coprophagie en elevage canin

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COLE NATIONALE VTRINAIRE DALFORTAnne 2007

LA COPROPHAGIE EN LEVAGE CANIN: TIOLOGIE ET TRAITEMENTS

THSE Pour le DOCTORAT VTRINAIRE Prsente et soutenue publiquement devant LA FACULT DE MDECINE DE CRTEILle

par

Gabrielle LAIRIENe le 1er Septembre 1978 Caen (Calvados)

JURY Prsident: M. Professeur la Facult de Mdecine de CRTEIL Membres Directeur: Mme BLANCHARD G. Professeur lENVA Assesseur: M. FONTBONNE A. Matre de confrences lENVA 1

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COLE NATIONALE VTRINAIRE DALFORTAnne 2007

LA COPROPHAGIE EN LEVAGE CANIN: TIOLOGIE ET TRAITEMENTS

THSE Pour le DOCTORAT VTRINAIRE Prsente et soutenue publiquement devant LA FACULT DE MDECINE DE CRTEILle

par

Gabrielle LAIRIENe le 1er Septembre 1978 Caen (Calvados)

JURY Prsident: M. Professeur la Facult de Mdecine de CRTEIL Membres Directeur: Mme BLANCHARD G. Professeur lENVA Assesseur: M. FONTBONNE A. Matre de confrences lENVA

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12 septembre 2006 LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANTDirecteur : M. le Professeur COTARD Jean-Pierre Directeurs honoraires : MM. les Professeurs MORAILLON Robert, PARODI Andr-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard Professeurs honoraires: MM. BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, LE BARS Henri, MILHAUD Guy, ROZIER Jacques

DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP)Chef du dpartement : M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur - Adjoint : M. DEGUEURCE Christophe, Professeur -UNITE DANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES - UNITE DHISTOLOGIE , ANATOMIE PATHOLOGIQUE Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur M. CRESPEAU Franois, Professeur M. DEGUEURCE Christophe, Professeur* M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur * Mlle ROBERT Cline, Matre de confrences Mme BERNEX Florence, Matre de confrences M. CHATEAU Henri, Matre de confrences Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Matre de confrences -UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE , MICROBIOLOGIE, IMMUNOLOGIE Mme QUINTIN-COLONNA Franoise, Professeur* M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur -UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE M. BRUGERE Henri, Professeur Mme COMBRISSON Hlne, Professeur* M. TIRET Laurent, Matre de confrences -UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur * M. TISSIER Renaud, Matre de confrences M. PERROT Sbastien, Matre de confrences -UNITE DE BIOCHIMIE M. MICHAUX Jean-Michel, Matre de confrences M. BELLIER Sylvain , Matre de confrences - UNITE DE VIROLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme LE PODER Sophie, Matre de confrences -DISCIPLINE : PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET MEDICALES M. MOUTHON Gilbert, Professeur -UNITE DE GENETIQUE MEDICALE ET CLINIQUE M. PANTHIER Jean-Jacques, Professeur Melle ABITBOL Marie, Matre de confrences -DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. DEPUTTE Bertrand, Professeur -DISCIPLINE : ANGLAIS Mme CONAN Muriel, Ingnieur Professeur agrg certifi

DEPARTEMENT DELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC)Chef du dpartement : M. FAYOLLE Pascal, Professeur - Adjoint : M. POUCHELON Jean-Louis , Professeur - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE M. FAYOLLE Pascal, Professeur * - UNITE DE MEDECINE M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. MAILHAC Jean-Marie, Matre de confrences Mme CHETBOUL Valrie, Professeur M. MOISSONNIER Pierre, Professeur M. BLOT Stphane, Matre de confrences Mme VIATEAU-DUVAL Vronique, Matre de confrences M. ROSENBERG Charles, Matre de confrences Mlle RAVARY Brangre, Matre de confrences (rattache au DPASP) Mme MAUREY Christelle, Matre de confrences contractuel M. ZILBERSTEIN Luca, Matre de confrences contractuel M. HIDALGO Antoine, Matre de confrences contractuel - UNITE DE CLINIQUE EQUINE M. DENOIX Jean-Marie, Professeur - UNITE DE RADIOLOGIE Mme BEGON Dominique, Professeur* M. AUDIGIE Fabrice, Matre de confrences* Mme STAMBOULI Fouzia, Matre de confrences contractuel Mme GIRAUDET Aude, Professeur contractuel Mme MESPOULHES-RIVIERE Cline, Matre de confrences contractuel -UNITE DOPHTALMOLOGIE M. CLERC Bernard, Professeur* M. PICCOT-CREZOLLET Cyrille, Matre de confrences contractuel Melle CHAHORY Sabine, Matre de confrences contractuel -UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Matre de confrences* - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES M. CHERMETTE Ren, Professeur (rattache au DPASP) M. POLACK Bruno, Matre de confrences* M. NUDELMANN Nicolas, Matre de confrences M. GUILLOT Jacques, Professeur M. FONTBONNE Alain, Matre de confrences Mme MARIGNAC Genevive, Matre de confrences contractuel M. REMY Dominique, Matre de confrences (rattach au DPASP) M. DESBOIS Christophe, Matre de confrences Melle CONSTANT Fabienne, Matre de confrences (rattache au -UNITE DE NUTRITION-ALIMENTATION M. PARAGON Bernard, Professeur * DPASP) M. GRANDJEAN Dominique, Professeur Melle LEDOUX Dorothe, Matre de confrences Contractuel (rattache au DPASP) DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du dpartement : M.MAILLARD Renaud, Matre de confrences - Adjoint : Mme DUFOUR Barbara, Matre de confrences - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE -UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES M. COURREAU Jean-Franois, Professeur M. BENET Jean-Jacques, Professeur* M. BOSSE Philippe, Professeur Mme HADDAD/ H0ANG-XUAN Nadia, Matre de confrences Mme GRIMARD-BALLIF Bndicte, Professeur Mme DUFOUR Barbara, Matre de confrences Mme LEROY Isabelle, Matre de confrences M. ARNE Pascal, Matre de confrences -UNITE DHYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS M. PONTER Andrew, Matre de confrences* DORIGINE ANIMALE M. BOLNOT Franois, Matre de confrences * - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES M. CARLIER Vincent, Professeur ANIMAUX DE BASSE-COUR Mme COLMIN Catherine, Matre de confrences M. MILLEMANN Yves, Matre de confrences* M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Matre de confrences Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur M. MAILLARD Renaud, Matre de confrences M. ADJOU Karim, Matre de confrences - DISCIPLINE : BIOSTATISTIQUES M. SANAA Moez, Matre de confrences Mme CALAGUE, Professeur dEducation Physique * Responsable de lUnit AERC : Assistant dEnseignement et de Recherche Contractuel

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REMERCIEMENTS

A notre Prsident de thse, Professeur de la Facult de Mdecine de Crteil, qui nous a fait l'honneur d'accepter la prsidence de notre jury de thse. Hommage respectueux.

A notre Jury de thse, A Madame Graldine BLANCHARD, Professeur l'ENVA, qui a bien voulu accepter la direction de ce travail et qui en a soutenu l'laboration. Profonde reconnaissance. A Monsieur Bernard-Marie PARAGON, Professeur l'ENVA, qui a assum le rle de directeur de thse au dernier moment. Remerciements chaleureux. A Monsieur Alain FONTBONNE, Matre de confrences l'ENVA, qui nous a fait l'honneur de juger notre travail. Sincres remerciements.

A Monsieur Grgory CASSELEUX, Docteur vtrinaire l'Unit de Mdecine de l'Elevage et du Sport l'ENVA, pour sa contribution ce travail. A Mademoiselle Joselyne RECH, Service Alimentation de l'ENVT et Monsieur Cdric PETIT, Service Parasitologie de l'ENVT, pour l'intrt port ce travail et le temps qu'ils nous ont consacr. A Monsieur Didier CONCORDET, Professeur l'ENVT, pour ses conseils aviss. A Monsieur Philippe PIERSON, l'initiateur de ce projet.

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A mes parents, auxquels je ddie cette thse, pour leur amour incommensurable, leur soutien, leur confiance, leurs sacrifices et leur patience. Je vous aime trs fort. A ma petite soeur Annabelle et son Allan, pour tout ce qui nous unit et tous nos fous rires. A toute la petite famille Lairie, papi, mamie, Martine et Jean-Claude, qui m'ont suivie et encourage pendant toutes ces annes. A mes futurs beaux-parents, pour leur prsence rconfortante tout au long de mes tudes vtrinaires. A Fred et Monique, pour leur prsence chaleureuse depuis toujours. A mes amis alforiens, Mlodie, Julie, Marie-ccile, Coralie, Fabrice, Pierre pour tous les joyeux moments passs ensemble. Toute mon affection. Et bien sr Nana, Duchesse, Pixie et ma Virgule, mes toutous qui m'ont donn l'envie de faire le plus beau mtier du monde, et qui me font tant sourire. A Christophe, mon futur poux, pour notre amour sincre et complice. Que son rire illumine toute ma vie.

