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6 Evénement Tribune de Genève | Lundi 19 octobre 2015 Contrôle qualité Tribune de Genève | Lundi 19 octobre 2015 Evénement 7 Contrôle qualité Elections fédérales L’Entente reconquiert ses électeurs. La gauche résiste Le PLR gagne un siège que les Verts perdent. Les autres partis restent stables. L’Entente progresse en mordant à gauche et sur les petits partis de droite. L’UDC avance sur le dos du MCG Marc Bretton L a tendance marquée par les élections municipales se confirme. A Genève, l’En- tente a fini de manger son pain noir. Quatre ans après sa fusion, le PLR gagne un siège de plus à Berne au dé- triment des Verts et retrouve sa représen- tation d’avant 2011. C’est le principal chan- gement de ces élections. Benoît Genecand rejoint ainsi le duo formé par Christian Lüscher et Hugues Hiltpold: «Nous avons digéré la fusion entre nos partis respectifs (ndlr: libéral et radical), explique ce der- nier. Le vote genevois suit la pente suisse: dans cette période d’incertitude économi- que liée aux conséquences du vote du 9 fé- vrier 2014, la raison l'a emporté.» Une par- tie des voix revenues au PLR provient pro- bablement de l’UDC et du MCG, mais ce sont les Verts qui payent la note cash, en perdant un siège. Le PDC avance à Genève Allié du PLR, le PDC est aussi à la fête, même s’il ne conserve qu’un unique repré- sentant, le conseiller administratif Guillaume Barazzone. Le parti progresse en effet de plus de deux points de pourcen- tage par rapport à 2011, comme l’UDC, et avance même par rapport aux élections cantonales de 2013. Une particularité aussi- tôt qualifiée de Genferei par l’UDC Yves Nidegger. Cela ne gâche pas l’humeur du président du PDC, Sébastien Desfayes: «Nous retrouvons les scores réalisés à l’épo- que de Jean-Philippe Maitre», se félicite-t-il. A quelles causes attribuer la progres- sion du PDC, qui va à l’encontre des résul- tats du parti au niveau national? Guillaume Barazzone évoque les fruits récoltés par un parti «droit dans ses bottes par rapport au MCG et à l’UDC. Une bonne campagne avec des candidats qui tirent des voix en ville et à la campagne.» Le conseiller natio- nal PLR Christian Lüscher est plus direct: «L’effet Barazzone sur le succès du PDC est indiscutable.» Avec environ 33% des voix, l’Entente progresse de plus 4 points par rapport à 2011. Principalement au détriment des Verts, des Vert’libéraux (–1 point) et des évangéliques (–0,43 point). Sans l’appari- tion du PBD et de l’UDF, la moisson aurait sans doute été plus importante encore. Les Verts sanctionnés Si le PLR est le grand gagnant de l’élection nationale, les Verts sont les grands perdants, puisqu’ils lâchent le siège détenu par Ueli Leuenberger. Autre fruit doux-amer: l’uni- que sortante, Anne Mahrer, se fait dépasser par sa benjamine Lisa Mazzone, actuelle députée et présidente du parti au niveau cantonal. Cette perte est un coup dur, mais elle était assez attendue. Et les Verts se con- solent en considérant que le «pire est passé», comme le souligne Ueli Leuenber- ger. Leur score s’est en effet amélioré par rapport aux élections cantonales de 2013. «J’espère que les médias le relèveront», lance la cheffe de campagne Fabienne Bu- gnon sur le plateau de Léman Bleu. Si les Verts ont perdu des voix au détri- ment de l’Entente, ils en ont certainement perdu aussi au profit du PS. Ce parti tire en effet son épingle du jeu, un peu comme le PDC. Car s’il reste stable et conserve ses trois sièges – attribués à Carlo Sommaruga, Manuel Tornare et Laurence Fehlmann Rielle – le parti progresse en voix. Avec 19,7% des suffrages (+0,5 point), le PS réa- lise même son meilleur score depuis 2003. «Nous apparaissons de fait comme la com- posante la plus crédible à gauche», confie la présidente du parti à Genève, Carole- Anne Kast. «La gauche de la gauche» rate pour la troisième fois son retour au National. En- semble à Gauche perd 0,5 point de ses voix par rapport à 2011 et se retrouve à environ 6%, contre 6,5% à l’époque. «Ce n’est pas la fin du MCG» Comme le PDC ou le PS, l’UDC réalise un très bon score. Avec 17,94% des suffrages, l’union conserve ses deux élus, Céline Amaudruz et Yves Nidegger. Par rapport à 2011, elle améliore son score de presque deux points, mais ne retrouve pourtant pas son sommet de 2007 (21,07%). «Les élections nationales favorisent l’UDC», commente le député Patrick Lussi. «Notre résultat est très bon, malgré les critiques incessantes qui sont portées contre nous suite à la votation sur les Bilatérales.» Le MCG, allié