fusion de vert et de génie

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et de la Sarcelle et dérivation Rupert Centrales de l'Eastmain-1-A Chantier de la dérivation Rupert Fusion de vert et de génie Rétrospective 2007-2009

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Album souvenir de projet de la dérivation Rupert

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et de la Sarcelle et dérivation Rupert

Centrales del'Eastmain-1-A

Chantier de la dérivation Rupert

Fusion de vert et de génieRétrospective 2007-2009

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Pour tirer le meilleur parti des connaissances acquises, pour en extraire toute la richesse, il importe de ne pas s’y habituer

trop vite, de se laisser le temps de la surprise et de l’étonnement.

(Hubert Reeves)

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Cet album souvenir a été produit par les Relations publiques de la SEBJ pour les travailleuses et les travailleurs du projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert. (© SEBJ. Tous droits réservés.) Site Internet : www.hydroquebec.com/rupert Site extranet : www.extranetsebj.ca

Responsable des Relations publiques : Bionda Miotto 819 672-2200, poste 3854, [email protected] Rédaction : Véronique Gagnon-Piquès / Révision : Richard Roch / Graphisme : Paul Salois Design / Photographie : Paul Brindamour Photographe Impression : Imprimerie Lebonfon

Imprimé sur papier couché, certifé FSC, pâte traitée à 100% sans chlore ni acide.

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Table des matières

Une signature écologique P. 5Mot du promoteur P. 7Mot du président P. 9Environnement, conventions et ententes P. 11Un partenariat renouvelé Un étonnant mélange P. 13 Un soutien non démenti P. 15Un souci pour l’environnement Des planches à dessin vertes P. 16 Sur le terrain P. 17La majestueuse Cascades millénaires, vocation renouvelée P. 19 Le bouillonnement du départ « On the road again » P. 21 Sous le chapiteau P. 22 L’épaule à la roue P. 25 Le chantier de la dérivation Rupert Mot de l’administrateur du projet P. 27 Mot du chef de chantier P. 28 Le génie humain à son meilleur P. 29 Qu’est-ce qu’un bief ? P. 30 Point de départ P. 31 Barrage de la Rupert P. 32 Le barrage de la Nemiscau-1 : une première en Amérique du Nord P. 33 Ouvrage de restitution – Débit écologique essentiel P. 37 Cathédrale souterraine P. 38 Chemins préférentiels P. 40 Chapelet de digues P. 41 D’un arbre à l’autre P. 42 D’hier à aujourd’hui P. 43 Aujourd’hui pour demain P. 45 Une œuvre collective P. 47 Des airs de famille P. 49 Une grande étape P. 51 Rupert, la belle P. 53 Touche finale P. 54Mot du directeur des projets de l’Eastmain P. 56

et de la Sarcelle et dérivation Rupert

Centrales del'Eastmain-1-A

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« Inspiré par le dynamisme qui anime les bâtisseurs d’eau, le graphiste Paul Salois a ajouté un troisième élément de la nature au logo de l’Eastmain-1 : la terre.

L’eau et le soleil étant déjà présents au centre du « Cercle de vie », symbole autochtone qui évoque le cycle de la vie, des saisons et de l’énergie. »

Une signature écologique

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Mission accomplie pour les travailleurs et les travailleuses du chantier de la Rupert.En effet, le 7 novembre 2009, après plus de deux ans et demi d’efforts, le chantier de la Rupert a franchi une étape importante, soit la dérivation partielle de la Rupert. C’est grâce au travail constant des travailleurs et des travailleuses du chantier de la Rupert ainsi que de tout le personnel de l’équipe de projets de la SEBJ, d’Hydro-Québec Équipement et d’Hydro-Québec Production que le calendrier de réalisation a été devancé, et ce, de plusieurs semaines. Ces travaux liés à la dérivation partielle de la Rupert ont été réalisés dans le respect de l’environnement, du développement durable et de nos engagements envers les communautés locales. Fait exceptionnel, on note la participation sans précédent de plusieurs centaines de travailleurs cris à la réalisation de ces travaux. Par ailleurs, l’implication des maîtres de trappage et des utilisateurs cris directement touchés par le projet nous a permis d’acquérir une meilleure connaissance du territoire et de son utilisation par les Cris et a ainsi facilité la mise en place de notre programme de suivi environnemental. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir, notamment pour compléter les huit ouvrages hydrauliques le long de la rivière Rupert et poursuivre la construction des centrales de l’Eastmain-1-A et de La Sarcelle. Je sais que tous s’y affaireront avec la même énergie et la même fierté qui ont rendu possible la dérivation partielle de la rivière Rupert. En terminant, je tiens à souligner le travail remarquable des personnes à l’œuvre sur le terrain et en poste à Montréal ainsi que la collaboration qui se vit au quotidien entre les équipes de la SEBJ, d’Hydro-Québec Équipement et d’Hydro-Québec Production. C’est ce travail d’équipe qui nous permet d’optimiser les calendriers de réalisation de nos projets tout en respectant le budget prévu, et cela favorise assurément le rayonnement d’Hydro-Québec. Félicitations à tous ceux et à toutes celles qui ont œuvré à ce grand projet et qui ont contribué à cette réalisation exceptionnelle !

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Mot du promoteur

Richard CacchionePrésidentHydro-Québec Production

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Mot du président

En 2007, lorsque nous obtenions les autorisations requises au démarrage du projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert, l’équipe de la SEBJ se mobilisait afin de réaliser le projet de génie civil de la décennie au pays. Un projet qui sera réalisé dans le plus grand respect de l’environnement et en collaboration étroite avec les communautés locales.

À la pointe des travaux, le chantier de la dérivation Rupert comptait près de 2 300 personnes et s’étendait sur quelque 700 kilomètres ! De partout au Québec, des hommes et des femmes se mobilisaient et conjuguaient leurs efforts pour réaliser un aménagement très complexe sur un territoire magnifique et rempli d’histoire. L’objectif : produire une énergie renouvelable profitant aux générations actuelles et futures.

Résultat ? Moins de trois ans plus tard, le 7 novembre 2009, on procédait à la mise en service de la dérivation partielle de la rivière Rupert. Cette opération marquait la fin des travaux de quatre barrages, d’un évacuateur de crues, de 73 digues, d’un tunnel de transfert de 2,9 kilomètres et de plusieurs ouvrages hydrauliques. Cette réalisation est cruciale pour la région hôte, pour Hydro-Québec et le Québec, car elle représente un apport supplémentaire de 5,3 TWh d’énergie sur un total de 8,7 TWh que produira l’ensemble du projet, y compris les centrales.

Grâce à un formidable travail d’équipe animé par la SEBJ, Hydro-Québec Production, Hydro-Québec Équipement et services partagés, les communautés cries et jamésiennes, et nos partenaires et fournisseurs, nous avons réussi le pari de l’excellence tout en devançant notre échéancier. Cette réalisation a également démontré notre capacité à innover, tant des points de vue technique, environnemental et dans la façon de bâtir et de maintenir une complicité avec les communautés hôtes. Les connaissances acquises tout au long de ce projet sont et seront d’ailleurs mises à profit afin de livrer des équipements toujours plus fiables, performants et dans les meilleures conditions qui soient.

Je tiens à souligner le travail des femmes et des hommes qui ont contribué à cette réalisation. Nous pouvons tous être fiers des exploits accomplis dans le cadre de ce projet si particulier. Félicitations !

Réal LaportePrésident – Hydro-Québec Équipement et services partagéset PDG de la SEBJ

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Environnement, conventions et ententes

Dès 1970, SEBJ/HQ cherchait à réaliser ses grands projets hydroélectriques sur le territoire de la Baie James en affectant le moins possible le milieu naturel et en réparant ou en compensant les blessures inévitables à l’environnement. Le respect de l’environnement n’était pas encore un credo mondial que, déjà, SEBJ/HQ se dotait d’importantes équipes de spécialistes de la nature : l’été, des étudiants stagiaires s’affairaient à étudier les mesures adaptées en milieu nordique pour remédier aux impacts causés par les travaux.

