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Témoignages JOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR RAYMOND VERGÈS 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016 WWW.TEMOIGNAGES.RE N° 18411 - 71EME ANNÉE Demain, grande mobilisation contre le projet de loi El Khomri Tous à la manifestation du 1er mai Demain sera une nouvelle étape de la lutte contre la régression sociale. Ce 1er mai sera en effet placé sous le signe de la bataille contre la loi El Khom- ri. Ce texte remet en cause des pans du Code du Travail, un danger encore plus grand à La Réunion quen France, car notre île compte près de 30 % de chômage. Le 31 mars dernier, la mobilisation avait été un succès.

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Page 1: JOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR ......2016/04/30  · tés. Lors du rassemblement du 28 avril devant la préfecture, les syndi-cats se sont dits prêts à aller jus-qu’au

TémoignagesJOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR RAYMOND VERGÈS

30 AVRIL ET 1ER MAI 2016 WWW.TEMOIGNAGES.RE

N° 18411 - 71EME ANNÉE

Demain, grande mobilisation contre le projet de loi El Khomri

Tous à la manifestation du 1er mai

Demain sera une nouvelle étape de la lutte contre la régression sociale. Ce1er mai sera en effet placé sous le signe de la bataille contre la loi El Khom-ri. Ce texte remet en cause des pans du Code du Travail, un danger encoreplus grand à La Réunion qu’en France, car notre île compte près de 30 %de chômage.

Le 31 mars dernier, la mobilisation avait été un succès.

Page 2: JOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR ......2016/04/30  · tés. Lors du rassemblement du 28 avril devant la préfecture, les syndi-cats se sont dits prêts à aller jus-qu’au

2 - LA UNE TÉMOIGNAGES DES 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016

A près la mobilisation du 28avril, les syndicats vont défi-ler dans une manifestation

quasi-unitaire à Saint-Denis entre leJardin de l’État et la préfecture enpassant par la rue de Paris. Seulemanquera à l’appel la CFDT, qui or-ganisera au même moment unpique-nique à l’Etang de Saint-Paul.Ce 1er mai 2016 est placé sous lesigne de la lutte contre le projet deloi El Khomri. Une délégation duPCR sera présente demain à Saint-Denis. Le Parti communiste réunion-nais a pris position dès le début auxcôtés des syndicats. En effet, enFrance, le projet de « loi travail »suscite de vives inquiétudes. Ellessont encore plus justifiées à LaRéunion, là où le chômage frôle les30 %, avec plus de la moitié desjeunes sortis de l’école privés detravail.

Projet de régressionsociale

Dès l’avant-projet, un large frontsyndical s’était constitué, ce quiavait repoussé du 9 au 24 mars laprésentation du projet de loi enConseil des ministres. Ce délai avaitété mis à profit pour le gouverne-ment pour présenter des modifica-tions suffisantes pour diviser. Mais

le remplacement de l’obligation parl’indication pour le montant des in-demnités versées en cas de licencie-ment abusif constaté par un juge n’apas remis en cause le fonds dutexte.C’est en effet la porte ouverte à denombreux abus avec la facilitationdes licenciements. Le projet prévoitégalement de ne plus systématique-ment accorder le Code du Travailcomme protection aux salariés, re-doutent les syndicats. Ces derniersindiquent que l’accord d’entreprisepourra en effet primer sur la loi, cequi est une rupture dans l’égalitédes droits. En effet, l’accord ne peutêtre plus favorable que dans le casd’un rapport de forces suffisantspour les syndicats. Ces dernierssont d’ailleurs contournés dans leprojet de loi. Il est en effet questionde référendums internes pour quedes salariés se prononcent sur unedécision pouvant réduire leursdroits, alors que les élections pro-fessionnelles permettent aux tra-vailleurs de donner mandat à dessyndicalistes pour les représenter.

