caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

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N° d’ordre : THÈSE Présentée pour obtenir le titre de DOCTEUR DE L'INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE TOULOUSE ÉCOLE DOCTORALE : SCIENCES ÉCOLOGIQUES, VÉTÉRINAIRES, AGRONOMIQUES ET BIOINGÉNIERIES SPÉCIALITÉ : MYCOTOXICOLOGIE par M. TRNS-Trung CARACTÉRISATION DE BIOMARQUEURS D'EXPOSITION À LA FUMONISINE B 1 CHEZ LES PALMIPÈDES. Soutenue le 06 octobre 2005 devant le Jury composé de : M. BABILÉ René M. ÉTIENNE Michel M. FRÉMY Jean Marc M. GALTIER Pierre M. GUERRE Philippe Président Rapporteur Rapporteur Membre du Jury Directeur de Thèse

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Page 1: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

N° d’ordre :

THÈSE

Présentée pour obtenir le titre de

DOCTEUR DE L'INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE TOULOUSE

ÉCOLE DOCTORALE : SCIENCES ÉCOLOGIQUES, VÉTÉRINAIRES, AGRONOMIQUES ET

BIOINGÉNIERIES

SPÉCIALITÉ : MYCOTOXICOLOGIE

par

M. TR�N S�-Trung

CARACTÉRISATION DE BIOMARQUEURS

D'EXPOSITION À LA FUMONISINE B1 CHEZ

LES PALMIPÈDES.

Soutenue le 06 octobre 2005 devant le Jury composé de :

M. BABILÉ René

M. ÉTIENNE Michel

M. FRÉMY Jean Marc

M. GALTIER Pierre

M. GUERRE Philippe

Président

Rapporteur

Rapporteur

Membre du Jury

Directeur de Thèse

Page 2: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

" Et le chemin est long du projet à la chose"

Molière

Page 3: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

iiA notre Président de Thèse,

Monsieur le Professeur BABILE

Professeur de l'Ecole Nationale Sup�rieure Agronomique de Toulouse.

Qui nous fait l'honneur de pr�sider notre jury de th�se.

Qu'il trouve ici l'expression de notre reconnaissance et de notre profond respect.

A notre Jury de Thèse,

Monsieur le Docteur ETIENNE,

Directeur de recherche de l'INRA ¼ UMR SENAH.

Qui nous fait l'honneur d'�tre rapporteur de ce travail de th�se.

Qu'il trouve ici l'expression de nos plus sinc�res et chaleureux remerciements.

Monsieur le Docteur FRïMY,

Directeur de recherche du CNRS - Maison d'Alfort.

Qui nous fait l'honneur d'�tre rapporteur de ce travail de th�se.

Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde consid�ration.

Monsieur le Docteur GALTIER,

Directeur de recherche de l'INRA ¼ Toulouse.

Qui nous a fait l'honneur de participer š notre jury de th�se.

Qu'il trouve ici l'expression de notre attachement respectueux.

Monsieur le Professeur GUERRE,

Professeur de l'Ecole Nationale V�t�rinaire de Toulouse.

Qui nous a fait l'honneur de diriger ce travail de th�se.

Qu'il trouve ici l'expression de notre profonde gratitude pour nous avoir accueilli dans son

laboratoire ainsi que pour ses conseils enrichissants non seulement sur les mycotoxines mais

aussi sur l¸informatique, pour son aide tr�s pr�cieuse et sa confiance tout au long de ces ann�es.

Page 4: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

iiiA Monsieur BAILLY,

Pour m¸avoir accueilli dans votre laboratoire ainsi que pour votre aide tr�s pr�cieuse et surtout

pour avoir dirig� ce travail de th�se. Qu¸il trouve ici l'expression de ma profonde gratitude et mon

attachement respectueux.

A Monsieur et Madame BODIN,

Pour tous les sentiments que vous me portez et surtout pour m¸avoir chaleureusement accueilli et

vous �tre occup� de moi durant mon s�jour en France. Qu¸ils trouvent ici l'expression de mes plus

profonds sentiments.

A Monsieur et Madame BENARD,

Pour votre accueil et votre soutien continuel. Qu¸ils trouvent ici l'expression de mes plus chaleureux

remerciements.

A Didier et Lydie,

Pour votre gentillesse incroyable et pour vos corrections de ce travail de th�se.

A Claudine, Arlette, Marie-Rose et Alain,

Pour le bonheur que c¸est de travailler avec vous ! Merci pour tout § !

A C�line, Fatma, Caroline, Anne-Ga�lle, Lionel et Florence,

Pour tous les bons moments que l¸on a partag� pendant vos stages au laboratoire de Pharmacie ¼

Toxicologie et aussi pour les petits cours de fran¯ais que vous m¸avez donn�. Le monde est petit,

on se reverra un jour !

A B�atrice et Luis,

Pour votre gentillesse illimit�e et votre tr�s sinc�re amiti�.

A tous ceux qui m¸ont accompagn� par leur soutien affectif, moral et mat�riel, par leurs

encouragements tout au long de cette �tude.

Page 5: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

ivA la m�moire de mes grands-parents paternels et mon grand-p�re maternel.

A ma grand-m�re maternelle,

Qu¸elle trouve ici l¸expression de ma reconnaissance et de mon affection.

A mes parents,

Sans vous cette th�se n¸aurait pas exist� et vous, š votre mani�re avez pass� autant examens

que moi, partageant angoisses, �checs et succ�s. Que cet humble travail repr�sente

l¸accomplissement de tous vos sacrifices et le reflet de mon immense reconnaissance et amour.

A mes sÂurs et mes fr�res,

Pour votre amour, votre patience et votre foi en moi.

A B�ch VŽn,

Pour l¸amour que tu me portes et tous ces moments de bonheurs partag�s. Qu¸ils durent

�ternellement.

A Madame et Monsieur le Docteur TRẦN Hữu-Thế,

Pour tous les sentiments tr�s pr�cieux que vous m¸avez port� pendant tout mon s�jour en France.

Qu¸ils trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude et mon attachement respectueux.

A tous les autres amis vietnamiens, sans pouvoir les citer, quelle belle ambiance dans la plus belle

amiti�.

Page 6: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

vCe travail a fait l’objet des publications suivantes :

1. TARDIEU D., TRAN S.T., AUVERGNE A., BABILE R., BENARD G., BAILLY J.D. and

GUERRE P.: Effects of Fumonisins on Liver and Kidney Sphinganine and The

Sphinganine to Sphingosine Ratio During Chronic Exposure in Ducks. Soumis.

2. TRAN S.T., TARDIEU D., AUVERGNE A., BAILLY J.D., BABILE R., DURAND S.,

BENARD G. and GUERRE P.: Serum Sphinganine and The Sphinganine to

Sphingosine Ratio as a Biomarker of Dietary Fumonisins During Chronic Exposure in

Ducks. Chemico – Biological Interactions, 2005, sous presse.

3. TRAN S.T., AUVERGNE A., BENARD G., BAILLY J.D., TARDIEU T., BABILE R. and

GUERRE P.: Chronic Effects of Fumonisin B1 on Ducks. Poultry Science, 2005, 84 (1),

22-28.

4. TARDIEU D., BAILLY J.D., BENARD G., TRAN T.S. and GUERRE P.: Toxicity of

Maize Containing Known Levels of Fumonisin B1 During Force-Feeding of Ducks.

Poultry Science, 2004, 83 (8), 1287-1293.

5. TRAN S.T., BAILLY J.D., TARDIEU D., DURAND S., BENARD G. and GUERRE P.:

Sphinganine to Sphingosine Ratio and Predictive Biochemical Markers of Fumonisin

B1 Exposure in Ducks. Chemico – Biological Interactions, 2003, 146, 61-72.

Page 7: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

1

TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES ABRÉVIATIONS ...................................................................................................... 4

TABLE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................................. 5

RÉSUMÉ ...................................................................................................................................... 10

SUMMARY.................................................................................................................................. 11

INTRODUCTION....................................................................................................................... 12

Partie I. DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................................... 14

I.1. Fumonisines ...................................................................................................................... 15

I.1.1. Historique................................................................................................................... 15

I.1.2. Structure et propriétés.............................................................................................. 15

I.1.3. Origine ........................................................................................................................ 19

I.1.4. Niveau de contamination dans les aliments ......................................................... 23

I.2. Mycotoxicoses................................................................................................................... 26

I.2.1. Espèces très sensibles ............................................................................................... 26

I.2.2. Espèces peu sensibles ............................................................................................... 32

I.2.3. Pouvoir carcinogène ................................................................................................. 37

I.3. Cinétique et mécanisme d’action de la fumonisine B1................................................ 40

I.3.1. Toxicocinétique.......................................................................................................... 40

I.3.2. Mécanisme d’action .................................................................................................. 46

1.4. Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines.............................................................. 54

I.4.1. Description des paramètres biochimiques sériques............................................. 54

I.4.2. Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines ....................................................... 59

I.5. Intérêt du modèle palmipède........................................................................................ 69

Page 8: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

2

I.5.1. Production de palmipède : données économiques ............................................. 69

I.5.2. Production de palmipède : données techniques.................................................. 70

I.5.3. Intérêt des études sur palmipèdes.......................................................................... 74

Partie II. MATÉRIELS ET MÉTHODES .................................................................................. 75

II.1. Réactifs et Appareillage. ................................................................................................ 76

II.1.1. Réactifs ...................................................................................................................... 76

II.1.2. Appareils................................................................................................................... 76

II.1.3. Matériel courant de laboratoire ............................................................................. 77

II.2. Production de Fumonisine B1 ....................................................................................... 77

II.2.1. Souche utilisée pour la production de FB1........................................................... 77

II.2.2. Milieu de culture...................................................................................................... 77

II.2.3. Substrat et contamination du maïs........................................................................ 78

II.2.4. Extraction, purification et dosage......................................................................... 78

II.3. Traitement des animaux ................................................................................................ 79

II.3.1. Détermination des valeurs usuelles ...................................................................... 79

II.3.2. Toxicité subaiguë sur des canards en croissance ................................................ 80

II.3.3. Toxicité pendant le gavage..................................................................................... 81

II.3.4. Toxicité chronique ................................................................................................... 82

II.4. Paramètres biochimiques et dosage de Sphinganine (Sa) et Sphingosine (So) ..... 85

II.4.1. Biochimies sériques ................................................................................................. 85

II.4.2. Dosage de Sa et So dans le sérum et dans les tissus ........................................... 85

II.5. Analyses statistiques ...................................................................................................... 93

Partie III. RÉSULTATS............................................................................................................... 95

III.1. Toxicité subaiguë sur canards en croissance ............................................................ 96

III.1.1. Effets sur la santé.................................................................................................... 96

III.1.2. Altérations biochimiques ...................................................................................... 98

III.1.3. Altérations des Sphingolipides .......................................................................... 102

Page 9: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

3

III.2. Toxicité pendant le gavage ........................................................................................ 107

III.2.1. Effets sur la santé.................................................................................................. 107

III.2.2. Altérations biochimiques .................................................................................... 109

III.2.3. Altération des sphingolipides ............................................................................ 111

III.3. Toxicité chronique....................................................................................................... 113

III.3.1. Comparaison des 2 protocoles............................................................................ 113

III.3.2. Effets sur la santé.................................................................................................. 116

III.3.3. Altérations biochimiques .................................................................................... 123

III.3.4. Altérations des sphingolipides........................................................................... 126

Partie IV. DISCUSSION........................................................................................................... 133

IV.1. Effets sur la santé......................................................................................................... 134

IV.2. Altérations biochimiques ........................................................................................... 137

IV.3. Altérations des sphingolipides.................................................................................. 139

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES.................................................................................... 144

RÉFÉRENCES ........................................................................................................................... 146

Page 10: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

4

LISTE DES ABRÉVIATIONS

ACN : Acétonitrile

AFNOR : Agence Française de Normalisation

ALAT : Alanine aminotransférase

ASAT : Aspartate aminotransférase

CCM : Chromatographie sur Couches Minces

CV : Cœfficient de Variation

ELEM : Leucoencéphalomalacie équine

FB1 : Fumonisine B1

FB2 : Fumonisine B2

GGT : Gamma glutamyltransférase

HPLC : Chromatographie Liquide Haute Performance (CLHP)

IARC : Agence Internationale de Recherche sur le Cancer

IC : Intervalle de confiance de la moyenne

IP : Intra-péritonéale

IV : Intra-veineuse

LDH : Lactate déshydrogénase

OPA : Ortho-phthaldialdéhyde

PAL : Phosphatase alcaline

pH : Potentiel hydrogène

PPE : Œdème pulmonaire porcin

PV : Poids vif

Sa : Sphinganine

So : Sphingosine

UV: Ultra-violet 14C-FB1: Fumonisine B1 marquée au Carbone 14

Page 11: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

5

TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure I.1.1 : Structure de la fumonisine B1 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 16

Figure I.1.2 : Maïs naturellement contaminé ----------------------------------------------------------------------------20

Figure I.2.1 : Coupe transversale d’encéphale ---------------------------------------------------------------------------27

Figure I.2.2 : Poumon avec œdème------------------------------------------------------------------------------------------29

Figure I.3.1 : Cinétique de la FB1 -------------------------------------------------------------------------------------------- 40

Figure I.3.2 : Structure des sphingolipides -------------------------------------------------------------------------------46

Figure I.3.3 : Voies de biosynthèse de novo du céramide et des sphingolipides complexes ------------------- 49

Figure I.3.4 : Métabolisme des sphingolipides en réponse à un agoniste, et conséquences -------------------51

Figure I.3.5 : Effets de la FB1 sur le métabolisme des sphingolipides ------------------------------------------------------------------------ 52

Figure I.5.1 : Schéma d’obtention de canards mulards ----------------------------------------------------------------71

Figure II.1 : Chromatogramme d’un mélange de standards So-Sa et Sa C20-------------------------------------- 89

Figure II.2 : Chromatogramme d’un échantillon de foie d’un canard témoin ----------------------------------- 89

Figure II.3 : Chromatogramme d’un échantillon de foie d’un canard traité -------------------------------------- 89

Figure III.1.1 : Effets de la FB1 sur les poids vifs et la croissance ---------------------------------------------------- 96

Figure III.1.2 : Effets de la FB1 sur les poids des foies ---------------------------------------------------------------- 96

Figure III.1.3 : Analyse histologique de foie des canards en croissance ------------------------------------------- 97

Figure III.1.4 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur les

concentrations sériques en Prot, Chol et les activités de l’ALAT, LDH (cinétique) -------------------99

Figure III.1.5 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur les

concentrations sériques en Prot, le Chol et les activités de l’ALAT, LDH (effets cumulés) ------- 101

Figure III.1.6 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur la

concentration sérique en Sa et le rapport Sa/So (cinétique) ---------------------------------------------- 104

Figure III.1.7 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur les

concentrations sériques en Sa et le rapport Sa/So (effets cumulés) ------------------------------------- 106

Figure III.2.1 : Effets des fumonisines sur le foie après gavage ---------------------------------------------------- 108

Figure III.2.2 : Analyse histologique de foies après gavage -------------------------------------------------------- 109

Figure III.2.3 : Effet de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par des fumonisines sur le

rapport Sa/So et les concentrations sériques en Sa après 12 jours de gavage ----------------------- 111

Figure III.2.4: Effet de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par des fumonisines sur le

rapport Sa/So et les concentrations hépatiques en Sa après 12 jours de gavage -------------------- 112

Figure III.3.1 : Effets sur la croissance de l’administration quotidienne de FB1 chez des canards

témoins et traités --------------------------------------------------------------------------------------------------- 116

Figure III.3.2 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur le poids vif----------------------------------- 116

Figure III.3.3 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur le gain de poids ---------------------------------------------117

Page 12: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

6

Figure III.3.4 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur la consommation moyenne d’aliment - 118

Figure III.3.5 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur le poids du foie ----------------------------- 119

Figure III.3.6 : Analyse histologique : Evolution de l’organisation hépatique chez des canetons entre

J0 à J28 de traitement (7 et 35 jours d’âge)--------------------------------------------------------------------- 121

Figure III.3.7 : Analyse histologique: Evolution de l’organisation hépatique chez des canetons

recevant 128 mg FB1/kg d’aliment pendant 28 jours de traitement ------------------------------------ 122

Figure III.3.8 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours sur la

concentration sérique en Protéines totales et Cholestérol ------------------------------------------------ 124

Figure III.3.9 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours sur les activités

sériques de la PAL, la LDH, l’ALAT et l’ASAT ------------------------------------------------------------- 125

Figure III.3.10 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours sur les

concentrations sériques en So, Sa et le rapport Sa/So ---------------------------------------------------- 128

Figure III.3.11: Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours sur les

concentrations hépatiques en So, Sa et le rapport Sa/So-------------------------------------------------- 129

Figure III.3.12: Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours sur les

concentrations rénales en So, Sa et le rapport Sa/So ------------------------------------------------------- 130

Figure III.3.13. Corrélation entre le rapport Sa/So obtenu dans le sérum, le foie et le rein chez les

canards recevant quotidiennement de la FB1 pendant 77 jours ----------------------------------------- 131

Figure III.3.14 : Relation entre les doses cumulées de FB1 administrées et la concentration en Sa (A) et

le rapport Sa/So (B) dans le sérum ---------------------------------------------------------------------------- 132

Page 13: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

7

Tableau I.1.1: Structures des fumonisines ------------------------------------------------------------------------------- 16

Tableau I.1.2 : Espèces fongiques productrices de fumonisines ----------------------------------------------------- 20

Tableau I.1.3 : Niveau de contamination de FB1 dans le maïs et ses sous-produits ---------------------------- 24

Tableau I.2.1: Effets de la FB1 chez les volailles -------------------------------------------------------------------------- 33

Tableau I.2.2 : Action embryolétale de la FB1 chez les volailles ----------------------------------------------------- 36

Tableau I.3.1 : Absorption de la FB1 ---------------------------------------------------------------------------------------- 41

Tableau I.3.2 : Distribution et excrétion de la FB1 ---------------------------------------------------------------------- 43

Tableau I.3.3 : Classification des sphingolipides ------------------------------------------------------------------------ 46

Tableau I.4.1: Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les équidés ----------------------------------- 60

Tableau I.4.2 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les porcines ---------------------------------- 61

Tableau I.4.3 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les rongeurs --------------------------------- 63

Tableau I.4.4 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les primates non humains --------------- 65

Tableau I.4.5 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les volailles----------------------------------- 67

Tableau 1.5.1 : Production de filière canard entre 1998 et 2002 en Europe ---------------------------------------- 69

Tableau 1.5.2 : Production de filière avicole entre 1995 et 2002 en France ----------------------------------------- 70

Tableau 1.5.3 : Production de foie gras entre 1999 et 2002 en France ----------------------------------------------- 70

Tableau II.1 : Validation de la méthode de dosage -------------------------------------------------------------------- 91

Tableau II.2 : Stabilité du dérivé fluorescent dans le temps ---------------------------------------------------------- 92

Tableau III.1.1 : Paramètres de distribution des concentrations sériques en protéines totales,

cholestérol, ALAT et LDH chez les canards non exposés aux mycotoxines ------------------------- 98

Tableau III.1.2 : Estimation de la dose de FB1 nécessaire pour dépasser le percentile 90 de différents

paramètres biochimiques établis chez les canards non exposés aux mycotoxines et

indemnes de toute affection connue ------------------------------------------------------------------------ 100

Tableau III.1.3 : Modélisation non paramétrique (logiciel Sigmaplot) de la relation dose/effet

obtenue après 12 jours de traitement chez les canards ------------------------------------------------- 102

Tableau III.1.4 : Paramètres de distribution statistique des concentrations sériques en sphinganine

libre et du rapport sphinganine/ sphingosine chez les canards non exposés aux

mycotoxines ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 103

Tableau III.1.5 : Estimation de la dose de FB1 nécessaire pour dépasser le percentile 90 de la

concentration en Sa et du rapport Sa/So établis chez les canards non exposés aux

mycotoxines et indemnes de toute affection connue ---------------------------------------------------- 105

Tableau III.1.6 : Modélisation non paramétrique de la relation dose/effet obtenue après 12 jours de

traitement chez les canards ------------------------------------------------------------------------------------ 106

Tableau III.2.1 : Effets de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par les fumonisines sur les

performances et le type d’engraissement hépatique chez le canard après 12 jours de gavage 107

Page 14: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

8

Tableau III.2.2 : Effets de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par des fumonisines sur les

paramètres biochimiques sériques chez le canard après 12 jours de gavage --------------------- 110

Tableau III.3.1 : Comparaison des effets de la FB1 sur la croissance au cours des deux études ------------ 114

Tableau III.3.2 : Effets de la FB1 sur les paramètres biochimiques et le rapport Sa/So au jour 21 de

traitement des deux études ------------------------------------------------------------------------------------ 115

Tableau III.3.3: Effets de la FB1 sur le poids relatif du coeur, muscle pectoral, gésier, de la rate et du

foie chez les canards après 77 jours de traitement ------------------------------------------------------- 118

Page 15: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

9

Schéma II.1 : Protocole expérimental d’intoxication subaiguë sur des canards en croissance--------------- 80

Schéma II.2 : Protocole expérimental d’intoxication au cours du gavage ---------------------------------------- 81

Schéma II.3 : Protocole expérimental d’intoxication chronique (Protocole A) ---------------------------------- 83

Schéma II.4 : Protocole expérimental d’intoxication chronique (Protocole B) ---------------------------------- 84

Schéma II.5 : Préparation d’homogénat de tissus -----------------------------------------------------------------------86

Page 16: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

10

RÉSUMÉ

La fumonisine B1 (FB1) est une toxine produite par Fusarium verticillioides. Elle

est responsable de différentes affections chez l’animal, la leucoencéphalomalacie équine

et l’œdème pulmonaire porcin étant les plus connues. En France, bien que la prévalence

de la FB1 se confirme d’année en année, peu d’études existent chez les palmipèdes, qui

constituent pourtant la production la plus exposée. L’objectif principal de nos travaux

est la caractérisation de biomarqueurs d’exposition et d’effets des fumonisines chez les

palmipèdes au cours de différents scénario d’exposition : chez les canards en croissance

(distribution de 0, 5, 15 et 45 mg FB1/kg poids vif/jour pendant 12 jours), dans les

conditions de gavage (distribution de 0, 10 et 20 mg FB1/kg d’aliment pendant 12 jours)

et dans des conditions d’expositions chroniques (distribution de 0, 2, 8, 32 et 128 mg

FB1/kg d’aliment pendant 84 jours). Différents paramètres biochimiques sériques

(protéines totales, cholestérol, activités lactate déshydrogénase, phosphatases alcalines,

alanine aminotransférase …) ainsi que les concentrations en sphingosine (So),

sphinganine (Sa) et le rapport Sa/So ont été explorés au niveau sérique, hépatique et

rénal. Le rapport Sa/So est le biomarqueur le plus sensible lors d’exposition à la FB1. La

plus faible dose étudiée capable de déterminer un effet détectable est de 2 mg FB1/kg

d’aliment. La cinétique des différents paramètres explorés est toutefois étroitement liée

à la durée de traitement. Bien que nos études rapportent une altération de la croissance

et des pertes économiques lors d’exposition aux plus fortes doses, ces effets ne

surviennent qu’à des niveaux d’exposition nettement supérieurs à ceux entraînant une

altération du métabolisme des sphingolipides.

Page 17: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

11

SUMMARY

Fumonisine B1 (FB1) is a toxin produced by Fusarium verticillioides. It is

responsible for various affections in animal, the equine leucoencephalomalacia and the

porcine pulmonary oedema being the most known. In France, although the prevalence

of the FB1 is confirmed year after year, few studies are available in ducks which

constitute the most exposed production. The main objective of our work is the

characterization of biomarkers of fumonisins effects and exposure in ducks during

different exposure scenario: in ducks during growth (distribution of 0, 5, 15 and 45 mg

FB1/kg body weight/day during 12 days), under conditions of force-feeding

(distribution of 0, 10 and 20 mg FB1/kg feed during 12 days) and under chronic

exposure conditions (distribution of 0, 2, 8, 32 and 128 mg FB1/kg feed during 84 days).

Various plasmatic biochemical parameters (total proteins, cholesterol, activities of

lactate dehydrogenase, alkaline phosphatases, alanine aminotransferase…) as well as

sphingosine (So) and sphinganine (Sa) concentrations and Sa/So ratio were explored at

the plasmatic, hepatic and renal level. Sa/So ratio is the most sensitive biomarker of FB1

exposure. The lowest investigated dose able to determine a detectable effect is 2 mg/kg

feed. The kinetics of these parameters is closely linked to the duration of exposure.

Although our studies report an alteration of the growth and economic losses during

mycotoxin exposure to the highest tested dose, theses effects only occur at exposure

levels significantly higher than those leading to an alteration of the sphingolipids

metabolism.

Page 18: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

12

INTRODUCTION

Les mycotoxines sont des composés toxiques issus du métabolisme secondaire

des moisissures susceptibles de contaminer l’alimentation animale et humaine à tous les

stades de la chaîne alimentaire. Parmi les mycotoxines, les fumonisines constituent la

famille de mycotoxine la plus fréquemment rencontrée de par le monde [1], la

Fumonisine B1 (FB1) étant la plus abondante et la plus toxique de la famille [2]. Elle est

principalement produite par Fusarium verticillioides, champignon qui contamine plus

particulièrement le maïs [3, 4]. Cette toxine a été caractérisée chimiquement en 1988 [5,

6]. Depuis, sa toxicité a été largement étudiée in vitro et in vivo. Chez les mammifères, les

fumonisines sont responsables de la leucoencéphalomalacie des équidés [7] ainsi que de

l’œdème pulmonaire porcin [8, 9]. Elles sont considérées comme carcinogènes chez le

rat et suspectées intervenir dans les cancers de l’œsophage chez l’homme [10]. Dans

plusieurs espèces, comme les équidés, les suidés, les ovins, les rongeurs et les primates

non humain, une toxicité hépatique et rénale a également été observée [11]. Chez les

oiseaux, de nombreuses études rapportent une réduction du poids vif et une altération

de l’indice de consommation alimentaire. Ces modifications sont souvent observées lors

d’ingestion de fortes doses (100-300mg FB1/kg d’aliment), les effets des faibles doses

étant moins bien caractérisés.

La fumonisine B1 a une structure proche de celle de la sphingosine et la

sphinganine (sphingolipides membranaires). Cette similarité de structure est à l’origine

de l’inhibition de la biosynthèse des sphingolipides. Cette perturbation entraîne une

accumulation des bases sphingoïdes (la sphinganine et dans une moindre mesure la

sphingosine ainsi que leur métabolites) et une déplétion en céramide et en

sphingolipides complexes à l’origine de nombreux bouleversements biochimiques.

Différentes études montrent ainsi que la FB1 induit in vitro et in vivo une augmentation

du rapport Sphinganine/Sphingosine (Sa/So) [12, 13]. Ce rapport peut donc être

considéré comme biomarqueur de l’exposition à la FB1 chez plusieurs espèces [14-21].

En France, des travaux réalisés sur le maïs ont montré que 67% des échantillons

étaient contaminés par Fusarium verticillioides. Parmi ces souches, 80% ont la capacité de

produire des niveaux élevés de FB1 dans des conditions de laboratoire [22]. Par ailleurs,

Page 19: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

13

divers cas de leucoencéphalomalacie équine ont été rapportés, confirmant l’importance

de la contamination du maïs, notamment dans le sud-ouest [23]. Bien que la prévalence

des fumonisines sur le territoire français se confirme d’année en année, peu d’études

existent chez les palmipèdes, qui constituent pourtant la production la plus exposée.

L’objectif principal des nos travaux est la caractérisation de biomarqueurs

d’exposition et d’effet des fumonisines chez les palmipèdes au cours de différents

scénario d’exposition. Cet objectif est poursuivi par la réalisation de différents

protocoles permettant de :

- caractériser des biomarqueurs d’exposition chez les palmipèdes en croissance,

- préciser la signification de ces biomarqueurs chez les palmipèdes dans les

conditions de gavage,

- déterminer leur validité dans des conditions d’exposition chronique à

différents niveaux de contamination comparables à la réalité.

Page 20: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

14

Partie I. DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES

Page 21: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

15

I.1. Fumonisines

I.1.1. Historique

C’est en 1988 que Gelderblom et coll. ont identifié les fumonisines, une nouvelle

classe de mycotoxines, a partir de cultures de Fusarium moniliforme Sheldon [5]. Cette

moisissure, décrite pour la première fois en 1904 par Sheldon et répertoriée sous le nom

de Fusarium verticillioides Nirenberg depuis 1998 [2], était connue pour être impliquée

dans l’apparition de pathologies chez les animaux. Toutefois, jusqu’en 1988, aucune

étude n’avait réussi à isoler les molécules responsables.

Depuis leur découverte, les fumonisines se sont révélées être des contaminants

fréquents du maïs et de ses sous-produits mais aussi du sorgho et du riz [3, 24]. Elles

sont retrouvées dans la plupart des pays du monde, comme, par exemple les Etats-Unis,

le Canada, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Chine, la Thaïlande, les Philippines,

l’Indonésie, le Mexique, la France, l’Italie, les Pays Bas, la Pologne et l’Espagne [5, 22, 25-

35]. Depuis leur découverte, leur implication directe dans de nombreuses pathologies

animales a pu être confirmée. Ainsi, elles sont responsables de leucoencéphalomalacie

chez les équidés [23, 36-40], d’œdème pulmonaire chez le porc [9, 41-43], de l’apparition

d’hépato-carcinomes chez le rat et la souris [44-49], de diminution des performances

zootechniques chez les volailles [50-52], et, enfin, elles sont suspectées d’être impliquées

dans la forte prévalence de cancers de l’œsophage chez l’homme dans certaines région

du globe : en Afrique du Sud, en Chine, en Italie, … [33, 53, 54]. C’est pourquoi, la

fumonisine B1 (FB1) est classée parmi les cancérogènes potentiels pour l’homme (groupe

2B) par le Centre International de Recherche sur le Cancer [10]. Nous allons maintenant

plus particulièrement focaliser notre étude sur la FB1 qui est la plus abondante des

fumonisines présentes à l’état naturel et la plus toxique [2].

I.1.2. Structure et propriétés

I.1.2.1. Structure

Nom commun : Fumonisine B1 (FB1)

Formule chimique : C34H59NO15

Poids moléculaire : 722

Page 22: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

16

Structure :

Tableau I.1.1: Structures des fumonisines [2, 55]

Figure I.1.1 : Structure de la fumonisine B1 [2].

La FB1 est un diester de l’acide 1,2,3 propane tricarboxylique et du 2-amino-

12,16-diméthyl 3,5,10,14,15- pentahydroxyeicosane (Figure I.1.1). C’est la plus

abondante des fumonisines, qui constituent une famille de toxines dont on a identifié au

moins 15 membres, répartis en 4 catégories : FA1, FA2, FA3, FAK1 ; FB1, FB2, FB3, FB4 ; FC1,

FC2, FC3, FC4 ; FP1, FP2 et FP3 [2].

La structure plane des fumonisines A1, A2, B1, B2 a été élucidée en 1988 par

Bezuidenhout et ses collaborateurs, en employant la résonance magnétique nucléaire et

la spectrométrie de masse [6]. La FA1 se différencie par une acétylation de la fonction

aminée, alors que les fumonisines B2, B3 et A2 sont des analogues déshydroxylés de FB1

et FA1 (Tableau I.1.1).

La FAK1 se distingue de la FA1 par le remplacement du groupe N-acétylé de la

FA1 par un groupe renfermant une fonction cétone [2]. De même, l’iso- FB1 se distingue

de la FB1 par la présence d’une fonction hydroxyle en C4 au lieu de C5 [56]. Les

Fumonisines C sont semblables aux Fumonisines B, excepté en C1 où le groupe méthyle

adjacent au groupe amine, est absent ; les Fumonisines P ont, elles, un groupe 3-

hydroxypyridium à la place du groupe amine présent dans la structure des Fumonisines

B.

I.1.2.2. Propriétés physiques

A l’état pur, la FB1 se présente sous la forme d’une poudre hygroscopique de

couleur blanche [2]. Son point d’ébullition est de 103 à 105°C [55, 57].

FUMONISINE R1 R2 R3

FB1 OH OH H

FB2 H OH H

FB3 OH H H

FB4 H H H

FA1 OH OH CH3CO

FA2 H OH CH3CO

2019

1817

1615

1413

1211

109

87

65

43

OHOH

CH3

O

O CH3 OH2

1CH3

NH2

CCH2CHCH2COOHO

CCH2CHCH2COOHO

COOH

COOH

R1 R3

R2

Page 23: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

17- Solubilité : Les fumonisines sont des composés très polaires, solubles dans

l’eau pour des concentrations inférieures à 20 mg/mL [58]. Leur solubilité est plus

importante dans le méthanol et dans le mélange acétonitrile – eau (1v :1v). Elles sont

insolubles dans les solvants non polaires.

- Ces molécules ne possèdent pas de groupements chromophores, elles

n’absorbent ni dans l’ultraviolet (UV), ni en lumière visible et ne sont pas fluorescentes

[59]. Lors du dosage, une dérivatisation est donc nécessaire pour mettre en évidence ces

composés après séparation par chromatographie.

I.1.2.3. Propriétés chimiques

Présentant une structure d’ester, les fumonisines sont hydrolysables par

chauffage en milieu acide (6M d’HCl) ou basique (0,05 à 2 M de KOH). Elles libèrent

alors les acides propane tricarboxylique et l’aminopolyol (AP) correspondants [3].

Les fumonisines ayant une fonction amine primaire (ou secondaire) et une ou

plusieurs fonctions alcool, elles peuvent être N et/ou O acétylées et méthylées. Les

dérivés mono- ou diméthylés obtenus lors d’une extraction par le méthanol, peuvent

interférer avec l’analyse chromatographique de ces mycotoxines [3, 60].

