cahier historique notz a4 fusion

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 LA CHAPELLE DE NOTZ L’ABBÉ ET L’ANCIEN PRIEURE retirage à part du « Cahier Historique de Martizay N°3 » AVANT – PROPOS  Le but que nous nous sommes fixé lorsque nous avons entrepris la publication de ces cahiers est de faire connaître les résultats de nos recherches concernant l'histoire de Martizay et d'une manière  plu s général e de décrire tou t ce qui conc erne le passé de ce petit pay s. L'étud e des princip aux monuments, témo ins de ce passé, fait partie de ce prog ramme et c'est pourq uoi ce quatrième c ahier est consacré au plus ancien d'entre eux, la chapelle Saint-Antoine de l'ancien prieuré de Notz l'Abbé. La description de la chape lle peut difficilement être séparée d'un rappel des souvenirs qui s'y rattachent et de l'histoire du prieuré. Cette histoire a été étudiée par Jean MAROT, qui était alors Directeur de l'Ecole Normale de Châteauroux, et le résultat de ses recherches a fait l'objet d'un ouvrage publié par lui en 1931. L'édition de cette excellente étude étant épuisée en librairie, nous avons cru devoir faire précéder la description de la chapelle de quelques notes historiques tirées du texte de Jean MAROT, notes qui font l'objet du premier chapitre. La chapelle est le plus intéressant des bâtiments du prieuré et le seul qui soit à peu près conservé dans son état d'origine. Il est cependant utile de la situer dans son cadre et nous avons été amenés à donner une brève description des autres constructions, qui constitue le deuxième chapitre. HISTOIRE DU PRIEURE  Notz l’Abbé (qu’on écrit aussi quelquefois Nau, Neau ou Nos, orthographes proches de la  prononciation habituelle que est “Nô”) se trouve au bord et sur la rive droite de la Claise, affluent de la Creuse, à l’extrémité ouest de la commune de Martizay, à deux kilomètres en aval du bourg. La commune de Martizay est elle-même en bordure de la frontière du département de l’Indre. Sous l’Ancien Régime la paroisse de Martizay dépendait du diocèse et de la généralité de Bourges, tout en appartenant à la province de Touraine et non pas au Berry ; la Touraine comprenait Mézières et une partie de la Brenne.

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LA CHAPELLE DE NOTZ L’ABBÉ

ET L’ANCIEN PRIEURE

retirage à part du « Cahier Historique de Martizay N°3 »

AVANT – PROPOS

 

Le but que nous nous sommes fixé lorsque nous avons entrepris la publication de ces cahierde faire connaître les résultats de nos recherches concernant l'histoire de Martizay et d'une ma

 plus générale de décrire tout ce qui concerne le passé de ce petit pays. L'étude des princmonuments, témoins de ce passé, fait partie de ce programme et c'est pourquoi ce quatrième cest consacré au plus ancien d'entre eux, la chapelle Saint-Antoine de l'ancien prieuré de Nl'Abbé.

La description de la chapelle peut difficilement être séparée d'un rappel des souvenirs qurattachent et de l'histoire du prieuré. Cette histoire a été étudiée par Jean MAROT, qui était Directeur de l'Ecole Normale de Châteauroux, et le résultat de ses recherches a fait l'objet ouvrage publié par lui en 1931. L'édition de cette excellente étude étant épuisée en librairie, avons cru devoir faire précéder la description de la chapelle de quelques notes historiques tirée

texte de Jean MAROT, notes qui font l'objet du premier chapitre.La chapelle est le plus intéressant des bâtiments du prieuré et le seul qui soit à peu près cons

dans son état d'origine. Il est cependant utile de la situer dans son cadre et nous avons été amendonner une brève description des autres constructions, qui constitue le deuxième chapitre.

HISTOIRE DU PRIEURE

  Notz l’Abbé (qu’on écrit aussi quelquefois Nau, Neau ou Nos, orthographes proches  prononciation habituelle que est “Nô”) se trouve au bord et sur la rive droite de la Claise, affde la Creuse, à l’extrémité ouest de la commune de Martizay, à deux kilomètres en aval du bou

La commune de Martizay est elle-même en bordure de la frontière du département de l’ISous l’Ancien Régime la paroisse de Martizay dépendait du diocèse et de la généralité de Boutout en appartenant à la province de Touraine et non pas au Berry ; la Touraine comprMézières et une partie de la Brenne.

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La limite définie à la Révolution entre les départements de l’Indre et de l’Indre-et-Loirsensiblement dans cette région celle des généralités et non pas celle des provinces.

En fait Notz est, du point de vue géologique, déjà tourangeau. La Claise, qui vient de quittBrenne argileuse où elle prend sa source et dont elle draine une partie des étangs, arrive da

 partie ouest de Martizay sur la formation calcaire appelée “Turonien”, terrain crayeux com

Tours et dans toutes les vallées de la Touraine. Le paysage se trouve ainsi être plus tourangeau berrichon.

 Notz fut certainement un lieu habité bien avant qu’un prieuré y fut installé. Le nom même de qui est assez fréquent dans le centre de la France est d’origine gauloise. Plusieurs étymologieété données ; la plus plausible est celle d’après laquelle Notz viendrait d’un mot celtique signinoyer (les arbres de cette espèce y sont d’ailleurs nombreux) ; c’est sans doute la même racine donné le mot anglais “nut” qui signifie noix.

On trouve quelquefois des silex préhistoriques à Notz et parmi les nombreuses “caves” creudans le tuffeau, d’où l’on tira la pierre nécessaire aux constructions, certaines existaient peut

déjà avant celles-ci et il n’est pas invraisemblable de penser que nos ancêtres les habitèrent.Sous l’ancien Régime, Martizay ainsi que nous l’avons exposé dans le Cahier N° 2 éta

quelque sorte écartelé entre plusieurs juridictions et les divers territoires ainsi formés étappelés “enclaves”. L’ouest de la paroisse dépendait de la baronnie de Preuilly, l’est de et le sula baronnie (plus tard marquisat) de Mézières en Brenne, toutes deux de Touraine. Entre ces

 puissantes baronnies se trouvait à Martizay une terre libre qui a gardé le nom significatif de LEnfin, il existait deux autres enclaves, celle de la Morinière, au nord-est, qui dépendait du Poitcelle de Tourneau, au sud-ouest, qui dépendait de la châtellenie du Blanc.

Le prieuré de Notz l’Abbé eut à souffrir de ces divisions compliquées. Les bâtiments et les t

de Notz dépendaient de la baronnie de Preuilly ; les terres qu’il possédait à Durtal à l’aextrémité de la paroisse dépendaient de la baronnie de Mezières, si bien que le prieur se trouvla fois vassal des deux barons. Il en résulta des situations souvent confuses.

La fondation du prieuré remonte vraisemblablement à l’année 1228, date à laquelle Geoffroy  baron de Preuilly, donna à l’abbaye de Saint Savin sur Gartempe une partie des terres  possédait à Martizay. C’est du moins la mention la plus ancienne connue concernant le priemais il n’est pas impossible que les moines de St Savin aient été déjà installés à Notz avant donation.

A la fin du treizième siècle, les moines reçurent du Seigneur de Durtal, Guillaume de Durtan

métairie qu’il possédait en ce lieu à côté de son manoir. Durtal est situé aussi à Martizay, au de la Claise, mais sur la rive gauche et à deux kilomètres en amont du bourg. Cette partiMartizay dépendait de la baronnie de Mézières. ; le prieur, comme son donateur devenu son vole seigneur de Durtal, devait « foy et hommage » au baron de Mézières.

Jusqu’au XIVe siècle, les prieurs furent de simples moines délégués par l’Abbé de St Savin résider à Notz, y faire rayonner l’influence spirituelle de l’abbaye et y gérer ses biens temporels

Leurs noms nous sont connus à partir du XVe siècle. Parmi eux, deux appartenaient à une fam

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noble de la région : frère Jean du Genest (1440 - 1490), puis son successeur frère EtiennGenest.

La vie du prieuré peut être reconstituée grâce aux actes juridiques qui ont pu être conservésaveux et dénombrements auxquels tout nouveau prieur était astreint lors de son installatiol’égard de ses suzerains de Preuilly et de Mézières, les contrats passés entre les moines et

tenanciers, les pièces des procès avec les seigneurs voisins. Toute cette vie nous est contée parMarot dans son ouvrage déjà cité, qui nous montre quels étaient les rapports du prieur avesemblables, à quelles acquisitions il procédait, quelles transactions il négociait pour la bgestion et l’amélioration du domaine.

C’est ainsi que l’on a pû retrouver approximativement quelle était l’étendue des terres du priLe domaine proprement dit devait être d’une trentaine d’hectares ; d’autres terres représentanthectares environ étaient exploitées par des “tenanciers”. Le prieur se trouvait ainsi amené à genviron 180 hectares.

Au XVIIe siècle, Notz devint un prieuré simple en commende. On connait le principe d

“commende”.“« Désormais, nous dit Jean Marot, au lieu d’aller à des religieux élus par leurs confr

sous le contrôle des seigneurs fondateurs, les fonctions et les biens d’Eglise sont distribcomme des faveurs très recherchées, aux courtisans, aux abbés de cour et à tous ceux qu

 près ou de loin, touchent aux personnes en place. Non seulement le droit de nommer bénéfices ecclésiastiques est dévolu au roi, mais aussi aux cardinaux, aux “patrons” lades couvents et même aux officiers du Parlement de Paris.

Les anciens bénéfices réguliers, c’est-à-dire réservés à des moines, passent la plupatemps à des séculiers, prêtres sans doute, mais non soumis à la règle d’un Ordre religieu

qui ne voient là qu’un profit personnel. »Ce mal n’est peut-être pas sans compensation, car les biens sont généralement mieux gérés e

immenses réserves accumulées par les congrégations religieuses circulent, maintenant qu’ilsmis en dépense par les bénéficiers.

Au lieu d’humbles noms de moines, on voit la liste des prieurs de Notz briller des noms de lahaute noblesse.

C’est ainsi que vers 1630 le prieuré passe aux mains d’une famille de haute noblesse tourangles Voyer d’Argenson. Ils le gardèrent jusqu’en 1730.

Le premier prieur de cette famille fut Claude de Voyer d’Argenson ; il était frère de Rambassadeur à Venise, intendant de Berri, Touraine, Marche, Limousin et Auvergne. Claudtrésorier de l’église collégiale de Sainte Madeleine de Mezières en Brenne, puis prieur d

 Nicolas de Poitiers, Abbé de Chartres lès Cognac. Il habita Paris, rue d’Anjou, paroisse St Ades Arts, et publia divers travaux littéraires.

Jacques de Voyer d’Argenson, son neveu, fils de René, prit sa suite. Il fut vicaire général de

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cousin issu de germain Gabriel d’Argenson, évêque de Rodez, puis vicaire général de son nFrançois-Elie pour son abbaye de Preuilly sur Claise. Il fut nommé à la cure d’Argenson pafrère aîné René II et chanoine honoraire de St Hilaire de Poitiers. Il fut aussi Conseiller du Roicour souveraine ecclésiastique de Paris. Il mourut dans sa 82ème année en 1715 à Argenson.

