de l'allemagne et de son économie

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  • 8/13/2019 De l'Allemagne et de son conomie

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    De l Allemagne et de son conomie

    _______________

    Patrick Allard

    Janvier 2014

    NN oo tt ee dd uu CC ee r r f f aa 11 00 88

    Comit dtudes des relations franco -allemandes

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    LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche, dinfor mation etde dbat sur les grandes questions internationales. Cr en 1979 par Thierry deMontbrial, lIfri est une association reconnue dutilit publique (loi de 1901).

    Il nest soumis aucune tutelle administrative, dfinit librement ses activits etpublie rgulirement ses travaux.

    LIfri assoc ie, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans une dmarcheinterdisciplinaire, dcideurs politiques et experts lchelle internationale.

    Avec son antenne de Bruxelles (Ifri- Bruxelles), lIfri simpose comme un des raresthink tanks franais se positionner au cur mme du dbat europen.

    Les opinions exprimes dans ce textenengagent que la responsabilit de l auteur.

    Cette Note du Cerfa est le rsultat dune tude ralise par M. Patrick Allard pour le Centre da nalyse, de prvision et de stratgie (CAPS) du ministredes Affaires trangres.

    Les activits de recherche, de secrtariat de rdaction et de publicationdu Cerfa bnficient du soutien de la Direction de la prospective du ministre des

    Affaires trangres et du Frankreich- Referat de lAuswrtiges Amt.

    Directeurs de collection : Yann-Sven Rittelmeyer, Hans Stark

    ISBN : 978-2-36567-246-7 Ifri 2014 Tous droits rservs

    Site Internet : Ifri.org

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    Auteur

    Patrick Allard est consultant auprs du Centre danalyse, de prvision etde stratgie (CAPS) du ministre des Affaires trangres. Ancien lvede lcole nationale dadministration (ENA), il a auparavant dirig lebureau des prvisions macroconomiques internationales et celui desfinances publiques au ministre de lconomie et des Finances. Il agalement travaill au dpartement des affaires conomiques delOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques(OCDE).

    Il est spcialiste des questions conomiques et financiresinternationales, ainsi que des questions gopolitiques.

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    Rsum

    Les performances de lconomie allemande suscitent en France la foisde lagacement et de linquitude. Pourtant, la crainte dun dcrochagenest confirme ni par lanalyse des performances de lconomieallemande au cours des dix dernires annes ni par lexamen de ladynamique compare de lconomie allemande et de lconomiefranaise sur le long terme.

    La comparaison de ces deux conomies met nanmoins en

    vidence la ncessit pour la France de mettre en uvre , sansprcipitation mais avec persvrance, lagenda de rformes qui simpose elle, si possible en coopration avec lAllemagne.

    En outre, aujourdhui, les deux tats doivent faire face desperspectives de croissance tendancielle mdiocres, qui psent surlemploi, la comptitivit, le niveau de vie et les finances publiques. Bienque lAllemagne ait par le pass mis en uvre un programme derformes adaptes sa situation, elle est confronte des dfis de longterme comparables ceux de la France. Les rformes entreprendre serecoupent largement pour les deux pays et portent aussi bien sur lesmarchs de biens et de services, que sur le march du travail ou sur leniveau et la qualit de lducation.

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    Executive Summary

    Germanys economic performance arouses both irritation and concern inFrance. However, fears about a widening gap between the twoeconomies can not be supported either by analysis of German economicperformance over the past decade, or by the comparative dynamics ofthe two economies in the long term.

    Nevertheless, comparison between the two economies highlightsthe need for France to implement, without haste yet with perseverance,

    the reform agenda that it cannot avoid, ideally in cooperation withGermany.What is more, both countries must meet the challenge of low

    growth rates, which have potentially serious implications for employment,competitiveness, standard of living and public finances. AlthoughGermany has carried out a reform program adapted to its situation, itfaces long-term challenges that are similar to those of France. Thereforms that the two countries need to implement are largely overlapping;they relate to the goods and services markets as well as to the labormarket, and also to the level and quality of education.

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    Sommaire

    INTRODUCTION ..................................................................................................... 5

    LA COMPARAISON AVEC L ALLEMAGNE : SOURCE D AGACEMENTET D INQUIETUDES ............................................................................................... 7

    Une volution du PIB analogue .................................................................... 7

    Le poids des exportations dans la croissance allemande ........................ 8

    Lemploi, principale divergence entre les deux pays ........... ................. .. 10

    De meilleures perspectives conjoncturelles pour lAllemagne ...... ........ 12

    FRANCE ET ALLEMAGNE : DES PAYS RAPPROCHESPAR LA POLITIQUE MAIS SEPARES PAR L ECONOMIE ? ......................... .......... 14

    Lorigine ancienne des traits caractristiquesde lc onomie allemande ............................................................................ 15

    Une conomie part dans la zone euro .............................. ................. ..... 19

    La puissance manufacturire de lAllemagne .......................................... 21

    La persistance de la puissance exportatrice de lAllemagne .... ............. 25

    Le lien troit entre modle de croissanceet systme socio-conomique ................................................................... 27

    QUELLES PERSPECTIVES A COURT ET A LONG TERME ? ........................ ........ 33

    Une convergence des conomies en termes de revenupar tte, de productivit, de cot du travail et de cot du capital .......... 34

    LUnion montaire na pas altr les caractresdu cycle des conomies du cur de la zone euro ................ ................. .. 39

    CONCLUSION : UN AGENDA DE REFORMES STRUCTURELLES SIMILAIRE ..... .. 43

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    Introduction

    () lAllemagne schafaude vers des lunes ()

    Arthur Rimbaud, Soir historique ,

    Les Illuminations, 1873-1875.

    En France, la performance d e croissance de lAllemagne depuis laGrande Rcession (2008) suscite un agacement ml dinquitude,devant la perspective dun dcrochage conomique.

    Cette perception de la performance allemande est aigrie par lesentiment que celle-ci rsulte moins des mrites de lAllemagne que deffets daubaine, voire de comportements gostes. Effets daubaine,car la croissance allemande a bnfici plus que celle de la France de lademande des BRICS et des autres pays mergents. Comportementsgostes, parce que le s succs allemands lexportation sont attribus une politique de modration salariale qui aurait en outre dprim lademande intrieure allemande. Dans ce narratif amer, effets daubaine etcomportements gostes se soutiennent mutuellement car lorien tationvers les marchs mergents est conforte par la comptitivit procure

    par la matrise salariale et elle permet lAllemagne de prner la rigueurbudgtaire ses partenaires de la zone euro, sans en craindre le cotmacroconomique.

    Mais, plus profondment, la perception franaise de laperformance allemande est assombrie par un renouveau dangoissesancestrales vis-- vis de la puissance conomique du voisin doutre-Rhin : angoisses historiquement associes la puissance militaireprocure par la puissance c onomique, se renforant lune lautre, etaujourdhui associes la puissance dinfluence confre lAllemagnepar ses bonnes performances conomiques. Cest vrai en prem ier lieuau sein de lUnion europenne (UE), cest--dire le cadre institutionnelmme que la France a conu et dvelopp pour se rassurer sur lerenouveau de la puissance allemande aprs la Seconde Guerremondiale. Mais cest vrai aussi dans le monde, grce une diplomatie

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    soutenue par le dynamisme de lconomie et du comme rce extrieur 1.Faut-il craindre que la question allemande, rsolue au plan gopolitique,soit en train de resurgir au plan goconomique, comme le suggreHans Kundnani2, directeur des recherches lECFR ?

    Pourtant, ni lanalyse des performances de lconomie allemandeau cours des dix dernires annes ni lexamen de la dynamiquecompare de lconomie allemande et de lconomie franaise sur lelong terme ne permettent de donner substance aux craintes dundcrochage de la France par rapport lAllemagne. Au contraire, enressort la ncessit pour la France de mettre en uvre sansprcipitation mais avec persvrance lagenda de rformes qui simpose elle, si possible en coopration avec lAllemagne, sachant que celle -ci,qui a mis en uvre un programme de rformes adaptes sa situation,est confronte des dfis de long terme comparables aux ntres.

    1 La visibilit mondiale que lui procure son commerce extrieur contribue faire delAllemagne le pays le plus populaire du monde, avec 59 % dopinions positives dans unchantillon de 26 000 personnes dans 16 pays, selon un sondage de la BBC duprintemps 2013.2

    Voir Kundnani (2011). Lauteur revisite une notion avance par Edward Luttwak, danslimmdiat aprs -guerre froide, pour dcrire the admixture of the logic of conflict withthe methods of commerce or, as Clausewitz would have written, the logic of war in thegrammar of commerce (E. N. Luttwak, From Geopolitics to Geo-Economics: Logic ofConflict, Grammar of Commerce , The National Interest , 1990).