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" J'ai regard les btes et elles m'ont enseign." VOLTAIRE

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TABLE DES MATIRESINTRODUCTION......................................................................................................................5 LA COPROPHAGIE EN LEVAGE CANIN.......................................................................7 I. LES DIFFRENTS TYPES DE COPROPHAGIE........................................................9 A) La ccotrophie...............................................................................................................9 B) Daprs lthogramme canin..........................................................................................9 II. LES FACTEURS FAVORISANT LA COPROPHAGIE..........................................10 A) Parasitoses digestives...................................................................................................11 B) Prdispositions raciales et dficits enzymatiques........................................................13 C) Gastrite chronique........................................................................................................15 D) Mauvaise digestibilit de laliment..............................................................................16 E) Carences vitaminiques .................................................................................................16 F) Troubles du comportement...........................................................................................17 1.Comptition alimentaire ............................................................................................17 2.Ennui, claustration, stress, contrainte.........................................................................18 3.Troubles hirarchiques...............................................................................................18 4.Renforcement par une correction inapproprie .........................................................18 5.Pathologies comportementales lorigine de coprophagie........................................19 a)Les troubles du dveloppement qui affectent lapprentissage des autocontrles . 19 b)Les troubles anxieux .............................................................................................19 c)La dpression dinvolution ...................................................................................20 G) Conduite dlevage......................................................................................................20 H) Ingestion dexcrments despces diffrentes.............................................................21 III. LES RISQUES LIS LA COPROPHAGIE..........................................................21 A) Impact psychologique..................................................................................................21 B) Risques sanitaires.........................................................................................................21 1.Parasites intestinaux...................................................................................................22 2.Autres.........................................................................................................................22 IV. TRAITEMENT DE LA COPROPHAGIE.................................................................22 A) Traitement des excrments..........................................................................................23 1.Retrait des excrments ..............................................................................................23 2.Aversion pour les excrments....................................................................................23 a) Traitement des excrments...................................................................................23 b) Supplment per os.................................................................................................24 c) Modification de la consistance des selles.............................................................25 d) Education..............................................................................................................25 e) Diminution de lattirance pour les selles avec lge.............................................26 B) Traitement du parasitisme digestif...............................................................................26 C) Traitement des insuffisants pancratiques...................................................................28 D) Modalits d'alimentation..............................................................................................29 1.Satit.........................................................................................................................29 a)Adaptation des repas..............................................................................................29 b)Augmentation de la quantit de fibres...................................................................30 c)Consquence: diminution de la digestibilit..........................................................30 2.Digestibilit................................................................................................................30 3.Conduite dlevage.....................................................................................................31 4.Traitement de la ration...............................................................................................32 5.Phytothrapie..............................................................................................................32

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E) Traitement des troubles du comportement...................................................................33 1.Syndrome HSHA........................................................................................................33 a)Premire phase: rtablir artificiellement la capacit sarrter seul.....................33 b)Deuxime phase: rtablir durablement la capacit sarrter seul........................33 2.Troubles anxieux........................................................................................................34 3.Dpression d'involution..............................................................................................34 a)Manifestations anxieuses.......................................................................................34 b)Altration des processus cognitifs.........................................................................34 4.Conclusion..................................................................................................................34 F) Modification des conditions techniques d'levage.......................................................36 1.Stimulations environnementales................................................................................36 2.Techniques d'apprentissage........................................................................................37 a)Rcompense...........................................................................................................37 b)Punition..................................................................................................................38 c)Acquisition de la propret......................................................................................38 V. CONCLUSION...............................................................................................................39 PRVALENCE DE LA COPROPHAGIE ET ENQUTE SUR LE PARASITISME AU SEIN DLEVAGES CANINS..............................................................................................41 I. OBJECTIFS.....................................................................................................................43 II. MATRIELS ET MTHODES...................................................................................43 A) Protocole denqute.....................................................................................................43 1.Lchantillonnage.......................................................................................................43 2.Le questionnaire.........................................................................................................43 B) La coproscopie parasitaire...........................................................................................43 1.Prlvements..............................................................................................................44 2.Examen des prlvements..........................................................................................44 a)Macroscopique.......................................................................................................44 b)Technique d'enrichissement par flottaison.............................................................45 c)Microscopique........................................................................................................45 C) Micrographies fcales..................................................................................................46 1.Technique...................................................................................................................47 2.Observations...............................................................................................................47 a)Macroscopiques.....................................................................................................47 b)Microscopiques......................................................................................................47 3.Principales applications de la micrographie...............................................................56 D) Traitement statistique des donnes..............................................................................56 III. RSULTATS................................................................................................................57 A) Atteinte des levages par la coprophagie.....................................................................59 1.Taille des levages.....................................................................................................59 2.Prvalence de la coprophagie ....................................................................................61 3. Etendue de la coprophagie dans les levages............................................................61 4.Races touches par la coprophagie.............................................................................61 B) Intrt des leveurs face la coprophagie...................................................................62 C) Profil du chien coprophage ....................................................................................62 D) Profil du chien excrteur de selles apptentes.............................................................65 E) Tentatives de lutte contre la coprophagie.....................................................................65 F) Frquence des vermifugations......................................................................................67 1.Vermifuges utiliss ....................................................................................................67 2.Frquence selon la catgorie de chien........................................................................67 3.Un levage dont la frquence de vermifugation est leve est-il moins confront la coprophagie qu'un levage dont la frquence de vermifugation est moindre?.............68 2

G) Prvalence parasitaire..................................................................................................68 1.Giardia duodenalis......................................................................................................69 a)Un levage parasit par Giardia duodenalis a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie?.........................................................................................................69 b)Les selles apptentes sont-elles parasites par Giardia duodenalis?.....................69 2.Trichuris vulpis..........................................................................................................70 a)Un levage parasit par Trichuris vulpis a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie?.............................................................................................................70 b) Les selles apptentes sont-elles parasites par Trichuris vulpis?.........................70 3.Coccidies....................................................................................................................70 a)Un levage parasit par des coccidies a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie?.............................................................................................................70 b) Les selles apptentes sont-elles parasites par des coccidies?..............................71 4.Toxocara canis............................................................................................................71 a)Un levage parasit par Toxocara canis a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie?.............................................................................................................71 b) Les selles apptentes sont-elles parasites par Toxocara canis?..........................72 5.Infestation parasitaire globale....................................................................................72 H) Consistance des selles convoites................................................................................72 I) Digestibilit...................................................................................................................73 1.digestibilit globale qualitative de laliment..............................................................73 2.Les selles apptentes sont-elles issues d'une mauvaise digestibilit de l'aliment?.....73 IV. DISCUSSION................................................................................................................74 A)Protocole.......................................................................................................................74 1.Echantillon: biais........................................................................................................74 2.Questionnaire.............................................................................................................74 3.Mthode: limites de l'examen coproscopique............................................................75 a)Niveau dexcrtion des oeufs.................................................................................75 b)Biologie du parasite...............................................................................................75 c)Insuffisance de la technique...................................................................................75 d)Artfacts.................................................................................................................76 B) Rsultats.......................................................................................................................77 CONCLUSION.........................................................................................................................78 ANNEXES................................................................................................................................81 ANNEXE I: ETUDE DE LA TRICHUROSE, LA TOXOCAROSE CANINE, LA COCCIDIOSE ET DE LA GIARDIOSE. ............................................................................83 ANNEXE II: QUESTIONNAIRE COPROPHAGIE...........................................................88 ANNEXE III: CODIFICATION DES REPONSES AU QUESTIONNAIRE.....................96 ANNEXE IV: RESULTATS DES COPROSCOPIES PARASITAIRES..........................112 ANNEXE V: RESULTATS QUALITATIFS DES MICROGRAPHIES FECALES........117 ANNEXE VI: GRILLE DE SCORE DES SELLES...........................................................120 LISTE DES TABLEAUX.......................................................................................................122 LISTE DES PHOTOS.............................................................................................................124 LISTE DES DESSINS............................................................................................................126 LISTE DES FIGURES............................................................................................................128 RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES................................................................................130

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INTRODUCTIONAu sens tymologique du terme, la coprophagie se dfinit comme lingestion (gr. phagein) volontaire dexcrments (gr. kopros) [35]. La coprophagie est un phnomne courant chez les canids: leur attirance naturelle pour leurs excrments ou ceux des autres est indniable [4, 45]. Contrairement aux humains, ils ne sont absolument pas dgots par les matires fcales, il suffit de songer avec quelle mticulosit et quel intrt ils les reniflent: tous les gots sont dans la nature! La coprophagie est un trouble du comportement alimentaire frquemment rencontr en chenil. Face ce sujet frquent de plainte des leveurs, le vtrinaire se trouve bien souvent dmuni pour les conseiller. Plusieurs questions se posent alors: La coprophagie est-elle une pathologie ou un comportement normal? Quelle est son origine? Quels risques reprsente ce comportement pour lanimal coprophage et pour llevage? Quels traitements peuvent-tre entrepris? Cette tude a pour objet de fournir les informations pidmiologiques ncessaires pour tablir une base dtude de ce problme rcurrent. Dans une premire partie bibliographique, nous tudierons les multiples facteurs qui conduisent le chien manger ses selles et les diffrents traitements entreprendre selon la cause tablie. Bien souvent, on ne peut qumettre des hypothses. En effet, bien que ce soit un problme commun, peu de recherches ont t faites sur la coprophagie chez le chien et actuellement, les causes ne sont pas bien connues [41, 44, 50]. La deuxime partie, exprimentale, fait un tat des lieux de ce comportement au sein d'une trentaine d'levages volontaires, en France en explicitant sa prvalence et en mettant en vidence son troite relation avec le parasitisme intestinal.

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PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE LA COPROPHAGIE EN LEVAGE CANIN

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I. LES DIFFRENTS TYPES DE COPROPHAGIEIl convient avant tout de dfinir les limites de la coprophagie physiologique par rapport la coprophagie pathologique.

A) La ccotrophieLa coprophagie a t rapporte dans la littrature scientifique pour la premire fois chez le lapin, en 1882 [68]. En 1911, le fait que les Lagomorphes mangent leurs propres excrments est largement accept [68]. Ce comportement savre physiologique chez certaines espces (rongeurs except la gerbille, lagomorphes), chez lesquelles certains nutriments essentiels (vitamines B, minraux, acides amins) sont produits par les synthses bactriennes de la flore ccale [68]. Les capacits dabsorption et dassimilation de ces nutriments tant trs limites au niveau des portions postrieures du tube digestif, ces animaux doivent ncessairement ingrer leurs propres djections (ou celles des congnres) sous peine de graves carences alimentaires (un lapin auquel on interdit ce comportement meurt en 2-3 semaines). On parle alors de ccotrophie [66, 68]. Le lapin produit deux types de fces: des humides, claires et recouvertes de mucus durant la nuit et des sches, en grain, au cours de la journe. Les fces molles sont directement consommes la sortie de lanus, au petit matin.

