info-réseau 68 - regiedequartier.org · avec les acteurs partenaires • octobre rose –...

12
Éditorial I n f o - R é s e a u Journal d’information du Comité National de Liaison des Régies de Quartier Juillet 2016 «L es problèmes d’accès à un logement dont souffrent les jeunes, accès pourtant indispensable à leur autonomie, ne trouvent pas de réponses globales satisfaisantes dans les politiques de logement aujourd’hui. Ni le système actuel des aides, ni le Fonds de garantie des risques locatifs ne permettent à ceux dont les ressources sont très modestes de dépasser toutes les contraintes liées à une location et d’accéder à un logement. La réussite de l’insertion professionnelle des jeunes ne peut pas être dissociée d’une insertion sociale accomplie. Ce sont ceux qui, par manque de qualification, ont le plus de difficultés à trouver un emploi, qui sont les plus pénalisés dans la recherche d’un logement. Des propositions concrètes existent, qui mériteraient de faire l’objet de mesures concertées entre les bailleurs sociaux, l’État et les collectivités territoriales, notamment : revoir les aides financières afin de garantir aux jeunes un reste à vivre suffisant, déve- lopper une offre de logement temporaire et abordable, ou bien de petite taille dans le parc très social. N’est-il pas temps qu’une volonté politique commune se saisisse de cette problématique ? Clotilde Bréaud, présidente du CNLRQ « Une parole politique pour un mieux vivre ensemble » Assises nationales des Régies de Quartier et des Régies de Territoire, Bron 9/11/2010 www.regiedequartier.org

Upload: letuyen

Post on 13-Sep-2018

213 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Éditorial

• • • EEENNN DIRDIRDIREEECTCTCT DDDEEESSS RRRÉGIÉGIÉGIEEESSS

• • • EEENTRNTRNTREEETITITIEEENNN

Les Régies Les Régies Les Régies Les Régies Les Régies Les Régies au cœur de au cœur de au cœur de au cœur de au cœur de au cœur deLes Régies au cœur deLes Régies Les Régies Les Régies au cœur deLes Régies au cœur deLes Régies au cœur deLes Régies Les Régies Les Régies au cœur deLes Régies

l’innovationl’innovationl’innovationsocialesocialesocialel’innovationsocialel’innovationl’innovationl’innovationsocialel’innovationsocialel’innovationsocialel’innovationl’innovationl’innovationsocialel’innovation

Info-RéseauJournal d’information du Comité National de Liaison des Régies de Quartier Juil let 2016

686868

«L es problèmes d’accès à un logement dont souffrent les

jeunes, accès pourtant indispensable à leur autonomie, ne trouvent pas de réponses globales satisfaisantes dans les politiques de logement aujourd’hui. Ni le système actuel des aides, ni le Fonds de garantie des risques locatifs ne permettent à ceux dont les ressources sont très modestes de dépasser toutes les contraintes liées à une location et d’accéder à un logement.

La réussite de l’insertion professionnelle des jeunes ne peut pas être dissociée d’une insertion sociale accomplie. Ce sont ceux qui, par manque de qualification, ont le plus de difficultés à trouver un emploi, qui sont les plus pénalisés dans la recherche d’un logement.

Des propositions concrètes existent, qui mériteraient de faire l’objet de mesures concertées entre les bailleurs sociaux, l’État et les collectivités territoriales, notamment : revoir les aides financières afin de garantir aux jeunes un reste à vivre suffisant, déve-lopper une offre de logement temporaire et abordable, ou bien de petite taille dans le parc très social. N’est-il pas temps qu’une volonté politique commune se saisisse de cette problématique ?

Clotilde Bréaud, présidente du CNLRQ

« Une parole politique pour un mieux vivre ensemble » • Assises nationales des Régies de Quartier et des Régies de Territoire, Bron 9/11/2010 www.regiedequartier.org

2 Info-Réseau N° 68

En direct des Régies

À 19 ans, comme beaucoup à son âge, François Don Navarro n’a

pas l’expérience demandée par les employeurs… ce ne sont pas les stages de mécanique automobile qu’il a effectués qui pourraient ouvrir ces portes fermées de l’emploi à temps plein. Le directeur de la Régie de Rochefort, Nicolas Cossard-Sparacino, a voulu s’appuyer sur les contrats Emploi d’avenir. Les jeux vidéos constituent l’essentiel des occupa-tions de François, mais à la naissance de

sa fille, il reprend contact avec la Mission locale : il veut travailler et gagner de l’argent pour pouvoir l’élever. Il y a trois ans, il entre à la Régie pour un Emploi-vacances, puis, après un entretien avec six autres jeunes, en contrat Emploi d’avenir. Les débuts à la Régie sont chao-tiques parce qu’il lui faut réapprendre à se plier à des exigences d’horaires, de hiérarchie, à se respecter, à respecter les autres et leur travail. François « voyage » à travers les activités de base de la Régie, comme tous les salariés : répurgation, entretien des espaces verts et second œuvre. Sur les chantiers de remise en état des transformateurs ERDF, François prend goût à la vie sociale avec les collègues, et à son travail… Il gère même quelques chantiers seul sous la houlette bienveillante d’Yves Conant, le coordinateur technique. Épaulé par Sylvie Rousselin-Durand, la coordonna-trice sociale de la Régie, qui monte pour lui les dossiers, il effectue une formation diplômante en peinture à l’Afpa. Il passe les épreuves, mais échoue la première fois. La Régie finance sur ses fonds propres une seconde fois par conviction : « La victoire, c’est qu’il a eu le courage de recommen-cer, de mettre son orgueil de côté, de voir

