c i b l e prÉsidentielle p voter...

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Peurs Tarnac et Merah p. 2 Sapir Sortir de l'euro ? p. 6-7 DU 30 AVRIL AU 13 MAI 2012 - 42 e année - Numéro 1012 - 3,20 our la première fois en trente-sept ans de règne, le roi d'Espagne a fait l'unanimité contre lui, dans son pays. Rapatrié et hospitalisé d’urgence après une mauvaise chute lors d’une chasse à l'éléphant à laquelle il participait sans en avoir informé ses conci- toyens en proie à la crise économique, le souverain n’a trouvé aucun avocat au sein de principaux partis politiques, des médias et de la société. Et peu importe que le voyage, offert par un mem- bre de la famille royale saoudienne, ait suivi la con- clusion d’un contrat au béné- fice de l'Espagne et n'ait rien coûté à ses concitoyens. Le roi, qui se tient informé, a très rapidement présenté ses excuses, précisant bien que cela ne se reproduira pas . L'humilité dont il a fait preuve prouve, en tout cas, deux choses : la monarchie, aujourd'hui, ne peut à aucun moment se permettre d’a- dopter le mode de vie indé- cent des catégories les plus privilégiées ; elle est une institution dont la capacité d'adaptation aux nécessités politiques est tout à fait exceptionnelle. Parce qu'il est le garant de la démocratie, le roi d'Espa- gne a, une fois de plus, choisi la cause du peuple. Juan Carlos P CIBLE CIBLE CIBLE CIBLE PRÉSIDENTIELLE Voter Hollande

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Page 1: C I B L E PRÉSIDENTIELLE P Voter Hollandearchivesroyalistes.org/IMG/pdf/Royaliste_numero_1012.pdf · Sortir de l'euro? p. 6-7 DU 30 AVRIL AU 13MAI 2012 - 42 eannée - Numéro 1012

Peurs

Tarnacet Merah

p. 2

Sapir

Sortirde l'euro ?

p. 6-7

DU 30 AVRIL AU 13MAI 2012 - 42e année - Numéro 1012 - 3,20 €

our la p remièrefois en trente-septans de règne, le roid'Espagne a fa i tl'unanimité contre

lui, dans son pays. Rapatriéet hospi ta l isé d ’urgenceaprès une mauvaise chutelors d’une chasse à l'éléphantà laquelle il participait sansen avoir informé ses conci-toyens en proie à la criseéconomique, le souverain n’atrouvé aucun avocat au seind e p r i n c i p a u x p a r t i spolitiques, des médias et dela société.

E t peu impo r te que l evoyage, offert par un mem-bre de la fami l le roya lesaoudienne, ait suivi la con-clusion d’un contrat au béné-fice de l'Espagne et n'ait riencoûté à ses concitoyens. Leroi, qui se tient informé, atrès rapidement présenté sesexcuses, précisant bien quecela ne se reproduira pas.L 'humi l i té dont i l a fa i tpreuve prouve, en tout cas,deux choses : la monarchie,aujourd'hui, ne peut à aucunmoment se permettre d’a-dopter le mode de vie indé-cent des catégories les plusprivi légiées ; el le est uneinstitution dont la capacitéd'adaptation aux nécessitéspol i t iques est tout à fa i texceptionnelle.

Parce qu'il est le garant dela démocratie, le roi d'Espa-gne a, une fois de plus, choisila cause du peuple.

Juan Carlos

P

CIBLECIBLECIBLECIBLE PRÉSIDENTIELLE

Voter

Hollande

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RÉDACTION-ADMINISTRATION17, rue des Petits-Champs, 75001 Paris

Téléphone : 01.42.97.42.57Télécopie : 01.42.96.99.20

Dir. publication : Yvan AUMONTCom. paritaire 0514 G 84801

ISSN 0151-5772

SOMMAIRE : p.2 : Les froussards gèrent laterreur - p.3 : Dette : Eurex et manip - Echodes blogs - p.4 : Leur mépris des "petits" -T'as vu tomber Monti - p.5 : Le vote Obama- Brêves - p.6/7 : Euro : Condamné depuistoujours ? - p.8 : Penser la république -p.9 : Force et faiblesse de l'anarchisme -p.10 : Avars - Mémorial de l'abolition - p.11 :Action royaliste - p. 12 : Éditorial : VoterHollande.

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ROYALISTE, 17, rue des Petits-Champs, 75001 PARIS

Tarnac et Merah

Les froussards gèrent la terreur

Trois prédicateurs musulmans interdits de territoire et dix salafistesinterpellés… L’État ne pouvait faire moins, après la tuerie de Mohamed

Merah, pour rappeler sa vigilance à l’opinion.

ême sévissant a pos-teriori et relâchant laplupart des suspectsen fin de garde à vue,le président-candidatet son ministre féti-

che ont eu là un geste électo-ral plus avantageux qu’une fa-twa contre l’abattage hallal.

Au même moment, ThierryFragnoli obtenait son dessai-sissement de juge d’instruc-tion dans la procédure contreles terroristesde Tarnac.

Depuis le petit matin du11 novembre 2008 où 120gendarmes et policiers investi-rent ce village de Corrèze, ona pu suivre les méandresd’une enquête (1) qui relevaitmoins de l’instruction judi-ciaire que d’un vaste fantasmesécuritaire. Le magistrat frin-gant à qui le parquet avaitconfié cette grosse affaire an-titerroriste croyait hériter dela chance de sa carrière. Il dutvite déchanter : confronté àdes prévenus d’une acuité in-tel lectuelle peu ordinaire,forcé par la pression des servi-ces de maintenir les dits terro-ristesen détention au-delà desdélais usuels, pilonné sansrelâche par une défense initiée

aux médias et pris à contre-pied par les incohérences d’undossier policier aux donnéessurréalistes, il lui fallut serrerles dents pour poursuivre seulet à ses dépens la croisadeengagée par le pouvoir.

Une dernière épreuve a faitrendre les armes au juge Fra-gnoli : il a cru devoir épongerla balourdise de policiersoubliant chez les clients lorsd’une perquisition un dossieradministratif confidentiel. Àl’heure où l’alternance politi-que imminente invite à se re-faire une virginité, il a eul’imprudence (volontaire ?)d’adresser des courriels à lapresse pour étouffer la bourde.Bon prétexte à se faire dessai-sir : il avait outrepassé sesfonctions de magistrat. (2)

Mais quel rapport entre lemisérable Merah et les terro-ristes de Tarnac ? Les uns,étiquetés d’une mouvanceanarcho-autonome ultra-gauche, se voient attribuer surpures présomptions un sabo-tage de caténaires de TGValors qu’ils faisaient l’objetdepuis des mois d’une sur-veillance tatillonne ; ces incul-

pés attendent leur procès.L’autre, enfant d’immigrédéboussolé, tenté par l’inté-grisme salafiste mais repéré ettraité depuis des années par lapolice, liquide de sang froiddeux militaires français, puisdes enfants et un enseignantd’école israélite, avant d’êtreabattu dans son logement auterme d’un siège ; il reste àpréciser ses liens aux milieuxqui ont pu lui fournir des ar-mes et encourager sespulsions.

Le rapport dont il est ques-tion ici est celui de la peur.Précisément de la gestion dela terreur par les gouvernants.La question n’est pas neuvemais elle a pris des traits pa-roxystiques qui valent d’êtrerelevés. Nous écrivons gestiondans la mesure où la peurn’est plus considérée commeévénement, surpr ise, étatd’exception, mais intégréecomme constante, flux et car-burant de la vie sociale, mêmeet surtout en temps de paix etde sérénité objective. La me-nace étant partout cachée,corrélativement, tout ce quiest caché devient menaçant.

Sa gestion politique supposeun dévoilement perpétuelapprouvé, voire imposé, par lapopulation elle-même : latransparence. La constructionde ce modèle, calqué sur laprison panoptique, supposequ’un œil observe tout duCentre. Il a été soigneusementétudié et vendu au présidentsortant par des experts commeAlain Bauer, et mis en œuvrepar des praticiens comme Ber-nard Squarcini, dans le con-texte anarchique créé par lesfusions-rivalités entre DST-RG, DCRI, pol ice etgendarmerie...

L’ironie actuelle veut que làoù faire apparaître la me-nacepour la neutraliser seraitutile - dans le cas de Merah -le discernement de la machineest pris en faute, tandis qu’ellemarche à plein rendement làoù le fantôme de l’invisibilitéla provoque - comme dans lebrûlot théorique L’insurrec-tion qui vient, (3), signé parun Comité invisibleauquel ilest à la fois évident et impos-sible à démontrer qu’appar-tiennent Julien Coupat et sescompagnons. (4)

La solution est simple : ap-peler cette obsession paniquepar son nom - la frousse. Etenvoyer paître les ânes qui enfont commerce.

Luc de GOUSTINE

� (1) Cf. Royaliste n° 938,page 4, « De l’usage de l’antiter-rorismeen temps de crise… ».

� (2) Le Mondedu 4 avril 2012.