Mais s’intéresser à la flore et à la faune ne suffit pas à atténuer les effets de grands travaux qui affectent le bien-être et le mode de vie des humains.

La Convention de la Baie James et du Nord québécois et la Convention du Nord-Est québécois ont encadré cet aspect primordial. Le bâtisseur, tailleur de pierres, ne pouvait se contenter d’exceller dans son travail, il lui fallait désormais y intégrer l’acceptation du projet par le milieu. Rapidement, la notion de développement durable s’est imposée, développement qui doit répondre aux besoins du présent, mais sans affecter et sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins (Brundtland, 1987).

Depuis, de nombreux règlements provinciaux et fédéraux ont codifié les obligations des promoteurs comme Hydro-Québec.

Jamais aucun projet comme celui de la dérivation Rupert n’aura eu autant le souci des populations et de l’environnement. Bien avant qu’elles n’obtiennent les permis, Hydro-Québec et la SEBJ signaient la Convention Boumhounan en vertu de laquelle les Cris d’Eeyou Istchee acceptaient la réalisation du projet dans la mesure où il respectait les lois, les règlements et les normes. De son côté, HQ/SEBJ prenait toute une série d’engagements concernant l’environnement et la participation des populations cries. Près de 400 employés cris se sont joints aux forces ouvrières des entrepreneurs, aux équipes de service. Éloignés de leur famille, de leur milieu, certains, pour la première fois, ont partagé la fierté de la tâche bien accomplie, de l’apprentissage d’un métier, de la solidarité. Malgré les difficultés de communication, tous ont appris à respecter les mêmes règlements, les mêmes horaires, la même discipline.

Des conseillers cris ont été embauchés et ont grandement aidé à bâtir des ponts entre les deux cultures et à tenir compte des soucis, des craintes et des attentes.

Il y a lieu de féliciter tout un chacun pour avoir réussi à s’adapter et à travailler en symbiose avec le milieu naturel tout en réalisant à temps, sans en sacrifier la qualité, des ouvrages dont les générations à venir pourront être fières.

Philippe MoraAdministrateur de projetsEnvironnement, conventions et ententes

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Un étonnant mélangeSi deux têtes valent mieux qu’une… Imaginez la valeur de deux cultures qui se rencontrent, partagent et évoluent ensemble. Les résultats sont étonnants !

Les Cris de la Baie James ont été partie prenante active aux travaux réalisés au chantier de la dérivation Rupert. Leur connaissance du territoire et de la faune nous a amenés à travailler ensemble à divers niveaux : dans les bureaux, au chantier, en environnement, au déboisement, etc. Mais c’est grâce au développement de leur talent d’entrepreneur qu’ils se sont le plus distingués en réalisant des travaux et en offrant des services pour plus de 700 M $. En effet, les divers entrepreneurs cris ont réalisé des travaux de construction de digues, de barrages, de campements, de routes et de frayères en plus d’avoir déboisé l’ensemble des biefs amont et aval. Ils sont actuellement à réaliser en partenariat avec une entreprise non crie une partie des seuils de la Rupert. Il ne faut pas oublier non plus tous les travaux de services comme l’alimentation, la conciergerie, l’entretien des campements et des routes, la fourniture de carburant, le service aérien, etc. Jour après jour, le partenariat s’est consolidé, des amitiés se sont formées.

Le campement de la Rupert a été le premier campement de la SEBJ à afficher fièrement sa mixité avec, en son enceinte, un sabtuaan et un mitchuaap. Ces bâtiments, conçus et érigés par les Cris, sont des lieux de rencontre privilégiés qui aident les Cris à s’épanouir dans leur nouveau milieu de vie et de travail.

Non seulement le chantier de la dérivation Rupert aura-t-il été un chantier dynamique, animé et un brin novateur, mais il aura également été un jalon important dans la construction de liens solides entre nations et dans l’établissement d’un partenariat efficace.

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Un partenariat renouvelé

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Un soutien non démentiConscientes d’être un moteur de développement économique important pour les régions Nord-du-Québec, Abitibi-Témiscamingue et Saguenay-Lac-Saint-Jean, Hydro-Québec et la Société d’énergie de la Baie James prennent à cœur leurs engagements concernant l’embauche et la sous-traitance locales.

Dans ce contexte, le chantier de la dérivation Rupert a déployé les efforts nécessaires pour répondre aux exigences. Des centaines de personnes en provenance de la région hôte et des régions limitrophes ont participé à la réalisation du chantier ; c’est avec fierté qu’ils ont démontré leur connaissance et leur savoir-faire. Bon an mal an, les travailleurs des régions ont compté pour au-delà de 30 % de la main-d’œuvre.

Les entreprises locales n’ont pas été en reste. En plus d’avoir réalisé un grand nombre de contrats, elles ont tissé, au fil des ans, des liens d’affaire solides avec les autres entreprises des chantiers. Les comités de maximisation des retombées économiques du Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue – le ComaxNord et le ComaxAT – ont d’ailleurs contribué activement à faire connaître les produits offerts dans les régions. Des séances de rencontre express entre les entreprises chantiers et les entreprises régionales ont été organisées pour encourager les nouveaux partenariats et consolider ceux déjà établis.

Conjointement, les représentants régionaux et ceux du chantier de la dérivation Rupert ont été proactifs pour intégrer encore davantage les populations locales au projet. Ces hommes et ces femmes ont été et sont encore des partenaires de tous les instants.

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Des planches à dessin vertesSyndrome de la page blanche qu’il faut remplir… pas avec des mots, mais avec des lignes et des mesures qui, mises les unes à la suite des autres, formeront les plans d’une digue, d’une route, d’un évacuateur de crues, puis d’un chantier et, enfin, de tout un projet, celui de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert.

Devant leur table à dessin, les concepteurs du projet n’ont pas seulement eu à gérer des contraintes techniques relevant du génie civil, ils ont aussi jonglé avec la notion d’environnement : développement durable, réduction de l’empreinte écologique, harmonisation avec le milieu d’accueil. Les planches à dessin ont dès lors vu naître des structures « vertes ».

Ouvrages de restitution, seuils, tunnels, canaux, frayères, etc., voilà autant d’ouvrages réalisés au chantier de la dérivation Rupert. Ces aménagements, respectueux de l’environnement, garantissent des niveaux d’eau, des débits réservés écologiques, des zones d’habitats fauniques aquatiques et terrestres, des zones minimisées d’ennoiement, mais surtout, ces aménagements permettent de développer le territoire dans le respect des générations futures.

Dès la conception du projet, avant même la première pelletée de terre, Hydro-Québec a manifesté son désir de conservation et de protection du milieu d’accueil. Les planches à dessin ont pris des teintes vertes, une voie qui pave le chemin pour l’avenir.

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Un souci pour l’environnement

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Sur le terrainL’ampleur des réalisations environnementales du chantier de la dérivation Rupert éclaire quant à l’importance accordée à cet aspect.

Une petite armée d’adjoints techniques et de responsables en environnement a sillonné au quotidien les sites de travaux pour s’assurer du respect des lois et règlements en vigueur. Ruban à mesurer dans une poche, ruban d’arpentage et bouteilles d’échantillonnage dans d’autres, appareil photo en main, crayon, formulaires, devis… les responsables Environnement, aidés de tout un chacun, ont été et sont encore les yeux et les oreilles verts au chantier de la dérivation Rupert.

Mais leurs actions ne se sont pas arrêtées là. Ces super héros de l’environnement ont vu à la mise en œuvre de plusieurs mesures d’atténuation comme l’aménagement d’étangs pour la chasse à l’oie ou pour la mouette Bonaparte, la construction de frayères, l’ensemencement d’herbes le long des routes, le reboisement – plus de un million d’aulnes crispés et de pins gris ont été plantés en 2008 et 2009 –, la supervision d’équipes d’archéologie et bien d’autres.