la confiance que nous avions mise en lui et de repasser son diplôme. Et il l’a eu ! », raconte Yves. François acquiesce, fier de ce qu’il a accompli : « Sans la Régie, je n’aurais pas pu y arriver. Il faut regarder

pour soi-même ce qui est intéressant. Petit à petit, on prend confiance en soi. Tous les jours c’est différent. J’ai appris à faire de la maçonnerie, à nettoyer après avoir travaillé pour laisser un endroit propre et utilisable. J’ai même mes propres outils. » Pour Yves, « le problème le plus courant est que les jeunes ne peuvent pas savoir ce dont ils ont envie, il faudrait qu’ils puissent voir plusieurs métiers pour pouvoir choisir. Ils sont souvent sortis du milieu scolaire, vivent chez leurs parents et n’ont pas de responsabilités. Ils n’ont même pas à se prendre en charge eux-mêmes. L’important, c’est de trouver une motivation pour travailler… c’est le cas des quatre jeunes employés à la Régie grâce à ce dispositif. » « Un cinquième sera recruté très bientôt. L’accompagnement de la Régie a porté ses fruits ne serait-ce que parce que François sait ce qu’il veut faire de sa vie », conclut Nicolas Cossard-Sparacino. n

La Régie de Quartier de Rochefort (17) c’est aussi :• 64 salariés dont 17 en CDI, 46 ETP (équivalent temps plein) et 4 EA (Emploi d’avenir) dont 2 avec reconnaissance handicapé • Bâtiment, second œuvre, petite maçonnerie, ménage • Formation SST (Sauveteur Secouriste au Travail) pour tous les salariés • Cours informatique pour les sala-riés et le quartier • 2 Adultes-Relais en médiation et sensibi-lisation au tri • Référente au sein d’Iris (Initiative Régionale pour l’Insertion et la Solidarité) sur la lutte contre les discri-minations • Accès aux droits • Management participatif • Atelier socio-esthétique tous les 15 jours gratuit pour les salariés • Subvention de la Région pour la réduction du stress et de la pénibilité au travail • Rencontres mensuelles avec les acteurs partenaires • Octobre Rose – promotion du dépistage du cancer du sein • Participation aux Conseils citoyens, aux Ateliers Santé Ville.

Pour les jeunes, le plus difficile est d’obtenir une première expérience professionnelle. Le CNLRQ, en approuvant tout l’intérêt du dispositif Emploi d’avenir, s’est engagé auprès du gouvernement pour que les Régies de Quartier et de Territoire puissent développer un programme de recours à ce type de contrat. Pendant trois ans, les jeunes travaillent, bénéficient d’une formation correspondant à leur projet de vie et sont rémunérés pendant cette durée. Témoignage à la Régie de Quartier de Rochefort (17).

Emploi d’avenir, portrait à Rochefort (17)

« L’important, c’est de trouver une motivation pour travailler… »

• Nicolas Cossard-Sparacino, directeur • Sylvie Rousselin-Durand, coordinatrice sociale • François Don Navarro, jeune employé en contrat d’Avenir • Yves Conant, coordinateur technique.

Phot

os :

© S

. Car

don-

CNLR

Q

Info-Réseau N° 68 3

En direct des Régies

Organisé le long d’un chemin pentu, dans la Combe des Mineurs, le jardin exploité par la Régie de Territoire du Creusot est installé sur l‘ancien crassier, dépotoir de la mine dont le sol reste pollué. Comment aérer la terre en aérant les têtes ?

Jardin à tout bout de champ au Creusot (71)

• Promenade dans la Combe des Mineurs • Les parterres cultivés en paliers et en « lasagnes » • La « zone de vie ».

Dominique Cornet, encadrant technique et trois salariés de la Régie.

Christian Revenu, le directeur de la Régie.

Phot

os :

© S

. Car

don-

CNLR

Q

L es 14 000 m2 attribués par la Ville, dont pour l’instant 2 500 m2 sont culti-

vés, se déroulent en une promenade en paliers. La terre cultivée a été réoxygénée par des couches vertes (tonte, feuilles…) et brunes (branches…) en alternance, la culture en « lasagnes ». D’autres terrains ont également été proposés en contrat à la Régie par des voisins qui n’arrivaient pas à les entretenir. Le jardin est un support

pour motiver des personnes très éloi-gnées de l’emploi à retravailler. Chacun mûrit son projet au rythme des saisons, réintègre le cadre des horaires et reprend les automatismes du travail. La configura-tion du terrain se prête à la mise en place d’espaces différents à fonctions diverses : un espace bordé de petites haies pour des fleurs, quelques parcelles cultivées, puis l’espace du composteur, l’emplace-ment de la petite serre, la grande serre,

plus loin, les ruches, l’hôtel à insectes, le nichoir, les arbres fruitiers plantés en par-tenariat avec une association pour préser-ver les espèces anciennes… Dominique Cornet, l’encadrant technique du jardin, recherche tous les moyens de vulgariser ses connaissances auprès des salariés et de les mettre en application, toujours dans le but pédagogique de favoriser l’estime de soi et le retour à une vie sociale. Par

exemple, la nouvelle ruche est installée dans un souci écologique mais également pour aider les

personnes à gérer leurs peurs. La variété des lieux permet une variété d’activités : on apprend à bécher, biner, planter mais aussi bricoler, préparer les paniers, recon-naître les plantes, les fruits, les insectes, les oiseaux… La philosophie est de privilégier au maximum des méthodes biologiques et l’expérimentation pour ouvrir l’esprit des salariés à d’autres savoirs. L’aire de compostage est alimentée par les rive-rains et les surplus de grandes surfaces.