Déjà 180.900demandeurs d’emploi

Il faut remonter à plusieurs annéespour voir un 1er mai aussi impor-

tant. Cette mobilisation se tiendraen effet à quelques jours de l’exa-men du projet de loi par les dépu-tés. Lors du rassemblement du 28avril devant la préfecture, les syndi-cats se sont dits prêts à aller jus-qu’au bout. Ils ont en mémoire leprécédent du Contrat première em-bauche, CPE, qui prévoyait d’exa-gérer de manière indécente lapériode d’essai préalable à laconclusion définitive d’un contratde travail. C’était il y a 10 ans, et ladroite était alors au pouvoir, et letexte avait été voté par les députés.Mais il n’a jamais pu être appliqué,car le gouvernement avait reculéface à la mobilisation.Aujourd’hui, le contexte social estplus dramatique. Au mois de marsdernier, le nombre de demandeursd’emploi a encore augmenté pouratteindre le nombre effarant de180.900 travailleurs inscrits à Pôleemploi. C’est pourquoi il est néces-saire de lutter contre tout projet quiaggravera encore une situation quia franchi depuis longtemps le seuilde l’intolérable.

M.M.

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Fondé le 5 mai 1944 par le Dr Raymond Vergés71e annéeDirecteurs de publication :1944-1947 : Roger Bourdageau ; 1947 - 1957 : RaymondVergés ; 1957 - 1964 : Paul Vergés ; 1964 - 1974 : BrunyPayet ; 1974 - 1977 : Jean Simon MounoussanyAmourdom ; 1977 - 1991 : Jacques Sarpédon ;1991- 2008 : Jean-Marcel Courteaud2008 - 2015 : Jean-Max Hoarau2015 : Ginette Sinapin

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Témoignages

POLITIQUETÉMOIGNAGES DES 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016

Un article publié dans le journal « Le Monde »rappelle combien le changement climatique a dé-jà des effets sur le monde du travail. Le réchauf-fement global amène des dérèglements. Lesvagues de canicule se développent. Voici unextrait de l’article de notre confrère :

« Lors d’une manifestation dans les rues d’Hy-derabad, en Inde, j’évoque la température éle-vée, plus de 40  °C, et un militant me rapportequ’à plus de 50 °C, il a vu un oiseau tomber duciel. Je lui demande alors si cela ne l’inquiètepas et il me répond  : “Non, je ne vole pas”. »L’histoire racontée par Philip Jennings, le se-crétaire général d’UNI Global Union, fédérationsyndicale internationale des secteurs de ser-vices, est révélatrice.

L’augmentation de la température due au chan-gement climatique touche le monde du travail,mais la prise en compte du phénomène est plu-tôt récente. Heures perdues liées aux forteschaleurs, accidents, maladies, productivité enberne, pertes d’emploi et migrations, la listedes conséquences est longue.

À quelques jours de la journée internationaledes travailleurs du 1er-Mai, plusieurs agencesde l’ONU et organisations internationales (dontl’Organisation internationale du travail, l’Or-ganisation mondiale de la santé, l’Organisationinternationale pour les migrations ou la Confé-dération syndicale internationale) ont conjuguéleurs approches pour publier un rapport, jeudi28  avril, «  Changement climatique et travail  :impact de la chaleur sur les lieux de travail ».

Ce rapport indique que plus d’un milliard de tra-vailleurs sont exposés aux grandes chaleurs,

c’est-à-dire quand la température dépasse 35 de-grés. Ce sont les plus pauvres qui sont encoreles plus touchés. Ils travaillent en extérieur oudans des bâtiments, et cela sans climatisation.Cette situation débouche sur des problèmes desanté, car cela s’accompagne souvent de bassalaires et de droits sociaux très faibles, voire in-existants. L’exemple le plus connus sont leschantiers de construction des stades de la coupedu monde de football masculin qui aura lieudans 6 ans au Qatar, avec des températures quipeuvent largement dépasser les 40 degrés. Destravailleurs immigrés sont contraints de conti-nuer à produire dans cette fournaise.

Les effets sont également économiques. Soumisà une grande chaleur, un travailleur ne pourrapas être aussi productifs que dans des condi-tions climatiques plus clémentes.Les prévisions du GIEC annoncent une haussedes températures. Même si du jour au lende-main, toutes les émissions de gaz à effet de serrecessaient, la chaleur augmentera encore du faitde l’important moment d’inertie de l’atmo-sphère. C’est pourquoi la situation continuera dese dégrader, avec un nombre de victimes qui iraen augmentant, à moins que les travailleurs ar-rivent à s’organiser suffisamment pour imposeraux patrons des conditions de travail décentes.

