bazart mag' hiver 2010

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NUMÉRO 19 - BAZART mag’ hiver 2010 ACTU Retour sur Nördik Impakt Orelsan, rappeur en ligne de mire DOSSIER La face cachée de l’opéra EN COUVBAZART Emmanuel Kerner, univers onirique et étrange

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Magazine de culture et de loisirs en Normandie

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ACTU

Retour sur Nördik Impakt

Orelsan,rappeur en ligne de mire

DOSSIER

La face cachée de l’opéra

EN COUV’ BAZARTEmmanuel Kerner, universonirique et étrange

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ACTURetour sur Nördik Impakt à Caen P. 4Focus Jazz en Basse-Normandie P. 63 questions à Orelsan P. 8L’actualité dans votre région P. 10

TOUR DES SALLESLe Mc Daid’s au Havre P. 14Le Passage à Fécamp P. 15Le Théâtre Montdory à Barentin P. 16La Galerie à Arromanches P. 17Les Yeux d’Elsa au Havre P. 18Le Quai des Arts à Argentan P. 19

DOSSIER : LA FACE CACHEE DE L’OPERALe Barbier de Séville à l’Opéra de Rouen P. 22Bruno, chef constructeur des décors P. 24Jenny, costumière P. 25Frédéric, chef de chant P. 26Agnès, chef maquilleuse P. 27Arnaud, machiniste cintrier P. 28D’autres métiers P. 29Retour sur la première et la dernière P. 30

EXPOSITIONAgenda des expositions P. 32La Une de Bazart : Emmanuel Kerner P. 36

PORTRAITAssociation Porc-Epic P. 38Moot and The Happy Makers P. 39Jean-François Glabik P. 40Transat Vidéo P. 42

SOMMAIREJANVIER / FEVRIER / MARS 2010 - N°19

IL A NEIGÉ SUR TOMORROW...

Il a neigé et la Normandie s'est quasimentarrêtée. Je dis quasiment parce qu'il y en a unqui n'a pas su s'arrêter et qui m'a embouti mabagnole jusqu'à la banquette arrière. T'imaginesle coffre écrabouillé et même le toit, plié enpointe ! Il paraît que c'est normal qu'il m'a ditle ferrailleur. Ah oui, parce que comme elle étaitplus toute jeune, ma voiture, c'est non réparableet c'est direct à la casse. J'ai pas récupéré unrond. Et là, un refrain s'est rappelé à ma mémoiresaturée des messages publicitaires de noschers constructeurs automobiles : Prime à laCasse. Avec cette prime, je pourrais peut-êtreenvisager de racheter un nouveau véhicule.Quoi ? Il faut acheter une voiture neuve ? Ahbah, je peux pas, mon banquier ne veut pasme faire crédit, il me dit que j'ai un boulot tropprécaire... Voilà pourquoi aujourd'hui je marcheà pied, je ne travaille plus, j'avais besoin de mavoiture. Je ne sais pas comment ce sera demainmais cet hiver, il a juste neigé sur la Normandie.

ÉD ITO

Emmanuel Kerner

Portrait en page 36

Association ADNi16 rue Louis Blanc - 76620 Le Havre

Tél : 02 35 43 62 79 - Fax : 02 35 22 64 [email protected]

Directrice de publication : Nadège Faucin -Administration : Chantal Legrand - Rédaction :Valérie Berthoule, Nadège Faucin, Claire Lorphelin,Chantal Legrand, Antoine Vulliez, Guillaume MassonPublicité : Christophe Michel - Graphik : Nadyou - Illustration : Leslie Bigo - Impression : Rotimpres.

La rédaction décline toute responsabilité pour les omissionset/ou erreurs qui se seraient glissées malencontreusement dansle magazine. La rédaction n’est pas responsable de la perte oude la détérioration des textes, fichiers ou photos qui sontadressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, detout matériel publié dans le magazine est interdite. Bazart mag ‘ votre magazine de Normandie - ISSN 1957-5211.Dépôt légal à parution.

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RETOUR SUR : NORDIK IMPAKT, A CAEN

Concert d’ouverture :Lieu sacré et sacré créateur !Pour le lancement de son édition,Nordik a frappé fort en invitant le pèrede la musique électroacoustique,et grand-père, en quelque sorte, dela musique électronique : MonsieurPierre Henry. L’événement a eulieu dans l’Eglise Notre-Dame de laGloriette. L’édifice religieux faisaitpartie des endroits insolites ducentre-ville de Caen que le festivala investi au même titre que desappartements privés, le parking

souterrain du Château ou le cloîtrede l’Abbaye aux Hommes.Retour à l’église. Dans le chœur, sedresse un orchestre d’enceintes detoutes tailles. Puis le maître arrive.Première surprise : l’homme âgéaujourd’hui de 82 ans semble trèsaffaibli. Deuxième surprise : leprogramme a changé. Le compositeurjouera Histoire naturelle et Pierresréfléchies en lieu et place d’UneTour de Babel et de Six centsoixante-six d’après L’Apocalypsede Jean. Depuis sa régie installée

dans l ’a l lée centra le, le chefd’orchestre s’apprête à diriger sespupitres d’enceintes pour uneexpérience qui s’avérera à la foissonore et sensorielle. Plongés danscette atmosphère, il n’y a plus qu’àfermer les yeux.In fine, les deux pièces ne nouslaisseront pas la même impression.La première, plus dense, appelledavantage d’images mentales quela seconde. Si Histoire naturellenous fait penser à la guerre duVietnam, Pierres réfléchies est uneoeuvre plus difficile à décrypter. Lecompositeur clôturera le concertavec son illustre morceau, PsychéRock, en guise de rappel . Lescloches résonnent à l’intérieur del’église et tout le monde repart ravi.Le grand monsieur a impressionnéson auditoire, toutes générationsconfondues. A l’image de Margot,une étudiante, qui a poussé un amià venir. “Si l’on s’intéresse auxmusiques électroniques, il fautconnaître Pierre Henry !”

ACTU

A l’occasion de ses 10 ans, le festival de musiques électroniques NördikImpakt retrouvait son lieu historique, multipliait les scènes dans la villeet proposait une programmation bétonnée faisant la passerelle entreles précurseurs, les stars actuelles et les valeurs montantes du mouvementkaléidoscopique. Nördik Impakt, 11e du nom, au départ et à l’arrivée.

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Soirées de clôture : Parc expoou Zénith ? Les deux !Trois jours après, changement radicald’ambiance pour la clôture du festival.On jubilait à l’avance des nouveautésde l’édition 2009 : deux soirées declôture à la place d’une seule et unterrain de jeu agrandi. D’une part,le festival a réinvesti les murs duParc Expo de Caen (après uneparenthèse dans la salle du Cargöen 2008). D’autre part, il a lancé unenouvelle formule en programmanten parallèle des concerts sur lascène du Zénith. Concerts où lescourants musicaux actuels flirtentjoyeusement avec l’électro.Résu l t at de ce t te p rem iè reexpérience au Zénith : un publicbien au rendez-vous et des groupesen grande forme (Le Peuple del’Herbe, Dub Pistols, Pony Pony RunRun, Ebony Bones, Etienne de Crécyen tête). Un petit bémol tout demême : le son de la salle, plutôtmauva i s. De l ’ au t re côté , l aprogrammation techno/electro des

scènes rave et club du hall duParc Expo, n’est pas en reste. Lesaficionados ont la banane. En ce quinous concerne, notre préférenceva au set de DJ Pone, ici sans sescompères de Birdy Nam Nam.Durant les deux soirées, le publiccircule régulièrement entre lessalles voisines jusqu’à la fin desconcerts du Zénith. A 4h, tous lesfestivaliers ou presque sont encoresur les dancefloors. Certains fontune pause pour aller jouer à SpaceInvaders sur les ordis antiques misà la disposition des festivaliers, ladéco 2009 déclinant le thème dupixel art et des jeux vidéos 80’s.La deuxième nuit, on s’inclinerapendant le set de Kevin Saunderson,donc bien avant les 9 heures dumat’ annoncées, la fatigue ayantraison de nous… En tout cas, lespetits-enfants de Pierre Henryau ron t as su ré ce t te année.Vivement l’impakt 2010 !

Article et photos :Valérie Berthoule

Dj Pone Ebony Bones

Dub Pistols

Le Zénith de Caen

Le Peuple de l’herbe

La scène du Zénith

Etienne de Crécy

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Un mois de jazz en Basse-Normandie : en voi là ungénéreux programme ! Enmême temps, mieux vaut en

profiter car les occasions de voir cestyle de musique à l’honneur ne sontpas nombreuses. Evidemment, il y aJazz sous les Pommiers, l’une, si cen’est la plusgrosse référenceen lamatière.Mais à ladifférencedesonaîné, Focus Jazzressembledavantageàunecompilation deprogrammations qu’à un festival. “Ce nesera jamais un festival”, expliqueSamuel Loviton, président du CollectifJazz de Basse-Normandie, “Je le voisplutôt comme une auberge espagnole,avec une ambiance sympa !”Portée par le Collectif Jazz de Basse-Normandie et pilotée par un comitéd’acteurs du milieu du jazz et despratiques musicales, l’opération estorganisée en partenariat avec desstructures qui établissent leurs propreschoix, en essayant, pour l’occasion, deconcentrer leur programmation de jazzsur le mois de mars. Parmi ces structures,on trouve aussi bien des grandesscènes (Théâtre de Caen…) que descollectifs de musiciens (Camion Jazz…)ou des bars (La Poterne…) répartis surles trois départements, et en particuliersur le Calvados. Dans le cadre de cettequatrième édition, citons la venue deMacéo Parker dans les salles de musiquesactuelles de la Luciole à Alençon etdu Cargö à Caen, ainsi que celle del’Orchestre National de Jazz au Théâtrede la Renaissance à Mondeville.

Musique encore confidentiellePour leCollectif JazzdeBasse-Normandie,à l’initiative du projet, le principal objectifest de faire un éclairage sur la scène

locale et d’en montrer la vitalité. Danscette optique, il peut proposer auxdiffuseurs partenaires un panel degroupes régionaux afin que ces dernierspuissent intégrer leur programmationvia une aide éventuelle au plateau. Cetteannée, par exemple, une formationrégionale comme le quintet Renza-Bôparticipera à l’édition.“La scène régionale est plutôt riche,il y a un vivier de musiciens et lesesthétiques sont variées : elles vontdu jazz traditionnel comme le swingjusqu’à des formes très contemporaines.Cependant, cette musique reste encoreconfidentielle en termes de diffusion.Par exemple, nous n’avons pas de scèneidentifiée jazz à la différence decertaines villes comme Nantes ouTours. Le jazz est encore une musiquenomade en Basse-Normandie.”Focus Jazz serait ainsi une premièrepierre dans un chantier visant à mettreen place un réseau jazz plus structuréen Basse-Normandie. “A terme, nousaimerions voir se développer la placedu jazz dans les programmations dessalles de musiques actuelles, faire del’enseignement et de la sensibilisationdans les écoles de musique ou encoreconstituer une base de données etrendre compte de l ’économie dece domaine pour sensibi l iser lesinst itut ions et trouver ainsi desfinancements.”Fo c u s J a z z o u l a vo i e d e l asédentarisat ion ?