Aussitôt la mise en eau des biefs réalisée, on a formé une petite équipe pour effectuer le suivi environnemental des sites aménagés et pour suivre l’évolution du milieu sous l’influence du projet. Il faudra quelques années pour colliger l’ensemble des données

sur le territoire.

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L’environnement a été une préoccupation de tous les instants au chantier de la dérivation Rupert. Les équipes terrain de la SEBJ, les entreprises et les travailleurs ont déployé des efforts considérables et poussent encore plus loin leurs efforts, parce que, en bout de ligne, chaque petit geste compte.

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La majestueuseCascades millénaires, vocation renouveléeDepuis des siècles, la rivière Rupert coule d’est en ouest, dévalant sur près de 560 kilomètres du lac Mistissini à la baie James. Immuable, majestueuse, elle est. Et autour d’elle, la vie sous diverses formes.

Voie de navigation privilégiée des Cris depuis des lunes, la rivière a permis à plusieurs groupes nomades de l’époque de pénétrer dans le territoire, à la recherche de terres hospitalières et riches en ressources. Imbriquée dans un réseau complexe de cours d’eau et de lacs, la rivière Rupert a servi d’autoroute permettant aux groupes autochtones d’origines diverses de voyager et d’échanger biens et services. Un tronçon majeur dans le développement des liens entre les nations et à l’intérieur même de la nation crie.

Au 17e siècle, les premiers explorateurs européens sont apparus. Après moult péripéties, le commerce de la traite des fourrures s’est organisé : la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) a vu le jour avec, à sa tête, le Prince Rupert, cousin du roi Charles II d’Angleterre. Le premier poste de la CBH a été établi en 1670 à l’embouchure de la rivière Rupert, un site qui s’appelait à l’époque Rupert House ou Fort Rupert, aujourd’hui Waskaganish.

Le commerce et les échanges ont ainsi continué à évoluer au cours des siècles suivants. Gravitant autour des principaux axes de transport qu’étaient les rivières et les lacs, Autochtones et non-Autochtones ont bénéficié des nouvelles alliances formées.

En 1970, le portrait de la région change avec la construction de la route de la Baie James, une autoroute de 600 kilomètres liant le sud (Matagami) au nord (Radisson). Le territoire s’ouvre au transport routier, reléguant au second rang la rivière Rupert comme voie de circulation. Qu’à cela ne tienne ! La rivière retrouve sa niche initiale : donner accès à des zones de chasse et de pêche fréquentées de façon traditionnelle par les Cris.

La rivière Rupert a toujours impressionné par son étendue, sa beauté et ses cascades millénaires. Parfois large et tranquille, d’autres fois bouillonnante, elle a été intimement liée au développement de la Baie James, une vocation qu’elle continue à remplir aujourd’hui avec la signature de la Paix des Braves. Cette entente, signée en 2002, rend possible la réalisation du projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert.

Une nouvelle page d’histoire s’écrit pour la Rupert…

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« On the road again »En février 2007, après avoir reçu l’aval des gouvernements, les autorités de la SEBJ ont mis en branle le projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert à la vitesse « Grand V ». Au chantier de la dérivation Rupert, tout était à faire, à commencer par les routes d’accès et le campement.

C’est par un froid glacial, à -25 °C, que les premiers travailleurs de la Compagnie de construction et de développement cri (CCDC) sont arrivés. Mandat : ouvrir une voie de 22 kilomètres vers le nord pour connecter le futur site du campement de la Rupert à la route du Nord, exploit réalisé en un peu moins d’un mois.

Aidés de leur machinerie, les travailleurs ont déboisé puis excavé, dynamité, nivelé et remblayé la nouvelle route d’accès au campement. Chaque kilomètre de route complété représentait un gain pour les autres entreprises déjà à pied d’œuvre au site du campement…ou sur les routes qui donneraient accès aux biefs amont et aval.

Après six mois de labeur, le campement de la Rupert était accessible en moins de 25 minutes, à partir du poste Albanel.

Routes des biefsLa construction de la route d’accès au campement de la Rupert n’était qu’un début. Deux autres tronçons de route majeurs ont dû être construits avant même le début des travaux au chantier de la dérivation Rupert.

À la mi-mars, l’entreprise Construction Bob-Son Inc. a débuté ses travaux vers le nord, tandis que l’entreprise Excavation Marchand et Fils (EMF) partait vers le sud un mois plus tard. Chacune a réalisé plus de 30 kilomètres de route… parfois dans des conditions surprenantes ! Cahin-caha, les chemins ont pris forme.

En tout, pas moins de 130 kilomètres de routes ont dû être construits pour donner accès aux sites des travaux. Le chantier de la Rupert s’étend ainsi sur près de 80 kilomètres, du sud au nord dans le secteur des biefs. Un projet… tout en longueur !

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Le bouillonnement de départ

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Sous le chapiteauLes travaux au campement de la Rupert se sont amorcés en mars 2007. Matin et soir, les équipes de travail ont emprunté la vieille route serpentant sous la ligne à 735 kV pour atteindre le site du futur campement. Près de deux heures étaient nécessaires pour effectuer le trajet entre le campement de la Nemiscau et le site de la Rupert.

À une cadence accélérée, les entreprises ont bâti le campement bloc par bloc. CCDC a vu à l’aménagement des services municipaux, tandis que Marcel Baril Ltée devait fournir divers produits comme des conduits, des équipements et des appareils pour les réseaux d’alimentation en eau.

La construction de la cafétéria a été critique puisque son ouverture devait signaler l’ouverture officielle du campement. L’entreprise Groupe GE-Secto n’a donc pas perdu une minute lorsqu’elle a décroché le contrat de déménagement et d’installation de la cafétéria de 1 200 personnes. Dès janvier 2007, dans le froid de l’hiver, elle a mobilisé ses équipes au campement de l’Eastmain pour préparer les modules à destination de la Rupert. Au début de mars, la structure était assemblée à la Rupert. La finition intérieure des modules a suivi. Deux mois plus tard, le premier repas était servi au campement de la Rupert. C’était le 30 avril 2007.

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Parallèlement à l’installation de la cafétéria, d’autres bâtiments ont surgi tout au long de l’année 2007. Les travailleurs de l’entreprise Larouche Construction inc. ont vu au transport, à l’installation et à la mise en service de 32 dortoirs en provenance du campement de l’Eastmain-1. Dès l’été 2007, le campement de la Rupert a vécu une explosion démographique rythmée par la rapidité d’exécution des travailleurs affairés à l’assemblage des dortoirs. C’est ainsi que, en quatre mois, du début de juin à la fin de septembre, le nombre de personnes hébergées au campement de la Rupert est passé de 285 à près de 1 000 ! Ce n’était pourtant qu’un début…

Pour agrémenter la vie des travailleurs, et en attente de tous les services, un immense chapiteau, où des airs de musique et des rires se faisaient entendre, a été érigé à la place centrale en juin 2007. Le casse-croûte, l’économat, le bar et le centre sportif ont accueilli les travailleurs plus tard, à l’automne.

C’est ainsi que, de jour en jour, le campement de la Rupert a pris forme. Une microsociété tout en mouvement, en sourires et haute en couleurs venait de naître… Un concentré d’hommes et de femmes dont le coeur battait au rythme des grands travaux à réaliser et des défis à relever.

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L’épaule à la roueÀ son plus grand, le chantier de la dérivation Rupert s’est étendu sur près de 700 kilomètres. Il a compté près de 2 300 travailleurs en pointe. En tout, ce sont un peu plus de 5 000 personnes qui ont transité à un endroit ou à un autre du chantier. Derrière ces chiffres se cache le désir de dépassement d’hommes et de femmes provenant de toutes les régions du Québec.

