chercheurs de sens ou spirituels de 1901 à 1915

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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de sens ou spirituels de 1901 à 1915 Étienne Godinot .17.08.2015

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Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"

Chercheurs de sens ou spirituels

de 1901 à 1915Étienne Godinot .17.08.2015

Swâmi Prajnânpad

(1901-1974), brahmane indien héritier des traditions religieuses hindoues. Familier des textes traditionnels orientaux et diplômé de physique, a aussi intégré les données de la psychanalyse.

« Être, c’est être libre d’avoir »

« L’homme vraiment adulte trouve plus de satisfaction à donner qu’à recevoir. »

« Une action qui mène à l’unité est juste, celle qui mène à la séparation est mauvaise. »

« Tout change partout et toujours. Faites en sorte de percevoir et ressentir le changement dans chaque chose. Rien ne vous bouleversera quand vous savez que tout est apparence, vous demeurez calme, serein et désintéressé. »

Jean Guitton

(1901-1999) philosophe et écrivain catholique français. Pétainiste, prisonnier de guerre, organise dans son camp des rencontres et des cours, notamment sur la pensée de Bergson. Professeur à l’université de Montpellier puis à la Sorbonne, membre de l'Académie française. Sonde tous les chemins possibles de la connaissance humaine pour accéder au mystère : la réflexion philosophique et théologique, la psychologie et la science en général, la peinture.

(à François Mitterrand) « Je suis parti de Sartre et c’est l’absurdité de l’absurdité qui m’oblige à parier pour le mystère; je n’admets pas d’emblée la survie, mais je saisis que le néant est absurde, non pas tant pour moi que pour ceux que j’ai aimés. Et pour celui sur qui repose le destin d’un pays, il me semble qu’il n’y a d’autre solution raisonnable que le mystère. »

« L’humanité approche d’un point vertigineux où elle aura à faire un choix radical entre la "métastrophe" et la "catastrophe", la mutation des consciences et le suicide cosmique. »

Hugh Schonfield

(1901-1988), historien, spécialiste britannique de la Bible, des manuscrits de la mer Morte et des débuts de l’ère chrétienne, premier traducteur juif du Nouveau Testament en anglais (1955), docteur en littérature sacrée à l’université de Glasgow, auteur de 40 livres. Fondateur en 1956 de la Communauté des citoyens du monde (Commonwealth of World Citizens), devenue ensuite la Mondcivitan Republic, projet de nation extra-territoriale au service de l'humanité, vouée à la médiation et à l'exemplarité.

Privilégie la conception juive conventionnelle qui rejette la divinité de Jésus et nie la résurrection. Explique comment un mouvement juif "messianique" a pu, afin de survivre en milieu païen au cours de la Diaspora, se transformer en une foi qui s'écarta de la mission dévolue au Messie telle que Jésus lui-même et ses disciples pouvaient la concevoir.

Joseph Lanza del Vasto

(1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et militant, de père sicilien et de mère flamande. En 1936, passe plusieurs mois près de Gandhi. En juin 1937, en pèlerinage aux sources du Gange dans l'Himalaya, reçoit une vision qui lui dit « Rentre et fonde ! ». Fonde en 1948 en France un ordre spirituel, laborieux et non-violent, L’Arche, dont les grands axes sont : respect de la nature, refondation sociale (autonomie économique maximale), résolution non-violente des conflits, conversion spirituelle, dialogue interreligieux.

« Rentrez en vous-même et recueillez-vous, faute de quoi vous n’êtes pas un homme, mais un pantin et un bouchon flottant au fil de l’eau. Vous pourrez bien par aventure devenir prospère ou célèbre, mais vous restez un pantin et un bouchon.(…) Suspendez vos occupations pour un moment, suspendez le cours de vos pensées, écartez vous (intérieurement) des gens et des choses, (…) détendez vos muscles, vos nerfs, respirez lentement et profondément et répétez "Je me rappelle, je me reprends". C’est peu et c’est tout. » ../..

Joseph Lanza del Vasto

« Voici les 7 vœux des Compagnons (…) : De nous donner au service de nos frères, ce qui commence par le travail des mains (…). D’obéir aux règles et aux disciplines de l’Arche (…). D’assumer la responsabilité de nos actes, de reconnaître nos torts, de réparer nos fautes, de nous en corriger nous-mêmes (…). De nous purifier de tout esprit de possession, de profit et de domination (…). De vivre de façon simple, sobre et propre (…). De servir la vérité. De n’affliger aucun être humain (…), de défendre la justice avec les armes de la justice(…) »

« Je crois qu’il faut haïr certaines choses.* Pour ne haïr personne, il faut haïr les choses. Cela ne veut pas dire que je haïsse les personnes qui les font. (…) Ils ne savent pas faire autrement, ils ne voient même pas ce qu’ils pourraient faire. Non, je n’ai jamais eu des haines de classes ou de nations ou d’espèces. Non. Ou d’hommes, non. »

* Pour Lanza del Vasto, ces choses sont le consumérisme, la mécanisation à outrance, les mégalopoles, l’agriculture industrielle et chimique, les centrales nucléaires, la bombe atomique, l’avidité.

Voir aussi Lanza del Vasto dans le trombinoscope de la non-violence

Karl Popper

(1902-1944), philosophe des sciences (épistémologue) d’origine autrichienne, né de parents juifs convertis au protestantisme. Installé à Londres après 1946. Invente le concept de réfutabilité comme critère de démarcation entre science et pseudoscience. Ce critère n’est opératoire que dans les sciences expérimentales ou d’observation (astronomie, histoire), pas - actuellement du moins - dans la psychanalyse, l’homéopathie ou l’astrologie.

Rejetant d’abord la métaphysique comme système irréfutable et invérifiable, il admet par la suite la nécessité de fonder les recherches scientifiques sur des programmes de recherche métaphysique.Distingue le monde des phénomènes physico-chimiques, celui de la conscience, et celui des idées.

« La science est fille de la métaphysique. »

Théodore Monod

(1902-2000), scientifique naturaliste, explorateur, philosophe, théologien et humaniste français. Protestant du courant libéral, unitarien (courant du christianisme qui ne croit pas à un Dieu trinitaire ni à la divinité de Jésus, considéré comme prophète) et paroissien à l'Oratoire du Louvre.

Premier président d'honneur de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Se présente comme "chrétien pré-nicéen", entend par là qu'il accepte tout ce qui a précédé le "concile" de Nicée en 325, mais aucun des dogmes élaborés partir de cette date, pas plus que l'organisation étatique et autoritaire du christianisme.

« Le christianisme ? C’est une bonne idée ! Si l’on l’essayait ?"

En bas : blason de Théodore Monod, précédé de la phrase « Ne porte plus ta

croix, mais plante la pour qu’elle fleurisse »

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Théodore Monod

« Je voudrais qu'on travaille à une théologie de la nature. Ce sujet fut fortement négligé par la pensée chrétienne. Les apologistes ont abusé d'une description idyllique de la nature. Ils nous ont beaucoup parlé des petits oiseaux, des papillons, des fleurs ; voilà qui était charmant ! Cependant, ceux qui connaissent la nature savent qu'elle n'a rien d'idyllique. Il s'agit d'un monde particulièrement cruel, empli de sang et de brutalité. (…) Les parasites composent un monde incroyable. Il s'en trouve partout. Il n'est pas une espèce animale qui ne connaisse ses parasites externes ou internes. Ces derniers peuvent causer des ravages physiques considérables, provoquant des souffrances qui ne le sont pas moins. Imaginer que tout provient de la volonté d'un Dieu miséricordieux, compatissant à l'égard de ses créatures, voilà qui paraît difficile à admettre, quand on contemple la vérité physique de l'affreux spectacle de la nature. ».