Valérie Berthoule

>> Du 1er au 31/03,en Basse-Normandie

C/0 : focusjazz.com

Le jazz passe à l’actionFOCUS JAZZ EN BASSE-NORMANDIE

Bigarrée et remuante,la scène jazz basse-normande n’en est paspour autant visible etsuffisammentstructurée. C’estpourquoi, tous les ans,au mois de mars, lesacteurs de ce domaines’associent autour duFocus Jazz pourproposer uneprogrammation deconcerts de formationsrégionales, nationaleset internationales. Unbon début !

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JB Culot 5tet

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Bazart mag’ : Tu viens de passer uneannée très animée, voire mêmeturbulente. Quel bilan en tires-tu ?Pas trop amer après tout ce battagepolitico-médiatique ?Orelsan : “C’est une super annéemalgré tout. J’ai appris plein dechoses, notamment sur la vie d’artiste.Je ne suis pas amer. Pour moi, toutecette polémique autour de la chanson(NDLR : Sale Pute) vient de gens malinformés, de mauvaise foi ou bien quicherchent à se faire de la pub. Bien sûrque les concerts annulés, les pressions,le fait de lire ou d’entendre des chosessur toi qui ne te ressemblent pas,ce n’est pas très agréable, mais aubout du compte, je n’ai pas été atteintpersonnellement. Il ne faut pasprendre pour argent comptant ceque disent des gens qui n’ont pasécouté les chansons ou qui ne lescomprennent pas.Je prends plus cela comme unapprentissage. Quand tu fais de lamusique, il faut se préparer à êtreexposé à des choses parfois négatives.L’autre fois, j’étais à Rennes, il y avaitune manifestation contre moi, lesgens étaient agressifs. Sur le murde la salle de concert, il y avaitécrit : “Orelsan on va te couper lescouilles et te péter les dents !”.J’avais l’impression d’être dans unwestern (rires) ! Aujourd’hui, latournée est quasiment terminée

dans la mesure où je ne peux plusvraiment trouver de dates. Aprèsl’été, j’ai dû faire quelque chosecomme 10 concerts sur les 30 prévusau départ, entre les annulations etles options non confirmées.Etre déprogrammé est une chose, leproblème c’est lorsqu’on commence àvouloir interdire : comme fairepress ion pour que mon albumsoit retiré des bacs par exemple…Franchement, si on y était arrivé, làeffectivement, ça m’aurait atteint !D’un autre côté, pour revenir auxconcerts, cela tombe plutôt bien carj’avais envie de me poser pour faireun nouveau disque.”

B.M. : 2010 année compo, alors ? Tuévoqueras la polémique dans tonprochain album ?O. : “Oui année compo. Je vais resterà Caen 6 ou 7 mois et m’enfermerchez moi pour écrire. Le premierdisque s’appelait Perdu d’avance,en partie parce que je pensaisque ça n’allait pas marcher pourmoi. Au final, ça a quand même unpeu marché ! Et puis cet albumco rresponda i t à une pé r i odecouvrant mes 15-25 ans, j’en ai 27maintenant. Je ne suis plus vraimentun adolescent, je suis en traind’assumer mon passage à l’âgeadulte (rires) ! Le prochain disquedevrait prendre cela en compte.

Quant à la polémique, je pense quej’en parlerais : peut-être pas demon expérience ni des faits, maisplutôt de mon point de vue sur lasurmédiatisation, la censure, les gensqui veulent imposer leur morale, etc.Bref, quelque chose d’un peu réfléchi…si j’y arrive !”

B.M. : Ce mois-ci, tu t’es retrouvéparmi les finalistes du Prix Constantinet tu as représenté la France auxMTV Europe Music Awards… Même situ n’as pas terminé à la premièreplace, comment as-tu réagi à cessélections ?O. : “J’étais très content. Même sipour les MTV Music Awards le nombrede votes dépendait du nombre declicks des internautes, - c’est donccelui qui allait motiver le mieux sa“fan base” qui allait gagner- , çam’a fait plaisir car je regarde cetteémission depuis que je suis tout petit.Pour le Prix Constantin, et la sélectionau Fair 2010 également, ce sont desprofessionnels qui ont jugé que mondisque était suffisamment bon pourfaire partie de ces sélections. C’estune re conna i s s an ce de montravail… Et une sorte de réponseaux personnes qui m’ont jugé sansécouter mon disque !”

Propos recueillis parValérie Berthoule

C/0 : myspace.com/orelsan

3 QUESTIONS A…

2009 ou l’année Orelsan ! Un premier album remarqué, un vieux morceauqui fait polémique, le soutien d’artistes renommés, les pressions despolitiques et des associations féministes… On avait des questions à luiposer au p’tit gars de Caen !

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La boite de production de spectacles Blue Koalasituée au 76 rue Victor Hugo au Havre a ouvertsa toute nouvelle billetterie au 76bis de lamême rue. Horaires d’ouverture du lundi auvendredi de 10hà 18h30non stop. L’occasiond’allerchercher vos billets et/ou de vous renseignersur la programmation à venir. Blue Koala proposeactuellement : Feu la mère de Madame deFeydeau, Hugo Lippi, Nabucco de Verdi, OliviaRuiz ou encore Roberto Alagna.C/O : blue-koala.com

Blue tickets

Depuis deux mois, l’épicerie culturelleE.Caux Culture a réouvert ses portesau 80 rue de l’Eglise dans le quartierde l’Eure au Havre. Vous y trouvereztoute une gamme de produits exotiquesou locaux en vente. Vous avez égalementla possibilité de vous y restaurer pourdéguster un plat atypique et diététique.A noter qu’une programmation autourde différents thèmes devrait être dévoiléesous peu.C/O : envols.fr/epicerie-culturelle-2

Spice Havre

Bax vobiscum !

Jeunes charruesLe célèbre festival des Vieilles Charrues qui sedéroule tous les ans à Carhaix en Bretagne aumois de juillet ouvre, cette année encore, sascène Jeunes Charrues aux régions voisinesdont la Basse-Normandie. L’inscription en lignese fait grâce à un formulaire à remplir, troismorceaux de musique à télécharger et un visuel

de présentation à fournir. La date limite d'inscriptionpour la Manche est le 19/02 et pour le Calvados le 07/03.

Les formations retenues seront conviées à des soirées-concertssur leur territoire, à des formations et pour les 10 meilleurs à monter

sur la scène Jeunes Charrues.C/O : vieillescharrues.asso.fr/jc

AMC et les Tontons Tourneurs producteurs de tournéesd'artistes musicaux, lancent le label BAX Records. Lepremier artiste à lancer le catalogue de la maison seral’artiste normand Liléa Narrative et son épatant électrohip-hop sur son deuxième album Echantillodrome. S’ensuivra le tout premier album de Wine, groupe rock-folknormand. Deux noms de la scène musicale dont nousavions déjà fait l’éloge et qui laissent présager à celabel un beau sillon tout tracé.C/O : baxrecords.com

A partir du 29 janvier, le Mémorial de Caen ouvreun nouvel espace dédié aux dessinateurs depresse du monde entier. Grâce au soutien dela fondation Cartooning for Peace présidéepar Plantu et de la Mutuelle Générale de

l’Education Nationale, 70 dessinateurs russes,chinois, israéliens, palestiniens, américains etc.

exposeront leurs oeuvres. L’occasion d'abordercinq thèmes de l’actualité : conflits armés,menaces climatiques, droits de l’homme,inégalités Nord/Sud et censure, tabous etinterdits, à travers une multitude de regards etd’opinions parfois contraires.C/O : memorial-caen.fr

Tâches d'opinions

Si je vous dis “essai philosophique”, cela vous effraie ? Alors, “essaiphilotroquoi ?”, cela vous inspire ? Pas de panique car tout le géniede l'auteur, Gilles Vervisch, originaire de Rouen et professeuragrégé de philosophie, réside dans l’habileté à raisonner sur dessujets tout sauf simples de façon très concrète. A la réflexion“Le moi existe-t-il ?”, l’auteur se base sur des exemples de la viequotidienne tel que “Comment être soi-même dans une soirée oùl’on ne connaît personne ?” Chaque réflexion est ainsi abordéeavec légèreté la rendant presque attachante. Une beau voyage às’offrir pour une introspection “fun”. Tarif : 18€.C/O : maxmilo.com

Comment ai-je pucroire au Père Noël ?

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Le Radar à Bayeux accueille à partir du 15 janvier et jusqu'au 10 février,une installation plastique nommée Reproduction interdite. Créée parla Cie Voyelle et mise en oeuvre par Cendres Delort, cette installations’inscrit dans le festival Graine de mots. A partir d’entretiens menésauprès d’une quarantaine de femmes âgées de 18 à 86 ans, elleinterroge sur l’image, la place et le rôle de la femme au 21ème siècle.C/O : cendresdelort-voyelles.fr

Forte de son premier succès il y a deux ans, la compilation I LoveLH 2 a vu le jour. Mettant en avant les artistesmusicaux du Havre et de ses alentours,cette compilation est endistribution gratuite lorsde soirées-concerts I LoveLH des groupes participantdans différentes salles locales(Au Siroco à St Romain deColbosc (76) le 16/01). Sousformat digipack, cette galetteregroupe 20 groupes sans barrièresde styles ni de courants musicauxdont Mass Confusion, Fenouil et les Fines Herbes, Schlagolofofs,Mary*... ! Devant le succès obtenu l'année précédente, des t-shirtset badges au logo bien distinct sont également disponibles.C/O : welovelehavre.com

I Love LH comes back !

En octobre est sorti le recueil d’histoiresAaaargh je meurs aux éditions Même Pas Mal.Ce recueil est composé de plusieurs bandesdessinées en noir et blanc ayant toujoursun fond noir. Comme le précisent lesconcepteurs eux-mêmes, “Le noir peut-êtredrôle, triste, provocant, touchant...”, autantde dérivés bien exploités et dessinés parune flopée d’auteurs dont quelquesnormands tels que Kokor, Stéphane Douay...Recueil de 160 pages au tarif de 12€disponible en librairie ou sur leur site.C/O : meme-pas-mal.fr

Du 12 au 16 février, les rues de Granville s’animentautour de son évènement annuel : le carnaval.L’année dernière, 120 000 visiteurs se sont émusau fil des rues. Cette année encore, venez parcourirles 3,5 km de défilé en appréciant les 34 structuresmotorisées, les 1 500 carnavaliers en déambulationet une quinzaine de groupes musicaux et fanfares.Tout au long de la semaine, des moments fortssont programmés dont l’une des plus grandescavalcades d’Europe et une bataille de confettisavec plus de 4 tonnes de petits papiers.C/O : carnavaldegranville.fr

Gran'Carnaval

L’association Esp’Art située au Havre et présidée par JérômePetit souhaite réhabiliter le ciné-théâtre Le Normandy. Ce grandédifice artistique et culturel de la rue Aristide Briand qui a connuses heures de gloire de 1934 à 1991 est abandonné de tous. Unappel à souscription est lancée pour assurer sa rénovation. Si lasomme atteinte n'est pas suffisante, l’association s’engage àreverser à chacun les sommes récoltées. Tous à vos chéquiers !C/O : Association Esp'Art – 1 rue Fénelon – 76600 Le [email protected]

Sauvons le Normandy

Les étudiants de la licence professionnelle de Médiationculturelle vont mettre à profit leur formation par l’intermédiairede l’association Art & Fac en organisant pour la treizièmeannée le festival Les Pluriels. Du 30 mars au 3 avril, les villesde Rouen et de Mt St Aignan s'agiteront autour de spectaclespluridisciplinaires sur le thème des folies. Rendez-vous avecLes Courtivores, Les Tambours de Brazza, Shakapunk, DjAeon Seven etc. dans différents lieux tels que le cinémaL’Ariel, la Maison de l’Université, le Hangar 23 etc.C/O : myspace.com/lespluriels

Folies au plurielFemmes des années 2010

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Noir c'est noir !

