonnent leur travail. Ces sujets sont ceux qui sont surtout vus par les dermatologues , lesquels ont ainsi une vue plus pessimiste de cette affection et de son pronostic que les médecins du travail habitués à

Page 32: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

suivre l'ensemble des travailleurs exposés , dont la grande majorité voit les lésions s'atténuer puis disparaître.

Dans notre expérience personnelle, malgré les conseils de prévention, parmi 43 cas vus en consultation, 7 personnes ont dû changer de poste de travail au sein de leur entreprise, et 3 ont été obligées de changer d'emploi avec une période de chômage plus ou moins longue.

Il y a parfois association de ces signes cutanés et de blépharo-conjonctivite, rhinite voire pharyngo-laryngite(7). PHYSIO-PATHOLOGIE:

Ces dermatoses sont dues à des débris de verre encastrés dans les orifices pileux ou sébacés de l'épiderme , avec une pénétration peu profonde des fibres qui s'éliminent facilement par simple lavage.

Les fibres ne se plantent solidement dans l'épiderme que s'il y a frottement sur les vêtements ou par les mains de l'opérateur .

Ce sont surtout les fibres courtes et de gros diamètre (supérieur à 5 microns) , qui pénètrent profondément et déclenchent la libération d'histamine par les cellules histamino-libératrices , ce qui est à l'origine du prurit et des papules oedémateuses(17).

Par ailleurs si les fibres, en elles-mêmes, ne semblent pas entraîner de phénomène véritablement allergique, les produits d 'ensimage et d'encollage peuvent être responsable d'un phénomène sensibilisant, pouvant expliquer la positivité des tests épicutanés aux résines.

L'irritation par les fibres de verre ferait ainsi le lit de l'allergie.

PROFESSION EXPOSEES Les sujets atteints , habituellement jeunes, travaillent dans

l'industrie du plastique (stratifieur), dans l'industrie du bâtiment et des travaux publics (charpentier, calorifugeur).

Dans une étude récente(13) , portant sur 43 cas vus dans un service des maladies professionnelles , les secteurs suivants étaient touchés: la construction de bateaux en plastique (plaisance ,pêche ou Marine Nationale),la fabrication d'objets en polyester (par exemple cabines de douches),la carrosserie avec utilisation de mastics polyesters renforcés par de la fibre de verre pour boucher les trous des carrosseries , l'industrie mécanique (fabrication de pare-chocs en polyester), la découpe de circuits imprimés en électronique,les travaux de calorifugeage dans le bâtiment et les travaux publics, les travaux d'entretien des locaux où l'on a usiné de la fibre de verre ,et enfin l'industrie du verre .

On peut noter d'autres circonstances de contamination comme de la laine de roche provenant de faux plafonds (8),(9).

Page 33: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Les situations professionnelles responsables sont : - les postes de ponçage des pourtours de pièces démoulées, avec des ponceuses non munies d'aspiration, sans addition d'eau ou rideau d'eau ; - l 'exposition indirecte aux poussières de fibres de verre (magasinier, monteur de cabines de douches, débullage de pièces de polyester stratifié).

En effet, les postes de travail dans les ateliers ne sont pas isolés entre eux, le ponçage étant à proximité du poste de démoulage, par exemple ; les aspirations, quand elles sont opérationnelles, sont peu efficaces.

Tableau 1 : Secteurs industriels où sont rencontrées Tableau 2 : Situations professionnelles où sont les dermites de la fibre de verre rencontrées les dermites de la fibre de verre

PREVENTION DES DERMITES A LA FIBRE DE VERRE Une bonne organisation des locaux de travail devrait éviter

cette fréquence croissante de cas de dermites à la fibre de verre, en relation avec l'explosion commerciale des pièces en polyester stratifié (cabine de douche, industrie navale, pare-chocs et autres pièces dans l'industrie automobile). Les ateliers trop étroits se voient surpeuplés, les postes empoussièrés ne sont pas isolés.

L'aspiration des poussières n'est pas toujours efficace quand elle est réalisée , ce qui reste rare dans les petites entreprises.

Les opérations de découpage ou de détourage sont rarement effectuées avec humidification , ce qui permet pourtant d'éviter un aérosol des poussières de fibres de verre , mais a l'inconvénient de

Page 34: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

nécessiter une évacuation d'eau et des vêtements résistant à l 'humidité.

Les conseils de prévention individuelle tels que le port de gants, de vêtements amples, fermés aux poignets, aux chevilles et cou, la prise de douches prises aussitôt après le travail et sans frottement sont rarement suivis.

L'utilisation de crèmes protectrices disparaissant par simple lavage à grande eau permet des résultats intéressants .

Un grand effort reste surtout à faire en concevant des postes munis d'aspirations efficaces, avec rideau d'eau.

Devant le nombre de cas de dermites à la fibre de verre nécessitant des reclassements professionnels, il s'avère nécessaire de créer un tableau de maladies professionnelles pour la dermite à la fibre de verre réparant les papules prurigineuses multiples et leurs complications ainsi que les conjonctivites , avec un délai de prise en charge très court,ne dépassant pas trois jours, pour les personnes exposées à un empoussièrement lors de travaux de calorifugeage , de découpage ou de polissage de matériaux plastiques , en particulier de stratifiés et de circuits imprimés ou de personnes travaillant à proximité ou chargées du nettoyage des locaux.

Une telle possibilité de réparation serait un élément de justice sociale pour ceux qui perdent leur emploi à cause de cette affection.

Page 35: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

B i b l i o g r a p h i e :

(1) BJORNBERG A., LOWHAGEN G.B., TENGBERG J.E. : Does occupational exposure to glass fiber increase the general skin reactivity to irritants ? Contact Dermatitis, 1979, 5, 175-177. (2) BJORNBERG A., LOWHAGEN G.B., TENGBERG J.E. : Relationship between intensities of skin test reactions to glass-fibers and chemical irritants ? Contact Dermatitis, 1979, 5, 171-174. (3) CAMARASA J.G., MORENO A. : Fiberglass Dermatitis. Contact Dermatitis, 1984, 10, 43. (4)CHAMPEIX J.La fibre de verre .Arch. Mal. Prof. 1944,6,91. (5) CONDE-SALAZAR L., GUIMARAENS D., ROMERO L.V. et coll : Occupational dermatitis from glass fiber. Contact Dermatitis, 1985, 13, n°3, 195-196. (6)DAHLQUIST I.,FREGERT S.,TRULSSON L. Allergic contact dermatitis from epoxy resin finished glass fiber. Contact Dermatitis, 1979, 5, 190. (7)DESOILLE H.,DHERS V. Enquête sur les conditions de travail des ouvriers calorifugeurs employant la fibre de verre .Arch. Mal.Prof., 1946, 7, 332-344. (8) FARKAS J. : Fiberglass dermatitis in employes of a project-office in a new bulding. Contact Dermatitis, 1983, 9, 79. (9) FLAHAUT A.,CONSO F. ,CHOUDAT P.,SALAUN P. : Epidémie de dermite irritative à la laine de roche dans un atelier du secteur tertiaire. Arch. Mal.Prof., 1986, 47, 39-41. (10) FOUSSEREAU J. : Les dermites par irritation aux fibres de verre, à la laine de verre et à la laine de roche. Documents pour le Médecin du Travail, 1987, n°29, 13-16. (11) GERAUT C. : Dermatoses professionnelles. Encycl. Méd. Chir. (Paris, France), Intoxications, 16533 A10, 2-1987, 18 p. (12) GERAUT C. : Toxicité des résines époxydiques- Editions techniques. Encycl. Méd. Chir. (Paris, France), Intoxications, Pathologie du travail, 16541 A30, 9-1990, 3 p. (13) GERAUT CVIGNON M..DUPAS D.Considérations sur la dermite à la fibre de verre.A partir de 43 cas vus récemment dans le service des maladies professionnelles du CHRU de Nantes, à paraître . (14) KIRSTI KALIMO, SAARNI H. and KYTTA J. : Immediate and delayed type reactions to formaldehyde resin in glass wool. Contact Dermatitis, 1980, 6, n°7, 496. (15) MACE M. : Pathologie liée à l'utilisation des fibres artificielles minérales. Encycl. Méd. Chir. (Paris, France), Intoxications, 16002 A30, 2-1987, 2 p.

Page 36: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

(16) MAGGIONI A., MEREGALLI G., SALA C , RIVA M. : Pathologia respiratoria e cutanea negli addetti alla produzione di fibre di vetro (filato). La Medecina del lavoro, mai-juin 1980, 71, n°3, 216-227. (17)PELLERAT J.,COUDERT J. La dermatose de la laine de verre .Arch. MaLProf., 1946, 7, 23-27. (18) POSSICK P.A., GELLIN G.A., KEY M.M. : Fibrous glass dermatitis. American Industrial Hygiene, 1970, 31, 12. ( 19)SULZBERGER M. B.,BAER R.L.:the effects of fiberglass on animal and human skin:experimental investigations. Int. Med. 1942,11,482-484.

Page 37: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

TOXICITE DES LAINES MINERALES : DONNEES EXPERIMENTALES

S. ACHARD* & M.C. JAURAND Laboratoire de Toxicologie Cellulaire et Moléculaire de l'Environnement,

INSERM U 139, CHU Henri Mondor, 94010 Créteil Cédex *adresse actuelle : Université René Descartes, 75006 PARIS

Page 38: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

TOXICITE DES LAINES MINERALES : DONNEES EXPERIMENTALES

S. ACHARD* & M.C. JAURAND

Laboratoire de Toxicologie Cellulaire et Moléculaire de rEnvironnement,

INSERM U 139, CHU Henri Mondor, 94010 Créteil CEDEX, 'adresse actuelle :

Université René Descartes, 75006 Paris.

Au cours des 15 dernières années, un certain nombre de travaux

expérimentaux ont porté sur la recherche des effets toxiques de laines

minérales. Le plus souvent, ces études ont évalué la cancérogénicité des

fibres; elles ont été réalisées principalement chez le rat mais quelques travaux

ont également porté sur d'autres rongeurs (hamster, cobaye, souris). Quatre

moyens d'exposition ont été utilisés : l'inhalation, l'inoculation intrapleurale

ou intrapéritonéale et l'instillation intratrachéale. Les principales données

sont résumées et les résultats discutés, chaque fois que cela a été possible, en

relation avec les caractéristiques spécifiques des fibres utilisées dans les

différentes études. Ainsi, n'ont été prises en considération que les études à

long terme, tant par la durée d'exposition que par le délai de survie des

animaux, et contenant un minimum d'informations sur les caractéristiques

des fibres utilisées.

LAINES DE VERRE (ou glass wool, GW).

Les effets ont été étudiés sur deux espèces animales, le rat et le

hamster (Le Bouffant et al, 1984, 1987; Lee et al, 1981; Pott et al, 1976;

Smith et al, 1987; Stantonef al, 1981; Wagner et al, 1973, 1984). Chez le rat,

les fibres testées par inhalation ont donné peu ou pas de tumeurs (Le

Bouffant et al, 1984, 1987; Lee et al, 1981; Smith et al, 1987; Wagner et al,

1973, 1984). Toutes études confondues, 326 animaux ont été traités par 7

échantillons de fibres et l'on constate 5 tumeurs (1,5%) alors qu'aucune

tumeur n'est observée sur 298 animaux contrôles. L'étude statistique du y}

montre que la différence n'est pas significative.

Par inoculation intrapleurale, excepté le travail de Stanton et al

(1977, 1981) où une bonne corrélation entre la probabilité de formation de

Page 39: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

tumeurs et le nombre de fibres >8 |um de longueur et <0,25 n m de diamètre a

été décrite [ainsi que, avec toutefois une moins bonne corrélation, le nombre

de fibres > 4 |Lim de long et < à 1,5 |Lim de diamètre]; sur un total de 83 rats

inoculés, 1 seul mesothéliome a été observé dans une étude (Stanton et al,

1981; Wagner et al, 1973, 1984). Pour cette étude (Wagner et al, 1984), si l'on

considère le nombre de fibres à dimensions critiques on constate que,

rapporté à l'étude de Stanton, la probabilité de formation de tumeurs aurait

été faible. Dans une autre étude, négative celle-ci, aucune indication n'est

précisée sur les dimensions des fibres (Wagner et al, 1973).

En revanche, par inoculation intrapéritonéale, un taux important de

tumeurs est obtenu avec les échantillons GW (Pott et al, 1976) [159 rats avec

tumeurs sur un total de 366 rats, soit 43%, p< 0,001 par rapport aux contrôles

non traités]; de même, un taux de tumeurs élevé est observé avec les fibres

d'amiante utilisées comme contrôles positifs (64/140, soit 45%). Aucune

tumeur n'a été décrite sur 72 animaux témoins.

Chez le hamster, seulement 2 études ont été réalisées par inhalation

(Lee et al, 1981; Smith et al, 1987); elles n'ont pas montré d'induction de

tumeur par les fibres GW. Cependant, aucune tumeur n'a été observée sur 77

contrôles positifs exposés aux fibres d'amiante amosite ou crocidolite. Par

inoculation intrapéritonéale, une étude portant sur 1 type fibre, S+S106, ne

révèle pas de mesothéliome (Pott et al, 1976). Les résultats obtenus avec le

hamster sont difficilement interprétables en raison de l'absence de réponse

avec les fibres contrôles positifs.

Lorsque l'on compare entre elles les études par inhalation, on

constate tout d'abord que le nombre de tumeurs développées est faible. Etant

donné l'absence de standardisation des méthodes de mesure de l'aérosol, il

est impossible de comparer les expositions. En effet, certaines mesures des

caractéristiques des fibres de l'aérosol sont faites en microscopie optique,

d'autres en microscopie électronique à balayage. On peut seulement constater

que les doses utilisées dans les études où aucune tumeur n'est observée sont,

dans l'ensemble, plus faibles que dans les études où des tumeurs

apparaissent. Concernant les résultats obtenus par voie intrapleurale, si l'on

se réfère à l'étude de Stanton, la taille confère le caractère tumorigène; le

faible taux de tumeurs observé dans l'étude de Wagner et al(1973) peut être

Page 40: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

en relation avec cette observation.

Concernant les études intrapéritonéales, en l'absence de données sur

les caractéristiques dimensionnelles des fibres, il est difficile de savoir si les

résultats sont en relation avec ce paramètre ou avec d'autres caractéristiques

physiques ou physico-chimiques des fibres.

En considérant seulement les études réalisées chez le rat, on peut

conclure à une réponse tumorigène en inoculation, dépendant du nombre et

de la dimension des fibres, et une très faible réponse non significative en

inhalation; ceci peut éventuellement résulter du faible nombre de fibres

présentes dans l'aérosol, comparativement aux aérosols de fibres d'amiante

utilisés comme contrôles positifs.

LAINES DE LAITIER (ou slag wool SW)

Les effets de fibres SW ont été étudiés, par inhalation, également sur

2 espèces, rat et hamster. On ne discutera pas l'étude faite sur les hamsters

pour laquelle les contrôles crocidolite n'ont pas développé de tumeurs. Avec

le rat, 1 seule étude est reportée; elle ne montre pas d'activité tumorigène des

fibres (Smith et al., 1987). Trois tumeurs dont 1 mesothéliome sont

observées chez les contrôles positifs (crocidolite), alors qu'aucun témoin sur

184 animaux (59 air et 125 non manipulés) ne présente de tumeur (différence

non significative). On peut remarquer que la dose cumulée, en nombre de

fibres dans l'aérosol, est différente : 6.2x10 5 pour SW contre 94x10 5 pour

crocidolite (200 F/ml contre 3000 F/ml); ainsi, comparé aux contrôles positifs,

la dose totale de fibres est beaucoup plus faible.

Par inoculation, aucune tumeur n'est obtenue par la voie pleurale,

alors que des mésothéliomes apparaissent, pour une dose pondérale

équivalente, pour le chrysotile (Wagner et ai, 1984). Cependant, là encore, le

nombre de fibres inoculées est beaucoup plus élevé dans le cas de fibres

contrôles positifs que dans le cas des SW, de même que le nombre de fibres

d'une longueur supérieure à 5 |im.

Par voie intrapéritonéale, malgré certaines études montrant,

globalement, une réponse de 10 tumeurs sur 236 animaux inoculés (4%) (Pott

et al., 1984, 1987), l'augmentation par rapport aux animaux non traités n'est

pas significative.

Page 41: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

En résumé, pour ce qui concerne les fibres SW, toutes études

confondues et malgré leur diversité, on ne peut constater qu'une réponse

dans l'inoculation intrapéritonéale sans pouvoir dire si cela est dû : à la dose

inoculée, aux dimensions des fibres, à leur nature chimique ou même,

éventuellement, au sexe puisqu'aucune étude n'a été faite dans le cadre de ce

travail chez le rat mâle. Toutefois, des études réalisées avec d'autres types de

fibres excluent un effet lié au sexe.

LAINES DE ROCHE (ou rock wool, RW).

L'inhalation de RW résulte en peu de tumeurs puisque, sur un

groupe de 95 rats, 2 seulement ont développé des tumeurs (2,1%), 11 dans les

contrôles positifs (11%) et zéro sur 95 témoins (Le Bouffant et al, 1984, 1987;

Wagner et al, 1984). Par inoculation intrapleurale, un taux voisin est obtenu

chez les rats traités par les fibres RW (6%) et les fibres d'amiante contrôles

(12%) (Wagner et al, 1984); toutefois il faut noter que, comme dans le cas des

SW, le nombre de fibres contrôles positifs inoculées est considérablement

plus élevé que dans le cas des RW (nombre total ou de longueur supérieure à

5 |im); cependant, l'augmentation des tumeurs n'est pas significative, que ce

soit pour les fibres RW ou pour les fibres d'amiante.

Dans le cas de l'inoculation intrapéritonéale, 259 rats ont été

inoculés avec RW à différentes doses; au total, 113 rats ont formé des

tumeurs, soit environ 50% (Pott et al, 1984, 1987).

FILAMENTS DE VERRE (ou glass filaments, GF)

Dans le cas de filaments de verre, aucune étude par inhalation n'a

été répertoriée. Par inoculation, soit intrapéritonéale, soit intrapleurale, il n'y

a pas d'augmentation significative de la fréquence de tumeurs, par rapport

aux animaux contrôles (Stanton et al, 1981; Pott et al., 1987). Il faut signaler

que, dans toutes ces expérimentations les dimensions des fibres utilisées

étaient bien supérieures à celles de fibres respirables et ne correspondaient pas

aux critères de cancérogénicité définis par Stanton.

En résumé, les résultats sont difficiles à interpréter, globalement, étant

donné la grande variabilité des caractéristiques des fibres, même à l'intérieur

d'un groupe donné de fibres, d'une expérimentation à l'autre. Toutefois, un

Page 42: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

certain nombre d'études ont montré une augmentation significative de la

fréquence de tumeurs par inoculation intrapéritonéale avec des fibres GW,

SW et RW. Par inoculation intrapleurale, les résultats ne sont généralement

pas significatifs, y compris avec les contrôles positifs, sauf pour les fibres GW.

Avec ces fibres il a été de plus démontré que le pouvoir cancérogène pouvait

être dépendant du nombre de fibres longues et fines. Par inhalation, il n'a pas

été montré d'effet cancérogène significatif avec les laines minérales.

Cependant, pour le cas des GW et RW, les concentrations en fibres dans les

aérosols étaient très inférieures à celle des fibres d'amiante utilisées comme

référence, posant ainsi la question de l'effet de dose. Si l'on veut comparer le

niveau de risque, par rapport aux amiante, il serait intéressant de savoir si le

nombre de fibres de laines minérales aérosolisées, pour une utilisation

industrielle ou commerciale donnée, est aussi très inférieur à celui que l'on

obtiendrait, dans les mêmes conditions d'utilisation, avec un matériau

équivalent à base d'amiante.

