TCHENREZI :*********La bénédiction de Tchenrézi est invoquée lorsqu'on récite le Roi des Mantras: OM MANI PEME HUNG. Les vibrations de la syllabe OM effacent l'orgueil; celles de MA, la jalousie; celles de NI, le désir égoïste; celles de PE, l'ignorance; celles de ME, l'avidité et l'avarice; et celles de HUNG, la haine et la colère envers nous-mêmes et envers tous les êtres. Le fait de répéter constamment ce mantra pendant que nous envoyons mentalement lumière et amour, procure à tous, y compris nous-mêmes, des bénéfices sans limites. Khenpo Karthar Rinpoché décrit quelques unes des extraordinaires qualités de l'inégalable bodhisattva de la tendresse et de la compassion: Tchenrézi, et décrit les visualisations de Tchenrézi qui accompagnent la pratique de la sadhana.

La PRATIQUE DE TCHENRÉZI est présentée ici du point de vue de quelqu'un qui entreprend la pratique du Dharma depuis le début, et qui travaille pour arriver à l'expérience de l'illumination complète. Ceci est une approche très efficace: entreprendre la pratique du Dharma en tant qu'être tout à fait ordinaire, qui a pour but la pleine illumination. Ici, comme indiqué dans le texte, nous visualisons Tchenrézi au-dessus du sommet de notre tête, et au-dessus des têtes de tous les êtres sensibles. Nous percevons un nombre illimité d'êtres dotés de sens, dans un espace illimité. Au-dessus du sommet des têtes de tous les êtres, nous préparons la visualisation de Tchenrézi. Nous percevons la visualisation de Tchenrézi au-dessus du sommet de notre tête comme l'expression de l'acceptation du fait qu'un être complètement illuminé est supérieur à nous-même - être ordinaire - en ce sens qu'il a fait usage du potentiel dont nous disposons tous. Donc, Tchenrézi est visualisé comme supérieur à nous-même.

Tchenrézi apparaît brillant, d'une blancheur immaculée, sans aucune tache ni défaut d'aucune sorte. Ceci est une expression de la qualité de l'illumination de Tchenrézi. Du début de l'illumination de cet esprit; jusqu'à l'accomplissement complet de celle-ci, jamais il n'a été entaché par l'égoïsme ou l'attachement, par l'aversion pour autrui ou le rejet du prochain, par l'indifférence ou l'absence d'attention. Cet état immaculé est représenté par l'apparence d'un blanc brillant.

Une lumière blanche brillante émane du corps de Tchenrézi, et elle est accompagnée de la lumière des cinq autres couleurs. Ceci indique que Tchenrézi, lorsqu'il accorde sa bénédiction aux êtres dotés de sens, le fait par des moyens doux et paisibles. En termes d'illumination, voilà comment Tchenrézi accorde sa bénédiction aux êtres. Mais Tchenrézi accorde également ses bienfaits de toutes les manières nécessaires (comme l'enrichissement ou la magnétisation), ce qui est signifié par les couleurs. C'est pourquoi, il est possible d'obtenir, par la pratique même de Tchenrézi, l'accomplissement de tous nos souhaits.

Dans ce cas, il faut visualiser Tchenrézi au-dessus du sommet de votre tête, regardant dans la même direction que vous. Ce Tchenrézi est extrêmement beau et admirable. Il n'est pas seulement beau de visage: tout son corps est beau et admirablement proportionné. Donc, lorsque nous regardons Tchenrézi, nous voyons la beauté, l'élégance, la dignité et la majesté de son apparence. C'est une forme tout-à-fait dépourvue de défauts d'aucune sorte. Quiconque a le bonheur de pouvoir contempler Tchenrézi en face est complètement captivé par son apparence magnifique et majestueuse. Si l'on éprouve une grande douleur, un grand chagrin, une profonde souffrance, la contemplation de l'apparence de Tchenrézi captive l'esprit à tel point que cette douleur, ce chagrin,

cette souffrance, sont oubliés dans l' instant. Le pouvoir captivant de la forme de Tchenrézi ne peut être mesuré; il est incommensurablement merveilleux. Une fois encore, ceci est le résultat de l'absence de toute pensée ou action mauvaise ou égocentrique.

Une forme qui a un effet apaisant et curatif résulte d'un mental dépourvu de méchanceté et de défauts. La forme tout entière de Tchenrézi est telle; et le visage de Tchenrézi est sans cesse souriant. Ses yeux regardent toujours, ils ne se ferment à aucun moment; ils regardent et leur regard contient un sourire doux et apaisant.. Dans le contexte de notre experience, le meilleur exemple que nous puissions probablement donner est celui d'une mère aimante qui regarde son petit enfant: les yeux, le visage souriant, et le regard concentré sur son enfant. On peut voir sur son visage et dans ses yeux l'attention, l'affection, la sincérité et la douceur pour son enfant. De même, Tchenrézi éprouve sans cesse ce sentiment pour tous les êtres sans exception. C'est ce que l'on peut voir dans son regard constant et dans le sourire qui éclaire son visage: ce sont des expressions d'amour tendre illimité, et de compassion envers les êtres.