Claude et Jacques demeurèrent assez fréquemment à Notz, semble-t-il; on les trouve soumentionnés, comme parrains ou témoins à des mariages, dans les registres paroissiaux de Mart

Il n'en est pas de même du successeur de Jacques, son neveu François-Elie de Voyer de Paud'Argenson, qui habita Paris et de lointaines provinces. François-Elie était fils de René II,comme son père René 1°, fut ambassadeur à Venise. Son frère aîné Marc-René, Mad'Argenson, fut lieutenant de police à Paris, garde des sceaux, académicien.

François-Elie fut abbé de Preuilly, de N.D. de Rebecq en Bretagne, doyen de l'église rocollégiale et paroissiale St Germain l'Auxerrois. Sa carrière se poursuivit brillante : à 46 ans évêque de Dol, à 59 ans archevêque de Bordeaux et primat d'Aquitaine, Conseiller d'Etat.

Le prieuré fut ensuite jusqu'à la Révolution l'objet de compétitions entre les candidats de l'abde St Savin et les candidats commendataires.

Le 20 Octobre 1790 le Directoire du district du Blanc décida l'estimation du prieuré qui devaivendu comme bien national. La vente eut lieu le 23 Mai 1791 et le prieuré fut adjugé pour 34livres à François Armand Gatebois qui dut s'endetter pour régler 1'achat.

De 1791 à 1829, six propriétaires se succèdent. Après Gatebois viennent : Auguste Delatram(an XIII), Collineau (1809), Letourmy (1812), Elizabeth Franchault La Bonnelière, épouse sépde biens d'Auguste Delatramblais (1821), Beauchêne (1822), Jean Martin Berthelot Duri(1829).

La famille Gatebois habitait le Blanc, Le père de François-Armand était Receveur des ImposiRoyales et portait le titre honorifique de Conseiller du Roi. François Armand l'aida tout d'adans sa charge, puis lui succéda. Il eut diverses fonctions municipales pendant la Révolutionl'an VIII, il devint Président de l'Administration du District et Sous-Préfet provisoire.

La famille de la Tramblais (ou Delatramblais) habitait MarrtizayMartizay et les environs dès 1On voit aussi des membres de cette famille avant la Révolution à Subtray (1582Chati11on.Chatillon. Nous avons pu dresser la généalogie d'Auguste de la Tramblais à partir de Fçois de la Tramblais, sieur de Laleu (Laleu est à 1 km. de Notz l'Abbé, paroisse de Martizay)quadrisaïeul, guiqui naquit vers 1590. Son oncle Nazaire était encore propriétaire de LaleuRévolution.

Une branche de la famille vint s'établir à Clion à la fin du XVIIIe siècle; nous n'avons pu étab parenté avec celle de Martizay. Parmi les membres de la branche de Clion, Louis-Mauricgendarme de la garde du Roi, officier du point d'honneur au tribunal des maréchaux de FranChâtillon. Son fils Alexandre fut maire de Clion, puis préfet de l'Indre; il publia vers 184

 première édition des "Esquisses Pittoresques de l'Indre", ouvrage célèbre dans la région cardocumenté et joliment illustré. Alexandre vendit une pièce de terre à Madame de la Tramblaifut propriétaire de Notz. Il mourut à Paris, 17 rue Poncelet, en 1875.

En 1866, Jean Berthelot-Duriveau vendit Notz à Abel Besse. La propriété resta 54 ans da

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famille; à sa mort en 1876, elle fut héritée par sa fille, Madame André Delhommais, qui la con jusqu'en 1920. A cette date, elle fut acquise par François SOUBRIER qui mourut en 1942. Decette date, elle appartient à son fils Jean-Louis. (Nota : déjà constituée en SCI depuis quelannées, elle fut reprise peu après le décès de Jean-Louis Soubrier en 1997 par la famille de soaîné, Jean-François).

L'ANCIEN PRIEURE

Le "clos" du prieuré, presque entièrement entouré de muramurs, avait une superficie de 4 hecet s'étendait en pente douce sur la rive droite de la GlaiseClaise entre le chemin de Martizay à Boet cette rivière. Le plan de la page 21 donne l'état actuel. En traits bleus ont été représentés cerdétails que l'on remarque sur le plan cadastral de Martizay relevé en 1824, mais qui depuis ont

 paru.

Avec l'aide de ce plan cadastral et des inventaires dressés l'un en 1679, l'autre en 1791 lors vente comme bien national, avec l'aide également du texte d'une affiche rédigée vers 1840 (1),

(1) Elle cite le nom de Me Denis qui fut notaire à Martizay du 25 Avril 1839 au 12 Mars 1844.

201 , on retrouve les anciennes dispositions et l'on voit qu'elles sont peu différentes de c

d'aujourd'hui.Depuis le chemin de Martizay à Bossay, qui n'a été remplacé par une route que vers 1840 (1)

avenue menait jusqu'aux bâtiments du prieuré séparés de la rivière par un jardin et un vivil'extrémité du clos du côté aval de la rivière se trouvait le moulin.

Les bâtiments du prieuré étaient comme maintenant encore rassemblés autour d'une cour cenmais cet ensemble avait un aspect plus défensif; les ouvertures des bâtiments donnaient pretoutes sur la cour. Les bâtiments étaient reliés entre eux par des murs sauf au sud-ouest où la établie en terrasse dominait les terrains environnants. Les rares ouvertures vers l'extérieur étles fenêtres du logis du prieur donnant vers la rivière et dominant le jardin de plusieurs mètretout formait ainsi un groupe bien défendu contre les intrusions possibles de maraudeurs. *

La partie nord était réservée aux bâtiments servant à l'exploitation agricole du domaine. Au sutrouvaient la chapelle, la maison du prieur et ses dépendances.

Les b âtiments du domaine. 

Les bâtiments servant à l'exploitation agricole ont été remaniés en 1835 comme l'indique unegravée sur la clef de voûte d'une porte 2 . C'est de cette époque que datent les grandes portes en cintre des remises et les fenêtres en demi-lune des étables et écuries3 .

Au nord de la cour, un porche donne sur l'avenue (fig. 3); autrefois il constituait le seul acarrossable. Il paraît dater du XVIfeXVIIe ou du XVIIIe siècle. Au-dessus du passage une p

1 Elle cite le nom de Me Denis qui fut notaire à Martizay du 25 Avril 1839 au 12 Mars 1844. 2 Ainsi que sur une poutre de l’ancienne grange (actuelle « Annonciade ») : « ……… »3 Actuel « Clos St Joseph »

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carrée servait de colombier; on y voit encore, aménagées dans la pierre, les 460 cases où pouvnicher les couples de pigeons. Rappelons que le droit de colombier était un droit seigneurial les prieurs bénéficiaient.

Le toit en tuiles à quatre pentes était surmonté d'une girouette en forme de coq4  qui existe touet dont nous avons reproduit le dessin en dernière page de couverture.

Le porche comportait trois ouvertures. Celle du milieu, destinée aux voitures, était fermée parlourde porte à deux battants. Les gonds supérieurs étaient également en bois et on voit en-

Ci) Le chemin se trouvait quelques mètres au aud de la route actuelle.

core dans la première poutre les trous dans lesquels ila tournaienils tournaient De chaques'ouvraient des portes pour les piétons.

Les autres bâtiments du domaine forment un ensemble harmonieux et agréable grâce à grands toits couverts de tuiles du pays au chaud coloris mais ils ne présentent pas d'intérêt parlier. Dans l'un d'eux cependant on voit le foyer, le chaudron et les deux cuves de terre

entourées de maçonnerie qui servaient à la lessive (la "buée"); l'eau des cuves se vidait directedans la chaudière d'où, une fois réchauffée, elle était à nouveau transvasée dans les cuves.

Ancien logis des prieurs.Autour de la partie sud de la cour, qui forme terrasse, se trouvent au levant la chapelle, au

l'ancienne demeure des  prleu prieursCelle-ci comporte un bâtiment principal rectangulaire et au sud une aile en retour d'équ

l'ensemble a aubisubi au cours des siècles plusieurs transformations. Son aspect est présenteXVIIIXVIIIe mais l'examen de certains murs de fondation montre que le gros oeuvioeuvr

 beaucoup plus ancien; on voit au pied de la façade sud le parement d'un vieux mur dont l'app

est semblable à celui de la chapelle et qui en est sans doute contemporain5 . Lorsqu'on lit les inventaires anciens, on retrouve la dis-

 position des pièces malgré les transformations. Une des premières séries de remaniementavoir lieu au XVIIe et au XVTIIeXVIIIe siècles; c'est à cette époque que durent disparaître d'étrfenêtres gothiques ou renaissance et que s'ouvrirent les ouvertures plus larges et plus hautes qusubsisté.

Une deuxième transformation fut entreprise au début du XIXe siècle et elle permit à l'affich1840 de qualifier l'édifice de "bâti à la moderne". C'est sans doute à cette époque que disparu

hélas! les vastes cheminées médiévales.En 1920, lorsque Notz fut acheté par M. François SOUBRIER Soubrier , le logis des prieurs éta

fort piteux état. Resté inhabité pendant 17 ans, privé d'entretien depuis plus longtemps enco présentait de nombreux signes de délabrement et avait perdu, à la suite de ses divers avatarscachet du temps passé. Le nouveau propriétaire fut obligé de se livrer à d'importants travau

4 Le coq a été remis à sa place traditionnelle, au dessus de la croix, au faîte de la chapelle vers 19745 Ainsi que les murs de l’actuelle salle à manger dont l’appareil de pierre caractéristique a été découvert1974 lorsque M. Jean-Louis Soubrier en a fait retirer le crépi.

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réparation et en profita pour procéder à de profonds remaniements; il changea la destinatiocertaines pièces, abattit des cloisons, créa un nouvel étage mansardé.

L'entrée principale se fait par la cour en terrasse si bien que l'on pénètre dans la maison p premier étage; c'est là que demeurait autrefois le prieur. Le second étage n'était alors qusoupente; le rez  -de  -chaussée était réservé au service. Dans le rez  -de  -chaussée de l'aileactuellement cellier, se trouvait la "boulangerie" et le four à pain. Celui-ci, dont la ruine mende gagner le reste de la construction, fut ainsi que sa cheminée, démoli en 1920, mais la vnoircie du cellier reste le témoin des nombreuses cuissons de pain qui y furent pratiquées.

Avant le XVIIIe siècle, le rez de chaussée du bâtiment principal devait être percée de peouvertures et seulement sur les façades Ouest et Est. Sur la façade Sud il ne pouvait en exaucune, car tout l'espace carré compris entre l'aile Sud et la façade Sud du bâtiment principal occupé par une vaste terrasse à niveau avec le 1er étage. Elle est figurée sur le plan cadastr1824 et fut détruite vers le milieu de ce siècle. Après dégagement, une fenêtre fut percée sfaçade Sud. En 1922, elle fut transformée en porte fenêtre et une deuxième fut ajoutée.

