Études sur le bios: un lipide actif et l'indispensabilité de l'inosite

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dmhives Internationales de PhysiologC, 1985. Vol. XL, Fasc. 3. 257 [612.396.19 .397.8] Resit le 24 septembre 1934. BTUDES SUR LE BIOS : UN LIPIDE ACTIF ET L’INDISPENSABILITE. DE L’INOSITE PAR Em. JANSSENS M. D. (Laborafoire dr chitilie biolopiyiir de I’UniversilP dz Loueairi. Directeur : M. IDE). 1 figure Ce travail, comme le precedent (l), poursuit I’isolement de lipides capables de favoriser la multiplication des cellules de levure de biere, comme le fait I’extrait aqueux de levure appele Bios par WILDIERS (2). Les tentatives d’isolement de l’agent actif, en partant des extraits aqueux de levure ou de plantes, n’ont pas atteint leur but, malgrC les patizntes recherches faites 51 Louvain, a Oxford, a Toronto et ailleurs, depuis 1901. C’est pour cette raison que nous suivons la piste de DEVLOO (3) ; celui-ci avait annonce que la lecithine brute extraite du jaune d’ceuf contenait du Bios sous une forme CthCro-soluble. Cette lecithine brute n’est au fond que l’extrait alcoolique du jaune d’ceuf, dont on a Ccarte la kithine-choline par le chlorure cadmique. La lecithine-choline n’a aucune influence sur la levure. Ce qui reste apres l’ecartement de la lecithine-choline ccnstitue un melange de substances inconnues et tres disparates. Quoique ce melange paraisse parfaitement soluble dans I’alcool absolu ou l’ether, on parvient a en retirer des substances hydrosolubles et insolubles dans I’ether, des substances insolubles dans I’alcool, des substances seulement solub!es dans le chloroforme, etc. : et ces substances isolkment si diffkrentes dans leur sohbilite, s’entrainent I’une l’autre quand elles sont mClangCes, soit dans I’ether, soit (l) Arch. intern. Physiol., 1933, XXXVII, 1. (e) E. WILDIERS. - La Cellule, 1901, XVIII. (9 R. DEvr.oo. - La Cellule, 1906, XXVIII. 1 Archives of Physiology and Biochemistry Downloaded from informahealthcare.com by University of Auckland on 12/09/14 For personal use only.

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Page 1: Études Sur le Bios: Un Lipide Actif et L'Indispensabilité de L'Inosite

dmhives Internationales de PhysiologC, 1985. Vol. XL, Fasc. 3. 257

[612.396.19 .397.8] Resit le 24 septembre 1934.

BTUDES SUR LE BIOS : UN LIPIDE ACTIF ET L’INDISPENSABILITE.

DE L’INOSITE

P A R

Em. J A N S S E N S M. D.

(Laborafoire dr chitilie biolopiyiir de I’UniversilP dz Loueairi. Directeur : M. I D E ) .

1 figure

Ce travail, comme le precedent (l), poursuit I’isolement de lipides capables de favoriser la multiplication des cellules de levure de biere, comme le fait I’extrait aqueux de levure appele Bios par WILDIERS (2).

Les tentatives d’isolement de l’agent actif, en partant des extraits aqueux de levure ou de plantes, n’ont pas atteint leur but, malgrC les patizntes recherches faites 51 Louvain, a Oxford, a Toronto et ailleurs, depuis 1901.

C’est pour cette raison que nous suivons la piste de DEVLOO (3) ; celui-ci avait annonce que la lecithine brute extraite du jaune d’ceuf contenait du Bios sous une forme CthCro-soluble. Cette lecithine brute n’est au fond que l’extrait alcoolique du jaune d’ceuf, dont on a Ccarte la kithine-choline par le chlorure cadmique. La lecithine-choline n’a aucune influence sur la levure.

Ce qui reste apres l’ecartement de la lecithine-choline ccnstitue un melange de substances inconnues et tres disparates. Quoique ce melange paraisse parfaitement soluble dans I’alcool absolu ou l’ether, on parvient a en retirer des substances hydrosolubles et insolubles dans I’ether, des substances insolubles dans I’alcool, des substances seulement solub!es dans le chloroforme, etc. : et ces substances isolkment si diffkrentes dans leur sohbilite, s’entrainent I’une l’autre quand elles sont mClangCes, soit dans I’ether, soit

(l) Arch. intern. Physiol., 1933, X X X V I I , 1. ( e ) E. WILDIERS. - La Cellule, 1901, XVIII. (9 R. DEvr.oo. - La Cellule, 1906, X X V I I I .

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dans I’alcool. Cela fut clairement demontre dans notre premier travail.

Mais notre premier travail ne nous avait pas amen6 au but, celui de trouver sous une forme lipoidique stable la substance jouant le r61e de Bios.

Nous avons repris cette recherche en changeant de methode. De plus nous avons tenu cornpte d’une suggestion de I’ecole de Toronto, pretendant que le Bios est un mdange de plusieurs sub- stances egalement necemires a la levure, et que I’inosite est une de ces substances.

Donc, malgre de legitimes doutes sur le rBle de I’inosite, nous a j o u t h e s systCmatiq,uement de I’inosite a toutes les cultures char- gees de lipides qui n’avaient pas present6 de developpzment de I evure .

E t le resu1ta.t fut inattendu : un de nos extraits lipoidiques qui restait sans influence sur les cultures a.va..nt toute addition d’inosite, provoqua une multiplication normale de levure apres 1’a.d jonction d’inosite. L’inosite a eIIe seule est sans influence sur les cultures.’

Du coup nous avions prouve, bien mieux que les chercheurs de Toronto.que I’inosite est indispensable a la. levure et que les autres substances necessaires a la levure pouvaient &tre livrees sous forme 1 ipoidiq,ue.

Nous verrons dam ncs conclusions cornbien ces resultats sont passionnants, non seulernent pour le r d e de I’inosite dans la nature, rnais encore pour toute I’etude des vita.mines nec:ss?.ires a la levure et meme peut-&tre pour I’etude des vita.mines en general.

Remarques sur nos mkthodes

Toutes nos cultures sont faites avec la souche de Wildiers. l o Nous rappelons que nous employons le milieu de Wildiers

pour la culture de levure : 125 gr. d’eau 10 gr. de saccharose de betterave 0 gr. 12 de phosphate bipotassique 0 gr. 12 de phosphate bisodique 0 gr. 12 de sulfate rnagnesique 0 gr. 12 de chlorure ammonique 0 gr. 024 de carbonate calcique

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Dans les experiences relatees ici, nous avons le plus souvent sterilise des series de ballons sans substance etrangere, et nous les ensemenGons avec 2 a 4 gouttes d’une culture relativement rdcente. Elles attendaient alors, a la temperature du laboratoire, le moment ou nous avions des substances a rnettre a I’epreuve.