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La ville d’Equeurdreville-Hainneville (50) s'anime du 3 au17 avril autour des cultures urbaines. Cette année, l’honneurest donné aux pratiques musicales avec le groupe MAP,Ministère des Affaires Populaires (le 3 avril à l’Agoraà 20h30), des ateliers/master-classes (rap, djing, bodydrumming etc.) et une scène ouverte accessible auxstagiaires. Les autres disciplines culturelles sont loind'être oubliées avec une mini-battle (danse) organisée parles enfants et une glisse urbaine organisée par Juniorassociation. Grâce à la mise en place d'une radio éducativependant le festival, les jeunes pourront aller à la rencontredes artistes professionnels.C/O : Mairie d'Equeudreville-Hainneville02 33 53 96 35

En ce début de printemps, du 17 marsau 2 avril, venez découvrir lesdanses d'ailleurs à travers desspectacles, films, stages etrencontres programmés à

Caen et à Cherbourg.Lever de rideau cette

année sur les jeunesauteurs et sur la création

avec des artistes venus du Japon, deCorée, du Vietnam mais aussi du Burkina-

Faso, d’Afrique du Sud etc. qui interrogentl’avenir du monde et ses dérives.C/O : ccncbn.com

En chansonLe printemps dans l'Orne s'annonce riche en chanson. Pourles 5 ans de cet évènement annuel qui se déroulera du 2 au31 mars, de nombreux artistes de la chanson seront présents.Les fidèles tels que Sanseverino, Renan Luce, Les Blérots deR.A.V.E.L etc. fouleront pour la deuxième fois la scène del'O.D.C. Dans d’autres univers, Les Fatals Picards, Sandra Nkaké,La Casa etc. nous feront découvrir leur talent. Enfin, lesinternationaux tels que le malien Boubacar Traoré, lebrésilien Marcio Faraco et d’autres nous feront voyager àtravers le monde. C/O : odc-orne.com

ESCALES

ACTU

Sortie tout droit de l’imaginaire deLeïla Fréger, auteure caennaise,Nina est une petite fille pleine desurprises. C’est au cœur d’un albumintitulé Les aventures de Nina,illustré et musical en 4 volumesque vos enfants découvrirontl’univers de cette fillette qui n’apas la langue dans sa poche.Composé de 3 livrets (1 livre àlire, 1 à raconter, 1 à regarder) etd’une bande-son, chacun de cesvolumes évolue avec l’enfant etpropose de façon ludique et pédagogique une nouvelle manièrede raconter les histoires. Mais Nina cherche toujours un éditeur,à bon entendeur!C/O : leprojetnina.canalblog.com

Nina se la raconte !

Architecturez-vous !Haute et Basse-Normandie se réunifient pour la première foisautour du 5ème mois de l'architecture en Normandie. Pendanttout le mois de mars, vous pourrez découvrir des réalisationsarchitecturales, urbaines et paysagères qui jalonnent votrequotidien. Une cinquantaine d'événements, autour des thèmes“parcours “et “renouvellement urbain”, seront proposés dansdifférents lieux dont une journée portes ouvertes des agencesd'architectes sur toute la Normandie le 10 mars. Programmecomplet disponible à partir de mi-février.C/O : mdahn.fr

La Brèche, centre des arts du cirque situé à Cherbourg-Octevilleannonce son tout nouvel événement Spring créé en partenariatavec des structures culturelles de Basse-Normandie. Pendant3 semaines, du 19 mars au 10 avril, quinze spectacles serontprésentés sous chapiteau ou en salle et nous feront découvrirle cirque nouveau. En sus, des invités anglais nous ferontpartager leur talent d’outre-Manche.C/O : labreche.fr/spring/

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Aataba / Taoufiq Izeddiou

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La ville de Saint-Lô s’accorde une semaine de danse et dechorégraphie version exclusivement féminine du 19 au 22janvier. La salle Le Normandy, le Musée du Bocage et le théâtreaccueillent plusieurs spectacles et compagnies dont FocusExit par la Cie Ecorpsabulle, Le Bain par la Cie Les Baigneurs,Leçon de Choses par la Cie Pastatrace et Sables Mouvantspar la Cie Ecorpsabulle.C/O : Théâtre de Saint-Lô – 02 33 57 11 49

Avec cette oeuvre originale de l’artiste ErwanVenn qui rappelle sans ambiguité “Trafic”,le bâtiment qui abrite le FRAC HauteNormandie situé à à Sotteville-lès-Rouen, nous pouvons découvrirl’équipe, le fonctionnement et lesmissions de ce Fonds Régionald'Art Contemporain. A destination des enfants, ces jeunes lecteurs trouverontdes réponses claires et précises sur le fonctionnement d'une structured'exposition d’art contemporain. Enfin, les créateurs en herbe pourront, grâceà des stickers à coller dans l’oeuvre, mettre en scène l'équipe. En vente auFRAC HN. C/O : frachautenormandie.org

MacédoineLe printemps balkanique lance un coup de projecteurcette année sur la République de Macédoine. A partirdu 31 mars et jusqu'au 28 mai, venez découvrir lesrichesses de ce pays situé dans la péninsule desBalkans. Musique, littérature, théâtre, contes, artsplastiques, art contemporain, cinéma, dansecontemporaine, conférence, gastronomie etartisanat seront au rendez-vous dans différentslieux de Basse-Normandie (Café des images,Cinéma Lux, ACTEA etc.). Programme completdébut mars à retrouver sur le site internet del’association Balkans Transit.C/O : balkans-transit.asso.fr

Exclusivement féminin

L’orchestre de chambre Cordes en Seine composé d’amateurset de professionnels propose à des musiciens motivés deles rejoindre. Transporter la musique dans des lieux reculés,inhabituels, distraire un public novice ou averti ou encore allerà la rencontre des élèves en milieu scolaire telles sont les actionsmenées par cet orchestre situé à St Vigor d'Ymonville (76).C/O : candidatures au président de l'association :Jacques Mahnich - [email protected]

Orchestre rechercheautres cordes

Un hiver sous les cuivres14 concerts dans 14 lieux différents du 16 au 31

janvier 2010, cette 6ème édition du festivalLes Hivernales des Cuivres va nous

faire découvrir en Normandie descréations artistiques croisant

les cuivres et les cordes.Entre l'ouverture Du

symphonique dans lestuyaux et la Grande rencontre

des cuivres qui clôture l'événement,les différentes dates sont à retrouver

dans votre agenda favori et sur le siteinternet de l’association Temps deCuivres.C/O : tempsdecuivres.com

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La ville de Bayeux renouvelle son événement autour des motsdu 24 janvier au 11 février : le festival Graine de mots. Placésous le signe de la rencontre et de l'échange autour des arts dela parole, venez apprécier ces rendez-vous de théâtre, de conteet de musique dont Molière malgré lui par la Cie Zibaldoni etComédiens et Compagnie, A nos héros par Nicolas Bonneau,Zaza Fournier etc. Cette année pour 3 spectacles achetés, le4ème est gratuit ou vous pouvez offrir un spectacle à unepersonne de votre choix. Tarif par spectacle de 6 à 18€.C/O : grainedemots.fr

En quelques mots...

Qui fait Quoi au FRAC HN ?

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AuMcDaid’s, il y a l’odeur dubois et des bières fraîches !L’ambiance y est chaleureuseet le cadre, à l’avenant. Des

fresques et des inscriptions d’inspirationceltique recouvrent les murs du pubqui s’étend sur 3 niveaux. Avec lesboiseries, cela lui donne un cachetancien qui sied à merveille.Ce décorumest l’œuvre du propriétaireet gérant des lieux, Laurent Chatel.Vous aurez peut-être l’occasion dele croiser derrière le comptoir oùil officie également en tant queserveur. Après avoir racheté cetteanc ienne d i sco thèque, l u i e tses frères ont conçu le Mc Daid’sde A à Z avec l’aide de collaborateursirlandais.

Le bar du centre-ville havrais tientson nom d’un pub éponyme implantéà Dublin, lui aussi sur 3 niveaux. Et ilfaut savoir qu’entre le patron du McDaid’s et les Iles Britanniques c’estune grande histoire d’amour. “Unepartie de ma famille habite en Irlandeet en Angleterre. Je suis très souventlà-bas”, confie Laurent Chatel avantd’ajouter, “J’ai toujours adoré leconcept du pub, l’ambiance desconcerts de musiques traditionnellesirlandaises et puis la musiqueanglaise est ma passion depuis toutgamin.”

Pointures et groupes en devenirDepuis son ouverture en mars 96, lepub accueille des concerts de rock,de punk, de métal, de blues, de jazz,de folk, de traditionnel irlandais, etc.Les formations se produisent leweek-end et en semaine dans lasalle du sous-sol, d’une capacitéd’accueil de 200 personnes et parfoisau rez-de-chaussée pour les setsacoustiques. Le plus souvent, ce sontles associations organisatrices deconcerts ou les groupes qui contactentLaurent Chatel, le Mc Daid’s étantprésent dans le dictionnaire du rock.

Mais il lui arrive aussi de repérer desartistes en premières parties dansles salles normandes ou parisienneset d’en faire venir en date off (NDLRentre deux dates d’une tournée).En 14 ans, le pub a vu défiler du beaumonde : Moon Martin, le groupe derock Eiffel, les musiciens de RoryGallagher ou le jazzman Jeff Gardnerparmi tant d’autres… Et un certainMickey 3D y a fait ses premiers passur scène. “Je le connaissais car ilétait déjà venu avec son premiergroupe. Au bout du compte, on afait 25 entrées !” Le Mc Daid’s estégalement une scène sur laquellepassent nombre de groupes de larégion. A l’instar de Tahiti 80 qui afait ses débuts ici.Interrogé sur sesmeilleurs souvenirs desoirées, le patron hésite longuement.“Difficile à dire… Il y en a eu tellement.”Il réfléchit à nouveau, puis reprendd’un air cette fois assuré : “En fait, laplus belle date a lieu tous les ans…le 17 mars !” Yes sir !

Valérie Berthoule

C/0 : 97 rue Paul Doumer,Le Havre

02 35 41 30 40

Au Havre, le Mc Daid’sest considéré commeune institution pourtous les amoureux despetits concerts rock etde la Guinness ! Et en14 ans d’existence, lepub a accueilli du beaumonde !

LE MC DAID’S AU HAVRE

Le tour des salles

So irish, so rock !

