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en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2019
Memoire n°*
présenté et soutenu publiquement à Paris le ??* septembre 2019
par
Romain MOURADIAN
pour l’obtention du
Diplôme en Ostéopathie (D. O.)
Etude pilote : apports de l'ostéopathie dans la prise en charge des
nouveau-nés opérés de laparoschisis à l'hôpital Robert Debré
Directeur de memoire Mme Chemsy ANNIBA, ostéopathe D.O., enseignante IDO
Co-directeur Pr. Arnaud BONNARD, chirurgien viscéral pédiatrique à
l'hôpital Robert Debré (PUPH)
President de Jury* Prénom NOM, titre éventuel
Assesseurs* Prénom NOM, titre éventuel
Prénom NOM, titre éventuel
en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2019
Memoire n°*
présenté et soutenu publiquement à Paris le ??* septembre 2019
par
Romain MOURADIAN
pour l’obtention du
Diplôme en Ostéopathie (D. O.)
Etude pilote : apports de l'ostéopathie dans la prise en charge des
nouveau-nés opérés de laparoschisis à l'hôpital Robert Debré
Directeur de memoire Mme Chemsy ANNIBA, ostéopathe D.O., enseignante IDO
Co-directeur Pr. Arnaud BONNARD, chirurgien viscéral pédiatrique à
l'hôpital Robert Debré (PUPH)
President de Jury* Prénom NOM, titre éventuel
Assesseurs* Prénom NOM, titre éventuel
Prénom NOM, titre éventuel
A Odile, qui m'a inspiré cette grande aventure...
REMERCIEMENTS
Je veux d'abord remercier l'Institut Dauphine d'Ostéopathie, tous ses enseignants et
en particulier Messieurs Frédéric Pariaud et Renan Bain et Mme Emmanuelle Dahan-Zeitoun,
membres du comité de recherche, pour leurs nombreux enseignements, leur disponibilité et
leur aide précieuses.
Je remercie vivement les équipes des services de Chirurgie Viscérale et Urologique,
de l'Unité de Soins Continus, de Néonatalogie et de Réanimation néonatale de l'Hôpital
Robert Debré pour leur accueil chaleureux et leur participation active et bienveillante à cette
étude. Merci d'avoir patiemment accepté de répondre à mes très nombreuses questions, d'avoir
pris le temps de m'aider aussi souvent que possible et d'avoir partagé café et bonne humeur à
toute heure du jour et de la nuit.
Je remercie le Professeur Alaa El-Ghoneimi, chef du service de Chirurgie viscérale et
urologique, et le Professeur Valérie Biran, chef du service de Néonatalogie et Réanimation
néonatale, de m'avoir accordé leur confiance pour réaliser cette étude.
J'ai une pensée particulière pour le Dr. Valeska Bidault, chirurgien viscéral
pédiatrique, qui m'a judicieusement incité à réaliser cette étude à l'hôpital Robert Debré et y a
guidé mes premiers pas.
Merci à ma mère, Odile Jourdainne, ostéopathe D.O., de m'avoir transmis la passion
de l'art ostéopathique, de m'avoir supporté sans faille tout au long du chemin et d'avoir su me
secouer lorsque cela était nécessaire.
Je remercie ma famille pour leur accompagnement et la qualité de leurs relectures.
Je remercie mes amis pour leur présence indispensable et leurs innombrables
contributions.
Merci à toute l'équipe du restaurant l'Auberge Bressane, avec qui j'ai passé ces 5
dernières années, pour votre sens de la dérision, votre amitié et votre soutien.
Je remercie Mme Chemsy Anniba, ostéopathe D.O., enseignante à IDO et directrice
de ce mémoire, de m'avoir guidé avec simplicité, sérénité et dans un esprit de transmission.
Enfin, je remercie sincèrement le Professeur Arnaud Bonnard, chirurgien viscéral
pédiatrique à l'hôpital Robert Debré et tuteur de ce stage, d'avoir rendu possible et d'avoir
supporté cette étude passionnante.
SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………………….………6
1. REVUE DE LITTERATURE …………………………..10
2. MATERIELS ET METHODE ……………………….....12
1. Materiels…………………………………….…….....12
2. Methode ………………………………………..……13
3. RESULTATS…………………………………….………27
4. DISCUSSION……………………………………………32
1. Analyse des résultats statistiques ………………….32
2. Discussion technique………………………………34
3. Discussion osteopathique…………………………..36
CONCLUSION………………………………………………43
6
INTRODUCTION
Les recherches récentes démontrent que "tout geste chirurgical génère un
stress qui peut être responsable de profondes modifications hormonales, métaboliques
et physiologiques. La convalescence postopératoire est donc un processus complexe
propre à chaque patient." (Slim, 2018, p. 4). L'auteur mentionne que c'est "la meilleure
compréhension de l'agression chirurgicale et de la réponse physiologique à cette
agression" qui a abouti à la mise en place des programmes de Récupération Améliorée
Après Chirurgie (RAAC).
La RAAC est "une approche de prise en charge globale du patient favorisant
le rétablissement précoce de ses capacités après la chirurgie." (Haute Autorité de Santé,
2016). Le développement de ces programmes depuis une vingtaine d'années au sein de
centres hospitaliers français comme l'hôpital Robert Debré a ouvert la voie à une
démarche d'amélioration des soins péri-opératoires qui se traduit notamment par la
recherche de "nouveaux outils" (ibid.). Ce mémoire, qui étudie les apports de
l'ostéopathie dans la prise en charge post-opératoire des patients opérés de laparoschisis,
est né de cet esprit d'ouverture.
Le laparoschisis est une malformation de la paroi abdominale par défaut de
fermeture : les viscères abdominaux sont extériorisés dans la cavité amniotique à travers
un collet situé quasi systématiquement à droite de l'ombilic. Cette malformation
congénitale survient "certainement" durant l'organogénèse entre la 7e et la 12e semaine
de gestation (S.G.) (SAPIN, 2010). C'est une pathologie rare, d'étiologie encore
inconnue - l'hypothèse la plus communément admise est vasculaire -, dont l'incidence
est évaluée "entre 1 et 4,4 sur 10 000 naissances selon les registres" (SAPIN, 2010,
p.12) en excluant les rares cas d'anomalies chromosomiques et digestives. Entre 1999 et
2008, il est rapporté une augmentation de 6% tous les deux ans en Europe (Loane et al.,
2011). Les facteurs de risques maternels identifiés à ce jour sont : "jeune âge, prise
médicamenteuse (aspirine), tabagisme, consommation de cocaïne, infections
7
urogénitales ou sexuellement transmissibles" (Auber, 2010; Castilla et al., 2008)
auxquels l'on peut rajouter la primiparité (Gottrand and Turck, 2016).
En période néonatale, le tableau classique du laparoschisis inclut des
"complications infectieuses (causées par la stase digestive et les lignes veineuses),
occlusives (chirurgie secondaire pour l'atrésie, le grêle court, les adhésions, etc.) ou de
reflux digestif […]" (Luton et al., 2003, p. 556). On décrit par ailleurs des troubles
digestifs tels que les coliques, la constipation, les ballonnements, les rejets et les
vomissements (ibid.).
Outre les lésions macroscopiques, le contact des anses intestinales avec le
liquide amniotique provoque des réactions chimiques qui peuvent induire une
malabsorption ainsi qu'une réaction inflammatoire, la périviscérite, responsable d'un
hypopéristaltisme (Luton et al., 2003, pp. 552–553; Morrison et al., 1998). L'ensemble
de ces facteurs macro et micro aboutissent à une incapacité fonctionnelle digestive à la
naissance qui doit être compensée par l'utilisation de la nutrition parentérale. C'est
"toute l'homéostasie" du corps qui s'en trouve bouleversée (ibid., p. 557).
Privé d'alimentation entérale et orale pendant ses premiers jours de vie, le
nouveau-né découvre plus tardivement les réflexe de succion nutritive et de déglutition
pendant que son tube digestif tente de remplir sa fonction jusqu'à permettre la survie
sans aide extérieure. Les principaux enjeux à court terme pour ces nouveau-nés opérés
au premier jour de vie sont le rétablissement de la fonction digestive, la prévention des
complications postopératoires et la gestion de la douleur et de l'inconfort dus aussi bien
à la pathologie qu'à sa prise en charge (Fournier-Charrière et al., 2015).
Pendant cette période cruciale, quels bénéfices peuvent être tirés d'un
traitement ostéopathique ? Quelle peut être son influence sur l'évolution à court terme
des nouveau-nés opérés de laparoschisis ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous avons choisi de calquer sur cette
étude les objectifs et les critères d'évaluation utilisés classiquement dans la prise en
charge des laparoschisis à l'hôpital Robert Debré. Le volet chirurgical du traitement des
laparoschisis suit les objectifs fixés dans le cadre de la RAAC : "une meilleure
satisfaction du patient, des complications post-opératoires réduites ou équivalentes et
8
une durée de séjour hospitalier plus courte." (Haute Autorité de Santé, 2016). Des
objectifs qui se traduisent dans le cas des laparoschisis par une volonté de réduire les
durées d'autonomisation digestive, d'accès à l'oralité complète et du temps
d'hospitalisation. Ce sont les objectifs primaires de cette étude, à partir desquelles on
peut formuler trois premières questions :
- Le traitement ostéopathique a-t-il une influence sur le temps d'acquisition
de l'autonomie digestive ?
- Le traitement ostéopathique permet-il au nourrisson de s'alimenter
oralement sans aide entérale ou parentérale plus rapidement ?
- Le traitement ostéopathique peut-il réduire la durée d'hospitalisation des
patients ?
Les objectifs secondaires concernent l'étude des facteurs qui sont susceptibles
de retarder la récupération (“Haute Autorite de Sante - Programmes de récupération
amelioree après chirurgie (RAAC),” n.d.), et dont dépendent les résultats de l'étude
principale, à savoir : la reprise du transit, l'état de l'abdomen et le contrôle de la douleur
par l'utilisation d'antalgiques.
Bien qu'elle ne soit pas intégrée officiellement dans une procédure de RAAC,
dont les critères sont précis et doivent être validés collégialement, cette étude est
construite pour s'en approcher le plus possible. J'espère ainsi démontrer que
l'ostéopathie a un intérêt thérapeutique et un impact statistique dans la prise en charge
des laparoschisis.
