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Annexe à la Charte patrimoniale pour une stratégie territoriale de développement durable de la qualité de vie en Martinique dans le contexte de

pollution par la chlordécone

Sommaire des fiches-actions pour les 4 orientations stratégiques de la Charte

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ORIENTATION STRATÉGIQUE : FACILITER LE REDÉPLOIEMENT D’ACTIVITÉS ET DE TECHNIQUES ADAPTÉES DE PRODUCTION AGRICOLE PROFESSIONNELLES ET FAMILIALES DE PROXIMITÉ ET DE QUALITÉ................................................13

FICHE-ACTION N°A1 : RECONNAÎTRE, PARTAGER ET QUALIFIER LES PRATIQUES D’AGRICULTURES “PAYS“ ADAPTÉES AU CONTEXTE MARTINIQUAIS ........................................................................................ 19  FICHE-ACTION N°A2 : DÉVELOPPER LA CRÉATION DE VALEUR DANS LES AGRICULTURES « PAYS » PROFESSIONNELLES ET FAMILIALES .................. 21  FICHE-ACTION N°A3 : CRÉER UN ESPACE COMMUN DE DISCUSSION, D’ÉCHANGE ET D’ORIENTATION ENTRE LES DIFFÉRENTES AGRICULTURES DE MARTINIQUE DANS LA PERSPECTIVE OUVERTE PAR LA CHARTE ............... 23  FICHE-ACTION N°A4 : CRÉER UNE PLATEFORME ALIMENTATION-AGRICULTURES-SOCIÉTÉ AFIN DE CONNECTER LES ENJEUX ALIMENTAIRES ET AGRICOLES AUX ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ MARTINIQUAISE .................... 26  FICHE-ACTION N°A5 : FACILITER L’ACCÈS AU FONCIER AGRICOLE AFIN DE FACILITER UNE PRODUCTION DE QUALITÉ ................................................. 28  

ORIENTATION STRATÉGIQUE : FACILITER LE REDÉPLOIEMENT D’ACTIVITÉS DURABLES DE PÊCHE ET D’AQUACULTURE POUR ASSURER UNE PRODUCTION LOCALE SAINE, VIABLE ET DE QUALITÉ............................................................29

FICHE-ACTION N°P1 : PARTAGER UNE CONNAISSANCE FIABLE DES IMPACTS DE LA CHLORDÉCONE SUR LA SANTÉ ET LES MILIEUX AQUATIQUES .......... 34  FICHE-ACTION N°P2 : PARTAGER UNE CONNAISSANCE FIABLE DES SECTEURS DE LA PÊCHE ET DE L’AQUACULTURE ....................................... 36  FICHE-ACTION N°P3 : PÉRENNISER LES ACTIVITÉS DE LA PÊCHE ET DE L’AQUACULTURE D'EAU DOUCE ET DÉVELOPPER L'AQUACULTURE MARINE ................................................................................................................ 37  FICHE-ACTION N°P4 : DÉVELOPPER DE NOUVELLES ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES EN DIVERSIFICATION, POUR CONFORTER UNE ACTIVITÉ DURABLE DE PÊCHE .................................................................................. 40  FICHE-ACTION N°P5 : OFFRIR DES PRODUITS LOCAUX DE QUALITÉ ET VALORISÉS ............................................................................................... 42  FICHE-ACTION N°P6 : DÉVELOPPER ET ORGANISER LA FORMATION DES MARINS PÊCHEURS ................................................................................... 44  

ORIENTATION STRATÉGIQUE : PROMOUVOIR LA SANTÉ DES PERSONNES DANS UNE APPROCHE DE PRÉCAUTION AUTOUR DE DÉMARCHES TERRITORIALISÉES DE “VIE SAINE”..................................................................................................45

FICHE-ACTION N°S1 : METTRE EN PLACE SUR UNE BASE VOLONTAIRE DES PROGRAMMES D’ACTION TERRITORIAUX ET COMMUNAUTAIRES SUR LA

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QUALITÉ DE LA SANTÉ DANS LE CONTEXTE DE POLLUTION PAR LA CHLORDÉCONE ......................................................................................... 51 FICHE-ACTION N°S2 : SUIVRE LES EXPOSITIONS PASSÉES ET PRENDRE EN CHARGE LA SANTÉ DES PERSONNES LES PLUS EXPOSÉES ........................... 54 FICHE-ACTION N°S3 : METTRE EN PLACE DES FILIÈRES D’INNOVATION POUR L’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE DES POPULATIONS SENSIBLES ................................................................................................................ 55 FICHE-ACTION N°S4 : DÉVELOPPER DES CERCLES TERRITORIAUX DE CULTURE PRATIQUE SANITAIRE ................................................................ 56 FICHE-ACTION N°S5 : CRÉER UNE PLATEFORME RÉGIONALE D’INFORMATION ET DE DIALOGUE POUR ACCOMPAGNER LE DÉVELOPPEMENT ET L’ÉVALUATION DES DÉMARCHES TERRITORIALES DE QUALITÉ DE LA SANTÉ DANS LE CONTEXTE DE LA CHLORDÉCONE. ........... 57

ORIENTATION STRATÉGIQUE : DÉVELOPPER UNE CONNAISSANCE ET UNE TRANSPARENCE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE............................................................................................................58

FICHE-ACTION N°T1 : CO-CONSTRUIRE UNE VISIBILITÉ PRATIQUE TERRITORIALE SUR LA SITUATION CHLORDÉCONE (ÉTAT DES SOLS ET DES MILIEUX) .................................................................................................. 62 FICHE-ACTION N°T2 : SUIVRE ET LIMITER LE TRANSFERT DES TERRES ..... 64 FICHE-ACTION N°T3 : CO-CONSTRUIRE UN DISPOSITIF D’AUTHENTIFICATION DE LA QUALITÉ (PROCESSUS, EXPLOITATION, PRODUIT) ................................................................................................. 65 FICHE-ACTION N°T4 : VALORISER LA QUALITÉ PRODUITE ........................ 67 FICHE-ACTION N°T5 : POURSUIVRE ET DÉVELOPPER LA RECHERCHE SUR L’IMPACT DE LA CHLORDÉCONE SUR LE VIVANT ....................................... 68 FICHE-ACTION N°T6 : DÉVELOPPER L’ÉDUCATION ET LA FORMATION À UNE CULTURE PRATIQUE DE LA VIE EN SITUATION DE POLLUTION À LA CHLORDÉCONE ......................................................................................... 69

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Annexe à la Charte patrimoniale pour une stratégie territoriale de développement durable de la qualité de vie en Martinique dans le contexte de

pollution par la chlordécone

Fiches-actions pour l’orientation stratégique :

Faciliter le redéploiement d’activités et de techniques adaptées de production

agricole professionnelles et familiales de proximité et de qualité

Plan Chlordécone 2011-2013 Financement PITE Coordination DGS Version mise à jour le 19 février 2013

Animateur du thème : Stéphane BAUDÉ Superviseurs et coordonnateurs du projet : Henry OLLAGNON Gilles HÉRIARD DUBREUIL

MUTADIS

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Présentation du document Le présent document a deux objectifs : Rappeler de façon synthétique les idées issues du séminaire thématique « Alimentation, agriculture et société » (Fort de France, 12 et 13 novembre 2012) en ce qui concerne les trois premières parties abordées :

I) Identification de la situation actuelle, des acteurs et des problèmes identifiés par les participants au sujet de l’agriculture et de l’alimentation en Martinique, dans le contexte de la pollution à la chlordécone ;

II) Diagnostic des actions engagées ; III) Prospective

Dresser la liste des catégories d’actions proposées par les participants lors du séminaire thématique puis affinées et validées lors de séminaire de qualification de la fiche-actions (Fort-de-France, 6 février 2013), en précisant, pour chacune d’elles et dès que cela est possible (c'est-à-dire dès que des informations ont émergé lors du séminaire), les points suivants :

o les exigences de qualité de l’action (état d’esprit dans lequel se placer pour agir, selon les participants)

o les objectifs et le contenu de l'action o le mode d'action ensemble (acteurs nécessaires à la réalisation de

l'action et façon dont ils agissent ensemble) o les conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action

(ressources possibles identifiées par les participants, dont les ressources financières)

o les étapes à parcourir pour la mise en œuvre de l’action (« chemin de changement », c'est-à-dire comment passer de la situation actuelle à la situation souhaitée, selon les participants ?)

o les critères de succès de l’action (marques de sa réussite)

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Table des matières

RAPPEL SYNTHÉTIQUE DE L’IDENTIFICATION DE LA SITUATION, DU DIAGNOSTIC DES ACTIONS ENGAGÉES ET DE LA PROSPECTIVE ....................... 16  FICHE-ACTION N°A1 : RECONNAÎTRE, PARTAGER ET QUALIFIER LES PRATIQUES D’AGRICULTURES “PAYS” ADAPTÉES AU CONTEXTE MARTINIQUAIS ................................................................................................. 19  FICHE-ACTION N°A2 : DÉVELOPPER LA CRÉATION DE VALEUR DANS LES AGRICULTURES “PAYS” PROFESSIONNELLES ET FAMILIALES ......................... 21  FICHE-ACTION N°A3 : CRÉER UN ESPACE COMMUN DE DISCUSSION, D’ÉCHANGE ET D’ORIENTATION ENTRE LES DIFFÉRENTES AGRICULTURES DE MARTINIQUE DANS LA PERSPECTIVE OUVERTE PAR LA CHARTE .................... 23  FICHE-ACTION N°A4 : CRÉER UNE PLATEFORME ALIMENTATION-AGRICULTURES-SOCIÉTÉ AFIN DE CONNECTER LES ENJEUX ALIMENTAIRES ET AGRICOLES AUX ENJEUX DE LA SOCIÉTÉ MARTINIQUAISE .............................. 26  FICHE-ACTION N°A5 : FACILITER L’ACCÈS AU FONCIER AGRICOLE AFIN DE FACILITER UNE PRODUCTION DE QUALITÉ ....................................................... 28  

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Rappel  synthétique  de  l’identification  de  la  situation,  du  diagnostic  des  actions  engagées  et  de  la  prospective         L’agriculture professionnelle Martiniquaise recouvre une diversité de réalité, de l’agriculture conventionnelle pratiquée à des fins d’exportation ou de satisfaction de la demande alimentaire locale jusqu’à des formes d’agriculture pratiquées de façon plus ou moins intensive, plus ou moins formelles, parfois sur des petites surfaces. Cette diversité concerne les surfaces exploitées, les types de culture pratiquées, la situation économique et sociale des exploitations, les modèles agronomiques, les formes d’organisation et les marchés (marchés internationaux, marché local, circuits courts, …). Les formes non conventionnelles d’agriculture (“agricultures pays“), en tirant parti d’un savoir-faire spécifiquement martiniquais ou de techniques issues de l’’agrobiologie, sont susceptibles d’apporter des contributions spécifiques au développement durable de la Martinique (développement endogène, faible impact environnemental, contribution à l’emploi, au lien social, à la culture traditionnelle et à une alimentation saine, …), mais sont aujourd’hui peu visibles, peu organisées et relativement vulnérables. Elles ont par ailleurs un accès réduit aux mécanismes de soutien de l’agriculture, ce qui entrave leur développement. L’action 36 du Plan National d’Action Chlordécone a montré que la pollution par la chlordécone et son impact sur l’agriculture concerne l’ensemble des acteurs Martiniquais au sein du monde agricole et au-delà (consommateurs, société civile, collectivités territoriales, État, …). La situation de pollution et les réponses qui lui ont été apportées en termes de normes et de réglementation ont fortement impacté la production de certains produits agricoles (légumes racines, viande, volailles,…) et renforcé un déclin des activités traditionnelles d’agriculture et d’autoproduction familiale qui sont constitutifs de la qualité de vie sur l’île et de l’identité martiniquaise. Les impacts et les possibilités effectives d’adaptation varient fortement selon la situation particulière de chaque exploitation ou de chaque famille (en termes de contamination des sols, de surface cultivable disponible, d’âge, d’expérience, d’accès aux financements). Il est noté que certaines exploitations développent dans le cadre d’une agriculture conventionnelle des productions peu sensibles à la chlordécone (banane, canne) sur des terrains contaminés et pourraient rencontrer des difficultés importantes en cas de reconversion. Cette situation a renforcé des problèmes déjà existants dans l’agriculture martiniquaise (accès difficile au foncier, coûts de production élevés, vulnérabilité économique des exploitations, difficulté à accéder aux aides agricoles, …). Elle a en outre contribué à déstabiliser la relation des Martiniquais à leur terre, à leur agriculture nourricière et à leur culture traditionnelle. Cette situation a également contribué à une dégradation de la confiance entre les acteurs de l’agriculture (agriculteurs et leurs organisations, services de l’état, recherche agronomique, …). Enfin, à travers la chlordécone se pose le problème plus large du projet de développement global de la Martinique, et en particulier de la contribution des agricultures à ce développement, avec notamment de forts enjeux de réduction de la dépendance alimentaire de l’île. Dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, le cœur stratégique du problème identifié par les acteurs ayant participé à l’action 36 est la reconception plus ou moins poussée des systèmes de production et des filières, de la distribution, qui mette en jeu l’ensemble des acteurs de l’agriculture et renouvelle la relation entre les producteurs et consommateurs et