Etude et pavillon.

L’Etude.Entre la maison du prieur et la chapelle se trouve un petit bâtiment dont le premier étage e

 plain pied avec la cour terrasse et qu'on appelle par tradition "l'étude""6  car un notaire de Marty exerça ses fonctions au XVIIIe siècle. Le rez de chaussée est occupé par deux petites pièces l'une en 1840 était une laiterie.

Pavillon7 Enfin à l'Ouest est un curieux petit pavillon hexagonal, couvert d'un toit d'ardoise galbé, cons

sur des fondations circulaires qui furent très probablement celles d'une ancienne fuye (colom

médiévale dont l'usage dut précéder celui du colombier plus récent, aménagé au-dessus du pod'entrée. En 1840, la partie supérieure de ce petit édifice était une volière et le rez  -de  -chauservait de salle de bain. La tradition veut qu'auparavant des loups y aient été élevés par M. Tramblais.

Jardin et vivier.Au midi et à l'est de la maison du prieur s'étendait un jardin "tiré en allées", dit un texte an

d'une superficie de 4.500 m2 d'après le plan cadastral de 1824.En bas de ce «jardin s'allongeait, presque parallèlement à la rivière, un vivier de 80 mètres de

et 10 mètres de large. Il figure au plan cadastral et fut supprimé au début de la deuxième moit

siècle dernier. C'est, dit-on, avec la masse de terre et de pierre provenant de la démolition terrasse dont nous avons parlé plus haut qu'il fut comblé. Un repli de terrain en signale

 placement; une fontaine en est un vestige. L'affiche de 1840 nous apprend que l'élevage de poisque l'on y pratiquait était d'un bon rapport.

Lorsque le vivier fut supprimé le jardin fut transformé, la partie située à l'est de la maiso

6 Aujourd’hui rebaptisé « l’ermitage » depuis qu’il a été réaménagé en habitation pour Mr l’Abbé RemySoubrier7 Parfois appelé aujourd ‘hui « la tourelle » ou par déformation enfantine « la tourterelle »

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 plantée en bosquet; la partie ouest devint un pré. Le reste (au bord de la rivière au sud-est), end'arbres, demeura potager jusqu'en 1932, date à laquelle il fut planté en bois.

Moulin (fig. 4).A l'extrémité du clos, dans une île de la GlaiseClaise, en face du village du Bouille, se trouven

restes de l'ancien moulin.Au début du siècle dernier, il passa en diverses mains. Jusqu'en 1813, il fit partie de l'an

 prieuré, mais en 1813>, le 28 Août, le propriétaire de l'époque Auguste Letourmy le vendit àVacher, meunier, qui s'installa au Bouille pour l'exploiter. Puis Jean Vacher afferma le mouJoseph Martinet, également du Bouille, le 13 Janvier 1816. Le 28 Février 1819, il le vendit à LGervais, qui s'engagea à entretenir le bail à ferme consenti à Martinet.

Le 7 Mai 1836, Jean Berthelot qui était devenu propriétaire de l'ancien prieuré et qui posségalement le moulin de Tourneau, situé à 800 mètres en amont, racheta le moulin de Notz à L

Gervais. Le même jour, il bailla à ferme le moulin de Tourneau au

25

louisà Louis Gervais et s'interdit pendant la durée du bail "d'apporter obstacle au libre cours du moulin de Notz afin de faciliter la manoeuvre de celui de Tourneau". Il se réservait seulemefaculté de fermer la pelle du "boucheau" en caa de crue pour prendre des anguilles au filet.

Ce fut donc vraisemblablement à cette date, en 1836, que le moulin de Notz cessa de fonctionIl comprenait deux salles , l'une bordait le petit bras où se trouvait la roue et contenait les me

les "tournants et virants". Elle a été démolie au XIXe siècle, il en reste les murs arasés à haud'appui.

L'autre salle, qui existe encore, servait d'habitation; elle possède toujours sa grande cheminson "cagnard" à charbon de bois.

Figure 4ancien Moulin

La configuration de la rivière a été quelque peu modifiée depuis que le moulin ne tourne deux dérivations ou "fausses rivières" qui figurent sur le plan cadastral de 1824, l'une sur lagauche, l'autre sur la rive droite ont été partiellement comblées. Il n'en reste que les raccordemaval avec la rivière8 .

Le barrage déversoir et les "pelles" du moulin (que l'on appelait écluse) ont été détruits en

sur la demande des Services des Ponts et Chaussées. Une passerelle a été construite àemplacement.Un pont, aux poteaux de bois dont on voit les restes en période de basses eaux, reliait autr

l'île du moulin au village du Bouille sur la rive gauche; il est disparu depuis fort longtemps. Il été construit à l'emplacement d'un gué dont il est question dans les écrits anciens et dont

8 En 1958, des travaux importants de « canalisation » de la Claise ont été effectués pour éviter les inondnaguère fréquentes. C’est ainsi qu’aujourd’hui le bras le plus important, creusé à 3m50, reprend le tracéla fausse rivière ; un pont métallique a été lancé entre la rive gauche et ce qui est donc dorénavant une

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aurons à parler plus loin.

Enfouis dans la verdure, se mirant dans l'eau calme de la rivière, les restes du vieux moulin prieurs gardent le parfum romantique d'un passé disparu. Au ronronnement des meules  brui' bruit de la chute d'eau a succédé un silence propice à la méditation.

LA CHAPELLE

La chapelle St Antoine s'élève entre la maison du prieur et les bâtiments du domaine et les dode sa masse (fig. 1 et 2).

Elle a subi bien des vicissitudes depuis la vente du prieuré comme bien national, mais telle quest, elle présente de l'intérêt à plus d'un titre. Son état de conservation est d'ailleurs assez

Comme nous le verrons, elle fut assez maltraitée depuis la Révolution, mais ces matraitements purent être réparés en général sans trop de difficulté et, de toute manière, ils n'a

rentn'atteignirent pratiquement pas les parties intéressantes pour l'art et l'ar -ohéologiechéologie.Peut-être même faut-il se féliciter de l'état d'abandon danadans lequel elle fut laissée, car

échappa ainsi au zèle intempestif de restaurateurs maladroits. Trop de monuments ont été défigen France et ailleurs sous prétexte de les améliorer. Dieu merci, pour la chapelle de Notz l'Aaucun prieur des XVIIe et XVIIIe siècles n'a songé à la "moderniser", aucun émule de ViolDuc n'a essayé de "l'embellir" par des reconstitutions hasardeuses et douteuses du passé et nous est-elle transmise à peu près telle qu'elle était au moyen-âge.

Après que la Révolution eut chassé les prieurs, la chapelle fut cependant encore utilisée po

culte. Un vieillard, mort à 81 ans en 1956, M. Leseiche, qui habitait à quelques centaines de mèaux Richardières, nous a déclaré que sa grand'mère y fut baptisée et y fit sa Première CommunParmi les "anciens" du pays, certains, comme Madame Gabelin, de la Touche, ont aussi connu grand"’mère et l'ont souvent entendu rapporter ce fait. Elle s'était mariée, paraît-il, à 15 ans; d'al'âge de son petit-fils, on peut situer sa date de naissance entre 1810 et 1840 et celle de sa PremCommunion, une dizaine d'années plus tard.

La chapelle fut ensuite, au milieu du siècle dernier, transformée en cellier, par les propriétairel'époque, peu respectueux à la fois des choses sacrées et des témoignages du passé. Ce n'es

 peu après l'achat de NOTZ en 1920, par M. François SOUBRIER, qu'elle fut débarrassée barriques, des betteraves et des innombrables détritus, qui l'encombraient et la souillaient, et qu

réparations indispensables purent être faites.Tout récemment l'Archevêché de BOURGES a donné l'autorisation que le culte puisse y ênouveau célébré et, après qu'une pierre d'autel consacrée ait été posée, M. le curé de MARTIZle samedi 5 Octobre 1957, bénit la chapelle et y dit une messe devant tous les habitants du vilde NOTZ L'ABBÉ. Ainsi est-elle rendue maintenant à la destination qui lui avait été donnée pahommes qui l'ont édifiée.

Une fois cependant, 17 ans auparavant, la messe y avait été dite dans de graves circonstaC'était en Juin 1940, lors de l'exode des populations devant l'invasion allemande. Parm

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nombreux réfugiés qui avaient trouvé asile à NOTZ pour quelques heures, se trouvait un pmuni de son autel portatif. L'office fut dit devant un grand nombre d'assistants.

DATE DE CONSTRUCTION

Date de constructionII est vraisemblable que la chapelle date de la fondation du prieuré et qu'elle a donc été const

 peu après 1228.Cependant son style, transition entre le roman et le gothique, tendrait plutôt à la faire date

XlleXIIe siècle. Les arcs d'ogive des voûtes indiquent le début du gothique; les arcaarcs en cintre des fenêtres du mur d'abside et de la piscine, le décor géométrique de cette dernièrechapiteaux, sont encore de type roman.

 Nous sommes donc conduits à supposer que la chapelle a bien été bâtie vers 1228, mais danstyle archaïque; ceci ne peut d'ailleurs surprendre dans une campagne qui était alors privémoyens de communication, assez éloignée des grandes villes et des principaux foyers artistiqutemps et parsemée d'édifices, aou-souvent remarquables, de l'époque romane, qui pouvaient

servir de modèles.ARCHITECTURE GÉNÉRALE (voir le plan de la page 31).

Architecture généraleIntérieurement le plan général se présente sous forme de deux travées à peu près carrées de

50 environ de côté. La Chapelle étant orientée9 , nous appellerons dans la suite de cette descriptravée EST celle dans laquelle ae se trouve l'autel; travée OUEST celle dans laquelle se tenaienfidèles et dans laquelle on pénètre par la porte principale (fig. 5).

Les deux travées sont séparées par un arc brisé portant la retombée des voûtes; chacunetravées est couverte par une voûte d'ogive, dont les arcs, d'un profil très simple (section rectang

re avec angles abattus; voir détail page 3l) reposent par l'intermédiaire de chapiteaux sculptés sur qcolonnes d'angle, aux bases ornées de griffes (fig. 6).

Les surfaces des quatre éléments de voûtes ou "voûtains" reposant sur les arcs d'ogive et l'ensemble constitue la voûte d'une travée, sont très sensiblement des portions d'une même sp(et non pas des éléments cylindriques comme les voûtes d'arête et les voûtes gothiques manciennes). Il en résulte que pour chaque travée, la voûte se présente un peu comme une couqui serait renforcée par deux arcs se coupant à angle droit au centre. Cet aspect est encore frappant quand on examine les deux voûtes par le dessus, sous les combles.

Ce mode de construction généralement caractéristique de la transition entre le roman gothique se retrouve dans les voûtes du choeur de l'église de Martizay, pourtant beaucoup récentes (fin du XVe siècle). Il est tout différent de celui qui conduit aux voûtes angevines dite"style Plantagenet", dont les voûtains sont nettement séparés les uns des autres.