� (3) « L’insurrection quivient », Éd. La Fabrique, Paris,2007, pr ixfranco : 10 €. � (4) Lire à ce sujet l’enquêtefouil lée de David Dufresne -« Tarnac, magasin général»,

Calmann-Lévy, prixfranco : 22 €.

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Royaliste 1012

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Dette

Eurex et manip ?

Vedette financière de ces jours derniers, lasociété Eurex, filiale suisse de la Deutsche Börsea lancé le 16 avril un produit spéculatif sur la

dette française. Le faible succès de ce lancementdans les premiers jours ne doit pas nousempêcher de poser quelques questions.

our faire simple, leproduit permetd'acheter de la dettefrançaise à un prixf ixe sur 10 ans.C'est en f in de

compte une forme d'assu-rance ; la dépréciation possi-ble de la valeur des OATfrançaises ne devant pas tou-cher les détenteurs munis dece système. Ce n'est pas trèsneuf, ça existait du temps dufranc pour se prémunir contrel'évolution des changes. Jus-que là rien de bien grave, si cen'est que les investisseurs in-téressés seront d'autant plusgagnants que la situation de laFrance se dégraderait. Pariclassique pour un spéculateurqui, espérant le pire, pourraitrevendre ses titres avec unsubstantiel bénéfice dans cettesituation. Le deuxième aspectennuyeux tient au fait quemême si la souscription mini-male est de 100 000 euros,point n'est besoin d'en mettreautant, simplement une faiblesomme dénommée « appel demarge».

Les réactions des politiquesont été vives. Trop sans doute,même si on peut légitimementtrouver la f icel le un peugrosse. Quoi qu'on en ait, ilapparaît que les créateurs dece produit ont surtout vouluprofiter de l'effet marketing etpas forcément peser sur lescrutin. Cela étant, l'arrogancede ces cuistres est tout demême sans borne. Les analys-tes financiers, beaucoup pluscalmes, se répandent partouten disant que cela ne pèserapas sur les taux puisque par-

tout où i ls existent déjà(Al lemagne et I ta l ie parexemple), ces produits n'ontjamais eu d'influence ni sur lestaux ni sur le placement destitres de dette (OAT). Petité lément amusant tout demême, ces titres ont un certainsuccès sur la dette allemandece dont on évite de se vanter àBerlin et les journaux d'outre-Rhin, tellement prompts à fus-tiger les « tarés » économi-ques que nous serions, sontsur ce chapitre d'une discré-t ion de confessionnal.L'agence France Trésor a sansdoute tout aussi tort d'y voirseulement un bon moyen defavoriser le placement de nostitres, ce qui laisse perplexequand on sait que notre der-nier appel de fonds s'est fortbien déroulé - quant aux som-mes recueillies et aux taux yafférant.

Tout cela posé, il n'en de-meure pas moins que les vau-tours tournent en attendant lesrésultats de l 'é lect ionprésidentielle. S'il y a un liardà ramasser, ils ne vont certai-nement pas s'en priver. Onn’est d'ailleurs pas très sûr quele nom du vainqueur ait unequelconque influence sur cequi nous attend. Que ce soitun argument électoral ne faitde doute pour personne. L'an-goisse de la défaite habitantaujourd'hui les rangs de ladroite UMP, i l est tentantd'utiliser l'argument du chaosfinancier pour ramener au ber-cail les électeurs qui ont unefurieuse tendance à menacerde se faire porter pâle le jourdu scrutin. On envoie doncPécresse, ministre du Budget,

enfin croit-elle, pour fairegenre experte très experte.

La susdite et son chef l’iné-narrable Baroin sont cepen-dant discrets sur leur connais-sance de la future existence dela trouvaille d'Eurex. Si l'unou l 'autre avait au moinsautant de compétence que deprétention on pourrait raison-nablement penser qu'ils sesont réjouis en apprenant lanouvelle. Pas plus, puisque cegenre de pratique n'est soumisà aucune autor isat ionpréalable. Las, sur ce sujetcomme sur bien d'autres, ilssont loin d'avoir le plus petitcommencement d'influence.Leur seule possibilité est d'uti-liser cette création contre l'ad-versaire socialiste en tentantde démontrer que le favori faitdéjà frémir les marchés.

La difficulté de ce genred'interprétation tient à ce qu'onpeut vi te être considérécomme le petit télégraphistedes milieux financiers ; affi-cher une telle proximité n'estsans doute pas extrêmementhabi le par les temps quicourent. Mais, lorsqu'on estconvaincu d'être sur le Titanicet que l 'on voit approcherl'iceberg sans avoir de grosseschances d'y échapper, toutpeut paraître bon. Notons sim-plement qu'un capitaine depédalo serait plus à mêmed'éviter ce genre de collision,c 'est maniable commeembarcation...

En résumé, revenons auxfondamentaux. Cet épisodeapporte une pierre de plus àl'édifice des hétérodoxes. Ilfaut changer de système et re-venir à une organisat iond'avant la loi de 1973 et lafinanciarisation à outrance. Lebut d'un Etat n'est pas de fairevivre les banquiers à son pro-pre détriment.

Charles GUÉMÉNÉ

P

L’écho des blogs

Ces 600 milliards qui man-quent à la France…C’est le titre de l’ouvrage récem-

ment publié au Seuil par le jour-naliste de La Croix AntoinePeillon. Cette publication ne faitpas rire, mais absolument pas, surles bords du Léman et surtout ducôté d’UBS, la principale banquevisée.L’auteur du livre est longuement

questionné par Anne-Sophie Jac-ques et Daniel Schneidermann surle site Arrêt sur images. Ils ren-dent compte de l’entretien en cestermes : « Alors que manifeste-ment la filiale française de labanque suisse UBS organisequasi industriellement l’évasionfiscale, aucune instruction judi-ciaire n’a encore été ouverte.Comment ? Des commerciauxsuisses d'UBS sont invités sur leterritoire français à l'occasiond'événements mondains, et sontmis en contact, via leurs collèguesd'UBS France, avec des clientstrès fortunés». Cela en toute il-légalité explique Peillon. « Nous,pères la morale montrant du doigtles vilains Grecs fraudeurs, onlaisse s’évader ainsi l’équivalentde cinq fois les recettes annuellesde l'impôt sur le revenu ? Enpleine crise de la dette publique,mère des plans d’austérité, rienn’est fait pour retenir ne serait-cequ’une petite partie des grossesfortunes qui partent travaillerpour espérer des rendementsgrassouillets ? Et Antoine Peillonva très loin puisse qu’il affirmeque le parquet français est in-formé mais qu’il s’est opposé àl’ouverture d’une enquête… »C’est un petit aperçu du récit, àlire ou à écouter. (1)Et pendant ce temps en Suisse,

La Tribune de Genève(2) nousrassure: « Les accords fiscaux dela Suisse avec l'Allemagne et laGrande- Bretagne obtiennentl'approbation de la Commissioneuropéenne, à Bruxelles. » Dian-tre ! Pour le gouvernement suissele secret bancaire est sauvé, larecherche active de données surles évadés fiscaux interdite. Il s’a-git donc de donner un cadre légalà l’évasion fiscale. En contrepar-tie la banque versera anonyme-ment une taxe forfaitaire… Ce quifait dire à l’association des ban-ques suisses : « même si la Suissea largement répondu aux exigen-ces de l’Allemagne, l’anonymat,la retenue à la source libératoire,les taux d’imposition futurs etl’accès bilatéral au marché sontmaintenus. Le signal est doncpositif pour la place financière,a indiqué jeudi l’Associationsuisse des banquiers (ASB).»Dit autrement, les banques suis-

ses et les évadés fiscaux ont debeaux jours devant eux !

François ENNAT � (1) www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4851(site payant)

� (2) www.tdg.ch/suisse/accords-fiscaux-parlement/story/21684864

Royaliste 1012

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Médias

Leur méprisdes « petits »

Super Mario

T’as vu tomberMonti ?

La campagne présidentielle a donné de nouvellespreuves, accablantes, de l’attitude antidémocrati-

que des médiacrates.

On sait répondre à la fameuse question des coursde récré : t’as vu monter Carlo ? Non, j’ai vumonter personne. Ce qui est moins drôle, c’est

qu’on n’a pas vu monter Monti.

ous me direz sa-vamment : ceux quiappart iennent àcette brancheparticulière de l’oli-garchie qu’on ap-

pelle médiacratie sont antidé-mocrates du fait de leur posi-tion sociale et des bénéficesmatér iels et symbol iquesqu’ils en retirent.

C’est juste. Mais ce n’estpas une raison pour s’accom-moder du scandale permanentque constituent les émissionspolitiques réservées aux petitscandidats. Le phénomène n’estpas nouveau : bien avant l’en-trée en campagne, les média-crates opèrent un tri entre lescandidats. Les critères desélection ne sont pas publiés,mais on voit bien que la noto-riété antérieure du candidat etsa cote dans les sondages sontles facteurs déterminants. S’yajoutent des calculs person-nels : le petit candidat est ce-lui qui n’appellera pas legrand journalisteà l’Élyséeou à Matignon - et qui nel’invitera même pas à passerla f in de la semaine àMarrakech.

