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Fixations, Saccades Et Autres Trajectoires Désordonnées

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Fixations, saccades et autres trajectoires désordonnées, est une exposition orchestré par Julien Prévieux (prix Marcel Duchamp 2014). Document de 48 pages en couleurs, Commandé par Lille 3 et l'ESA

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Fixations,SaccadesEtAutresTrajectoiresDésordonnées

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Ce livret accompagne l’exposition Fixations, saccades et autres trajectoires désordonnées qui s’est déroulée du 22 avril au 4 mai 2016 à la Galerie Commune du Pôle arts plastiques de Tourcoing.

Il a été conçu et réalisé par Valentin Duchenne et Hadrien Tequi, et édité avec le soutien de L’Association des Amis de la Galerie Commune (avril 2016).

L’exposition a été réalisée sous la direction de Julien Prévieux, en collaboration avec Nathalie Delbard et Nathalie Stefanov.

Avec : Amanda Ariawan, Wilfried Dsainbayonne, Valentin Duchenne, Louise Jottreau, Alix Levavasseur, Fanny Pentel, Lina Qi, Alizée Ségard, Hadrien Téqui.

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Remerciements Les étudiants et enseignants tiennent à remercier tout particulièrement :

Laurent Sparrow, maître de conférences en Psychologie à l’Université Lille 3 et membre du laboratoire ScaLab, spécialiste de la vision, sans qui rien n’aurait pu être possible

Sophie Raux (Lille 3, IRHIS), Yann Coello (Lille 3, ScaLab), Daniel Dubuisson (CNRS, Lille 3, IRHIS) et Laurent Grisoni (Lille 1, CRIStAL) responsables du programme Sciences et Cultures du Visuel – iCAVS, pour leur précieux et constant soutien

Muriel Enjalran, directrice du Centre Régional de la Photographie de Douchy-les-Mines Jean-Marc Vantournhoudt, président du CRP, pour son aide dans la mise en place du partenariat avec le CRPAnaïs Perrin, chargée de développement culturel au CRP, pour sa participation aussi active qu’efficace à la réalisation de ce projetAngéline Nison, chargée des collections au CRP, pour son appui lors de l’élaboration du livret

Nathalie Stefanov, professeure d’enseignement artistique à l’Ecole Supérieure d’Art du Nord, responsable du projet pédagogique « Images, sciences et technologies » pour sa collaboration et son suivi tout au long du workshop

Jonathan Alexandre pour ses photographies

Mathieu Locquet, président de l’association Sans-Titre

Isabelle Decobecq, Cécile Picard-Limpens, Diane Togbe, pour leur aide au sein de l’Imaginarium

Le CEAC – Centre d’étude des arts contemporains et son directeur Christian Hauer, pour le soutien apporté au programme de recherche « Oculométrie et perception des images : nouveaux enjeux esthétiques »

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Cheminements

L’exposition Fixations, saccades et autres trajectoires désordonnées est l’aboutissement d’un important travail de recherche, qui s’est déroulé en partie au sein de l’Imaginarium de Tourcoing avec la collaboration de Laurent Sparrow, ainsi que dans le cadre d’un séminaire mené avec Dork Zabunyan en 2015, au cours duquel les étudiants ont conduit des analyses d’œuvres combinant théorie de l’art et résultats oculométriques, et ont également engagé un projet en partenariat avec le Centre Régional de la Photographie de Douchy-les-Mines. Une sélection du fonds de l’artothèque du CRP a ainsi été réalisée, et grâce à Anaïs Perrin, a pu être accrochée par les étudiants sur place, ce qui a permis d’enregistrer des déplacements oculaires en situation d’exposition.

Les photographies ont donc été soumises une première fois au dispositif de l’eye-tracking devant écran à l’Imaginarium, puis explorées dans les locaux du CRP grâce à des lunettes portatives enregistrant les saccades et les fixations du regard des personnes présentes. À partir de l’ensemble de ces données oculométriques (cartes de saillance, heat map, scanpath…), plusieurs étudiants du Master Arts plastiques et de l’École Supérieure d’Art du Nord, site de Tourcoing (ESA) ont travaillé sous la direction de Julien Prévieux, artiste associé au programme de recherche « Oculométrie et perception des images : nouveaux enjeux esthétiques » (SCV–iCAVS), et avec l’aide de Nathalie Stefanov, ont imaginé cette exposition en miroir, faisant écho aux photographies du CRP ainsi qu’à quelques autres œuvres choisies par les étudiants. Les mesures récoltées ont constitué le matériau à partir duquel ont été conçues les pièces exposées dans la Galerie Commune, pièces qu’il s’agit d’envisager comme de libres traductions ou interprétations visuelles de ces cheminements du regard, nous invitant à reconsidérer nos propres mécanismes de vision face aux œuvres.