9
Photo 1 - Laparoschisis préopératoire, Marc Chalhoub, M.D., 2019
10
1. Revue de littérature
1.1. Articles de recherche
Bases de données consultées : Pubmed, EM Consulte, Science Direct, Research Gate.
Mots clefs : gastroschisis pour laparoschisis ; OMT (Osteopathic Manipulative
Treatment) + osteopathic + manual medicine + manual therapy pour ostéopathie ;
surgery ou surgical ou abdominal surgery pour chirurgie ;
- Gastroschisis et OMT : 0 résultat pertinent n'a été trouvé.
- OMT et chirurgie et/ou chirurgie abdominale et/ou chirurgie digestive : 4
résultats pertinents, des articles qui s'accordent tous sur une insuffisance de
littérature sur le sujet. La seule méta-analyse existante conclue à "un besoin
urgent d'évaluer l'ostéopathie dans ce contexte de soin et avec une approche de
recherche appropriée" (Sposato and Bjerså, 2018). Les autres conclusions sont
la faisabilité et l'absence de danger de l'ostéopathie après une chirurgie
digestive, la réduction du temps d'hospitalisation et une influence positive sur
les critères mesurés.
- OMT et prématurité : littérature bien plus fournie, la tendance des conclusions
est en faveur d'une amélioration des résultats avec un traitement ostéopathique,
notamment la réduction du temps de nutrition parentérale et du temps passé en
unité de soins intensifs. 15 résultats pertinents ont été trouvés, dont 12
similaires à ceux trouvés avec les mots clefs OMT et soins intensifs néonataux.
- OMT et unité de soins intensifs néonataux : sur les 22 résultats trouvés dans la
base de données, 12 sont des résultats pertinents. La plupart concluent à un
influence bénéfique de l'ostéopathie dans la réduction des durées
d'hospitalisation totales et en unité de soins intensifs. Deux études concluent à
une absence de dangers de l'ostéopathie crânio-sacrée dans ce contexte précis.
La plupart des études sur le sujet (5) ont été menées en Italie sous la direction
ou avec la participation de Francesco Cerritelli (Président du Centre for
Osteopathic Medicine Collaboration). Ce dernier présente d'ailleurs son étude
sur l'efficacité de l'ostéopathie sur les enfants prématurés en unités de soins
11
intensifs comme la première étude "à sa connaissance" utilisant une méthode
de référence : un protocole d'essais cliniques en simple aveugle randomisé et
multicentrique (Cerritelli et al., 2013b, p. 5). Les recherches bibliographiques
effectuées ici permettent, à notre connaissance, de confirmer cette information.
1.2. Ouvrages
Nous n'avons pas trouvé d'ouvrage à ce jour traitant de la question de
l'ostéopathie en lien avec le laparoschisis ou avec la chirurgie digestive néonatale.
Cependant il existe une bibliographie assez nourrie sur le thème de l'ostéopathie
pédiatrique. Ces ouvrages fournissent des principes de tests et de traitement ainsi que
des connaissances nécessaires au travail avec les nourrissons. Ils permettent d'établir ou
de solidifier une représentation du physiologique qui pourra servir de point de
comparaison à l'étude du pathologique.
12
2. Matériels et méthode
2.1. Matériels
2.1.1. Promoteur et directeurs
Cette étude a pu voir le jour grâce à l'appui et à la tutelle du Pr. Arnaud
Bonnard, chirurgien viscéral pédiatrique, et à l'accord du Pr. Alaa El Ghoneimi, chef du
Service de chirurgie viscérale et urologique pédiatriques à RDB.
Le promoteur de cette étude expérimentale est le Comité de recherche de
l'Institut Dauphine d'Ostéopathie, qui demande à tous ses étudiants de réaliser un
mémoire pour valider le Diplôme d'Ostéopathie du F.E.R.O.
Les co-directeurs de ce mémoire sont Mme. Chemsy Anniba, ostéopathe D.O.
et enseignante à l'IDO, et le Pr. Arnaud Bonnard, PUPH, chirurgien viscéral pédiatrique
à l'hôpital Robert Debré.
2.1.2. Population
Chaque année, entre 8 et 15 nouveau-nés atteints de laparoschisis sont pris en
charge à l'hôpital RDB, qui est un centre de référence national en la matière. On dit là-
bas qu'ils arrivent "par séries". Entre novembre 2018 et avril 2019, 5 patients atteints de
laparoschisis sont nés à RDB et 4 ont pu être intégrés à l'étude, le cinquième a du être
exclu car il présentait de multiples facteurs confondants (cf Discussion).
2.1.3. Lieux, outils et intervenants
Les séances d'ostéopathie sont réalisées directement en chambre à l'hôpital, que
ce soit dans les couveuses de réanimation néonatale et de l'unité de soins intensifs
néonataux ou dans les lits berceaux de l'unité de surveillance continue et du service de
chirurgie viscérale. Le port d'une blouse spéciale est requis.
Une fiche de consentement éclairé (Annexe 3) a été signée au préalable par les
parents des patients.
13
Les données des patients nécessaires à l'étude sont mesurées et/ou recueillies
par les soignants (infirmier(e)s, auxiliaires de puériculture, pédiatres et chirurgiens)
dans tous les services concernés par les patients atteints de laparoschisis. Ces données
sont notées quasi systématiquement dans des documents appelés "diagramme de soins
et de surveillance" (annexe 4) ou "fiche de surveillance".
2.2. Méthodes
2.2.1. Critères d'inclusion et d'exclusion
Il existe une classification des risques mise au point par Molik et al dans une
étude en 2001, largement reprise depuis dans les travaux de recherche sur le
laparoschisis, et qui les divise en deux groupes : simple (LAPS) et complexe (LAPC).
La forme complexe, soit 11 à 31% (Molik et al., 2001, pp. 51–55), rassemble les cas qui
font l'objet d'une complication d'atrésie intestinale, de perforation ou de sténose
détectées en diagnostic anténatal ou au moment de la naissance. Les cas associant des
malformations congénitales digestives ou extra-digestives ou des anomalies
chromosomiques rentrent également dans cette catégorie. F. Abdullah et al complètent
cette classification en y ajoutant la nécrose et le volvulus (2007, F. Abdullah et al., n.d.,
pp. 50–55).
Il est à préciser que les cas de laparoschisis complexes sont à mettre en
corrélation avec des taux moyens de mortalité et de morbidité bien plus élevés, ainsi
qu'une durée d'hospitalisation totale moyenne plus longue et un allongement significatif
du temps d'autonomisation digestive (2014, Bergholz et al, 1527 - 1532). Ce qui justifie
leur exclusion de la population d'étude.
L'entérocolite ulcéro-nécrosante du nouveau-né (ECUN) est une autre
complication digestive importante, dont le diagnostic peut mener à un accouchement en
urgence. La présence d'une ECUN est donc un critère d'exclusion sauf si elle est prise
en charge à un stade précoce. C'est-à-dire avec une inflammation mais sans lésion
tissulaire, le traitement est alors conservateur (mise à jeun, antibiothérapie).
14
Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) est fréquent chez les patients
opérés de laparoschisis mais il n'influence que peu leur évolution néonatale (Capelle et
al., 2008). Il ne constitue donc pas un motif d'exclusion.
La prématurité à moins de 34 S.A. est décrite comme un facteur de risque de
complications et d'une morbidité plus importantes chez les laparoschisis (Baer et al.,
2019). Les patients nés avant la 34e S.A. sont donc exclus de l'étude.
En résumé, les cas qui intéressent cette étude ostéopathique sont les
laparoschisis dits simples, filles et garçons indifféremment, nés et pris en charge à
l'hôpital RDB et n'ayant pas développé de complications digestives majeures durant leur
hospitalisation initiale.
Les autres complications seront traitées au cas par cas.
2.2.2 Recrutement du groupe témoin
Les critères de sélection et la taille des cohortes sont identiques pour les deux
groupes. Le groupe témoin est constitué de 2 patients pris en charge à RDB de février
2018 à septembre 2018 et n'ayant pas été traités en ostéopathie pendant leur
hospitalisation. Le recrutement a été fait avec l'accord des responsables du service de
chirurgie viscérale et urologique.
2.2.3. Prise en charge des laparoschisis à l'hôpital Robert Debré
2.2.3.1. Diagnostic, prise en charge prénatale et naissance
L'hôpital Robert Debré est un centre de référence national pour la prise en
charge des laparoschisis. Ils sont le plus souvent détectés à la première ou à la seconde
échographie de grossesse. Il est alors nécessaire d'adapter le suivi vers une surveillance
régulière. En période prénatale, la mesure de la dilatation digestive des anses
intestinales (DDEA) par echographie fœtale permet de detecter "si le fœtus est dans un
groupe à risque de complication ou non" (PRODHOMME, 2017, 93). L'existence d'une
atrésie congénitale ou celles d'une entérocolite, d'un volvulus ou d'une strangulation
complète des anses au collet peuvent aboutir à une necrose du grêle ou à la mort fœtale.
15
On déclenche alors l'accouchement en urgence. En dessous du seuil alertant du risque
ou de la confirmation de complications, la prise en charge n'est pas modifiée.
La plupart des patients sans complication digestive prénatale sont déclenchés en
prématurité légère, entre 35 et 37 S.A., car ce terme d'accouchement "semble faciliter la
fermeture d'emblée du laparoschisis, la périviscérite étant moins intense qu'à un terme
plus tardif" (Gottrand and Turck, 2016, p. 222). Une naissance par voie basse
programmée est en général privilégiée en première intention1. Contrairement à ce qu'on
pourrait croire, il n'existe pas de réelle contre-indication à l'accouchement par voie basse
pour les laparoschisis (PRODHOMME, 2015, p. 275 ; KIROLLOS et ABDEL LATIF,
2018, 355 - 363). Comme pour une naissance physiologique, la césarienne est pratiquée
lorsqu'il existe un risque de complication.
2.2.3.2. Prise en charge néonatale et post-opératoire
Le nouveau-né est placé sous assistance médicale (sac à grêle, assistance
respiratoire), maintenu à jeun et transféré au bloc opératoire au plus tôt.