REFERENCES

Le Bouffant, L.; Henin, J.; Martin, J.; Normand, C ; Tichoux, G.; Trolard, F.

Distribution of inhaled MMMF in the rat lung. Long-term effects.

WHO/IARC Biological Effects of Man Made Mineral Fibres; 1984; 2: 143-

168.

Le Bouffant, L.; Henin, J.; Martin, J.; Normand, C ; Tichoux, G.; Trolard, F.

Experimental study on long-term effects of inhaled MMMF on the lungs of

rats. Annals of Occupational Hygiene; 1987; 31: 765-790.

Lee, K.; Barras, C.E.; Griffith, F.D.; Waritz, R.S.; Lapin, CA. Comparative

pulmonary responses to inhaled inorganic fibers with asbestos and fiber

glass. Environmental Research; 1981; 24: 167-191.

Pott, F.; Friedrichs, K.H.; Huth, F. Ergebnisse aus Tierversuchen zur

kanzerogenen Wirkung faserförmiger Stäube und ihre deutung im

Hinblick auf die Tumorentstehung beim Menschen. Zbl. Bakt. Hyg., I. Abt.

Orig,. B; 1976; 162: 467-505.

Pott, F.; Schlipköter, H.W.; Ziem, U.; Spurny, K.; Huth, F. New results from

implantation experiments with mineral fibres. WHO/IARC Biological

Effects of Man Made Mineral Fibres; 1984; 286-302.

Page 43: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Pott, R; Ziem, U.; Reiffer, F.; Huth, F.; Ernst, H.; Mohr, U. Carcinogenicity studies on fibres, metal compounds and some other dusts in rats. Experimental Pathology; 1987; 32: 129-152.

Smith, D.; Ortiz, L.; Archuleta, R.; Johnson, N. Long-term health effects on hamsters and rats exposed chronically to MMVF. Annals of Occupational Hygiene; 1987; 32: 731-754.

Stanton, F.; Layard, M.; Tegeris, A.; Miller, E.; May, M.; Kent, E. Tumorigenicity of fibrous glass: Pleural response in the rat in relation to fiber dimension. Journal of the National Cancer Institute; 1977; 58(3): 587-603.

Stanton, M.F.; Layard, M.; Tegeris, A.; Miller, E.; May, M.; Morgan, E.; Smith, A. Relation of particle dimension to carcinogenicity in amphibole asbestos and fibrous minerals. Journal of the National Cancer Institute; 1981; 67(5): 965-975.

Wagner, J.C.; Berry, G.B.; Hill, R.J.; Munday, D.E.; Skidmore, J.W. Animal experiments with MMM(V)F. Effects of inhalation and intrapleural inoculation in rats. WHO/IARC Biological Effects of Man Made Mineral Fibres; 1984; 2: 209-233.

Wagner, J.C.; Berry, G.; Timbrell ,V. Mesothelioma in rats after inoculation with asbestos and other material. British Journal of Cancer; 1973; 28: 173-185.

Page 44: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

PENETRATION, DEPOSITION, CLAIRANCE ET BIOPERSISTANCE DES FIBRES MINERALES

P. BROCHARD*, **, JC. PAIRON**, J. BIGNON**

Laboratoire d'Etude des Particules Inhalées -11, rue George Eastman - 75013 PARIS INSERM U 139 - CHU H. Mondor - 51, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny - 94010 Créteil Cédex

Page 45: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

PENETRATION, DEPOSITION, CLAIRANCE ET BIOPERSISTANCE DES FIBRES MINERALES

P. Brochard*'** , JC Pairon** , J . Bignon**

* Laboratoire d'Etude des Particules Inhalées - 11, rue George Eastman - 75013 Paris ** INSERM U 139 - CHU H. Mondor - 51, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny - 94010 Créteil cédex

La c o n n a i s s a n c e des r i sques l i és a u x fibres minéra l e s

artificielles (MMMF) sur la santé passe par l'étude d e s relations

"dose-effet", qu'il s 'ag isse de modé l i sa t ion expér imenta le o u

d'observat ions faites chez l 'homme. D a n s cet e x p o s é , n o u s

développerons les problèmes liés à la caractérisation de la dose. En

fait, celle-ci peut être évaluée à différents niveaux, ayant chacun une

relation spécifique avec chaque type d'effet at tendu. Il e s t ainsi

possible de distinguer :

- la dose externe , correspondant à la mesure des fibres prélevées

d a n s Pair, et ayant u n e granulométrie compat ible avec u n e

pénétrat ion dans les voies aériennes supérieures et une probabilité

de d é p o s i t i o n suffisante à l'étage de l'appareil respiratoire pour

étudier l'effet recherché ;

- la dose interne, correspondant à la mesure des fibres d é p o s é e s et

e n r é t e n t i o n à l ' instant t d a n s le p o u m o n p r o f o n d , z o n e

tradi t ionnel le de dépôt pr ise e n c o m p t e d a n s l 'é tude d e s

pneumoconioses et de leurs complications ;

- la dose efficace, correspondant à la mesure des fibres ayant subi

une translocation jusqu'à l'organe cible, et encore en rétention à cet

endroit à l' instant t. Il peut s'agir de la plèvre pariétale, ma i s

éga lement de tout autre organe interne o ù l e s f ibres s o n t

susceptibles de migrer.

Ains i l ' interprétation correcte d'une re la t ion dose-ef fe t

nécess i te que l'on ait utilisé le concept de dose correct, adapté à

l'effet mesuré. Etablir u n e relation dose-effet à partir de la mesure

dans l'air de fibres trop grosses pour atteindre leur cible, ou à partir

de la concentrat ion de fibres s tockées d a n s u n compart iment

Page 46: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

biologique qui n'a pas de rapport avec la cible tissulaire, peut aboutir

à des faux négatifs ou à des relations dose-effet ininterprétables

(extrapolation du modèle expérimental à l'homme).

Nous rappelons brièvement dans cet exposé les principaux

paramètres qui peuvent contribuer à la définition des doses qui

serviront aux biologistes, épidémiologistes ou cliniciens.

I. Rappel c o n c e r n a n t l e s aéroso l s (Brain, 1 9 7 9 ; Kennedy, 1 9 8 9 ;

Clarke, 1 9 8 4 ; Salem, 1 9 8 7 ; Mohr, 1 9 8 8 ; Brochard, 1990)

1. On considère u n a é r o s o l comme u n e s u s p e n s i o n de

particules solides ou liquides dans u n gaz, dont la vitesse de chute

est négligeable (v < 2 5 cm s* 1), correspondant à des particules de

diamètre aérodynamique inférieur à 100 |im (densité : 1 g / c m 3 ;

température : 20°C ; Pression atmosphérique = 1 0 1 3 mbars). Les

particules ont des morphologies variables qui s'éloignent le p lus

souvent de la sphère. La fibre naturelle ou artificielle en est l'exemple

typique, caractérisée par u n rapport longueur (L) sur diamètre

phys ique (d) supérieur à 3 . C'est pourquoi il e s t néces sa i re

d'exprimer le comportement de ces particules dans l es gaz en

d i a m è t r e a é r o d y n a m i q u e é q u i v a l e n t ( D A E ) . Le d iamètre

aérodynamique d'une particule es t le diamètre d'une particule

sphérique de densité 1 qui sedimente à la même vi tesse que la

particule étudiée . Pour les part icules f ibreuses de longueur L

inférieure à 100 ¿un, de diamètre physique d et de densité p, on

utilise la formule suivante :

où £ = L / d (Hammad, 1982) .

Cette relation peut être schématisée dans la figure 1 (Gross,

1984) qui établit la correspondance entre L , d et D A E pour des fibres

minérales artificielles vitreuses.

Page 47: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

En fait, il es t possible d'utiliser en première approximation

pour les MMMF une formule très simplifiée, valable pour les fibres de

longueur inférieure à 3 \im : ( D A E ) = 3 d Vp (Timbrel, 1972).

2. Il est intéressant, lorsque l'on manipule u n produit industriel

contenant des fibres, de savoir si ces fibres sont susceptibles de se

retrouver d a n s l 'aérosol , et s u r t o u t d'en prédire le profil

granulométrique par rapport à la distribution des fibres dans le

matériau de départ. Malheureusement cette prédiction se heurte a u

phénomène de variation de la granulométrie de l'aérosol dans le

temps liée à la sédimentation progressive des particules l e s p lus

grosses (figure 2). Ainsi, si l'on dispose de mesures de l'aérosol initial

créé à partir de la mise en suspension dans l'air des fibres contenues

dans les matériaux de base, on ne connaît pas bien l'évolution dans le

temps de l'aérosol persistant. L'analyse de la figure 3 (Corn, 1976)

permet en outre de constater que, pour u n matériau contenant des

fibres hétéro-dispersées d'un diamètre nominal donné, le diamètre

médian d a n s l'air (50% des fibres) de l'aérosol initial peut être

b e a u c o u p p l u s fin (diamètre phys ique) . Cette figure permet

également de garder en mémoire que les aérosols industriels, fibreux

ou non, sont faits de particules ayant des diamètres aérodynamiques

variables. La connaissance du diamètre médian ou du diamètre moyen

géométr ique (Géométrie Mean Diameter) doit n é c e s s a i r e m e n t

s'accompagner d'un paramètre permettant d'évaluer la distribution

de l'ensemble des D A E - On uti l ise habi tue l lement la déviation

standard géométrique (Géométrie Standard Déviation). Une réflexion

e n cours doit permettre de m i e u x répondre à ce problème

fondamental (Schneider, 1984).

EL Pénétration

La pénétration des aérosols représente leur capacité à franchir

la frontière d'une des trois zones de l'appareil respiratoire.

On distingue :

- l'ensemble des particules pénétrant dans les voies aériennes

supérieures , m e s u r é e s par des apparei ls explorant la f r a c t i o n

inhalable ;

Page 48: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

- l 'ensemble d e s part icules pénétrant d a n s la trachée ,

mesurées par des appareils explorant la fraction thoracique ;

- l'ensemble des particules pénétrant au-delà de la bronchiole

terminale, mesurées par des appareils explorant la fraction alvéolaire

ou respirable.

Ces définitions ont permis de qualifier l e s apparei ls de

prélèvements d'atmosphère en fonction de leur capacité à recueillir

chaque fraction. Rappelons que les mesures les plus utilisées portent

sur la fraction alvéolaire. Très peu de données interprétables sont

disponibles concernant la fraction thoracique, et en particulier la

f r a c t i o n t r a c h é o - b r o n c h i q u e (fraction thoracique - fraction

alvéolaire). Ceci pose certainement u n problème dans l'interprétation

d e s d o n n é e s expérimentales et épidémiologiques concernant le

cancer broncho-pulmonaire (Schlesinger, 1978).

m. Dépos i t ion (Brain, 1979)

Les mécanismes de la déposition des particules sur les parois

des voies aériennes font intervenir des phénomènes c lass iques :

s é d i m e n t a t i o n , impact ion . diffusion. Dans le cadre des fibres, u n

phénomène supplémentaire intervient : l'interception, qui majore les

probabilités de déposition d'une particule d'un D A E donné e n raison

du contact de la fibre avec les parois. Il est actuellement très difficile

de quantifier ce phénomène, mais il semble clair que l e s deux

facteurs clés sont la longueur d'une part et la flexuosité d'autre part

(Asgharian, 1989 ; Lippmann, 1990 ; Morgan, 1984). Ceci pourrait

expliquer les constatations classiques faites chez le rat : la déposition

des fibres de chrysotile se fait majoritairement avant les structures

alvéolaires (bifurcations bronchiolo-alvéolaires) (Brody, 1981). Ainsi

pourrait s'expliquer une partie des discordances d'effets observées

entre chrysotile et amphiboles : le chrysotile entraîne moins de

rétention alvéolaire, et donc moins de pathologie alvéolaire et

pleurale que les amphiboles. Le phénomène d'interception, et donc

la discordance d'effet, seront d'autant plus importants qu'à diamètre

physique égal, on utilise des fibres de chrysotile plus longues. Aucune

donnée précise n'est actue l lement disponible pour l e s MMMF

(rapport entre déposition bronchiolaire et déposition alvéolaire). A

Page 49: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

noter seulement que la morphologie de certaines fibres de para-

aramide se rapproche de celle du chrysotile ( Lee, 1988).

La déposition des particules correspondant à u n phénomène

probabiliste, des modèles mathématiques ont été développés. Les

courbes de probabilité de déposi t ion e n fonction du diamètre

aérodynamique et du site de dépôt ont surtout été réalisées pour des

particules sphériques (Sébastien, 1991) . Les quelques d o n n é e s

existantes pour les fibres ont permis d'illustrer les particularités de

leur comportement dans les voies aériennes (figure 4).

Néanmoins , s i ces calculs de probabilité restent valables à

l 'échelon d'un organe, i ls ne t iennent p a s compte de certa ins

phénomènes locaux susceptibles d'interférer sur u n effet biologique :

- n o n homogénéité verticale du dépôt : chez les sujet e n

position debout, il existe u n gradient de dépôt pour u n diamètre

aérodynamique donné : régions supérieures < régions moyennes <

régions inférieures ;

- variation induite par les paramètres fonctionnels respiratoires

du sujet : augmentat ion de p lus de 100 % de la déposit ion en

ventilation maximale par rapport à une respiration calme en volume

courant ;

- variations liées aux particularités anatomiques : ventilation par

la bouche en cas d'obstruction des fosses nasales ;

- var iat ions l iées à l 'existence de z o n e s de dépos i t i on

privilégiée localisées dans les bronches : au niveau des éperons, en

raison du passage à u n régime d'écoulement aérien de type turbulent

(figure 5).

Ainsi la connaissance des caractéristiques de l'aérosol permet-

elle de prédire globablement le devenir des particules dans les voies

respiratoires. Mais ces données ne sont peut-être pas suffisantes

pour comprendre les phénomènes biologiques à l'échelon cellulaire :

pour une même déposition globale, les variations locales peuvent être

très importantes.

Page 50: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

IV. Epuration - Rétention - Translocation

1. Zone trachéo-bronchique (Wanner, 19770

Les particules déposées au niveau trachéo-bronchique vont

avoir plusieurs destinées possibles :

- la plus importante est l'épuration muco-ciliaire : une fois en

contact avec le film de m u c u s qui tapisse la paroi bronchique, les

fibres vont être véhiculées par les ci ls vibrátiles des ce l lu les

épithél iales jusqu'au carrefour aérodigestif ; u n e minorité e s t

expectorée, alors que le flux principal gagne le tractus digestif ; s i la

majorité se retrouve dans les fécès, il a été montré que certaines

fibres pénétrent la muqueuse digestive et sont retrouvées dans les

ganglions lymphatiques splanchniques ; le rôle de cette translocation

en terme d'effet biologique ne semble pas actuellement significatif.

La période de cette épuration muco-ci l iaire e s t de l'ordre de

quelques heures.

- une faible proportion de fibres va pénétrer dans la muqueuse

bronchique : d'abord en intra-épithélial, puis en sous-muqueuse . Il a

été montré que le phénomène peut être significativement augmenté

lorsque les voies aériennes sont s imultanément exposées à des

agents oxydants comme la fumée de tabac ou l'ozone. De plus, le rôle

actif de ces oxydants a été démontré (dans le cas du tabac) puisqu'il

disparaît lorsque le sys tème expérimental (explant trachéal) e s t

supplémenté en agent anti-oxydant comme la catalase (Churg, 1990).

Ces constatations illustrent l'importance des interactions observées

lors d'expositions multiples, même à des niveaux de concentration

compatibles avec u n e simple pollution environnementale (modèle

ozone) ( Pinkerton, 1989).

Ces phénomènes encore mal connus sont certainement très

importants en milieu professionnel où l'aérosol es t très complexe,

fait d'un mélange de fibres et de particules n o n fibreuses le p lus

souvent as soc iées à des contaminat ions de gaz p l u s ou m o i n s

irritants . Les interact ions de c e s fac teurs p e u v e n t modifier

s ignif icativement l e s modè les prédictifs de comportement d e s

aérosols dans les voies aériennes.

Page 51: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Néanmoins, il existe encore très peu de données quantitatives

sur la rétention des fibres dans la muqueuse des voies aériennes : en

effet, la plupart des é tudes de rétention ont été réal isées par la

technique de digestion, qui ne permet pas de séparer la fraction

trachéo-bronchique de la fraction alvéolaire. Ce phénomène peut être

très important dans la cancérogénèse bronchique. En particulier, il

serait très intéressant de préciser le devenir des particules déposées

d a n s les zones d'éperon, pu i sque coex i s tent d'une part u n e

augmentation locale de la déposition, et d'autre part une interception

anatomique du tapis mucociliaire (figure 5).

2. Poumon profond (Lauweryns, 1977)

Lorsque la fibre se dépose dans l'alvéole, le premier mécanisme

de défense p a s s e par u n e phagocytose par l es m a c r o p h a g e s

alvéolaires. Celle-ci se fera d'autant plus facilement que la fibre est

p lus courte (Morgan, 1984). Une fois phagocytées, les fibres vont

être véhiculées dans les macrophages :

- soit vers la bronchiole terminale et le tapis muco-ciliaire ;

- so i t s u r t o u t v e r s l ' in ters t i t ium p u l m o n a i r e ( s e p t a

interalvéolaire, gaine péri-bronchiolaire) et le point de départ des

l y m p h a t i q u e s p u l m o n a i r e s (à la j o n c t i o n entre b r o n c h i o l e

respiratoire et bronchiole terminale).

Le passage vers l'interstitium peut se faire directement s a n s

l'étape de phagocytose macrophagique, en particulier pour les fibres

les plus longues. Ces phénomènes sont très lents, et on admet que la

période de l'épuration alvéolaire est de l'ordre de plusieurs mois à

plusieurs années , en fonction de la cytotoxicité propre d e s fibres

(figure 6). Il résul te de c e s p h é n o m è n e s u n e a c c u m u l a t i o n

progressive des fibres dans le t issu pulmonaire et l'espace alvéolaire.

Parallèlement à cette rétention initiale, trois p h é n o m è n e s

d'épuration se mettent en place :

- translocation progressive vers les ganglions lymphatiques du

s y s t è m e r e s p i r a t o i r e . Après u n e nouvel le rétent ion d a n s l e s

Page 52: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

différents relais ganglionnaires, les fibres persistantes vont pouvoir

gagner la grande circulation et être diffusées dans l'ensemble des

organes. C'est pourquoi il est possible de retrouver des fibres dans le

parenchyme rénal ou les urines. Là encore les fibres les plus courtes

migrent le plus vite. (Oberdôrster, 1988 ; Morgan, 1984)

- translocation vers la plèvre, le péricarde et le péri to ine . Le

t issu mésothélial est u n site bien connu d'effets biologiques des fibres

(mésothé l iome, fibrose pleurale) . D e s micro-f ibres d'amiante

(toujours inférieures à 5 pin de longueur) ont été retrouvées dans la

plèvre pariétale (Sébastien, 1980). Les voies de migration sont

encore discutées : passage à travers la cavité pleurale, migration

lymphatique, migration hématogène. En tout état de cause, ce sont

des p h é n o m è n e s très lents , qui sous -en tendent que l e s fibres

persistent suffisamment longtemps pour atteindre leur cible.

- dégradation in situ des fibres. Ce phénomène chimique, que

certains ass imilent au concept de durabilité, représente u n des

composants majeurs de la biopersistance des particules en rétention

dans l'appareil respiratoire.

L'ensemble de c e s p h é n o m è n e s (dépos i t ion a lvéo la i re /

ré tent ion inters t i t i e l l e / trans locat ion/durabi l i té ) about i t à u n e

dynamique des fibres dans le parenchyme allant de leur disparition

complète après la fin de l'exposition, à une accumulation progressive

lorsque les mécanismes d'épuration sont saturés. A chaque instant

existe u n état d'équilibre dont l'étude est à la base du diagnostic

biologique de l'exposition aux fibres d'amiante: la mise en évidence et

la numération des fibres n u e s ou recouvertes de protéines (corps

ferrugineux) dans le parenchyme, le liquide de lavage broncho­

alvéolaire ou l'expectoration permet en effet de confirmer d e s

expositions de type professionnel (Gaudichet, 1989). Aucune donnée

systématique n'a encore été recueillie chez l'homme pour les fibres

synthétiques.