Nathalie Delbard

Page 5: Livret d'exposition

Ce livret réunit un ensemble d’œuvres d’étudiants du département arts plastiques de l’université Lille 3 et de l’école supérieure d’art de Tourcoing présentées dans l’exposition Fixations, saccades et autres trajectoires désordonnées. Elles ont été réalisées à l’occasion du workshop « oculométrie » que j’ai eu le plaisir d’animer en collaboration avec Nathalie Delbard et Nathalie Stefanov.

L’oculométrie ou eye-tracking regroupe un certain nombre de techniques de mesure des mouvements des yeux permettant de décrire l’évolution d’un parcours visuel et d’identifier ce qui attire l’œil. On enregistre les mouvements des pupilles, à l’aide d’une caméra infrarouge. Puis un logiciel détecte ces déplacements et trace un schéma qui donne à voir les saccades de l’œil et les zones de fixation. Autant d’éléments que l’on peut ensuite analyser, modéliser ou tenter de « réorienter ». On utilise l’eye-tracking en médecine ou en psychologie pour comprendre le fonctionnement du regard. Le marketing s’en sert pour étudier la vision d’un panel d’individus sur des publicités, des emballages de produits ou des pages Internet, et en améliorer le design.

Au sein de notre atelier, la mesure des regards sur un ensemble d’œuvres n’était pas sous-tendue par une quelconque volonté d’optimisation visuelle. En quoi pourrait bien consister d’ailleurs, selon cette méthode, l’amélioration du regard sur une photographie, un film ou un tableau ? Laissant à d’autres le soin de plancher sur cette épineuse question, nous avons considéré l’oculométrie comme sujet d’étude et terrain de jeu artistique : nous l’avons mise en écho avec d’autres recherches sur les mouvements, nous avons détourné ses méthodes et nous nous sommes réappropriés ses résultats.

La dimension artistique de l’oculométrie n’est finalement jamais mieux perceptible que lorsqu’on la considère comme un outil permettant de fabriquer des formes et des situations. En se concentrant sur la dimension pataphysique et les qualités visuelles de l’eye-tracking, on peut en modifier l’objet en profondeur : l’évaluation, la modélisation et l’optimisation cèdent la place à la conception d’expériences esthétiques singulières.

Julien Prévieux

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Tests oculométriques, Imaginarium - Tourcoing, 2015Photographies de Jonathan Alexandre

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Enregistrements au CRP - Douchy-les-Mines, 2015Photographies de Jonathan Alexandre

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Hiroshi Sugimoto, Tri City-Drive-In, San Bernardino, 1993 Mesures oculométriques de zéro à cinq secondes réalisées à l’Imaginarium - Tourcoing, 2015

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Amanda Ariawan

L’œuvre What you see is what you get s’appuie sur l’idée que nous avons la capacité de générer des nouvelles formes à partir des traces de mouvements oculaires.

Regarder n’est pas un acte passif. Au contraire, en regardant une image, nous aurons un rapport actif avec elle, car l’information que reçoivent les rétines peut évoluer grâce à la créativité.

Les résultats permettent des réflexions sur la manière dont les yeux regardent l’image pendant les cinq premières secondes.

C’est en travaillant sur quatre résultats différents, en reliant par des lignes droites les points sur lesquels les yeux s’arrêtent, que quatre nouvelles formes géométriques apparaissent.

Imprimées sur des papiers calques, les images sont superposées afin de montrer d’autres formes plus complexes.

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What you see is what you get, tirage sur papier calque, 2016

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Claude Dityvon, Manifestation des ouvriers de L.I.P, Besançon, 1973. 23 x 33,9 cmHeat Map, mesures réalisées à l’Imaginarium - Tourcoing, 2015

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Wilfried Dsainbayonne

Dans un premier temps, j’ai réuni une documentation sur les usages de l’oculométrie dans le domaine du marketing.