pour l’occasion à l’UDC, n’a quant à lui pas de quoi pavoiser. Avec presque 8% des voix, il réalise son pire résultat depuis 2007, deux ans après sa création. Si ses adversaires prédisent le «début de la fin» du parti cofondé par Eric Stauffer, le conseiller national et président du MCG Roger Golay se veut confiant: «Nous conservons notre siège au National, ce qui était notre premier objectif. Pour un parti cantonal comme nous, cette élection n’est pas évidente, car nos électeurs votent facilement pour l’UDC. Mais en 2018, lors des élections cantonales, il en ira autre- ment. Ce n’est pas la fin du MCG!» Voilà pour les partis. Reste à observer de plus près l’évolution de chaque bloc, ceux formés par l’Entente (PDC et PLR), l’Alternative (PS, Verts, EàG) et la Nouvelle Force (UDC et MCG, apparentés pour la première fois). La gauche reste en tête des blocs En résumé, on observe qu’avec 36,9% des voix la gauche reste la sensibilité politique la plus forte du canton. Ce qui ne sera pas sans influer sur le résultat du second tour des élections aux Etats, le 8 novembre. Mais l’Alternative est à la peine. En 2011, elle rassemblait encore 37,8% des voix et plus de 40% en 2007. Il semble toutefois que l’effondrement des élections cantonales de 2013, où elle ne rassemblait plus que 32,6% des suffrages, ait été en partie comblé. Avec 32,9%, l’Entente se retrouve en deuxième position – en progression par rapport à 2011, mais à parité avec les résultats de 2013. Enfin, avec environ 26% des voix, la Nouvelle Force est stable par rapport à 2011 et en légère baisse par rapport à 2013. 11 sièges 11 sièges 3 3 2 2 2 1 1 1 1 3 2 1 I. CAUDULLO. SOURCE: ETAT DE GENÈVE Les sièges genevois par partis au Conseil national PS (-) Parti socialiste PS Parti socialiste Les Verts (-1) PDC (-) Parti démocrate- chrétien PLR (+1) Parti libéral- radical UDC (-) Union démocratique du centre MCG (-) Mouvement citoyens genevois Les Verts PDC Parti démocrate- chrétien PLR Parti libéral- radical UDC Union démocratique du centre MCG Mouvement citoyens genevois 2015 2011 Résultats définitifs ( ) augmentation ou diminution de sièges par rapport à 2011 Aux Etats, la seconde manche se joue à droite Alliances et reports de voix scelleront le sort des deux sièges sénatoriaux. Pourparlers en vue Marc Moulin Conciliabules et assemblées seront menés au pas de charge ce lundi pour préparer le second tour de l’élection au Conseil des Etats. Les listes doivent être prêtes mardi pour le scrutin du 8 novembre. Aucun candidat ne s’est approché hier de la barre des 50% des suffrages, nécessaires pour être élu au premier tour qui voyait dix rivaux s’affronter. Ce seuil sera levé dans trois semaines: les deux sièges iront aux deux meilleurs scores. Leurs occupants depuis huit ans, Li- liane Maury Pasquier (PS) et Robert Cra- mer (Verts), ont dominé le premier tour, séduisant respectivement 35,4% et 32,8% des votants. Leur notoriété et la «prime aux sortants» les ont favorisés. Le rapport de force hérité des élections cantonales de 2013 ne leur garantissait pas cette avance, ce d’autant que la gauche dure avait ses propres candidats. Le duo dis- tance ses poursuivants de centre droit: le PLR Benoît Genecand (28,4%) et le PDC Raymond Loretan (25,8%). Ceux-ci n’ont pas fait le plein dans leur propre camp, l’Entente ayant empoché, avec les Vert’li- béraux qui soutenaient son ticket, 34,8% des suffrages hier au Conseil national. Echanges d’amabilités «La droite a fait campagne sur un nou- veau souffle, mais je ne vois pas ce qu’il y avait de nouveau dans son programme, lâche Liliane Maury Pasquier. Et je ne suis pas essoufflée!» «En 2011, nos concur- rents de l’Entente, tous deux conseillers nationaux, étaient davantage expérimen- tés, analyse Robert Cramer. Les Genevois préfèrent élire des gens dont ils ont vu les prises de position à Berne.» «Le score de Liliane Maury Pasquier et Robert Cramer n’est pas fameux pour des sortants quand on sait que les mieux élus à une majori- taire pour le gouvernement cantonal s’approchent des 50%», riposte Alexan- dre de Senarclens, président du PLR. «Le score de l’Entente aurait été excel- lent si l’un de nous avait pu s’intercaler entre les sortants, juge Benoît Genecand. En l’état, notre résultat n’est pas mau- vais.» Sans plus. Ni lui, député cantonal, ni son colistier PDC, ancien constituant, n’ont à leur actif de longs mandats électifs à Genève. «Je n’ai démissionné de la pré- sidence de la SSR que fin juin, si bien que ma campagne a été courte», plaide Ray- mond Loretan. La droite populiste, qui