Page 53: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

V. Biopersistance

Ce terme recouvre donc tous l e s m é c a n i s m e s qui vont

intervenir dans le devenir d'une particule après sa déposition. Ceci

inclut comme nous l'avons vu (figure 7) :

- les phénomènes de trans locat ion intra-cellulaire (migration

d a n s l es macrophages) ou extra-cellulaire (migration d a n s l e s

mucopo lysacchar ides de la s u b s t a n c e fondamenta le du t i s s u

conjonctif) ;

- les phénomènes d'attaque chimique (lixiviation, solubilisation

et peut-être biodégradation par des systèmes enzymatiques pour les

fibres organiques).

- les phénomènes de transformation physique (diminution du

diamètre par lixiviation ou defibrillation ; diminution de longueur par

dissolut ion des extrémités ou fragmentation liée à des at taques

chimiques ponctuelles).

L'étude de la biopersistance fait l'objet de travaux encore

embryonnaires et non standardisés :

- tests de dissolution in vitro dans des modèles acellulaires ou

c e l l u l a i r e s ( m e s u r e c h i m i q u e , a s p e c t m o r p h o l o g i q u e e t

granulométrique).

- étude du contenu en fibres des poumons à différents temps

après la déposit ion par inhalat ion ou insti l lation intratrachéale

(comptage granulométrique, aspect morphologique).

Cette hétérogénéité des méthodes ne permet pas actuellement

d'établir formel lement l e s paramètre s qui c o n d i t i o n n e n t la

biopersistance (taille, composit ion chimique ou cristallographique,

réactivité biologique, . . . ) . On ne connaî t donc p a s encore l e s

marqueurs prédictifs de la biopersistance d'une fibre. Ces marqueurs

Page 54: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

seront certainement à la base de la conception de fibres moins

toxiques pour l'homme (Bignon, 1991).

D'ores et déjà, il apparaît que la plupart des MMMF vitreuses

sont moins biopersistantes que les amphiboles . Certains verres

disparaissent très vite, constatations compatibles avec les résultats

des é tudes métrologiques faites chez l'homme (Sébastien, 1991).

D'autres fibres semblent plus résistantes comme les céramiques ou

les para-aramides. De même, la moindre toxicité du chrysotile par

rapport a u x amphibo le s pourrait être l iée à u n e moindre

b iopers i s tance (épuration mécan ique p l u s efficace pour u n e

résistance chimique à peu près équivalente).

Une prochaine réunion du Centre International de Recherche

sur le Cancer, en collaboration avec l'INSERM et le CNRS, doit faire

le point sur ce sujet en septembre 1992.

VI. Variations inter-espèces

La plupart des données biologiques disponibles sur les fibres de

synthèse proviennent de modèles expérimentaux. Même lorsqu'il

s'agit d'études par inhalation, les extrapolations chez l'homme sont

toujours difficiles : en dehors de problèmes de spécificité de la

réponse biologique, les modalités de pénétration et déposition des

fibres propres aux animaux doivent être prises en compte : taille des

voies aériennes, mode de division des bronches, structure épithéliale

(composition cellulaire) ( Warheit, sous presse).

B e a u c o u p d'études ont été réa l i sés à partir d'aérosols

reproduisant les aérosols auxquels l'homme est soumis . Or, au delà

de 1 \im de DAE» la probabilité de déposit ion d a n s l'alvéole des

rongeurs devient très faible (Morgan, 1984). De même, il n'est pas

possible de tester chez le rongeur des aérosols supérieurs à 5 \im du

fait de la très grande efficacité du filtre des vo ies aér iennes

supérieures. Or la fraction trachéo-bronchique de l'homme se trouve

entre 5 et 50 \im.

Page 55: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

A l'inverse, l'attention a été attirée sur les résultats biologiques

n o n spécif iques obtenus lorsque l es capaci tés d'épuration d e s

animaux sont dépassées : cet effet de surcharge peut engendrer des

maladies sans rapport avec la nature des matériaux inhalés (Muhle,

1988) .

Ainsi, l'identification de toutes les caractéristiques de l'aérosol

utilisé es t indispensable à toute interprétation faite sur u n modèle

expérimental. Les publications disponibles dans la littérature ne

fournissent qu'exceptionnellement ces informations.

Conclusion

Le devenir des fibres dans l'appareil respiratoire es t lié à de

n o m b r e u x paramètres encore m a l ident i f i és . Les c r i t è r e s

d i m e n s i o n n e l s permettent d'en prévoir le comportement initial

(pénétration, déposition, épuration) dans les voies aériennes . Les

critères phys ico-ch imiques (dimension et composit ion chimique)

sont reliés à leur biopersistance (translocation, durabilité). Les autres

composants de l'aérosol (particules minérales n o n fibreuses, gaz)

peuvent retentir sur les modèles prédictifs ob tenus à partir d e s

aérosols théoriques. Enfin les caractérist iques phys io log iques de

r h ô t e (animal de laboratoire, homme) vont également influer sur les

modè le s théoriques . De n o m b r e u s e s q u e s t i o n s res tent encore

posées:

- c o m m e n t relier u n effet p a t h o g è n e d o n n é (fibrose

parenchymateuse , fibrose pleurale, cancer bronchopulmonaire ,

mésothéliome) aux modalités de la rétention in situ ou à distance ?

- comment utiliser les données biométrologiques disponibles

en clinique (numération des fibres dans les divers prélèvements

biologiques provenant de l'appareil respiratoire) pour apporter u n e

aide au diagnostic étiologique d'une maladie supposée en rapport

avec les fibres inhalées ?

- sur quels paramètres établir une évaluation pertinente de la

dose externe à partir des prélèvements atmosphériques , lorsque

l'exposition est irrégulière (majorité des s i tuat ions observées chez

les utilisateurs de matériaux contenant des fibres ) ?

Page 56: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Malgré cette complexité, il es t essent ie l que le médecin ,

r é p i d é m i o l o g i s t e , le t o x i c o l o g u e et l 'hyg ién i s te i n d u s t r i e l

déterminent ces paramètres avec le maximum de précision afin de

pouvoir comparer les résultats obtenus dans la littérature. C'est à ce

prix qu'une stratégie de prévention pourra être proposée, auss i bien

au moment de la conception de nouvelles fibres, que lors de la

survei l lance des populat ions exposées à d e s matér iaux déjà

commercial isés.

Page 57: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Références

1. Asgharian, B.; Yu, CP. A simplified model of interceptional deposition of fibres at

airway bifurcations. Aerosol Sci. Tech. 1989; 11: 80.

2. Bignon, J.; Brochard, P. Inconsistencies and Limitations, in: Mineral Fibers and Health.

Douglas Liddell, Klara Miller, Boca Raton Ann Arbor. Boston London: CRC Press;

1991: 197-210.

3. Brain, J. D.; Valberg, P. A. Deposition of Aerosol in the Respiratory Tract. Am Rev

Respir Dis. 1979; 120: 1325-1373.

4. Brochard, P.; Pairon, J. C ; Bignon, J. Aérosol et santé : Déposition et épuration des

particules inhalées. Pollution Atmosph. 1990 Avr: 178-184.

5. Brody, A. R.; Hill, L H.; Adkins Jr., B.; O'Connor, R. W. Chrysotile asbestos inhalation

in rats : Deposition pattern and reaction of alveolar epithelium and pulmonary

macrophages. Am Rev Respir Dis. 1981; 123: 670-679.

6. Churg, A.; Hobson, J.; Wright, J. Effects of cigarette smoke dose and time after smoke

exposure on uptake of asbestos fibers by rat tracheal epithelial cells. Am J Respir

Cell Mol Biol. 1990; 3: 265-269.

7. Clarke, S. W.; Pavia, D. Aerosols and the Lung : Clinical and Experimental Aspects.

London: Butterworth & Co; 1984: 1-275.

8. Corn, M.; Hammad, Y.; Whittier, D.; Kotsko, N. Employee exposure to airborne fiber and

total particulate matter in two mineral wool facilities. Environ. Res.. 1976; 12:

59-74 .

9. Gaudichet, A.; Brochard, P.; Bignon, J. Analyse minéralogique des produits de lavage

broncho-alvéolaire. Encyclopédie médico-chirurgicale. 1989; 9(6000 M 5 1 ) : 1-8.

10. Gross, P.; Braun, D. C. Man-made vitreous fibers, in: Toxic and biomedical effects of

fibers. Gross, P.; Braun, D. C. Park Ridge NJ: Noyes Pub; 1984: 143-222.

Page 58: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

11. Hammad, Y.; Diem, J.; Craighead, J.; Weill, H. Deposition of inhaled man made mineral

fibres in the lung of rats. Ann. Occup. Hyg.. 1982; 26: 179-187.

12. Kennedy, Jr J. L. Inhalation Toxicology, in: Principles and Methods of Toxicology.

Second Edition ed. Hayes, A. Wallace. New York: Raven Press, Ltd; 1989: 361-382.

13. Lauweryns, J. M.; Baert, J. H. Alveolar Clearance and the Role of the Pulmonary

Lymphatics. Am Rev Respir Dis. 1977; 115: 625-683.

14. Lee, K. P.; Kelly, D. P.; O'Neal, F. O.; Stadler, J. C ; Kennedy Jr, G. L. Lung Response to

Ultrafine Kevlar Aramid Synthetic Fibrils following 2-Year Inhalation Exposure in

Rats. Fundam Appl Toxicol. 1988; 11: 1-20.

15. Lippmann, M. Effects of fiber characteristics on lung deposition, retention and disease.

Environ. Health. Perspect. 1990; 88: 311-317.

16. Mohr, U. Inhalation Toxicology. The Design and Interpretation of Inhalation Studies and

Their Use in Risk Assessment. ILSI Monographs. New York Inc: Springer-Verlag;

1988: 1-318.

17. Morgan, A.; Holmes, A. The deposition of MMMF in the respiratory tract of the rat,

their subsequent clearance, solubility in vivo and protein coating, in: Biological

effects of Man Made Mineral fibers. WHO ed. Copenhagen; 1984; 2: 1-17.

18. Muhle, H.; Bellman, B.; Heinrich, U. Overloading of lung clearance during chronic

exposure of experimental animals to particles. Ann. Occup. Hyg.. 1988; 32:

141-147.

19. Oberdorster, G.; Morrow, P. E.; Spurny K. Size dependent lymphatic short-term

clearance of amosite fibres in the lung. Ann. Occup. Hyg. 1988; 32: 149-156.

20. Pinkerton, KE; Brody, AR; Miller, FJ; Crapo, JD. Exposure to low levels of ozone

results in enhanced pulmonary retention of inhaled asbestos fibers. Am. Rev. Respir.

Dis.. 1989; 140: 1075-1081.

21. Salem, H. Inhalation Toxicology : Research Methods, Applications/and Evaluation. New

York and Basel: Marcel Dekker, Inc; 1987: 1-453.

22. Schlesinger, R. B.; Lippmann, M. Selective particle deposition and bronchogenic

carcinoma. Environ. Res.. 1978; 15: 424-431.

Page 59: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

23. Schneider, T. Man Made Mineral fibers and other fibers in the air and in settled dust, in:

Proceeding of 3 r c l International Conference of indoor quality and climate. Stockholm;

1984.

24. Sebastien, P. Pulmonary deposition and clearance of airborne mineral fibers, in: Mineral

Fibers and Health. D Liddell, K. Miller, Boca Raton Ann Arbor. : CRC Press; 1991:

229-248 .

25. Sebastien, P.; Janson, X.; Gaudichet, A.; Hirsch A; Bignon J. Asbestos retention in

human respiratory tissues : comparative measurements in lung parenchyma and in

parietal pleura, in: Biological Effects of Mineral Fibres. Wagner, J.C. ed.

International Agency for Research on Cancer. Lyon; 1980: 237-246.

26. Timbrel, V. An aerosol spectrometer and its applications, in: Mercer, T. T.; Morrow, P.

E.; Stobers, W. Assessment of airborne particles. Thomas C.C, Springfiel IL ed. ;

1972: 290-330.

27. Wanner, A. Clinical Aspects of Mucociliary Transport. Am Rev Respir Dis. 1977; 116:

73 -125 .

28. Warheit, D. B.; Hartsky, M. A. Species comparison of alveolar deposition patterns of

inhaled particles. Exp. Lung. Res. (Sous presse).

Page 60: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

l ' I i » i i I i i < i

10 20 50 100. 150

Longueur en y m

Figure 1 : Relation entre diamètre aérodynamique équivalent (DAE) des f i b r e s e t l eurs dimensions physiques, (from Gross, 198*0

Page 61: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Formation de l'Aérosol

Matériau de base

"Grosses" particules

Manipulation, dégradation...

Aérosol initial

"Grosses" particules

Temps par rapport à la mise en suspension dans l'air

Aérosol persistant

Figure 2. Schéma d'évolut ion de l a granulometrie entre le nateriu;: de-base e t l ' a é r o s o l p e r s i s t a n t .

Page 62: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

2 5 10 2 0 4 0 6 0 % de f ibres in fér ieures au diamètre mentionné

9 8

Figure 3 : Dis tr ibut ion des f ibres minérales synthétiques retrouvées dans 1'aérosol lors de production de f ibres de diamètres nominaux d i f f érent s (from Corn, 1976).

Page 63: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

0.2 Q4 0.6 0.8 1.0 2.0 1.0 3.5

LONGUEUR DES FIBRES (EN UN)

FIGURE k : RELATION DES POURCENTAGES DE DÉPOSITION DANS LES VOIES AÉRIENNES EN FONCTION DE LA TAILLE ET DE LA FORME DES PARTICULES. (FROM GROSS, 19B**)

Page 64: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Figure 5 : Modèle de déposition au niveau des b i furcat ions bronchiques

Page 65: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

20 40 *0 80 100

HEURES APRÈS L'INHALATION

FIGURE 6 : COURBE DE CLAIRANCE DE LA RADIO-ACTIVITÉ THORACIQUE MESURÉE APRÈS INHALATION D'UN AÉROSOL RADIO-ACTIF.

Page 66: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Fibres longues (> lOjlm)

Dissolution en masse

Raccourcissement, diminution des dia­mètres et disparition complète

Attaque chimique ponctuelle (pas de modification des dimensions)

Lixiviation en surface

Altération de la réactivité biologique (pas de modification des dimensions)

Fragmentation (raccourcissement)

/ \ Phagocytose par les cellules E P I T H E L I A L E S

/ X

Phagocytose par les macrophages

Effet pathogène local ?

Translocation vers 1 1interstitium et d'autres organes

I Clairance muco-ciliaire

Dégradation intracellulaire

Effet pathogène local ?

FIGURE 7 : DÉTERMINATION DE LA BIOPERSISTANCE DES FIBRES

Page 67: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

LES EFFETS A LONG TERME SUR LA SANTE DES FIBRES MINERALES ARTIFICIELLES

R. SARACCI

Centre International de Recherche sur le Cancer 150, Cours Albert Thomas 69372 LYON CEDEX 08

Page 68: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

LES EFFETS A LONG TERME SUR LA SANTE

DES FIBRES MINERALES ARTIFICIELLES

Rodolfo Saracci, M.D.

J'essayerai, après la revue sur les effets des fibres minérales artificielles dans les systèmes

expérimentaux qui vient d'être présentée, avec ses zones d'incertitudes et avec quelques certitudes, de

toucher de façon très sélective quelques points qui portent sur les études épidémiologiques et sur les

connaissances épidémiologiques qu'on a jusqu'à présent, et qui sont en train d'évoluer. Je me

limiterai à parler du problème qui préoccupe le plus à long terme, c'est à dire, par analogie avec

l'amiante, la possibilité d'un effet carcinogène. Je ne toucherai pas au problème des fibroses ou,

d'une façon plus générique, des bronchopneumopathies chroniques qui pourraient être associées à

l'exposition aux fibres minérales artificielles. Il y a dans ce domaine plusieurs études de morbidité

ou de mortalité qui ne sont pas du tout concluantes. La meilleure étude qui a été faite

jusqu'aujourd'hui est une étude d'une cohorte de travailleurs américains dont les résultats du suivi

plus récent devraient être disponibles sous peu. Le suivi précédent avait montré une association entre

petites opacités radiologiques (catégories 0/1,1/0,1/1 de la classification du BIT) et durée de travail

chez les fumeurs (Weill et al. 1984).

En ce qui concerne les données épidémiologiques sur les cancers je parlerai avant tout des

études que l'on a nous-mêmes conduites au Centre International de Recherche sur le Cancer. Les

données dont je vais vous parler sont bien connues: les résultats disponibles sont encore les mêmes

qu'en 1986-87, parce que l'on n'aura pas de résultats d'un nouveau suivi avant 1993. L'approche

que l'on a choisie, en Europe comme aux Etats Unis, part de deux grandes cohortes de travailleurs

recrutés sur une base multicentrique dans différentes usines de production: pour étudier les effets sur

la santé des fibres minérales on s'est mis dans la situation, comme on le fait souvent en épidémiologie

en milieu de travail, d'essayer de prendre les groupes exposés de façon la moins contaminée (usines

de production). Même dans ces usines il y a une exposition multiple à d'autres agents physiques et

chimiques: mais d'un autre côté des utilisateurs tels que les travailleurs du bâtiment ont souvent été

exposés d'une façon ou l'autre à l'amiante. Les travaux qui sont disponibles concernant ces

utilisateurs sont très peu nombreux et n'ont pas pu séparer les effets pathologiques qui pouvaient être

attribués à l'amiante des effets qui pouvaient être, peut-être, attribués aux fibres minérales (Engholm

et al., 1987).

Page 69: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

L'étude américaine qui est coordonnée par une équipe de l'université de PITTSBURG et

l'étude européenne, qui est coordonnée par le Centre International de Recherche sur le Cancer à

LYON, ont donc suivi des cohortes de travailleurs, définies dans le passé, jusqu'à nos jours en

étudiant la mortalité et, ou cela était possible, aussi la morbidité par cancer. L'enquête a porté sur

plus de 25,000 travailleurs dans 7 pays européens (Saracci et al., 1984; Simonato et al., 1987)

répartis dans 7 usines qui produisaient de la laine de roche ou de laitier, 4 qui produisaient de la laine

de verre, une qui produisait verre et filaments continus, et une des filaments continus. La durée

moyenne d'emploi était de l'ordre de cinq années et les travailleurs ont été suivis une fois jusqu'à la

fin de 1972, une deuxième fois jusqu'à la fin de 1982, et ils sont à présent suivis jusqu'à la fin de

1990 ou 1991, l'analyse des résultats étant prévue pour 1992-93. Les concentrations de fibres

respirables, mesurées dans une enquête d'hygiène industrielle de grande envergure standardisée à

travers toutes les usines, ont démontré qu'il y a à présent (c'est à dire à la fin des années 70 lorsque

l'enquête a été conduite) des niveaux très faibles de fibres minérales dans les usines de production (si

comparés, par exemple, avec ce qu'était le niveau dans les environnements pollués par l'amiante)

avec des pointes qui rarement atteignent le niveau de 0.5-1 fibre par millilitre. Malheureusement,

l'estimation des niveaux des fibres qui a été fait à travers cette enquête nous a été d'une utilité plutôt

limitée (à part pour nous rendre optimiste sur les faibles niveaux actuels d'exposition) pour mettre en

relation les niveaux d'exposition avec les données de mortalité et d'incidence de cancer. Puisque les

niveaux des fibres dans le passé étaient presque certainement différents, en particulier pour des sous-

types de production comme la production en discontinu ("batch"), on a décidé de conduire une

deuxième enquête, rétrospective, d'un type quelque peu archéologique, visant à reconstruire les

niveaux d'exposition d'une façon semi-quantitative, en tenant compte de facteurs (ventilation, volume

de production, diamètre des fibres, usage de liants, etc.) capable de moduler et altérer les niveaux

constatés dans l'enquête courante et qui peuvent ainsi aider dans l'estimation des niveaux de fibres,

en particulier respirables, existants dans le passé. En tenant compte de ces facteurs on a pu

subdiviser les procédés de production en 3 phases: "early", "intermediate" et "late". "Late"

représente les conditions d'aujourd'hui. "Early" représente les conditions qui prévalaient à l'origine,

pour lesquelles (et il y a là un problème majeur) on ne dispose pas de mesures: la production était une

production de type discontinu, où, par ailleurs, des substances qui ont pour effet de réduire la

concentration de fibres en suspension dans l'air telles que les liants et les huiles minérales n'avaient

pas encore été introduites dans le procédé de fabrication. La phase intermédiaire est simplement

caractérisée par un mélange des procédés des deux autres phases de production. On a pu estimer,

d'une façon semi-quantitative, qu'il y a eu une diminution des niveaux d'exposition en passant de la

phase "early" à la phase intermédiaire et à la phase "late" pour les usines de laine de roche et de laitier.