La fermeture chirurgicale de la paroi abdominale en un temps est favorisée si la
réintégration viscérale est possible et bien supportée par le patient2 (Decker, 2008),
certaines études l'associant à un début plus précoce de la nutrition entérale et à une
durée moyenne d'hospitalisation plus courte (Youssef et al., 2017). Tous les nouveau-
nés pris en charge au moment de cette étude ont dû l'être avec une réintégration
1 "Aucun argument objectif ne permet donc de recommander un accouchement par césarienne en cas de
laparoschisis […]. Néanmoins, l'induction de l'accouchement quand les équipes et infrastructures en charges de
l'enfant sont prêtes et mobilisées, diminuerait la mortalité globale et la morbidité, avec un niveau de preuve C"
(Prodhomme, 2015, p. 275).
2 C'est-à-dire s'il ne présente pas de signes d'hyperpression abdominale pouvant entrainer un syndrome du
compartiment abdominal (SCA) : "se définit par une pression intra-abdominale dépassant un seuil critique,
accompagnée de perturbations fonctionnelles majeures de différents organes comme le foie, les intestins,
les reins, le cerveau et les systèmes cardiovasculaire et respiratoire" (Netgen, n.d.).
16
progressive des anses intestinales selon la technique de Schuster, à l'aide d'un silo ou
d'un écarteur de plaie de type Alexis (Annexe 1). C'est donc la seule méthode que nous
retiendrons ici. Une fois l'Alexis posé, le nouveau-né est transféré dans le service de
réanimation néonatale où il restera jusqu'à atteindre un état hémodynamique stable avec
un poids d'au moins 2500 grammes. Les chirurgiens passent ensuite quotidiennement
resserrer le sac pour faire entrer les anses intestinales dans l'abdomen.
La fermeture pariétale chirurgicale, à proprement parler, est réalisée au bloc ou
en ambulatoire le plus tôt possible en fonction de la tolérance du patient (Harris et al.,
2015). Un cathéter veineux central est mis en place en même temps que le silo pour
permettre la nutrition parentérale et les injections médicamenteuses.
Photo 2 - Mise en place de l'Alexis, Marc Chalhoub, M.D., 2019
Il n'existe actuellement aucun protocole de kinésithérapie - rééducation
fonctionnelle spécifique pour les patients atteints de laparoschisis. Elle est toutefois
prescrite au cas par cas par les médecins pédiatres pour des problématiques classiques
17
comme les troubles de l'oralité, le massage cicatriciel et abdominal, les troubles
respiratoires, les plagiocéphalies, l'éveil moteur - avec les psychomotriciens - et le
drainage lymphatique (Caradec, n.d.). Parmi les patients pris en charge à Robert Debré,
peu ont reçu des soins de kinésithérapie, la plupart des prescriptions concernaient le
développement de l'oralité et les massages abdominaux à visée d'amélioration du transit.
2.2.4. Schéma de l'étude
Figure 1 - Schéma du déroulé de l'étude
Le protocole de nutrition trophique démarre au plus tôt 5 jours après la fermeture
chirurgicale de la paroi abdominale (Annexe 2). Il date le début de cette étude et rythme
la suite de la prise en charge. "Ce protocole a été diffusé au niveau national par
l’intermédiaire d’un Protocole Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) évaluant
l’intérêt des amnio-échanges dans cette malformation (PHRC national, « Etude
randomisée comparant l’amnio-échange à l’absence d’amnio-échange pour la prise en
charge des fœtus atteints de laparoschisis », investigateur principal Pr D Luton)"
(Walter-Nicolet et al., 2009). avec des effets bénéfiques prouvés sur le devenir néonatal
des patients (ibid C'et pourquoi il est aujourd'hui "homogène et bien codifié". La
première séance est réalisée dans les 24 heures précédant ou suivant le début de
18
l'alimentation entérale. Puis le suivi ostéopathique se fait au rythme de deux séances
hebdomadaires, sauf en cas de contre-indication médicale, jusqu'à la fin de
l'hospitalisation. Les cas de ré-hospitalisation après la sortie initiale ne sont pas pris en
compte dans l'étude.
Contre-indications à la pratique ostéopathique :
- Du fait de la surveillance permanente du patient, les contre-indications
classiques du nouveau-né sont induites par le corps médical lui-même.
- Toute suspicion de complications digestives ou d'une autre manifestation
clinique nécessitant des examens complémentaires (Décret n° 2007-435 du 25
mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie, n.d.) :
ECUN avec ou sans perforation, occlusion intestinale, etc. (Cerritelli et al.,
2013b, p. 2)
- Dégradation de l'état général, troubles hémodynamiques, signes vitaux
inconstants (fréquence cardiaque, taux d'oxygénation du sang, etc.) (Cerritelli et
al., 2013b, p. 2).
- Contre-indications constatées ou décidées subjectivement au cas par cas en
accord avec les équipes médicales, paramédicales et chirurgicales : souvent
simplement de bon sens ou guidées par l'application d'un principe de prudence.
2.2.5. Critères de mesure pour les objectifs de RAAC
Les objectifs spécifiques de la RAAC pour les patients atteints de laparoschisis
ont été définis avec le Pr. Bonnard et présentés dans l'introduction. Ils sont évalués via
la durée d'autonomisation digestive, la durée d'obtention d'une oralité complète, le
nombre et la nature des complications post-opératoires et enfin la durée totale
d'hospitalisation avant la première sortie de l'hôpital.
- Autonomisation digestive : durée totale entre le début de la nutrition
trophique et l'obturation du cathéter qui marque l'arrêt de la nutrition
parentérale.
19
- Oralité complète : durée totale entre le début de la nutrition trophique et
le moment où le nourrisson s'alimente sans aide entérale ou parentérale :
en nombre de jours. Si le cathéter ou la SNG doivent être réutilisés par la
suite, la première date est retenue.
- Durée d'hospitalisation depuis le début de la nutrition trophique jusqu'à la
première sortie de l'hôpital et durée d'hospitalisation totale : en nombre
de jours.
- Mesure du nombre de complications post-opératoires courantes :
- Occlusives : adhésions cicatricielles, iléus
- Infectieuses : les infections sont fréquentes dans le cas d'une
réintégration progressive, elles peuvent être la cause d'iléus et
d'un allongement de la durée d'hospitalisation (Uribe-Leitz et al.,
2017).
- RGO nécessitant une reprise chirurgicale (opération de Nissen).
Les complications présentes dans le tableau des LAPC en sont exclues.
2.2.6. Sous-études : critères de mesure pour les objectifs secondaires
Les critères de mesure des objectifs secondaires sont ceux dont vont dépendre
les objectifs primaires. Leur évolution conditionne les décisions médicales,
chirurgicales et nutritionnelles jusqu'à la fin de la convalescence. Sur le modèle du
protocole de nutrition trophique (Annexe 2), les critères évalués sont le transit (selles et
résidus gastriques) et l'état de l'abdomen. Ces informations seront mises en perspectives
de la ration alimentaire journalière associée. Nous mesurerons également prises
d'antalgiques.
- Alimentation : elle est caractérisée par son mode d'administration (entéral,
parentéral, oral) et la ration alimentaire journalière (quantité en millilitres) fixée par les
médecins. Les modalités détaillées de la nutrition sont inscrites dans le protocole de
prise en charge nutritionnelle (Annexe 2). Grâce à ces données, on peut évaluer les
progrès effectués vers l'autonomisation digestive. Elles sont ensuite mises en corrélation
20
avec les critères d'évaluation cliniques (transit, état de l'abdomen) pour dresser le
tableau clinique de la situation digestive des patients.
- Voie parentérale : l'alimentation par voie intraveineuse est
le seul moyen disponible avant le début de la nutrition trophique. En cas
de mauvaise tolérance entérale (grand inconfort, vomissements, quantité
de résidus gastriques trop importante), le patient est maintenu à jeun
pendant 24 à 48 heures et la parentérale prend le relai. "La ration
parentérale sera diminuée d'un volume égal à l'augmentation de la
ration entérale" (Annexe 2).
- Voie entérale : par l'intermédiaire d'une sonde gastrique ou
nasogastrique (SNG), délivrée en bolus (1 fois par heure), par NEDC
(nutrition à débit continu) ou par NEDD ( nutrition à débit discontinu).
Mesurée en millilitres (mL). Indications d'arrêt de la nutrition entérale :
mauvaise tolérance, complication postopératoire.
- En oralité : au biberon ou au sein, mesurée en mL.
L'alimentation orale est privilégiée dès lors que le nourrisson l'accepte, il
s'agit au début de le stimuler et de l'habituer à la tétée et au passage du
lait dans le tractus digestif, puis de tendre vers une alimentation orale
complète. L'alimentation orale précoce est un facteur de bon pronostic
(Michaud et al., 2018, p. 840).
- Transit : il est évalué en nombre de selles par jour et catégorisé ainsi :
- selles spontanées
- selles après lavement
- traces de selles spontanées
- traces de selles après lavement
- absence de transit
21
Le transit est l'un des indicateurs essentiels de la prise en charge et de la
surveillance clinique. La présence de selles spontanées est le meilleur résultat possible,
alors que l'absence de selles est le signe clinique le plus inquiétant car il fait toujours
redouter une complication digestive (SNFGE, 2015).
Le critère retenu pour son évaluation est la prescription et l'application d'une
stimulation de la fonction motrice par voie rectale (Annexe 2). La prescription de
lavements est une décision thérapeutique médicale qui reflète le tableau clinique d'une
insuffisance au niveau du transit, et ce même en présence de selles spontanées.
Lorsqu'elle est prescrite mais non appliquée, elle est retenue comme absente.
