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DOSSIER PÉDAGOGIQUE Dilasser, le dessin 5 novembre 2016 – 9 avril 2017

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Page 1: Dossier pédagogique Dilasser, le dessin

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

Dilasser, le dessin

5 novembre 2016 – 9 avril 2017

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Sommaire Présentation de l’exposition page 3 Repères biographiques page 7 Citations de François Dilasser page 9 Variations en séries page 10 Influences page 16 Lexique page 18 Parcours de visite page 19 Pistes pédagogiques page 20 Bibliographie sélective page 23 Autour de l’exposition page 24 Venir au musée avec sa classe page 25 Informations pratiques et contacts page 27

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Présentation de l’exposition

Introduction François Dilasser s’est adonné au dessin toute sa vie, convaincu des vertus de sa pratique. Son art manifeste une unité constante, autant en peinture que dans les œuvres sur papier. Pourtant, son dessin est beaucoup moins connu que sa peinture. Le soin avec lequel sa famille a conservé et indexé ses travaux entre les années 1970 et les années 2010 permet aujourd’hui d’en montrer toute l’étendue. Les feuilles et les carnets de l’atelier imposent à l’observateur de ne pas les restreindre à des études préalables à ses peintures. Dilasser les considère au contraire comme des fins en soi, ou comme des moyens d’étude, mais jamais comme des esquisses.

1. Dilasser, ses autoportraits

Pendant longtemps, et encore à plus de soixante-dix ans, Dilasser s’exerce à l’un des motifs les plus audacieux : son propre visage. Ses nombreux autoportraits, intenses et dépouillés, exécutés en quelques coups de crayon assurés, ont en commun d’être fragmentaires, ce qu’explique parfois la réflexion de sa physionomie sur un petit miroir.

François Dilasser, Autoportrait, 2003, crayon sur papier, collection particulière.

2. Les œuvres fondatrices

Comme Dilasser le répète à l’envi, une apparence dessinée n’est jamais le point de départ de sa recherche, « mais le fruit du travail ». Aussi spontané qu’il soit, le graphisme de Dilasser présente néanmoins, dès ses débuts, une portée géométrique qui s’épanouit dans quantité de variantes de parallélépipèdes. Il est aussi fait d’une combinaison savante de formes et de lignes en constituant le réseau nerveux.

François Dilasser, Sans titre, septembre 1973, acrylique sur papier, collection particulière.

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3. Un trait libre

Pendant les années 1980, Dilasser affectionne le recouvrement du papier de traits épais et dynamiques. Il travaille sur des papiers à grosse trame, dont il apprécie les qualités absorbantes. Les fonds jouent en quelque sorte le rôle d’agent d’harmonie, tandis que sa main semble conduite par une autre force que celle de la pensée, mue par une forme d’automatisme.

François Dilasser, Sans titre, 1980, acrylique sur papier, collection particulière.

4. et 8. Un art des séries

Il n’est rien de plus typique dans l’art de Dilasser que les séries. Elles s’enchaînent tout au long de sa carrière, et relèvent toujours d’un besoin de décanter un sujet. « Je ne peux vraiment m’arrêter, dit-il, que… quand je ne peux plus rien. » Et couramment, c’est le dessin qui, à travers sa faculté à soutenir des tâtonnements, mais aussi à assurer la permanence des formes, génère en définitive l’alternance des séries. À partir de 1988 elles sont nombreuses : les Têtes, Chutes d’Icare, Jardins, Bateaux-feux, Régentes, Mains, Arbres, Planètes, Étoiles, Baigneuses, Nuages…

François Dilasser, Sans titre, 1993, acrylique sur papier, collection particulière.

5. Les carnets à spirale

Les carnets de François Dilasser sont consultables sur les écrans tactiles.

François Dilasser, Phare de l’île de Batz, 1991, crayon sur papier, collection particulière.

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6. Les « formes habitées »

Rien n’intéresse plus Dilasser que l’exercice du dessin en tant que recherche. Dans cet esprit, il aborde une variante du thème des Têtes en 1991. En mars, il élabore de grands profils offrant les apparences de visages de côté, dont la proéminence encéphalique introduit une interprétation anthropologique. En avril, il les ramène en plan et les inscrit dans la forme octogonale qui lui est chère. Alors, celles qu’il nomme « formes habitées » prennent toute leur mesure.

François Dilasser, Sans titre, 1991, encre et gouache sur papier, collection particulière.

7. Les faïences de Quimper

L’édition que lui propose Henriot à Quimper en mars 1991, dans le cadre du tricentenaire des faïences, répond au vœu de M. Marest, le directeur de la manufacture de relancer la production en faisant appel à des créateurs contemporains « parmi les plus libres et les plus ouverts ». Elle est constituée de deux coupes à fruits et de sept chandeliers, dont trois ont une forme carrée et quatre une forme pyramidale. Pour les premières, il adopte le thème des oiseaux aux corps charnus, semblable à celui qui accompagnera l’ouvrage que l’éditeur Folle Avoine consacre à Tristan Corbière un peu plus tard, en 1995. Pour les seconds, il encadre le motif des têtes à chapeau par des à-plats de couleurs vives.

François Dilasser, Bougeoirs, 1991, faïence Henriot, collection particulière.

9. La figure humaine

Bien que Dilasser ait assuré en 1986 qu’il n’y avait pas de « figures intelligibles dans sa peinture » dans laquelle il préfère que l’on voit « une forme née de la pensée… une tâche qui se met à vivre », la présence de figures humaines est régulière dans le travail d’atelier. Hormis pour ses autoportraits, il n’a pas le souci de la figure. Son art de la figure est avant tout celui de masses qui finissent par en révéler l’architecture et qui, libérées du réel, s’abandonnent ici à des têtes à chapeau, là à des têtes à couronne, quand ce ne sont pas de simples « bobines ou tronches », comme le dit Antoinette Dilasser, ou encore des profils « de fantaisie ».

François Dilasser, Sans titre, 1982, aquarelle et crayon sur papier, collection particulière.

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10. Le motif de l’étoile

La forme étoilée est un thème cher à Dilasser, qui la traite volontiers à l’acrylique ou à la gouache plus qu’au crayon. De la sorte, elle fait ainsi l’objet d’une recherche de volume que l’artiste reprendra en 1995 dans le vitrail qu’il réalise pour la chapelle Ty Mamm Doué à Quimper. En vérité, cette apparence présente le mérite de répondre à sa volonté d’une circulation continue des formes ; cet agencement aux angles vifs, suspendu à la surface de ces feuilles, sont étoiles autant que poissons, rochers, cristaux…

François Dilasser, Sans titre, page de carnet, série Les Étoiles, acrylique sur papier, collection

particulière.