Nous n’avions qu’a bien steriliser celles-ci au bain-rnarie au moment de les ajouter au milieu deja ensemence depuis quelques jours. Cette methode nous fit gagner du temps et s’imposait au moins pour les additions successives que nous faisions maintenant a la mCme culture.

Quand Line culture, apres ces additions successives, n’a donne lieu a aucun deve!oppement verifie par la perte de poids, nous la reen- semenGons d’abcrd, pour que I’inactivite apparente ne soit pas I’effet d’un premier ensemencement defectueux, cornrne cela arrive. Puis, si la deuxierne semence n’a pas encore produit d’effet, nous addi- tionnons 1 unite de bios, qui doit produire un depart de fermentation evidente en 3 jours. Si la culture reste inerte, c’est que lessubstances additionnees contiennent un produit tcxique pour la levure. Une toxicite legere peut annihiler drs ensemencements faibles en milieu miners1 pauvre en bios; le CBS s’est presente frequemment dans nos essais de cette annee.

Pareils resultats indiquent alors que I’experience est a recom- mencer avec plus de soins.

20 Nous avons pi is I’habitude d’ensemencer tres faiblement nos cultures, soit par 5 cu 10 gcuttes d’une culture ayant marche avec une unite de bias, soit encore plus souvent par 2 gouttes de I’eniulsion de levure apres decantation des 4/5 du liquide clair surnageant. Nous considerons cela comme un minimum ; en effet, quand la semence datait de quelques semaines, elle fut souvent incapable de se developper, mCme apres addition d’une unite de bios ; alors, il fallait la reensemencer pour voir !a culture se developper.

30 Ainsi ensemencees, nos cultures, rnises a I’etuve vers 300, decelaient la presence de bios et la dose relstive de bios par les caracteres suivants : nous considerons comme unite la dcse qui fait perdre a la cuiture lors de son maximum de travail, environ 1.5 gr. par jour. WILDIERS avait choisi ce chiffre, parce qu’il etait le plus reconnaissable. En effet, le double ou le triple de bios n’augmentait pas en proportion la fermentaticn, mais la demi-dose de bios

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rkduisait deja notablement la perte quotidienne qui n’atteignait plus le gramme par jour.

Si on rechargeait de sucre une culture qui avait perdu au rythme de 1 gr. par jour, elle continuait de perdre a ce rythme jusqu’a nouvel epuisement du sucre.

P I semble donc bien que la perte rnaximale correspond a un maximum de levure vivante. Nous avons verifie plusieurs fois les dep6ts de levure centrifugks en tubes minces, comme le font les experimentateurs americains ; or, la hauteur du depBt centrifugi variait dans les mCmes proportions que la perte de CO,.

40 Beaucoup moins caracteristique est le delai que la culture prend avant de commencer son dkgagement de CO, sensible a la balance.

Avec la charge d’une unite, i l faut souvent 48 heures avant de constater un dibut de perte en poids. I1 faut 3 unites pour qu’il y ait ie premier jour une perte de 0.4 gr. et i l faut 10 unites pour qu’il y ait une perte de 0.8 gr. des le premier jour.

S’il y a rnoins d’une unite, le retard s’allonge rapidement; avec le quart d’une unite, I’attente peut se prolonger 5 jours, et la periode lente de perte de 0.1 ou 0.2 gr. peut se prolonger longtemps avant d’arriver au maximum quotidien de 0.5 gr.

Ci-dessous, les pertes quotidiennes d’une serie-ternoin faite avec un extrait de levure qui nous fut livre par la firme Marmite, et pour laquelle 10 cgr. representaient I’unite de bios. On sait que les 3 4 de cet extrait peuvent &re ecartes par les purifications a I’aicool e t I’acetate de plomb, de sorte que, en realite I’unite de Bios ve depasse pas le poids de 25 rngr.

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11 faut donc savoir attendre patiemment 5 e t meme 8 jours avant de decider si la substance a examiner ne contient aucun bios. Aprks ce delai, 1/4 d’unite n’echapperait pas, mais un dixieme pourrait encore Ctre meconnu. Nous devons donc juger les unites par le maxi- mum de perte qu’on constate lorsque le developpement est acquis.

Surtout dans les cultures contenant un !ipide qui ne se maintient pas en emulsion, le depart peut se montrer t r b lent, en retard de deux ou trois jours, alors que les pertes quotidiennes ulterieures montreront que I’equivalent d’une unite entiere de bios s’y tmuve pourtant.

PrCparation du lipide actif

Le pcint de depart est encore I’extrait alcoolique du jaune d aeuf, libere de toute Iecithine-choline, et livre par la firme Merck de Darmstadt. Le premier acte est le mCme que lors de notre premier traveil. L’extrait (environ 50 gr.) est dissous dans 10 volumes d’ether sulfurique ; i l se f a m e un depBt de NH,CI. On filtre dans un entonnoir a decantation, et a cette solution etheree, on ajoute un volume equivalent d’eau distillee ; on agite et an laisse 24 heures au repcs.

Une grande quantite de substance entre dans I’eau, qui en devient brune-viclttte, elle tient m&me beaucoup de matiere en suspension. L’ether n’a retenu que des graisses que nous savons Ctre inactives et constituees quasi exclusivement de vraies graisses saponifiables et a peu pres sans azote.

La solution etheree est ecartee, puis une nouvelle quantite d’ether est agitee avec la solution aqueuse. Des la seconde fois, I’ether ne reprend plus grand’chcse, tandis que la couche aqueust. reste foncee et trouble.

Mais voila que dans nos tentatives pour faire disparaitre m e emulsion gCnante q u i separe souvent les deux couches, nous consta- tons que I’addition d’alcool methylique produit un effet inattendu : non seulement les emulsions disparaissent, mais une grande quantite de substances quitte I’eau pour entrer dans I’ether.

Par titonnement, nous apprenons que la quantite optimale d’alcool pour atteindre ce but est environ 1/4 de la masse d’eau.

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Des la premiere fois qu’on fait pareille addition, tout ce qui restait en suspension dans I’eau se dissout et est repris par l’ether. Celui-ci devient tres fonce, et se decante tres bien.

En repetant cette manaeuvre, on obtient une serie d’extraits etheres, qui enlevent chaque fois de la matiere coloree a la solution aqueuse. Nous avons fait ainsi 6 a 8 portions etherees successives d’une mCme portion d’extrait d’aeuf. Chaque fois que I’Cther ne semble plus se colorer convenablement apres I’avoir secoue avec la solution aqueuse, nous ajoutons 50 ou 100 cc. d’alcool methylique et chaque fois la solution aqueuse pilit e t l’ether se charge de notivelle matiere.

Quand I’addition d’alcool est excessive, I’Cther ne se separe plus ; eau, alcool et ether forment une solution uniforme. Alors, l’addition de 100 a 200 cc. d’eau fait reparaitre la couche etheree.