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LE PASSAGE A FECAMP

Implanté à Fécamp, le théâtreLe Passage se trouve dans unl ieu idéa l . A la fo is ca lme,re lat ivement recu lé , i l es t

également propice à l’effervescencecréative ! L’ancien orphelinat danslequel s’est installé le Passage ycontribue également, grâce à sastructure offrant des ressourcesinsoupçonnées. En plus du Petitthéâtre, la salle principale de 160places, L’Embarcadère permet deprésenter des spectacles cabaretsintimistes, avec une proximitérare entre public et artistes. Plusrécemment, il y a deux ans, c’estl’ancienne épicerie Salsou, situéejuste en face du théâtre, qui a étéaménagée en ate l ier. Celu i -c ipossède d’ailleurs une vocationsociale affirmée, en accueillantdifférents services hospitaliers,des mineurs délinquants…Deux co-directeurs d’un genrepa r t i cu l i e r son t à l a tê te duthéât re depu is 2003 , chacun

ayant une expérience d’artiste.Respectivement metteur en scèneet comédien, Claude-Alice Peyrotteset Patrick Michaëlis ne sont passeulement impliqués dans l’aspect“administratif” que peut revêtir unetelle fonction, mais ils sont aussi etsurtout investis activement quant autravail des artistes qu’ils peuventaccueillir, nouant une vraie relationde confiance avec eux.

Un compagnonnage originalPlus que des résidences “classiques”,c’est un véritable compagnonnagequ’offre Le Passage : “Nous pouvonsdonner des conseils sur une mise enscène, faire des propositions lors desrépétitions, d’autant plus s’il s’agitd’une jeune compagnie, mais nouslaissons toujours le dernier mot auxartistes. Nous pouvons égalementles aider pour leur communicationou sur des points plus administratifscomme la comptabilité.” expliquePatrick Michaëlis.

D’autres initiatives permettent devaloriser le théâtre : “Afin de donnerune nouvelle dimension à la structure,nous avons voulu créer l’événementavec des spectacles hors les murs,sous chapiteau.” Pari réussi avecpar exemple la venue du spectacleInStallation, de Suisse, qui a fait leplein de spectateurs, grâce aussi à lamutualisation des moyens avecd’autres salles normandes.La programmation de ce début 2010est marquée par trois temps fort.Pour le premier, ce sont trois piècesde différentes compagnies qui sontproposées et autant de regardsportés sur l ’œuvre de Ionesco.Deuxième évènement, la saison dela Turquie est l’occasion de mettreen pratique un des leitmotiv del’équipe du Passage : “amener del’ailleurs, montrer d’autres langues,couleurs, cultures…“ Il sera ainsiquestion d’expos et de théâtreoffrant un point de vue différent dumonde. Enfin, durant une semaine,du théâtre, du cinéma et des lecturesseront organisées autour de lapersonnedeCharlotteDelbo, résistantedéportée à Auschwitz, écrivain etfemme de théâtre. En somme,quelques illustrations parfaitesde cette volonté affichée : “placerle théâtre au cœur de la ville… etde la vie !” Claire Lorphelin

C/0 : theatrelepassage.fr

Outre une offre culturelle variée, mêlant cabaret,théâtre ou chanson, Le Passage se distingueégalement par l’originalité de ses ateliers, et uncompagnonnage d’artistes unique !

Lieu de passage

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Le théâtre Montdory a déjàune certaine expérience dela culture ! I l fut en effetconstruit dans les années 50,

sous l’impulsion de l’ancien maireAndré Marie, qui fut par ailleurs Ministrede la Culture et brièvement Présidentdu Conseil. Cette initiative permet defait, aux habitants de Barentin et de larégion, de bénéficier très tôt d’unestructure culturelle d’importance. Depuis,les municipalités successives ont toujourseu le souci de préserver ce lieu et de faireperdurer le vœu de cet illustre élu.Les Barentinois et les habitants alentourspeuvent ainsi bénéficier de cettepolyvalence et de cette proximité rares,des particularités revendiquées par ledirecteur Christian Pédron, “surtoutpour ceux qui ne disposent pas toujoursd’un moyen de transport, notammentle soir !” L’unique salle, d’une jaugeconfortable (450 places), bordée dedeux balcons, passe ainsi tour à tour de

salle de théâtre, à salle de cinéma oude concert. Celle-ci est d’ailleurs miseà disposition des collèges et lycéespour la projection de films aux élèves.Les expos, les Peintres italiens enmars par exemple, sont installées àl’espace attenant, l ’espace AndréSiegfried. Les différents spectacless’organisent alors selon un savantmélange de genres, de divertissementet de culture, afin de permettre à tousde s’y retrouver.

Le best off d’AvignonLa programmation reflète l’orientationsouhaitée par le directeur, en postedepuis vingt ans, qui a eu le temps deconstruire une programmation cohérenteet de fidéliser le public. Il explique :“Mon souhait était de proposer uneoffre diversifiée, en incluant desspectacles qu’on ne voit pas ici, desortir de plus en plus de la région. C’estun travail de recherche permanente,mais on a la satisfaction de programmerdes spectacles dont on est fiers.”Dans cette optique, depuis trois ans, lethéâtre propose une sélection de

pièces jouées lors du festival d’Avignon,choisies par le directeur et son équipeparmi une soixantaine de pièces vues.Etalé sur plusieurs semaines, en mars etavril, ce “best off” permet une ouverture,la découverte par le public de pièces degrande qualité qui ne sont pas moinsaccessibles, comme Roméo et Juliette,la version interdite, par la CompagnieL’Enfant Bleu, ou encore le one manshow Ce soir dans votre ville de WarrenZavatta. Le théâtre a également un rôlede coproduction de spectacles ; il aainsi contribué cette saison à monter lapièce Macbett par la compagnieCaliband Théâtre. Enfin, le cycle deconférences “Connaissance du monde”permet un voyage original à travers lemonde entier : de l’ouest américainau Cambodge, des auteurs viennentcommenter leurs fi lms et a ins ifaire partager l’envers du décor auxspectateurs. Cette saison encore, lethéâtre Montdory a un programmechargé… Et pas une ride !

Claire Lorphelin

C/0 : 02 32 94 90 23

Le tour des salles

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Le théâtre municipal deBarentin a pour vocationde plaire à un publiclarge. Il joue pour cela lacarte de la polyvalence :expos, concerts, théâtre,danse et cinéma separtagent l’affiche.

THÉÄTRE MONTDORY À BARENTIN

Théâtre et Cie

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Le foyer à l’étage

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Arromanches, haut lieu du Débarquement, son musée,sa plage, ses pontons… et sa galerie ! Installéedans le plus vieil hôtel de la ville, tout près de laplage, la petite boutique apporte une note fraîche

et légère à ce cadre marqué par la grande Histoire.Dans cet écrin sobrement nommé La Galerie, Caroline Deniset VanLuc, tous deux artistes et galeristes, exposent depuisdix ans le travail de plusieurs artistes “coups de cœur” ainsique leurs propres créations en proposant œuvres originales etreproductions. Les abat-jours vintage de Caroline et les célèbresvaches de VanLuc côtoient notamment les personnages enpapier mâché de Fayrouz Ammari et les poissons de FrançoisDenis (poissons qui nous sont familiers à Bazart, puisqu’ilsont fait la couverture d’un numéro !)… Aujourd’hui, VanLucet Caroline Denis souhaitent également ouvrir leurs portesà de nouveaux artistes aux concepts affirmés.Dans cet univers artistique coloré, chaleureux et rigolo, on ycroise aussi bien des jeunes de centres aérés que desclasses primaires ou des couples avec des poussettes ! Ilfaut dire qu’avec les conditions qu’il propose (autorisation detoucher les œuvres, coin de détente pour les enfants…),l’endroit charme par la simplicité et la décontraction qui yrègnent. “Quand on met les pieds dans une galerie, il estprimordial de s’y sentir à l’aise”, souligne VanLuc. “Commentvoulez-vous rendre l’art contemporain accessible si vousaccueillez le public dans un lieu clos, froid, où il est interditde toucher les oeuvres ?” Bien dit ! Valérie Berthoule

>> Actuellement à la Galerie,expo autour des créations à double signatureC/0 : Ouvert tlj sf le vendredi, 11h-13h/15h-19h

22 rue du Maréchal Joffre, Arromanches-les-Bains02 31 10 02 92 – la-galerie.net

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LA GALERIE, A ARROMANCHES

Il est interdit dene pas toucher !

Van

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Au début du cou rs de l aRépublique la façade des Yeuxd'Elsa réalisée par l'artiste-peintre Pascal Déchenaud,

s'affiche et invite les nombreux passantsdans cette bouquinerie depuis la fin del'été. “J'étais bien dans ma rue d'Etretat,mais c'était une rue étroite où je mouraiscommercialement à petit feu...” nousannonce-t-elle. Elle visite ce lieu oùauparavant elle se faisait masser et sefie à son intuition. C'est également sonintuition qui la pousse en 1990 à quitterl'Algérie afin de passer une annéesabbatique en France. Elle fait doucementdurer cette année au sein de son cafélittéraire créé en 1996, véritable ode auxhistoires d'amour, celle d'Elsa et d'Aragonbien sûr mais aussi celle de Rhamsaavec cette ville et ses habitants. En1998, une association de fidèles se créepour aider et soutenir cette structure.“Ils ont apporté une nouvelle vie au cafélittéraire en y insufflant des nouvellesidées de rencontres” nous confieRhamsa. Au point d’être dépassée parl'ampleur des Yeux d'Elsa, avoue-t-elle.Tous les mois c'est une quinzaine derendez-vous qui sont proposés au public.Des cafés littéraires, histoire, concert,poète, allemand et depuis peu le cafédes sciences. La programmatrice est

ouverte à de nombreux sujets, mêmecelui qui lui vaut de vives critiques,l'ésotérisme. Son seul frein, la politique.“Je n'y touche pas”, dit-elle timidement.De retour cours de la République, oùelle avait installé ses livres il y a 10 ans,Rhamsa se trouve à deux pas de lafaculté et voisine de trois bouquinistes.Cela ne lui fait pas peur, au contraire.“Les étudiants trouvent sur toutun quartier une offre complète delivres d'occasions”. D'occasions certesmais pas sans valeur affirme cettelicenciée en lettres. “J'aime les livresqui ont vécu, j 'aime leur passé, jen'aurai pas pu vendre des ouvragesneufs” dit-elle.Les Yeux d'Elsa est choisi depuis sixans comme douze autres librairiesen France afin d'accueillir Les BellesÉtrangères : une manifestation derencontres d’écrivains d’un même paysou d’une même aire linguistique.Rhamsa espère encore d'autres mixités.“J'aimerais que les étudiants des quartiersdes hauts du Havre s'approprient aussile lieu”, nous dit-elle. Telle une réponseà sa demande, un jeune franchit laporte, s'essuie longuement les pieds,devance une petite dame âgée tenantprécieusement un “Bellemare” dansses mains, croise un fan d'histoire de

France qui vide le rayon. Il va directementvers une petite table ronde au fondde la bouquinerie, prend le journalqui semblait l'attendre et s'installeconfortablement... On s'attend presqueà le voir chausser ses pantoufles...Rhamsa sourit et semble rassurée. LesYeux d'Elsa suit son cours...

Nadège Faucin

C/0 : yeuxelsa.com115 cours de la république,

Le Havre (76).

La bouquinerie havraise Les Yeuxd'Elsa est retournée aux sources lelong du cours de la République dansun local où oeuvrait l'association deyoga Se Ressourcer... Des signes quiont encouragé Rhamsa Berrehil, lacréatrice de cette structure, à quittersa rue d'Etretat. Rencontre avec cettefemme qui se fie depuis 13 ans à sonintuition avec succès.