La retombée de six des huit éléments de voûte se fait sur les murs latéraux ou d'extrémité,interposition d'aucun arc formeret. Les deux autres retombent, comme nous l'avons dit plus haul'arc qui sépare les deux travées.

L'élément de voûte extrême de la travée "Ouest" est percé d'un orifice circulaire d'environ 60

9 Orientée – bien entendu – de façon à ce que les fidèles (et le prêtre) soient tournés vers l’Orient

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de diamètre, qui laissait passer leales cordes des cloches.  L'élément de voûte extrême de la travée "Est" présente un orifice de quelques centimètre

diamètre qui débouche à l'angle inférieur droit de la fresque représentant un homme ailé, symde saint Mathieu (fig. 5 et 19)Mathieu ; par le dessus on voit que leales pierres qui l'entourent onsoigneusement appareillées. Peut-être était-il destiné au passage d'une corde supportant un appd'éclairage ou plutôt un tabernacle suspendu (ou ciborium) selon l'usage en vigueur à l'épromane.

Extérieurement la chapelle se présente sous la forme d'un édifice rectangulaire (fig. 1). Le toit double pente, il est limité par deux pignons, l'un à l'ouest, l'autre à l'est. Les murs sont fort épam. 20) de manière à résister aux poussées des voûtes. Ils sont constitués par un blocage centrtrès petits moellons liés au mortier de chaux, enserré entre deux parements de pierre de tailmoyen appareil. Les diverses assises sont de hauteurs variables de 20 à 25 cm. Les pierreenviron 15 à 20 cm. d'épaisseur; leur longueur varie de 25 à 70 cm., la moyenne étant de 35environ. Toute la pierre a été prise sur place dans la craie tuffeau qui affleure le sol dans la ré

et l'édifice a cette couleur blanche à peine patinée qui donne aux constructions tourangelles leuminosité et leur gaîté.

Pour contenir la poussée des voûtes entre les deux travées, deux contreforts avaient été exélors de la construction. Ils ont disparu, mais on en voit encore les traces sur les façades nord et

La toiture n'est plus à son niveau d'origine. On remarque d'après la différence d'appareil et l'uirrégulière des pierres, que les deux pignons et les deux murs latéraux ont été surélevés. Ctransformation a été faite au siècle dernier, sans doute pour augmenter l'espace disponible entrvoûtes et la couverture, espace utilisé comme fenil.

A l'occasion de ce travail le clocheton qui dominait la toiture (au-dessus du trou aménagé davoûte Ouest pour le passage des cordes des cloches) fut démoli. Des "anciens" que nous aconnus, aujourd'hui disparus, avaient assisté à ce travail et disaient que le propriétaire du mose plaignait de ce que, visible de la route, il attirât des visiteurs; pour éviter cette gêne, supprima. La croix de fer qui le surmontait a été retrouvée en 1923 parmi l'amoncellement d'oet de résidus qui encombraient la chapelle quand elle était utilisée comme cellier; elle fut scellée au faîte du pignon Ouest.

Le clocheton existait encore lorsque le Service Géographique de l'Armée procéda en 1840-aux relevés pour l'établissement de la carte d'Etat-Major major au 80.000ème, car il servit de pgéodé-sique. Il est signalé sur cette carte par un triangle et baptisé "Belvédère". Un croquexiste aux archives de l'Institut Géographique National (ex-Service Géographique de l'Armée)

croquis, malheureusement très sommaire, donne cependant quelques indications sur la formclocheton. Il se présente comme une sorte de "lanterne" aux faces ajourées et au toit hémisphér  Nous verrons plus loin qu'un dessin de la chapelle existe sur une des fresques et qu'ellreprésentée avec un clocheton non pas arrondi mais pointu. Il faut admettre qu'à l'origine il futainsi, mais que plus

  tard, vers le XVIIe siècle, il fut remplacé par la lanterne en question, où l'on pouvait ean

doute accéder pour regarder le paysage, ce qui justifierait assez bien l'appellation "Belvédère".Le propriétaire de Notz l'Abbé qui "commit" ces transformations ne borna pas là, hélas

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malheureuses initiatives. Par suite de l'abaissement du niveau du terrain avoisinant, par éronaturelle ou terrassement (abaissement visible car le soubassement des murs, en maçonnermoellon, normalement enterré, est maintenant apparent), on ne pouvait plus entrer de plain-dans la chapelle, ce qui était fort gênant et empêchait d'y rouler les barriques que son nouvel ului imposait de recevoir. Pour remédier à cette situation, il fit creuser le sol de la chapelle d'env1 m. 20. Au cours de ce travail qui, d'après une tradition recueillie en 192J1921, fut exécuté1860, on trouva, dit-on, des ossements humains, ceux sans doute d'anciens prieurs.

Ce terrassement présenta toutefois un avantage : celui de mettre les sculptures et les peinturesd'atteinte des chocs qu'elles auraient inévitablement reçus des barriques, perches, échelles et amatériels si ceux-ci, grâce à l'abaissement du sol, ne s'étaient trouvés à un niveau très inférieur.

En 1925, on voulut rétablir le sol à son niveau normal. Un plancher fut con(malheureusement par suite d'une erreur de l'entrepreneur, un peu en dessous de la cote anciennun escalier de pierre fut ajouté devant la porte d'entrée.

La patine des murs permet de deviner le niveau d'autrefois. Il est plus exact de dire "les niveaIl semble en effet que les deux travées aient été séparées par une marche et que la travée "est

elle-même été séparée en deux parties par une seconde marche. Dans la travée "ouest", le carredevait être à 10 cm. au-dessus de l'actuel; dans la première partie de la travée "est", il devait ê20 cm. environ et au fond de cette travée à 30 cm.

Lorsque le plancher fut établi, le sol fut à nouveau creusé au-dessous pour ménager la actuelle; une porte d'accès fut percée; on en profita pour renforcer les fondations en les doubll'intérieur par un mur neuf. De nouveaux ossements furent trouvés au voisinage de la porte sacristie; ils furent réré inhumés entre le mur neuf et le mur ancien.

CHAPITEAUX

Chapiteaux

Les chapiteaux sont au nombre de huit (quatre dans chaque travée). Ils sont repérés de Cl à C8 sur le pla page 31. Ils

36

surmontent les huit colonnes et reçoivent les arcs d'ogive; leur style est typiquement roman (

14). Ils sont tous sculptés, la plupart très sommairement : trois cependant sont à remarquer; l'un (

8)l’un est orné de la coquille St Jacques (1),10  , un autre (C7 fig.13) de feuilles d'acanthe avec, dans l'al'ébauche d'une tête humaine. Le troisième, le plus curieux et le seul de cette espèce, est historcomporte des personnages (08 fig. 14).

On distingue sur ce chapiteau une tête d'homme commune à deux corps. On sait qu'une disposition était fréquente à l'époque romane et probablement inspirée des dessins orientaux o

la rencontre souvent. En ce cas par raison de symétrie la tête correspondait à un angle et y forune saillie remplissant la fonction décorative souvent dévolue à des volutes ou à des crochets.

Ces deux hommes à tête unique luttent entre eux; chacun tire d'une main la barbe de la tê

10 Les p èlerins de St-Jacques de Compostelle portaient aux Xlème et Xllème siècles, au retour, des coquilles ramassées sur les de Galice. Cette coquille devint leur emblème, puis chose curieuse, fut peu à peu considérée comme celui du saint Apôtre lui-mêm

Rappelons que Notz l'Abbé n'est pas loin d'une des routes principales des pèlerins de St-Jacques, qui passait par Orléans, Poitiers, et même que la route romaine Orléans, Poitiers passant par Martizay constituait un raccourci peut-être aussi emprunté pa(Voir l'étude concernant cette voie dans le N° 1 des "Cahiers Historiques de Martizay").

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menace celle-ci de l'autre main armée d'un glaive ou d'un marteau.Ce chapiteau est à comparer avec l'un de ceux de l'ancienne église de St-Hilaire de Poitiers,

un moulage existe au Musée des Monuments Français au Palais de Chaillot (fig. 15) et que EMâle a décrit dans son ouvrage "L'Art Religieux du Xllème siècle en France" (page 15). EMâle montre que son auteur, comme la plupart des sculpteurs et peintres du Moyen-Age inspiré d'une miniature ancienne.

Celle qui a servi de modèle au sculpteur de Poitiers orne l'Apocalypse de St-Sever que possèBibliothèque Nationale. Ce manuscrit est une des nombreuses copies, faites et enluminées en cogne, du commentaire sur l'Apocalypse, composé en Espagne par Béatus, abbé de Lieban784.

La miniature de l'Apocalypse de St-Sever dont le sujet d'ailleurs n'a aucun rapport avec le texqui semble avoir été mise là par l'artiste pour reposer le lecteur des scènes d'épouvanté du lreprésente une scène cocasse : deux vieillards chauves, mais

(l) Les pèlerins de St-Jacques de Compostelle portaient aux Xlème et Xllème siècles, au retour, des coquilles ramassées sur les de G-alice. Cette coquille devint leur emblème, puis chose curieuse, fut peu à peu considérée comme celui du saint Apôtre lui-mêm

Rappelons que Notz l'Abbé n'est pas loin d'une des routes principales des pèlerins de St-Jacques, qui passait par Orléans,

Poitiers, et même que la route romaine Orléans, ^Poitiers passant par Martizay constituait un raccourci peut-être aussi emprunté p(Voir l'étude concernant cette voie dans le N2 1 des "Cahiers Historiques de Martizay").

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  barbus, luttent l'un contre l'autre. Faute de pouvoir se prendre par les cheveux, ils se saisisse barbe pendant qu'une femme les contemple. Emile Mâle donne une reproduction de la miniatudu chapiteau de St-Hilaire; leur similitude est évidente : sur le chapiteau les deux hommes se taussi mutuellement la barbe d'une main et de l'autre brandissent une arme pendant que femmes les retiennent par un pan de leurs vêtements. Il en déduit que l'Abbaye de St-Hilaire d

 posséder une copie de l'Apocalypse de Béatus, presque semblable à celle de St-Sever et qsculpteur y a puisé son inspiration.

Le chapiteau de Notz l'Abbé est lui-même très vraisemblable^ ment inspiré de celui de St-Hila scène est analogue, à la différence près que les deux femmes sont absentes et que les hommes ont été représentés d'une façon burlesque avec une seule tête.

OUVERTURES

Ouvertures

I. - Portes.La porte principale, (repérée PI sur le plan de la page 31) à deux battants, s'ouvre sur la façade O

l'ouverture est en formqforme d'arc brisé; mais on remarque que l'archivolte surmontant l'arc essensiblement en plein cintre et que les pierres d'encadrement de l'ouverture paraissent plus neumoins dégradées par le temps, i que le reste de la construction. On peut donc se demander s'il n

  pas eu autrefois un porche en plein cintre qui aurait été par la suite reconstruit tel qu'maintenant.