C’est dans ces extraits etheres que se trouvera le lipide qui nous interesse.

Le traitement ulterieur des lipides repris par I’kther montra encore leur complexite.

Apres evaporation, des portions variables se montrerent insolubles dans I’alcool. Ces insolubles dans I’alc~ol ktaient soiub!es dans l’ether mais ne contenaient pas de substances actives pour la levure, m$me en presence d’inosite. Ce precipite alcoolique etait souvent le plus accentue dans la premiere porticn CthCree et dans la derniere.

Le filtrat soluble dans l’alcool et dans l’ither fut seul retenu. II etait soluble aussi dans le chloroforme et sa solution chloroformique fut versee dans l’eau pour qu’elle lui abaiidonnht eventuellement de I’hydro-soluble. La partie chloroformique restant au fond du vase, 1.etenait les lipides purifies.

L’ether de petrole le dissolvait completement. Cependant, la difference d’activite des diverses portions nous fait penser qu’il y reste des lipides inactifs en quantite notable.

La soude deci-normale, mCme en grand exces, dissolvait la plus grande partie du lipide, mais y laissait un trouble que, ni la centri- fugation, ni la filtration ne purent ecarter.

L’ammoniaque a la mCme concentration formait une suspension epaisse, beaucoup plus dense et plus visqueuse que celle de la soude.

Ces essais ne permettant pas une separation correcte des elements divers, nous reservons la suite de ces tentatives pour une explo-

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ration ulterieure. Le lipide soluble dans l’alcool, dans I’ether sul- furique, dans I’ether de petrole et dans le chloroforme, fut examine comme tel par les cultures de levure.

:lctivite du lipide

L’influence du lipide ainsi prepare, nous aurait totalement echappe, si nous n’avions pas presume vraie la these de Mrne EASTCOTT sup le r61e de l’inosite ; nous anticipons donc a ce point de vue sur la question de I’inosite.

Pour liquefier, transvaser et porter dans les cultures deja ense- mencees les depbts de lipides Cthero-solubles, nous avons parfois employe 2 cc. d’alcool ethylique : la sterilisation alors du tube a essai demandait des precautions e t le deversement de la solution laissait assez de substance adherente aux parois du tube : 2 cc. d’alcool dans 125 gr. de milieu n’inhibe pas le developpement. D’autres fois, nous reprenions les lipides par une quantite donnee de soude deci-normale, puis nous neutralisions ce melange par une quantite equivalente d’acide acetique ; I’emulsion forrnee restait assez maniable jusqu’apres sterilisation .

Cette reprise des lipides est peut-&re la manceuvre la plus delicate de nos manipulations. On peut I’eviter en ajoutant ces substances au milieu de culture avant la sterilisation de celui-ci.

Voici la marche de 0.5 a 1 gr. du lipide extrait de la fagon precitee, soluble dans I’alcool, dans I’ether sulfurique et dans I’ether de petrole. Les epreuves suivantes (voir tableau p. 264) sont faites avec 3 echantillons de preparations differentes, n’ayant de commun que le point de depart, soit la provision de pseudo-lecithine livree par Merck.

Remarquez bien le nombre de jours d’attente avant I’addition d’inosite, puis l’intensite des pertes maximales en poids.

I! n’y a donc pas de doute que ces lipides contiennent a part de bios que I’ecole de Toronto appelle : Bios 11, les pertes de plus de 1 gr. au moment des maxima sont significatives.

Lestrois cultures faitesplus loin. p. 265. avec les mCmes lipides ayant subi un traitement de recherche n’a.pporteront que la confir- mation de la meme these.

Le depart au troisieme ou quatrikrne jour seulernent apres I’addition de I’inosite avec toutes les precautions d’asepsie necessaires, n’est

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Pertes en poids des cultures chargees de lipide !

Jours [I) preparation no 1 (2) prkparation n o 2

jours -

5 - -

+ incrsite j cgr. -

-

0 . 1

0.2 0.2 1.2

1 . 5 1 . 5

3) prkparation no j

probablement. pas dG exclusivement a I’etat non emulsionne du lipide, mais encore au vieillissement de la culture qui datait alors de 10 jours de couveuse, sans aucun element pour se developper.

En effet, nous verrons que la culture ne presente pas ce retard si on additionne d’emblee I’inosite.

Ce lipide n’est pas un savon

Notre premiere question fut de refaire ici l’epreuve du caractere (( savon )) ou (( non-savon )) : les lipides actifs de notre premier travail avaient tous le caractere de savons.

Cette epreuve semble tres facile, car le lipide se solubilise presque completement dans I’eau en presence de NaOH deci-normale.

Pour 0.5 gr. de lipide correspondant a une unitC, nous employons 6 cc. de solution de soude N/lO ; il reste un trouble en suspension, qui ne se separe pas par filtration. Cela constate, nous additionnons un excedent de HCl, de fa$on a obtenir une forte reaction acide au papier rouge Congo. Ce melange redevenu laiteux est verse dans un entonnoir a decantation et additionne d’ether. Le lipide colore rentre dans I’ether et la couche aqueuse est devenue tres Claire.

A p r b 24 heures de repos, les deux couches sont t r b bien separees, sauf un petit trouble insoluble entre les deux. On separe facilement

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Perte en poids

la couche aqueuse et la couche etheree en sacrifiant le petit trcuble intermediaire.

Si le lipide etait le savon d’une base hydro-soluble, le principe actif serait dans I’eau et la partie CtherCe ne contiendrait qu’un acide gras inactif.

Naturellement, le point de depart etant prive d’inosite, i l faudra faire 1’Cpreuve en additionnant ce corps. Nous ernployions a ce moment 3 cgr. d’inosite par culture.

Or, la partie lipoidiyue aya.nt subi ce traitement est encore Pctive, comme le montrent les cultures suivantes :

Perte e n poids

50 csr. de lipide trait& ii froid par 6 gr. de N:iOH N / l o e t repris p . i i l’itIie.1- apris acidification. -

Jours

( 5 ) 50 cgr. + ilrosr.tc

+ inosite 3 cgr. 0.2 1.2 1 .I

continue

jour.‘ (1.2 0.9 1 . 1 0.9

6 0.9 7 0 . 4 S 6puisP

jours -- 0. u t . ) . h

0.7 6 0 . 4 7 0 . 5 S 0 . 4

La partie lipoidique est donc restee active malgre l’action de la soude et de HCl.

Des bases Bventuellement liberees devraient se trouver dans la partie aqueuse du melange eau-ether. Donc cette partie aqueuse est soigneusement neutralisee au bicarbonate sodique et el!e est alors additionnee a des bouillons de culture charges ou non de 3 cgr. d’inosite chacun.