Lorsque le candidat a étéplacé dans la case des petits, ilest invité aussi peu souventque possible puis, au momentde la campagne officielle lors-que le pr incipe d’égal i tés’impose, il est publiquementméprisé et parfois agressé parles médiacrates érigés en cen-seurs des bonnes mœurspolitiques. Quand on ne le dé-clare pas inutile, on lui faitsentir qu’il est un minable eton brandit sous son nez des

sondages à 1 %. Et puis onessaie de l’engluer dans la tac-tique et la stratégie, alors qu’ilest là pour défendre de fortesconvictions. À travers lui, cesont des dizaines ou des cen-taines de milliers de personnesqui sont moquées, humiliées,insultées.

Jean-Michel Aphatie et Mi-chel Denisot sont connus pourleur arrogance à l’égard despetitset pour leur soumissionaux puissants. Les regarderprovoquait des sentimentsmêlés d’exaspération et d’im-puissance jusqu’à ce que Ni-colas Dupont-Aignan prennele taureau médiatique par lescornes lors du Grand journalde Canal Plusle 13 avril. Àune question idiote, le candi-dat gaulliste a répondu qu’ils’en foutait et s’en est pris aux« éditorialistes de bazar quiécrivent toujours les mêmesarticles et qui vivent entreeux». Comme Jean-MichelAphatie s’indignait, NicolasDupont-Aignan a piqué là oùça fait mal : « Dites-le auxFrançais ! Combien vous ga-gnez ? […] Vous ne pouvezpas le dire aux Français parceque c’est une somme tellementextravagante». Et de dire en-core qu’il en a marre de « tousces gens qui s’en mettent pleinles poches et qui donnent desleçons à la terre entière».Aphatie s’indigne, le traite depopuliste - sans se rendrecompte que le mépris qu’il té-moigne à un député de la na-tion est la marque d’un popu-lisme avéré.

Angélique LACANE

onti ? Mais oui !Mar io Monti .L’homme qui futInternational advi-sor chez GoldmanSachs, le familier

des cercles oligarchiques lesplus huppés qui se désigne lui-même comme le SaddamHussein du business - en unmot celui qu’une presse veuleappelle Super Mario. Des cen-taines d’articles complaisantsnous avaient annoncé quel’homme sauverait l’Italie parune politique de rigueur exem-plaire qui était acceptée par lepeuple italien.

On nous avait déjà fait lecoup du soutien populaire lorsdu premier plan de rigueur enGrèce et l’on voit aujourd’huique les Grecs sont en étatd’insurrection. Les Italiens nevont pas tarder à les imiter.Malgré tout son génie du bri-colage financier, Mario Montin’a pas pu empêcher ce quiarrive partout ailleurs : la rigu-eur budgétaire entraîne le re-cul de la croissance, donc demoindres recettes fiscales, etSuper Mario a été obligé d’an-noncer qu’il repoussait d’unan le retour à l’équilibre bud-gétaire prévu pour 2013. Lepremier objectif n’était pasréalisé, le deuxième ne serapas atteint.

D’où une question à deuxballes qui hante les milieuxdirigeants de la Péninsule : va-t-on prendre de nouvelles me-sures de rigueur ? C’est ce quepréconisent les maniaques dela déflation : puisque la sai-gnée affaiblit le malade, fai-sons-lui une nouvelle saignée.

Ce sang qui coule, ce n’estpas une image. Dans un articlepublié sur Marianne2, RégisSoubrouillard (1) commenteune étude menée par EURES,le « portail européen sur lamobilité de l’emploi», quimontre que le nombre de sui-cides ne cesse d’augmenter enItalie depuis 2010 : 362 suici-des de chômeurs cette année-là, alors que la moyenne an-nuelle n’était que de 270.

Le nouveau tour de visqueprépare Mario Monti provo-quera une augmentation dessuicides selon le phénomènetragique qu’on observe enGrèce, où le centre de préven-tion du suicide enregistre unemultiplication par cinq des ap-pels - qui viennent pour lestro is quarts de personnesendettées, sans emploi ou sanslogement.

En Italie, un réseau privé desoutien psychologique va êtremis en place. En Grèce, onpar le de plan nat ional deprévention du suicide. Ces ini-tiatives peuvent sauver desvies mais la véritable politiquenationale de lutte contre lesuicide consiste à sortir del’euro le plus vite possible. Si-non le sang continuera de cou-ler sous le regard impassiblede criminels en col blanc.Sinon, ce sont les nationsd’Europe qui seront tour àtour suicidées.

Sylvie FERNOY

� (1) www.marianne2.fr/L-Euro-pe-confrontee-aux-suicides-par-crise-economique_a217027.html

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Royaliste 1012

Page 5: C I B L E PRÉSIDENTIELLE P Voter Hollandearchivesroyalistes.org/IMG/pdf/Royaliste_numero_1012.pdf · Sortir de l'euro? p. 6-7 DU 30 AVRIL AU 13MAI 2012 - 42 eannée - Numéro 1012

� ESPAGNE - Après avoir été trèsvirulente sur son expédition dechasse à l'éléphant au Botswanapendant que son pays se débattaitdans la crise économique (voir dansce numéro la Cible page 1), la presseespagnole a salué l’acte de contri-t ion « historique » du roi JuanCarlos. « Le roi a fait un geste quil’honore » soulignait le quotidien decentre-gauche El Pais alors que ElMundo, centre-droit, titrait « Quandrégner consiste à savoir dire par-don». Le quotidien de droite ABCqui titrait « L’humilité d’un roi »,ajoutait : « Si les politiques et autrespersonnes de pouvoir avaient ditparfois"pardon, je me suis trompé",je pense que l’Espagne serait dif-férente».

� JORDANIE – Reçu au Parle-ment européen de Strasbourg, le roiAbdallah II a déclaré dans son dis-cours devant les députés européens :« Nous avons saisi le printempsarabe comme une opportunité» quia permis de réformer la constitution.Ajoutant que grâce à ladémocratisation, et aux réformeséconomiques et politiques, la Jorda-nie se voulait un havre de paix dansune région turbulente. Sur la ques-tion palestinienne, il a réaffirmé quela seule solution possible était lacohabitation de deux États et il en asouligné l’urgence : « Nous ne pou-vons pas attendre une génération deplus pour un État palestinien».

� ALBANIE - Le prince héritierLeka II Zogu et sa fiancée EliaZaharia ont assisté à une cérémonieau cimetière de Thiais en régionparisienne à l'occasion du 51° anni-versaire de la mort de Zog I. Cettecérémonie sera sans doute ladernière organisée en France puis-qu’il est prévu que la dépouille duroi soit transférée en Albanie cetteannée.

� BURUNDI – La mission belgechargée par le gouvernement du Bu-rundi de retrouver les restes du roiNtare V, assassiné en 1972 et en-terré clandestinement dans un descamps militaires de la ville de Gi-tega n’a pas réussi à localiser ladépouille du souverain. Jozef Smets,ambassadeur de Belgique au Bu-rundi a lancé « un appel à des jeunesétudiants historiens qui pourraientfaire des entretiens ciblés avec despersonnes âgées qui se trouvent àGi tega sur l 'u t i l isa t ion descimetières et sur les emplacementsdes tombes». Dans un souci devérité et de réconciliation, le gou-vernement du Burundi souhaite pou-voir enterrer dignement la dépouillede son dernier roi.

� PAYS-BAS – La reine Beatrix asalué le président turc Abdullah Gül,en visite d’État aux Pays Bas, enfaisant l’éloge du grand passé de laTurquie, et déclaré : « Votre pays estun facteur de stabilité dans unerégion turbulente dans laquelle lespouvoirs existants et les relationssont constamment remis en ques-tion » ajoutant « Pour beaucoupvotre pays est une source d'inspira-tion et un exemple». La reine espèreque les nombreuses manifestations,échanges et contacts de cette année,anniversaire des 400 ans de relationsdiplomatiques entre les deux pays,mèneront Turcs et Néerlandais à semieux connaître les uns les autres.

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Yes we can

Le vote Obama

es élections présiden-tiel les américainesvont-elles voir se re-produire le débatfrançais droite-gau-

che ? Est-ce ce qui a conduitObama à accepter une vidéo-conférence (ultra-rapide et to-talement superficielle) avecSarkozy ? Si l’on voit bienpourquoi Sarkozy, qui a com-pris que le modèle allemandincarné par Mme Merkel nepassait pas auprès desFrançais, avait besoin de l’i-mage africaine-américained’Obama pour se dédouanerdes accusations de racisme etd’extrémisme de droite, com-ment expl iquer l ’at t i tudeaméricaine ?