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    La comparaison avec lAllemagne :source dagacement et dinquitudes

    Lagacement et les inquitudes du ct franais sont fonds sur laperception que lconomie allemande a fait mieux que la franaise, entermes de production, dexportation, de parts de march, de soldecourant et surtout demploi, notamment depuis la crise mondiale.

    Un e v ol ut io n d u PIB analo gu e

    Au deuxime trimestre 2013, le PIB franais et le PIB allemand affichentune performance voisine en volume par rapport au dbut de 1999 :+20.3 % pour le premier, +19.9 % pour le second. Le PIB allemand,aprs avoir stagn jusqu 2005, a cr nettement plus vite que le PIBfranais jusquau dclenchement de la crise mondiale, au dbut de 2008.Puis, entre le sommet atteint au premier trimestre 2008 et le creux dupremier trimestre 2009, le PIB sest repli de -6,8 % en Allemagne(France : -4.3 %, UEM : -4,9 %, tats-Unis : -4,2 %, Japon : -9,2 %,Royaume-Uni : -6.1 %). Mais, lAllemagne est parvenue, ds le premier

    trimestre 2011, repasser au-dessus de son niveau de PIB prcdant lacrise.

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    Evolution du PIB en volume

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    Lemploi, principale divergence entre les deux pays

    Sur lensemble de la priode 1999-2012, la performance en termesdemploi total des deux pays est la mme (+ 7,5 % de progression) maisavec des profils temporels contrasts.

    En Allemagne, lemploi a cr vivement partir de 2006 ; il na pasrecul lors de la crise mondiale3 et il a rapidement retrouv sa tendancedavant, pour stablir en 2012 un niveau suprieur de 7,5 % sonniveau de 1999. En outre, le taux demploi (part de la population en gede travailler ayant ou cherchant un emploi) a connu une hausse notable,passant de 65 72 % entre 2005 et 2012, sous leffet, principalement,dun rebond du taux de participation des seniors des deux sexes, partirde 2004. Depuis 2005, la population active allemande a augmentquasiment autant quen France, bien que la population en ge de

    travailler ait diminu. En outre, depuis 2009, les flux migratoires nets, jusque-l ngatifs pour lAllemagne, sinversent : en 2012, les entresnettes de migrants atteignent prs de 0,5 % de la population.

    En France, lemploi total a cr plus rapidement quen Allemagneentre 1998 et 2008 mais lajustement de lemploi la crise a plus marqu(baisse de 1,3 % en 2009, stagnation en 2010) et les pertes nont past compenses depuis.

    3 Le faible impact de la crise sur lemploi a en grande partie tenu dimportantesrductions de la dure du travail. Le total des heures travailles sur la priode 2008-09 aglobalement baiss de 4 %, dont seulement 0,3 point en raison de la baisse du niveau delemploi. La capacit de lAllemagne contenir le chmage doit donc beaucoup a uxmesures de rduction de la dure du travail dsignes sous le terme de Kurzarbeit .

    Selon les estimations de lOCDE, au troisime trimestre 2009, ce programme auraitpermis de prserver plus de 200 000 emplois. Mais dautres mcanismes institutionnelsso nt aussi intervenus, notamment la rduction de la dure du travail linitiative desemployeurs dans le cadre de conventions collectives. Elle reprsenterait environ 40 % dela diminution du temps de travail pendant la rcession.

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    LAllemagne affiche, selon Eurostat, un taux de chmage 5,3 %en mai 2013, en lgre baisse par rapport au mme mois de 2012, alorsquen France, le taux de chmage atteint 11,9 %, en hausse de 0,7 pointsur lanne. La performance allemande est galement meilleuresagissant du taux de chmage de longue dure (en baisse continue, de6 % en 2005 2,5 % de la population active en 2013, contre 4 % enFrance, en 2013, en progression depuis la crise) et surtout de chmagedes jeunes. Le taux de chmage des jeunes dpasse les 25 % enFrance alors quil nest que de 7 8 % en Allemagne. La part des jeunesde 20 24 ans ni en emploi, ni en ducation, ni en formation a recul

    en Allemagne, de 18 12 % entre 2004 et 2012, alors quelle aprogress de 16 % plus de 20 % depuis la crise, en France 4.

    4 Voir Cahuc et alii (2013), graphiques 1 et 2.

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    La baisse du chmage allemand ne peut sexpliquer ni par ladmographie ni par la performance de croissance. Elle a sans doute uneforte composante structurelle (Daussin-Benichou et Sala, 2013 ;Direction gnrale du Trsor, 2013). La baisse du chmage structurel,acquise pour lessentiel avant 2005, est le rsultat de la modrationsalariale (de 1996 2005, les cots salariaux unitaires ont diminu de2,3 %) et des rformes Hartz (particulirement celles qui ont durci le suivides chmeurs et surtout, rduit la dure et la gnrosit delindemnisation du chmage, en application de la logique la logiquefrdern und fordern , soutenir et exiger ). La baisse du chmageeffectif aprs ces rformes a t amplifie par le contenu en emploiparticulirement lev de la croissance, qui voque lexprience

    franaise sous le gouvernement Jospin. Cette performance sur le frontde lemploi sest faite en partie via la cration demplois temps partielou trs partiel, ce qui a conduit un accroissement des ingalitssalariales et sociales.

    De m eilleures perspectives conjo nctu rel les pour l Allemagne

    Le constat chagrin de la meilleure performance allemande est peinemodifi par les premiers frmissements de lactivit en France, car les

    perspectives conjoncturelles restent plus soutenues en Allemagne quenFrance.La croissance a rebondi en France et en Allemagne au deuxime

    trimestre de 2013 : + 0.5 % t/t en France et + 0.7 % t/t en Allemagne.Dans ce pays, la contribution de la demande extrieure a cess dtre le

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    facteur essentiel de la croissance. Selon un schma traditionnel en Allemagne, limpulsion venue de la demande extrieure sest transmise,attnue et retarde, la consommation des mnages soutenue parlemploi et les hausses de salaire. Les indicateurs de conjoncture(confiance des mnages, climat des affaires) sont gnralement bienorients en Allemagne. Ils se redressent en France, mais ils affichentencore des niveaux historiquement dgrads.

    Les prvisions macroconomiques de printemps des institutionsinternationales (UE, FMI, OCDE) sont plus allantes concernantlAllemagne (+0,4 % +0,6 % pour la croissance du PIB en volume en2013, + 1,5 1,9 % en 2014) que pour la France (recul de 0,4 % cetteanne, croissance infrieure 1 % lan prochain). LAllemagne a desrserves de croissance de la demande, notamment du ct de laconsommation des mnages, dont la France est prive, et elle disposede marges de manuvre salariales et budgtaires pour soutenir lacroissance.

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    France et Allemagne : des paysrapprochs par la politique

    mais spars par lconomie ?

    Les angoisses de la France dtre distance conomiquement parlAllemagne sont rcurrentes et sont nes avec la formation de lEmpireallemand, en 1871. Mme si ltat rudimentaire de la statistique5 nepermettait pas aux contemporains de prendre la pleine mesure du retard

    conomique accumul par la France, avant la Premire Guerremondiale, puis dans la seconde moiti de lentre-deux-guerres, lacomparaison des chiffres de population, de production de charbon etdacier ou de kilomtres de voies ferres suffisait entretenir linquitudedu ct franais.

    La crainte dun excs de puissance allemande persiste dans lapriode contemporaine. Dans les annes 1970, elle a incit GeorgesPompidou revenir sur lopposition gaullienne lentre du Royaume-Uni dans la Communaut conomique europenne (CEE), dans lespoirde trouver un contrepoids la puissance allemande. Quand il dsigneRaymond Barre Premier ministre, pour mettre en uvre un plan derigueur dont le premier pilier est le rtablissement de la parit franc-mark, Valry Giscard dEstaing le prsente naturellement comme leJoffre de lconomie . Au dbut des annes 1990, laccord sur lacration de la monnaie commune a souvent t prsent comme lacontrepartie demande par la France la runification allemande.

    5 La premire estimation officielle du revenu national allemand date de 1929 (Cf.P. Studenski (1958), The Income of Nations: Theory, Measurement and Analysis: Pastand Present , New York University Press, p. 151). En France, elle date de 1946 et portesur la seule anne 1938.