La « zone de vie » et le hangar où rutilent le nouveau tracteur et ses outils sont construits par les sala-riés en dur à l’aide de matériaux de récupé-ration : vestiaires, salle de réunion, légumerie de stockage pour les paniers des 160 adhé-rents tous les 15 jours. Les peintures de revê-tement sont fabriquées sur place avec de la farine et des colorants naturels. Une dizaine de salariés est employée dans ce jardin en devenir et en mouvements. « Ce qui est formidable dans une Régie c’est l’étendue des compétences qui y sont rassemblées… » s’émer-veille encore Christian Revenu, le direc-teur de la Régie. Par sa disposition et son fonctionnement pluridisciplinaire, ce jardin unique ouvre des horizons multiples. n

« Ce jardin unique ouvre des horizons multiples. »

La Régie de Territoire du Creusot (71) c’est aussi :• 101 salariés dont 74 salariés en insertion (CUI, CDDI, Emplois d’avenir), 27 salariés en CDI • Activités de ménage, d’entretien des espaces verts et de second œuvre • Laverie semi-professionnelle ouverte à tous • Service de couture • Atelier informatique, « L’ami Mollette » • Plateforme mobilité pour les emplois d’insertion avec 10 scooters, 1 vélo et une possibilité d’accompagnement des personnes sans permis • Ateliers manuels, discussion-café • Atelier coiffure tous les 2 mois • Partenariats avec : la Scène nationale l’ARC pour spectacles à prix réduits, le département social de la Ville pour des actions sorties et découverte, l’Opac pour des

Chantiers Jeunes, la MJC pour un projet sur la citoyenneté.

4 Info-Réseau N° 68

L e projet des Régies de Quartier et de Territoire constitue en lui-même un exemple original d’inno-vation sociale. Statutairement, une Régie organise la

gestion associative en donnant une position centrale à la participation des habitants conjointement avec les parte-naires, notamment les élus des Collectivités Territoriales et les bailleurs sociaux.

L’ancrage sur le territoire, c’est-à-dire cette attention spé-cifique à l’expression et à l’écoute des habitants, salariés ou bénévoles, sur les projets qui les concernent directe-ment, permet aux Régies de co-construire des activités et des modes opératoires répondant à leurs besoins.

À Tours, Régie Plus a eu l’idée de s’appuyer sur la méthode de l’organisation d’un repas partagé pour enclencher une démarche de recherche d’emploi. Par le travail réfléchi en commun sur les étapes de la préparation d’un repas, les femmes ont pu expérimenter une méthode de projet et leur capacité à le réaliser. La lutte contre l’isolement social et la compréhension de la culture du pays d’accueil sont des facteurs essentiels de leur accès à l’autonomie sociale.

Faire avec les habitants, porter des activités adaptées au plus près des besoins du territoire, tel est le sens de l’innovation qui est constitutif du projet des Régies. n

Le Dossier

Les Régies Les Régies Les Régies Les Régies Les Régies Les Régies au cœur deau cœur deau cœur deLes Régies au cœur deLes Régies Les Régies Les Régies au cœur deLes Régies au cœur deLes Régies au cœur deLes Régies Les Régies Les Régies au cœur deLes Régies

l’innovationl’innovationl’innovationsocialesocialesocialel’innovationsocialel’innovationl’innovationl’innovationsocialel’innovationsocialel’innovationsocialel’innovationl’innovationl’innovationsocialel’innovation

Info-Réseau N° 68 5

Les Régies au cœur de l’innovation

sociale

Le D

ossi

er

L’innovation sociale est au cœur des missions des Régies de Quartier avant tout pour répondre aux besoins des habitants, mais aussi pour assurer la pérennité économique des Régies.

« Connaître les habitants et être connus d’eux »

Entretien avecJamel Arfi,directeur de la Régie de Quartier de Trélazé (49), membre du Conseil d’administration du CNLRQ

QUELS SONT, POUR LES RÉGIES DE QUARTIER, LES ENJEUX DE L’INNOVA-TION SOCIALE ?Jamel Arfi : Pour rester proches des besoins des habitants de leur terri-toire, les Régies de Quartier doivent être à l’écoute de leurs changements. Elles doivent aussi, en tant qu’entre-prises, suivre la transformation des marchés et des techniques, afin de ne pas être en décalage et être force de proposition. Elles lancent de nou-velles activités répondant aux besoins peu ou pas couverts des habitants, grâce à de l’engineering innovant.Nous venons par exemple de créer, à Trélazé, un centre d’appels. Notre territoire présente l’une des plus grandes concentrations de centres d’appels en France. Nous apportons à huit jeunes les clés et les formations nécessaires dans le cadre d’un par-tenariat avec la Mutualité française. Nous devons impérativement être dans la réflexion, la veille et l’inno-vation économique, technique et de projet. Nous ne pouvons pas nous contenter de gérer uniquement le modèle économique originel des Régies, il faut le consolider et antici-per sur le fait que nous ne pourrons pas tout maintenir. Certains marchés,

comme le nettoyage et les espaces verts, deviennent de plus en plus concurrentiels. Une Régie doit être dynamique pour sécuriser son pro-jet avec un développement mesuré, adapté et pérenne de la structure.