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Cultiires faitps avec les parties aqueuses correspondant i :

0.5 gr. de lipide + inosite

- Jours

11

Perte en poids

0 iddition de bios marche riipide : perte de 1.7 gr. en 2 jours

1.5 gr. de lipide + inosite

- Jours

- 18

Perte en poids

0 addition de bios inarche a p x t i r du second jour

0.8 gr. de lipide

- Jours

- 6

5

sans inosite

Perte en poids

0 addition de

inosite (3

Donc la soude Nj l0 a froid, suivie de HCI en exces, ne libkre pas le bios dans la partie aqueuse, comme le ferait un savon.

L’addition de bios sert A nous garantir contre I’ensemencement insuffisant, et contre I’intoxication par des sels ma1 neutralises ou excessifs.

L’absence totale de bics dans cette partie aqueuse refute en outre l’objection suivante qu’on pourrait nous faire : N les quantites de lipide employees : 0.5 a 1 gr. indiquent une contamination par un bios hydrosoluble dont 0.025 forrnent deja une unite; ce n’est pas I’lthero-soluble lui-mCme qui est actif, mais son impuretl 1).

Telle serait I’objection. Or le lipide solubilise par la soude, puis remis en emulsion par

I’acide, aurait certainement abandonnk la majeure partie de ses impuretes hydro-solubles a la partie aqueuse dans le decanteur.

Comme tout le principe actif est reste attache au lipide, et que rien n’est entre dans l’eau acidulke, nous pouvons conclure que c’est bien sous une forne e‘thero-soluble que se trouve ici le bios II et que ce lipide n’a aucun caractere de savon.

Nous avions eu ce lipide en main lors des recherches de notre premier mkmoire, mais son activitl nous echappa faute d’inosite ; d’ailleurs, sur la foi d’experiences en cows alors, nous ne croyions pas encore a l’indispensabilite de I’inosite.

Une culture faite avec toute la portion intermediaire formant suspension entre I’eau et I’ether, n’a donne aucun dCveloppement,

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mkme apres I’addition d’inosite : ce n’est donc qu’une des impuretes qui se rivele ainsi.

Autres caracteres de ce lipide. - Comme nops n’avons aucune raison de penser que le lipide actif se trouve a I’etat de purete dans nos preparations, la presence de N (azote) et d’un peu de S (soufre), n’a aucune importance.

La facilite avec laquelle ce lipide se dissout dam I’eau en presence de soude, suggererait I’idee que ce lipide serait un acide gras formant savon avec la soude.

Pour le verifier, nous avons ajoute a une portion lipoidique une quantite tres insuffisante mais bien mesuree de NaOH, N/lO. Si nous nous trouvions devant un acide susceptible de faire un savon, nous aurions d i obtenir, croyons-nous, une solution partielle au moins neutre.

Mais le melange restait toujours franchement alcalin, mCme apres chauffage au bain-marie. E t pour atteindre la neutralite au papier- tournesol, nous devions ajouter exactement la quantite correspon- dante d’une solution acetique N/10.

Remarquons que la neutralisation par I’acide acetique ne troublait pas immediatement une solution sodique du lipide, contrairement B ce qui se produit pour les savons.

Le lipide n’est donc ni un savon, ni un acide gras ordinaire, e t pourtant, i I se dissout en grande psrtie dans la solution de NaOH NjlO et s’en laisse retirer par l’acidification sans Ctre altere.

Ncus donnons ces rtnseignements sans leur attribuer plus qu’une valeur hypot hetiqut:.

Alterabilite du ligide actif

A la soude : Quand nous avons chaufle la dissolution incomplete de ces lipides dans la soude deci-normale, ne fit-ce qu’au bain-marie, durant 30 minutes, le lipide IibCre alors par HCI e t repris par I’Cther ne nous a plus montre aucune activiti : la partie soluble dans l’eau acidulee etait aussi inactive.

Enfin, les deux parties reunies etaient aussi inactives.

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I1 y avait donc eu destruction et non separation. Cela n’etonne pas quand on se rappelle que le bios ordinaire hydrosoluble est aussi facilement detruit par la soude.

Les phenomenes suivants sont plus etonnants :

A la baryte : L’extrait aqueux de levure, supporte I’ebuilition en presence d’un exces de baryte durant trois heures. C’est la methode d’Eastcott et C O pour leur preparation de Bios IIA et IIB.

Au contraire, le lipide traite par la baryte de la mCme faqon fait un ccmposk insoluble dans I’eau, et toute activite a disparu, tant dans la porticn etherc-soluble, que dsns I’hydrcsoluble.

A l’acide : L’hydrolyse acide (H,SO, N/IO, temperature de I’ebul- lition durant 24 heures), methode qui, selon Malengreau et Prigent, dissocie cornpletement les elements de la Iecithine-choline ( I ) , a aussi profondement modifie le lipide : la solution aqueuse est devenue franchement colcree, e t i I s’est forrne un residu ncir insoluble dans l’eau et dans l’ether. La soluticn etheree conserve I’aspect anterieur.

Mais nous ne sommes pas parvenu a retrouver de I’activite dans aucun des produits de I’hydrolyse.

Cette hydrolyse a ete I epetee sur un autre echantillon en chauffant seulement au bain-marie pendant 24 heures. Le resultat fut le mCme. Pourtant une base !iberee ps(r I’hydrdyse acide sous forrne de sulfate suiait certaincrnint resiste a ce traitement. Cela montre encore que I’hypcthese que le bics serait une base, est probablement fallacieuse.

Or, I’extrzit aqueux de levure que nous avons soumis a la mCme hydrolyse, conserve son bios a peine affaibli.

Ces rbul ta ts ont de quoi nous etonner. Si le bios (en dehors de I’inosite) etait une substance unique, dont le lipide est une synthkse quelconque avcc un radical gras, la baryte ou I’hydrolyse acide devrait avoir libere le bios dans I’eau ou I’avoir laisse dans le lipide. Ces agents n’auraient pes pu le faire disparaitre.

I1 se pssse dcnc ici quelque chose d’etrange ; peut-Ctre dissocions- nous deux CICments, tous Its deux necessaires, et dont I’un est plus alterable sous cette forme que sous la forme qu’il a dans l’extrait aqueux ; ou bien, Iegerement alterable, i l serait en surabondance

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ETUDES SUR LE BIOS 269

*es grande dans le bios ordinaire, tandis qu’il serait parcimonieuse- lent represente dans le lipide. Ce sujet devra &tre suivi de p r b , et peut reserver des resultats

1 tkressants. La piste que nous offre le lipide, nous met devant de toutes

ouvelles hypotheses. S’il y a, outre l’inosite, encore deux elements separables dans le

ios, comme les auteurs Canadiens le croient, nous pouvons esperer icore une fois les separer mieux a I’Ctat lipoidique, que dans une issolution aqueuse comme I’extrait de levure. Notre premier sultat, concernant l’inosite, nous y encouragera.

