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Je voudrais être heureux

Shaïne Cassim

Ce jeune auteur est né en 1966 à Madagascar. D'origine indienne, Shaïne Cassim vit en France depuis l'âge de sept ans.

Lectrice professionnelle et traductrice pour plusieurs éditeurs de littérature jeunesse, Je voudrais être heureux est son premier livre publié.

Elle adore les histoires pour enfants et a la même hantise que son héros, Antoine !

B e r t r a n d B a t a i l l e

Peintre-illustrateur, membre fondateur du groupe France Illustration, Bertrand Bataille est né en 1948 à Paris. Il partage son temps entre ses travaux personnels et une activité d'illustrateur.

Son univers onirique est très recherché dans la publicité, la presse et l'édition. Il a réalisé de nombreuses illustrations pour des annonceurs prestigieux, pour des titres de presse ou pour des éditeurs.

Bertrand Bataille est également l'auteur de diverses affiches de films et de mani- festations culturelles : le Festival de Cannes, le film Cuisines et Dépendances...

Conc eption graphique de la collection : Les Créations Sauvage.

ECLIPSE

Shaïne Cassim

J e v o u d r a i s

ê t r e h e u r e u x

Couverture illustrée par Bertrand Bataille

HACHETTE

Du MÊME AUTEUR

• Achille aime Joséphine qui aime Paul (qui n'aime personne) (Vertige Atout cœur, Hachette Jeunesse)

(à paraître en mai 1998)

• Ne pas tout dire (Éd. Grasset Jeunesse)

(à paraître en 1998)

© Hachette Livre, 1998

43, quai de Grenelle, 75015 Paris.

À mon frère.

« Pourquoi appelles-tu maman, Nemo ? As-tu mal ?

Voyons, il faut dormir mon chéri ! »

Winsor McCay, Little Nemo

« Mais enfin, qu'est-ce qu'il a ce garçon ?

— Je ne sais pas, Élise, murmure mon père.

— Tu crois, demande ma mère d'une voix hési-

tante, qu'il faut lui donner un médicament ?

— Je ne pense pas, chérie. Nous ne savons même

pas ce qu'il a. »

Ils se sont un peu éloignés de mon lit. Ils parlent à

voix basse. Je les vois près de la fenêtre, éclairés par

le lampadaire de la rue. Ils croient que je dors mais

je les vois en entrouvrant de temps en temps les

yeux. J'ai un peu honte de les observer comme ça, comme un voleur, à moitié caché sous mes couver-

tures. Maman fronce les sourcils, comme lorsqu'elle

lit un livre difficile. Papa se ronge les ongles. Il a

l'air fatigué. Je vois bien qu'ils s'inquiètent mais les

mots ne veulent pas sortir de ma bouche. Mes dents sont très serrées et je tiens mon ventre, fort, avec les deux mains pour qu'il ne me fasse plus souffrir. Ne pas leur dire, surtout ne pas leur dire. Je me répète sans cesse cette phrase. Comme si c'était quelque chose de magique. Ça me rappelle grand-mère lors- qu'elle récite sa prière du soir, là-bas, dans la mai- son de vacances. Je la vois comme si elle était là, à genoux, au pied du lit. Les yeux fermés et les mains jointes. Ses lèvres remuent à peine, elle a un joli sou- rire. Qu'est-ce qu'elle peut bien demander au Bon Dieu? Elle a dit que c'était son secret. Moi aussi j'ai un secret maintenant, la différence c'est que j'aurais préféré ne pas en avoir.

« On est demain », dit la voix de maman. J'ouvre les yeux. Elle est en train de tirer le rideau.

Elle vient s'asseoir au bord de mon lit. Elle m'em- brasse et me montre mon bol de lait sur la table de

nuit. Ses yeux veulent me dire quelque chose. Mon cœur bat vite. J'ai peur de ce qu'elle va me dire.