Cette diminution est probablement moins nette pour les usines de laine de verre parce que les

différents facteurs se combinaient de façon à faire varier d'une façon moins marquée les niveaux de

fibres. D'autre part les niveaux sont - en général - estimés être moins élevés dans la production de la

Page 70: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

fibre de verre que dans la production de la fibre de roche ou de laitier, les niveaux les plus faibles

étant ceux de la production du filament continu. Lorsque Ton analyse la mortalité par cancer

pulmonaire en fonction des différentes "phases" (périodes) d'exposition et du temps à partir de la

première exposition, on obtient les résultats de la Table 1. Les rapports standardisés de mortalité

(RSM) sont élevés (colonne "Total") pour les trois types de production lorsque Ton emploie comme

terme de comparaison les taux de mortalité (spécifiques pour age, sexe, et période de calendrier)

nationaux des sept pays où les usines sont localisées. Toutefois lorsque Ton utilise comme terme de

comparaison les taux régionaux (qui, entre autre chose, prennent mieux en considération les

habitudes tabagiques de la population des travailleurs par rapport à la population générale) les

augmentations du RSM se concentrent essentiellement dans la population des travailleurs de la laine

de roche et laitier. C'est en effet surtout à l'intérieur de la phase initiale ("early") de production de la

laine de roche et de laitier, c'est à dire lorsque la concentration des fibres était plus élevée par

comparaison aux autres périodes et procédés de production, qu'on localise l'excès de tumeurs

pulmonaires de presque trois fois le chiffre attendu pour les travailleurs exposés pour la première fois

20 ou 30 ans avant.

Au cours de nombreuses analyses complémentaires on a essayé de séparer l'exposition à la

laine de roche et à laine de laitier. Comme l'utilisation de la laine de laitier se surimpose à la période

initiale on a du mal à séparer les trois facteurs, phase "early", exposition à la laine de roche, et

exposition à la laine de laitier. Le mieux que l'on a pu faire a été d'isoler les usines dans lesquelles

on produisait dans la phase initiale seulement de la laine de laitier; le RSM est presque le même dans

ces usines (RSM=295) que dans celles dans laquelle il y avait peu ou pas du tout de laine de laitier

(RSM=341).

L'étude américaine, qui a été elle aussi présentée en détail en 1987 (Enterline et al., 1987),

avec des résultats globalement en accord avec notre étude, a été mise à jour récemment (Marsh et al.,

1990) et pour les laines de roche et de laitier les résultats pour les travailleurs qui ont été observés 20

ans après la première exposition montrent un excès. Il arrive que cet excès soit localisé dans les

usines dans lesquelles à côté de la laine de roche il y avait aussi de la laine de laitier, ce qui souligne

encore le point, évoqué avant, d'essayer - chaque fois que possible - d'obtenir une meilleure

séparation de ces deux types d'exposition.

Comme le cancer du poumon est largement dû à la fumée de tabac on peut se demander si les

excès observés peuvent être dus au tabac. Des excès de l'ordre de 3 fois comme celui qu'on a

observé dans la sous cohorte des travailleurs exposés pour la première fois il y a 20 ou 30 ans dans la

production de la laine de roche et de laitier ne peuvent être dus, si le tabac en est la raison, qu'à une

très forte et hautement improbable différence des habitudes tabagiques des travailleurs par rapport à la

Page 71: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

population générale. Il me semble donc très peu vraisemblable que soit la fumée de tabac, soit la

classe sociale qui est une variable correlée à la fumée de tabac, soit l'explication unique ou même

principale des résultats. Bien sûr, d'autres substances polluantes étaient présentes dans

l'environnement de production dans les années 40 et 50 (par exemple, des hydrocarbures

polycycliques) qui pourraient être en partie responsables de l'excès observé. Mais il faut aussi tenir

compte que l'exposition à l'agent principal, les fibres, a été très probablement mal classé, ce qui

tendrait à diluer artificiellement le risque. Si du point de vue qualitatif il reste donc une marge

d'incertitude interprétative, les incertitudes sont plus importantes du point de vue quantitatif. On peut

se demander comment comparer l'excès observé à ce qu'on connaît par rapport à l'amiante. Si les

concentrations en fibres respirables dans la phase "early" de la production de la laine de roche ou de

laitier étaient de l'ordre de 10 fibres par millilitre (ce qui n'est pas à exclure), les risques qu'on a

observé, ne sont pas incompatibles avec ceux qui ont été observés dans certaines cohortes de

travailleurs exposés au chrysotile (Simonato et al., 1987). Si au contraire les concentrations dans le

passé étaient au maximum de l'ordre d'une fibre par millilitre ou même moins, la question est posée

de savoir si les fibre de roche (et de laitier) ne pourraient pas être plus carcinogènes que le chrysotile.

Cette hypothèse qui n'est pas plausible si la concentration des fibres est évaluée sur la base de leur

masse, l'est moins si on prend comme base le nombre de fibres (Peto, 1989).

Au delà des hypothèses les conclusions finales les plus solides restent celles d'il y a deux ou

trois ans. On est en train d'ajouter des données qui ne sont pas encore de nature à en faire changer la

substance. On n'a pas observé d'effets à long terme dans la majorité des secteurs de l'industrie de

production des fibres minérales artificielles; mais les fibres minérales, telles qu'elles étaient présentes

dans la phase initiale de la production de la laine de roche et de laitier ont vraisemblablement joué un

rôle dans l'excès du cancer pulmonaire. Je pense que soutenir d'une façon définitive que la seule

composante "fibres" de ce mélange d'expositions qui était présente dans les années 40 et 50 a été le

responsable de cet excès est illogique, mais que soutenir que tous les autres éléments du mélange, à

l'exception des seules fibres, ont été la cause de l'excès est encore plus illogique. En tout cas, on va

essayer d'infirmer ou de confirmer d'une façon plus sure nos observations épidémiologiques.

Cela m'amène à la classification que, au delà de notre propre étude, un groupe de travail réuni

par le CIRC a établi pour les fibres minérales artificielles (IARC, 1988). La classification du CIRC

prévoit une catégorie 1 pour les agents carcinogènes chez l'homme, une catégorie 2A pour les agents

probablement ("probably") carcinogènes et une catégorie 2B pour les agents peut-être ("possibly")

carcinogènes; les catégories 3 et 4 sont réservées, respectivement, aux agents qui ne peuvent pas être

classés par rapport à la cancérogénicité et à ceux pour lesquels les données disponibles suggèrent une

absence de cancérogénicité.

Page 72: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Différents types de fibres minérales sont classés dans la même catégorie 2B, bien que les

points d'entrée soient très différents (Table 2). Pour la laine de veme l'épidémiologie ne montre pas

un excès de cancer, mais l'évidence expérimentale a été interprétée comme "suffisante", en donnant

évidemment un poids important aux systèmes d'injection intracavitaire directs. Pour les laines de

roche et de laitier (qui ont été mis ensemble parce qu'on n'est pas arrivé à les séparer clairement dans

les études épidémiologiques) ce sont les données épidémiologiques (limitées mais non inadéquates)

qui ont conduit à une classification 2B. En ce qui concerne les fibres céramiques, enfin, elles ont été

classées en 2B sur la base de la seule évidence "suffisante" chez l'animal, surtout dans des tests par

voie inhalatoire, même en absence de toute donnée épidémiologique. Pour le filament continu,

d'autre part, aucune classification est possible (Catégorie 3) en raison des données inadéquates soit

chez l'animal soit chez l'homme. Quelque suggestion (Brown et al., 1991) remettant en question ce

classement semble prématuré, si l'on veut éviter de s'aventurer dans le domaine d'interprétations trop

subtiles par rapport aux données jusqu'ici disponibles. On verra dans deux ou trois ans si les

résultats nouveaux qu'on attend des expériences en cours chez l'animal et de l'extension des études

épidémiologiques en Europe et en Amérique du Nord seront tels qu'ils justifieront une ré-évaluation

de ce classement.

Page 73: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

REFERENCES

Brown RC, Davis JMG, Douglas D, Gruber UF, Hoskins JA, Ilgren EB, Johnson NF, Rossiter CE, Wagner JC. (1991) Carcinogenicity of the Insulation wools: Reassessment of the IARC Evaluation.Regulatory Toxicology and Pharmacology, 14,12-23.

Engholm G, England B, Fletcher BC, Hollin N. (1987) Respiratory cancer incidence in Swedish construction workers exposed to man-made mineral fibers and asbestos, Ann. Occup. Hyg., 31, 663-676.

Enterline PE, Marsh GM, Henderson V, Callahan C. (1987) Mortality update of a cohort of US man-made mineral fibre workers. Ann. Occup. Hyg., 31, 625-656.

IARC (1988) Man-made mineral fibres and radon. IARC Monogr. Eval. Carcinog. Risk Chem. Hum., 43, 1-300.

Marsh GM, Enterline PE, Stone RA, Henderson VL. (1990) Mortality among a cohort of U.S. man-made mineral fiber workers: 1985 follow-up. J. Occup. Med., 32, 594-604.

Peto J. (1989) Fibre carcinogenesis and environmental hazards. In: Bignon J, Peto J, Saracci R (eds) Nonoccupational exposure to mineral fibres, International Agency for Research on Cancer, Lyon, pp 457-470 (IARC Scientific Publication No. 90).

Saracci R, Simonato L, Acheson ED, Andersen A, Bertazzi PA, Claude J, Charnay N, Estfeve J, Frentzel-Beyme RR, Gardner MJ, Jensen OM, Maasing R, Olsen JH, Teppo LHI, Westerholm P, Zocchetti C. (1984) Mortality and incidence of cancer of workers in the man made vitreous fibres producing industry: an international investigation at 13 European plants. Br. J. Ind. Med., 41,425-436.

Simonato L, Fletcher AC, Cherrie JW, Andersen A, Bertazzi P, Charnay N, Claude J, Dodgson J, Estfeve J, Frentzel-Beyme R, Gardner MJ, Jensen O, Olsen J, Teppo L, Winkelmann R, Westerholm P, Winter PD, Zocchetti C, Saracci R. (1987) The International Agency for Research on Cancer historical cohort study of MMMF production workers in seven European countries: extension of the follow-up. Ann Occup. Hyg., 31, 603-624.

Weill H, Hughes J, Hammad YY, Glindmeyer HW, Sharon G, Jones RN (1984) Respiratory health of workers exposed to MMMF. In: Guthe E (ed) Biological effects of man-made mineral fibres. Proceedings of a WHO/IARC conference in association with JEMRB and TIMA, Copenhagen, 20-22 April 1982. vol. 1, World Health Organization, Regional Office for Europe, Copenhagen, pp 387-412.

Page 74: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Table 1. Mortalité par cancer pulmonaire (hommes et femmes)

Phase de Intervalle (en années) à partir de la première exposition production 0-9 10-19 20-29 30+ Total

Laine de rwhç/laitiçr

"Early" Décès observés 0 0 4 6 10

RSM National 0 0 270 244 214*

RSM Local 0 0 317 295* 257*

"Intermediate" Décès observés 0 3 7 4 14

RSM National 0 106 161 211 139 RSM Local 0 107 164 217 141

"Late" Décès observés 17 27 11 2 57

RSM National 111 127 93 84 113

RSM Local 112 126 90 77 111

Laine de verre

"Early" Décès observés 2 3 5 6 16

RSM National 123 80 93 145 107

RSM Local 108 70 80 121 92

"Intermediate" Décès observés 4 29 24 11 68

RSM National 52 164* 135 194 139*

RSM Local 42 132 106 149 111

"Late" Décès observés 7 2 0 0 9

RSM National 107 66 0 0 93

RSM Local 88 55 0 0 77

RSM = rapport standardisé de mortalité = (décès observés/décès attendus) x 100 *RSM statistiquement significatif

Page 75: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Table 2. Evidence de cancérogénicité des fibres minérales artificielles (IARC, 1988)

Type de fibre Dans l'animal Dans l'homme Evaluation globale

Laine de verre Suffisante Inadequate 2B ("possibly carcinogenic")

Laine de roche Limitée

Laine de laitier Inadequate

Limitée pour laine de roche/ laitier

2B ("possibly carcinogenic")

2B ("possibly carcinogenic")

Filament continu Inadequate Inadequate 3 (non classé)

Fibres céramiques Suffisante Pas de données 2B ("possibly carcinogenic")

Page 76: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

DISCUSSION

(retranscrite à partir de notes prises en séance)

M. KAMSTRUP Have you used the model developed by KRANTZ to calculate the cumulative doses in order to

clarify the role of the older technological phase ?

M. SARACCI.

Malheureusement le problème qui se pose avec la phase initiale c'est qu'il s'agit d'une phase brève

que l'on ne peut pas isoler avec précision. En fonction de l'endroit où l'on place la coupure et

compte tenu du fait que l'on a très peu de sujets on peut obtenir ou non un effet dose réponse mais

je pense que c'est très artificiel, le résultat dépend trop des limites choisies. On continuera

cependant à traiter les données de cette manière lors des réactualisations. On aura alors un plus

grand nombre de cas et nous espérons que cela nous aidera à clarifier la situation.

M. MELLON

What is the possibility of IARC changing the classification on glasswool ?

M. SARACCI

Ce n'est pas moi qui décide de la politique générale de mise à jour des monographies du CIRC. Ce

que je crois personnellement c'est qu'une mise à jour ne sera effectuée que lorsque l'on disposera

de suffisamment de données nouvelles soit sur le plan expérimental, soit sur le plan

épidémiologique et si possible sur les deux à la fois. Nous coordonnons nous-mêmes une étude

épidémiologique. L'étude coordonnée à présent par le Docteur Gary MARSH aux Etats-Unis

comporte une partie importante d'hygiène industrielle. Elle sera également mise à jour avec une

part importante d'hygiène industrielle rétrospective ce qui prendra une année ou deux. Je ne veux

pas préjuger du futur, mais je suis pratiquement sûr qu'il n'y aura pas de réévaluation de la

monographie avant que ces données ne soient disponibles. Ce que je peux dire de manière sûre est

qu'il n'y a pas de changement de classification en cours. Il y a une inertie dans le mécanisme mais

c'est aussi la garantie de pourvoir prendre un peu de recul.

Page 77: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

M. BIGNON

C'est quand même un réel problème, les classifications de l'IARC sont un peu des valeurs de

référence dont on attend la mise à jour. Je suggérerais que vous ayez des volumes sous forme de

classeur afin que l'on puisse y introduire une page corrective de temps en temps. Il y a des

exemples qui nécessiteraient peut être une remise à jour mais à cause de l'inertie qui va

s'accentuer, car gérer ce type de monographies cela coûte très cher, on va avoir des classifications

qui vont se pérenniser pendant des années.

M. SARACCI

Ce n'est pas seulement un problème d'argent. D'un point de vue un peu plus général en

considérant également la classification d'autres substances je pense qu'il serait bon d'avoir une

périodicité de mise à jour de quatre années comme par exemple pour le HARISSON.

Malheureusement on n'arrive pas à tenir cette périodicité. Par contre avec un système de classeur je

crois que le jugement deviendrait un peu volatil parce qu'il pourrait être réactualisé après chaque

étude. Entre le problème réel auquel font face les personnes qui sont exposées, et le problème réel

de l'industrie qui veut connaître le degré de confiance qu'il peut accorder à un produit on essaye de

trouver un compromis et de dégager des priorités. On ne donne jamais une réponse très rapide, à la

carte pour ainsi dire à un problème donné.

M. BROCHARD

Je voudrais simplement demander à M. SARACCI un complément à sa réponse en matière de

fibres synthétiques. On est en présence de matériaux qui évoluent et malheureusement les études

épidémiologiques mettent beaucoup de temps pour pouvoir donner des réponses. Dans mon

dernier transparent j'ai évoqué la modification de la philosophie de classification qui intègre un peu

plus les données mécanistiques dans le processus de décision. Pouvez-vous commenter et dire ce

que vous en pensez puisque vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec la rédaction qui a été faite.

M. SARACCI

Je crois qu'il est évident, même si c'est passé un peu rapidement dans ma dernière diapositive, que

par rapport à ce que les monographies étaient il y a 15 ans par exemple, les critères de jugement

incluent maintenant les données expérimentales chez l'animal. Mais ce sont essentiellement des

tests de carcinogénèse, c'est-à-dire des faits bien robustes et la classification finale inclue tout cela.

Les données mécanistiques sont un cas très particulier et je pense qu'elles seront prises en compte

un peu plus mais avec des gens comme moi ce sera toujours très prudemment.

Page 78: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

M. BIGNON

Cela vaut mieux car si l'on prend l'exemple des fibres il y a encore des choses à découvrir sur les

mécanismes et l'on ne sait pas où cela commencerait et où cela s'arrêterait.

M. LEPONT

Peut-on comparer les études des effets cancérogènes avec fibres injectées et avec fibres inhalées?

L'inhalation étant le mode naturel de pénétration des fibres sur les lieux de travail et de pose, il me

semble que ce mode d'intoxication devrait être prépondérant.

MmeJAURAND

Je vous donnerai une opinion comme M. SARRACI qui est tout à fait personnelle ; les études par

inhalation ne sont pas plus extrapolables à l'homme que les études in vitro. Mais apparemment il y

a une plus grande tendance dans la communauté scientifique à considérer les études par inhalation

comme plus extrapolables que d'autres. P. BROCHARD vous a montré qu'un poumon de rat

n'était pas du tout un poumon d'homme, que la déposition était tout à fait différente, que la taille

des fibres déposées dans un poumon de rat est tout à fait différente de celle des fibres déposées

dans un poumon d'homme, or certains auteurs ont montré justement que la taille jouerait un rôle

prépondérant dans les effets cancérogènes. Donc je crois que le problème en face duquel on se

trouve est qu'une étude par inoculation intrapleurale ou intrapéritonéale vous donne un potentiel de

fibre, vous savez que cette fibre peut vous tuer comme une voiture, mais c'est l'utilisation que l'on

fait de ces résultats qui est parfois critiquable.

M. BIGNON

Je crois quand même que l'on peut actuellement considérer qu'il y a un consensus scientifique

pour considérer que l'expertise par inhalation chez les rongeurs est peut-être la méthode la plus

réaliste pour essayer d'extrapoler. Par contre utiliser un modèle intracellulaire comme le péritoine

ou la plèvre est une façon primitive d'évaluer le potentiel carcinogène des fibres ou des particules

au contact de cellules, en place certes, mais dans des situations non physiologiques. Vous

exagérez alors un phénomène qui n'a peut être aucune chance d'être extériorisé dans des

conditions physiologiques d'inhalation de telles particules chez l'homme ou chez l'animal.