I.1.2.4. Stabilité

La FB1 est relativement stable dans la plupart des conditions utilisées pour le

traitement des denrées alimentaires. Les résultats d’études récentes concernant les

effets de la chaleur, du traitement chimique, du tamisage, de la fermentation par les

levures et du vieillissement vont être maintenant résumés.

I.1.2.4.1. Traitement thermique

La concentration en FB1 d’un maïs contaminé soumis à un traitement thermique

décroît avec le temps. Néanmoins, ces mycotoxines sont considérées comme

thermostables.

Une température inférieure à 125°C maintenue pendant 60mn n’apporte

qu’une diminution de 27% des teneurs en FB1. Cependant, une température de 150°C ou

supérieure à 175°C, pendant 10mn, réduit respectivement de 50% et de plus de 80% les

teneurs en FB1 [61, 62].

Page 24: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

18Une température de 150°C permet une réduction de 80 à 90% de la FB1 à

pH=4, 18 à 30% à pH=7 et 40 à 52% à pH=10 [61]. A 78°C, ce composé est stable pendant

16h dans des solutions tampons à pH= 3.5 et pH=9 [3].

Lorsque le maïs contaminé est cuit dans de l’eau bouillante (100°C), la FB1,

au départ également répartie entre l’eau de cuisson et les grains, se trouve d’autant plus

dans le surnageant que le temps de cuisson est long. Après 10 minutes de traitement, la

quantité totale de FB1 commence à diminuer au cours du temps (décroissance de 50%

après de 51 minutes) [59].

I.1.2.4.2. Traitement chimique

L’action de l’ammoniaque (2% à température ambiante et pression

atmosphérique) permet une réduction non négligeable du niveau de contamination

détectable, mais ne diminue toutefois pas la toxicité du maïs si il est administré à des

rats [63-65]. Si ce traitement est effectué à température élevée, 79% de la FB1 est détruite

[66].

Le traitement par de l’eau chaudée (Ca(OH)2), à 25°C, pendant 24 heures,

provoque une réduction de 95% des teneurs en FB1 des grains de maïs contaminés. Cette

diminution est liée à la perte du péricarpe où se localise principalement la toxine [64].

Toutefois, le maïs contaminé-traité reste toxique pour des rats même si cette toxicité est

plus faible que celle du maïs contaminé-non traité [67].

Le traitement par une solution de Chlorure de Sodium (NaCl) permet une

réduction de 74% à 86% des teneurs en FB1 [68]. Par ailleurs, un traitement combiné par

de l’H2O2 et du NaHCO3 permet de supprimer la toxine présente dans des grains de

maïs contaminés [66].

I.1.2.4.3. Traitement mécanique (ou tamisage)

Le broyage à sec du maïs aboutit à la distribution de la toxine dans le son, le

germe et la farine [69]. Les particules fines du maïs (<3mm) constituent 5 à 20% de la

masse des cargaisons de maïs et concentrent 26,2 à 69,4% de la FB1. Leur élimination par

tamisage, avant tout autre procédé, pourrait donc constituer une première étape de

décontamination [70]. Par ailleurs, la teneur en FB1 est aussi réduite par le broyage

humide effectué pendant la fabrication des amidons de maïs car cette toxine est

hydrosoluble [71, 72].

Page 25: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

19I.1.2.4.4. Traitement biologique

La production d’éthanol au cours de la fermentation par des levures

s’accompagne d’une destruction partielle de la FB1 [73]. La partie non dégradée est

retrouvée dans la « pâte » de fermentation mais rien n’est détecté dans la fraction

alcoolique. Ces donnés sont contradictoires avec celles de Scott et coll. qui précisent que

le maïs concassé parfois utilisé comme complément dans la brasserie, doit être indemne

de fumonisines. En effet, celles-ci ne sont pas suffisamment détruites lors du processus

de fermentation : en 8 jours, la concentration en FB1 ne diminue que de 3 à 28%, suivant

la souche de Saccharomyces cerevisiae employée [74]. Par ailleurs, la fumonisine B1 a déjà

été isolée dans des échantillons de bière à des concentrations comprises entre 2 et 59

ng/ml [56].

I.1.2.4.5. Vieillissement des solutions standard

La FB1 extraite de matériel de culture en vue d’analyse ou destinée à la

réalisation d’intoxications expérimentales est conservée le plus souvent à 4°C, dans le

noir, jusqu’à son utilisation. La stabilité de cette mycotoxine est fonction des solvants

utilisés pour l’extraction et la conservation : mélange acétonitrile - eau (1v :1v) ou

méthanol-eau (3v :1v). Une expérimentation réalisée par Visconti et coll. [75] indique

que la FB1 reste stable dans le mélange acétonitrile - eau durant près de 6 mois quelle

que soit la température : -18, 4, 25°C. En revanche, la FB1 est plutôt instable dans le

méthanol ou il est produit des esters monométhyliques ou diméthyliques [60]. En effet,

5, 35 et 60% de FB1 se décomposent après 6 semaines de stockage aux températures de 4,

25 et 40°C, respectivement. Par contre, cette molécule se conserve bien dans le méthanol

si la température de stockage est maintenue à une valeur de -18°C [75].

I.1.3. Origine

I.1.3.1. Espèces productrices

Le genre Fusarium comporte des espèces capables de produire de nombreuses

mycotoxines dont les plus connues sont les fumonisines, les trichothécènes et la

zéaralénone.

Page 26: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

20Les fumonisines peuvent être produites par plusieurs espèces de Fusarium :

F. verticillioides Nirenberg et F. proliferatum Matsushima étant les 2 principales (Tableau

I.1.2). Ces deux espèces sont des contaminants fréquents du maïs et se développent au

champ, avant la récolte (Figure I.1.2) [76, 77].

Figure I.1.2 : Maïs naturellement contaminé [77].

Tableau I.1.2 : Espèces fongiques productrices de fumonisines [43, 78-87].

Fusarium verticillioides Fusarium dlamini

Fusarium proliferatum Fusarium anthophilum

Fusarium polyphialidicum Fusarium napiforme

Fusarium oxysporum Fusarium nygamai

Fusarium beomiforme Fusarium thapsinum

Fusarium subglutinans Fusarium globosum

I.1.3.2. Ecologie et conditions de développement

Le genre Fusarium comprend des espèces pouvant se développer sur différents

substrats et dans différentes conditions. Ces espèces peuvent se rencontrer à l’état

saprophytique dans le sol.

La majorité des espèces de Fusarium se développent sur les grains au champs

car leur croissance requiert des teneurs en eau (TE) supérieures à 22% [59, 88] soit une

activité en eau (aw) comprise entre 0,956 et 0,998 [88-91]. Pour des valeurs d’aw

inférieures à 0,92, la croissance et le métabolisme de ces espèces est considérablement

Page 27: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

21ralenti [88] pour être complètement inhibé lorsque l’aw est inférieure à 0,85 [1]. Ce

sont donc des espèces hygrophiles qui ne pourront coloniser secondairement une

denrée correctement séchée.

La température et le pH jouent aussi un rôle important sur la croissance, le

développement et la physiologie des moisissures. Les températures habituellement

rencontrées dans des denrées alimentaires sont comprises entre 0-35°C [92]. Les valeurs

optimales de ces paramètres étant de 25°C à pH=5,5 et à 25°C, pH=7,0 pour la

croissance de F. proliferatum et F. verticillioides respectivement [59, 88, 93].

Si les Fusarium peuvent se développer dans des conditions environnementales

assez larges, la toxinogénèse, elle, nécessite des conditions plus étroites, assez proches

des conditions optimales de croissance de la moisissure.

I.1.3.3. Voie de biosynthèse de la fumonisine B1

La synthèse de la FB1 a été plus particulièrement étudiée par le groupe

d’ApSimon [94]. Toutefois, à l’heure actuelle, les voies de biosynthèse des fumonisines

ne sont pas encore complètement élucidées.

Les fumonisines présentent des similitudes structurales avec le squelette

carboné des sphingolipides, ce qui suggère que les voies de synthèse pourraient être

voisines [95, 96]. Toutefois, une étude a montré que l’incorporation de groupements

acétyles marquées au C14 dans le squelette de la fumonisine s’apparentait plus à la

synthèse d’une polycétone qu’à celle des lipides [97].

I.1.3.4. Facteurs influant sur la toxinogénèse

La production des mycotoxines dépend de facteurs intrinsèques liés au

microorganisme, et de facteurs extrinsèques, correspondant à l’ensemble des facteurs de

l’environnement.

I. 1. 3.4.1. Facteurs intrinsèques

Toutes les espèces fongiques toxinogènes n’ont pas le même potentiel de

production de toxine. La distribution du potentiel toxinogène dépend de l’espèce

fongique considérée et, pour une même espèce, de la région et du substrat d’origine

[59]. Par ailleurs, les capacités de croissance, de développement et de compétition de

l’espèce sur le substrat influeront directement sur la synthèse de mycotoxine

Page 28: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

22I.1.3.4.2. Facteurs extrinsèques

a/ Disponibilité en eau

Dans des denrées peu hydratées (comme les céréales, …), la disponibilité en eau

a une influence déterminante. De manière générale, la toxinogénèse n’a lieu que pour

des activités en eau (aw) nettement supérieures à l’aw minimale permettant la croissance;

pour les Fusarium, cette valeur est de 0,85 [1, 59, 92].

b/ Température

La température optimale de toxinogénèse est en général voisine de la

température optimale de croissance, entre 20 – 25°C [93, 98]. Les conditions de

développement du F. verticillioides permettent de comprendre qu’un climat tempéré sera

particulièrement favorable à la production des fumonisines.

c/ Composition gazeuse

La réduction de la pression partielle en oxygène et surtout l’accroissement de la

teneur en CO2 ont un effet dépresseur bien plus important sur la toxinogénèse que sur

la croissance. En ce qui concerne l’influence de ce facteur sur la toxinogénèse, il existe

peu de données bibliographiques fiables concernant les Fusarium.

d/ Nature du substrat

La toxinogénèse dépend beaucoup plus étroitement de la composition chimique

de la denrée que de la croissance. On peut faire systématiquement le classement

suivant, par ordre décroissant en fonction des composants majeurs du substrats :

glucides, lipides et protides. Quoi qu’il en soit, il n’est pas possible d’extrapoler ce

classement, car il peut y avoir des interférences plus ou moins spécifiques entre certains

composés d’origine végétale ou fongique [92].

Une étude comparant les productions de toxines sur milieux liquides et solides

a montré que ce sont les substrats solides qui permettent la plus grande production de

fumonisine B1: 2,9 – 12,5g/Kg de matière sèche (milieux solides) contre 0,04 – 0,59g/L

(milieux liquides) [99].

Outre ces aspects, certains éléments biologiques peuvent interférer de façon

indirecte avec la toxinogénèse. Les prédateurs tels que les insectes et les acariens sont

des vecteurs de spores de moisissures qu’ils introduisent à l’intérieur même du grain

Page 29: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

23par les lésions qu’ils créent. Les moisissures trouvent alors des conditions très

favorables à leur développement et à la toxinogénèse. La coexistence d’autres espèces

fongiques (moisissures, levures) ou de bactéries a généralement un effet dépresseur sur

la concentration en toxine du fait de la compétition pour le substrat.

Quant aux agents fongistatiques, dans la mesure où ils sont rationnellement

utilisés comme conservateurs, ils bloquent le développement des moisissures et donc la

production de toxines sans toutefois détruire celles préalablement présentes dans la

denrée [59, 92]. Au champ, les effets des antifongiques sur les Fusarium sont en revanche

parfois très difficle à prédire, nottamment en ce qui concerne la synthèse des

trchothécènes [100].

I.1.4. Niveau de contamination dans les aliments

Le maïs et les produits qui en sont dérivés sont les seuls aliments dans lesquels

des teneurs importantes de fumonisines ont pu être observées. Le tableau I.1.3

récapitule les résultats d'un certain nombre d’études visant à déterminer le niveau de

contamination du maïs et ses sous produits par la FB1. Il en ressort que presque 60% des

5211 échantillons analysés sont contaminés par la FB1. La fréquence de contamination

semble être la plus importante en Amérique du Sud (85% de 266 échantillons) et en

Océanie (82% de 82 échantillons). La fréquence de contamination observée en Europe

reste toutefois élevée avec 53% des 1918 échantillons testés.

Bien entendu, la fréquence et les niveaux de contamination observés dépendent

étroitement de la nature des produits testés. L'incidence la plus élevée a été observée

pour le maïs destiné à l’alimentation animale (82% de 1112 échantillons), mais aussi

pour des produits issus du broyage du maïs grain, tels que la farine, la polenta et la

semoule (73% de 517 échantillons). Les niveaux de contamination rapportés sont

extrêmement variables en fonction de l’origine géographique des échantillons. A titre

d’exemple, les valeurs observées sur des échantillons destinés à l’alimentation animale

varient de 330 à 2 mg/kg. La majorité des échantillons fortement contaminée a été

impliquée dans l’apparition d’intoxication animales aiguës (leucoencéphalomalacie

équine, oedème pulmonaire porcin, …)

Page 30: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

24Tableau I.1.3 : Niveau de contamination de FB1 dans le maïs et ses sous-produits [2].

° Comprend des barres céréales, maïs en boîte, maïs congelé, maïs extrudé, pain, biscuit, flocons de céréales, pâtes,

amidon, maïs doux, aliment pour des enfants , gruau, purée, popcorn, tortillas, soupe...

Produits Pays Positif/ total

Niveau de FB1

(mg/kg)

AMERIQUE DU NORD

Maïs Canada, USA 324/729 0,08 - 37,9 Farine de maïs Canada, USA 73/87 0,05 - 6,32 Sous produits de maïs° USA 66/162 0,004 - 1,21 Maïs (pour animaux) USA 586/684 0,1 - 330 AMERIQUE DU SUD

Maïs Argentine, Uruguay, Brésil 126/138 0,17 - 27,05 Farine de maïs, polenta Pérou, Vénézuéla, Uruguay 5/17 0,07 - 0,66 Sous produits de maïs° Uruguay, Méxique 63/77 0,15 - 0,31 Maïs (pour animaux) Brésil, Uruguay 33/34 0,2 - 38,5

EUROPE

Maïs Autriche, Croatie, Hongrie, Italie,

Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne, R.U.

248/714 0,01 - 250

Farine de maïs, polenta, semoule Autriche, Bulgarie, Tchèque,

France, Allemagne, Italie, R.U., Pays Bas, Espagne, Suisse,

181/258 0,008 - 16

Sous produits de maïs° Tchèque, France, Allemagne,

Italie, Pays Bas, Espagne, Suède, Suisse, R.U.

167/437 0,008 - 6,10

Maïs importé, farine Pays Bas, Suisse 143/165 0,01 - 3,35

Maïs (pour animaux) France, Italie, Espagne, Suisse, R.U. 271/344 0,02 - 70

AFRIQUE

Maïs Bénin, Kenya, Malawi, Zambie, Mozambique, Afrique du Sud,

Tanzanie, Ouganda, Zimbabwe 199/260 0,02 - 117,5

Farine de maïs Botswana, Egypte, Kenya, Afrique du Sud, Zambie,

Zimbabwe 73/90 0,05 - 3,63

Sous produits de maïs° Botswana, Afrique du Sud 8/17 0,03 - 0,35 Maïs (pour animaux) Afrique du Sud 16/16 0,47 – 8,85

ASIE

Maïs Australie, Chine, Indonésie, Népal, Philippines, Thaïlande, Vietnam 361/614 0,01 - 155

Farine de maïs China, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, Thaïlande, Vietnam 44/53 0,06 - 2,60

Sous produits de maïs° Japon, Taiwan 52/199 0,07 - 2,39 Maïs (pour animaux) Corée, Thaïlande 10/34 0,05 - 1,59 OCEAN

Maïs Australie 67/70 0,3 - 40,6 Farine de maïs Nouvelle Zélande 0/12 -

Page 31: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

25Plus rarement, quelques enquêtes ont aussi pu rapporter la présence de

fumonisines dans d’autres denrées alimentaires comme le riz [101], les asperges [102] et

le sorgho [103]. Par contre, aucune contamination par ces mycotoxines n’a à ce jour été

observée sur les autres céréales comme le blé, le seigle, l'orge et l'avoine [104].

De l’ensemble de ces données, il ressort que la contamination par les fumonisines

du maïs et des produits qui en sont dérivés est fréquente, quel que soit le pays concerné.

Les niveaux de contamination observés sont parfois très élevés et responsables

d’intoxications animales aiguës.

Page 32: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

26I.2. Mycotoxicoses

Les fumonisines sont responsables de différentes pathologies animales et

suspectées être responsables de la prévalence anormalement élevée de cancer de

l’oesophage humain observée dans certaines régions. Une des caractéristiques de ces

toxines est qu’il existe une très grande variabilité de sensibilité en fonction des espèces

animales. De plus, pour les espèces sensibles, la nature des troubles observés est

souvent très différente en fonction de l’espèce mais aussi de la dose de toxine ingérée et

du mode d’exposition. Nous allons maintenant décrire l’impact des fumonisines sur la

santé animale et humaine en distinguant les espèces en fonction de leur sensibilité à ces

molécules.

I.2.1. Espèces très sensibles

I.2.1.1. Les équidés

Les équidés (chevaux, mulets, ânes, poneys) sont apparemment les animaux les

plus sensibles aux fumonisines puisque des troubles peuvent apparaître après

l’ingestion d’aliment contaminé par des concentrations de l’ordre de 5 mg de FB1/kg

d’aliment [105]. On connaît à l’heure actuelle trois types d’affections pouvant être

associés à la consommation de maïs ou de ses sous-produits contaminés des

fumonisines. En fonction de la dose ingérée, l’animal pourra présenter des troubles

nerveux (leucoencéphalomalacie équine), hépatiques (hépatotoxicose) ou un syndrome

duodénite - jéjunite proximale.

I.2.1.1.1. La leucoencéphalomalacie équine (LEM)

La LEM a été décrite pour la première fois aux Etats-Unis en 1850 [106] puis en

Afrique du Sud [107]. Depuis, des cas ont été observés partout dans le monde y compris

dans le Sud-Ouest de la France [23].

Il s’agit d’une maladie d’évolution toujours mortelle se traduisant, au plan

lésionnel, par une liquéfaction de la substance blanche de l’encéphale [108]. La LEM

semble être une pathologie spécifique des équidés même si des troubles nerveux ont

aussi pu être rapporté chez le lapin [109], les porcs [110] et les carpes [111] exposés aux

fumonisines.

Page 33: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

27

Figure I.2.1 : Hémisphère célébral gauche,

coupe transversale. Une zone de

dégénérescence et d'œdème (>) entoure

une cavitation(�) de la substance blanche

[23].

Il semble que la voie d’administration et le débit de dose soient des facteurs

importants dans l’apparition de la LEM. En effet, une étude réalisée en 1988 par

Marasas et coll. a montré que la distribution orale de 20 doses comprises entre 1 et 4

mg de FB1/kg de poids vif (PV), réparties sur 29 jours permet de reproduire la LEM.

De même, l’administration par voie veineuse de 6 doses de 0,125 mg de FB1/kg PV,

réparties sur 7 jours est suffisante pour déclencher l’apparition de cette maladie [7].

Une expérimentation menée par Wilson et coll. chez les poneys recevant du

maïs concassé naturellement contaminé par la FB1, a permis de montrer qu’une dose

de 22 mg de FB1/kg d’aliment pendant 55 jours entraîne l’apparition des troubles

[112]. Dans une autre étude, l’administration à des chevaux de 15 mg de FB1/kg

d’aliment pendant 150 jours (soit de 0,3 mg de FB1/kg PV/jour) n’a pas eu de

conséquence clinique [2]. Ce résultat a été confirmé chez des poneys ayant reçu du

maïs concassé naturellement contaminé par 15 mg de FB1/kg d’aliment [15].

La dose minimale de fumonisine capable d’entraîner des troubles après

ingestion par voie orale est donc encore inconnue à l’heure actuelle. Par contre, des

intoxications expérimentales réalisées avec de la FB1 pure ont montré que

l’administration par voie veineuse de 0,01 à 0,05 mg de FB1/kg PV/jour entraîne

l’apparition de lésions cérébrales [201].

Compte tenu de ces données, et des cas de LEM décrits après ingestion de

maïs naturellement contaminé, Shephard et coll. conseillent une teneur maximale

tolérable de 5 mg de FB1/kg d’aliment destiné aux équidés afin d’éviter les risques de

LEM [35].

Concernant la FB2 et la FB3, Ross et coll. ont montré qu’une ration contenant

du matériel de culture de F. proliferatum (M6290 et M6104) contaminé essentiellement

Page 34: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

28

par la FB2 à 75 mg/kg a entraîné, après 150 jours d’administration, l’apparition d’une

LEM associée à des lésions d’hépatite chez des poneys. Par contre, un aliment

contenant essentiellement de la FB3 à 75 mg/kg n’a eu aucun effet [113].

La nature et l’intensité des symptômes observés sont très variables et il ne

semble pas y avoir de relation directe entre l’importance des signes cliniques et celle

des lésions cérébrales. Le tableau clinique est dominé par des troubles nerveux :

hyperesthésie, hyperexcitabilité, ataxie, amaurose, marche en cercle, pousser au mur

[11]. Une dépression, des paralysies, de l’ictère sont aussi rapportés [114, 115].

Parfois, l’animal refuse de se déplacer et tombe en décubitus latéral. La mort peut

être soudaine ou précédée de convulsions, de mouvements de pédalage ou d’un état

comateux. Dans tous les cas, la mort semble inévitable et survient quelques heures à

quelques jours après le début des troubles [23, 112-119].

A l’autopsie, on note principalement des foyers de liquéfaction de la

substance blanche, un encéphale globalement œdémacié et présentant des zones

jaunâtres et fluctuantes, des hémorragies périvasculaires et une démyélinisation

diffuse [118].

Une forme plus difficile à détecter, car plus discrète sur le plan

symptomatique, a également été décrite : l’hépatotoxicose.

I.2.1.1.2. L’hépatotoxicose

Il s’agit aussi d’une maladie d’évolution fatale, liée à la consommation de

fortes doses de FB1, tandis que des doses inférieures seraient à l’origine de la LEM. La

limite entre l’hépatotoxicose et la LEM n’est pas nette. En effet, l’hépatotoxicose

s’accompagne de lésions du système nerveux et nous venons de voir que la LEM

s’accompagne de modifications hépatiques [118].

Expérimentalement, l’hépatotoxicose a été décrite après administration de

doses élevées de FB1 (6 doses de 2,5 mg de FB1/kg PV/jour, pendant 7 jours par voie

orale). Dès le huitième jour, la jument intoxiquée présentait une apathie, une

faiblesse, de l’anorexie, une constipation et un ictère [7]. A l’autopsie, on constate

principalement un ictère généralisé, un foie remanié et un encéphale œdémacié [7].

Dans une autre étude, une nécrose hépatique et une encélopathie légère sont

observée chez les poneys recevant 44 mg de FB1/kg d’aliment pendant 9- 45 jours

Page 35: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

29

tandis qu’une nécrose hépatique accompagnée de LEM est retrouvée chez les

animaux traités à la dose plus forte, 88 mg de FB1/kg d’aliment pendant 75-78 jours

par voie orale [39].

Une dernière manifestation clinique de l’intoxication des équidés par les

fumonisines a été décrite : le syndrome duodénite/jéjunite proximale.

I.2.1.1.3. Syndrome duodénite/jéjunite proximale

Le syndrome duodénite/jéjunite proximale (DJP) est un syndrome

caractérisé par une dépression, associé à un reflux gastrique important, parfois

hémorragique [120]. A l’autopsie, les lésions sont limitées au duodénum et au

jéjunum proximal. Les séreuses et les muqueuses sont rouges, avec des pétéchies et

des ecchymoses [121]. La maladie ne présente aucun caractère infectieux et les

analyses n’ont jamais révélé d’agent pathogène. Cependant, Schumacher et coll. ont

tenté de reproduire la maladie expérimentalement mais les résultats ne permettent

pas de conclure à la responsabilité unique de la FB1 [120].

I.2.1.2. Les suidés

Le porc est particulièrement sensible aux fumonisines [8, 122, 123]. Les

organes cibles sont le poumon, le foie, le pancréas, le rein et le cœur [9, 41, 122, 124-

127]. Dans cette espèce, la FB1 est impliquée dans deux syndromes : l’œdème

pulmonaire porcin et l’hépatotoxicose.

I.2.1.2.1. L’œdème pulmonaire porcin

L’œdème pulmonaire porcin est un syndrome fréquemment rencontré aux

Etats-Unis [9, 41, 42]. Il fut reproduit expérimentalement pour la première fois en

1981, par Kriek et coll. [128]. Par la suite, les observations sur le terrain et d’autres

expérimentations ont confirmé l’implication de la FB1.

Figure I.2.2 : Poumon d’un porc ayant reçu

une ration contenant 32 mg de FB1/kg d’aliment

pendant 4 jours et présentant des signes

d’oedème pulmonaire [125].

Page 36: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

30Les symptômes de l’œdème pulmonaire porcin ont été reproduits

expérimentalement chez des porcs après administration intra-veineuse de 0,4 mg/kg

PV de FB1 et de FB2 pendant 4 jours [41, 122], et chez les porcelets sevrés, après

ingestion de matériel de culture contenant 10 mg de FB1 /kg (équivalents à 0.4

mg/kg PV/jour) pendant 4 semaines [129]. La dose minimale de FB1 permettant de

reproduire l’œdème pulmonaire porcin se situe donc aux alentours de 4,2 - 5 mg de

FB1/kg d’aliment/jour pendant 14 jours [130, 131]. L’administration de plus fortes

doses de toxines semble raccourcir le temps nécessaire à l’apparition des symptômes

[9]. Toutefois, il existe aussi quelques études contradictoires puisque Guzman et coll.,

n’ont observés aucune anomalie chez des porcs ayant reçu 70-140 mg de matériel de

culture de FB1/kg d’aliment pendant 9 mois [132].

Après un temps de latence de 2 à 10 jours, caractérisé seulement par une

baisse de la consommation, l’animal présente des troubles respiratoires d’intensité

croissante. On peut observer une tachypnée, avec dyspnée et respiration abdominale,

ainsi qu’une importante léthargie. La peau, la sclère et les muqueuses sont cyanosées.

Des râles humides sont parfois audibles. La mort survient en quelques jours, après

une phase de décubitus [9, 125, 130].

A l’ouverture de la cage thoracique, un liquide clair, jaune pâle est observé

(200 à 520ml). Il coagule rapidement lorsqu’il reste exposé à l’air [133]. Les poumons

sont lourds, non collabés, et du liquide s’écoule à la coupe. L’œdème pulmonaire est

surtout interstitiel et interlobulaire. Il y a peu d’exsudat et de mousse dans les

bronchioles, les bronches et la trachée. Un œdème pleural peut être présent. Le foie et

les reins peuvent présenter des foyers de nécrose [125, 130].

A l’examen microscopique, le tissu pulmonaire interlobulaire et

périvasculaire est oedémacié. Le liquide thoracique ne contient ni érythrocytes, ni

cellules inflammatoires [9, 134]. Par ailleurs, la structure du lobule hépatique est

désorganisée. Certains hépatocytes sont nécrosés, présentant une caryolyse et une

hyperéosinophilie du cytoplasme. Quelques figures de mitose sont visibles [130].

L’œdème pulmonaire pourrait insulter d’une atteinte cardiaque. En effet, il a

été montré que la fumonisine réduit l'efficacité mécanique du ventricule gauche

[135]. Les parois des chambres cardiaques serait plus flaccides [133] ce qui suggère

que l’œdème pulmonaire porcin est secondaire à la défaillance aiguë du coeur

gauche [124, 135, 136]. Pour éviter l’œdème pulmonaire porcin, Shephard et coll.

Page 37: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

31préconisent des taux de fumonisines inférieurs à 10 mg/kg d’aliment destiné aux

porcs [35].

A côté de cette forme clinique d’intoxication des suidés par les fumonisines,

une hépatotoxicose plus ou moins intense peut également être observée.

I.2.1.2.2. L’hépatotoxicose

L’atteinte hépatique des porcins est observée lors d’exposition à de plus

faibles doses de FB1 que l’œdème pulmonaire [122, 125, 130]. En effet, en dessous de

4 mg de FB1/kg PV/jour et par voie orale, seules des lésions hépatiques sans

répercussion clinique sont observées [125, 130]. Entre 4,5 et 6,3 mg de FB1/kg

PV/jour, des cas d’oedème pulmonaire et d’hépatotoxicose clinique sont mentionnés

[122, 130]. Au-delà, seul l’œdème pulmonaire est observé [125].

Les signes cliniques de l’hépatotoxicose peuvent être frustes, dominés par

une perte de poids, de l’inappétence pouvant conduire à de la cachexie, de la

dépression. Un ictère d’intensité variable a aussi été rapporté [125].

A l'examen nécrosique, le foie est souvent brun, lisse et présente des

nodules ; sa structure interne est également modifiée. Les reins présentent une

nécrose tubulaire corticale. On note des troubles de la kératinisation sur le tube

digestif (parakératose et hyperkératose de la muqueuse œsophagienne) [122, 125,

137].

Une étude a également montré que, outre les poumons et le foie, la

vascularisation cardiaque et pulmonaire est modifiée par la FB1 [138].

I.2.1.2.3. Les autres effets de la FB1 chez le porc

L’administration d’un aliment contenant 300 mg de FB1/kg d’aliment a des

truies gestantes a entraîné l’apparition de malformations foetales [139].

Une ingestion de faibles doses de cette toxine augmenterait la sensibilité des

porcelets à l’infection par des souches pathogènes d’E. coli [140] et diminuerait le

taux d’anticorps anti-Mycoplasma agalactiae des animaux [141]. Le blocage in vivo de

la prolifération lymphocytaire pourrait empêcher la mise en place d’une immunité

spécifique et expliquer la plus grande sensibilité des animaux aux infections

concomitantes. Il pourrait aussi entraîner des échecs de vaccination dus à l’absence

de mis en place d’une immunité protectrice.

Page 38: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

32I.2.1.3. Les autres espèces sensibles

Chez le lapin, Bucci et coll. [109] ont montré que la FB1 provoque des lésions

qui rapellent la leucoencéphalomalacie. Certains animaux sont morts après avoir été

traités plusieurs jours avec une dose de 1,75 mg/kg PV. De plus, des lésions

hépatiques et rénales ont été observées. Gumprecht et coll. [142] ont montré que par

voie intraveineuse, la FB1 est néphrotoxique dans cette espèce animale.

Des études ont été effectuées sur les poissons-chats, mettant en évidence une

toxicité sur les poissons de 1 à 2 ans dès la dose de 20 mg de FB1/ kg d’aliment [143,

144].

I.2.2. Espèces peu sensibles

I.2.2.1. Les volailles

L’étude des effets de la FB1 chez les volailles est d’autant plus importante que

leur alimentation contient en général une proportion importante de maïs. Diverses

affections des volailles ont été associées à la consommation de maïs contaminé par F.

verticillioides ou F. proliferatum : baisse des performances, refus de s’alimenter,

faiblesse, diarrhée, mortalité. Des cas de mortalité dus à la consommation de grains

contaminés par F. verticillioides ont aussi été rapportés chez des oiseaux sauvages

[16]. Toutes ces pathologies ne sont sans doute pas imputables aux seules

fumonisines. En effet, les études expérimentales montrent que leur impact sur la

production aviaire apparaît le plus souvent limité à une altération de la croissance.

I.2.2.1.1. Ralentissement de la croissance

La distribution à des poussins d'une ration contenant 10 à 300 ppm de FBl

entraîne une baisse de l'indice de consommation alimentaire, et une diminution du

poids moyen [17, 51, 52, 145-148]. Certains animaux apparaissent rachitiques et

présentent une diarrhée noirâtre et collante qui serait due à une diminution de la

digestibilité de la matière sèche de la ration [51, 145, 147]. La FB1 a aussi un impact

sur le poids relatif des organes comme le foie, le rein, la rate, le proventricule, le cœur

et le gésier [17, 51, 52, 146, 148] (Tableau I.2.2). Cependant, ces résultats ne sont pas

observés dans les études menées par Li et coll. [149] ainsi que Henry et coll. [150].

Page 39: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

33Tableau I.2.2 : Effets de la FB1 chez les volailles.

Espèce, âge Dose Durée de

l’exposition Symptômes et lésions Références

Coquelets de

1 jour 8,5 ppm 15 jours

Diarrhée collante noire ; réduction de

poids vif [147]

Poussins de

1 jours

100, 300,

375, 450 et

525 ppm

14, 19, 21 et

28 jours

Réduction de poids vif et de gain

moyen quotidien; augmentation du

poids relatif du foie, du rein de la rate,

des proventricules ; prolifération des

hépatocytes et hyperplasie ; réduction

de la vitamine A sérique ; aucune

atteinte du squelette

[17, 51, 52,

146, 148, 151]

Poussins de

2 ou 1 jours

10, 40 et 80

mg FB1

pure/kg

6 ou 21 jours

Augmentation du poids relatif du foie

et de la rate ; réduction de la matière

grasse du foie

[145, 150]

Poussins de

7 jours

25 et 50

ppm 7 semaines

Réduction du poids relatif des

proventricules [152]

Poulets de

21 jours

100 et 200

ppm

60, 120 et 180

min

Diminution de la capacité d’élimination

d’E.coli du système circulaire [149]

Poules

pondeuses

de 21 et 72

semaines

8, 16, 100 et

200ppm

30, 112 et 420

jours

Diarrhée ; foies agrandis, friables et

pâles ; réduction de la production des

œufs pendant le premier cycle de 28

jours ; réduction du poids du rein

[147, 153]

Dindons de

7 jours

25 et 50

ppm 14 semaines

Réduction de la consommation

quotidienne [152]

Dindes de 1

jour

25, 50, 100,

175, 200,

300, 325,

400 et 475

ppm

21 – 28 jours

Réduction du gain moyen quotidien et

du poids relatif de la rate ;

augmentation du poids relatif du foie,

du pancréas, du gésier et des

proventricules ; augmentation de

l’hémoglobine et des hématocrites ;

hyperplasie biliaire ; hyperplasie et

hypertrophie des hépatocytes ;

diminution du taux en anticorps

[16, 154-158]

Caille

pondeuse de

5 semaines

0 et 10 ppm 84 – 140 jours

Réduction de la consommation, de la

production et du poids des œufs, et du

poids vif

[159]

Page 40: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

34

Caneton

Pékin de 1

jour

100, 200,

400 ppm 21 jours

Réduction de la consommation et du

gain moyen quotidien ; augmentation

du poids absolu du foie, du cœur, du

rein, du pancréas et des proventricules ;

hyperplasie hépatocystique et biliaire ;

foie brun foncé

[160]

L'examen nécrosique des animaux exposés à de fortes teneurs en toxine

révèle, en général, une atteinte hépatique, digestive et thymique. Les poids du foie,

du gésier et du proventricule sont anormalement élevés. Le foie est parsemé de

foyers de nécrose de taille constante mais dont le nombre augmente avec la dose.