B) Daprs lthogramme caninEn ce qui concerne le loup et le chacal dor, anctres de nos amis quatre pattes, rien na t crit ce sujet [56, 70]. Lors de la priode nonatale, le lchage des selles des jeunes chiots par leur mre est physiologique. A la fin du repas, la mre retourne ses chiots et les toilette. Durant ces soins, elle stimule la rgion prinale, dclenchant ainsi lmission des selles et des urines, djections quelle ingre. Ce rflexe primaire de lchage est indispensable en labsence de lautonomie neurovgtative (contrle des sphincters immature chez le nouveau-n) quest le rflexe prinal. Ce rflexe de la mre disparat vers J21-J28, lorsque le petit passe une alimentation solide [4, 41, 45, 50, 56, 74]. Ce rflexe permettrait encore, lorigine, de laisser lendroit propre, non seulement pour des raisons dhygine (diminution du risque de maladies), mais aussi afin dliminer les odeurs qui pourraient attirer les prdateurs [44, 46, 66, 70, 73]. Puis ce comportement va se ritualiser et acqurir une nouvelle signification en devenant peu peu un geste de soumission passive. Par la suite, lorsque le chiot explore oralement son environnement, il peut ingrer des excrments. Ceci est frquent jusqu lge de 6 mois et nest pas pathologique: le chiot explore ce vaste monde avec la gueule et tablit, par la mme occasion, une microflore intestinale [4, 5]. Ce comportement tend disparatre par la suite. Sil persiste ou rapparat plus tard, alors, cette coprophagie rgulire envers des fces de chien matures est, elle, considre comme un trouble du comportement alimentaire chez le chien (sauf quand il consomme des excrments despces diffrentes) [33, 45, 58, 73].

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Il est maintenant important de dfinir les diffrents types de coprophagie [28, 44]: Lautocoprophagie concerne les animaux mangeant leurs propres excrments, elle est considre comme un trouble du comportement alimentaire. La coprophagie intraspcifique (ou allocoprophagie) concerne les animaux mangeant les excrments dun autre animal appartenant la mme espce, elle est considre comme pathologique (mais, nous le verrons, peut rvler un trouble digestif de lanimal metteur). La coprophagie interspcifique concerne les animaux mangeant les excrments dune autre espce, elle nest pas considre comme pathologique. Des observations faites en Afrique et en Inde ont montr que les chiens des villages avaient le mme comportement avec les enfants: ils se prcipitent ds quils les voient saccroupir pour ingrer leurs fces, puis leur lchent larrire-train. Ce comportement perdure tant que les enfants sont nourris au lait et il est tellement apprci quil existe un ordre de priorit entre les chiens, chaque individu revendiquant les excrments des enfants de sa famille adoptive [70]! La coprophagie sobserve galement chez dautres animaux comme certains insectes et oiseaux, les porcelets, les poulains nouveau-ns et les primates non humains, mais de faon beaucoup moins systmatique. Le rgime alimentaire des gorilles, exclusivement vgtarien, est difficile recrer en captivit: sensibles, beaucoup de gorilles captifs prsentent des troubles alimentaires comme la coprophagie [58, 66, 68]. Ce trouble est souvent li des causes favorisantes quil convient dexplorer avant dinitier un traitement. Avant toute analyse, une visite dlevage permet souvent de dtecter les facteurs environnementaux initiant ou aggravant ce trouble du comportement. Ce nest qualors quun traitement dittique, mdical ou comportemental pourra tre entrepris.

II. LES FACTEURS FAVORISANT LA COPROPHAGIEUn excrment dans lequel persistent des nutriments peu ou pas digrs (matire grasse, fibres musculaires, amidon) reste en gnral apptissant aussi bien pour lexcrteur que pour ses congnres [61]. Il ne faut donc pas toujours rechercher la cause dune coprophagie chez le mangeur mais parfois chez un colocataire La persistance dlments non digrs dans les selles a des origines varies.

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Tableau 1: Facteurs associs la coprophagie [41, 44]. Comportement Forte dominance ou soumission extrme envers le propritaire Punition inapproprie Pour attirer lattention du propritaire Chenil confin induisant stress et comptitivit Pathologie comportementale Confinement induisant ennui et activits exploratoires rediriges sur les fces Jeunes animaux naturellement attirs par les fces Troubles gastrointestinaux Gastrite chronique Infestation parasitaire (helminthe, protozoaire) Polyphagie lie un dficit enzymatique Alimentation Mauvaise digestibilit de laliment Suralimentation (ration riche en matires grasses) Sous-alimentation (ration pauvre ou pas assez frquente) Carence vitaminique

Le tableau 1 numre les troubles comportementaux et mtaboliques pouvant tre associs la coprophagie. Pour la plupart dentre eux, beaucoup dautres symptmes accompagnent la coprophagie (en particulier la diarrhe) qui ne constitue quun petit aspect de ces troubles.

A) Parasitoses digestivesLimportance que revt la parasitologie dlevage sexplique videmment par la dfinition mme du chenil dlevage: tout lieu abritant la coexistence et la reproduction dune collectivit de chiens (meute de chiens de chasse, chenils de chiens de travail, levages produisant des chiens de compagnie) [37]. De par la promiscuit des chiens et malgr les mesures de prophylaxie, un chenil constitue une source de parasites varis; les chiens sont soumis des conditions stressantes influenant lampleur des parasitoses. De mme des caractres propres aux locaux et au matriel sont susceptibles de favoriser les parasitoses: la circulation des animaux et du matriel doit toujours se faire du propre vers le sale, sans jamais de possibilit de retour vers le propre. Llimination des dchets, des djections et du matriel souill doit tre la plus rapide possible, la conservation des aliments doit se faire dans des locaux secs, ars, isol du chenil et bien sr, il convient dassocier lhygine du personnel. Le chenil concentre les conditions idales pour laccomplissement des cycles parasitaires [17]. Un parasitisme digestif intense peut conduire la coprophagie, suite aux carences occasionnes par les diffrents agents. En effet, de nombreux parasites digestifs du chien (helminthes, protozoaires) peuvent tre lorigine dun phnomne de malabsorptionmaldigestion: lassimilation glucidique, protique ou lipidique de la ration est perturbe, rendant les selles apptentes.

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Pathognie de la malabsorption-maldigestion (exemple de Giardia duodenalis)La pathognie du syndrome malabsorption-maldigestion a t principalement tudie chez lhomme et les animaux de laboratoire qui ont servi de modles pour les autres espces. Il est encore difficile de dire si ce syndrome est la cause ou la consquence de lexpression clinique de la maladie [10]. La giardiose clinique est trs probablement lie la notion de souche virulente et la fragilit de lhte (statut physiologique, nutritif ou immunitaire dficient) [10]. Le phnomne de malabsorption-maldigestion semble rsulter la fois dune action mcanique et biochimique du parasite. Les Giardia forment un tapis la surface des entrocytes et perturbent mcaniquement labsorption intestinale des nutriments. Lhyperscrtion de mucus, induite par les parasites, gne aussi les changes au niveau des entrocytes. De plus, la surface dchange est diminue car les villosits sont altres et atrophies suite un rarrangement de leur cytosquelette. Tous ces phnomnes expliquent que la surface dchange soit diminue et donc que labsorption des nutriments (vitamine B12, folates, lactose, triglycrides...) soit rendue difficile [10, 43]. La malabsorption-maldigestion est galement due laction enzymatique dficiente. Les parasites inhibent la lipase pancratique do la malabsorption des graisses [10]. Le renouvellement des entrocytes est acclr et leur diffrenciation nest pas complte, do un quipement enzymatique insuffisant pour le transport de certaines molcules [43]. Les parasites semblent librer des substances susceptibles de modifier le mtabolisme de la bordure en brosse et diverses actions enzymatiques (diminution des activits saccharase et phosphatase des entrocytes) [10]. La diarrhe observe est surtout due un trouble de labsorption plutt qu une augmentation de la scrtion [10]. Les ascarides, coccidies, trichures et giardia [ANNEXE I] sont les parasites les plus frquemment retrouvs lors de coproscopies parasitaires collectives (ralises partir dun mlange de selles de chiens suspects) effectues dans les chenils confronts la coprophagie. Linfestation par les Giardia est frquemment asymptomatique, mais peut galement gnrer une expression clinique varie. Occasionnellement, la giardiose peut voluer sous la forme dun syndrome malassimilation avec des pisodes de diarrhe chronique prenant son origine dans lintestin grle [1, 33]. La coproscopie est donc lexamen complmentaire effectuer en priorit lors de coprophagie. En effet, 90% des chenils confronts ce trouble prsentent une coproscopie parasitaire collective positive au moins un parasite digestif. Le mlange dchantillons de selles provenant de plusieurs chiens permet daugmenter les chances didentifier le ou les parasites en cause [63]. Les faux ngatifs sont nombreux et il convient, en toute rigueur, de nexclure une hypothse parasitaire quaprs deux rsultats ngatifs trois jours dintervalle [2]. La coprophagie participe laccomplissement des cycles parasitaires en chenil et lautoentretien du cercle vicieux maldigestion-coprophagie . Lemploi systmatique, par toujours bon escient, des antiparasitaires par les leveurs et, ne le cachons pas, par les vtrinaires praticiens, favorise aussi les rinfestations et les mergences des parasitoses digestives (slection des parasites rsistants aux vermifuges les plus utiliss).

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B) Prdispositions raciales et dficits enzymatiquesIl existe de grandes variations individuelles: certains chiens perdent cette habitude en vieillissant, dautres sy adonnent occasionnellement (surtout lhiver) voire trs rgulirement, dautres dveloppent une dpendance vie [51]. Si les chiens de grandes races semblent prdisposs aux troubles de la digestion ou de lassimilation (la longueur de leur tube digestif tant proportionnellement plus rduite que chez les chiens de petit format), les petites races de type Shih-Tzu, Lhassa-Apso, Cavaliers King Charles, Pkinois, Caniche, Cocker prsentent paradoxalement plus souvent de la coprophagie en collectivit [4, 66]. Lhydrocphalie peut tre un facteur associ la coprophagie [4]. Certaines races rustiques (Beaucerons, chiens de chasse ou races nordiques) [photo 1], voire certaines lignes [37, 51, 53, 63], sont plus frquemment atteintes dun dficit en amylases, donc plus volontiers coprophages puisque il existe une persistance de grains damidon apptents dans les selles (mis en vidence par le test au Lugol) [58]. Cette prdisposition se manifeste gnralement entre 4 et 10 mois et lintensit de cette activit diminue aprs un an. Lorsque toutes les autres causes de coprophagie ont t exclues, les chiens de ces races peuvent bnficier dune ration alimentaire restreinte en amidon ou dune ration dont lamidon a subi des traitements thermiques (cuisson) et/ou mcaniques (crasement) amliorant sa digestibilit.