11. Grotesque et fantaisie

Dans l’ensemble de son répertoire, Dilasser se réserve un programme de dessins cocasses, comme dans la série La Chute d’Icare, à la fin des années 1980. L’humour pointe sur nombre de feuilles ultérieures sur lesquelles formes et écritures dissimulent à peine son goût pour la légèreté conçue comme attitude morale, non comme désinvolture ou abandon. Il s’exerce parfois à l’écriture inversée et se plaît à la caricature, autant d’exercices graphiques. Dans quelques pages, il invente des formes en les décalant dans leur marge. L’usage du vide qui lui est familier prend ici une autre dimension : ses figures ne sont pas absorbées par le nu de la feuille, qui pourtant s’ouvre à elles ; il les révèle.

François Dilasser, série Têtes de fantaisie, crayon sur papier, collection particulière.

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Repères biographiques

Dilasser dans son atelier, photographie de Didier Olivré. François Dilasser naît le 5 mars 1926 à Lesneven. Il a toujours dessiné et les premières images dont il se souvient sont celles des tableaux de missionnaires du Léon, les Taolennoù. Il prend ses premières leçons en copiant des reproductions de peintures de Fouquet, Rubens, Titien, Géricault… Vers 1942, il commence son apprentissage avec Charles Corcuff, un commandant de gendarmerie à la retraite, renommé dans la région pour ses paysages vaporeux, inspirés de l’école de Fontainebleau. En 1943, en feuilletant un livre sur Gauguin, le choc ressenti devant Le Cheval blanc lui dévoile que la peinture peut se libérer du réel pour devenir l’expression d’une pensée, à travers la couleur ou la composition. « Cette journée-là, dit-il, je m’en rappelle comme si j’y étais encore. » C’est l’époque pendant laquelle il s’exerce à des caricatures avec son frère Jacques et à la lecture des livres de peinture que lui prête son frère Maurice. Il écrit, en 1946, à Desvallières et à Matisse, qui lui répond d’un conseil simple : « Suivre son chemin… » En 1947, il épouse Thérèse. Pour gagner sa vie, il pratique plusieurs métiers, en particulier dans le bâtiment, mais la peinture occupe tout son temps de liberté. Thérèse meurt en juillet 1956, elle avait 29 ans. François Dilasser se réfugie dans la peinture et peint sa première toile « abstraite », faite d’éclatements et de biffures. Il lit des revues d’art contemporain, va à Paris visiter les galeries. En 1958, la découverte de la peinture de Bissière, à travers un livre de Max-Pol Fouchet est le deuxième choc déterminant. Il est frappé par la poésie et l’harmonie de sa peinture organisée autour de deux ou trois couleurs ainsi que par ses tissus. Il se passionne pour l’œuvre de Paul Klee et celle des Italiens du Quattrocento. En décembre 1958, il se marie avec Antoinette. Au début des années 1970, il se consacre entièrement à son art. Grâce à l’appui de Louttre, le fils de Bissière, il expose pour la première fois au Salon des Réalités Nouvelles en 1972. En février 1973, la galerie Fouillen à Quimper lui consacre une exposition personnelle. Il présente ses tissus cousus dans une galerie artisanale de la rue Saint-Sulpice, à Paris.

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Guy Resse l’expose en mars 1975 à la galerie La Roue ; une profonde amitié naît, trop tôt interrompue par la mort de Guy Resse. Il entre à la galerie Jacob chez Denise Renard, où il expose de 1976 à 1984. Puis ce sera la galerie Clivages avec Jean-Pascal Léger, et l’exposition personnelle à la FIAC de 1988. À partir de cette date, il est reçu pour des expositions à l’étranger (États-Unis, Allemagne, Norvège, Suède) et sa peinture fait son entrée dans de grandes collections publiques et privées. À travers ces années, il fait de belles rencontres : les Pierlot et l’équipe de Ratilly, Georges Monti, Le Temps qu’il fait, Olivier Delavallade et L’Art dans les chapelles, Jean-Pierre Abraham, Benoît Decron, René Le Bihan, Paul Louis Rossi, Charles Juliet, André Du Bouchet, Jean-Marc Huitorel, Yves Prié, Claire Brétécher, Norbert Nüssle… François Dilasser décède le 16 septembre 2012. Il est enterré à Lesneven.

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Citations de François Dilasser

• La liberté de la main « Je crayonne sans penser à rien, j’essaie de laisser ma main libre. Je ne veux rien, j’essaie de découvrir quelque chose que je ne connais pas… petit à petit une idée ou plutôt une forme se dégage… Je ne la nomme pas, je la sens vivante… il y a des moments où je le sais : elle est là. » « Il ne faut pas que le trait soit volontaire. S’il est volontaire, il coupe, tandis qu’autrement la lumière passe de chaque côté du trait. » « C’est la forme en se construisant qui génère le sens. » « La peinture nourrit l’exercice de la peinture. »

• Les outils de l’artiste

« Le fait de travailler (dessiner) au tournevis… le fait qu’on ne maîtrise pas complétement le résultat me semble pour moi bénéfique… il y a une part d’imprévu qui empêche la routine. »

François Dilasser, Sans titre, 2002, crayon sur

papier, collection particulière.

• La composition

« Pendant le travail, c’est l’organisation, les rapports entre dessin et couleur qui m’importent, le reste, l’essentiel peut-être, vient sans réflexion ni intervention préalable. » « J’ai quelquefois tendance à dessiner la forme de l’extérieur, à la cerner par l’extérieur, alors que j’aime au contraire (cela correspond mieux à ma sensibilité) à la créer de l’intérieur, à repousser ses bords vers les limites du tableau, jusqu’à ce qu’elle soit pleine, satisfaisante, vivante. » « Divisions verticales avec des rythmes différents, comme les mouvements dans un morceau de musique. »

• Les séries « Le début d’une série démarre d’abord par des dessins que je fais sur des blocs dessins que je peux faire des heures durant à partir de rien de tangible – un peu comme l’écriture automatique petit à petit une idée ou plutôt une forme se dégage et puis tournant autour de cette forme soudain quelque chose me parle, la forme s’est cristallisée et s’impose à moi, je ne la nomme pas – elle a simplement pour moi un certain rapport avec quelque chose de vivant, ou avec un paysage… À partir de là, je me mets à peindre (…). »

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Variations en séries Le vocabulaire de l’artiste est installé à partir de 1973. Après une période d’expérimentations, l’art de François Dilasser est constitué à partir de 1988 de différentes séries qui se succèdent et que l’on retrouve dans le dessin comme dans la peinture : Chutes d’Icare, Têtes, Arbres, Bateaux-feux, Jardins, Régentes, Mains, Baigneuses « après Cézanne », Planètes, Nuages, Étoiles…

Les Chutes d’Icare

François Dilasser, Sans titre, série Icare, 1983, acrylique sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Icare, 1987, acrylique et crayon sur

papier préparé, collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Icare, 1987, acrylique et crayon sur

papier, collection particulière.