Voir aussi Th. Monod in diaporama Chercheurs et act eurs de non-violence

Joseph Folliet

(1903-1972), Français, militant catholique, chansonnier, sociologue, poète, auteur de 65 ouvrages, cofondateur des Compagnons de St François, directeur de la Chronique sociale de France, fondateur avec Georges Hourdin de l’hebdomadaire La Vie catholique illustrée. Dénonce la torture pendant la guerre d’Algérie, ordonné prêtre en 1968.

« Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes : ils n'ont pas fini de s'amuser. Bienheureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière : il leur sera épargné bien des tracas. Bienheureux ceux qui savent se taire et écouter : ils en apprendront des choses nouvelles. Bienheureux ceux qui sont assez intelligents pour ne pas se prendre au sérieux : ils seront appréciés de leur entourage. »

Dans la même verve, Michel Audiard ajoute « Heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière »

Yves Rocard

(1903-1992), Français, normalien, Résistant, docteur en sciences mathématiques et physique, conseiller scientifique pour les programmes militaires au CEA. En 1981, dans la dernière partie de sa vie, centre son intérêt sur le magnétisme et le biomagnétisme, mène des recherches sur la sensibilité des sourciers.

« Le magnétisme et les magnétiseurs survivront, ainsi que les radiesthésistes et les sourciers. Si la science pouvait tout expliquer et la médecine, tout guérir, c’en serait fait du magnétisme et des "capteurs" d’ondes mais - et c’est tant mieux -, ce n’est pas le cas. Les magnétiseurs et les radiesthésistes existent parce qu’ils obtiennent des résultats incontestables. Ils existeront aussi longtemps qu’ils continueront à obtenir ces résultats. »

Marie-Madeleine Davy

(1903-1999), historienne et philosophe française. Thèse de doctorat en théologie en 1941. Responsable d’un réseau d’évasion pendant la Résistance. Rencontre Simone Weil, Louis Massignon, Lanza del Vasto, Mircea Éliade, Jean Corbin, Nicolas Berdiaev, Henri le Saux, etc. Se spécialise dans la théologie et la mystique médiévales. Chargée de cours à l'École pratique des hautes études (1939-1947) puis chargée de recherche au CNRS. Parcourt le monde grâce à des échanges universitaires avec les ex-pays de l‘Est, les U.S.A, les Pays-Bas, reste plus longuement à l'Institut français de Berlin, au Bedford College de Londres et à l'Université de Manchester. Auteure de 40 ouvrages. Sa tombe, anonyme, porte ces simples mots : « Sois heureux, passant ! »

« L’éveil libérateur s’accomplit dans le désert, c’est-à-dire dans le pays de la soif, de la lecture des signes et de la rencontre. La véritable rencontre s’effectue au-dedans, et devient expérience. Une indicible expérience dont l’essentiel est inconnaissable. »

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Marie-Madeleine Davy

« La différence entre les hommes se réduit à ceci : la présence ou l’absence d’expérience spirituelle. (…) Si lumineuse qu’elle soit, cette expérience n’est pas acquise une fois pour toutes, elle est vouée à des approfondissements successifs. »

« Qui ne s’est pas rencontré soi-même en soi-même, a-t-il jamais rencontré Dieu ? Et qui n’a pas rencontré Dieu en soi, s’est-il jamais rencontré lui-même ? »

« Qu’il s’agisse de l’Orient ou de l’Occident, nous ne sommes plus à l’époque des maîtres, mais à celle du guru intérieur, de l’Église intérieure. »

« Si Dieu existe – et comment en douter ? – il ne peut être qu’unique, mais les hommes prennent divers chemins pour le rencontrer. L’important est d’éviter la confusion des voies. »

« Il existe une communion secrète entre les êtres ailés. »

Henry Corbin

(1903-1978) philosophe, traducteur et orientaliste français. Un des piliers – avec C.G. Jung et M. Eliade, entre autres – du Cercle Eranos de 1949 à 1977. Attaché à l'Institut français d'Istanbul (1939-1945), puis fonde le département d'iranologie à l'Institut français de Téhéran. En 1954, directeur d'études "Islamisme et religions de l'Arabie" à l'École pratique des hautes études où il succède à son ami et maître Louis Massignon. En 1974, fonde un Centre international de recherche spirituelle comparée à l'Université Saint-Jean de Jérusalem où se rencontrent des spécialistes des trois religions abrahamiques. A ouvert au regard de l’Occident la profonde spiritualité des grands mystiques chiites et la philosophie développée dans l’Orient du monde musulman, en particulier en Iran, après la mort d’Averroès.

« Ne croyez-vous pas que nous aurions mieux compris le mystère de l’humanité, si seulement nous nous étions appliqués avec plus de soin à scruter les penseurs de Chine ou de Perse ? » (sur son lit de mort, question au Dr Gonnot )

Yeshayahou Leibowitz

(1903-1994), chimiste, philosophe et écrivain israélien né en Lettonie (alors dans l’empire russe). Études et doctorats à Berlin et à Bâle. Émigre en Palestine en 1934. Supervise la rédaction de l'Encyclopaedia Hebraïca de 1956 à 1972.

Un des intellectuels les plus marquants de la société israélienne, et l'une de ses personnalités les plus controversées pour ses avis tranchés sur la morale, l’éthique, la politique, et la religion. Demande un engagement désintéressé au service de Dieu, opposé à une foi du charbonnier qui attend des bienfaits divins : récompense, évitement du châtiment. Religieux et sioniste mais fervent combattant du « sionisme religieux ». Dénonce l’occupation de la Palestine, l’armement nucléaire.

« L’occupation de la Palestine fait perdre son âme au peuple d’Israël »

Hans Jonas

(1903-1993), philosophe allemand d’origine juive, historien du gnosticisme. Fuit l’Allemagne nazie en 1933 pour Londres puis la Palestine. Décédé à New-York.

Pour lui, Dieu s'est dépouillé de sa toute-puissance pour faire advenir le monde. Après la Shoah, on ne peut pas croire à un Dieu qui soit à la fois bon, tout-puissant et compréhensible. Or, Dieu doit être bon et compréhensible. Donc il n’est pas tout puissant. Les caractéristiques de Dieu sont qu’il est souffrant, en devenir, soucieux et dépourvu de puissance. Le Dieu d'après Auschwitz ne répond pas aux prières, il ne fait pas de miracle : il nous a légué de manière soucieuse son propre devenir dont il nous incombe d'assurer la réalisation.

Voir aussi trombinoscope « Écologie et altercroissan ce » (le principe responsabilité)

Henri Caffarel

(1903-1996), prêtre catholique français, fondateur des Équipes Notre-Dame, mouvement de spiritualité conjugale qui compte actuellement 60 000 foyers répartis en 70 pays. Insiste sur "le devoir de s’asseoir". Fait de la maison de Troussures (Oise) un Centre international de prière.

« La maison s’écroulera un jour si on ne surveille pas la charpente. Au foyer où l’on ne prend pas le temps de s’arrêter pour réfléchir, bien souvent le désordre, matériel et moral, s’introduit et s’installe insidieusement. (…) Prenez votre agenda, et comme vous y inscririez un concert ou une visite à des amis, notez un rendez-vous avec vous-mêmes. (…) Faites un pèlerinage aux sources de votre amour, reconsidérez l’idéal entrevu quand vous avez pris la routeensemble, d’un pas allègre. Renouvelez votre ferveur. Puis revenez au présent, confrontez idéal et réalité. »

Karl Rahner

(1904-1984), prêtre jésuite allemand, écrivain et professeur de théologie. Ne pouvant enseigner en Allemagne durant le régime nazi, a une activité pastorale à Vienne (Autriche). Reconnu comme l'un des théologiens catholiques les plus éminents du XXe siècle, expert au concile Vatican II. Fonde, en 1965, avec Yves Congar et Edward Schillebeeckx, la revue internationale de théologie Concilium. Affirme, entre autres certitudes, que quiconque mène une vie droite rejoindra Dieu dans l’éternité quelle que soit sa religion. Affirme surtout que le mystère de Dieu restera toujours un mystère, et que cela entraîne une conception de la théologie qui introduit au mystère.

