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3 Les églises du canton de Châteauneuf-la-Forêt LINARDS 01 14 ème – 17 ème siècle Guide de visite

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01 14 ème – 17 ème siècle L e s é g l i s e s d u c a n t o n d e C h â t e a u n e u f - l a - F o r ê t 3

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Les ég l ises du can ton de Châteauneuf - la -Forê t

LINARDS 0114ème – 17ème siècle

Guide de visite

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Les origines

Vers le milieu du XIV° siècle, les chevaliers qui v ivaient précédemment à la courde leurs suzerains viennent s’installer dans les fiefs qui leur sont confiés, yconstruisent un château près de l’église paroissiale et installent leurs tombeauxdans le chœur. C’est le cas des chevaliers de Gain, vassaux de la dynastie desLastours dont Jean 1° de Gain hérite Linards en 135 4.

On peut affirmer à l’origine de l’église actuelle l’intervention des deux seigneursde Linards, de Gain et de Lajaumont. Les premiers ont sans doute voulureconstruire l’église pour célébrer en quelque sorte leur implantation (qui dureraquatre siècles), ce qui justifie la présence de leurs armes au dessus du chœur, etde leurs tombes juste en dessous. Ces armoiries permettent également de daterla construction du chœur d’après 1354.

Par ailleurs le 24 mai 1433Aymeric V de Gain et sa femmeLuce d’Esteneyre fondèrent unevicairie de Sainte-Marguerite,également dite “du Bouey” ansl’église de Linards. Ce type defondation consiste à attribuer unrevenu perpétuel à un prêtre chargéde dire des messes à l’intention desdonateurs; elle s’accompagnefréquemment de la création d’unechapelle à cet effet. C’est l’origine dela chapelle donnant sur le chœur,considérée par la suite comme lachapelle du château. La nef étaitdonc terminée à cette date.Une des niches du chœur porte desmarques de tâcheron ou d’architecte.

La dénomination de chapelle “ desBoueys“ vient du village du Grand-Bueix dont la dîme, appartenant auseigneur, fut allouée au vicaire, unprêtre chargé de la desservir. Levicaire, désigné par les fondateurs etleurs héritiers, sera soit le curé de laparoisse soit un membre de la

famille seigneuriale, ainsi pourvud’un complément de revenuséchappant aux aléas dessuccessions. En 1789, dernièreannée de perception des dîmes, lerevenu de la vicairie atteint 195livres, une somme relativementimportante.

Cette chapelle est considéréecomme la chapelle du châteauvoisin, elle est donc abandonnée lorsdu passage des seigneurs de Gainau protestantisme à la fin du XVI°siècle.

L’église a ensuite été modifiée àplusieurs reprises, pour créer lesdeux autres chapelles aux XV° etXVIII° s.(cf. plus loin), construire unclocher-logis au XVII° siècle (peut-être également pour célébrer leretour des seigneurs aucatholicisme), percer une fenêtredans le mur sud au XIX°, percer oumurer des portes secondaires dansle mur sud et derrière l’autel.

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Sommaire

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01La croix reposoir

L’église est tout autant un sépulcre qu’un lieu de culte ; le domicile dernierdes linardais reproduit la hiérarchie sociale, en cercles concentriquesautour de la terre consacrée du sanctuaire : Les seigneurs principaux deLinards sont enterrés dans le chœur, leurs vassaux de l’arrière-fief deLajaumont dans leur chapelle éponyme, quelques notables du bourgprivilégiés, comme les officiers seigneuriaux, dans la nef, les autresnotables dans un petit cimetière entre l’église et le mur d’enceinte duchâteau, les autres habitants de l’autre côté de l’église, dans un grandcimetière servant aussi de champ de foire.

La croix-reposoir date peut-être du XV° siècle égal ement, elle n’estmentionnée dans aucun document. Les défunts de basse extraction quin’avaient pas droit à une sépulture dans l’église y étaient déposés letemps d’une bénédiction, avant leur départ pour l’un des cimetières,suivant leur rang social.