D E U X I E M E PARTIE

L’indispensabilitk de l’inosite

Le rBle de l’inosite reste discute parce que les experiences faites avec s methodes americaines ont donne des resultats t rop variables. I1 iporte pour le chercheur de connaitre les causes qui troublent ces cherches afin d’arriver A des conclusions admissibles par les hiologistes j plus critiques.

Historique. - Depuis 1923, plusieurs ecdes en Amerique (I ) se Int efforckes de separer plusieurs elements dans le bios. On a ‘r t l’impression, a la lecture de leurs articles, que les chercheurs nericains se sont imagines la tfiche plus facile, qu’elle n’est en ,alite. Si les revues annuelles, Biological Abstracts et Journal of hemical Society, donnent des rapports succincts qui laissent une ipression favorable, la lecture critique des originaux ne confirme is du tout cette impression. D’ailleurs, les infirmations n’ont pas sse de pleuvoir sur la plupart des resultats annonces.

(l) Tels sont entre autres :

EDDY et Robert WILLIAMS. - Lab. Ph?~siol. Chew.

Roger WILLIAMS. - Chew. Laboratory, University o f M I L L E R , EASTCOTT, MACONACHIE, LUCAS. - Biochet/i.

FULMER, D U E C K E R , NELSON. - Lab. Bi0fihJj.T. Cheril.

Washhgton.

l o s x State Coll. Coluiirbia Uiiinrrsitv

Oregori. Labor. of Toroilto.

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Nous ne pouvons nous occuper ici des auteurs qui pretendent trouver 3 ou 4 elements dans le bios, d’autant plus qu’on attribue des proprietes differentes a diverses levures de bi&e, souche Wildiers, souche Miiller, souche de Toronto, etc ... (l).

Les resultats des experiences de fractionnement du bios sont loin d’avoir une nettetk sa.tisfa.isante : en effet le developpement de la levure se montre encore notable avec chaque fraction A ou B du bios et quand la subdivision d’une fra.ction B fait entrtvoir un 3e element C, alors Gue chaque fraction n’eta,it pas pure d’avamce,’ tous les rbul ta ts deviennent discutables.

Pour Ctre h I’a.bri de toute critique, i l fmt q,u’aucune fra.ction‘ isolee ne permette a.ucune multiplica.tic~n des cellules, que seule la reunion des diverses fractions livre un devefoppement, et alors ce developpement doit Ctre franc et normal comme avec le bios entier.

Or nous somrnes loin d.e la : et pour le moment i l y a une premiere question a trancher : l’inosite est-elle indispensable ?

I1 y a 10 ans qu’au laboratcire de chimie de Toronto, on a com- mence a separer deux elements dans le bios (”. Ce travail ne s’est precise que par l’identification du biss I avec l’inosite (3).

Les contrdles faits par d’autres laboratoires donnerent plutdt des resultats negatifs (4) entre les mains d’auteurs particulierement competents. Le dernier travail de Toronto (5) cherche a interpreter ces divergences.

Pour montrer le id!e de I’inosite, i l faut d’abord obtenir un extrait de bios prive de toute inosite. Aussi tout I’effort des travailleurs de Toronto a porte sur la precipitation de l’inosite dans I’extrait de levure par 2 methodes :soit I’acetate basique de plomb, soit la solution de baryte additionnee de 2 volumes d’alcscl. Les cultures faites avec ies filtrats ne devraient presenter aucun developpement,

(I) Toutrs 110s ?xpr(rieilies ont it6 fa;trs :ives la soucht. de Wildiers.

(7 EASTCOTT. - J . Phys. C k ~ r ~ r . , X X X I I (192s). ( 4 ) N A R A Y A N A N , Bioch. J O U ~ J ~ . , X X I V . 6, 1930, nie It SLiCC$S de la prici-

BUSTON r t P R A M A N I K . Bioih. Joicr?~., X X V . 1931, nieiit I’efkt sciinplCmr!it:tire

W I L L I A M S e t B R A D W A ~ , ]014,~7/ . A//it+it.. Chew. SOL-.. 19.31, p. i Y 3 , riient

G U H A , Bioi.Iww. jozw/L., X X V , t , 1 9 3 1 . wrifirine les prCc6dents. MILLER, EASTCOTT, MACONACHIE. - j o i m z . Anier. Cheni. SOC. LV, 1933.

(’) LUCAS. - J . Phys. C h t ~ . , X X V I I I (1924).

pitaticn p;ir 1’:icCtate bssique de plomh : tout Ir bios est d m s Ie filtrnt.

de I’inositol pour uii tiltrnt de haiytt: alcoolique.

totalement I’eH‘et de I’inosite w r 1:i souche de Wildiers.

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Sans inosite

(niethode k la baryte) 140 (mithode ilu Pb) . . . 110

ces methodes ecartaient toute inosite et si I’inosite etait indis- nsable. Or leurs cultures soi-disant sans inosite, presentent encore un veloppement evident ; comparees avec les autres, apres 24 heures culture, avec agitation (dam des tubes en L), elles livrent les

iffres comparatifs suivants (p. 1509) (l) :

Avec inoGte

i l l )

32 5

Bins I I donc sans innsite. 120

Ians ces cultures, I’ensemencement equivaut au chiffre 1 a 2 ; cultures sans inosite atteignant 110 a 140, oiit donc presente enorme developpement. L’experience est coupee apres 24 heures, I C c’est le debut du developpement que nous entrevoyons et nous savons pa.s si, apres 48 heures cu 72 heures, les differences de :ure ne seraient pas effacees, les cultures sans inosite ayant -rape leur arriere. I1 y a lieu de le craindre, car jamais les auteurs parlent de ce qui arrive plus tard ; des chiffres de dep6t final iient pourtant beaucoup plus ititkressants que ceux d’une pkriode debut.

Avec ino\ite 263

:ule 1’indisyerisabilitt d’une substance pr6se:ite quelquc iiitcrPt bin- que, parce qu’elle prouvc que la cellule cst incapahle d e protluire m@me cette substance.

une substance acccilere seulement la niultiplication d p s cell i i l t .~ OLI ugmente m@me le nombre final, cela est hcaucorip inoins important ; e espice de facteurs peuvent intervenir clans cette stimul a t ’ ion. epuis PASTEUR, une foule de substances hailales ont 6tC rc‘coniiues ulantes de la croissance OLI de la fermentation de la Ieviiri‘ [It‘ hiirc. nt WILDIERS, on ne rechcrcliait quc cela e t c’est aiiisi q u ~ . e n 1900, Iaragine etait e n grand Iionneur. Tout rbceiiimcnt, ZELLEr< (?) mo:itrc. tles facteurs certainenlent secondaircs, coinme K C N , NH,S, etc., rent po~isser le clCbut e t I’intensitb de la ffrtric-ntaticiii d ’ u w facon

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presque incroyable (pour une levure toute faite, mise en suspension). RICHARDS (l) trouve que le Thallium peut exercer une action tres stirnu- lante sur la croissance des premieres 24 heures.