Les deux battants en bois de cette porte sont anciens. Lorsque, au XIXe siècle, le sol dchapelle fut, comme nous l'avons dit, abaissé, on démonta les battants et on les plaça plus bas;

 pace laissé libre à la partie supérieure fut fermé par une imposte également en bois. Lorsqu1925, le sol fut rétabli à son niveau normal on n'eut qu'à enlever l'imposte et l'ancienne portêtre immédiatement remise dans ses anciens gonds qui étaient demeurés en place.

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La serrure, de grande dimension, comporte un boîtier de bois.Une autre porte à un seul battant existe sur la face Nord dans la travée "Est" (P2),", elle donn

l'ancienne sacristie. L'arc extérieur de cette porte fut autrefois en plein cintre ainsi que le moencore l'appareil des voussoirs du côté extérieur; mais elle a été plus tard retaillée en carré, pêtre pour faciliter le passage. L'ébrasement vers l'intérieur de la chapelle comporte une vsurbaissée.

39

Toujours dans la travée "Est", mais dans le mur Sud, une petite porte (P3) a été percée à la fXVe siècle (fig. 16 et 17). Du côté extérieur elle comporte un linteau en pierre, d'une seule ptaillé en forme d'accolade et orné d'un écusson légèrement penché vers la droite. les pid'encadrement ne se raccordent  paa pas bien avec le reste de la construction et les lits successicorrespondent pas entre eux, ce qui prouve bien le percement postérieur à la constructionattesté par la différence de style.

Figure 17Détail de 1'encadrement de la porte (base)Figure 16

Les armes de l'écu sont celles de la famille du GENEST (1440-1490) dont plusieurs memhabitèrent la région et qui a donné deux Prieurs de Notz : Frère Jean du GENEST (1440-149Frère Elie du GENEST qui était Prieur en 1500. Ces armes sont : "de sable à quatre demi fud'argent rangées en chef", ou "de sable au chef denché d'argent".

40

L'ouverture domine maintenant le sol extérieur qui, noua l'avons dit, a subi des terrassemfaute d'escalier, elle ne peut servir de passage. Elle est fermée par un vitrail, qui prochainemenremplacé par une porte pleine.

Cette ancienne porte est très semblable à celle que l'on voit dans l'église de Martizay soclocher; mais celle-ci ne porte pas d'écu.

II. - Fen êtres. Trois fenêtres étroites, en plein cintre (01) sont percées dans le mur Est, derrière l'autel. Elles d

de la construction même de la chapelle ainsi que la petite fenêtre également en plein cintre (0

surmonte la porte d'entrée principale dans le mur Ouest.

Deux autres fenêtres en plein cintre sont ménagées dans le mur Sud, l'une (03) dans la travée "l'autre (02) dans la travée "Ouest". Il est très net qu'elles ont été percées après coup, pour donnla lumière dans la chapelle qui devait être auparavant fort sombre; d'ailleurs leurs ébrasem

extérieurs en pan coupé ne peuvent appartenir qu'au style gothique des XlVe ou XVe siècles. exécution est maladroite, les pierres d'encadrement et les vous-aoirssoirs ne se raccordent pareste de l'appareil. Celle de la travée "Ouest" n'a pas été placée dans l'axe afin de ménagfresque voi-aine.sine. Elles sont donc postérieures à celle-ci.

41

PISCINELa niche de la piscine à droite de l'autel (mur Sud) est en plein cintre et joliment décorée d'un

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se terminant de chaque côté par deux colonnes aux "bases ornées de griffes (p). Autour de ceun décor en ligne brisée est aussi caractéristique de l'art roman (fig. 18).

ARMOIRE EUCHARISTIQUEDu côté opposé, donc dans le mur Nord de la travée "Est", est creusée une armoire avec

ouverture au meneau de pierre (A), destinée à contenir le Saint-Sacrement et les vases sacrés.Cette sorte de niche ou plutôt "de placard", dirions-nous aujourd'hui, visiblement exécutée a

coup, semble dater de la fin du XVe.

BÉNITIER Le bénitier en pierre, très simple, est placé à gauche de la porte d'entrée principale, et enc

dans le mur. Il est décoré de côtes.PEINTURESJJURALESles

PEINTURES MURALES

Les murs, les arcs et les voûtes sont ornés de fresques ou de décors peints qui sont toujours rapparents. Contrairement à ce qui arrive fréquemment aucun enduit n'est venu couvrir les peintun tel enduit les eût sans doute protégées et elles seraient peut-être aujourd'hui moins effacées.

Les peintures sont de types et de coloris différents.

 Nous décrirons en premier lieu les peintures ocre jaune et ocre rouge, car elles couvrent la pretotalité des surfaces et sont donc les plus visibles. Ce sont elles qui donnent à la chapelle de

l'Abbé cette étrange et chaude tonalité rouge et jaune qui frappe le visiteur, dès l'entrée. Les ofurent des couleurs très employées par les peintres à fresque du Moyen-Age; mais elles étaiengénéral associées à d'autres couleurs telles que le bleu et le vert. Le double coloris rouge et jauncette chapelle est assez exceptionnel. On le trouve cependant quelquefois dans les édicampagnards car les ocres étaient les couleurs dont le prix était le moins élevé.

43 I. - Peintur ée ocre jaune et ocre rouge. Les voussoirs de l'arc central, des arcs des portes et des fenêtres, des arcs d'ogive, sont p

alternativement de ces deux couleurs; le " badigeon a été appliqué directement sur la pierre (fig.Les surfaces des voûtes et des murs sont couvertes d'un enduit au mortier de chaux relative

épais (un cm. environ) qui devait descendre jusqu'au sol; la partie inférieure a disparu, les pierrtaille sont apparentes et portent les traces des coups de ciseau ou de martelet de maçon qui ondonnés pour améliorer l'adhérence de l'enduit.

Cet enduit porte plusieurs peintures et le reste de sa surface est couvert, au-dessus du niveauchapiteaux, par un quadrillage ocre rouge simulant des joints de pierres de petit appareil otriques. Au-dessous de ce niveau l'enduit ne comporte qu'un badigeon blanc.

Les peintures ne sont pas à proprement parler des fresques, ce terme étant réservé aux peinexécutées sur un enduit encore frais (fresco) ce qui permet au colorant de pénétrer en profon

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Ici la coloration n'intéresse qu'une pellicule superficielle très mince, ce qui montre que le peindû travailler sur mortier sec ou presque sec, suivant le procédé "à la détrempe" souvent utill'époque, avec une peinture à la colle ou plutôt au lait, qui grâce à ses constituants (caséine et cgras) donne un pouvoir agglutinant excellent mais s'altérant malheureusement à la longue.

Avec le rouge et le jaune, il faut en réalité mentionner aussi la couleur blanche qui constitufonds et les rehauts. Il est également possible que l'artiste ait employé, pour rehausser cert

 parties du dessin, le noir,' couleur particulièrement fugace, qui a donc pu s'effacer, car on n'en pas trace.

Dans le fond, sur la voûte Est, au-dessus de l'autel, on distingue un Christ en majesté11  , entoutétramorphe, c'est-à-dire des symboles des quatre Evangélistes (fig. 19). Le Christ vêtu manteau rouge est assis sur un fauteuil de même couleur; sur ses genoux est couché un ag

 blanc; dans la main droite, on devine une boule surmontée d'une Croix. Au-dessus de saauréolée de rouge se trouve une Croix.

Les symboles des quatre Evangélistes : l'homme (saint Mathieu), le lion (saint Marc), le tau(saint Luc), l'aigle (saint Jean), tous ailés, auréolés de rouge, portent chacun une banderol

 phylactère, sur laquelle le nom du Saint était inscrit en lettres rouges et dont on voit encortraces.

Sur le mur Sud de la travée "Ouest" est représentée la44

  décollation d'un martyr, aaint saint Jean-Baptiste sans doute (fig. 20). Le martyr est à genouxmains jointes; il est vêtu d'une peau d de bête rouge, jetée sur ses épaules, percée au centre po

 passage de sa tête, retombant devant et derrière et maintenue par une ceinture; on distingue lecou, la tête et les oreilles de la bête, traînant à terre devant les genoux du supplicié. l'exécudebou-t, lève le glaive avec lequel il va frapper.

Toujours dans la travée "Ouest", mais sur la face opposée; se trouve une fresque très effacée

on peut toutefois deviner 1< le sujet, saint Georges terrassant le Dragon (et non pas saint Laurenle gril comme cela a été parfois indiqué par erreur).(fig. 2l). On distingue sur la gauche, la cr

 blanche du cheval de saint Georges, recouverte d'un harnais rouge. On voit les membres postéret la queue du cheval; les membres antérieurs sont également visibles; l'animal est représenté ccomme sur la plupart des peintures de l'époque représentant saint Georges. On reconnaît auscuisse et la jambe blanche du saint se détachant sur la selle rouge. Son buste et sa tête sont à

 près invisibles, mais on aper  çoit très nettement le panache rouge de son heaume. La lance jaun pointée vers le sol à droite où se trouve un animal bizarre, au corps jaune recouvert de cu petits dessins figurant peut-être des écailles de serpent, mais dont il est difficile de reconstituforme.

L'enduit qui porte ces peintures recouvre en partie les pierres de l'ébrasement de la porte Sud été percée au XVe siècle. Elles sont donc postérieures mais de peu sans doute; elles doivent de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. D'après M. THIBOUT (conservateur au MuséeMonuments Français, au Palais de Chaillot, à Paris), elles auraient été, sans doute, exécutées le règne de Louis XII (1498-1515). Il se base sur la forme du pourpoint du bourreau qui exé

11 Depuis la rédaction de ce « Cahier historique », les fresques ont été restaurées et il est maintenant adqu’il ne s’agit pas – comme d’habitude pour les tetramorphes – du Christ en majesté, mais de Dieu le pèr(Cf études de Michel Maupoix 2001 et de Jean-Louis Soubrier 1997)

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saint Jean, sur le plumet du heaume de saint Georges, sur le harnais de son cheval, en particsur les rênes épaisses. Or, toutes les fresques de coloris ocre ont été manifestement exécutées pmême main et en même temps.

Les peintures ocre jaune et ocre rouge de NOTZ présentent une grande analogie avec les peinde trois chapelles de la vallée de la GARTEMPE qui, comme elle, sont d'un art populaire ed'un art savant. En remontant le cours de cette rivière à partir de St SAVIN, on peut visuccessivement : la chapelle seigneuriale de l'église d'ANTIGNY (à 3,5 km.), celle du châteaBOIS MORAND (à 5 km.), la chapelle funéraire de JOUHET (à 9 km.).