Photo 1: Chien de chasse ingrant ses propres selles ou celles dun congnre [73].

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En effet, de nombreux dficits enzymatiques, quils soient dorigine pancratique, hpatobiliaire (cholestase) ou intestinale, favorisent lexcrtion dlments non digrs, les fermentations, les putrfactions coliques, lorigine de borborygmes et de flatulences et les prolifrations bactriennes indsirables [1, 37, 45]. Parmi ces dficits, linsuffisance pancratique exocrine (IPE) est une affection frquente chez le chien [42]. Chez le chien, les pathologies qui ont pour signes cliniques une IPE sont une atrophie pancratique juvnile, une pancratite chronique et une tumeur pancratique. La prvalence de ces diffrentes maladies du pancras est difficile valuer car l'examen anatomopathologique de l'organe est ncessaire pour le diagnostic. Cependant, l'atrophie pancratique semble, de loin, la cause la plus importante de l'IPE chez le chien [78]. Une prdisposition gntique (sur un mode autosomique rcessif) pour l'atrophie pancratique existe chez le Berger Allemand et le Colley. Les signes de maldigestion, typiques de l'IPE, apparaissent d'habitude l'ge de 1 5 ans [78]. D'aprs Westermarck et al. [77], l'atrophie pancratique du Berger Allemand est due une maladie autoimmune dgnrative qui conduit progressivement la destruction presque totale des cellules acineuses et donc une diminution de scrtion des enzymes digestives. Le pancras exocrine joue un rle majeur dans les phases initiales de la digestion des protines, des lipides et de lamidon par sa scrtion denzymes protolytiques, lipolytiques et amylolytiques. La rserve fonctionnelle de cet organe est importante puisque des signes dIPE napparaissent que si au moins 85% du tissu exocrine est dtruit [82]. Cliniquement, lIPE se caractrise par une polyphagie, un amaigrissement, lmission frquente de selles bouseuses daspect gras (statorrhe) et de couleur mastic [photo 2, tableau 2] et ventuellement une coprophagie [1, 42, 76]. Linsuffisance pancratique entrave toute la digestion, degr plus ou moins variable selon la progression de laffection [3, 67, 81, 82]. Photo 2: Statorrhe vocatrice de giardiose ou dinsuffisance pancratique exocrine. Les selles ont un aspect jauntre, luisant, gras et pteux. Les matires grasses rsiduelles sont responsables de la forte apptence de ces excrments pour les congnres [8].

Ces symptmes sobservent galement lors dinfestation du duodnum par des giardia, qui perturbent lactivit des enzymes pancratiques. La coprophagie sobserve donc frquemment dans ces deux cas, un stade avanc [51]. Tous les chiens souffrant dinsuffisance pancratique ne sont pas ncessairement coprophages [66]. 14

Tableau 2: Signes cliniques et rsultats du test TLI (Trypsine Like Immunoreactivity)-FolatesB12 lors dIPE chez le chien [2, 8].

Signes cliniques principaux Diarrhe chronique Statorrhe (selles argileuses) Amaigrissement (malgr lingestion dune grande quantit de nourriture) Apptit gnralement augment Poil terne, piqu Pica et coprophagie frquents Augmentation ventuelle de la consommation deau

Rsultats du test TLI-Folates-B12 TLI (5-35 g/L) : , < 2,5g/L par non scrtion du pancras Folates (0.5-4 g/L): N ( si associ une surpopulation bactrienne dans lintestin grle) Vitamine B12 (100-350 ng/L): N ( si associ une surpopulation bactrienne dans lintestin grle) par non disponibilit du facteur pancratique dabsorption de la vitamine B12

Selon une tude effectue en 1995, 20% des chiens insuffisants pancratiques prsentent un comportement coprophage et 60% dentre eux cessent dingrer leurs propres excrments aprs linstauration dun traitement aux enzymes pancratiques [58]. Toutefois, les mmes rsultats ne peuvent pas tre obtenus dans les collectivits canines o le comportement dimitation entretient la coprophagie, mme aprs le traitement de lIPE.

C) Gastrite chroniqueLe pica est un trouble du comportement alimentaire qui se traduit par une propension lingestion dherbe, de terre, de cailloux ou au lchage des matriaux environnants (sols, murs, grillage). Ce trouble du comportement est parfois li une carence dapport ou dabsorption, ou une exacerbation du comportement exploratoire (syndrome Hypersensibilit-Hyperactivit ou HS-HA, dpression dinvolution). Des biopsies de la muqueuse gastrique ralises sur des carnivores domestiques qui souffrent de pica prsentent frquemment une gastrite chronique . Ainsi, contrairement une ide reue selon laquelle lanimal se purge de ses parasites en mangeant de lherbe ou que ce phnomne soit li une carence alimentaire, le comportement de pica serait plus souvent li un phnomne d irritation stomacale incitant lanimal ingrer ou lcher toutes sortes de matires a priori non comestibles mais riches en fibres insolubles (cellulose de lherbe, lignine du bois). Par exprience, le chien associe la consommation excessive dherbe au vomissement qui sensuit: lors de drangement gastrique lanimal cherchera ingrer de lherbe afin de se soulager [33]. Le chien ne mange pas dherbe pour se dbarrasser de ses parasites intestinaux. La consommation dherbe est plus gnralement relier une douleur gastrique. Nanmoins, dans certains cas, lorsque les parasites ont une localisation gastrique ils peuvent occasionner une douleur lorigine de consommation dherbe par le chien [33]. Ainsi, le pica serait secondaire la gastrite et non la cause de cette inflammation, il ne ferait quaggraver la gastrite prexistante. Lirritation duodno-gastrique est souvent observe en levage, elle est souvent lie la prsence de Giardia duodenalis [60]. La coprophagie pourrait alors tre incluse dans le syndrome pica et certains chiens coprophages classs parmi les patients potentiellement atteints de gastrite chronique. Ceci prend toute son importance quand on sait que la gastrite chronique est une affection prdisposant au syndrome dilatation-torsion de lestomac chez les chiens de grande race. 15

Mme sans aller jusqu provoquer un syndrome de dilatation-torsion, les indigestions gastriques sensibilisent une mauvaise strilisation bactrienne du bol alimentaire, une mdiocre prdigestion par la pepsine et une vidange massive et irrgulire de lestomac qui compromet lefficacit de la digestion dans lintestin grle [81].

D) Mauvaise digestibilit de lalimentLtude de nombreux aliments pour chien montre que la composition chimique des fces dpend directement de la composition des aliments et de leur digestibilit. La quantit de protine, leur valeur biologique et les fibres vgtales exercent linfluence la plus significative sur la consistance et lodeur des fces. Les fces pourraient contenir divers lments nutritifs nayant pas t compltement digrs et donc susceptibles dtre ingrs nouveau puisque apptents. Une maldigestion peut avoir des causes nombreuses et varies: changements brutaux de rgimes alimentaires, surcharges alimentaires, excs de glucides ou de protines enzymorsistants et dgradables par les bactries intestinales, nourriture trop riche en matires grasses [26, 54, 70, 81] Le fait de manger les selles est la fois renforc par la valeur nutritionnelle accrue des fces et par un apptit grandissant d la faiblesse de labsorption [51]. Bien que de plus en plus rare, lingestion daliments peu digestibles de mauvaise qualit conduit, soit un dysmicrobisme caeco-colique dorigine glucidique (crales, fibres vgtales) responsable de la production dacides gras volatils par fermentation dans les selles, soit la production de dchets putrides par maldigestion protique (collagne mal cuit, aponvroses, tendons, kratine de poils, cuir, cornes ou plumes). Ces matires fcales altres de pH alcalin peuvent prsenter une apptibilit rsiduelle pour les chiens, et donc les inciter la coprophagie. Une restriction isole de 25, 40 et 50% de la densit nergtique de laliment ne semble, en revanche, avoir aucune influence sur la coprophagie [28].

E) Carences vitaminiquesOn a longtemps considr quun chien qui mange ses excrments est un animal qui prsente des carences alimentaires (en fer notamment), Dame Nature se chargeant de rtablir lquilibre [53, 68] Malheureusement pour cette ide reue , on ne parvient pas chez les chiens coprophages dmontrer lexistence dun quelconque dsquilibre mtabolique [64]. On peut aussi mettre plusieurs chiots sous le mme rgime alimentaire et seulement un seul prsentera un comportement coprophage. La plupart des chiens prsentant un comportement coprophage nont pas de signes cliniques voquant de carences. Exprimentalement un comportement coprophage a t rapport chez des chiens carencs en thiamine (vitamine B1). Cependant cette carence doit tre extrmement svre, situation rarement vue en pratique. Cliniquement, la carence en thiamine (2,7g de thiamine pour 100g daliment) provoque lors de la phase dinduction chez le jeune Beagle un ralentissement de la croissance puis une diminution de lapptit, un amaigrissement et de la coprophagie. Au stade final (au quatrime mois environ), on observe soit des troubles neurologiques (lthargie, dpression, parsie, ataxie, nystagmus, torticolis, exophtalmie, convulsion) soit une mort subite [65]. Les fces tant une source abondante de vitamines B en gnral synthtises par les micro-organismes, la coprophagie reflterait ce besoin de supplmentation en thiamine et 16

participerait mme la survie des chiens carencs en thiamine (cependant, le facteur de stress environnemental ne peut tre exclu du rsultat dune telle exprience) [51, 65]. Ladjonction systmatique de vitamine B aux rations alimentaires des chiens coprophages ne se justifie pas, mme si cet apport supplmentaire ne prsente gnralement pas de risque de toxicit. En effet la carence en thiamine est de plus en plus rare dans les pays dvelopps chez des chiens nourris avec un aliment industriel (tissus animaux et vgtaux riches en thiamine), mme si la thiamine est dtruite par la chaleur (exemple: 28mg de vitamine B1 par kg dun aliment sec pour chien adulte Royal Canin ). Les cas de coprophagie lis une carence alimentaire sont donc une cause anecdotique chez le chien. Bien quil ait t dmontr que les animaux vitent la nourriture qui les rend malades [73], notamment lorsquils y ont t duqus par leur mre ou leurs congnres, ltat actuel des travaux sur le chat et le chien ne permet pas de penser (except pour le sel) que les animaux recherchent et ingrent intentionnellement de la nourriture pour combler une dficience nutritionnelle spcifique [45, 73].