- Résidus gastriques : mesurés en millilitres (ml), ils sont aspirés par la sonde
nasogastrique (sonde de SALEM pour une aspiration permanente ou SNG avec
aspiration des résidus entre deux alimentations). Les résidus verts sont de type biliaire et
signent une absence de progression du bol alimentaire dans le grêle voire son
refoulement dans l'estomac. Le niveau et la nature des résidus sont surveillés de près car
ils peuvent révéler un syndrome occlusif : fonctionnel (iléus ou occlusion réflexe) ou
mécanique (volvulus, brides cicatricielles) (SNFGE, 2014, chapitre 15). Les résidus
blancs correspondent au lait injecté ou bu et sont physiologiques : ils signent une stase
gastrique et donc un défaut de progression mais sans occlusion. En cas de résidus
laiteux, la démarche est alors de les réinjecter chez les patients afin de respecter la ration
alimentaire journalière déterminée par le protocole de nutrition trophique. Si la quantité
de résidus biliaires dépasse celle de la ration alimentaire donnée ou bien qu'ils
s'accompagnent d'un arrêt des matières et des gaz (tableau occlusif), la nutrition est
arrêtée temporairement. Un ratio d'un tiers ou moins de résidus par rapport à la ration
entérale permet l'augmentation de la ration (Annexe 2). C'est l'évolution de ce ratio (en
pourcentages) qui sera analysé dans les résultats.
- Etat de l'abdomen :
- Ballonnement de l'abdomen : c'est un signe clinique
d'évaluation de la fonction intestinale (Sergueef, 2007, pp. 379–380). Il
22
est évalué par les chirurgiens et l'équipe paramédicale grâce à la
palpation et à l'analyse du comportement du nourrisson qui peut traduire
un inconfort digestif (efforts de poussée, tortillements, rejets de
l'alimentation, etc.). Il peut être la conséquence d'un tableau fonctionnel
(ballonnements simples sans arrêt du transit) ou d'un tableau de
complication digestive (ECUN, iléus, occlusion sur bride, volvulus, etc.).
- Soins cicatriciels : mesure de la durée de cicatrisation
moyenne de la plaie abdominale. Ils peuvent être une contre-indication à
la palpation locale en cas d'irritation cutanée ou d'algie. La prise en
charge de la plaie abdominale est principalement du domaine chirurgical
et des soins infirmiers. Lorsque la plaie est cicatrisée, les chirurgiens
effectuent un séchage à l'éosinophile ou une mise à l'air libre. La date du
premier séchage de ce type est donc retenue pour déterminer le temps de
cicatrisation.
- Evaluation des prescriptions d'antalgiques : en nombre de jours cumulés
totaux et par antalgique à partir du début de la nutrition trophique. La prescription
d'antalgiques est un indicateur intéressant car c'est une décision thérapeutique motivée
par un tableau clinique complet. Il arrive qu'une prescription soit faite sans que le
médicament ne soit pris, la valeur retenue sera alors l'absence de prescription. La nature
des antalgiques prescrits est corrélée aux différents paliers de la douleur présumée du
nouveau-né ou du nourrisson (HAS, 2016). Voici quelques précisions d'utilisation :
- Morphine : palier III, utilisée en période post-opératoire
immédiate, son usage implique une période de sevrage.
- Nalbuphine (Nubain®) : famille des opioïdes mixtes. Cet
antagoniste morphinique est notamment utilisé comme alternative
à la morphine en période de sevrage.
- Palier I : paracétamol et doliprane sont utilisés dans la
gestion des douleurs faibles à modérées et de l'hyperthermie.
23
2.2.7. Protocole ostéopathique
Le soin ostéopathique ne se substitue en aucune manière à la prise en charge
conventionnelle de ces patients. Les séances sont réalisées en parallèle de "l'intervention
thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agents physiques"
(Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de
l’ostéopathie, n.d.), et avec l'accord des médecins, chirurgiens et infirmier(e)s. En
présence de symptômes encore non explorés justifiant d'examens para-cliniques, le soin
ne peut être donné qu'après la réalisation de ces examens (ibid.).
- Séance 1 : dans les 24 heures avant ou après le début de la nutrition
trophique. Ce choix a été fait en accord avec le Pr. Bonnard par soucis de laisser les
patients se stabiliser après la fermeture chirurgicale de la paroi abdominale. Ils sont
alors dans le service de réanimation néonatale. La nutrition trophique ne commence
qu'en l'absence du silo de type Alexis et en l'absence de troubles hémodynamiques
(Annexe 2).
- Suivi bihebdomadaire jusqu'à la sortie de l'hôpital, sauf en cas de contre
indication (cf. 2.2.4.). Ce choix thérapeutique inhabituel est sensé répondre au caractère
très changeant de l'état du patient. La répétition quotidienne de soins souvent invasifs
engendre un stress et des douleurs prolongés (PETITPREZ, 2016), chez le nouveau-né
dont le repos est déjà difficile à cause de l'inconfort digestif majeur associé au
laparoschisis dans les premières semaines de vie. Le rapprochement des séances a aussi
été inspiré par le travail de Rollin Becker rapporté dans L'immobilité de la vie (Becker,
2013). Il a par ailleurs déjà été utilisé dans une étude récente sur l'efficacité du
traitement ostéopathique sur les prématurés en unités intensives néonatales (Cerritelli et
al., 2013b).
2.2.7.1. Anamnèse
L'anamnèse est nécessairement réalisée auprès des infirmier(e)s, médecins,
chirurgiens, soignants et parents des patients, dont l'objectif est de déterminer l'existence
de contre-indications relatives ou absolues au soin ostéopathique ou au contraire des
indications spécifiques à prendre en considération.
24
Travailler sur des nourrissons suppose de faire une anamnèse indirecte.
L'objectif est de recueillir les informations essentielles pour effectuer un traitement
pertinent en fonction des motifs de consultation et des contre-indications. Il est
nécessaire de s'informer auprès des médecins, des chirurgiens, des soignants et des
parents ainsi qu'avec le dossier du patient. Ce qui peut inclure : l'inconfort, la douleur, le
comportement éveillé, les troubles fonctionnels digestifs, la qualité du sommeil, le
temps de présence des parents ou les actes thérapeutiques effectués depuis la dernière
séance, etc. (Sergueef, 2007, pp. 375–388)
La fiche de séance est à consulter en annexe (Annexe 5).
2.2.7.2. Tests
Les tests ostéopathiques sont menés dans une approche globale du corps à la
recherche de dysfonctions somatiques, qui sont définies comme étant "la fonction
perturbée ou altérée des composantes associées au système somatique (la structure du
corps) : squelettiques, structures arthrodiales et myofasciales et éléments vasculaires,
lymphatiques et nerveux qui leur sont rattachés." (“Glossary of Osteopathic
Terminology- French Edition- 2011,” n.d.).
Par souci de neutralité et pour éviter qu'un "présupposé quelconque" (Eckert,
2013, p. 92) n'occulte la perception des lésions ostéopathiques du patient, il a été décidé
de réaliser un testing du corps entier. Il s'agit, dans l'attitude générale, de "s'ouvrir à
tous les possibles" (ibid.). Cela parait d'autant plus important en l'absence de sources
écrites sur ostéopathie et laparoschisis.
Les test pratiqués ici ont été directement tirés ou inspirés des ouvrages de Pierre
Tricot et de Nicette Sergueef (Sergueef, 2007; Tricot, 2002). Nous avons utilisé à la fois
l'observation, les tests d'écoute (réception passive d'informations tissulaires) et les tests
de mobilité (amplitude active et passive, qualité du mouvement) :
- Membre inferieur : corde à nœuds, mouvements specifiques de
l'articulation coxo-fémorale (Tricot, 2002, p. 222).
25
- Test du bassin : avec une attention globale puis spécifique sur les
articulations du bassin, le sacrum, les os iliaques et le pubis.
- Rachis lombaire, thoracique et cervical : palpation et dépistage des
dysfonctions étage par étage.
- Test viscéral abdominal : test d'écoute.
- Diaphragme et cage thoracique : test d'écoute (Tricot, 2002, p. 207).
- Membre supérieur et ceinture scapulaire : corde à nœuds, test global de la
ceinture scapulaire (Tricot, 2002, p. 218).
- Ecoute et test des mobilités du crâne.
- Ecoute crânio-sacrée.
- Tests spécifiques supplémentaires en fonction des besoins.
2.2.7.3. Traitement
"L'objectif du traitement doit être l'optimisation de la qualité, de la puissance et
de la fluidité du mouvement, plus que de sa quantité" (Sergueef, 2007, p. 197). Il est
fondé sur trois principes : la globalité du corps, toute dysfonction ou correction a un
impact sur le corps entier; ses capacités d'autorégulation et d'auto-guérison, qui peuvent
être déséquilibrées ou altérées par une dysfonction somatique; et l'interaction entre la
structure et la fonction : "la structure détermine la fonction et est influencée par la
fonction" (ibid.)
Tous les tests et traitements ont pour base fondamentale la comparaison entre
"l'écoute, la représentation de ce qui se passe [dans le corps] et la connaissance de ce
qui devrait se passer" (Issartel and Issartel, 1983, p. 197).
Le traitement est réalisé grâce aux techniques suivantes :
- Techniques d'équilibration des tensions fasciales et myo fasciales
- Crânien : désengagement des sutures, techniques mécaniques et fluidiques
- Crânio-sacré : travail fluidique et membranaire
Nous avons du adapter un certain nombre de techniques car la littérature
ostéopathique existante n'offrait pas toujours de solutions aux problèmes rencontrés.
26
C'est pour cette raison que le traitement repose sur les principes énoncés par Pierre
Tricot : "toute technique connue et décrite par ailleurs peut être adaptée à l'approche
tissulaire, de sorte qu'existent potentiellement une multitude de possibilités. Par ailleurs,
qui n'a pas un jour inventé une technique lorsqu'il ne connaissait pas un moyen
d'aborder une région ou que la situation (état du patient, impossibilité de prendre la
position, etc.) ne permettait pas d'utiliser une approche connue ?" (Tricot, 2002, p. 145).
2.2.7.4. Spécificités des manipulations viscérales chez les laparoschisis
Le laparoschisis est "la seule malformation congénitale qui n'est associée à
aucun syndrome" (Hunter and Stevenson, 2008), mais "toujours à une malrotation
intestinale" (Gottrand and Turck, 2016) et donc à un mésentère commun complet dès le
debut de la periode fœtale et pour toute la vie. Les anses intestinales n'ont pas de
nécessité d'effectuer les deux rotations embryonnaires classiquement décrites pour
s'adapter à leur contenant (Puligandla et al., 2004). Cela implique que les attaches
fasciales et ligamentaires des organes intra-abdominaux diffèrent de celles d'un intestin
sans malformation (Capelle et al., 2008, pp. 486–495). Ainsi, le fascia de Treitz et les
fascias de Toldt n'existent pas, et le duodénum, les côlons ascendant et descendant et les
angles coliques sont entièrement libres dans la cavité abdominale. La plupart du temps,
seul le sigmoïde conserve la localisation qu'on lui décrit classiquement en fosse iliaque
gauche. L'estomac, le foie et le système uro-génital sont plus rarement extériorisés mais
retrouvent le plus souvent leur position physiologique.