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    Lorigine ancienne des tra it s c arac tri s tiquesde lconomie allemande

    Ds la priode qui prcde la guerre de 1914- 1918, lconomieallemande a acquis des traits caractristiques. Ds sa cration en 1871,lAllemagne unifie sest impose comme une nation dynamique, quisest rapidement dote dune formidable machine conomique, centresur lindustrie (mtallurgie, chimie, mcanique), demble oriente surlexportation.

    La priode qui suit lunification allemande est marque par un netdcrochage conomique de la France par rapport sa voisine. Enmonnaie constante, le PIB allemand augmente de 2,6 % lan entre 1870et 1913, un point de plus que la France, dont le PIB croit de 1,6 % lan6.En 1913, le poids de lAllemagne dans lconomie mondiale (9,7 %) estpresque le double de celui de la France (5,3 %). Entre 1870 et 1914,

    lAllemagne est devenue le gant industriel du continent. La croissancede lindustrie est double de celle de la France (4 % contre 2 %7).LAllemagne unifie se couvre de chemins de fer (63 378 km en 1913,contre 18 876 en 18708), de lignes tlphoniques (en 1913, on ydnombre plus de 2 200 millions dappels contre moins de 400 millionsen France 9). Elle multiplie par 7 sa production de charbon, par 13 saproduction de fonte et elle joue un rle de premier plan dans lesinnovations lies la seconde rvolution industrielle (lectricit,chimie, automobile). la veille de la guerre, les mines, lindustriemanufacturire et lartisanat reprsentent plus de 45 % du revenunational10, contre un peu plus de 39 % en France. En Allemagne,lindustrie emploie 38 % de la main-duvre contre 33 % en France 11.

    la mme poque, lAllemagne ralise 15 % de la productionmanufacturire mondiale, loin derrire les tats-Unis (32 %) mais loinaussi devant la France (6 %) 12. Dans cette priode initiale, la croissanceallemande est plus intensive que celle de la France. La croissance delemploi atteint 1,5 % lan entre 1870 et 1913, celle du stock de capital,

    6 Maddison (1995), Appendix B, p. 148- 153. Compte tenu de lvolution diffrente de lapopulation, le taux de croissance du PIB per capita est pratiquement le mme.7 Broadberry et alii (2010), tableau 3.5.8 Maddison (1995), chapitre 3, tableau 3.4.9 Broadberry et alii (2010), tableau 8.10

    Voir Net Domestic Product by Economic Sector (1870-1913) in German History inDocuments and Images (GHDI), .11 Cf. Broadberry et alii (2010), tableau 3.1.12 Voir Bairoch (1982), p. 296, 304.

    http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/%1fsub_document.cfm?document_id=1743http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/%1fsub_document.cfm?document_id=1743http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/%1fsub_document.cfm?document_id=1743http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/%1fsub_document.cfm?document_id=1743http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/%1fsub_document.cfm?document_id=1743
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    3,5 %, contre respectivement, 0,2 et 1,4 % en France 13. En outre, lapopulation allemande en ge de travailler est en moyenne plus duqueque la population franaise : 8,4 annes dtude contre 7 en France 14.En outre, ds les annes 1880, le fameux systme dapprentissageallemand est mis en place.

    La croissance allemande est tire plus par lexportation (le ratioexportation sur PIB dpasse 16 % en 1913 contre peine 5 % enFrance) et par linvestissement (21 % du PIB en 1913) que par laconsommation (66 % du PIB) la diffrence de la France o laconsommation des mnages absorbe plus de 80 % du PIB la veille dela Premire Guerre mondiale15. LAllemagne devient une puissanceexportatrice de premier plan, second pays exportateur, derrire leRoyaume-Uni en 1913. Les exportations allemandes augmentent unrythme moyen de 4,6 % lan entre 1870 et 1913, contre 2,8 sagissantdes exportations franaises 16. En proportion des exportations mondiales,elles reprsentent presque le double de celle de la France en 1913 : prs

    de 15 % contre 8 % en 1913. Prs des trois quarts des exportationsallemandes sont constitues de biens manufacturs (58 % sagissant dela France)17. En 1913, lAllemagne ralise 25 % des exportationsmondiales de biens manufacturs, contre environ 12 % pour la France 18.Ds cette priode, lAllemagne a besoin dimporter pour exporter : en1913, elle est au second rang des importateurs mondiaux, derrire leRoyaume-Uni19. Elle nquilibre pas son commerce extrieur, mais elleralise des excdents courants (2 % du PIB en moyenne) et exporte ducapital (toutefois, moins en cumul que la France : 5,6 milliards dedollars courants en 1913 contre 8,5 20).

    Le rle des exportations manufacturires dans la dynamique delconomie allemande est amplifi par une distorsion dans la formationdes cots salariaux qui favorise la profitabilit de lindustrie. Les haussesde salaires rels dans ce secteur restent en retard sur les progrs de laproductivit sous le rgne de Guillaume II, progrs si rapides que la

    13 Voir Carreras et alii (2010), tableau 4.14 Maddison (1995) tableau 2.2.15 Carreras et autre (2010), tableau 3, p. 11.16 Maddison (1995), chapitre 3, tableau 3.10.17 Ds cette poque, les progrs du commerce allemand interpellent les Franais quisinterrogent sur les mrites des mthodes commerciales de leur voisin et lui donne c etterponse mmorable : Sois mon client ou je te tue, tel semble tre le mot de cetteindustrie dont les besoins sont insatiables (H. Hauser , Les mthodes allemandes

    d'expansion conomique , 6 dition, 1917, p. 260 ; cit par A. Merignhac, La GuerreEconomique Allemande , recueil Sirey, 1919, p. 22).18 Maizels (1971), cit par Mistral (1978), graphique 1.19 Voir OMC (2007), tableaux annexes 1 et 2, p. 51-52.20 Maddison (1995), chapitre 3, tableau 3.3.

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    productivit de lindustrie allemande rattrape puis dpasse celle delindustrie britannique, leader de lpoque. Linverse est vrai pour lesservices o les salaires suprieurs ceux de lindustrie, augmentent plusvite que la productivit des services. Comme le notent deux historiensconomistes : compared to their productivity, German industrialworkers were poorly paid, whereas German agricultural and servicesector employees were overpaid 21. Cette distorsion dans la formationdes salaires rsulte pour partie de lafflux de la main-duvre rurale danslindustrie, o, moins duque, elle est plus dautant plus facilementemployable que la mcanisation permet de compenser son manque dequalification. Elle pour consquence, outre un freinage dudveloppement du secteur des services, une distribution du revenudfavorable aux salaires et la consommation, incitant les entreprises privilgier les marchs lexportation.

    Cette priode voit la fondation des grandes firmes de lasidrurgie, de llectromcanique de la chimie et de lautomobile qui

    constituent aujourdhui encore lun des piliers de la grande industrieallemande 22. Elle voit aussi la cration des grandes institutionsfinancires : les banques Deutsche Bank et Commerzbank (1870), lacompagnie dassurance Allianz (1889). Des liens financiers troits sontnous ds cette poque entre les tablissements financiers et lesnouvelles entreprises industrielles. Herv Joly a montr la stabilit dupatronat allemand, gage sur un haut niveau de professionnalisme alli la longueur des carrires et au prestige social qui en font une literelativement ferme et soucieuse aujourdhui dautonomie face aumonde extrieur, banques comme pouvoir politique, et qui a su sadapteraux mutations technologiques, du charbon llectronique, comme aucontexte politique, traversant le nazisme puis la dnazification imposepar les Allis23. Le contrle de la grande industrie allemande demeuretrs concentr et pyramidal . la fin des annes 1990, 85 % dunchantillon reprsentatif de grandes firmes disposent dau moins unactionnaire majoritaire dtenant plus de 25 % du capital, et 57 % dentreelles dun actionnaire de plus de 50 %24. En outre, lactionnariatmajoritaire est encore souvent le fait dune famille ou dune structurefamiliale25. En 1998, trois des plus grandes firmes allemandes par lacapitalisation taient contrles par une famille (cest le cas de BMW, deThyssen, de Metro, de Bertelsmann, de Bosch ou de Bohringer) ; de

    21 Broadberry and Burhop (2010).22 LAllemagne partage avec la France le douteux privilge dun faible renouvellement de

    leurs grandes entreprises sur le long terme.23 Joly (1996).24 Voir J. Franks and C. Mayer, Ownership, control and the performance of Germancorporations , Mimeo, 1997.25 Voir Bourgeois (2007)

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    mme pour 40 % des 120 plus grandes capitalisations. De plus, lesgroupes qui ont merg le plus rcemment ce niveau relvent souventd'un capitalisme familial. Le contrle familial bnficie en Allemagnedavantages juridiques (rgime des fondations, rgime fiscal dfavorableaux cessions daction jusquen 2002) et de la pratique longtempsgnralise dchange de participations crois avec dautres grandesentreprises et les principaux tablissements bancaires 26, qui visent prserver les garanties de stabilit quil confre aux entreprises. Legrand public ne dtient quune part minoritaire des actions des firmescotes. Contrepartie de la stabilit des firmes, lge moyen des firmesallemandes cotes la bourse est trs lev : 60 ans contre 8 ans auxtats-Unis et 14 ans au Royaume-Uni.