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la relation entre l’île et ses agricultures. Dans ce contexte, différents acteurs institutionnels (services de l’État, ARS, Chambre d’agriculture, coopératives, …) ont proposé des outils visant à faciliter l’adaptation des exploitants et des familles à la situation de contamination des sols. Les collectivités territoriales agissent à travers leurs politiques agricoles ou par le soutien à des initiatives locales émanant de groupes d’agriculteurs ou d’acteurs de la société civile concernés par la question agricole comme facteur de développement. Les contraintes et contrôles exercés sur les agriculteurs ont amenés ceux-ci à rentrer dans le dispositif réglementaire, à pratiquer des analyses de sols et à adapter leurs cultures (choix des espèces à cultiver en fonction des caractéristiques des sols contaminés) au prix de plus ou moins grandes difficultés. En effet, les travaux de l’action 36 ont montré que les impacts et les possibilités effectives d’adaptation varient fortement selon la situation particulière de chaque exploitation ou de chaque famille (en termes de contamination des sols, de surface cultivable disponible, de formes d’agriculture pratiquée, d’âge, d’expérience, d’accès aux financements). Ils ont révélé l’existence de différentes démarches autonomes d’expérimentation menées par des exploitants agricoles seuls ou en petits groupes pour améliorer leur situation concrète. Ces expérimentations apportent des éléments d’information complémentaires à ceux apportés par la recherche scientifique mais sont peu diffusés. Les actions menées par les acteurs institutionnels dans le cadre du Plan National d’Action Chlordécone ont permis la formation de petits groupes de travail cohésifs entre acteurs institutionnels mais n’ont pas permis de faire émerger une stratégie globale, de long terme et lisible pour l’avenir des agricultures Martiniquaises. Ce contexte de manque de lisibilité est propice à la défiance. En bout de chaîne, les agriculteurs produisant pour le marché local doivent intégrer l’ensemble des contraintes induites par la situation de contamination. Ils voient leur liberté de choix et leurs marges de manœuvre réduites et se trouvent en situation d’endosser un problème qu’ils n’ont pas créé, et sont, à des degrés divers, relativement démunis et isolés. Les multiples contraintes générées par la situation de pollution accélèrent une contraction de l’agriculture (d’une ampleur non évaluée) du fait notamment de la moindre exploitation de terres chlordéconées et de l’abandon de certaines exploitations agricoles. Dans ce contexte, une partie des acteurs ayant participé à l’action 36 met en doute la durabilité des agricultures martiniquaises dans le système d’organisation et d’action actuel et constatent que les conditions d’une reprise d’initiative des agriculteurs ne sont pas réunies. Enfin, les conditions d’un contrat qualité entre la population martiniquaise et son agriculture ne sont pas identifiées, en dehors de systèmes de proximité (marchés locaux et circuits courts permettant une relation interpersonnelle avec l’agriculteur). La présence persistance de chlordécone dans les sols et l’environnement fait de la problématique chlordécone dans l’agriculture un problème intergénérationnel, posant en particulier la question des conditions de la transmission des exploitations aux nouvelles générations d’agriculteurs. Cependant, les modes d’actions mis en œuvre sont sectorisés et pour la plupart de court terme. La problématique concerne l’île dans son ensemble avec deux échelles territoriales pertinentes : 1) échelle subrégionale autour de différents groupes de communes touchées par cette pollution (groupes plus restreints que les intercommunalités) liées par des enjeux

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de proximité, de complémentarité qui apparaissent comme des espaces d’intégration des enjeux agricoles et sociétaux, 2) échelle de l’exploitation agricole, avec une nécessité d’aller au plus fin à l’échelle de chaque parcelle. L’espace Martiniquais est vu par les personnes ayant participé à l’action 36 comme inséré économiquement dans le bassin Caraïbe, produisant à bas coûts, mais avec une qualité moindre ou non garantie, et comme parte prenante, politiquement, administrativement et économiquement de l’espace national et de l’espace européen (avec leurs opportunités et leurs contraintes). Selon les acteurs sollicités dans le cadre de l’action 36, la poursuite de la tendance et des modes d’action actuels risque de laisser les agriculteurs relativement isolés et de mener à une fragilisation des filières, à une contraction du marché des produits locaux, à un renforcement de la dépendance aux importations et à l’abandon de certaines cultures à forte valeur patrimoniale avec des effets négatifs sur l’emploi, sur la santé et sur la société martiniquaise. A l’inverse, le scénario positif identifié par les acteurs sollicités consiste en un redéploiement des activités de la sphère agricole et alimentaire par l’innovation et par une organisation en commun, permettant la redynamisation des exploitations agricoles et notamment dans le secteur des agricultures “pays“. Les enjeux identifiés sont multiples : la qualité de la production en termes sanitaires, environnementaux et patrimoniaux, la reconstruction des marges d’autonomie et d’initiative des agriculteurs, la sauvegarde et le développement de l’activité agricole, sa transmission aux nouvelles générations, la préservation du patrimoine lié à l’agriculture (modes de cultures traditionnels, tradition du jardin familial et des échanges informels, …), le renforcement de la connexion entre agriculture et société, la réduction de la dépendance alimentaire de l’île et, plus largement, le dynamisme de l’économie martiniquaise avec une contribution positive à la situation sociale (contribution du secteur agricole et alimentaire à l’emploi). Des facteurs tels que l’individualisme et la difficulté à coopérer des agriculteurs, le manque de moyens financiers, le risque de désengagement de l’État dans la période d’austérité actuelle et la compétition sur le marché mondial représentent des menaces. Cependant, les acteurs peuvent également s’appuyer sur certains atouts : les progrès faits dans la caractérisation de la situation et l’existence d’une grande quantité de données (mêmes si elles sont exploitées de façon incomplète), la persistance d’une demande réelle de produits locaux, la capacité des agriculteurs à déployer des initiatives et à innover ensemble et en commun, la qualité environnementale des pratiques agricoles traditionnelles martiniquaises (en particulier par rapport aux enjeux de réduction de l’usage de pesticides), la proximité entre le producteur et le consommateur, et des conditions agronomiques et climatiques martiniquaises qui, sous réserve de stratégie agronomiques adaptées, peuvent être particulièrement favorables à l’agriculture.

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Fiche-­‐action  n°A1  :  Reconnaître,  partager  et  qualifier  les  pratiques  d’agricultures  “pays”  adaptées  au  contexte  Martiniquais      

L’objectif identifié dans cette première fiche action est de faciliter, de développer et de rendre visible la contribution des agricultures “pays” à la recherche de solutions durables à la situation de pollution de l’environnement (notamment par la chlordécone) et au renforcement de l’autonomie alimentaire de la Martinique.

Pour cela, il est proposé :

• De faciliter l’expérimentation et le partage de pratiques agricoles innovantes : 1) permettant d’assurer une production alimentaire de qualité comme facteur de redéploiement des modes d’alimentation traditionnels, 2) adaptées au contexte tropical martiniquais, 3) tenant compte de la présence de chlordécone dans les terres, et 4) respectueuses de l’environnement. Ces pratiques incluent notamment :

o Des techniques agricoles permettant de réduire le transfert de chlordécone du sol à l’aliment,

o Le développement de produits, de techniques et de méthodes bio-phytosanitaires traditionnels et d’avenir,

o L’identification de méthodes de phyto-décontamination.

• De créer une plateforme d’échange et de qualification de ces pratiques agricoles “pays” réunissant des professionnels de l’agriculture non-conventionnelle, des techniciens et des scientifiques. Cette plateforme doit permettre de faciliter la conduite d’expérimentations par les agriculteurs et le transfert entre exploitations de pratiques agricoles “pays” de qualité en mettant en place des processus et des lieux d’échanges directs entre agriculteurs, sur le terrain (groupes d’analyse des pratiques, visites d’exploitations, …).

• D’apporter un soutien technique aux agriculteurs-expérimentateurs souhaitant mettre en œuvre de nouvelles pratiques agricoles “pays” (techniciens et conseillers agricoles, Chambre d’Agriculture, …).

• D’élaborer des solutions innovantes pour l’élevage traditionnel et familial (bœuf au piquet) : mesure du taux de chlordécone dans l’animal vivant (mesure du taux d’imprégnation sanguine) associée à un accès à des pâturages non contaminés pour la décontamination des bêtes (avec le soutien des collectivités territoriales).

• De favoriser la reconversion des professionnels en facilitant l’accès des producteurs aux financements et notamment aux financements nationaux et européens et de retravailler les dispositifs de micro-crédit pour qu’ils répondent mieux aux besoins de ces agriculteurs.

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• D’améliorer la connexion entre le monde de la recherche et les professionnels des agricultures “pays”, en menant des expérimentations afin de valider et qualifier ces pratiques agricoles, de renforcer la qualité des expérimentations des agriculteurs et de permette aux acteurs des agricultures “pays“ d’être prescripteurs de recherche (en fonction de leurs besoins) avec leurs partenaires territoriaux.

Les participants s’accordent sur plusieurs critères de succès de cette action, comme le partage d’un patrimoine de pratiques par les agriculteurs “pays”, le renforcement quantitatif et qualitatif des productions locales, la valorisation effective de la qualité des produits et de l’alimentation issus des agricultures “pays” (voir fiche-action n°2) et le renforcement de la valeur ajoutée agricole et du revenu des agriculteurs pratiquant une agriculture “pays”

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Fiche-­‐action   n°A2  :   Développer   la   création   de   valeur   dans   les  agricultures  “pays”  professionnelles  et  familiales      

L’objectif identifié dans cette seconde fiche action est de faciliter le développement des agricultures “pays” en créant de la valeur ajoutée (dans et en aval de la production agricole), pour conforter leur modèle économique et faciliter la mise en œuvre de pratiques agricoles de qualité validées par les agriculteurs et les techniciens (développées dans le cadre de la fiche action n°1). Cette action vise également à réduire le déficit alimentaire de la Martinique et à reconquérir le marché intérieur.

Pour cela, il est proposé :

• De faire connaitre et valoriser les pratiques des agricultures et les produits “pays”, de rapprocher producteurs et consommateurs à travers le développement de circuits de distribution courts et fiables à un niveau territorial (marchés de proximité, accès à la restauration collective et privée, etc.) pour faciliter la création de valeur pour le producteur et le consommateur et de liens de confiance entre producteurs et consommateurs.

• De mettre en place des moyens d’accompagnement ciblés des agriculteurs et répondant à leurs besoins réels en matière de valorisation, de transformation et de commercialisation de leurs productions, de favoriser des relations équitables entre ces producteurs et les opérateurs de distribution et les industries de transformation.

• De redéployer des chaines de transformation et de production de valeur en aval des agricultures pays, de faciliter la mise en place de filières locales de transformation des produits agricoles,

• De faciliter et soutenir la coopération entre agriculteurs sur une base volontaire pour renforcer la production agricole “pays” (planification concertée des productions afin de mieux servir la demande locale et d’augmenter la valeur ajoutée, mise en commun volontaire de moyens de production, de transformation, de conditionnement ou de distribution, …).

• De favoriser la reconversion des professionnels organisés en réseaux ou en petites coopératives, en facilitant leur accès aux financements et notamment aux financements nationaux et européens et de retravailler les dispositifs de micro-crédit pour qu’ils répondent mieux à leurs besoins.

• De soutenir et étendre les démarches de qualité mises en place par des groupements d’agriculteurs (coopératives, associations ou groupes d’agriculteurs,…) et mettre en place des labels de qualité pour regagner la confiance des consommateurs et communiquer sur la qualité, d’examiner la possibilité de mettre en place des filières de production labellisée “sans chlordécone” pour des populations sensibles.

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• De faire connaître au public et de valoriser la qualité des pratiques des agricultures “pays” et de l’agriculture familiale ainsi que de la production locale en s’adressant directement aux martiniquais à travers des émissions grand public (par exemple à travers des émissions grand public comme “Jardins créoles”, de faire mieux connaître les valeurs alimentaires, sanitaires, culturelles, sociale et économiques associées aux productions agricoles locales (en lien avec la fiche action n°4).