Ils sont pères ou mères de famille, célibataires ou en couple, Autochtones, Québécois, d’origine africaine ou autre, mais tous se sont retrouvés à la Baie James pour réaliser l’un des plus gros projets de génie civil de la décennie, la dérivation partielle de la rivière Rupert effectuée en novembre 2009.

Un but… des milliers d’heures de travail. Appliqué à sa tâche avec constance et détermination, chaque travailleur a mis l’épaule à la roue pour faire du chantier de la dérivation Rupert un succès. Pierre après pierre, dynamitage après dynamitage, repas après repas, les jalons de ce qui allait devenir un ouvrage collectif colossal ont été posés, sans faille.

Le génie humain, jumelé au savoir-faire des gens de terrain, aura encore une fois permis de repousser les frontières, autant personnelles que techniques. Les hommes et les femmes qui ont été à pied d’œuvre au chantier de la dérivation Rupert peuvent aujourd’hui être fiers d’avoir participé à un projet d’envergure et d’y avoir mis le meilleur d’eux-mêmes.

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Fusion de vert et de génie, l’album souvenir du projet de la Dérivation Rupert, immortalise en quelque sorte toutes nos actions, tous nos défis et tous nos efforts à faire du chantier une réussite commune. Ces pages relatent les diverses étapes des travaux, traitent de la vie au campement et aussi de notre souci constant pour l’environnement et les mesures d’atténuation que nous avons prises sur le terrain.

Ces pages feront désormais partie de la pérennité pour nos générations futures. Une autre page d’histoire vient de s’écrire, et vous en êtes les auteurs. Vous avez su relever les défis avec brio. Vos efforts, votre expertise, votre engagement, votre passion et, surtout, la célérité dont vous avez fait preuve dans la réalisation de la mise en exploitation de la dérivation partielle de la Rupert sont le gage du rayonnement de notre projet.

Je suis fier de nos réalisations, autant en génie civil qu’en génie humain. Nous avons su travailler de concert avec les communautés locales, les maîtres de trappage touchés par le projet et tous les intervenants du milieu. Cette belle collégialité et cette connaissance acquise sur le terrain nous auront permis de mieux connaître le territoire et d’ouvrir notre canal de communication afin de travailler tous ensemble dans la même direction.

Fusion de vert et de génie sera pour nous tous une preuve tangible de participation au Projet de la décennie, un album à consulter pour nous rappeler ce bel effort collectif fait dans un souci de développement durable.

Mot de l’administrateur

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Virgile AlbertAdministrateur de projetsDérivation Rupert

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Le génie québécois au diapason de l’environnementQuand je regarde les deux années et demie qui viennent de s’écouler, je suis fier de ce que je vois : des milliers de gens, provenant de toutes les régions du Québec, ont mis l’épaule à la roue pour faire du chantier de la Rupert une réussite. L’effort soutenu d’hommes et de femmes de cœur, jumelé à leur expertise, aura permis de créer une œuvre colossale, celle de la dérivation partielle de la rivière Rupert.

Cette belle réalisation de génie civil, faite dans le respect de l’environnement, nous la devons également aux communautés locales. La population crie, et particulièrement les maîtres de trappage touchés par le projet, ont joué un grand rôle. Leur connaissance du territoire nous a permis de protéger des zones sensibles, en plus d’apporter certains correctifs à d’autres sites importants pour leurs qualités faunique et florale.

Merci à tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la réalisation de cette belle et grande aventure. Le chantier de la Rupert a fait sa marque dans nos vies. Plus encore, il a permis d’établir de nouveaux standards de développement cohérents avec nos valeurs environnementales actuelles, pour les générations futures.

Mot du chef de chantier

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Gervais SavardChef de chantier

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Le génie humain à son meilleurLe chantier de la dérivation Rupert n’est pas né du jour au lendemain. Bien avant la première pelletée de terre, des gens ont dû penser tout le projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert.

L’objectif était simple : trouver une façon d’optimiser la centrale de l’Eastmain-1 pour laquelle les autorisations et les permis avaient été obtenus en 1993. Dès 1998, les premiers éléments de réflexion se sont amorcés…

Pendant deux ans, les ingénieurs d’Hydro-Québec et de la SEBJ à Montréal ont effectué maintes visites de terrain et ont jonglé avec plusieurs idées. C’est en 2000 qu’ils ont arrêté leur choix sur la dérivation partielle de la rivière Rupert ; cette dérivation allait se faire du sud vers le nord. Afin de minimiser les zones d’ennoiement, plusieurs scénarios ont été étudiés pour en arriver à une solution unique en 2001, soit le scénario Cramoisy 2001.

À partir de ce moment, on a établi une série de critères de conception en lien avec les utilisateurs du territoire. Le projet, s’il allait de l’avant, devait maintenir le niveau naturel du Lac Mesgouez, conserver un débit écologique dans la rivière Rupert afin de ne pas affecter la fraie du poisson, même après la dérivation, et aussi maintenir 100 % du débit écologique naturel des rivières Lemare et Nemiscau ainsi que du Ruisseau-Arques. Il fallait également que le projet permette de respecter le niveau d’eau du lac Sakami établi dans la Convention de la Baie James et du Nord québécois signée en 1975, qu’il préserve le caractère naturel de la rivière Rupert en plus de conserver des zones de navigation et, enfin, que le projet garantisse un approvisionnement en eau potable pour la communauté de Waskaganish. La commande était énorme.

Conception finaleCes critères de conception ont fait surgir plusieurs contraintes. Les ingénieurs du projet ont tout simplement dû modeler le projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert en fonction de ces paramètres.

Le chantier de la dérivation Rupert s’est soldé par la réalisation de deux biefs séparés par un tunnel de transfert et ceinturés par 77 digues et barrages. On a construit quatre ouvrages de restitution de débit réservé pour conserver les débits écologiques de cours d’eau, et une dizaine de canaux ont permis de minimiser l’ennoiement en plus de maintenir le niveau du lac Mesgouez. Enfin, sur la Rupert, un évacuateur de crues a été réalisé, et huit ouvrages hydrauliques sont en cours de réalisation (fin prévue : octobre 2010). Une série de mesures d’atténuations ont été mises sur pied ou sont à mettre sur pied pour diminuer l’impact du projet sur le milieu.

Tous ces travaux permettent aujourd’hui à une partie des eaux de la rivière Rupert de franchir plus de 80 kilomètres, soit la distance séparant le barrage de la Rupert du réservoir de l’Eastmain 1. Une fois dans le réservoir, l’eau débute son périple qui l’amènera vers les centrales hydroélectriques – Eastmain-1 ou Eastmain-1-A, Sarcelle, Robert-Bourassa ou LG-2-A et LG-1.

Il fallait y penser… et surtout, viser toujours plus loin vers le nord ! Le génie humain, à son meilleur.

Un travail d’équipe soutenu et la mise en commun des connaissances d’experts issus de tous les milieux ont été la clé permettant d’ouvrir la porte à une toute nouvelle génération de projets pour Hydro-Québec. Des projets verts, respectueux de l’environnement, bâtis en fonction des générations futures.

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Qu’est-ce qu’un bief ?Vu la grandeur du chantier de la Rupert entre 2007 et 2009 (80 kilomètres du sud au nord), les travailleurs ont vite fait de trouver une façon de s’orienter et de départir les secteurs. Les gens se sont mis à parler des biefs : bief amont – bief aval, sud et nord. Plusieurs ont enfin pu s’y retrouver, mais très peu savent réellement ce qu’est un bief.

Selon le Petit Robert, un bief est un « canal de dérivation qui conduit les eaux d’un cours d’eau vers une machine hydraulique ». Les travaux au chantier de la dérivation Rupert ont permis de mener une partie des eaux de la rivière Rupert au réservoir Eastmain 1 afin d’alimenter les centrales de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A, puis celles de la Sarcelle, du complexe Robert-Bourassa et de LG-1.