Une pierre tombale sous l’escalier de lamaison devant l’église vient sans doute dela nef, peut-être une tombe seigneuriale

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Les clefs de voûte02

Les clés de voûte de la nefreprésentent respectivement un lion etun poisson, celle du chœur les armesde Gain, d’azur à trois bandes d’or.Cette dernière marquent la prise depossession du lieu par le nouveauseigneur en 1354 et l’emplacementdes sépultures de la dynastie : Louisde Gain, quatrième seigneur deLinards, teste en 1471 et demande àêtre inhumé dans les tombeaux deses prédécesseurs. Elie de Gain,huitième seigneur de Linards, réclamedans son testament de 1646 le mêmeprivilège. Le marquis de Fernoël,parent des Gain, fin 18ème, fait à ceteffet don d’une rente de 50 livres à lafabrique paroissiale.

Par la suite les trois derniersseigneurs de Gain de Linards serontenterrés également dans l’église encompagnie de certains de leursproches : l’officier de marine CharlesAntoine, Isaac Annet de Gain, Annet-Charles et Charles de Gain furent en1771 les derniers des Gain inhumésdans ce sanctuaire.

Les deux autres travées sontmarquées d’un lion et d’un poisson.

Si ce dernier est un symbole chrétiencourant, le lion pourrait rappeler lamémoire des Lastours dont les Gainhéritèrent Linards au XIV° siècle : lefondateur de la dynastie, Gouffier deLastours, avait en effet gagné encroisade, avec une belle légende, letitre de « chevalier au lion ».

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03La cloche de 1789

Fondue sur place par un saintier venu de Champagne, la cloche de 1789est la dernière des quatre cloches existant au XVIII° siècle.

Elle est baptisée comme le veut la tradition. Reflet de l’histoire sociale dubourg, ses parrains sont, comme on le voit gravé, Mr Jean-Louis Bargez,chirurgien juré, Dame Louise Chaussade du Maset, épouse deMr Chaussade, sieur de Trasrieux, et non le couple seigneurial commec’était le cas précédemment ; après la fin de la dynastie de Gain, lenouveau seigneur est en conflit ouvert avec les “ bourgeois du bourg “ etse voit refuser les honneurs de la cloche.

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Outre les inscriptions, la robe de la cloche est ornée d’une vierge àl’enfant, et à l’opposé d’un Christ en croix, la Vierge en pleurs à ses pieds.La cloche de 1789 mesure 47 cm de diamètre à la base et 38 cm dehauteur; son poids peut être évalué à 70 kg environ.Elle est complète avec son battant et sa monture, on peut observer lafixation de la couronne (ensemble des anses) dans le mouton; ainsi queles brides (ferrures de suspension) qui fixent la cloche au joug.L’usure de la pince (partie basse que frappe le battant) dans l’axe decelui-ci est bien visible, avec de nombreuses brèches d’usure.Elle aurait sonné une dernière fois le 11 novembre 1918.

La loi du 23 juillet 1793 prescrivaitde ne conserver qu’une seulecloche par église, pour les besoinsdes alarmes et convocations auxassemblées civiques, et d’envoyerles autres à la fonderie pour en fairedes canons ou de la petite monnaie.C’est celle-ci qui fut sauvée.

La cloche actuellement en service date du Second Empire.

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04La Vierge foulant le serpent

La chapelle sud “de la Vierge” n’a étéconstruite qu’en 1718 : le 18 juin estréunie par le notaire de Linards Devauxune assemblée paroissiale. Il s’agit defaire homologuer par l’assembléel’utilisation d’un legs de cent livres,inscrit dans le testament de feu maîtreJean Mazurier. Sur les conseils du curé,le legs sera utilisé, outre le blanchimentde la nef, au percement du mur sud del’église, face à la chapelle de Lajaumont,pour y insérer une autre chapelledestinée à recevoir l’autel de la Vierge,et la statue qu’il supporte, que l’on peutainsi dater d’avant 1718.Cet autel était jusque là simplementinstallé dans la nef qu’il encombrait.