Les auteurs de Toronto eux-mOmes, devraient remarquer I’enorrne influence de I’agitation des cultures et de leur oxygknation, surtout sur le depart de la culture.

HANSEN, de Copenhague, le grand maitre e n matiere de levure, a dejA demontre, il y a 55 ans (2) que I’agitation pouvait quadrupler la vitesse de multiplication d’une cellule de levure.

Quant a I’influence de I’oxygenation sur la multiplication, elle est telle (quoique la levure de hiere soit anaerobie facultative), que la methode industrielle, pour faire beaucoup de levure sans alcool se base preci- sCment sur I’oxygenation intensive.

II ne manque donc pas de facteurs physiques et chimiques capables de fouetter une culture, c’est-&dire : d’accelerer la multiplication des cel- Ides qui se ferait tout de mOme sans ces facteurs, quoique plus lentement.

Pour demontrer I’indispensabilite, il faut que la croissance soit nulle en l’absence de la vitamine, e t qu’elle reprenne immediatement son ascension normale quand la vitamine est ajoutee.

C’est par des courbes de croissance (stationnaires sans vitamine, ascendantes avec elle e t semblables aux contr6les) que toute la physiologie des vitamines est etablie.

Enfin, si l’inosite est indispensable, ce caractere doit ressortir dans toutes les formes de cultures, donc aussi dans nos cultures ordi- naires non agitees.

Si les rksultats americains n’ont pas ete plus categoriques, cela depend d’autre chose, croyons-nous. Ce sont leurs methodes pour ecarter I’inosite qui sont imparfaites. Les methodes a I’acetate basique de plomb ou a la baryte alcoolique, servent bien a retirer beaucoup d’inosite des milieux naturels ou elle se trouve, mais personne n’a prouve qu’on debarrasse un milieu de toute inosite par ces methodes.

Donnkes chirniques. - L’inosite se trouve le plus souvent SOUS

2 formes dans les plantes, sous forme de phytine ou sel calcique- magnesique de I’hexaphosphate d’inosite [HCO- PO, (OH)&Ca Mg ; e t sous forme d’inosite libre isolee [HCOH],.

(l) RICHARDS. - /. biol. Chew, XCVI, 1932. (’) Travaux du Laboratoire de Carlsberg, I , 95.

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Dans beaucoup de graines, presque tous les phosphates organiques ; trouvent sous forme de phytine : c’est la combinaison phos- Yoree la plus riche de ces graines, probablement la forme initiale. Dans le moat de biere, qui est surtout un extrait simple de germes orge, la phytine est largement representee : i I en est probablement : mCme dans la cellule de levure elle-meme. Or, au point de vue chimique, ces deux formes d’inosite se com- r t e n t t r b differemment (l).

La phytine est soluble dans I’eau froide : precipitee a 1000 (eau millante) elle se redissout a froid (inedit): precipitke par tous les Is plombiques et par tous les sels barytiques. L’inosite Iibre est soluble dans I’eau froide et chaude ; soluble Lns I’alcool jusqu’a forte concentration, mais la solution commence se troubler vers 600/,. Une solution alcoolique concentree livre encore u n precipite inosite par I’addition d’ether. Elle n’est pas precipitee par I’acetate utre de plomb. MClangee A certaine concentration avec une solution saturee icetate basique de plomb,elle forme une masse gelatineuse, difficile nanier. La solution aqueuse chauffee avec la baryte caustique et addi- mnee de 2 volumes d’alcool methylique ou ethylique donne un Ccipite blanc assez massif, mais dont le filtrat contient encore

En presence de bases [NaOH, Ba(OH),] et d’acides (H,SO, N/IO), ime a chaud (lOOO), I’inosite est stable. On comprend dbs. lors : 10 Que I’on puisse rencontrer un extrait de levure riche en phytine pauvre en inosite qui, trait6 par les sels de plomb ou simplement re rapidement achaud,ne laisse qu’une solution pauvre en inosite : aura etC I’extrait de levure de Maconachie denomme (( Yeast 2335 of the Am. Type Cult. Coll’s )) (2).

!O Que la plupart des extraits de levure traites simplement par :etate basique de plomb ou par la baryte et additionnes de 2 volumes

I ’inosi te 1 i bre .

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d’alcool, se soient montres encore suffisamment riches en inosite pour ne donner que des resultats fallacieux entre les mains de la plupart des experimentateurs.

Virifications chimiques. - Nous avons verifie la plupart de ces proprietes sur des echantillons de phytine (Ciba) et d’inosite (Merck). Mais nous avions surtout a contrder le resultat des methodes appliquees par les experimentateurs de Toronto sur les extraits de levure avec la pretention d’en Ccarter I’inosite.

Ce contrde, applique a des solutions pures d’inosite, nous a immediatement convaincu de I’inefficacite de ces methodes.

A. 50 centigr. d’inosite (Merck) sont dissous dans 10 cc. d’eau distillee. Nous y ajoutons 10 cc. d’une solution saturee d’acetate de plomb basique de la pharmacopee. II ne se forme aucun trouble, ni aucun depBt, mCme apres 24 heures.

20 cc. d’une solution d’inosite a l0h sont additionnes de 5 cc. de solution saturke d’aceta.te plombique basique. Le melange reste limpide. Apres 3 fois 24 heures, iI y a un leger voile au fond du vase, ne representant strement pas 1 cgr. de matiere.

I1 se forme parfois une masse gelatineuse transparente au fond de I’eprouvette, dont on ne constate la presence qu’en inclinant le tube : cette masse rentre dans la solution et disparait en I’agitant.

Traitees par le H,S pour ecarter tout le plomb, les solutions claires evaporees laissent de notables masses d’inosite.

Enfin, une solution d’inosite a l:(, est additionnee de son volume de solution d’acetate plombique basique de la pharmacopee belge (solution saturee) ; puis a ce melange on ajoute goutte a goutte de I’ammoniaque concentree alissi longtemps que ces gouttes provo- quent un trouble visible. Ainsi presq,ue tout le plomb est precipite. Or le filtrat de cette preparation, libere de tout plomb et evapore, livra.it encore des quantites appreciables d’inosite libre. L’acetate basique de plomb tst donc un reactif tres infidele pour l’inosite.

B. 10 cgr. d’inosite sont mis dans 20 cc. d’eau avec un excedent de baryte caustique, chauffes a I’ebullition sous refrigerant vertical durant 3 heures et additionnks de 2 volumes d’alcool. Le filtrat, libere de toute baryte par H,SO, et evapore, livre un residu appre- ciable d’inosite.