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Le tour des salles

LES YEUX D'ELSA - LE HAVRE

Les intuitions de Rhamsa

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Partant du cons tat d ' unmanque d'accès à la culturedans le bassin d'Argentan enBasse-Normandie, il fallait

créer un véritable lieu pluridisciplinaire,remplaçant une sa l le des fêtescinquantenaire, obsolète et inadaptéeà une programmation de spectaclesvivants. Huit ans plus tard, le Quai desArts est inauguré. Un long chantierpour un projet réfléchi autant sur laforme que sur le fond. Située à côté de lagare, d'où son nom, choisie lors d'unconcours lancé par la municipalité, lastructure, à l'architecture imposantemais ouverte, s'étend sur une surfacetotale de 2600 m2. Elle se composed'une grande salle, le Quai A d'environ700 places assises et de 1000 deboutsavec une scène de 192 m2 (troisièmeplus importante de la région) et d'unedeuxième salle baptisée logiquementQuai B, polyvalente et fractionnableen deux. Outre l'espace administratif,les artistes profitent d'une salle de

répétition, ainsi que de loges “toutconfort” individuelles et collectives.Enfin, à côté de la salle, un ancienbâtiment SNCF a été réhabilité enrésidence d'artistes et accueille cettesaison trois compagnies.

Favoriser les rencontresLe Quai des Arts se positionne commeune offre complémentaire, travaillanten synergie avec la médiathèque, leconservatoire, des associations localeset le cinéma de la ville qui propose desséances spécifiques en rapport avec lesspectacles. À l'échelle de la région, denombreux partenariats sont développésavec des festivals (Les Boréales, Spring,le Printemps Balkanique...) ainsi qu'avecd'autres théâtres afin d'accueillir leurscréations et ainsi ancrer cette nouvellesalle dans son territoire. “On a choisi de nepas faire une programmation uniquementde têtes d'affiche […] ce que l'on essaiede faire, c'est soutenir des compagniesrégionales et des créations” explique

Isabelle Boscher, conseillère municipaleen charge de la saison culturelle.Avec une programmation axée sur lesesthétiques du corps en mouvement,l’un des pans de l'action culturelle duQuai des Arts est d'essayer de casserl ' image élit iste que peut avoir lespectacle vivant. La programmationest ouverte à un public hétérogènenotamment grâce au rendez-vous Autourdu Spectacle qui abolit la frontièreartistes/spectateurs. “On sait bien quepour le public c'est beaucoup plus difficiled'acheter un billet pour une créationque pour un spectacle connu. C'est pourcela que l'on fait de l'accompagnement,des ateliers et des rencontres” préciseIsabelle Boscher. Il faut permettre àtout le monde de profiter du voyage.

Antoine Vulliez

C/0 : rue de la Feuille, Argentan (61)Billetterie ouverte du lundi au

vendredi de 13h30 à 17h3002 33 39 69 00 - quaidesarts.fr

LE QUAI DES ARTS À ARGENTAN

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Une nécessité. C'est le mot qui revient le plus souvent lorsque l'on évoquel'ouverture du Quai des Arts en septembre 2009, lieu de culture et de soutienà la création implanté à Argentan, au coeur du département de l'Orne.

Embarquement immédiatpour la culture

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On associe souvent un

spectacle à ceux qui sont

sur le devant de la scène.

Pour tant , i l y a toute

une équipe qui s’affaire en

coulisses pour lui donner

vie. Pour mettre en lumière

ces métiers de l’ombre, on

a choisi de le faire à travers

un lieu, l’Opéra de Rouen

Haute-Normandie, et une

production, celle du Barbier

de Séville, chef d’œuvre de

l’art lyrique.

Dossier réalisé par Valérie Berthoule

Photos : Valérie Berthoule

Illustrations : Leslie Bigo

Maquette : Nadia Younsi

Merci à Laurent, Fabrice et Gaby de m'avoir permisd'entrer dans les coulisses de l'Opéra de Rouen !

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En plus de l’accueil de spectacles,le Théâtre des Arts produit enmoyenne entre 3 et 5 opéraspar an. Il dispose pour cela de

ressources : pour la partie scénogra-phique, un atelier de fabrication dedécors et un autre de costumes, pourla partie musicale, un orchestre et unchœur. Parmi les œuvres lyriquesproduites par l’ODR*, on peut citer Laclémence de Titus, Le carnaval desanimaux, Orphée aux enfers et Pierreet le loup.La trilogie Beaumarchais fait sûrementpartie des productions les plus lourdesde l’ODR, avec, sur une même année,deux nouvelles adaptations, Le Barbierde Séville de Rossini et Les noces deFigaro de Mozart, et une création, unopéra jamais monté, L’Amour Coupablecomposé par Thierry Pécou.Cette production en trois volets est àl’initiative de l’ancien directeur de

l’opéra, David Bizeray. C’est lui qui a faitappel à un seul metteur en scèneStephan Grögler et à trois chefsd’orchestre Luciano Acocella pour leBarbier, Oswald Sallaberger pour les

Noces et Jean Deroyer pour l’AmourCoupable. Et maintenant place à l’acte Ide la trilogie !

C/0 : operaderouen.com

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Avant d’entrer dans les arcanes du Barbier de Séville,voici quelques points de repère sur l’activité decréation de l’Opéra de Rouen.

Il barbiere di Siviglia est un opéra bouffeen 2 actes composé par GioacchinoRossini en 1816 sur un livret de CesareSterbini, d’après l’œuvre littérairede Beaumarchais. La pièce narre lesaventures du Comte Almaviva qui,pour conquérir sa bien-aimée Rosina,enferméeetpriséepar son tuteurBartolo,va se faire aider par l’homme à toutfaire de la ville, un certain Figaro…

*Opéra de Rouen

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Les décors :Stephan Grögler, metteur en scène,scénographe : “Pour moi , le plusimportant dans ces trois opéras, c’esttoute la mécanique de l’histoire qui semet en route : des gens qui se cachent,s’enferment, sautent par la fenêtre,espionnent… plusieurs intrigues qui sepassent autour de l’action principale. Jevoulais donc un décor très épuré quiserve le jeu d’acteurs et l’action. D’oùun décor fait presque uniquementde portes et de fenêtres et unemécanique visible.”

Les lumières :S.G. : “Avec Cyril Mulon, le créateurlumières, on a travaillé sur quelquechose de très construit, avec des axes

très définis qui créent réellementles espaces (chambres, salon,corridors).”

Les costumes :Véronique Seymat, décoratrice,créatrice des costumes : “On voulaitque ce soit très coloré, dans destons très vifs, contrastés, trèsXVIIIe siècle espagnol. Je me suisbeaucoup inspirée des tableaux deGoya où les costumes ont souventdes contrastes très forts.”

Avant de se mettre àl’ouvrage, les équipestechniques de l’opéraont étudié les axes dela scénographie. Envoici un aperçu avecl’équipe artistique.

- A l’atelier décors : 6 à 11 personnespendant 8 mois- A l’atelier costumes : 9 personnespendant 3 mois- Sur le plateau et dans les loges : 60 à70 personnes pendant plus d’1 mois,du montage au démontage, dont 30personnes lors des représentations

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Construire des portes colossales et

fabriquer des mécanismes pour

les déplacer faci lement sur

scène… Ce n’est pas un problème

pour Bruno et les autres !

Dans les ateliers de l’Opéra de Rouen, le

chef constructeur a dirigé pendant plusieurs

mois une équipe composée de métalliers,

soudeurs, menuisiers, peintres, sculpteurs,

etc. pour les besoins de la trilogie. A l’exception

des tables élévatrices, ils ont conçu l’ensemble

des décors : une tournette, des caissons-

planchers avec un système de galeries

et roulettes pour déplacer les éléments,

une dizaine de portes et quatre fenêtres,

principalement. Le chantier a été long et

très technique, les constructeurs ayant créé

des prototypes. “Jusqu’au montage, on

n’était pas sûrs à 100% du résultat ! J’ai

même été plutôt surpris par la stabilité

des grandes portes, car si ça marchait sur le

papier, en pratique il y a toujours une petite

incertitude sur le fonctionnement.”

Le travail du responsable de la construction

a commencé en amont du chantier, dès la

recherche et la mise au

point de techniques de

fabrication à partir de la

maquette réalisée par le

metteur en scène et son

équipe. Mais il n’est pas

en lien avec la partie

artistique du projet. “Je

ne fais que suivre les

plans et apporter des

solutions techniques.

C’est Gaby, le régisseur général,

qui fait le lien entre les créateurs des décors

et l’atelier.”

Cet intermittent du spectacle, qui construit

également pour le théâtre, avoue préférer

fabriquer des décors d’opéra pour leur côté

volumineux. Aujourd’hui, cela fait 20 ans

que Bruno travaille dans le spectacle vivant.

Arrivé un peu par hasard dans ce milieu,

il y a pris goût rapidement. “Avant, je ne

réalisais pas tout ce que pouvait faire un

atelier de décors. D’ailleurs, je n’allais pas

vraiment voir de spectacles, ce n’était pas

trop mon truc !”

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Page 25: Bazart Mag' hiver 2010

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Niché au neuvième et dernierétage du théâtre, l’atelier defabrication des costumes estune véritable ruche. Ca brode,

ça coud, ça coupe dans la matière alorsque s’enchaînent les séances d’essayage.Dans l’atelier, tous les croquis sontaffichés au mur. Depuis deux mois,l’équipe d’abeilles menée par Patricia,la chef costumière, travaille à flux tendu,chacune à son poste. Parmi les filles del’atelier, il y a Jenny. Intermittente duspectacle, la costumière travaillesouvent pour l’Opéra de Rouen, et plusparticulièrement cette saison, à l’occasionde la trilogie Beaumarchais.Le rôle de Jenny consiste à coudre,monter le costume, selon le patron réalisépar Patricia d’après les directives dela créatrice, Véronique Seymat .“Véronique a dessiné les maquettes etchoisi en amont tous ses tissus.Ensuite, Patricia fait les coupes, adaptepar exemple les lignes de l’époque auxmorphologies actuelles tout en gardantl’apparence historique.” Et c’est à partir

de là que Jenny et les autres filles del’atelier entrent en jeu.Cependant, si son métier laisse peude place à la créativité, “On peutéventuellement faire des tests, parexemple sur les froufrous de la robe deRosina : c’est peut-être là, la seule partde créativité”, en tout cas la costumièreapprécie celle de Véronique Seymat, etnotamment “son souci du détail pourchacun des costumes et son choix pourdes matières plutôt nobles qui sontsouvent agréables à travailler !”Parmi les costumes des chœurs etdes solistes, la pièce en compte unequarantaine au total, Jenny a travailléentre autres sur les jupe et jupon de larobe jaune/rose de Rosina ainsi que surla veste prune du comte Almaviva…sa préférée semble-t-il !