« Je suis persuadé que le christianisme n’est pas une pure doctrine extrinsèque parachutée sur l’homme, mais qu’il y a, qu’il doit y avoir un christianisme qui surgit de l’expérience humaine personnelle la plus intérieure. »« Il me paraît évident qu’une théologie de l’avenir peut aussi apprendre quelque chose des religions non chrétiennes. »

Madeleine Delbrêl

(1904-1964), mystique chrétienne française, essayiste et poétesse. En 1923, son fiancé Jean Maydieu s'éloigne brusquement d'elle pour rentrer chez les dominicains. Cette séparation la marque profondément : elle tombe malade et ne se mariera jamais après. S’engage dans le scoutisme sur conseil de l’abbé Jacques Lorenzo. Assistante sociale à Ivry-sur-Seine, la seule commune communiste en 1933, en banlieue ouvrière de Paris. Fonde une communauté de jeunes femmes dont le but est de rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s'entraider, témoigner de sa foi sans prosélytisme.

« Nous autres gens de la rue nous croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté ».« Milieu athée, circonstance favorable à notre propre conversion. »Les équipes Madeleine Delbrël sont de petites équipes de quelques personnes, laïques, célibataires, vivant en communauté, par leur travail et mettant tout en commun, accueillantes à tous et attentives aux plus démunis.

Yves Congar

(1904-1995), religieux dominicain, un des plus influents théologiens catholiques du 20ème siècle. Connu en particulier pour ses travaux en ecclésiologie et en œcuménisme.

Tout d'abord exposé aux soupçons puis aux sanctions de l’autorité ecclésiale, dus à son implication dans le mouvement qui portera le nom de "nouvelle théologie", est ensuite réhabilité, nommé expert au concile Vatican II (1962-1965), comme Dominique Marie Chenu et Henri de Lubac, et nommé cardinal en 1994.

« Je suis un homme enraciné. Je déteste la rupture d'avec ce qui nous fonde.(…) La récupération de l'authentique Tradition est la condition de l'audace ecclésiale. Selon des formules qui n'ont rien de paradoxal, on pourrait dire que le renouveau dépend du ressourcement et que la fidélité appelle le prophétisme. Plus on connaît les méandres de l'histoire, plus on est libre par rapport aux nouveaux absolus. Tout s'inscrit dans une histoire. »

Kalu Rinpoché

Vajradhâra Kalu Rangjung Kunchab (1904-1989), moine tibétain, un des plus grands maîtres bouddhistes du 20ème

siècle, artisan de la diffusion en Occident du Dharma (ordre universel cosmique, loi éternelle). Exilé en Inde après l’occupation de son pays par la Chine.

Fonde des monastères et centres d’enseignement de la Pleine Présence - Pleine Conscience dans plus d’une douzaine de pays (Amériques, Europe, Japon, etc.), notamment des centres de retraite de 3 ans, 3 mois et 3 jours. Fait traduire l’Encyclopédie des Connaissances Traditionnelles dans différentes langues afin qu’elle serve de base à des programmes d’étude du Dharma. Fonde les Kagyü Mönlam, grande assemblée annuelle où tous prient pour l’harmonie du monde, à Bodhgaya (Inde), lieu où le Bouddha eut sa révélation et dans les divers continents.

Hans Urs von Balthasar

(1905-1988) jésuite et théologien catholique suisse, grand admirateur de Goethe. Selon Henri de Lubac, il est « l’homme peut-être le plus cultivé de son temps ».

Un des premiers théologiens chrétiens (après Origène, mais avant Marie-Émile Boismard, Pierre Teilhard de Chardin, Léon Bloy, Joseph Moingt, Lanza del Vasto, l’abbé Pierre, Benoît XVI, etc.) à remettre en cause la théologie de l’enfer *, sans pour autant la récuser, par souci d’orthodoxie.

« Un théologien consciencieux ne devrait-il pas malgré tout se demander ce qu’éprouvent les bienheureux quand ils voient brûler en enfer leurs frères et leurs sœurs ? (…) Dieu cesse-t-il d’aimer les damnés ? (…) Ce serait mettre des bornes à la miséricorde ».

*acceptée par St Augustin, Pierre Lombard, Catherine de Sienne, Thomas a Kempis, Thérèse d’Avila, François de Sales, Jean-Marie Vianney, Jean-Paul II, etc.

François Varillon

(1905-1978), jésuite et théologien français. Enseignant et aumônier auprès de lycéens et d'étudiants dans les années 1930, devient après la Seconde Guerre mondiale aumônier de l'Association catholique de la jeunesse française. Un des commentateurs les plus pénétrants de la littérature contemporaine, notamment de Paul Claudel. Auteur, par ses ouvrages sur la souffrance et l’humilité de Dieu, de ce que Jean-François Six a qualifié d’une "percée théologique".

« La grandeur de Dieu est de pouvoir tout ce que peut l’amour, jusqu’à l’effacement de soi dans l’humilité du regard. »

« L’humilité de l’amour donne la clef : il faut peu de puissance pour s’exhiber, il en faut beaucoup pour s’effacer. Dieu est une Puissance illimitée d’effacement de soi. »

Viktor Frankl

(1905-1997), neurologue et psychiatre autrichien d’origine juive. En 1942, déporté avec sa famille au camp de concentration de Theresienstadt, puis en 1944 à Auschwitz (son père, sa mère, son frère et sa femme seront tués dans les chambres à gaz).

Observe avec étonnement que les plus robustes et actifs sont les premiers à mourir, et que ceux qui paraissaient les plus faibles résistent beaucoup plus longtemps : « Face à l'absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l'espoir et questionner le sens. (…) Les plus aptes à survivre étaient les prisonniers qui avaient une tâche à remplir après leur libération ».

Crée une nouvelle thérapie qu'il nomme logothérapie, prenant en compte le besoin de sens et la dimension spirituelle de la personne. ../..

Viktor Frankl

Pendant 25 ans, directeur de la polyclinique neurologique de Vienne. S’aperçoit que ses patients ne souffrent pas uniquement de frustrations sexuelles (cf. Sigmund Freud) ou de complexes d’infériorité (cf. Alfred Adler) mais aussi d’un "vide existentiel". Le vide intérieur conduit à imiter les autres (conformisme) ou à se plier à leurs désirs (totalitarisme).

L’exigence fondamentale de l’homme n’est ni l’épanouissement sexuel, ni la valorisation de soi, mais la plénitude de sens. Chacun doit trouver et se donner une raison d’exister, une raison unique et singulière. On ne répond à la question que pose l’existence qu’en prenant sa propre vie en main. La responsabilité est l’essence même de l’existence humaine.

Ne se fie à aucune religion constituée, à aucune Église, mais renvoie chacun à lui-même. ../..

Viktor Frankl

Trois voies principales peuvent nous révéler le sens de la vie, nous donner des raisons de vivre :- Accomplir une œuvre ou une bonne action,- Faire l’expérience de la bonté, de la vérité, de la beauté, de l’amour,- Assumer dignement une souffrance inévitable.

En 1955, professeur à l’université de Vienne. Le premier institut de logothérapie au monde est fondé en 1970 à San Diego en Californie. On trouve aujourd’hui des centres et des associations de logothérapie dans une trentaine de pays.

« L'homme est partout confronté au destin, il a partout l'occasion de s'accomplir à travers la souffrance. (…) Pleurer atteste de ce qu'un homme fait preuve du plus grand des courages, celui de souffrir ».

Emmanuel Lévinas

(1906-1995), philosophe français d’origine lituanienne, éduqué dans la tradition juive. Sa philosophe est centrée sur la question éthique et sur la métaphysique d’Autrui.