présentait deux listes séparées, arrive ensuite avec les UDC Yves Nidegger (20,3%) et Céline Amaudruz (19,84%), puis le MCG Eric Stauffer (11,6%). Si on cumule ce dernier score à celui du meilleur UDC, on dépasse le résultat du candidat le mieux placé de l’Entente. De quoi faire plastronner les tenants de la droite nationaliste lors des discussions qu’ils auront ce lundi avec l’Entente sur la stratégie à adopter pour mettre fin au monopole de gauche sur les sièges genevois aux Etats. Des palabres sont aussi en vue tout à gauche. Personne ne s’attend à ce que les résultats de Salika Wenger (6,1%) et Jean Batou (5,9%) incitent Ensemble à Gauche à se maintenir au second tour. Les débats devraient plutôt porter sur l’opportunité d’un appel à soutenir le tandem rose-vert et sur ses modalités, plus ou moins fer- ventes ou sceptiques. De quoi offrir un réservoir de voix aux sortants. Le centre droit, lui, ne peut guère espérer que le renfort des électeurs du PBD Thierry Vi- donne (2,59%). Mais un fort suspense règne sur un éventuel accord des deux droites. Prési- dente de l’UDC genevois, Céline Amau- druz a invité ses homologues à une ren- contre ce matin. «Je souhaite une droite de la raison qui présente le meilleur de l’Entente, Genecand, et le meilleur de la Nouvelle Force, Nidegger, car c’est la seule façon pour que l’électorat suive et pour qu’un siège soit repris à la gauche, prône-t-elle. Mais si Loretan ne se retire pas, le MCG n’a pas de raison de renoncer au second tour.» Qu’en dit Eric Stauffer? «On discutera, mais j’apprendrai à l’En- tente de cesser de nous prendre pour des imbéciles», riposte celui qui n’a pas ap- précié les commentaires des présidents PLR et PDC sur la droite populiste, ni les alliances anti-MCG passées dans certaines communes ce printemps. «Mon choix personnel serait de me présenter avec Yves Nidegger», conclut le fondateur du MCG. «Pas de marchandage» L’Entente est prête à se rendre au rendez- vous fixé par la présidente de l’UDC. Que faut-il en attendre? «Il y aura des discus- sions, mais pas de marchandage, prédit Alexandre de Senarclens. Il faut détermi- ner quel est le meilleur ticket pour barrer la route à la gauche en rappelant que les meilleurs résultats à droite sont ceux de Genecand et Loretan.» «La probabilité d’une alliance avec la droite dure est nulle», avertit Sébastien Desfayes, président du PDC genevois. Mais, même sans alliance, chaque bloc ne pourrait-il pas ne lancer qu’un candidat, laissant ses électeurs compléter leurs bul- letins? «Je ne suis pas favorable à cette solution, mais la décision appartient au parti ainsi qu’au candidat», répond-il. Hier, Raymond Loretan n’évoquait pas un retrait, en tout cas pas à voix haute. Et de s’adresser aux dirigeants et électeurs de la droite populiste: «S’ils ne votent pas pour nous, s’ils se maintiennent pour des ques- tions de prestige, ils font le jeu de la gau- che.» Lire également en pages 17, 18 et 19 Liliane Maury Pasquier PS 37 354 voix Robert Cramer Les Verts 34 621 voix Benoît Genecand PLR 29 981 voix Raymond Loretan PDC 27 169 voix Yves Nidegger UDC 21 454 voix Céline Amaudruz UDC 20 934 voix Eric Stauffer MCG 12 284 voix Salika Wenger Ensemble à Gauche 6470 voix Jean Batou Ensemble à Gauche 6243 voix Thierry Vidonne PBD 2730 voix Carlo Sommaruga PS (sortant) 24 548 voix (5e) Manuel Tornare PS (sortant) 22 037 voix (6e) Laurence Fehlmann Rielle, PS (nouvelle) 20 099 voix (9e) Lisa Mazzone Les Verts (nouvelle) 12 331 voix (11e) Guillaume Barazzone PDC (sortant) 27 074 voix (4e) Christian Lüscher PLR (sortant) 43 441 voix (1er) Hugues Hiltpold PLR (sortant) 42 623 voix (2e) Benoît Genecand PLR (nouveau) 40 772 voix (3e) Céline Amaudruz UDC (sortante) 20 759 voix (7e) Yves Nidegger UDC (sortant) 20 541 voix (8e) Roger Golay MCG (sortant) 16 483 voix (10e) Les onze élus genevois au Conseil national «Je souhaite une droite de la raison pour qu’un siège soit repris à la gauche» Céline Amaudruz Conseillère nationale et présidente de l’UDC genevoise MONIKA FLUECKIGER MONIKA FLUECKIGER PAUL RONGA PAUL RONGA MONIKA FLUECKIGER JEAN-BERNARD SIEBER MONIKA FLUECKIGER PIERRE ABENSUR GEORGES CABRERA LAURENT CROTTET MONIKA FLUECKIGER MARTIAL TREZZINI /KEYSTONE MONIKA FLUECKIGER STEEVE IUNCKER-GOMEZ KEYSTONE MONIKA FLUECKIGER MAURANE DI MATTEO MONIKA FLUECKIGER STEEVE IUNCKER-GOMEZ KEYSTONE DR Gagnants Les trois élus PLR au Conseil national hier à Uni Mail: (de g. à dr.) les sortants Christian Lüscher et Hugues Hiltpold, ainsi que le vainqueur du troisième siège Benoît Genecand. PIERRE ABENSUR