Les repères topographiques classiques deviennent donc inutilisables. La phase
de tests est faite par écoute tissulaire (Sergueef, 2007, p. 196), les manipulations
viscérales chez ces nouveau-nés ont été réalisés en appliquant les principes de densité,
de tension et de vitesse (Tricot, 2002, p. 97). La phrase attribuée à Rollin Becker,
"seuls les tissus savent", prennent ici tout leur sens. L'ostéopathe est obligé de travailler
en faisant confiance à ses perceptions.
27
3. Résultats
L'échantillon d'analyse est constitué de 7 patients dont 4 ont bénéficié d'un
traitement ostéopathique, 2 ont constitué le groupe témoin et 1 a été exclu de l'étude.
Les résultats sont calculés à partir du jour de début de la nutrition trophique.
3.1. Etude principale
3.1.1. Autonomie digestive
Durée d'utilisation de l'alimentation parentérale après le début de la nutrition
trophique, calculée en jours.
Figure 2 - Comparaison des durées d'autonomisation digestive
3.1.2. Ration alimentaire complète en oralité
Temps d'accès à une alimentation orale sans aide entérale ou parentérale à
partir du début de la nutrition trophique, calculé en jours.
Figure 3 - Temps d'accès à l'oralité complète
28
3.1.3. Durées d'hospitalisation
Données intergroupes :
Figure 4 - Moyennes des durées d'hospitalisation
Données intragroupes :
Figure 5 - Comparaison intragroupes des durées d'hospitalisation
29
Les cas 1 et 2 appartiennent au groupe témoin, les cas 3, 4, 5 et 6 au groupe
traité.
3.1.4. Complications post-opératoires
Dans le groupe témoin, un patient sur deux a présenté une complication
infectieuse.
Dans le groupe traité, deux patients ont présenté une complication infectieuse,
un cas a présenté deux complications infectieuses et une complication occlusive, un
patient n'a présenté aucune complication.
3.2. Sous-études
Données comparatives intergroupes :
Figure 6 - Moyennes des sous-études
30
3.2.1. Evaluation du transit
Tableau 1 - Données intragroupes pour l'évaluation du transit
3.2.2. Etat de l'abdomen
Mesure du temps de cicatrisation (en jours) :
Figure 7 - Comparaison intragroupes des durée de cicatrisation
31
Données intragroupes sur la présence d'un ballonnement abdominal :
Type
patient
Numéro
patient
Nb de jours
avec abdomen
ballonné
% de jours
avec abdomen
ballonné
Témoin 1 4 11,76
Témoin 2 2 8,33
Traité 3 14 28
Traité 4 52 50
Traité 5 0 0
Traité 6
Tableau 2 - Données intragroupes pour l'évaluation de l'état de l'abdomen
3.2.3. Prescriptions d'antalgiques
Données intragroupes :
Tableau 3 - Données intragroupes des prescriptions d'antalgiques
32
4. Discussion
4.1. Analyse des résultats statistiques
La faiblesse de la population étudiée donne peu d'intérêt à une analyse des
données statistiques obtenues ici. C'est la raison pour laquelle les valeurs de probabilité
n'ont pas été calculées, bien qu'elles aient vocation à l'être lorsque ce protocole de
recherche sera appliqué à une population plus large. Nous ne ferons donc qu'une
synthèse rapide des tendances et mettrons en lumière certains points précis.
La méta-analyse du Dr. Chiara C.M.M. Lap a montré que les temps moyens
d'hospitalisation et d'acquisition de l'autonomie digestive pour des LAPS sont
respectivement de 46,4 et de 35,3 jours (Lap et al., 2016). Nous avons constaté que la
moitié des patients de chaque groupe ont un temps d'hospitalisation supérieur à cette
moyenne, et l'autre moitié un temps inférieur. Ce qui suggère que la durée
d'hospitalisation de 115 jours d'un des patients du groupe traité (Tableau 4 - cas n°4) est
statistiquement peu fréquente. Son impact sur les résultats devrait diminuer avec
l'élargissement de la population d'étude. La durée d'hospitalisation moyenne du groupe
traité est de 46 jours sans le cas n°4, contre 63, 25 jours avec, et celle du groupe témoin
s'élève à 42 jours (Tableau 4).
Les sous-études montrent un pourcentage moyen plus important de jours passés
avec un abdomen ballonné et une stimulation du transit par lavements dans le groupe
traité (Figure 6), deux critères qui sont logiquement associés puisque la stimulation du
transit est un acte thérapeutique motivé par l'insuffisance de transit spontané, et que le
ballonnement est un signe fonctionnel directement associé à un ralentissement du transit
(“Abrege d’Hepato-gastro-entérologie et de chirurgie digestive | SNFGE.org - Société
savante medicale française d’hepato-gastroenterologie et d’oncologie digestive,” n.d.).
Les données montrent aussi que, si le pourcentage global de jours passés avec
une prise d'antalgiques est supérieur dans le groupe traité en ostéopathie, cela est du
principalement à la prise de paliers I (Figure 6, Tableau 3). La prise de morphine et de
nalbuphine est en moyenne deux fois moins fréquente dans le groupe traité que dans le
groupe témoin. La fréquence des lavements ne présente pas de différence significative
33
entre les deux groupes. Les résidus gastriques représentent en moyenne 32% de la ration
alimentaire dans le groupe traité contre 39,5% dans le groupe témoin.
Pris au cas par cas (Figure 4), nous pouvons remarquer que le cas numéro 4
(groupe traité) a des durées d'hospitalisation, de nutrition parentérale et d'obtention
d'oralité complète largement allongées par rapport aux patients du groupe témoin
comme du groupe traité. C'est aussi le seul patient parmi les deux groupes ayant connu
3 complications post-opératoires (deux épisodes infectieux, une occlusion sur bride). La
présence de complications post-opératoires "communes" du laparoschisis est
directement corrélée à l'allongement de la durée d'hospitalisation (Lobo et al., 2010;
Uribe-Leitz et al., 2017). Etant donné le petit nombre de cas étudiés ici, les résultats
statistiques, même non significatifs, s'en trouvent largement impactés. Si l'on formule
l'hypothèse que ce cas est exceptionnel (1 cas sur 6) et que l'on compare les données en
l'excluant de la population, les résultats des deux groupes s'homogénéisent (Tableau 4).
Tableau 4 - Comparaison des résultats avec et sans le cas n°4
Seule la moyenne du temps de cicatrisation dans le groupe traité augmente, le
cas n°4 présentant le temps de cicatrisation le plus court (24 jours) des deux groupes.
Nous pouvons en déduire que même s'il existe une possibilité pour que l'ostéopathie
34
accélère le processus de cicatrisation, cela ne se répercute pas sur la durée
d'hospitalisation.
4.2. Discussion technique
4.2.1. Perspectives et propositions pour améliorer le niveau de preuve
L'étude de Walter-Nicolet et al (Walter-Nicolet et al., 2009) a souligné l'intérêt
d'avoir mis en place une prise en charge nutritionnelle "homogène et bien codifiée" au
niveau national pour les laparoschisis. En plus de ses bénéfices thérapeutiques pour les
patients, elle permet d'augmenter les populations d'études par la mise en place d'études
multicentriques.
D'autres possibilités sont à envisager, parmi lesquelles :
- La création d'un groupe placebo.
- La randomisation du recrutement.
- L'élargissement de la population aux patients opérés en un temps.
- La réalisation des tests et traitements ostéopathiques avec une
composante aveugle et des opérateurs multiples.
4.2.2. Choix des critères de mesure pour les objectifs secondaires
Le périmètre abdominal (PA) aurait été un indicateur pertinent de l'état de
l'abdomen, il n'a pas pu être retenu car son relevé n'est pas systématique.
L'Echelle d'évaluation de la Douleur et de l'Inconfort du Nouveau-né (EDIN) a
été exclue à cause du manque de fiabilité des données relevées sur les feuilles de
35
surveillance. Il est en effet le plus souvent noté à 0/153 même lorsque l'utilisation
concomitante d'antalgiques laisse suggérer une cotation supérieure ou égale à 4/15.
4.2.3. Récolte des données
Certaines données de patients n'ont pu être relevées par faute d'un dossier
médical complet. Une recherche approfondie pourrait permettre l'acquisition de ces
données.
Pour chaque critère de mesure, n'ont été pris en compte dans le calcul des
valeurs moyennes que les patients dont le relevé de données était complet tout au long
de l'hospitalisation. Un relevé partiel aurait en effet faussé les résultats statistiques.
4.2.4. Expérience de l'opérateur
J'ai effectué personnellement tous les tests et traitements ostéopathiques auprès
des nouveau-nés et des nourrissons lors de ce stage. Entre novembre 2018 et mars 2019,
ma perception des schémas dysfonctionnels et des besoins des patients a
significativement évolué, cela a pu biaisé légèrement les résultats. Il est aussi possible
que les résultats aient été différents avec un professionnel plus expérimenté.
4.2.5. Autre critère à prendre en compte
La présence parentale, et notamment celle de la mère en période néonatale, est
régulièrement mentionnée comme étant un facteur de sérénité pendant le traitement
ostéopathique (Sergueef, 2007). Mon expérience auprès des nouveau-nés atteints de
laparoschisis a largement confirmé cette idée. En effet, cette présence m'est apparue
comme un des éléments essentiels au bon déroulement de la guérison de ces petits
3 L'EDIN se côte sur une échelle de 0 à 15, elle est utilisée pour mesurer un état douloureux
prolongé chez le nouveau-né à terme ou prématuré. Le chiffre 0 indique l'absence de douleur et
un confort maximal, le score de 4 sur 15 est généralement retenu comme seuil de traitement
(“EDIN (Échelle de Douleur et d’Inconfort du Nouveau-né) – Pediadol,” n.d.).