Pour lui, c’est dans la bonté envers l’autre que le moi s’affirme et se construit comme être humain. La bonté est la vraie réponse à la sollicitation du visage de l’autre.

« Le visage, c’est l’identité même d’un être. Le visage dans sa nudité de visage me présente le dénuement du pauvre et de l’étranger. »

« Je suis responsable d’autrui sans attendre la réciproque, dut-il m’en coûter la vie. La réciproque, c’est son affaire. »

Émile Pinel

(1906-1985), mathématicien, physicien, biologiste et thérapeute français. Modélise mathématiquement le fonctionnement de la cellule vivante à partir du calcul tensoriel et démontre l’existence de champs pour expliquer le vivant (champ physique H1 analogue à celui d’un aimant, champ de mémoire H2, champ morphogénétique H3). Démontre ainsi que lorsqu'un individu meurt, sa partie "matière" meurt, mais pas sa partie "psychique".

Ses travaux ont été repris par Jacqueline Bousquet et André Bourrée.

Lucia dos Santos , Francisco et Jacinta Marto

Lucia dos Santos (1907-2005), Francisco (1908-1919) et Jacinta Marto (1910-1920), enfants gardiens de troupeaux du village de Fatima (Portugal) voyants de la Vierge Marie à 6 reprises entre mai et octobre

1917, pendant la première Guerre mondiale.

En juillet, les enfants reçoivent trois secrets et une vision que le cardinal Ratzinger, dans un commentaire théologique, qualifiera plus tard de "symbolique".

Lors de la dernière apparition, 50 000 personnes voient pendant 10 minutes une sorte de "danse du soleil" non observée par l’observatoire astronomique.

« Action de Dieu, Seigneur de l'histoire, et coresponsabilité de l'homme, dans sa dramatique et féconde liberté, tels sont les deux pivots sur lesquels se construit l'histoire de l'humanité. » conclut sur ce sujet Tarcisio Bertone, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi de l’Église catholique romaine.

Mircea Eliade

(1907-1986), historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain. Parle et écrit couramment cinq langues (roumain, français, allemand, italien et anglais), lit aussi l'hébreu, le persan et le sanskrit. Un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Thèse sur le yoga après un séjour de 3 ans à Calcutta. Professeur-chercheur à Paris puis à Chicago.

Étudiant les mythes, les rêves, les visions, le mysticisme et l'extase, élabore une vision comparée des religions, en trouvant des relations de proximité entre différentes cultures et moments historiques. Situe la notion du "sacré" au centre de l'expérience religieuse de l’homme.

Met notamment en lumière le chamanisme, tradition spirituelle et pratique de sages et guérisseurs des corps et des âmes, connectés à la nature et aux énergies de l’univers.

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Mircea Eliade

« Il est indispensable de reconnaître qu'il n'existe plus de solution de continuité entre le monde "primitif" ou "arriéré" et l'Occident moderne. Il ne suffit plus, comme il suffisait il y a un demi-siècle, de découvrir et d'admirer l'art nègre ou océanien ; il faut redécouvrir les sources spirituelles de ces arts en nous-mêmes, il faut prendre conscience de ce qui reste encore de "mythique" dans une existence moderne, et qui reste tel, justement parce que ce comportement est, lui aussi, consubstantiel à la condition humaine, en tant qu'il exprime l'angoisse devant le Temps. »

« Le chamanisme est la pratique la plus ancienne, celle qui est la plus proche de l'origine de l'humanité. Elle est donc la plus proche de la vérité toute nue. »

Gitta Mallasz et Hanna Dallos

Gitta Mallasz (1907-1992), de père hongrois et de mère autrichienne. Dessinatrice, championne de natation. Fait partie d’un groupe de 4 jeunes gens (3 d’origine juive et une vaguement catholique) en quête d’absolu et de spiritualité, qui se réunissent dans une petite maison à Budaliget, près de Budapest. Parmi eux, Hanna Dallos (1907-1945), graphiste, graveur et peintre, lectrice du Tao Te King, des Upanishad, de la Bhagavad-Gîtâ, des écrits de maître Eckart.

Le 25 juin 1943, pendant un échange, Hanna avertit « Attention, ce n’est plus moi qui parle ! ». Commencent alors 17 mois d’en-seignement spirituel reçu de "maîtres intérieurs" ou "messagers"et transmis par Hanna sous la forme de 88 entretiens retranscrits par Gitta. Celle-ci sauve plus de 100 femmes et enfants juifs à Budapest en 1944. Ses trois ami(e)s Hanna Dallos, Joseph Kreutzer et Lili Strausz ne reviendront pas du camp de concen-tration de Ravensbrück.

Photos : Gitta Mallasz jeune et en 1983

Gitta Mallasz et Hanna Dallos

Réfugiée en France en 1960, Gitta publie les entretiens en 1976 sous le titre Dialogues avec l’ange, qu’elle présente comme "un guide pratique pour notre époque de transition".

« Nous, les êtres humains, entrons dans une nouvelle époque. Je sens qu’une nouvelle phase de l’évolution humaine est en train de commencer.» (Gitta)

« L’évolution humaine ne dépend pas seulement du développement spirituel (vertical) ou du développement matériel (horizontal), mais des deux ensemble.» (Lili)

« Il est en tout, partout, en tout lieu, toujours. En bas de la profondeur, il est aussi. Ta tâche définit ta place. Ta place en Lui. L’adoration n’est rien d’autre que l’union avec lui.»

« Il ne faut pas rejeter l’ancien, mais s’en détacher et l’utiliser à une autre fin. »

Photo : Hanna Dallos et Joseph Kreutzer

Gitta Mallasz et Hanna Dallos

« Ce qui est pour la plante croissance est pour l’animal mouve-ment et pour l’homme, donner.»

«Chaque culte rendu à Dieu, chaque religion ne sont que cadre. Le cadre limite l’espace.»

«Tout t’est donné si tu ne quittes pas le chemin, car le chemin est tout.»

«Tout animal sait pleurer, gémir. Sourire, seul l’homme le sait. C’est la clef. Ne souriez pas seulement lorsque vous êtes de bonne humeur ! Votre sourire est le sourire créateur ! (…) Bâtissez en vous la joie rayonnante afin de pouvoir aider.»

«Soyez ivres de Dieu ! C’est cela, le symbole du vin, c’est Son sang. (…) Avec une soif inextinguible, soyez assoiffés de l’Ivresse qui seule peut délivrer.»

Photo du bas : Les notes de l’entretien n° 37 avec Lili

Gitta Mallasz et Hanna Dallos

« Le jeûne des jeûnes, c’est l’aide que tu apportes. Le jeûne en soi n’aide pas. Sais-tu quand il faut jeûner ? Lorsque tu as trop mangé ! Mais c’est encore mieux si tu ne manges pas trop. Tout cela est sans importance, mon petit serviteur ! »

« Reconnaître votre tâche, c’est voir apparaître dans sa pureté votre individualité. Alors vous saurez à quoi vous êtes destinés. (…) Que chacun de tes actes, chacune de tes tâches soit une véritable offrande ! (…) Si tu crois en toi-même, c’est en Lui que tu crois. (…) L’acte est l’éternité présente dans le temps. »

« Celui parmi nous, le "Porteur de Lumière", le tricheur, le rebelle, le serpent, sera délivré aussi. Personne n’habitera désormais l’enfer. »

Photo du haut : Lili StrauszSchéma du bas : Le monde présenté par un ange : le monde créé (minéral, végétal, animal), l’homme au milieu dans lequel s’unissent l’esprit et la matière, le monde créateur (anges, Dieu)

Abraham Heschel

(1907-1972), rabbin massorti, théologien et penseur juif né en Pologne. Études à Berlin, professeur à Frankfurt. Fuie le nazisme, trouve refuge en Angleterre puis aux États-Unis. Professeur d'éthique et de mysticisme juifs au Jewish Theological Seminary of America, s'intéresse davantage à la spiritualité qu'à l'étude critique des textes. Activiste social militant en faveur des droits civiques pour les populations afro-américaines, aux côtés de Martin Luther King, et contre la guerre du Viêt Nam.