• De mettre en place de façon expérimentale sur des territoires volontaires des systèmes d’échanges territorialisés (par ex. un monnaie locale complémentaire) permettant de :

o faciliter les échanges de denrées alimentaires saines et de qualité produites sur des jardins familiaux (en particulier pour les personnes n’ayant accès qu’à certaines productions sur leur jardin contaminé) ;

o valoriser les productions alimentaires locales, formelles et informelles ; o coupler des objectifs d’échange de produits des jardins, d’insertion

sociale et d’accès des producteurs à des facteurs de production ; o sauvegarder les jardins et les vergers familiaux, en développant et en

rendant visible et traçable la qualité de leurs productions. Les participants s’accordent sur la nécessité de favoriser de nouveaux modes d’action coordonnés entre les agriculteurs “pays” et entre ceux-ci et leur environnement (collectivités territoriales, acteurs de la transformation des produits alimentaires, distribution, restauration, consommateurs martiniquais et touristes). Le déploiement de chaines de valeur implique une reprise d’initiative des professionnels et des familles. Il implique de travailler filière par filière avec un comité de pilotage pour chaque filière, de tester des actions ciblées sur des filières, des territoires ou des acteurs précis, de se concentrer sur des territoires ciblés en lien avec les communes et les communautés de communes. Une implication forte de la Chambre d’Agriculture est jugée nécessaire. Le rôle de facilitation et l’engagement effectif des collectivités sur leur territoire (notamment à l’échelle communale et intercommunale) semblent particulièrement important pour :

o Animer une démarche territoriale de qualité de la production avec les producteurs “pays” et l’ensemble des acteurs intéressés par cette qualité,

o Faciliter l’accès à des moyens de transformation et de distribution (marchés locaux, restauration collective, privée, distribution…),

o Faciliter la mise en place de systèmes d’échanges territorialisés, o Drainer des ressources et des financements pour permettre l’adaptation

des filières.

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Fiche-­‐action   n°A3  :   Mettre   en   œuvre   un   espace   commun   de  discussion,   d’échange   et   d’orientation   entre   les   différentes  agricultures   de   Martinique   dans   la   perspective   ouverte   par   la  Charte  

L’objectif identifié dans cette troisième fiche action est de favoriser la construction d’un véritable projet d’agriculture durable pour la Martinique en tenant compte des impacts de la pollution par la chlordécone, en reconnaissant l’existence de plusieurs formes d’agriculture et de production alimentaire qui cohabitent en Martinique (parfois de façon cloisonnée) et peuvent contribuer de façon spécifique à la durabilité de son développement. Il s’agit d’identifier et renforcer les synergies entre les différentes formes d’agricultures, et, dans la mesure du possible, de mutualiser les efforts et les investissements.

Pour cela, il est proposé :

• De mettre en œuvre, sous une forme à déterminer, une plateforme d’échange et de dialogue entre les agricultures martiniquaises et leurs partenaires (État, collectivités territoriales, chambres consulaires, techniciens, chercheurs) pour construire en commun des politiques agricoles régionales durables prenant en compte les objectifs de la Charte, en se dotant d’objectifs communs, en facilitant la structuration du secteur agricole et en intégrant l’ensemble des formes de production agricoles.

• De développer la connaissance objective des différentes formes de production agricoles, formelles et informelles, et des différentes contributions qu’elles apportent à la qualité de vie et à la qualité du territoire et des écosystèmes, de développer des indicateurs pour suivre les évolutions, de rendre visible, mieux connaître et donner leur place aux agricultures “pays” aux côtés des autres formes d’agriculture en identifiant leurs enjeux spécifiques.

• De mettre en évidence les complémentarités entre les différentes formes d’agriculture et dégager des synergies, de favoriser une évolution vers des formes d’agriculture de qualité, viables sur le plan économique, performantes pour l’agriculteur et le consommateur et pour la qualité du territoire.

• De développer une agriculture nourricière d’avenir, permettant de réduire la dépendance alimentaire de la Martinique (donnant notamment une place et une dignité aux pratiques informelles de production et de distribution alimentaire, en référence à la culture martiniquaise), en favorisant l’engagement des jeunes dans les métiers de l’agriculture.

• D’engager une réflexion sur les différents systèmes de culture sur leur devenir et leur contribution actuelle et potentielle à la production des qualités attendues de

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l’agriculture (alimentaire, sanitaire, économique, environnementale, sociale, culturelle).

• De restituer une liberté d’action aux agriculteurs avec leurs partenaires pour qu’ils puissent construire ensemble un projet désirable où chacun trouve son compte, de construire et d’entretenir ensemble une dynamique forte de coopération, d’innovation, d’expérimentation et d’investissement.

• D’organiser et de diversifier les productions, de faciliter la Co-construction d’innovations apportant des éléments de solution à la situation de pollution par la chlordécone, de construire avec les agriculteurs des orientations ou des recommandations en termes de pratiques agricoles sur les parcelles polluées et non polluées tout en respectant la liberté et la capacité d’initiative des exploitants.

• De restaurer la filière animale (formelle et informelle) et sa fonction de fertilisation, en mettant en place la traçabilité nécessaire à sa qualité, notamment sur le plan de la chlordécone.

Les participants s’accordent sur la nécessité :

• De mettre les acteurs primordiaux de l’agriculture autour de la table, de co-construire des orientations stratégiques communes en termes d’alimentation et de critères de qualité (notamment environnementaux), de développer avec la société martiniquaise une vision à long terme (de ce qu’on veut manger, de la qualité du territoire où l’on veut vivre, de la façon dont on veut vivre).

• De prendre le problème dans une perspective globale de développement d’une agriculture de qualité et de ne pas rester ciblé sur la chlordécone.

• D’avoir des règles d’échange et d’écoute (en référence aux méthodologies de facilitation mises en œuvre dans le cadre de l’action 36), notamment pour permettre aux acteurs d’aborder un véritable dialogue, de sortir de la langue de bois et de construire un dessein commun sans préjudice de leur fonction ou de leurs positions publiques ou privées, pour échanger de manière apaisée et positive, pour respecter les positions de tous les acteurs et mieux prendre en compte le ressenti des agriculteurs

• De faciliter l’engagement des agriculteurs, des consommateurs et des élus, de mobiliser un acteur tiers pour faciliter la rencontre entre les différents acteurs de l’agriculture, de maintenir les dynamiques de dialogue engagées dans la durée.

• D’engager la démarche de dialogue par petits groupes ordonnés autour d’enjeux communs avec des espaces de discussion dans les territoires et élargir progressivement le cercle, pour aborder les problèmes d’abord là ou ils se posent avec les personnes directement concernées, à l’échelle des territoires concernés (communes ou groupes de communes).

• De mettre en place des contrats d’objectifs avec des indicateurs chiffrés.

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• De faire le lien avec les instances existantes de validation des politiques agricoles (comme le COREAMR, au plan régional) et les organisations professionnelles et interprofessionnelles agricoles existantes.

Les participants s’accordent sur plusieurs critères de succès de cette action, (qui doivent être co-construits par tous les acteurs concernés par l’agriculture) comme, une meilleure part du marché assurée par la production locale, la possibilité pour les Martiniquais d’avoir des approvisionnements alimentaires de proximité et de qualité, le développement de politiques agricoles qui prennent en compte l’ensemble des enjeux environnementaux, économiques, sociaux, culturels, identitaires, qui sont associés aux différentes formes d’agriculture.

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Fiche-­‐action   n°A4  :   Créer   une   plateforme   alimentation-­‐agricultures-­‐société   afin   de   connecter   les   enjeux   alimentaires   et  agricoles  aux  enjeux  de  la  société  Martiniquaise   L’objectif identifié dans cette quatrième fiche action est de favoriser un dialogue entre le monde de l’agriculture, les collectivités, la société et l’État pour identifier des enjeux et des objectifs communs au monde de l’agriculture et aux autres acteurs de la société et pour développer ensemble une vision patrimoniale des agricultures dans la perspective du projet de développement durable de la Martinique.

Pour cela, il est proposé :

• D’examiner de façon pragmatique comment par des chemins et des expériences multiples, il est possible de passer de la situation actuelle à un renforcement des contributions des activités agricoles à la durabilité du développement de la Martinique, à la qualité de vie et à la qualité du territoire (alimentaire, sanitaire, économique, environnementale, sociale, culturelle).

• De valoriser une diversité d’agricultures, de produits, d’approches culinaires traditionnelles et innovantes, sur la base des productions des agricultures martiniquaises.

• D’identifier dans la société, des personnes de bonne volonté susceptibles de relayer vers la société et vers les media la connaissance des enjeux liés au développement des agricultures martiniquaises.

• De mettre à disposition du plus grand nombre les informations et les résultats obtenus dans le cadre des actions de la Charte et de rendre visibles au public les progrès obtenus dans le domaine agricole.

• D’élaborer et de co-construire avec les consommateurs des critères de qualité, des indicateurs de suivi de la qualité des agricultures martiniquaises (notamment sur la mesure des résidus dans les produits commercialisés, sur l’évolution du niveau de pollution sur certaines zones) et de rendre publiques les évaluations sur la base de démarche de volontariat avec les acteurs concernés (voir la thématique de la Charte “Développer une connaissance et une transparence au service du développement durable”).

• D’expliciter et de valoriser les résultats, notamment en termes de possibilités de produire des aliments de qualité dans un contexte de contamination (voir fiche action n°T1 et n°T2 et la thématique de la Charte “Développer une connaissance et une transparence au service du développement durable”).

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Les participants s’accordent sur la nécessité d’un dialogue entre les agricultures martiniquaises et la société fondé sur une attitude positive et constructive, ensemble, sur la nécessité de mettre au point des indicateurs de qualité en coopération avec les différents acteurs concernés, sur l’intérêt d’un regroupement et d’un partage des données existantes (en respectant les possibles conditions de confidentialité). L’engagement de différents acteurs clés est jugé nécessaire pour cette action, en particulier, les professionnels de l’agriculture et leurs organisations, la Chambre d’Agriculture, les services de l’État (agriculture, santé, éducation…), les collectivités territoriales, les associations de consommateurs, les media. Les participants s’accordent sur plusieurs critères de succès de cette action, comme la visibilité de la plateforme “alimentation-agricultures-société“ par la société martiniquaise et les consommateurs, le rétablissement de la confiance des consommateurs, la reconnaissance par la société des contributions des agricultures martiniquaises au développement durable du territoire, à la qualité de vie et à la culture et à l’identité martiniquaise.

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Fiche-­‐action   n°A5  :   Faciliter   l’accès   au   foncier   agricole   afin   de  faciliter  une  production  de  qualité  

Les difficultés spécifiques engendrées dans le secteur agricole par la pollution des sols par la chlordécone appellent des mesures spécifiques pour mobiliser le foncier existant et traiter de façon originale et innovante la question de l’accès au foncier et en particulier au foncier pas ou peu contaminé. L’objectif identifié, dans cette quatrième fiche action est de faciliter l’accès des agricultures au foncier, dans la perspective de leur déploiement et de mobiliser, autant que possible, les terres saines non utilisées.

Pour cela, il est proposé :

• De sensibiliser les administrations et négocier avec elles pour générer des marges de manœuvre en termes de défrichage de terres agricoles tout en préservant l’environnement forestier et pour cela :

o Identifier des zones inutilisées (anciennes carrières, exploitations ou jardins abandonnées,…) et donner aux agriculteurs un accès à ces zones dans des conditions favorables ;

o Examiner avec les acteurs concernés les conditions d’accès des agriculteurs à des savanes ou terres boisées non chlordéconées (par exemple en compensant par des mesures de reboisement des terrains contaminés) ;

• De mettre en place des conventions d’objectifs avec les agriculteurs sur les terres mises à disposition.

• De faire appel aux collectivités territoriales pour mettre les terres non utilisées à disposition des agriculteurs et notamment le Conseil Régional dont la banque de terres représente une ressource foncière valorisable, d’environ 300 ha de terres réparties sur 6 communes, actuellement utilisées à 46% (environ un tiers de ces surfaces sont chlordéconées).

• D’accompagner les agriculteurs pour faciliter une production de qualité sur ces ressources foncières.

Les participants s’accordent sur la nécessité d’impliquer différents acteurs qui peuvent contribuer à la construction de solutions nouvelles aux problèmes d’accès au foncier, notamment la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF), l’ONF, la SAFER, les propriétaires privés, les collectivités territoriales, en tant que propriétaires fonciers et en tant que planificateurs des usages des sols (Espaces Boisés Classés, POS, PLU et SCOT).