Page 79: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

M. B AD AIRE

Pouvez-vous citer d'autres produits entrant dans la classification 2B. La saccharine entre-t-elle

dans cette classification ?

M. SARACCI

C'est possible que la saccharine soit dans la catégorie 2B. Certains pesticides y sont certainement.

M. BIGNON

Peut-être que l'on dérive un peu. Je pense que votre remarque a pour but de montrer qu'il y a des

produits grands consommateurs qui sont classés 2B et que l'on ne meurt pas tous les jours, au

moins de façon apparente. Mais la saccharine est intéressante parce que c'est justement un produit

dont le mécanisme d'action s'il est cancérigène n'est pas très connu. Vous voyez si l'on accepte de

classer les carcinogènes à partir de leur mécanisme d'action on risque d'avoir des déboires. Cette

approche n'est pas suffisante.

M. MUR

Par analogie avec l'amiante, est-il utile d'étudier expérimentalement sur l'animal, les interactions

entre exposition aux fibres de verre et à la fumée de tabac en ce qui concerne le risque de cancer

bronchopulmonaire.

Mme JAURAND

Personnellement je ne pense pas, je crois qu'il vaut mieux essayer de dissuader les travailleurs de fumer.

M. BIGNON

Oui, c'est vrai mais c'est difficile. C'est plus facile de convaincre un rat de fumer.

Mme JAURAND

Oui, mais c'est très difficile de provoquer un cancer du poumon en le faisant fumer.

M. MOULIN

Je me permets de répéter la question du Dr. MUR car elle nous a été posée. Faut-il faire fumer des

souris en même temps que l'on les intoxique avec des fibres ?

Page 80: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

M. BIGNON

Je vais essayer cTy répondre. D'abord le modèle animal d'exposition à la fumée de cigarettes des

petits rongeurs n'est pour le moment pas tout à fait au point. Ensuite même si vous arrivez à

confiner un animal dans une ambiance riche en CO2, ce qui est le cas de la fumée de cigarettes, il

est très difficile voire impossible de reproduire des cancers bronchiques avec une forte incidence,

tels que l'on les observe chez l'homme. Ainsi si l'on arrive pas à reproduire l'effet d'un seul

facteur, on ne peut pas étudier l'association d'un facteur avec un autre. Avec les fibres on peut

essayer de reproduire un effet cancérigène, mais pour le moment on ne domine pas l'autre facteur.

M. MASSE au CEA a beaucoup travaillé sur l'association exposition passive à la fumée de

cigarettes et radon. Il y avait effectivement une amplification de l'effet radon ou de l'effet cigarette

sans que l'on sache duquel il s'agit puisqu'il y a pas d'effet avec la cigarette seule. On obtient une

amplification mais l'on ne sait pas à quoi cela correspond. C'est ce qui a découragé ce type d'étude

d'approche expérimentale.

M. MOULIN

La question que l'on nous a posée est que les fibres ne seraient cancérigènes qu'avec le tabac.

M. BIGNON

C'est encore plus difficile de répondre à cette question.

Page 81: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

EXPOSITION AUX LAINES MINERALES ARTIFICIELLES LORS DE LA POSE DE MATERIAUX ISOLANTS

E. KAUFFER 0), F. BARAT ( 2 ), JR CERTIN 0),J. LAUREILLARD ( 4 ), JC. VIGNERON 0)

(!) I.N.R.S. (2) Laboratoire de Chimie de la C.R.A.M.A. (3) Laboratoire de Chimie de l'OUEST ( 4 ) Laboratoire de Chimie de la C.R.A.M.I.F.

Page 82: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

1. - INTRODUCTION

Au cours des 50 dernières années, l'utilisation industrielle des fibres minérales artificielles

vitreuses s'est diversifiée et intensifiée pour les besoins de l'isolation thermique et phonique

et pour le développement des techniques de renforcement des matières plastiques. Ces fibres

sont dénommées en fonction du matériau utilisé pour les fabriquer. C'est ainsi que l'on parle

de laine de verre, de roche ou de laitier. Le terme laine fait référence à une structure où les

fibres sont positionnées de manière quelconque les unes par rapport aux autres tandis que si

elles sont assemblées parallèlement les unes aux autres on parle de filaments continus. Les

fibres céramiques forment une classe à part. Elles sont fabriquées à partir de kaolin ou d'un

mélange de silice et d'alumine et sont utilisées pour leurs propriétés réfractaires.

Contrairement aux fibres minérales naturelles, ces fibres sont amorphes et ne peuvent pas se

séparer en fibres de plus petit diamètre. Leur diamètre nominal est directement lié à leur

mode de production. Les filaments continus sont obtenus par étirage à travers des filières

tandis que les laines sont produites par soufflage et/ou centrifugation de la masse

vitreuse [1]. Dans ce cas la dispersion autour du diamètre moyen peut être importante.

En hygiène industrielle la connaissance de la concentration pondérale et de la concentration

en nombre de fibres permet de caractériser l'empoussiérement. La connaissance des

dimensions des fibres en suspension dans l'air est également utile dans la mesure où ce

paramètre parmi d'autres (durabilité, propriétés de surface, composition chimique) a été

évoqué pour expliquer la toxicité des fibres [2-6]. Si les niveaux de concentration sont

maintenant bien connus dans les usines produisant les fibres minérales en particulier grâce

aux enquêtes épidémiologiques menées dans ce secteur tant en Europe [7-10] que sur le

continent américain [11-12], les connaissances sont plus fragmentaires au niveau des

utilisateurs. La diversité des situations et les difficultés d'accès expliquent probablement cet

état de fait. L'objet de cet article est d'apporter quelques éléments de réponse, lors de

l'utilisation des laines minérales dans le secteur du bâtiment, mais aussi en milieu industriel.

Page 83: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

2 . - METHODE DE MESURE

Dans la plupart des études publiées la pollution a été mesurée par prélèvements individuels,

en équipant l'ouvrier d'une pompe portative reliée à une tête de prélèvement qui peut dans

certains cas être prolongée par un cylindre protecteur pour éviter les projections directes. Les

paramètres mesurés sont tout ou partie des suivants :

2 .1 Concentration en poussières:

C'est généralement la fraction dite "totale" qui est prélevée, car le filtre de prélèvement

n'est précédé d'aucun sélecteur. Celle-ci ne correspond pas à une définition précise,

puisqu'il est quasiment impossible de capter avec une efficacité absolue toutes les

particules ambiantes au-delà de 20 à 30 |im en échelle aérodynamique. En l'absence

de norme, il peut y avoir des différences notables dans les différentes études en

fonction de la tête de prélèvement ou du débit utilisés.

2 .2 Concentration en nombres de fibres:

Elle est généralement obtenue, en microscopie optique, après transparisation du filtre

de prélèvement. Les règles de comptage sont dérivées de celles utilisées pour la

métrologie de l'amiante. Une méthode spécifique pour le comptage des fibres

minérales artificielles a été élaborée par un comité technique de l'O.M.S. [13]. Trois

classes de fibres sont le plus souvent individualisées :

- celles de longueur supérieure à 5 |im et de diamètre inférieur à 3 |im par analogie

avec ce qui se fait dans l'industrie de l'amiante. Ce sont les fibres dites

"respirables" ;

- celles de longueur supérieure à 5 |iim et de diamètre supérieur à 3 jim, appelées

fibres "non respirables" ;

- celles de longueur supérieure à 8 |Lim et diamètre inférieur à 0,25 |im, généralement

connues sous le nom de fibres de STANTON. Ce sont les fibres pour lesquelles

certaines expérimentations animales ont montré un pouvoir cancérogène marqué [3-

4]. Elles sont souvent dénombrées en microscopie électronique et constituent un

sous-ensemble des fibres "respirables".

Page 84: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

2 .3 Granulometrie des fibres en suspension dans l'air:

Une méthode a été recommandée par un comité technique de l'O.M.S. [13]. Elle fait

appel à la microscopie électronique à balayage. La granulometrie des fibres prélevées

est obtenue en mesurant la longueur et diamètre des fibres présentes sur des

photographies à un grossissement de 5000.

3 . - SITUATION EN FRANCE

3 .1 Résultats des mesures d'exposition:

Une cinquantaine de mesures des niveaux de concentration lors de l'utilisation de

laines minérales a été recensée à partir d'interventions de certaines Caisses Régionales

d'Assurance Maladie. Elles figurent, accompagnées de la description de l'activité et

des postes de travail correspondants, dans le tableau № 1. Pour faciliter leurs lectures elles sont regroupées dans le tableau № 2 en ne considérant que les

prélèvements individuels et en distinguant quatre grandes catégories d'utilisation :

- la manipulation et le soufflage de laines minérales en vrac ;

- la pose ou la découpe de laine minérale ;

- le flocage par voie humide ;

- l'isolation de matériels industriels.

Les prélèvements référencés 17 et 18 du tableau № 1 n'ont pas été pris en compte car

le niveau élevé de pollution mesuré (1,7 fibres/cm3) est probablement dû à

l'utilisation de microfibres de quartz dans l'atelier concerné. Le classement proposé

correspond à des niveaux de pollutions différents. Ainsi les valeurs moyennes

calculées pour la concentration en nombre de fibres respirables sont de

2,79 fibres/cm3 lors de l'utilisation de fibres en vrac, de 0,46 fibre/cm3 lors des

opérations de pose ou découpe, de 0,24 fibre/cm3 lors de flocage par voie humide et

de 0,97 fibre/cm3 lors d'opérations d'isolation de matériels industriels.

Page 85: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

La granulométrie des fibres obtenue sur quatre prélèvements récents figure dans le

tableau № 3. Comme la distribution des longueur et diamètre des fibres suit

généralement une loi log-normale bivariée [14], les cinq paramètres permettant de

caractériser cette loi ont été reportés (longueur moyenne et diamètre moyen

géométrique, écarts types correspondants, coefficient de corrélation entre les

logarithmes népériens des longueurs et des diamètres). Le pourcentage de fibres de

STANTON ainsi que le rapport longueur/diamètre moyen sont également donnés.

3.2 Cas particuliers des flocages:

Avant les travaux de démolition de bâtiments nous sommes souvent amenés à analyser

des flocages pour identifier leur nature. Habituellement, ils sont constitués soit de

fibres d'amiante, soit de laines minérales. Dans certains cas cependant, l'analyse

montre la présence à la fois de laines minérales et d'amiante dans des proportions

variables. Les photographies № 1 et 2 sont des exemples montrant la présence de

chrysotile ou d'amosite associés à de la laine minérale. Ces situations, probablement

anciennes, doivent être évidemment traitées avec des précautions toutes particulières

lors d'éventuelles opérations de déflocage. A cet égard le guide méthodologique

intitulé "diagnostic et traitement des flocages à base d'amiante" est une référence

utile [15] .

4 . - DISCUSSION

Les situations décrites ici en France d'utilisation de laines minérales sont trop limitées pour

que l'on puisse en tirer des conclusions générales. La diversité des situations possibles, la

nature des produits utilisés, les techniques de pose et bien sûr les conditions de ventilation

font que seul un très grand nombre de mesures permettrait de cerner avec précision les

niveaux d'exposition. Les résultats obtenus sont cependant cohérents avec ceux publiés par

d'autres auteurs dans différents pays (Allemagne [16] , Danemark [17] , Etats-Unis [18] ,

Grande Bretagne [19], Italie [20] ou Suède [21]). Hormis les opérations où l'on utilise de la

laine minérale en vrac, les situations les plus polluantes semblent être les isolations de

Page 86: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

combles pour lesquelles des concentrations en fibres respirables de l'ordre d'une fibre par

cm 3 ont été citées [17, 19, 21, 22, 24].

Les concentrations mesurées doivent être replacées dans le contexte de prélèvements réalisés

sur des périodes courtes, généralement inférieures à 2 heures. Les durées de prélèvement

sont en effet conditionnées par la nature du travail réalisé ou par le risque d'obtenir une

densité de fibres trop importante sur le filtre. Dans ces conditions les concentrations

moyennes sur une période de référence de 8 heures seraient probablement moins élevées. Il

est évidemment difficile d'estimer pendant quelle fraction de son temps de travail un

employé est exposé aux fibres. Des points de repère existent cependant. Ainsi ESMEN et al.

[18] donnent 4 heures comme temps d'exposition journalier pour un poseur de matériaux

isolants. PETERSEN et VANSTRUP-NIELSEN [23], cités par SCHNEIDER [24] estiment

que 60% des membres du syndicat des menuisiers et charpentiers au Danemark passent entre

0,5 et 15% de leur temps à des travaux mettant en oeuvre des fibres minérales artificielles.

Quoiqu'il en soit il est évident que les concentrations en nombre de fibres respirables sont

supérieures à celles rencontrées actuellement sur les lignes de production [25,26]. Celles-ci

sont en effet le plus souvent inférieures à 0,1 fibre/cm3. Elles sont cependant comparables

pour les opérations mettant en oeuvre de la laine minérale compactée à la concentration

moyenne en fibres respirables (0,351 fibre/cm3) calculée par MARSH et al [11] aux Etats-

Unis pour les usines produisant des laines de roche ou de laitier pendant la période 1946-

1985, c'est-à-dire en incluant les premières phases de production réputées les plus

polluantes.

La granulométrie des fibres en suspension dans l'air figure dans le tableau 3. Elle est du

même ordre de grandeur que celle mesurée dans les usines productrices [9]. La

sédimentation rapide des fibres les plus grossières conduit à un enrichissement évident de la

poussière prélevée en fibres fines par rapport au produit brut. Les pourcentages de fibres de

STANTON sont comparables à ceux que nous avons pu mesurés lors de la production [9].

De même le rapport longueur/diamètre moyen des fibres ne semble pas différent.

La mesure de la concentration pondérale seule ne permet pas de cerner correctement

l'empoussièrement car il n'existe pas de corrélation entre la concentration pondérale en

poussières et la concentration en nombre de fibres [17, 19, 21], contrairement à ce qui a pu

Page 87: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

être établi, usine par usine, dans le secteur de la production [9, 26] . Là encore la diversité

des situations rencontrées explique probablement cela. Même pour une activité identique :

la projection de flocage par voie humide, le rapport poids de fibres sur poids total de matière

prélevée peut être très différent comme le montrent les photographies № 3 et 4

correspondant aux prélèvements référencés 38 et 42 dans le tableau № L Sur la première

photographie le pourcentage en masse de fibres estimé en microscopie électronique à

balayage est de l'ordre de 1%, alors qu'il est voisin de 25% sur la seconde photographie.

5.- CONCLUSION

La grande variété des applications des laines minérales tant en milieu industriel que dans le

secteur du bâtiment rend difficile l'estimation des concentrations en nombre de fibres

auxquelles peuvent être exposés les opérateurs. Il apparaît toutefois que les concentrations

les plus importantes sont mesurées lors de la pose de laines minérales en vrac par soufflage

ou lors de pose en espace confiné (isolation de combles par exemple). Plus le matériau est

compacté et moins les concentrations sont é levées . Les concentrations moyennes

représentatives d'une journée de travail sont également difficiles à évaluer dans la mesure où

la pose de matériaux d'isolation ne représente pas toujours la totalité de l'activité de

l'employé.

Il est cependant clair que des concentrations en nombre de fibres mesurées lors de la pose de

matériaux d'isolation en laines minérales sont supérieures à celles mesurées actuellement

dans les usines productrices. Elles sont comprises généralement entre 0,1 et 1 fibre

respirable/cm 3 lors de la pose de matériau compacté et supérieures à 1 fibre/cm3 lors de la

manipulation de produits en vrac.

Enfin il est important de souligner qu'un certain nombre de revêtements constitués

principalement de fibres de verre contiennent également des fibres d'amiante en proportion

plus ou moins importante. Ces flocages doivent évidemment être traités avec les mêmes

précautions que ceux à base d'amiante lors d'opérations d'enlèvements.

Page 88: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

- s ó ­

li paraît utile de poursuivre ces campagnes de prélèvement afin de mieux cerner toutes les

activités et conforter les résultats obtenus.

Les auteurs remercient J. B A U W E N S , MC. B R A U D , C. F E R R A N D , JC. GENDRE,

F. HERAUD, F. MARRANE et S. VEISSIERE de leur collaboration.

Page 89: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

B I B L I O G R A P H I E

[1] ÖHBERG I. Technological development of the mineral wool industry in Europe. Ann. Occup. Hyg.; 1987, Vol. 31, № 4B, pp. 529-545.

[2] BIGNON J., GAUDICHET A. Le point sur les relations entre poussières fibreuses et santé. Pollution Atmosphérique,

Juillet-Septembre 1983, pp. 233-240.

[3] STANTON M.F., LAYARD M., TEGER1S A., MILLER E., MAY M., MORGAN E.,

SMITH A.

Relation of particle dimension to carcigenicity in amphibole asbestoses and other fibrous

materials. Journal of the National Cancer Institute, 1981, 67, pp. 965-975.

[4] POTT F., FRIEDRICHS K.A., KUTH R.

Results of animal experiments concerning the carcinogenetic effect of fibrous dusts and their

interpretation with regard to the carcinogenis in humans.

Zentralblatt für Bakteriologie, Parasitenbunde, Infections, krankheiten und Hygiene ;

I. Abteilung : Originale, Reihe B : Hygiene, Krankenhaushygiene, Betriebshygiene.

Präventive Medizin, 1976, 162. pp. 467-505.

[5] SCHOLZE H., CONRADT R.

An in vitro study of the chemical durability of siliceous fibres.

Ann. Occup. Hyg. ; 1987, vol. 31, №4B, pp. 683-692.

[6] PEZERAT H., ZALMA R., GUIGNARD J., JAURAND M.C. Production of oxygen radicals by the reduction of oxygen arising from the surface activity of mineral fibres, in Non-Occupational Exposure to Mineral Fibres. Editors : BIGNON J., PETO J., SARACCI.R. - I.A.R.C. Scientific publications №90, LYON 1989/

Page 90: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

[7] SIMONATO L., FLETCHER A.C., CHERRIE J.W., A N D E R S E N A., BERTAZZI P.,

C H A R N A Y N.. C L A U D E J., D O D G S O N J., ESTEVE J., FRENTZEL-BEYME R.,

G A R D N E R M.J., J E N S E N O., O L S E N J., TEPPO L., W I N K E L M A N N R.,

WESTERHOLM P., WINTER P.D., ZOCCHETTI C , SARACCI R.

The international Agency for Research on Cancer historical cohort study of M M M F

production workers in seven European countries : extension of the follow-up.

Ann. Occup. Hyg. 1987, Vol 31, № 4 B , pp. 603-624.

[8] MOULIN J.J., PHAM Q.T., MUR J.M., MEYER-BISCH C , MASSIN N.. WILD P.,

TECULESCU D. , PERREAUX J.P., HUNZINGER E., KAUFFER E., DELEPINE P.,

CAILLARD J.F.

Respiratory health of Man-Made Mineral Fibres production workers : results of an

epidemiological survey in France. Ann. Occup. Hyg. 1988, Vol. 32, Supplément 1, pp 747-755.

[9] KAUFFER E., VIGNERON J.C.

Enquête épidémiologique dans deux usines productrices de fibres minérales artificielles.

I. mesure des niveaux d'empoussièrement.

Arch. Mal. Prof. 1987, 48 , pp. 1-6.

[10] M O U L I N J.J., PHAM Q.T., MUR J.M., MEYER-BISCH C , C A I L L A R D J.F.,

M A S S I N N . , W I L D P., T E C U L E S C U D . , D E L E P I N E P., H U N Z I N G E R E. ,

PERREAUX J.P., MULLER J.

Enquête épidémiologique dans deux usines productrices de fibres minérales artificielles.

II- Symptômes respiratoires et fonction pulmonaire.

Arch. Mal. Prof., 1987, 48 , pp. 7-16.