Page 26: Bazart Mag' hiver 2010

Tout comme les techniciens,Frédéric est un homme descoul isses. Chef de chantintermittent du spectacle, il

accompagne au piano les chanteurs-comédiens des répétitions jusqu’à lagénérale piano* avant que le chefd’orchestre et les musiciens de l’Opérade Rouen ne prennent le relais.Au-delà du fait de remplacer l’orchestre,le rôle du chef de chant consiste àapporter un soutien aux chanteurs,aussi bien sur la langue que l’intonationou l’intelligence du texte par exemple,et à servir d’oreille correctrice. LeBarbier de Séville étant à ce titre une

œuvre extrêmement technique etvirtuose pour les voix. “Pour moi, il y avraiment une idée de direction derrièrele titre de chef de chant. Il faut êtrecomme un chef au piano. Avec le mot‘accompagner’, on pense que l’on suitles chanteurs alors qu’au contraire onles porte le plus souvent.”Le chef de chant travaille pour celaen étroite collaboration avec le chefd’orchestre puisqu’il est là pour prêchersa parole. “Il y a un facteur humain trèsimportant dans cette fonction dans lamesure où l’on fait vraiment tamponentre le chef, ses exigences, et leschanteurs.”

Mais ce n’est pas la seule casquette deFrédéric sur cette production puisqu’iloccupe par ailleurs la fonction de chefd’orchestre assistant, et qui plus est,celle de musicien sur le temps desreprésentations, accompagnant aupiano-forte les chanteurs pendant lesrécitatifs*… “Même sans cela, ne pasêtre dans la lumière n’est pas quelquechose de frustrant dans le sens où l’onfait un métier utile et passionnant. Onest au cœur du travail des chanteurs etde la direction musicale.” Cela dit, ladirection d’orchestre le titille un peu.Une aspirat ion plutôt logique etlégitime vu ses fonctions !

26*dernière répétition avec le piano seul etpremière dans son intégralité*chant déclamé pendant les passages narratifs

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Arrivées dans les derniers surla production, les filles del’équipe perruque/maquillagen’ont pas une minute à elles.

Du milieu de l’après-midi jusqu’auxdernières minutes précédant le spectacle,elles voient défiler dans leur logel’ensemble des comédiens (solistes etchoeurs). Agnès, la chef maquilleuse, etses deux consoeurs, Emmanuelle etCéline, travaillent en liaison avecVirginie et Céline, les coiffeuses-perruquières.Posées sur une table, les maquettesdessinées par Corinne, la réalisatricem a q u i l l a ge, p e rm e t t ro n t a u xmaquilleuses de suivre ses modèles.Celle-ci a pu laisser libre cours à sonimagination après que la créatrice descostumes et décors lui ait donnél’esprit de ce qu’elle voulait. Ensuite lesmaquilleuses, qui ont chacune leurpatte, passent à l’œuvre. Agnès : “Mêmesi on ne voit pas le travail sur les détailsà distance dans la salle, il faut que lemaquillage soit aussi esthétique deprès comme de loin.”

Juste avant la généra le, lelendemain de la pré-générale, lemetteur en scène et la créatricedescostumesviendrontdemanderaux maquil leuses de moinsvieillir la soliste interprétant Berta afinde mettre davantage en valeur son jeu“plutôt touchant”. Mais il faut que lemaquillage reste cohérent avec laperruque. Ils discutent. Chargée demaquiller l’interprète, Agnès procèdeaux ajustements voulus. Une fois lespersonnages maquillés, en perruque ethabillés, elle fait les derniers raccords.Aucun changement n’est prévuentre les scènes, juste quelquesretouches pendant l’entracte.C e q u e l a m a q u i l l e u s eintermittente préfère dans sonboulot c’est le contact avec lesinterprètes avant le spectacle.“C’est un moment privilégié pournous : nous sommes les dernièrespersonnes qu’ils voient avantde monter sur scène… Et i lfaut parfois savoir faire preuvede psychologie !”

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Page 28: Bazart Mag' hiver 2010

Ne vous fiez pas à ce nom trompeur,

Arnaud n’est pas celui qui prend votre manteau à

l’entrée du vestiaire ! Au théâtre, le cintrier est celui

qui fait apparaître, disparaître ou changer de position

les décors accrochés au-dessus de la scène sur des porteuses.

Mais à la différence d’autres salles de spectacle et du métier

tel qu’il s’exerçait avant, Arnaud est rarement au niveau des

passerelles ou du gril qui surplombe la scène pour manœuvrer

cette machinerie. Excepté en cas d’implantation de certaines

porteuses ou de problème de fonctionnement avec l’une

d’entre d’elles, il reste au niveau du plateau, pas du cintre. De

sa machine nommée superviseur, le cintrier dirige le ballet des

éléments de décor (fond noir, fenêtres, cadres, etc.) Car, à

l’Opéra de Rouen, le cintre est entièrement informatisé. Après

le montage, pendant la phase de mise en scène, Arnaud

enregistre les mouvements de décors dans des mémoires selon

les positions et vitesses voulues par le metteur en scène. Alors

évidemment, dans le métier, il y a toujours l’appréhension du

bug ou de la panne informatique, de porteuses qui se crochent

et qui pourraient faire des dégâts sur le plateau… mais pas de

panique : il y a des câbles ultra sécurisés et des plans B !

Pendant les représentations, Arnaud est en régie de scène. Du

spectacle, il n’en voit que des bouts, quand il jette un œil au

retour vidéo installé dans la régie. D’ailleurs, depuis son arrivée

il y a un an dans l’équipe technique du Théâtre des Arts en

tant que permanent, Arnaud n’a jamais vu un opéra in

extenso… Eh bien, ce ne sera pas encore pour cette fois !

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L’électricien, l’électro dans le jargon, a pour principalemission d’effectuer la mise en place et les réglagesdes projecteurs et de leurs accessoires. Pendant lesreprésentations, Julien veille à ce qu’il n’y ait pas deproblème avec le matériel et conduit le projecteur depoursuite du premier acte.

Reynald, Mickaël et Philippe, alias les “machinistes-comédiens” (ici avec Bruno, à g.,comédien interprétant Monsieur Loyal) ! Sur le Barbier, ils ont été techniciens àdouble emploi : au déchargement et au rechargement du décor, mais aussi sous lesfeux des projecteurs, tantôt valets tantôt figurants pour actionner les décors !

L i s ter, préparer etveiller à la présence etl’emplacement sur leplateau des accessoiresdu bain de Ros ina,des instruments desmusiciens, de la crèmeà raser et autres outilsd e F i g a r o … c ’ e s tl’affaire de Barbara,chef accessoiriste.

Jean-Michel est régisseur de plateau. Responsable desdécors, c’est lui qui supervise les placements et changementsdes équipements sur le plateau, et qui coordonne le travaildes machinistes pendant les montages, répétitions etreprésentations.

Régisseur de production, Aurélien est l’autre “chefd’orchestre” de la pièce. La conduite du spectacle(lumières, décors) est notée sur ses partitions. Pendant lareprésentation, c’est lui qui donne les tops, du lever derideau aux saluts. Et ce n’est que l’une des nombreusestâches dont il a la charge avec Denis, son binôme, dans lagestion de la production.

Marie est l’une des habilleuses du spectacle. En amont,elle prépare les costumes en loges. Pendant, elle est làpour aider le comédien dans ses changements,toujours prête à réparer n’importe quelle couture !En aval, elle s’occupe de l’entretien des costumes.

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Au bout d’un mois passé aucœur de la machine, on enconnaît les hommes et lesrouages. Pourtant, lors du

spectacle, la magie reste intacte !Comme un grand puzzle qui a prisforme sous nos yeux, les différentespièces s’assemblant harmonieusementau fur et à mesure, cette production aaccouché d’une mécanique bien huilée.Comment ne pas être ému quand onvoit le très beau résultat et quand on saitl’implication, et même l’affect, qu’ont misartistes, techniciens et artisans dansleur “bébé” ?Affichant complet sur presque toutesles représentations, la pièce soulève à lafois l’enthousiasme d’un public d’initiéscomme de néophytes : mise en scènetrès vivante, pièce légère, airs connusbrillamment exécutés tant par leschanteurs que les chœurs et l’orchestre…Pas besoin d’être calé en matièred’opéra pour apprécier le spectacle !

Figaro se lâche !Chaque scène est applaudie, des “bravo”jaillissant des quatre coins de la salle.Parmi elles, la présentation de Figaro,

avec le fameux Largo al factotum etson air ultra célèbre. Eh bien, “en vrai”,cela vaut le détour : le baryton TassisChritoyannis apporte à son personnagetoute la malice et l’élégance qu’il faut,dans son chant, ses postures, mimiqueset mouvements. Mais les autresinterprètes ne sont pas en reste. Toussemblent être taillés pour leur rôle,tant au niveau du jeu théâtral que de lavoix. Les scènes “chorales” ne peuventalors qu’en imposer. Pour la dernière(représentation), les solistes allaient selâcher, l’interprète de Figaro en tête : ilinterpelle le maestro avec humour, abusede la crème à raser sur Bartolo, etc. !Et voilà, l’aventure se termine… Aprèsd’ultimes saluts largement ovationnés,les techniciens commencent à démonterle décor. Un dernier verre dans le foyerdu théâtre et il est déjà temps de quitterun lieu qui fut un peu notre deuxièmemaison et de dire au revoir à une trèschouette équipe, côté techniciens biensûr, mais aussi côté artistes !

>> A venir :Les noces de Figaro en fev/mars,

L’amour coupable en avril

Bruno : “J’ai bien aimé la pièce, je suiscontent du résultat. De la scénographie, jen’en avais vu que la maquette et les photosde la maquette. Et bien, l’ensemble misbout à bout donne quelque chose de vivantet de sympa : le mécanisme, les décors, leslumières, etc.”

Jenny : “J’ai adoré : c’était beau, léger etaccessible. Le décor est à la fois simple etcomplexe, léger et lourd en machinerie eten costumes. Il y a un gros boulot à tousniveaux. C’est un sacré travail d’équipe !Quant aux costumes, ils sont super beauxet magnifiquement mis en valeur !”

RETOUR SUR LA PREMIERE…ET LA DERNIERE !

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Que restera-t-il de ceBarbier de Séville dansnos esprits ? Descostumes qui siéentmagnifiquement auxcomédiens, le balletrythmé des imposantsdécors… Et la liste estencore longue !

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Frédéric : “Pour cette première, ça a trèsbien fonctionné pour les chanteurs : toutétait en place entre les exigences de la miseen scène et celles de la direction musicale.C’est toujours perfectible évidemment,mais ça va devenir meilleur encore jepense. Et le spectacle était vraiment bien !”

Agnès : “C’est l’un des plus jolis spectaclesque j’ai vus depuis longtemps : les décorstoujours en mouvement, les costumestrès chatoyants, une belle distribution... Lemaquillage, lui, n’était pas évident à fairevu que l’éclairage passe sans cesse destons foncés aux tons chauds.”

Arnaud : “Pour nous, tout s’est bien passé.Le public a l’air d’avoir vraiment apprécié lespectacle. Ca nous fait particulièrementplaisir dans le sens où c’est un peu notrebébé, sa réussite nous tient à cœur ! Surl’écran du retour vidéo, j’avais l’impressionde voir la maquette !”