Les deux biefs du chantier de la Rupert, séparés par le tunnel de transfert, sont constitués d’une série de lacs et de rivières, reliés dans certains cas, par des canaux. Le bief amont se situe entre le barrage de la Rupert et l’entrée du tunnel de transfert, tandis que le bief aval s’étend de la sortie du tunnel jusqu’au réservoir Eastmain 1.

Contrairement à un réservoir, un bief ne sert pas à accumuler de l’eau; il lui permet de s’écouler d’un point A à un point B.

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Point de départEncastré dans le roc, l’évacuateur de crues de la Rupert s’élève fièrement sur la rive gauche de la rivière. Bien plus qu’un simple évacuateur, l’imposante structure bétonnée a aussi une vocation environnementale puisqu’elle régularise les crues et rejette dans le cours naturel de la rivière Rupert environ 30 % de son débit moyen.

Les travaux à l’évacuateur de crues ont débuté au printemps 2007 avec l’excavation de près de 670 000 mètres cubes de mort-terrain et de roc. Les centaines d’allers-retours des camions de 50 tonnes auront permis de dévoiler, après quelques mois de labeur, le canal où serait construit l’évacuateur.

En juillet 2007, les équipes dédiées au coffrage, au ferraillage et au bétonnage de l’ouvrage étaient prêtes : elles ont pris d’assaut le site et l’ont totalement réaménagé. Une structure d’une hauteur de 31,1 mètres, d’une longueur de 58,5 mètres et d’une largeur de 40,5 mètres a été patiemment coulée dans des moules d’acier et de bois assemblés sur place. Près de 24 000 mètres cubes de béton armé ont servi à configurer l’évacuateur de crues.

Mais la structure n’avait pas encore atteint sa hauteur maximale. La pose des systèmes électriques et mécaniques ainsi que l’installation des vannes de surface (grandes portes), en 2008, auront fait grandir l’évacuateur de crues de 28 mètres. Du haut de ses 59,1 mètres, l’évacuateur de crues de la Rupert trône maintenant entre monts et rivière.

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Barrage de la RupertLa fin des activités à l’évacuateur de crues a sonné le coup d’envoi des travaux au barrage de la Rupert, son voisin. Dès le 3 août 2008, au moment où l’on a bloqué le lit de la rivière Rupert au moyen d’un batardeau amont, l’évacuateur de crues a été assailli par les eaux de la rivière. La structure de béton a ainsi servi de voie de déviation à la rivière Rupert dès les débuts de la construction du barrage.

L’érection du barrage a été très rapide. Une fois les traitements de fondation effectués dans le lit découvert de la rivière, le till, le sable, le gravier puis les roches de différentes tailles et le perré ont été mis en place par couches successives. En novembre 2008, après quatre mois de travail, presque tous les matériaux étaient en place. Le barrage de la Rupert, d’une longueur de 470 mètres était réalisé.

Nichés au kilomètre 314 de la rivière Rupert, l’évacuateur de crues et le barrage de la Rupert représentent aujourd’hui le point de départ du projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert. C’est à partir de ce point qu’une partie des eaux de la rivière Rupert commencent leur périple vers le nord.

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Barrage de la Nemiscau-1 : une première en Amérique du NordHydro-Québec a réalisé une première en Amérique du Nord en construisant le noyau du barrage Nemiscau-1 en béton bitumineux.

La technique est récente. C’est en 1962, en Europe, que les Allemands érigent les premiers barrages constitués d’un noyau en béton bitumineux. Dès 1980, Hydro-Québec considère cette technologie, en prévision de projets sur la Côte-Nord. Toutefois, il faut attendre l’année 2008 pour voir la première construction du genre du côté des projets hydroélectriques au Québec. Ce sera à la Baie James, au chantier de la dérivation Rupert, au barrage de la Nemiscau-1.

ConceptionLa phase conception du barrage de la Nemiscau-1 a duré presque six mois. Durant cette période, Hydro-Québec a retenu les services d’experts norvégiens pour l’aider à mettre sur pied le projet. Sur le terrain, le site de la Nemiscau-1, situé dans la partie nord du bief aval, a été choisi, car il ressemble en plusieurs points aux sites du futur complexe de la Romaine.

La construction du barrage de la Nemiscau-1 a débuté à la fin de juin 2008, avec Hydro-Québec Construction et son sous-traitant, Pavex, et une petite équipe de Norvégiens. Ayant l’expertise pour ce type d’ouvrage, le personnel de la firme Kolo-Veidekke et son sous-traitant Pavex ont été engagés pour réaliser le noyau de bitume et transmettre son savoir.

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Mélange de bitumeÀ proximité du site des travaux et avant même le début des opérations, une usine à haute température fabriquant le mélange en enrobé bitumineux a été assemblée suivant les critères norvégiens. Une fois la construction terminée, il fallait que l’usine soit capable de produire un mélange parfait constitué de 7 à 7,6 % de bitume (2 % de plus que le mélange utilisé pour les routes) en plus des agrégats utilisés pour l’asphalte traditionnel.

À sa sortie du malaxeur, le mélange devait être à une température oscillant entre 156 et 170 °C. Il a été primordial de chauffer ainsi l’asphalte pour que le bitume devienne liquide et s’infiltre aux endroits laissés vides par les granulats (le pourcentage de vide devait être de moins de 3 %). Également, ce type de mélange, une fois refroidi, comporte plusieurs caractéristiques dont deux essentielles pour l’ouvrage réalisé : le mélange conserve une grande flexibilité en plus d’être extrêmement imperméable.

Pour s’assurer de la qualité du mélange d’enrobé bitumineux, on a effectué une batterie de tests en laboratoire sur chaque nouveau lot produit.

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Site expérimentalDu côté du chantier, plusieurs étapes ont été nécessaires pour arriver aux résultats souhaités. Après avoir été décapé et remodelé, le roc dénudé a été recouvert d’un socle de béton armé, et le traitement des fondations du barrage a ensuite pu être fait, à travers le socle de béton.

Avant de débuter la pose du mélange de béton bitumineux, on a coulé directement sur le socle de béton une couche épaisse d’un mélange de bitume et d’agrégats appelé mastic. Cette couche a permis au noyau de mieux adhérer à la surface de fond.

Une fois ces étapes réalisées, l’installation manuelle du béton bitumineux a pu débuter. La largeur des deux premières couches a été de 0,8 mètre, tandis que toutes les autres couches ont été coulées sur une largeur de 0,4 mètre. L’épaisseur des couches a toujours été de 225 millimètres.

La mise en place manuelle du mélange s’est poursuivie jusqu’à ce que la surface à paver atteigne une longueur de 25 mètres. À ce moment, il y a eu suffisamment de place pour que la paveuse modifiée entre en scène. En circulant, la paveuse étend simultanément le mélange de bitume et les matériaux de transition de part et d’autre.

Une fois les matériaux en place, un compacteur d’une largeur de 1 mètre et pesant 2,6 tonnes fait une première passe sur le mélange de bitume fraîchement déposé. Par la suite, un second compacteur se joint au premier pour compacter les matériaux juxtaposés au noyau. À cette étape, il est très important que les compacteurs cheminent en parallèle pour éviter que le noyau ne se déforme à la suite d’un appui excessif non équilibré.

Parallèlement à la construction de la zone centrale, les matériaux latéraux du barrage sont mis en place de façon habituelle. L’ouvrage est ainsi monté en séquence jusqu’à la fin.

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Une expérience prometteuseLa construction du barrage de la Nemiscau-1 a nécessité la pose de 54 couches de béton bitumineux. En moyenne, deux couches par jour d’une épaisseur de 225 millimètres chacune ont été installées durant les deux mois qu’aura duré la construction de l’ouvrage.