L'épithélium biliaire est hyperplasié. Le cartilage de croissance des épiphyses tibiales

est plus épais chez les individus exposés aux plus fortes doses de FB1 (300-400 ppm).

Le cortex thymique est plus fin, et des modifications morphologiques et

fonctionnelles des macrophages sont observées in vitro [161]. In vivo, une baisse de

la teneur en l'immunoglobulines G plasmatiques est également décrite [162] et la

capacité d’élimination de bactéries comme Escherichia coli est diminué chez des

poulets ingérant une ration contenant 200 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 jours

[149].

Lors d’expositions chroniques, le poids moyen et l’indice de consommation

alimentaire des poulets et des poules pondeuses ne sont pas affectés par la

consommation d’une ration contenant 50 mg de FB1/kg d’aliment pendant 49 jours

de traitement et 200 mg de FB1/kg d’aliment pendant 15 cycles de 28 jours (soit 420

jours) [152, 153]. A l’autopsie, aucun effet de la FB1 sur le poids relatif des organes

comme le foie, les reins, le cœur, le pancréas, la rate, le gésier et la bourse de

Fabricius et aucune lésion ne sont observés [152].

Par contre, une diminution de la ponte et du poids des œufs a été rapportée

[147, 153]. De plus, la mortalité des poules pondeuses augmente de façon

significative lors d’ingestion de 200 mg de FB1/kg d’aliment pendant 420 jours [153].

Comme chez les poulets, l’administration à des dindes de 25 à 475 mg de

FB1/kg d’aliment pendant 21 à 28 jours entraîne une réduction du gain moyen

quotidien et une augmentation du poids relatif du foie, du pancréas, du gésier et des

proventricules [16, 154-157]. Une diminution du taux d’anticorps spécifiques a

également été observée chez des dindes vaccinées contre le virus de Newcastle et

Page 41: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

35nourries pendant 4 semaines avec un aliment contaminé par 200 mg FB1/kg

d’aliment [158].

Chez la caille, un effet de la FB1 sur la consommation alimentaire, le poids

vif, la production et le poids des œufs a été mis en évidence par Ogido et coll. après

administration aux animaux d’une dose de 10 mg/kg d’aliment pendant 84-140 jours

[159]. Cependant, ces résultats n’ont pas été retrouvés chez des cailles recevant 17,7

mg/kg d’aliment pendant 8 à 12 semaines [163].

Chez des canetons, une consommation de 0,575 – 1,145 mg FB1/kg d’aliment

pendant 2 jours n’a entraîné aucune mortalité [164]. Dans une autre étude réalisée

chez les canetons âgés d’1 jour recevant de 100 - 400 mg de FB1/kg d’aliment, une

réduction de la consommation et du gain moyen quotidien a été observée après 21

jours de traitement. A l’autopsie, une augmentation du poids du foie, du cœur, du

rein, du pancréas et des proventricules a été notée ainsi qu’une hyperplasie

hépatocystique et biliaire [160].

Par conséquent, quelle que soit l’espèce concernée, les volailles semblent

beaucoup plus résistantes aux fumonisines que les équidés et les porcs. L’impact des

toxines ne se traduit dans ces espèces que par une diminution des performances

zootechniques sans apparition de signe clinique nettement marqué.

Différentes études in ovo ont été réalisées afin de déterminer

d’embryotoxicité de la FB1.

I.2.2.1.2. Embryolétalité et embryotoxicité

La mortalité des embryons dépend de la dose de FB1 inoculée dans l'oeuf et,

de l'âge de l'embryon (Tableau I.2.1) [165]. Ainsi, la FB1 apparaît comme

potentiellement embryotoxique et tératogène chez les volailles. Toutefois, son

administration par voie intraveineuse n'entraînant pas l'apparition de résidus dans

les oeufs [166, 167], ces effets ne s’expriment sans doute pas dans les conditions

naturelles. Ils posent en revanche un problème en toxicologie pour l'évaluation du

risque chez l’homme. Ces aspects seront précisés ultérieurement lors de l'étude des

effets des fumonisines sur les rongeurs de laboratoire.

Page 42: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

36Tableau I.2.1: Action embryolétale de la FB1 chez les volailles [165]

Jour d’incubation Mortalité cumulative au jour 18

d’incubation FB1 injectée

(10µl/œuf)

(soit en µg)

Nombre

des œufs

injectés 7 10 14 18 Nombre des morts /total %

Nombre des embryons morts

Témoin : 0

Percé : 0

Solvant : 0

2

4

8

16

32

64

40

40

40

40

40

40

40

40

40

0

0

0

4

5

5

10

11

15

0

0

1

0

0

3

7

14

19

2

0

1

1

2

0

3

2

6

0

0

0

0

0

0

1

4

2/40

0/40

2/40

5/40

7/40

8/40

21/40

31/40

40/40

5,0

0,0

5,0

12,5

17,5

20,0

52,5

77,5

100

I.2.2.2. Les ruminants

Il semblerait que les bovins soient moins sensibles aux fumonisines que les

autres animaux. En effet, des expérimentations réalisées par Osweiler et coll. ont

montré que des teneurs en fumonisines allant jusqu’à 148mg/kg d’aliment, ne

modifiaient pas le gain moyen quotidien [168]. Seuls quelques paramètres

biochimiques comme l’ASAT, la GGT, la LDH, la bilirubine et le cholestérol sont

augmenté chez deux veaux ayant absorbé 148 mg/kg d’aliment. De légères lésions

au niveau du foie ont pu être observées à l’autopsie [168]. Les vaches laitières

pourraient être plus sensibles aux fumonisines que les bovins de boucherie, peut-être

en raison du stress associé aux méthodes de production. En effet, des bovins laitiers

(Holstein et Jersey) recevant des rations contenant 100 ppm de fumonisine pendant 7

jours environ avant la mise bas et pendant les 70 jours suivants ont montré une

diminution de leur production lactée (6 kg/vache/jour), ce qui s’explique

principalement par une diminution associée de leur consommation alimentaire. Une

élévation de la concentration sérique de certaines enzymes pouvait évoquer une

affection hépatique [169].

Page 43: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

37Comme c’est le cas pour les bovins, les études menées chez les ovins

confirment la grande résistance aux fumonisine des ruminants par rapport aux

mammifères monogastriques [170].

I.2.3. Pouvoir carcinogène

Les propriétés carcinogènes de la FB1 ont été mises en évidence chez le rat

mais n’ont pas encore été démontrées chez d’autres espèces même si des exposition

chroniques de porcs à de fortes doses de FB1 ont entraîné l’apparition de nodules

d’hyperplasie hépatique [137]. La caractérisation du pouvoir cancérigène des

fumonisines est très importante dans le cadre de l’élaboration de normes visant à

déterminer les limites maximales tolérables en toxine dans l’alimentation humaine.

I.2.3.1. Rongeurs

Le rat a permis de mettre en évidence les propriétés cytotoxiques et

cancérigènes de la FB1.

Une intoxication de courte durée (4 jours à 4 semaines) entraîne

principalement une hépatotoxicité avec cirrhose (hyperplasie hépatocellulaire) et

prolifération des canaux biliaires et une néphrotoxicité avec des images

d’autophagocytose et de dégénérescence cellulaire dans le cortex dès 15 mg FB1/kg

d’aliment [171]. Cependant, on note aussi une fœtotoxicité et une atteinte du thymus

pour une intoxication par 60 mg FB1/kg poids vif par voie orale [172].

Après une exposition de longue durée (50 mg FB1/kg d’aliment, 150 jours à 2

ans) diverses équipes ont noté la formation de carcinomes hépatocellulaires, de

cirrhose, d’adénofibrose, de nodules néoplasiques et de cholangiocarcinome [45, 49,

173]. Apres une exposition de 2 ans, des lésions de carcinome stomacal et une

hyperplasie des cellules basales de l’œsophage sont rapportées [174]. C’est

Gelderblom qui établit la responsabilité de la FB1 dans ces phénomènes cancéreux

en 1991 [175].

Lors d’exposition intermédiaire (44 à 78 jours à 50 mg FB1/kg d’aliment), on

note l’apparition d’une thrombose intraventriculaire [108], et une

hypercholestérolémie [176, 177].

Page 44: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

38I.2.3.2. Homme

Dans l’espèce humaine, les fumonisines pourraient être impliquées dans

certains cancers de l’œsophage [4, 178].

I.2.3.2.1. En Afrique du Sud, dans le Transkei

Plusieurs études ont indiqué une prévalence très élevée de cancer de

l’œsophage dans la population noire du Transkei, en Afrique du Sud. Le taux de

cancer atteint des proportions de 50 à 200 pour 100 000 personnes [36, 53, 179, 180].

Le maïs, bien que fréquemment moisi, y constitue un aliment de base (jusqu’à 100%

des calories). Les épis les plus altérés sont même utilisés pour la fabrication de

boissons fermentées, comme la bière. Des analyses mycologiques portant sur

différents échantillons révèlent une contamination par F. verticillioides

significativement plus élevée dans les régions à fort taux de cancer de l’oesophage

que dans les régions à faible taux (P<0,01) [54]. Les concentrations mesurées en FB1 et

FB2 sont significativement plus fortes dans les échantillons issus de zones à forte

proportion de cancer (jusqu’à 118 mg de FB1 [53] et 30 mg de FB1/litre de bière [2]).

I.2.3.2.2. En Chine

Des observations du même type ont également été rapportées en Chine, où la

prévalence de F. verticillioides est 2 fois plus forte dans les régions « à cancer » (Lixian

et Cixian, dans la province du Henan) que dans les autres [181-183]. Des enquêtes ont

ensuite montré que les échantillons de maïs en provenance de Lixian et Cixian

contiennent un niveau souvent élevé de FB1 (18 – 155 mg/kg) [182]. Ces résultats ont

permis de montrer l’existence d’une relation entre la prévalence du cancer de

l’œsophage et l’exposition de la population à la FB1.

Une autre investigation, menée de 1997 à 2000, sur le cancer primaire du foie

en Chine, a montré l’existence d’une différence significative (P<0,01) entre le niveau

de FB1 présent dans le maïs contaminé en provenance des régions à fort taux (0,14 à

34,9 mg/kg à Henan) par rapport au niveau observé dans les échantillons provenant

de zones à faible taux (0,08 à 15,1 mg/kg à Penlai) [183].

I.2.3.2.4. En Italie du nord

En 1990, la province de Pordenone dans le nord de l’Italie a présenté le taux

de mortalité par cancer le plus élevée d’Italie, et même d’Europe en ce qui concerne

Page 45: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

39le cancer de l’œsophage (68 cas), le cancer de la cavité buccale (179 cas) et le cancer

du pharynx (170 cas) [184].

Dans cette région, la plupart du maïs est produit et consommé localement.

Les souches de Fusarium produisant les fumonisines ont pu être isolées sur ce maïs et

de la FB1 a pu être retrouvées dans les produits alimentaires qui en était issus (0,15 à

3,76 mg de FB1 /kg) [85, 185].

En conclusion, chez les mammifères monogastriques, les fumonisines sont

toxiques et responsables d’affections variées en fonction des espèces. Elles sont

responsables de la leucoencéphalomalacie des équidés et de l’œdème pulmonaire

porcin, elles sont considérées comme carcinogènes chez le rat et suspectées de jouer

un rôle dans l’apparition de certains cancers chez l’homme. Dans plusieurs espèces,

une toxicité hépatique et rénale a également été observée.

Les oiseaux sont plus résistants et les nombreuses études qui y ont été

consacrés ne rapportent, le plus souvent qu’une réduction du poids vif et une

altération de l’indice de consommation alimentaire.

Les ruminants sont, quant à eux considérés comme résistants aux

fumonisines.

Page 46: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

40I.3. Cinétique et mécanisme d’action de la fumonisine B1

I.3.1. Toxicocinétique

I.3.1.1. Absorption

Lors d’administration par voie orale chez le rat, la fumonisine B1 est très

rapidement absorbée avec cependant une absorption plus importante des formes

hydrolysées de FB1. L’absorption maximale est atteinte 1,02h après l’administration

par voie orale et 20 minutes après l’administration intra-péritonéale (Figure

I.3.1A&B) [186].

Figure I.3.1 : Variation de la concentration sérique de la FB1 en fonction du temps A : après

administration par voie IP. Chaque point représente la moyenne de la détermination chez les deux

rats. B : Concentration sérique de la FB1 après une administration par voie IV de 2 mg/kg (■) ou par

vo de 10 mg/kg (□). Les données représentent la moyenne ± SE chez les 8 rats [186].

La quantité de FB1 mesurée dans le plasma après une administration par voie

orale chez le porc [187], la poule pondeuse [166], le singe [188], la vache [189], le rat

[190] et le canard [191] est très faible.

Chez le canard, la biodisponibilité est de 2,27 – 3,75% [191]. De même, le

passage dans la circulation générale ne représenterait que 2 à 4% de la dose de 14C-

FB1 administrée chez rat [186] le singe [188], et le porc [187]. Chez la poule pondeuse,

l’absorption mesurée est inférieure à 1% de la dose totale administrée [166] (Tableau

I.3.1).

Con

cent

ratio

nde

laFB

1(µ

g/m

l)

Con

cent

ratio

nde

laFB

1(µ

g/m

l)

Durée (min) Durée (heures)

A B

Page 47: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

41Tableau I.3.1 : Absorption de la FB1.

Espèce Voie Méthode Tmax Cmax Biodisponibilité Ref.

VO 160 mg/kg PV 2h 0,5 µg/ml 2,7 – 3,75 %

CANARD IP 10 mg/kg PV 30 min

31,2 µg/ml

-

[191]

POULE VO

1,28 µCi/kg

(14C- FB1)

(2mg FB1/kg)

1,5-2,5 h

40-145dpm/ml

soit 28-

103ng/ml

0,71% [166]

VO

14C-FB1

14C-HFB1

14C- FB1-fructose

0,69µmol/kgPV

Non défini Non définie

Absorption

supérieure des

formes

hydrolysées

[192]

VO 10mg FB1/kg PV 1,02 h 0,18µg/ml 3,5% [186]

VO 7,5mgFB2/kg PV Non défini Non détectée

Négligeable

(0,2% de la dose

retrouvée dans

les urines

IP 7,5mg FB2/kg PV 20 min 3,5µg/ml

[193]

RAT

IP 7,5mg FB1/kg PV 20 min 8,6µg/ml [190]

PORC VO 0,5mg FB1/kg

(0,35µCi) 1,10h 33ng/ml 4% [187]

VACHE VO 1 et 5 mg FB1/kg

PV Non défini Non détectée négligeable [189]

VO

321kBq (14C- FB1)

6,42mg FB1/kg

PV

1-2 h 210ng/ml 2% [188]

SINGE

VO 7,5mgFB2/kg PV 3-5 h 25-

40ng/ml < 2% [194]

La faible biodisponibilité observées chez les ruminant pourrait être due à un

métabolisme ruminal puisque 60 à 90% de la FB1 retrouvée dans les fécès est

hydrolysée contrairement aux monogastriques chez lesquels la forme majoritaire est

la molécule mère [189, 195].

Page 48: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

42Il n’existe aucune donnée disponible sur l’absorption de FB1 par voie

pulmonaire ou cutanée. Cependant, puisque la FB1 est présente dans les cellules de F.

verticillioides (mycélium, spores et conidiospore), il pourrait exister un risque

d’absorption par inhalation. Le risque d’une absorption cutanée semble, quant à lui,

très faible, puisque la FB1 est hydrosoluble et que les composés polaires ne traversent

pas la barrière tégumentaire [2].

I.3.1.2. Distribution

Lors d’une administration par voie orale chez le rat et le porc, la FB1 est

retrouvée dans la plupart des tissus notamment le foie et les reins [187, 196, 197]. En

règle générale, le foie contient plus de FB1 que les reins, cependant une étude menée

par Norred et coll. montre le contraire [196].

Chez le canard, on trouve que la FB1 est présente dans les foie en quantité 20

à 40% fois plus important que dans les muscles [191].

Chez la rate gestante [198], 1 heure après l’administration d’une dose de 14C-

FB1 par voie IV, 14,5% et 4% de la dose administrée sont retrouvés respectivement

dans le foie et les reins. On en retrouve cependant seulement de 0,24% à 0,44% dans

l’utérus, de 0 à 0,04% dans le placenta et moins de 0,015% dans le fœtus lui-même.

D’autres études ont corroboré l’idée qu’il n’existe qu’un faible transfert de la FB1 par

la barrière placentaire chez le rat [199, 200] et le lapin [201].

Chez le porc (Tableau I.3.2), on retrouve aussi de faibles concentrations dans

les poumons, la rate et les muscles squelettiques. L’accumulation tissulaire de la FB1

est notée tant qu’elle n’est pas retirée du régime alimentaire de l’animal et on estime

à 2 semaines le temps nécessaire à la disparition de la FB1 du foie et des reins [202,

203].

Ce schéma de distribution est aussi applicable à la poule pondeuse [166] aux

primates [188] et aux vaches [189]. Cependant la faible biodisponibilité chez ces

dernières implique une très faible distribution tissulaire. Elle se limite à quelques

traces détectées dans les tissus précités. Aucun résidu n’est retrouvé dans les œufs et

de faibles traces sont détectées dans le lait de vaches [195].

Page 49: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

43Tableau I.3.2 : Distribution et excrétion de la FB1.

Espèce Voie Dose administrée Distribution Ref.

CANARD IP 10 mg/kg PV

Foie : 41,4 ng/g

Muscle : 1,2 ng/n

Muscle/Plasma : 0,07

[191]

IV 0,64µCi/kg dans

2mg/kg PV

Traces après 24 h dans foie, reins et caecum

POULE

VO 1,28µCi/kg dans

2mgFB1/kg PV

Traces 24h après gavage dans jabot, foie,

reins, intestin grêle et caecum. Nulles dans

œufs

[166]

IP 0,29 µCi/kg PV

106 000 dpm/rat

Après 24h : - Fécès : 66%

- Urine : 32 %

Foie : 1%

Rein : <1%

VO 7,5mg/kg PV

93 000 dpm/rat

101% de la dose retrouvée dans les fécès

après 24h

[197]

RAT

IV 2mg/kg PV Foie : 0,22µg/ml

Rein : 2,35µg/ml

foie/serum: 2

rein/serum: 30 [186]

IV 0,4mg/kg PV

(0,25µCi)

Foie 1076 ng/g

Rein : 486 ng/g

VO 0,5mg/kg PV (0,35µCi) 10 à 2 fois moins que lors de l’IV

[187]

VO

3mg14C-FB1/kg

d’aliment 12j (soit 3µCi)

puis 2mg14C-FB1/kg

d’aliment 12j (soit 2µCi)

Foie : 347 dpm/g

160 ng/g

rein : 146 dpm/g

65ng/g

[203] PORC

VO 100mgFB1/Animal/j

5-11j

Résultats difficilement interprétables :

SD>MOY des valeurs détectées [202]

VACHE VO 1 et 5 mg FB1/kg PV Non dosée Pas d’absorption [189]

IV

2,33 µCi (14C- FB1)/kg

PV

soit 1,72mgFB1/kg PV

Foie : 1,92% de la dose initiale

Muscle : 0,62%

Rein : 0,37%

VO 8,7 µCi (14C- FB1)

soit 6,42mg FB1/kg PV

Foie : 0,64% de la dose initiale

Muscle : 0,14%

Rein : 0,03%

[188]

SINGE

VO 3 000 000dpm

8mg FB1/kg PV

Muscle : 1% de la dose initiale

Foie : 0,4%

Cerveau : 0,2%

[204]

Page 50: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

44I.3.1.3. Métabolisme

Peu de données sont disponibles sur le métabolisme de FB1. Cependant la

principale forme d’excrétion biliaire et urinaire est la molécule mère. Chez le singe,

une fraction de FB1 retrouvée dans les fécès est sous une forme partiellement

hydrolysée (mono-esters par perte d’un acide propane-tricarboxylique), alors que la

fraction retrouvée dans l’urine est composée de 96% de FB1 non hydrolysée. Il

apparaît donc clairement que le métabolisme de la FB1 se déroule dans le tube

digestif sous l’action d’enzymes ou de micro-organismes et non dans le foie puisque

aucun métabolite n’est retrouvé dans les voies biliaires [188].

De plus, des études menées sur des hépatocytes de rats et par incubation

directe de FB1 en présence d’enzymes de biotransformation (sous forme de

microsomes) ne révèlent aucune production de métabolite. Ceci confirme qu’il

n’existe pas ou peu de métabolisme hépatique de la FB1 [205]. On note cependant une

induction de l’activité des cytochromes P450 1A1 et P450 4A1 lors d’injections

répétées de FB1 par voie intra-péritonéale sans qu’elle permette de conclure à une

métabolisation de la FB1 par ces enzymes [206].

Lors d’expérimentation sur la vache laitière nous avons vu que la FB1 n’était

pas ou peu retrouvée dans le lait. Aucun de ses métabolites ou conjugués ne l’est non

plus [207].

I.3.1.4. Elimination

Chez le canard, le temps de demi-élimination est de 64 min dans deux

expérimentations réalisées à la dose de 10 mg/kg PV par voie intra-péritonéale [191].

Chez le rat, après une administration IV, la FB1 est rapidement éliminée du

compartiment central, il ne reste que 20ng/ml de plasma 8 heures après

l’administration de 2mg/kg PV [208].

On note une première phase d’élimination rapide et simultanée à la phase de

distribution, son temps de demi-vie est très court : de l’ordre de 10-20min [190]. Le

temps de demi-vie d’élimination est alors de l’ordre de 1 heure [208].

Différentes voies d’élimination de la FB1 ont été mises en évidence. La FB1 est

majoritairement éliminée par voie biliaire : 67% de la dose administrée par voie IV

est retrouvée dans la bile dans les 24 heures [209]. Elle est également éliminée par les

voies urinaire et fécale [190, 196].

Page 51: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

45Par voie orale, la majorité de la FB1 administrée est éliminée dans les fèces. Le

temps de demi-vie plasmatique est de 3,15 heures, de 4heures dans le foie et 7 heures

dans les reins [186].

Chez le singe, la poule pondeuse et la vache laitière l’élimination

plasmatique de la FB1 est rapide, les temps de demi élimination sont respectivement

de l’ordre de 40 min [204], 49min [166] et 17min [189].

Chez le porc, la cinétique est toujours rapide mais pas autant que chez les

espèces précitées. Le temps de demi-vie d’élimination est de l’ordre de 3 heures.

Cependant, lors d’une cathétérisation des canaux biliaires, le temps de demi-vie est

diminué à 96 minutes.

En conclusion, la FB1 est faiblement absorbée après administration par voie

orale (2 à <6% de la dose); elle est rapidement éliminée du plasma ou de la

circulation et retrouvée dans les fèces (molécule mère intacte, partiellement ou

entièrement hydrolysée) et dans l’urine (molécule mère entièrement hydrolysée). Par

ailleurs, l'excrétion biliaire est aussi importante. La FB1 ne s’accumule pas dans les

tissus mais une faible proportion de la toxine absorbée est retrouvée dans le foie et

les reins des animaux exposés. L’ensemble de ces données est difficilement

conciliable avec un mécanisme de toxicité cumulative de ces composés.

Page 52: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

46I.3.2. Mécanisme d’action

La FB1 est structurellement proche de la sphingosine, constituant cellulaire

des sphingolipides. Cette similarité est à l’origine de l’inhibition de la biosynthèse

des sphingolipides au sein de la cellule. Pour mieux comprendre l’impact cellulaire

de la FB1, nous allons présenter les sphingolipides plus en détail.

I.3.2.1. Les sphingolipides

I.3.2.1.1. Définition et structures

Les sphingolipides sont des lipides complexes, constitués obligatoirement

d’un diol aminé à longue chaîne carbonée (18 carbones) de type sphingoïde, dont :

- la fonction amine est reliée à un acide gras de poids moléculaire élevé par

une fonction amide.

- la fonction alcool primaire est reliée à un groupement polaire qui peut être

de type phosphocholine dans le cas des sphingomyélines ou de type osidique dans le

cas des cérébrosides et gangliosides.

La classification des sphingolipides est basée sur la nature du groupement R2

liée à l’hydroxyle (cf. tableau structure).

Tableau I.3.3 : Classification des sphingolipides

Groupement R2 Noms

H

phosphate

céramides

céramides-1-phosphate

phosphocholine sphingomyélines

glucide

ose

oside neutre

oside acide

- sulfate

- acide sialique

glycosphingolipides

cérébrosides

glycosphingolipides neutres

glycosphingolipides acides

sulfoglycosphingolipides

sialoglycosphingolipides

ou gangliosides

Dans cette partie, nous ne présenterons que les particularités des

sphingoïdes, les céramides, les sphingomyélines et les cérébrosides.

Base sphingoïde

OH O - R2

NH – R1

Figure I.3.2 : Structure des

sphingolipides

Page 53: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

47a/ Sphingoïdes

Sphingosine : largement majoritaire chez les animaux, elle entre dans la

composition de 90% des sphingolipides. Elle possède à la fois une partie aliphatique

insaturée et une partie hydrophile polaire. La stéréochimie des carbones -2 et -3 de la

sphingosine est indiquée ci-dessous (D-amino, érythro-) ; la double liaison est trans

[210].

Sphiganine : elle résulte de la condensation sur l'acide palmitique (16C)

de l'amino-acide sérine (3C). Elle a la structure suivante :

- chaîne carbonée linéaire à 18 carbones

- deux fonctions alcool : primaire sur le C1 et secondaire sur le C3

- une fonction amine primaire sur le C2

b/ Céramide:

Les céramides sont précurseurs des lipides et de ce groupe. Ils sont dérivés

des sphingosines par fixation d'un acide gras sur le groupe amine (acylation).

Les acides gras entrant dans la composition des ces molécules sont :

- à nombre pair de carbones, de 16 à 24C

- saturés ou monoinsaturés

- souvent α-hydroxylés (OH en C2)

Sphingosine183

21

OH

NH2

OH

Sphinganine 18 43

21

OH

NH2

OH

24,

32

NH1,

1

OHOH

18

O liaison amide

Sphingosine

Exemple de céramide

Page 54: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

48c/ Sphingomyélines

Les sphingomyélines sont des phospholipides membranaires, présentes dans

toutes les membranes et plus particulièrement au niveau des gaines de myéline des

neurones. Elles sont constituées d'une base longue chaîne (sphingosine ou

dihydrosphingosine), d'un acide gras amidifiant la fonction amine et d'un phosphate

estérifiant la fonction alcool primaire et lui même estérifié par un alcool aminé

(choline). Les sphingomyélines contiennent le groupement d’alcool primaire de la

sphingosine estérifié par la partie phosphate de la phosphocholine.

d/ Cérébrosides (monoglycosphingolipides)

Les cérébrosides sont des glycolipides constitué par l’association du

céramide à un résidu glucidique comme le galactose (galactosylcéramide - GalCer)

ou le glucose (glucosylcéramide - GlcCer).

Le GalCer est un lipide important du tissu nerveux alors que le GlcCer est le

principal glycosphingolipide des tissus extraneuronaux et un précurseur de la

plupart des glycosphingolipides plus complexes.

Les glycosphingolipides sont les constituants du feuillet externe des

membranes plasmiques, et, comme tel, seraient importants dans la communication et

le contact entre les cellules [211].

Page 55: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

49I.3.2.2. Métabolisme

I.3.2.2.1. Synthèse

La principale enzyme responsable de la synthèse des sphingolipides est la

sérine-palmityl transférase et celle responsable de leur dégradation est la

sphingomyélinase. Celle-ci est absente dans l’estomac, son activité augmente dans le

duodénum et le grêle pour diminuer dans le côlon et le rectum.

Figure I.3.3 : Voies de biosynthèse de novo du céramide et des sphingolipides complexes. La

sphingosine n'est pas une intermédiaire directe de la voie de biosynthèse mais elle est seulement

formée après le renouvellement du céramide.

CoASH: Coenzyme A; DAG: DiAcylGlycérol; Ptd Choline: PhosphatetidylCholine.

Biosynthèse de novo

Sérine + Palmitoyl-CoA

3-Cétosphinganine

Dihydrocéramide

Sphingomyélines

Sérine palmitoyl transférase (Pyridoxal Phosphate) CO2

NADPH + H+

NADP

Acide gras - CoA N-acyltransférase

Désaturase

Sphingomyélinase

SM synthase

PtdCholine

DAG

Sphingosine-1-phosphate

Choline-P

Glucosylcéramide

Lactosylcéramide

Glycolipides Gangliosides

Voie des Glycosphingolipides

Voie de la Sphingosine-1-phosphate

N-acyltransférase

CER synthase

So kinaseSo-1-phosphatase

GcCER synthase

Cérébrosidase

Stimuli de stress (drogues, radiations, …) Acide gras libre +

Stimuli physiologiques (TNFα, …)

+

CoASH

Voie des Sphingomyélines

ADP

ATP

Acide gras - CoA

CoASH

Pi

Page 56: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

50La sphingosine est synthétisée dans le réticulum endoplasmique (Figure

I.3.3). Après combinaison avec le pyridoxal phosphate, la sérine est décarboxylée et

réagit avec le palmitoyl-CoA pour former la 3-cétosphinganine. La sphinganine (ou

dihydrosphingosine) est obtenue après une étape de réduction de la 3-céto

sphinganine où le NADPH est utilisé comme donneur d’hydrogène ; le groupe α-

amine de la sphinganine est ensuite acylé pour former un dihydrocéramide (ou N-

acyl sphinganine) par la N-acyltransférase (ou céramidase). La dernière étape qui a

lieu dans le réticulum endoplasmique consiste en une oxydation du squelette

carboné en ∆4 de la sphinganine et permet l’obtention d’un céramide (ou N-

acylsphingosine). [211-214]. La sphingosine peut être libérée au cours de cette étape,

ce qui explique pourquoi la concentration en sphingosine libre dans la cellule reste

faible à l’état physiologique [214-216]. Les céramides sont élaborés dans l’appareil de

Golgi et servent de précurseurs pour la biosynthèse de sphingolipides complexes,

comme les sphingomyélines et les glycosphingolipides (cérébrosides et gangliosides)

[215, 217, 218].

I.3.2.2.2. Catabolisme

Le catabolisme des sphingolipides complexes a lieu dans les lysosomes à

l’issue du renouvellemnt régulier des membranes cellulaires. La sphingosine libérée

subit une réaction de N-acylation rapide (recyclage) ou phosphorylée dans le cytosol.

La phosphosphingosine est ensuite dégradée en éthanolamine phosphate et en

aldéhyde dans le réticulum endoplasmique [214, 215, 217, 218].

I.3.2.3. Rôles des sphingolipides

Les sphingolipides jouent des rôles importants dans l’agencement strutural,

la croissance, la différenciation et la mort des cellules. Ils interviennent en tant que

messagers intracellulaires lors de la transduction des signaux membranaires (facteurs

de croissance, facteurs de différenciation et cytokines [219, 220]). La fonction de

signalisation des sphingolipides est illustrée dans la Figure I.3.4. Quelques agonistes,

tel que le PDGF (platelet-derived growth factor), activent un panel d'enzymes qui

hydrolysent la sphingomyéline en céramide (sphingomyélinases), le céramide en

sphingosine (céramidases), et la sphingosine en sphingosine-1-phosphate

(sphingosine kinases) [221]. Chacun de ces produits intermédiaires est un composé

Page 57: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

51bioactif qui peut moduler l’activité des protéines kinases, des phosphatases, et

d’autres voies de signalisation. La sphingosine-1-phosphate est en outre un composé

original qui présente une fonction intracellulaire [220].

Par conséquent, toute variation de la quantité des bases sphingoïdes

entraînera des altérations dans le métabolisme des lipoprotéines et dans la

signalisation intracellulaire, se traduisant par l’apparition d’un phénomène de mort

cellulaire de type apoptotique [222-226] ou, au contraire, une résistance des cellules

aux phénomènes de mort cellulaire et une induction de signaux prolifératifs [220,

221].

Figure I.3.4 : Métabolisme des sphingolipides en réponse à un agoniste et conséquences

cellulaires [219].

I.3.2.4. Action de la Fumonisine B1 sur la biosynthèse des sphingolipides

Les produits intermédiaires de la biosynthèse de novo des sphingolipides (la

sphingosine, les dihydrocéramides, et les céramides) (Figure I.3.3) sont hautement

bioactifs. A l’état normal, les quantités de ces composés restent faibles [227].

Cependant, plusieurs formes de stress cellulaire peuvent induire la biosynthèse de

novo des sphingolipides et perturber le comportement cellulaire lors de

l’accumulation de certain de ces composés [228, 229].