Le donateur appartient évidemment à unefamille bourgeoise influente, car onaccepte en échange que la chapelle restela propriété et la sépulture de sesdescendants.Il n’y a pas à Linards de maçon capabled’entreprendre un travail aussi complexe(et risqué) puisqu’on fait appel à unmaître-artisan d’une paroisse éloignée :Noël Brebis m° maçon du village deBussy paroisse de St Priest las Vergnas

L’autel qui supporte aujourd’hui la Vierge est un ancien maître autel de 1849.

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La chapelle de Lajaumont05

La chapelle de Lajaumont a été construite peu après 1465 en style gothique,conformément au testament de Jean de Lajaumont, seigneur d’environ un tiersde la paroisse. Les armoiries de la famille (d’azur à la bande d’or, accostée de sixétoiles de même, trois et trois) sont présentes à l’extérieur sur le linteau et àl’intérieur sur la clé de voûte de la chapelleInstallés dans la paroisse avant les Gain, les Lajaumont, possesseurs d’un fief dumême nom autour de leur château (détruit au XVIII° s.), répugnaient à sereconnaître vassaux des nouveaux seigneurs de Linards reconstructeurs del’église paroissiale.L’obtention d’un lieu de sépulture dans l’église fut un enjeu primordial dans leurlutte judiciaire et parfois guerrière contre les Gain de Linars pour maintenir leurrang seigneurial, jusqu’à la disparition de la famille au XVII° s.

Jacques de Lajaumont affirme sesprérogatives, de retour de guerre,en entreprenant la constructiond’une chapelle et fonde une vicairiedans l’église de Linards où, selonson testament de 1465, il désiraitêtre enterré, à quelques pas duchâteau des de Gain.L’utilisation de la chapelle, le droitd’y poser un litre, d’y distribuer desaumônes, fut reconnu auxLajaumont après de nombreuxprocès en échange de lareconnaissance formelle de leurvassalité aux Gain.

Les tombeaux seigneuriaux des Gaindans le chœur et des Lajaumontdans leur chapelle n’ont laisséaucune trace visible, cependant latradition orale fait encore état à la findu XX° siècle d’un chevalier retourde croisade, enterré en armure dansla chapelle.L’autel et le reste du mobilier actuelde la chapelle sont des dons deschâtelains de Linards au début duXX° s.

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06La sacristie

Le 19 juin 1780 est mort le curé MartialMarc, dans le presbytère qu’il avaitacquis à titre personnel en 1757; cettemaison revient à ses héritiers, lebourgeois de Limoges Jean-BaptistePetit et son épouse Valérie Joliet. Dèsle 6 juillet, ceux-ci informent le syndicfabricien Jean Barget de leur intentionde faire condamner une porte quifaisait communiquer l’église et lasacristie avec le jardin du ci-devantpresbytère. Ils invitent le syndic àassister à l’opération qui doit avoir lieulundi prochain jour de demain à septheures du matin sur le jardindépendant de la succession dudit sieurMarc, situé entre sa maison et l’égliseparoissiale du présent lieu, aux fins d’yvoir murer la porte de communicationdont ledit feu sieur Marc se servaitpour sa prétendue commodité pourentrer de son jardin dans la sacristiede ladite paroisse et d’ilec dans laditeéglise de Linars.

Mais la veille, à l’issue de la messe,le syndic et les notables font sonnerla cloche pour convoquer leshabitants à une assemblée à ce sujet.Les habitants s’opposentformellement à ce que ladite portesoit murée et fermée, attendu que detemps immémorial ladite porte aexisté telle qu’elle et qu’elle n’a étéfaite que pour la commodité de laditeparoisse et utilité de messieurs lescurés et prieurs, précédents titulairesaudit sieur Marc de ladite cure, etqu’en outre la servitude a toujours étécontinuée dans ledit jardin, ce qui leprouve encore plus qu’il y a une autreporte qui a issue dans ladite église deLinars dans ledit jardin.

Cette porte se trouvait dans le murSud du chœur, où la trace en estvisible car elle fut finalement muréeen 1838. 09