Les apparences sont certestrompeuses. Habituellement,le centre-droit français arrive àpeine à la gauche du partidémocrate, tandis que le partirépublicain laisse souventl’extrême-droite française loinderrière. La gauche française,surtout avec le poids de l’ul-t ra-gauche, fa i t peur auxAnglo-saxons qui s’imaginentrevenus à 1981 voire au pro-gramme commun socialo-communiste. Sarkozy commeprésident s’est longtemps con-duit en bon élève atlantique :engagement afghan, retourdans l’Otan solidarité dans leG 8, au FMI et à la BanqueMondiale. L’affaire DSK a enoutre produit un tel effetoutre-Atlantique que le candi-dat socialiste par défaut aurabeaucoup de peine à remonterle courant anti-gaulois. Ceci

sera la tâche prioritaire de sonfutur ministre des Affairesétrangères. Laurent Fabiuspeut-être, qui fut professeurinvité à l’université de Chi-cago où il a pu assister à l’é-mergence d’Obama.

Le président-candidatObama n’a pas refusé de con-verser - une dernière fois ? -avec le président-candidat

français parce qu’il sait queses adversaires républicainsl’associent à la décadence del’Europe. Avec Obama, cla-ment les néo-conservateurs,l’Amérique connaîtra la mêmefin laide que la vieille Eu-rope : à preuve le systèmed’assurance-santé obligatoire(dit Obamacare) qui renversetoutes les valeurs, liberté reli-gieuse pour les institutionscaritatives, mais aussi libertéindividuelle, avec la mise enplace d’une vaste administra-tion de sécurité sociale analo-gue à celle du tentaculaire etdispendieux État-providenceeuropéen. Les États-Unis seretrouvent presque reportésaux luttes acharnées devant laCour suprême que Rooseveltavait dû mener dans les an-nées trente pour imposer sonNew Deal, l’interventionnismedans l’économie. Dans cesconditions, ce serait suicidairepour Obama de s’afficher avecun Hollande. Pour un peu, lesrépublicains qualifieront de-main Obama de Hol landeaméricain (sinon que le nomest totalement inconnu outre-Atlantique).

Plutôt que la victoire deHollande, c’est la défaite deSarkozy qui pourrait ainsi pré-sager et accélérer le recul d’O-bama dans les sondages. Il n’ya vraiment rien à espérer del’Europe. Les Puritains en sontconvaincus depuis le XVIIe

siècle et ont délibérémentfondé la Nouvelle Angleterresur ce rejet. L’ex-gouverneurdu Massachusetts, qui sera op-posé à Obama, incarne laforme la plus américanisée dupuritanisme, le mormonisme.Mitt Romney a de surcroît uneamère expérience personnellede la chienlit française de1968 qui l’a irrémédiablementvacciné contre tout pruritfrançais.

Obama devait donc à toutprix se laver de toute compro-mission avec les élémentsdélétères du déclin français.Son affichage avec Sarkozy nesuffira sans doute pas à le dé-fendre des attaques cinglantesde ses adversaires. Il serait pa-radoxal qu’Obama soit battule 6 novembre prochain pourson association à un continentauquel il n’a cessé de préférerl’Asie. Ce serait encore lapreuve qu’en tant que fi lsd’Africain, l’Europe soit indis-solublement son corpus deréférence. Mais comment faireplus blanc et plus américainqu’un mormon ?

Sans qu’il y paraisse, l’ex-périence des premiers mois dela nouvel le présidencefrançaise sera un facteur nonnégligeable qui pèsera indirec-tement dans l ’é lect ionaméricaine.

Yves LA MARCK

L

BRÈVES

À peine avait-il parlé avec Sarkozy dans unevidéo-conférence que l’on annonçait une baisse

d’Obama dans les sondages.

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Euro ne vient pas de nulle part etil convient de s'intéresser auxéléments qui l'ont fondé. (...) Lesvéri tables racines sont engénéral restées ignorées ou

dissimulées. En particulier, le compromispolitique fondateur a été occulté. De cetoubli et de cette dissimulation quin'étaient point si innocents que cela, dé-coule une large partie des illusions politi-ques et économiques qui dominent le dé-bat actuel. » (1)

Avant l'euro, des tentatives d'ententemonétaire avaient existé, avec le serpentmonétaire européen(SME) lancé après lafin des accords de Bretton Woods en1972. On remplaçait la vieille zone Ster-ling par en fait, au gré des circonstancesdéfavorables, une zone Mark. Dès cetteépoque, Roy Jenkins, Président de laCommission, proposa une monnaie uni-que entre les Neuf de l'époque. Son projetprévoyait la nécessité d'une intégrationforte et d'un budget européen à hauteurde 10 % du PIB, ce que tous rejetèrent.Le SME prit la suite en 1979 et fonc-tionna correctement jusqu'en 1992,période qui englobait la période socialistepremière manière en France. La spécula-tion emporta le dispositif, alors qu'il était

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acques Sapir nous livre un ouvrage qui va au fonddu sujet. En raison de ses fondements historiques etdoctrinaux et par son fonctionnement, la monnaieunique ne pouvait connaître un autre sort quel'échec. Le temps passant, les difficultés, lesdésordres puis enfin les crises se succédant et

s'aggravant, peut-on encore sauver l'euro et surtout, est-ce biennécessaire ? Quasi absent de la campagne, le sujet va pourtantoccuper les esprits, les colonnes et les écrans dans les mois quiviennent.

L'

Jpossible d'y mettre bon ordre. Les Chi-nois ne connaissent pas ce problème... Laliberté de circulation des capitaux fait loi.L'échec était donc politique.

L'idée d'une zone monétaire communeest donc ancienne, mais pourquoi unemonnaie unique et non commune ? Prin-cipalement parce que la monnaie com-mune exigeait des limitations strictes desmouvements de capitaux pour freiner laspéculation, et de cela, en période delibéralisation tous azimuts, il ne pouvaitêtre question. La monnaie communeaurait pourtant permis de tenir mieuxcompte des différences de structures et defonctionnement des différents paysmembres, éléments qui ont mené l'euro làoù il est.

De cela les Allemands ne voulaient àaucun prix : «il fallait, pour les diri-geants allemands, sécuriser l'accès deleurs produits aux marchés de leursvoisins. » (1) Le nœud du problème estlà. Jenkins l 'avait prévu : pourfonctionner, une monnaie unique exigeaitla création d'une union de transfert. C'està dire que, comme dans tout État fédéral,les régions les plus riches aident les ré-gions les plus pauvres. L'Allemagne est

un pays en déclin démographique quasiirrémédiable et toutes les ressources pos-sibles doivent être laissées à l'intérieur,d'où la financiarisation de l'économie.Tout cela se passait de plus au momentde la réunification et quoi qu'on en ait, lesAllemands nous ont bernés ! Seulecompte pour eux la stabilité monétaire.Architecture et organisation, tout a étéfait au goût allemand.

Il n'a pas été tenu compte de ces élé-ments économiques et financiers, si dif-férents entre les pays. Tout était dissem-blable : les structures, les inflations, lesprix, les salaires, les fiscalités. Autant debombes à retardement. Évidemment, lesspéculations sur les monnaies nationalesont disparu. Pour faire place à la spécula-tion sur les dettes qui ont explosé depuisla mise en place de l'euro et à cause delui. La crise a emporté les illusions et lesmensonges de la « protection» qu'il nousapportait.

L'euro répondait aux vœux des libérauxdevenus ultras. Les fondements théori-ques de la monnaie unique méritentl'examen. Depuis Mundell en 1961, fidèleà Walras et sa théorie de l'« équilibregénéral», tous les auteurs n'ont eu decesse de plier la réalité à la théorie. Et çane marche jamais, ce qui ne lesempêchent pas de continuer. «Les tra-vaux de Mundell et le modèle de Mun-dell-Fleming n'ont pas de fondementsscientifiques. » (1) Deux avantages théo-riques sont claironnés : disparition descoûts de transaction, fin des incertitudesliées aux taux de change et ensuite dispa-rition de la concurrence entre monnaies.Toutes particularités entendant la libérali-sation totale des marchés, cœur dumodèle des auteurs comme Mundell. In-

Euro

Condamné

depuis toujours ?

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Grèce, pays économiquement modeste,sont tellement astronomiques que l'on sedemande combien pourrait coûter un telprocessus pour l'Italie ou l'Espagne.Autant dire qu'un tel scénario est simple-ment inenvisageable. À moins de monéti-ser les dettes, idée qui fait son cheminmais est encore loin des idées des diri-geants de la BCE et de ceux de Berlin oude demander l'intervention des BRICSdétenteurs de gros capitaux, ce qui n'estguère souhaitable. Pas plus que ne l'estd'ailleurs le projet d'Eurobonds.

La sortie de l'euro offre une alternativecrédible si on veut éviter la déflation etson cortège de conséquencesdésastreuses. C'est possible et gérable. Latransformation de l'euro en monnaie com-mune ramènerait de larges marges demanœuvres. Le retour de la souverainetémonétaire, même incomplète, permettraità chaque pays d'avoir un taux monétaireen phase avec sa structure, ses besoins etses possibilités. Nous avons déjà longue-ment traité du sujet dans nos colonnes. Labase de ce raisonnement est que « Lacrise de l'euro nous impose de penserl'échelle de l'État-nation comme un ni-veau indispensable de la mise en œuvredes politiques qu'il faudra appliquer pourtrouver une solution. » (1) Les exemplesdonnés par l'Argentine, la Malaisie ou laRussie nous offrent des moyens de ré-flexion et d'action.