François Dilasser réalise un cycle de dessins structurés par des lignes verticales et horizontales qui suggèrent le quadrillage d’un tableau, dans lesquels viennent s’inscrire une petite forme de parallélépipède. Il l’intitule Chute d’Icare en référence à la mythologie grecque, mais surtout à l’œuvre de Bruegel. On y retrouve le rapport du ciel et de la terre, ainsi que le mouvement de la chute du petit personnage. Chez Dilasser, c’est l’image confondante de la vanité humaine qui s’exprime par une forme vaguement humaine animée sans cesse dans ses dessins par une chute inexorable.

Les Têtes

François Dilasser, Sans titre, série Têtes, 1991, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Têtes de fantaisie, 1991, crayon sur

papier, collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Têtes, 1997, crayon sur papier,

collection particulière. Les Têtes constituent un thème récurrent dans l’œuvre de Dilasser : têtes de profil, têtes à oreilles, têtes à chapeau, têtes à couronne, têtes de fantaisie… À l’instar de masques, elles peuvent être considérées comme un processus de distanciation, voire de désindividualisation. Les nombreuses Têtes que François Dilasser dessine ont une destinée aussi bien dessinée que peinte, à l’exception des variations sur le portrait de Rembrandt, abordées uniquement au crayon.

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Les Arbres

François Dilasser, Sans titre, série Arbres, 1990, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Arbres, 1990, crayon sur papier,

collection particulière.

Apparue dans les années 1990, les Arbres évoquent les formes schématiques des Primitifs italiens. L’allure de leur tronc fait aussi penser à des panneaux routiers. Dans la pratique du dessin, les Arbres sont un terrain d’expérimentation du morphing caractéristique de l’art de Dilasser : une planche de 1990 montre ainsi la manière dont l’artiste envisage le passage des ramures de la série Arbres en rayons pour des étoiles.

Les Bateaux-feux

François Dilasser, Le Scarweather dans le bassin du port de

Douarnenez, 1992, crayon sur papier, collection particulière.

François Dilasser, Bateau-feu, 1992, crayon sur papier, collection

particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Bateau-feu, 1992, encre et crayon sur papier, collection particulière.

Les assemblages baptisés Bateaux-feux sont initiés par une succession de Têtes marines constitués d’empilements de constructions qui prendront peu à peu l’allure durable que l’artiste nommera Bateaux-feux. Cette dénomination résulte de sa rencontre avec son ami Jean-Pierre Abraham qui résidait, un temps, sur le Scarweather, cette unité flottante que le port-musée de Douarnenez venait d’acquérir. De ce bateau métallique anglais construit en 1947, qui faisait office de phare flottant, l’artiste et l’écrivain admirent moins les formes ou les fonctions que sa couleur, un rouge prescrit par les usages maritimes pour les bateaux-phares européens. Dans ses peintures, Dilasser le traduit par un rouge de cadmium saturant toutes les lignes constructives de ses Bateaux-feux. Dans ses dessins, hormis celui du Scarweather dans le port de Douarnenez dont il reproduit l’élancement de la lanterne, il favorise la superposition de géométries singulières tracées énergiquement.

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Les Jardins

François Dilasser, Sans titre, série Jardins, 1990, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Jardins, 1990, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Jardins, 1990, crayon sur papier,

collection particulière. Le cycle des Jardins prend forme à partir de l’année 1987. Il comprend de grands formats et d’autres plus petits, souvent juste dessinés sur papier, où des octogones – dans leur grande majorité – voisinent avec des surfaces triangulaires. Les Jardins sont peuplés de figures, de croix, de formes répétitives, s’apparentant à un quadrillage qui rythme la surface comme une partition de musique. Dans son abstraction, ce sujet a à voir avec le monde qui entoure l’artiste. Que sont ces Jardins, si ce n’est des paraphrases des paysages du Léon constitués de murs, de chemins, d’horizons ? Que sont les croix qui glissent entre les cloisonnements si ce n’est le souvenir de calvaires ? Mais, dans les dessins de Dilasser, ils ne sont ni dressés, ni immobiles, ni semblables aux croix de la crucifixion du Christ. Ils basculent, semblent abandonnés à leur pesanteur.

Les Régentes

François Dilasser, Sans titre, série Les Régentes, 1995, crayon sur

papier, collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Les Régentes, 1995, crayon sur

papier, collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Les Régentes, 1995, crayon sur

papier, collection particulière. En 1995, l’artiste revisite le célèbre tableau de Frans Hals, Les Régentes de l’Hospice des vieillards de Haarlem (1664), d’abord en les copiant assez fidèlement. Marqué par l’importance de la forme triangulaire dans la composition, François Dilasser l’utilise pour construire l’espace. Les premiers plans qui constituaient jusqu’alors des géométries verticales propres à mettre en valeur l’isolement, basculent légèrement en arrière. Dans cette série, ils sont tracés avec des lignes obliques suggestives de la perspective et rejettent en arrière les religieuses. L’omniprésence mentale de l’image des Régentes conduit l’artiste à dessiner une religieuse du 17e siècle à vélo : « J’avais rencontré des cyclistes en tenues sportives ! Je ne sais pas pourquoi, je voyais des régentes partout. Je voyais même des rochers en forme de régente. »

Page 13: Dossier pédagogique Dilasser, le dessin

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Les Mains

François Dilasser, Sans titre, série Mains, 1997, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Mains, 1997, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Mains, 1997, crayon sur papier,

collection particulière. En 1997, la série des Mains occupe longuement François Dilasser. Le thème est né d’un crayonné de sa propre main. Mais, dans la série à laquelle il s’applique, elle existe en tant qu’objet purement plastique, prétexte à l’interprétation artistique du vivant. Les dessins denses et variés qu’il accumule ont leur propre existence ; ils tirent leur expressivité de traits appuyés, courts et courbes, souvent parallèles. Leur sureté, leur capacité à suggérer le modelé dans une composition qui isole la main du corps autant que des bords du papier, confèrent au sujet une indéniable présence. Il faut sans doute voir dans le motif de la main une forme d’autoportrait de l’artiste.