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Page 1: Elections fédérales L’Entente reconquiert ses électeurs ... · Raymond Loretan (25,8%). Ceux-ci n’ont pas fait le plein dans leur propre camp, l’Entente ayant empoché, avec

6 Evénement Tribune de Genève | Lundi 19 octobre 2015

Contrôle qualité

Tribune de Genève | Lundi 19 octobre 2015 Evénement 7

Contrôle qualité

Elections fédérales

L’Entente reconquiert ses électeurs. La gauche résisteLe PLR gagne un siège que les Verts perdent. Les autres partis restent stables. L’Entente progresse en mordant à gauche et sur les petits partis de droite. L’UDC avance sur le dos du MCG

Marc Bretton

La tendance marquée par lesélections municipales seconfirme. A Genève, l’En-tente a fini de manger sonpain noir. Quatre ans aprèssa fusion, le PLR gagne unsiège de plus à Berne au dé-

triment des Verts et retrouve sa représen-tation d’avant 2011. C’est le principal chan-gement de ces élections. Benoît Genecandrejoint ainsi le duo formé par Christian Lüscher et Hugues Hiltpold: «Nous avons digéré la fusion entre nos partis respectifs(ndlr: libéral et radical), explique ce der-nier. Le vote genevois suit la pente suisse:dans cette période d’incertitude économi-que liée aux conséquences du vote du 9 fé-vrier 2014, la raison l'a emporté.» Une par-tie des voix revenues au PLR provient pro-bablement de l’UDC et du MCG, mais ce sont les Verts qui payent la note cash, en perdant un siège.

Le PDC avance à GenèveAllié du PLR, le PDC est aussi à la fête, même s’il ne conserve qu’un unique repré-sentant, le conseiller administratif Guillaume Barazzone. Le parti progresse en effet de plus de deux points de pourcen-tage par rapport à 2011, comme l’UDC, et avance même par rapport aux élections cantonales de 2013. Une particularité aussi-tôt qualifiée de Genferei par l’UDC Yves Nidegger. Cela ne gâche pas l’humeur du président du PDC, Sébastien Desfayes: «Nous retrouvons les scores réalisés à l’épo-que de Jean-Philippe Maitre», se félicite-t-il.