J.B.

ÉditoDéjà un milliard de travailleurstouchés par le changement climatique

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4 -HOMMAGE TÉMOIGNAGES DES 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016

Hier, cela faisait deux ans que Roland Robertnous a quittés, emporté par le devoir alors qu'ilétait en mission au nom du Conseil général aux

Comores. Cela faisait alors bien longtemps que notreregretté camarade avait commencé une vie militante aucours de laquelle il n'a jamais renié ses convictions etle Parti communiste réunionnais.Il était un des fondateurs de l'Organisation démocra-tique de la jeunesse réunionnaise. Cet engagement pré-coce lui a valu de subir la répression. Enseignant, il fitpartie des victimes de l'Ordonnance du 15 octobre1960. Muté en France à cause de ses convictions poli-tiques, il a alors mené un long combat pour faire res-pecter son droit de revenir au pays.

Une vie de luttes

Une fois cette bataille gagnée, Roland Robert s'est im-pliqué dans les luttes du Parti communiste réunion-nais. Le PCR lui avait confié la tâche de mener lecombat à La Possession aux élections municipales de1971. Lors du précédent scrutin en 1965, en pleine

période de fraude électorale généralisée, la liste duPCR y avait été créditée par le pouvoir de 16 voix, soit0,8 % des suffrages. La tâche était immense, Roland Ro-bert a réussi à relever le défi à la tête d'un rassemble-ment. C'est dans cet esprit que le maire de LaPossession avait conduit les destinées de la municipa-lité pendant 43 ans.Sous sa direction, la commune s'est considérablementtransformée pour devenir une ville de plus de 30.000habitants. Elle est devenue la ville qui connaît la plusforte croissance démographique. Cet attrait a profon-dément changé la composition de la population, avecune forte présence de la classe moyenne et aisée. En2014, Roland Robert a obtenu en nombre de voix sonmeilleur résultat à une élection municipale à La Pos-session. Mais cela n'a pas été suffisant face à une can-didate issue de cette classe sociale devenueprépondérante, et soutenue largement depuis plu-sieurs années par le système.Ce résultat n'a pas découragé notre camarade, et ilétait encore au combat le jour où la mort l'a emporté.C'était il y a deux ans.

Des camarades ont salué l'engagement d'une vie militante

Hommage à Roland RobertHier au cimetière de La Possession, une brève cérémonie a salué la mé-moire de Roland Robert, à l'occasion de la commémoration de son décèssurvenu voici deux ans.

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- 5HOMMAGETÉMOIGNAGES DES 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016

Fidélité sans faillede Roland Robert

à son Parti

Hier en fin d'après-midi, un hommage a été rendu à Ro-land Robert au cimetière de La Possession où il repose.Une gerbe de fleurs a été déposée par Mireille, sonépouse, et Philippe Robert, son fils. Suivie d’un re-cueillement lors d’une minute de silence. L'évocationdes souvenirs d'une vie militante bien remplie par sescamarades de lutte a été un grand moment. Notam-ment lorsque Pierre Thiébaut, s’exprimant au nom du

Parti Communiste Réunionnais a évoqué la création del’ODJR, l’exil sous l’Ordonnance Debré, les premiersmandats municipaux qui ont fixé le cap du développe-ment de La Possession, et la fidélité sans faille de Ro-land à son Parti alors que d’autres trahissent.Cette cérémonie a également souligné qu'à La Posses-sion, des jeunes ont repris le flambeau de la lutte. Onpense notamment à Philippe Robert, qui est depuis l'andernier conseiller départemental de La Possession.

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6 -POLITIQUE TÉMOIGNAGES DES 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016

Deux sujets étaient à l'ordredu jour de l'assembléeplénière de la Région

Réunion. La demande d'une loi d'ex-périmentation pour élargir tempo-rairement le champ descompétences de la collectivité, et levote du budget primitif 2016.Après les nombreuses motions,l'examen de l'ordre du jour propre-ment dit a eu lieu à partir de 11heures 30. Il était donc question duvote d'une délibération demandantaux élus d'approuver l'utilisation dudispositif de la loi d'expérimenta-tion pour permettre de déroger audroit commun dans trois domaines :l'aménagement du territoire pourcasser le SAR, la baisse des impôtssur les sociétés à 15 %, négocier di-rectement avec les pays voisins desconventions pour l'utilisation desfonds du programme INTERREG-OI.