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Enregistrements - Lisa Steele et Kim TomczakHérouville St Clair (14) WharfCes deux artistes de Toronto présentent des adolescentsphotographiés de dos auxquels ils ont posé des questions surleurs angoisses, leurs ambitions et leurs récents cauchemars.Ces réponses apposées aux images révèlent une grandesolitude. Vernissage le 23/01 à 12h00. > photographie et vidéo - du 25/01 au 13/03

Philippe DurandCaen (14)

FRACPhotographies réalisées à

Bamako et à Beyrouth. Vernissagele 11/02 à 18h30. Rencontre avec

l'artiste le 23/03 à 19h00. > photographie

du 12/02 au 18/04

Mémoire de verreRouen (76) Musée départemental des AntiquitésDe l'archéologie à l'art contemporain autour de six artistesdu verre, Jean-Pierre Umbdenstock, Antoine Le Perlier,Perrin et Perrin, Joan Crous et Vladimir Zbynovsky. > verre - du 02/02 au 26/05

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AuthouartLe Havre (76) Galerie HamonAuthouart est intrigué par Obama, la pièce maîtressede son exposition est une oeuvre intitulée I have a dream.> lithographie - du 01/02 au 28/02

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Natures MortesVéronique EllenaLillebonne (76) Juliobona> photo - jusqu'au 02/04

Yves Garandel et ses amisNd de Gravenchon (76) Galerie du parc> peinture - du 16/01 au 10/04

Du sol au plafondPierre CéliceEvreux (27) Musée d'Evreux> peinture/dessindu 07/02 au 15/05

Le tableau de chasseGilles SaussierCaen (14)Arthothèque Gilles Saussier entreprend unearchéologie critique de ses propresimages de la révolution roumaineprise à Timisoara en 1989.> photo - jusqu'au 20/02

Identité(s), Territorialité(s)Sotteville lès Rouen (76)FRAC Regard analytique ou critiquede différents photographessur les notions de territoireet de géographie. > photo - jusqu'au 28/02

Salon du Manoir du TourpOmonville la Rogue (50)Manoir du Tourp Exposition d'oeuvres d'artistes duCotentin qui ont participé à unconcours d'art pictural. A l'issue del'exposition, le jury sélectionnerale lauréat du concours.> peinture - du 23/01 au 07/03

Peintres architectesSt-Martin de Boscherville (76)Abbaye de St-Georges Exposition de la Société desArchitectes Polonais en France. > peinture - du 05/02 au 28/03

Nâzim HikmetFécamp (76)Le Passage Sa vie et son oeuvre présentéespar l'association Elele. > poésie - jusqu'au 31/03

Terres de BâtisseursSt-Côme-du-Mont (50)Parc naturel régional des maraisdu Cotentin Patrimoine, architecture etéco-construction.> architecture - jusqu'au30/09

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En bref...

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Les marins normandsà la conquête du mondeRouen (76)Musée Maritime Fluvial et PortuaireDécouvertes et explorations XV-XIXe siècles. > histoire - jusqu'au 02/05

Geneviève AsseRouen (76)Musée des Beaux-ArtsGeneviève Asse est un grand peintreabstrait français. Dans ses oeuvres, ilsemble qu'elle ait capturé dans lanature une lumière vivante qu'ellelaisse évoluer sur la toile. > peinture - jusqu'au 28/02

L'artiste dans la villeSaint-Lô (50) Musée des Beaux-Arts et C.C. Jean LurçatLes oeuvres présentées soulignent l'implication de l'artcontemporain dans ses rapports poétiques et parfois complexesavec l'architecture. > exposition collective - jusqu'au 28/02

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Anges et Superhéros dans la bande dessinéeAvranches (50)ScriptorialCette exposition s'articule autour de trois questions : commentla bande dessinée contemporaine transfigure-t-elle les figuresdu superhéros et de l'ange ? Peut on encore sauver l'humanité,mission du superhéros ? Et que veut dire “sauver le monde”pour un superhéros en ce XXIe siècle ? > bande dessinée - du 06/02 au 30/05

Exposition

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Exposition

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Une forme qui évoque unr ideau . Un personnageb i z a r ro ï de esp i onnan tderrière un arbre. Un paysage

étrangement désertique. Un personnageféminin qui peut faire penser à unehéroïne de tragédie shakespearienneou grecque. Une lumière jaune qui n’estpas sans rappeler celles de la scène.C’est un peu flippant, oui, mais enmême temps joyeusement coloré !Nous voilà dans l’univers d’EmmanuelKerner, qui s’est inspiré, pour la couverture,du dossier sur l’ODR de ce numéro.Dans l’univers onirique du dessinateur,les personnages sont souvent dentésou grimaçants et le décor plutôt hostile.Eh bien, on peut vous confirmer quel’homme est beaucoup plus rassurant queses œuvres ! Lui est posé et décontracté.Il avoue toutefois un goût pour lamarge, les freaks, l’underground, et unetendance à porter un regard un peugrinçant, ironique ou monstrueux surles choses.

Illustrateur…international !Cela dit, il est arrivé que des éditeursjeunesse fassent appel à lui pour dessujets plus “rassurants”, très éloignésde son univers. “Les petits animaux

mignons, je sais les faire mais je ne meretrouve pas plus que ça dans cet univers.Mon style passe bien pour des dessinssur Halloween, des extra-terrestres,des pirates, des super-vilains, etc.”L’illustrateur a travaillé sur huit livresjeunesse, parmi lesquels un ouvrage dela série Sagesses et Malices chez AlbinMichel Jeunesse. Une histoire où il estquestion de petits curés tentés par lediable. “Là, c’était parfait : je pouvaisdessiner des diables et des curés avecde drôles de tronches ! J’étais trèscontent du résultat, l’éditeur aussi.”Son trait, Emmanuel Kerner le promèneégalement dans les colonnes desgrands titres de presse. Pour Libération,où ses dessins sont publiés depuisquatorze ans dans les pages société,faits-divers et livres, mais aussi dansle Monde, l ’ Internat ional Hera ldTribune, le New York Times ou encorele Washington Post.

Dessinateur tout-terrainPeut-être avez-vous aperçu l’oiseau auSalon du livre jeunesse de Rouen ou aufestival de BD de Darnétal l’annéedernière… A moins que ce ne soit auVicomté, à Rouen, où il est à l’oeuvrederrière les platines tous les week-

ends, faisant partager ses petitespépites soul, funk ou disco ! Installédepuis deux ou trois ans à Rouen, ceParisien n’a jamais vraiment quitté sa villed’origine. Entre son travail d’enseignantdans des écoles d’art à Paris, sescommandes, ses créations personnelleset son activité de DJ résident, cetouche-à-tout ne tient pas en place !Actuel lement, Emmanuel Kernerprépare un projet d’exposition pour lemois de février à la Rose des Vents,magasin de friperie et de brocante àRouen, avec une série de dessins adaptésau lieu notamment. Mais l’idée de nepas se limiter au seul support papier sefait de plus en plus présente. Celui qui aexpérimenté tour à tour le design textile,la sérigraphie ou la gravure, pendant ouaprès ses études, voudrait diversifierses techniques : faire de la sérigraphiesur t-shirts, sur affiches, toucher à lacéramique “et faire des personnages envolume !”, ou encore adapter sespersonnages pour de la décorationintérieure… Même dans la création, legarçon cultive l’art de varier les plaisirs !

Valérie Berthoule>> Expo à la Rose des Vents,

à Rouen, en févrierC/0 :wmaker.net/imprimante/kerner2

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L’étrange universde Monsieur KernerQuand il n’est pas en train d’illustrer pour Libé ou leNew York Times, d’officier comme DJ pour les nuitsrouennaises ou d’enseigner à Paris, il dessine despetits personnages inquiétants pour ses projets à lui.Rencontre avec Emmanuel Kerner, un univers agité,un gars cool !

CARTE BLANCHE A EMMANUEL KERNER - COUV’ BAZART

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Portrait

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Pour Michaël , Ghis la in etGuillaume, l’interview tiendral ieu de pause. Malgré labonhomie et la décontraction

affichées, la fatigue transparaît aussidans les traits de nos interlocuteurs.L’échelle du temps semble trop courtepour eux.Anciens de l’Agora, l’ex-salle de musiquesactuelles du Havre, Michael Guerrier,Ghislain Foezon et Guillaume Lebouissont aujourd’hui à la tête de Porc-Epic,une petite structure associative quisoutient les artistes en découverte etla création musicale de la région àplusieurs niveaux : label, managementd’artistes, programmation de soirées,promotion, antenne régionale duPrintemps de Bourges. Rien que ça !C’est à eux que s’en sont remis desartistes comme Sheraf, Aña et Radio-sofa. Michaël : “On est de plus en plussollicités par les artistes. Dans larégion, il y a beaucoup de groupes,quelques lieux, mais peu de choses entreles deux, c’est-à-dire des structuresspécialisées dans l’encadrement desartistes : tourneurs, managers…”Au moment de la rencontre, les membresde l’association étaient en train depréparer la sortie du second album deSheraf, le huitième de Porc-Epic. “Pourson premier disque, on a eu beaucoup

de retours. Il y a eu des chroniquesdans Rock&folk, Magic, Libé… C’étaittrès étonnant pour un disque qui a étépeu diffusé. On a dû en vendre 150,200”, indique Guillaume. “Même sile marché n’est pas en forme, denotre côté, on n’est pas dans cetteéconomie-là. On diffuse à quelquescentaines d’exemplaires. Cela reste unsupport idéal pour faire connaître unartiste.”

La puissance du portdu HavreTout commence en 2003 avec la sortieprogrammée de la compilation demusiques actuelles, La puissance duport du Havre, dont l’objectif est defaire découvrir des groupes de la région.Guillaume et quelques autres montentalors l ’association pour porter leprojet. Emballés par ce travail etses retombées (environ 300 disquesécoulés), ils décident de poursuivre surleur lancée en sortant peu de tempsaprès l’album d’Aña, un duo trip-hop deBrionne, puis lepremier albumelectro-popdu Havrais Sheraf. Les sorties d’albums

appelant les présentations sur scène,l’association vient à élargir son champd’activité à l’organisation de soirées.Aujourd’hui, Porc-Epic programme desartistes découvertes et d’autres qui lesont déjà un peu moins (La Casa, HocusPocus), aussi bien dans des petits barsà l’instar du Be Pop Café, que dans desgrandes salles, comme celle des DocksOcéanes où Porc-Epic a coproduit leséditions du festival Zik’ O Docks avec lastructure Blue Koala.Mais le temps n’est pas extensible.Et les moyens non plus. A l’exceptionde l’opération Bourges pour laquellel’association reçoit un financement etla promotion qui lui apporte des fonds,tout le reste s’appuie sur sa volonté etses envies. L’équipe a donc décidé depasser moins de temps sur la partiepromotion pour se recentrer surses activités musicales. Et ainsi avoir(peut-être) la possibilité de se réconcilieravec l’échelle du temps.

Valérie Berthoule

C/0 : myspace.com/porcepicmusic

MUSIQUES ACTUELLES : ASSOCIATION PORC-EPIC

Manager,programmateur,label… Porc-Epicenfile plusieurscasquettes pour semettre au service desdécouvertes dans lesmusiques actuelles.