A quelles causes attribuer la progres-sion du PDC, qui va à l’encontre des résul-tats du parti au niveau national? GuillaumeBarazzone évoque les fruits récoltés par unparti «droit dans ses bottes par rapport auMCG et à l’UDC. Une bonne campagne avec des candidats qui tirent des voix en ville et à la campagne.» Le conseiller natio-nal PLR Christian Lüscher est plus direct: «L’effet Barazzone sur le succès du PDC estindiscutable.»

Avec environ 33% des voix, l’Ententeprogresse de plus 4 points par rapport à 2011. Principalement au détriment des Verts, des Vert’libéraux (–1 point) et des évangéliques (–0,43 point). Sans l’appari-tion du PBD et de l’UDF, la moisson auraitsans doute été plus importante encore.

Les Verts sanctionnésSi le PLR est le grand gagnant de l’élection nationale, les Verts sont les grands perdants,puisqu’ils lâchent le siège détenu par Ueli Leuenberger. Autre fruit doux-amer: l’uni-que sortante, Anne Mahrer, se fait dépasserpar sa benjamine Lisa Mazzone, actuelle députée et présidente du parti au niveau cantonal. Cette perte est un coup dur, maiselle était assez attendue. Et les Verts se con-solent en considérant que le «pire est passé», comme le souligne Ueli Leuenber-ger. Leur score s’est en effet amélioré par rapport aux élections cantonales de 2013. «J’espère que les médias le relèveront»,

lance la cheffe de campagne Fabienne Bu-gnon sur le plateau de Léman Bleu.

Si les Verts ont perdu des voix au détri-ment de l’Entente, ils en ont certainementperdu aussi au profit du PS. Ce parti tire eneffet son épingle du jeu, un peu comme lePDC. Car s’il reste stable et conserve ses trois sièges – attribués à Carlo Sommaruga,Manuel Tornare et Laurence Fehlmann Rielle – le parti progresse en voix. Avec 19,7% des suffrages (+0,5 point), le PS réa-lise même son meilleur score depuis 2003.«Nous apparaissons de fait comme la com-posante la plus crédible à gauche», confiela présidente du parti à Genève, Carole-Anne Kast.

«La gauche de la gauche» rate pour latroisième fois son retour au National. En-semble à Gauche perd 0,5 point de ses voixpar rapport à 2011 et se retrouve à environ6%, contre 6,5% à l’époque.

«Ce n’est pas la fin du MCG»Comme le PDC ou le PS, l’UDC réalise un très bon score. Avec 17,94% des suffrages,

l’union conserve ses deux élus, CélineAmaudruz et Yves Nidegger. Par rapport à2011, elle améliore son score de presque deux points, mais ne retrouve pourtant pas son sommet de 2007 (21,07%). «Les élections nationales favorisent l’UDC», commente le député Patrick Lussi. «Notrerésultat est très bon, malgré les critiques incessantes qui sont portées contre nous suite à la votation sur les Bilatérales.»

Le MCG, allié pour l’occasion à l’UDC,n’a quant à lui pas de quoi pavoiser. Avecpresque 8% des voix, il réalise son pire résultat depuis 2007, deux ans après sa création. Si ses adversaires prédisent le «début de la fin» du parti cofondé par EricStauffer, le conseiller national et présidentdu MCG Roger Golay se veut confiant:«Nous conservons notre siège au National,ce qui était notre premier objectif. Pour unparti cantonal comme nous, cette électionn’est pas évidente, car nos électeurs votentfacilement pour l’UDC. Mais en 2018, lors des élections cantonales, il en ira autre-ment. Ce n’est pas la fin du MCG!»

Voilà pour les partis. Reste à observerde plus près l’évolution de chaque bloc, ceux formés par l’Entente (PDC et PLR), l’Alternative (PS, Verts, EàG) et la NouvelleForce (UDC et MCG, apparentés pour la première fois).