Les intéressantes fresques de ces trois chapelles ont été décrites par J. SALVINI dans le bude la Société des Antiquaires de l'Ouest (2e trimestre 1939). Les trois séries sont manifestel'oeuvre d'une même équipe. La ressemblance est frappante tant

46

  par le sujet de la peinture que par .le dessin et le coloris. Toutes trois ont été commandéeJean de MOUSSY, Seigneur de BOIS MORAND : la chapelle de l'église d'ANTIGNY était celsa famille, la chapelle de JOUHET était le lieu de sépulture familial. On a pu dater ces pein

avec une certaine précision. Celles de BOIS MORAND sont de peu antérieures à 1490; la chade JOUHET fut fondée en 1502 et fut sans doute décorée dès qu'elle fut construite; les peind'ANTIGNY sont de la même époque. Toutes ces peintures sont donc contemporaines de cell

 NOTZ.Les peintures de NOTZ n'ont pas avec les fresques des trois chapelles de la GARTE

l'extrême ressemblance que celles-ci ont entre elles. Nous avons cependant trouvé de nomb points communs qui viennent confirmer l'impression de similitude ressentie dès la première vd'ensemble, impression due au dessin et au coloris.

Tout d'abord les claveaux d'arcs peints alternativement à l'ocre rouge et à l'ocre jaune se retrouà JOUHET et à ANTIGNY. Signalons que la chapelle de PLAINCOURAULT, paroissMÉRIGNY (11 km. N.B. de St SAVIN) au bord de l'ANGLIN, présente également disposition rarement rencontrée.

Les couleurs ocre jaune et ocre rouge sont exclusivement employées à ANTIGNY com NOTZ. A BOIS MORAND, le rouge et le jaune ne sont pas employés seuls, mais ils domnettement.

Les figures sont traitées de façon semblable; les visages sont blancs et encadrés d'unt» barbe ret d'une longue chevelure de même couleur. Les détails du visage, les yeux, le nez, la bouche

 peu accusés et effacés par le temps. C'est ainsi que la figure du Christ, dans les compositions GARTEMPE, ressemble étonnamment à celle du saint Jean de NOTZ.

Certains détails paraissent avoir été exécutés de la même main. Ainsi l'aile d'un ange à JOUest traitée identiquement comme celles des animaux du tétramorphe de NOTZ : le bord de l'ailconstitue sa membrure est peint en rouge et le reste est blanc ou jaune. De même à BMORAND on peut voir un "donateur" représenté à genoux dans la même position que le saint agenouillé de NOTZ et le dessin des cuisses et des jambes est identique. Les chevaux entrant la composition des peintures de la GARTEMPE sont tous représentés avec le même mouvemeles mêmes proportions que celui du saint Georges de NOTZ; seul le harnais est traité un peuféremment. Enfin, le taureau de NOTZ tient son phylactère dans sa gueule comme celu

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tétramorphe de BOIS MORAND et ces deux têtes ressemblent à celle du boeuf contempl'enfant Jésus dans la scène de la Nativité de JOUHET.

Les peintures de NOTZ doivent donc être rattachées à l'école de GARTEMPE aux environs d1500. Ceci n'est pas pour sur -

47

 prendre. De toute évidence, le prieur de NOTZ l'ABBÉ devait fréquemment se rendre à l'abmère do St SAVIN aur GARTEMPE. Chez lea les Bénédictins de cette abbaye on devaitamateur de peintures murales tant par la tradition que grâce à la contemplation des célèbres ptures de l'église abbatiale, alors déjà vieilles de quatre siècles. Notre prieur dut admirer les trade l'équipe qui décorait les murs et leales voûtes des chapelles de JOUHET, ANTIGNY et BMORAND et peut-être d'autres édifices du voisinage maintenant disparus ou privés de fresques; tout naturellement il dut faire appel à l'un de ces peintres pour enluminer sa chapelle.

II. - Fresque de saint ChristopheElle se trouve sur le mur Nord de la travée "Est" et est malheureusement très abîmée. L'endui

lequel elle est peinte est par son exécution, très différent de celui qui couvre le reste des murs.  plus mince (quelques millimètres seulement d'épaisseur), plus fin et plus blanc, comme constituchaux presque pure. Il est antérieur à l'enduit général car celui-ci a été soigneusement limité

 bordure noire (directement peinte sur la pierre qui entoure la fresque). La limite de l'enduit géest nette et lisse; elle a visiblement été faite au moment de l'application de l'enduit et non pas pretaillage ultérieur. De plus, à l'emplacement de morceaux de la fresque détachés, apparasurface de la pierre portant des traces de coups de ciseau ou de martelet comme le reste des mmais plus rapprochées, plus petites et il est très net que le tranchant de l'outil qui les a faites

 beaucoup moins large. L'absence de traces analogues à celles des autres parties de murs ped'affirmer que la fresque de saint Christophe est plus ancienne que celles que nous venon

décrire. On doit pouvoir la dater vraisemblablement du XVe siècle.Les couleurs de cette fresque sont aussi très différentes : pas d'ocré jaune, mais par contre des

des violets, des noirs et des marrons, un peu de rouge; les contours sont nets et bien tranchéfacture est beaucoup mieux soignée.

On peut distinguer sur les portions d'enduit restant en place, saint Christophe représenté soforme traditionnelle. On sait que, suivant la légende, saint Christophe (en grec Christophoros, à-dire qui porte le Christ) était un géant qui, aidé d'un bâton, facilitait le passage d'un gué

 personnes qui désiraient le traverser; un jour, il passa ainsi un enfant qui lui parut anormalelourd et qui lui révéla être l'Enfant Jésus; en même temps le bâton de Christophe se couvr

feuilles. Sur la fresque de BOTZ, le géant, couvert d'un vêtement marron violacé serré à la ceintenant dans sa main droite un bâton terminé par un rameau feuillu, porte sur ses48

 épaules un enfant vêtu de blanc qui lève la main droite et pointe l'index vers le ciel. Dans l'ainférieur gauche on voit l'ermite qui avait invité saint Christophe à faire office de passeur; à geil assiste à la scène; il est figuré souasous la forme d'un moine au capuchon rabattu sur la tête eface bizarrement noire, beaucoup plus petit évidemment gué le géant. Chose curieuse, dans leà gauche, sur une éminence, une petite chapelle représente la demeure de l'ermite. Il est logiqu

 penser que l'artiste a copié la chapelle de NOTZ elle-même car elle en a à peu près les propor

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et lea les dispositions. On remarque la porte principale, la petite fenêtre qui la surmonte, le cloch pointu, maintenant disparu. Ceci est à rapprocher du fait que deux gués existaient autrefois à N pour la traversée de la GlaiseClaise et que de nombreuses noyades y eurent lieu, ainsi qtémoignent les registres paroissiaux de MARTIZAY où l'on rencontre souvent des mentiongenre de celle-ci : "Sépulture d'un inconnu noyé au gué de NOTZ". L'un de ces gués, dont avons déjà parlé, est encore visible et se trouvait au moulin du prieuré entre l'île et le quai qui bla rive gauche devant les maisons du BOUILLE. Le second gué était en bas du village de NOT

 peu près dans le prolongement du chemin qui relie le village à la route. La rivière y est plus étet la présence de nénuphars témoigne de la faible profondeur.

III. - Fresques du mur de chevet Est.Ce mur porte deux fresques très effacées; elles sont peintes directement sur la pierre, l'une

dessus de l'autre, sur le piédroit qui sépare la fenêtre centrale de celle de droite.Leur emplacement fut soigneusement réservé lorsque fut posé l'enduit général et les voussoir

fenêtres qu'elles recouvrent en partie n'ont pas été peints à l'ocre comme tous les autres. Elles

donc antérieures aux peintures à l'ocre.Elles sont d'ailleurs d'une exécution tout à fait différente de celles des diverses peintures dont venons de parler; la part du trait dans le dessin est plus importante et le style est plus prochdébut gothique.

La peinture du dessus (fig. 19) représente sur un fond de fleurettes rouges, un évêque avec cret mitre, auréolé de bleu. Celle du dessous représente un moine auréolé de rouge; il est vêt

 blanc et porte un scapulaire foncé; il s'agit peut-être de saint Benoît. Chacune d'elle porte l'angle supérieur gauche un blason. Ils n'ont pas pu encore être identifiés. Celui de la fresque srieure semble être d'argent à deux "meubles" de sable; le meuble de droite semble être une tcelui de droite est difficile à identifier. Le blason de la fresque inférieure est "d'azur à la bande

49gueules" avec probablement deux meubles peu visibles.M. TH1BOUT, considérant le semia de fleurettes, la forme de la mitre, la crosse déjà asaez

ornementée  penae pense que la peinture supérieure date du XlVe siècle. Celle du dessous est doute antérieure.

IV. - LitreOn remarque à 2 m. 50 de hauteur tout autour de la travée "Est", c'est-à-dire du choeur, les r

d'une bande noire peinte directement sur la pierre et semée à intervalles à peu près réguliers d'tous identiques. 11 s'agit d'une litre, frise imitant une tenture funèbre que jadis on peign

l'intérieur des églises, à la mort du seigneur du lieu. Le droit de litre était, en effet, un seigneurial.Les armoiries de celles de NOTZ l'ABBÉ peuvent être ainsi définies : "de gueules à la

d'argent, parti de sable à deux demi fusées d'argent rangées en chef" (fig. 22).La partie droite de l'écu représente les armes des du GE-WEST NEST, dont nous avons déjà pa

l'occasion du blason qui surmonte l'une des portes latérales.Figure 22

La litre a donc été peinte à l'occasion de la mort d'un des deux prieurs qui portaient le nom dGENEST", peut-être par Elie du GENEST à la mort de son parent Jean du GENEST, à la fin d

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XVe siècle.

La peinture des voussoirs et l'enduit ont été exécutés en ménageant soigneusement l'emplacede cette litre.

50

 

V. - Croix de Cons écrationLa chapelle a été consacrée, comme le montrent les croix peintes, dont on voit encorevestiges. Elles étaient peintes en rouge au milieu de médaillons ronds de 40 centimètres de diamcomportant une bordure circulaire rouge également. Elles étaient du type "croix ancrée"

 peinture était faite sur un enduit assez mince limité à la dimension des médaillons; la pierre, coailleurs, a été martelée à cet emplacement pour l'adhérence; les marques sont petites et rapprocdonc différentes de celles qui ont servi à la pose de l'enduit général.

Actuellement, il ne reste plus qu'une de ces croix sur le mur Nord de la travée "Ouest", à recouverte par l'enduit général. Mais on voit, répartis tout autour de la chapelle, les emplacemde onze autres médaillons, emplacements reconnaissables par le martelage à l'intérieur de cercl

même diamètre.Chose curieuse, si dans la travée "Ouest" l'enduit général recouvrait les croix, dans la travée il n'en était pas de même. On voit en effet dans l'enduit à gauche de la piscine qu'une réscirculaire y a été soigneusement ménagée à l'emplacement d'une ancienne croix disparue.

ÉPOQ.UE DES DIVERSES PARTIES DE L'ÉDIFICE ET DES PEINTURESLes différentes remarques que nous avons faites au cours des descriptions qui précèdent

 permettent de dater approxima-tivement divers éléments de la chapelle ou tout au moins de dél'ordre chronologique de leur exécution.