Pascal BEAUCHER

� (1) Jacques Sapir - « Faut-il sortir del'euro ? » Le Seuil, 2012 ; pp. 23, 29, 36, 67,181. – prix franco : 17 €. � (2) Article J. Sapir Marianne 2 --du 13avril 2012.

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riquement puisquece n'est pas l'hype-r inf lat ion qui amené Hit ler aupouvoir mais la po-litique de déflationdu début des an-nées trente. Or,c'est aujourd'huicela qui nousmenace. Modérée,l'inflation est unecondit ion de lacroissance et ce àdes niveaux diversselon les écono-mies. Il existe eneffet une inflationstructurel le quipermet le bonfo nc t i o nnementd'un pays et elle estd 'un niveau di f-férent pour chacun.

La négation de ce simple faitnous aamenés à la crise actuelle et seul unretour au réel pourrait permettre d'yremédier efficacement. (2) Sans quoil'euro pourrait disparaître et emporteravec lui l'édifice européen. Échecs donc :« La monnaie unique se révèle ainsiavoir été, et être toujours une solution àla recherche d'un problème, qui parailleurs admet d'autres solutions. » (1)

Quant à la gestion de la crise, les plansde rigueur successifs ne peuvent qu'ag-graver les problèmes. Dette = rigueurbudgétaire = austérité = récession = recettes fiscales en baisse = hausse de la dette.Le traitement subi par la Grèce et lePortugal est catastrophique. Après unecertaine accalmie sur les taux des dettesdébut 2012, ils sont repartis à la haussepour l'Espagne et l'Italie. Les 1 000 mil-liards de LTRO (Long Terme RefinancingOperation) consentis par la BCE auxbanques européennes n'auront fait que re-tarder l'inéluctable.

Des solutions existent pourtant qui con-sistent à tenir enfin compte des différen-ces entre les pays et d'y adapter lespol i t iques. La France n'est pasl'Allemagne. Cette dernière peut pour lemoment se passer de croissance puisquesa population, notamment active, diminueinexorablement. Ce n'est pas notre cas.La situation actuelle est intenable pournotre pays. La réindustrialisation et uncommerce extérieur retrouvé à l'aide d'unprotect ionnisme intel l igent sontindispensables. Pour le moment, les gesti-culations politiques ne mènent à rien. S'ilfaut sauver l'euro, cela aura un coût. Lesestimations faites, rien que pour sauver la

convénients pour les économies maisgros avantages pour une infime minorité.Autre élément manquant de ces théories,les incertitudes en sont absentes alorsqu'elles régissent largement l'économie.D'autres auteurs, tels Aglietta et Orléan,ont promu l'idée de l'« essentialismemonétaire », faisant de la monnaie l'élé-ment central de l'économie et non seule-ment l'une de ces composantes. Pour eux,la monnaie unique ne serait plus la consé-quence d'un fédéralisme mais son moteur.

Une zone monétaire unie suppose im-manquablement une forme defédéralisme. Las, les peuples n'en veulentpas et, nombre d'intervenants, tant dans latechnostructure européenne que chez lespolitiques ont tenté de le faire entrer encontrebande. Seulement, jamais les basesessentielles à sa mise en place n'ont étésouhaitées par les États et surtout pas parBerlin. L'État européen n'existe pas etc'est pourtant, tant au plan économiqueque symbolique, un élément essentiel del'existence d'une monnaie. Loin d'homo-généiser la zone, l'euro a au contraireaccentué les disparités entre pays. Quantaux taux de croissance, qui devaientbondir, ils sont restés atones. En effet,l'absence de souplesse du système étran-gle les économies. L'euro a imposé à tousle modèle allemand de la baisse de lademande intérieure. On nous cite toujoursle système Schröder-Merkel commemodèle mais, appliqué à tous, il seraitcatastrophique, y compris pour la Répu-blique fédérale, ce qui signifie que nosdébordementsont permis sa croissance.Angela Merkel a beau jeu de nous repro-cher ce qui a permis à l'Allemagne des'enrichir !

La question centrale est là. Depuis lamise en place de l'euro, la croissance afléchi, obligeant les gouvernements às'endetter pour nourrir leur système éco-nomique qui aurait explosé sans cela. Jac-ques Sapir s'arrête longuement sur le casallemand et avec cela tout s'éclaire.

L'économie d'outre-Rhin avait besoinque ses partenaires se comportent commedes prétendues cigales pour pouvoir ven-dre ses produits et engranger des ex-cédents colossaux. Il est à noter qu'il n'ya plus qu'avec les pays de la zone qu'elleles connaît. L'euro a donc accentué lesdisparités et la politique de la BCE a étéplus que nocive.

Toujours à la demande de Berlin, lepacte politique de base de la monnaiestipulait la lutte contre l'inflation, vieilleant ienne monétar iste, comme seulhorizon. La Cour de Karlsruhe, en met-tant l'accent sur ce point se trompe histo-

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Russie

Penser la République

Pour comprendre les difficultés qu’affronte aujourd’hui la jeunedémocratie russe, il faut étudier avec Julie Grandhaye (1) les réflexions surla res publicaet les projets républicanistes que les décembristes opposèrent

à l’autocratie.

e soulèvement mili-taire du 14 décembre1825 est resté gravédans les mémoiresmais on ignoregénéralement l ’ in-

tense travail intellectuel quil’a précédé et l’écho que ren-contraient les idées libéralesdans une Russie très fière d’a-voir battu Napoléon. L’élimi-nation du tsar devait permettrel’abolition du Despotisme enfaveur de la République, selonl ’opposit ion établ ie parAristote. L’alternative étaitparfaitement rigoureuse maiselle ne permettait pas de ré-soudre la question du régimepolit ique. Les sociétés depensée républ icaines s’yingénièrent, en exploitant avecintelligence la culture euro-péenne dont el les étaientimprégnées.

Le mouvement de décembren’est pas un pronunciamientodécidé et manqué par quelquesofficiers romantiques. C’est unmoment décisif de la luttecontre l’autocratie, qui est pro-voqué par l’échec des réfor-mes tentées dans le cadreimpérial. La pensée républi-caine prend alors son essor etdevient républicaniste. C’estau sein de l’Union du bienpublic que la mutation a lieu :ses membres commencèrentpar espérer que l’Empereurconcèderait une constitutionpuis les plus déterminés d’en-tre eux se prononcent vers1820 pour une République ré-publicaine et fondent les so-

ciétés secrètes qui organise-ront le mouvement dedécembre. Le projet révolu-tionnaire formulé par les fu-turs décembristes reprend etacclimate les idées fondatricesde la modernité française, an-glaise et américaine.

La pensée de Montesquieuchemine sous le règne d’A-lexandre Ier et les projets cons-titutionnels inspirés par l’An-gleterre et la France abondententre 1809 et 1820. Patrioteset cosmopolites, lisant cou-ramment le français etl’anglais, les futurs décembris-tes conçoivent clairement lares publica, s’interrogent surles différentes formes de gou-vernement monarchique, sonttentés par une monarchielimitée, constitutionnelle, puisse rallient à la République ré-publicaine sans ignorer qu’ils’agit d’un « mode de gouver-nement davantage théoriqueque pratique» qui convient àdes États petits et faiblementpeuplés comme l ’écr i tM. M. Speranski.

Les républicains monarchis-tes qui en viennent à choisir laRépublique républicaine seprononcent pour un gouverne-ment représentatif. Mais il y alà une difficulté car la fonc-tion représentative et la fonc-tion gouvernementale ne sau-raient être confondues sansrisque grave de dictature del’assemblée unique. La diffi-culté est résolue sur le papierpar référence au système poli-

tique des États-Unis : le prin-cipe est celui de l’élection, lareprésentation doit être bi-camérale avec primauté dupouvoir législatif. Deux hom-mes vont théoriser le passagede l’autocratie à la démocratieet de l’empire à la nation.

N. M. Mouraviov , anima-teur de la Société du Nord, estl’auteur d’uneConstitutionquiprévoit l’institution d’une ré-publ ique fédérat ive,décentralisée, qui permettraitd’assurer la puissance de l’É-tat unitaire sans la main de ferde l’autocrate. Mais il place àla tête de l’exécutif un Empe-reur hors dynastie, désigné parle peuple souverain, qui seraitle premier fonctionnaire dupays et dont les pouvoirs se-raient limités. C’est donc unemonarchie républicaine, pro-che de la concept ion deMably.