Ce qui est plus fort : une solution d inosite barytke et additionnee de quake volumes d’alcool, retient encore de l’inosite en solution. I1 n’y a donc rien a attendre de la methode a la baryte et I’alcool.

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ETUDES SUR LE BIOS 275

Enfin nous avons applique fous les mires rnoyens que le Handlexi- con d’abderhalden indique cornme rnoyens de destruction ou de precipitation de I’inosite ; aucun n’a reussi, ou bien ils ne detruisaient pa.s l’inosite, ou bien ils detruisaient en mCme temps les autres elements du bios. Seule l’acetylisation ne nous a. pas encore donne de resultats definitifs ; elle est facilement incomp!ete, et les produits d’acetylisation sont complexes et difficiles a traiter. Cette methcde est a reprendre.

Conclusion. - Sur un extrait de levure contena.nt de I’inosite libre, les methodes employees a Toronto ne peuvent pas ecarter toute l’inosite.

Nous ajouterions mCme qu’il n’y a. guere d’espoir d’aboutir en partant des solutions aqueuses de bios, mtme en leur appliqumt des methodes plus parfaites.

Virjfication biologique. - Durant des rnois, sans douter de la valeur des methodes chimiques appliquees a Toronto, nous avons fait des cultures selon Wildiers avec des extraits aqueux de Ievure traites par ces rnethodes. Durant des mois, les differences rnesurees par les pertes de CO, ne furent que dirisoires entre extraits soi- disant sans inosite et avec inosite.

Souvent trois cultures contenant des quantites bien mesurees, correspondant a 1 unite de bios ou a 3/4 d’unite de la solution mere, sous forrne

l o : de solution mere, 20 : de son filtrat plombique basique, 30 : du filtrat plombique + inosite,

presentaient une rnarche aussi semblable entre elles que trois temoins entre eux.

I1 est arrive que la troisieme culture chargee d’inosite prenait une legere avance sur la seconde, mais la seconde, arrivee deux jours plus tard a son maximum de rendernent, perdait quoti- diennernent autant de poids que le ternoin charge d’inosite.

Au moins les solutions contenant moins d’une unite de bios aurpient dii se montrer sensibles a la soustraction d’un 61Cment indispensable.

En somrne, nous ne virnes qu’une certaine acceleration de la croissance au debut, et encore de faSon inconstante.

Nous e s s a y h e s ensuite d’irniter les cultures agitees de Eastcott, en plaGant 20 cc. de milieu dans de larges Erlemeyers. Ces Erlerneyers

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1 cc. de filtr:tt

Jours Perte en poids

- I 2 0.600 5 3.200

Ctaient fixes sur un plancher suspendu, qu’un moteur secouait vivement 30 a 60 fois par minute.

11 nous fallut toujours 48 heures pour avoir un trouble rnanifeste. Evidemment, nos Erlemeyers ne valaient peut-btre pas les tubes speciaux en L de Toronto, mais un detail de ce genre ne peut pas t t re capital.

Apres 3 a 4 jours, toutes les cultures avec ou sans inosife, presen- taient le m&me trouble, et les dCp8ts decant& en tube de centrifuge, se valaient a un millimetre prks, sur des hauteurs de 5 A 10 milli- rnbtres.

Devant des resultats aussi decevants, nous aurions declare que I’importance de I’inosite etait accessoire et nous n’aurions plus recommence si les experiences avec le lipide ne nous avaient demontre entreternps que les auteurs amkricains avaient tout de mCme raison, quant au fond.

Nous reprimes donc les methodes de Eastcott, pour ecarter I’inosite avec des soins particuliers en cornbinant toujours les deux methodes, a I’acetate basique de plomb d’abord, puis a la baryte en presence d’alcool.

E t voici les meilleurs resultats que nous ayons obtenus :

Extrait de levure (20 cc.). Chauffe pendant 3 heures en presence de 2 gr. de baryte ; puis precipitation par addition de 2 volumes d’alcool, pour ecarter I’inosite.

I cc. de filtrat $- I cgr. d‘inmite

Prrte en poids Jours I

- 1 2 1.400 5 3 . s( JO

I cc. de ce filtrat, correspond a 10 centigr. d’extrait de levure.

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ETUDES SUR LE BlOS

Autre preparation obtenue de la mCrne faFon

277

- 1 cc. de filtrat seul

Jours

1 2 5

Perte en poids

N u I

~-

0.7 3.4

N o 2 N o 3

0.6 0.6 3.9 3 . 5

1 cc. de filtrat + 1 cgr. d’inosite

Perte en poids

N o 4

- 1 .I 3.4

N o 5

- 0.8 4 .0

Nous devions donc conclure, ou bien que I’inosite n’etait pas indis- pensable, ou bien que les mkthodes pour l’kcarter etaient inefficaces. Nous avons vu que la seconde alternative etait la vraie.

Cultures auec le lipide. - Pour arriver a demontrer le caractere de vitamine de croissance de l’inosite, i l fallait tomber sur un milieu qui ne contenait plus d’inosite du tout. Pareil milieu s’est revele Ctre une solution de lipide extrait du jaune d’oeuf : iI a l’avantage de livrer encore tout le bios I1 (encore complexe peut-Stre) sans l’inosite. L’inosite, qui etait primitivement dans l’ensemble des lipides de I’ceuf, s’est trouvee ecartee par les reprises a I’ether.

Les experiences 1 a 4 et comme contr6le les experiences 5 et 6 (pages 136 e t 138) montrent que sans inosite, la culture reste absolu- ment sans multiplication, alors qu’apres addition d’inosite, ces milieux arrivent a une fermentation equivalente a celle de l’unite de bios pour les cultures 1 ,2e t 5, et a celle de 3/4 d’unitk pour les cultures 3 et 4, et enfin a celle d’une demi-unite pour la culture 6.

Les courbes ci-apres (fig. 1) representent la marche des cultures faites selon la methode de Wildiers. Elles representent les pertes en grammes par jour de cultures de 125 gr., contenant 10 gr. de sucre. Ce qu’il importe de remarquer est le chiffre maximal de ces pertes quotidiennes ; ces pertes maximales assez constantes apres les premiers jours indiquent la valeur en unites de bios : 1 gr. 50 equivaut a la culture contenant I unite de Bios, 1 gr. correspond a une demi-unite.

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A gauche, nous representons les pertes d’une serie-temoin d’apres A . AMAND (I), qui a le mieux etabli ces gradations.

Dans ce tableau, les chiffres mis a droite de chaque courbe, indiquent la perte en poids maximale atteinte par la culture. Les chiffres entre parentheses (1 a 6) a gauche des cultures a inosite indiquent les experiences de ce memoire au chapitre le r .

II est hors de doute que I’inosite a elle-seule, ne permet aucun developpement d’un milieu de culture minerale, sucree.

Le risultat de ces cultures montre que l’inosite est une substance indispensable a la levure, au mtme titre au moins que le reste du bios .