EN QUOI LE LIEN AVEC LES HABI-TANTS FACILITE-T-IL LA RÉUSSITE DES PROJETS ?J. A. : Plus une Régie de Quartier développe sa proximité avec les habi-tants, plus elle en connaît et mesure les besoins, expri-més ou non. C’est son expertise. Qui intervient pour aider une personne âgée isolée à changer une ampoule ? Qui va à la rencontre d’un jeune qui a quitté sa scolarité en seconde ? Qui sait quels sont les réels besoins d’équipements dans le quartier ? Nous sommes souvent les principaux acteurs du quartier en capacité d’identifier une demande et de créer des projets y répondant. Leur réussite dépend alors autant de la connaissance des habitants que du fait d’être connus d’eux, car ils ont besoin de savoir que leur parole sera prise en compte.

COMMENT LE COMITÉ NATIONAL DE LIAISON DES RÉGIES DE QUARTIER FAVORISE-T-IL L’INNOVATION SOCIALE ?J. A. : Les Régies ont toute auto-nomie pour innover de nouvelles formes d’activités, le seul préa-lable étant le respect de la Charte. Le CNLRQ peut être force de proposition. À l’écoute des actions innovantes, il peut les évaluer et les conforter. En appréciant la pertinence d’une innovation locale,

il peut procéder alors à sa modé-lisation, à la réalisation de fiches techniques et à leur diffusion dans le Réseau. Le cas échéant, il met en œuvre des formations et initie des partena-riats financiers nationaux avec des ministères, la Caisse des dépôts et consignations, des fondations ou des entreprises comme ERDF, afin de faciliter l’accès des Régies à certains dispositifs et financements. L’innovation sociale est ainsi à la disposition de tous ceux qui le souhaitent. n

« Les habitants ont besoin de savoir qu’on va prendre en compte leur parole. »

6 Info-Réseau N° 68

K eltoum, Samia, Nadège, Hounzaya, Khadra, Atche, Nassira, Aissata, Mirabelle, Laurence, Alida : les onze

femmes réunies autour de cette table du centre social Pluriel(le)s, à Tours, participent à un dispositif qui va les ame-ner vers une vie sociale plus riche, et sans doute vers un emploi. Elles font partie du groupe Trajectoires de femmes, animé par Yamina Chabane, la conseillère en insertion pro-fessionnelle de Régie Plus, la Régie de Quartier du Sanitas. Elles se retrouvent au moins une fois par semaine en ateliers thématiques, pour des visites d’entreprises, ou la préparation d’événements comme des repas partagés avec les salariés de la Régie.

Leur projet professionnel se construit le plus souvent en dehors de la Régie, à partir d’un principe original : « Nous mettons en œuvre une pédagogie nouvelle dans la recherche d’emploi, explique Isabelle Santerre, directrice de Régie Plus. En préparant des repas partagés pour des dizaines de personnes, ces femmes s’immergent dans un projet concret et convivial. La réalisation d’actions pratiques leur per-

mettent d’acquérir des méthodes qu’elles vont réutiliser dans leur recherche d’emploi : organiser et planifier un projet, prendre des contacts par téléphone, aller au-devant des autres, se présenter et présenter son projet, développer un réseau, etc. »

Premier emploi « Je viens de Mayotte et j’ai un niveau BEP, explique Hounzaya, Pôle Emploi m’a envoyée vers Yamina, parce que j’étais fermée, et avec ce groupe je me suis ouverte. Et j’ai vu qu’on peut trouver un travail, comme d’autres femmes l’ont fait, et qu’on n’est pas condamnées à rester à la maison. Je suis sortie de chez moi, Yamina m’a envoyée vers des formations que je n’ai pas pu avoir. Cette année j’ai demandé pour la deuxième fois un emploi à Régie Plus après avoir fait des remplacements en espaces verts, et cette fois j’ai été prise. Je commence la semaine pro-chaine. » Toutes les femmes autour de la table applaudissent spontanément Hounzaya : elles n’en reviennent pas, elles ne l’avaient jamais entendu s’exprimer avec autant d’aisance.

Ce parcours vient illustrer le succès de ce groupe : les quatre femmes du premier groupe expérimental en 2014 et les huit femmes de la promotion 2015 sont aujourd’hui toutes en formation ou ont trouvé un emploi. Le groupe compte 20 femmes cette année, et celles qui ne sont pas là

« La solidarité dans le groupe et la socialisation complètent ici l’apprentissage de savoir-faire utiles à la recherche d’emploi. »

Dans le quartier du Sanitas, à Tours (37), la chargée d’insertion professionnelle de la Régie de Quartier a monté une action originale et efficace pour accompagner vers l’emploi des femmes éloignées de la vie sociale. Réunies dans un groupe baptisé Trajectoires de femmes, elles se voient proposer un accompagnement qui, au moyen de différents supports, leur permettront d’acquérir des méthodes, des compétences et une confiance en soi, conditions pour aller plus facilement vers une formation ou un emploi.

t

Le groupe Trajectoires de femmes avec Yamina (au centre, en rouge) et Marie-Agnès (debout à droite).