P. I. Pestel, animateur de laSociété du Sud, est un partisandéterminé de la républiquerépublicaine, qu’il veut impo-ser à la Russie de manièreautoritaire pendant la périodede transition. Le projet qu’ilexpose dans Russie justeprocède d’une solide réflexionsur la souveraineté, lalégitimité, la citoyenneté ; ils’inspire de l’idée rousseauistede Volonté générale, dumodèle du Citoyen vertueux.La logique est jacobine et rienn’indique comment on met finà la dictature légale, toujoursannoncée comme

provisoire... Le pouvoir auraitété d’autant plus rudementexercé que Pestel veut que l’u-nité russe se fasse par l’unifor-misat ion pol i t ique etreligieuse. Les peuples non-russes et non-orthodoxes sontvoués à l’assimilation ou… àla déportation. La Société desSlaves unis cultive elle aussiun républicanisme radicalmais Pestel combat sa tenta-tive assez confuse de créerune communauté ethnique, né-cessairement inégalitaire etviolente car il faudrait réorga-niser complètement la géogra-phie humaine de l ’empirerusse et de ses voisins.

À la lecture du livre de JulieGrandhaye, on vérifiera que leprojet de république républi-caine conduit à des solutionsqui risquent fort de mettre enpéril les principes de liberté etd’égalité. Si les décembristesavaient pris le pouvoir au soirdu 14 décembre 1825, il estprobable qu’ils auraient étéemportés par la même logiqueque les jacobins français. Celane signifie pas que toute tran-sition non-monarchique duDespotisme à la Républiquesoit vouée à l’échec. Dans lesdernières pages de son livre,Jul ie Grandhaye rel ie demanière très instructive lesproblèmes théoriques affrontéspar les décembristes et l’é-preuve pratique de la transi-tion politique que connaît laRussie depuis l’effondrementde l’Union soviétique.

La République n’est plus in-terdite mais elle n’est pas ac-complie : l’instauration d’uneRépublique démocratique estune réalité incontestable puis-qu’il y a un Parlement et unGouvernement qui procèdentdu suffrage universel. Maisc’est une réalité discutée car ily a comme en Europe del’Ouest une crise de la repré-sentation dont les manifesta-tions de décembre 2011 ontété le symptôme.

Bertrand RENOUVIN

� (1) Ju l ie Grandhaye -« Russie : la République inter-

dite - Le moment décembriste etses en jeux (XVII Ie - XXI e

siècles) », Champ Vallon, 2012,prix franco :27 €. � N.B. Cet article est déve-loppé sur mon blog.h t t p : / / w w w . b e r t r a n d -renouvin.fr/?p=3444

L

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lle a fière allure la déclaration finale de Jacques deGuillebon et de Falk van Gaver au terme d'unparcours qui la justifie amplement : « Nous avonsvoulu par ce livre offrir aux esprits libres, à tousles assoiffés de justice, de dignité, de liberté et devérité, de beauté aussi, quelques pistes, quelques

exemples, et surtout de belles rencontres aptes à élargir lavision, à ouvrir le champ des possibles. Nous voulonscontribuer à la renaissance d'un esprit,d'un caractère, d'un tempérament, d'uneintelligence, d'une existence, d'une prati-que véritablement libre et libertaire. Nousvoulons, Davids frondeurs contre l'État-Goliath, contre le Marché-Léviathan, frap-per les titans à la tête.» Nous avons en cemoment l'habitude de prises de positionsélectorales catégoriques, mais celle-là n'arien de racoleur au mauvais sens du terme,elle se justifie par de fortes convictionsétayées par les références les plus sûres.De Proudhon à Ellul, en passant par Péguyet Orwell, il nous offre des exemples in-contestables et plus que convaincants. Sansdoute, leur anarchisme déconcertera ceuxqui sont attachés à l'image traditionnelle duvieux militant anar. Leur farouche combatcontre les maîtres insupportables, loin derenier le Dieu chrétien, s'en réclamecomme du seul répondant d'une liberté per-sonnelle authentique. Et l'élan mystique, que certains aurontdu mal à supporter, loin d'affaiblir leur projet iconoclaste,leur confère une puissance d'ordre supérieur.

Il est vrai qu'ils brassent très large sur le champ culturel,rien de ce qui est étincelle de révolte libertaire ne leur étantétranger. Mais cela ne fait qu'ajouter de la complexité à unepensée que l'on réduit trop souvent à une fièvre exaltée et àun individualisme farouche. Prendre au sérieux la libertéhumaine, c'est s'aventurer sur les plus hautes cimes del'esprit, avec tous les poètes aux semelles de vent, les artistesen quête d'une magique sortie de la fatalité rationaliste. Ilssont ambitieux nos deux « anarchrists », leur désir d'explorerest insatiable, et des hussards noirs du XIXe aux cavaliers del'Apocalypse, ils sont prêts à chevaucher les plus follesmontures. Mais, en même temps, ce sont deux patientschercheurs, qui, sur le terrain politique et sociologique,explorent tout ce qu'il y a d'intéressant à découvrir et depertinent à discuter. Par exemple, leurs pages sur Proudhonsont remarquables de précision et de justesse. C'est la preuvede longues lectures réfléchies à rebours des survolssuperficiels. J'en dirai autant de ce qu'ils écrivent sur Jac-ques Ellul dont ils ont tout lu, en comprenant complètementl'alliance improbable qu'il a toujours tentée entre un sensminutieux des réalités observables et une espérance qui netransige sur rien. Quelle force habite un penseur capabled'affirmer contre tous les cynismes du monde : « Rien n'estet ne sera perdu de notre histoire passée, ni de notrehistoire présente, ni de notre histoire future : aucun crihumain, aucune espérance humaine, aucun désespoirhumain.»

E

IdéesLe paradoxe veut que cet humanisme intransigeant soit en

correspondance incessante avec l'expérience objective, cellequi poursuit à la trace l'emprise de la technique sur la viesociale et mentale. Ceux qu'on pourrait prendre pour desrêveurs se révèlent être des personnages complètement ancrésdans leur époque, et doués d'une lucidité qui les rend redouta-blement informés. Celle-ci pourrait d'ailleurs les conduire audésespoir le plus noir, s'ils n'avaient en eux des ressortsinoxydables. Cependant, leur pensée politique pose de redou-tables questions que l'on aurait tort d'écarter comme on le faitsouvent en criant à l'utopisme. J'avouerais pour ma part que,depuis des années, je suis troublé par l'interrogation implaca-ble qui est la leur et qui met à mal tous les fondements de laphilosophie politique classique. Comment dire les choses defaçon concise, alors que l'affaire est si complexe ! Peut-êtrem'y risquerais-je à partir d'une proposition de Jacques Ellulcitée opportunément par Guillebon et Gaver.

« Ce qui me paraît juste et possible, c'est la créationd'institutions nouvelles à partir de la base,celle qui engendre ses propres institutionsdestinées en réalité à remplacer les pou-voirs et autorités qu'il faudrait arriver àdétruire. » Le plus important dans cettephrase, c'est à partir de la base, alors quela philosophie classique prend les chosespar l'autre bout, c'est à dire ce qu'elleappelle l'État de droit, et dont Ellul seméfie, avec ses complices, comme de lapeste. Il faut avoir conscience que leurpolémique atte int profondément lelibéralisme, auquel il est reproché de« faire de la liberté un droit, un donnégaranti par des institutions ». Non, ce nesont pas les institutions qui fabriquent laliberté, ce sont les hommes libres qui tis-sent les relations sociales élémentaires,dont l'ensemble exprime la respiration du

corps social. Ce que n'a cessé d'asséner Ellul, Orwell l'apensé aussi fortement, et aujourd'hui un Jean-Claude Michéale rappelle dans sa magnifique solitude, en se fondant sur lestravaux fondateurs de Mauss.

C'est toute la difficulté d'un anarchisme conséquent, maisc'est aussi sa vérité inépuisable qui se rapporte à uneanthropologie autant philosophique que sociologique. Leslibéraux, lorsqu'ils se réfèrent à la nature humaine, même lesmeilleurs comme Tocqueville, se rapportent à un pessi-misme fondamental qui fait que la société est plus consi-dérée du côté de ses déséquilibres et de ses vices que de cequi devrait la faire respirer librement. Et le libéralismeéconomique poursuit cette logique jusqu'à ses plus extrêmesconséquences. Mais voilà que, par ailleurs, l'anarchismelibertaire, fixé sur la sociabilité de base, bute sur le rôlenécessaire de l'État. Ce rôle, Ellul ne le nie pas, sans pouvoirétablir le partage des fonctions : « Nul ne peut mesurer lavérité de l'anarchie s'il n'a mesuré la nécessité de l'État... cen'est pas un système, mais une conscience qui nous permet-tra ainsi de déterminer constamment le point d'équilibre oùles maux se compensent. » Il faut donc lire au plus vite lebeau livre de Jacques de Guillebon et de Falk van Gaver. Ilnous donne à penser les apories du réel, sans renoncerjamais à la flamme de la liberté.