« En ce monde, Dieu n’est pas Dieu si nous ne sommes pas ses témoins. (…). À travers les paroles du prophète, c’est Dieu qui s’indigne. »« Dans une société libre, tous sont impliqués dans ce que font quelques-uns. Certains sont coupables, mais tous sont responsables. »

Pedro Arrupe

(1907-1991), jésuite basque espagnol, 28ème Supérieur général de la Compagnie de Jésus (1965-1981). Études en Belgique, aux Pays-Bas et aux États-Unis. Soigne les blessés à Hiroshima lors de l’explosion de la bombe atomique. Mystique, passionné, d’une grande bonté, pousse la Compagnie à prendre sa part dans la lutte sociale en Amérique latine et à s'engager en faveur des pauvres et des marginaux. Désavoué par Jean-Paul II. Créateur en 1980 du Jesuit Refugee Service (JRS, Service jésuite des réfugiés), à l’œuvre dans 40 pays.

« Il y avait chez lui une tension entre l’attention au particulier et à l’universel. Il était habité par un mouvement très fort vers l’action et, en même temps, il avait une capacité étonnante de contemplation et de silence. Dans les moments importants ou même difficiles, il disparaissait et allait prier. »

Maurice Giuliani sj

René Char

(1907-1988), poète français. Adhère à 22 ans au mouvement surréaliste, signe un recueil en commun avec André Breton et Paul Éluard, mais reprend son indépendance en 1934. Résistant durant la 2ème guerre mondiale sous le nom de capitaine Alexandre, chef de secteur dans l’Armée secrète. Son œuvre témoigne de son insoumission devant les agressions du monde.

« Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler. »

« Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard, ni patience. »

« L’impossible, nous ne l’atteignons pas, il nous sert de lanterne. »

«Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s'habitueront … Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaîtras d’étranges hauteurs.»

Swami Muktananda

(de mukti, libération, et ananda, félicité), (1908-1982), aussi appelé Baba ("Papa") par ses disciples, guide spirituel indien et hindou. Disciple de Bhagawan Nityananda, reçoit de lui le shaktipat ("la descente de la grâce" ), la transmission de l'énergie spirituelle. Enseigne le siddha yoga, basé sur le shivaïsme du Cachemire, philosophie plusieurs fois millénaire, dont le fondement est donné dans les Shiva Sutras, mis par écrit par le sage Vasugupta. Parcourt l'Inde à pieds, établit son ashram (Gurudev Siddha Peeth) à Ganeshpuri en 1961. Crée la SYDA Foundation (Siddha Yoga Dham of America) aux États-Unis pour administrer au niveau mondial le siddha yogaqui gère 600 centres de méditation et 10 ashram.

« L'objectif principal du Siddha Yoga consiste à développer pleinement la conscience de Dieu qui demeure enfouie en chaque être humain. Il combat la haine entre les peuples, l'irrespect, l'ignorance, l'apathie et le mensonge. Il suscite unité, connaissance, quête de la conscience intérieure, et réalisation du Soi intérieur. »

Sœur Emmanuelle

Madeleine Cinquin (1908-2008), religieuse née d’une mère belge et d’un père français, enseignante. À l’âge de la retraite, en 1971, s’installe dans un des bidonvilles les plus pauvres du Caire et y lance des projets d’éducation et de santé. Fondatrice avec sœur Sarah Ayoub Ghattas d’œuvres caritatives en Égypte et dans 9 autres pays.

“Il ne faut jamais s’arrêter dans la vie. Il faut toujours s’acharner. Et on est toujours, toujours vainqueur.”

“Je n’ai jamais autant ri que dans le bidonville. On trouvait toujours des occasions de s’amuser.”

“On ne possède pas le bonheur comme une acquisition définitive. Il s’agit à chaque instant de faire jaillir une étincelle de joie.”

Tullio Vinay

(1909-1996), pasteur de l'Église vaudoise d'Italie. Études à Rome et à Edimburgh. Avec sa femme Fernanda, sauve à Florence des Juifs persécutés pendant la 2ème guerre mondiale. Crée en 1947 le Centre oecuménique de rencontres Agapè (amour, en grec) à Prali dans les montagnes du Piémont, organise de camps de jeunes européens pour la réconciliation. Avec une douzaine d’amis, construit en 1961 le Servizio Cristiano, à Riesi, au service des plus pauvres de la Sicile et malgré les menaces de mort de la mafia : école, centre de formation agricole, hospice, etc.

Visite les prisonniers politiques des troupes d'occupation au Vietnam, sillonne l'Europe, et va jusqu'aux États-Unis pour dénoncer la torture, les traitements dégradants et l'horreur des “cages à tigres”. Suite à une de ses conférences à Versailles en 1974, Hélène Engel et Édith du Tertre, avec d’autres, fondent l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture).

Élu sénateur en 1976, se préoccupe des plus petits durant deux législatures, jusqu’en 1983.

Henri Le Saux

(1910-1973), moine bénédictin français breton. Rejoint le P. Jules Montchanin en Inde en 1948, fonde avec lui l’ashram Shantivanam(« le bois de la paix ») sur les rives du fleuve Kâverî.

Après avoir rencontré Ramana Maharshi, est profondément marqué par la spiritualité hindoue et devient ermite.

Suite à sa rencontre avec le maître spirituel tamoul Gnanananda, prend le nom sanskrit de Abhishiktananda (« celui qui met sa joie dans l’Oint ») et alterne une vie d’ermite à Rishikesh, au pied de l’Himalaya, et une vie de nomadisme, coupée de rencontres interreligieuses et de correspondance.

« Il n’y a que deux espèces de gens qui soient en paix : ceux qui n’ont rien compris au mystère de Dieu et qui croient l’avoir compris, les théologiens; ceux qui ont “réalisé“ et ont accepté de ne rien savoir sur Dieu. »

Jean Onimus

(1909-2007), agrégé et Docteur es lettres, professeur à l’université d’Aix-Marseille puis de Nice, conférencier de l’Alliance Française, auteur de 38 ouvrages. Montre comment les évangiles ont été constitués, dresse d’après la classification de Le Senne un portrait psychologique de Jésus, cherche à comprendre comment son message a pu être si profondément défiguré.

« Notre tâche est désormais semblable à celle des archéolo-gues : relever l’authentique, rejeter la sédimentation des siècles qui n’a jamais cessé d’édulcorer et d’enjoliver . (…) Cette mosaïque de paroles si suggestives, pathétiques, humoristiques a plus contribué au succès du christianisme que les subtiles argumentations de Paul : c’est de ce côté-là que gît le trésor, le reste est en train de tomber en poussière. (…) Ce n’est pas l’avenir du christianisme qui est désormais en question, l’affaire est dépassée : c’est le rêve de Jésus ! L’évangile nous invite à un accomplissement de la nature divine dont nous portons en nous le germe. »

Mère Teresa

Anjezë Gonxhe Bojaxhiu (1910-1997), religieuse catholique albanaise naturalisée indienne. Vit pendant 50 ans une "nuit de la foi" qui l’amène à se rapprocher des plus pauvres. Fonde en 1950 la congrégation des Missionnaires de la Charité : école pour les enfants de la rue, ouverture de mouroir, soupes populaires, centres d’aide familiale, hôpitaux, actuellement dans 123 pays.

Critique le matérialisme et l’égoïsme des sociétés occidentales.

« Nous courrons comme des fous après les progrès matériels ou les richesses. Les enfants n’ont plus de temps pour leur parents, ni les parents pour leurs enfants et pour eux-mêmes. C’est de la famille elle-même que provient la rupture de la paix dans le monde. »

Louis Évely

(1910-1985), écrivain belge, docteur en droit et en philosophie, prêtre catholique, enseignant, Résistant, puis moine et conférencier. Interdit de publication par son évêque, quitte la prêtrise. Crée en 1982 avec son épouse Marie van der Meersch à Piégros-la-Claste (Drôme) un centre de rencontres spirituelles, L’Aube. Auteur d’une trentaine de livres.