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Annexe à la Charte patrimoniale pour une stratégie territoriale de développement durable de la qualité de vie en Martinique dans le contexte de

pollution par la chlordécone

Fiches-actions pour l’orientation stratégique :

Faciliter le redéploiement d’activités durables de pêche et d’aquaculture pour

assurer une production locale saine, viable et de qualité

Plan Chlordécone 2011-2013 Financement PITE Coordination DGS Version mise à jour le 15 février 2013

Animatrice du thème : Élise LEVINSON Superviseurs et coordonnateurs du projet : Henry OLLAGNON Gilles HÉRIARD DUBREUIL

MUTADIS

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Présentation du document Le présent document a deux objectifs : Rappeler de façon synthétique les idées issues du séminaire thématique “Pêche, aquaculture, société et territoire” (Fort-de-France, 13 et 14 novembre 2012) en ce qui concerne les trois premières parties abordées :

I) Identification de la situation actuelle, des acteurs et des problèmes identifiés par les participants au sujet de la pêche et de l’aquaculture en Martinique, dans le contexte de la pollution à la chlordécone ;

II) Diagnostic des actions engagées ; III) Prospective

Dresser la liste des catégories d’actions proposées par les participants lors du séminaire thématique puis affinées et validées lors de séminaire de qualification de la fiche-actions (Fort-de-France, 6 février 2013), en précisant, pour chacune d’elles et dès que cela est possible (c'est-à-dire dès que des informations ont émergé lors du séminaire), les points suivants :

o les exigences de qualité de l’action (état d’esprit dans lequel se placer pour agir, selon les participants)

o les objectifs et le contenu de l'action o le mode d'action ensemble (acteurs nécessaires à la réalisation de

l'action et façon dont ils agissent ensemble) o les conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action

(ressources possibles identifiées par les participants, dont les ressources financières)

o les étapes à parcourir pour la mise en œuvre de l’action (“chemin de changement”, c'est-à-dire comment passer de la situation actuelle à la situation souhaitée, selon les participants ?)

o les critères de succès de l’action (marques de sa réussite)

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Table des matières

RAPPEL SYNTHÉTIQUE DE L’IDENTIFICATION DE LA SITUATION, DU DIAGNOSTIC DES ACTIONS ENGAGÉES ET DE LA PROSPECTIVE ....................... 32  FICHE-ACTION N°P1 : PARTAGER UNE CONNAISSANCE FIABLE DES IMPACTS DE LA CHLORDÉCONE SUR LA SANTÉ ET LES MILIEUX AQUATIQUES ............... 34  FICHE-ACTION N°P2 : PARTAGER UNE CONNAISSANCE FIABLE DES SECTEURS DE LA PÊCHE ET DE L’AQUACULTURE .............................................................. 36  FICHE-ACTION N°P3 : PÉRENNISER LES ACTIVITÉS DE LA PÊCHE ET DE L’AQUACULTURE .............................................................................................. 37  FICHE-ACTION N°P4 : DÉVELOPPER DE NOUVELLES ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES .......................................................................................... 40  FICHE-ACTION N°P5 : OFFRIR DES PRODUITS LOCAUX DE QUALITÉ ET VALORISÉS ........................................................................................................ 42  FICHE-ACTION N°P6 : DÉVELOPPER ET ORGANISER LA FORMATION DES MARINS PÊCHEURS ............................................................................................ 44  

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Rappel  synthétique  de  l’identification  de  la  situation,  du   diagnostic   des   actions   engagées   et   de   la  prospective   La chlordécone représente, pour les participants du séminaire, une “catastrophe” que subissent en particulier les professionnels de la pêche et de l’aquaculture, et qui n’est pas aujourd’hui reconnue comme telle. Elle impacte toute la Martinique et tous ses acteurs, à des degrés variables (zones de pêche différemment impactées par exemple) mais toujours sur des dimensions importantes de la vie : d’abord économique, mais aussi patrimoniale, culturelle, sociale, morale, organisationnelle et bien sûr sanitaire. La situation générée par la pollution a la particularité de présenter un caractère complexe et irréversible, ce qui rend difficile sa compréhension (effets sur la santé humaine et les milieux encore mal connus) et sa prise en charge. Ainsi, les professionnels se sentent démunis face aux difficultés qu’ils doivent affronter, et ne se sentent pas acteurs de la résolution des problèmes générés par la chlordécone. Dans un contexte de perte de confiance des acteurs, due à la méconnaissance de la situation et à un partage non satisfaisant de l’information, il est question de la disparition des activités de pêche et d’aquaculture en Martinique, et du patrimoine naturel, culturel et social qui y est lié. Face à cette situation, les pouvoirs publics sont perçus par les participants comme trop peu actifs, dans un contexte où l’Union Européenne, en décalage avec les spécificités locales, impose des contraintes fortes, et où les choix de consommation des Martiniquais conditionnent fortement les productions locales. Il en résulte que malgré les Syndicats de marins pêcheurs et le Comité Régional des Pêches, les professionnels se sentent isolés des autres acteurs, en particulier des élus et des chercheurs, et ne parviennent pas à adapter leurs activités. Des actions existent, mais leur manque une coordination empêche aujourd’hui les acteurs de bâtir un projet partagé permettant de contrer l’affaiblissement des activités de pêche et d’aquaculture. Selon les participants, l’avenir se joue à court terme (affirmer une volonté commune de maintenir la pêche et l’aquaculture en Martinique) et à moyen terme (lancer des actions), avec une vision à long terme, pour une valorisation des traditions et savoir-faire locaux dans un paysage européen et mondial. Si la tendance se poursuit, les participants craignent une extension de la pollution, des effets avérés sur la santé, et une pêche professionnelle qui continue à “vivoter” quelques temps, puis disparaît au profit d’une pêche informelle dangereuse, emportant avec elle son patrimoine culinaire et culturel. A l’inverse, le scénario positif est celui de l’élaboration d’un projet commun innovant de maintien des activités, soutenu par l’Europe, et garantissant une qualité sanitaire des produits. Les enjeux sont donc nombreux : il est question de la survie des activités de pêche et d’aquaculture, de travailler ensemble pour faire de cette catastrophe une opportunité sous la forme d’un projet positif de développement durable, d’établir une connaissance de la situation et un partage de l’information permettant de restaurer la confiance entre acteurs, et enfin d’ancrer la sécurité et l’autonomie alimentaires de l’île. Des facteurs tels que l’augmentation du coût des carburants ou l’extension de la pollution représentent des menaces pour ce projet, mais les acteurs peuvent aussi s’appuyer sur de nombreux atouts pour sa réussite : le professionnalisme et la

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motivation des professionnels ; l’envie et les prémisses du faire ensemble ; l’existence d’une ressource au large ; le goût des Martiniquais pour les poissons et crustacés.

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Fiche-­‐action   n°P1  :   Partager   une   connaissance   fiable  des   impacts   de   la   chlordécone   sur   la   santé   et   les  milieux  aquatiques  

Les exigences de qualité de l’action qui président à cette première fiche-action sont les suivantes :

- la transparence et partage des données brutes et des résultats scientifiques, pour un accès de tous à l’information, et pour générer la confiance entre acteurs,

- une attitude positive et constructive, ensemble.

L’objectif principal de l'action est de viser un diagnostic partagé et suffisamment consistant pour agir. Pour cela, les actions à entreprendre sont :

• Améliorer la connaissance scientifique (processus de contamination, espèces impactées, qualité des produits mis en vente, évolution de la contamination dans et à partir des zones polluées fermées à la pêche)

• Mutualiser les informations pour un niveau de connaissance partagé de tous les acteurs (population comprise)

• Partager l’information, au cours de réunion ou d’expositions par exemple

• Déterminer ensemble des indicateurs qui seront suivis de façon commune

• Améliorer l’information sur les zones de pêche et les niveaux de contamination (pêche à pied et en bordure de côte)

En ce qui concerne le mode d'action ensemble, les participants s’accordent sur la nécessité de co-construire les programmes et les résultats de recherche avec tous les acteurs. En particulier, un travail en étroite collaboration entre scientifiques et professionnels. Pour cela, il convient d’organiser cette co-action :

• en créant des espaces de co-construction et d’échanges, qui permettront à tous les acteurs de se rencontrer : professionnels, État, élus, scientifiques, associations, représentants de la formation, acteurs économiques, population.

• notamment en créant une structure de gestion globale regroupant des représentants des différents groupes d’acteurs.

• en travaillant avec les agriculteurs sur les bassins versants, dans une relation terre-mer.

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• en organisant des rencontres fréquentes (« plus que tous les 6 mois »), dans un lieu précis à maintenir (le futur Centre Caribéen de la Mer par exemple), mais aussi dans des lieux « décentralisés », tout en veillant à assurer une convivialité satisfaisante dans ces rencontres.

Plus généralement, il convient de viser la constitution de trois pôles qui formeraient ensemble un pôle de compétitivité : un pôle de promotion et de valorisation de la qualité, un pôle économique et un pôle de recherche et de partage de la connaissance.

En termes de chemin de changement, il convient, en premier de “ne pas avoir peur du changement”, notamment en recherchant les conditions opérationnelles de la coopération entre des acteurs très diversifiés : échange, dialogue, parler franchement, améliorer la connexion entre les acteurs, établir une charte commune

Parmi les critères de succès de l’action, le premier est que tous les acteurs ont accès à l’information. En particulier, il y a :

• une meilleure communication en Martinique, et éventuellement au-delà, sur la chlordécone et ses impacts sur la santé ;

• dans les magasins, les gens savent dans leur grande majorité l’état de la contamination et les risques ;

• les particuliers savent quels poissons ils peuvent pêcher ou consommer ;

• les particuliers et les restaurateurs connaissent les lieux reconnus de commercialisation autorisés et contrôlés (marchés, GMS, poissonnerie, etc.) par des professionnels habilités à vendre des produits de la pêche et de l’aquaculture ;

• une résilience des milieux mieux évaluée, une exploitation raisonnée et durable de la ressource halieutique, mieux identifiée par tous, comme facteurs de sérénité pour tous.

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Fiche-­‐action   n°P2  :   Partager   une   connaissance   fiable  des  secteurs  de  la  pêche  et  de  l’aquaculture  

Les exigences de qualité de l’action sont les suivantes :

• la transparence et partage des données des secteurs de la pêche et de l’aquaculture, pour générer la confiance entre acteurs.

• Une attitude positive et constructive, ensemble.

L’objectif de cette action est de viser un diagnostic partagé et suffisamment consistant pour agir. Pour cela, il convient :

• d’améliorer la connaissance des activités de pêche et d’aquaculture (nombre de professionnels, activités de ces professionnels et de leur conjoints collaborateurs, zones de pêche fréquentées, quantités pêchées ou produites, report de pêche au large et activités de diversification),

• de mutualiser les informations pour un niveau de connaissance partagé de tous les acteurs (activités, réglementation).

Le mode d'action ensemble proposé doit s’appuyer sur :

• la création de centres de gestion pour accompagner les professionnels dans leurs activités et recueillir des informations sur la profession.

• la création d’une structure permettant la co-construction d’une visibilité globale sur les secteurs de la pêche et de l’aquaculture en regroupant les représentants des différents groupes d’acteurs.

• la constitution, à terme, de trois pôles qui formeraient ensemble un pôle de compétitivité : un pôle de promotion et de valorisation de la qualité, un pôle économique et un pôle de recherche et de partage de la connaissance.

Une des conditions liminaires est de regrouper les données existantes et d’en assurer une circulation pertinente.

Le chemin de changement est identique à l’action précédente, à savoir : « ne pas avoir peur du changement » et susciter une collaboration des acteurs pour entrer dans l’action (échange, dialogue, parler franchement, améliorer la connexion entre les acteurs, établir une charte commune).

Le premier critère de succès est l’assurance de ce que tous les acteurs ont accès à l’information.

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Fiche-­‐action   n°P3  :   Pérenniser   les   activités   de   la  pêche  et  de  l’aquaculture  d'eau  douce  et  développer  l'aquaculture  marine  

Les exigences de qualité de l’action évoquées sont les suivantes :

• savoir transformer la catastrophe en opportunité.

• être innovant et valoriser le professionnalisme du marin pêcheur et celui des professionnels de la filière aval (restauration, distribution) en développant leur coopération.

• favoriser l’entrée des jeunes dans la filière et assurer le renouvellement des générations (contrat de génération), dans des conditions favorables à l’emploi.

• apporter à la fois des réponses immédiates et concrètes dans cette situation de crise, et une vision à long terme.

• développer la connaissance de la ressource halieutique, des niveaux de prélèvement par les différentes catégories d’acteurs (professionnels et plaisanciers) et des conditions de renouvellement de cette ressource.

• mieux identifier les types de produits, la provenance des produits, leur traçabilité.

L’objectif premier est de retrouver une pêche durable, par un changement profond des activités, permettant de surmonter l’épreuve chlordécone en apportant des solutions d’avenir (ne pas regarder en arrière). Pour cela, diversifier les activités :

• Identifier de nouvelles espèces à pêcher

• Identifier et aménager de nouvelles zones de pêche, en revoyant l’implantation et la conception des DCP (Dispositifs de Concentration de Poissons) par exemple

• Redéployer la pêche vers le large. Cela nécessite de sensibiliser et de réaliser des actions de lobbying (et dans la mesure de possible des adaptations) au niveau européen (à partir de l’article 349 du traité de fonctionnement de l’UE qui institue un véritable droit d’adaptation) pour que soit tenu compte des spécificités de la pêche martiniquaise et son environnement caribéen et la nécessaire subsidiarité de la gestion de cette activité.

• Identifier de nouveaux débouchés (valorisation, transformation, licences de pêches dans d’autres zones de la Caraïbes, etc.).