Le barrage de la Nemiscau-1, qui mesure plus de 300 mètres de longueur et 14,2 mètres de hauteur, aura permis aux équipes d’Hydro-Québec de se faire la main en prévision d’un autre mégaprojet, celui de la Romaine, sur la Côte-Nord.

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Ouvrage de restitutionDébit écologique essentielLa Baie James est parsemée de cours d’eau s’écoulant vers l’ouest. Se connectant ou s’éloignant pour joindre d’autres réseaux, les ruisseaux et les rivières du territoire sont des artères de vie abritant chacun leur écosystème.

Les cinq cours d’eau traversant d’est en ouest les biefs Rupert n’y font pas exception. Par contre, dans le cadre du projet de l’Eastmain-1-A–Sarcelle–Rupert, des ouvrages de retenue – digues et barrages ont bloqué ces voies naturelles. Il en est ainsi pour éviter que les eaux dérivées de la rivière Rupert ne s’y engouffrent, ce qui les conduirait vers l’ouest, loin des centrales auxquelles on les destine, au nord.

Afin de préserver l’écologie de ces rivières et ruisseaux circulant dans les biefs, le chantier de la dérivation Rupert a innové. Des structures à vocation purement environnementale ont été construites dans les digues qui bloquent l’écoulement du ruisseau sans nom et du Ruisseau-Arques et directement à côté des barrages faisant obstacle aux rivières Lemare, de la Nemiscau-2 et de la Nemiscau-1.

Les structures, nommées ouvrages de restitution, représentent la nouvelle voie de passage des rivières et des ruisseaux. Munis de vannes (petites portes), les ouvrages de restitution redonnent 100 % du débit écologique aux cours d’eau affectés, et ce, en tout temps.

C’est ainsi que le ruisseau sans nom, la rivière Lemare, le Ruisseau-Arques et les rivières de la Nemiscau-2 et de la Nemiscau-1 n’ont jamais perdu de leur vigueur, ni durant la phase construction ni après la dérivation partielle de la rivière Rupert. Leurs eaux continuent de cascader d’est en ouest, faisant jaillir la vie tout au long de leur parcours.

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Cathédrale souterraine Un ouvrage bien particulier aura suscité grand intérêt au chantier de la Rupert. Il s’agit d’un tunnel de transfert creusé sur une longueur de 2,9 kilomètres dans l’axe nord-sud. Situé au centre du secteur des biefs et les départageant (les biefs amont et aval), le tunnel de transfert joue avant tout un rôle important sur le plan écologique.

Le tunnel de transfert a été creusé dans un secteur où les terres sont hautes. Pour franchir cet obstacle de façon naturelle, il aurait fallu que les eaux dérivées de la rivière Rupert s’accumulent en amont jusqu’à atteindre la hauteur nécessaire. Ce faisant, la superficie de territoire ennoyé aurait considérablement augmenté, ce qui n’était pas souhaitable.

« Eurêka ! », la bonne idée du tunnel de transfert est venue… et sa construction a pu débuter au printemps 2007.

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RéalisationL’entrepreneur Simard-Beaudry Construction (SBC), responsable de la réalisation des activités, a exécuté les travaux en deux phases. La première a consisté en l’excavation frontale du tunnel de transfert, une opération qui a commencé en août 2007. Munies de deux camions jumbo travaillant l’un à côté de l’autre, les équipes de travail ont mis dix mois à joindre les côtés amont et aval. Le 11 juin 2008, le tunnel était percé sur toute sa longueur, 2,9 kilomètres. Il avait une hauteur de 8 mètres et une largeur de 13 mètres.

La seconde phase de forage s’est amorcée du côté aval et s’est terminée du côté amont, contrairement à la première phase où l’on a excavé les deux côtés du tunnel de transfert en même temps. Cette fois, il s’agissait de forer le plancher – banquette – du tunnel de transfert pour lui retrancher les 10 derniers mètres. Dès novembre 2008, l’entrepreneur achevait son ouvrage.

Une fois terminé, l’ouvrage a pris des allures de cathédrale souterraine digne de scènes de film avec ses 18 mètres de hauteur et ses 13 mètres de largeur. L’eau, qui envahit maintenant le site, est maintenant la seule à pouvoir admirer ce chef-d’œuvre de roc.

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Chemins préférentielsLes deux nouveaux tronçons de rivière (amont et aval) créés par l’arrivée de l’eau dans les biefs ont été légèrement modelés. À certains endroits, il a fallu ajouter du remblai – les digues –, à d’autres, on a dû creuser des canaux. Neuf couloirs, taillés à même le roc, ont ainsi été réalisés aux lieux les plus élevés du territoire.

La création de ces chemins préférentiels permet à l’eau de franchir les sites surélevés de son parcours sans ennoyer davantage de terres (ce qui aurait été le cas s’il avait fallu que l’eau passe par-dessus les obstacles). La nouvelle rivière coule donc facilement vers le nord, sans embûche.

On a réalisé les canaux selon des critères précis pour éviter certains désagréments. On a, par exemple, calculé la largeur et la profondeur des couloirs pour permettre à l’eau de circuler sans créer de turbulence. Cela est important, surtout durant la saison hivernale, pour empêcher la formation de frasil. La forme des canaux joue également un rôle dans la vitesse d’écoulement et permet de diriger l’eau à l’endroit souhaité.

La réalisation des neuf canaux a nécessité le déplacement de plus de 3 436 845 mètres cubes de matériau, l’équivalent de 1 146 piscines olympiques. On a réutilisé la majorité du roc excavé pour faire les routes, du remblai pour les ouvrages ou des agrégats à béton.

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Chapelet de diguesLe barrage de la Rupert représente le point de départ d’une série d’ouvrages de retenue dispersés sur plus de 80 kilomètres, du sud vers le nord. Ces digues, construites les unes à la suite des autres, font image de petites billes accrochées le long d’un fil.

On a construit la majorité des digues sur le côté ouest des biefs afin d’empêcher les eaux dérivées de la rivière Rupert de suivre leur tendance naturelle, soit celle de s’écouler vers l’ouest. Quelques digues, au nord, se retrouvent par contre du côté est; elles agissent comme entonnoir avec les digues ouest pour diriger l’eau vers le réservoir de l’Eastmain 1. Au final, on a aménagé 73 digues et 4 barrages dans les endroits creux du territoire pour former un mur orientant l’eau de la Rupert en direction des premières centrales de son parcours, celles de l’Eastmain-1 et de l’Eastmain-1-A.

Les travaux de digues ont débuté en juillet 2007 avec l’arrivée de l’entrepreneur CRT-Hamel. Quatre autres joueurs – CCDC, SBC-EMF, FGL et EBC-Neilson – ont joint les rangs des « bâtisseurs de digues » dans le secteur des biefs. Les travailleurs des cinq entreprises ont œuvré jusqu’à la toute fin – octobre 2009 –, pour mettre un terme aux travaux et s’assurer qu’aucune brèche n’avait été laissée ouverte.

En tout, pas moins de 2 500 femmes et hommes ont œuvré sur l’une ou l’autre des digues. Des ouvrages qui, en tout, ont nécessité le transport de plus de 4 811 454 mètres cubes de matériau de remblai, soit l’équivalent de 1 604 piscines olympiques. Un travail colossal, accompli dans un seul but, la réalisation d’un chapelet de digues.

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D’un arbre à l’autreDès le début des opérations au chantier de la Rupert, le déboisement s’est imposé comme un enjeu majeur : on voulait s’assurer que, en novembre 2009, lors de la dérivation partielle des eaux de la rivière Rupert, le territoire des biefs allait être prêt, c’est-à-dire dénudé au maximum.