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~ T I J D E S SUR LE BIOS 279

Considkrations gknkrales

L’inosite, fort negligee par les biologistes jusqu’ici, devient ainsi une substance de premier ordre, indispensable a la vie de la levure, une des vitamines de la levure.

Sa formule est tout a fait caracteristique :

H H 0 0

H O C H H C O H

0 0 H H

Elle est isolee dans la famille des substances vivantes, Ctant cyclique non aromatique. Ce n’est pas un sucre, mais un pur alcool. N’ayant pas de chainon aldehydique ou cetonique, . i l n’est pas facilement oxydable et ne fait pas de syntheses avcc les hydrazines. II sera donc beaucoup plus resistant aux agents chimiques et beau- coup plus difficile a retirer des milieux naturels.

I1 n’a pas d’action sur le plan de la lumiere polarisee ( I ) et i l est inutile de I’appeler (( i-inositol 1) ; cette appellation date de la periode ou on croyait I’inosite de la famille des sucres (avant 1887, MAQUENNE).

Quant a sa distribution dans la nature, nous pouvons dire des maintenant qu’elle sera tres etendue. Partout oh on trouve du bios (sens primitif), i l doit y avoir de I’inosite. Or le bios se retrouve dans presque tous les extraits de plantes et d’animaux (DEVLOO) (2).

C’est donc une substance extremement repandue et necessaire probablement a toute cellule vivante.

Si c’etait une substance facile a produire aux depens des hydrates de carbone, la cellule de levure n’aurait pas besoin de I’emprunter au milieu ambiant. A

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Et, si la cellule de levure, reputee si puissante en synthtses orga- niques (PASTEUR la croyait toute puissante, sauf a faire le dextrose), est incapable de faire de l’inosite, i l serait tout B fait extraordinaire en biologie que les cellules animales puissent faire ce que la levure ne peut accomplir.

I1 est probable, des lors, qu’elle est une des substances indis- pensables de I’alimentation animale et qu’elle se placera a cbte de la lysine, de I’histidine, de la tyrosine et des vitamines. Dts lors, il y aura des carences inositiques et des maladies de sa carence.

Nous ne croyons pas qu’il y ait la moindre exageration dans ces previsions.

Comme hydro-soluble, sa place se trouve dans les subdivisions toujours plus nombreuses de la vitamine B. Elle n’y a pas encore CtC soupgonnke, et pourtant elle doit y Ctre.

Rbsumb et conclusions

L’auteur a applique une nouvelle methode a l’analyse de la lecithine brute de jaune d’ceuf dans le but d’en isoler les lipides jouant le rde de Bios de Wildiers. I1 a separe divers groupes lipoi- diques e t I’un d’eux a presente les proprietes culturelles du Bios, a condition de lui adjoindre de l’inosite.

Comme ce lipide, mis seul en culture minerale sucree, ne permet aucun developpement de levure (en 8 jours) et que I’inosite seule est tout aussi inefficace, la preuve peremptoire est faite au sujet des faits suivants :

10 Le Bios de Wildiers est bien un melange de deux substances au moins et des lors on ne saurait plus prendre en consideration des pretendus cristaux de Bios, substance unique, ni les formules chimiques qu’on leur a attribuees.

20 L’inosite est une substance indispensable a la levure, et la levure est incapable de construire scn chafnon cyclique sature en C,. A fortiori, semble-t-il, sera-t-elle incapable de faire les chainons aromatiques en C, et les chainons plus compliques encore.

30 La ou les substances necessaires au developpement de la levure, en dehors de l’inosite, existent aussi sous forme lipoi’dique dans les graisses du jaune d’aeuf.

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Ces lipides ne se comportent pas comme des savons d’une base : aussi I hypothkse que le Bios serait une base precipitable par I’acide phosphotungstique perd beaucoup de sa probabilite.

L’auteur a bien demontre pourquoi les experiences faites jusqu’ici pour prouver le rele de I’inosite ne pouvaient donner de resultats convaincants. Les mkthodes americaines employees pour ecarter I’inosite d’un extrait aqueux de levure ou de plantes’sont incapables d’atteindre leur but. I1 n’existe mCme aucune methode connue a ce jour pour arriver a ecarter I’inosite d’un extrait aqueux.

La preparation d’un groupe de lipides d’ceuf nous a. livre, sans que nous le cherchions, un Bics I1 (tel le nomme EASTCOTT) non melange d’inosite.

I1 est a esperer aussi que I’exl;loration analytique du Bios I1 sera plus facile sous forme lipoi‘dique que sous forme de solution aqueuse.

Commentaires. -- A la lumiere de ces faits, le Bios d’une part et la biologie de la levure de b i b e d’autre part apparaissent sous un jour tout nouveau.

Que nous somme sloin des opinions de PASTEUR qui croyait la levure capable de construire toutes ses molecules au moyen de sels mineraux et de sucre. La levure n’est mCme pas capable de faire de I’inosite, molecule si proche d u sucre, et elle a besoin encore d’autres substances contenues dans le Bios I1 : et i l y en a probablement plusieurs.

Et le Bios ainsi compris.n’est encore que le melange des vitamines les moins precieuses, c’est-a-dire agissant en masse relativement grandes.

En effet, on a remarque depuis WILDIERS, qu’une culture minerale sucree et additionnee d’une unite de Bios exigeait encore un ense- mencement assez large, 2 gouttes au moins d’une emulsion riche en cellules.

11 est probable qu’on apporte ainsi a la culture des elements plus precieux, agissant a des doses de centiimes de milligrammes. Une substance pareille est le Fer necessaire au cytochrome, le ferment respiratoire si bien etudie par WARBURG.

Personne n’a intentionnellement additionne du fer aux cultures, i l est amene comme impurete des sels mineraux ou avec les gouttes d’ensemencement : car il y est incontestablement.

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La levure vit donc cornme un parasite tres accentue : pourquoi ne le serait-elle pas, elle q,ui vit toujours sur le milieu le plus riche en auxines et en vitamines qu’on puisse s’imaginer, c’est-a-dire I’extra,it de graines en germination.

A ce sujet, les reactions des auxines ressemblent si fort aux reactions de nos lipides, d’apres nos recherches en cours, qu’il doit y avoir la des points de contact.

KOCL d i t bien que ses auxines additionnees d’inosite n’influencent pas la levure, mais ses auxines sont beaucoup plus purifiCs que nos lipides du Bios I 1 ; KOGL n’offre a.insi que 2 vitamines A la levure alors qu’il faudra lui offrir toutes les vitamines reunies.

Et ainsi convergeraient vers un plan commun ]’etude des vita- mines, celle des auxines et celle du Bios. L’une aidant I’autre, I’andyse du bios, avec cornme test la cellule de levure favoriserait ainsi I’exploration finale des vitamines.

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