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• Utiliser des équipements nouveaux et innovants par mutation de la flotte de pêche (par ex. de nouveaux navires utilisant des énergies renouvelables, plus économiques et performants, moins polluants, éventuellement à voile, et pouvant embarquer plusieurs pêcheurs et du matériel frigorifique)

• Développer des systèmes de dépollution des espèces (temps passé en milieu non contaminé, pour les langoustes par exemple)

• Développer et maintenir l'aquaculture marine, et la pisciculture d'eau douce et l'aquaponie à terre

• Evaluer les potentialités et la qualité de l’aquaculture martiniquaise et mobiliser le potentiel de bio-culture marine (algoculture, par exemple)

• Favoriser le suivi comptable et financier et la fiabilité des évaluations des captures des entreprises de pêche et leur reconnaissance européenne.

En ce qui concerne le cas des professionnels qui ne pourraient modifier et maintenir leur activité, il est important de mettre en place un dispositif financier de retrait de la profession, pour ceux qui ne disposent pas de droit à pension complète.

Le mode d'action ensemble conduit à se placer en situation de promoteur de projets à défendre et à valoriser comme une dimension essentielle du projet Martiniquais en associant professionnels de la pêche, collectivités territoriales (communales, intercommunales, départementales, régionales et autres parties prenantes) et à promouvoir ces projets auprès des structures nationales européenne.

Pour que l’Union Européenne tienne compte des spécificités de l’île, les participants estiment qu’ils doivent pouvoir présenter un projet solide montrant une prise en charge de la profession par elle-même. Cela nécessite qu’elle puisse discuter, s’accorder et définir ce projet en son sein.

Par ailleurs, il est souhaitable de :

• Co-construire les solutions avec tous les acteurs, en particulier les professionnels (et même à leur initiative, selon certains participants).

• Structurer la profession, pour permettre notamment aux autres acteurs de rentrer facilement en communication avec les professionnels.

• Mutualiser les moyens des professionnels, en développant pour la pêche, des coopératives, comme des coopératives de commercialisation et des coopératives d’armement (inspirées des CUMA dans le domaine agricole).

• Associer d’autres pays de la Caraïbe, pour mutualiser les efforts, les études et les expériences : une coopération “gagnant-gagnant”.

• Créer des centres de gestion accompagnant les professionnels dans leurs activités.

• Viser la constitution de trois pôles qui formeraient ensemble un pôle de compétitivité : un pôle de promotion et de valorisation de la qualité, un pôle économique et un pôle de recherche et de partage de la connaissance.

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Parmi les conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action, il convient de mettre en place un accompagnement financier des investissements, pour les jeunes professionnels qui lancent leur activité ou les professionnels déjà installés qui développent leur activité. Pour cela :

• Expertiser l'opportunité et la faisabilité technique et juridique (douanière notamment) d'une taxe additionnelle sur les produits de la mer importés pour financer l’adaptation du secteur de la pêche artisanale

• Faire appel aux fonds européens pour monter une organisation de producteurs

Le chemin de changement passe par “Ne pas avoir peur du changement”, mais aussi par :

• Communiquer pour rassurer le consommateur et rétablir sa confiance dans les produits locaux sains.

• Collaborer entre acteurs pour entrer dans l’action (échange, dialogue, parler franchement, améliorer la connexion entre les acteurs, établir une charte commune).

Parmi les critères de succès de l’action, ont été évoqués :

• Un projet pour la pêche et l’aquaculture qui soit co-construit par tous les acteurs.

• Une adaptation des secteurs de la pêche et de l’aquaculture en eau douce à la situation générée par la chlordécone.

• La confiance retrouvée du consommateur. • Les marins pêcheurs vivent bien de leur(s) activités et regagnent la

reconnaissance de leur métier. • Une meilleure satisfaction des besoins martiniquais par la pêche et

l’aquaculture de l’ile.. • Maintenir une exploitation raisonnée et durable de la ressource halieutique.

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Fiche-­‐action  n°P4  :  Développer  de  nouvelles  activités  professionnelles  en  diversification  pour  conforter  une  activité  durable  de  pêche  

Les exigences de qualité de l’action évoquées sont ici les mêmes que précédemment, à savoir :

• Transformer la catastrophe en opportunité. • Être innovant. • Apporter à la fois des réponses immédiates et concrètes dans cette situation

de crise, et une vision à long terme.

L’objectif premier de cette l'action est de permettre aux professionnels de diversifier leurs activités et leurs sources de revenus (pêche et aquaculture par exemple), afin de surmonter l’épreuve de la chlordécone en développant des solutions d’avenir (ne pas regarder en arrière). Pour cela :

• Favoriser une approche constructive et collaborative entre institutions de tutelles, collectivités territoriales, professionnels de la pêche et l’ensemble des parties prenantes pour un développement des activités de pêche comme une dimension centrale du projet du territoire de la Martinique.

• Développer l’écotourisme / le pesca-tourisme, l’éducation à l’environnement sur des concepts de prestations sécurisés et reconnus

• Développer des activités de jardinage, d’exploitation, d’entretien de zones côtières contaminées, valorisées de façon non alimentaire dans le tourisme (chasse photo, pêche no-kill) ou le transfert d’espèces vers des zones non contaminées où elles se décontamineraient en viviers ou en espaces clos.

• Développer la production d’énergies marines. • Développer la production d’algues et leur valorisation

Développer la construction de navires (filière mer, éventuellement vers l’export)

Le mode d'action ensemble proposé conduit à :

• Associer d’autres pays de la Caraïbe, pour mutualiser les efforts, les études et les expériences (une coopération “gagnant-gagnant”).

• Viser la constitution de trois pôles qui formeraient ensemble un pôle de compétitivité : un pôle de promotion et de valorisation de la qualité, un pôle économique et un pôle de recherche et de partage de la connaissance.

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Parmi les conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action, c’est l’apport d’un accompagnement financier aux investissements, pour les jeunes professionnels qui lancent leur activité ou les professionnels déjà installés qui diversifient leur activité.

• Envisager une taxe sur les produits de la mer importés, pour aider les professionnels à payer leurs charges ou aider à la relance d’activité par exemple

• Faire appel aux fonds européens pour monter une organisation de producteurs

Parmi les critères de succès de l’action, ont été évoqués :

• Un projet pour ces nouvelles activités qui soit co-construit par tous les acteurs.

• Une adaptation des secteurs de la pêche et de l’aquaculture d’eau douce à la situation générée par la chlordécone.

• Les marins pêcheurs parviennent à développer et maintenir des activités complémentaires.

• Les marins pêcheurs vivent bien de leur(s) activités.

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Fiche-­‐action   n°P5  :   Offrir   des   produits   locaux   de  qualité  et  valorisés  

Parmi les exigences de qualité de l’action citées, on retiendra :

• Être respectueux de chacun des métiers. • Adopter une attitude positive et constructive, ensemble. • Aller ensemble vers une qualité (gastronomique, sanitaire, culturelle) qui

valorise pleinement la fraicheur des produits, de la pêche jusqu’à la consommation du poisson

• Apporter à la fois des réponses immédiates et concrètes dans cette situation de crise, et une vision à long terme.

L’objectif premier de l'action est de reconquérir des parts de marché du poisson frais local, en s’appuyant sur la confiance du consommateur en Martinique.

Pour atteindre cet objectif, la première chose est de valoriser les produits et le patrimoine maritime dans ce qu’ils apportent en termes d’alimentation, d’agrément, de valeur touristique, de biodiversité. Pour valoriser les produits :

• Améliorer les points de vente des produits dans le respect de la réglementation sanitaire et des règles d’accès aux marchés sur les ports de pêche.

• Sécuriser la qualité des produits. Pour cela : o Assurer l’hygiène des produits (conservation du poisson, règles

d’hygiène pour la vente, avoir de la glace et des chambres froides) o Développer la traçabilité des produits o Créer des labels de produits de la mer et aquacoles répondant aux

préoccupations spécifiques des différentes catégories de consommateurs

Il convient également d’améliorer les conditions de production et de vente des produits de la mer. Pour cela :

• Organiser des sites de vente de la pêche locale, bien répartis par rapport à la demande, avec la garantie d’une offre suffisante en qualité et en quantité pour attirer la clientèle, avec des équipements adéquats et une bonne présentation des produits,...

• Former les pêcheurs et les vendeurs • Équiper les navires de pêche de façon à assurer la qualité des produits

depuis la pêche jusqu’à l’achat.

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Dans le mode d'action ensemble préconisé par certains acteurs, on notera :

• Associer les agriculteurs à la réflexion, afin de tirer partie de leur expérience en matière de valorisation de la “banane propre”.

• Structurer le monde de la pêche en ce qui concerne la production et la commercialisation (pour développer des idées de marques par exemple).

• Cela peut se faire à travers le développement de coopératives de producteurs, et la création (en cours) d'une interprofession pêche et aquaculture, la mise en place d’un espace mareyeur (gestion des pics de production)

• Communiquer vers la population. • Viser la constitution de trois pôles qui formeraient ensemble un pôle de

compétitivité : un pôle de promotion et de valorisation de la qualité, un pôle économique et un pôle de recherche et de partage de la connaissance.

Parmi les critères de succès de cette action, on retiendra le fait que tous les acteurs ont accès à l’information :

• Dans les lieux de commercialisation, la grande majorité des gens connaît l’état de la contamination et les risques.

• Il existe un projet d’adaptation de la pêche et de l’aquaculture d'eau douce, et de développement de l'aquaculture marine, co-construit par tous les acteurs.

• Le poisson martiniquais est labellisé. • La confiance du consommateur est retrouvée. • Les marins pêcheurs vivent bien de leur(s) activités et fournissent localement

et à l’export des produits de qualité. • Les acteurs avancent vers une autosuffisance de la Martinique pour les

produits de la pêche et de l’aquaculture.

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Fiche-­‐action   n°P6  :   Développer   et   organiser   la  formation  des  marins  pêcheurs  et  des  aquaculteurs  

Les exigences de qualité évoquées pour cette action sont les suivantes :

• Une reconnaissance des professions de marin pêcheur et d’aquaculteur. • Des professionnels accompagnés dans la modification et la diversification de

leurs activités.

L’objectif premier de l'action est de former techniquement aux activités de la pêche, de l’aquaculture et aux autres activités vers lesquelles les professionnels se tournent ou devront se tourner (pesca-toursime, etc.), mais aussi de former à la gestion et à la commercialisation.

Le mode d'action ensemble évoqué par les acteurs s’articule autour de :

• L'école de formation professionnelle maritime et aquacole de la Trinité, reconnue pour être performante, qui aura un rôle particulier à jouer dans cette formation.

• la constitution de trois pôles qui formeraient ensemble un pôle de compétitivité : un pôle de promotion et de valorisation de la qualité, un pôle économique et un pôle de recherche et de partage de la connaissance.

Une des conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action est la prise en charge des professionnels pour compenser l’absence de revenu pendant leur formation. Les aides actuelles restent limitées.

Parmi les critères de succès de l’action, on retiendra :

• Les pêcheurs sont informés précisément des zones de pêche et des raisons des interdictions.

• Une adaptation des secteurs de la pêche et de l’aquaculture • Valoriser la formation maritime et la validation des acquis de l'expérience,

facteurs de promotion sociale, de qualité, de sécurité, et de développement personnel

• Introduire dans le cursus d'apprentissage et de formation les éléments de connaissance des enjeux et des bonnes pratiques liés à la pollution à la chlordécone et aux critères microbiologique.