Il était important de déboiser les secteurs ennoyés pour plusieurs raisons. L’abattage des arbres a permis de dégager, autant sous l’eau que sur l’eau, les nouvelles voies de navigation créées par la formation des biefs. Également, cela a grandement réduit la dérive de débris ligneux sur les plans d’eau.

Pendant trois ans, les équipes de huit maîtres de trappe et de deux entreprises cries ont coupé puis mis en tas le bois, à la main ou au moyen de machineries. L’automne venu, tout le bois entassé a été brûlé, sauf le bois de qualité commerciale – pas moins de 40 000 mètres cubes – qui, lui, a été apporté en bordure de route pour être ébranché, mis en tas puis transporté durant les saisons hivernales 2008 et 2009 vers la scierie Barette Chapais.

Beau temps mauvais temps, les travailleurs forestiers du chantier de la Rupert ont été au rendez-vous. En tout, pas moins de 200 Cris ont été impliqués annuellement dans l’abattage manuel d’arbres ainsi que le ramassage et le brûlage des débris. On a déboisé l’équivalent de 9 742 terrains de football canadien, soit 5 824 hectares de territoire. La cadence d’abattage a été exceptionnelle. D’un arbre à l’autre, les entreprises cries ont atteint leurs objectifs !

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D’hier à aujourd’huiLes étés 2008 et 2009 ont amené de drôles de travailleurs au chantier de la Rupert. Dès leur arrivée, on a pu constater qu’ils n’étaient pas là pour construire des ouvrages de retenue ou pour couler du béton, par exemple. Il s’agissait d’autre chose… de patience, de fouilles, de trouvailles. Il s’agissait d’archéologie.

Une soixantaine d’explorateurs de l’histoire ont ainsi œuvré pendant deux saisons au chantier de la Rupert. Ils ont ratissé le territoire des biefs – une zone maintenant recouverte d’eau – à la recherche de vestiges du passé.

Les trouvailles ont été nombreuses : bouts de poterie, pointes de flèche, éclats de taille, ocre rouge, chert d’Onondaga, foyers, bref, pas moins de 21 000 témoins d’occupation ont été découverts. Les artéfacts permettent aux archéologues de remonter aussi loin que 3 000 ans avant aujourd’hui…

L’importance des fouilles archéologiques menées dans le secteur des biefs Rupert est notable. Trois entreprises – Archéotech inc., Archéos et un groupe associé à l’Autorité régionale crie – ont pu, par leurs recherches, confirmer des faits et des théories déjà établis. Mais il y a plus : les découvertes des trois firmes conduiront peut-être à l’élaboration de nouvelles hypothèses permettant de mieux comprendre l’histoire des peuples amérindiens nordiques.

L’histoire nous a appris que les peuples autochtones sillonnent depuis maintenant des siècles le territoire de la Baie James. À l’arrivée des Européens, les sociétés étaient déjà bien organisées, régies par des codes et des croyances adaptés à leur environnement. Des réseaux entre les sociétés et les familles étaient aussi établis.

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Aujourd’hui pour demainLe chantier de la Rupert n’a pas seulement été la scène de la construction de mégatravaux. Dès 2007, plusieurs mesures d’atténuation ont été mises en œuvre pour revaloriser le secteur touché par le projet, mais surtout, pour faciliter l’utilisation subséquente du territoire par les Cris. Et ce n’est pas terminé.

La liste des mesures d’atténuation à implanter sur le territoire est impressionnante. Qu’il s’agisse de déplacements de campements cris qui se trouvent dans des zones d’ennoiement, de nettoyage de débris ligneux, de construction de rampes de mise à l’eau, de frayères, d’érection de nichoirs pour la chouette lapone, etc., pas moins de 200 contrats ont été menés à terme ou le seront par les maîtres de trappage du secteur ou leur représentant, si possible.

La règle est simple : recréer des zones d’habitats fauniques et des aires de circulation pour remplacer celles qui sont affectées par le projet. On construit aujourd’hui pour permettre aux utilisateurs du territoire de demain de jouir d’un environnement vigoureux et florissant.

Exemples de certaines mesures d’atténuation :- Aménagement de milieux humides pour la faune aviaire- Trappage et déplacement de castors et d’ours- Frayères pour l’esturgeon, le touladi, l’omble de fontaine, le doré, etc. - Aménagement de nouvelles portions de voies de circulation (VTT et motoneiges)- Déboisement dans les zones d’ennoiement pour créer de nouvelles voies de navigation

« Le respect de l’environnement passe par un grand nombre de changements comportementaux.» (Nicolas Huot)

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Une œuvre collectiveOn travaille à la Baie James par goût : goût de l’aventure, du défi et de l’envergure de la tâche à accomplir. On travaille aussi à la Baie James pour l’aspect pécuniaire, le côté social ou pour aller au bout de soi ou au bout de la route. Mais quelle que soit la motivation, un élément demeure primordial : la santé-sécurité en milieu de travail.

Entre 2007 et 2009, pas moins de 9 300 personnes ont œuvré au chantier de la dérivation Rupert. Cela représente 7 404 257 heures travaillées, temps partagé entre les cuisines, l’entretien ménager, l’entretien technique, les bureaux et le chantier. C’est un nombre impressionnant. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est la très faible fréquence d’accidents observée : moins de sept accidents avec perte de temps par million d’heures travaillées.

La santé-sécurité est une priorité sur les chantiers de la SEBJ. Une équipe de conseillers en santé-sécurité a d’ailleurs sillonné le chantier du sud au nord pendant deux ans. Vigiles de tous les instants, ils se sont assurés du respect des règles en collaboration avec les équipes d’inspection sur le terrain. L’équipe de la Santé-sécurité, en lien avec celles de la Sécurité industrielle et de la Santé d’Hydro-Québec, a orienté ses actions sur la prévention et la communication : 1 040 pauses santé-sécurité organisées, 194 comités de chantier, quelque 5 270 présences aux séances d’accueil, plusieurs dizaines de visites des inspecteurs de la CSST, 9 617 interventions ponctuelles, une multitude de réunions de démarrage, de coordination et de planification, bref, un travail de collaboration permettant de maintenir un haut standard en matière de santé-sécurité.

Une tâche quotidienne qui n’aurait pu être possible sans la participation et la collaboration de tous les travailleurs. Des actions faites conjointement qui ont permis de faire du chantier de la Rupert un lieu sûr et productif. Un lieu agréable où travailler.

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Des airs de familleQu’il soit 5 h 30 ou 17 h 30, l’horloge sonne la fin d’un quart de travail au chantier de la Rupert. Et hop ! Après dix heures de travail, hommes et femmes s’entassent dans l’autobus qui les ramène au campement. C’est l’heure de profiter un peu de la vie.

Détour par la cafétéria où trois choix de repas, salades, fruits et, bien sûr, desserts de toutes sortes attendent les convives affamés. Quoi de mieux qu’un plat bien chaud après une bonne journée ! De quoi bien débuter quelques heures de détente ou de loisir avant le coucher.

Et question divertissement, il y en a pour tous les goûts au campement de la Rupert : salle d’entraînement, gymnase où de mémorables parties de badminton, de hockey cosum et autres ont été disputées, salle d’ordinateurs, prêts de livres et de DVD, le choix est vaste. Et que dire de la saison estivale ! La période de l’année où le campement s’active. Promenades de fin de soirée, placotages autour des tables à pique-nique, randonnées en canot, en kayak ou à pédalo, spectacles sous le chapiteau et, surtout, retour de la saison et des histoires de pêche ! Éclats de rire garantis !

L’hiver, le campement semble tomber en dormance. Le froid et la neige figent la place dans un espace-temps indéterminé. Mais c’est mal connaître la Baie James ! Le retour des caribous, de la saison du hockey, de la raquette, du ski de fond et de la motoneige redonne vie à ce paysage glacé. Le tout enveloppé par la lumière des hivers du nord si particulière… Magnifique !