« Écoute, Antoine, j'ai appelé le docteur. — Non ! »

J'ai parlé sans le vouloir. J'ai la tête qui tourne. Maman bouge, comme si elle volait dans la pièce. Tout se met à danser dans ma chambre. J'entends

maman, comme si elle me parlait de très loin. Elle

dit quelques mots en se penchant vers moi. Son

visage me semble énorme. Sa bouche s'approche de

moi et son baiser sur ma joue fait un bruit horrible. Puis tout redevient normal.

« Chéri, ce n'est pas possible d'avoir mal au ventre

comme ça. Le docteur va te soigner. Il ne te fera pas de mal.

— Et si... et s'il ne trouve rien ? »

C'est ce que j'espère, qu'il ne trouve rien. Surtout

que personne ne sache. J'ai la bouche toute sèche,

comme quand je me réveille d'un cauchemar.

Maman est surprise. Elle me regarde, soupire. « Nous verrons dans ce cas.

— Il vient quand ?

— Ce soir. Après les cours. Papa sera rentré. Il restera avec toi. »

J'ai pensé au docteur Albert. Toute la journée. Et

à mes parents aussi. Papa. Maman. Pierre. Élise. J'ai

répété leur prénom dans ma tête. Ça fait un drôle

d'effet. Comme s'ils étaient des étrangers. C'est la

première fois qu'il y a quelque chose que je ne peux

pas leur dire. Un secret terrible.

À la cantine, j'ai eu la nausée, mais je crois que per-

sonne ne l'a remarqué. Je me suis levé et j'ai couru m'enfermer dans les W.-C. L'infirmière passait dans

le couloir au moment où je sortais. J'ai refermé la

porte et je suis vite retourné me cacher dans les toi-

lettes. J'ai eu peur qu'elle me demande ce que j'avais.

À cinq heures, papa a tourné la clé dans la porte. Je sais qu'il pose d'abord son cartable dans l'entrée. Je l'ai entendu arriver dans la cuisine. Il sifflote. Ça veut dire qu'il est de bonne humeur.

« Bonjour, mon Antoine. On goûte ? » Il me fait un bisou en passant. Il sort des carrés de

chocolat et met du lait à chauffer dans la casserole.

Il verse toute la bouteille. Papa réchauffe toujours toute la bouteille de lait. Souvent maman fait sem-

blant de le gronder. « Mais enfin, Pierre ! Pourquoi as-tu besoin de

tout ce lait ?

— Comment ? répond toujours papa d'un air distrait. — Rien », dit alors maman.

Et elle le regarde, en penchant un peu la tête de côté. C'est toujours ce qu'elle fait quand elle écoute attentivement ou quand elle s'apprête à nous sou-

rire et à nous embrasser. C'est sa manière de nous

dire qu'elle est bien avec nous. Qu'elle nous aime. « Tu ne prends pas de chocolat ? questionne papa

surpris. — Non, merci. J'ai pas faim. J'évite son regard. Il arrête de lire son journal. Je

sens qu'il me regarde encore et puis il pousse un gros soupir. Vite, vite ! Il faut que je lui pose une question.

« Comment ça va à la banque ? — Toi, tu me fais penser à ta mère ! Elle me

demande toujours ça quand elle ne veut pas que moi, je la questionne. Alors ? Quelle est la question que tu n'as pas envie que je te pose ? »

Je m'oblige à le regarder en face. Ne pas baisser les yeux. Mon père pense que quoi qu'on ait à dire à quelqu'un, surtout si on n'est pas d'accord avec lui, on doit toujours lui faire face. « C'est le mini- mum qu'on puisse faire pour soi et pour l'autre », dit-il. J'essaie vite de trouver quelque chose.

« La question que je n'ai pas envie que tu me poses c'est : "Comment ça va au collège?" »

Il éclate de rire. Un grand rire où je vois ses dents blanches. Je suis jaloux, il n'a rien lui, il est en bonne santé. La blancheur de ses dents, ses belles dents

parfaitement alignées me donnent le vertige. Je serre très fort les mâchoires et vite, je tiens mon ventre. Il

ne remarque rien.