[11] MARSH G.M., ENTERLINE P.E., STONE R.A., HENDERSON V.L.

Mortality among a Cohort of Us Man-Made Mineral Fiber Workers : 1985 Follow-Up.

Jour, of Occup. Med., 1990, Vol. 32, № 7 , pp. 594-604.

[12] S H A N N O N H.S., JAMIESON E., JULIAN J.A., MUIR D.C.F., WALSH C.

Mortality experience of Ontario glass fibre workers. Extended Follow-Up.

Ann. Occup. Hyg. 1987, Vol. 31 , № 4 B , pp. 657-662.

Page 91: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

[13] Environmental Health 4. Reference methods for measuring airborne Man-Made Mineral

Fibres.

Copenhague, WHO, 1985.

[14] H O L S T E . , SCHNEIDER T.

Fibre size characterisation and size analysis using general and bivariate log-normal

distributions.

J. Aerosol Sci., 1985, Vol. 16, № 5 , pp. 407-413.

[15] Diagnostic et traitement des flocages à base d'amiante - Guide Méthologique.

Editions I.N.R.S. E.D. 734 - l è r e édition - Juin 1990.

[16] RIEDIGERG.

Measurements of mineral fibres in the industries which produce and use MMMF.

In : Biological effects of Man-Made Mineral Fibres.

Copenhague, O.M.S., 1984-1, pp. 133-177.

[17] SCHNEIDER T.

Exposures to Man-Made Mineral Fibers in user industries in Scandinavia.

Ann. Occup. Hyg. 1979, 22, pp. 153-162.

[18] ESMEN N.A., SHEEHAN M.J., CORN N.. ENGEL M., KOTSKO N.

Exposure of Employees to Man-Made Vitreous Fibers : Installation of Insulation Materials.

Environ. Research. 1982, 28, pp. 386-398.

[19] H E A D I.W.H., WAGG R.M.

A survey of occupational exposure to Man-Made Mineral Fibre dust.

Ann. Occup. Hyg. 1980, 23, pp. 235-258.

[20] MARCONI A., CORRADETTI E., MANNOZZI A.

Concentrations of Man-Made Vitreous Fibres during installation of insulation materials

aboard ships at Ancona naval dockyards.

Ann. Occup. Hyg. 1987, Vol 31, № 4 B , pp. 595-599.

Page 92: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

[21] H A L L I N N .

Mineral wool dust in construction sites.

Stockholm,Byggnälsan, 1981 (report 1981-09-01).

[22] DODGSON J., HARRISON G.E., CHERREE J.W., SNEDDON E.

Assessment of airborne mineral wool fibres in domestic houses.

Edinburgh, Institute of occupational medicine, Technical memoranda, december 1987,

TM/87/18.

[23] PETERSEN R., VENSTRUP-NIELSEN S.E.

Symptoms and work conditions during insulation work.

Aarhus, Institute of Social Medicine, University of Aarhus, 1981.

[24] SCHNEIDERT.

Review of surveys in industries that use MMMF. In : Biological effects of Man-Made

Mineral Fibres.

Copenhague, O.M.S., 1984-1, pp. 178-190.

[25] MOULIN J.J., MUR J.M., KAUFFER E., MEYER-BISCH C , MASSIN N.

Cahiers de Notes Documentaires 1986, № 1 2 3 , 2 è m e trimestre, pp. 131-145.

[26] OTTERY J., CHERRIE J.W., DODGSON J., HARRISON G.E.

A summary report on environmental conditions at 13 European MMMF plants.

In : Biological Effects of Man-Made Mineral Fibres.

Copenhague, O.M.S., 1984-1, pp. 83-117.

Page 93: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Nombre de fibres par cm 3 Concentration pondérale

Nature du* Description du poste de travail L>5|im, D<3jim L>5jim, D>3um (mg/m3) Référence du

Typed'activté (année) prélèvement moyenne moyenne moyenne prélèvement Typed'activté (année) prélèvement (étendue) (étendue) (étendue)

En usine, fabrication de logements de I Isolation d'un plafond avec de la laine 3,71 1

chantier. de verre en vrac Laine de verre (1978) I Isolation d'un plancher avec de la laine 0,12 2

de verre en plaques

En usine, fabrication de logements de I Montage des fenêtres et plafonds 0,43 3 à 6 chantier. (0,30 - 0,62)

Laine de verre (1979) En usine, placage sur carreaux de I Dépileur et approvisionneur en 0,38 7 à 10 plâtre. laine de roche (0.23 -0,60)

Laine de Roche (1982)

Sur chantier, projection de laines de A Ambiance dans un comble de faîtage 80 2,29 11 à 12

roches dans les combles de maisons (2,16 - 2,42) individuelles (1986) I Prélèvement individuel dans un comble 2,56

de faitage 90 (2,33 - 2,73) 13 à 16

En usine, protection anti-bruit et anti­ I 1.71 17 à 18 thermique de tuyauteries <f avions (1,70- 1,72) Opération de marouflage Laine de verre A Dans cet atelier sont également utilisées 1.75 19 (1986) des micro-fibres de quartz

Isolation intérieure d'un paquebot I Découpe et pose de panneaux rigides 0,49 0,13 3.39 20 à 30 (1987) aluminisés ou non (0,27 - 1,18) (0,06 - 0.23) (1,45 -4,92)

Sur chantier, fabrication de plate-formes 1 Découpe et mise en place de 0,51 <0.08 31 à34 pétrolières, isolation des parois. ROCKWOOL TNF PANEL SYSTEM, (0,33 - 0,68) Laine de roche de ROCFEU en plaques (1991)

I Découpe et mise en place de 0.53 <0,04 1,92 35 à 37 ROCKWOOL sur support aluminium (0,48 - 0,62) (1.61 - 2,32) confinement imponant, ventilation naturelle très réduite

Projection de flocage par voie humide 1 Projeteur 0,21 <0.06 2.89 38 à 39 dans un parking souterrain (0,19-0,22) (2.11 -3.66) (1991)

I Assistant 0.19 <0,04 2.47 40 à 41 (0,17-0,21) (2,13 - 2.80)

Projection de flocage par voie humide I Projeteur 0,40 <0,08 3.26 42 à 43 sur des plafonds (hauteur 7 m) (0,36 - 0,43) (2.97 - 3.55) (1991)

I Assistant 0,17 <0.04 2.28 44 à 45 (0,16-0,17) (1.14-3.42)

A Ambiance au niveau du sol. contre un 0.21 <0.06 1.67 46 mur, dans l'axe de la pièce.

Calorifugeage de conteneurs I Bobinage de bourrelet en fibres de verre 0,97 - 47 à 52 (1991) (0,58 - 1,88)

A Ambiance à 1,50 m du sol 0,23 53 à 55 (0,04 - 0,58)

I = prélèvement individuel A = prélèvement d'ambiance

Tableau № 1 : Mesures de l'empoussièrement par les laines minérales au cours de treize campagnes de prélèvement.

Page 94: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Description de

l ' ac t iv i t é

Nombre de

mesures

Nombre de f ibres/cm 3

L>5|im, D<3nm m o y e n n e

(étendue)

Nombre de

mesures

Concentration pondérale

( m g / m 3 )

m o y e n n e

(étendue)

Référence du

pré lèvement

Manipulation et soufflage de laine

minérale en vrac

5 2,79 (2,33 - 3,71)

1,13 à 16

Pose, découpe de laine minérale 27 0,46 (0,12 - 1,18)

14 3,07 (1,45 - 4,92)

2 à 10 20 à 37

Flocage par voie humide 8 0,24 (0,16 - 0,43)

8 2,72 (1,14 - 3,66)

38 à 45

Isolation de matériels industriels 6 0,97 (0,58 - 1,88)

47 à 52

Tableau № 2 : Moyenne et étendue des mesures de la concentration en fibres respirables et de la

concentration pondérale regroupées par grands secteurs d'activité lors de travaux d'isolation, pour des prélèvements individuels.

Page 95: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Description de

l 'act iv i té

Longueur

m o y e n n e

géométr ique

(p:m)

Ecart type

géométrique

des longueurs

Diamètre

moyen

géométrique

( | im)

Ecart type

géométr ique

des diamètres

Coef f i c ient

de

corrélat ion

F ibres

L>8p.m

d<0 ,25 ixm

%

L/D

m o y e n

Référence

du

pré lèvement

Découpe et mise en place

de ROCKWOOL sur

support aluminium

5,51 3,09 0,55 2,29 0,716 0,0 14,9 36

Projection de flocage par

voie humide dans un

parking souterrain

2,15 2,59 0,24 2,22 0,700 1,6 12,3 38

Projection de flocage par

voie humide sur

des plafonds

13,8 4,24 0,84 2,41 0,700 1,5 29,0 42

Calorifugcagc de

conteneurs

5,14 2,70 0,23 1,97 0,517 7,4 31,9 50

Tableau № 3 : Caractéristiques dimensionnelles des fibres prélevées lors des travaux d'isolation

Page 96: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Photographie 1 : Flocage composé de laines minérales et de chrysotile (fibres curvilignes)

Photographie 2 : Flocage composé de laines minérales et d'amosite

Page 97: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Photographie 3 : Prélèvement réalisé lors de la projection de flocage par voie humide. Les fibres représentent 1% environ du poids total de poussière sur le filtre.

Photographie 4 : Prélèvement réalisé lors de la projection de flocage par voie humide. Les fibres représentent 25% environ du poids total de poussière sur le filtre.

Page 98: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

MESURE DE PREVENTION DANS LA MISE EN OEUVRE DE LAINES MINERALES ISOLANTES DANS LE BATIMENT

F. BARAT

Laboratoire de Chimie de la C.R.A.M.A.

Page 99: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

MESURES DE PREVENTION DANS LA MISE EN OEUVRE DE LAINES

MINERALES ISOLANTES DANS LE BA TIMENT

Les mesures de prévention destinées à limiter l'exposition des ouvriers aux fibres minérales générées dans les opérations de mise en place de laines minérales isolantes ne diffèrent pas fondamentalement des mesures prises pour limiter l'exposition à tout autre produit nocif se présentant sous forme particulaire . Seuls quelques aspects particuliers de ces mesures seront soulignés.

1) - INFORMA TION DU PERSONNEL

Si en général les ouvriers connaissent bien la nocivité des fibres d'amiante, ils minimisent les risques liés à l'exposition aux fibres de laines minérales isolantes :

- soit parce qu'ils ignorent qu'il y a une certaine analogie, au niveau de l'aspect fibre, entre ces deux types de produits,

- soit qu'ils estiment que les laines minérales isolantes, produit de substitution de l'amiante depuis son interdiction d'utilisation dans de nombreuses applications, ne présentent aucune nocivité puisqu'elles sont utilisées justement comme produit de remplacement.

Une information sur les risques professionnels est donc nécessaire et une explication doit être donnée sur le bien fondé des mesures de prévention à mettre en oeuvre pour limiter l'exposition au risque.

Cette information de base doit être fournie tant par le producteur que par le chef d'entreprise.

2) - AU NIVEAU DES PRODUCTEURS

2-11nformation des utilisateurs

- La première source d'information pourrait être un étiquetage volontaire, d'ailleurs préconisé par les experts du Bureau International du Travail. Cet étiquetage volontaire pourrait s'inspirer de l'étiquetage réglementaire décrit dans l'Arrêté du 10 Octobre 1983 relatif aux substances dangereuses. On y trouverait les renseignements suivants :

. Appellation commerciale du produit,

. Dénomination de la composante fibreuse et indication du diamètre nominal des fibres.

Page 100: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

. Nom du fabricant ou du fournisseur,

. Nature des risques spécifiques (atteintes à la santé),

. Mesures relatives à la sécurité de mise en oeuvre du produit et à la protection du personnel,

. Eventuellement symbole de risque.

- La deuxième source d'information pourrait être la mise à disposition de l'utilisateur d'une fiche de données de sécurité. Le cadre réglementaire existe depuis 1988 ; la présentation normalisée de ces fiches existe également.

2.2 Utilisation de liants évitant la dispersion des fibres et d'inhibiteurs de poussières

La plupart des laines isolantes contiennent des liants à base de résines urée - phénol - formol et des inhibiteurs de poussières à base d'huiles ou de cires minérales et végétales. Toutefois, la tenue dans le temps de ces produits n'est pas satisfaisante et les niveaux d'empoussièrement . observés lors d'opérations de dépose de revêtement anciens sont très supérieurs à ceux observés lors de la mise en place de laines isolantes de fabrication récente. Des efforts de recherche seraient nécessaires pour améliorer dans le temps la tenue de ces liants et inhibiteurs.

2.3 Promotion des produits de diamètre moyen élevé

Le diamètre nominal des fibres des laines minérales isolantes se situe dans un intervalle compris entre 2 et 9 microns. Pour une même performance d'isolation attendue, la préférence doit être donnée à l'utilisation de fibres du diamètre le plus élevé. En effet, dans ce cas, la production de fibres respirables au poste de travail sera d'autant plus faible.

2.4 Promotion de produits collés sur support à chaque fois qu'ils peuvent remplacer des produits en vrac

Les résultats d'analyse des prélèvements d'atmosphère effectués indiquent que la mise en oeuvre de produits en^rac génère des empoussièrements nettement supérieurs à 1 fibre respirable/cmd d'air alors qu'ils sont inférieurs à cette valeur pour les produits collés sur support. Ainsi, l'isolation de combles de bâtiments par soufflage de laine minérale en vrac expose les ouvriers à des risques supérieurs à ceux résultant de la mise en place de laine minérale en rouleaux ou en plaques sur supports. Une mesure préventive exigerait qu'on limite l'utilisation de ce procédé de soufflage de laine en vrac malgré ses avantages reconnus (rapidité, économie, isolation de zones difficilement accessibles) et qu'il ne soit réservé qu'à des applications particulières.

3) - DANS LA MISE EN OEUVRE EN USINE

Parmi les travaux effectués en usine, on peut citer, par exemple, l'isolation de logements de chantier, la pose de laine isolante sur carreaux de plâtre ou sur des conduites, ou encore l'isolation de fours de cuisson (bien que cette dernière application s'éloigne des travaux du bâtiment).

Page 101: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

3.1 Retenir les procédés impliquant une libération de fibres et poussières aussi réduite que possible

Ici encore, on retrouve la nécessité d'utiliser des produits liés, de diamètre nominal élevé et collés sur support (paragraphes 2.2, 2.3, 2.4) mais il est également possible d'envisager :

- l'automatisation ou la mise en appareil clos du procédé,

- l'utilisation de matériaux humides,

- l'emploi d'outils spéciaux produisant peu de poussières (outils à vitesse lente ou équipés d'une aspiration intégrée, travail sous addition d'eau).

3.2 Organisation des tâches

La découpe doit s'effectuer dans un local séparé mais proche du point d'utilisation, correctement équipé en matière de ventilation.

Les chutes de produits seront placées directement dans un sac ou une poubelle.

La découpe s'effectuera de préférence au couteau plutôt qu'à la scie électrique.

Si des scies électriques sont utilisées, elles seront équipées d'un système d'aspiration intégré, relié à un épurateur double étage.

Les opérations d'isolation de structures partiellement fermées devraient s'effectuer par l'extérieur dans un espace largement dégagé et non par l'intérieur dans un espace confiné ou semi confiné.

Les opérations d'isolation en hauteur doivent s'effectuer en dehors de la présence d'ouvriers travaillant à des niveaux inférieurs pour éviter que ces derniers ne soient exposés aux chutes de poussières et de fibres.

3.3 Séparation des ateliers

Cette mesure est évidente pour éviter d'exposer d'autres ouvriers non affectés aux opérations d'isolation.

3.4 Ventilation locale et/ou générale

Une ventilation locale est envisageable pour l'isolation d'éléments de petites ou moyennes dimensions se présentant en série (pose de laine isolante sur carreaux de plâtre par exemple) ou à l'unité (isolation de fours de cuisson par exemple). L'utilisation de cabines ouvertes en façade représente une bonne solution, à condition de mettre en oeuvre des vitesses d'air au moins égales à 0,5 m/s dans la section d'entrée.

Page 102: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

3.5 Ordre et propreté de l'atelier

On veillera particulièrement à déballer les produits en laine minérale au plus près possible du lieu d'utilisation ou de découpe et à maintenir le sol exempt de déchets.

Un nettoyage de l'atelier, en fin de poste, est indispensable en utilisant un aspirateur à double étage. Le nettoyage par voie humide est également bien adapté. Il est évident que le soufflage à l'air comprimé ne sera jamais utilisé.

4) - DANS LA MISE EN OEUVRE SUR CHANTIER

Sur chantier, on peut observer des situations extrêmes en matière d'empoussièrement, allant de l'absence de risques à des risques importants. Des facteurs aggravants ou situations de travail particulières peuvent être à l'origine d'empoussièrements élevés, par exemple :

. Confinement,

. Utilisation de produits en vrac,

. Dépose d'isolation ancienne ou renforcement d'isolation,

. Accessibilité difficile,

. Découpe sur place.

Par ailleurs, des mesures de prévention collectives identiques à celles décrites au chapitre 3 seront souvent difficiles à mettre en place et donc non appliquées dans la pratique.

Quelques mesures simples doivent toutefois être retenues :

- On mettra en oeuvre les produits impliquant une libération de fibres et poussières aussi réduite que possible (paragraphes 2.2, 2.3, 2.4),

- L'organisation du chantier aura une importance considérable et on veillera en particulier à mettre en oeuvre l'isolation quand l'accessibilité est facile et la ventilation maximale.

- On évitera que plusieurs corps de métiers ne soient présents simultanément sur le site.

- On limitera les opérations qui déplacent l'isolation après sa pose, par exemple le passage de câbles électriques ou la pose de conduites.

- La pose du revêtement final se fera au fur et à mesure de l'avancement du chantier d'isolation.

- Les opérations de déballage, de découpe, de récupération des déchets, de nettoyage de chantier seront identiques à celles mentionnées aux paragraphes 3.2 et 3.5.

Page 103: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Malgré la mise en oeuvre de ces mesures, elles devront être très souvent complétées par des mesures de protection individuelle.

5J- MESURES DE PROTECTION INDIVIDUELLE

- Vêtements de travail amples, mais suffisamment ajustés au cou, aux poignets, aux chevilles,

- Port de lunettes de protection indispensable lorsqu'on isole un plafond,

- Port d'un masque antipoussières type P2 ou d'un masque à ventilation assistée,

- En fin de poste, savonnage des téguments précédé d'une douche (de façon à éviter l'incrustation des fibres dans la peau),

- Rangement et lavage des habits de travail indépendamment des autres vêtements de façon à ne pas contaminer ces derniers.

6) - SURVEILLANCE DU MILIEU DE TRAVAIL ET DE L'EXPOSITION DES TRAVAILLEURS

Bien qu'il n'existe pas en France et à l'heure actuelle de réglementation spécifique concernant la surveillance du milieu de travail et de l'exposition des travailleurs affectés à des travaux d'isolation, il est très souhaitable de mesurer les concentrations en fibres et poussières pour vérifier si les méthodes de travail sont appropriées et pour contrôler l'efficacité des méthodes techniques de prévention par rapport aux méthodes recommandées. En cas de nécessité, on devra procéder immédiatement aux mesures correctives appropriées.

Les résultats de ces mesures devraient être communiqués aux travailleurs, au médecin du travail, au CHSCT et conservées par les employeurs pendant une durée correspondant à la période de latence des affections établies ou supposées. Une période d'au moins trente ans paraît indiquée dans le cas du cancer.

7) - SURVEILLANCE DE LA SANTE

Les ouvriers affectés aux travaux d'isolation ne bénéficient pas d'une surveillance spéciale.