Tchenrézi visualisé dans cette pratique, alors que ce n'est pas le cas pour de nombreuses autres divinités, a quatre bras et quatre mains. Les quatre bras et mains signifient les quatre incommensurables: incommensurable amour-tendresse, incommensurable compassion, incommensurable joie, et incommensurable sérénité. Tchenrézi, le Bodhisattva de la Compassion sans limite, est la véritable personnification et réalisation des quatre incommensurables. Les quatre incommensurables sont les véhicules par l'intermédiaires desquels Tchenrézi apporte ses bienfaits aux êtres. C'est pourquoi Tchenrézi a quatre bras et quatre mains.

Les deux premières mains, les mains intérieures, ont les paumes jointes au niveau du coeur, et elles tiennent le joyau bleu azur de la réalisation des souhaits. Cela symbolise le fait que, quelle que soit la manière dont Tchenrézi apporte ses bienfaits aux créatures, la qualité de l'esprit de Tchenrézi n'est jamais séparée de l'état omniprésent et illimité de dharmakaya (sagesse primordiale). Dans la main droite extérieure, Tchenrézi tient des grains de cristal et les fait glisser à la façon dont nous utilisons un chapelet (mala) pour compter les mantras. Ceci symbolise qu'il n'existe aucun instant sans bienfait de Tchenrézi envers les êtres. Tout comme il égrène sans cesse son mala, Tchenrézi répand sans cesse ses bienfaits sur tous les êtres sensibles, et tourne la roue l'activité illuminée. Dans la main gauche extérieure, Tchenrézi tient une fleur de lotus. Ceci symbolise que, par ses bienfaits répandus sur tous les êtres dotés de sens, Tchenrézi se manifeste sous toutes les formes adaptées aux capacités mentales, aux circonstances, et aux aptitudes de ces êtres. Par exemple, si Tchenrézi apparaissait sous une forme humaine à certains êtres sensibles, (des animaux, par exemple), ces animaux pourraient s'enfuir. C'est pour cela que Tchenrézi peut apparaître sous la forme d'un animal. De même, Tchenrézi peut apparaître dans différents mondes, comme le monde de l'enfer ou le monde des fantômes affamés. Mais, quel que soit l'endroit où Tchenrézi apparaît, il reste indemne et n'est contaminé par aucune des taches samsariques propres à ces divers mondes, tout comme la fleur de lotus qui croît dans la boue émerge immaculée de l'eau. La main gauche de Tchenrézi, qui tient la fleur, symbolise l'état immaculé.

L'être auquel nous adressons une demande ou un souhait sincère doit être digne d'une telle demande; c'est-à-dire qu'il doit avoir les qualités aptes à octroyer les bienfaits demandés. Si l'être que nous prions n'a pas ces qualités, il sera incapable d'aider, parce qu'il sera incapable de rien

accorder. Donc, nous devons garder à l'idée que l'on se relie à de dignes objets de cette manière très concrète.

Une histoire tibétaine raconte qu'un grand aigle avait enlevé un lapin dans les airs. Le pauvre lapin criait à l'aide, mais personne n'était là pour le sauver. Ce n'est pas dans cette sorte de situation que nous trouvons ici. Ici nous faisons une demande solennelle, non pas à n'importe qui, mais au Lama Tchenrézi. " Lama " signifie quelqu'un qui a atteint une réalisation supérieure, une connaissance supérieure, qui s'est purifié de toute tache, et qui dès lors est capable de libérer de toute souillure ceux qui en sont affectés. Nous adressons également nos supplications à Tchenrézi en sa qualité de yidam. La nature d'un yidam est telle que lorsque l'esprit du praticien établit un lien avec celui-ci, il ou elle peut compter sans restriction sur cette connexion, et le yidam peut accorder les bienfaits pour lesquels cette connexion a été établie. Un yidam est une connexion suprême établie par l'intermédiaire du mental, et Tchenrézi est capable de favoriser une telle connexion. C'est pourquoi nous faisons des demandes à Tchenrézi en tant que yidam. Puisque Tchenrézi est la personnification de si nombreuses nobles qualités : les qualités d'un lama, les qualités d'un yidam, les qualités d'un être parfaitement noble parmi les êtres réalisés, Tchenrézi est le Seigneur de la protection, ou KYAP GON TCHENRÉZI. KYAP signifie " protéger " GON signifie " seigneur ", " chef ". Dès lors, KYAP GON signifie " Seigneur de la Protection ", ce qui indique que Tchenrézi personnifiant toutes ces qualités, est digne de mener les êtres à la libération, et est capable de garder les êtres de la confusion et de la souffrance. A notre niveau relatif, même si certains individus ont le pouvoir, la force ou l'autorité de protéger certaines personnes dans certaines circonstances limitées et simples, ils ne souhaitent pas nécessairement en protéger d'autres. Par comparaison, Tchenrézi est la personnification de la réalisation de l'esprit illuminé spontané qui irradie tendresse aimante et compassion. Ces qualités de tendresse sont l'expression spontanée de Tchenrézi, la qualité du flux illimité de l'esprit de Tchenrézi ; dès lors, Tchenrézi est aussi le seigneur de la tendresse aimante, de la chaleureuse considération pour tous. Chanrezig ne ferme jamais les yeux, même pas pendant un instant. Il est sans cesse vigilant et ne détourne jamais son attention d'aucun être sensible. C'est ainsi que l'on adresse des demandes solennelles à Tchenrézi, le Seigneur de la Tendresse Aimante.