Mais bien au-delà des activités qu’il est possible de faire, c’est la présence des collègues et des amis qui rend la vie au campement si riche. Une société serrée se développe au fil des jours et des heures passés ensemble; des liens solides se tissent. Une nouvelle famille se forme. La famille de la Baie James !

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Une grande étapePetit matin crispé par le froid. Vent et grêle sont de connivence, prêts à fouetter les courageux qui oseront mettre le nez dehors. Un de ces matins communs à la Baie James pour le mois de novembre.

Mais justement : ce matin du 7 novembre 2009 n’a pas été commun. Malgré la rigueur du temps, des centaines de personnes se sont déplacées aux abords de l’évacuateur de crues de la Rupert. Après plus de deux ans et demi d’efforts, le chantier de la Rupert a franchi une étape importante, soit la dérivation partielle de la rivière Rupert.

Les convives présents, majoritairement des Cris, étaient là pour dire adieu à un pan d’histoire qui, ce jour-là, prenait un autre cours. Un nouveau chapitre s’est écrit au moment même où les vannes de l’évacuateur de crues se sont abaissées.

Un événement unique, faisant naître des sentiments partagés. Une journée qu’il faut souligner puisqu’elle représente l’aboutissement de nombreuses années de travail, mais aussi, une journée dont il faut s’imprégner et se souvenir par respect pour la mémoire passée, présente et à venir de la rivière Rupert.

Le 7 novembre 2009, la fermeture des vannes de l’évacuateur de crues de la Rupert a entraîné 71 % du débit de la rivière Rupert vers le nord. L’eau chemine maintenant vers les centrales de l’Eastmain-1, de l’Eastmain-1-A, de la Sarcelle, Robert-Bourassa, LG-2-A et LG-1 pour augmenter le potentiel énergétique du réseau de 5,3 térawattheures. C’est assez d’énergie pour alimenter pendant un an une ville d’environ 400 000 habitants.

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Rupert, la belleLa dérivation partielle de la rivière Rupert, réalisée en novembre 2009, a créé deux bras de rivière : l’un se dirige vers le nord et draine 71 % du débit, tandis que l’autre continue vers l’ouest avec 29 % du débit. Dans cette partie où le tirant d’eau est diminué, huit ouvrages hydrauliques sont actuellement en construction…

Les travaux, qui s’échelonneront jusqu’à la fin de 2010, touchent huit endroits entre le barrage de la Rupert et l’embouchure de la rivière Rupert. Les niveaux d’eau sur près de 50 % de ce tronçon de rivière pourront être maintenus grâce à la réalisation des ouvrages hydrauliques – tapis, seuils et épis. Un tour de passe-passe bien étudié qui permettra de conserver des zones de navigation, de pêche, de chasse à l’oie, des habitats fauniques et des paysages.

Les seuils et les épis sont des structures complexes à réaliser, chacun ayant ses particularités. Par exemple, on construira des chenaux de montaison pour le poisson aux abords de deux des seuils ; à un troisième, on bétonnera sous l’eau; puis, à un quatrième, on remodèlera le fond de la rivière. Autant de défis et d’ingéniosité pour les deux entreprises – Newco et Denis Lavoie et Fils – responsables des travaux.

À la fin de cette cure de beauté, la belle Rupert ne sera peut-être plus tout à fait la même, mais elle aura conservé tout son charme. Son tempo continuera de dicter la vie au cœur même du territoire de la Baie James, comme il l’a toujours fait.

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Touche finaleL’environnement s’est inscrit en lettres majuscules au chantier de la Rupert. On a tout mis en branle afin de réduire l’impact du projet sur le milieu. Ainsi, dès la conception, on a prévu des ouvrages de restitution de débit réservé et des ouvrages hydrauliques. Ensuite, tout au long du projet, l’entreprise a mis en place des mesures d’atténuation comme des frayères, des étangs de chasse à l’oie, des rampes de mise à l’eau, des plantations d’arbres, de l’ensemencement, le réaménagement des aires exploitées... Bien que tout s’achève en matière de construction, il en va autrement pour l’environnement.

Amorcé en 2007, tout un pan du programme environnemental de la SEBJ doit maintenant se poursuivre. Les travaux terminés, on doit s’assurer que les initiatives mises en place pour compenser les milieux affectés fonctionnent bien, et que les impacts sont tels qu’anticipés.

Ainsi, au cours des 10 à 15 prochaines années et en partenariat avec les Cris, Hydro-Québec s’assurera de recueillir des données sur les milieux physique, aquatique, terrestre du secteur. Par exemple, des firmes externes seront responsables de vérifier la qualité de l’eau à différents points d’échantillonnage, d’étudier des communautés de poissons et leur dynamique - esturgeon jaune, omble de fontaine, cisco de lac anadrome, grand corégone et meunier rouge – et d’observer et de décrire l’évolution de la végétation aux sites où les niveaux d’eau ont varié à la suite de la dérivation partielle. Les consultants devront également assurer un suivi des populations de caribous, d’orignaux, de castors et de la petite faune en plus de répertorier et de caractériser les populations de plusieurs espèces d’oiseaux - sauvagine, balbuzard pêcheur, pygargue à tête blanche, hibou des marais, mouette de Bonaparte, espèces d’oiseaux forestiers et chouette lapone.

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Les aspects du milieu humain seront également suivis de près, notamment l’utilisation du territoire : chasse, pêche, trappage, navigation, motoneige, etc. La population crie fera également l’objet d’un suivi. En partenariat avec les Cris, des études seront réalisées sur la perception que cette population a du projet, sur la poursuite des activités traditionnelles, sur les retombées économiques et la formation ainsi que sur différents paramètres de santé.

Les études de suivi ont pour objectif d’évaluer les impacts du projet et l’efficacité des mesures d’atténuation mises en place. En tirant des leçons de l’expérience acquise, les suivis environnementaux permettent ultimement d’améliorer les projets futurs et, notamment, la conception des mesures d’atténuation.

Les activités de recherche sont loin d’être terminées dans la zone du projet de l’Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert. Les études de suivi environnemental ont été lancées en 2007, et certaines se poursuivront jusqu’en 2023 ! Une touche finale qu’il est important d’accomplir pour les générations actuelles et futures.

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Mot du directeur

C’est avec un sentiment de grande fierté et du devoir accompli que je me permets de conclure cette rétrospective.

Les projets de cette envergure et de cette complexité permettent aux hommes et aux femmes qui y participent de se dépasser en bâtissant des ouvrages qui profiteront aux générations futures.

Pour tous ceux et toutes celles qui en étaient à leur première expérience, bienvenue dans le monde des grands bâtisseurs. Pour les autres, votre engagement pave la voie à la relève nécessaire à la poursuite de projets qui assureront la richesse de nos collectivités.

Dans la foulée de la Paix des Braves et dans un esprit de partenariat, nous avons réalisé ces travaux de concert avec les Cris et les communautés hôtes, en ayant comme objectif d’en atténuer les impacts le plus possible.

Je tiens à remercier tous les artisans et toutes les artisanes qui, par leur contribution, ont fait de cette réalisation un réel succès qui marquera la mémoire de ceux et de celles qui en ont été témoins.

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Normand BéchardDirecteur – Projets de l’Eastmain

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À toi ma belle Rupert,

Cette main fière,cette route tracée,ce pain gagné,

jamais je ne pourrai l’oublier.Et je continuerai donc à grandir.

Ce vent si froid,ce ciel si bleu,

ces vents de tendresse,jamais je ne pourrai l’oublier.

Et je continuerai donc à grandir.

Ces moments de solitude,Cette vie accélérée,

Ces instants de passion,jamais je ne pourrai l’oublier.

Et je continuerai donc à grandir.

Et je continuerai donc à grandir,avec l’empreinte indélébile de ton image…

unique, sauvage et vaillante.

Marie-Ève Morin

Des gens de vision et d’énergie