Je suis allongé sur le canapé du salon. Papa dis- cute avec le docteur Albert. J'ai encore le froid du

stéthoscope sur la poitrine. Les gros sourcils du docteur penchés vers moi. Je me suis demandé s'il ne faisait pas exprès de les ébouriffer. Comme ça,

pour avoir l'air d'un vrai docteur. Je suis soulagé parce qu'il n'a rien découvert.

Maintenant, il rédige son ordonnance. Papa me fait un clin d'œil.

Je respire. Ils ne savent rien. « Au revoir docteur. »

La porte se referme et papa revient. Il s'assied à

côté de moi et prend ma tête sur ses genoux. « Tu sais, tu n'as rien de bien grave. Tu es un peu

tendu, alors ton ventre se tord et fait des nœuds. On

appelle ça des crampes. Ça arrive à tout le monde. »

J'ai brusquement envie de crier. De lui dire que ce n'est pas vrai. Que je sais ce que j'ai. Vite, il faut parler d'autre chose. Qu'est-ce que je pourrais dire ?

« Papa ?

— Oui?

— Tu me fais un massage de tête ? — Si tu veux. »

Papa est très fort en massage de tête. Il se penche. Il me regarde de près. Nos têtes se touchent presque. Des fois, maman s'allonge sur ses genoux et le supplie en roulant des yeux :

« Oh, mon amour, j'ai une migraine épouvantable. Fais-moi ton fameux massage.

— Comme vous voudrez, ma chère. » Et papa, très sérieux, passe ses doigts sur le crâne

de maman. Petit à petit, elle se met à ronronner comme un chat. Puis, très vite, ils se mettent à rire parce que maman a les cheveux très longs et, au bout d'un moment, on ne voit plus son visage. Après elle rouspète en riant parce qu'il y a des nœuds partout.

« Voilà ! Je n'ai plus de migraine mais mes che- veux sont dans un état !

— Sorcière ! hurle papa en ouvrant de grands yeux terrifiés. Balai-brosse ! Laideron ! Repoussoir ! »

Ils se lancent alors toutes sortes d'injures pour rire. J'aime bien les week-ends parce qu'ils sont là tous les deux. Ils parlent, ils jouent aux échecs, ils racontent des blagues, ils essaient des nouvelles recettes de cuisine. Ils courent dans tous les sens,

pour passer l'aspirateur, prendre des bains et faire un tas de désordre. C'est comme si c'étaient eux les

enfants. Et puis surtout, j'ai l'impression que je suis moins seul. Comme si je n'étais pas fils unique.

Maman est rentrée vers huit heures. Elle s'est lais-

sée tomber sur le canapé. Tout de suite, elle s'est tournée vers moi.

« Comment ça va ? me demande-t-elle. — Ça va.

— Albert a dit qu'il avait des crampes de contra- riété », explique papa.

Il tend un verre à maman.

« Voilà ton whisky du vendredi », dit-il en s'in- clinant.

Elle lui sourit et lui envoie un baiser du bout des

doigts. Après, elle me regarde. Elle a l'air triste. Elle

se lève et s'agenouille en face de moi. Elle attrape mes jambes et les serre contre elle. Comme si elle

avait peur que je me sauve.

« Dis-moi, Antoine ! Dis-moi ce que tu as. » Je suis un peu gêné. Je sens au fond de moi comme

un chagrin affreux ; je crois que je ne serai jamais quelqu'un de courageux.

Et puis elle, elle a des petites larmes au coin des yeux. Je la serre dans mes bras et, les yeux fermés, je

respire son parfum. Soudain, j'entends une excla- mation. C'est papa. Il est assis sur le canapé en face de moi.

« Dis donc mon vieux, c'est ma fiancée ! Pas la tienne ! »

Il a un air furieux et fait une horrible grimace. Maman rit.

