autour des archives municipales de bourg-saint-andéol…

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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°98, 2008 Autour des archives municipales de Bourg-Saint-Andéol… … Les chercheurs s’expriment Une étude de géographie historique, Francis Reynaud A propos de l’utilisation des archives de Bourg-Saint-Andéol, Jacky Beau De l’école élémentaire aux archives : patrimoine et histoire locale, Alain Fambon Les archives et la vie quotidienne dans le passé, Claude Chidaine Les grands chantiers d’Edouard Rambaud (1882-1904), Jacky Beau Les archives, l’histoire et la généalogie, Jean-Louis Roux

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Page 1: Autour des archives municipales de Bourg-Saint-Andéol…

Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°98, 2008

Autour des archives municipales de Bourg-Saint-Andéol…

… Les chercheurs s’expriment

Une étude de géographie historique, Francis Reynaud

A propos de l’utilisation des archives de Bourg-Saint-Andéol, Jacky Beau

De l’école élémentaire aux archives : patrimoine et histoire locale, Alain Fambon

Les archives et la vie quotidienne dans le passé, Claude Chidaine

Les grands chantiers d’Edouard Rambaud (1882-1904), Jacky Beau

Les archives, l’histoire et la généalogie, Jean-Louis Roux

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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°98, 2008

Notre démarche a été de confronter les réalités géogra-phiques du territoire des bois du Laoul qui n’ont guère été modifiées au cours de l’histoire avec les documents d’archives. La richesse des Archives communales de Bourg-Saint-Andéol nous a permis de remonter jusqu’au Haut Moyen Age à l’époque des Balazuc et des Hospita-liers de Saint-Jean d’Artignan (Saint-Marcel). Le cadre géographique choisi est constitué par les bois communaux de Bourg, Saint-Montan et d’une partie de Gras et de Bidon, situés dans le quart sud-est de notre département.Les anciens chemins cités dans les archives écrites ou schématiques localisés ont nécessité de nombreux al-ler-retour entre le terrain et le local des archives. Une toponymie des bornes limites a été établie incluant deux bornes avec Croix de Malte sculptée et des “codols en pierre dure”.Des hypothèses historiques peuvent être émises concer-nant des époques encore plus anciennes, celles des Celtes et des Romains. Enfin, le rocher de Martel inscrit sur une carte nouvellement restaurée (1669) des Archives de Bourg et reconnu sur les lieux pourrait être un témoignage du passage du personnage illustre.

Nous avons donc transposé sur le terrain les textes d’ar-chives mais aussi les études déjà conduites par d’autres auteurs illustres (Pontal, Courtheau, Le Blévec) ainsi que les témoignages des chasseurs et forestiers détenteurs d’une certaine mémoire locale.La proximité de notre lieu de résidence avec celui des archives a grandement facilité notre travail.

Francis REYNAUD

Une étude de géographie historique

En 1964, dans l’avant-propos de sa Notice historique et guide sur Bourg-Saint-Andéol, l’archiviste municipal Jean Messié précise : “L’histoire de Bourg-Saint-Andéol reste à écrire”. Depuis un siècle, pour approcher la connais-sance de la cité, se bousculent les mythes et légendes que sont saint Andéol, Mithra et Dame Vierne. Chacun de ces trois incontournables a sa représentation dans l’imaginaire bourguésan et est associé à un lieu : le bas-relief du val de Tourne, le tombeau du saint dans l’église paroissiale, la statue érigée sur le Champ de Mars et le bois du Laoul. Tout en reconnaissant l’énorme travail de vulgarisation accompli depuis la fin du XIXe siècle par le docteur Francus, Robert Labrely et Jean Messié, les moyens d’investigation qu’utilise l’Histoire aujourd’hui et l’extraordinaire fonds d’archives entreposé à Bourg-Saint-Andéol permettent de renouveler, dépoussiérer et désacraliser notre connaissance. A côté des mythes fon-dateurs, l’empreinte laissée par Edouard Rambaud ou le chemin tracé par Marie Rivier méritent d’être reconnus au même titre que les bâtisseurs des quais, les mariniers, artisans et cultivateurs, les Récollets, les tanneurs ou les ouvriers de l’usine de carrelages...