F) Troubles du comportementLthologie permet daffirmer que les conditions du dveloppement sont dterminantes pour les comportements futurs de lanimal. Le comportement dun chien rsulte de 3 influences distinctes: lapport gntique, les conditions de dveloppement et les contrles apports par lducation. Linfluence de lleveur sur ces 3 points en fait un responsable de choix dans nombres de troubles [55]. De nombreuses thories comportementales ont t avances pour expliquer le comportement coprophage. Il semblerait que beaucoup de chiens dveloppent un comportement coprophage pour des raisons comportementales, parfois imputables llevage [45, 55].

1. Comptition alimentaireLa comptition alimentaire entre plusieurs chiens (chiens de meute, dominance hirarchique, gloutonnerie) peut entraner, non seulement une augmentation de la vitesse dingestion des repas, mais aussi une surconsommation acclrant le transit digestif ou dpassant les capacits digestives enzymatiques, et conduisant ainsi une mauvaise assimilation des nutriments. Par consquent, certains lments non digrs peuvent se retrouver intacts ou ferments dans les selles qui prsentent alors une apptibilit rsiduelle. Le mme phnomne avec les mmes consquences est rencontr quand la ration distribue est quantitativement trop importante. Une analyse rvlant une maldigestion protique (fibres musculaires non hydrolyses) et lipidique (globules gras) est vocatrice dune simple acclration du transit.

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2. Ennui, claustration, stress, contrainteLennui (stimulation environnementale insuffisante), la claustration, le stress (li aux conditions dlevage ou un vnement extrieur comme un orage ou des renards errants), la contrainte ou lanxit (dans le cadre du syndrome de privation li la pauvret en stimuli ou lors de dpression de dtachement prcoce lie la mort de la mre ou une sparation) [56, 66] peuvent dclencher un pisode transitoire de coprophagie. Par imitation (des congnres ou de lleveur qui ramasse les crottes), ce trouble du comportement se propage rapidement tous les chiens de llevage [44, 70]. Ce qui nous fait nous poser la question: quest ce qui a amen le premier chien initier ce comportement coprophage? Le stress en levage canin peut tre voqu lors de vocalises, strotypies, automutilations, activits de substitution, coprophagie, potomanie, baisse de libido et de prolificit, dfcations nombreuses avec mucus... En effet, un stress environnemental peut contribuer une varit de comportements redirigs dont la coprophagie [6, 51].

3. Troubles hirarchiquesLes chiens domins sont enclins se rouler dans les excrments des chiens dominants afin de simprgner des phromones vhicules, ils les mangent et sont mme amens prsenter dautres comportements atypiques [44, 63]. Ils sont galement prdisposs la coprophagie, sans doute pour faire disparatre toute trace olfactive de leur passage. Il arrive que des chiens mangent une partie de certaines selles et se roulent dans le reste. On peut observer chez les plus soumis, un refus de dfquer sur les aires communes. Il est permis de penser que le chien cherche modifier certaines de ses relations olfactives, pour finalement modifier le contact social. On na malheureusement pas trace dtudes tendant prouver que les chiens mangeant et se roulant dans les selles sont des sujets domins et si les producteurs de ces excrments sont des dominants [64]. On a observ des loups de trs bas rang qui faisaient leurs besoins dans des cours deau ce qui a pour consquence dliminer toute trace de leur prsence [70].

4. Renforcement par une correction inapproprieUne correction inapproprie lors dun pisode de malpropret incite lanimal faire disparatre ses excrments par un comportement coprophage [32, 41, 63]. En effet, lors de punition abusive (trop svre ou retardement) du chiot la dcouverte dexcrments dans la maison, le chiot fait la relation entre prsence de fces dans la maison et punition et non pas entre limination et punition: il sagit dune mauvaise ducation la propret [52, 58, 70]. Il peut aussi sagir dune sorte de comptition entre le chien et son matre [52]: quand le matre se dpche de ramasser les crottes pour que son chien ne les ingre pas, le chien cherche alors les ingrer le plus vite possible pour ne pas en tre priv. Le chien sadonnerait ce comportement car il aurait trouv le moyen infaillible dattirer lattention de ses matres, mme si ces derniers sont persuads de le punir en criant et en le poursuivant (pour Mdor, quel jeu merveilleux!) [70]. La coprophagie peut ainsi tre un moyen dattirer lattention, conditionn par la raction de lleveur [66]. Cela peut aussi constituer un jeu, les selles devenant alors une rcompense [44, 51]. Lapprentissage de la propret est fondamental pour viter ce type de comportement. Il convient de souligner limportance des conseils donns par lleveur au moment de lachat.

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5. Pathologies comportementales lorigine de coprophagieLes troubles du comportement parfois lorigine de coprophagie en chenil sont de trois ordres [58]. a) Les troubles du dveloppement qui affectent lapprentissage des autocontrles Lors de la priode de socialisation (de lge de 22 jours 3 mois), le chiot va acqurir ses autocontrles, cest dire le contrle de la pression de sa mchoire, en fonction de la raction de ses congnres et dune faon plus large le contrle moteur, grce aux jeux avec la fratrie et au rle rgulateur de la mre. Cest aussi ce moment l que se fait la mise en place de lhomostasie sensorielle, de la socialisation intra et interspcifique, de la communication, de la hirarchisation et du dtachement [32, 58]. Le syndrome dhypersensibilit-hyperactivit correspond un trouble du dveloppement concernant un dficit des autocontrles moteurs et/ou un trouble de lhomostasie sensorielle. Les chiens concerns ont une activit locomotrice exacerbe avec des manifestations trs productives (mordillements, destructions, malpropret, aboiements). Ils sont hypervigilants, ragissent au moindre signal sonore. Cette hypersensibilit entrane une incapacit de concentration et dapprentissage [14, 15, 55]. Ce sont des chiens qui mangent trs vite, ils sont goulus et insatiables. Leur comportement exploratoire est exacerb et dstructur avec une exploration orale trs importante, ils ingrent nimporte quoi. Lleveur est partiellement responsable de cette priode et donc de lacquisition des autocontrles. Ce sont essentiellement les conditions techniques dlevage qui sont en cause. La premire cause est la sparation prcoce de la mre et des chiots (mort de la chienne, sparation pour prserver les mamelles dune chienne de concours, mre immature). La seconde cause rsulte dune hypostimulation sensorielle des chiots. Le futur propritaire a lui aussi sa part de responsabilit. Il faut bien choisir son levage, et ne pas acheter un chiot de moins de 8 semaines. Il faut sanctionner les mordillements et ne pas favoriser les phases dexcitation. b) Les troubles anxieux Lanxit est un tat ractionnel caractris par laugmentation de la probabilit de dclenchement de ractions motionnelles analogues celles de la peur, en rponse toute variation du milieu. Le chien ressent une situation comme une agression, et il ne peut pas ragir par la fuite. Il dveloppe donc des attitudes danxit. Ce trouble motionnel est caractris par des manifestations neurovgtatives et des activits substitutives exacerbes [32]. Le tableau clinique comporte trois formes danxit. lanxit paroxystique (crises de courte dure) qui reste rare (Yorkshire): tachycardie, tachypne, syncope, diarrhe lanxit intermittente (dsordres prolongs et priodes de rmission), prsente surtout chez le chien domin jeune: vomissements, billements, ructations, diarrhe, ptyalisme, mictions motionnelles, agressivit et hypervigilance lanxit gnralise (expression continue): activits substitutives (potomanie, boulimie, lchage), diminution gnrale des activits de lanimal 19

Dans les stades avancs (anxit gnralise), les troubles anxieux se manifestent par une exploration orale exacerbe: la coprophagie fait alors partie de la catgorie des activits substitutives . c) La dpression dinvolution Laugmentation de lesprance de vie de nos carnivores domestiques saccompagne de lmergence de troubles comportementaux lis au vieillissement dont la dpression dinvolution. Le vieillissement, phnomne physiologique invitable, est alors pathologique. Il faut y penser systmatiquement devant un chien de plus de 7 ans [36]. La dpression est un tat ractionnel caractris par une diminution de la rceptivit aux stimuli et une inhibition spontanment irrversible [56]. Linvolution perturbe les rponses comportementales et ltat motionnel. La dpression est de type chronique, les chiens atteints prsentent une dsorganisation cognitive et affective trs profonde. On assiste une perte des acquis comportementaux issus de la socialisation avec ses congnres et avec lhomme. Ils deviennent malpropres, ne rpondent plus aux ordres, ne grent plus les interactions sociales (disparition des rituels, agression, absence de soumission), ne supportent plus les changements, ne jouent plus et recommencent explorer leur environnement par voie orale [56]. Des troubles dpressifs apparaissent comme lanorexie, les perturbations du sommeil, les hurlements... Dans ce cas, on peut considrer que la coprophagie est mettre sur le compte des phnomnes rgressifs qui accompagnent cette maladie et font rapparatre des comportements infantiles.