    La priode allant de 1870 1913 voit galement lenracinementdun vaste secteur dentreprises petites et moyennes base rgionale,qui constituent le Mittelstand , lautre pilier du capitalisme allemand, laplupart sous contrle familial27 - et dont le modle conomique est

    historiquement li la dcentralisation politique du pays. Elle voit enfin laconstitution des relations, spcifiques lAllemagne, entre des banquesau modle conomique universel, souvent enracines rgionalement, etles entreprises non financires caractrises par lexistence de laHausbank , dont le rle est dalimenter les entreprises clientes en capital patient , sous forme de crdit bancaire, venant sajouter auxressources autofinances et de verrouiller le contrle par sa prsence auconseil dadministration dans le cas des grandes entreprises cotes. Lacodtermination, mise en place en deux vagues, dans les annes 1950et les annes 1970, na pas eu deffet notable sur les intrts desactionnaires et elle a plutt contribu renforcer les aspects traditionnelsde la gouvernance dentreprise, notamment la concentration delactionnariat et le manque de transparence.

    En Allemagne, comme dans la plupart des autres paysdvelopps, un mouvement sest dessin en faveur dune plus grandedispersion des actions, de relations moins troites entre banques etgrandes entreprises, un souci de la valeur actionnariale et plusgnralement en faveur des mcanismes de march sagissantde lallocation du capital et dvaluation de la gestion des dirigeantsdentreprise. Les liens entre grande s banques et grandes entreprises sesont dissous au cours des annes 2000, en grande partie du fait dudveloppement de lactivit de banque dinvestissement des

    26

    Voir Frohlin (2003). Le grand public a t vinc de la possession de la majorit desactions de sorte que les offres publiques dachat hostiles sont plus rares encore en Allemagne quen France. 27 S. Klein, Familienunternehmen: Theoretische und empirische Grundlagen , Gabler,Wiesbaden, 2000, cite par Frohlin (2002), graphique 5, p. 236.

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    tablissements financiers allemands. Mais les autres aspects de lagouvernance dentreprise lallemande persistent (Lane, 2003 ; Hppneret alii, 2003). Caroline Fohlin voit dans ces transformations un retour lanorme davant 1913 en matire de gouvernance d'entreprise 28.

    Un e c onom ie p art dan s la zo n e eu ro

    Beaucoup de traits caractristiques de lconomie allemande perdurentaujourdhui et la distinguent des autres conomies de la zone euro,notamment de lconomie franaise.

    Lhistoire et la gographie de lAllemagne au cours de 150dernires annes, plu s chahute sans doute quaucun autre paysdEurope occidentale, tranche avec la permanence, par -del les rgimeset le territoire, de caractristiques de lconomie allemande : le poids decertains secteurs de lindustrie, la place sur les marchs mondiaux , lerle des patrimoines familiaux dans le contrle des entreprises grandes,moyennes et petites, lexclusivit des relations entre lentreprise et sabanque Depuis son redressement, la faveur du miracle desannes 1950, lAllemagne a reconstitu lessentiel de la puissanceindustrielle fonde au XIXe sicle. Les destructions, restitutions etdmontages daprs la Seconde Guerre mondiale nont pas annihil sonpotentiel de production, comme la montr lhistorien Werner

    Abelshauser. En 1948, le stoc k de capital productif de lindustrieallemande, situ dans le territoire de la future RFA, dpassait de 11,1 %celui atteint en 1936 (Abelshauser, 2004, p. 71).

    Lindustrie demeure la colonne vertbrale de lconomie

    allemande, comme le proclame lagence fdrale pour la promotion ducommerce et des investissements. linstar de tous les paysdvelopps, lAllemagne a connu un mouvement de dsindustrialisation,visible au niveau de lemploi (de 23 % de lemploi total en 1998 19 %en 2012) mais moins marqu quen France (de 16 11 % sur la mmepriode). Lindustrie reste le principal employeur allemand, occupantprs de 6,5 millions de personnes (prs dun quart du total). Lemploimanufacturier reprsente 19 % de lemploi total, contre 11,5 en France,moins de 10 % aux tats-Unis. En y incluant la construction, lindustriecontribue pour 30 % au PIB total, dont 22 % pour lindustriemanufacturire. En 2010, la valeur ajoute de lindustrie manufacturireallemande contribue pour plus de 20 % au PIB, un niveau comparable

    celui de la Sude mais nettement plus quen France (12 %), aux tats-

    28 Fohlin (2005).

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    Unis (13 %) et au Japon (19 %). LAllemagne est lun des rares pays delUE o la capacit de production manufacturire (calcule comme laproduction divise par le taux dutilisation des capacits) a augment surles deux dernires annes : + 20 % contre -10 15 % en France, enItalie ou en Espagne.

    Emploi manufacturier(en % du total)

    Valeur ajoute manufacturire(volume, en % du PIB)

    Source : Patrick Artus, Niveau de comptitivit-cot des pays de la zone euro , Flash, n 475, 21 juin 2013.

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    La puissance manufacturire de l Allemagne

    En 2010, lAllemagne se classe au 4e rang mondial, derrire la Chine, lestats-Unis et le Japon. Sa part dans la valeur ajoute mondiale (7,5 %)avant la crise mondiale est infrieure au sommet atteint en 1992 (10 %)mais est la mme quen 1970. Lindustrie manufacturire allemande seclasse aisment au premier rang en Europe, dont elle reprsente prs de30 % de la valeur a joute, suivie par lItalie (13 %) et la France (10 %).Lindustrie manufacturire allemande comporte une forte composantedactivit de haute technologie (12 % de la valeur ajoute du secteur),moindre toutefois quen France (15 %) ou aux tats-Unis (20 %). Laproduction de machines-outils, dquipements lectriques et de produitschimiques reprsente plus dun tiers de la production manufacturiretotale.

    Au cours des dernires annes, lindustrie manufacturire

    allemande a acquis un poids accru en Europe. Une analyse delvolution de lemploi manufacturier ralise en 2012 dans les 27tatsmembres (Broyer et Eschwege, 2012) fait ressortir une concentrationmarque de lindustrie europenne vers lAllemagne : la part de celle-ciest proche de 19,5 %, en progression de presque 2 points par rapport 1999. Ce sont les rgions forte tradition industrielle comme le Bade-Wurtemberg et la Bavire mais aussi la Thuringe et la Saxe, deux desnouveaux Bundeslnder , qui progressent le plus. LAllemagne concentreparticulirement lemploi dans les secteurs o elle excelletraditionnellement : lindustrie chimique, qui a principalement migr duRoyaume-Uni vers lAllemagne (21,8 % de lemploi sectoriel en 2009) ola Thuringe mais la Bavire surtout gagnent en emploi, la seconde

    concentrant elle seule 4,4 % de lemploi sectoriel europen etdpassant dornavant la traditionnelle Rhnanie-Westphalie (4,2 %) ; lesmachines et quipements lectriques, o lAllemagne renforce sonleadership en concentrant dsormais 32,7 % de lemploi europen dansces secteurs. Trois rgions dj fortement spcialises dans cetteindustrie suffisent affirmer cette crasante domination : Le Bade-Wurtemberg, autour de Stuttgart, la Bavire et la Rhnanie-Westphalie.Lindustrie automobile, spcialit europenne affirme, a fortement migrdouest en est au cours des dix dernires annes.

    LAllemagne constitue le nud le plus important du rseaudchanges commerciaux - en termes de valeur ajoute - structur par lefractionnement des chanes de valeur en Europe (Rahman and Zhao,2013). LAllemagne fournit des intrants 33 pays et reoit des intrantsprovenant du mme nombre de pays, ce qui en fait le pays le plusinterconnect au sein du systme mondial des changes de biens etservices, devant la Chine et les tats- Unis. LItalie, la France, leRoyaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, lEspagne et la Pologne sont

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    dautres grands centres europens avec des liens denses en amont eten aval. La Russie fait partie du rseau en tant que fournisseurdnergie.