Dans cette prière, nous en appelons sérieusement et sincèrement à Tchenrézi, en sachant qui il est et ce que nous souhaitons obtenir de lui. Puisque Tchenrézi est la personnification de la compassion spontanée, nous demandons à Tchenrézi, le tout-compatissant, de nous garder en sa compassion. Nous adressons une demande très sincère et directe. Pour exprimer les choses simplement, nous disons: "quelle est votre compassion et votre réalisation, à quoi servent-elles?" Nous disons qu'elles ne servent à rien d'autre que de répandre des bienfaits sur les êtres ; alors voilà, nous avons besoin de vos bienfaits, alors répandez les qualités pleines de compassion de votre esprit. A un niveau très relatif et matériel, c'est comme si nous disions : " Mère, vous possédez des richesses et je suis votre seul enfant ; j'ai besoin de vos richesses, aidez-moi ". C'est pratiquement aussi simple que cela. Que se produit-il si la mère n'aide pas son enfant unique alors qu'elle serait en état de le faire ? . A qui servirait cette relation, à quoi bon être une mère riche si l'enfant ne peut en bénéficier ? Eh bien, nous adressons cette demande solennelle à Tchenrézi, à ce niveau primaire.

La raison pour laquelle nous souhaitons tellement bénéficier de la compassion de Tchenrézi est que les êtres sensibles sont tombés dans le piège du samsara depuis des temps immémoriaux. Nous envoyons le souhait que tous les êtres dotés de sens soient libérés des souffrances du samsara. En

général, le Dharma enseigne qu'il y a six mondes différents où les êtres éprouvent des souffrances terribles, insupportables. L'expérience de la souffrance par la majorité des êtres sensibles dans les divers mondes d'existence équivaut à la souffrance éprouvée lorsqu'on est jeté nu dans un feu ardent . Ils font sans trêve l'expérience de la douleur et du tourment à cause de l'accumulation de souillures. Voilà ce qui se passe normalement pour les êtres dotés de sens ; alors nous adressons nos prières dans la conviction qu'il n'existe pas d'autre protection pour les êtres dotés de sens, que celle que Tchenrézi peut accorder. Tchenrézi est le protecteur, puisqu'il est la personnification des Bouddhas et bodhisattvas qui sont capables d'accorder une telle protection. Nous avons la conviction que " les êtres sensibles ne peuvent se tourner que vers vous ". Nous pouvons avoir des proches (nos parents, par exemple), mais ils sont incapables de nous acheminer vers l'expérience de l'illumination et de parfaite protection, parce qu'eux-mêmes sont des êtres sensibles prisonniers de la confusion propre à de tels mondes, et ils ne sont donc pas capables eux-mêmes de nous protéger de la confusion et de la souffrance. Il y a des personnes, parmi nous, qui jouent un rôle de guide ou de chef, mais elles-mêmes sont soumises à la souffrance et à la confusion d'une existence cyclique. Outre cela, il existe des devas, nagas, des catégories supérieures de devas tels Brahma ou Shiva, etc. Mais même eux ne sont pas libérés de l'existence cyclique. Dès lors, il n'y a personne d'autre que Tchenrézi vers qui se tourner.

Le point clé est : " Puissiez-vous, Tchenrézi, garder tous les êtres sensibles dans votre compassion éclairée, jusqu'à ce que tous les êtres sensibles aient atteint l'état de Bouddha ". Ceci est une demande solennelle, une demande très directe, sincère et qui qui vient du coeur, que nous adressons au nom de tous les êtres sensibles.

Tandis que nous faisons la prière à Tchenrézi, nous prions pour que tous les êtres des six mondes soient admis dans le royaume d' Amitabha ou dans celui de Tchenrézi, selon l' objectif à atteindre. Il n'y a ultimement aucune différence, puisque le but, dans ce cas, est de se libérer des six mondes.

Puis, après avoir prié d'abord pour que tous les êtres soient accueillis dans un monde de pureté, nous prions pour que nous-mêmes devenions capables de répandre des bienfaits sur les êtres vivants, avec autant de force, de puissance, que Tchenrézi, pas seulement dans cette vie-ci, mais dans toutes nos vies futures, dans toutes nos nombreuses existences. Nous prions pour que nous puissions développer en nous les qualités que Tchenrézi a développées en lui, et ayant développé notre propre illumination, nous prions pour être utiles aux autres êtres en effaçant les souillures, comme le fait Tchenrézi, en prononçant le mantra de six syllabes. Cette prière nous permet réellement de répandre des bienfaits sur d'autres