36
patients. Il serait donc intéressant de mesurer précisément l'impact de la présence
parentale sur les critères d'évaluation utilisés ici. D'autant qu'une étude récente est
parvenue à objectiver l'influence significative de la présence parentale dans la gestion
des syndromes d'abstinence néonatale (Howard et al., 2017), auxquels sont confrontés
dans des mesures différentes tous les nouveau-nés atteints de laparoschisis.
4.3. Discussion ostéopathique
4.3.1. Choix thérapeutiques
Dans cette étude, le traitement ostéopathique est envisagé dans toute sa diversité
selon les besoins spécifiques des patients. "Ainsi les sujets peuvent potentiellement être
exposés à différentes techniques, menant à des biais ostéopathiques intra et
intergroupes. Néanmoins, l'objectif est de fournir la preuve d'un impact de l'approche
ostéopathique, et pas seulement une association avec un protocole de techniques
manuelles à effectuer"4 (Cerritelli et al., 2013a).
Le choix de calquer le début des traitements ostéopathiques sur le premier jour
de nutrition trophique présente l'avantage de la prudence en période post opératoire
immédiate où l'état hémodynamique des patients peut s'avérer instable . Si l'on décidait
de faire systématiquement une séance entre la fermeture chirurgicale de la paroi
abdominale et le début de la nutrition trophique, cela pourrait permettre de mesurer
précisément son impact sur la récupération post-opératoire immédiate et la tolérance
digestive au premier jour de nutrition trophique.
4 Texte original : "Thus subjects can potentially be exposed to different techniques, leading to intersubjects and intrasubjects OMT
variability. Nevertheless, the objective is to provide evidence of the impact of osteopathic approach rather than the association with a given manual protocol."
37
4.3.2. Analyses ostéopathiques
Cette étude pilote nous permet d'apporter un éclairage face à des situations
inhabituelles pour les ostéopathes : comment travailler avec des nouveau-nés dans un
service de Réanimation néonatale ? Comment agir de manière coordonnée avec les
équipes médicales et soignantes ? Quelle place l'ostéopathie peut-elle prendre au milieu
des actes thérapeutiques déjà prodigués aux patients et pour quels bénéfices ?
Certains éléments de réponse concernant l'anamnèse ont déjà été évoqués dans
la partie Méthode (cf 2.2.). Nous analysons ici plus en détails ce qui a été tiré des
séances d'ostéopathie lors des phases de tests et de traitement.
4.3.2.1. Mise en place préalable au traitement
Ignorer certains éléments préalables tend à rendre les conditions de traitement
défavorables (Sergueef, 2007, p. 196), certains détails ont retenu notre attention.
Trouver le bon moment : logiquement pas après un soin ou un examen
complémentaire fatigant pour le patient. En période d'oralité, il est mieux de faire la
séance après qu'il ai été. D'une manière générale, le moment adéquat doit être déterminé
en concertation avec l'équipe médicale et soignante.
Trouver les bonnes positions : la plus confortable possible pour le nouveau-né
(Sergueef, 2007, pp. 197–198), ce qui n'est pas évident car ils sont souvent douloureux
et restreints dans leurs mouvements. L'installation initiale est essentielle au bon
déroulement de la séance. Toutes les positions sont envisageables : séance sur le lit,
dans les bras d'un parent, d'un des soignants ou de l'ostéopathe.
S'adapter au matériel médical : la position peut changer (ibid.) tout en restant
compatible avec l'installation : sondes nasogastrique et gastrique, cathéter veineux
central de type Broviak (jugulaire) ou Jonathan (voie d'abord périphérique) (Annexe 1),
électrodes de surveillance de la tension artérielle, de la fréquence respiratoire et du
niveau de saturation en oxygène, pansement sur la plaie abdominale et matériel
d'assistance respiratoire, etc. A cause du matériel, certaines zones du corps sont
38
inaccessibles, d'autres sont rendues hypersensibles voire algiques (Fournier-Charrière et
al., 2015).
Être accompagné d'un parent ou d'un soignant est donc souhaitable, si cet
accompagnement répond à la sérénité du nourrisson. Cela permet d'associer les parents
et les autres soignants aux actes du praticien. Ils peuvent ainsi mieux comprendre les
objectifs et les moyens mis en place par l'ostéopathe. C'est aussi l'occasion de délivrer
des conseils utiles.
4.3.2.2. Observations sur les schémas dysfonctionnels récurrents
Certains schémas dysfonctionnels ont été retrouvés presque systématiquement
dans le groupe traité.
La base du crâne et le rachis cervical haut : de nombreux facteurs sont
susceptibles d'être à l'origine de ces dysfonctions et se renforcer mutuellement, c'est
pourquoi cette zone doit faire l'objet d'une attention particulière. Aux aléas de la vie
fœtale (Sergueef, 2007) et de la naissance décrits classiquement dans les ouvrages
d'ostéopathie pédiatrique s'ajoutent les contraintes matérielles (SNG, assistance
respiratoire) ou positionnelles (décubitus dorsal forcé prolongé, position du lit toujours
du même côté par rapport à la source de lumière) et les troubles fonctionnels digestifs
nombreux et répétés auxquels sont soumis les patients atteints de laparoschisis.
La ceinture scapulaire et les vertèbres thoraciques hautes : ces dysfonctions
semblent être le plus souvent liées à la présence d'un cathéter veineux central par voie
d'abord jugulaire sur la partie antéro-supérieure droite du thorax. Le schéma lésionnel
retrouvé est une posture antalgique ou de confort associant un enroulement et une
élévation de l'épaule droite et des adaptations de toute la ceinture scapulaire. Le KTC
provoque également une hypersensibilité à la palpation sur cette zone.
J'ai retrouvé, au moins une fois chez chacun des patients, une sensation de
sacrum dur, pierreux, signe de dysfonctions intra-osseuses. Elles ont pu être causées par
un conflit contenant-contenu pendant la vie fœtale et au moment de l'accouchement, ou
par des stress répétés après la naissance. Ces dysfonctions peuvent "affecter le
39
mécanisme crânio-sacré et le système nerveux autonome" (Sergueef, 2007, p. 122).
L'environnement hospitalier, la difficulté du contact physique avec les parents, la prise
de médicaments et le contact prolongé du matériel médical sont autant de facteurs
pouvant affecter le patient et son métabolisme (Carreiro, 2006; Fournier-Charrière et al.,
2015).
C'est peut-être pourquoi les techniques crânio-sacrées se sont avérées
régulièrement efficaces pour apaiser ces nouveau-nés, au moins pendant les séances et,
à ma connaissance, de plusieurs minutes à plusieurs heures après.
La zone thoraco-abdominale : des dysfonctions de la charnière T12-L1, du
diaphragme et de ses piliers ainsi que de l'estomac ont été constatées systématiquement.
Les modifications importantes des pressions intra-cavitaires abdominales et thoraciques,
dues à la réintégration des viscères, sont susceptibles provoquer ces dysfonctions et leur
récidive jusqu'à ce qu'un équilibre interne soit trouvé.
Le crâne facial : ces dysfonctions sont fréquentes et ont été constatées en
général plus tardivement au cours de l'hospitalisation, notamment quelques jours après
le début de la nutrition entérale. Les sondes gastriques ou nasogastriques sont fixées sur
la peau en regard des os maxillaire supérieur et zygomatique afin d'éviter leur
arrachement. Elles peuvent provoquer un inconfort homolatéral à la sonde et donc une
rotation de tête controlatérale à celle-ci. Elles peuvent aussi être à l'origine d'irritations
au niveau du carrefour aéro-digestif, puis de troubles de l'oralité quand commence
l'alimentation au biberon ou au sein (Leblanc, 2008; Michaud et al., 2008). La présence
d'une assistance respiratoire (intubation, masque) est un facteur aggravant. On peut ainsi
considérer tout cet appareillage comme un traumatisme qui aboutit fréquemment à des
dysfonctions aphysiologiques du crâne facial chez le nouveau-né (Sergueef, 2007, p.
121).
4.3.2.3. Observations sur le traitement
Le support respiratoire est parfois indispensable. Cela va de la supplémentation
en oxygène avec canule nasale, masque facial ou masque à oxygène, à la ventilation
artificielle par intubation endotrachéale selon la gravité des symptômes respiratoires.
L'intubation est généralement corrélée à des signes vitaux instables et a donc été
40
considérée, par précaution, comme une contre-indication au traitement ostéopathique.
La supplémentation en oxygène n'est a priori pas une contre-indication, car les baisses
du taux d'oxygénation du sang sont habituelles pour les nouveau-nés en période post-
opératoire, mais elle implique une mobilisation délicate du patient et le maintien en
décubitus dorsal. La normalisation du diaphragme thoraco-abdominal et le travail
crânio-sacré se sont avérés particulièrement adaptés et efficaces dans cette situation. Le
traitement de cette zone a également permis l'amélioration des légers symptômes de
détresse respiratoire observés chez 2 des 4 patients traités.
D'une manière générale, le travail crânio-sacré semble apaiser les patients
inconfortables. Ce résultat a été constaté régulièrement pour tous les patients, à la fois
par les parents et par les soignants. La remarque m'a ainsi été faite à la fin d'une séance
que la fréquence respiratoire d'un des patients n'avait jamais été aussi basse depuis son
arrivée dans le service. L'observation informelle des constantes vitales a par la suite
confirmé cet effet régulier mais non systématique.
Lorsque le matériel peut finalement être allégé, il permet de mettre les patients
en décubitus ventral ou latéral. Ce changement de position, et notamment le décubitus
latéral gauche, a été particulièrement apprécié par les nouveau-nés inconfortables. J'ai
constaté que ce moment coïncide avec une diminution de la tension des membranes du
crâne.
Pour traiter les dysfonctions fréquentes du palais osseux lorsque la zone était
trop sensible, j'ai procédé à une première approche par la face externe des maxillaires
supérieurs. Cela a suffi à désimpacter la zone pour pouvoir travailler directement sur les
os palatins à la séance suivante.