Les fumonisines inhibent la N-acyltransférase, enzyme qui acyle des bases

sphingoïdes (la sphinganine en provenance de la synthèse de novo et la sphingosine

Récepteur

Agoniste

Sphingomyéline

Céramide

Sphingosine

Sphingosine-1-P

OH OH

OH OH

OH OPO3H2

O

N

NH2

NH2

R

R

R

RStimulateur de croissance, (anti-apototique)

Inhibiteur de croissance, (cytotoxique/ pro-apoptotique)

Inhibiteur de croissance, (cytotoxique/ pro-apoptotique)

Sphingomyélinase(s)

N-acyltransférase(s)

Sphingosine kinase(s)

Page 58: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

52

Sphinganine

Sphingolipides complexes (réduites)

Sphingosine(parfois élevée)

Sphinganineélevée

Céramide

Sphinganine

Sérine + palmitoyl-CoA

R 32

1

OH

NH3+

OH R 32

1

OH

NH3+

OH

dihydrocéramide

Diffusion au sang et/ou sorti dans l’urine

Membrane plasmatique

Réticulum endoplasmique

N-acyltransférase

issu du renouvellement des sphingolipides). Cette action est illustrée dans la Figure

I.3.5. Cette inhibition de la synthèse des céramides s’accompagne de l’accumulation

de la sphinganine, et, plus tardivement lorsque le nombre de cellules altérées est

important, d’une augmentation de la sphingosine. L’origine de cette inhibition serait

à mettre en relation avec l’analogie structurale existant entre la FB1 et la sphinganine

[12, 13, 171, 222, 230].

Figure I.3.5 : Effets de la FB1 sur le métabolisme des sphingolipides.

I.3.2.5. Action de la Fumonisine B1 sur le métabolisme des acides gras

La toxicité de la FB1 pourrait également être due à une altération du

métabolisme des acides gras poly-insaturés et des phospholipides. Les phénomènes

de stress oxydatif semblent également être augmentés lors d’intoxication par la FB1.

D’autres actions sont rapportées telles une inhibition des phosphatases, de la GTP-BP

(Guanosine tri-phosphate-binding protein), une activation de la PKC (phosphokinase

C) et une perturbation des courants calciques[198].

Page 59: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

53I.3.2.6. Conséquences

L’action des fumonisines conduit donc à une accumulation de sphinganine

libre et à l’augmentation du rapport sphinganine/sphingosine [14]. Ce rapport est

d’ailleurs utilisé en tant que marqueur d’exposition à ces mycotoxines [231].

Une partie de la sphinganine libre est métabolisée à l’intérieur des cellules,

mais le reste est libéré dans le milieu extracellulaire. In vivo, elle s’accumule dans les

tissus et se retrouve rapidement dans le sang et les urines [230, 232]. Or, tous les

métabolites dérivés des sphingolipides, peuvent se révéler cytotoxiques en fonction

du type de composé formé, de leur localisation intracellulaire et du type cellulaire

considéré [233].

L’accumulation des bases sphingoïdes va donc conduire, dans certaines

cellules, à une inhibition de la croissance et à l’apparition d’un phénomène

d’apoptose. Ainsi, sur des hépatocytes de rat, une concentration en FB1 comprise

entre 10 et 35 µM conduira, après une période de latence de 24 heures, à une

inhibition de la prolifération cellulaire ; une concentration supérieure aboutira

toujours à une mort cellulaire [234, 235].

Quoi qu’il en soit, l’exposition cellulaire aux fumonisines se traduit par une

perturbation profonde de la machinerie cellulaire et s’accompagne d’une

perturbation des signaux normaux de mort et de prolifération cellulaire. Cet effet

pourrait expliquer l’effet cancérigène de ces molécules chez les rongeurs de

laboratoire [236-238]. En effet, leur pouvoir tumorigène ne peut être expliqué par une

interaction directe de ces molécules avec l’ADN mais pourrait résulter de la sélection

de cellules pré-néoplasiques plus résistantes à l’action des toxines ou à des

phénomènes de prolifération anarchique après une phase de mort cellulaire

importante [239].

En conclusion, le mécanisme d’action de la FB1 repose sur l’analogie

structurale entre la toxine et la sphingosine. Cette analogie est à l’origine de

l’inhibition de la N-acyltransférase et de la perturbation de la biosynthèse des

sphingolipides. Cela se traduit, au plan cellulaire par l’accumulation de Shinganine,

parfois de Sphingosine, qui sont deux composés hautement réactionnels pouvant

perturber le bon fonctionnement de la machinerie cellulaire.

Page 60: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

541.4. Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines

La fumonisine B1 est à l’origine de l’inhibition de la biosynthèse des

sphingolipides. Cette rupture de métabolisme s’accompagne de nombreux

bouleversements biochimiques.

Nous aborderons dans ce chapitre les paramètres biochimiques qui sont

modifiés par l’exposition des animaux aux fumonisines et qui pourraient être mis à

profit comme biomarqueur de l’exposition animale à ces toxines. Nous limiterons

notre étude aux marqueurs les plus fréquemment analysés et pour lesquels il a été

démontré un effet des fumonisines dans plusieurs espèces animales : protéines

totales, cholestérol total, créatinine, transaminases (alanine aminotransférase et

aspartate aminotransférase), gamma (γ)–glutamyltransférase, lactate déshydrogénase

et phosphatase alcaline. Nous comparerons ensuite ces paramètres à la mesure du

rapport Sa/So.

I.4.1. Description des paramètres biochimiques sériques

Les paramètres biochimiques seront décrits en se basant tout d’abord sur les

connaissances obtenues chez l’homme puis chez les animaux. Les données relatives

aux volailles seront précisées lorsqu’elles sont disponibles.

I.4.1.1. Protéines totales (PROT)

Les protéines plasmatiques sont principalement synthétisées par le foie, les

cellules sanguines, les ganglions lymphatiques, la rate et la moelle osseuse. Le dosage

des protéines totales est utilisé pour évaluer l'état d'hydratation, l'état nutritionnel, le

fonctionnement du foie, du rein ou différents états pathologiques tels qu'une

inflammation ou une altération des défenses immunitaires.

Par conséquent, chez l’homme et les animaux, les concentrations en protéines

totales plasmatiques et le ratio des différentes fractions peuvent être fortement

modifiés dans diverses situations pathologiques par rapport aux limites normales

(chez poulet : 56 g/L) [240].

Une hypoprotéinémie peut être due à un défaut d’apports exogènes en

protéines ou en acides i-aminés (état de dénutrition ou sous nutrition, parasitisme

intestinal, syndrome de malabsorption - malassimilation (intolérance au gluten ou

Page 61: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

55sprue chez l’homme - insuffisances hépatiques et/ou pancréatiques) ainsi qu’à une

insuffisance des biosynthèse endogènes (insuffisances hépatiques, syndrome

d’immunodéficience). D’autre part, des pertes excessives rénales (syndrome

néphrotique, insuffisance rénales) ou par exsudation (lésions vasculaires et

inflammatoires, brûlure graves et étendues, …) conduisent également à une

hypoprotéinémie.

En revanche, les situations d’hyperprotéinémies sont liées soit à un état de

déshydratation importante (réduction du secteur hydrique vasculaire) soit à des

apports exogènes excessifs (syndrome immunoproliératifs, maladies auto-immunes

ou réponse inflammatoire exacerbée) [241].

I.4.1.2. Cholestérol total (CHOL)

Le cholestérol, constituant de toutes les membranes lipidiques des

eucaryotes. Il est synthétisé essentiellement par le foie, mais aussi dans une moindre

mesure par des gonades, les surrénales et enfin la paroi intestinale. On considère

qu’environ 75% du cholestérol sont synthétisés dans l’organisme et 25% apporté par

l’alimentation chez les omnivores et les carnivores.

Le cholestérol est véhiculé dans le sang par des systèmes de transport

(lipoprotéines) très différents : les LDL (lipoprotéines de faible densité) et les HDL

(lipoprotéines de haute densité). C'est pour cela qu'on distingue le cholestérol-LDL

et le cholestérol-HDL, l'ensemble formant le cholestérol total.

Pour un organisme donné, il est plus important de considérer le rapport

LDL/HDL que de considérer séparément les concentrations en LDL et en HDL. En

partie génétiquement déterminé, ce rapport est supérieur à 1 dans l’espèce humaine

ce qui correspond à un risque élevé d’athérosclérose alors que chez les autres

mammifères et chez les oiseaux, ce rapport est inférieur à 1, ce qui signifie que dans

les espèces animales, le risque d’athérosclérose demeure faible [211, 242].

La concentration sérique usuelle en cholestérol total chez le poulet est de 4,75

mmol/L [240].

I.4.1.3. Créatinine (CREA)

La créatinine sérique est un produit de déchet formé par la dégradation

spontanée de la créatine dans le muscle. La majeure partie de la créatine se trouve

Page 62: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

56dans les tissus musculaires sous forme de créatine phosphate et joue le rôle de

réservoir de stockage de haute énergie pour la conversion en adénosine triphosphate.

Le taux de formation de créatinine est pratiquement constant : 1 ou 2 % de la créatine

est converti en créatinine toutes les 24 heures.

Si la fonction rénale est normale, la créatinine est éliminée par filtration

glomérulaire. Les dosages de créatinine sont indiqués pour le diagnostic et le suivi

d’affections rénales aiguës et chroniques ainsi que pour la surveillance de dialyses

rénales. Dans les premières phases des atteintes rénales, l’élévation de l’urémie

précède généralement celle de la créatininémie. Cependant, l’urémie est aussi

affectée par des facteurs tels que le régime alimentaire, le degré d’hydratation et le

métabolisme protéique. En revanche, la créatininémie demeure plus constante car

elle n’est pas affectée par les facteurs précédemment cités. Ainsi, la créatininémie est

un test plus fiable pour l’exploration des fonctions rénales que l’urémie [243-245].

I.4.1.4. Les Transaminases : Alanine aminotransférase (ALAT) et

Aspartate aminotransférase (ASAT)

L’ALAT (E.C. 2.6.1.2.) (ou transaminase glutamate-pyruvate, TGP ou GPT) et

l’ASAT (E.C. 2.6.1.1.) (ou transaminase glutamate-oxaloacétate, TGO ou GOT)

appartiennent au groupe des transaminases, qui permettent de catalyser la

conversion des amino-acides en α-céto-acides et vice versa. Ces 2 enzymes sont

présentes dans de nombreux tissus, et notamment dans le foie. Si la quantité d’ALAT

reste faible dans les reins, le coeur, les muscles squelettiques, le pancréas, la rate et les

poumons, on trouve en revanche des quantités importantes d’ASAT dans ces tissus,

si bien que l’ALAT est considérée comme un marqueur relativement spécifique

d’une atteinte hépatique.

Néanmoins, des augmentations des activités sériques d’ALAT sont

également observées lors d’atteintes myocardiques, d’hépatopathies et de dystrophie

musculaire. De plus, les augmentations d’activité de l’ALAT persistent davantage

que celles de l’ASAT. Cependant, une augmentation concomitante de l’ALAT et

l’ASAT est une bonne indication du degré de ralentissement hépatique après

infarctus myocardique [246-249].

L’HSA existe sous deux isoenzymes qui sont présentes dans le cytoplasme et

dans les mitochondries. Lorsque les cellules sont faiblement endommagées, le

Page 63: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

57cytoplasme libère la majeure partie de l’ASAT, et les mitochondries n’en libèrent

qu’une faible partie. En revanche, en cas de dommages importants, les enzymes

libérées proviennent majoritairement des mitochondries. Le sérum normal ne

contient que des isoenzymes cytoplasmiques. En revanche, lors des maladies

coronariennes ou hépatobiliaires, le sérum contient les deux isoenzymes.

Les maladies hépatobiliaires comme la cirrhose, les carcinomes métastatiques

et les hépatites virales augmentent également les activités sériques d’ASAT. Suite à

un infarctus du myocarde, l’activité sérique d’ASAT augmente et atteint son

maximum deux jours après l’attaque [248-250].

L’activité sérique usuelle de l’ASAT chez le poulet est de 174,8 u/L [240].

I.4.1.5. Gamma (γ) – glutamyltransférase (GGT)

La GGT (E.C. 2.3.2.2) est une peptidase qui hydrolyse l’acide glutamique fixé

à l’azote-terminal des protéines ou des peptides et le econjugue à un accepteur

approprié (peptides, eau, acides i-aminés).

La plus forte concentration de GGT s’observe dans la membrane

intracavitaire des tubules proximaux du rein. Le dosage de l’activité GGT dans les

urines permet de déceler des lésions rénales. On en trouve également dans la rate, la

prostate, l’intestin et le foie (canaux biliaires) [246]. Cliniquement, des élévations

prononcées de la GGT sérique sont presque toujours associées à des maladies

hépatobiliaires, notamment lors d’obstructions biliaires intrahépatiques ou

posthépatiques, où les valeurs dépassent de 5 à 30 fois la normale. On observe des

augmentations modérées de l’activité sérique de la GGT dans les cas d’hépatite, de

cirrhose, de stéatose hépatique, de néoplasme hépatique métastatique et de

pancréatique aiguë ou chronique [246, 248].

Le dosage de la GGT sert au diagnostic et au suivi des dysfonctions

hépatiques et des voies biliaires. Il est en outre un test sensible utilisé dans le

dépistage de l’alcoolisme occulte chez l’homme. L’activité de cette enzyme est bien

plus sensible que celles d’autres enzymes hépatiques car l’élévation de la GGT se

produit plus précocement et dure plus longtemps [248, 249, 251].

Page 64: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

58I.4.1.6. Lactate déshydrogénase (LDH)

La LDH (E.C. 1.1.1.27) se trouve dans de nombreux tissus et plus

particulièrement dans le coeur, le foie, les muscles et les reins. La LDH sérique peut

être séparée en cinq isoenzymes différentes suivant leur mobilité électrophorétique

[246].

De nature tétramérique, la LDH peut être constituée de 4 sous-unités

identiques ou par styles de sous-unités différentes en proportions variables. Ces deux

sous-unités ont été dénommées H (Heart) et M (Muscle) selon leur chaîne

polypeptidique. On compte deux homotétramères, la LDH-1 (cœur) et la LDH-5 (foie

et muscles squelettiques), et trois isoenzymes hybrides retrouvées dans le sérum

[246, 249].

Les dosages de LDH sont également utilisés pour le diagnostic et le suivi

d’affections hépatiques (libération dans le sérum de l’isoemzyme LDH-1 : hépatite

virale aiguë, cirrhose, métastases hépatiques), d’atteintes du myocarde (libération de

la LDH-5 : infarctus du myocarde) et de cancers du poumon et des reins. On peut

aussi observer des activités sériques LDH très élevés dans de leucémie, d’anémie

hémolytique ou bien dans les intoxications aiguës graves [246, 248, 249, 252-254].

L’activité sérique usuelle de la LDH chez le poulet est de 636 u/L [240].

I.4.1.7. Phosphatase alcaline (PAL)

La PAL (E.C. 3.1.3.1.) correspond à un groupe de phosphatases (pH optimum

environ égal à 10) présentes dans presque tous les tissus de l’organisme : dans les

cellules hépatiques (canaux biliaires), les ostéoblastes, les reins, la rate, le placenta, la

prostate, les leucocytes et l’intestin grêle. On distingue quatre types de PAL dans le

sérum: le type foie-os-rein, le type intestin, le type placenta et le type cellules

germinales. Le type foie-os-rein est particulièrement important et la majorité de la

PAL sérique normale est d’origine hépato-biliaire.

Par conséquence, l’activité sérique de la PAL augmente lors de choléstases

intra ou extra-hépatique (hépatites, cirrhoses, cancers, toxicités chimiques) mais aussi

lors d’atteintes osseuses (carcinomes métastatiques, rachitisme et ostéomalacie). Elle

est parfois élevée chez l’enfant et l’adolescent pendant la croissance en raison d’une

activité accrue des ostéoblastes. Les valeurs de référence pour l’interprétation

clinique dépendent donc de l’âge des sujets.

Page 65: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

59En outre, de légères augmentations des activités sériques de PAL

accompagnent les insuffisances cardiaques globales, les rectocolites hémorragiques,

les entérites régionales et les infections bactériennes abdominales [246, 248, 249, 255].

L’activité sérique usuelle de la PAL chez le poulet est de 482,5 u/L [240].

I.4.2. Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines

I.4.2.1. Chez les mammifères

I.4.2.1.1. Chez les équidés

Lors de LEM, aucune anomalie n’est détectée sur le plan hématologique,

seules des modifications biochimiques sont décrites (Tableau I.4.1). On peut constater

une élévation des marqueurs hépatiques de cytolyse et de cholestase suivants :

ASAT, GGT, PAL, SDH, acides biliaires et bilirubine totale [7, 37, 112, 120, 256, 257].

Bien que tous ces paramètres biochimiques soient affectés par les fumonisines, les

enzymes ASAT et GGT sont plus spécifiques dans ce cas. Enfin, une élévation du

taux de protéine dans le liquide céphalorachidien est aussi rapportée (supérieure à 14

ng/ml) [116].

Des études réalisées chez des équidés ont montré l’altération du métabolisme

des sphingolipides (Tableau I.4.1). On a observé une augmentation de la

concentration en Sa libre dans le sang et dans l’hypothalamus [15, 18, 120]. La mesure

du rapport Sa/So est ainsi proposée comme moyen de dépistage et de diagnostic de

l’intoxication [15].

I.4.2.1.2. Chez les porcins

L’examen biochimique révèle une atteinte hépatique dès 4,5 mg de FB1/kg

de poids vifs/jour, par voie orale : augmentation des activités plasmatiques de

l’ASAT, de la GGT, de la CREA, de l’ALAT, de la PAL, de la LDH et des

concentrations en cholestérol [130, 137, 258-260]. Parmi ces enzymes, comme chez des

équidés, l’ASAT, la PAL et la GGT sont encore les plus sensibles à l’exposition à la

FB1. Le cholestérol est le seul paramètre biochimique du sérum qui est resté élevé de

façon dose-dépendante pendant l'expérience [132] (Tableau I.4.2).

Page 66: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

60

Tableau I.4.1: Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les équidés.

Espèce, âge DoseDurée de

traitement

Rapport

Sa/SoASAT GGT LDH PAL Références

<1 ppm, 44 et 88 ppm

FB1293 jours AS AS AS AS [15, 39]

Poney (mâle et

femelle) de

plusieurs âges75 ppm FB2

75 ppm FB3

136-223

jours

57-65

jours

AS

AS

AS

AS

[261]

Chevaux de 15

ans (425 kg)2,5 ppm FB1 x 6 11 jours AS AS AS [7]

Chevaux de 349

– 612 kg PV

65, 130, 200 ou

1455 – 4360 ppm FB1

11 – 27

joursAS AS [18, 120]

Chevaux de 150

- 190 kg PV30 -42 mg FB1/ kg PV

270-425

joursAS AS [37]

AS: Augmentation significative;

Sa/So : sphinganine/sphingosine ; ASAT : aspartate aminotransférase ; GGT : γ - glutamyltransférase ; LDH : lactate déhydrogénase ; PAL : phosphatase

alcaline.

Page 67: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

61

Tableau I.4.2 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les porcins.

Espèce, âge DoseDurée de

traitement

Rapport

Sa/SoCHOL CREA ALAT ASAT GGT LDH PAL Références

cellules

endothéliales de

l’artère

pulmonaire

50 µM FB1 3 heures AS [262]

Macrophage

alvéolaire

Porcs

recevant

15 ppm

4 – 5 jours AS [263]

23, 101 et

175 ppm14 jours AS AS AS AS AS AS [14, 130]

Porcelets

(en sevrage) 70 et 140

ppm9 mois AS AS AS AS [132]

Porcelets sevrés

de 5 semaines

5, 10, 30,

100 et 190

ppm

7, 28 et 83

joursAS AS AS AS AS AS AS

[129, 131, 133,

137]

Truies 200 ppm 14 jours AS [259]

AS: Augmentation significative;

Sa/So : sphinganine/sphingosine ; CHOL : cholestérol ; CREA : créatinine ; ALAT ; alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ; LDH :

lactate déhydrogénase ; GGT : γ - glutamyltransférase ; PAL : phosphatase alcaline.

Page 68: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

62L’élévation des sphingolipides dans le sang chez les porcs ayant reçus 5 mg

de FB1/kg d’aliment a été obtenue avant l’apparition des modifications des

paramètres biochimiques sériques. Cela montre la sensibilité du rapport Sa/So

comme marqueur d’exposition des suidés à la FB1 [14, 131]. L’élévation de ce rapport

est observée dans le foie, les poumons et les reins dès que la ration contient plus de

23 mg de FB1/kg d’aliment [14] (Tableau I.4.2). Il ne semble pas y avoir de relation

directe entre l’élévation du rapport Sa/So et l’apparition de lésions puisque

l’élévation de ce rapport dans les reins n’est pas associée aux lésions rénales alors

qu’elle l’est aux lésions hépatiques et pulmonaires [14, 258]. On constate aussi que le

rapport Sa/So augmente proportionnellement à la dose de FB1 administrée aux

animaux [129, 131].

I.4.2.1.3. Chez les rongeurs

L’impact de la FB1 sur les paramètres biochimiques est observé chez les rats

soumis à des expositions de courte durée (Tableau I.4.3). Par exemple, il est rapporté

une augmentation significative des activités ALAT, ASAT, GGT et PAL associée à

une altération du métabolisme du cholestérol et de la créatinine chez les rats recevant

de 100 à 437 mg de FB1/ kg d’aliment pendant 21 à 28 jours, ou chez ceux nourris par

des rations contenant 1,25 et 7,5 mg/kg poids vifs/jour pendant 6 jours. Dans ces

conditions expérimentales, l’effet de la FB1 sur le rapport Sa/So est aussi observé

dans le sérum, le rein et le foie des animaux exposés [20, 177, 264-267]. Par contre, il

faut souligner qu’aucune modification notable des paramètres biochimiques ni du

rapport Sa/So n’est trouvée après 2 ans de traitement par des doses de 1, 10 et 25 mg

de FB1/kg d’aliment. Seule la créatinine sérique est alors augmentée [264].

Page 69: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

63

Tableau I.4.3 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les rongeurs

Espèce, âge DoseDurée de

traitement

Rapport

Sa/SoPROT CHOL CREA ALAT ASAT GGT PAL Références

100 et 250 ppm 21 jours AS AS

1, 10 et 25 ppm 2 ans ns ns AS

[264]Rat

8 - 437 ppm 28 jours AS AS AS AS AS AS [20, 265]

Rat de 45 jours

(150 - 175 g PV)

1,25 et 7,5

mg/kg PV/j

1, 2, 4 et 6

joursAS AS AS AS AS AS [177, 266, 267]

25 mg FB1 /kg

PV

4, 8, 12 et

24 heuresAS [19]

5, 15 et 35

mg/kg PV/j14 jours AS AS AS [176]

Souris

42 – 49 jours

ou 56 – 84 jours10 ppm 90 jours RS ns ns [268]

AS: Augmentation significative; RS : Réduction significative ; ns: augmentation non significative ;

Sa/So : sphinganine/sphingosine ; PROT : Protéines totales ; CHOL : cholestérol ; CREA : créatinine ; ALAT ; alanine aminotransférase ; ASAT :

aspartate aminotransférase ; GGT : γ - glutamyltransférase; LDH : lactate déhydrogénase ; PAL : phosphatase alcaline.

Page 70: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

64Chez les souris, les protéines totales, le cholestérol et l’ALAT augmentent

significativement après 14 jours de gavage à des doses de 5, 15 et 35 mg de FB1/kg

poids vif/jour [176]. La modification du rapport Sa/So est aussi obtenue dans les

cellules épithéliales intestinales et dans le foie de souris recevant 25 mg de FB1/kg

poids vif, pendant de 4 à 8 heures. Toutefois, ce rapport dépend de la durée de

traitement et revient au niveau des témoins 24 heures après l’injection sous cutanée

de la toxine. L’augmentation du rapport Sa/So est plus persistante dans le rein [19].

Comme chez les rats, après un traitement prolongé (10 mg de FB1/kg d’aliment

pendant 90 jours) aucune modification importante n’est plus observée si ce n’est une

réduction de la concentration en cholestérol chez les souris âgés de 8 à 12 semaines

[268] (Tableau I.4.3).

I.4.2.1.4. Chez les primates non humains

Une altération du métabolisme du cholestérol et de la créatinine a été

observée chez des singes gavés avec 1 mg de FB1/kg poids vifs, 3 fois/semaine,

pendant 51 jours. Dans ces conditions, une augmentation significative des activités

de l’ALAT, des GGT et des LDH a aussi été décrite [21]. Des modifications similaires

des enzymes hépatiques et rénales ont suivi l’administration d’une ration contenant

10 mg de FB1/kg poids vifs à raison d’1 gavage/semaine pendant 7 – 50 jours [232].

Là encore, ces altérations sont associées à une élévation significative du rapport

Sa/So dans les deux études (Tableau I.4.4). En revanche, lors d’exposition prolongée,

une réduction de la concentration en cholestérol ainsi que les activités de l’ASAT, de

l’ALAT et de la PAL a été rapportée chez des singes ayant reçu 0,18 mg de FB1/kg

poids vifs/ jours pendant 4 ans [269]. Dans ce cas, le rapport Sa/So a

significativement augmenté après 60 semaines de traitement pour les doses de toxine

comprises entre 0,3 et 0,18 mg de FB1/kg poids vifs/ jours [269, 270].

Le traitement par la FB2 conduit aussi à des modifications de l’ASAT et de la

GGT chez les singes nourris avec une ration contenant 10 mg/kg poids vifs mais

cette toxine n’a aucun effet sur la concentration en cholestérol, en créatinine ni sur les

activités de l’ALAT ou de la LDH. En revanche, une élévation importante du rapport

Sa/So sérique est observée [271] (Tableau I.4.4).

Page 71: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

65

Tableau I.4.4 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les primates non humains.

Espèce,

âgeDose

Durée de

traitement

Rapport

Sa/SoCHOL CREA ALAT ASAT GGT LDH PAL Références

1mg FB1/kg PV

(3 gavage/semaine)51 jours AS AS AS AS [21]

Singes10 mg FB1/kg PV

(1 seul gavage)7 – 50 jours AS AS AS AS AS AS AS [232]

Singes10 mg FB2/kg PV

(1 seul gavage)51 jours AS ns ns ns AS AS ns [271]

Singes0,8 – 0,18 mg

FB1/kg PV/jour

60 semaines,

4 ansAS RS RS RS RS [269, 270]

AS: Augmentation significative; ns: non significative ; RS : Réduction significative ; ns: augmentation non significative ;

Sa/So : sphinganine/sphingosine ; CHOL : cholestérol ; CREA : créatinine ; ALAT ; alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate aminotransférase ;

LDH : lactate déhydrogénase ; GGT : γ - glutamyltransférase; PAL : phosphatase alcaline.

Page 72: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

66

I.4.2.2. Chez les volailles

I.4.2.2.1. Chez les poulets et poules pondeuse

Parmi des paramètres biochimiques analysés chez les poulets, l’activité de

l’ASAT semble être la plus sensible avec une augmentation perceptible à partir d’une

consommation de 30 mg de FB1/kg d’aliment pendant 16 jours [145]. Toutefois, une

élévation des autres paramètres biochimiques comme l’ALAT, la GGT, la LDH, ou

les protéines totales et le cholestérol a aussi été rapporté chez les volailles exposées

aux fumonisines (Tableau I.4.5) [17, 52, 145, 146, 150, 272, 273]. Au contraire, l’activité

de la PAL diminue après une ingestion de 300 mg de FB1/kg d’aliment pendant 10

jours [145].

Comme dans les autres espèces, le rapport Sa/So se révèle être un marqueur

précoce et sensible d’exposition aux fumonisines puisque son élévation est détectée

après une exposition à 20 mg de FB1/kg d’aliment pendant 21 jours [17, 150].

Lors d’exposition prolongée, aucune modification des paramètres

biochimiques n’a pu être observée chez des poulets nourris avec 25-50 mg de FB1/kg

d’aliment pendant 49 jours [152]. Dans ce cas, seul l’élévation du rapport Sa/So était

perceptible [152].

I.4.2.2.2. Chez les dindes

Par rapport au poulet, il est intéressant de constater que, chez les dindes, la

concentration sérique en cholestérol est réduite de façon significative dans toutes les

études (Tableau I.4.5). Ainsi, après administration d’une ration contenant 200 mg de

FB1/kg d’aliment pendant 21 jours, une réduction significative de la concentration du

cholestérol accompagnée d’augmentations de l'activité de la LDH, de l’ASAT et de la

GGT a pu être rapportée [154-157]. Là encore, il convient de souligner que la

réalisation d’expositions prolongées (jusqu’à 50 mg FB1/kg d’aliment pendant 14

semaines) n’a plus entraîné de modifications des paramètres biochimiques précités

[152].

En revanche, le rapport Sa/So se révèle toujours être un biomarqueur

sensible de l’exposition à la FB1 avec une dose minimale de toxine ayant un effet de

25 mg de FB1/kg d’aliment et ce, quelle que soit la durée de traitement [152, 155].

Page 73: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

67

Tableau I.4.5 : Biomarqueurs d’exposition aux fumonisines chez les volailles.

Espèce, âge DoseDurée de

traitement

Rapport

Sa/SoPROT CHOL ASAT GGT LDH PAL Références

30, 75, 100, 200,

300 et 400 ppm

16, 19 et 21

joursAS ns1 AS AS ns1 ns RS1

[17, 52, 145, 146,

272, 273]Poussins de 1 jours

20, 40, 80 mg

FB1 (pure)/kg21 jours AS ns ns ns ns [150]

Poules pondeuses 200 ppm 112 jours AS AS [153]

Poussins de 7 jours 25 et 50 ppm 49 jours AS ns ns ns ns ns [152]

Dindes de 1 jour

25, 75, 100, 200,

300, 400 et 475

ppm

21 jours AS ns RS AS AS AS ns [16, 154-157]

Dindons de 7 jours 25 et 50 ppm 98 jours AS ns ns ns ns ns [152]

Canetons de 1 jour100, 200, 400

ppm21 jours AS ns ns ns AS [160]

AS: Augmentation significative; RS : Réduction significative ; ns: augmentation non significative ;

Sa/So : sphinganine/sphingosine ; PROT : Protéines totales ; CHOL : cholestérol ; CREA : créatinine ; ALAT ; alanine aminotransférase ; ASAT : aspartate

aminotransférase ; GGT : γ - glutamyltransférase; LDH : lactate déhydrogénase ; PAL : phosphatase alcaline.

1 AS dans l’étude menée par Kubena et al. (1997) chez les poulets recevant 300 ppm FB1 pendant 19 ou 21 jours.

Page 74: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

68

I.4.2.2.3. Chez les canards

De très rares études avaient été réalisées sur l’effet de la FB1 chez les canards.

Une seule expérimentation chez les canetons Pékin menée par Bermudez et coll. [160]

a cherché à explorer d’éventuelles modifications des paramètres biochimiques des

animaux exposées. Dans cette étude, les analyses biochimiques n’ont pas montré

beaucoup d’altérations puisque seule la GGT était augmentée de façon significative

chez les canetons ayant reçu plus de 100 mg de FB1/kg d’aliment pendant 21 jours.

La encore, une augmentation significative du rapport Sa/So est observée aux mêmes

doses (Tableau I.4.5).

En conclusion, il ressort de ces données que l’exposition des animaux aux

fumonisines entraîne une modification de certains paramètres biochimiques. La

nature et l’importance de ces modifications dépendent de l’espèce animale

concernée. L’augmentation de la concentration plasmatique en cholestérol ainsi que

celles des activités de l’ASAT et de l’ALAT sont retrouvées après l'exposition à la FB1

chez les mammifères. Les altérations ne sont toutefois pas spécifiques d’une

exposition aux fumonisines Ces modifications biochimiques sont moins constantes

chez les volailles. Par conséquent, il semble difficile d’utiliser ces paramètres comme

biomarqueurs d’une exposition aux fumonisines. En revanche, l’élévation du rapport

Sa/So plasmatique (ou hépatique ou rénal) semble être un marqueur sensible et

spécifique de l’exposition aux fumonisines dans toutes les espèces où il a été étudié.

Page 75: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

69

I.5. Intérêt du modèle palmipède

L’élevage des palmipèdes est très ancien puisqu’il est déjà décrit dans

l’Egypte ancienne, soit environ 1500 ans avant J.-C., puis par les Grecs et les Romains.

En Europe, cette production est beaucoup plus tardive et remonte environ au

Moyen-Age [274]. Ces dernières années, la production de palmipèdes, et plus

particulièrement de palmipèdes gras s’est beaucoup développé grâce à la mise en

place de nouvelles formes commerciales très variées (viande à rôtir, foie gras, magret,

etc.).

I.5.1. Production de palmipède : données économiques

I.5.1.1. Production de canard

Depuis 1998, la France est, de très loin , le plus important producteur de

produits de canard de l’Union Européenne (hors pays de l’Est) (Tableau 1.5.1) [275].

Elle représente désormais la troisième production avicole du pays (Tableau 1.5.2)

[276]. Ce développement très important de cette filière traduit l'engouement du

consommateur pour cette viande rouge à caractère festif. La consommation moyenne

est aussi en croissance puisqu’elle est passée de 0,9 kg/habitant en 1980 et 3,1 kg en

1998 [277]. Ceci peut s’expliquer en partie par les qualités diététiques de cette viande.

En effet, le filet de canard cumule les avantages d'une viande de volaille (faible

teneur en lipides) et ceux d'une viande rouge (teneur élevée en phospholipides,

riches en acides gras polyinsaturés) [277].

Tableau 1.5.1 : Production de filière canard entre 1998 et 2002 en Europe [275].

(1000 tonnes) Dan. All. Fra Irl. Ita. P.B. Por. R.U. 1998 4 37 193 4 14 13 7 39 1999 5 38 201 4 14 13 7 41 2000 4 40 213 5 13 13 7 40 2001 5 41 231 6 15 13 8 46 2002 5 43 241 6 15 14 8 46

Dan. : Danemark ; All. : Allemagne ; Fra. : France ; Irl. : Irlande ; Ita. : Italie ; P.B. : Pays Bas ;

Por. : Portugal et R.U. : Royaume Uni.

Page 76: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

70

Tableau 1.5.2 : Production de filière avicole entre 1995 et 2002 en France [276].