    LAllemagne, hub des changes industriels en Europe

    Source : Rahman and Zhao (2013)

    En dpit des succs affichs, lindustrie manufacturireallemande de mme que lconomie dans son ensemble sont loin dtre

    les plus productives au monde. En termes de productivit globale desfacteurs (PGF), qui est un indicateur de lefficacit de lorganisation de laproduction, la performance allemande reste trs infrieure, de 10 25 %selon les secteurs, la performance amricaine qui continue dereprsenter la frontire technologique mondiale (Inklaar and Timmer,2011, tableau 24.7, p. 29). En Europe, la performance allemandeapparat sous un jour plus favorable, lAllemagne ayant un niveau dePGF plus lev que celui de la zone euro ou de lUE 15. Il en va demme pour la productivit horaire, leve en Allemagne, en Belgique,aux Pays-Bas, en Irlande, en Finlande, en Autriche, en France,particulirement faible en Italie, en Espagne, en Slovnie, en Slovaquie,au Portugal et en Grce (Inklaar and Timmer, 2011, tableau 24.6, p. 28).

    Le niveau de productivit de lindustrie allemande par rapport aureste de lUE ne sexplique pas par une utilisation plus intensive desfacteurs de production. Le capital physique par tte semble plus faible en

    Allemagne quen France, en Sude ou aux tats-Unis ; sagissant ducapital humain, la partie de la population avec une qualification leve

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    (ducation suprieure) est plus faible en Allemagne (un quart en 2009)quaux tats-Unis mais aussi plus faible quau Royaume-Uni, en Sudeet en France (29 %) 29. La part plus faible des formations universitaires en

    Allemagne renvoie en partie limportance de la formation initiale dansles entreprises (apprentissage). Elle pourrait galement tre laconsquence de la fiscalit sur le travail, qui resserre les carts dermunration mais aussi les carts de comptences (Freeman andSchettkat, 2000).

    Par rapport au reste de lEurope, lAllemagne semble compenserla faiblesse relative dans lintensit des facteurs par une plus forteproductivit globale des facteurs, autrement dit par une efficienceparticulire dans la combinaison des facteurs de production. Lindustrieallemande fait un usage plus intensif de la robotisation que les autrespays comparables, lexception du Ja pon : prs de 20 000 robotsinstalls en 2011, contre 3 000 en France ( International federation ofRobotics , 2012). Lusage des robots est particulirement intensif dans la

    production dquipements de transport et dans celle du verre et de lacramique, qui se classe premire au niveau mondial pour le nombre derobots industriels par heure travaille (Kroman et alii, sd, tableau 7,p. 13).

    La performance relative de lAllemagne en matire de productivitglobale des facteurs semble galement reflter un eff ort dinvestissementen recherche et dveloppement (R&D) comparable en part de PIB celui des tats-Unis (2,8 % en 2011) mais plus marqu que celui desautres pays europens, dont la France (2,3 % ), lexception de la Sude(3,4 %). Prs de 90 % des dpenses de R&D prives (environ 2/3 dutotal des dpenses de R&D, un chiffre comparable celui de la Franceou des tats-Unis) sont consenties par des entreprises du secteursecondaire. Quatre secteurs manufacturiers, construction automobile entte, suivie de llectrotechnique, de la chimie et de lindustrie mcaniqueralisent plus de 4/5 e des dpenses totales de R&D prives. Les grandesentreprises allemandes ralisent la plus grande part des dpenses deR&D mais les PME allemandes ne ngligent pas la recherche : selon leStifterverband fr die Deutsche Wissenschaft (Association des donateurspour la science allemande), les entreprises allemandes de moins de 500salaris ralisaient 1/8 e des dpenses de R&D la fin des annes 2000(cit par Zenker, 2012, p. 29). Mesure laune des brevets dposs, larecherche allemande est performante : lAllemagne dpose nettementplus de brevets triadiques par millions dhabitants (70) que les tats-Unis(45) et la France (40). La rpartition sectorielle des demandes de brevet

    dposes pouse la spcialisation de lconomie allemande et reflte

    29 Cf. Regards sur lducation 2011, OCDE.

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    ses points forts, dans les domaines des transports, des machines etquipements, de laviation, de lnergie et des techniques de mesure. Onretrouve ici de manire trs nette les secteurs qui font la force delconomie allemande : la construction automobile, la mcanique,llectrotechnique et la chimie (Zenter, 2011, p. 30). Toutefois, comme lesouligne la liste prcdente, lindustrie allemande fonde sa puissance surla production de biens de technologie moyenne : 40 % de la valeurajoute industrielle vient de ces secteurs et seulement 10 % dessecteurs de haute technologie : le Japon est dans le mme cas alorsquaux tats-Unis, les deux types de secteurs psent dun poids v oisin,autour de 25 % de la valeur ajoute industrielle.

    Au niveau de lconomie dans son ensemble, lAllemagne nestpas plus efficiente que la France. Selon les travaux de comparaison enniveau30, la productivit du travail et la productivit globale des facteurspour lensemble de lconomie sont galement infrieures celles destats-Unis et comparables en moyenne celle de la France. En

    Allemagne comme en France, le PIB par tte stagne trois quarts duchiffre amricain depuis plusieurs annes, en grande partie parce que ladure du travail a recul par rapport aux tats-Unis, compensant lahausse continue de la productivit horaire, presque parvenue au niveauamricain. Selon Nayman (2013, tableau 4, p. 20), la productivit dutravail serait nettement plus leve dans les services en France, bienque lavantage semble en voie drosion rapide.

    Enfin, lAllemagne ne ralise que de modestes gains deproductivit, tant dans lindustrie que pour lconomie dans sonensemble. Alors que lAllemagne est un pays haut de gamme, commerce extrieur trs excdentaire, forte part de march dans lecommerce mondial, poids lev de lindustrie, les gains de productivitpar tte y sont sur la dure, plus lents quen France, y compris danslindustrie, et y sont plus faibles quauxtats-Unis, au Royaume-Uni, ouen Sude. La performance allemande en termes de gains de productivitdu travail est mdiocre dans les industries de linformation et de lacommunication et mauvaise dans les services, en partie sous le ffet desrformes visant rduire le cot du travail dans ce secteur. Les gains deproductivit globale des facteurs sont en revanche plus soutenus, dansun contexte de ralentissement international : sur les dix derniresannes, ils sont moindres quaux tats-Unis mais plus rapides quauRoyaume-Uni et quen France, en Espagne et en Italie, o la PGF arecul.

    30 Voir les travaux du Groningen Growth and Development Centre (van Ark, Bart andTimmer, 2011 ; Inklaar and Timmer, 2011) et ceux du Cepii (Nayman, 2013).

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    a gonfl partir des annes 1960-1970, conforte le systme dergulation salariale en garantissant les travailleurs contre les risquessociaux mais aussi les alas conomiques, ncessairement importantsdans un pays dont la croissance est tire par les exportations. Ilcontribue donc galement la stabilit sociale.

    La ngociation salariale permet que lvolution des salaires relset du partage des revenus corresponde la situation de lconomie,reflte dans les rsultats des entreprises et du march du travail .Lorsque la comptitivit et la profitabilit sont faibles, lorsque le chmageest lev, les salaires rels ralentissent et le partage des revenus sedforme en faveur des profits ; au contraire, lorsque la profitabilit et lacomptitivit sont fortes, le chmage faible, les salaires rels acclrentet le partage des revenus se dforme en faveur des salaris. Largulation du partage des revenus soutient la profitabilit desentreprises, la comptitivit et, travers celles-ci, lemploi quand ils sontfaibles ; elle soutient la demande quand la profitabilit et la comptitivit

    sont leves, comme cest le cas aujourdhui. La rgulation salariale lallemande sinscrit pleinement dans lecadre de lordo-libralisme, dont le principe fondamental veut que lesmarchs soient rguls de sorte que leur rsultat reproduit celui duneconomie en concurrence parfaite tout en vitant les risques dins tabilitinhrents au jeu des marchs laisss eux-mmes 36.