« Jésus a-t-il fondé une religion ? Ou les a-t-il toutes abolies en proclamant qu’il faut détruire les temples parce que le vrai temple de Dieu, c’est l’homme ; qu’il faut abandonner les cultes parce que le vrai service de Dieu, c’est le service de l’homme ; qu’il faut transgresser la loi parce que la seule loi est "Aimez-vous les uns les autres" ? »

« Peut-être que le cœur du christianisme est d’avoir compris que Dieu dépend de nous plus que nous ne dépendons de lui. Que les parents dépendent plus des enfants que les enfants des parents. » ../..

Louis Évely

« Dieu ne parle pas, Dieu n’a jamais parlé ; dès qu’il y a parole, soyez sûr que c’est l’homme qui parle. Mais Dieu se donne, et cette formidable proposition, cette sollicitation muette creuse en l’homme une nostalgie, fait jaillir un appel, une interrogation, une souffrance et un bonheur qui s’expriment dans les livres soi-disant révélés. Il n’y a pas de livres révélés, il n’y a que des livres révélants qui expriment tant mal que bien l’expérience de ceux qui les ont écrits et dévoilent l’expérience de ceux qui les lisent du dedans. Laissons tomber toutes ces fictions d’élection d’un peuple d’élus, d’interventions successives de Dieu pour nous dire ou nous donner autre chose que ce qu’il nous a confié à tous dès l’origine ! »

Dimitri Panin

(1911-1987), physicien russe, écrivain, philosophe et métaphysicien orthodoxe. Ingénieur de l'École Polytechnique, interné dans des camps car il a conteste le régime soviétique. Passe deux ans dans un bagne avec A. Soljénitsyne, et 16 ans dans les camps du Goulag (1940-1956). Réfugié en France en 1972Ce qui lui tient à cœur est la réconciliation de la science et de la foi et la fondation d'une éthique. Dans son livre Le monde oscillatoire (1974), compare le développement du monde au mouvement d'un immense pendule s'approchant du point final de son amplitude. Théorie des densités" (1982) est son œuvre la plus ambitieuse, mais aussi la plus étrange, où la physique quantique est interprétée à la lumière d'une foi ardente dans la création divine et dans le mystère de la Trinité. Cette véritable anthropologie embrasse dans son système à la fois les causes premières et les fins dernières.

Bruno Hussar

(1911-1996), né au Caire d’un père juif hongrois et d’une mère française. Sort ingénieur de l’École Centrale de Parisavec "le désir de construire des ponts… entre les hommes".

Devenu religieux dominicain, est envoyé en Israël en 1952 en raison de ses origines juives, et fonde à Jérusalem la Maison Saint-Isaïe, centre dominicain d'études du judaïsme. Obtient la nationalité israélienne en 1966.

Fonde en 1970 près de Latrun, entre Jérusalem et Tel-Aviv, le village Neve Shalom - Wahat as Salam ("Oasis de Paix") où habitent plusieurs dizaines de familles d’Israéliens juifs et arabes qui oeuvrent à l’égalité des droits et à l’entente entre les 2 peuples.

Abbé Pierre

Henri Grouès, (1912-2007), Français, capucin, résistant sous le nom clandestin d’abbé Pierre, député du Mouvement Républicain Populaire, fondateur en 1949 du MouvementEmmaüs, organisation laïque de lutte contre l’exclusion. Lance le 1er février 1954 un appel pour le logement des sans-abris. Soutient en 1971 la création d’Emmaüs International.

« Nous avons autant besoin de raisons de vivre que de moyens de vivre.(…) L’espérance, c’est croire que la vie a un sens. »« Quand on s’indigne, il convient de se demander si l’on est digne. »« L’enfer, c’est soi-même coupé des autres. »« La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir, et oser dire. »

Jacques Sommet

(1912-2012), jésuite français. Opposant au nazisme, déporté à Dachau. Exerce diverses responsabilités importantes avec un intérêt constant pour la rencontre des incroyants et du mouve-ment ouvrier. Responsable du Centre de recherche et d’action sociales (CERAS) de 1979 à 1982. Sait manier ensemble analyse politique, engagement social, ouverture internationale et souci des plus démunis au nom de l’Évangile.

C’est « seulement dans la rencontre avec les hommes qui ne sont pas dans l’univers chrétien que la foi de ce temps peut prendre sa démesure, c’est-à-dire sa dimension réelle ».

« Le pardon par lequel je souhaite finir le conflit, j’en inscrits la perspective dès le début. (…) Mais pour que cette rencontre se poursuive en vérité et dans le respect, j’ai le devoir de ne pas être naïf, de vérifier les dires de l’autre et d’interrompre la relation dès que je vois qu’elle ne se situe pas dans la vérité. La justice est nécessaire au pardon ».

Xavier Léon-Dufour

(1912-2007), jésuite et théologien catholique français, Résistant pendant la 2ème guerre mondiale, professeur d'Écriture sainte au Centre Sèvres et directeur de collections aux éditions du Seuil et du Cerf. À la fois chercheur et pasteur, a toujours revendiqué le pouvoir de proposer une interprétation moderne de l’évangile. Voyage en Inde et au Japon, entretient des contacts avec des milieux variés. À Mirmande avec Marcel Légaut, fait son yoga matinal et sa promenade-méditation, pieds nus dans la prairie. Sa passion pour Jésus, pour St François-Xavier s’allie avec le désir de comprendre ce qu’ils ont vécu.

« Il n'y a de vrai “agir” que s'il y a un “accueillir”. Dans l'action authentique d'un apôtre, tout est de Dieu et tout est de l'homme, il n'y a pas deux parts mais chacun a son rôle. Celui de Dieu, c'est le don, celui de l'homme c'est l'accueil. »

Jean Grosjean

(1912-2006), poète et écrivain français, ajusteur, prêtre, prisonnier de guerre. Essayiste et traducteur à partir de 1946, quitte la prêtrise en 1950. En 1989, crée avec Jean-Marie-Gustave Le Clézio, chez Gallimard, la collection "L'Aube des peuples". Mystique toujours en questionnement, traducteur et commentateur de textes bibliques.

« Il avait une maigreur ascétique à quoi l’on reconnaît les gens que la pensée a brûlés et simplifiés. (…) L’axe premier de son écriture est un axe araméen. Il consiste en ceci : ce qui compte, ce n’est pas ce que je sais, pas même ce que je crois, encore moins ce que je possède. Ce qui compte, c’est la personne singulière qui me fait face. (…) Il y a une veine taoïste dans les Évangiles, qui a été très bien saisie par Grosjean. Son Christ est comme désencrassé de toutes les Églises, de toutes les religions. »

Christian Bobin

Jean Grosjean

« On n’a pas d’expérience autre que la sienne, c’est-à-dire celle qui va à travers notre durée. Le reste, on ne l’a que par truchements de l’expérience des autres. Quand on a des souvenirs, on ne les a pas dans l’ordre. Mon père disait toujours quand il voyait ce qu’on faisait, qu’il avait fait lui-même, que son expérience ne servirait à personne. On a besoin de refaire les mêmes expériences, même si on les vit ailleurs. Lire les expériences des autres procure une espèce d’économie : on ne poussera pas plus loin quelque chose que l’on sait aller droit à la catastrophe. La culture, c’est s’économiser une partie des mauvaises expériences... »

Albert Camus

(1913-1960), écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français, journaliste militant engagé dans la Résistance et dans les combats moraux de l'après-guerre. Défend les espagnols exilés antifascistes, condamne les dérives de l’épuration, dénonce le stalinisme, la guerre d’Algérie, soutient les objecteurs de conscience. Sa critique du totalitarisme soviétique lui vaut les anathèmes des communistes et conduit à la brouille avec Jean-Paul Sartre.