Les Baigneuses « après Cézanne »

François Dilasser, Sans titre, série Les Baigneuses, 2001, crayon sur papier, collection

particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Les Baigneuses, 2003, acrylique et

crayon sur papier, collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Les Baigneuses, 2004, encre et gouache sur

papier, collection particulière.

Comme pour Les Régentes, la série des Baigneuses prend sa source dans la copie d’après un maître de l’histoire de l’art. Toutefois, contrairement à celle-ci, elle n’est pas inspirée par un seul tableau, mais par un ensemble de réalisations sur un même thème – le motif des baigneuses est en effet récurrent chez Cézanne. François Dilasser réinterprète à sa façon les baigneuses de Cézanne en les superposant et en les réagençant librement, telles des variations.

Page 14: Dossier pédagogique Dilasser, le dessin

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Les Planètes

François Dilasser, Sans titre, série Planètes, 2001, crayon sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Planètes, 2001, crayon sur papier,

collection particulière.

La série des Planètes peut être rattachée au fait que François Dilasser aimait à « toujours se rappeler, ne pas oublier qu’on est sur une boule, une sphère qui tourne, tournoie, dans un grand bruit du commencement, dans les échos de nos vies et de toutes celles des êtres vivants. » Les dessins de ce qu’il considérait comme une suite sont constitués d’une longue spirale sortant parfois du cadre de la feuille, complétée par de petits traits soulignant l’intérieur des cercles concentriques.

Les Nuages

François Dilasser, Sans titre, acrylique sur papier, collection

particulière.

François Dilasser, Sans titre, acrylique sur papier, collection

particulière.

Les Nuages s’apparentent à une sorte de cartographie dessinée sur de petits formats de papier. Les couleurs s’entrechoquent et les formes s’entremêlent. Antoinette Dilasser dira : « À l’atelier. C’est une nouvelle série qui s’installe. Imprévisible comme d’habitude. Nuages. En groupes, au mur. Travail venu de l’automne dernier, quand les ciels étaient si beaux… Bleus très sombres, noirs épais. »

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Les Étoiles

François Dilasser, Sans titre, série Étoiles, acrylique sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Étoiles, acrylique sur papier,

collection particulière.

François Dilasser, Sans titre, série Étoiles, acrylique sur papier, collection

particulière. Le titre de cette série s’explique par l’aspect hérissé de ces formes, comme suspendues au milieu de la surface. Contemporaines à la série des Planètes, elles ressemblent aux étoiles présentes dans les vitraux que François Dilasser réalise pour la chapelle de Ty Mamm Doué à Quimper.

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Influences Bien que l’artiste se défende de toute influence, considérant son art libre de tout courant artistique, il est possible de déceler dans son travail la trace d’œuvres admirées dans des livres ou des expositions. Si la rencontre avec certaines œuvres a été déterminante dans la carrière de l’artiste, deux séries sont quant à elles liées à des influences directes et assumées : Les Baigneuses « après Cézanne » et Les Régentes résultent en effet d’un travail qui a débuté par la copie d’après les maîtres qu’il admire. Enfin, l’art de Dilasser rejoint, par certains aspects, celui d’artistes dont l’esthétique est marquée par le même langage.

• Les rencontres fondatrices Le premier choc esthétique de François Dilasser a lieu en 1943 lorsqu’il découvre l’œuvre de Paul Gauguin. C’est dans un livre appartenant à son frère qu’il tombe en arrêt devant Le cheval blanc : cette toile lui ouvre alors un horizon pictural illimité. Il comprend que le peintre est celui qui invente son tableau, et tente d’exprimer ce qu’il ressent et non ce qu’il voit. Gauguin ouvre la voie au jeune artiste, qui jusqu’à présent se formait seul en copiant les maîtres. La présence des cernes noirs et l’importance donnée aux contours resteront très présentes dans son œuvre. En 1958, François Dilasser découvre le travail de Roger Bissière dans un livre puis, en 1959, à Paris lors d’une exposition au Musée national d’Art moderne ; son impression est très forte. Il est frappé par le jeu orthogonal des lignes et des couleurs, l’organisation de la surface et par la composition. Ce qui domine dans le travail de François Dilasser c’est la question du langage, de l’expressivité des signes et des couleurs. Comme chez Roger Bissière, l’inspiration naît de la sensation, de l’émotion et du ressenti. Pour Dilasser, Roger Bissière incarne une part de l’aventure existentielle de la peinture. C’est le fils de Roger Bissière, Marc-Antoine, dit Louttre, qui lui montre en 1970 comment utiliser des pigments et un liant acrylique afin de donner à ses tableaux un aspect mat.

• Des Régentes aux Baigneuses C’est en étudiant dans un livre d’art le portrait de Mère Angélique Arnault peint par Philippe de Champaigne que François Dilasser découvre l’œuvre de Frans Hals représentant Les Régentes de l’Hospice des vieillards de Haarlem (1664). Cinq femmes dignes et austères posent devant une table, celle qui est debout semble tendre des billets. Ces cinq figures aux grands cols blancs amidonnés se détachent sur un paysage sombre. Cette œuvre repose et s’organise sur le seul rapport du noir et du blanc. La maîtrise de l’espace, la cadence des masses, le contrôle de la lumière, la fermeté de la forme, l’énergie de la touche et des coups de brosse sont autant de caractéristiques qui intéressent François Dilasser. Dans cette œuvre, l’artiste retrouve l’importance des formes géométriques, déjà mises en place dans d’autres œuvres. Se mesurant à un sujet préexistant, l’artiste parvient à s’affranchir totalement de l’œuvre originale : il ramène la table au premier plan et traite les cinq figures comme des objets en mouvement. Avec les Baigneuses « après Cézanne », François Dilasser se confronte une nouvelle fois à un sujet bien défini. Pour Paul Cézanne, la peinture est avant tout une affaire de formes : il suggère d’ailleurs de « traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône. » Le corps humain en tant que sujet n’a alors plus de charge émotive. Le sujet des Baigneuses, que le peintre traite inlassablement à partir des années 1874-1875, considère le corps nu dans la nature, vu tantôt de dos, de face, de profil droit, de profil gauche, de trois-quarts… Figure après figure, toile après toile, Paul Cézanne parvient à ce qu’il recherche, c’est-à-dire une harmonie des corps et de la nature. Les figures se fondent dans le paysage, les lignes des corps et des arbres forment un ensemble plein de sérénité. Les premiers croquis de François Dilasser sont souvent regroupés sur une même feuille, puis progressivement, le dessin s’émancipe de la feuille, la couleur s’invite massivement. Là encore, l’artiste parvient à s’affranchir du modèle et à s’approprier le sujet.