    Profits aprs impts, intrts et dividendes (valeur, en % du PIB)

    En Allemagne, le thorme nonc par Helmut Schmidt (en1964) les profits daujourdhui font les investissements et lemploi de

    demain - demeure un crdo partag par le patronat, les syndicats et le

    36 Voir Dullien and Gurot, 2012.

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    gouvernement. La prservation, et si ncessaire le rtablissement, de lacomptitivit des exportations est un enjeu national. En son nom, lessyndicats de lindustrie acceptent de moduler les revendicationssalariales en fonction de la conjoncture. Et, en cas de menaces sur lacomptitivit, ils sont prts troquer la modration salariale, voire unebaisse des salaires (rels), en change de la scurisation des emploisexistants dans le secteur manufacturier mais au prix dunedcentralisation accrue de la ngociation vers les accords au niveau delentreprise et dune accentuation de la segmentation du march dutravail. Cest ce qui sest produit au dbut des annes 2000, avec lappuide ltat, qui a accompagn la modration salariale de rforme dumarch du travail, notamment en renforant lattractivit des mini-jobs(emplois peu rmunrs, non soumis cotisations sociales), un dispositifexistant depuis les annes 1960 mais devenu rcemment le statutprdominant dans le commerce (Hassel, 2011).

    Si elle peut se vanter de sa performance en matire

    dexportation, lAllemagne nest pas une championne en matiredimportation, en dpit du poids des importations allemandes danslconomie nationale et le commerce mondial. Dabord, une partimportante des importations de biens et services est utilise dans laproduction des biens et services exports : en 2009, prs dun tierscontre moins dun quart en France, une progression n ettement plus fortepar rapport 1995 en Allemagne (+ 11 points) quen France (+ 3points)37. Ensuite, les importations destines satisfaire la demandeintrieure sont freines car la demande intrieure tend sajuster avecretard au PIB, en raison du comportement traditionnellement prudent desconsommateurs et, plus rcemment, celui des entreprises. De fait, entre2000 et 2010, lexcs de lpargne des entreprises non -financires surleurs investissements (en baisse de 3 points par rapport au PIB) aprogress de 10 points de PIB.

    Comme le soulignent les auteurs dune tude du FMI sur larsilience de lconomie allemande, la dpendance caractristique dumodle de croissance allemand lgard des exportations et de lademande mondiale introduit une incertitude et une volatilitsingulirement fortes dans lvolution de lactivit et des revenus. cesdterminants, se combine une forte aversion au risque qui se lit dans lefaible dveloppement du march des actifs, un niveau de dette desentreprises non financires rapport au PIB nettement plus faible quenFrance et parmi les plus bas de lOCDE, ainsi que dans le niveauhistoriquement bas des taux dintrt sans risque (Bornhorst and Mody,

    2012). Les agents conomiques sont incits la prudence dans leur

    37 Calcul daprs OECD (2013).

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    comportement de dpense, do un ajustement retard de la dpense lvolution des revenus et une propension traditionnellement leve lpargne. Cest vrai pour les mnages comme pour les entreprises, quiautofinancent largement leurs investissements, et dont les marges(confortables en moyenne), en raison de la rigidit de lemploi, dessalaires nominaux et des prix, enregistrent en premier les effets desfluctuations de la demande mondiale. LEtat lui-mme hsite devant ladette et ni les cots de la runification ni la crise de 2008-2009 nontconduit remettre durablement en cause le principe de lquilibrebudgtaire, devenu obligation constitutionnelle.

    LAllemagne partage avec dautres pays dont le modleconomique repose sur le dynamisme des exportations (Japon, Chine,etc.) la caractristique daccumuler des excdents commerciauxpersistants. LAllemagne a enregistr de considrables excdentscommerciaux sans interruption depuis 1952 : 3 4 % du PIB enmoyenne, jusqu 8 % ou presque en 2006. La plupart du temps, elle a

    enregistr des excdents courants peine moins importants, lexception notable des annes 1990 -2000, o le solde courant a tconstamment dficitaire et frl -2 % en 2000.

    Toutefois, lcart positif entre lpargne et linvestissementdomestique, qui constitue la contrepartie (et en bonne thorieconomique, la cause 38) du solde de la balance courante aveclextrieur, sest singulirement accentu au cours des annes rcenteset il est devenu plus persistant, en partie pour des raisonsconjoncturelles, lies au boom de demande des mergents et lapolitique de modration salariale mise en uvre dans les annes 2000 ;mais aussi pour des raisons structurelles, lies notamment auvieillissement rapide de la population et aux incertitudes sur lvolutionfuture des revenus. Les incertitudes semblent avoir t aggraves par lacrise de leuro, que les experts du FMI considrent comme exerant uneffet paralysant sur linvestissement des entreprises : uncertaintysurrounding prospects and policies for the euro area - more so than inGermany itself - are now weighing significantly on activity (IMF, 2013).

    38 Cest ce que rappelle Hans Werner Sinn dans une interview au Monde : Il estsouvent mal compris que leffondrement caus par la sortie des capitaux a donnnaissance lexcdent de la balance courante pour lequel lAllemagne est envie,

    puisque par dfinition une sortie nette de capitaux est identique un surplus de labalance courante. Cest la rgle du capitalisme : si les capitaux quittent un pays A pourun pays B, le pays A connat un effondrement alors que B connat un boom ( PourquoilAllemagne ne veut pas mutualiser la dette Europenne, et pourquoi la Fra nce ne devraitpas le vouloir non plus , Le Monde , 26 juillet 2012).

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    dactifs extrieurs nets ngatif atteignant 32 % du PIB la fin de 2011)40.Le gros de lpargne allemande est centralis par le systme bancaire.Celui-ci a investi sur le march des subprimes amricains et surtout, endette des autres pays la zone euro, labri du risque de change. Depuisle dbut de la crise de l'euro, lpargne prive allemande a t rapatriepar les banques et celles-ci ont plac leurs avoirs principalement endpts auprs de la Bundesbank.

    Les capitaux placs ltranger ont procur lAllemagne un fluxde revenu situ entre 6 et 8 % de la valeur nette des investissements aucours des dernires annes. Mais, ils ont galement subi des pertes devaleur, difficilement traables mais considrables : fin 2012, lcart entrele stock dactifs nets sur ltranger et le cumul des flux dexcdentscourants et de capitaux nets sur la priode 2002-2012 se chiffre encentaines de milliards deuros (Ma and McCauley, 2013).

    40 Voir Updated and Extended External Wealth of Nations Dataset, 1970-2011 ,.

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    Quelles perspectives court et long terme ?

    Les alarmes franaises au sujet dun dcrochage conomique parrapport lAllemagne ne sont pas sans antcdents. Lauteur de cettenote se souvient davoir contribu des dbats Bercy sur le retard dela France pa r rapport lAllemagne lors du retournement conjoncturel dela seconde moiti des annes 1990. Mais, les rles ont t parfoisinverss 41. En particulier au dbut des annes 2000, cest lAllemagnequi faisait figure de malade , suscitant des analyses pessimistes surson avenir, de part et dautre de lAtlantique : H. W. Sinn (2005) fustigeait lconomie de bazar qui vide le pays de sa substance industrielletandis que Martin Feldstein (2002) diagnostiquait les mauxconomiques de lAllemagne.

    Contrairement aux anticipations, peu fondes au regard desexpriences trangres, dhomognisation des cycles et des structuresconomiques la faveur de lUnion montaire, les conomies de la zoneeuro, et notamment lAllemagne, ont plutt confirm leurs caractristiques historiques, comme on la rappel dans la partieprcdente de cette note. Mais, par le pass, des structures et desressorts de croissance diffrents nont pa s empch les deux conomiesdvoluer en phase et de converger en termes de cr oissance et deniveau de revenu. Rien ne permet de penser quil en irait dsormaisautrement.

    41 Les chronologies des cycles en France et en Allemagne, disponibles depuis lesannes 1970 (ECRI, 2013 ; Canova et alii, 2009), ne font pas apparatre davance ou deretard systmatique du cycle allemand par rapport au cycle franais.

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    Une c on v ergen ce d es co no m ies en t erm esde r ev en u par tte, d e p ro duc tiv it,de c ot d u t ravail et de c ot d u c apital

    Aprs la guerre, la croissance franaise a manifestement chang detrajectoire par rapport lentre-deux-guerres et la priode prcdant laguerre de 1914-1918 : plus de 5 % de croissance lan contre 1,5 %. Si letrend antrieur 1939 stait prolong, le PIB franais en volumenatteindrait pas la moiti de son niveau de 2013. Le cas de lAllemagneest diffrent. Comme en France, la croissance a acclr dans laprsSeconde Guerre mondiale, mais la trajectoire de long terme du PIB neconnat pas la mme rupture quen France. La prolongation du trend observ de 1870 1944 ne scarte gure du PIB observ partir dumilieu des annes 1960 jusqu la runification. Le fait, not par lalittrature spcialise allemande (Assenmacher, 1998 ; Meier, 2001 ;

    Belliveau, 2012), est sujet dbat (voir Lucke42

    , 2005) tant il va lencontre des vues les plus courantes des conomistes sur la naturestochastique de la dynamique des conomies.