Régie de Quar t iers de Tours (37)

Trajectoires de femmes

Le D

ossi

er

Agir pour la réduction de nos déchets

Les Régies au cœur de l’innovation

sociale

Info-Réseau N° 68 7

Le D

ossi

er

ont toutes prévenu Yamina : elles sont au travail, en formation, ou n’ont pas pu faire garder un enfant.

C’est au tour de Nassira, Algérienne vivant en France depuis 2014, de se présenter : « Mon projet était d’être assistante mater-nelle. Je suis passée par Active, une entre-prise de recyclage de vêtements, mais ce n’était pas ça. J’ai fait huit mois de rempla-cement en entreprise de propreté, et pen-dant ce temps j’ai préparé mon projet pro-fessionnel d’assistante maternelle. Et mon

dossier a été accepté, je peux commencer à rechercher des enfants à garder. »

Samia, elle, vient d’arriver en France et explique son parcours avec les quelques mots qu’elle maîtrise déjà : « J’ai fui le Soudan, je suis des cours de français, et j’écoute bien pour apprendre à construire des phrases. »

Atche, Bulgare, mère de deux enfants, en France depuis 13 ans, a fait cette

année 15 jours de stage chez Active, où elle vient d’être embauchée : « Cela pourrait être un pas vers des métiers de la vente. C’est mon premier emploi, donc on verra, mais tout ça, c’est grâce à Trajectoires ! » « Non, c’est grâce à toi, lui répond Yamina, je n’étais pas en stage à ta place. » « Non c’est vous ! », « C’est grâce à vous ! », rebondissent d’autres femmes, faisant monter les larmes aux yeux de Yamina. « Vous nous coachez, vous nous appelez avant nos rendez-vous pour nous rappeler d’être là, vous

êtes sur le terrain avec nous, les autres conseillers ne peuvent pas faire ça. »

Ancrage dans le quartierLa solidarité et l’émulation que pro-cure la vie dans le groupe aident à l’apprentissage de savoir-faire utiles à la recherche d’emploi. « Lors des entretiens d’embauche, explique par exemple Yamina, elles ont des fiches toutes prêtes pour être en mesure de parler d’un projet auquel elles ont

participé, de ses objectifs, de son organisation et des résultats consta-tés. » La réussite tient aussi à l’an-crage de la Régie dans son territoire : Émilie et Nora, référentes Famille du centre social, orientent des femmes vers Yamina ; l’entreprise Active et l’Entr’aide ouvrière accueillent des visites de groupes ; et surtout le projet est né d’une première rencontre avec l’association Au’Tours de la Famille, créée par Marie-Agnès : « Des femmes à qui nous proposons des activités en famille m’ont demandé de les aider à trouver un emploi, mais comme ce n’est pas mon métier, je suis allée voir la Régie. » L’action proposée a été en partie f inancée par la Pol it ique de la Vi l le . « El le permet aussi de fa ire passer de façon infor-melle des messages sur l’intercul-turel, le l ien intergénérationnel, la laïcité, souligne Isabelle Santerre. C’est aussi en cela qu’elle est inno-vante. » n

t

t

Depuis 2014, l’organisation de repas partagés permet de transmettre à des femmes isolées du quartier Sanitas, à Tours, des savoir-faire utiles à la recherche d’emploi.

Rencontre du groupe Trajectoires de femmes au centre social Pluriel(le)s.

Régie de Quar t iers de Tours (37)

Le D

ossi

er

Les Régies au cœur de l’innovation sociale

8 Info-Réseau N° 68

Régie de Quar t ier Chemin Ver t à Caen (14)

«P arce que notre Régie de Quartier s’inscrit dans une démarche de Développement durable, notre

approche du ménage a été d’adapter notre fonctionnement aux contraintes des agents, explique Cédric Marchalant, direc-teur de la Régie Chemin Vert, à Caen. Certains sont parents, et il est préférable qu’ils arrivent au travail à 9h avec l’esprit libéré parce qu’ils ont pu déposer

leurs enfants à l’école, plutôt que stressés une heure ou deux plus tôt. Nous avons donc orga-nisé les interventions sur les horaires de bureaux. » Caen Habitat, client important de la Régie, a tout de suite accepté cette proposition d’adaptation des horaires et la Ville de Caen également, sur le marché de l’entretien des sanitaires publics. « C’est intéressant, estime Thierry De Sa Moreira, responsable de l’agence de quartier de Caen Habitat, car nous avons envie que les locataires se sentent bien dans leur immeuble, qu’il y ait du lien entre eux. Ils croisent la personne qui nettoie, reconnaissent quelqu’un du quartier et respectent davantage le travail réalisé. Cette

action est compatible avec les exigences de notre certifica-tion QualiBail : nous affichons le planning d’intervention des agents de la Régie, qui nettoient les étages, et celui de nos agents, qui nettoient les halls tôt le matin. »

Attractivité du métierLa Régie a signé, dès qu’elle a été diffusée, la « Charte pour le développement des prestations de propreté en journée » de la Maison de l’Emploi et de la Formation de Caen. « Dans les deux entreprises dont nous nettoyons les bureaux, nos agents interviennent aux heures où les employés sont là, indique Cédric Marchalant. La personne qui fait le ménage n’est plus un anonyme, et les employés respectent davantage leur cadre de travail. »Il s’agit aussi de développer l’attractivité du métier. En n’inter-venant plus seulement tôt le matin ou tard le soir, les sala-riés concilient mieux vie de famille et vie professionnelle, et peuvent améliorer leurs revenus en allant davantage vers un temps complet. L’enjeu est de convaincre maintenant tous les clients des entreprises de nettoyage de l’intérêt d’une telle démarche ! n

À la bonne heure !La Régie de Quartier Chemin Vert, à Caen (14), innove dans son management en modifiant les horaires des salariés du nettoyage pour qu’ils puissent mieux mener de front vie professionnelle et vie personnelle.