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En sept albums et cinq groupesdifférents, MoOt s’est essayédans sa vie de musicien àplusieurs styles. Après une

dizaine d’années en tant que batteurd’un groupe punk rock (!), retour auxsources pop rock, avec un albummoins énervé mais tout aussi pêchu !La veine rétro sixties se prête en effetà souhait aux mélodies légères etpétillantes fleurant bon l’insouciancedes années 60…En 2008, MoOt commence à composeret enregistrer quelques morceaux,“pour en garder une trace”, s’occupantlui-même de tous les instruments.Devant les encouragements qu’ilreçoit, l’album Life is talkin’ misery sedessine peu à peu. Mais comme toutmusicien de scène qui se respecte,MoOt cherche à le faire vivre enconcert. Il fait alors appel à plusieursmusiciens, entre autres ceux quil’avaient déjà accompagné sur d’autresprojets. Quelques musiciens apportentégalement leur touche perso, commela violoniste Anne Stephenson ou letrompettiste Ludovic Fécamp.

“Nous sommes tous pour cet albumdans une optique rétro, dans lanostalgie de groupes comme lesDoors, les Beach Boys, les Pink Floyd,bien sûr les Beatles…” expliqueMoOt, l’architecte du projet. Lestextes, écrits également par lui,décrivent des sentiments qu’il avécus à certains moments de sa vie,ou racontent des sortes de saynètes,de mini romans, des histoires gaiesou graves, mais toujours optimistes,agrémentées de notes pop joyeuses.

Cinq garçons dans le ventCe n’est pas en France qu’ils vontcommencer à tourner mais dansquelques pays frontaliers et auRoyaume-Uni. Et bien sûr, quoi deplus naturel pour un fan des Beatlesque d’aller se produire à Liverpool,dans le légendaire Cavern Club, quia vu le groupe mythique faire sesdébuts ! “Nous n’avions pas forcémentenvie de tourner ici, en fait on avaitsurtout envie d’aller jouer dans lacour des Anglais, d’être directementen contact avec eux. Et les retoursont été très positifs !” L’expériences’est déroulée sur sept concerts, pourlesquels ils partageaient l’affiche

avec un autre groupe normand, havraisplus précisément : The Poustifly. Ungroupe atypique, d’influence sixtiesaussi, composé uniquement… depompiers passionnés de musique !En miroir à cette expérience scénique,un concert prévu en mars réuniraMoOt and the Happy Makers, desélèves de l ’école dans laquellep lus ieurs membres du groupeenseignent, The Poustifly, et ungroupe venu tout droit de Liverpool.Même si la musique n’est pas l’activitéprincipale des membres du groupe,elle n’en est pas moins considéréepar eux : ils s’appliquent en effetaussi consciencieusement que desmusiciens “professionnels” à créerdes morceaux. Ils le démontrentégalement à travers leurs prestationsscéniques, d’où se dégage un petitje-ne-sais-quoi de Liverpool, et d’oùl’on repart un peu nostalgique d’uneépoque passée…

Claire Lorphelin

>> 14/01/10 : 20h, au News Bar(Acoustic Show), Le Havre (76)

06/03/10 : La Forge (76)C/0 :myspace.com/

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Comment cela peut-il bientenir debout ? Des corpslourds, courbés, parfoiscontorsionnés, montés sur

des jambes longilignes et des piedsreposant à peine sur leur socle :pour un observateur néophyte, cerésultat est un mystère. MonsieurGlabik, lui, semble prendre un malinplaisir à jouer avec les lois del’apesanteur et à combiner lourdeuret fragilité dans unemême silhouette.Une partie des statues a été installéedans le salon. Les dernières en datene sont pas encore vernies. Vientl’heure des présentations. Ici lafemme arbre, alias La plantureuse, làles personnages de la série AbbeyRoad en hommage aux Beatles, plusloin les femmes aux talons aiguilleschères à Almodovar et Lesmanichéensassis sur leur perchoir, ou encore,face à nous, deux amoureux réunissous le nom du Béguin, etc. Lessculptures en métal habillées depapier et de résine portent pour laplupart des noms désuets, petitelubie de leur inventeur.

Un quelque chosede GiacomettiLe plasticien normand axe son travailsur le mouvement, les courbes, legrand format ou les compositions àplusieurs personnages… En observantces silhouettes poétiques, on penseaux sculptures de Giacometti, lesaspérités en moins, la couleur enplus. “C’est vrai que j’aime ce qui est

élancé, filiforme, épuré. On me l’asouvent fait remarquer même si, àmes débuts, je ne connaissais pasGiacometti !”, admet-il. “De toutemanière, je pense que, sans le savoir,on est influencé par toutes lesimages vues à la télé, sur le web,etc.”Son inspiration, le sculpteur la puiseun peu partout pour raconter seshistoires : aussi bien dans les scènesdu quotidien que dans l’histoire, lamusique, le cinéma, la littératureaussi... “Je me suis égalementintéressé à des postures dedanse, de cirque, bien que j’enfasse moins actuellement : jem’at tache davantage auxsentiments humains, aux attitudes.”Pour le moment, Jean-FrançoisGlabik est dans sa phase “Y’en amarre !”. Ses Agités du bocal,inspirés par la crise financière, sontlà pour en témoigner : “Ce sont deshommes d’affaires qui tournent enrond, cherchent où ils vont, d’où ilsviennent. Des types qui courent avecleur attaché-case, comme Madoff,Kerviel et compagnie !”

L’art de la récup’Cet autodidacte originaire deBasse-Normandie, aujourd’huidomicilié dans l’Eure, a entaméune deuxième carrière aprèscelle d’instituteur. Trèsproductif, le plasticien,également peintre à sesheures, a réalisé plus de

Avec ses sculptures de métal et de papier,Jean-François Glabik nous raconte les histoiresde son monde filiforme et tout en couleurs.

SCULPTURE : JEAN-FRANCOIS GLABIK

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Glabik face àDon Quichotte,grande sourced’inspirationpour lui

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500 œuvres en 5 ans. “Il travailledans son atelier huit heures parjour”, signale Marie-Madeleine, sonépouse. D’ailleurs, cette dernièrey est pour beaucoup dans cetteaffaire puisqu’elle joue égalementle rôle de coach, de secrétaire etd’assistante d’atelier !A ses débuts, Jean-François Glabiks’est essayé à tout : le bois, lapierre… Avant de se fixer sur le

métal. “A la différencede la terre, par exemple,le métal me permettait defaire un travail filiforme ettrès ajouré.” Et pour sedémarquer, le sculpteur aopté pour la couleur, empreinte deson passé d’instituteur lorsqu’ilmenait des séances d’arts plastiques,et pour le papier de récupération.“Mon papier provient la plupart dutemps de brochures d’offices detourisme, de commerces, ou demagazines… comme Bazart !” Ehoui, il y a du Bazart dans certainesœuvres de Jean-François Glabik !Mais pour lui, c’est le recyclaged’abord et le tri sélectif ensuite ! Ilchoisit ses papiers en fonction deleur couleur ou de leur texture par

exemple. Au final, il est quasiimpossible d’en reconnaître l’origine,le détournement est parfait.L’entretien se termine. “Serait-ilpossible de m’envoyer plusieursexemplaires du prochain numéro ?”,demande notre hôte avant de lever ledoute, “Rassurez-vous : ce n’est paspour les transformer en sculptures !!”

Valérie BerthouleC/0 : glabik.fr

Où le retrouver ?Une partie du travail de Jean-François Glabikest en exposition permanente à Rouen, àl’Espace Magenta, et à Paris, dans le IIe

arrondissement, à la Live Gallery. Il exposerégulièrement dans des salons normands (Elbeuf,

Isneauville…), ainsi qu’à Paris (salon des artistesfrançais auGrand Palais, GrandMarché de l’Art Contemporain

de la Bastille). On le retrouve aussi dans des événementsculturels en Normandie : il est, entre autres, passé par le festival

Archéo-jazz à Blainville-Crevon, la Biennale de sculpture de Ouistrehamet celle des jardins de Bois-Guilbert.

Au Pavillon Charles Bertrand, Cabourg (14), du 10 au 15/08

Au festival Archéo-jazz, Blainville-Crevon (14) en juillet

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Le baiser

Melting pot

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Elle n'est pas si loin cetteépoque où l'associationsi l lonnait les routes deBasse-Normandie avec son

matériel de projection nomade afinde faire découvrir ce qu'est la vidéoen tant qu'art. Fondée en 1994,l'association Transat Vidéo a désormais15 ans, âge où l 'on a envie des'émanciper et crier au mondeentier que l'on existe. Travailleurs del'ombre, ses trois membres, BrentKlinkum, son directeur et fondateur,Luc Brou et Tiphaine Guyon, militentpour une forme d'art méconnue, etleurs actions ne manquent pas. Àl'origine basée au Centre d'artcontemporain d'Hérouville Saint-Clair,installée à Caen depuis quelquesannées, Transat Vidéo reste pourtant

plus reconnue hors de la régionavec par exemple sa participationdepuis sept ans au Festival du Filminternational de la Rochelle. Mais lesnombreux partenaires locaux,comme le cinéma Lux, le FRACBasse-Normandie, le Théâtre de Caenou encore l'Esam, école supérieured'arts et médias, permettent àl'association de pallier l'absenced'un lieu de diffusion, l'obligeantcertes à s'adapter à la structure quil'accueille, à sa thématique et à soncontexte, mais lui offrant par lamême occasion d'élargir son publicen touchant celui des autres.

La "vidéo",un terme galvaudé ?En constante évolution, l'associationpossède désormais un fonds deplusieurs milliers de vidéos, auquels'ajoute le soutien d'Arte qui donnegracieusement accès à ses archivesde documenta i res. “Au débutTransat diffusait essentiellement cequ'on appelait dans les années 80"l'art vidéo", aujourd'hui avec ladémocratisation et la facilité pouraccéder aux nouvelles technologies,on peut désormais parler "d'imagesen mouvement"” souligne Tiphaine

Guyon. Mais Transat Vidéo ne faitpas que de la diffusion et proposeaussi des expositions, comme lorsdes festivités organisées pour ses15 ans, où le public a pu découvrirdes vidéos certes, mais aussi desinstallations interactives, de lapho tograph i e ou enco re desperformances, des fi lms, desdocumentaires et des concerts,toujours en mélangeant des artistesfrançais et internationaux. “L'objectifest de montrer la diversité despratiques associées au domaine del'image. C'est difficile de fédérertout le monde” sourit Tiphaine“mais chaque personne touchée,c'est déjà une petite victoire”. Etpour se faire, de nombreux projetssont en cours, parmi lesquelsla conception d'un nouveau siteinternet, plus complet, permettantde consu l te r l ' i n tégra l i té ducatalogue des artistes et des œuvresdiffusées, la création d'un jingle pardes étudiants de l'Esam pour unemeilleure visibilité de l'associationou encore la distribution, grâce àl'édition d'une collection de DVD.

Antoine Vulliez

C/0 : transatvideo.org

L'association TransatVidéo vient de fêterses 15 ans, et autantd'années passées àpromouvoir et à aiderla diffusion d'œuvresaudiovisuelles, soustoutes leurs formes etsur tous les territoires.

ARTS VISUELS : TRANSAT VIDÉO

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ACTU :� Normandie Impressionniste� Retour sur Spring en Basse-Normandie

PORTRAIT :� Les Tontons Tourneurs� Katel

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TOUR DES SALLES

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TOUR DES SALLES :� La Source à La Guéroulde� Le Centre Culturel Juliobona à Lillebonne

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ET TOUJOURS DANS VOTRE MAG'... :Vos expositions, l'actualité en bref,une couverture artistique...

Vos remarques, conseils, avis, coups decoeur, coups de gueule etc. sur :[email protected]

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