    France Allemagne : PIB en PPA*

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    trend ALL

    FRA

    trend FRA

    * en dollars internationaux constants aux prix de 1990 (en log).Source : daprs Maddison et The Conference Board

    42 N.D.E. : Bernd Lucke est depuis avril 2013 porte-parole du parti Alternativepour lAllemagne (AfD).

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    France Allemagne : PIB per capita en PPA*

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    * en milliers de dollars internationaux constants aux prix de 1990Source : daprs Maddison et The Conference Board

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    par rapport au PIB par tte allemand depuis 2005 43. Selon les projectionsdu Cepii, il devrait reprendre et accentuer son avance dans le futur .

    Le niveau de productivit est comparable dans les deux pays.Dans le secteur manufacturier, la productivit par heure de travail,

    mesure en euro, se situe un niveau similaire en Allemagne et enFrance. Elle est plus leve en France dans lensemble de lconom ie.Lcart de productivit compense lcart de salaire horaire y compris lescharges sociales dans lindustrie manufacturire (35 euros en Francecontre 34 euros en Allemagne) mais pas lcart de salaire danslensemble de lconomie (34 euros contre 30). En consquence, le cotsalarial unitaire (salaire/productivit) a un niveau similaire en France eten Allemagne, mais il est plus lev en France sagissant de lensemblede lconomie.

    Les conditions financires qui dterminent le cot du capital sontgalement proches dans les deux pays, en dpit de la notation plusfaible de la France (AA+ contre AAA lAllemagne). Lcart sur les tauxsouverains 10 ans sest largi depuis le dbut de la crise de la zoneeuro mais il ne dpasse pas 50 points de base. Le spread sur le Creditdefault swap (CDS) cinq ans des obligations assimilables du Trsor(OAT) franaises, lgrement suprieur celui des Bund (40 points debase), indique une probabilit de dfaut voisine de celle de lAllemagneet qui plus est, infime. Enfin, les entreprises non financires peuvent sefinancer en France des taux historiquement bas et similaires ceux dumarch allemand.

    43 En parit de pouvoir dachat aux prix de 2005, le PIB par tte allemand est suprieurau PIB par tte franais. Le profil dvolution est le mme dans les deux systmes deprix.

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    Niveau de la productivit horaire dans le secteur manufacturier* (en parheure)

    Niveau de la productivit horaire, ensemble de l'conomie(en par heure)

    Source : Patrick Artus, Niveau de comptitivit-cot des pays de la zone euro , Flash, n 475, 21 juin 2013.

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    LUnion montaire na pas altr les caractresdu cycle des conomies du cur de la zone e uro

    Dans tous les pays, sauf peut-tre la Grce, la corrlation entre lacroissance court terme du PIB des pays de la zone euro sest accruedans le temps : il y a de moins en moins de cycles asymtriques.Lintgration conomique et commerciale de ces pays a conduit unesynchronisation croissante des cycles. Il subsiste toutefois une nettehtrognit entre les pays du cur, o la corrlation du cycle nationalavec celui de la zone euro est trs forte, et ceux de la priphrie, o lacorrlation reste nettement plus faible.

    Une quipe dexperts de la BCE (Giannone et alii, 2009) confirmeconomtriquement la partition des deux groupes de pays au sein de lazone euro. Dune part, les pays du cur, caractriss par un niveau pr -Union conomique et montaire (UEM) de revenu par tte similaire et

    lev ds avant lUEM. Les cycles conomiques de ces paysprsentaient de fortes similarits avant lUEM. La mise en place delUEM na pas modifi les caractristiques du cycle dans ces pays, quisont rests trs proches. Le deuxime groupe est compos par les tatsmembres dont le niveau de dveloppement conomique tait plushtrogne et qui ont eu des cycles daffaires historiquement plusvolatils. La corrlation de lactivit conomique de ces pays avec le r estede la zone euro est reste plus faible que dans le cas des pays dupremier groupe. En effet, tout au long de la priode, aucun changementli la cration de la monnaie unique na t dtect. Une analysetypologique confirme de son ct que les cycles franais et allemandprsentent les caractristiques les plus proches parmi les pays de

    lOCDE, avec une proximit comparable celui des tats-Unis et duCanada (Camacho et alii, 2006).En Allemagne, les mcanismes traditionnels dajustement de la

    demande intrieure au PIB sont aujourdhui luvre. La croissance arebondi au deuxime trimestre de 2013, 0,7 % contre une croissancenulle au premier trimestre et un recul de 0,5 % fin 2012. La consom-mation prive et les investissements des entreprises (toujours trsinfrieurs leur volume davant la crise) ont t les principaux moteursde la reprise marque de lactivit. La consommation prive (+0,5 % t/t)et des dpenses publiques (+0,6 % t/t) ont contribu respectivement 0,3 point et 0,1 point la croissance du PIB. On observe en outre uneaugmentation marque de la formation brute de capital fixe (+1,9 % t/t,contribuant 0,3 pp la croissance du PIB). En particulier, linvestisse-ment dans le secteur de la construction a rebondi nettement (+2,6 % t/t).Enfin, le solde des exportations et des importations a galementcontribu pour 0,2 point la croissance du PIB. Selon les prvi-

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    sionnistes, la croissance devrait rester soutenue au second semestre decette anne, quoiqu en tassement par rapport au deuxime trimestre.

    LAllemagne est donc passe dune phase o la croissance esttire par les exportations une phase o les salaires rels augmentent

    plus vite que la productivit du travail et o la croissance est tire par lademande intrieure, poussant les importations la hausse. La consom-mation et linvestissement des entreprises devraient continuer soutenirlactivit. Les conditions sur le march du travail restent favorables. Dansun contexte dinflation contenue, laugmentation du revenu rel devraitsoutenir la confiance des mnages et leur consommation. De leur ct,les entreprises, de plus en plus optimistes selon les rcentes enqutes(IFO, PMI), devraient continuer investir au cours de l'anne.

    Demande intrieure (volume, 100 en 2002 : 1)

    Importations (volume, 100 en 2002 : 1)

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    Une analyse conomtrique ralise sur des donnesallemandes et franaises par un expert de la Bundesbank permetdidentifier des relations dquilibre entre le PIB et ses composantes ainsique les mcanismes dajustement lu vre (Knetsch, 2005). tudiant5 variables (PIB, consommation, investissement, importations, expor-tations et variations de stocks), lauteur identifie sur les donnesallemandes lexistence de relations dquilibre stable long terme entrele PIB et la consommation ainsi quentre le PIB et linvestissement44. Cesrsultats impliquent que, rapports au PIB, la consommation etlinvestissement retournent progressivement vers leur niveau dquilibrelorsquils sen sont carts la suite de perturbations cycliques. Ltudeidentifie en outre une troisime relation stable entre les exportations etles importations, les exportations tant la variable dajustement duprocessus. Les rsultats impliquent que les cinq sries sont tires pardeux tendances stochastiques communes. Il y a une tendance interne,qui force la consommation, linvestissement et la production, et unetendance externe qui entrane les exportations et les importations. Lesrsultats soulignent le fait que lactivit conomique se caractrise parune dichotomie entre les sources internes et externes de croissance.Dans le long terme, la consommation, linvestissement et la productionsont tous entrans par le progrs technique, tandis que les exportationset les importations se dveloppent le long dune tendance qui sexpliqueprincipalement par lintgration croissante de lconomie mondiale.Ltude trouve que le mme type de relation est identifiable surlconomie franaise (mais pas sur lconomie italienne, galementtudie). Toutefois, le retour lquilibre des trois relations de long termeest plus lent en France quen Allemagne, ce qui implique que lesperturbations cycliques sont plus persistantes en France. De plus, enFrance, les importations sont la variable dajustement du processus deretour lquilibre de la troisime relation de long terme alors que cesont les exportations qui jouent ce rle dans le cas de l'Allemagne. Leschma dajustement de la balance extrieur est donc diffrent : enFrance, il passe par la compression de la demande intrieure, souventen pratique, sous leffet de mesures de rigueur dcides par l tat ; en

    Allemagne, il rsulte de leffet de stimulation de la demande intrieurepar les revenus injects dans lconomie par les exportations.