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Annexe à la Charte patrimoniale pour une stratégie territoriale de développement durable de la qualité de vie en Martinique dans le contexte de

pollution par la chlordécone

Fiches-actions pour l’orientation stratégique :

Promouvoir la santé des personnes dans une approche de précaution autour de

démarches territorialisées de “vie saine” Plan Chlordécone 2011-2013 Financement PITE Coordination DGS Version mise à jour le 19 février 2013

Animateur du thème : Stéphane BAUDÉ Superviseurs et coordonnateurs du projet : Henry OLLAGNON Gilles HÉRIARD DUBREUIL

MUTADIS

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Présentation du document Le présent document a deux objectifs : Rappeler de façon synthétique les idées issues du séminaire thématique “Santé des personnes dans une démarche de précaution” (Fort-de-France, 8 et 9 novembre 2012) en ce qui concerne les trois premières parties abordées :

I) Identification de la situation actuelle, des acteurs et des problèmes identifiés par les participants au sujet de la protection de la santé des personnes dans une démarche de précaution, dans le contexte de la pollution à la chlordécone ;

II) Diagnostic des actions engagées ; III) Prospective

Dresser la liste des catégories d’actions proposées par les participants lors du séminaire thématique puis affinées et validées lors de séminaire de qualification de la fiche-actions (Fort-de-France, 5 février 2013), en précisant, pour chacune d’elles et dès que cela est possible (c'est-à-dire dès que des informations ont émergé lors du séminaire), les points suivants :

o les exigences de qualité de l’action (état d’esprit dans lequel se placer pour agir, selon les participants)

o les objectifs et le contenu de l'action o le mode d'action ensemble (acteurs nécessaires à la réalisation de

l'action et façon dont ils agissent ensemble) o les conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action

(ressources possibles identifiées par les participants, dont les ressources financières)

o les étapes à parcourir pour la mise en œuvre de l’action (« chemin de changement », c'est-à-dire comment passer de la situation actuelle à la situation souhaitée, selon les participants ?)

o les critères de succès de l’action (marques de sa réussite)

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Table des matières

RAPPEL SYNTHÉTIQUE DE L’IDENTIFICATION DE LA SITUATION, DU DIAGNOSTIC DES ACTIONS ENGAGÉES ET DE LA PROSPECTIVE ....................... 48 FICHE-ACTION N°S1 : METTRE EN PLACE SUR UNE BASE VOLONTAIRE DES PROGRAMMES D’ACTION TERRITORIAUX ET COMMUNAUTAIRES SUR LA QUALITÉ DE LA SANTÉ DANS LE CONTEXTE DE POLLUTION PAR LA CHLORDÉCONE ................................................................................................. 51 FICHE-ACTION N°S2 : SUIVRE LES EXPOSITIONS PASSÉES ET PRENDRE EN CHARGE LA SANTÉ DES PERSONNES LES PLUS EXPOSÉES ................................. 54 FICHE-ACTION N°S3 : METTRE EN PLACE DES FILIÈRES D’INNOVATION POUR L’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE DES POPULATIONS SENSIBLES ........... 55 FICHE-ACTION N°S4 : DÉVELOPPER DES CERCLES TERRITORIAUX DE CULTURE PRATIQUE SANITAIRE ....................................................................... 56 FICHE-ACTION N°S5 : CRÉER UNE PLATEFORME RÉGIONALE D’INFORMATION ET DE DIALOGUE POUR ACCOMPAGNER LE DÉVELOPPEMENT ET L’ÉVALUATION DES DÉMARCHES TERRITORIALES DE QUALITÉ DE LA SANTÉ DANS LE CONTEXTE DE LA CHLORDÉCONE. ..................................................... 57

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Rappel synthétique de l’identification de la situation, du diagnostic des actions engagées et de la prospective Selon les personnes sollicitées dans le cadre de l’action 36, la pollution par la chlordécone constitue un problème diffus, complexe et persistant sur le long terme qui est difficile à appréhender et concerne tous les acteurs sur l’ensemble de la Martinique. Les effets sanitaires d’une exposition massive sur une courte période sont bien connus scientifiquement, tandis que la situation actuelle de pollution en Martinique constitue une situation d’exposition chronique des populations à des faibles doses. Les personnes sollicitées notent que certains groupes de population (notamment les travailleurs du secteur bananier) ont également subi dans le passé des expositions professionnelles. Les effets sanitaires de ces expositions sont difficiles à caractériser scientifiquement. Les études scientifiques menées dans le cadre du Plan chlordécone (études Timoun et Karuprostate) établissent des corrélations entre l’exposition à la chlordécone et les cancers de la prostate ainsi que des “effets subtils” sur le développement des enfants exposés in utero. Il n’est toutefois pas possible aujourd’hui de relier les expositions à un éventuel risque de déclenchement de pathologies pour une personne. En revanche, il est établi que le métabolisme humain est capable d’éliminer progressivement la chlordécone. Il est donc envisageable que les acteurs locaux (y compris les personnes et les familles) puissent contribuer par leurs initiatives personnelles et collectives à une réduction de leur concentration corporelle de chlordécone à travers des démarches précautionneuses de réduction de leurs expositions. Pour les personnes ayant participé à l’action 36, la pollution par la chlordécone constitue un problème sanitaire, mais a également un impact plus large en affectant le rapport des personnes à l’alimentation et leur confiance dans leurs sources d’approvisionnement alimentaire (autoproduction, approvisionnement local, grande distribution …). Selon les personnes sollicitées, la situation de contamination dans le territoire entraîne alors une perte de contrôle sur l’alimentation, des doutes sur la santé, une déqualification de la vie quotidienne et des relations sociales, des formes de méfiance, qui sont à l’origine d’inquiétudes et d’angoisse pour une partie de la population (à divers degrés en fonction de l’âge, de la situation personnelle et familiale des personnes, de leur situation économique, de leur culture, …). Face à cette situation, le cœur du problème est de construire les conditions et les moyens d’une mobilisation durable des acteurs autour d’objectifs communs de qualité de la santé, dans une situation d’incertitude et de manque de confiance et en l’absence d’effets manifestes et visibles. Dans ce contexte, des actions ont été mises en œuvre par les acteurs publics dans le but de protéger les consommateurs. Pour les personnes sollicitées, le système d’action a été centré sur la production de connaissance (chercheurs et experts) et l’utilisation de ces connaissances pour mettre en place un système de protection des consommateurs. Ce système de protection repose sur des normes de teneur en chlordécone des produits alimentaires et des actions de conseil auprès des producteurs et de contrôle du respect de ces normes ainsi que sur des actions de communication à destination de la population. En complément, le programme JAFA a été mis en place par l’Agence Régionale de Santé pour identifier et proposer des

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alternatives aux personnes les plus fortement exposées à travers l’autoconsommation des produits de leur jardin. Ce système d’action s’est concentré sur les expositions présentes et a peu abordé la question des expositions passées (notamment pour les professionnels de la banane les plus exposés dans le passé). A côté de ce système d’action institutionnel, des acteurs du domaine de la santé (médecins ou chercheurs Martiniquais ou extérieurs) jouent un rôle de lanceurs d’alerte en remettant à l’agenda médiatique les questions sanitaires. La prise en charge du problème de la chlordécone est décrite par les personnes sollicitées comme un système ne recherchant pas un engagement actif des personnes dans la réduction de leur exposition (à l’exception du programme JAFA, qui concerne toutefois un public réduit). Selon les personnes sollicitées, ce système a permis de limiter fortement l’exposition des consommateurs, mais au prix d’impacts parfois importants sur certaines activités professionnelles (agriculture, pêche, aquaculture en eau douce). Dans un contexte de confiance dégradée envers les pouvoirs publics, les recommandations ou interdictions ne sont toutefois pas prises en compte par une partie de la population (par exemple les interdictions de pêche). En outre, le manque de lisibilité sur les effets sanitaires de la pollution a amené une partie de la population à se détourner des productions locales, ces changements alimentaires pouvant être à la source d’autres problèmes sanitaires (déséquilibres nutritionnels, obésité, diabète, hypertension). Selon les personnes sollicitées, si les connaissances et informations produites notamment par la recherche circulent entre les acteurs du système d’action institutionnel, les acteurs de terrain (élus, médecins praticiens et population) semblent parfois ne pas y accéder de façon effective, malgré leur mise à disposition publique (par exemple sur Internet). Dans ce contexte, élus et médecins praticiens peuvent être sollicités par la population sans avoir nécessairement les ressources pour leur apporter des réponses satisfaisantes. La présence persistante de chlordécone dans les sols et l’environnement et l’absence de solutions de dépollution à court ou moyen terme fait de la problématique chlordécone un problème intergénérationnel. Cependant, les modes d’actions mis en œuvre sont sectorisés et pour la plupart de court terme. Des horizons de temps à court terme sont identifiés par les personnes sollicitées dans le domaine de la production de connaissances avec la mise en œuvre prochaine de l’étude Kannari. Cette étude comportera notamment un volet de mesure du taux de chlordécone dans le sang pour un échantillon représentatif de la population afin de connaître la distribution statistique des niveaux de contamination sanguine. Malgré la présence plus forte de contamination dans le Nord de l’île, la problématique concerne l’île dans son ensemble, notamment du fait de la circulation des produits alimentaires. L’espace Martiniquais est vu par les personnes ayant participé à l’action 36 comme inséré économiquement et culturellement dans le bassin Caraïbe, et inséré politiquement, administrativement et économiquement dans l’espace national et l’espace européen. Selon les acteurs sollicités dans le cadre de l’action 36, la poursuite de la tendance actuelle risque d’aboutir à un maintien d’un système d’action qui a des difficultés à apporter aux personnes des réponses pratiques leur permettant de construire une visibilité de la situation et de s’engager dans des démarches de réduction de leur exposition. Le scénario négatif identifié par les acteurs repose sur l’identification d’effets sanitaires plus graves qu’escomptés et le déclenchement d’une crise majeure. Le scénario positif identifié par les personnes sollicitées repose sur une mobilisation commune des acteurs

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pour construire une visibilité partagée de la situation dans le domaine sanitaire, permettre un partage effectif des connaissances et des informations et construire des stratégies de prévention et de précaution sur le long terme. Les enjeux identifiés sont multiples : la qualité de la santé sur l’île prise en compte de façon globale (pas uniquement par rapport à la question de la chlordécone) à travers des stratégies de long terme, la préservation des modes de vie traditionnels martiniquais (et de leurs effets positifs sur la santé), la transmission aux générations futures des moyens de vivre avec la situation de pollution et la préservation de l’environnement. Des facteurs tels que la possible érosion des moyens des pouvoirs publics consacrés à la chlordécone, l’identification d’effets sanitaires graves, le découragement possible des acteurs dans une situation difficilement lisible et le développement de nouvelles habitudes alimentaires génératrices de problèmes sanitaires représentent des menaces. Cependant, les acteurs peuvent également s’appuyer sur certains atouts : l’expertise et les compétences développées par les acteurs locaux, les connaissances produites par la recherche, la capacité de dialogue apaisé développée entre les acteurs martiniquais engagés dans la réponse à la situation de pollution, et l’existence d’une réelle prise de conscience du problème.

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Fiche-­‐action   n°S1  :   Mettre   en   place   sur   une   base   volontaire   des  programmes  d’action  territoriaux  et  communautaires  sur  la  qualité  de  la  santé  dans  le  contexte  de  pollution  par  la  chlordécone   L’objectif identifié dans cette première fiche-action est de favoriser une prise en charge territoriale de la qualité de la santé dans le contexte de la pollution par la chlordécone, en mobilisant, au-delà du secteur de la santé, un ensemble large d’acteurs locaux jusqu’à la population elle-même. Il s’agit notamment de permettre aux personnes une reprise d’initiative sur la qualité de leur alimentation, sur leur mode de vie et leur niveau de contamination corporelle par la chlordécone dans une perspective précautionneuse d’amélioration globale de la qualité de leur santé, en prenant en compte l’ensemble des dimensions associées aux options de prévention envisagées. Pour cela, il est proposé : • de favoriser, à l’échelle de territoires volontaires, avec les différents acteurs

concernés (acteurs de la santé, collectivités territoriales, professionnels associations, familles, population…), une co-construction de programmes d’action communautaires pour la qualité de la santé et d’indicateurs de cette qualité.

• de faciliter la construction d’une visibilité sur leur propre situation de contamination corporelle par la chlordécone et d’exposition alimentaire avec des personnes et familles volontaires, dans une démarche de précaution. En particulier, ces personnes et familles volontaires bénéficieront d’un accompagnement pour identifier les marges de manœuvre possibles pour réduire leur niveau d’exposition, en fonction de leurs objectifs d’exposition propres (y compris si l’objectif se situe en-dessous des valeurs toxicologiques de référence pour les personnes qui le souhaitent). Les personnes et familles volontaires devront avoir les moyens de mesurer concrètement les effets des stratégies individuelles et collectives de réduction des expositions dans une perspective globale d’amélioration de leur santé. Pour cela, il sera nécessaire de :

o mettre à disposition des personnes des moyens et des ressources pour effectuer la mesure de leur taux d’imprégnation sanguine par la chlordécone, sur la base du volontariat des personnes et des familles, dans un cadre expérimental et participatif à définir (par ex. études cliniques), pour permettre aux personnes d’évaluer concrètement leur niveau d’exposition à la chlordécone, et par la suite, les éventuelles réductions de leurs expositions résultant des actions de précaution entreprises.

o accompagner les personnes et les familles volontaires pour faciliter un travail pratique, personnel et familial, sur la qualité de l’alimentation et identifier avec elles les principales sources d’exposition alimentaire et les marges de manœuvre possibles pour réduire cette exposition.

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• de créer les moyens d’une évaluation partagée et globale des problématiques de santé et de nutrition sur des territoires volontaires (communes ou groupes de communes), en allant au-delà de la seule question de l’exposition à la chlordécone, en prenant en considération l’ensemble des facteurs influant sur la santé au niveau des territoires, y compris les problèmes environnementaux, économiques et sociaux.

• de réduire les inégalités territoriales et sociales de santé dans le contexte de pollution par la chlordécone et favoriser l’accessibilité aux soins et à la prévention des personnes en situation vulnérable.

• d’articuler les différents programmes et outils existants dans le domaine de la santé (projet régional de santé, ateliers santé-ville pouvant être déclinés sous la forme d’ateliers santé-territoire, contrats locaux de santé, …) dans des stratégies territoriales de développement de la qualité de la santé.