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• Rapprochements Le travail de la couleur et ce sens du rythme propre à François Dilasser peut être comparé au travail de Paul Klee, maître des combinaisons, des contrastes et d’une géométrie sensible. Séparation, cloisonnement, compartiment, répétition et quadrillage sont des données inhérentes aux œuvres de deux artistes. L’art de François Dilasser conserve un certain schématisme, une déconstruction des formes, ainsi que les traces d’une rapidité dans l’exécution du geste. On peut y voir un rapport avec le futurisme, mais aussi avec le cloisonnisme. Aujourd’hui, cette technique est indissociable de la bande dessinée et du dessin animé, mais certains artistes contemporains, tel que Pierre Alechinsky, se la sont également appropriée. On ne peut évidemment pas appréhender la totalité du travail de François Dilasser, tant celui-ci est complexe et personnel. L’important pour l’artiste reste que chacun trouve sa propre voie dans la découverte de son travail : « Mais chacun regarde comme il veut. Je crois qu’on peut voir d’abord le tableau dans son ensemble, découvrir les grandes lignes, les rythmes, puis on peut se promener à son gré dans le détail, découvrir dans les recoins, enfin j’espère qu’on peut le faire dans ma peinture… »

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Lexique

Vocabulaire lié à l’esthétique de François Dilasser Autoportrait : portrait de l’artiste par lui-même. Art de la citation : capacité à faire référence. Compartimenter : séparer en entités closes et disjointes. Grotesque : figure à l’apparence bizarre. Fragmenter : réduire en multiples morceaux. Art abstrait : formes expressives non figuratives et non narratives. Art figuratif : formes expressives ayant comme modèles des objets du réel, les représentant tels qu'ils apparaissent ou en les déformant. Série : succession d’œuvres de même nature. Variation : production élaborée autour d’un thème.

Vocabulaire lié aux techniques artistiques

Acrylique : peinture utilisant des pigments mélangés à des résines synthétiques. Si les premières peintures synthétiques apparaissent aux États-Unis dans les années 1930, il faut attendre les années 1960 pour qu’elles soient commercialisées en Europe. Cerne : en dessin comme en peinture, cerner est une opération qui consiste à marquer d’un trait plus ou moins fort le contour d’une forme. Dessin : technique consistant à tracer sur une surface plane, généralement du papier, au moyen d'outils appropriés, des traits destinés à donner une représentation plus ou moins exacte de la réalité, ou des figures décoratives, géométriques ou abstraites. Gouache : technique de peinture soluble à l’eau qui se caractérise par sa facilité d’emploi, son opacité (à l’inverse de la peinture l’huile qui est transparente) et sa rapidité de séchage. Cette technique est appréciée pour sa matité, son éclat et sa stabilité. Marouflage : technique consistant à fixer une surface légère (chez Dilasser, du papier) sur un support plus rigide (le plus souvent de la toile) au moyen de colle forte qui durcit en séchant. Tempera : technique de peinture traditionnelle constituée de pigments purs en poudre, d’essence de térébenthine, de vinaigre et d’un liant à base d’œuf. Le choix de ce liant induit une gamme réduite de couleurs et leur donne un aspect mat. Bien que la tempera soit supplantée à la fin du 15e siècle par la peinture à l’huile, cette technique est redécouverte dans le courant du 19e siècle et réutilisée par de nombreux artistes.

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Parcours de visite Le parcours de visite recense les outils mis à la disposition des enseignants dans le cadre d’une visite au musée. 1. Visite guidée Un synopsis décrivant le déroulé d’une visite guidée de l’exposition est téléchargeable sur le site du musée. Il est décliné pour le premier et le second degré. 2. Visite en autonomie

• Le « quartier jeune public » Le musée met à votre disposition un espace réservé au jeune public. Vous trouverez à l’intérieur de cet espace le matériel des ateliers, ainsi qu’un panneau d’exposition réservé aux dessins des enfants.

• Documents d’aide à la visite : Les documents d’aide à la visite sont déclinés par degré : - livret-jeu (premier degré) Un document par élève est remis à l’accueil du musée (sous réserve que vous l’ayez demandé lors de votre réservation). - questionnaire de visite (second degré) À télécharger sur le site du musée et à imprimer par l’enseignant avant la visite.

• Ateliers Destinés à prolonger l’expérience de la visite par une pratique artistique simple, les ateliers ne sont nullement obligatoires. Afin de les réaliser dans de bonnes conditions, nous vous recommandons de séparer la classe en deux groupes minimum, l’un travaillant sur le livret-jeu, l’autre sur l’atelier. Le matériel est fourni par le musée, prévoyez seulement un crayon à papier par enfant. Précisez le numéro de l’atelier choisi lors de la confirmation de votre réservation. Les ateliers 1 et 2 peuvent être réalisés dans les salles. Les ateliers 3, 4 et 5 sont à réaliser dans le quartier jeune public. Atelier 1 : les puzzles Œuvres proposées : - François Dilasser, Autoportrait - François Dilasser, Sans Titre, 1973 - François Dilasser, Sans Titre, 1975 - François Dilasser, Série Icare - François Dilasser, Sans titre, page de carnet Série Étoiles - François Dilasser, Série Mains Atelier 2 : le jeu de piste Les enfants doivent retrouver dans l’exposition les détails choisis dans des œuvres de l’exposition. 18 détails sont proposés (se référer à la liste des œuvres téléchargeable sur le site du musée). Atelier 3 : les séries En prenant appui sur quatre séries de François Dilasser (Arbres, Planètes, Étoiles et Têtes), les enfants colorient ou complètent les modèles fournis. Ils peuvent également imaginer leur propre dessin inspiré d’une des séries proposées. Atelier 4 : les formes géométriques Sur le modèle des « formes habitées » de Dilasser et à l’aide de formes géométriques fournies, les enfants réalisent un portrait en l’inscrivant dans l’une de ces formes. Atelier 5 : journal de promenade À la manière de Dilasser qui dessinait des paysages à son retour de promenade, les enfants réalisent, à l’intérieur d’un cadre fourni, des paysages dont ils ont le souvenir.