G) Conduite dlevageLa gestion de lalimentation de la collectivit canine est un ple important pour la rentabilit de llevage. Les repas des chiens sadonnant cette habitude repoussante qu'est la coprophagie pourraient tre trop pauvres, pas assez consistants ou trop espacs dans le temps. La faim pourrait entraner un comportement coprophage [44, 51]. Le chien aurait naturellement envie de plusieurs repas au cours de la journe, do la coprophagie pour se sentir rassasi. Mais cette hypothse semble peu crdible: une recherche montre en effet que le passage dune nourriture ad libitum un rgime restreint ou linverse na aucun effet sur le nombre de passages lacte [70]. Une variation trop frquente de la composition de la ration alimentaire peut galement conduire la coprophagie [26]. De plus, une alimentation riche en amidon favorise la coprophagie, alors quune alimentation riche en lipides et en protines freine ce comportement [51]. Lors des pics de croissance, une ration faible apport nergtique peut conduire le chiot un comportement de coprophagie [53]. Il semble parfois y avoir une association entre le comportement coprophage et de mauvaises conditions dlevage, notamment la dtention dun trop grand nombre de chiens dans un espace trop restreint et des conditions dhygine dplorables [70]. 20

H) Ingestion dexcrments despces diffrentesLes chiens de tous ges, mles et femelles, sont extrmement attirs par les djections des herbivores et consomment aussi les fces dhumains et de chats (les couches de bbs sont frquemment recherches dans les ordures par les chiens de compagnie). Les chiens semblent mme tre utiliss dans les pays en dveloppement pour nettoyer les abords des villages des fces humaines [73]. Une tude estime plus de 40% la proportion de chiens sains qui consommeraient volontiers, sils en avaient loccasion, des selles de chat et prs de 60% la proportion de chiens attirs par tout type dexcrment [63]. La consommation occasionnelle de selles de chat, qui reste mal comprise mais commune, ne doit donc pas tre considre comme un trouble du comportement alimentaire chez le chien. Les selles de chat sont riches en protines et donc attirantes pour un carnivore [4]. De mme, lingestion de bouse de vache ou prfrentiellement de crottin de cheval par les chiens de ferme sapparenterait plus un comportement de pica qu une coprophagie vraie [58]. Ce sont des sources de produits issus de la fermentation microbienne, de matires vgtales partiellement digres, de vitamines B et surtout dacides gras volatils dont la flaveur est attirante pour un chien [4, 45]. Les carnivores sauvages mangent aussi des fces de leurs proies herbivores, sources de nutriments [41, 45, 50]. La coprophagie peut donc tre naturellement rpandue chez les chiens [50]. Apparemment, les fces des autres espces sont trs apprcies des chiens et le phnomne est si rpandu quon peut le considrer comme un comportement physiologique. Le bnfice dun tel comportement, sil existe, est inconnu [73].

III. LES RISQUES LIS LA COPROPHAGIE A) Impact psychologiqueLa coprophagie a un caractre rebutant sur lhomme, le chien est alors considr comme sale . La coprophagie est srement plus perturbante pour le matre (halitose associe, impact psychologique), quelle nest dangereuse pour le chien. Certains propritaires trouvent ce comportement si intolrable quils demandent leuthanasie.

B) Risques sanitairesLa coprophagie prsente peu de risques sanitaires chez le chien adulte, dont lacidit gastrique est capable de neutraliser la majorit des bactries potentiellement pathognes: les toxiinfections alimentaires collectives sont exceptionnelles chez les adultes. Par contre, le risque est accru chez les chiots ou les chiens gs dont le pH gastrique est un peu moins acide. Le risque majeur prendre en compte lors de coprophagie en chenil est celui de la transmission des parasites.

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1. Parasites intestinauxLa coprophagie, quelle soit involontaire (gamelles souilles) ou spontane, facilite la transmission fco-orale de kystes de giardia, doeufs dhelminthes (trichure, toxocara) ou de formes de rsistance rapidement infestantes (ookystes de coccidies ou cryptosporidies). Le risque dingestion de parasites est donc rel quand le chien mange des excrments de chiens infests ou danimaux sauvages (cerf,). Cest la raison majeure pour laquelle la coprophagie doit tre gre [41]. Des organismes tels que Toxoplasma gondii peuvent tre transmis par les excrments de chat, causant au chien des dommages musculaires et neurologiques.

2. AutresLes excrments, rests trop longtemps sur place, peuvent tre infests de larves de mouches, de bactries, de champignonsIl convient donc dempcher, autant que possible, un chien de toute tentative de coprophagie et de ramasser rgulirement les crottes qui tranent dans le jardin [44]. La voie fco-orale est galement un risque de contamination virale (ex: parvovirus). Heureusement la vaccination minimise le risque de transmission. Un auteur signale toutefois le cas clinique rare dun Berger allemand mle de 4 ans souffrant dune occlusion gastrique faisant suite lingestion rpte de bouses de vaches et de crottins de cheval utiliss comme engrais dans un champ [81]. La coprophagie est en fait le plus souvent la rvlation dun problme sous-jacent de llevage. La mconnaissance des mcanismes et des raisons de la coprophagie, ses nombreuses composantes factorielles, font de cette habitude socialement inacceptable un comportement difficile corriger. Il est impossible de conseiller un seul et unique traitement miracle contre la coprophagie des chiens.

IV. TRAITEMENT DE LA COPROPHAGIEFace la coprophagie, une visite du vtrinaire simpose pour dtecter un ventuel problme mdical. Il est judicieux de faire examiner par le vtrinaire le chien dont les selles semblent tout particulirement apptissantes pour lui-mme ou ses congnres. Le traitement en pathologie dlevage ne se limite pas une prescription mdicale: il prend en compte les formes de rsistance des agents pathognes dans lenvironnement, prvient les rcidives en prservant les autres animaux et sappuie sur les impratifs conomiques de lleveur. Le choix du traitement dpend de la cause primaire lorsquelle a pu tre identifie. En effet, avant de choisir un traitement, il convient de tenir compte, non seulement des conditions dlevage (mode de distribution des repas, composition de la ration, comportement alimentaire des chiens, nature de lenvironnement), mais aussi des rsultats dune vritable enqute qui vise identifier le premier individu qui a prsent ce trouble du comportement. Il devient ainsi possible, par exemple, de diffrencier une enzootie de giardiose (extension progressive des troubles), dune insuffisance pancratique isole (tous les 22

chiens consomment les selles provenant du mme individu) ou dune diarrhe de surconsommation (acclration du transit digestif lie une concurrence alimentaire ou un stress collectif). Toutefois, quelle que soit lorigine des troubles, les mesures suivantes doivent systmatiquement tre mises en place lors de coprophagie en chenil.

A) Traitement des excrments1. Retrait des excrmentsSelon certains auteurs, le manque daccs aux fces reste loption la plus efficace [44]. Mais le retrait rapide des excrments ds leur mission ncessite du temps et une disponibilit de la part de lleveur au cours de la thrapie de dconditionnement. Cependant, les chiens essaient alors de manger les fces immdiatement aprs dfcation [50, 51, 73]. Museler les chiens interrompt temporairement la coprophagie et acclre la rsolution du problme mais les chiens reviennent souvent avec un enduit sur les muselires [4, 41, 44, 45, 50, 51, 73].

Le devenir des djections caninesLes excrments sont les rsidus de l'alimentation aprs digestion. Ceux-ci sont coloniss par une flore bactrienne anarobie qui se dveloppe essentiellement au niveau du colon. Lors de l'mission des fces, cette flore disparat ou est inactive du fait de la prsence d'oxygne. Cette transformation est concomitante de l'oxydation des djections qui, elle, se traduit par un brunissement rapide de la surface de ces djections. Les djections, qui reprsentent une relle source nutritive pour de nombreux microorganismes, sont recolonises par une flore arobie qui entrane les djections vers une dgradation totale de type putrfaction. Au plan chimique, l'eau est le constituant principal (70 75% du poids des fces). L'azote est ensuite l'un des constituants majeurs. Il se prsente sous diffrentes formes qui sont, des plus concentres au moins concentres: l'ure, l'ammoniac, les corps bactriens, les cellules exfolies de l'pithlium intestinal (la totalit de la muqueuse se renouvelle en sept jours). On trouve galement de nombreux poils constitus de kratine, protine difficilement dgradable. Les autres constituants sont des minraux, des restes glucidiques en trs petite quantit. Ce dficit en carbone va dterminer l'volution vers la putrfaction des djections en milieu arobie.

2. Aversion pour les excrmentsa) Traitement des excrments Donner un mauvais got aux fces est peut-tre le traitement le plus commun de la coprophagie. Le praticien peut dailleurs conseiller plusieurs rpulsifs saupoudrer sur les excrments: poivre, moutarde, piment, tabasco, quinine, parfum, krosne, monoglutamate de sodium ou tout autre produit de mauvais got [4, 41, 44, 45, 50, 51, 66, 73, 74]. Le chien consommera les selles traites et prsentera une raction aversive (due au mauvais got) et devrait cesser 23

la coprophagie. Mais pour que cela ait un effet il faut traiter 100% des fces, ce qui demande toute une prparation: promenade avant le chien, recherche de selles et saupoudrage. Le succs risque dtre de courte dure car dune part, il faudrait agir systmatiquement (ce qui est presque impossible), dautre part, le chien, ayant un odorat trs dvelopp, est tout fait capable de faire la diffrence entre des excrments pics et dautres nettement plus comestibles, sans compter que certains chiens ne semblent absolument pas gns par ladditif [66, 70]! Certains chiens sont mme conforts dans leur comportement, car russir manger un excrment non trait devient une rcompense: cette approche est donc rarement la panace [51, 53]. Ce stratagme demande une grande motivation de la part de lleveur.