Agnostique, lutte contre toutes les idéologies et les abstractions qui détournent de l'humain, dont la peine de mort et l’arme nucléaire.

« L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde (…) L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. (…) Il faut imaginer Sisyphe heureux »

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Albert Camus

« Je ne serai plus jamais de ceux, quels qu’ils soient, qui s’accommodent du meurtre »

Sauver l’homme, « c’est ne pas le mutiler et c’est donner ses chances à la justice qu’il est seul à concevoir. »

« Je ne puis croire qu’il faille tout asservir au but que l’on poursuit. Il est des moyens qui ne s’excusent pas. »

« La révolution politique ne peut se passer d’une révolution morale qui la double et lui donne sa vraie dimension. »

« Pour trouver la société humaine, il faut passer par la société nationale. Pour préserver la société nationale, il faut l’ouvrir sur une perspective universelle. »

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Albert Camus

« La lâcheté et le crime de l’adversaire n’excusent pas qu’on devienne lâche et criminel ».

« Il a toujours suffi qu’un homme surmonte sa peur et se révolte pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu’elle s’arrête, il s’en faut. Mais enfin, elle grince et, quelquefois, elle finit vraiment par se gripper. »

« Entre Lénine et Gandhi, la querelle touche au fond. Non que Gandhi fût moins réaliste que Lénine, il s’en faut. Simplement, il croyait que la violence étouffe ce qu’elle étreint et que, par définition, son esprit préside plutôt aux meurtres qu’aux nativités. Elle est inefficace à la longue. (…)(Gandhi est) « le plus grand homme de notre histoire. »

Jean Sulivan

Joseph Lemarchand (1913-1980). Français. Son père meurt au front en 1916. Lecteur assidu de Kierkegaard, de Nietzsche et des mystiques. Prêtre en 1938, aumônier d’étudiants. Fonde en 1945 un centre de conférences Renaissance spirituelle. Crée un ciné-club d'art et d'essai, La Chambre Noire.

Très marqué en 1964 par un voyage en Inde et sa rencontre avec Henri le Saux. Directeur de collection chez des éditeurs de 1970 à 1980. Auteur d’une trentaine de livres sous le pseudonyme de Jean Sulivan.

« … Un jour je me suis aperçu que les questions éternelles se jouaient au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la chair et le souffle. Pour moi, tout a changé. »

« Derrière l'égoïsme forcené, l'accaparement et l'accumulation des biens, il y a toujours la peur de la mort. C'est elle qui jette en avant les bêtes de proie. » ../..

Jean Sulivan

«Je me méfie des certitudes absolues, on n'y trouve souvent que l'attachement à soi-même. »

« Dieu, condamné à ne pas intervenir sous peine de faire de nous des immatures. »

« On ne transmet que ce dont on est habité. »

« Ne désirez pas faire changer d'idées, ni convertir, quiconque. Soyez ce que vous êtes, et l'autre, peut-être, sera conduit à devenir ce qu'il est. »

« Souriez à ce qui naît. Bondissez sur l’instant. Le bonheur n’est pas dans le bonheur. Il est dans l’incessante marche. Allons, sortez, vivez tant que vous êtes vivants, faites quelque chose, un coup de folie, ou mieux, qui sait, si vous venez de dîner, faites tranquillement la vaisselle. »

Christiane Desroches Noblecourt

(1913-2011), égyptologue française, conservateur des Antiquités égyptiennes du Louvre, Résistante. Agit en 1960 pour la sauvegarde des 14 temples de Nubie menacés d’engloutissement par le barrage d’Assouan.

« Nous nous sommes calqués sur leur calendrier, leur sagesse, leurs mythes, leurs symboles, leur culture religieuse. Quelques exemples : Saint Georges terrassant le dragon (le diable), c’est calqué sur Horus tuant l’hippopotame maléfique. Saint Christophe le passeur de fleuve, c’est Anubis l’ouvreur de portes, avec ses clefs pendues au cou. Adam façonné à partir de la glaise et du souffle du Dieu créateur, c’est le pharaon Hatshepsout (en fait une pharaonne) façonné(e) à l’aide de la boue du Nil par Khoum, et rendu vivant par le souffle de Héket, patronne des naissances.

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Christiane Desroches Noblecourt

L’annonce faite à Marie, par Gabriel, qu’elle était enceinte du Saint- Esprit, c’est l’annonce que le messager divin Thot vient faire à l’heureuse mortelle Ahmès, heureuse parce que choisie par le dieu Amon qui est descendu sur terre l’ensemencer. L’étoile des Mages annonçant la naissance à Bethléem, c’est l’étoile Sothis (Sirius) qui annonce aux Égyptiens le renouveau. Jésus mis à mort et qui ressuscite trois jours plus tard, cela fait penser à Osiris tué par son jumeau Seth (ressemblance aussi avec Caïn et Abel), et qui ressuscite rapidement. »

Photo : L'obélisque égyptien du Vatican (25 mètres, 750 tonnes), transporté à Rome par l’empereur Caligula, installé en 1586 devant la Basilique St Pierre par Domenico Fontana à la demande du pape Sixte Quint

Gilbert Cesbron

(1913-1979), études de sciences politiques, homme de radio et écrivain français, romancier, essayiste, auteur dramatique, puis Secrétaire général du Secours Catholique après 1972. Se penche dans ses écrits sur la misère, la souffrance, l’humiliation des classes les plus défavorisées, la quête du sens de la vie.

« Face au siècle actuel, il faut être soi, et il faut rassembler toutes les forces de cœur et de compassion pour faire contrepoids à quelque chose de terrifiant et d’invivable. (…) "Liberté, égalité, fraternité", c’est de la provocation, c’est la traduction laïque de l’idéal évangélique. L’humanité est encore dans son enfance. Dans quelques siècles, l’humanité considérera ce que nous appe-lons "progrès", qui n’amène ni justice, ni bonheur, ni harmonie, comme une incroyable barbarie ».« Et si c’était cela, perdre sa vie : se poser les questions essentielles juste un peu trop tard ? »

Roger Garaudy

(1913-2012), homme politique, philosophe et écrivain français. Professeur de philosophie à l'université de Clermont-Ferrand puis de Poitiers. Figure importante du Parti communiste français dont il est exclu en 1970. Se convertit par la suite au catholicisme, puis à l'islam en 1981. Se fourvoie en 1996 dans des prises de position négationnistes.

« Engager avec les non-Occidentaux un véritable dialogue des civilisations pour apprendre de leur culture d'autres rapports avec la nature qui ne soient plus seulement techniques mais vitaux, d'autres rapports sociaux qui ne soient ni totalitaires, ni individualistes, mais communautaires.(…) Aller à la rencontre de l'autre - en acceptant sa différence - pour créer ensemble ces communautés de travail, de consommation et de culture. »

« Ce que Gandhi invente, avec la non-violence, c’est une nouvelle dialectique des rapports entre les moyens et la fin. Les moyens, c’est une fin à naître. La fin ne précède pas les moyens : elle est créée par eux. »

Taisen Deshimaru

(1914-1982), maître bouddhiste zen japonais de l'école Sōtō. Par curiosité, s'éloigne des pratiques spirituelles bouddhiques pour étudier le christianisme sous la direction d'un pasteur protestant. Revient ensuite au bouddhisme. Se rend en France en 1967, fonde plus de 200 dojos en Europe, en Afrique du Nord et au Canada. Son enseignement s’enracine dans sa tradition, mais il est ouvert sur la psychologie et les avancées scientifiques.