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Pistes pédagogiques

PREMIER DEGRÉ ET COLLÈGE Arts plastiques

• Comprendre le vocabulaire de François Dilasser

1. Distinguer art figuratif et art abstrait En s’appuyant sur deux œuvres choisies dans l’exposition, remplir le tableau suivant : Œuvre 1 Œuvre 2 Titre de l’œuvre Date Format Couleurs Technique Description

Abstrait ou figuratif ? 2. Dessiner un paysage de mémoire Proposer de dessiner un paysage en faisant appel uniquement à la mémoire et en s’appuyant sur les sensations ressenties, comme le faisait François Dilasser, notamment dans ses journaux de promenade. 3. Explorer la fragmentation En s’inspirant des premières œuvres de Dilasser, proposer de réaliser un dessin abstrait à partir d’une forme géométrique choisie par l’élève. Faire découper ce dessin et recoller les morceaux, dans le désordre et sur trois registres. 4. Adopter la gestuelle de Dilasser Après un moment de relaxation, laisser la main, munie d’un crayon, dessiner sur la feuille à sa guise, sans commander, sans chercher à réaliser une forme figurative. Laisser les élèves faire l'expérience du dessin sans qu'une consigne ou un sujet ne les dirigent. Ils pourront ainsi prendre conscience de la valeur expressive du trait. Ils peuvent aussi s'interroger sur le résultat : les lignes sont-elles plutôt épaisses, fines, géométriques, courbes… Réalisés dans un carnet, ces dessins peuvent former des chaînes, des séries et des formes « inconnues » peuvent apparaître.

• Expérimenter différentes techniques 1. La matière Dilasser utilise des médiums différents pour dessiner : crayon, fusain, acrylique, gouache, encre, pastel gras, tournevis… Proposer aux élèves d’explorer ces différentes techniques. L’élève doit sentir la différence des matières lorsqu’elles sont posées sur le support. 2. Les couleurs Dilasser travaille aussi bien en noir et blanc qu’en couleur. Un portrait peut être réalisé en noir et blanc, puis en couleur. Les couleurs sont choisies sans lien avec la réalité pour renforcer l’expression de la figure. 3. Les formes géométriques Lister avec les élèves les formes qui reviennent le plus dans le travail de Dilasser : le cercle dans la série des Planètes, le triangle dans la série des Régentes, l’octogone dans les portraits, le carré et le rectangle dans les œuvres fondatrices. Le carré symbolise la terre, tandis que le cercle symbolise le ciel et que l'octogone permet leur réunion. Comparer ensuite le tableau de Frans Hals avec les dessins de Dilasser qui, après avoir exécuté des représentations assez fidèles, se concentre sur les triangles et les trapèzes. Les formes permettent à Dilasser de construire son espace (il en va de même pour les paysages). Les élèves peuvent s’essayer à réduire une toile de leur choix à ces formes essentielles.

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4. Le morphing En s’inspirant des séries Arbres ou Bateaux-feux, réaliser sur une feuille cinq cases disposées au hasard, sans se recouper, puis choisir un motif figuratif (un arbre, un animal, un élément de paysage…) et le faire évoluer en plusieurs étapes en une forme figurative ou abstraite. 5. Travail sur l’autoportrait L’exposition présente des autoportraits de l’artiste, mais ils sont également présents à travers la série des Mains, ou encore la représentation de ses outils de travail. On peut aussi s'attarder sur son interprétation de l’autoportrait de Rembrandt. Les élèves peuvent à leur tour faire leur autoportrait, exercice qu'ils connaissent bien (via les réseaux sociaux) et associer ce portrait à des objets pouvant les caractériser. Cet exercice peut s'accompagner d'un travail d'écriture en français : comment écrire sur soi ? Quels mots peuvent me définir ? Si certains élèves ne souhaitent pas parler d'eux ainsi, l'autoportrait peut-être imaginaire. On peut aussi proposer un exercice réalisé à l’aide d’un miroir. L’exercice se fait en trois temps. D’abord, l’élève réalise son autoportrait en prenant son temps. À partir de ce premier autoportrait, l’élève doit ensuite exécuter un nouvel autoportrait en deux minutes, puis, en guise de dernier exercice, l’élève doit réaliser son autoportrait sans lever son crayon de la feuille. Ainsi, la représentation de sa figure sera composée d’un seul trait. 6. Le portrait déformé Deux par deux, les élèves réalisent le portrait de leur binôme en une quinzaine de minutes. Ils ont le droit à la couleur. Dans un deuxième temps, les portraits sont découpés et les éléments de chaque portrait sont collés dans une composition visant à créer un portrait amusant du camarade. 7. Thème et variations Définir avec les élèves ce que l'on entend par une « variation » en art et les amener à décliner ensuite un motif graphique déjà choisi et réalisé : - utiliser le même support (feuilles de carnet, carrés de mêmes dimensions) - choisir une gamme de couleurs et s’y tenir - varier les outils et les techniques 8. Le papier marouflé Dilasser préfère dessiner ou peindre sur papier pour ensuite le coller sur un support plus rigide. Il ressent de la souplesse lorsqu’il pose son médium sur le papier, tandis qu’il a une sensation de rebond sur un support plus rigide comme la toile. Proposer aux élèves de réaliser sur papier un dessin en lien avec les thèmes découverts dans l’exposition. Puis, chaque élève maroufle ce dessin sur un support plus rigide, comme un carton.

Histoire des arts 1. Le travail de copie Aussi loin que remontaient les souvenirs de Dilasser, il se voyait peignant ou dessinant. Depuis son plus jeune âge, il avait pris pour habitude de copier des œuvres vues dans des ouvrages d’art. Dans l’exposition, plusieurs dessins présentés sont révélateurs de cette démarche. Ainsi, le travail de citation concerne Frans Hals, Cézanne, Rembrandt, ou encore Manet. Les élèves peuvent rechercher les œuvres originales copiées par Dilasser et rédiger une courte notice sur l’artiste et sur l’œuvre. 2. Les séries Cet aspect du travail de François Dilasser peut donner lieu à un travail de recherche en groupe sur un autre peintre : il s'agira alors de le présenter brièvement et de réaliser un diaporama avec la série choisie. Les exemples sont nombreux et la présentation des élèves peut se faire dans un ordre chronologique : Cézanne, Monet, Matisse, Mondrian, Lichtenstein, Warhol, Alechinsky, ou le peintre contemporain italien Gabriele Di Matteo. Les élèves peuvent également s'attarder sur le vocabulaire et définir les termes de série, séquence, suite, ensemble... Ils peuvent aussi s’intéresser à d’autres artistes qui utilisent la déclinaison d’un même code graphique, comme par exemple Claude Viallat.