« Allez ! On va dîner ! dit-elle en se levant. Qu'est-

ce que vous voulez manger ? crie-t-elle de la cuisine. — Rien de ce qu'il y a dans ce frigo en tout cas ! »

lance papa. Maman revient dans le salon en fronçant les

sourcils. « Dis donc toi ! »

Papa a pris sa veste. Il la met et se recoiffe devant la glace de l'entrée. Il se tourne vers nous.

« Alors? Je vous attends, moi! On va être en retard.

— J'ai compris ! » s'exclame maman toute joyeuse. Elle grimpe quatre à quatre les escaliers en hurlant : « On va se faire inviter au restaurant par Pierre. » Moi, ça me fait froid dans le dos. Aller au restau-

rant c'était ce qu'il pouvait m'arriver de pire.

Dans la voiture, je me cale bien au fond du siège. Je vois les cheveux roux de maman qui s'étalent sur ses épaules. Ils ont des reflets rouges par moments. Papa au contraire a des cheveux bien courts, ils sont noirs avec des fils blancs un peu partout. J'ai un peu la nausée. Je n'aime pas la voiture. Le chauffage me donne mal au cœur. Quand papa roule trop vite, j'ai envie de hurler. Alors j'enfonce mes ongles dans la paume de ma main pour m'en empêcher.

Lorsque je ferme les yeux, j'imagine toujours un grave accident, j'entends déjà les pneus crisser, les hurlements, comme dans les films qu'on voit à la télé. Tout me fait peur. Je suis un lâche.

Maman a envie d'une bonne bouteille de vin. Papa lui sourit et hoche la tête. Ils sont presque toujours d'accord, ils ne se disputent jamais. Ils s'aiment, ils m'aiment, ils sont heureux. Mon copain Stéphane dit souvent : « Oh, tes parents, ils sont super ! » Il est tout content de venir chez moi quand je l'invite. Peut-être parce qu'il n'est pas bien avec ses parents. Un jour, je lui ai demandé ce qu'ils faisaient pour les vacances de Noël. Il m'a répondu : « Laisse tom- ber. » Ils doivent être terriblement bien, mes

parents. Ou peut-être que les siens sont vraiment mauvais !

Ils me regardent tous les deux. Ils ont dû me demander quelque chose que je n'ai pas entendu.

« Chéri, ton père te parle, dit maman. — Pardon, je n'ai pas écouté. — Je te demande si tu veux toujours être astro-

naute. — Non.

— Alors qu'est-ce que tu veux faire ? — Je ne sais pas. » J'hésite. Je n'ai jamais eu d'envie précise. J'ai dit

« astronaute » pour faire comme Stéphane. Pour qu'on ne me pose plus la question. Et puis pour l'instant, ce qui me fait de la peine c'est de mentir. De ne pas leur avouer que je sais ce qui me rend malade. Alors sans réfléchir, je dis tout à coup, parce que ça me semble évident :

«Je voudrais être heureux. » Maman regarde papa qui plonge brusquement

sous la table pour refaire son lacet. Puis elle attrape son verre et boit une gorgée de vin en regardant ailleurs. Papa me dit d'une drôle de voix que c'est une belle réponse.

J'ai l'impression que j'ai fait une gaffe mais je ne sais pas p o u r q u o i .

Cette nuit, j'ai eu mal à hurler. Je me suis levé et j'ai pris le flacon de clous de girofle dans la cuisine. J'en ai mâché deux ou trois. J'ai lu dans le magazine de maman que ça calmait la douleur. J'ai réfléchi et je me suis dit qu'il fallait que je parle à quelqu'un. J'avais peur de devenir fou. Mais à qui ? Stéphane se moquerait de moi. Papa et maman se fâcheraient. « Pourquoi as-tu fait une chose pareille ? » diraient- ils. J'ai alors décidé de téléphoner à mon parrain. Il est professeur de mathématiques dans le même lycée que maman. « Mais Élise, c'est une littéraire ! » dit-il tout le temps avec une grimace de dégoût. Quand il m'explique des choses que je ne comprends pas, il ne crie jamais. Il fait tout son possible pour que je com- prenne. Après, il est tout content, encore plus que moi. Peut-être pourrait-il comprendre le garçon que je suis, cette fois. Et puis il s'appelle Antoine lui aussi.