« La respiration consciente est comme un vent qui chasse nos nuages intérieurs. »« Tous les jours, à la suite d’une phrase entendue, d’une chose vue, d’un sourire, d’un événement particulier, vous passez par des prises de conscience : ce sont là des satoris (éveils). »

« Je ne savais pas ce qu’était le rire avant d’avoir connu Deshimaru ! » Maurice Béjart

Pierre Ceyrac

(1914-2012), jésuite français, missionnaire en Inde du Sud, parle le sanskrit et le tamoul. Connu pour son engagement auprès des étudiants et des populations les plus pauvres et des Intouchables, pour son action d’accueil des réfugiés cambodgiens fuyant le régime des Khmers rouges, et pour son mouvement Mille puits afin d’approvisionner les villages en eau.

Doué d’un grand charisme d’ouverture et de compassion, sert ses frères sans distinction de race, de religion ou de catégorie sociale.

« L’Inde nous remet en contact avec notre âme d’enfant, comme s’il était un temps où, avant d’être chrétiens, nous étions tous hindous. »« Chacun est une note unique dans le concert de l'univers. »

Etty Hillesum

(1914-1943), jeune femme juive hollandaise. Jeunesse enthousiaste et insouciante. Licence de droit, étudie l’allemand, le français et le russe. Se lie au psycho-chirologue Julius Spier, ancien élève de Jung. Assistante sociale et psychologue, pour le Conseil Juif d’Amsterdam, au camp de transit de Westerbork. Affrontée au nazisme, entreprend une démarche spirituelle radicale. En juin 1943, alors que des amis lui proposent de l’aider à se cacher, choisit de retourner à Westerbork pour continuer son travail auprès de ses frères. Décède au camp de concentration d’Auschwitz-Oswiecim (Pologne).

« La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d'autres solutions que de rentrer en soi-même et d'extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n'ayons d'abord corrigé en nous. L'unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-même et pas ailleurs. » ../..

Etty Hillesum

« La couche la plus profonde et la plus riche en moi où je me recueille, je l'appelle Dieu. »

« Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : c’est que ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider - et ce faisant nous aider nous-mêmes .C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de toi en nous, mon Dieu".

« En brisant ces représentations qui emprisonnent la vie derrière leurs grilles, on libère en soi-même la vie réelle avec toutes ses forces, et l’on devient capable de supporter la souffrance réelle, dans sa propre vie et dans celle de l’humanité. »

« En excluant la mort de sa vie on se prive d'une vie complète, et en l'y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. »

Swami Vijayananda

(1914-2010). Abraham Jacob Weintrob, médecin français. Pratique la médecine pendant 10 ans près de Marseille avant de partir en Inde à l'âge de 36 ans. Rencontre Mâ Ananda Moyi, devient son disciple (elle l’appelle Vijayananda, "le bonheur dans la victoire") , vit près de 8 ans à Bénarès dans son ashram puis voyage avec elle dans toute l'Inde avant de se retirer seul pendant 7 ans sur les contreforts de l'Himalaya.

« Il faut faire tous ses efforts, et après, advienne que pourra. Quand on se met au travail sérieusement, des pouvoirs viennent vous aider. Quand nous faisons un pas, Dieu en fait dix. (…) L’abandon développe la capacité de vivre dans l’instant et la fluidité, il ne vous prépare aucunement à vivre ce monde mais vous permet réellement de le dépasser. (…) Quoi qu’il puisse m’arriver, je n’ai pas peur ! »« Quand les êtres humains comprendront-ils qu'il n'y a qu'une seule religion, celle de l'homme ? »

Pierre Nautin Frédéric Amsler

P.N. (1914-1997), historien français, entré au CNRS en 1946, directeur d’études à la section Sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études, en 1963 directeur d’études à la chaire Patristique et histoire des dogmes. A notamment travaillé sur Origène, Méliton de Sardes, Hippolyte de Rome. Établit le noyau primitif des évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, en les passant au crible de la méthode historique et littéraire, pour faire apparaître les logia de l’Évangile primitif. Dédivinise Jésus et montre qu’il n’a jamais voulu créer une religion et encore moins une Église.

Son approche et ses conclusions sont voisines de celles de Frédéric Amsler, historien du christianisme, professeur à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Lausanne.

Émile Gillabert

(1914-1995), chercheur et écrivain suisse. Licence de lettres de l'Université de Dijon, arrive à Paris en 1945. Prend la direction d'une maison d'édition spécialisée dans les ouvrages religieux. Marqué par la lecture de l'Évangile selon Thomas, manuscrit -considéré par l’Église comme apocryphe - découvert en 1945 à Nag Hammadi en Haute-Égypte, plus ancien que les synoptiques. Retiré à Marsanne (Drôme) avec sa famille en 1970, ne cesse de travailler ce texte dans lequel il retrouve la correspondance avec les Védas, le Zen, le Tao ou le soufisme. Directeur du groupe de recherches et d’études Métanoïa.

Son œuvre permet une nouvelle lecture des évangiles. Revient à la source du message originel de Jésus épuré de l'influence paulinienne des évangiles canoniques. Révèle les clefs de la Gnose restituées par Jésus en vue de nous permettre d'accéder à un présent libérateur.

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Émile Gillabert

« Je ne nie pas les miracles (de Jésus), je les néglige plutôt. Ils sont pour moi de l’ordre extérieur. »

« L’éveil de la conscience a été confondu avec la "résurrection des morts". Manger le pain de la Parole, s’abreuver à la coupe de l’Enseignement est devenu la Cène (alors que Jean lui-même n’identifie nullement la chair et le sang du Fils de l’Homme au corps et au sang d’une victime offerte en sacrifice : le rachat par le sang est une idée de Paul…) ».

Jean, considéré par certains comme Jean-Christian P etitfils comme l’évangéliste le plus crédible, ne fait pas mention de la Cène, mais du lavement des pieds. Pierre Nautin pense que la phrase « Ceci est mon corps » est la transposition dans l’évangile d’un rite pratiqué pa r la communauté de Marc. Eugen Drewermann affirme de son côté que le concept de théophagie ("manger Dieu") est totalement étranger au judaïsme. Il émet l’hypothèse que la phrase « Ceci est mon corps » et son interprétation comme transsubstantiation o nt été introduits par les premiers Chrétiens marqués par l es religions à mystères.

Joseph Moingt

Né en 1915, Français, prisonnier de guerre évadé, jésuite et théologien, ex-directeur de la revue Recherches de science religieuse, ex-enseignant au Centre Sèvres.

« L’Évangile n’est pas un code de pratique religieuse, il n’y en a pas. Mais il abonde en préceptes de justice et de charité». «La volonté de Dieu est que l’homme se libère de ses entraves, y compris celles posées au nom de Dieu. » « Il faut que dans l’Église des théologiens fassent du neuf sans être menacés d’excommunication. » « Je vois l’avenir du christianisme davantage comme une éthique évangélique que comme une religion et une pratique religieuse. » « L’évangélisation doit être l’entretien des valeurs chrétiennes de liberté, d’égalité et de fraternité en les laissant telles qu’elles sont devenues : communes, sécularisées. »

Roger Schutz

(1915-2005), né en Suisse, Au début de la guerre, accueille avec sa sœur Geneviève des dizaines de réfugiés juifs dans le village de Taizé (Saône et Loire). En 1944, vient en aide aux prisonniers de guerre allemands. Fondateur en 1949 de la communauté de Taizé, qui vise à la réconciliation entre les peuples et au rapprochement des religions,aujourd’hui présente au Brésil, au Sénégal, au Bangladesh, en Corée du Sud, etc.

« Le dialogue inter religieux contribue à cette recherche du bien commun. Quand il y a une confiance entre des responsables de différentes religions, ils peuvent s’opposer ensemble à la violence, aux injustices ».« En face des sombres pronostics apportés par la prospective, il importe de se souvenir que dans les périodes les plus difficiles, bien souvent un petit nombre de femmes et d’hommes, répartis à travers le monde, ont été capables de renverser le cours des évolutions historiques, parce qu’ils espéraient contre toute espérance »