La perception des saveurs chez le chienLes chiens ont beaucoup moins de papilles gustatives que les humains: 2000 contre 10000, de ce fait, ils sont nettement moins gourmets que nous. Les rcepteurs gustatifs sont situs sur la face suprieure de la langue principalement, sur la muqueuse du palais, de lpiglotte et du pharynx. Bien que leurs cellules gustatives puissent diffrencier sucr/sal, acide/amer, elles le font de manire moins prcise que les ntres: pour le chien, il serait plus juste de parler de got plaisant, dplaisant ou neutre. Chez le chien, lodorat est troitement associ au got, il est primordial pour la dtection de la source de nourriture, mais la texture et la temprature jouent aussi un rle. Les papilles gustatives les plus abondantes sont celles qui rpondent aux substances sucres: les chiens (et surtout les chiennes) ont donc une nette prfrence pour les douceurs [49, 71]! Carnivore occasionnel, le chien prfre, mme teneurs protiques quivalentes, un rgime base de viande (mme si ct dune poubelle, dune couche de bb ou dun crottin de cheval, cest un peu fade!) plutt quun rgime base cralire. Lindustrie du pet-food utilise un certain nombre de facteurs dapptence pour favoriser la prise daliment. Ils sollicitent la fois les rcepteurs gustatifs et les rcepteurs olfactifs (hydrolysats de protines vgtales, armes naturels ou artificiels, levures, sous-produits dshydrats, exhausteurs de got...). b) Supplment per os Une aversion peut se dvelopper suite lingestion dun aliment ayant produit des effets physiologiques ngatifs (vomissements, diarrhe) [49]. Ladministration de substances mtiques (apomorphine, ipeca, sel, eau oxygne, chlorure de lithium) dissuade lingestion de selles [4, 46, 66]. Le chien oublie assez vite les effets du LiCl. Le rejet est observ 7 heures aprs labsorption de ce type daliment, mais 24 heures aprs, il le consomme nouveau [21]. Certains leveurs semblent utiliser avec succs des protines mlanges lalimentation (For-Bid: gluten de bl, glutamate de sodium) [4, 34, 44, 51] [photos 3 et 4]. Cest un complment alimentaire sous forme de poudre qui donnerait un mauvais got (selon les papilles gustatives dun chien) aux selles. Ceci est saupoudrer sur la ration du chien dont les selles sont tant convoites, et ne peut tre donn quaux chiens (donc seulement lors de cas dautocoprophagie ou de coprophagie intraspcifique). Son efficacit reste cependant encore prouver. Il existe lquivalent sous forme de comprim: Deter (protines vgtales, vitamine B1, extraits de piments) [44] [photo 5]. Mais une raction allergique au monoglutamate de sodium (cest un exhausteur de got qui, en faible quantit, potentialise le got dun aliment en augmentant la sensibilit des rcepteurs gustatifs ou en attnuant la perception de saveurs indsirables), contenu dans ces produits, est possible [49]. 24

Photos 3 et 4: Sachet de For-Bid commercialis aux Etats-Unis [34].

Photo 5: Bote de comprims de Deter commercialise aux Etats-Unis [34].

Ladjonction de levure de bire la ration alimentaire pourrait, dans certains cas, attnuer le comportement de coprophagie, par modification de lodeur des selles [58]. Pourtant, les levures sont utilises en industrie petfood comme facteur dapptence. Elles sont principalement composes de protines, de glucides et dARN [49]. Certaines rumeurs proposent mme dajouter des pastilles de menthe lalimentation pour rendre les selles inapptentes mais cela reste rarement efficace [51]. c) Modification de la consistance des selles Le dclenchement dune diarrhe fonctionnelle (temps dobtention variable individuellement) vaut la peine dtre considr car cela peut dcourager le chien coprophage, pour lequel la sensation buccale (palatabilit moindre des selles texture liquide) est un composant majeur de lapptibilit [51, 66]. La consistance des selles peut aussi tre modifie en changeant lalimentation. Un aliment haute teneur en fibres permet dobtenir des selles trs sches et granuleuses, ce qui rduit significativement leur palatabilit [51]. d) Education Il est galement possible dhabituer le chien associer lingestion dexcrments une sensation dsagrable immdiate (collier spray de citronnelle, pistolet eau, thrapie sonore dailleurs peu efficace) [75]. 25

e) Diminution de lattirance pour les selles avec lge Lattente peut tre une solution puisque la coprophagie semble atteindre le plus souvent les jeunes chiens et tend disparatre en grandissant (dans un milieu o ce comportement na pas loccasion dtre imit!) [44].

B) Traitement du parasitisme digestifLa limitation de la population parasitaire dans un effectif de chiens est ncessaire puisque le parasitisme entrane invitablement une baisse des performances (retard de croissance, squelles de malabsorption...) des chiens. En effet, on peut observer un amaigrissement, un apptit irrgulier, un retard de croissance chez les jeunes, des troubles digestifs (diarrhe, vomissements) et mme des occlusions intestinales, des anmies, des pneumonies. Le risque zoonotique est aussi prsent. Si lon nlve pas de chiens sans lever de parasites, le protocole de lutte passe au pralable par ltape didentification du parasite, et, avant de choisir le traitement adapt il faut sintresser non seulement aux cycles parasitaires mais aussi au spectre et la diffusion des diffrents antiparasitaires [63]. Un traitement antiparasitaire en aveugle (sans coproscopie parasitaire pralable) est, pour ces raisons, fortement dconseill en cas de coprophagie en levage, car inefficace. Quels que soient les parasites digestifs identifis et dnombrs lors de la coproscopie parasitaire collective, il importe de considrer lensemble de llevage comme potentiellement infest et de traiter simultanment tout leffectif (parfois pendant 5 jours conscutifs en cas de trichurose): la mdecine canine en levage est une mdecine de groupe. Les niveaux dinfestation ne sont pas importants pour la dcision thrapeutique en ce qui concerne les helminthes, puisquil est trs difficile dobtenir une corrlation entre un nombre doeufs et limportance de linfestation. Quant aux protozoaires, coccidies et Giardia, un seuil dclenchant un traitement peut-tre envisag: quelques centaines dookystes par gramme de fces pour les coccidies, prsence de kystes et de symptmes vocateurs (amaigrissement, diarrhe chronique, statorrhe) lors de giardiose [27].

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Tableau 3: Vermifuges couramment utiliss pour les chiens [23, 24].ACTION Nmatocides et taenicides NOM DEPOSE ET LABORATOIRE Drontal BAYER PRINCIPE ACTIF Fbantel+ pyrantel+ praziquantel Flubendazole Lvamisole+ niclosamide Mbendazole Pyrantel+ niclosamide Fenbendazole Oxibendazole+ niclosamide Nitroscanate INDICATION Trichures, ascaris, ankylostomes, taenias, dipylidium, chinococcus Ascaris, ankylostomes, trichures Ascaris, ankylostomes, taenias Ascaris, trichures, ankylostomes, taenias Ascaris, ankylostomes, taenias Ascaris, trichures, ankylostomes, taenias Ascaris, ankylostomes, taenias Ascaris, ankylostomes, taenias Ascaris, trichures, ankylostomes, taenias Ascaris, ankylostomes Ascaris POSOLOGIE CHIEN 15 mg/kg de febantel, 5 mg/kg de pyrantel et 5 mg/kg de praziquantel 22 mg/kg/j pendant 2 3 jours 4 mg/kg de lvamisole, 180 mg/kg de niclosamide 3-50 mg/kg pendant 2 5 jours 100-200 mg/kg de niclosamide, 12-25 mg/ kg de pyrantel 50 mg/kg/j pendant 3 jours 15 mg/kg doxibendazole, 120 mg/kg de niclosamide 50 mg/kg

Flubenol JANSSEN Buccalox ou Gelminthe CLEMENT-THEKAN, Stromiten VETOQUINOL Telkan CLEMENTTHEKAN, Telmin JANSSEN Ascatene VETO-CENTRE, Perhelmin TVM Panacur INTERVET Vitaminthe VIRBAC, Polyverkan CLEMENTTHEKAN Lopatol NOVARTIS, Troscan VIRBAC Dolthene MERIAL, Synanthic MERIAL, Oxfenil VIRBAC Strongid PFIZER Ascapiperazine VETOQUINOL, Plurivers VETO-CENTRE, Soluverm BIOVE, Citrate de piprazine COOPHAVET Dovnix MERIAL Droncit BAYER, Plativers VETO-CENTRE Interceptor NOVARTIS

Oxfendazole Pyrantel Piprazine

11,3 mg/kg/j pendant 3 jours 5 mg/kg en une prise 150 mg/kg, 2 fois 12 heures dintervalle, renouveler le traitement 8-10 jours plus tard 10-15 mg/kg 5 mg/kg 0,5 mg/kg

Ascaricides et/ ou ascarifuges

Nmatocides Tnicides et tnifuges Nmatocides et acaricides

Nitroxinil Praziquantel Milbmycine oxime

Ankylostomes Taenias Ascaris, ankylostomes, trichures, dmodcie, dirofilariose Ascaris, trichures, ankylostomes, taenias Puces, dirofilariose, gale sarcoptique, poux, ascaris Strongyloses gastro-intestinales ou pulmonaires, gales, phtyrioses Eimeria

Nmatocides et cestocides Nmatocides, insecticides et acaricides

Milbmax NOVARTIS Stronghold PFIZER

Milbmycine oxime + praziquantel Slamectine

0,5 mg/kg de milbmycine oxime, 5 mg/kg de praziquantel 6-12 mg/kg

Ivomec MERIAL

Ivermectine

0,4-0,5 mg/kg hors AMM 2,5 mg/kg hors AMM

Anticoccidien

Vecoxan JANSSEN

Diclazuril

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Il savre difficile, voire impossible de saffranchir dune parasitose digestive en levage. En prvention, il convient dadministrer un vermifuge (fenbendazole) sur les femelles en priode dactivit sexuelle (25 mg/kg/j, 5 jours). Certaines rgles doivent tre respectes pour viter lapparition de chimiorsistance [43 daprs Bourdeau]: Utilisation bon escient et dose adquate de lantiparasitaire [tableau 3] Maintien dun quilibre hte-parasite, cest dire charge parasitaire faible (grce une dsinfection des loccaux et une vermifugation rgulire) et statut immunitaire de lhte correct Association simultane ou successive de plusieurs familles dantiparasitaires chez le mme animal Il ne faut pas ngliger lassainissement de lenvironnement ni les mesures prophylactiques mdicales: Isolement des animaux nouvellement arrivs Examen coproscopique avant vermifugation pour chaque chien larrive et une semaine aprs Dpistage coproscopique ponctuel par chantillonnage au sein du chenil Nettoyage quotidien des courettes individuelles, dsinfection rgulire, vacuation des eaux uses Eau de javel dans les rcipients pour la nourriture et leau Gravillonnage des abords des courettes Elimination quotidienne des excrments Entretien rgulier du pelage Lutte contre les puces et les rongeurs Vermifugation systmatique des chiens amens se dplacer Vermifugation bisannuelle des adultes Vermifugation des lices quelques jours avant la saillie et la mise-bas, quelques jours aprs la mise-bas et au moment du sevrage Vermifugation des chiots lge de 2 semaines puis tous les mois jusqu lge de 6 mois Utilisation de plusieurs molcules en alternance et des posologies adquates (pour prvenir la slection de lignes parasitaires rsistantes) Lors de coproscopie parasitaire positive, le seul traitement antiparasitaire est parfois suffisant pour attnuer la coprophagie en moins dune semaine. Toutefois, ce traitement mrite parfois dtre accompagn dune thrapie comportementale afin de dconditionner progressivement les animaux.