« Les salariés concilient mieux vie de famille et vie professionnelle, et améliorent leurs revenus. »

Des horaires normaux pour les postes de nettoyage améliorent les conditions de travail des salariés.

Les Régies au cœur de l’innovation

sociale

Le D

ossi

er

Info-Réseau N° 68 9

Régie de Quar t ier Reconstruire Ensemble à Mainvi l l iers (28)

F ermée depu i s 10 ans pour remise

aux normes, la piscine des Vauroux a rouvert il y a un an. Elle est gérée par l’entreprise Récréa, qui a obtenu une délégation de ser-vice public pour en faire un « Espace aquatique et forme », avec le projet qu’il soit ouvert à tous. « Nous avons pour cela fait le choix de recruter un média-teur plutôt qu’un agent de sécurité, explique Sylvain Crespin, son directeur. En effet, la médiation permet de

faire de la pédagogie, d’expliquer pourquoi certaines choses sont interdites, et recru-ter quelqu’un du quartier permet aussi de faire du lien avec les habitants. » La Régie de Quartier de Mainvilliers a été sollicitée pour créer le poste, avec un financement à 80% par un dispositif Adulte relais, le reste étant payé par Récréa. « Nous avons recruté un habitant du quartier, une personne mature, éner-gique et impliquée positivement dans le quartier, raconte Bernard Monguillon, directeur de cette Régie, Reconstruire ensemble. À la différence d’un agent de sécurité, il est dans la prévention, proche des usagers, explique les règles en leur donnant du sens. Il fait aussi du lien hors de la piscine, avec les familles et les travailleurs sociaux. Et depuis un an,

on ne déplore aucun problème majeur à la piscine. » « Pourtant, avant même qu’elle ne soit ouverte, elle commençait à être vandali-sée, se rappelle Véronique Lansari, direc-trice de la Régie voisine de Lucé, qui a le marché de nettoyage de la piscine. Les femmes de ménage de notre Régie assurent aussi un travail de lien avec les usagers, et d’éducation. »

Une action de long terme« Nous sommes dans un partenariat innovant et relativement idéal, confirme Marie-Laure Kirzin, déléguée du préfet pour les quartiers prioritaires de l’agglo-mération de Chartres. L’entreprise privée a dès le départ intégré des objectifs d’in-sertion et s’est appuyée sur des acteurs locaux. La piscine connaît une mixité d’usage, elle est fréquentée par des habi-tants des quartiers des deux villes mais aussi des villes voisines. Et stratégique-ment, il paraissait intéressant d’accompa-gner et de valoriser les acteurs, en par-ticulier les Régies, sur ce genre d’actions pour le vivre ensemble. » n

Une médiation originale

« On est dans un partenariat innovant et relativement idéal. »

La piscine des Vauroux, située entre deux quartiers priori-taires des communes de Mainvilliers et Lucé (28), a misé sur un dispositif original de médiation pour rendre cet endroit accueillant pour tous.

Derrière le guichet : Émilien, chargé d’accueil, Charles, le médiateur, et Benjamin, un stagiaire.

La médiation en action à la piscine des Vauroux.

Charles, le médiateur, et en T-shirt rouge, Marc, surveillant de baignade.

10 Info-Réseau N° 68

V I E D U R É S E A U

Plus de 300 personnes formées sur les enjeux de Laïcité et Cohésion sociale

En 2015, le Réseau a engagé un chantier ambitieux sur les enjeux de laïcité

et de cohésion sociale afin de répondre aux préoccupations des Régies. Suite à l’intervention de Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, lors de notre Assemblée générale de 2015, le CNLRQ a organisé, avec les Régies de Territoire du Libournais et du Creusot, les Régies de Quartier de Saint-Herblain, de Grenoble Villeneuve-Village Olympique et de Chartres, six séminaires de travail inter-régionaux. Ces

séminaires, co-animés par Maryvonne Lyazid, ex-adjointe au Défenseur des droits, et les référents Laïcité et Cohésion sociale du Réseau, ont permis de poursuivre la forte dynamique de formation. Depuis 18 mois, ce sont près de 300 personnes, professionnels et bénévoles de notre Réseau, qui ont pu débattre et développer des connaissances précises et utiles pour l’action sur le principe de laïcité au service du vivre ensemble. Les équipes dirigeantes des Régies ont pu partager des situations vécues comme difficiles avec des habitants-usagers, des habitants-salariés, des administrateurs-bénévoles, des partenaires et des donneurs d’ordres. Dans une démarche d’éducation populaire, la sociologue Faïza Guelamine, l’essayiste Rokaya Diallo et le philosophe Pierre Tevanian sont intervenus pour alimenter la réflexion. Les questionnements qui traversent les Régies sont nombreux. Des formations pratiques seront proposées en 2016 pour apprendre à animer le dialogue et répondre aux situations concrètes qui se posent sur le terrain, dans le respect du droit et en cohérence avec notre projet politique. Elles ont aussi pour but de soutenir la place des Régies dans les dynamiques locales et la promotion de l’accès aux droits.