� Jacques de Guillebon et Falk van Gaver - « L'anarchismechrétien», L'Œuvre éditions, prix franco : 31 €

Force et faiblessede l'anarchisme

par Gérard Leclerc

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Caucase

Avars

Esclavage

Mémorial de l’abolition

Le 25 mars, a été inauguré à Nantes un mémorialde l’abolition de l’esclavage. Une démarche

intelligente qui ne fait pourtant pas l’unanimité.

artez donc à la décou-verte du Daghestancompliqué, où il estimpossible de se fairedes idées simples surles peuples, les lan-

gues et les religions.Nous sommes dans le

Caucase, que les Arabes appe-laient la Montagne des lan-guestant il y en a, générale-ment inconnues sous noslatitudes. Nous sommes plusprécisément au nord del’Azerbaïdjan, république dé-sormais indépendante, au seinde la Fédération de Russie etjuste à côté de la Tchétché-nie…

Le pays à découvrir, c’est leDaghestan, que l’ethnologuerusse Vladimir Bobrovnikovexplore avec science et pas-sion depuis de nombreuses an-nées (1). Jacobins s’abstenir !Dans cette République grandecomme notre région Midi-Pyrénées, il y a quatorze lan-gues officielles réparties entrois rameaux caucasique,altaïque et slave, plusieurspeuples – russe, lesghien - etles Avars auxquels VladimirBobrovnikov s’est part i -culièrement attaché. Chrétiensconvertis à l’islam, ils comp-tent parmi leurs héros l’imanChamil qui fut la coqueluchedu Paris antirusse au XIXesiècle et qu’on a tort de pré-senter comme tchétchène.

Actuellement confrontés auterrorisme islamiste et à laviolence mafieuse, les Avarsont sur la Tchétchénie unpoint de vue qui incitera à laprudence ceux qui pourraientêtre tentés de regarder le Cau-case infiniment compliquéavec les lunettes de deux outrois intellectuels germano-pratins.

Jacques BLANGY � (1) Vladimir Bobrovnikov –« Voyage au pays des Avars(Daghestan, début du XXIe

siècle)», Éditions Cartouche,2011, pr ixfranco : 15 €.

ul ne sera tenu enesclavage ni en ser-vitude ; l’esclavageet la traite des es-claves sont interdits

sous toutes leurs formes.»Cette déclaration (article 4 -Déclaration Universelle desDroits de l’Homme, NationsUnies, 10 décembre 1948)sert d’introduction au mémo-rial de Nantes. Du port bretonpartirent, du XVIIe au XIXe

siècle, plus de 1 700 expédi-tions négrières. C’est dire sile projet étai t porteurd’ambiguïtés. « Se souvenir,assumer son histoire, ce n’estpas un acte de repentance»,explique le maire PS de lavi l le, Jean-Marc Ayrault.Pour lui, le mémorial est por-teur d’un message universelet dépasse le cadre nantais.Sa vocation n’est pas d’expli-quer l’histoire, mais de sesouvenir et d’alerter. On no-tera que le f inancement(6 900 000 € TTC) a été as-suré par l’Europe, NantesMétropole, la Vi l le deNantes, la Région et le Con-sei l Général de Loire-Atlantique. Sans un sou del’État…

Un peu embarrassée, ladroite est d’ailleurs partagéesur le projet. Si Sophie Jozan,tête de file de l’opposition auConseil municipal, déclare :« il est important qu’il y aitun geste de mémoire», elleajoute : « je n’adhère pas auprojet du mémorial tel qu’ilapparaît et dont la gestion aété très mauvaise.» (1)Franck Louvrier, conseiller

en communicat ion deSarkozy et consei l lerrégional, affirme soutenir ladémarche mais explique l’ab-sence de subventions par lefait que : « … en ce quiconcerne la thématique del’esclavage, les fonds de l’É-tat sont prioritairement affec-tés aux territoires et aux dé-partements d’Outre-mer. » (2) … D’après lui, laVille de Nantes n’aurait passuivi les procéduresnécessaires.

Le mémorial est très sobre(3). C’est plutôt un lieu derecueillement. Il est implantéQuai de la Fosse, sur les ber-ges de la Loire d’où partirentles expéditions de la traitenégrière. Il faut descendre,comme on le ferait dans lescales d’un navire, pour ac-céder au mémorial propre-ment dit, sous la structure enbéton du quai reconstruitaprès la Seconde Guerremondiale. Des plaques deverre inclinées servent desupport aux textes historiquesqui jalonnent le chemin versl’abolition. C’est bien davan-tage au musée, implanté auchâteau des ducs deBretagne, que l’on compren-dra l’histoire de l’esclavageet la place que la traite aoccupée dans le commercenantais, en contribuant à l’en-richissement de la ville. Ilfaut rappeler que la traiteatlantique, que l’on a parfoisappelée commerce trian-gulaire, ne peut s’expliquersans la t rai te intérieure

africaine. Les navires né-griers échangeaient sur lescôtes d’Afrique des produitsmanufacturés contre des cap-tifs vendus ensuite, parfois àcrédi t , aux colons desAntilles, du Brésil…

Du milieu du XVe à la findu XIXe siècle, l’Angleterre aété la plus active dans latraite négrière. Elle était sui-vie par le Portugal pourtantprécurseur en ce domaine ; laFrance précédant la Hollandeet le Danemark. Pour lesarmateurs, les capti fs -assimilés à des biens meu-bles - ne représentaientqu’une marchandisecommeune autre. Ce n’est que tardi-vement que l’esclavage futconsidéré comme une atteinteà l’être humain. En France, le4 février 1794, la premièreabolition survint, après desinsurrections d’esclaves auxAntil les, à la suite de laRévolution. Napoléon rétablitl’esclavage en 1802. Sous lamonarchie, en 1818, 1827 et1831 se sont succédées deslois d’abolit ion. Mais cen’est qu’en 1848 que l’escla-vage fut aboli définitivement.

En 2010, on estimait encoreà 27 millions le nombre depersonnes victimes de l’escla-vage dans le monde. Le mé-morial de Nantes a pour fonc-tion de garder la mémoiredu passé et mettre en gardepour l’avenir .

Pierre CARINI

� (1) Ouest-France, 22 mars.

� (2) L’Express, 25 mars 2012.

� (3) Le site officiel du Mémo-rial : www.memorial.nantes.fr/

PN

Royaliste 1012

Page 11: C I B L E PRÉSIDENTIELLE P Voter Hollandearchivesroyalistes.org/IMG/pdf/Royaliste_numero_1012.pdf · Sortir de l'euro? p. 6-7 DU 30 AVRIL AU 13MAI 2012 - 42 eannée - Numéro 1012

� � � � A Paris, chaque mercredi, nousaccueillons nos sympathisants dansnos locaux (17, rue des Peti ts-Champs, Paris 1er, 4e étage) pour undébat avec un conférencier, person-nalité politique ou écrivain. � � � � La conférence commence à 20heures très précises (accueil à par-tir de 19 h 45 - Entrée libre, uneparticipation aux frais de 1,50 € estdemandée), elle s’achève à 22 h.Une carte d’"abonné des mercredis"annuelle (8 €) permet d’assistergratuitement à toutes les conféren-ces et de recevoir chaque mois leprogramme à domicile. � � � � Après l a co n f é rence , à 2 2heures, un repas amical est servipour ceux qui désirent poursuivreles discussions (participation auxfrais du dîner 5 €).

MERCREDIS DE LA NAR

Communiquer avec la N.A.R.

� Adresse postale : 17, rue des Petits-Champs,75001 Paris

� Adresse électronique : NouAcRoyal @gmail.com � Sites internet :

http ://www.narinfo.fr.st (Informations et actualités)

et http ://archivesroyalistes.org / � Téléphone/répondeur : 01.42.97.42.57 � Télécopie : 01.42.96.99.20 � Règlements à l’ordre de :

Royaliste - CCP 18.104.06.N Paris

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� Mercredi 2 mai - Coloneld'infanterie, docteur en sciencespolitiques, chercheur associé àl ' I n s t i t u t d e r e l a t i o n sinternationales et stratégiques,René CAGNAT s'est établi auKirghizstan après avoir é téattaché militaire dans plusieurspays de l'Est et en Asie centrale.Il a récemment publié dans laRevue de Défense nationaletroisarticles dans lesquels il examineles conséquences de l 'échecp o l i t i q u e e t m i l i t a i r e d e sAméricains en Afghanistan : unedéstabilisation des pays voisinse s t à r e d ou t e r , p a r l ' e f f e tconjugué des groupes islamisteset des trafiquants de drogue.

Face à cette situation, la Francene peut se contenter de retirer sestroupes. Après les élections, unequestion décisive doit être posée: « De l'Afghanistan au Turkes-tan : que faire en Asie cen-trale ? » René Cagnat montrecomment la France peut et doitcoopérer avec les États de larégion et avec la Russie pouréviter une afghanisation à touségards dangereuse.