La gauche reste en tête des blocsEn résumé, on observe qu’avec 36,9% desvoix la gauche reste la sensibilité politiquela plus forte du canton. Ce qui ne sera pas sans influer sur le résultat du second tour des élections aux Etats, le 8 novembre. Maisl’Alternative est à la peine. En 2011, elle rassemblait encore 37,8% des voix et plus de 40% en 2007. Il semble toutefois que l’effondrement des élections cantonales de2013, où elle ne rassemblait plus que 32,6%des suffrages, ait été en partie comblé. Avec32,9%, l’Entente se retrouve en deuxième position – en progression par rapport à 2011, mais à parité avec les résultats de 2013. Enfin, avec environ 26% des voix, la Nouvelle Force est stable par rapport à 2011et en légère baisse par rapport à 2013.

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11sièges

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I. CAUDULLO. SOURCE: ETAT DE GENÈVE

Les sièges genevois par partis au Conseil national

PS (-)Partisocialiste

PSParti socialiste

Les Verts (-1)

PDC (-)Parti démocrate-

chrétien

PLR (+1)Parti libéral-radical

UDC (-)Uniondémocratiquedu centre

MCG (-)Mouvement

citoyensgenevois

Les Verts

PDCParti démocrate-chrétien

PLRParti libéral-radical

UDCUnion

démocratiquedu centre

MCGMouvementcitoyensgenevois

20152011

Résultats définitifs( ) augmentation ou diminutionde sièges par rapport à 2011

Aux Etats, la seconde manche se joue à droiteAlliances et reports de voix scelleront le sort des deux sièges sénatoriaux. Pourparlers en vue

Marc Moulin

Conciliabules et assemblées seront menésau pas de charge ce lundi pour préparerle second tour de l’élection au Conseil desEtats. Les listes doivent être prêtes mardipour le scrutin du 8 novembre. Aucuncandidat ne s’est approché hier de labarre des 50% des suffrages, nécessairespour être élu au premier tour qui voyaitdix rivaux s’affronter. Ce seuil sera levédans trois semaines: les deux sièges irontaux deux meilleurs scores.

Leurs occupants depuis huit ans, Li-liane Maury Pasquier (PS) et Robert Cra-mer (Verts), ont dominé le premier tour,séduisant respectivement 35,4% et 32,8%des votants. Leur notoriété et la «primeaux sortants» les ont favorisés. Le rapportde force hérité des élections cantonalesde 2013 ne leur garantissait pas cetteavance, ce d’autant que la gauche dureavait ses propres candidats. Le duo dis-tance ses poursuivants de centre droit: lePLR Benoît Genecand (28,4%) et le PDCRaymond Loretan (25,8%). Ceux-ci n’ontpas fait le plein dans leur propre camp,l’Entente ayant empoché, avec les Vert’li-béraux qui soutenaient son ticket, 34,8%des suffrages hier au Conseil national.

Echanges d’amabilités«La droite a fait campagne sur un nou-veau souffle, mais je ne vois pas ce qu’il yavait de nouveau dans son programme,lâche Liliane Maury Pasquier. Et je ne suispas essoufflée!» «En 2011, nos concur-rents de l’Entente, tous deux conseillersnationaux, étaient davantage expérimen-tés, analyse Robert Cramer. Les Genevoispréfèrent élire des gens dont ils ont vu lesprises de position à Berne.» «Le score deLiliane Maury Pasquier et Robert Cramern’est pas fameux pour des sortants quand

on sait que les mieux élus à une majori-taire pour le gouvernement cantonal s’approchent des 50%», riposte Alexan-dre de Senarclens, président du PLR.

«Le score de l’Entente aurait été excel-lent si l’un de nous avait pu s’intercalerentre les sortants, juge Benoît Genecand.En l’état, notre résultat n’est pas mau-vais.» Sans plus. Ni lui, député cantonal,ni son colistier PDC, ancien constituant,n’ont à leur actif de longs mandats électifsà Genève. «Je n’ai démissionné de la pré-

sidence de la SSR que fin juin, si bien quema campagne a été courte», plaide Ray-mond Loretan.

La droite populiste, qui présentaitdeux listes séparées, arrive ensuite avecles UDC Yves Nidegger (20,3%) et CélineAmaudruz (19,84%), puis le MCG EricStauffer (11,6%). Si on cumule ce dernierscore à celui du meilleur UDC, on dépassele résultat du candidat le mieux placé del’Entente. De quoi faire plastronner lestenants de la droite nationaliste lors desdiscussions qu’ils auront ce lundi avecl’Entente sur la stratégie à adopter pourmettre fin au monopole de gauche sur lessièges genevois aux Etats.