Depuis la mise en ligne du site internet du SERQ …… la boîte à outils s’est enrichie :

• d’1 fiche technique sur les congés payés… vous avez reçu 3 Info-SERQ :• sur des nouveautés conventionnelles et légales, des outils de partenaires.Pour plus d’informations : www.serq.fr

En direct du Réseau

S E R Q

D É V E LO P P E M E N T

Un nouveau document de référence

L a gouvernance d’une Régie repose sur l’implication des habitants de son territoire dans le Conseil

d’administration (CA), fondement de son projet associatif et de sa mission : la promotion d’un « mieux vivre ensemble ». Bénévoles et salariés sont acteurs conjoints du projet Régie, leurs rôles répondent à l’éthique de ce projet et s’inscrivent dans le cadre des principes de l’éducation populaire et de l’économie solidaire.Au fil du temps, des situations concrètes concernant l’implication de bénévoles ou de salariés sont apparues comme posant problème d’un point de vue juridique, éthique, ou encore vis-à-vis de l’image de la Régie et de son impact social. Interpellé par des responsables de Régies ou par des partenaires, le CNLRQ a souhaité analyser plusieurs situations problématiques afin de clarifier les difficultés qu’elles posent et les recommandations du réseau. Durant l’année 2015, elles ont fait l’objet de débats lors des séances du CA qui ont porté sur les différentes dimensions : juridiques, avec l’appui de l’analyse de Maître Brigitte Clavagnier (avocate, directrice scientifique de la revue Juris associations) ; éthiques, en accord avec les dispositions de la Charte ; pratiques, en concordance avec le rôle citoyen et social d’une Régie sur son territoire. Le CA du CNLRQ de février 2016 a approuvé ce document, qui devient un corpus de référence commun pour toutes les Régies.

Document disponible à télécharger sur :www.regiedequartier.org

Le fonctionnement associatif des Régies de Quartier et de Territoirecadres et recommandations

A près des études supérieures en comptabilité, elle a rejoint le Réseau

début octobre 2015. Forte d’une expérience professionnelle acquise au travers de divers postes aussi bien dans un cabinet d’expert-comptable que dans une association d’aide à la personne ou dans un organisme de Sécurité sociale comme comptable technique, Sabrina Ledreck a trouvé toute sa place en tant que comptable au sein de l’équipe du CNLRQ.

Sabrina Ledreck

Info-Réseau N° 68 11

u FORMATIONS DU PROJET DE BRANCHE

• Prendre la parole en public - Mardi 20 et mercredi 21 septembre au CNLRQ à Paris (75)

• Posture professionnelle et attitudes de service - Lundi 3 octobre à la Régie de Quartiers à Lormont (33)

• Être formateur occasionnel au quotidien dans une Régie - Mardi 18, mercredi 19 et jeudi 20 octobre au CNLRQ à Paris (75)

• Prévenir et gérer les situations d’agressivité - Lundi 21 et mardi 22 novembre au CNLRQ à Paris (75)

u ACTIONS COMPLÉMENTAIRES

• Mieux travailler ensemble dans un environnement interculturel - Jeudi 8 et vendredi 9 septembre au CNLRQ à Paris (75)

• Habilitation électrique BS - Lundi 26 et mardi 27 septembre à la Régie Inter-quartiers de Mâcon (71)- Mardi 4 et mercredi 5 octobre à la Régie de Quartier de Trélazé (49)

u FORMATIONS CNLRQ

• Jardinage au naturel - Mardi 6 et mercredi 7 septembre à la Régie de Territoire du Creusot (71)

• Formation dirigeants administrateurs- Vendredi 16 et samedi 17 septembre au CNLRQ à Paris (75)

• Gestion des aires de compostage- Jeudi 22 et vendredi 23 septembre au CNLRQ à Paris (75)

• Formation nouveaux directeurs- 1er module : Lundi 26 et mardi 27 septembre au CNLRQ à Paris (75)- 2ème module : Lundi 24, mardi 25 et mercredi 26 octobre à la Régie Erequa’Sol à Saintes (17)

• Formation continue des directeurs- Mardi 4 octobre au FIAP Jean Monnet à Paris (75)- Mardi 6 décembre au CISP Maurice Ravel à Paris (75)

• Construire son budget prévisionnel en analytique- Mercredi 5 et jeudi 6 octobre au CNLRQ à Paris (75)

• Gestion de recycleries- Jeudi 17 et vendredi 18 novembre au CNLRQ à Paris (75)

• La fiscalité des activités des RégiesMardi 15 et mercredi 16 novembre au CNLRQ à Paris (75)

• Formation échanges de pratiques Développement durable- Jeudi 1er décembre au CNLRQ à Paris (75)

u « Le creuset français »Histoire de l’immigration XIXe – XXe siècle de Gérard Noiriel

« Classique » sur l’immigration, ce livre propose de rendre compte de l’immigration dans son ensemble, sans s’en tenir aux seuls cas particuliers. L’immigration n’est pas un fait extérieur mais une préoccupation interne à la société française contemporaine. Prendre au sérieux la diversité des origines de la population actuelle de la France, c’est adopter un autre point de vue sur son passé : quelle place faire à la question des « origines », au « sentiment d’appartenance » ? Quels rôles jouent le déracinement et les déracinés dans la constitution d’une société ? Quelles relations instaurer entre l’État et les individus ?