Les examens devraient comporter une anamnèse personnelle et professionnelle tenant compte des antécédents tabagiques ainsi qu'un examen clinique. Ils doivent permettre au médecin du travail de juger de l'état de santé d'un travailleur quant à son exposition aux fibres et de sa capacité à utiliser un appareil de protection individuelle. La prévention médicale doit également s'attacher à dépister les sujets présentant une dermatose chronique (eczéma atopique) susceptible d'augmenter les risques d'irritation.

Page 104: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

DOCUMENTS CONSULTES

- Sécurité dans l'utilisation des fibres minérales et synthétiques - Volume 64 - Série Sécurité, Hygiène et Médecine du Travail - Bureau International du Travail - Genève 1989.

- Recommandations pour l'utilisation des isolants en laine minérale - Comité Santé du Syndicat National des Fabricants d'Isolants en Laines Minérales Manufacturées (FILMM) - Document d'information DS 91-21 - Décembre 1991 .

- Les dermites par irritation aux fibres de verre, à la laine de verre et à la laine de roche - J. FOUSSEREAU - Fiche d'allergologie - dermatologie professionnelle n° 41 - Documents pour le Médecin du Travail n° 29 -INRS - 1987.

Page 105: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Clinique de Pathologie Respiratoire

Unité INSERM 139 - Hôpital

Intercommunal de Créteil

Médecin du Travail - ISOVER

SAINT GOBAIN

Institut National de Recherche et de

Sécurité (I.N.R.S.)

Confédération Française Démocratique du

Travail (C.F.D.T.)

Institut National de la Consommation

(I .N.C.)

Syndicat National de l'Isolation (S.N.I.)

Président du Syndicat National des

Fabricants de Fibres Isolantes Minérales

Manufacturées (F I L M M)

Les textes ci-après sont le reflet des interventions des différents participants ainsi que de la

discussion qui a suivi.

Participants :

- Professeur J. BIGNON

- Docteur JM. GLANCLAUDE

- Monsieur JC. LAFOREST

- Monsieur LEPONT

- Monsieur M. de MAURIN

- Monsieur C. PEDUZZI

- Monsieur M. PETIT

Page 106: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Je ne vais pas dire des choses nouvelles par rapport à ce qui a été dit dans la journée mais, en

schématisant à l'extrême, les réactions du préventeur peuvent se résumer de la manière suivante :

au plan scientifique, on s'aperçoit que les données ne vont pas se décanter très vite. De

nombreuses études complexes sont encore nécessaires et je n'attends pas dans l'immédiat une

réponse de type tout ou rien (toxique/pas toxique - cancérogène/pas cancérogène) relativement à la

toxicité des laines minérales. On a besoin encore d'affiner toutes ces études et il faudra du temps

pour préciser la situation. Pourtant le préventeur doit agir au niveau du terrain. Il lui faut un point

de repère pour évaluer une situation en terme de risque ou de non risque. Ce qu'il souhaite c'est en

quelque sorte une Valeur Limite. A défaut de valeur je procède par analogie avec ce que Ton a fait

pour d'autres fibres et je vais utiliser une valeur fixée autour d'une fibre/cm3 ou 0,5 fibre/cm3. Sur

la base de cette règle du jeu que je m'impose, mes conclusions vont être relativement évidentes. On

s'aperçoit par exemple qu'au niveau des unités de fabrication par rapport à cette référence de 0,5

ou 1 fibre par cm 3 on trouve des valeurs oscillant entre 0,2 et 0,05 fibre par cm 3 . J'en conclue

qu'il n'y a a priori pas de problèmes pour ces industries (sauf cas particuliers éventuels qui

s'analysent au niveau du terrain). Par contre, on s'aperçoit que si on s'intéresse aux utilisateurs de

ces produits "laine de verre" on trouve courrament des valeurs qui peuvent dépasser ce niveau

d'une fibre (2, 3, 4 fibres/cm3 pour certains postes de travail). Il existe par ailleurs un certain

nombre de situations industrielles pour lesquelles de telles évaluations n'ont pas été faites car il est

difficile d'aller sur les chantiers (souvent de courte durée). On ne dispose actuellement que d'un

nombre de mesures limité qu'il faudra compléter par de nouvelles campagnes de mesure.Un autre

problème reste à résoudre au niveau du produit. A mon sens à l'heure actuelle, il n'est pas tout à

fait caractérisé. On parle de diamètre moyen mais on n'a pas vraiment dans nos dossiers

d'éléments suffisants pour apprécier les spectres de répartitions granulométriques des produits qui

sont diffusés sur le terrain. Je pense qu'il y la une filière de travail à prendre en charge avec les

fabricants pour préciser exactement la taille et les dimensions granulométriques des produits qui

sont mis sur le marché. Ces informations pourraient figurer dans une fiche de données de sécurité.

Au niveau des professions j'ai bien noté que des structures organisées existent tant au niveau des

fabricants (FILMM) que des utilisateurs (SNI). A ce niveau le dialogue est établi. Des documents

professionnels existent (DTU) ainsi que des modes opératoires ou des règles de l'art. Par contre il

Page 107: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

y a toute une population qui nous échappe. Ce sont ceux qui hors syndicats, travaillent

pratiquement tout seul comme les artisans avec quelques ouvriers et qui échappent en fait à tout

contrôle. Il nous faut imaginer des structures de transmission d'information adaptées.

Une filière a été trop vite escamotée dans la discussion de ce matin. C'est celle qui couvre tous les

problèmes de dépose et d'élimination des produits en fin de carrière et les problèmes liés à

l'environnement. Lorsque ces produits sont retirés (démolition, déflocage, enlèvement), il y a

vraisemblablement des expositions fortes qu'il va falloir mesurer. Mais il y a aussi le problème de

l'élimination des déchets. Il ne faut pas tomber à ce niveau dans le piège d'une filière

technologique qui consisterait à mettre tous ces produits en double sac et à les envoyer dans des

décharges de classe A. Mais des solutions sont à proposer en terme de stockage ou de destruction.

Le dernier point que je voudrais réévoquer pour conclure et qui est peut-être le point prioritaire est

celui du besoin d'une information homogène au niveau de tous les partenaires concernés qu'il faut

qu'un certain nombre de personnes bâtissent des fiches de sécurité, des fiches de vulgarisation

adaptées à des publics de différents niveaux pour que sur ce thème là tout le monde parle le même

langage et que l'on trouve le moyen par la filière technologique de diffuser ces informations à tous

les participants de la filière. Voilà à peu près comment le préventeur voit à l'heure actuelle ce

problème.

Page 108: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Intervention du Docteur GLANCLAUDE

Je suis le médecin du Travail, depuis 20 ans, d'une usine de fabrication de laine de verre du Sud Est de la France. Je me bornerai aux seuls problèmes pratiques rencontrés sur le terrain.

Le volet dermatologique d'abord ; l'exposé de ce matin m'a paru tout à fait remarquable. Il fait la différence sur le plan cutané, entre laine de verre et verre textile. A tous les niveaux, usine de production, utilisation sur chantiers, la laine de verre est beaucoup moins susceptible que le verre textile, de créer des dermatoses orthoergiques. Ces dermatoses sont chez nous relativement rares, car il y a accoutumance. On a avancé le chiffre de 5 %. Je sur. d'accord. Tout différent est le problème des dermites allergiques que nous rencontrons quelquefois. Le mécanisme qui intervient dans ce cas est de type allergique aux résines formo-phénoliques. Depuis 20 ans, j'ai fait 2 déclarations de maladies professionnelles au formol.

Le deuxième volet concerne la nocivité à long terme de fibres sur les voies aériennes supérieures, poumons, plèvre, péritoine.

Le personnel m'interroge souvent à ce sujet. Je réponds que je ne pense pas que les fibres de verre soient nocives, mais je ne peux pas non plus garantir l'absence de tout risque. C'est pourquoi il faut continuer à tout faire pour diminuer la concentration des fibres dans les ambiances de travail.

Le troisième volet a trait aux études épidémiologiques. Une publication déjà ancienne faite par des médecins du bâtiment et des travaux publics avait noté une baisse significative, de coefficient de Tiffeneau, chez des ouvriers du bâtiment exposés à la laine de verre.

Depuis j'effectue systématiquement, les mesures du Coefficient de Tiffeneau à l'usine. De plus, j'ai étendu ces mesures à une usine voisine fabriquant des produits chimiques.

Ce faisant, je cherche d'abord à savoir s'il existe ou non une baisse du Tiffeneau à l'usine. Ensuite, je peux comparer nos résultats à ceux de cette usine chimique, dont la population, très semblable à la nôtre, n'en diffère que par la non exposition à la fibre.

J'ai ensuite étendu la comparaison à la morbidité et à la mortalité.

Pour la morbidité c'est relativement facile parce que je passe chaque semaine d'une usine à l'autre et ce faisant je peux noter les pathologies les plus importantes.

Page 109: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Pour la mortalité, comme les usines sont situées dans des petites villes, on arrive facilement à connaître les causes de décès.

Pour l'instant, après 18 ans de surveillance, je ne vois pas entre les deux usines : usine de fabrication de laine de verre et usine chimique, de différences significatives au point de vue de la morbidité et de la mortalité des gens en activité ou en retraite. Alors évidemment, vous allez me dire que ce n'est pas très scientifique mais c'est quand même d'une approximation suffisante pour conforter une opinion.

Page 110: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Comme vous le savez l'I.N.C. est chargé de la protection et de

l'information des consommateurs.

Monsieur LOUYS a indiqué que 27 % de la production de baisse

minérale était utilisée par les particuliers. Un peu plus tard.

Monsieur BADAIRE, du syndicat national de l'isolation,

précisait que la pose de laine minérale ne nécessitait d'autres

compétences professionnelles que de savoir utiliser un couteau,

et à la rigueur une agrafeuse : ce qui justifie naturellement

l'utilisation de ces matériaux par le grand public.

Il faut vous dire que dès 1976, l'I.N.C. s'est préoccupé de

l'innocuité des laines minérales, notamment auprès de la

compagnie de St Gobain et de son service de recherche. Nous

avons suivi au fur et à mesure de leur avancement, les travaux

européens et ceux réalisés à l'étranger.

Monsieur KAUFFER vient de rappeler l'importance de

1'empoussièrement de l'air en travaux d'isolation de combles.

Il est vrai que poser de la laine de verre cinq jours tous les

dix ans pendant sa vie, ce qui est le cas d'un bricoleur

occasionnel, ne présente pas un danger majeur, à part

l'irritation que connaissent bien tous les moissonneurs, en

particulier sur l'orge. Mais le bricoleur ne dispose pas de

conseils ni d'encadrement. Le particulier ne dispose ni des

mises en garde^ni des conseils d'un Médecin du Travail et

encore moins des avis et des conseils de ses camarades de

chantier. Il est complètement isolé, c'est pourquoi l'I.N.C.

Page 111: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

s'associe complètement aux suggestions que Monsieur BARAT a

faites concernant l'étiquetage des produits d'isolation.

Les dimensions de l'emballage permettent effectivement

l'étiquetage de conseils d'utilisations. Indépendamment des

mentions prescrites, ou de l'affichage du R qui est déjà un

grand progrès, on pourrait avoir des conseils tels que :

- ne pas déballer sur le lieu de travail

- ne pas secouer, car effectivement quand on étend une nappe on

la secoue pour qu'elle s'étale mieux sur le sol

- ventiler le local.

- Si on est dans un comble ou au grenier, c'est à dire dans un

milieux confiné, prévoir le port des lunettes et du masque et

ne pas travailler torse nu.

- Un autre conseil a été évoqué aussi ce matin : celui de se

doucher après le travail sans se frotter.

Une autre suggestion nous vient des consommateurs eux-mêmes,

plusieurs dizaines de lettres en font foi, qui regrettent de ne

pouvoir trouver au rayon isolation des grands magasins de

bricolage, ou chez les marchands de matériaux, les masques et

lunettes qui devraient être considérés comme des accessoires

inséparables de la fourniture de laine isolante.

La laine minérale est un produit d'isolation irremplaçable,

quelques précautions à prendre lors de sa mise en oeuvre

doivent contribuer à en faire un matériau tout à fait

inoffensif. Aux fabricants d'en donner le mode d'emploi !

Page 112: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Je vais essayer de répondre à l'exposé de Monsieur BARAT.

J 'a i retenu les suggestions q u ' i l a fa i tes : ét iquetage vo lonta i re , f iches de

données de sécuri té , promotion de produits de diamètres plus élevés, l iant

totalement inoffensif et qui reste pendant 30 ans f lu ide pour év i ter l 'empoussiè-

rement. C'est ce que j ' a i compris des suggestions de Monsieur BARAT.

Alors, ceci d i t , Monsieur BARAT que j 'associe à Monsieur de MAURIN, merci

beaucoup de nous donner des or ientat ions de bonne conduite.

Je d i r a i très honnêtement que nous n'avons pas réa l isé j u s q u ' à présent la

tota l i té du programme proposé. Nous avons commencé, au début des années 70,

par modestement nous associer aux études qui se fa isa ient au p lan mondia l ,

conséquence des événements de l 'amiante e t , à l 'époque, nous étions aussi

discrets que possible. Nous nous disions : essayons d ' a c q u é r i r des cert i tudes

sur l 'occuité ou l ' innocuité de nos produits avant de commencer à se jo indre

à , ou être les promoteurs d 'une pol i t ique d ' in fo rmat ion . Puis on a at te int un

degré dans la connaissance tel q u ' i l é ta i t possible que pour l ' é tern i té nous

n'ayons pas de sûreté ou d'absolue cert i tude sur l 'occuité ou l ' innocui té de

nos produi ts .

Alors, il y a 4 ans/5 ans , nous avons décidé de monter, sous la présidence du

Professeur BIGN0N, un Comité Santé au Syndicat des laines minéra les , dont la

mission commencerait par l ' i n v e n t a i r e de l 'ensemble des opérat ions de recherche

et d ' ana lyse en cours dans le monde. A i n s i , premièrement, f a i r e un état des

connaissances, ensui te , dans une 2ème étape , promouvoir une pol i t ique d ' i n f o r ­

mation auprès des professionnels et des consommateurs, enf in dans une 3ème

étape, ouvr i r notre Comité Santé à la pa r t i c ipa t ion des par tena i res sociaux, des

professionnels de l ' app l ica t ion et des représentants des consommateurs.

Nous en sommes à la 2ème étape que concrétise le dossier qui vous a été remis

au jourd 'hu i (nous nous étions interd i t d 'en f a i r e la di f fusion avant cette

journée de Nancy ) .

Page 113: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Vous avez, dans ce dossier, un document du Comité Santé du F ILMM, à

l ' in té r ieur duquel une note d ' information destinée au grand publ ic , une note

d ' information destinée aux professionnels de l 'appl ica t ion et une note plus

déta i l lée destinée aux professionnels de la prévent ion, de la médecine, de la

recherche et du développement.

Ce qui manque dans ce dossier, parce q u ' i l y en a trop, ce sont les 17 fiches

de données de sécurité qui correspondent à des lignes de produits de nos

dif férents adhérents, que vous pourrez dorénavant obtenir en tant que profes­

sionnel en téléphonant au FILMM ou même directement aux producteurs eux-mêmes.

Nous en sommes l à .

Quant à l 'é t iquetage, il est démarré depuis le 2 6 / 6 / 9 1 . Il est encore un peu

discret : une phrase en t ravers d 'une ét iquette où il n 'y a pas encore de

croix noire parce que je ne vois pas pourquoi , en l 'absence d 'une réglementa­

t ion , nous nous inf l iger ions a pr ior i une tel le s igna l isa t ion . Si la réglementation

nous l ' impose, nous l 'app l iquerons , mais il y a au moins une phrase dans

laquel le on reprend la majorité des recommandations que vous nous avez fa i tes ,

à savoir tenir le site propre , mettre en oeuvre les produits à proximité du site

d ' a p p l i c a t i o n , emballer les déchets le plus v i te possible, port du masque en

mil ieu fermé, couper avec un couteau plutôt qu 'une scie, e t c . . Ceci est déjà

d i f fusé.

Je pense que comme le marché est très inerte , d ' a u t r e p a r t , des stocks existent

dans l'ensemble de la d is t r ibu t ion , il y a plus de 4000 points de vente de

matér iaux de construction en France qui stockent des laines minérales. Le temps

de résorption de ces stocks peut ainsi être important .

Je pense que le marché n 'a pas encore assimilé que ces règles de prévention

commençaient à être di f fusées, bien que nous ayons fa i t un mai l ing générai aux

professionnels, en p a r t i c u l i e r de la d is t r ibu t ion , a t t i r a n t leur attention sur

I 'ét iquetage prévent i f .

Donc, actuellement déjà cela court et Monsieur BARAT, je suis sûr q u ' à Nantes,

si vous visi tez un site de d istr ibut ion de laines minérales, vous pourrez

prélever une ét iquette portant la recommandation prévent ive .

Vo i là , c'est ce que je peux répondre, Monsieur le Professeur, pour les opérations

en cours au p lan du F ILMM.

Page 114: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Intervention de Monsieur LEPONT

D'un point de vue général les syndicalistes ont pour mission d'essayer de se faire l'interprète des

personnels qui sont employés dans les industries concernées, de faire circuler l'information,

d'essayer de trouver des informations surtout en termes compréhensibles car il est évident qu'il y a

pas mal d'exposés sur la santé et les fibres minérales qui sont difficilement compréhensibles par la

base que nous représentons ; d'où l'intérêt aussi de s'informer dans des réunions comme celles-

là, d'avoir des fiches les plus simples possibles comme celles que l'on nous a remis dans les

dossiers du FILMM pour les faire descendre le plus loin possible dans les usines. Dans les usines

nous avons tous les moyens légaux nécessaires pour cela, en particulier les CHS dans lesquels on

participe au maximum, par exemple pour des campagnes de prélèvements qui sont faites

régulièrement dans les usines dont on vous a parlé dans plusieurs exposés , on motive les

personnes pour trouver les endroits les plus potentiellement producteurs de poussières de fibres

minérales : en particulier dans les endroits où on fait les découpes, les endroits où on recycle les

déchets. Tout à l'heure on a parlé des déchets et vous savez que dans nos industries plus cela va,

plus on va réutiliser les déchets des usines mais y compris aussi de plus en plus les fibres, après

leur utilisation. Ces fibres là quand on les broie font beaucoup de poussières, c'est pourquoi il y a

quelques points localisés dans les usines où il y a beaucoup plus de poussières que d'autres et

c'est aussi le rôle des syndicalistes d'être là par l'intermédiaire des CHS pour que l'on soit bien au

bon endroit pour les prélèvements pour être sûr que l'ensemble des données soit bien représentatif

et permette aux gens qui sont nos mandants d'être finalement sécurisés. En dehors de nos

demandes de participation aux différents comités, différentes instances légales ou para-légales on

se pose des problèmes sur d'autres fibres que Ton a citées dans des tableaux ce matin en particulier

les fibres céramiques ou réfractaires où l'on sait qu'il y a quelques problèmes de santé et là pour

l'instant nous n'avons pas d'informations particulières. On a des informations parcellaires, on a

beaucoup d'informations au niveau des fibres minérales on en a pas dans d'autres domaines où

nous pensons qu'il y a aussi des problèmes de santé pour les travailleurs.

Page 115: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Je ne parlerai pas en tant que président du Syndicat National de l'Isolation puisque je viens de

terminer mon deuxième mandat et ai laissé ma place à plus jeune que moi ;

Directeur depuis 35 ans d'une entreprise de plus de 50 ans, j'ai sur les chantiers une centaine de

personnes. Je voudrais profiter de ce que l'on me donne la parole aujourd'hui, pour resituer mon

métier, un métier que je crois bien connaître. Les intervenants ont toujours plus ou moins

confondu le bâtiment et l'industrie ; ce matin, vous avez dit : "l'industrie utilise à peu près 60 %

des fibres et les particuliers 27 %" ; je préciserais que dans les 60 % il y a deux grands secteurs :

l'isolation thermique industrielle, qui doit représenter 10 à 15 % en chiffre d'affaire, et le bâtiment,

environ 85 %. L'effectif global est de 40000 personnes, réparties à peu près également entre

bâtiment et industrie. Sur les 20000 personnes du bâtiment, la moitié est syndiquée et appartient au

S.N.I. Je suis là, à la fois en tant qu'observateur à titre personnel, et au titre du S.N.I., afin de

diffuser l'information auprès des quelques 400 entreprises adhérentes.