Des palabres sont aussi en vue tout àgauche. Personne ne s’attend à ce que lesrésultats de Salika Wenger (6,1%) et JeanBatou (5,9%) incitent Ensemble à Gaucheà se maintenir au second tour. Les débatsdevraient plutôt porter sur l’opportunitéd’un appel à soutenir le tandem rose-vertet sur ses modalités, plus ou moins fer-ventes ou sceptiques. De quoi offrir unréservoir de voix aux sortants. Le centredroit, lui, ne peut guère espérer que lerenfort des électeurs du PBD Thierry Vi-donne (2,59%).

Mais un fort suspense règne sur unéventuel accord des deux droites. Prési-dente de l’UDC genevois, Céline Amau-druz a invité ses homologues à une ren-contre ce matin. «Je souhaite une droitede la raison qui présente le meilleur del’Entente, Genecand, et le meilleur de laNouvelle Force, Nidegger, car c’est laseule façon pour que l’électorat suive etpour qu’un siège soit repris à la gauche,prône-t-elle. Mais si Loretan ne se retirepas, le MCG n’a pas de raison de renoncerau second tour.» Qu’en dit Eric Stauffer?«On discutera, mais j’apprendrai à l’En-tente de cesser de nous prendre pour desimbéciles», riposte celui qui n’a pas ap-précié les commentaires des présidentsPLR et PDC sur la droite populiste, ni lesalliances anti-MCG passées dans certainescommunes ce printemps. «Mon choixpersonnel serait de me présenter avecYves Nidegger», conclut le fondateur duMCG.

«Pas de marchandage»L’Entente est prête à se rendre au rendez-vous fixé par la présidente de l’UDC. Quefaut-il en attendre? «Il y aura des discus-sions, mais pas de marchandage, préditAlexandre de Senarclens. Il faut détermi-ner quel est le meilleur ticket pour barrerla route à la gauche en rappelant que lesmeilleurs résultats à droite sont ceux deGenecand et Loretan.»

«La probabilité d’une alliance avec ladroite dure est nulle», avertit Sébastien Desfayes, président du PDC genevois. Mais, même sans alliance, chaque bloc nepourrait-il pas ne lancer qu’un candidat, laissant ses électeurs compléter leurs bul-letins? «Je ne suis pas favorable à cette solution, mais la décision appartient au parti ainsi qu’au candidat», répond-il. Hier, Raymond Loretan n’évoquait pas unretrait, en tout cas pas à voix haute. Et de s’adresser aux dirigeants et électeurs de ladroite populiste: «S’ils ne votent pas pournous, s’ils se maintiennent pour des ques-tions de prestige, ils font le jeu de la gau-che.»

Lire également en pages 17, 18 et 19

Liliane Maury PasquierPS37 354 voix

Robert CramerLes Verts34 621 voix

Benoît GenecandPLR29 981 voix

Raymond LoretanPDC27 169 voix

Yves NideggerUDC21 454 voix

Céline AmaudruzUDC20 934 voix

Eric StaufferMCG12 284 voix

Salika WengerEnsemble à Gauche6470 voix

Jean BatouEnsemble à Gauche6243 voix

Thierry VidonnePBD2730 voix

Carlo SommarugaPS (sortant)24 548 voix (5e)

Manuel TornarePS (sortant)22 037 voix (6e)

Laurence Fehlmann Rielle, PS (nouvelle)20 099 voix (9e)

Lisa MazzoneLes Verts (nouvelle)12 331 voix (11e)

Guillaume BarazzonePDC (sortant)27 074 voix (4e)

Christian LüscherPLR (sortant)43 441 voix (1er)

Hugues HiltpoldPLR (sortant)42 623 voix (2e)

Benoît GenecandPLR (nouveau)40 772 voix (3e)

Céline AmaudruzUDC (sortante)20 759 voix (7e)

Yves NideggerUDC (sortant)20 541 voix (8e)

Roger GolayMCG (sortant)16 483 voix (10e)

Les onze élus genevois au Conseil national

«Je souhaite une droite de la raison pourqu’un siège soit reprisà la gauche»Céline Amaudruz Conseillère nationale et présidente de l’UDC genevoise

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GagnantsLes trois élus PLR au Conseil national hier à Uni Mail: (de g. à dr.) les sortants Christian Lüscher et Hugues Hiltpold, ainsi que le vainqueur du troisième siège Benoît Genecand. PIERRE ABENSUR