La porte principale Ouest, la porte latérale Nord, les trois fenêtres Est et la piscine d

visiblement de la construction de l'édifice, donc du début du XlIIe siècle.La porte Sud, dont l'arc en accolade dénote le gothique flamboyant, est de la fin du XVe sièc

d'ailleurs l'écusson qui la surmonte montre qu'elle a été construite par l'un des deux "du GENEqui furent Prieurs entre 1440 et 1500.

La litre a dû être exécutée entre 1490 et 1500 à la mort de Jean du GÏÏNESTGENEST.L'enduit général a été posé après l'ouverture de la porte et la peinture de la litre. Nous avon

que les fresques ocre jaune et rouge qu'il porte doivent dater de la fin du XVe siècle ou peutmême des premières années du XVIe.

La fresque de saint Christophe est antérieure à l'enduit

51

  principal. On devrait pouvoir déterminer si elle est postérieure ou antérieure à la litrel'encadrement de la fresque chevauche sur la litre; en fait, il est difficile d'interpréter les remarsuivantes :

- L'encadrement de la fresque chevauchant sur la litre, la fresque elle-même devrait chevauaussi.

- Or, l'enduit, support de la fresque, n'-existe plus dans la partie chevauchant la litre et n'a m

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  jamais dû exister car on constate que, là, la pierre n'a pas été martelée comme plus haut l'adhérence de l'enduit. Nous avons vu qu'elle doit être du XVe siècle.Les croix de consécration sont antérieures à l'enduit général. L'enduit qui les porte a la m

apparence (épaisseur, couleur, consistance) que celui de la fresque saint Christophe; le martelagla pierre semble avoir été fait avec un outil identique dans les deux cas. Mais ces indices insuffisants pour permettre de croire à un âge identique.

L'armoire eucharistique est antérieure à l'enduit qui la recouvre encore partiellement et doitcontemporaine de la porte Sud (XVe siècle).

Les deux fenêtres Sud doivent dater à peu près de la même époque pour la même raison; la fode leur ébrasement extérieur l'indique également.

VITRAUXAucun ancien vitrail n'a subsisté; on peut d'ailleurs se demander a'il y en eut à l'origine, car  l

fenêtres n'ont pas les feuillures que leur pose eût logiquement nécessitées.

En 1920, les fenêtres étaient obstruées, soit avec du foin, soit au moyen des murettes. Des vitfurent posés en 1925. Celui de la fenêtre Ouest, acheté chez un antiquaire, représente saint PLes autres ont été exécutés d'après des modèles des abbayes de BONLIEU (Creused'AUBAZINE (Corrëze). LeaCorrèze). Les moines de ces monastères appartenaient à l'OrdrCîteaux. Suivant la règle de sobriété en usage chez les Cisterciens, aucun personnage n'es

 présenté, les verres sont blancs et le décor géométrique est obtenu uniquement par le découpagverres et le dessin des plombs qui les assemblent.

53

STATUESDeux statues existaient dans la chapelle en 1920, la Vierge de Pitié et le Saint qui est deva

fenêtre Sud, dans la travée "Ouest".La Vierge de Pitié (fig. 23) était en assez mauvais état : la tête de la Vierge, la tête, le bras dro

les jambes du Christ étaient cassés. Une restauration fut faite en 1924. La tête du Christ dont laavait disparu fut réparée; les membres furent reconstitués en utilisant les fragments incompletsubsistaient. La tête de la Vierge qui était intacte, mais séparée du corps,fut simplement recollé

 place. Le reste de la statue ne fut pas touché.Cette statue mutilée était placée, en 1920, dans la niche de la piscine.On voit encore dans certains creux et au dos des traces de couleur bleu foncé, mon

qu'autrefois la statue avait été peinte.Citons, ici, quelques extraits des pages qu'Emile Mâle a consacrées aux "Pitiés" dansouvrage : "L'Art Religieux de la fin du Moyen-Age en France" :

" "Lea Les Pitiés" semblent avoir été peintes avant d'avoir "été sculptées. Dès la finXlVèmeXIVème siècle les grandes lignes en "sont arrêtées. Ces lignes n'ont guère varié. La V

 perdue dans "un grand manteau sombre, est assise au pied de la Croix. Le cadavre "est pose sugenoux. Les jambes sont rigides. Le bras droit "pend inerte et vient effleurer la terre. La Vid'une main soutient la tête de son fils et de l'autre la serre contre sa poitrine. "Les sculp

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n'eurent qu'à copier ce motif désormais consacré....."Les "Pitiés" sculptées qui nous sont parvenues ne remontent pas "plus haut que le XV

siècle..... C'est vers la fin du XVème et" dans les premières années du XVIème que les ateliers de sculpture "ont produit presque to

les "Pitiés" qu'on rencontre encore aujourd'hui dans toutes les parties de la France. .... Q ,ue dene

"  rencontre-t-on pas, dans le demi-jour d'une église de village, ce "groupe dont la désolatioinexprimable. L'oeuvre est parfois "admirable, plus souvent gauche et rude; elle n'est jaindiffé-"rente. Pareilles en apparence, elles nous révèlent, si nous les "observons avec atten

 plusieurs nuances très délicates de la "tendresse et de la douleur...... Parfois la Vierge, la penchée

" sur le visage de son Fils, le contemple avec une gravité doulou -"reuse..... D'autres fois la Visans regarder son Fils, le

" serre de toute sa force contre aasa poitrine, on dirait qu'Elle veut "le défendre ...

"Mais voici une "Pitié" d'un tout autre caractère. A Au-trèche, en Touraine, la Vierge, les

 baissés, joint les mains54

" et prie. La douleur est enveloppée d'une décence, d'une pudeur admi-"rables. Ici, la beaula pensée approche du sublime. La Vierge, "conformément à la pensée de saint Bonavendonne au monde l'exemple du sacrifice. Les "Pitiés" de Bayol, de Musay, remuent la sensi

 jusque dans ses profondeurs, celle-ci parle avec les parties "les plus hautes de l'âme.enseigne avec une douceur pénétrante, "l'idée maîtresse du Christianisme : l'oubli de soi-mJe tiens "cette "Pitié" d'Autrèche pour une des plus belles inspirations de "l'art chrétien."

La Vierge de Pitié de Notz l'Abbé a l'attitude qu'Emile Mâle admire dans celle d'Autrèchemains jointes, les yeux baissés, elle prie.

Une autre "Pitié" présente aussi les mêmes caractères, c'est celle de l'église Notre-DamMontluçon, dont un moulage existe au "Musée des Monuments Français" du Palais de Chaillot24). Elle est pour nous beaucoup plus intéressante que celle d'Autrèche car son attitudsemblable à celle de Notz l'Abbé. Les détails de la sculpture, le vêtement de la Vierge, la ligncorps du Christ étendu sur ses genoux, la forme du socle lui-même, sont traités de la mmanière. Cependant, si la "Pitié" de Montluçon est un chef-d'oeuvre de l'art français, celle de l'Abbé est en comparaison d'une exécution "gauche et rude", suivant l'expression d'Emile MElles ne sont évidemment pas l'oeuvre d'un même artiste; mais on peut supposer que celui de a pris comme modèle la "Pitié" de Montluçon, ou une de ses copies, ou tout au moins une oequi a inspiré le sculpteur de Montluçon.

Le Saint de la façade fut découvert en 1923 seulement, lorsque la fenêtre au-dessus de la p principale où il se trouvait caché fut démurée; une murette extérieure et une murette intéravaient été construites et la statue se trouvait entre les deux. La tête manquait ainsi que les mElles furent refaites en 1924, assez maladroitement d'ailleurs. La statue, après réparation, fut reen place à l'endroit où elle avait été trouvée; c'est ainsi qu'elle est représentée sur les dessins des figures 1 et 25

1957 elle a été enlevée et placée à l'intérieur.Ce Saint est un évêque, car il porte une étole non croisée sur la poitrine (fig. 25).

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Il faut rapporter, ici, une curieuse tradition. Les bonnes gens venaient autrefois, paraît-il, dachapelle invoquer saint Cloud pour demander la guérison de clous, furoncles et autres maladi

  peau. La statue de la Vierge de Pitié, vers 1920 donc avant sa restauration, était, ml'invraisemblance, appelée saint Cloud par les enfants du pays et c'est elle que l'on considcomme l'objet de la légende : saint Cloud guérissant les clous.

55

On peut alors se demander si saint Gloud ne aérait serait pas plutôt le Saint que représente la sde la façade. Après qu'elle eût été murée, le souvenir s'en serait peu à peu perdu et la traditioserait reportée sur les restes de la statue de la Vierge. Il était à vrai dire peu commode d'idences restes dans'dans l'état où ils se trouvaient et cela aurait aidé à la confusion. Le groupe, privtêtes et des membres des personnages, était réduit à un bloc informe et de plus l'examen en difficile car il était rangé dans la niche de la piscine et entouré de détritus variés. La niche étaitmême à 2 mètres 50 du sol, puisque celui-ci avait été abaissé, et la chapelle était très peu écl

 puisque toutes les ouvertures, sauf la grande porte avaient été murées.Si cette hypothèse est exacte, cela pourrait d'ailleurs expliquer pourquoi la statue avait été mu

le propriétaire de Notz qui, au XIXe siècle, démolit le clocher parce qu'il attirait les visiteurs, a bien pu cacher la statue pour se débarrasser des dévots qui venaient invoquer le Saint.

Saint GloudCloud, en réalité, n'était pas évêque; il s'agirait plutôt de saint Maclou, appelé asaint Malo, qui naquit dans la ville qui porte ce nom et y passa la fin de sa vie, après un exSaintonge. Saint Maclou fit de nombreux miracles et guérit plusieurs fois des lépreux. Peut-êtril invoqué à Notz l'Abbé, par des lépreux autrefois, puis ensuite, la maladie disparaissant, pamalades atteints d'affections plus bénignes de la peau ?

AUTEL (fig. 26)

L'autel a été installé tout récemment seulement, en 1954. Il est constitué d'une dalle neuv

 pierre de Chauvigny, reposant sur deux chapiteaux anciens dont il est intéressant de donner gine.

Ils proviennent d'une chapelle en ruine, située au pied du château de Luçay le Mâle (Inappelée maintenant chapelle Saint-Denis et ayant appartenu autrefois à l'ancien prieuré de Viqui dépendait de l'abbaye de Villeloin. En 1922, une grande partie de la chapelle fut démolie : chapiteaux, ceux qui sont maintenant à Notz, purent être sauvés grâce à l'intervention de Monl'Abbé BOURDERIOUX, originaire de Luçay, aujourd'hui Curé de Loché-sur-In-drois, qui ldescendre avec précaution. Pour en assurer la conservation, Monsieur l'Abbé DELALANactuellement Curé de Villen-trois depuis 1908, et dont le père fut Maire de Luçay, les fit dépdans le domaine qu'il possède à Blas, entre Ecueillé et Luçay. Grâce à l'obligeance de

sauveteurs, ces deux chapiteaux ont pu56

 être transportés et mis en place à Notz.De la chapelle de Saint-Denis il ne reste plus actuellement que quelques pans de murs qui abr

un dépôt de bois de charpentes. On peut encore se rendre compte du plan de la chapellecomportait trois nefs de hauteurs égales. Le chevet était plat et chacune des trois nefs se term

 par une absidiole en cul-de-four. La voûte en cul-de-four de 1'absidiole centrale qui constituchoeur de la chapelle portait une curieuse fresque, représentant comme celle de Notz, le C

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entouré du tétramorphe.La date de construction de la chapelle n'est pas connue, mais on peut penser qu'elle est au

tard du Xlle siècle. Les chapiteaux romans sont d'ailleurs sculptés très grossièrement. Massifs forme assez irrégulière, ils ont un aspect très primitif qui pourrait faire penser à une épantérieure au Xlle siècle, s'il n'était pas également vraisemblable qu'il puisse être dû au mad'habileté du sculpteur probablement régional.