Je me suis intéressé plus particulièrement à l’utilisation de l’oculométrie dans les rayonnages, pour mettre en valeur et ordonner des produits.

Par ailleurs, j’ai effectué des promenades dans des supermarchés pour analyser l’habillage et la mise en forme des marchandises.

Dans un second temps, à partir de la carte de saillance de la photographie de Dityvon Manifestation des ouvriers de L.I.P, j’ai utilisé la partie la plus «regardée» en tant que packaging.

Par la suite, je suis venu accoler le packaging, épuré et sans trop d’information, sur une boite de conserve qui renvoie au bien de consommation.

La juxtaposition de ces deux éléments crée ainsi un« produit dérivé » d’une d’œuvre d’art, et interroge les divers usages de l’oculométrie.

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Produit dérivé, palette, carton, film transparent, tirages photographiques, boîtes de conserve, stickers, transpalette, 2016

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Valentin Duchenne, Gnome Horto Sepulturas, installation - cire sur nain de jardin, 2016

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Valentin Duchenne

Fausses données oculométriques part de l’envie de déguiser des résultats oculométriques de manière aléatoire ou non afin de détourner un procédé qui trouve son origine dans le domaine du marketing.

Le but étant de tromper le spectateur sur la possibilité d’avoir un résultat correct parmi une série qui peut être en constante évolution.

Le D.A.O (dessin assisté par ordinateur) sert ici à fausser les résultats oculométriques ; pour cela j’ai observé différentes mesures à l’occasion du séminaire, pour essayer de caractériser le déplacement de l’œil.

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Fausses données oculométriques #2, dessin assisté par ordinateur, 2016

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Marie-Paul Nègre, Contrebassiste, 1982. 24,3 x 35,8 cmArtothèque du CRP, Centre Régional de la Photographie, Douchy-les-Mines

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Louise Jottreau

En partant de la carte de saillance de la photographie Contrebassiste de Marie-Paul Nègre, j’ai souhaité donner une autre forme aux résultats oculométriques.

La forme produite par une carte de saillance évoque une carte maritime où les zones de chaleurs correspondraient aux zones des différentes profondeurs.

Pour ce projet, il s’agit de donner une matérialité à ces résultats produits par un logiciel informatique ; de passer d’une forme bidimensionnelle, la carte de saillance, à une forme tridimensionnelle.

L’œuvre est produite aux mêmes dimensions que l’œuvre originelle et est accrochée au mur. Elle est l’évocation fantomatique de la photographie de Marie-Paul Nègre à travers les résultats oculométriques.

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Études préparatoires pour Quarere, sculpture, 2016

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Colisée, Rome, 2016

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Coline Lasbats et Hélène Nivesse

Nous avons soumis au regard trois photographies de Rome (La Fontaine de Trevi, le Colisée, la Chapelle Sixtine), à l’aide des outils oculométriques.

Nous voudrions, à partir de ces données, réaliser un dialogue sonore. Un dialogue entre deux voix (celle de Coline et celle d’Hélène) et cela en fonction des résultats oculométriques. Nous voudrions orienter notre dialogue sur des détails, des parties de l’image.

Nous souhaiterions exposer ces premiers enregistre-ments de l’œil et donner à entendre notre dialogue, simultanément. Nous voudrions voir comment les re-gards s’enclenchent, réagissent face à un support so-nore et un support visuel.

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Coline Lasbats et Hélène Nivesse

Mes regards, dessin numérique, 2016

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Claude Dityvon, Manifestation des ouvriers de L.I.P, Besançon, 1973. 23 x 33,9 cmArtothèque du CRP, Centre Régional de la Photographie, Douchy-les-Mines

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Alix Levavasseur

L’installation représente ce que l’œil ne voit pas au premier regard.

Les spectateurs superposent les différentes zones photographiques les moins regardées d’après les relevés oculométriques (Heat Map).

Seule l’imagination du spectateur permet de reconstituer la totalité de la photographie.