    Le raffermissement en cours en Allemagne du rle de lademande intrieure, de la consommation et de linvestissement logement

    44

    Techniquement, ltude identifie des relations de cointgration entre 5 variables nonstationnaires (c'est-- dire desprance et de variance non constantes au cours dutemps). Elle identifie trois vecteurs de relations stationnaires, dont les coefficients sontproches de lunit de sorte quon peut les interprter comme des relations dquilibre delong terme.

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    Conclusion : un agenda de rformesstructurelles similaire

    LAllemagne est confronte des dfis de long terme qui lui imposent unagenda de rformes structurelles recoupant largement celui de laFrance.

    Dans les deux pays, lites comme population restentprofondment nostalgiques des Trente Glorieuses, priode decroissance rapide et de plein-emploi, qui a permis lAllemagne deffacerles destructions de la guerre et de construire les bases de sonrenouveau et la France de se moderniser grande allure et,accessoirement, de rattraper une bonne partie du retard accumuldepuis 1870 sur sa voisine. Dans une large mesure, ces miracles simultans rsultaient du rebond dconomies appauvries par le conflit(pour le cas allemand, voir Eichengreen et Ritschl, 2008). Le dynamismedes deux conomies sest essouffl ds la fin des annes 1960 avantque les effets des chocs ptroliers des annes 1970 rduisentdurablement la croissance en Europe et mettent fin au plein-emploi .La vigueur de la croissance lors du miracle allemand et des TrenteGlorieuses a t favorise par le caractre alors trs libral dufonctionnement du march du travail, en raison du faible niveau de largulation jusquau milieu des annes 1960 (voir Allard, 2005). Les traitsde ltat providence, tels que nous les connaissons aujourdhui importance des flux de redistribution du revenu, forte protection delemploi dune partie du salariat ne datent pas de limmdiat aprs -guerre, mme si les fondements juridiques ont t poss ce moment-l, et mme bien avant, ds la Rpublique de Weimar, en Allemagne. Laprogression des prlvements et des prestations sociales et la mise enplace de mcanismes de protection des salaris ayant un emploi sontintervenues la suite des chocs ptroliers.

    Aujourdhui, le principal dfi commun de lAllemagne et de laFrance est dtre confrontes des perspectives de croissance

    tendancielle mdiocres (parmi les plus faibles de lOCDE), qui psent surlemploi, la comptitivit, le niveau de vie et les finances publiques. Lacroissance potentielle est dtermine par lvolution de la populationactive et par celle de la productivit du travail. Du fait de sadmographie, les projections crditent souvent la France dun potentielde croissance de long terme suprieur celui de lAllemagne. Cest le

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    cas des scnarios de long terme proposs par lOCDE (201 2,chapitre IV, tableau 4.1), qui anticipent une croissance potentielle de1,8 % en France dici 2017 (voisine de la projection de lInsee 1,5 %) etun peu plus de 2 % ensuite, contre respectivement 1,6 % et 1,2 % dansle cas de lAllemagne. Dautres travaux sont beaucoup plus pessimistespour la France. Ainsi, Patrick Artus, chef conomiste Natixis,pronostique une croissance potentielle de moins de 0,7 % pour la Francedici 2020, infrieure dun point celle de lAllemagne, en raison de gainsde productivit franais nettement plus faibles.

    horizon plus rapproch, la croissance allemande pourraitgalement tre menace par laffaiblissement probable de la demandemondiale de biens dquipement (point de faiblesse du modleallemand , selon la contribution du Minefi la rflexiongouvernementale sur la France en 2025, p. 2-3). La comptitivit de sonindustrie pourrait ptir des choix nergtiques faits en Allemagne(transition nergtique) et dans le reste du monde (tats-Unis et ailleurs,

    gaz et ptrole non conventionnels). Dans les deux pays, les rponses depolitiques conomiques doivent viser compenser les effets de ladiminution de la population en ge de travailler par des incitations laparticipation au march du travail et laugmentation de la dure dutravail sur lanne et le cycle de vie. Elles doivent galement viser uneacclration des gains de productivit, en soutenant linnovation etlducation, en stimulant la cration dentreprise, en favorisant la prise derisque, laccs aux financements, en relchan t les restrictions lentre, en renforant la concurrence, notamment dans les services, et enfacilitant la rallocation des ressources productives, capital et travail.

    Les rformes entreprendre portent donc sur les marchs debiens et services et sur le march du travail ainsi que sur le niveau et laqualit de lducation. Les travaux dvaluation de lOCDE suggrent quela mise en uvre des rformes pourrait procurer une hausse nonngligeable du PIB par tte dans les deux pays (OCDE, 2013b).En

    Allemagne, lenjeu est de desserrer les limites la croissance de loffreet de diversifier les bases de lconomie, en privilgiant ledveloppement des secteurs orients vers la demande intrieure,notamment dans les services. En France, il sagit de stimuler la crationdemplois tout en favorisant la productivit globale de lconomie afin desoutenir la croissance potentielle et de faciliter lajustement des comptespublics dans la dure.

    Ni lAllemagne ni la France nont r ellement entam la rformedes rgulations des marchs des services, qui demeurent restrictives.LAllemagne a entrepris une rforme partielle du march du travail. Dansles annes 2000, Berlin a mis en place une politique de rforme dumarch du travail (fortes incitations retourner lemploi, rduction de lagnrosit de l'indemnisation du chmage, etc.) qui a abouti au freinagedes salaires rels, dans les services et au dveloppement demplois

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    faibles salaires en particulier en labsence de sal aire minimum et peuqualifis dans les services et les secteurs peu sophistiqus. Les relationsde travail dans lindustrie, reposant largement sur des conventionscollectives privilgiant les intrts de ladhrent mdian des syndicats,nont pas t modifies.

    Enfin, lun et lautre pays devront sattacher rehausser le capitalhumain de leur population active, en augmentant la dure moyennedducation et en amliorant lefficacit de lenseignement au regard descapacits acquises.

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    Notes du Cerfa

    Publie depuis 2003 un rythme mensuel, cette collection est consacre lanalyse de lvolution politique, conomique et sociale de lAllemagnecontemporaine : politique trangre, politique int-rieure, politiqueconomique et questions de socit. Les Notes du Cerfa sont destextes concis, caractre scientifique et de nature policy oriented . linstar des Visions franco-allemandes , les Notes du Cerfa sontaccessibles sur le site Internet du Cerfa, o elles peuvent tre consulteset tlcharges gratuitement.

    Dern ires p ub lic atio ns du Cerfa

    Ulrich Eith, LAllemagne aprs les lections fdrales du 22septembre 2013 : Entre continuit et changements structurels, Note duCerfa , n 107, dcembre 2013.

    Yves Pascouau, Le paquet gouvernance Schengen : lesquilibres subtils entre mthode communautaire et logiqueintergouvernementale , Note du Cerfa , n 106, dcembre 2013.

    Henrik Uterwedde, La fin des divergences ? Perspectives des politiques conomiques franaises et allemandes, Visions franco-allemandes , n 23, octobre 2013.

    Dorothe Schmid, Allemagne, France, Turquie : la triangulationdes puissances , Note franco-turque , n 9 / Note du Cerfa , n 105,septembre 2013.

    Stormy-Annika Mildner, Henning Riecke et Claudia Schmucker,Vers un renouveau du partenariat transatlantique ? Les relationsgermano-amricaines sous Obama II , Note du Cerfa , n104, juillet2013.

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    Le Cerfa

    Le Comit dtudes des relations franco-allemandes (Cerfa) a t cren 1954 par un accord gouvernemental entre la Rpublique fdraledAllemagne et la France. Le Cerfa bnficie dun financement paritaireassur par le ministre des Affaires trangres et europennes etlAuswrtiges Amt; son conseil de direction est constitu dun nombregal de personnalits franaises et allemandes.

    Le Cerfa a pour mission danalyser les principes, les conditions et

    ltat des relations franco-allemandes sur le plan politique, conomiqueet international ; de mettre en lumire les questions et les problmesconcrets que posent ces relations lchelle gouvernementale ; detrouver et de prsenter des propositions et des suggestions pratiquespour approfondir et harmoniser les relations entre les deux pays. Cettemission se traduit par lorganisation rgulire de rencontres et desminaires runissant hauts fonctionnaires, experts et journalistes, ainsique par des travaux de recherche mens dans des domaines dintrtcommun.

    Hans Stark assure le secrtariat gnral du Cerfa depuis 1991.Yann-Sven Rittelmeyer est chercheur au Cerfa et responsable de lapublication des Notes du Cerfa et des Visions franco-allemandes .Nele Wissmann est charge de mission dans le cadre du projet Dialogue davenir .