Le creuset français, de Gérard Noiriel, Éditions Points - Histoire

INFO-RÉSE AUDirectrice de la publication Clotilde BréaudComité de rédaction et rédaction Clotilde Bréaud, Marie-France Chamekh, Guy Dumontier, Jenny Eksl, Carole Ferrini, Céline Goyet, Séverine Mercadal, Nicole Picquart, Corinne Redersdorff, Vincent Ricolleau, Isabelle Santerre Journaliste Dante SanjurjoSecrétariat de rédaction et rédaction Sandrine Cardon

Illustrations Albert Maquette Christine Bourne Imprimeur LFT , MontreuilNuméro de dépôt légal 91/0322.Abonnement 12,20 euros (3 numéros).Comité National de Liaison des Régies de Quartier 54, av. Philippe Auguste – 75011 [email protected]

Cette publication a bénéficié du soutien – de la DGEFP Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle, – de la DGCS Direction Générale de la Cohésion Sociale, – DU CGET Commissariat général à l’égalité des Territoires, – du FSE, Fonds Social Européen.

Les rendez-vous du CNLRQ

Écouter Lirevoir

Les rendez-vous du p

u « Merci patron ! »Documentaire de François Ruffin

Un couple de chômeurs nordistes victime des délocalisations menées par le groupe LVMH et soutenu en sous-

main par François Ruffin, défait en rase campagne le grand capital à force de ruse... Pour tous ceux qui ont eu l’occasion de voir le film, l’évidence de sa réussite sautait d’emblée aux yeux.

En direct du Réseau

RÉGIES EN PROJETu LE TEIL (07)u BIARRITZ (64)u MÉRU (60)

u « L’étrange »Ce roman graphique au trait vif et incisif prolonge le travail d’auteur engagé sur les questions liées à l’immigration de Jérôme Ruillier. Il nous livre ici une fiction

poignante sur la vulnérabilité de ces étrangers, victimes de nombreux abus et persécutions et nous plonge dans le ressenti d’un homme débarqué dans un pays inconnu et dont il ne parle pas la

langue, seul et sans papiers. Il est ce qu’on appelle un « étrange »…

Editions L’Agrume avec le soutien du Centre National du Livre et d’Amnesty International, mars 2016.

12 Info-Réseau N° 68

QUELLE EST POUR VOUS L’IMPORTANCE DE L’INNOVATION SOCIALE DANS LES QUARTIERS D’HABITAT POPULAIRE ? François Cochet : Elle nous per-met de réinventer la relation entre les bailleurs que nous sommes, les habitants-locataires et les acteurs du territoire. D’abord en y associant des considérations de bien-être pour que les locataires se sentent bien chez eux et dans leur quartier. Nous pouvons par exemple soutenir des projets d’agriculture urbaine ou des

cours de bricolage pour rendre les gens autonomes dans l’amélioration de leur intérieur. L’innovation prend sa source dans la relation avec les habitants pour une écoute renouvelée : des réu-nions régulières en pied d’immeuble pour aborder le quotidien avec les locataires ou la diffusion de nou-velles technologies comme l’usage d’un espace client sur Internet pour suivre leurs attentes.

Notons que l’innovation sociale n’est pas l’apanage de ces quartiers « popu-laires », elle doit aussi toucher le parc social en cœur de ville. Elle permet alors de connecter les acteurs et de rendre réaliste la notion de mixité sociale par l’articulation des talents.

COMMENT LES ORGANISMES DE GES-TION DE L’HABITAT SOCIAL PEUVENT-ILS FAVORISER L’INNOVATION ?F. C. : Nous apportons des moyens aux professionnels sur le terrain,

n o t a m m e n t aux associa-tions comme les Régies de Quartier, pour leurs multiples

actions. Nous nous impliquons aussi dans des projets innovants de pla-teformes d’échanges, ou d’habitat participatif, ce qui nous amène à rénover nos modes de gestion, nos relations avec nos locataires, parte-naires et salariés, voire nos schémas réglementaires.Nous sommes partie prenante dans la gouvernance de nombreux acteurs de l’Économie sociale et solidaire. Il ne faut plus alors se considérer seu-

lement comme des accompagnants, ou financeurs, mais assumer notre responsabilité d’acteur du territoire, et co-construire ces coopérations locales en les rendant novatrices, pérennes et compétitives. Notre expérience doit contribuer à aider ces structures à améliorer leur organisation et leur management du risque.

EN TERMES D’INNOVATION, QUELLES PLUS-VALUES APPORTENT LES RÉGIES DE QUARTIER ?F. C. : Les Régies de Quartier consti-tuent un des remparts contre l’isole-ment de nos habitants. Elles contri-buent à rendre à nos quartiers leurs identités ou à les créer, et leur modèle économique est calé sur les attentes et ressources propres au territoire d’implantation. Quel meilleur vec-teur ? Elles sont inventives, savent s’adapter, et traduire les besoins et les envies des habitants. Puis, pour les accompagner, elles savent définir les cibles, mobiliser les « richesses humaines » et animer le projet. Les Régies de Quartier sont les relais qui vont nous aider à métamorphoser l’image de nos quartiers. n

Entretien avec François Cochet, délégué territorial, Batigère - Île-de-France

« Métamorphoser l’image de nos quartiers »

« Les Régies de Quartier sont inventives et savent s’adapter. »