(1000 tonnes) 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Poulets 974 1053 1045 1049 985 943 1006 941 Dindes 627 636 675 702 675 729 715 669 Canards 100 157 176 193 201 213 231 241 Poules 62 55 55 59 55 54 55 56 Pintades 42 45 46 43 41 43 46 39

I.5.1.2. Production de foie gras

Les formes commerciales de consommation du canard et de l'oie sont très

variées (viande à rôtir, foie gras, magret, etc.). Elles dépendent du contexte

économique et culturel des lieux de production. En France, surtout dans la région

Midi-Pyrénées, l’essentiel de la production est destiné au gavage.

Tableau 1.5.3 : Production de foie gras entre 1999 et 2002 en France [278].

(1000 tonnes) 1999 2000 2001 2002 Foie gras de canard 15,0 15,1 15,8 16,6 Foie gras d’oie 0,5 0,6 0,6 0,6 TOTAL 15,5 15,7 16,4 17,2

La production de foie gras en France s’est rapidement développée au cours

des dernières années. Plus de 17 milles tonnes de foie gras ont été produites en 2002,

soit presque 82% de la production mondiale de foie gras (Tableau I.5.3). De même, la

consommation française a été beaucoup augmentée, plus de 400% en 15 ans. Elle

avoisine désormais les 250g/pers/an [279].

Le foie gras est un produit typique de la France et plus particulièrement de

certaines régions françaises dont le Sud Ouest (Landes, Gers…)

I.5.2. Production de palmipède : données techniques

I.5.2.1. Races

De nos jours en France, l’exploitation des palmipèdes utilise essentiellement

trois types d’animaux qui sont destinés soit au gavage, soit à la production de viande

à rôtir. Ces animaux sont le canard mulard, le canard de Barbarie et l’oie. Cependant,

Page 77: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

71

le canard commun est aussi utilisé dans le cadre de la reproduction pour la

production de canetons mulards qui sont des hybrides. Voici les principales

caractéristiques des différents types d’animaux utilisés en élevage.

I.5.2.1.1. Le canard commun

L’espèce Anas est surtout connu dans les régions d’Asie du Sud Est et en

Chine. Sous l’influence de l’homme et du milieu, cette espèce a donnée naissance à

des races aussi différentes que le longiligne et vertical Coureur Indien (race

pondeuse) et le Pékin à rôtir, charnu et horizontal. Le dimorphisme sexuel est faible

chez le canard Pékin, la femelle pesant, à l’âge adulte, le même poids que le mâle.

Ceci permet d’abattre les deux sexes au même âge, généralement entre 7 et 8

semaines [274].

I.5.2.1.2. Le canard mulard

Le canard mulard est un hydride issu du croisement entre un mâle barbarie

(Cairina moschata) et une cane dite « commune » (Anas platyrynchos), généralement de

type Pékin (Figure I.5.2). Le mulard est stérile. Il est donc pratiquement

exclusivement destiné au gavage. A la différence du barbarie, il présente peu de

dimorphisme sexuel. Mais les sujets femelles sont moins appréciés, parce que l’aspect

de leur foie ne correspond pas aux critères recherchés actuellement [280].

Figure 1.5.2 : Schéma d’obtention de canards mulards par croisement d’un mâle de Barbarie et d’une cane commune [281].

Page 78: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

72

I.5.2.1.3. Le canard de Barbarie

Originaire d'Amérique du Sud, le canard de Barbarie est issu d'une espèce

sauvage, différente de celle dont descendent les canards communs. Il s'en distingue

par de nombreux caractères anatomiques, dont le principal est un important

dimorphisme sexuel (les femelles sont deux fois moins lourdes que les mâles). En

outre, la croissance des muscles pectoraux étant encore importante chez les mâles

après 10 semaines (en relation avec le développement du vol) ceux-ci ne sont abattus

qu’à 11 ou 12 semaines contre 9 ou 10 pour les femelles [274].

Son intérêt tient à la taille du mâle (plus de 4 kg de poids vif à l'âge de 12

semaines), ce qui facilite une présentation sous forme de morceaux de découpe. En

outre, sa viande est maigre, comme celle du poulet (2% de lipides dans le filet) et

riche en acides gras polyinsaturés. [282]. Ces caractéristiques, ajoutées aux qualités

gustatives de sa chair, ont beaucoup contribué au développement de la

consommation de la viande de canard.

Le canard de Barbarie est également apte à la production de foie gras. De

nombreux ateliers de gavage du Sud-Ouest utilisent des mâles de cette espèce.

Cependant, la plus grande part de la production se fait avec des mâles mulards.

I.5.2.1.4. Les oies

L’oie grise du Sud-Ouest (ou grise des Landes) est le type d’oie à retenir

préférentiellement pour le gavage. Elle est sans fanon sous le bec et sans bavette sous

la poitrine. Elle est d’un format moyen (6 à 7 kg pour les sujets de deux sexes, 10 à 12

kg après engraissement), possède un plumage gris clair à gris foncé. Les autres races

d’oie (oie du Rhin, oie de Guinée) ne doivent être exploitées qu’en production de

viande à rôtir, car elles ne possèdent aucune aptitude au gavage [280].

I.5.2.2. Conduite d’élevage

I.5.2.2.1. Phases et durée d’élevage

En France, 75% des animaux produits sont destinés au gavage. Dans ce

cadre, l’élevage des palmipèdes se divise en 2 phases : une phase de croissance et une

phase de gavage.

Page 79: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

73

Phase de croissance :

Dès leur naissance, les canetons et oisons sont élevés dans les conditions

suivantes [274, 280, 283]:

- la densité : 35 kg de poids vif/m2 en maximum jusqu’au 42ème jour puis 7,5

canards/m2 à partir du 43ème jour ;

- la température : environ 32 - 35°C pendant la première semaine puis

réduction progressive pour arriver à la température ambiante au bout d’un mois

environ ;

- la ventilation : 3 – 4 m3/h/kg de poids vif, avec une vitesse < 0,3 m/s ;

- l’éclairement : en permanence pendant la première semaine (40 – 50 lux

puis réduite à 20 – 30 lux); puis 10 ou 12h par jour dès la 2e semaine et jusqu’à

abattage.

La durée courante de cette phase est de 12 à 14 semaines.

Phase de gavage :

A la fin de la phase de croissance, l'oiseau doit avoir un poids vif de 3,8 à 4,0

kg, en ce qui concerne les canards mulards [280].

La durée classique de la phase de gavage est de 12 à 16 jours pour le canard

et de 21 jours pour l’oie [280, 284, 285].

Le gavage est une période critique dont la réussite dépend de nombreux

facteurs: état sanitaire et physiologique de l’animal à la fin de la période de

croissance, conditions environnementales dans l’atelier de gavage, technicité du

gaveur et, bien entendu, qualité du maïs utilisé pendant cette période.

I.5.2.2.2. Alimentation

Le maïs est l’aliment de base des animaux pendant la phase de gavage.

L’intérêt de cette céréale est multiple :

- il permet un apport énergétique élevé, grâce à sa richesse en amidon (75%),

- sa composition déficitaire en certaines enzymes permet une accumulation

importante des lipides dans le foie.

C’est pour ces raisons que le maïs est un élément important de l’alimentation

des palmipèdes, pendant la phase de croissance, où il représente 15 à 30% de la

Page 80: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

74

ration, mais surtout pendant la phase de gavage puisque les animaux ingèrent en

moyenne 800g à 1kg de maïs par jour pendant cette période [286, 287]. Il est donc

nécessaire de disposer d’un maïs d’excellente qualité sanitaire et nutritionnelle pour

assurer la production de palmipèdes gras dans de bonnes conditions [286].

I.5.3. Intérêt des études sur palmipèdes

En France, le maïs est la deuxième production végétale derrière le blé tendre et

les surfaces cultivées représentent un peu plus de 10 % de la surface agricole utile totale.

Cette production est surtout concentrée dans le Sud-Ouest de la France et notamment

en Aquitaine et en Midi-Pyrénées [288].

Des enquêtes ont mis en évidence qu’une proportion importante de la

production pouvait être contaminée par des souches de Fusarium verticillioides. Parmi

ces souches, 80% ont la capacité de produire, in vitro, des niveaux élevés de fumonisine

B1 [22]. De plus, les cas de leucoencéphalomalacie équine rapportés, confirment la

fréquence et l’importance de la contamination du maïs dans le sud-ouest de la France

[23].

Bien que les palmipèdes, de par leur régime alimentaire et les conditions de

production, soient naturellement fortement exposés aux fumonisines, peu d’études se

sont attachées à caractériser l’impact de ces mycotoxines chez ces espèces. Par ailleurs,

les études sur canard Pékin sont difficilement extrapolables aux animaux gras.

La caractérisation des effets des fumonisines pendant les différentes phases de

production et la recherche de biomarqueurs d’exposition et d’effet de ces toxines dans

ce modèle animal est donc particulièrement important, tant sur le plan scientifique que

sur le plan économique pour cette filière.

Page 81: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

75

Partie II. MATÉRIELS ET MÉTHODES

Page 82: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

76

II.1. Réactifs et Appareillage.

II.1.1. Réactifs

Le standard de fumonisine B1 a été acheté chez Sigma2 , les autres standards de

sphinganine C18 (D-erythro dihydrosphingosine), de sphingosine C18 (D-erythro sphingosine)

et de C20 sphinganine ont été fournis par Matreya3.

L’OPA (ortho-phthaldiadéhyde)4 et autres produits chimiques sont de la plus

haute qualité disponible et ont été achetés chez Sigma. Les solvants de qualité HPLC ont

été fournis par Scharlau5.

Dans toutes les études, de l’eau distillée et désionisée a été utilisée.

II.1.2. Appareils

L’analyseur automatique de biochimie clinique pour la détermination

quantitative des paramètres biochimiques dans le sérum a été fourni par Vitros6.

Le matériel nécessaire à la préparation des homogénats des tissus est le suivant :

tubes à hémolyse en verre, une balance (MettlerXJ100), un Potter (5 mL) N° AA72, un

appareil type Potter-Elvejhem avec piston , une centrifugeuse (Jouan, type GR2000 SX).

L’extraction de sphinganine et sphingosine a nécessité un bain-marie Memmert,

un appareil à ultra sons Branson 2510 R-MT7, un agitateur type Vortex8, une

centrifugeuse (Jouan, type GR2000 SX), une chaîne d’évaporation (module de chauffage

Techne (Dri-Block, DB-3D)9 relié à une bouteille d’azote type R), et des filtres seringue à

membrane Sun-Sri (porosité de 0,45 µm)10.

L’extraction de fumonisine a nécessité les matériels suivants : papier filtre plissé

Prolabo11, plaque de silice Si60 60 (20 x 20 cm)12.

Le matériel nécessaire aux dosages de Sphinganine et sphingosine est constitué

d’une chaîne CLHP (Chromatographie en phase Liquide Haute Pression) composée de

2 M.O., U.S.A 3 Pleasant Gap, U.S.A. 4 Sigma Inc., 3050 Spruce Street, St. Louis, MO 63103 USA 5 Barcelone, Espagne. 6 Diagnostics Ortho – Clinique, Issy-Les-Moulineaux, France 7 Branson precision processing group, U.S.A. 8 Janke & Kunke (IKA-Labortechnik, Allemagne). 9 Royal Unis. 10 Titan syringe filter, NY, UM, 4MM (SUN-SRI, Wilmington, U.S.A.). 11 Prolabo, France. 12 Merck, 64271 Damstadt, Germany

Page 83: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

77

la manière suivante : le passeur d’échantillons et la pompe M220013 provenaient de chez

ICS, ils étaient connectés à un détecteur de fluorescence programmable FD-500

Shimazu14, lui-même relié à un système d’acquisition de données (PIC 3, ICS). La

colonne analytique retenue est de nature phase inverse C18 de référence Prontosil 120-5-

C18 H15 d’une longueur de 250 mm, de diamètre intérieur de 4,0 mm contenant des

particules de phase stationnaire de granulométrie 5 µm. Une pré colonne de même

nature est placée en tête de colonne.

II.1.3. Matériel courant de laboratoire

Le matériel courant de laboratoire utilisé quotidiennement est le suivant :

micropipettes et cônes Standard Eppendorf16, inserts Sun-Sri17 renfermant l’échantillon

à injecter, seringues 1 mL Codan18 et aiguilles Neolus 0,6 mm19.

II.2. Production de Fumonisine B1

II.2.1. Souche utilisée pour la production de FB1

La souche de Fusarium verticillioides (NRRL-3428) utilisée pour la production de

FB1 a été isolée dans le laboratoire, à partir de brisures de maïs responsables de

leucoencéphalomalacie chez des chevaux dans la région toulousaine.

II.2.2. Milieu de culture

Le milieu de culture employé pour l’isolement et l’identification du genre

Fusarium est de type PDA (Potato Dextrose Agar). La souche de Fusarium verticillioides

est ensuite conservée sur gélose au malt et repiquée régulièrement.

La culture est réalisée par étalement dans des boîtes de Pétri de diamètre 9 cm,

contenant 17 mL de gélose au malt. Cette espèce donne un thalle blanc qui prend une

coloration lie-de-vin après 5 jours de culture à 25°C [22, 59].

13 Toulouse, France. 14 Kyoto, Japon. 15 Bichoff, Allemagne. 16 Eppendorf AG, Allemagne 17 Sun-Sri Vial 0,25ml C/TPP 12x32 (U.S.A.) 18 Codan AG, Allemagne. 19 Terumo, Belgique.

Page 84: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

78

II.2.3. Substrat et contamination du maïs

Le riz ou le maïs utilisé comme milieu de culture des toxines provient d’un

même lot. Il est trié manuellement pour éliminer les grains visiblement moisis. 50 g de

riz ou de maïs concassés sont placés dans des boîtes de Pétri de 15 cm de diamètre à

laquelle est ajoutés 50 mL d’eau distillée. L’ensemble est stérilisé à 121°C pendant 30

min avant l’inoculation.

Les boîtes de Pétri contenant le riz ou le maïs stériles sont ensemencées par

dépôt de 3 carrés de gélose (0,5 cm x 0,5 cm) issus d’une culture de 5 - 7 jours de

Fusarium verticillioides. Les boîtes sont ensuite placées dans une étuve à 23°C et incubées

pendant 4 - 5 semaines.

Pour les études de toxicité subaiguë, le milieu de culture a été extrait, concentré

et dosé avant usage comme il est décrit ci-après (cf page 80).

Pour les études de toxicité chronique, afin de limiter le volume administré aux

animaux, le matériel de culture a été séché à l’étuve à 80 - 90°C pendant 90 min puis

broyé en farine très fine dont le calibre a été contrôlé par tamisage. Un prélèvement de

25 g a été utilisé pour quantifier les toxines comme il est décrit ci-après. Le reste est

conservé au congélateur à -20°C jusqu’à utilisation. Un contrôle de la teneur en

fumonisines est effectué juste avant usage (cf page 82).

II.2.4. Extraction, purification et dosage

L’extraction et le dosage de FB1 dans le riz ou le maïs sont basés sur les procédures

décrites par Le Bars et coll. [22].

II.2.4.1. Extraction

25 g de l’échantillon à doser sont déposés dans un erlenmeyer en verre de 250

mL et extraits avec 100 mL de mélange acétonitrile–eau (50v/50v) en utilisant le

mélangeur à approximativement 300 agitations/min pendant une nuit.

L’extrait est filtré sur filtre plissé et concentré par évaporation d'acétronitrile.

Les teneurs en toxine sont ensuite ajustées selons les besoins par dilution dans l’eau

désionisée. Enfin, la FB1 est dosée par chromatographie en couche mince.

Page 85: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

79

II.2.4.2. Dosage

2 µL d’extrait sont déposés sur une plaque de Silice. La migration s’effectue

dans un bain composé de butanol - acide acétique – eau (20/10/10).

Après séchage, la plaque est vaporisée avec un mélange paranisaldéhyde

/méthanol/acide acétique/acide sulfurique (0,5/85/10/5). Elle est chauffée à 110°C

pendant 10 min pour permettre la visualisation la FB1 sous forme d’une tâche de

couleur violette. Les tâches sont ensuite quantifiées par densitométrie grâce à un

appareil de référence Shimadzu20 CS 930, à 600 nm.

La quantification de la teneur de l’extrait en FB1 est réalisée par comparaison

avec une gamme standard de référence déposée sur la même plaque. La gamme

standard est préparée avec le même solvant que celui de l’extrait analysé et stockée dans

l’obscurité, à basse température (4° - 8°C).

La pureté de l’extrait brut ainsi obtenu était de 54% FB1, de 8% FB2 et de 9% FB3.

29% des extraits sont constitués par des pigments de riz ou de maïs qui sont aussi

présents dans les extraits administrés aux animaux témoins.

II.3. Traitement des animaux

Les oiseaux étaient des canards mulards (hybrides de canards de Barbarie et de

canes de Pékin). Toutes les procédures expérimentales sont conformes aux Directives

Nationales Françaises pour le soin et l’usage des oiseaux dans le but de recherches.

II.3.1. Détermination des valeurs usuelles

II.3.1.1. But de l’étude

Etablir des valeurs usuelles concernant des paramètres biochimiques sériques

chez le canard mulard.

II.3.1.2. Méthode expérimentale

500 canards âgés de 84 jours non exposés aux mycotoxines et indemnes de toute

affection connue ont été sélectionnés pour cette étude. L’analyse des paramètres

biochimiques et des sphingolipides a été réalisée respectivement sur 500 et 50

échantillons sériques. 20 Kyoto, Japan.

Page 86: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

80

Age : 21 jours

J0 J12

Durée du traitement

Jour

Autopsie

J2

Prélèvement de sang de 5 canards par lot, tous les 2 jours

J4

Début du traitement

J6 J8 J10

Age : 28 jours Age : 40 jours

II.3.2. Toxicité subaiguë sur des canards en croissance

II.3.2.1. But de l’étude

Observer l’effet de l’ingestion répétée de fortes doses de FB1 pendant une courte

période de 12 jours chez des canards mulard en croissance.

II.3.2.2. Méthode expérimentale

II.3.2.2.1. Animaux et alimentation

Les vingt canards mâles âgés de 3 semaines ont été acclimatés avec accès libre à

la nourriture (UFAC, Languedoc, France) et à l’eau pendant une semaine avant le début

de l'étude.

A l’âge de 4 semaines, les canards ont été aléatoirement distribués dans quatre

groupes de cinq oiseaux recevant respectivement la FB1 partiellement purifiée à raison

de 12,5 ml/kg de PV, aux doses suivantes : 0, 5, 15 et 45 mg de FB1/kg de poids vif/jour.

Les oiseaux ont été traités pendant 12 jours par gavage individuel à la seringue

(extrait de matériel de culture) après pesée. La procédure est décrite dans le schéma

suivant :

Schéma II.1 : Protocole expérimental d’intoxication subaiguë sur des canards en croissance.

II.3.2.2.2. Examens complémentaires

a/ Prise de sang

Tous les 2 jours, le sang a été prélevé à la veine jugulaire dans des tubes

héparinés et des tubes secs et analysé pour étude de la biochimie sérique et du rapport

Sa/So.

Page 87: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

81

J0 J12Durée du traitement

Jour

Autopsie

J2

Pesée et prélèvement de sang de 25 canards par lot

J4

Début du traitement par gavage

J6 J8 J10

Age : 84 jours Age : 96 jours

b/ Abattage des oiseaux

Les canards ont été tués, 24 h après la dernière administration de la FB1.

L'autopsie a été effectuée et des organes (le foie, le rein, le gésier, le cœur et la rate) ont

été prélevés, pesés et fixés dans le formol pour analyse histologique ou conservés à -

80°C jusqu'à utilisation.

II.3.3. Toxicité pendant le gavage

II.3.3.1. But de l’étude

Observer l’effet de l’ingestion de maïs gavage contaminé pour différentes doses

de FB1 pendant toute la période de gavage (de 12 jours) chez des canards mulard.

II.3.3.2. Méthode expérimentale

II.3.3.2.1. Animaux et alimentation

Les soixante-quinze canards mâles âgés de 12 semaines ont été distribués

aléatoirement en 3 groupes de 25 oiseaux puis gavés pendant 12 jours avec de l’aliment

gavage constitué de la manière suivante :

L’absence d’autres mycotoxines (aflatoxine B1, ochratoxine A, zéaralénone,

trichothécènes, fusarine c, acide fusarique, moniliformine) a été confirmée. Le traitement

par gavage est présenté dans le schéma ci-dessous :

Schéma II.2 : Protocole expérimental d’intoxication au cours de gavage.

Lot de Canard Dose de traitement (mg de FB1/kg d’aliment)

20 mg/kg d’aliment maïs naturellement contaminé par la FB1 à une dose de 20 mg/kg

10 mg/kg d’aliment 50%de maïs sain + 50% de maïs contaminé par la FB1 à 20 mg/kg

0 mg/kg d’aliment maïs sain

Page 88: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

82

II.3.3.2.2. Examens complémentaires

a/ Pesée

Tous les oiseaux sont pesés avant le traitement et le dernier jour avant l’autopsie

des oiseaux (J0 et J12).

b/ Prise de sang

Le sang a été prélevé à la veine jugulaire dans les tubes héparinés au jour 0 (J0),

avant le traitement et le dernier jour avant l’autopsie des oiseaux (J12). Le sang a été

centrifugé pour récupérer le sérum qui a ensuite été conservé à -20°C jusqu’à utilisation.

c/ Abattage des oiseaux

Au dernier jour de traitement, tous les canards ont été tués, 12h après le dernier

repas. L'autopsie a été effectuée, des organes (le foie, le rein, le gésier, le cœur et la rate)

ont été prélevés puis pesés et fixés dans le formol pour analyse histologique ou

conservés à -80°C jusqu'à analyse.

II.3.4. Toxicité chronique

II.3.4.1. Protocole A

II.3.4.1.1. But de l’étude

Déterminer l’effet de l’ingestion répétée de différentes doses de FB1 pendant

une période prolongée (11 semaines).

II.3.4.1.2. Méthode expérimentale

a / Animaux et alimentation

40 canards mâles âgés de 1 jour ont été acclimatés avec libre accès à la

nourriture (Aliso, Auch, France) et à l’eau pendant une semaine avant le début de

l'étude. A l’âge de 7 jours, les oiseaux ont été pesés, identifiés par des bagues aux ailes et

séparés en 5 lots de 8 oiseaux. La fumonisine B1 a quotidiennement été administrée

pendant 77 jours par voie orale sous forme de matériel de culture équivalent aux doses

suivantes: 0, 2, 8, 32 et 128 mg de FB1/kg d’aliment. L’alimentation est fournie ad

Page 89: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

83

Jour

Début du traitement

Age : 84 jours

Age : 1 jour

J0 J77

Durée du traitement

Autopsie

J14

Pesée et prélèvement de sang de 8 canards par lot, par semaine

J7 J21 J28 J35 J42 J49 J56 J63 J70

Age : 7 jours

libitum par un aliment classique (démarrage jusqu'à 3 semaines, puis croissance)

dépourvu de mycotoxines.

Schéma II.3 : Protocole expérimental d’intoxication chronique (Protocole A).

b/ Examens complémentaires

Pesée

Tous les oiseaux sont pesés une fois par semaine le matin, avant de recevoir la

ration expérimentale, pendant toute la période de 77 jours.

Prise alimentaire

La prise alimentaire moyenne par lot d’oiseaux est déterminée chaque semaine.

Prise de sang et abattage des oiseaux

A partir du J21 de traitement jusqu’au J77, chaque semaine, les animaux sont

prélevés pour analyse biochimique du sérum et mesure du rapport Sa/So. Au jour 77,

après avoir prélevé le sang à la veine jugulaire, tous les oiseaux sont tués pour récupérer

le foie, le cœur, le muscle pectoral, la rate, le gésier et le rein. Les organes sont prélevés,

pesés et conservés à -80°C ou dans du formol avant analyse.

II.3.4.2.Protocole B

II.3.4.2.1. But de l’étude

Compléter les données obtenues grâce au Protocole A. Cette nouvelle étude va

nous permettre de réaliser des prélèvements lors des premières semaines de traitement

(entre J0 et J28) dans les mêmes conditions que le protocole précédent.

Page 90: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

84

II.3.4.2.2. Méthode expérimentale

a/ Animaux et alimentation

105 canards mâles âgés de 1 jour ont été acclimatés avec accès libre à la

nourriture (Aliso, Auch, France) et à l’eau pendant une semaine avant le début de

l'étude. A l’âge de 7 jours, les oiseaux ont été pesés, identifiés par des bagues aux ailes et

séparés en 5 lots : 25 canetons pour lot témoin et 20 canetons par lot traité. La

fumonisine B1 a quotidiennement été administrée pendant 28 jours par voie orale sous

forme de matériel de culture équivalent aux doses suivantes: 0, 2, 8, 32 et 128 mg de

FB1/kg d’aliment. L’alimentation est fournie ad libitum par un aliment classique

(démarrage jusqu'à 3 semaines, puis croissance) dépourvu de mycotoxines.

Schéma II.4 : Protocole expérimental d’intoxication chronique (Protocole B).

b/ Examens complémentaires

Pesée

Tous les oiseaux sont pesés une fois par semaine le matin, avant de recevoir la

ration expérimentale, pendant toute la période de 28 jours.

Prise alimentaire

La prise alimentaire moyenne par lot d’oiseaux est déterminée chaque semaine.

Age : 1 jour

Durée du traitementJour

Age : 35 jours

Autopsie finale

J0

Prélèvement de sang et autopsie de 5 canards par lot, par semaine

J7 J14 J21

Début du traitement, autopsie de 5 canards

du lot témoin

Age : 7 jours

J28

Page 91: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

85

Prise de sang et abattage des oiseaux

Au J0, après avoir prélevé le sang à la veine jugulaire, 5 oiseaux du groupe

témoin sont tués pour récupérer le foie. Cet organe est pesé et conservés à -80°C ou dans

du formol avant analyse.

Aux jours 7, 14, 21 et 28 de traitement, 5 oiseaux par groupe ont été tués. Le

sang et le foie ont été prélevés comme décrit plus haut pour analyse des paramètres

biochimiques sériques, mesure du rapport du Sa/So ou examen histologique.

II.4. Paramètres biochimiques et dosage de Sphinganine (Sa) et Sphingosine (So)

II.4.1. Biochimies sériques

Les paramètres biochimiques sériques suivants ont été analysés :

Alanine aminotransferase CE 2.6.1.2 (ALAT) :

Aspartate aminotransferase CE 2.6.1.1 (ASAT)

Phosphatase alcaline CE 3.1.3.1 (PAL)

Lactate déshydrogénase CE 1.1.1.27 (LDH)

Cholestérol total

Protéines totales

Ces analyses ont toutes été réalisées à l’hôpital de Rangueil21 (Toulouse).

II.4.2. Dosage de Sa et So dans le sérum et dans les tissus

La procédure d’extraction et dosage de Sphinganine (Sa) et de Sphingosine (So)

libre dans les sérums et tissus que nous avons retenue est basée sur celle décrite par

Mérill et coll. [289] et reprise par Riley et coll. [231] avec quelques modifications.

Dans tous les cas, la quantification des bases sphingoïdes « in vivo » nécessite

plusieurs étapes :

- une extraction - purification

21 1, avenue Jean Poulhès, 31403 Toulouse Cedex 4

Page 92: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

86

- une dérivatisation car les molécules natives ne présentent aucune propriété

d’absorption dans l’Ultra Violet ou la lumière visible, ni aucune propriété de

fluorescence.

- un dosage par HPLC et détection de fluorescence.

Un standard interne est utilisé, pour s’affranchir des différences d’extraction et

pour gagner en précision sur la concentration en Sa dont le niveau est très bas dans des

conditions usuelles [231].

La différence entre les méthodes déjà décrites et celle que nous avons adoptée

dans ce travail touche essentiellement la partie d’extraction purification.

II.4.2.1. Procédure d’extraction

La procédure d’extraction de la Sa et la So dans le sérum et les tissus repose sur des

propriétés d’extraction en phase liquide.

Pour les tissus, une étape préalable d’homogénéisation est nécessaire.

II.4.2.1.1. Préparation d’homogénat de tissus

Un gramme de tissus est pesé et broyé grâce à un Potter en verre à une vitesse

de 500 tours/min dans 3000 µL de tampon K (pH=7,4)22.

Le broyat obtenu est centrifugé 3000g/min pendant 15 minutes et l’homogénat

de tissus est récupéré (Schéma II.5).

1g tissus (foie, rein ou muscle) + 1000 µL tampon K (pH=7,4)

Broyer au Potter-Elvejhem (N0 AA 7223) avec piston (500 tours)

Rincer le Potter par 1000 µL tampon K (x 2 fois)

Centrifuger à 3000 g/min. pendant 15 min.

Récupérer l’homogénat de tissus (approximativement 3000 µL) (Jeter le culot)

Schéma II.5 : Préparation d’homogénat de tissus.

22 200 mL KH2PO4 0,1M (13,6g/L) + 800mL K2HPO4 0,1M (17,4g/L) 23 Thomas Philadelphia, USA

Page 93: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

87

II.4.2.1.2. Extraction de Sa et So à partir de sérum ou d’homogénat de tissus

La Sphinganine C20 (Sa C20) est utilisée comme standard interne afin de

déterminer un pourcentage d’extraction pour chaque échantillon traité. Ainsi, avant

l’extraction, 100 µL de Sa C20 10µM sont déposés dans un tube en verre et évaporés à

sec. 100 µL de sérum ou d’homogénat de tissus sont ajoutés. L’extraction débute par

l’ajout de 1500 µL de mélange Méthanol-Chloroforme (4v/1v) et 100 µL de solution

d’hydroxyde de Potassium (KOH) 1M24. L’ensemble est incubé à 37°C pendant 1 heure.

Après avoir laissé refroidir les échantillons à température ambiante, 1000 µL de

chloroforme et 2000 µL d’eau alcaline25 sont ajoutés. Les tubes sont délicatement

retournés 20 fois.

Une centrifugation de 20 minutes à une vitesse de 3000g/min est réalisée à

température ambiante afin de séparer les deux phases en présence. La phase organique

(phase inférieure) est récupérée, l’autre jetée. Un rinçage de cette phase chloroformique

par 3000 µL d’eau alcaline est effectué puis une centrifugation identique à la précédente

va nous permettre de récupérer à nouveau la phase organique. Elle est ensuite évaporée

à sec sous azote à la température de 45-50°C.

II.4.2.2. Préparation des solutions

II.4.2.2.1. Solution de standard

Une gamme de standard de So, Sa est préparée à des concentration allant de 25

à 5000 nM (mélange de standards So, Sa dans l’éthanol) pour effectuer un étalonnage de

nos appareils et réaliser les dosages ultérieurs. Ces solutions standards nous

permettrons d’avoir accès aux différents paramètres de validation de la méthode de

dosage.

II.4.2.2.2. Solution de standard dérivé

Une quantité de 20 µL de chacune des solutions de la gamme sont mis en présence

de 40 µL de la solution d’OPA (ortho-phthaldialdéhyde)26 et de 140 µL de mélange

méthanol-eau (90v/10v). L’ensemble est agité et puis mis aux ultra-sons pendant 10 min

à température ambiante avant injection de 20 µL dans la colonne de CLHP. 24 KOH 1M : 56,11g + Eau QSP 1 litre 25 Eau alcaline : 100µL de NH4OH 2N + 250mL d’eau distillée 26 OPA : 25mg OPA + 500µL éthanol + Tampon Borate QSP 50mL (+ 25µL β-mercaptoéthanol tous les 2jours)

Tampon Borate : 3g Acide Borique + 30mL Eau + 30mL KOH 1M + KOH 1M QSP pH=10,5 + Eau QSP 100mL

Page 94: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

88

II.4.2.2.3. Solution d’essai

Après évaporation, le résidu sec est repris dans 20 µL d’Ethanol. 40 µL de

d’OPA ainsi que 140 µL de mélange de méthanol-eau (90v/10v) sont ajoutés.

L’ensemble est mis aux ultra-sons pendant 10 min puis centrifugé à 3000g/min pendant

10 min et passé à travers un filtre à membrane avant injection.

Les concentrations en So et Sa seront déterminées après une injection de 20µl de

solution dérivée dans le système chromatographique. La mesure des aires des différents

pics obtenus est traduite en concentration grâce aux calibrations obtenues à l’aide de

standard de Sa et So et en tenant compte des traitements et dilutions effectuées. La

surface obtenue pour C20 Sa nous permet d’avoir accès au pourcentage d’extraction

pour chaque échantillon. Les concentrations en So et en Sa sont exprimées en

nanomole/litre pour le sérum et en nanomole/gramme pour les tissus.

II.4.2.3. Séparation et dosage

II.4.2.3.1. Généralité

Le système CLHP comporte :

- une colonne analytique de nature phase inverse (contenant des particules de

silice greffées par des groupements C18 d’une granulométrie de 5 microns)

- un détecteur de fluorescence dont les longueurs d’onde d’excitation et

d’émission sont respectivement de 335 nm et de 440 nm. Le range est de x 256 et la

sensibilité est à niveau élevé. [231, 290].

- la phase mobile est composé de méthanol et d’eau (9v :1v)

- le débit est 1,25 ml/min.

- la sphinganine C20 est utilisée comme standard interne.

Les sphingolipides ont les temps de rétention suivants : sphingosine (So) : 12,5

min, sphinganine (Sa) : 17,5 min et sphinganine C20 : 29 min. Les chromatographes ci

après sont obtenus pour des solutions de standard (Figure II.1), un échantillon de foie

témoin (Figure II.2) et traité (Figure II.3).

Page 95: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

89

Figure II.1 : Chromatogramme d’un mélange de standards So-Sa 0,5 µM et Sa C20 10µM.