• de faire le lien avec les actions menées au niveau territorial sur la qualité de l’alimentation et d’articuler l’action avec des initiatives visant à favoriser l’accès à une production alimentaire de proximité et de qualité (voir les trois autres thématiques d’action de la charte).

• d’inverser une logique habituelle descendante où les orientations sont définies par les pouvoirs publics, en rapprochant la vision institutionnelle de la santé publique de ce que les personnes ressentent comme étant des problèmes de santé publique.

Les participants s’accordent sur la nécessité de mobiliser un ensemble large d’acteurs sur les territoires volontaires (élus et services communaux, acteurs de la santé, acteurs de l’alimentation, société civile, etc.) qui s’engagent ensemble pour apporter des réponses concrètes aux problèmes identifiés ensemble. L’engagement des élus et des collectivités locales apparaît comme une condition nécessaire, avec un rôle clé à jouer pour faciliter la connexion entre des acteurs différents (acteurs de la santé, acteurs de l’alimentation, société civile, …) sur une base territoriale, pour faciliter la co-construction d’une vision partagée et d’objectifs communs entre les différentes catégories d’acteurs concernés. L’accompagnement des territoires volontaires, sur le plan méthodologique, technique et financier, apparaît nécessaire et la qualité de l’animation des démarches territoriales est essentielle. Les participants soulignent le besoin d’un cadre méthodologique robuste pour donner accès à la mesure du taux d’imprégnation sur une base volontaire et traiter les données recueillies de façon participative. Les participants s’accordent sur quelques critères de succès de cette action comme :

• la création de liens entre collectivités territoriales, institutions nationales, professionnels de la santé, professionnels de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, société civile,

• l’engagement dans la démarche de ces acteurs à l’échelle territoriale,

• le nombre de personnes engagées dans une démarche d’amélioration de leur santé et dans une démarche de mesure de leur taux d’imprégnation, la durabilité

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et la continuité de leur engagement,

• la réduction effective du taux d’imprégnation des personnes volontaires évaluées au long des mesures successives.

   

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Fiche-­‐action   n°S2  :   Suivre   les   expositions   passées   et   prendre   en  charge  la  santé  des  personnes  les  plus  exposées   L’objectif identifié dans cette seconde fiche action est d’effectuer un suivi des personnes exposées dans le passé à la pollution par la chlordécone et de mettre en place les moyens de prévention ou de soin adaptés à leur situation. Pour cela, il est proposé : • de mettre en place des démarches d’accompagnement et de prise en charge

adaptée des personnes affectées, en particulier pour les plus vulnérables, articulées avec le développement des connaissances et des recherches épidémiologiques (études de cohortes de travailleurs et des populations exposées), avec :

o une démarche d’enquête auprès des personnes ayant potentiellement subi une exposition importante pour reconstituer les niveaux d’exposition et une prise en charge personnalisée.

o un accompagnement spécifique des personnes exposées volontaires pour qualifier leur exposition présente et si besoin identifier avec elles les marges de manœuvre leur permettant de réduire celle-ci (voir fiche-action n°1).

o un dispositif pour garder la mémoire des expositions passées pour pouvoir prendre en charge les personnes exposées en fonction des nouvelles connaissances sur les effets des expositions à la chlordécone

• de développer des actions de prévention pour la prise en charge des expositions passées.

• d’identifier les enjeux, les contraintes et les marges de manœuvres pour la prise en charge des frais de santé des personnes exposées professionnellement

Les participants s’accordent sur la nécessité d’articuler les actions avec le volet santé environnementale du Schéma Régional de Prévention et d’engager un dialogue entre les différents acteurs concernés par la prise en charge des frais de santé des personnes ayant été exposées professionnellement.

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Fiche-­‐action  n°S3  :  Mettre   en  place  des   filières   d’innovation  pour  l’approvisionnement  alimentaire  des  populations  sensibles  

L’objectif identifié dans cette troisième fiche action est de créer des filières d’approvisionnement (filière zéro chlordécone), dont la fiabilité soit reconnue par les personnes ciblées, pour minimiser l’exposition de ces populations à cette substance et permettre une protection particulière pour les populations potentiellement exposées (femmes enceintes, jeunes enfants, …), dans une optique de précaution.

Pour cela, il est proposé : • de développer en commun avec les acteurs de l’alimentation (agriculture, pêche,

restauration, transformation et distribution), les acteurs de la santé et les personnes concernées les critères de qualités de ces filières en termes de modes de production et de qualité des produits ;

• de créer les conditions d’une adaptation et d’un soutien des professionnels de l’alimentation pour leur permettre de répondre à cette demande spécifique (voir les fiches thématiques d’action de la Charte sur l’alimentation, l’agriculture et la pêche) ;

• de travailler sur les aspects économiques pour un accès effectif de toutes les personnes vulnérables à ces filières spécifiques ;

• d’articuler l’accès à des filières alimentaires spécifiques pour les populations vulnérables avec des actions territorialisées de construction d’une culture pratique de qualité de la santé (cf. action n°S4) ;

• de rendre visible la qualité de ces filières en assurant une transparence sur les modes de production et la teneur en chlordécone des produits (cf. orientation stratégique prioritaire de la Charte : “Développer une connaissance et une transparence au service du développement durable”) ;

Les participants s’accordent sur la nécessité de créer les lieux et les processus pour permettre un travail commun des acteurs de l’alimentation, de la santé et de la société civile pour mettre en œuvre cette action.

Les participants s’accordent sur quelques critères de succès de cette action, comme :

• l’obtention d’un accord sur les critères de qualité,

• la mise en place effective de filières spécifiques d’approvisionnement,

• l’accès effectif des populations en situation économique difficile et potentiellement vulnérables à ces filières.

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Fiche-­‐action  n°S4   :  Développer   des   cercles   territoriaux   de   culture  pratique  sanitaire   L’objectif identifié dans cette quatrième fiche action est de permettre le développement dans la population, dans des territoires volontaires (communes ou groupes de communes), d’une culture pratique de qualité de la santé par rapport à la chlordécone et à d’autres facteurs de santé qui soit partagée par les familles, les professionnels de santé, les acteurs de l’éducation et les autres acteurs concernés. Pour cela, il est proposé : • de développer des cercles territoriaux de culture pratique sanitaire créés par des

acteurs de l’éducation ou de la santé avec des personnes volontaires dans la population et avec le soutien des collectivités territoriales et des administrations concernées, en lien avec des préoccupations concrètes de la population, ceci en vue de :

o Développer et partager une vision claire des enjeux sanitaires territoriaux, notamment liés à la qualité et la disponibilité des productions locales.

o Favoriser le développement de la culture pratique de qualité de la santé en s’appuyant sur les initiatives des acteurs locaux et de la population (voir fiche-action n°1).

o Permettre aux acteurs locaux, dans leur contexte territorial : § de s’orienter par rapport à la contamination présente dans

l’environnement au niveau du territoire, de trouver les mots et les moyens adaptés pour parler des enjeux de santé et de nutrition avec les professionnels et les familles dans le contexte local,

§ d’apporter des informations pour aider à prendre des décisions quotidiennes, susceptibles de favoriser la mise en œuvre d’actions de protection ou de précaution dans leur situation concrète,

§ d’évaluer et donner du sens aux actions de protection engagées.

Les participants s’accordent sur la nécessité de travailler avec le monde de l’éducation : écoles, collèges, lycées et formations professionnelles dans le secteur alimentaire, avec les médecins praticiens locaux afin de faire émerger une vision partagée des enjeux de santé dans le contexte de la pollution par la chlordécone à l’échelle d’un territoire, de permettre un partage d’expérience inter-territoires entre les acteurs engagés dans le développement des cercles territorialisés d’information pratique (voir fiche-action n°5)

Les participants s’accordent sur quelques critères de succès de cette action, comme :

• le nombre et la diversité des acteurs engagés dans les cercles territoriaux, • l’engagement des professionnels de la santé et de l’éducation • la construction progressive d’une culture pratique de la qualité de la santé dans

les territoires volontaires.

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Fiche-­‐action   n°S5  :   Créer   une   plateforme   régionale   d’information  et   de   dialogue   pour   accompagner   le   développement   et  l’évaluation     des   démarches   territoriales   de   qualité   de   la   santé  dans  le  contexte  de  la  chlordécone.   L’objectif identifié dans cette quatrième fiche action est de partager à l’échelle régionale les expériences de terrain développées dans les programmes d’action territoriaux et communautaires sur la qualité de la santé (fiche-action n°1) et dans les cercles territoriaux de culture pratique sanitaire (fiche-action n°4). Il s’agit notamment de consolider une vision commune des enjeux de santé entre les institutions responsables de la santé, les collectivités territoriales, les professionnels de santé, les acteurs engagés sur le terrain dans les démarches territorialisées, ceci en lien avec d’autres acteurs concernés. Pour cela, il est proposé de développer une plateforme régionale de partage d’expériences et d’informations, ceci pour : • partager au plan régional les résultats et les évaluations des démarches

territorialisées de santé et favoriser la construction d’une vision commune entre acteurs institutionnels, chercheurs et acteurs de terrain (notamment, praticiens de la santé, société civile et élus) sur les enjeux de l’action territoriale dans le développement régional de la santé ;

• articuler une logique descendante de planification sanitaire et une logique émergente de construction territoriale de qualité de la santé sur les territoires volontaires et favoriser une prise en compte des préoccupations locales dans les travaux de recherche et d’expertise en matière de santé ;

• articuler une logique de recherche, de dépistage et de soin, d’une part, et une logique de précaution et de développement d’une culture pratique de qualité de la santé d’autre part ;

• développer ensemble des indicateurs de qualité à l’échelle régionale et suivre l’évolution de ces indicateurs ;

• mettre à disposition de l’ensemble de la population à travers un ensemble de relais (et les media) des informations suffisantes et pertinentes pour que chacun puisse se faire son opinion et être acteur de sa santé dans le contexte de pollution par la chlordécone.

Les participants s’accordent sur la nécessité d’un engagement des collectivités territoriales (et notamment de la collectivité régionale) et de l’État dans la création de cette plateforme.

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Annexe à la Charte patrimoniale pour une stratégie territoriale de développement durable de la qualité de vie en Martinique dans le contexte de

pollution par la chlordécone

Fiches-actions pour l’orientation stratégique :

Développer une connaissance et une transparence au service du

développement durable Plan Chlordécone 2011-2013 Financement PITE Coordination DGS Version mise à jour le 18 février 2013

Animateur du thème : Ambroise de MONTBEL Superviseurs et coordonnateurs du projet : Henry OLLAGNON Gilles HÉRIARD DUBREUIL

MUTADIS

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Présentation du document

 Le présent document a deux objectifs : Rappeler de façon synthétique les idées issues du séminaire thématique « Conditions et moyens d’une transparence constructive : outils de visibilité territoriale, suivi et valorisation de la qualité des produits agricoles » (Fort-de-France, 7 et 8 novembre 2012) en ce qui concerne les trois premières parties abordées :

I) Identification de la situation actuelle, des acteurs et des problèmes identifiés par les participants au sujet de l’agriculture en Martinique, dans le contexte de la pollution à la chlordécone ;

II) Diagnostic des actions engagées ; III) Prospective

Dresser la liste des catégories d’actions proposées par les participants lors du séminaire thématique puis affinées et validées lors de séminaire de qualification de la fiche-actions (Fort-de-France, 5 février 2013), en précisant, pour chacune d’elles et dès que cela est possible (c'est-à-dire dès que des informations ont émergé lors du séminaire), les points suivants :

o les exigences de qualité de l’action (état d’esprit dans lequel se placer pour agir, selon les participants)

o les objectifs et le contenu de l'action o le mode d'action ensemble (acteurs nécessaires à la réalisation de

l'action et façon dont ils agissent ensemble) o les conditions et moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’action

(ressources possibles identifiées par les participants, dont les ressources financières)

o les étapes à parcourir pour la mise en œuvre de l’action (« chemin de changement », c'est-à-dire comment passer de la situation actuelle à la situation souhaitée, selon les participants ?)

o les critères de succès de l’action (marques de sa réussite)

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Table des matières RAPPEL SYNTHÉTIQUE DE L’IDENTIFICATION DE LA SITUATION, DU DIAGNOSTIC DES ACTIONS ENGAGÉES ET DE LA PROSPECTIVE ....................... 61  FICHE-ACTION N°T1 : CO-CONSTRUIRE UNE VISIBILITÉ PRATIQUE TERRITORIALE SUR LA SITUATION CHLORDÉCONE (ÉTAT DES SOLS ET DES MILIEUX) ........................................................................................................... 62  FICHE-ACTION N°T2 : SUIVRE ET LIMITER LE TRANSFERT DES TERRES ........ 64  FICHE-ACTION N°T3 : CO-CONSTRUIRE UN DISPOSITIF D’AUTHENTIFICATION DE LA QUALITÉ (PROCESSUS, EXPLOITATION, PRODUIT) ................................ 65  FICHE-ACTION N°T4 : VALORISER LA QUALITÉ PRODUITE ............................ 67  FICHE-ACTION N°T5 : POURSUIVRE ET DÉVELOPPER LA RECHERCHE SUR L’IMPACT DE LA CHLORDÉCONE SUR LE VIVANT ............................................. 68  FICHE-ACTION N°T6 : DÉVELOPPER L’ÉDUCATION ET LA FORMATION À UNE CULTURE PRATIQUE DE LA VIE EN SITUATION DE POLLUTION À LA CHLORDÉCONE ................................................................................................. 69  

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Rappel synthétique de l’identification de la situation, du diagnostic des actions engagées et de la prospective  

Les participants au séminaire ont identifié comme problèmes le manque de visibilité territoriale sur la situation de la chlordécone (tant au niveau des parcelles agricoles et des jardins familiaux que des milieux naturels – rivières, mangrove, mer), ainsi que le manque de transparence et de confiance autour de la qualité des produits. L’État en effet ne peut seul garantir cette confiance, qui doit reposer sur un lien raffermi entre producteurs et consommateurs. L’information doit être orientée vers l’action et non pas uniquement normative. Ceci suppose un changement profond du mode d’action et un repositionnement de l’expertise avec un nouveau rapport aux données, un partage et une co-construction de l’expertise.