L'abdomen est une zone sensible en période post-opératoire immédiate et il
s'agit de l'aborder avec délicatesse. Il est possible de pratiquer une palpation et des
manipulations viscérales, même sur la zone cicatricielle avec le pansement, dès la
première séance à J+5 post-opératoire sans que cela ne provoque de lésion suturale
(King, 2016). Il est arrivé que les soignants préfèrent injecter une dose d'antalgique
avant la séance. Pour mieux appréhender la spécificité du travail viscéral chez ces
patients (Cf. partie 2.2.6.5.), l'ostéopathe peut s'aider des examens complémentaires
d'imagerie souvent effectués pour la surveillance des complications digestives.
L'exemple du cas n°4 est parlant à cet égard : pendant la chirurgie, son intestin grêle
41
avait été positionné à droite de l'abdomen et son côlon à gauche. Plusieurs semaines
après, une imagerie a révélé que ses anses grêles étaient désormais positionnées en
majorité dans la partie haute de l'abdomen alors que tout le côlon était situé dans la
partie basse. L'imagerie offre donc un moyen de visualisation anatomique qui peut
compléter l'écoute et les tests palpatoires.
Il est normal qu'une malformation congénitale aussi impressionnante que le
laparoschisis focalise et monopolise l'attention des parents comme des équipes
médicales et soignantes. Car l'urgence de la pathologie prend le pas sur le traitement
traditionnel d'un nouveau-né. Il ne doit pourtant pas faire oublier les informations qui
guident habituellement le suivi non pathologique, notamment le déroulement de la
grossesse et les conséquences de l'accouchement. Avec le recul, cela constitue l'un des
points à améliorer dans ma prise en charge ostéopathique.
42
CONCLUSION
Si les résultats quantitatifs ne sont pas statistiquement significatifs, l'expérience
de ce terrain de stage me laisse penser que l'ostéopathie a pu aider à apaiser les
nouveau-nés, à diminuer leur stress et à améliorer leurs capacités physiques et
digestives. Ma conviction est qu'une étude plus puissante sera à même de confirmer
statistiquement cet impact.
L'autre grande intention de ce mémoire a été de participer à la construction d'un
socle de connaissances utiles pour tout ostéopathe qui souhaiterait travailler sur des
nourrissons en période post-opératoire. C'est pourquoi les résultats ont été enrichis d'une
description détaillée et d'observations personnelles sur les spécificités du travail
ostéopathique dans la prise en charge des laparoschisis.
L'accueil et les contributions exceptionnels des équipes médicales et
paramédicales de l'hôpital Robert Debré sont particulièrement encourageants et
autorisent à penser que l'ostéopathie peut trouver sa place dans cette prise en charge
multidisciplinaire complexe. L'enthousiasme des parents face à la mise en place de
séances d'ostéopathie nous montre qu'elle peut apporter quelque chose de singulier.
Ayant l'opportunité de poursuivre ces travaux jusqu'au 31 juillet 2019, je vais
travailler à augmenter la population du groupe témoin et poursuivre le traitement sur les
nouveau-nés à venir. Il est donc possible que les résultats d'aujourd'hui soient modifiés
et apportent un nouvel éclairage sur les hypothèses formulées dans ce mémoire.
43
ABREVIATIONS
ECUN : Entérocolite ulcéro-nécrosante du Nouveau-né
EDIN : Echelle de Douleur et d'Inconfort du Nouveau-né
KTC : Cathéter Central
LAPS : Laparoschisis Simple
LAPC : Laparoschisis Complexe
MTR : Membranes de Tension Réciproque
NEDC : Nutrition Entérale à Débit Continu
NEDD : Nutrition Entérale à Débit Discontinu
RAAC : Réhabilitation / Récupération Améliorée Après Chirurgie
RDB : Robert Debré
S.A. : Semaine d'Aménorrhée
S.G. : Semaine de Gestation
SNG : Sonde nasogastrique
44
ANNEXES
Annexe 1 : document original du service de chirurgie viscérale de Robert Debré :
Usage des écarteurs d'Alexis dans la prise en charge des laparoschisis
45
46
Annexe 2 : Protocole laparoschisis : prise en charge nutritionnelle - Cahier
d'observation de "Etude randomisée comparant l'amnioéchange à l'absence
d'amnioechange pour la prise en charge des fœtus atteints de laparoschisis" par le Dr.
Luton en 2006.
- Les jours suivants, on poursuit l’augmentation sur la base de 12 ml/kg/j si les residus gastriques sur 24
h sont inférieurs au tiers de la ration entérale administrée par 24 h.
47
- La ration parenterale sera diminuee d'un volume egal à l’augmentation de la ration enterale, mais le
volume d’alimentation enterale ne sera pris en consideration qu’après la periode de nutrition trophique
(1 ml/h).
Enrichissement de l'alimentation
L'enrichissement du lait de femme sera debute lorsque la ration enterale sera ≥ 120 ml/kg/j. Il sera
progressif et réalisé avec de la dextrine maltose®. L'enrichissement se fait parallèlement à la poursuite
de l'augmentation du volume de la ration entérale si la tolérance digestive le permet.
- 1er jour d'enrichissement : 2% dextrine maltose®
- 2ème jour d'enrichissement : 3% dextrine maltose® (120 cal/kg/j pour 150 ml/kg/j)
- Si avec 3% de dextrine maltose®, la prise pondérale est insuffisante, on ajoutera 0,5 à 1% de
Liprocil® (129 à 134 cal/kg/j pour 150 ml/kg/j).
L'objectif nutritionnel sera pour :
- un nouveau-né eutrophique à terme : 150 ml/kg/j et 110 à 120 cal/kg/j
- un nouveau-né hypotrophe et/ou prématuré : 170-180 ml/kg/j et 110 à 130 cal/kg/j selon la prise
pondérale.
Fractionnement de l'alimentation et passage au sein ou au biberon
- Lorsque le volume d’alimentation enterale representera 50 % des apports volumiques théoriques
totaux et que les résidus gastriques par 24 h seront inférieurs au tiers de la ration quotidienne, la
nutrition entérale sera administrée en débit discontinu en 2 heures/3.
- Lorsque les résidus gastriques par 24 h seront inférieurs au tiers de la ration quotidienne, le débit de
nutrition entérale sera discontinu en 1 heure/3.
- Puis lorsque les résidus gastriques par 24 h seront inférieurs au quart de la ration quotidienne,
l’alimentation sera proposée au biberon ou au sein.
Passage à un hydrolysat de protéines
Lorsque l'alimentation entérale au lait de femme est complète, le lait de lactarium sera remplacé
progressivement par un hydrolysat de protéines, sur 4 jours au minimum, selon la tolérance. Si la mère
allaite, son lait sera administré en complément de l'hydrolysat (en gavage, au biberon ou au sein).
- 1er jour : . lait de femme, . hydrolysat
- 2ème jour : . lait de femme, . hydrolysat
- 3ème jour : . lait de femme, . hydrolysat
- 4ème jour : totalité en hydrolysat
Un enrichissement pourra être necessaire (selon les mêmes modalites que l’enrichissement du lait de
femme) pour obtenir la ration calorique correspondant à la situation de l'enfant (cf supra).
Critères d'arrêt de l'alimentation parentérale et d'ablation du cathéter
Le cathéter sera retiré 48 à 72 heures après l'administration d'une nutrition entérale complète, bien
tolérée et permettant une prise pondérale adaptée, c'est à dire 30 g/j en moyenne pour un nouveau-né
à terme eutrophique, et 40 à 50 g/j pour un nouveau-né prématuré ou avec un retard de croissance.
La date d'ablation du cathéter sera considérée comme la date d'arrêt de la nutrition
48
parentérale.
Si le cathéter doit être maintenu pour un traitement autre que l'alimentation parentérale
(antibiothérapie), la date d'arrêt de la nutrition parentérale sera la date après 3 jours d'alimentation
entérale complète, bien tolérée et permettant une prise pondérale adaptée.
Indication d'arrêt de la nutrition entérale:
L’alimentation enterale sera arrêtee devant un tableau clinique faisant suspecter :
- une occlusion : vomissements, résidus gastriques abondants verts, une distension abdominale
douloureuse, un arrêt du transit, une distension des anses à la radiographie d’abdomen sans
préparation ou des anses figées sur plusieurs clichés successifs.
- Une enterite : tableau d’occlusion avec ou sans fièvre, presence de sang dans les selles.
Stimulation du transit
La motricité intestinale distale sera stimulée à l’aide de lavements evacuateurs. Le premier lavement
sera réalisé à J5 post-operatoire en l’absence de silo de type Schuster. Il sera realise à l’aide de
sérum physiologique tiède additionné de 10 % de vaseline liquide pour un volume de 10 ml/kg. Les
lavements evacuateurs seront repetes selon les mêmes modalites une fois par jour jusqu’à la reprise
d’un transit spontane et regulier (minimum 2 selles par jour) et associes à des massages abdominaux
dès que l’etat de la paroi abdominale le permet. Au bout de 8 jours de transit provoqué par lavements
évacuateurs, la stimulation peut être remplacée par . Microlax® 2 fois par jour.
En cas de derivation digestive secondaire à une perforation, il est souhaitable de stimuler l’intestin
d’aval par voie anterograde. Cette stimulation est réalisée au Prégestimil® en commençant à 10 ml/kg
x 3/jour à la pompe sur 1 heure dès que la stomie est bien cicatrisée (8 jours post-opératoire). Les
volumes pourront éventuellement être augmentés très progressivement en fonction de la tolérance.
La surveillance clinique digestive est pluri-quotidienne et repose sur :
le transit
les résidus gastriques
l’etat de l’abdomen.
49
Annexe 3 : Fiche de consentement éclairé
CONSENTEMENT ECLAIRE
Je soussigné M ou Mme ................................................................. certifie :
Avoir été informée des modalités de l'étude de recherche ostéopathique intitulée "Apport
de l'ostéopathie dans la prise en charge des nouveau-nés opérés de laparoschisis" réalisée
par Romain Mouradian.
Avoir disposé d'un délai de réflexion suffisant avant de prendre une décision.
Avoir accepté que les documents du dossier médical qui se rapportent à l'étude puissent
être accessibles aux responsables de l'étude. A l’exception de ces personnes, qui traiteront
les informations dans le plus strict respect du secret médical, l'anonymat de l'enfant dont
j'ai la charge sera préservé.
J'accepte librement que l'enfant dont j'ai la charge participe à cette étude dont j'ai bien compris
les intérêts et les modalités pratiques de réalisation.