Figure II.2 : Chromatogramme d’un échantillon de foie d’un canard témoin (0 mg FB1/kg

d’aliment) au J7 de traitement + Sa C20 10 µM

Figure II.3 : Chromatogramme d’un échantillon de foie d’un canard traité (128 mg FB1/kg

d’aliment) au J7 de traitement + Sa C20 10 µM

Temps (min)

µV

Temps (min)

µVµV

Temps (min)

Page 96: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

90

II.4.2.3.2. Validation de la méthode de dosage

a/ Linéarité

Des solutions diluées d’un mélange de standard de Sa et So sont utilisées pour

réaliser une étude de régression. Pour cela, les solutions de standard sont injectées en

triplicate pour chaque concentration. Par la suite, on vérifiera que la relation entre

quantité injectée et réponse observée (ici l’aire) peut être considérée comme une droite.

Dans notre cas, 8 points de gamme ont été testés : 0, 50, 100, 200, 500, 1000, 2000 et 5000

nM.

La réponse du détecteur (aire en µv*s) en fonction de molarité en nM est linéaire

sur la gamme de concentration comprise entre 0, 50, 100, 200, 500, 1000, 2000 et 5000 nM.

Les équations des droites obtenues sont les suivantes : y=0,0051x pour la Sphinganine et

y=0,0045x pour la Sphingosine (y : concentration (nM) et x : l’aire du pic après

chromatographie (µv*s)) et les coefficients de corrélation obtenus, récapitulés sur le

Tableau II.1, sont toujours de l’ordre de 0,999.

b/ Limite de détection (LD) et limite de quantification (LQ)

LD : c’est la plus petite quantité de substance dans un échantillon pouvant être

détectée, mais non quantifiée.

LQ : c’est la plus petite quantité de substance dans un échantillon pouvant être

dosée dans les conditions expérimentales décrites avec une fidélité définie [291].

En théorie, LD et LQ sont déterminées à partir d’échantillons supplémentés à

des concentrations croissantes en comparaison avec les mêmes échantillons témoins.

Leur détermination pratique est basée sur le rapport signal/bruit. La LD est la

concentration qui engendre un signal 2 fois supérieur à celui du même échantillon

témoin, et l’on s’accorde à déterminer la LQ comme la concentration qui engendre un

signal 4 fois supérieur à celui à celui du même échantillon témoin.

En ce qui nous concerne, il n’existe pas de sérum (ou plasma) témoin (sans Sa

et/ou So) ; nous avons donc réalisé une estimation de ces LD et LQ, en comparant la

hauteur de bruit de fond d’échantillon au voisinage des temps de rétention des bases

sphingoïdes et des hauteurs de pics obtenues sur nos gammes en appliquant des

facteurs respectifs de 3 et 5.

Les limites de détection et de quantification sont présentées dans le Tableau II.1.

Page 97: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

91

c/ Répétabilité

C’est la mesure de la précision sur des mesures effectuées sur un même

échantillon par le même opérateur, sur le même appareillage [292].

On procède de la manière suivante : une solution standard de chaque base

sphingoïde à 5µM est injectée 10 fois successivement.

Les résultats obtenus présentés sur le Tableau II.1 attestent d’une répétabilité

satisfaisante puisque pour les aires mesurées de Sa et So, les CV% enregistrés sont

toujours inférieurs à 5%[293].

d/ Reproductibilité

C’est la mesure de la précision mais évaluée par des mesures effectuées sur

plusieurs jours [292]. On l’estime par le calcul du CV%. On procède de la manière

suivante : des standards de Sa et So sont injectés 10 fois sur quarante jours différents.

Les résultats obtenus présentés sur le Tableau II.1 attestent d’une

reproductibilité satisfaisante puisque les CV% enregistrés pour les aires mesurées de Sa

et So sont toujours inférieurs à 5%[293].

Tableau II.1 : Validation de la méthode de dosage.

Paramètres de validation Sphinganine Sphingosine

Linéarité r =0,999 r =0,999

Limite de détection et de quantification 25 nM (pour LD) et 50 nM (pour LQ)

Répétabilité CV= 3% CV= 4%

Reproductibilité CV= 4% CV= 5%

e/ Stabilité du dérivé fluorescent dans le temps

La stabilité du dérivé fluorescent a été étudiée pour s’assurer qu’il était possible

de réaliser d’importantes séries d’analyses à l’aide d’un passeur d’échantillon.

Elle a été conduite de la manière suivante : un mélange de standard de Sa et So

à 0,5µM a été dérivatisé puis injecté 5 fois en 6 jours aux échéances 0 ; 0,5 ; 1 ,5 ; 3,5 et 6

jours. Jusqu’à 1,5 jours nous n’enregistrons aucune variation significative du paramètre

observé (Aire des pics). A 3,5 jour une diminution de 7% est notée tandis qu’à 6 jours

elle est de 15%.

Page 98: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

92

Cette étude nous permet d’être certain de pouvoir traiter l’extraction -

purification des échantillons dans une journée et de pouvoir les dérivatiser afin de

réaliser les dosages de manière automatique durant la nuit. Les résultats sont présentés

dans le Tableau II.2.

Tableau II.2 : Stabilité du dérivé fluorescent dans le temps : résultat présenté en % des aires

obtenues à jour 0 considérées comme 100%.

Jour Sphinganine Sphingosine

0 100% 100% 0,5 100% 99% 1,5 97% 97% 3,5 93% 93% 6 85% 87%

II.4.2.3.3. Expression des résultats

a/ Pourcentage d’extraction

Comme décrit par Riley et coll. [231], le dosage de Sa est relativement

compliqué car les pourcentages d’extraction peuvent être variables et faibles (environ

40% dans les tissus). C’est un réel problème dans le cas d’échantillons provenant

d’oiseaux témoins dans lesquels les niveaux réels de Sa sont déjà particulièrement

faibles. C’est pour cela que l’utilisation de Sa C20 comme un standard interne a été

préconisée pour s’affranchir de ce problème.

Lors de chaque série d’analyse, 100µl du standard interne Sa C20 à 10 µM sont

évaporés à sec dans un tube (en verre) avant d’ajouter 20µl de standard de Sa, So à

0,5µM. Ce mélange est dérivatisé comme décrit plus haut puis injecté sur colonne de

CLHP en début, en milieu et en dernier de la série d’échantillons.

L’aire obtenue pour le pic de standard interne Sa C20 est considérée comme le

100% théorique pour le calcul du pourcentage d’extraction.

b/ Calcul des concentrations

Le calcul des concentrations en sphingolipides après chromatographie est basé sur

l’équation obtenue des droites de calibration présentées plus haut : y=0,0051x

(R2=0,9987) pour la Sphinganine et y=0,0045x (R2=0,9998) pour la Sphingosine avec y :

concentration de la solution dérivatisée (nM) et x : l’aire du pic chromatographique

Page 99: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

93

(µv*s). Il faut toutefois tenir compte du pourcentage d’extraction (P%) pour chaque

échantillon.

Dès lors, les concentrations en sphingolipides après chromatographie seront

calculées de la manière suivante :

Pour le sérum : (nmol/litre de sérum)

Avec

y : nanomol par litre de

P% = Aire mesurée C20 é

Pour les tissus,

Avec

y : nanomol par litre de

P% = Aire mesurée C20 é

c/ Rapport Sa/So

Le rapport Sa/So es

calculé de la manière suivant

Avec

[Sa] : concentrations e

[So] : concentrations e

II.5. Analyses statistiques

Les résultats sont exprim

types (Protocole II.1, II.2 et II

Le traitement statistique des

de variance à un facteur (AN

[Sérum] = y/P%*5

solution dérivatisée

chantillon/Aire mesurée C20 standard

(nmol/gramme de tissu)

[Tissu] = 3y/P% *5000

solution dérivatisée

chantillon/Aire mesurée C20 standard

t le biomarqueur d’exposition à la FB1. Ce rapport est

:

n S

n S

és

.3) e

rés

OV

[Sa] / [So]

phinganine

phingosine

de manière générale sous la forme : moyenne ± écart-

t moyenne ± erreurs standard (Protocole II.4A et II.4B).

ultats est exploité en réalisant tout d’abord une analyse

A) après vérification de l’homogénésité des variantes.

Page 100: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

94

Quand des différences significatives entre les moyennes sont signalées (P <0.05),

elle seront soulignées par des étoiles (*) sur les graphiques. Dans ce dernier cas, la

différence entre moyennes de différents lots est déterminée par le test de Tukey.

Page 101: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

95

Partie III. RÉSULTATS

Page 102: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

96

0

35

70

105

0 mg/kg FB1 5 mg/kg FB1 15 mg/kg FB1 45 mg/kg FB1

Poid

sdu

Foie

(g)

III.1. Toxicité subaiguë sur canards en croissance

III.1.1. Effets sur la santé

III.1.1.1. Mortalité et Performance

Les performances de canards mulards recevant de la FB1 quotidiennement par

voie orale pendant 12 jours sont présentées dans la Figure III.1.1. Aucune mortalité ou

manifestation clinique n’a été observée au cours de l’étude. Le poids vif a graduellement

augmenté chez tous les animaux, aucune différence significative entre témoins et traités

n’étant observée. Cependant, une diminution significative du gain de poids a pu être

mise en évidence chez les animaux recevant de la FB1.

Figure III.1.1 : Effets de la FB1 sur les poids vif et la croissance1 (administration quotidienne par

intubation pendant 12 jours de 0, 5, 15 et 45 mg/kg PV). 1 Valeurs obtenus pour 5 animaux par groupe et exprimées en moyenne ± écart-type.

A l’autopsie, aucune lésion n’a pu être mise en évidence, en dehors d’une

hépatomégalie sur les animaux exposés aux fumonisines. L’augmentation du poids du

foie est significative et liée à la dose de toxine administrée (augmentation respective de

29, 36 et 48% pour les canards recevant 5, 15 et 45 mg/kg de FB1) (Figure III.1.2).

Figure III.1.2 : Effets de la FB1 sur les poids des foies1 (administration quotidienne par

incubation pendant 12 jours de 0, 5, 15 et 45 mg/kg PV). 1 Valeurs obtenus pour 5 animaux par groupe et exprimées en moyenne ± écart-type.

0

1

2

3

0 1 2 3 4 5

kg

J0 (Po ids vifs)J12 (Poids vifs)Cro issance

5 mg/kg FB1 15 mg/kg 45 mg/kg 0 mg/kg FB1

Page 103: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

97

III.1.1.2. Histologie

Les analyses histologiques du cerveau, du rein et du foie ont été conduites après

la coloration Giemsa. Aucune anomalie n’a pu être mise en évidence dans le cerveau ou

le rein quel que soit le groupe d’animaux envisagé. Une altération de l’organisation

hépatique a en revanche pu être constatée chez les animaux exposés aux fumonisines

(Figure III.1.3). Elle se caractérise par une désorganisation des travées avec

implémentation d’une structure micro glandulaire aussi bien en région périportale

qu’en région centrolobulaire. L’infiltration inflammatoire et les fibroses périportales

étaient nulles ou minimes pour l’ensemble des animaux.

Figure III.1.3 : Coloration Giemsa. A1 (X100) et A2 (X600) : Foie de canard témoin. Remarquer

la présence des travées hépatiques (les lignes pointillées). B1 (X100) et B2 (X600) : Foie de canard recevant

45 mg de FB1/kg PV/jour pendant 12 jours. Remarquer la mise en place d’une structure micro

glandulaire (flèches) dans les régions périportales et centrolobulaire.

A1 A2

B1 B2

Page 104: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

98

III.1.2. Altérations biochimiques

L’absence de valeurs usuelles concernant les paramètres biochimiques sériques

chez le canard mulard a justifié la réalisation d’une étude préalable d’un certain nombre

de marqueurs sur des animaux non exposés aux mycotoxines et indemnes de toute

affection connue. Les paramètres de distribution statistique des concentrations sériques

en protéines totales et en cholestérol ainsi que les activités de l’alanine aminotransférase

(ALAT) et de la lactate déshydrogénase (LDH) sont présentés dans le tableau III.1.1. Le

calcul du percentile 90 pour chacun de ces paramètres a pu être effectué.

Tableau III.1.1 : Paramètres de distribution des concentrations sériques en protéines totales,

cholestérol, ALAT et LDH chez les canards non exposés aux mycotoxines.

PROT : protéines totales ; CHOL : cholestérol; ALAT : alanine aminotransférase; LDH : lactate

déshydrogénase; IC: intervalle de confiance de la moyenne.

Les effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur

les concentrations sériques en protéines totales et en cholestérol ainsi que sur les

activités de l’alanine aminotransférase et de la lactate déshydrogénase sont présentés

dans la Figure III.1.4.

Une augmentation significative de tous ces paramètres est obtenue en fin

d’expérimentation pour toutes les doses utilisées (t-test, P<0,05).

Des différences significatives par rapport aux témoins pour les concentrations

en protéines totales et en cholestérol ainsi que sur les activités de l’alanine

PROT (g/l)CHOL

(mmol/l)

ALAT

(U/l) LDH (U/l)

Nombre d’échantillons 500 500 500 500

Minimum 34 3,1 4 342

Maximum 58 5,7 56 6456

Médiane 41 4,3 23 1705

Moyenne 42,1 4,4 24 2046

Ecart-type 4,4 0,5 9 1202

Erreur Standard 0,20 0,02 0,40 53.77

IC 99% (supérieure) 42,6 4,4 25 1908

IC 99% (inférieure) 41,6 4,3 22,9 1907

Percentile 90 48 5 34 3800

Page 105: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

99

aminotransférase et de la lactate déshydrogénase sont respectivement obtenues après 8,

6, 4 et 4 jours (ANOVA à 1 facteur, P<0,05).

Figure III.1.4 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur les

concentrations sériques en protéines totales, cholestérol et les activités de l’alanine aminotransférase,

lactate déshydrogénase chez le canard. Les données sont présentées sous la forme moyenne ± écart-type

obtenues pour un groupe de 5 animaux recevant 0, 5, 15 et 45 mg de FB1/kg PV pendant 12 jours. (----) :

90ème percentile obtenu sur 500 canards témoins non exposés aux mycotoxines. * : Différence significative

entre les groupes (ANOVA, P<0,05).

La juxtaposition de ces résultats aux données précédemment établies sur des

canards non exposés aux toxines révèle qu’un dépassement du percentile 90 est observé

encore plus précocement. Ainsi seulement 1 à 4 administrations de FB1 suffisent à

dépasser ce paramètre (Tableau III.1.2).

Bien que le délai nécessaire au dépassement de ce percentile soit lié à la dose de

fumonisine administrée, la relation n’est pas linéaire.

La multiplication du délai par la dose permet d’obtenir la dose cumulée en FB1

nécessaire pour avoir un effet détectable sur les paramètres étudiés au cours d’une

intoxication aigue. Cette opération confirme que la dose cumulée nécessaire pour

obtenir un même effet est fort différente selon les lots, ce qui suggère une saturation de

l’effet aux plus fortes doses.

30

40

50

60

70

0 2 4 6 8 10 12

0 mg FB1/ kg P V/ j 5 mg FB1/ kg P V/ j

15 mg FB1/ kg P V/ j 45 mg FB1/ kg P V/ j

0

4

8

12

16

0 2 4 6 8 10 12

Prot

éine

sto

tale

s(g

/L)

Cho

lest

érol

(mm

ol/L

)

Durée de traitement (jour) Durée de traitement (jour)

*

**

** *

*

0

20

40

60

80

0 2 4 6 8 10 12

0

5000

10000

15000

20000

0 2 4 6 8 10 12

ALA

T(u

/L)

LDH

(u/L

)

Durée de traitement (jour) Durée de traitement (jour)

*

**

* *

**

**

*

Page 106: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

100

Tableau III.1.2 : Estimation de la dose de FB1 nécessaire pour dépasser le percentile 90 de

différents paramètres biochimiques établis chez les canards non exposés aux mycotoxines.

PROT CHOL ALAT LDH

En utilisant la relation temps/effet (Figure III.1.4)

Durée de traitement (jours) nécessaire au dépassement

du percentile 90 (jours)*

45 mg de FB1 /kg/jour voie orale 4,23 0,85 2,28 1,96

15 mg de FB1 /kg/jour voie orale 4,91 1,17 2,58 2,57

5 mg de FB1 /kg/jour voie orale 7,13 1,52 4,08 4,71

Dose cumulative correspondante (mg/kg)**

45 mg de FB1 /kg/jour voie orale 190 38 103 88

15 mg de FB1 /kg/jour voie orale 74 18 39 39

5 mg de FB1 /kg/jour voie orale 36 8 20 24

En utilisant la relation dose/effet (Figure III.1.5)

Dose cumulative (mg/kg) nécessaire au dépassement

du percentile 90 20 12 10 15

PROT : protéines totales ; CHOL : cholestérol; ALAT : alanine aminotransférase; LDH : lactate

déshydrogénase;

* : Estimée par régression;

** : obtenue par la multiplication de la durée par la dose administrée.

Une autre approche de la plus faible dose de FB1 susceptible d’entraîner un effet

détectable consiste à établir la relation existant entre la dose cumulée administrée au

cours de l’étude et le paramètre étudié (Figure III.1.5).

Cette approche révèle là encore que, bien que l’effet des fumonisines sur les

concentrations sériques en protéines totales et en cholestérol ainsi que sur les activités

de l’alanine aminotransférase et de la lactate déshydrogénase soit fonction de la dose,

cet effet est saturable.

Une modélisation non paramétrique de la relation dose/effet précédemment

établie a été réalisée à l’aide du logiciel SigmatPlot en utilisant l’équation suivante :

y = moyenne + a/(1 + b/x)

avec y la concentration du paramètre mesuré, moyenne, la moyenne du

paramètre étudié obtenue sur les 500 animaux non exposés aux mycotoxines et x, la

Page 107: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

101

dose cumulée de FB1 administrée. Les paramètres du modèle sont présentés dans le

Tableau III.1.3. Le fort coefficient de corrélation obtenu, suggère que le modèle utilisé

pour la détermination est correct.

Cette modélisation permet de déterminer la dose cumulée de FB1 susceptible

d’entraîner un dépassement du percentile 90 précédemment établi sur des canards

mulards non exposés aux fumonisines. Cette dose a été rapportée dans le tableau III.1.2.

Figure III.1.5 : Effets de la FB1 (doses cumulées en mg/kg PV) administrée quotidiennement

par VO pendant 12 jours sur les concentrations sériques en protéines totales, cholestérol et les activités de

l’alanine aminotransférase, lactate déshydrogénase chez le canard. Valeurs individuelles (-♦-) et moyenne

± écart-type obtenus pour chaque groupe. (----) : percentile 90 obtenu chez 500 animaux témoins non

exposés aux mycotoxines. (____) : Modélisation non paramétrique (logiciel Sigmaplot) de la relation

dose/effet en utilisant l’équation : y = moyenne + a/(1 + b/x) avec : y, la concentration du paramètre

mesuré, moyenne, la moyenne du paramètre obtenue sur 500 animaux non exposés aux mycotoxines et x,

la dose cumulative de la FB1 administrée.

Prot

éine

sto

tale

s(m

g/L)

FB1 (mg/kg PV, dose cumulée) FB1 (mg/kg PV, dose cumulée)

Cho

lest

érol

(mm

ol/L

)

FB1 (mg/kg PV, dose cumulée) FB1 (mg/kg PV, dose cumulée)

ALA

T(u

/L)

LDH

(u/L

)

Page 108: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

102

Tableau III.1.3 : Modélisation non paramétrique (logiciel Sigmaplot) de la relation dose/effet

obtenue après 12 jours de traitement chez les canards.

PROT (mg/l) CHOL (mg/l) ALAT (U/l) LDH (U/l)

Moyenne 42 4,4 24 2046

a +/- SE 20 +/- 2,2 10,3 +/- 0,8 50,5 +/- 5,8 16762 +/- 2932

P of a <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001

b+/- SE 52,8 +/- 23,6 90,7 +/- 24,7 27,6 +/- 18,6 97 +/- 55

P of b 0,0380 0,0017 0,1544 0,093

R2 0,90 0,95 0,88 0,84

ED10 6 10 3 11

PROT : protéines totales ; CHOL : cholestérol; ALAT : alanine aminotransférase; LDH : lactate

déshydrogénase; SE : Erreurs standard ; ED10 : dose qui détermine 10% de l’effet.

Cette modélisation permet également de déterminer la dose cumulée de FB1

susceptible d’entraîner 10% de l’effet maximal (ED10).

La comparaison de ces approches très différente révèle que :

- l’ALAT est dans tous les cas le paramètre biochimique non spécifique le plus

sensible,

- des doses cumulées de l’ordre de 5 à 10 mg/kg de FB1 administrées sur

quelques jours sont suffisantes pour entraîner un effet biochimique détectable.

Ces analyses posant un problème de spécificité, les paramètres biochimiques

étudiés signent une altération hépatique et non une exposition spécifique aux

fumonisines. Par conséquent, les effets de ces toxines sur les sphingolipides ont été

étudiés.

III.1.3. Altérations des Sphingolipides

Comme pour les paramètres biochimiques non spécifique, l’absence de valeurs

usuelles concernant les concentrations sériques en sphinganine et en sphingosine chez le

canard mulard (et les autres espèces) a justifié la réalisation d’une étude préalable sur

des animaux non exposés aux mycotoxines et indemnes de toute affection connue. Les

paramètres de distribution statistique des concentrations en Sa et So sériques sont

présentés dans le tableau III.4. Le calcul du percentile 90 a pu être effectué.

Page 109: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

103

Tableau III.1.4 : Paramètres de distribution statistique des concentrations sériques en

sphinganine libre et du rapport sphinganine/ sphingosine chez les canards mulards non exposés aux

mycotoxines.

Sa: sphinganine; So: sphingosine; Sa/So: rapport sphinganine/sphingosine; IC: Intervalle de

confiance de la moyenne.

Les effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur

les concentrations sériques en Sa et sur le rapport Sa/So sont présentés dans la Figure

III.1.6.

Une augmentation significative de ces paramètres est obtenue en fin

d’expérimentation pour toutes les doses utilisées (t-test, P<0,05).

Des différences significatives par rapport aux témoins pour les concentrations

en Sa et le rapport Sa/So sont respectivement obtenues après 2 et 6 jours (ANOVA à 1

facteur, P<0,05).

Sa

(nmol/l)

So

(nmol/l) Sa/So

Nombre d’échantillons 50 50 50

Minimum 16 16 0,29

Maximum 56 83 1,37

Médian 27 38 0,82

Moyenne 30 42 0,77

Ecart-type 9 17 0,25

Erreur standard 1,92 3,64 0,05

IC 99% au-dessus 35 53 0,93

IC 99% au-dessous 24 32 0,62

Percentile 90 40 70 0,95

Page 110: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

104

Figure III.1.6 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 12 jours sur la

concentration sérique en Sa (A) et le rapport Sa/So (B). Les données sont présentées sous la forme

moyenne ± écart-type obtenues pour un groupe de 5 animaux recevant 0, 5, 15 et 45 mg de FB1/kg PV

pendant 12 jours. (----) : 90ème percentile obtenu chez 50 canards témoins non exposés aux mycotoxines. * :

Différence significative entre les groupes (ANOVA, P<0,05).

La juxtaposition de ces résultats aux données précédemment établies sur des

canards non exposés aux toxines révèle qu’un dépassement du percentile 90 est observé

encore plus précocement. Ainsi, pour la Sa, seulement 1 à 2 administrations de FB1

suffisent à entraîner un dépassement. 2 à 4 administrations sont nécessaires dans le cas

du rapport Sa/So.

Comme cela a été fait pour les paramètres biochimiques non spécifiques, le délai

nécessaire au dépassement de ce percentile permet de calculer la dose cumulée en FB1

entraînant un effet détectable sur les sphingolipides au cours d’une intoxication aigue

(Tableau III.1.5). Le délais nécessaire pour obtenir un dépassement du percentile 90 de

la Sa étant inférieur à 1, il a été arrondi à 1 pour estimer la dose cumulative

correspondante.

0

500

1000

1500

2000

0 2 4 6 8 10 12

Durée de traitement (jour)

Con

cent

rati

onen

Sa(n

mol

/L)

5 mg FB1/kg PV/j 45 mg FB1/kg PV/j

15 mg FB1/kg PV/j 0 mg FB1/kg PV/j

0

1,5

3

4,5

6

0 2 4 6 8 10 12

Durée de traitement (jour)R

appo

rtSa

/So

** *

*

*

*

*

*

*

*

Page 111: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

105

Tableau III.1.5 : Estimation de la dose de FB1 nécessaire pour dépasser le percentile 90 de la

concentration en Sa et du rapport Sa/So établis chez les canards non exposés aux mycotoxines.

Sa Sa/So

En utilisant la relation temps/effet (Figure III.1.6)

Durée de traitement (jours) nécessaire au dépassement du

percentile 90 (jours)*

45 mg de FB1 /kg/jour voie orale <1 1,6

15 mg de FB1 /kg/jour voie orale <1 2,7

5 mg de FB1 /kg/jour voie orale <1 4,0

Dose cumulative correspondante (mg/kg)**

45 mg de FB1 /kg/jour voie orale 45 72,0

15 mg de FB1 /kg/jour voie orale 15 40,5

5 mg de FB1 /kg/jour voie orale 5 20

En utilisant la relation dose/effet (Figure III.1.7)

Dose cumulative (mg/kg) nécessaire au dépassement du

percentile 90 0,25 1,5

De la même manière que précédemment, nous avons établi la relation existant

entre la dose cumulée administrée au cours de l’étude et le paramètre étudié (Figure

III.1.7).

Comme pour les paramètres biochimiques, bien que l’effet des fumonisines sur

les concentrations en Sa et le rapport Sa/So soit fonction de la dose, cet effet est

saturable. Cette relation a également été modélisée à l’aide du logiciel SigmatPlot en

utilisant l’équation suivante :

y = moyenne + a/(1 + b/x)

avec y la concentration du paramètre mesuré, moyenne, la moyenne du

paramètre étudié obtenue sur les 50 animaux non exposés aux mycotoxines et x, la dose

cumulée de FB1 administrée. Les paramètres du modèle sont présentés dans le Tableau

III.1.6. Le fort coefficient de corrélation obtenu, suggère que le modèle utilisé pour la

détermination est correct.

Cette modélisation permet de déterminer la dose cumulée de FB1 susceptible

d’entraîner un dépassement du percentile 90 précédemment établi sur des canards

mulards non exposés aux fumonisines. Cette dose a été rapportée dans le tableau III.1.5.

Page 112: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

106

Figure III.1.7 : Effets de la FB1 (doses cumulées en mg/kg PV) administrée quotidiennement

par VO pendant 12 jours sur les concentrations sériques en Sa et le rapport Sa/So.. Valeurs individuelles (-

♦-) et moyenne ± écart-type obtenus pour chaque groupe. (----) : percentile 90 obtenu chez 50 animaux

témoins non exposés aux mycotoxines. (____) : Modélisation non paramétrique (logiciel Sigmaplot) de la

relation dose/effet en utilisant l’équation : y = moyenne + a/(1 + b/x) avec : y, la concentration du

paramètre mesuré, moyenne, la moyenne du paramètre obtenue sur 50 animaux non exposés aux

mycotoxines et x, la dose cumulative de la FB1 administrée.

Tableau III.1.6 : Modélisation non paramétrique (logiciel Sigmaplot) de la relation dose/effet

obtenue après 12 jours de traitement chez les canards.

Sa (nmol/l) Sa/So

Moyenne 30 0,77 a +/- SE 1781 +/- 202 4,28 +/- 0,08 P of a 0,0126 0,0004 b+/- SE 90 +/- 64 7,03 +/- 2,19 P of b 0,1174 0,0853 R2 0,989 0,999 ED10 10 0,8

PROT : protéines totales ; CHOL : cholestérol; ALAT : alanine aminotransférase; LDH : lactate

déshydrogénase; SE : Erreurs standard ; ED10 : dose qui détermine 10% de l’effet.

Cette modélisation permet également de déterminer la dose cumulée de FB1

susceptible d’entraîner 10% de l’effet maximal (ED10) (Tableau III.1.6).

Par ces approches, les doses cumulées de FB1 nécessaires pour entraîner un effet

détectable sur le métabolisme des sphingolipides sont inférieures à 1 mg/kg PV. Elles

sont inférieures à celles entraînant un effet sur les marqueurs biochimiques non

spécifiques.

0

500

1000

1500

2000

0 60 120 180 240 300 360 420 480 5400

1

2

3

4

5

6

0 60 120 180 240 300 360 420 480 540FB1 (mg/kg PV, dose cumulée)

Sa (nmol/L) Sa/So

FB1 (mg/kg PV, dose cumulée)

Page 113: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

107

III.2. Toxicité pendant le gavage

III.2.1. Effets sur la santé

III.2.1.1. Mortalité et Performance

Les effets sur les paramètres zootechniques des fumonisines naturellement

présentes dans du maïs administré au cours du gavage de canards mulards sont

présentés dans le Tableau III.2.1. Aucune manifestation clinique n’a été observée au

cours de l’étude. Bien que 2 canards soient morts dans le groupe recevant le maïs

contaminé à hauteur de 20 mg FB1/kg, cette mortalité ne semble pas reliée à l’ingestion

de la toxine.

Tableau III.2.1 : Effet de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par les fumonisines sur

les performances et le type d’engraissement hépatique chez le canard mulard après 12 jours de gavage1.

FB1 (mg/kg d’aliment)

Paramètres 0 10 20

Maïs ingéré (dose cumulative par canard, g) 9 976 9 959 9 972

Poids vifs en total (g) 5 639 ± 535 5 575 ± 490 5 540 ± 640

Ratio de conversation alimentaire 6,32 7,04 7,54

Poids du muscle pectoral (g) 480 ± 36 456 ± 33 470 ± 23

Poids de la graisse pectorale (g) 273 ± 21 280 ± 26 286 ± 22

Poids de la cuisse (g) 732 ± 69 740 ± 58 734 ± 72

Poids du manchon (g) 296 ± 32 280 ± 25 285 ± 31

Poids des viscères (g) 522 ± 84 526 ± 99 548 ± 97

Poids du foie (g) 532 ± 110 526 ± 102 472 ± 115

Score d’engraissement3 2,3 1,9 1,5

1 Valeurs obtenus pour 25 animaux par groupe et exprimées en moyenne ± écart-type. 2 Le score d’engraissement est déterminé après examen histologique du foie et attribution de la

note suivante selon le type d’engraissement majoritairement observé : Score de 1 = stéatose de type micro-

vacuolaire ; Score de 2 = stéatose de type micro et macro-vacuolaire ; Score de 3 = stéatose de type macro-

vacuolaire ; Score de 4 = stéatose de type macro-vacuolaire et vésicules lipidiques ; Score de 5 = stéatose

avec vésicules lipidiques.

Page 114: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

108

Le poids vif a graduellement augmenté chez tous les animaux, aucune

différence entre témoins et traités n’étant observée. De même, aucun effet significatif sur

le taux de consommation alimentaire n’a été observé.

Aucune différence de rendement carcasse n’est constatée entre animaux

recevant du maïs indemne et animaux recevant du maïs contaminé par les fumonisines.

De même, bien que le poids des foies apparaisse moins important chez les animaux

recevant du maïs contaminé, cette différence n’est pas significative.

Ainsi, aucune différence significative sur les paramètres zootechniques entre

animaux témoins et animaux exposés ne semble observée au cours de cette étude.

Signalons cependant que l’ensemble des pertes occasionnées par les fumonisines à la

dose de 20 mg/kg d’aliment (foie moins lourd, indice de consommation alimentaire

supérieur) occasionne une perte voisine de 1€ par animal.

A l’autopsie, aucune lésion macroscopique n’a été observée. On observe

toutefois une décoloration quasi systématique des foies des animaux recevant le maïs

contaminé par 20 mg/kg de FB1 (Figure III.2.1).

Figure III.2.1 : Effets des fumonisines sur le foie après gavage à l’aide de maïs naturellement

contaminé par 0 (Témoin), 10 et 20 mg/kg FB1. Noter la décoloration jaune obtenue à 20 mg/kg.

Témoin 20 mg FB1/kg 10 mg FB1/kg

Page 115: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

109

III.2.1.2. Histologie

Une analyse microscopique des foies a été conduite après coloration de Giemsa.

L’analyse comparée du type de surcharge graisseuse a révélé une modification du type

d’engraissement (Figure III.9).

Figure III.2.2 : Analyse histologique de foies après gavage avec du maïs indemne de

fumonisines (Témoin) et du maïs naturellement contaminé à hauteur de 20 mg de FB1/kg d’aliment.

Coloration Giemsa (x600), noter la diminution de taille et l’augmentation de nombre des vacuoles chez les

animaux exposés à la FB1.

Ces altérations nous ont conduit à réaliser une analyse systématique des lames

et à établir un score d’engraissement en fonction du type de stéatose prépondérant. Le

type d’engraissement prépondérant chez les animaux témoins était une stéatose micro

et macro vacuolaire. A l’inverse, la stéatose était majoritairement de type micro

vacuolaire chez les animaux recevant le maïs contaminé par 20 mg/kg de FB1. Le type

de stéatose observé chez les animaux recevant le maïs contaminé à 10 mg/kg était

intermédiaire (Tableau III.6).

III.2.2. Altérations biochimiques

Les effets de l’ingestion de maïs naturellement contaminé par des fumonisines

au cours du gavage ont été explorés sur différents paramètres biochimiques sériques

(Tableau III.2.2). Ces effets sont difficiles à interpréter en raison d’un effet du gavage

lui-même sur ces paramètres.

Témoin 20 mg FB1/kg

Page 116: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

110

Tableau III.2.2 : Effet de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par des fumonisines sur

les paramètres biochimiques sériques après 12 jours de gavage 1.