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Fiche-­‐action  n°T1  :  Co-­‐construire  une  visibilité  pratique  territoriale  sur  la  situation  chlordécone  (état  des  sols  et  des  milieux)  

Les exigences de qualité proposées pour cette action sont les suivantes :

• Transparence et partage des données brutes et des résultats scientifiques

• Fiabilité de l’information : Cette fiabilité repose à la fois sur la qualité intrinsèque de l’information mais dépend également de la crédibilité du processus de construction de l’information et de la capacité des différents acteurs à tester sa robustesse.

• Accessibilité pour tous à l’information

• Générer la confiance entre acteurs

• Une attitude positive et constructive, ensemble

• Une information orientée par et pour le service de la population martiniquaise, des professionnels (dans les domaines de l’agriculture, de la pêche, de l’aquaculture et du tourisme) et des collectivités territoriales

L’objectif premier de cette action est de construire et partager une vision claire de la situation en matière de contamination réelle des sols (cartographie des sols), pour cela, s’il s’agit de

• Connaître pour soi sa propre situation : Inciter les propriétaires de jardins créoles, les agriculteurs, à connaître l’état de qualité de leur terre et se donner les moyens d’en assurer un suivi

• Entre confidentialité et mise en connaissance de l’information, le chemin du volontariat : Permettre aux agriculteurs qui le souhaitent de communiquer les résultats d’analyse de leur sol pour construire une cartographie volontaire. « Une dynamique vertueuse où les producteurs aient intérêt à déclarer leurs conditions de production. »

• Connaître ensemble l’état du vivant dans la nature (Rivières, mangrove, mer)

• Être à l’écoute du consommateur et du producteur pour produire, notamment en mer et pour la pêche, une visualisation et une intelligibilité de l’information.

Le mode d'action ensemble proposé par les acteurs pourrait être le suivant :

• Répondre au besoin d’une autre méthode, à vocation plus stratégique conduite en commun par les professionnels et l’ensemble des autres acteurs (associations, élus, chercheurs, administration,...)

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• Disposer d’un lieu d’échange et d’animation pour faciliter la rencontre de tous les acteurs à tous les niveaux, piloté par les élus, avec le concours de l’État, avec un pilote adéquat.

• Selon un mode d’organisation multi-niveaux,

• En s’appuyant sur un système de contrats patrimoniaux de la qualité (privé/privé via le marché, privé/public, privé/privé/public) par lesquels ce sont les acteurs eux-mêmes propriétaires de la donnée qui la mettront à disposition du consommateur pour assurer la production de valeur ajoutée.

Les conditions et moyens identifiés comme nécessaires à la mise en œuvre de l’action sont les suivants :

• un laboratoire proche avec une capacité suffisante (volume suffisant, à un prix acceptable) pour faire les analyses

• des analyses à prix modiques (subventionnées)

• une co-construction à plusieurs acteurs de l’innovation

• des « contrats qualité » à tester

• des systèmes d’information géographique (SIG) permettant, à l’échelle communale ou intercommunale, aux différents acteurs concernés, sur une base de volontariat, de mettre en visibilité des informations sur la situation de contamination et sur la qualité de leurs productions, sur les bonnes pratiques (familiales, professionnelles) permettant de réduire les expositions au chlordécone.

Le « chemin de changement », selon certains acteurs, passe par :

• Accepter/choisir de se mettre dans une recherche constructive de solution. « Le chemin de changement, c’est d’abord accepter de « faire avec » la présence de la chlordécone ».»

• Une initiative à prendre par les producteurs

• Les élus doivent jouer leur rôle, • L’État qui reste présent

Les principaux critères de succès de l’action sont les suivants :

• une cartographie de l’état de contamination qui se développe,

• une place de la chlordécone mieux identifiée dans l’ile

• une meilleure visibilité des marges de manœuvre à moyen- long terme.

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Fiche-­‐action  n°T2  :  Suivre  et  limiter  le  transfert  des  terres  

Parmi les exigences de qualité proposées pour l’action, pour certains acteurs, il convient de :

• limiter (idéalement éviter) la diffusion de la chlordécone par l’homme du fait des transferts de terre ou de matières organiques (par ex. bagasse).

• Impliquer chacun des acteurs au niveau de son jardin comme au niveau des grands aménagements

L’objectif premier de l'action est de suivre le transfert des terres ou de matières organiques contaminées, d’identifier l’importance du phénomène et de communiquer auprès des Martiniquais.

Le mode d'action ensemble nécessaire pour certains à la réalisation de l'action suppose de pouvoir :

• impliquer les professionnels et les élus (Collectivités pour aménagements publics, entreprises de terrassement, paysagistes), associations et les détenteurs familiaux de jardin),

• dans un lieu d’échange, de rencontre et d’animation pour faciliter la rencontre de tous les acteurs à tous les niveaux, piloté par les élus, avec le concours de l’État, avec un pilote adéquat

• selon un mode d’organisation multi-niveaux : local, territoire de vie, Martinique.

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Fiche-­‐action  n°T3  :  Co-­‐construire  un  dispositif  d’authentification  de  la  qualité    (processus,  exploitation,  produit)  

Les exigences de qualité proposées pour l’action, selon les participants, sont les suivantes :

• Rétablir la confiance des agriculteurs en eux-mêmes et avec les consommateurs

• Développer une image d’excellence, redorer le blason des agriculteurs

• Le consommateur doit pouvoir gérer et choisir son exposition.

L’objectif premier de l'action est de co-construire un dispositif d’authentification de la qualité axé sur les processus de production, l’exploitation agricole, et le produit lui-même, qui permet de générer la confiance et d’ajuster les choix des acteurs, notamment des consommateurs. Pour cela, il convient de privilégier la proximité qui favorise la confiance. Il convient de :

• Favoriser la création de micro-coopératives ou de groupements de producteurs dans les territoires capables d’investir dans la transparence qualité sur des marchés plus larges que celui de l’agriculteur

• Faire connaître et valoriser les productions locales auprès du public et mettre en place une traçabilité des produits

• Développer la traçabilité des produits et en informer les consommateurs, c'est-à-dire communiquer sur les produits et la façon dont ils sont cultivés

• Mettre en place un système de co-construction des mesures sur les denrées alimentaires avec les professionnels et les acteurs locaux.

• Documenter l’effort et le résultat qualité, en offrant aux professionnels la possibilité d’être transparents sur la situation de contamination de leur exploitation, tout en montrant leur démarche de qualité et ses résultats.

o « Je n’ai pas les moyens mais je voudrais mettre sur internet ma carte et montrer ce que je fais. ».

o « Le partage ne doit pas simplement se faire entre agriculteurs mais aussi avec les consommateurs, j’ai ma carte, je la montre, et je dis ce que je fais sur la zone en rouge pour que mes produits soient de bonne qualité ».

o « Le cultivateur qui propose son produit, pour que les gens ne soient pas inquiets, il serait souhaitable qu’il sorte une feuille montrant que son sol est sans chlordécone. »

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• Garantir globalement la performance : Ce dispositif doit permettre de garantir les 3 volets : processus de production, sérieux de l’exploitant, contrôle des produits eux-mêmes

• Développer la contribution des collectivités locales, en accompagnant les professionnels et les producteurs informels, pour leur faire connaître les processus de production adaptés en fonction de la nature du sol et de son niveau de contamination

Le mode d'action ensemble doit permettre un travail commun des acteurs de l’alimentation, des acteurs de la santé et de la société civile.

Parmi les premiers critères de succès de l’action, sont cités :

• L’accord sur les critères de qualité

• La mise en place effective de filières spécifiques d’approvisionnement

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Fiche-­‐action  n°T4  :  Valoriser  la  qualité  produite  

Parmi les exigences de qualité proposées pour l’action, la plus importante est de valoriser l’effort qualité en générant de la valeur ajoutée au produit.

L’objectif premier de l'action est de valoriser la qualité pour la générer et la sécuriser. Pour cela, il s’agit de :

• Apporter un soutien technique aux agriculteurs souhaitant mettre en œuvre de nouvelles pratiques de traçage

• Faciliter l’accès des petits producteurs aux financements, pour améliorer la performance qualité

• Soutenir et étendre les démarches de qualité mises en place par des groupements d’agriculteurs (coopératives, associations ou groupes d’agriculteurs, …)

• Développer la traçabilité des produits et en informer les consommateurs, c'est-à-dire communiquer sur les produits et la façon dont ils sont cultivés

• Créer des lieux de vente en circuits courts, conviviaux et générateurs de confiance

• Aider les agriculteurs dans une démarche de qualité (notamment par rapport à la chlordécone) à communiquer pour mettre en valeur leur production

• Valoriser la qualité des productions locales à travers des labels

• Développer des Systèmes d’Échanges Locaux (SEL)2 pour favoriser, sur une base volontaire, la transparence des échanges locaux et la valorisation de la qualité des formes de production formelles et informelles (ce point est également abordé dans la Fiche « Alimentation, agriculture et société » dans le cadre de l’action n°2 : Faciliter la création de valeur dans les agricultures « pays » professionnelles et familiales).

Parmi les critères de succès de cette action, il est évoqué :

• Le retour des consommateurs vers les productions locales

• La mise en place effective d’un système d’échanges locaux, éventuellement soutenu par une monnaie locale et complémentaire

2 Confère les conclusions du séminaire « valoriser les richesses des territoires martiniquais, l’effet levier des monnaies sociales et complémentaires », les 29 et 30 Juin 2012, Fort de France, Martinique

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Fiche-­‐action   n°T5  :   Poursuivre   et   développer   la   recherche   sur  l’impact  de  la  chlordécone  sur  le  vivant    

Parmi les exigences de qualité proposées pour cette l’action, est évoquée la nécessité de :

• Renforcer les liens entre recherche et acteurs territoriaux pour la construction des orientations de la recherche.

• Mieux faire connaître à tous (du producteur au citoyen) les progrès de la recherche pour dédramatiser la relation avec la chlordécone

L’objectif premier de l'action est de poursuivre et de développer la recherche sur l’impact de la chlordécone sur le vivant. Pour cela, il s’agit notamment de :

• Continuer la recherche sur les mécanismes d’impact de la chlordécone sur les milieux et notamment sur la dégradation des services écologiques qu’ils rendent

• Mettre au point un indicateur stabilisé qui permette de voir une évolution de cette pollution à moyen et long terme.

Le mode d'action ensemble évoqué par certains est de :

• faire travailler des équipes pluridisciplinaires

• faire travailler des chercheurs et des professionnels

• de rendre le territoire « prescripteur de recherche »

Parmi les critères de succès de l’action, est citée la mise au point et le suivi régulier d’indicateurs sur l’impact de la chlordécone sur les milieux.

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Fiche-­‐action   n°T6  :   Développer   l’éducation   et   la   formation   à   une  culture  pratique  de  la  vie  en  situation  de  pollution  à  la  chlordécone  

Les exigences de qualité proposées pour cette action sont les suivantes:

• Se placer dans une posture active et constructive de prise en charge du problème de la chlordécone.

• Préparer les enfants à cette posture sans leur transférer tout le poids de cette question (« les former sans les formater ! »)

L’objectif premier de cette action est de :

• Former et informer la population sur les bonnes pratiques de l’autoconsommation

Former les enfants à une bonne compréhension de la problématique chlordécone

Le mode d'action ensemble préconisé par certains acteurs est d’impliquer les partenaires de l’école, de la santé, les acteurs sociaux, …

[Faire le lien avec la fiche S4 sur le développement de cercles de culture pratique de santé]