Alignement sur lemoins-disant fiscal

Il est à noter que cette discussions'est faite sans la présence de Jean-Paul Virapoullé, un des plus fer-vents partisans de l'immobilismeinstitutionnel. Fabienne Couapel-Sauret s'est chargée de justifiercette absence. Le vice-président dela Région est en voyage à Bruxellespour rencontrer la Commission eu-ropéenne.Au cours du débat, l'opposition a re-pris à son compte l'argumentationdéveloppée 7 jours auparavant parPaul Vergès en marge de laconférence de coopération régio-nale. Pourquoi demander le droit àl'expérimentation alors que l'on estopposé à la suppression de l'alinéa5 de l'article 73 de la Constitution ?En effet, cet alinéa glissé dans letexte d'une réforme constitution-nelle par Jean-Paul Virapoullé inter-

dit à La Réunion d'adapter les lois etrèglements. Or, ce que demande Di-dier Robert, ce sont justement deslois péi tant redoutées par celui quiest devenu depuis un de ses vice-présidents.L'opposition ajoute également quel'expérimentation répond à des cri-tères bien précis : une durée limitée,une évaluation puis une applicationdans le droit commun. C'est ce quis'est passé notamment pour le RSA.Autrement dit, pour qu'ellespuissent s'inscrire dans la durée, lestrois expérimentations législativesdemandées par la Région Réuniondevront alors s'appliquer à tous lesConseils régionaux de France. C'estpourquoi que Thierry Robert etLéopoldine Settama craignent quecette demande soit refusée. DidierRobert aura alors beau jeu derendre le gouvernement coupablede ses turpitudes.Fabienne Couapel-Sauret indiqueque cette demande d'expérimenta-tion a pour but d'éviter le débatinstitutionnel : « nous n'en voulonspas car c'est un débat stérile ».En conclusion, Didier Robert an-nonce que le Premier ministre lui afait part de sa bienveillance sur ceprojet, et il justifie la baisse des im-pôts payés par les sociétés par letransfert du siège social de sociétéréunionnaises à Maurice. Le pré-sident de la Région oublie de direque la fiscalité n'est pas le facteurde délocalisation. Quand ColgatePalmolive a décidé de fermer l'usinede la SIB à La Réunion, c'était pourdélocaliser la production en France,où le niveau des taxes n'est pas infé-rieur à celui de La Réunion. Parailleurs, les sociétés qui décident dedélocaliser à Maurice le font notam-ment pour les salaires moins élevés.Seule la majorité a voté pour cetteproposition de loi d'expérimenta-tion.

Chute de la partdes investissements

Le deuxième point à l'ordre du jourétait le budget primitif 2016. Il estmarqué par un recul de l'investisse-ment et une augmentation du fonc-tionnement. La Région prévoit doncde consacrer 60 % de ses dépensesà l'investissement, et 40 % au fonc-tionnement. Rendant indirectementun hommage appuyé à Paul Vergès,Huguette Bello a déclaré que jamaisla Région n'a eu une part consacréeà l'investissement aussi faible. Re-prenant les arguments déployéspendant 5 ans par l'Alliance, l'ac-tuelle opposition a fustigé l'inflationdes dépenses de fonctionnement.Elle constate que pour tenir sespromesses de campagne, Didier Ro-bert fait passer les Réunionnais à lacaisse. De son point de vue, le déra-page des dépenses de fonctionne-ment rend difficile la tenue desengagements sur lesquels la majori-té s'est faite élire.Les années précédentes, la RégionRéunion présidée par Didier Roberta souvent eu recours à des déci-sions modificatives pour corriger lebudget en cours d'année afin no-tamment d'augmenter les subven-tions. Le président de la Région apromis une extension de la subven-tion versée au nom de la « continui-té territoriale » à une partie despersonnes vivant en France, sousréserve de répondre à certains cri-tères. Les conseillers régionaux au-ront donc sans doute l'occasioncette année de discuter encore dubudget.

M.M.