C) Traitement des insuffisants pancratiquesLa russite du traitement de linsuffisance pancratique exocrine dpend moins de laliment que de lapport exogne denzymes pancratiques (exemples: Tryplase, spcialit vtrinaire et Cron, spcialit humaine) au cours de chaque repas, en quantit adapte laliment consomm. 28

Lors dinsuffisance pancratique confirme (Trypsin Like Immunoreactivity moyenne TOTAL 6 14 20 5 2 7 11 16 27

Les pourcentages d'levages atteints de coprophagie dans les deux catgories d'levage classs en fonction de la frquence de vermifugation ne diffrent pas de faon significative puisque la valeur observe ( = 2,31) est infrieure la valeur 3,84 (seuil de signification 5% pour un degr de libert gal 1). Les carts observs sont dus au hasard ou aux simples fluctuations d'chantillonnage.

G) Prvalence parasitaireLe nombre total dlevages ayant renvoy des chantillons pour les analyses coproscopiques est de 26 (un levage n'a pas souhait continuer l'enqute aprs le renvoi du questionnaire). Pour chaque levage, un trois chantillons de selles sont analyss: 1. fces de femelles en activit sexuelle (chaleurs, gestation ou lactation) 2. fces de chiots de moins de 3 mois 3. fces apptentes Le dtail des rsultats des 66 analyses que cela reprsente est prsent en ANNEXE IV. Afin de poursuivre l'analyse statistique des rsultats coproscopiques pour chacun des parasites observs, il est ncessaire de poser une hypothse: pour toute coproscopie parasitaire positive, on considre l'ensemble de l'levage comme potentiellement infest. La mdecine d'levage est une mdecine de groupe.

1. Giardia duodenalisLes tableaux 11 et 12 permettent de se rendre compte de la prvalence et de l'influence d'une infestation par Giardia duodenalis sur le comportement coprophage. a) Un levage parasit par Giardia duodenalis a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie? Tableau 11: Nombre d'levages coprophages en fonction de l'infestation par Giardia duodenalis. Elevage parasit par Giardia duodenalis OUI NON TOTAL 16 3 19 7 0 7 23 3 26

Elevage confront la coprophagie

OUI NON TOTAL

La prvalence de l'infestation par Giardia duodenalis dans notre chantillon est 88%. La valeur relle de la prvalence de l'infestation par Giardia duodenalis dans la population est 88% 12% 95% de probabilit. 67

La diffrence de pourcentage d'levages atteints de coprophagie entre un levage infest par Giardia duodenalis et un levage non infest n'est pas significative puisque la valeur observe ( = 0,17) est infrieure la valeur 3,84 (seuil de signification 5% pour un degr de libert gal 1). Les carts observs sont dus au hasard ou aux simples fluctuations d'chantillonnage. b) Les selles apptentes sont-elles parasites par Giardia duodenalis? Tableau 12: Nombre d'levages ayant un chien excrtant des selles apptentes parasites par Giardia duodenalis. Elevage parasit par Giardia duodenalis OUI NON TOTAL Selles apptentes 7 10 17

Dans l'enqute mene, 41% des selles apptentes pour les chiens coprophages sont parasites par Giardia duodenalis. La littrature montre le rle du parasitisme digestif dans le phnomne de malabsorption-maldigestion responsable de l'apptence des selles. Les nombreux animaux excrtant des kystes de Giardia duodenalis semblaient navoir aucun symptme digestif; ce constat rejoint celui fait par de nombreux auteurs [10, 22, 30, 37, 43, 69] qui soulignent labondance de porteurs sains en matire de giardiose. Ces rsultats, malgr lexistence probable de nombreux faux-ngatifs, tendent placer la giardiose parmi les infestations parasitaires les plus frquentes parmi les grands effectifs canins (la prvalence calcule l'atteste aussi).

2. Trichuris vulpisLes tableaux 13 et 14 permettent de se rendre compte de la prvalence et de l'influence d'une infestation par Trichuris vulpis sur le comportement coprophage. a) Un levage parasit par Trichuris vulpis a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie? Tableau 13: Nombre d'levages coprophages en fonction de l'infestation par Trichuris vulpis. Elevage parasit par Trichuris vulpis OUI NON TOTAL Elevage confront la OUI 3 16 19 coprophagie NON 2 5 7 TOTAL 5 21 26 La prvalence de l'infestation par Trichuris vulpis dans notre chantillon est 19%. La valeur relle de la prvalence de l'infestation par Trichuris vulpis dans la population est 19% 16% 95% de probabilit. La diffrence de pourcentage d'levages atteints de coprophagie entre un levage infest par Trichuris vulpis et un levage non infest n'est pas significative puisque la valeur observe ( = 0,01) est infrieure la valeur 3,84 (seuil de signification 5% pour un degr de libert gal 1). Les carts observs sont dus au hasard ou aux simples fluctuations d'chantillonnage. 68

b) Les selles apptentes sont-elles parasites par Trichuris vulpis? Tableau 14: Nombre d'levages ayant un chien excrtant des selles apptentes parasites par Trichuris vulpis. Elevage parasit par Trichuris vulpis OUI NON TOTAL Selles apptentes 3 14 17

Dans l'enqute mene, 18% des selles apptentes pour les chiens coprophages sont parasites par Trichuris vulpis. Le parasitisme digestif n'est pas le seul facteur d'apptence des selles.

3. CoccidiesLes tableaux 15 et 16 permettent de se rendre compte de la prvalence et de l'influence d'une infestation par des coccidies sur le comportement coprophage. a) Un levage parasit par des coccidies a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie? Tableau 15: Nombre d'levages coprophages en fonction de l'infestation par les coccidies. Elevage parasit par des coccidies OUI NON TOTAL 9 10 19 1 6 7 10 16 26

Elevage confront la coprophagie

OUI NON TOTAL

La prvalence de l'infestation par les coccidies dans notre chantillon est 38%. La valeur relle de la prvalence de l'infestation par les coccidies dans la population est 38% 18% 95% de probabilit. La diffrence de pourcentage d'levages atteints de coprophagie entre un levage infest par des coccidies et un levage non infest n'est pas significative puisque la valeur observe ( = 1,2) est infrieure la valeur 3,84 (seuil de signification 5% pour un degr de libert gal 1). Les carts observs sont dus au hasard ou aux simples fluctuations d'chantillonnage. b) Les selles apptentes sont-elles parasites par des coccidies? Tableau 16: Nombre d'levages ayant un chien excrtant des selles apptentes parasites par des coccidies. Elevage parasit par des coccidies Selles apptentes OUI 2 NON 15 TOTAL 17

Dans l'enqute mene, 12% des selles apptentes pour les chiens coprophages sont parasites par des coccidies. L encore, le parasitisme digestif n'explique pas lui seul l'apptence des selles. 69

4. Toxocara canisLes tableaux 17 et 18 permettent de se rendre compte de la prvalence et de l'influence d'une infestation par Toxocara canis sur le comportement coprophage. a) Un levage parasit par Toxocara canis a-t-il plus de risque d'tre confront la coprophagie? Tableau 17: Nombre d'levages coprophages en fonction de l'infestation parToxocara canis. Elevage parasit par Toxocara canis OUI NON TOTAL 3 16 19 3 4 7 6 20 26

Elevage confront la coprophagie

OUI NON TOTAL

La prvalence de l'infestation par Toxocara canis dans notre chantillon est 23%. La valeur relle de la prvalence de l'infestation par Toxocara canis dans la population est 23% 16% 95% de probabilit. La diffrence de pourcentage d'levages atteints de coprophagie entre un levage infest par Toxocara canis et un levage non infest n'est pas significative puisque la valeur observe ( = 0,9) est infrieure la valeur 3,84 (seuil de signification 5% pour un degr de libert gal 1). Les carts observs sont dus au hasard ou aux simples fluctuations d'chantillonnage. b) Les selles apptentes sont-elles parasites par Toxocara canis? Tableau 18: Nombre d'levages ayant un chien excrtant des selles apptentes parasites par Toxocara canis. Elevage parasit par Toxocara canis Selles apptentes OUI 2 NON 15 TOTAL 17

Dans l'enqute mene, 12% des selles apptentes pour les chiens coprophages sont parasites par Toxocara canis. Le parasitisme digestif ne semble pas dterminant pour l'apptence des selles.

5. Infestation parasitaire globaleLa prsence conjointe de plusieurs espces parasitaires dans un mme prlvement est frquente. Le tableau 19 permet d'tudier ce polyparasitisme, c'est dire les levages infests par deux, trois ou quatre parasites digestifs diffrents. Tableau 19: Nombre d'levages selon l'intensit de l'infestation parasitaire. Non infest Mono-infest Nombre d'levages concerns 1 11 Bi-infest 10 Tri-infest Quadri-infest Total 3 1 26

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La prvalence du polyparasitisme dans notre chantillon est 54%. La valeur relle de la prvalence du polyparasitisme dans la population est 54% 20% 95% de probabilit. Aucun animal ne semblait prsenter de signes cliniques marqus (mme si la question na pas t clairement pose dans lenqute): ceci tmoigne du caractre asymptomatique de nombreuses infestations parasitaires. Il est probable que le taux dinfestation rel soit suprieur, en raison de lexistence probable de faux ngatifs. Les chiens tant nourris avec un aliment industriel (obtenu par cuisson-extrusion), le risque de parasitose contracte par lingestion daliment carn (tniasis) est pratiquement nul (seuls quelques leveurs complmentent ponctuellement la ration avec de la viande).

H) Consistance des selles convoitesNous avons galement envoy chaque leveur une grille de score des selles [ANNEXE VI] afin de caractriser l'aspect des selles convoites par les chiens coprophages. Seulement 8 leveurs ont renvoy leurs constatations (les autres n'ont pas pu observer les selles manges par les chiens coprophages ou manquaient de motivation pour le faire). Les scores sont consigns en ANNEXE III. La moyenne des scores des selles apptentes pour les chiens coprophages est de 3,3 : cela correspond des selles moules molles fermes. Les notes vont de 2 4, c'est dire de selles principalement non mou