On retrouve des chapiteaux assez semblables dans les environs de Luçay :Au manoir des Augis à Villentrois, on peut voir deux chapiteaux provenant du sanctuaire

chapelle du Prieuré St-Mandé de Villentrois; cette chapelle a été en partie détruite lors dconstruction d'une épicerie, ce qui en reste a été racheté par la municipalité pour en faire une de spectacle.

A St-Georges-sur-Cher (à 4 km. en aval de Montrichard, sur la rive gauche) une entrée de chaà droite du choeur de l'église possède également des chapiteaux de même facture.

Tous ces chapiteaux paraissent bien être de la même main. Si l'on rapproche cela du fait qu prieurés de Luçay et de Villentrois dépendaient de l'abbaye de Villeloin qui avait égalemen

intérêts à St-Georges, on en est conduit à penser qu'ils sont l'oeuvre de moines de ce monastèreCeux de Luçay, maintenant à Notz, symbolisent peut-être le triomphe de la Charité chrétienn

la bestialité. Sur celui de gauche, on distingue, en bas et sur les côtés, des animaux qui s'edévorent. Au-dessus, deux lions de profil, à la tête vaguement humaine, placés symétriquemreprésentent "la bête humaine". Tout en haut, au-dessus des lions environnés de bêtes qui 3'etuent, on voit au contraire deux personnages humains qui se tiennent côte à côte, chacun d

 passant fraternellement un bras autour du cou de l'autre. Le chapiteau de droite est d'une disposanalogue; il n'y a pas de lions, mais seulement, en haut trois personnages qui se tiennent aussi p

 bras et au-dessous les mêmes scènes de bêtes qui se dévorent entre elles.57

Le haut des chapiteaux est couronné de volutes ioniques.Les chapiteaux et la dalle qui les couvre ont été placés sur une marche, dont la bordure e

 pierre du pays (carrière d'E-tourneau) identique à celle qui a servi à la construction de la chapeldont le milieu est dallé avec des carreaux de terre cuite qui avaient été mis de côté en 1922 lola réfection du pavage d'une pièce qui fut autrefois la chambre du Prieur de Notz l'Abbé.

Figure 26 Autel

CLOCHESLe petit clocher contenait au moins deux cloches.L'une d'elles est montée sur un chevalet dans la travée "Ouest"; elle avait été placée, probable

lors de la démolition du clocher, sur le côté de la maison d'habitation et l'on s'en servait

annoncer les repas. Lorsque M. André DELHOMMAIS vendit l'ancien prieuré en 1920, il emla cloche, comme tout le reste du mobilier qu'il devait conserver; mais, par la suite, il consvolontiers à son retour à Notz l'Abbé, lorsque le nouveau propriétaire M. François SOUBRIBdemanda de la lui céder. Elle put ainsi revenir à son lieu d'origine.

Elle porte l'inscription suivante : "Loué soit le Très Saint Sacrement de l'Autel. 1678".diamètre est de 27 centimètres.

58

L'autre cloche, plus grosse, aurait été achetée, dit-on, par le député WILSON, gendre triste

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célèbre du Président de la République Jules GREVY, et transportée dans un moulin qu'il possà Loches. Elle n'a pu encore être retrouvée.

CADRAN SOLAIREOn remarque dans la chapelle12  une ardoise assez épaisse ayant la forme d'un carré de 35 cm

côté, munie au centre d'un "style" de cadran solaire et comportant des graduations gravées polecture de l'heure, avec l'inscription "Fugit irreparabile tempus" et un blason double, surmonté couronne comtale, portant sur l'un des écus ovales, un coeur flambant surmonté de deux étoilesl'autre un chevron, trois merlettes et un lambel à deux pendants. Une date est gravée : 1736.

Un examen plus attentif montre que cette pierre porte 5 croix (une dans chaque anglecinquième au centre, en partie cachée par le style) analogues aux 5 croix de consécrationdoivent être gravées sur une pierre d'autel. Ne serait-ce pas là l'origine de cette pierre qui aurai

 par la suite transformée en cadran solaire ?M. Joseph Thibault nous a signalé la ressemblance de ce cadran solaire avec ceux que grava,

moments perdus, un chanoine de Mézières en Brenne, le chanoine Barbier, qui vécut au XVIII

cle. Une étude des cadrans solaires tourangeaux a été publiée par le docteur Louis DubrChambardel, en 1922; elle fait l'objet du tome 51 des Mémoires de la Société archéologiquTouraine. Un chapitre de ce volume est consacré aux cadrans solaires du chanoine de Méz(page 73).  Nous n'avons pas pu déterminer l'origine des deux blasons. Leur forme ovale caractéris

armes de femme, le coeur doit avoir une origine religieuse; on peut donc supposer que ce ca proviendrait d'un couvent de femmes. l a existé dans la région du Chatelleraudais près de l'Abbé une famille Bonenfant ou Bonnenfant portant (d'après l'armorial Beauchet et Fi- Centre Ouest) "d'azur, au chevron d'argent, accompagné de trois merlettes d'argend'un lambel de trois pendants en chef" ,...

REMARQUES DIVERSESDes inscriptions gothiques très effacées sont visibles à côté des deux portes de la travée "Près de celle de la Sacristie, à la hauteur des yeux, on distingue un texte soigneusement grav

 petits caractères, mais en partie effacé par le salpêtre. Le texte paraît commencer par les mots "Domini..." et se ter -

59

miner par "... requiescat in pace". Il s'agit peut-être de l'épita- phe d'un des personnages entdans la chapelle. Sans doute celui dont on a trouvé les ossements en 1925, juste au-dessous de cription.

Si certains défunts, des Prieurs probablement, ont été ensevelis dans la chapelle, d'autres onenterrés dans le "cimetière de Notz" qui est mentionné souvent dans les registres paroissiauMartizay. On y lit par exemple :

"Le 2 Septembre 1681, sépulture au cimetière de Nau l'Abbé du Laquais de Monsieur d'Bsâgé de 15 ans, noyé par accident à Nau l'Abbé".

Ce cimetière devait toucher la chapelle; il ne pouvait se trouver que le long de la façade Suderrière la chapelle à l'endroit où se trouve actuellement un jardin potager, plus probablement dernier endroit.

12 Ce cadran a retrouvé sa place « au soleil sur une terrasse de la maison principale en 2006

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On doit remarquer aussi dans le mur de la façade Ouest, à droite de la porte à l'intérieur, un orassez curieux et dont on ne voit pas bien la raison d'être. Il a la forme d'un conduit horizotraversant de part en part le mur, et oblique par rapport à lui; il est à la hauteur de la tête, dirigél'autel. Les ouvertures dans les parements extérieur et intérieur en pierre de taille sont rectangulet ont été obtenus simplement, à l'endroit d'un joint vertical entre deux pierres, en écartant ced'une dizaine de centimètres; le travail a donc été fait lors de la construction elle-même; datraversée du blocage entre les parements, le conduit a une section vaguement circulaire.

On peut difficilement imaginer à quel usage il était destiné. On a avancé comme explicationservait à vérifier de l'extérieur, sans avoir à pénétrer dans la chapelle, que la lampe du SSacrement était bien allumée; mais il eût été plus simple de percer une ouverture dans un battala porte. On a également proposé comme explication que par cet orifice les lépreux pouvsuivre la Messe saris pénétrer à l'intérieur. Tout cela paraît assez fantaisiste.

Sur la façade au-dessus de ce trou on voit des encoches régulièrement réparties sur une horizontale qui ont peut-être servi à recevoir les chevrons d'un appentis.

Signalons enfin la présence dans la chapelle de la base de pilastre gallo-romaine qui a été ex

lors des fouilles effectuées sur l'emplacement de l'ancien prieuré de Saint-Romain à l'entrée Ode Martizay, fouilles qui ont été faites en 1947 et dont le compte rendu a été donné dans le "CHistorique de Martizay"  Ne No 1.

CONCLUSION

On jugera sans doute, avec quelque raison, que cet exposé, assez fastidieux, est trop long etminutieux. Notre excuse est l'amour et le respect que noua portons aux vieilles pierres, témoin

 passé, et en particulier à cette humble petite chapelle.Peu importe, pensons-nous, que son passé ne soit pas lié aux grands événements de l'Histoire

son architecture et sa décoration n'aient pas la valeur des monuments grandioses dont s'enorgunotre pays. On aurait tort de penser que la richesse artistique et archéologique d'une nation conseulement dans les joyaux magnifiques qu'elle possède, tels Versailles, Chambord, ChartreBourges, que les pays neufs ont quelquefois la sagesse d'envier. Celle de la France réside a

dans la multitude de ces modestes maisons anciennes et de ces petites églises de campagne querencontre presque à chaque détour de chemin et dans chaque village, quand on visite celles de provinces qui ont eu la chance de ne pas subir les dévastations des guerres modernes. Les indu temps et des hommes ont déjà bien réduit cette partie de notre patrimoine et on est frappéexemple, de constater le nombre insignifiant de monuments subsistant des époques mérovingiet carolingienne. Il appartient à notre génération de transmettre aux suivantes l'héritage de cellel'ont précédée et chacun de nous doit ajouter à cette chaîne son maillon, qui est nécessaire, si soit-il.

5/10/2018 Cahier Historique Notz A4 Fusion - slidepdf.com

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C'est dans cet esprit que cette étude a été rédigée, pour attirer l'attention sur l'intérêtnégligeable que peut présenter une petite chapelle, même ignorée comme celle de Notz l'Abbé. Nous voudrions avoir mis en évidence la valeur artistique ou archéologique dont peuvent

 preuve les vestiges du passé, vieilles pierres, et aussi vieux objets, vieux papiers, lorsqu'on s'atà la chercher et à la découvrir.

 Nous voudrions aussi contribuer à convaincre tous ceux que les circonstances ont fait déten(hélas provisoires) de tels vestiges, qu'ils les possèdent parce que d'autres les leur ont transmqu'eux-mêmes doivent également les respecter. Le respect des choses du passé n'est certesincompatible avec le progrès nécessaire, quand on prend la peine d'y veiller. Les hommes egénérations passent; essayons du moins que subsistent les témoignages de leur passage et sacconserver ce qu'on peut appeler les "beautés mineures" qu'ils nous ont, eux, léguées.