Assemblée plénière en l'absence de Jean-Paul Virapoullé

La Région Réunion demanded'expérimenter les lois péiAdresser au gouvernement une demande d'expérimentation au droitcommun dans trois domaines et le budget primitif de 2016 étaient à l'ordredu jour de la séance plénière hier à la Région.

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- 7POLITIQUETÉMOIGNAGES DES 30 AVRIL ET 1ER MAI 2016

L a séance plénière du Conseilrégional a commencé par lalecture de nombreuses mo-

tions. Joé Bédier a présenté un textepour la pleine application des ali-néas 2 et 3 de l'article 73, afin queLa Réunion puisse adapter les lois. Ildemande donc que les élus s'asso-cient à la démarche visant à sup-primer l'alinéa 5 de l'article 73.Motion renvoyé en commission sec-torielle.Thierry Robert a ensuite lu une mo-tion demandant d'annuler la haussede 30 % de la taxe sur les immatricu-lations. Il souligne en effet que cen'est pas aux Réunionnais de payerla faillite de la Région dans la poli-tique des transports, qui oblige àl'achat de voitures du fait del'absence d'alternatives crédibles.

Le conseiller d'opposition affirmeque l'on a tout fait pour pousser lesRéunionnais aux tout-voiture, avecNRL notamment. Or, les voiturescoûtent plus cher, ainsi que lespièces détachées. Il estime donc defaire plutôt des économies sur lefonctionnement, arrêter avec lesfêtes et les opérations « bat'carré ».Didier Robert a donné suite à la de-mande d'urgence au sujet de cettemotion. Le débat obligatoire qui asuivi a permis de constater la divi-sion de l'opposition.Jean-Alain Cadet, représentant desVerts dans le groupe Bello-Annette,a donné sa position. Il ne s'est pasopposé à l'augmentation, avançantmême des propositions pour l'utili-sation de cette hausse des impôts. Ila demandé que le produit de la

hausse de la taxe soit fléché vers lestransports collectifs, les pistes cy-clables et la prise en charge d'uneprime pour les salariés qui vont autravail à vélo.Pour sa part, la majorité a défenducette mesure qui va ponctionner en-core les Réunionnais. Car c'est parce moyen que le groupe de DidierRobert dit vouloir compenser labaisse des dotations de l'État.Au moment du vote, seul le groupeLPA a voté pour l'adoption de cettemotion qui visait à supprimer unnouvel impôt. Bello-Annette s'estabstenu, et la majorité s'est opposé.Manifestement sur cette question,Bello-Annette n'a pas semblé trèsmotivé à prendre la défense des in-térêts des contribuables.

Quand Didier Robert ponctionne les automobilistes pourcompenser la baisse des dotations de l'État

Le groupe Bello-Annette refuse des'opposer à la hausse d'un impôtL'augmentation de 30 % de la taxe sur les immatriculations a fait l'objetd'une motion déposée par le groupe LPA, demandant la suppression de ceprojet. Dans sa logique, la majorité a voté contre cette motion. Mais l'oppo-sition s'est divisée. Le groupe Bello-Annette a choisi de laisser faire DidierRobert et s'est abstenu, alors que le groupe LPA a voté pour la suppres-sion de l'augmentation de la taxe.

Le parti de Bello vante«l'expertise des servicesdiplomatiques français»Dans les années 1970, le PCR a initié la coopérationrégionale. Il s'aggissait de nouer des contacts avecdes pays voisins sans demander l'autorisation à Paris.À cette époque, cette démarche du PCR entraînait lespires insultes de la part de la frange la plusréactionnaire de la droite au pouvoir. Aujourd'hui,c'est PLR, le parti de Bello, qui déclare que pour lesrelations avec nos voisins, « nous avons besoin del'expertise des services diplomatiques français.Faisant d'abord nos preuves ».