FB1 (mg/kg d’aliment)

0 10 20

Paramètres J0 J12 J0 J12 J0 J12

Protéines (g/L) 43 ± 3 45 ± 3 43 ± 2 46 ± 4 41 ± 3 49 ± 4*

Cholestérol (mmol/L) 4,94 ± 0,66 5,53 ± 0,48 4,87 ± 0,85 5,98 ± 0,52* 4,55 ± 0,53 6,06 ± 0,91*

ALAT (U/L) 23,2 ± 4,4 44,6 ± 7,1* 26,4 ± 3,8 53,3 ± 19,1* 29,2 ± 6,9 60,8 ± 16,2*

LDH (U/L) 3049 ± 742 4955 ± 508* 2584 ± 471 5106 ± 1538* 2892 ±1077 5269 ± 1528*

GGT (U/L) 14,0 ± 4,6 18,6 ± 8,3 14,8 ± 4,1 14,3 ± 3,9 15,6 ± 7,1 15,6 ± 4,2

PAL (U/L) 150 ± 15 130 ± 50 245 ± 178 120 ± 67 242 ± 51 346 ± 211

Bilirubine 5,6 ± 3,9 14 ± 14,3 6,2 ± 4,5 6,8 ± 2,2 8,6 ± 7,5 9,4 ± 5,7

Triglycérides 1,06 ± 0,28 4,26 ± 0,44* 1,09 ± 0,09 4,04 ± 0,75* 1,03 ± 0,13 4,94 ± 0,66 *

Créatinine (µmol/L) 11,2 ± 6,8 25,8 ± 4,9* 8,4 ± 2,2 24 ± 1,4* 10,6 ± 5,4 20,2 ± 4,1 *

Urée (mmol/L) 0,62 ± 0,12 0,74 ± 0,04* 0,60 ± 0,03 0,68 ± 0,03* 0,59 ± 0,04 0,70 ± 0,03 *

Sodium (mmol/L) 139 ± 3 139 ± 2 137 ± 2 142 ± 2 138 ± 1 138 ± 4

Potassium (mmol/L) 6,9 ± 4,1 7,1 ± 1,1 5,9 ± 2,3 7,0 ± 1,5 7,2 ± 1,4 7,3 ± 0,9

Chlorures (mmol/L) 108 ± 1 101 ± 3* 108 ± 1 103 ± 4 110 ± 1 103 ± 3 *

Bicarbonates (mmol/L) 18,0 ± 1,2 23,2 ± 6,5* 16,4 ± 2,2 24 ± 3,8* 17,2 ± 1,5 22,2 ± 3,3 *

1 Les valeurs sont obtenues sur 25 animaux par groupe et exprimées en moyenne ± écart-type.

ALAT : alanine aminotransférase; LDH : lactate déshydrogénase; GGT : Gamma-

glutamyltransférase ; PAL : phosphatase alcaline.

* : Différence significative (P<0,05 ; ANOVA) entre les valeurs en début de gavage et en fin de

gavage pour un même groupe.

Ainsi, le gavage conduit à une augmentation significative des teneurs sériques

en protéines, triglycérides, cholestérol, créatinine, urée, chlorures et bicarbonates, ainsi

qu’une augmentation des activités alanine aminotranférase et lactate déshydrogénase.

De ce fait, bien qu’une augmentation apparente de la protéinémie, de la

cholestérolémie et des activités de l’alanine aminotransférase et de la lactate

déshydrogénase semble observée chez les animaux exposés aux fumonisines, ces

différences ne sont pas significatives (ANOVA 2 facteurs, P < 0,05).

Page 117: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

111

III.2.3. Altération des sphingolipides

Les effets de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par les fumonisines

sur les sphingolipides sériques sont rapportés dans la figure III.2.3. Après 12 jours de

gavage, une augmentation significative en fonction de la dose est constatée aussi bien

sur les teneurs en sphinganine libre que sur le rapport Sa/So. Le gavage en lui-même

ne semble pas affecter ces paramètres.

Figure III. 2.3 : Effet de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par des fumonisines sur le

rapport Sa/So (A) et les concentrations sériques en Sa (B) après 12 jours de gavage. Les valeurs sont

obtenues sur 5 animaux par groupe et exprimées en moyenne ± écart-type. (----) : percentile 90 obtenu

chez 50 animaux témoins non exposés aux mycotoxines.

* : Différence significative (ANOVA, P<0,05) entre les valeurs obtenues en fin de gavage.

De même, les effets de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par les

fumonisines sur les teneurs hépatiques en Sa et le rapport Sa/So ont été mesurés (Figure

III.2.4).

Les effets de la FB1 sur la Sa libre et le rapport Sa/So sont apparus plus

importants dans le foie que dans le sérum. Ainsi, le rapport Sa/So chez les canards

gavés avec le maïs contaminé par 20 mg FB1/kg a augmenté de 503 % dans le sérum et

de 716% dans le foie.

Comme cela avait été observé au cours des études en croissance, les effets des

fumonsines sur la sphinganine libre sont plus importants que ceux sur le rapport Sa/So,

aussi bien dans le sérum que dans le foie. Cependant, les coefficients de variation

obtenus sont inférieurs pour le rapport Sa/So par rapport à la Sa libre.

0

80

160

240

320

0 ppm 10 ppm 20 ppm

Con

cent

rati

onSa

(nm

ol/L

) J o ur 0 J o ur 12

0

1

2

3

4

0 ppm 10 ppm 20 ppm

Rap

port

Sa/S

o

J o ur 0 J o ur 12A

*

*B

*

*

Page 118: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

112

Figure III.2.4: Effet de l’ingestion du maïs naturellement contaminé par des fumonisines sur le

rapport Sa/So (A) et les concentrations hépatiques en Sa (B) après 12 jours de gavage. Valeurs

individuelles et valeur moyenne ± écart-type obtenus sur 5 animaux par groupe.

* : Différence significative (ANOVA, P<0,05).

En conclusion, les effets des fumonisines au cours du gavage semblent assez

différents de ceux observés en croissance :

- diminution du poids du foie au cours du gavage alors qu’une augmentation

était observée sur les animaux en croissance,

- pas d’effet significatif sur les paramètres biochimiques traditionnels en raison

d’une altération de ces paramètres du fait du gavage lui-même.

Néanmoins, dans tous les cas, une altération des sphingolipides peut être mise

en évidence. La sphinganine libre est plus affectée que le rapport Sa/So, mais les

variations individuelles sont plus importantes. Un effet significatif sur ces paramètres

semble détectable dès la distribution d’un aliment contaminé à hauteur de 10 mg/kg.

Cet effet précède la survenue de pertes économiques.

0,0

0,5

1,0

1,5

2,0

2,5

0 1 2 3 4

Rap

port

Sa/S

o

0 ppm 10 ppm 20 ppm0,0

0,6

1,2

1,8

2,4

3,0

0 1 2 3 4

Con

cent

ratio

nSa

(nm

ol/g

)

0 ppm 10 ppm 20 ppm

A B

*

*

**

Page 119: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

113

III.3. Toxicité chronique

Comme cela a été précisé dans la partie Matériels et Méthodes (cf. page 81), les

études de toxicité chronique ont été réalisées en deux étapes. Avant de présenter les

résultats obtenus, nous allons effectuer une analyse statistique des paramètres

communs à ces deux expérimentations afin de démontrer qu’elles peuvent être

considérées comme similaires, et qu’il est donc possible de présenter leurs résultats de

manière juxtaposée.

III.3.1. Comparaison des 2 protocoles

Une ANOVA à deux facteurs (facteur 1 : étude, facteur 2 : dose de toxine) à été

réalisée. Le plus souvent, le facteur « étude » s’est révélé non significatif (P<0,05).

Quand un effet « étude » significatif a été obtenu, une comparaison deux à deux des

différents lots ayant reçu la même dose de toxine a été réalisé (ANOVA à 1 facteur,

P<0,05).

III.3.1.1.Effets sur la croissance

Les effets des fumonisines sur la croissance au cours des deux études sont

donnés dans le Tableau III.3.1. Aucune différence significative liée au facteur « étude »

n’a été observée à J0, J7 et J21. Dans les cas de J14, bien qu’une différence significative

liée à l’étude ait été observée, une comparaison deux à deux des différents lots ayant

reçu la même dose de toxine n’a pas révélé d’effet (ANOVA à 1 facteur, P>0,05). Nous

en avons conclu que les différences observées dans l’ANOVA à 2 facteurs pouvaient

être considérées comme mineures et ne devaient pas largement entacher la suite des

résultats. Dans le cas de J28, une différence significative liée à l’étude a été observée.

Une comparaison deux à deux des différents lots ayant reçu la même dose de toxine a

révélé une différence significative pour les seuls lots témoins. Comme précédemment,

nous pouvons en conclure que ces différences entre études sont mineures et qu’elles ne

devraient pas grandement entacher la signification des effets des fumonisines.

Page 120: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

114

Tableau III.3.1 : Comparaison des effets de la FB1 sur la croissance au cours des deux études.

Poids vifs (gramme) (M ± SE) Temps (jour) Dose

(mg FB1/kg) Protocole 3a1 Protocole 3b2P* Significatif

(P<0,05)

0 0 144 ± 3 143 ± 2 P=0,73654 Non 0 460 ± 15 433 ± 20 2 451 ± 23 427 ± 24 8 452 ± 23 435 ± 26

32 422 ± 22 408 ± 21 7

128 331 ± 31 336 ± 24

P=0,37314 Non

0 901 ± 32 1003 ± 30 P=0,05466 Non 2 925 ± 33 907 ± 94 P=0,83339 Non 8 904 ± 41 995 ± 51 P=0,19071 Non

32 816 ± 54 885 ± 81 P=0,46995 Non

14

128 583 ± 70 774 ± 57 P=0,07288 Non 0 1437 ± 48 1641 ± 65 2 1438 ± 68 1636 ± 102 8 1482 ± 66 1581 ± 93

32 1188 ± 152 1351 ± 224 21

128 958 ± 146 1041 ± 208

P=0,05114 Non

0 1954 ± 57 2230 ± 73 P=0,01256 Oui 2 1886 ± 157 2165 ± 48 P=0,20206 Non 8 2066 ± 84 2177 ± 68 P=0,37594 Non

32 1636 ± 188 1892 ± 206 P=0,39447 Non 28

128 1337 ± 178 1575 ± 250 P=0,41410 Non

* : Quand un effet « étude » significatif a été obtenu (ANOVA à 2 facteurs, P<0,05), une

comparaison des lots ayant reçu la même dose de toxine a été réalisé (ANOVA à 1 facteur, P<0,05). 1 Les valeurs sont obtenues sur 5 animaux par groupe et exprimées en moyennes ± écart-types. 2 Les valeurs sont obtenues sur 8 animaux par groupe et exprimées en moyennes ± écart-types.

III.3.1.2.Effets sur les paramètres biochimiques et le rapport Sa/So

Les effets des fumonisines sur les paramètres biochimiques et le rapport Sa/So

au jour 21 de traitement des deux études sont présentés dans le Tableau III.3.2. La

réalisation d’une ANOVA à deux facteurs (facteur étude et facteur dose de fumonisine)

n’a révélé une différence significative (P<0,05) que dans le cas des protéines totales. Une

ANOVA à 1 facteur, a montré qu’une différence significative entre groupes recevant la

même dose de toxine n’était obtenue qu’à la dose de 2 mg de FB1/kg d’aliment/jour. Le

caractère unique de cette différence ainsi que l’absence de différence significative

observée entre le lot recevant 2 de FB1/kg d’aliment/jour et le lot témoin nous

conduisent à estimer que là encore, les deux études peuvent être considérées comme

juxtaposables.

Page 121: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

115

Tableau III.3.2 : Effets de la FB1 sur les paramètres biochimiques et le rapport Sa/So au jour 21 de

traitement des deux études.

Paramètre Dose (mg FB1/kg) Protocole 3a1 Protocole 3b2 P* Significatif

(P<0,05) 0 34 ± 1 32 ± 1 P=0,20003 Non 2 34 ± 0 30 ± 1 P=0,00130 Oui 8 33 ± 1 32 ± 1 P=0,74063 Non

32 41 ± 1 38 ± 3 P=0,12847 Non

Protéines (mg/l)

128 48 ± 1 44 ± 1 P=0,15675 Non 0 4,2 ± 0,1 4,5 ± 0,2 2 4,5 ± 0,3 4,7 ± 0,2 8 4,4 ± 0,3 4,8 ± 0,4

32 6,0 ± 0,4 6,6 ± 0,5

Cholestérol (mmol/l)

128 10,6 ± 0,6 9,6 ± 0,6

P=0,52692 Non

0 244 ± 14 251 ± 13 2 219 ± 06 271 ± 17 8 291 ± 08 281 ± 33

32 433 ± 31 401 ± 29

Phosphatase Alcaline

(u/l) 128 677 ± 37 718 ± 3

P=0,47715 Non

0 1469 ± 070 1389 ± 97 2 1646 ± 70 1468± 129 8 2363 ± 103 1419 ± 114

32 2653 ± 143 2360 ± 438

Lactate

déshydrogénase (u/l)

128 7133 ± 159 7045± 1907

P=0,21699 Non

0 20 ± 1 18 ± 4 2 19 ± 2 17 ± 1 8 26 ± 1 19 ± 2

32 31 ± 3 33 ± 14

Aspartate aminotransférase

(u/l) 128 65 ± 3 70 ± 7

P=0,73161 Non

0 41 ± 2 39 ± 5 2 41 ± 1 37 ± 3 8 49 ± 1 41 ± 4

32 62 ± 1 53 ± 9

Alanine

aminotransférase(u/l)

128 75 ± 4 70 ± 17

P=0,08527 Non

0 0,20 ± 0,03 0,23 ± 0,02 2 0,27 ± 0,03 0,29 ± 0,03 8 0,56 ± 0,03 0,71 ± 0,02

32 1,33 ± 0,1 1,42 ± 0,17

Rapport Sa/So

128 3,80 ± 0,52 3,16 ± 0,30

P=0,96807

Non

* : Quand un effet protocole significatif a été obtenu, une comparaison deux à deux des différents

lots ayant reçu la même dose de toxine a été réalisé (ANOVA à 1 facteur, P<0,05). 1 Les valeurs sont obtenues sur 5 animaux par groupe et exprimées en moyennes ± écart-types. 2 Les valeurs sont obtenues sur 8 animaux par groupe et exprimées en moyennes ± écart-types.

III.3.1.3. Conclusion

Les deux études peuvent être considérées comme juxtaposables. Les résultats

ultérieurs vont être présentés comme s’ils avaient été obtenus à partir d’une étude

unique.

Page 122: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

116

0

1

2

3

4

5

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Poid

svi

fs(k

g)

0 mg/kg d'aliment (0) 2 mg/kg d'aliment (1) 8 mg/kg d'aliment (2)

32 mg/kg d'aliment (3) 128 mg/kg d'aliment (4)

a 0,1,2,3

b 4

a 0,2

a 0,1,2,3

b 4

b 4

a 0,1,2

ab 3

b 4

a 0,1,2

b 3,4

b 3,4

a 0,1,2 bc 3

a 0,1,2

b 4

NS NSa 0,1,2

NS

ab 3

ab 1 c 4

ab 3

III.3.2. Effets sur la santé

III.3.2.1. Mortalité et Performance

Aucune mortalité et aucun signe de mycotoxicose n’a été observé tout au long

de l‘étude, en dehors d’une diminution transitoire du poids corporel observée dans le

lot recevant 128 mg/kg d’aliment de FB1 (Figure III.3.1 et II.3.2).

Figure III.3.1 : Effets sur la croissance de l’administration quotidienne de FB1 chez des canards

recevant 0 mg/kg/jour (à gauche) et 128 mg FB1/kg d’aliment (à droite) à 14 (A) et 35 (B) jours de

traitement (21 et 42 jours de croissance).

Figure III.3.2 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur le poids vif 1*.1 Valeurs présentées sous la forme des moyennes ± erreurs standard obtenues sur 8 canards par

groupe.

* Quand des différences significatives ont été observées (ANOVA, P<0,05), une comparaison

individuelle des moyennes a été effectuée (Test de Tukey, P<0,05). Les groupes homogènes (P <0,05) ont

été identifiés par une lettre : a, b, c. NS : Différence non significative.

A B

Page 123: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

117

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jours)

Cro

issa

nce

(kg)

0 mg/kg d'aliment (0) 2 mg/kg d'aliment (1) 8 mg/kg d'aliment (2)

32 mg/kg d'aliment (3) 128 mg/kg d'aliment (4)

a 0,1,2,3

b 4

NS

a 0,1,2,4

b 3

a 0

ab 1,2,3

b 4

NS

a 0,1,2,3

NS

NS NS

NS

b 4

a 0,1,2,3

b 4

Les effets d’une exposition chronique aux fumonisines dans l’aliment sur le

poids corporel sont présentés dans la figure III.3.2. Une diminution significative du

poids vifs est observée chez les canards recevant 128 mg de FB1/kg d’aliment du jour 7

au jour 63. Cet effet a aussi été observé de J28 à J63 chez les canards recevant 32 mg de

FB1/kg d’aliment.

Ces différences sont associées à des différences de gain de poids corporel

(Figure III.3.3). Une diminution significative (P<0,05) du gain de poids corporel est

observée à J7 et J14 pour les canards recevant 128 mg de FB1/kg d’aliment, alors qu’une

augmentation est observée à J63 et J70 pour ces même animaux.

Figure III.3.3 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur le gain de poids 1*.1 Valeurs présentées sous la forme des moyennes ± erreurs standard obtenues sur 8 canards par

groupe.

* Quand des différences significatives ont été observées (ANOVA, P<0,05), une comparaison

individuelle des moyennes a été effectuée (Test de Tukey, P<0,05). Les groupes homogènes (P <0,05) ont

été identifiés par une lettre : a, b, c. NS : Différence non significative.

La consommation moyenne quotidienne d’aliment est présentée dans la figure

III.3.4. Aucune différence majeure entre lots ne semble observable. Tout au plus, il est

possible de suggérer une chute de consommation en début de croissance sur le lot

recevant 128 mg/kg d’aliment de FB1, compensée par une plus forte consommation en

fin d’étude.

Page 124: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

118

0,00

0,08

0,16

0,24

0,32

7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traiement (jours)

Con

som

mat

ion

(kg)

0 mg de FB1/kg d'aliment 2 mg de FB1/kg d'aliment 8 mg de FB1/kg d'aliment

32 mg de FB1/kg d'aliment 128 mg de FB1/kg d'aliment

Figure III.3.4 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur la consommation moyenne1

d’aliment. 1 Moyennes obtenues sur 8 canards par groupe.

III.3.1.2. Poids relatif des organes

Les effets d’une exposition pendant 77 jours à la fumonisine B1 sur les poids

relatifs du coeur, du muscle pectoral, du gésier et de la rate sont donnés dans le Tableau

III.3.3. Aucun effet significatif n’a pu être observé sur cœurs et muscles pectorals. En

revanche, la toxine semble augmenter le poids de la rate dès 2 mg/kg dans l’aliment et

le poids des gésiers à partir de 8 mg/kg (P>0.05).

Tableau III.3.3: Effets de la FB1 sur le poids relatif du coeur, muscle pectoral, gésier, de la rate

et du foie chez les canards après 77 jours 1 de traitement.

Coeur Muscle pectoral Gésier Rate Dose

(mg FB1 /kg) (g/kg poids vifs)

0 8,27 ± 0,38a 64,24 ±2,28a 24,05 ± 0,82a 0,43 ± 0,04a

2 8,15 ± 0,18a 62,06 ± 1,38a 23,70 ± 0,99a 0,44 ± 0,04ab

8 8,35 ± 0,18a 64,38 ± 0,75a 24,85 ± 1,12ab 0,46 ± 0,03ab

32 8,14 ± 0,11a 61,14 ± 1,41a 26,55 ± 1.36ab 0,61 ± 0,04b

128 8,26 ± 0,33a 61,40 ± 2,12a 29,16 ± 1,61b 0,59 ± 0,05b

1 Moyennes ± erreurs standard obtenues sur 8 canards par groupe.

Quand des différences significatives ont été observées (ANOVA, P<0.05), la comparaison

individuelle entre les moyennes a été effectuée (Test de Tukey, P<0.05). Les groupes statistiquement

homogènes (P <0.05) ont été identifiés par une lettre : a, b, c.

Page 125: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

119

L’effet de la fumonisine B1 sur le poids du foie est présenté dans la Figure III.3.5.

Un effet significatif sur le poids absolu du foie n’a été trouvé que chez les animaux

recevant 128 mg/kg d’aliment au jour 14 de traitement. Par contre, le poids relatif du

foie des animaux recevant 128 mg/kg d’aliment est significativement plus élevé quel

que soit le jour de traitement.

Figure III.3.5 : Effet de l’administration quotidienne de FB1 sur le poids du foie1. A : poids

absolu, B : poids relatif. 1Valeurs moyennes ± erreurs standard sur 5 (J0 à J35) ou 8 (J77) canards par groupe.

* Différences significatives (ANOVA, P<0,05).

III.3.2.2. Histologie

Quel que soit l’aliment distribué aucune lésion macroscopique n'a été observée

à l'autopsie des animaux. Les examens histologiques des foies ont été réalisés. Une

illustration des effets observés est donnée dans les figures III.3.6 et III.3.7.

Chez les témoins, à J0, les animaux sont âgés de 7 jours, le foie est riche en

graisse et glycogène, les noyaux des hépatocytes sont repoussés à la périphérie (Figure

III. 3.6). Entre J7 et J14, les capillaires sinusoïdes sont plus larges, les noyaux des

hépatocytes sont centrés et il y a de moins en moins de lipides ou de glycogènes dans le

cytoplasme. A J28, les hépatocytes sont intimement associés à la charpente des

sinusoïdes, l’organisation en travées est nettement visible.

0

2 5

5 0

7 5

0 7 14 2 1 2 8 3 5 4 2 4 9 5 6 6 3 7 0 7 7

Durée de traitement (jour)

Poid

sdu

Foie

(g)

0 mg/ kg d' a lime nt 2 mg/ kg d'a lime nt

8 mg/ kg d'a lime nt 32 mg/ kg d'a lime nt

128 mg/ kg d' a lime nt

0

2 5

5 0

7 5

0 7 14 2 1 2 8 3 5 4 2 4 9 5 6 6 3 7 0 7 7

Durée de traitement (jour)

Poid

sre

lati

f(g/

kgPo

ids

vifs

)

0 mg/ kg d' a lime nt 2 mg/ kg d'a lime nt

8 mg/ kg d' a lime nt 32 mg/ kg d'a liment

128 mg/ kg d'a lime nt

A

B

*

***

*

*

Page 126: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

120

Chez des canetons recevant 128 mg de FB1/kg d’aliment, la surcharge en graisse

et glycogène observable à J0 a disparu à J7, comme chez les témoins. En revanche, un

certain nombre d’hépatocytes semblent s’agencer de manière à former une structure en

tubes ou acini. A J14, le nombre et le diamètre des tubes est plus important. A J28, on

note encore quelques tubes, mais avec une quantité et un diamètre moins important

(Figure III.3.7). Après 77 jours d’exposition aucune différence entre témoins et traités ne

peut être observée.

Page 127: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

121

Figure III.3.6 : Coloration Giemsa (X400) : Evolution de l’organisation hépatique chez des canetons entre J0 à J28 de traitement (7 et 35 jours d’âge).

Jour 0 Jour 7

Jour 14 Jour 28

Page 128: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

122

Figure III.3.7 : Coloration Giemsa (X400) : Evolution de l’organisation hépatique chez des canetons recevant 128 mg FB1/kg d’aliment pendant 28 jours de

traitement. Noter l’agencement en tubes ou acini des hépatocytes (les flèches).

Jour 28Jour 14

Jour 7Jour 0

Page 129: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

123

III.3.3. Altérations biochimiques

Les effets de la FB1 sur la protéinémie (PRO) et la cholestérolémie (CHO) ainsi

que sur les activités de la phosphatase alcaline (PAL), de la lactate déshydrogénase

(LDH), de l’alanine aminotransférase (ALAT), de l’aspartate aminotransférase (ASAT)

sont présentés dans la Figure III.3.8 et la Figure II.3.9.

Pour l’ensemble de ces paramètres, aucune différence significative entre les

canards recevant 0, 2 et 8 mg de FB1/kg d’aliment n’a pu être observée. Par contre, tous

ces paramètres sont significativement augmentés pour les canards recevant 128 mg de

FB1/kg d’aliment, sauf l’ASAT à J70 et J77. A la dose de 32 mg de FB1/kg d’aliment, les

effets dépendent du jour de traitement. La protéinémie a significativement été

augmentée à J21, J49 et J70, la cholestérolémie de J7 à J28, l’activité de la LDH à J7, J14 et

J42, celle de l’ALAT à de J7 à J21, et celle de l’ASAT à J21, J49 ; l’activité des PAL a

toujours été supérieure à celle des témoins.

Page 130: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

124

Figure III.3.8 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours à des canards sur la concentration sérique en protéines (PRO) et cholestérol

(CHO). Les données sont présentées sous la forme moyenne ± erreur standard obtenues pour un groupe de 5 animaux * : Différence significative entre les groupes

(ANOVA, P<0,05). (----) : percentile 90 obtenu chez 500 animaux témoins non exposés aux mycotoxines.

20

30

40

50

60

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Prot

éine

s (m

g/L)

0 mg de FB1/kg d'a liment 2 mg de FB1/kg d'a liment8 mg de FB1/kg d'a liment 32 mg de FB1/kg d'a liment128 mg de FB1/kg d'a liment

2,0

6,0

10,0

14,0

18,0

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Cho

lest

érol

(mm

ol/L

)

0 mg de FB1/kg d'a liment 2 mg de FB1/kg d'a lime nt8 mg de FB1/kg d'a liment 32 mg de FB1/kg d'a liment128 mg de FB1/kg d'a liment

**

** *

* * **

*

*

*

**

**

*

**

* * * * * ** *

* *

*

Page 131: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

125

Figure III.3.9 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours à des canards sur la les activités sériques de la phosphatase alcaline (PAL), du

lactate déhdrogénase (LDH), de l’alanine aminotransférase (ALAT) et de l’aspartate aminotransférase (ASAT). Les données sont présentées sous la forme moyenne

± erreur standard obtenues pour un groupe de 5 animaux * : Différence significative entre les groupes (ANOVA, P<0,05). (----) : percentile 90 obtenu chez 500

animaux témoins non exposés aux mycotoxines.

0

250

500

750

1000

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77Durée de traitement (jour)

PAL

(u/L

)0 m g de F B 1/kg d'a lim e nt 2 m g de F B 1/kg d'a lim e nt8 m g de F B 1/kg d'a lim e nt 32 m g de F B 1/kg d'a lim e nt128 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt

0

3000

6000

9000

12000

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77Durée de traitement (jour)

LDH

(u/L

)

0 m g de F B 1/kg d'a lim e nt 2 m g de F B 1/kg d'a lim e nt8 m g de F B 1/kg d'a lim e nt 32 m g de F B 1/kg d'a lim e nt128 m g de F B 1/kg d'a lim e nt

**

*

* *

*

*

*

**

** *

*

***

**

**

*

**

**

**

***

**

*

*

*

0

40

80

120

160

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

ASA

T (u

/L)

0 m g de F B 1/k g d 'a lim e nt 2 m g de F B 1/k g d 'a lim e nt

8 m g de F B 1/k g d 'a lim e nt 32 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt

12 8 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt

0

30

60

90

120

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Dur ée de traitem ent (jour)

ALA

T (u

/L)

0 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt 2 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt

8 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt 32 m g de F B 1/k g d 'a lim e nt

128 m g de F B 1/kg d 'a lim e nt

*

*

* *

**

**

*

*

*

*

**

**

* ** *

***

**

Page 132: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

126

III.3.4. Altérations des sphingolipides

Les effets de la FB1 sur les concentrations en sphingosine (So), sphinganine (Sa)

et le rapport Sa/So obtenus dans le sérum, le foie et le rein sont respectivement

présentés dans les figures III.3.10, III.3.11 et III.3.12. Les effets observés dépendent de la

dose à laquelle les animaux ont été exposés. Il est également intéressant de remarquer

que, pour l’ensemble des tissus explorés, l’effet maximum de la FB1 sur la concentration

en Sa et le rapport Sa/So est obtenu au 7ème jour de traitement. Ensuite, la concentration

en Sa et le rapport Sa/So vont diminuer entre J7 jusqu’à J28. Entre J35 et J77 l’évolution

des concentrations dépendra des tissus.

III.3.4.1.Sérum

Concernant le sérum, bien que la concentration en Sa et le rapport Sa/So soient

toujours plus élevés chez les canards recevant 128 mg FB1/kg d’aliment que chez les

témoins, une diminution très forte de ces paramètres a été obtenue entre J7 et J28. Entre

J35 et J77 la diminution est beaucoup plus modérée. A J77, la concentration en Sa ne

représente plus que 15% de ce qu’elle était à J7.

En utilisant 32 mg FB1/kg d’aliment, l’allure générale des courbes est la même.

Des différences significatives par rapport aux témoins sont observées de J7 à J42 puis à

J56, J70 et J77 pour la concentration en Sa et de J7 à J42 puis de J56 à J77 pour le rapport

Sa/So. À la dose de 8 mg FB1/kg d’aliment, une augmentation significative du rapport

Sa/So est observée entre J7 et J35 et à J77. À la dose de 2 mg FB1/kg d’aliment, une

augmentation significative de la concentration en Sa et du rapport Sa/So n’est observée

qu’à J7 et J14 (Figure III.3.10).

La concentration en So est généralement inférieure chez les ainimaux traités par

rapport aux témoins. Des différences significatives sont obtenues de J7 à J42 chez les

animaux recevant une dose supérieure ou égale à 8 mg FB1/kg d’aliment et de J49 à J77

chez les animaux recevant 128 mg FB1/kg d’aliment. Chez les témoins et les traités à la

dose de 2 mg FB1/kg d’aliment, la concentration en So est comprise entre 100 et 250

nmol/L de sérum.

Page 133: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

127III.3.4.2.Foie

En ce qui concerne le foie, l’administration de la FB1 à 8, 32 et 128 mg/kg

d'aliment/jour a entraîné une augmentation de la concentration en Sa et du rapport

Sa/So quel que soit le jour de traitement. Chez les oiseaux recevant 2 mg/kg

d'aliment/jour, une augmentation significative de ces paramètres n’est observée qu’à J7,

J14 et J21.

Comme pour le sérum, une diminution forte de la concentration en Sa et du

rapport Sa/So a été observée entre J7 et J21, spécialement en utilisant 32 et 128 mg de

FB1/kg d'aliment/jour (Figure III.3.11). Toutefois, passé J21, les effets semblent se

stabiliser. A J77, la teneur en Sa représente encore 55% de ce qu’elle était à J7.

A l’inverse de ce qui était observé dans le sérum, les teneurs en So dans le foie

vont augmenter tout au long de l’étude. Cette observation confirme que la décroissance

observée dans le rapport Sa/So entre J21 et J77 n’est pas liée à une diminution des

teneurs en Sa mais une augmentation des teneurs en So. Toutefois, aucune différence

entre témoins et traités n’est observée quelque soit le jour de traitement.

III.3.4.3.Reins

Concernant les reins, l’administration de FB1 à 8, 32 et 128 mg/kg

d'aliment/jour a conduit à une augmentation de la concentration en Sa et une

augmentation du rapport Sa/So pour tous les jours de traitement (Figure III.3.12).

A l’inverse de ce qui avait été constaté pour le foie, et surtout le sérum, la

décroissance de la teneur en Sa (et donc du rapport Sa/So) n’est que très modérée. A

J77, les teneurs en Sa chez les animaux ayant reçu 128 mg FB1/kg d'aliment représentent

encore 92% de celle observée à J7.

Comme pour le foie, les teneurs en So augmentent, de façon modérée au cours

du temps. A l’invers du sérum, la concentration en So est généralement supérieure chez

les animaux traités par rapport aux témoins. Ces différences sont toujours significatives

quelle que soit la dose de FB1 administrée.

Page 134: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

128

Figure III.3.10 : Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours à des canards sur les concentrations sériques en So, Sa et le rapport

Sa/So. Les données sont présentées sous la forme moyenne ± erreur standard obtenues pour un groupe de 5 animaux.

* : Différence significative entre les groupes (ANOVA, P<0,05). (----) : percentile 90 obtenu chez 50 animaux témoins non exposés aux mycotoxines.

0

100

200

300

400

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Duréé de traitement (jour)

Con

cent

ratio

n en

So

(nm

ol/L

séru

m)

0 mg/ kg d'a lime nt 2 mg/ kg d'a liment 8 mg/ kg d'a liment

32 mg/ kg d'a liment 128 mg/ kg d'a liment

**

*

*

*

**

**

**

**

** *

**

**

* ** *

0,00

2,00

4,00

6,00

8,00

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Rap

port

Sa/

So

0 mg/ kg d'a liment 2 mg/ kg d'a liment 8 mg/ kg d'a liment

32 mg/ kg d'a lime nt 128 mg/ kg d'a liment

*

***** **

*

*

**

**

**

*

*

**

** *

**

** * *

0

150

300

450

600

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Con

cent

ratio

n en

Sa

(nm

ol/L

séru

m)

0 mg/ kg d'a liment 2 mg/ kg d'a liment 8 mg/ kg d'a liment

32 mg/ kg d'a liment 128 mg/ kg d'a liment*

* *

*

*

*

*

*

*

*** *

*

**

***

**

***

Page 135: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

129

Figure III.3.11: Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours à des canards sur les concentrations hépatiques en So, Sa et le

rapport Sa/So. Les données sont présentées sous la forme moyenne ± erreur standard obtenues pour un groupe de 5 animaux. * : Différence significative entre les

groupes (ANOVA, P<0,05).

0

5

10

15

20

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Con

cent

rati

on e

n So

(nm

ol/g

)

0 m g/ kg d'a lim e nt 2 m g/ kg d'a lim e nt 8 m g/ kg d'a lim e nt

32 m g/ kg d'a lim e nt 128 m g/ kg d'a lim e nt

0

15

30

45

60

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Con

cent

rati

on e

n Sa

(nm

ol/g

)

0 m g/ kg d'a lim e nt 2 m g/ kg d'a lim e nt 8 m g/ kg d'a lim e nt

32 m g/ kg d'a lim e nt 128 m g/ kg d'a lim e nt

**

**

*

*

** *

**

**

*** * *

0

2

4

6

8

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Rap

port

Sa/

So0 m g/ kg d'a lim e nt 2 m g/ kg d'a lim e nt 8 m g/ kg d'a lim e nt

32 m g/ kg d'a lim e nt 128 m g/ kg d'a lim e nt

****

*

*

*

*

*

*

*

*

*

*** * *

Page 136: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

130

Figure III.3.12: Effets de la FB1 administrée quotidiennement par VO pendant 77 jours à des canards sur les concentrations rénales en So, Sa et le rapport

Sa/So. Les données sont présentées sous la forme moyenne ± erreur standard obtenues pour un groupe de 5 animaux. * : Différence significative entre les groupes

(ANOVA, P<0,05).