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Sans titre, impressions sur calques, châssis en bois, panneau de bois, 2016

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Yves Guillot, La logeuse du moulin (sans titre). 19,5 x 13 cmArtothèque du CRP, Centre Régional de la Photographie, Douchy-les-Mines

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Fanny Pentel

Peut-on enregistrer le sensible et le rendre visible ? Cette recherche peut paraître tout à fait vaine, pourtant l’oculométrie est devenue un prétexte et un nouveau moyen de me poser la question de mon rapport à l’œuvre d’art.

Détournée de sa fonction marketing ou scientifique, l’oculométrie devient ici un environnement propice à prendre le temps d’éprouver ce rapport avec l’œuvre dans tout ce qu’il a de plus sensible, d’indicible.

Je cherche à constituer un registre de mémoires sensorielles, visuelles. À l’aide d’un capteur, des sensations visuelles sont enregistrées à différents moments de la journée et ce, alors que je suis dans des états allant de la concentration la plus fine à des états de fatigue avancée.

Ce protocole d’enregistrement nécessite de se rendre présent afin de recevoir une image.

L’oculomètre n’enregistrerait plus uniquement des directions de regard, mais aussi et surtout, il enregistrerait les multiples et singulières façons de regarder.

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Registre de mémoires sensorielles, mesures oculométriques. 2016, 80 x 120 cm

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Edouard Boubat, Jardin du Luxembourg, Paris, 1955. 23,9 x 36,4 cm Artothèque du CRP, Centre Régional de la Photographie, Douchy-les-Mines

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Lina Qi

Mes regards, est le titre d’une édition en forme de leporello, un livre accordéon qui se déploie.

Y sont cousus des dessins abstraits en fils rouge sur du papier blanc.

Ces dessins sont issus de l’enregistrement du dépla-cement de mes yeux par une caméra infrarouge qui calcule la direction de mes regards et rend leurs mou-vements visibles.

J’expérimente ainsi une nouvelle méthode de dessin.

Ces livres sont installés dans l’espace et peuvent à leur tour recomposer des paysages.

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Mes regards, édition, 2016. 22 x 15 cm

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Jill Hartey, Tea on the Train, Pologne, 1984. 21,1 x 31,8 cmArtothèque du CRP, Centre Régional de la Photographie, Douchy-les-Mines

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Alizée Segard

Dans l’œuvre de Jill Hartley, Tea on the train, le rideau est un élément vu, mais non conscientisé, bien que cen-tral dans la photographie.

Comme extrait de l’œuvre, le spectateur n’a pas le choix, il est contraint de considérer le voile, d’y prêter attention, puisqu’il s’agit du seul élément de ce travail.

Bien que cinq fois présent, il est cinq fois singulier de par ses plis, sa forme, son tombé.

La multiplicité permet alors un impact visuel plus im-portant, immersif, et souligne l’unicité de chaque objet formant un ensemble.

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Voile (Série), 2016 Voile, tissus et tige métallique, 500x70 cm, 2016

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Michel Semeniako, Ruffes, 1983. 15 x 22,2 cmArtothèque du CRP, Centre Régional de la Photographie, Douchy-les-Mines

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Une structure composée de 18 ampoules éclaire l’espace d’exposition et les spectateurs. Les ampoules s’allument les unes après les autres pour former une séquence lumineuse de 5 secondes.

La répartition des ampoules sur la structure correspond aux points de fixation du regard d’un spectateur devant la photographie Ruffes de Michel Semeniako.

Une carte de contrôle active les ampoules selon l’enchaînement des points de fixation.

Il s’agit de composer une partition de lumière à partir de mesures oculométriques. La séquence rejoue en boucle le parcours du regard durant les cinq premières secondes de visionnage.

L’espace d’exposition est ainsi éclairé en fonction du regard de la personne mesurée. L’œuvre opère un glissement vers la production d’un objet fonctionnel.

L’œil étant naturellement attiré par la lumière, le regard du spectateur devrait naturellement suivre la séquence lumineuse qui se joue devant lui. Il est question de réactiver le regard mesuré, de le reproduire en boucle.

Par la mise en boucle, le spectateur répète le même geste oculaire. Cette installation est une tentative d’application des principes du taylorisme, soit la répétition mécanique d’un même geste, mais appliquée au regard.

Hadrien Tequi

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Eye Training Machine, installation, 2016 (visualisation)

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