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Français

1. Le mythe d’Icare La série des Chutes d’Icare est inspirée par la légende d’Icare ainsi que par l’œuvre de Bruegel. Les élèves peuvent faire une recherche sur ce mythe, le résumer à l’écrit et trouver un tableau représentant le mythe pour illustrer leur texte. Chacun précisera la date et le nom du peintre, afin de le présenter à la classe. Il s’agira alors de classer par ordre chronologique ces œuvres et de remarquer l'évolution des représentations, figuratives ou abstraites. Cet exercice peut se faire avec un montage ou un diaporama proposé aux élèves qui mettent dans l'ordre les tableaux : décor de vase antique ou fresque de Pompéi, La chute d'Icare de Bruegel, Dédale et Icare de Charles Le Brun, Dédale et Icare de Charles Landon, Icare de Matisse et bien-sûr, une œuvre de Dilasser. Les élèves peuvent aussi réaliser un dessin représentant leur propre vision du mythe. 2. Le journal de promenade Le journal de promenade de François Dilasser regroupe plusieurs peintures faites au retour de ses promenades. Cette œuvre peut permettre : - un travail sur la description à partir de notes prises pendant une promenade - de faire l'expérience du journal intime avec des élèves de 3e. L'objectif, sur un temps donné, serait d'écrire tous les soirs dans un carnet (éviter la copie trop scolaire et même de noter). Cet exercice peut s'accompagner d'une séquence sur les caractéristiques du journal, les règles à respecter et la lecture de quelques extraits.

Musique Thème et variations En lien avec l’exposition, un travail peut être mené en musique, en classe de 4e : qu'est-ce qu’un thème, qu’est-ce qu’une variation, en musique ? Comment peut-on faire varier un thème ? Voici une séquence pédagogique sur ce sujet : http://musique-en-coulisses.fr/4eme-sequence-5-quels-parametres-peut-on-modifier-afin-de-varier-une-theme/

LYCÉE Français

1. François Dilasser et les poètes François Dilasser a souvent illustré des poèmes et initié un dialogue entre sa peinture, ses dessins et la poésie. C’est l’occasion de découvrir Tristan Corbière (1845-1875), dont Dilasser a illustré les textes pour un ouvrage paru aux éditions Folle Avoine en 1995 : - recherche sur ce poète méconnu - lecture de quelques poèmes - aborder la notion de « poète maudit » (comparaison possible du Crapaud avec L’Albatros de Baudelaire). Il est également possible de s'attarder sur des poètes contemporains, comme Charles Juliet. 2. Aborder l'écriture d'invention Après avoir choisi certains dessins de Dilasser, adressez une lettre au peintre dans laquelle vous évoquez votre visite de l’exposition, vos impressions sur ses œuvres. « Je suis hanté en ce moment par un souvenir que j'ai rapporté de chez vous un jour. C'est peut-être, c'est sûrement même la couleur de mon bateau qui m'y fait penser : il concerne votre toile, votre assemblage de toiles intitulé Le passage de la Mer Rouge. Je dînais avec vous deux, il était à ma gauche sur le mur, je ne l'apercevais que du coin de l'œil. Nous parlions. Et je me souviens que peu à peu, ce qui était là au mur, sur bâbord, a commencé à s'animer, à me chauffer tout le côté gauche de la tête : oui, il y avait là quelque chose qui bougeait, qui vibrait, qui existait intensément. Je n'osais pas tourner la tête, regarder la chose en face. C'était vous que je regardais mais par instant, excusez-moi, j'avais du mal à suivre la conversation tant je ressentais cette présence à côté de moi, une présence extrêmement pressante, exigeante. Ça pourrait donc être cela une peinture, quand on la côtoie ainsi, quand la lumière joue dessus, sur les reliefs, et que tout bouge ? » Extrait de Lettre à François Dilasser, Jean-Pierre Abraham, Le Temps qu'il fait, 2003.

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Bibliographie indicative Tous les ouvrages cités sont consultables à la documentation du musée ou dans le réseau des bibliothèques de Brest. Catalogues d’expositions personnelles et monographi es - Pascal AUMASSON, Antoinette DILASSER, Dilasser dessin, Locus Solus, 2016. - Antoinette DILASSER, L’atelier, Le temps qu’il fait, Domaine de Kerguéhennec, 2013. - Françoise DANIEL, Olivier LE BIHAN, Jean-Marc HUITOREL, Antoinette DILASSER, François Dilasser, musée des beaux-arts de Brest, musée des beaux-arts de Bordeaux, 2008. - Antoinette DILASSER, D. : notes sur le travail de François Dilasser, Le temps qu’il fait, 2003. - Charles JULIET, Chez François Dilasser, L’Échoppe, 2000. - René LE BIHAN, Antoinette DILASSER, François Dilasser, Palantines, 1999. - Daniel DOBBELS, Carnets de dessin de François Dilasser, Calligrammes, 1991. - Jean-Marc HUITOREL, Dilasser, La Différence, collection L’État des lieux, 1990. - Jean AUBERT, André CARIOU, Sylvie BLOTTIÈRE, Antoinette DILASSER, François Dilasser : peintures et œuvres sur papier, musée des beaux-arts de Rennes, musée des beaux-arts de Quimper, 1986. - Françoise DANIEL, René LE BIHAN, Michel PAGNOUX, Antoinette DILASSER, Dilasser, Musée des Jacobins, Morlaix, 1983. Ouvrages sur le dessin dans l’art - Marco BUSSAGLI, Comment regarder… le dessin, Histoire, évolution et techniques, éditions Hazan, Collection Guide des arts, 2012. - Agnès DE LA BEAUMELLE (dir.), Collections Art graphique, La collection du Centre Pompidou Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle, Éditions du Centre Pompidou, 2008.

Dossiers pédagogiques Les dossiers pédagogiques des expositions organisées à Brest et Bordeaux en 2008 peuvent être consultés sur demande au musée. Revue pour le jeune public « Le dessin », Dada n°151, édition Arola, janvier 2010.

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Autour de l’exposition Rendez-vous pédagogiques - premier degré : mercredi 16 novembre à 14h30 - second degré : mercredi 16 novembre à 16h30 En dehors de ces visites, il est possible de prendre rendez-vous. Les documents pédagogiques sont téléchargeables sur le site du musée, dans l’Espace enseignants. Visites commentées Les visites commentées proposent un parcours présentant les principales œuvres de l’exposition. Jeudi 10 novembre à 12h30. Samedi 19 novembre à 16h. Jeudi 8 décembre à 12h30. Samedi 17 décembre à 16h. Jeudi 22 décembre à 16h30. Jeudi 29 décembre à 16h30. Durée : 1h. Sur réservation. Plein tarif : 6 €. Amis du musée et abonnés : 4 €. Gratuité sous conditions. Visites-ateliers Après avoir visité l’exposition Dilasser, le dessin, les enfants réalisent un atelier en lien avec les œuvres de l’artiste. Jeudis 22 et 29 décembre à 14h30. Jeudis 16 et 23 février à 14h30. Pour les enfants de 7 à 10 ans. Durée : 1h30. Tarif : 4 €. Sur réservation. Prévoir une tenue non salissante ou une blouse. D’autres rendez-vous seront programmés, retrouvez-l es sur www.musee.brest.fr .