En rentrant du collège, j'ai tourné en rond. À cinq heures, j'ai composé son numéro.

« Allô ? a-t-il dit.

— C'est moi, ai-je répondu bêtement. — Enchanté. Mais comment t'appelles-tu ? — Antoine.

— Ah, c'est toi ! je croyais que c'était un de mes élèves. Comment ça va ?

— Moyen. — Tu n'es pas malade au moins ? s'est-il inquiété. — Enfin, non. Oui. » J'ai bredouillé. J'ai entendu une clé tourner dans

la porte. J'ai dit précipitamment : « Je te rappelle » et j'ai raccroché. C'était maman.

« Salut. Je suis gelée. » Elle a passé sa main sur son front. Elle frissonnait.

Ses joues étaient rouges alors qu'il faisait plutôt froid dans la maison.

« Tu es malade, maman ? — J'ai un rhume je crois. C'est bien le moment, a-

t-elle soupiré. Bon, je vais me mettre au lit. » Elle n'a même pas enlevé son manteau. Elle est

montée lentement en se tenant à la rampe alors que d'habitude elle monte et descend les marches quatre à quatre. Pour se moquer d'elle, papa dit toujours : « Ah ! Voilà mon troupeau d'éléphants favori. » De dos, en tenant la rampe comme ça, j'ai trouvé qu'elle aurait pu être une très vieille dame.

Je suis monté lui apporter du thé. Elle était cou- chée et avait remonté les couvertures par-dessus sa tête.

Papa s'est relevé à demi, il avait de la mousse sur le menton qui lui donnait l'air d'avoir une barbi-

chette. Il a secoué la tête en levant les yeux au ciel. « Ça te fait très mal ? — Non, un peu.

— Tu as des médicaments à prendre ? — Oui.

— Quelle histoire, mon pauvre vieux ! C'était pas plus simple de le dire ? »

Là, j'ai respiré à fond et j'ai dit en le regardant droit dans les yeux :

« Non. C'est la peur d'avoir peur. On ne peut la

dire à personne. » Il a semblé complètement éberlué. Maintenant

que je l'avais dit, je me sentais mieux. « Et pourquoi ? a-t-il demandé d'une voix douce. — Je ne sais pas. — Il n'y a pas de quoi se rendre malade. » Il a plongé un peu plus dans son bain. Il regardait

les carreaux en face de lui, fixement. Je me deman-

dais quoi faire. Il avait l'air vieux. « Tu te souviens, au restaurant l'autre jour? — Quoi ?

— Je t'ai demandé ce que tu voulais faire plus tard et tu m'as répondu : "Je voudrais être heureux"

J'étais très fier de toi ce soir-là. Mais je ne savais pas bien comment te le dire. Tu sais, souvent quand on ne parle pas beaucoup, c'est que... c'est qu'on ne sait pas très bien comment dire les choses. Mais je serai toujours là. Tant que tu auras besoin de moi. »

J'ai regardé papa. Il souriait. J'ai senti que j'étais heu... enfin que ça allait. Là maintenant, sans rien dire. Juste avec lui.

Après je suis allé dans ma chambre. Je pensais à tout ce qui s'était passé depuis quelques jours. Maintenant, je me sentais différent. D'un coup. J'avais envie de parler, de rire et de manger surtout. Je ne sais pas très bien pourquoi. J'étais le même Antoine qu'avant, mais bizarrement, depuis quelques jours j'étais devenu quelqu'un d'autre. J'ai ouvert les yeux; j'étais allongé sur mon lit. Je me suis assis. J'ai regardé ma chambre. Je me suis levé et j'ai allumé. J'ai décroché les posters d'astro- nautes, j'ai rangé les maquettes d'avions dans mon placard. J'avais envie de changer mon lit de place. J'entendais maman en bas qui s'agitait dans la cui- sine. Je me demandais ce qu'on allait manger quand elle a appelé :