Fait à ........................ Le ............................. Signature (précédée de la mention lu et approuvé)
50
Annexe 4 : Modèle de fiche de surveillance patient de l'Unité de Soins Continus.
Photo 3- Fiche de surveillance en Unité de Soins Continus
51
Annexe 5 : Fiche de séance
Fiche séance
Date et heure :
Anamnèse
"Que s'est-il passé dans les derniers jours pour le patient ? Interrogatoire réalisé auprès des
infirmier(e)s, médecins, chirurgiens, soignants et parents des patients, dont l'objectif est de
déterminer l'existence de contre-indications relatives ou absolues au soin ostéopathique ou au
contraire des indications spécifiques à prendre en considération."
Age gestationnel / âge :
Statut de l'alimentation entérale :
Contre-indication à la prise en charge ostéopathique :
Contre-indication locale ou spécifique :
Indications spécifiques de traitement :
Présence de troubles fonctionnels digestifs parmi les suivants : RGO, Troubles du transit,
Ballonnements, Coliques, Troubles de la succion, Troubles de la déglutition
Présence parentale :
Infirmier(e)s en charge du patient :
Notes :
Tests ostéopathiques :
Traitement :
Remarques :
Conseils et suivi :
Photo 4 - Fiche de séance
52
Annexe 6 : Fiche d'information patient
Informations mère
Âge :
Nombre de parités :
Vécu maternel et déroulement de la grossesse :
Mode d'accouchement :
Complications pendant l'accouchement :
Lieu :
Terme d'accouchement :
Possibilité et conditions d'allaitement :
Informations patient
Date de naissance et terme (en S.A.) :
Sexe :
Poids de naissance :
Âge de fermeture de la paroi abdominale :
Terme de détection de la pathologie (écho, IRM) :
Critères pronostics anténataux sur la gravité du laparoschisis :
Mode de fermeture de la paroi abdominale :
Chirurgies additionnelles hors fermeture paroi abdominale :
Complications pré, per et postopératoires :
Complication à la naissance (sténose, perforation, atrésie, nécrose, volvulus, ECUN) :
Autre complication associée ou non nécessitant une prise en charge spécifique à la naissance :
Photo 5 - Fiche d'information patient
53
Annexe 7 : Tableau de récolte d'informations sur la nutrition des patients atteints de
laparoschisis pris en charge à l'hôpital Robert Debré pour le compte de l'étude du Dr.
Luton "étude randomisée comparant l'amnioéchange à l'absence d'amnioéchange pour
la prise en charge des fœtus atteints de laparoschisis"
Photo 6 - Tableau d'information sur la nutrition des patients atteints de laparoschisis (LUTON, 2006)
54
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58
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Photos
Photo 1 - Laparoschisis préopératoire, Marc Chalhoub, M.D., 2019 .......................................................... 9
Photo 2 - Mise en place de l'Alexis, Marc Chalhoub, M.D., 2019 .............................................................. 16
Photo 3- Fiche de surveillance en Unité de Soins Continus ....................................................................... 50
Photo 4 - Fiche de séance ............................................................................................................................ 51
Photo 5 - Fiche d'information patient ......................................................................................................... 52
Photo 6 - Tableau d'information sur la nutrition des patients atteints de laparoschisis (LUTON, 2006) .. 53
Figures
Figure 1 - Schéma du déroulé de l'étude ..................................................................................................... 17
Figure 2 - Comparaison des durées d'autonomisation digestive ................................................................ 27
Figure 3 - Temps d'accès à l'oralité complète ............................................................................................. 27
Figure 4 - Moyennes des durées d'hospitalisation ...................................................................................... 28
Figure 5 - Comparaison intragroupes des durées d'hospitalisation ........................................................... 28
Figure 6 - Moyennes des sous-études .......................................................................................................... 29
Figure 7 - Comparaison intragroupes des durée de cicatrisation .............................................................. 30
Tableaux
Tableau 1 - Données intragroupes pour l'évaluation du transit ................................................................. 30
Tableau 2 - Données intragroupes pour l'évaluation de l'état de l'abdomen .............................................. 31
Tableau 3 - Données intragroupes des prescriptions d'antalgiques ........................................................... 31
Tableau 4 - Comparaison des résultats avec et sans le cas n°4 .................................................................. 33
59
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 6
1. REVUE DE LITTERATURE ........................................................................................... 10
1.1. Articles de recherche ..................................................................................................... 10
1.2. Ouvrages ........................................................................................................................ 11
2. MATERIELS ET METHODES ........................................................................................... 12
2.1. Matériels ............................................................................................................................ 12
2.2. Méthodes ........................................................................................................................... 13
3. RESULTATS .................................................................................................................... 27
3.1. Etude principale ................................................................................................................ 27
3.2. Sous-études ........................................................................................................................ 29
4. DISCUSSION ...................................................................................................................... 32
4.1. Analyse des résultats statistiques ...................................................................................... 32
4.2. Discussion technique ......................................................................................................... 34
4.3. Discussion ostéopathique .................................................................................................. 36
CONCLUSION ........................................................................................................................ 42
ABREVIATIONS .................................................................................................................... 43
ANNEXES ............................................................................................................................... 44
Annexe 1 : document original du service de chirurgie viscérale de Robert Debré : Usage des
écarteurs d'Alexis dans la prise en charge des laparoschisis .................................................. 44
Annexe 2 : Protocole laparoschisis : prise en charge nutritionnelle - Cahier d'observation de
"Etude randomisée comparant l'amnioéchange à l'absence d'amnioéchange pour la prise en
charge des fœtus atteints de laparoschisis" par le Dr. Luton en 2006. ..................................... 46
Annexe 3 : Fiche de consentement éclairé ............................................................................... 49
Annexe 4 : Modèle de fiche de surveillance patient de l'Unité de Soins Continus. ................. 50
60
Annexe 5 : Fiche de séance ...................................................................................................... 51
Annexe 6 : Fiche d'information patient .................................................................................... 52
Annexe 7 : Tableau de récolte d'informations sur la nutrition des patients atteints de
laparoschisis pris en charge à l'hôpital Robert Debré pour le compte de l'étude du Dr. Luton
"étude randomisée comparant l'amnioéchange à l'absence d'amnioéchange pour la prise en
charge des fœtus atteints de laparoschisis" ............................................................................. 53
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 54
TABLE DES ILLUSTRATIONS ............................................................................................ 58
RESUME .................................................................................................................................. 61
61
RESUME
INTRODUCTION : le laparoschisis est une malformation congénitale de la paroi abdominale. Cette étude pilote
cherche à évaluer l'influence d'une prise en charge ostéopathique sur l'évolution postopératoire des nouveau-nés
opérés de laparoschisis simple, elle vise également à analyser les spécificités de cette prise en charge pour les
ostéopathes.
MATERIEL : un groupe traité en ostéopathie comprend 4 cas de laparoschisis pris en charge à l'hôpital Robert
Debré depuis novembre 2018. Un groupe témoin est constitué par l'étude rétrospective des laparoschisis nés à
Robert Debré entre février et octobre 2018.
METHODE : l'étude principale compare les durées d'hospitalisation, d'obtention de la ration alimentaire complète
en oralité et d'autonomisation digestive ainsi que le nombre de complications postopératoires. Les sous-études
concernent les critères cliniques de la récupération postopératoire : la récupération du transit (stimulations motrices,
résidus gastriques), l'état de l'abdomen (temps de cicatrisation, ballonnements) et les prescriptions d'antalgiques.
RESULTATS : une méta-analyse internationale a evalue à 46,4 jours la moyenne du temps d’hospitalisation des
laparoschisis simples, 50% des patients sont restés hospitalisés moins longtemps dans le groupe traité (34 et 44)
comme dans le groupe temoin (37). La prise d’antalgiques est superieure dans le groupe traite seulement pour la
prise de paliers 1 (49,73% contre 38,48%), alors que la prise de morphine (12,75% contre 5,77%) et de nalbuphine
(8,34% contre 4%) est en moyenne deux fois moins fréquente que dans le groupe témoin. Des lavements sont
effectues en moyenne 52,4% du temps dans le groupe traite contre 45,4% dans l’autre groupe. La stase gastrique
est en revanche diminuée dans le groupe traité, elle représente en moyenne 32% de la ration alimentaire journalière
contre 39,5% dans le groupe témoin.
CONCLUSION : l’integration qualitative de l’osteopathie dans la prise en charge multidisciplinaire des
laparoschisis est prometteuse. Il est nécessaire d'améliorer la méthodologie de l'étude (population randomisée,
multicentrique) pour savoir si cette prise en charge a un impact statistique.
ABSTRACT
INTRODUCTION: gastroschisis is a congenital malformation of the abdominal wall. This pilot study aims to show
the impact of a OMT treatment on postoperative evolution of newborns with simple gastroschisis. The second
objective is to analyse the specificities of the OMT care in this context.
MATERIEL: in this comparative study, the first group, treated with OMT, is made of 4 patients recruited at the
Robert Debré hospital between novembre 2018 and april 2019. The control group is made with retrospective
analysis of patient’s files between February and October 2018.
METHODE: Primary outcome: Length of stay (LOS), Time to full Enteral Feeding (TFEF), Time to complete oral
feeding, number of postoperative complications. Secondary outcomes: evaluation of bowel function (enemas,
gastric residues), abdominal condition (time to full wound healing, bloating) and analgesic prescription.
RESULTATS: an international meta-analysis concluded in a median LOS of 46.4 days for isolated gastroschisis,
here in this study 50% of patients from both groups stayed hospitalized less time than this median (34 and 44 days
for OMT, 37 in the non-OMT). Analgesic treatment was delivered more often in the OMT group but mainly due to
Acetaminophen prescription (49.73% versus 38.48%), morphine (12.75% versus 5.77%) and nalbuphine (8.33%
versus 4%) prescriptions are twice higher in the control group. Enemas are more frequent in the OMT group
(52.4% versus 45.4%), whether gastric residues are respectively 32% of daily feeding for OMT group versus 39.5%
for control group.
CONCLUSION: qualitative integration of OMT in the multidisciplinary care of gastroschisis shows many
promesses. It is necessary to improve the methodology of this study (randomized groups, multicentric population)
to determine whether these observations are supported by a statistical impact.