� Mercredi 9 mai - Professeurde science politique à l’Univer-sité de Versailles Saint-Quentin-en-Yvel ines et à Science PoParis, Laurent BOUVET étudiedans un livre récent les relationsentre la gauche et le peuple, qui

semblaient étroites. L’histoiredes trente dernières années mon-tre au contraire que la gauche aabandonné le peuple français – etqu’elle l’a condamné lorsque lesclasses populaires ont voté àdroite ou choisi l’abstention.Cette rupture tient au tournantnéolibéral de 1983 et au discoursmulticulturaliste d’un Parti socia-liste qui présentait un programmeconforme à sa propre sociologie.

Après l’élection présidentielleet à la faveur des é lect ionslégislatives, la gauche peut-elleretrouver « Le sens du peu-ple » ? Il faudrait que le Partisocialiste accomplisse une révo-lution intellectuelle et politique,alors qu’il est encore pris aupiège de son conservatisme etdes illusions de la « modernité ».L a c r i s e é c o n o m i q u e e tfinancière l’obligera-t-il à setransformer ? � Mercredi 16 mai - Directeurd’une société de productionaudiovisuelle, Mohamed BE-CHROURI explique commentlui, jeune Français comme lesautres, est identifié à un êtreétrange, étranger à lui-même :« L’Arabe imaginaire » qui estdénoncé par Éric Zemmour etdivers politiciens comme un indi-vidu qui ne peut pas s’intégrer enraison de son origine et qui neveut pas s ’ in tégrer à cause,notamment , de sa re l i g ionsupposée.

Avec beaucoup d’humour, Mo-hamed Bechrouri explique com-ment les Français qui sont regar-d é s c omme « a r a b e s » ou« noirs » se sentent privés deleur dignité et sont toujours obli-gés d’expliquer pourquoi ils nesont pas « de là-bas » mais biend’ici. Avec notre invité, nousp a r l e r on s d u h a l l a l , d e l ac i r conc i s ion , des p rénomsmusulmans, de la discrimination« positive », du discours surl’islamisation de la France et detout de ce qui vient condamner,dans la vie quotidienne, la politi-que de discrimination ethno-reli-gieuse qui a été menée, pendantcinq ans, par l’extrême-droite degouvernement.

Souscription

Petit espoirmais gros soucis...Comme je vous l’avais expliqué dans notre précédent

numéro, la Mairie de Paris nous a finalement fait des proposi-tions de relogement. L’une d’entre-elles nous conviendraitmais le local en question (une ancienne boutique) nécessited’importants travaux d’aménagement. Nous allons essayerd’en faire prendre en charge une partie par la Mairie mais, detoutes façons, une part non négligeable restera à notre charge.A cette somme que nous ne pouvons chiffrer pour l’instant vas’ajouter les frais de déménagement et ceux d’entre vous quiconnaissent nos locaux actuels savent que cela ne sera pas unemince affaire...

C’est dire combien le succès de la souscription que nousavons lancée est vital pour notre mouvement et son journal.Nous publions ci-dessous une première liste de souscripteursdont le montant ne doit pas faire illusion car nous avonscomptabilisé là tous les dons reçus depuis le mois d’octobre,date de la clôture de notre souscription 2011.

Nous comptons sur vous !

Yvan AUMONT

1ère liste de souscripteurs

M.B.P. (Saône) 5 € - Djamel Boudjelal 157,24 € - P.Y.B. (Hauts-de-Seine)150 € - J.A.B. (Poitiers) 50 € - Jean-Philippe Chauvin 23 € - Henri Chenut45 € - R.D. (Paris) 13 € - Guy Delranc 120 € - Michèle Dutac 43,44 € -Albert Forget 20 € - Yves Garnier 50 € - P.G. (Paris) 13 € - PatrickIsambert 100 € - Alain Jouffroy 33 € - Jean-François Kesler 103 € -Alexandra Lavaut 30 € - Alain Lemoine 30 € - Jean-François Lespès 53 € -Yves Manville 80 € - Jean-François Maurel 375 € - Eric de Montcornet deCaumont 1100 € - Christian Mory 100 € - François Moulin 100 € - Alain-Paul Nicolas 150 € - François Xavier Noir 110 € - Alain Perdrix 23 € -Daniel Planchette 30 € - Annie Pons 20 € - Yolande de Prunelé 240 € -Daniel Rietsch 90 € - Michel Roth 30 € - Pierre Sauterey 153 € - Anne-Marie Vilespy 100 €.

Total de cette liste : 3 739.68 €

CONSEIL NATIONAL

Le Conseil National est unorganisme élu par les adhérentsde la NAR pour deux ans.Consulté régulièrement par télé-phone ou par internet, i l seréunit également à Paris unefois par an. I l a comme rôle

principal celui de conseil politi-que auprès du Comité Directeur.Les élections pour son renouvel-lement vont avoir lieu fin mai.Tous les adhérents de la NARrecevront d’ici quelques jours lematériel électoral nécessaire.

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Royaliste 1012

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Voter François Hollande

L e Comité directeur de laNouvelle Action royalistese réjouit de la très forte

participation des Français aupremier tour de l ’é lect ionprésidentielle. Il se félicite durejet massif de Nicolas Sarkozy,auquel la NAR a participé enappelant à voter pour NicolasDupont-Aignan qui a obtenu,dans des conditions difficiles, unpremier résultat très honorable.Il constate avec regret le succèsremporté par Marine Le Pen quiexploite la trahison du gaullismepar la droite classique, l’abandondes classes populaires par lacaste des gestionnaires socialis-tes et les ravages de l’ultra-libéralisme.

Pour le second tour de l’élec-tion présidentielle, le Comité di-recteur de la Nouvelle Actionroyaliste appelle à transformer lerevers de Nicolas Sarkozy enune défaite définitive. Tout aulong de ce quinquennat, la Nou-velle Action royaliste a dénoncél’instauration d’une autocratiebrouillonne dénaturant la fonc-tion présidentielle, le durcisse-ment de la guerre sociale menéepar l’oligarchie, la destructionméthodique de l’administrationcentrale, le mépris de l’autoritéjudiciaire, la xénophobie d’État,la corruption du milieu dirigeantet, sur le plan international, leretour dans l’Otan, l’enlisementsanglant en Afghanistan et l’ali-gnement sur l’Allemagne qui estinscrit dans la lettre des nou-veaux traités conçus à Berlin.

Livrée à la concurrence ef-frénée et déloyale que permet lelibre échange, prise dans le car-can monétaire, exposée à la vio-

lence de la déflation, la France aété engagée par Nicolas Sarkozydans un processus à tel pointdésastreux qu’il est impossiblede prendre pour le second tourune position de neutralité. Lescritiques que la Nouvelle Actionroyaliste a adressées au Parti so-cialiste ont toujours été sévères :elle n’a jamais accepté le tour-nant de la rigueur de 1983, leralliement à l’ultra-libéralisme,la dérive oligarchique, les illu-sions européistes et la croyanceen l’euro. Mais il s’agit de choi-sir le 6 mai un président de laRépublique, non un Premierministre, sans oublier que l’o-rientation du nouveau gouverne-ment sera fonction des résultatsobtenus par les différents partislors des élections législatives.

Quant au choix du président,tel qu’il est défini par l’article 5de la Constitution, nous avons lacertitude que François Hollandesaura redonner à la fonction pré-sidentielle la dignité qu’elle aperdue et qu’il retrouvera, dansles négociations internationales,le langage et le comportementd’un chef d’État. Et nous som-mes persuadés que le nouveauprésident, chef des Armées,veillera au retrait rapide et or-donné des troupes françaises po-sitionnées en Afghanistan. Tellessont les raisons décisives quinous conduisent à appeler lesmilitants et les sympathisants dela Nouvelle Action royaliste àapporter leurs voix à FrançoisHollande.

Cet appel doit être entenducomme un message d’espérancequant aux révolutions que laFrance peut accomplir à la fa-

veur de l’élection présidentielleet des élections législatives. Lacrise de l’euro s’aggrave. Elle apris un tour tragique en Grèce etla logique déflationniste con-duira tous les pays qui l’accep-tent à la violence sociale et àl’extrémisme politique. Des so-lutions nouvelles devront êtretrouvées, avec le soutien du peu-ple français. Ouverte parFrançois Hollande, la perspec-tive de la renégociation du pactebudgétaire européen et du Méca-nisme Européen de Stabilitédonne à la France la possibilitéde mettre radicalement en ques-t ion la pol i t ique dictée parl’Allemagne, la recherche ineptede l’équilibre budgétaire et lesdécisions de la Banque centraleeuropéenne.

Nous espérons que le nouveauprésident de la République necherchera pas à obtenir une sim-ple déclaration sur la croissancemais engagera la négociationavec nos partenaires européensaprès avoir soumis à référendumle traité signé mais pas encoreratifié. Nous espérons que lepeuple français confirmera le re-fus qu’il avait exprimé en 2005et qui a été ignoré au mépris dela démocratie. Nous attendonsde ce choc salutaire une redéfi-nition de la politique française,selon les objectifs généraux del’indépendance nationale, de lajustice sociale et du développe-ment économique qui nous per-mettront de retrouver le sens denotre histoire.

LE COMITÉ DIRECTEURDE LA NOUVELLE ACTION

ROYALISTE

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