Si Patricia Profil s'est indignée de l'absence des APEdans les orientations de la Région. Elle a aussi appeléà se tourner plutôt sur Madagascar et le Mozambique,et demandé à aider Mayotte.Mais sur la méthode choisie, le parti de HuguetteBello se tourne clairement vers la France, refusantdonc le droit aux Réunionnais de s'occuper de leursaffaires. C'est sans doute cela qui est le fond del'opposition de groupe de deux élus à la Région à lademande d'une loi d'expérimentation.En effet, l'élue PLR a dit au sujet de la demande denouvelles

compétences pour négocier négociation que « nousavons besoin de l'expertise des servicesdiplomatiques français. Faisant d'abord nos preuves ».Et d'affirmer que « si la France est armée pour menercette politique, ce n'est pas votre cas ». Et de rappelerque le commerce extérieur dépend de l'État etexclusivement de la Commission européenne. Pour laconseillère du parti de Bello, mieux vaut travailler encollaboration avec d'autres collectivités de France :« rapprochez-vous des régions de métropole qui ontdes implantations dans les pays cibles ».Un discours qui conviendra tout à fait aux promoteursparisiens de la France océan Indien, la structure crééepar le gouvernement pour parler à la place desRéunionnais, et dirigée depuis Paris par unambassadeur de France à la coopération régionale.Ces propos renvoient à l'époque où le Particommuniste réunionnais était combattu parce qu'ilvoulait nouer des liens avec les pays voisins sansdemander l'autorisation à Paris. Durant cette période,le pouvoir était dominé par la droite type UDR puisRPR. Les mots ont changé, mais le fond est le même :si Paris n'est pas dans le coup, pas question de laisserdes Réunionnais discuter seuls avec les pays voisins.Le groupe PLR à la Région a repris le flambeau decette idéologie infantilisante.

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Ni fé d’sik lizinn gran-bwa,akoz pa pran do sik la minm ?La proféranss rézyional ? Mi san mwin, kan i prononss lo mo konm si la langdésertin i pouak. Mwin osi, mwin na lo kèr an dé pou sa, mandoné mwin lé anbalans minm, mé an réfléksyon d’mwin minm mi di konm nout sitiasyiond’shomaz lé pli pir kayèr, donkalor pou nou, nout ka pérsonèl, fo fé inléksepsyon. Dopi lo tan nou la sibi la proférans lot koté, koman-koman fotrouv in solisyion.

Néna i di, pou nyabou sobat èk lo shomaz, la proféranss rézyional i pé èt in ti-guiguin solisyon anparmi, pou dot la proférans rézyonal lé or-zé vik notléstari d’zordi i défann, i donn pa nou lo drwa, sépousa pou zoué la d’si fo féin réform, fo siprim in morso d’si lartik 73 nout konstitisyon, konm sala apréva nyabou mèt an plass in léstati va donn a nou lo mwayin d’mwayéné kiswapou lékol, kiswa pou la kiltir, pou lénérzi, zinpo épisa ni ariv pou travay.

An atandan konm nout priorité a nou sé travay pou domoun é konm an kalitédiplom nou na pwin pou èt zalou, dapré sèk mi antan, na pwin in sèl séktèr ifé pèr nout bann marmay. Zistoman pou lèr i rod in diréktèr lopital, mi di a ounéna. I prétan dir, i rèt zis pou lo prézidan sign lo dékré. Konm li la dilotrozour, si néna minm konpétans odrémié pran la minm, donkalor, inkièt pi.In vié dalon la di a mwin “Ni fé d’sik lizinn gran-bwa, akoz pa pran do sik laminm“?

Justin

« La kord i pète koté li lé faye » - In kozman po la routMi rapèl, nana bien lontan, in shanson bann z’étidyan té i fé z’ot z’étid dann Pari l’avé fé. Sonparol téi port dsi la vi dir pou bann z’étidyan é pou bann moun étranj dann gran vil-la. Donkdann shanson-la l’avé in kozman konmsa : « Souvan, la kord i pète koté li lé faye ; Déor lo vanla plui l’asasine solèy ». Pars lé bien vré dann tout z’afèr nana poin for avèk poin fèb é lo kotéké la kord i pé kasé la pa in sogré pou pèrsone, sé l’androi li lé pli izé. Dizon dann toutkékshoz i fo méfyé lo poin fèb : sé lo poin va sèd an promyé, é si na lo shok pou prann sé parraport l’androi-la. Si mi tronp pa, in zour moin la lir dann in liv Mao-tsé-dong : baz dsi outpoin for, mé konpans out poin fèb. Mi pans sa in bon prinsip, in klé pou rouvèr la port losiksé. Ni artrouv !

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