0

3

6

9

12

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Con

cent

ratio

n en

So

(nm

ol/g

) 0 mg/ kg d'a liment 2 mg/ kg d'a liment 8 mg/ kg d'a liment

32 mg/ kg d'a liment 128 mg/ kg d'a lime nt

0

8

16

24

32

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Con

cent

ratio

n en

Sa

(nm

ol/g

)

0 mg/ kg d'a liment 2 mg/ kg d'a liment 8 mg/ kg d'a liment

32 mg/ kg d'a liment 128 mg/ kg d'a liment

0

2

4

6

8

0 7 14 21 28 35 42 49 56 63 70 77

Durée de traitement (jour)

Rap

port

Sa/

So

0 mg/ kg d'a liment 2 mg/ kg d'a lime nt 8 mg/ kg d'a liment

32 mg/ kg d'a lime nt 128 mg/ kg d'a liment

**

*

**

* **

*

*

**

*

*

*

*

**

*

*

**

**

*

*

*

*

*

*

*

*

**

**

**

**

* *

*

****

*

Page 137: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

131

III.3.4.4.Correlation Sa/So Sérum/tissus

L’observation des différentes cinétiques dans rapport Sa/So dans le sérum et les

tissus nous a conduit à explorer par corrélation quel organe pouvait avoir le plus

d’importance dans la détermination des teneurs circulantes en sphingolipides (Figure

III.3.13).

Une bonne corrélation (R² = 0,786) a été obtenue entre le rapport Sa/So dans le

sérum et le foie tandis que la corrélation entre le rapport Sa/So dans le sérum et le rein

était moins importante (R² = 0,595).

Figure III.3.13. Corrélation entre le rapport Sa/So obtenu dans le sérum, le foie (A) et le rein (B)

chez les canards recevant quotidiennement de la FB1 pendant 77 jours (les doses utilisées et les temps

analysés sont présentés dans partie matériel et méthodes).

III.3.4.5. Relation entre la durée de traitement et le rapport Sa/So

La relation entre les doses cumulées de FB1 administrées et le rapport Sa/So

dans le sérum est présentée dans la Figure III.3.14.

Cette analyse révèle que l'effet de la FB1 sur le rapport Sa/So est plus important

quand la toxine est administrée sur une courte période (de 7 à 21 jours) que lorsqu’elle

est administrée sur une durée plus longue (42 à 77 jours).

Sa/So du foie Sa/So du rein

Page 138: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

132

Par exemple, le rapport Sa/So moyen passe de 0,8 à 2,5 et à 6,7 chez les canards

recevant respectivement 3,4, 13,7 et 54,7 mg FB1/kg/jour quand la toxine est

administrée sur une période de 7 jours. Cette augmentation est forte et linéaire

(R2=0,9882). Quand la toxine est administrée sur une période de 49 jours, ce rapport

passe de 0,25 à 0,51 pour une dose cumulée de 15 à 365 mg de FB1/kg. Bien que cette

augmentation soit toujours linéaire (R2=0,9551), elle est nettement faible et ce d’autant

que la dose cumulée ingérée est dix fois plus forte.

Figure III.3.14 : Relation entre les doses cumulées de FB1 administrées et la concentration en Sa (A)

et le rapport Sa/So (B) dans le sérum.

Rap

port

Sa/S

o

0

1

2

3

4

5

6

7

8

0 250 500 750 1000 1250 1500 1750 2000

J7

J14

J21

J28

J35

J42

J49

J56

J63

J70

J77

0

100

200

300

400

500

600

0 250 500 750 1000 1250 1500 1750 2000

J7

J14

J21

J28

J35

J42

J49

J56

J63

J70

J77

Con

cent

ratio

nen

Sa

FB1, dose cumulée (mg/kg poids vif)

A B

Page 139: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

133

Partie IV. DISCUSSION

Page 140: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

134

En France, une enquête sur le maïs a montré que 67% des échantillons étaient

contaminés par Fusarium verticillioides. Parmi ces souches, 80% ont la capacité de

produire des niveaux élevés de FB1 dans des conditions de laboratoire [22]. Différentes

études conduites chez les oiseaux rapportent une réduction du poids vif et une

altération de l’indice de consommation alimentaire lors d’ingestion de fortes doses (100-

300mg FB1/kg d’aliment). Néanmoins, peu d’études existent chez les palmipèdes, qui

constituent pourtant la production la plus exposée. De même, les effets des faibles doses

sont mal caractérisés chez les volailles. L’objectif principal des travaux présentés est la

recherche de biomarqueurs d’exposition et d’effet des fumonisines chez les palmipèdes.

Cet objectif est poursuivi par la réalisation de différents protocoles établis en vue de :

- caractériser des biomarqueurs grâce à une étude de toxicité sub-aigue à forte

dose,

- préciser la signification de ces biomarqueurs dans les conditions de gavage,

- déterminer leur validité dans des conditions d’exposition chronique à

différents niveaux de contamination comparables à la réalité.

Afin d’éviter un certain nombre de répétitions les résultats de ces différents

protocoles vont être discutés de façon globale, en relation avec les effets observés.

IV.1. Effets sur la santé

Aucune mortalité et aucune manifestation clinique de mycotoxicose n’ont été

observées chez les canards au cours de nos différentes études, quelle que soit la dose

administrée ou la durée de traitement. Ces observations sont en accord avec les études

réalisées sur poulets et dindes recevant 50 - 300 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 jours

[149, 157] et sur canetons recevant 0,575-1,145 mg FB1/kg d’aliment pendant 2 jours

[164]. La faible mortalité observée chez les palmipèdes gras au cours du gavage à la

dose de 20 mg FB1/kg d’aliment n’a pas été considérée comme significative car un taux

de 5% de mortalité est considéré comme habituel au cours de cette production.

Signalons que des cas de mortalité ont été rapporté dans certaines études réalisées chez

les poules pondeuses recevant 8,5 – 100 mg FB1/kg d’aliment pendant 15 – 504 jours,

chez les poulets, les dindes et les canetons recevant respectivement 300, 200 – 300 et 100

Page 141: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

135

– 400 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 jours [146, 147, 153, 154, 156, 160, 294]. Les

différences de mortalité observées selon les études chez les poulets et les dindes sont

difficiles à interpréter. Elles pourraient être dues à des différences de sensibilité de

souche ou plus vraisemblablement une contamination complexe des aliments par

plusieurs fumonisines et/ou fusariotoxines. Nos études réalisées à fortes doses ayant été

effectuées à l’aide de FB1 partiellement purifiée, les risques de polycontamination sont

écartés.

Concernant les performances des animaux, une diminution du poids vif (PV) et

du gain quotidien a été trouvé chez les canards recevant 15-45 mg FB1/kg PV/jour. De

même, le PV et le gain quotidien ont été fortement affectés par la FB1 du J7 au J63 à la

dose de 128 mg FB1/kg d’aliment. Ce résultat est en accord avec différentes études qui

ont rapporté une réduction du PV chez les poulets et les dindes recevant respectivement

plus de 50 et 75 mg FB1/kg d’aliment durant 21 jours [17, 51, 52, 152, 155, 294]. On

retrouve les mêmes effets chez des cailles pondeuses recevant 10 mg FB1/kg d’aliment

pendant 140 jours [159]. L'effet de la FB1 sur le PV ne peut pas être expliqué par un refus

d'alimentation car dans notre cas les canards ont reçu quotidiennement la FB1 par

intubation, et aucune différence majeure entre lots sur la consommation moyenne

quotidienne n’est observable.

En revanche, après 70 jours de traitement, il n'y a plus de différence significative

entre le PV des témoins et des canards traités. Cette observation est en accord avec les

résultats obtenus lors d’études précédentes à long terme chez des poules pondeuses

recevant jusqu’à 200 mg FB1/kg d’aliment durant 420 jours [153], chez les poulets

recevant 25 et 50 mg FB1/kg d’aliment pendant 49 jours [152] et chez les dindes recevant

50 – 75 mg FB1/kg d’aliment pendant 98 jours et 126 jours [152, 295]. L’absence d’effet

sur le PV observé après exposition chronique à la FB1 par rapport à une exposition

subaiguë est difficile à expliquer. Elle peut être liée à une adaptation des oiseaux à la

toxine ou bien à une moindre sensibilité des adultes par rapport aux jeunes. Cette

dernière hypothèse est renforcée par la diminution significative de PV décrites chez des

canetons recevant 200 – 400 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 jours [160].

Concernant le poids des organes, l’augmentation du poids relatif du gésier des

canards recevant quotidiennement 32-128 mg FB1/kg d’aliment pendant 77j est en

accord avec des données obtenues chez les poulets et les dindes recevant des rations

Page 142: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

136

contenant de la FB1 [52, 154, 157, 296]. Une hypothèse évoquant des propriétés irritantes

de l'aliment contenant des mycotoxines a été proposée [297]. Cette explication n’est pas

satisfaisante dans notre étude car la FB1 a été administrée sous forme d’extrait

partiellement purifié de matériel de culture. De plus, lors de l’abattage, la muqueuse du

gésier n'a indiqué aucun signe d'irritation.

De manière générale, l’effet de la FB1 sur le poids des foies est lié à la dose

administrée. Cependant, il dépend aussi de l’âge des animaux et/ou de la durée de

traitement. En effet, chez les canards en croissance recevant 5, 15 et 45 mg de FB1/kg

PV, des augmentations du poids relatif du foie ont été respectivement de 29, 36 et 48%.

De même, chez les canards recevant 128 mg/kg d’aliment, une augmentation

significative du poids relatif du foie par rapport aux témoins, a été observée à 7, 14, 21,

28 et 77j de traitement. Ce résultat est en accord avec d’autres études chez les poulets

recevant plus de 100 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 jours [17, 51, 52, 146], les dindes

recevant plus de 75 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 ou 126 jours [154-157, 295, 298] et

des canetons recevant 200 - 400 mg FB1/kg d’aliment pendant 21 jours [160]. Cette

augmentation du poids relatif du foie pourrait être liée à une altération du métabolisme

des lipides ou à une hyperplasie. Cette dernière hypothèse est renforcée par l’absence de

stéatose hépatique observée dans nos travaux.

A l’inverse de ce qui était observé chez les canards en croissance, une réduction

du poids du foie gras a été observée chez les canards au cours du gavage à la dose de 20

mg FB1/kg d’aliment. Ce résultat pourrait être expliqué par une modification du type

de stéatose hépatique. Chez les témoins, la stéatose observée dans les conditions

normales de gavage est principalement liée à la formation de grosses vacuoles dans les

hépatocytes. Chez les animaux exposés à la FB1, le nombre de vacuoles était plus

important et les hépatocytes globalement moins chargés en graisse. Cette observation

est en accord avec des données obtenues par Henry et al. [150] chez les poulets,

démontrant une diminution linéaire des teneurs en lipides du foie avec une

augmentation des concentrations de la FB1 dans l'alimentation. Ces résultats sont aussi

en accord avec des données obtenues chez les rats, démontrant une modification de la

composition des lipides hépatiques [264]. Chez le canard, cette altération, qui

s’accompagne d’une altération de l’indice de conversation alimentaire, correspond à

Page 143: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

137

une perte d’environ 1€ par canard. On ignore par ailleurs si elle a un impact sur les

propriétés technologiques et gustatives du produit.

IV.2. Altérations biochimiques

Une augmentation des concentrations sériques en protéines totales et des

activités de l’ALAT, LDH a été observée dans l’ensemble des études réalisées chez le

canard, avec des variations selon la durée de traitement et le stade d’élevage

(croissance/gavage). Ces résultats sont en accord avec ceux généralement obtenus chez

les mammifères et les oiseaux [16, 17, 51, 52, 145, 160, 272, 295, 298-300]. Les causes des

augmentations des concentrations en protéines totales sont inconnues. Une

augmentation des protéines totales est commune dans des processus inflammatoires

aigus. Cependant, les examens histologiques hépatiques ont démontré qu'aucun signe

histologique d'inflammation n’était observé pendant l'exposition à la FB1. Les

augmentations des activités de l'ALAT et de la LDH dans le sérum sont généralement

attribuées à la nécrose des hépatocytes [301]. Toutefois, l’augmentation de l’activité de

l'ALAT et de la LDH sérique reste relativement faible, par rapport à celle obtenue avec

les composés les plus hépatotoxiques [301]. Elle est en accord avec des données

suggérant que les effets de la FB1 sur le foie ne sont pas liés à une nécrose des cellules

[302]. Par ailleurs, il est intéressant de constater que les augmentations des

concentrations sériques en protéines totales, cholestérol et des activités de l’ALAT et

LDH apparaissent très tôt lors l'exposition à la FB1 chez les canards. Ces résultats sont

en accord avec des données obtenues chez les porcelets [123]. De plus, ces

augmentations sont dépendantes de la dose mais non linéaires. Elles peuvent être

modélisées selon des équations de type Michaelis-Menten, ce qui suggère qu’elles

pourraient être en relation avec un effet enzymatique des fumonisines. Cette hypothèse

sera reprise par la suite quand nous présenterons les effets de ces toxines sur la synthèse

des sphingolipides.

L'hypercholestérolémie observée dans toutes nos études lors d’exposition aux

fumonisines est en accord avec les résultats obtenus chez les poulets [52, 145, 146, 156],

mais diffère de ce qui a été observé chez la dinde [154, 156, 157]. Ces différences entre

espèces peuvent être expliquées par différents effets de la FB1 sur le métabolisme du

cholestérol. Ils peuvent comprendre des modifications de la composition membranaire,

Page 144: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

138

des altérations de la clairance du cholestérol et/ou une modification de sa fixation aux

récepteurs cellulaires [303].

Bien que les concentrations en protéines totales, cholestérol, et les activités de

l'ALAT et de la LDH ne puissent pas être considérés comme des marqueurs spécifiques

d’une exposition à la FB1, nous avons cherché à déterminer la plus faible dose de toxine

pouvant entraîner une élévation significative de ces composés. Trois méthodes

différentes ont été utilisées pour évaluer la dose minimum nécessaire de FB1 pour avoir

un effet :

i) détermination directe de la dose entraînant un dépassement du percentile 90

sur les courbes de durée-réponse (Figure III.1.4),

ii) détermination directe de la dose entraînant un dépassement du percentile 90

sur les courbes de dose-réponse au jour 12 (Figure III.1.5),

iii) détermination de la dose en toxine entraînant 10% de l’effet maximum

(ED10).

Le percentile 90 a été sélectionné car c'est une valeur qui est souvent utilisée en

toxicologie pour déterminer si une exposition à un toxique conduit à un effet. De même,

la dose qui détermine 10 % de l'effet a été sélectionnée car elle est souvent retenue pour

extrapoler la limite détectable d’un effet. Ainsi, le percentile 90 et l’ED10 sont

recommandés dans beaucoup de directives pour étudier la toxicité des xénobiotiques

[304, 305]. Cette approche nous a permis de démontrer que des doses cumulées de

l’ordre de 10mg/kg PV de fumonisines sont suffisantes pour entraîner un effet

hépatique lors d’exposition sub-aigue. L'extrapolation de ce résultat suggère qu'une

alimentation contaminée à hauteur de 10 mg FB1/kg distribuée pendant 10 jours peut

entraîner un effet discernable chez les canards. Cette approche nous a également permis

de suggérer que la toxicité subaiguë de la FB1 est plus élevée que sa toxicité aiguë. Par

exemple, la dose cumulée nécessaire pour déterminer un effet sur l’ALAT ou la LDH est

plus élevée quand elle est ingérée pendant plus de 2 jours que quand elle est ingérée

pendant plus de 4 jours. Ces résultats se révèlent importants dans le contexte d’une

exposition chronique à la FB1 chez beaucoup d'espèces, y compris chez les humains. Ils

ont été largement confirmés au cours de l’étude de toxicité chronique, avec une

réversion presque complète à 77j de traitement de la toxicité observée à 7-21j, alors

même que les animaux étaient toujours exposés aux fumonisines.

Page 145: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

139

Au cours de l’étude conduite pendant le gavage, bien qu'une augmentation

dépendante de la dose des protéines totales, du cholestérol, et des activités de l'ALAT et

de la LDH ait été observée, cet effet n'est pas significatif. Cette absence de significativité

s’explique par le fait que le gavage lui-même augmente les protéines totales, le

cholestérol, et les activités de l'ALAT et de la LDH, comme cela a déjà été établi dans

différentes études [306, 307]. Ce qui confirme bien que ces paramètres ne sont pas

spécifiques d’exposition aux fumonisines.

Au cours de l’étude de toxicité chronique, il est intéressant de noter que

l’augmentation maximale de la LDH, de l'ALAT et de l'ASAT dépend de la dose utilisée

mais surtout de la durée du traitement. L’effet maximal est toujours obtenu au 7ème jour

d’exposition. Notons qu’une décroissance de la PAL, de l’ALAT, de la LDH, et de

l’ASAT est observée chez les témoins et les animaux exposés aux faibles doses de FB1 du

J7 au J14. Cet effet peut être attribué à la mise en place progressive du foie mature à

partir du foie fœtal [308-310]. Par ailleurs, il est important de noter que le percentile 90

proposé pour la LDH et l’ALAT n’est utilisable que chez des animaux de plus de 14 et

28 jours, respectivement, alors que le percentile 90 proposé pour les protéines totales et

le cholestérol est utilisable quel que soit l’âge.

IV.3. Altérations des sphingolipides

De nombreuses études suggèrent qu’une altération du métabolisme des

sphingolipides est étroitement associée à la toxicité hépatique et rénale de la FB1 [222].

Les fumonisines perturbent le métabolisme des sphingolipides par inhibition de la

sphinganine et la sphingosine N-acyltransférase. Cette interaction engendre une

accumulation de Sphinganine et une augmentation du rapport Sa/So dans les tissus, le

sérum et l’urine de beaucoup d'espèces in vivo et ex vivo (les singes, poneys, lapin, rat,

poulets, canards) [14, 15, 18, 19, 160, 300, 302, 311].

Chez les poneys et les porcs, l’augmentation du rapport Sa/So précède l’action

toxique de la fumonisine et d'autres signes d’hépatotoxicité (élévation de la LDH et de

transaminases). Ce paramètre se révèle particulièrement approprié comme biomarqueur

précoce dans le contexte d’une exposition naturelle à la toxine [14, 15, 18, 312-315]. Cette

précocité a été confirmée sur coupes histologiques de foie et de rein chez le rat ou

Page 146: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

140

l'accumulation de la sphinganine se produit plus tôt que la cytotoxicité et la fuite de

LDH dans le milieu de culture [302]. Contrairement à d'autres paramètres biochimiques

qui augmentent lors de nombreuses affections hépatiques, le rapport Sa/So est un

marqueur qui peut être considéré comme spécifique de l'exposition à la FB1. Depuis

cette découverte, de nombreuses études ont été conduites pour déterminer si le rapport

Sa/So pouvait être un marqueur prédictif d'exposition à la FB1 dans de nombreuses

espèces, y compris l’homme [312-315]. Ce rapport a même été utilisé dans la recherche

de corrélations avec les carcinomes oesophagiens en Chine ou les néphropathies

endémiques en Croatie [312, 313, 315, 316].

Paradoxalement, malgré son large utilisation, l’influence de la durée de

traitement sur ce biomarqueur n'a pas encore été complètement renseignée. Les

résultats obtenus au cours de l’étude de toxicité sub-aigue chez les canards en

croissance indiquent que la FB1 provoque une augmentation de la concentration en Sa

libre dans le sérum et du rapport Sa/So, en accord avec des données obtenues chez de

nombreuses espèces, y compris les mammifères et les oiseaux [14-20, 52, 146, 150, 154,

155, 157, 160, 232]. À notre connaissance, il s’agit de la première étude réalisée sur la

cinétique des bases sphingoïdes libres sur des populations aviaires lors d'exposition à la

FB1. Les résultats de cette étude montrent que l’effet de la toxine apparaît en premier

lieu sur la concentration en Sa. En effet, seulement 2 administrations de FB1 sont

nécessaires pour augmenter la concentration en Sa sérique de manière significative (P<

0,05) sur tous les canards traités. Par contre 4 à 6 administrations sont nécessaires pour

augmenter le rapport Sa/So de manière significative.

L’analyse statistique descriptive de la Sa et de la So libre et du rapport Sa/So

chez 50 canards non exposés aux mycotoxines et indemnes de toute affection parasitaire

connue a été réalisée dans le but d’établir un premier ordre de grandeur de valeurs de

référence de ces composés. En ce qui concerne les espèces aviaires, seulement 2 études

conduites chez des poulets ont indiqué des moyennes obtenues en Sa et So libre dans le

sérum. Ces concentrations sont respectivement de 28 et 240 nM pour la Sa et la So dans

l'étude menée par Weibking et coll. [17] et 11 et 33 nM dans l'étude menée par Henry et

coll. [150]. Dans les deux cas, on a constaté un écart-type élevé. Les résultats présentés

dans les tableaux III.1.1 et III.1.4 sont en accord avec ces données. Le percentile 90 est

proposé comme une limite qui pourrait être utilisée pour suspecter une exposition aux

Page 147: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

141

fumonisines. Il est important de noter qu’aucun canard témoin des différentes études

que nous avons conduite ne dépasse ces valeurs, quel que soit le jour de traitement,

exception faite des concentrations en Sa chez des canetons âgés de 7 et 14 jours (soit de

J0 et J7 de traitement dans l’étude de toxicité chronique). Ces résultats suggèrent que le

percentile 90 proposé pour la Sa n’est utilisable que chez des animaux de plus de 14

jours, alors que le percentile 90 proposé pour le rapport Sa/So est utilisable quel que

soit l’âge.

On peut également remarquer que la dose nécessaire à une augmentation du

métabolisme des sphingolipides chez le canard est toujours inférieure à celle nécessaire

à une altération des paramètres biochimiques non spécifiques. Ce résultat est en accord

avec ce qui est décrit dans la littérature pour les autres espèces [222].

Comme nous l’avons présenté chez les canards en croissance exposés à la FB1,

l'intérêt principal de la Sa libre et du rapport Sa/So est que ces marqueurs sont

spécifiques d’une exposition à la FB1. Dans l’étude sur des canards gras, nous avons

également démontré que le gavage n'a aucun effet sur les sphingolipides.

L’augmentation de la concentration en Sa libre est plus élevée que l’augmentation du

rapport Sa/So et les effets de la FB1 sur les sphingolipides sont plus élevés dans le foie

que dans le sérum. Ces résultats sont en accord avec les données précédemment

obtenues sur des canards en croissance. Il est également intéressant de constater que la

toxicité de la FB1 partiellement purifiée que nous utilisons est très proche de la toxicité

du maïs naturellement contaminé par la FB1. Un effet significatif peut être observé pour

un niveau de contamination de l’aliment de l’ordre de 10 mg FB1/kg d’aliment. Cette

valeur est très proche de 1 mg FB1/ kg PV précédemment extrapolée de l’étude sur les

animaux en croissance, également conduite sur une période de 12 jours.

Les données obtenues chez les canards au cours de l’étude de toxicité chronique

suggèrent que les effets de la FB1 sur la concentration en Sa et le rapport Sa/So dans le

sérum, le foie et le rein sont étroitement liés à la dose mais aussi à la durée de

traitement. En effet, pour l’ensemble des tissus explorés, l’effet maximum de la FB1 sur

ces deux paramètres est toujours obtenu au 7ème jour de traitement, puis il décroît plus

ou moins rapidement selon les tissus. Cette observation diffère des résultats observés

chez le singe de vervet, qui ont montré un maximum au J30 de traitement [21]. Après 77

jours de traitement une différence significative entre témoins et traités à la dose de 8, 32

Page 148: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

142

et 128 mg FB1/kg d’aliment reste observable. Ce résultat est en accord avec les études à

long terme sur poulets et dindes recevant 25 et 50 mg FB1/kg d'aliment pendant 42 et 98

jours respectivement [152]. Concernant la So, le traitement par la FB1 conduit à une

diminution modérée des concentrations sériques, en accord avec des observations

conduite après 21 jours de traitement chez le poulet [17]. En revanche, une

augmentation de la concentration en So dans le rein est notée chez les canards traités,

en accord avec des résultats obtenus chez les rats et les porcs après plusieurs semaines

de traitement [14, 265]. Aucune donnée dans la littérature n’est disponible sur les

teneurs tissulaires hépatiques ou rénales en sphingolipides chez les oiseaux. Signalons

également que la cinétique de la concentration en Sa et du rapport Sa/So dans le rein

diffère de celle observée dans le foie. Ces différences pourraient être liées à des

différences de clairance tissulaire. En effet, il a été démontré chez le rat et la souris, que

la demi vie de la Sa libre à l'intérieur du rein est beaucoup plus longue qu'à l'intérieur

du foie [19, 317]. Ainsi, le rein apparaît chez le canard l'organe le plus sensible à

l'interruption du métabolisme des sphingolipides induits par la FB1, en accord avec des

données obtenues chez le rat, le porcs, le mouton, le poney et le lapin [14, 15, 170, 171,

201, 265, 318, 319]. Pour autant aucune altération histologique rénale n’a pu être mise en

évidence chez le canard, à l’inverse de ce qui est décrit dans les précédentes espèces.

Finalement, l’analyse globale des effets des fumonisines suggère la possibilité

d'une adaptation des canards lors d’exposition chronique, aussi bien pour les

paramètres zootechniques que les marqueurs biochimiques non spécifiques et les

altérations du métabolisme des sphingolipides. Cette hypothèse a déjà été suggérée lors

d’une étude de toxicité chronique chez le singe de vervet [21]. Une autre hypothèse est

que les effets de la FB1 dépendent de la durée de l'exposition. En effet, des études

conduites chez le rat ont démontré que la FB1 peut induire un effet hépatotoxique

précoce suivi d’une prolifération compensatoire ou régénératrice de cellules [320].

Chez les canards, on peut supposer, de la même manière, qu’après une atteinte

hépatique précoce (7 jours) les hépatocytes survivants sont plus résistants à la toxicité

des fumonisines. Cette hypothèse est suggérée par :

- le pic de libération des marqueurs de cytolyse hépatique observé à 7 jours,

- la réversibilité des lésions histologiques à 28 jours,

Page 149: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

143

- l’absence de différences significatives entre témoins et traités à 77 jours aussi

bien en ce qui concerne les marqueurs biochimiques de souffrance hépatique que

l’analyse histologique des foies.

- la présence d’une hépatomégalie modérée à jour 77.

Quelque soit le mécanisme à l’origine des altérations hépatiques, il est

intéressant de noter que ces altérations ne surviennent que lors d’exposition à des doses

supérieures à celles entraînant une altération du métabolisme des sphingolipides.

Page 150: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

144

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Les résultats obtenus lors de nos études sont cohérents avec les

expérimentations précédemment menées sur les autres espèces de volailles. En effet, les

canards peuvent être considérés comme résistants à la toxicité de la FB1 en termes de

mortalité et d’effets toxiques majeurs. Toutefois, des doses voisines de 32 mg/kg

d’aliment peuvent altérer les courbes de croissance lors d’exposition dans le jeune age,

alors que des doses voisines de 20 mg/kg d’aliment entraînent des pertes économiques

au cours du gavage.

L’objectif principal des travaux présentés était la caractérisation de

biomarqueurs d’exposition à la FB1 chez les palmipèdes. Cet objectif a été réalisé par des

études sur la cinétique des paramètres biochimiques, et des concentrations en Sa et du

rapport Sa/So au cours de différents scénario d’exposition. Globalement, ces travaux

ont montré que l’utilisation de ces marqueurs pour révéler une exposition aux

fumonisines devait prendre en compte la durée de l’exposition (1-2 semaines/8-10

semaines) et la période de production (croissance/gavage).

Des augmentations des concentrations sériques en protéines totales, cholestérol

et activités de l’ALAT et LDH apparaissent très tôt lors de l'exposition à la FB1 chez les

canards en croissance. Elles sont liées à la dose d’exposition, mais la relation n’est pas

linéaire. Ces altérations n’étant pas spécifiques il est difficile de les proposer en tant que

biomarqueurs d’une exposition aux fumonisines. Elles peuvent en revanche être un

indice d’exposition qu’il faudra valider par dosage des fumonisines dans les aliments ou

utilisation de biomarqueurs plus spécifiques. Par ailleurs, toute mise en évidence d’une

augmentation de ces paramètres sur des animaux en croissance devra amener les

éleveurs et les vétérinaires à se poser la question du niveau de contamination des

aliments en fumonisines. Protéines totales, cholestérol et en activités ALAT et LDH ne

sont en revanche pas utilisables pour détecter une exposition chronique ou une

exposition survenant au cours du gavage.

La concentration en Sa et le rapport Sa/So sérique sont plus sensibles que les

marqueurs biochimiques non spécifiques pour révéler une exposition aux fumonisines.

Ils sont également beaucoup plus spécifiques et utilisables au cours du gavage. Lors

Page 151: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

145

d’exposition chronique, l’altération des sphingolipides est moins importante mais reste

détectable aux doses de fumonisines susceptibles d’entraîner une altération des indices

de production et de santé des palmipèdes, le rein étant l'organe le plus sensible.

En conclusion, ces travaux permettent d’établir qu’une altération des

sphingolipides est caractérisable chez les palmipèdes dès une exposition à environ 2 mg

FB1/kg d’aliment. Lors d’exposition de courte durée (environ 1 semaine), des altérations

de type « zootechnique » sont observées lors d’ingestion de doses plus élevées (32 mg

FB1/kg d’aliment en croissance et 20 mg FB1/kg d’aliment au cours du gavage). Aucune

information concernant la présence de résidus dans les productions n’est disponible à ce

jour, ce qui constitue une perspective de developpement ultérieur.

En ce qui concerne les effets des fumonisines chez les palmipèdes, un certain

nombre de questions reste posé : Comment les canards résistent-ils à une forte

augmentation des teneurs en sphinganine alors que l’on observe une toxicité voire une

mortalité chez mammifères ? Pourquoi l’accumulation de sphinganine diminue telle lors

d’exposition à long terme ? Qu’en est-il dans les autres espèces ?

Page 152: Caractérisation de biomarqueurs d'exposition à la fumonisine b1

146

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RÉSUMÉ

La fumonisine BB1 (FB1) est une toxine produite par Fusarium verticillioides. Elle est

responsable de différentes affections chez l’animal, la leucoencéphalomalacie équine et l’œdème

pulmonaire porcin étant les plus connues. En France, bien que la prévalence de la FB1 se confirme

d’année en année, peu d’études existent chez les palmipèdes, qui constituent pourtant la production la

plus exposée. L’objectif principal de nos travaux est la caractérisation de biomarqueurs d’exposition et

d’effets des fumonisines chez les palmipèdes au cours de différents scénario d’exposition : chez les

canards en croissance (distribution de 0, 5, 15 et 45 mg FB1B /kg poids vif/jour pendant 12 jours), dans

les conditions de gavage (distribution de 0, 10 et 20 mg FB1/kg d’aliment pendant 12 jours) et dans des

conditions d’expositions chroniques (distribution de 0, 2, 8, 32 et 128 mg FB1/kg d’aliment pendant 84

jours). Différents paramètres biochimiques plasmatiques (protéines totales, cholestérol, activités

lactate déshydrogénase, phosphatases alcalines, alanine aminotransférase …) ainsi que les

concentrations en sphingosine (So), sphinganine (Sa) et le rapport Sa/So ont été explorés au niveau

plasmatique, hépatique et rénal. Le rapport Sa/So est le biomarqueur le plus sensible lors d’exposition

à la FB1. La plus faible dose étudiée capable de déterminer un effet détectable est de 2 mg FB1/kg

d’aliment. La cinétique des différents paramètres explorés est toutefois étroitement liée à la durée de

traitement. Bien que nos études rapportent une altération de la croissance et des pertes économiques

lors d’exposition aux plus fortes doses, ces effets ne surviennent qu’à des niveaux d’exposition

nettement supérieurs à ceux entraînant une altération du métabolisme des sphingolipides.

SUMMARY

Fumonisine B1 (FB1) is a toxin produced by Fusarium verticillioides. It is responsible for

various affections in animal, the equine leucoencephalomalacia and the porcine pulmonary oedema

being the most known. In France, although the prevalence of the FB1 is confirmed year after year, few

studies are available in ducks which constitute the most exposed production. The main objective of

our work is the characterization of biomarkers of fumonisins effects and exposure in ducks during

different exposure scenario: in ducks during growth (distribution of 0, 5, 15 and 45 mg FB1/kg body

weight/day during 12 days), under conditions of force-feeding (distribution of 0, 10 and 20 mg

FB1/kg feed during 12 days) and under chronic exposure conditions (distribution of 0, 2, 8, 32 and 128

mg FB1/kg feed during 84 days). Various plasmatic biochemical parameters (total proteins,

cholesterol, activities of lactate dehydrogenase, alkaline phosphatases, alanine aminotransferase…) as

well as sphingosine (So) and sphinganine (Sa) concentrations and Sa/So ratio were explored at the

plasmatic, hepatic and renal level. Sa/So ratio is the most sensitive biomarker of FB1 exposure. The

lowest investigated dose able to determine a detectable effect is 2 mg/kg feed. The kinetics of these

parameters is closely linked to the duration of exposure. Although our studies report an alteration of

the growth and economic losses during mycotoxin exposure to the highest tested dose, theses effects

only occur at exposure levels significantly higher than those leading to an alteration of the

sphingolipids metabolism.