Voilà, très succintement, le schéma socio-économique de cette profession.

Je ne porterai pas de jugement sur l'objet de cette réunion, cela n'entre pas dans mes compétences ;

je peux néanmoins vous dire que les gens qui font de l'isolation industrielle sont des spécialistes

qui exercent ce métier toute leur vie, des spécialistes pour qui la manipulation ou la pose de fibres

représente aproximativement un tiers de leur temps, le reste étant consacré aux revêtements. C'est

pourquoi le marché industriel qui porte sur 15 % des isolants occupe autant d'hommes que le

marché du bâtiment qui lui est de 85 %. En effet, les ouvriers du bâtiment qui sont poseurs

d'isolants sont des gens moins spécialisés qui font ce métier de façon parfois occasionnelle ou

intermittente, et qui, souvent, ne restent pas dans le métier ; tous, le peintre , le menuisier,

l'électricien, font de l'isolation. Par contre, le bâtiment aurait une main d'oeuvre qui, bien

qu'occasionnelle, serait à mon sens beaucoup plus exposée parce que travaillant dans des

atmosphères confinées, et parce que d'autre part le bâtiment utilise des produits plus légers qui se

délitent à la manipulation beaucoup plus facilement.

Page 116: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Pour conclure, j'ajouterai que, pour moi, l'intérêt de cette réunion est double, il n'est pas purement

médical. Je ne pense pas que l'on puisse amener des gens à exercer nos métiers manuels si nous

ne modifions pas les conditions de travail. Il est bien évident que, quelque soit l'aboutissement de

vos recherches, il faudra un jour que tout le monde puisse travailler dans des conditions propres.

Page 117: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

Intervention du Professeur Jean BIGNON

Après avoir entendu les différents exposés des industriels et des scientifiques qui ont apporté un éclairage sur les aspects santé liés à la fabrication et à l'utilisation des laines minérales/ je vais essayer de mettre en avant les faits importants, puis conclure.

Au cours de cette journée, l'utilité sociale et en particulier les avantages qu'apportent les laines minérales pour notre confort et l'amélioration de notre environnement n'ont à aucun moment été mis en doute et les précautions à prendre pour assurer leur utilisation sans risque ont été largement évoquées.

Même si, comme le dit le Bureau International du Travail "there is no reason for concern", il reste encore des zones d'incertitude qui justifient la poursuite des recherches pour améliorer nos connaissances aussi bien épidémiologiques qu'expérimentales. Néanmoins, malgré la performance des équipes de recherches dans ce domaine, je voudrais faire remarquer qu'il est difficile de résoudre du jour au lendemain tous les problèmes qui se posent aux hygiénistes, épidémiologistes, pathologistes expérimentaux et biologistes.

A cet égard, bien que les cancers respiratoires secondaires à l'inhalation d'amiante représentent actuellement un modèle bien établi, transposable à l'étude des autres matériaux fibreux,,les difficultés historiques vécues par les chercheurs pour établir les relations entre certains cancers respiratoires et l'amiante méritent d'être rappelées ici!. Ces cancers n'apparaissent qu'après une longue période de latence, 15-20 ans pour le cancer du poumon et plusieurs décennies pour le mésothéliome. Depuis les années historiques où le Professeur Richard Doll (1959) découvrait dans une usine britanique la responsabilité d'expositions massives à l'amiante à l'origine de cancers du poumon et cù le Docteur Christ Wagner (1960) établissait un lien entre m é s o t h é l i o m e et exposition professionelle ou environnementale à l'amiante crocidolite, il s'est écoulé plus de trente ans. Et nous sommes encore loin d'avoir résolu tous les problèmes, notamment ceux liés aux faibles doses de chrysotile!

S'il persiste encore des incertitudes dans le domaine de l'amiante ayant pourtant fait l'objet de milliers de publications, il est tout à fait normal que les problèmes posés par les laines minérales ne soient pas encore tous complètement résolus. En effet, il s'agit d'une branche industrielle relativement récente, utilisant dès l'origine des technologies propres générant des niveaux d'empoussiérage faibles comparés à ceux de l'amiante. En outre, les fibres minérales de synthèse (FMS) présentent une caractéristique fondamentale par rapport aux fibres naturelles, comme les amiantes, c'est qu'on peut contrôler leurs paramètres physico-chimiques au cours de leur

Page 118: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

fabrication. Si un jour il est démontré que certaines fibres minérales présentent, par leur géométrie ou par leur composition chimique,un risque, même faible mais inacceptable pour la santé, il sera possible de modifier les paramètres physico-chimiques de fibres conçues par l'homme. C'est l'avantage des produits de synthèse !.

Le Docteur Rodolfo Saracci nous a dit qu'il y avait encore des doutes sur les vraies causes des excès de cancer du poumon constatés dans certaines cohortes de travailleurs exposés au cours de la fabrication des laines minérales dans des usines très anciennes, aussi bien en Europe qu'en Amérique du Nord, avec des procédés de fabrication actuellement abandonnés. Parmi les facteurs en cause, on discute : le type de procédé utilisé et l'intervention d'autres agents cancérigènes (fumée de tabac, métaux...) . A cette époque, comme il n'était pas prévu que les travailleurs entreraient ultérieurement dans une étude épidémiologique à la recherche de relations causales de mortalité, les données consignées sont imprécises ou même manquent totalement!. Ainsi, nous découvrons maintenant qu'il est souvent difficile d'étudier les données d'hygiène industrielle du passé et qu'il y a encore beaucoup à faire pour améliorer nos connaissances épidémiologiques. Il semblerait que récemment un chercheur, Otto Wong, ait réussi à contourner certaines difficulté, en démontrant un taux élevé de tabagisme chez ces travailleurs exposés à la laine de laitier.

Concernant les données obtenues chez les petits animaux de laboratoires, on pourrait penser que le problème soit plus simple, puisque l'expérimentateur est en mesure de contrôler tous les paramètres. En fait, comme l'a bien montré le Docteur Marie Claude Jaurand, on retrouve la même complexité liée à de nombreuses variables (espèces animales, modes d'administration des fibres, mode d'expression de la dose...) . Insuffisamment ou mal prises en compte, ces variables rendent difficile la comparaison des études entre elles. Si les doses sont trop faibles, en général on ne note pas d'effet. Par contre si les doses sont fortes, 100 ou 1000 fois l'exposition réaliste chez l'homme, ou si le mode de pénétration dans l'organisme n'est pas p h y s i o l o g i q u e (voie i n t r a p é r i t o n é a l e par e x e m p l e ) , 1'extrapolation à l'homme est difficile, voire hazardeuse.

Quelles recommandations se dégagent d'une Journée comme celle-ci ?

La première de nos préoccupations doit être la protection des travailleurs de la fabrication et de l'utilisation des laines minérales, jusqu'à ce que les zones d'ombre soient levées et qu'on ait répondu à toutes les questions concernant les relations dose-réponse pour le cancer du poumon, en prenant bien entendu en compte le tabagisme. Par contre les données actuelles, peut-être encore un peu trop précoces, semblent exclure le risque de mésothéliome!

Parallèlement, il faut que les laines commercialisées à destination du grand public soient accompagnées de notices techniques d'utilisation, assorties de recommandations d'hygiène pendant l'emploi de ces produits.

Page 119: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

C'est pour essayer de solutionner au mieux de tels problèmes que la Fédération des Industries de Laines Médicales Manufacturées (FILMM) a créé un Comité Santé. Il faut l'en féliciter! Ceci a déjà permis la diffusion de différents documents d'information, spécialement rédigés à l'intention des médecins du travail, des ingénieurs chargés de l'hygiène industrielle des usines et des chantiers d'isolation et également des utilisateurs, car ces produits sont souvent utilisés directement par le grand public.

Je voudrais terminer en évoquant les recherches très coûteuses que réalisent en ce moment l'Industrie des fibres minérales, avec pour objectif de mettre au point de nouvelles fibres ayant des caractéristiques satisfaisantes pour leurs applications industrielles et sans effets néfastes sur la santé. Les deux grandes associations européenne (EURIMA) et américaine (TIMA), des producteurs de fibres minérales synthétiques réfléchissent actuellement à un protocole standardisé commun qui devrait permettre de sélectionner les meilleures fibres. Ainsi verra-t-on peut-être apparaître sur le marché la "fibre idéale", à la fois au plan technologique pour les industriels et les utilisateurs et au plan médical, sans aucun risque pour la santé. Ces différents points, et particulièrement les questions concernant la place de la biopersistance des fibres dans le p o u m o n à l'origine des cancers r e s p i r a t o i r e s , et particulièrement du mésothéliome, seront prochainement discutés au cours du prochain colloque international INSERM, CIRC, CNRS sur "Biopersistance" que nous organisons. Monsieur Saracci et moi-même, à Lyon en Septembre 1992.

Page 120: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

DISCUSSION

(retranscrite à partir de notes prises en séance)

M. LELARGE

Monsieur BARAT a fait un exposé extrêmement intéressant sur une prévention minimum dans les

entreprises et même les entreprises du bâtiment. Est-ce qu'il n'y a pas là la base d'une

recommandation qui pourrait émaner de la Caisse Régionale d'Assurance Maladie de BORDEAUX

sur ce minimum de prévention.

Cette recommandation pourrait ensuite être reprise par le Comité Technique National du Bâtiment.

Une démarche de ce type a servi de base au décret actuel sur l'amiante.

M. BARAT

Il faut que vous sachiez que les isolants sont marqués sur le plan technique. Les grands donneurs

d'ordre français (Rhône Poulenc, Atochem, Shell, ...) ont exigé que les isolants soient repérés

simplement pour qu'il n 'y ait pas de fraude quant aux masses volumiques ou aux qualités

intrinsèques de l'isolant. Dans le bâtiment la résistance thermique est marquée et Monsieur PETIT

vous a dit tout à l'heure qu'un marquage, dont le niveau est à définir, est en préparation. Je crois

qu'il ne faut pas marquer cancérigène si cela ne l'est pas mais qu'il faut définir le minimum à

indiquer. Sur le plan européen, j'ai participé à de nombreuses réunions du CEN, il faut reconnaître

qu'on n'est pas très en avance.

M. BIGNON

Au niveau européen il n'y a pas une homogénéité parfaite. Tout à l'heure nous avions la chance

d'avoir le Professeur CECCHETTI qui devait intervenir au niveau de la table ronde mais qui a dû

repartir. Il m'a laissé un document où il est fait mention que la commission de toxicologie italienne

considère que des laines de verre doivent être classées en Italie en catégorie 3.

M. MORSCHEIDT

Je voudrais simplement préciser qu'au niveau européen il y a une proposition de la commission

depuis maintenant un an qui est de classer les laines minérales en cancérigènes possibles, suivant

pour cela la position de HARC. Cela veut dire que des études sont encore nécessaires ce qui est en

Page 121: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

train de se réaliser. Les dossiers de recherche s'accumulent et peut-être qu'en 94 ou 95 quand nous

aurons les résultats des études de l'IARC ou des études américaines il sera possible de conclure.

Mais pour le moment la position de la commission est la même que celle de l'IARC qui date de 3

ans.

M. RIONDEL

Que penser des flocages réalisés dans une crèche ou dans des bâtiments scolaires ou dans des

magasins d'alimentations sur le plan toxicologique et au niveau des consommateurs ?

M. BIGNON

On a fait au LEPI des prélèvements dans des locaux floqués qui montrent des concentrations 100 à

1000 fois inférieures à ce que l'on observe dans des circonstances professionnelles. Ce sont des

concentrations excessivement faibles. C'est un point que nous avons souvent discuté avec les

membres du FILM. Pour ma part je trouve que les industriels devraient réfléchir à ce problème et

éviter peut-être des situations de flocage où effectivement le matériau à une vie moins longue que

d'autres produits dont ils ont la maîtrise.

M. de MAURIN

Effectivement on a été interpellé par les consommateurs sur l'utilisation de flocage auprès des

enfants ou dans les magasins d'alimentation. Je crois que la réponse vous a été donnée. Tout

dépend de la qualité du travail, de la cohésion du système et de la proximité du flocage par rapport

au passage des gens.

M. JAMIN

Mon entreprise ne fait que de la projection. Il est évident que malheureusement on dispose en

France de produits projetés qui sont de qualité mais que des entreprises sans qualification font de

la pose n'importe où et n'importe comment à n'importe quel prix. Il est évident que dans ces

situations là vous avez des projections qui se délitent parce qu'elles ont été mal talochées ou pas

encollées. On se bat au niveau national pour arriver à faire quelque chose de bien, mais tant qu'il y

aura des grands groupes qui traitent avec des entreprises sous-traitantes où le personnel n'est pas

toujours déclaré, on aura des problèmes de mise en oeuvre. Les entrepreneurs sérieux payent

0,4% de plus en fin d'année sur les assurances pour compenser les entreprises défaillantes.

Page 122: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

M. LE SEIGNEUR

Je m'occupe de tout ce qui est démolition ou démantèlement d'anciennes installations industrielles.

Je voudrais poser une question et faire une remarque.

Qu'en est-il de la tenue dans le temps des laines minérales? Que fera t'on de ces installations quand

elles arriveront à leur terme de vie c'est-à-dire dans 30 ans. On mettra t'on ces millions de m 3.

La remarque est la suivante : dans le cadre de la fabrication actuelle est ce que l'on ne pourrait pas

prévoir et étudier dès à présent pour éviter des problèmes dans les générations à venir le recyclage

de ce produit, son inertage ou sa modification. De notre côté nous avons mis en oeuvre un procédé

pour l'inertage de l'amiante et nous comptons y associer également les laines minérales.

M. BIGNON

Ce problème des déchets est très important mais jusqu'à présent il n'a pas tellement concerné ce

secteur industriel.Le Ministère de l'Environnement qui est très concerné n'est pas présent

(M. DONNEZ est venu, mais il a dû repartir). On se positionne très en amont par rapport à ce

produit alors qu'il faudrait effectivement prévoir l'avenir.

M. LESEIGNEUR

Je crois qu'il est important qu'il y ait des positions prises et des orientations données. L'industriel

a des réponses à donner à la fin de la journée, il faut qu'il sache où mettre son produit. Compte

tenu de ce que l'on a pu apprendre à nos dépends les uns et les autres avec l'amiante, il ne faudrait

pas arriver à une situation identique avec les fibres minérales dans quelque temps. C'est la

question que je pose en temps qu'industriel.

M. BIGNON

Je pense que nous questionnerons le Ministère de lEnvironnement qui est le ministère responsable

de ce problème. Ce ne sont pas les industriels qui se positionnent très en amont de ce problème qui

vont le résoudre aujourd'hui. Mais il est vrai que vous avez raison. Je connais bien le problème

que vous avez évoqué au niveau d'EDF. Vous aurez de plus en plus à gérer ce problème à EDF

comme ailleurs. Vous êtes en train d'apprendre un métier et vous transmettrez votre savoir faire à

d'autres. Le devenir de ces installations isolées et qui seront démolies est très important. C'est le

cas par exemple des centrales thermiques que l'on a démolies petit à petit. Je rappelle à titre

anecdotique qu'une centrale thermique vieux modèle contenait à peu près 700 tonnes d'amiante.

debeaupu
Crayon
Page 123: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

M. LAFOREST

Je voudrais ajouter quelque chose. Il y a plusieurs préalables pour prendre des décisions à un

niveau national. Il faut d'abord trouver un consensus au niveau des techniciens et d'un certain

nombre de personnes. Pour cela il faut une structure de dialogue.

Le comité santé du FILM en est l'amorce et on devrait passer à une deuxième étape avec une

discussion élargie au niveau de différents partenaires dont les ministères s'ils le souhaitent. Au

niveau de cette instance on est entre techniciens, on peut trouver des compromis. Une fois ces

compromis trouvés au niveau français, ce n'est déjà pas si simple, on peut tenter de les traduire en

terme de recommandations ou pourquoi pas de réglementations bien que je ne suis pas forcément

pour une réglementation qui pose des problèmes lors de son application. Le seul moyen de faire

progresser les problèmes est d'avoir une instance de concertation libre où les gens viennent pour

dire ce qu'ils ont à dire et essaient de dégager une majorité, voire une unanimité hors des situations

d'instances officielles. Ce que l'on peut vous proposer, je pense que M. PETIT sera tout à fait

d'accord, c'est que le FILM qui va s'étendre reprenne toutes les suggestions faites aujourd'hui et

fasse des groupes de travail sur différents sujets. On pourra ainsi solliciter les instances officielles

pour leur faire prendre à partir de dossiers établis des décisions qui seront éventuellement

concrétisées au niveau de l'Europe. Ce qui est sûr c'est qu'au niveau européen il faut des dossiers

solides. Ou bien les français les bâtiront, ou bien on aura des propositions qui viendront

éventuellement de nos autres partenaires européens et que l'on ne pourra qu'amender. Une

structure de travail est en train de se mettre en place. Il faut que tout le monde vienne y participer

pour poser leurs problèmes. Tout en acceptant la règle du jeu du compromis.

M. BIGNON

Cette structure se veut être de dialogue. Elle sert également de courroie de transmission vers

l'europe ce qui est très important. Nous vivons actuellement dans une évolution européenne qui

malheureusement est très bureaucratique par certains aspects. L'influence des différents pays sur

cette bureaucratie est plus ou moins importante et je crois qu'il faut un consensus au niveau d'un

pays pour que l'on soit en bonne prise avec les institutions européennes.

M. KAMSTRUP

I am member of the European organisation EURIMA and also of the American association and the

discussion you had yesterday is similar to what we had in Denmark or in Scandinavia 4 or 5 years

ago. There, we agree with unions and authorities that with the appropriate work practices mineral

debeaupu
Crayon
Page 124: JOURNEE D'ETUDE "LES LAINES MINERALES ISOLANTES DANS

wool products are safe to use and produce. As a consequence of that, mineral wool products are

non hazardous substances in Denmark.

I think that, if you also look at what we have learned from the inhalation studies at RCC, the

biggest problem to get enough fibres up in the air is that we have to take a normal mineral wool

product, 4 to 5 times and then extract 4 to 5 kilos in order to get very fine fibres. That was the only

way we could get up to 300 fibres per ml. But when you compare with asbestos, without any

other measures, you could easily get higher than 100, 200, 1000 fibres per ml.

So I agree that we should have information on appropriate work measures for workers, consumers

and everywhere. That is by law what we do in Scandinavia. But otherwise, I think we should take

it a little easy with regard to waste. I think you can dump it in dump pits what we do in Denmark

because you do not measure high levels of fibres around dump pits.

M. BIGNON

Vous voyez que l'on a des progrès à faire par rapport à nos collègues du Nord, mais peut être avec

notre personnalité un peu latine. Je crois que ce qui a été amorcé au niveau du FILM va se

poursuivre et que le Comité Santé devrait effectivement permettre de trouver un consensus dans ce

domaine en attendant les conclusions définitives des études épidémiologiques et expérimentales en

cours qui permettront peut être d'avoir une réponse définitive concernant la toxicité de ces

matériaux. Je crois que cette journée a apporté un certain nombre d'informations nouvelles, a

permis des confrontations et que l'avenir est maintenant devant nous. L'utilisation va s'améliorer,

les procédés de contrôle également. Ce produit repart avec un label provisoirement sécurisant. Une

attention soutenue est nécessaire afin qu'il démontre sa qualité toxicologique ou tout au moins son

absence de nocivité dans le domaine toxicologique. Je vous souhaite bon courage pour l'avenir.