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Venir au musée avec sa classe Avant la visite

• Découvrir le musée Avant de programmer une visite avec sa classe, il est indispensable de se rendre au musée pour visiter les salles et sélectionner les œuvres sur lesquelles on souhaite travailler (collections permanentes et/ou expositions temporaires). Dans le cas des collections permanentes, se renseigner sur les éventuels changements d’accrochage d’ici à la visite.

• Se documenter Plusieurs dossiers pédagogiques sont à votre disposition au musée et en téléchargement sur le site Internet du musée (rubrique « Espace enseignants », dans le menu de gauche). Par ailleurs, vous pouvez consulter sur demande les ouvrages et les revues de la documentation du musée. Des bibliographies indicatives sont fournies dans les dossiers pédagogiques. De nombreux ouvrages sont également disponibles dans le réseau des bibliothèques de la ville de Brest.

• Rencontrer l’équipe du musée Des rendez-vous pédagogiques sont organisés régulièrement, à chaque exposition temporaire et autour de thématiques liées aux collections du musée, le mercredi après-midi. Les dates sont annoncées à l’avance aux établissements scolaires et aux circonscriptions. Il est également possible de prendre un rendez-vous avec la chargée des publics ou avec la professeur conseiller-relais dans le cadre d’un projet spécifique ou si vous n’avez pas pu assister à l’un des rendez-vous pédagogiques proposés. Enfin, la chargée de l’accueil du musée peut vous renseigner sur les différentes ressources disponibles.

• Réserver un créneau de visite Pour toute visite d’un groupe scolaire, la réservation est obligatoire, dans un délai minimum de 15 jours avant la date souhaitée. Précisez le nombre d’élèves et le nombre d’accompagnants ainsi qu’un numéro de téléphone où vous joindre facilement. Indiquez également quelle exposition ou quelle salle des collections permanentes vous souhaitez visiter. Pour éviter tout désistement non communiqué, vous devez confirmer votre rendez-vous au minimum une semaine à l’avance. Sans réservation confirmée, aucun document ne vous sera remis le jour de votre visite. Seuls les documents choisis lors de la réservation seront préparés.

• Préparer les élèves En amont de la visite, il est conseillé de présenter le musée aux élèves, par exemple en consultant avec eux le site Internet du musée ou en leur montrant des reproductions d’œuvres. On peut aussi leur donner quelques notions de vocabulaire lié au musée (collection, exposition, cartel, peinture, sculpture, artiste…). Il est par ailleurs primordial d’expliquer aux élèves les consignes qu’ils devront respecter durant leur visite : - ne pas toucher les œuvres ni les pointer avec un crayon - ne pas parler fort ou crier - ne pas courir ou chahuter N’oubliez pas de rappeler ces consignes aux élèves en début de visite et d’en faire part également aux accompagnants. Pendant la visite

• Deux façons de visiter le musée Deux possibilités s’offrent aux classes pour visiter le musée : une visite de manière autonome (gratuite), à l’aide des documents et des outils pédagogiques fournis par le musée ; une visite guidée (payante) accompagnée d’une guide-conférencière, sous réserve de disponibilité.

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• L’encadrement S’il s’agit d’une visite en autonomie, il n’y a pas de guide, c’est l’enseignant qui choisit son parcours de visite. Dans le cadre d’une visite guidée, le parcours suivi par la guide-conférencière est fixé en amont de la visite. Dans les deux cas, l’enseignant reste responsable de sa classe et est tenu d’encadrer les élèves. Il est important de prévoir un nombre suffisant de parents accompagnateurs pour pouvoir suivre les élèves dans les salles du musée.

• À l’accueil du musée Dès votre arrivée au musée, présentez-vous à la borne d’accueil. Indiquez le nombre d’élèves et d’accompagnants effectivement présents. Les documents de visite et les ateliers demandés lors de votre réservation vous seront remis par l’agent d’accueil. Il vous indiquera où déposer les vêtements et les sacs des élèves. Les sacs des enseignants et des accompagnants peuvent être déposés à l’accueil.

• Dans les salles Dans les salles du musée, seuls les crayons à papier sont autorisés (pas de stylo). Prévoyez un crayon à papier par enfant. Le matériel lié aux ateliers est fourni par le musée. Il est toutefois réservé aux ateliers réalisés sur place (libre à vous de les faire en classe avec votre propre matériel). Les sacs à dos, les boissons et la nourriture (y compris bonbons et chewing-gum) ne sont pas autorisés dans les salles. Les téléphones portables doivent être éteints et les appels passés à l’extérieur du musée. Après la visite Si l’exploitation de la visite au musée vous appartient, les dossiers pédagogiques du musée proposent de nombreuses pistes pédagogiques à faire en classe. Sachez par ailleurs que l’équipe du musée est toujours très intéressée par vos retours d’expériences.

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Informations pratiques

Musée des beaux-arts 24, rue Traverse – 29200 Brest Tél. : 02.98.00.87.96 http://www.musee.brest.fr Horaires d’ouverture du mardi au samedi : 10h-12h / 14h-18h le dimanche : 14h-18h

Tarifs - Groupes scolaires Visite en autonomie : gratuit. Visite guidée : 55 € par classe. - Enseignants En dehors du cadre de la préparation d’une visite scolaire : tarif réduit (3 €). Dans le cadre de la préparation d’une visite avec leur classe : gratuit.

Contacts Pour préparer sa visite - Mathilde Pigallet, chargée des publics : [email protected] - Véronique Durand, professeur conseiller-relais (second degré) : [email protected]

Pour organiser et réserver sa visite Euriel Pogeant, chargée de l’accueil : 02.98.00.88.37 ou [email protected]

Exposition Dilasser, le dessin Musée des beaux-arts de Brest, 5 novembre 2016 – 9 avril 2017 Dossier pédagogique pour les enseignants : Mathilde Pigallet, chargée des publics, Pascal Aumasson, conservateur en chef, Vanessa Che, chargée de l’artothèque, Élodie Poiraud, guide-conférencière et Véronique Durand, professeur conseiller-relais. Livret de visite pour le premier degré : Mathilde Pigallet. Graphisme : Hélène Couvidou. Conception des ateliers pour le premier degré : Mathilde Pigallet et Euriel Pogeant, chargée de l’accueil. Documents pédagogiques pour le second degré : Véronique Durand et Mathilde Pigallet. Photographies des œuvres : Quatcoul, Brest. Pour toutes les œuvres de François Dilasser : © ADAGP, Paris, 2016.

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