Septembre 1970, jeune professeur arrivant dans la cité, je m’adresse à Maître Jean Messié, alors archiviste communal, pour mener un travail de recherche sur les répercussions des événements révolutionnaires à Bourg-Saint-Andéol. Je suis tout de suite ébloui par la somme de documents entreposés aux Archives communales. Depuis cette date l’énorme travail de classement accompli sous la houlette de Marie-Louise Messié puis de Marie-Solange Serre, accompagné de l’aménagement d’une salle de lec-ture et de travail fonctionnelle, donne du grain à moudre à de nombreux passionnés désireux de remonter aux sources pour mieux appréhender le vécu bourguésan. Au cours des trente-huit années écoulées, j’ai souvent fait appel au local pour mener à bien une leçon sur l’ur-banisme, la société au XVIIIe siècle, la Révolution, l’âge industriel, l’enseignement… C’est d’abord la découverte des cinq cahiers de format 38x25 composant les registres des délibérations de la Société des Amis de la Constitution à l’époque non répertoriés dans les archives (aujourd’hui classés au numéro 2 I 9). Depuis, quelques dates jalonnent l’utilisation de ce fonds local. 1988-1989, le Comité du Bicentenaire de la Révolution mène une quadruple action

A propos de l’utilisation des archives de Bourg-Saint-Andéol

Borne du bois du Laoul (cliché M.-S. Serre)

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Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°98, 2008

autour d’une exposition sur les événements révolution-naires, la réalisation d’une maquette de la cité en 1789, l’édition de l’ouvrage Les chemins de la Révolution, la fête de l’abolition de l’esclavage dans les colonies d’après le verbal de celle tenue le 30 germinal an II (1 D 25bis). Dans le cadre d’un atelier d’histoire, des élèves de lycée ont pu, au cours des années 1992 à 1996, se familiariser avec les questions scolaires au XIXe et début du XXe siècle. La curiosité aidant, et pour approfondir la présence enseignante dans la cité au moment de la célébration du bicentenaire de la congrégation enseignante de la Présen-tation de Marie c’est, en 2002, une étude intitulée “Des ateliers bourguésans” dans laquelle nous nous sommes efforcés de reconstituer les événements, la vie à Bourg-Saint-Andéol. A cette occasion il nous a semblé opportun d’étudier l’œuvre accomplie par Edouard Rambaud. La même année 2002 les archives sont utilisées par des élè-ves de 4ème pour la réalisation de deux monographies sur Fernand Imbert (1872-1933) et Edouard Rambaud (1844-1907), lesquelles se sont vues décerner les 1er et 2ème prix départementaux du concours scolaire pour le bicentenaire de la Légion d’honneur.

A l’occasion des Journées européennes du Patrimoine mais aussi des Promenades Patrimoines qui ont lieu en mars depuis 2002, les Archives communales sont sys-tématiquement mises à contribution par la commission extra-municipale Patrimoine pour réaliser des exposi-tions, des conférences et des visites à thème. En 2003, le

thème d’une visite suivie d’une conférence porte sur le Patrimoine spirituel autour de la Présentation de Marie à Bourg-Saint-Andéol. Septembre 2004, c’est une causerie en complément d’une exposition sur l’alimentation en eau de Bourg-Saint-Andéol depuis l’Ancien Régime jusqu’à nos jours. Septembre 2005, une intervention à deux voix avec Marie-Solange Serre sur “Bourg-Saint-Andéol, 2 000 ans d’Histoire” se propose de vulgariser les travaux récents menés en partie grâce aux archives. L’exposition réalisée dans le cadre de Promenade Patrimoine 2007 sur le thème “Fer et Savoir-Faire à Bourg-Saint-Andéol” est un travail d’équipe mettant en valeur ce qui se voit mais aussi ce qui a disparu au cours des siècles à la suite de modifications ou de diverses réquisitions comme celles mentionnées dans le procès-verbal de réquisition du 25 thermidor an II. Le mois de septembre de la même année a vu la réalisation de l’exposition “La Médecine à Bourg-Saint-Andéol au fil des siècles” dans le cadre du cloître de l’ancien couvent des Récollets devenu l’hôpital local.

Les archives de Bourg-Saint-Andéol fournissent “une matière dense et considérable, susceptibles de remettre en cause bien des idées reçues” trouve-t-on écrit en dernière page de couverture de l’ouvrage Les chemins de la Révolution. La soif de connaissances de ceux qui les fréquentent ouvre de nombreuses perspectives à qui veut et sait les interroger.

Jacky BEAU

Place du Champ de Mars à Bourg-Saint-Andéol et statue de Dona Vierna

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Durant l’année scolaire 2002-2003, les élèves d’une classe de CM1/CM2 ont pu suivre un cycle de douze heures consacré à l’histoire locale. Le thème choisi était l’école au cours des âges et plus particulièrement l’historique des écoles publiques du Centre, à Bourg-Saint-Andéol, depuis le XVIIe siècle.

L’instruction de la jeunesse, expression longtemps en usage, fut d’abord dispensée dans le cade d’un établisse-ment religieux, ensuite d’une école primaire supérieure et d’une école primaire élémentaire annexée, enfin des écoles primaire et maternelle actuelles.

La réalisation du projet est due au concours de la muni-cipalité, qui chaque année finance dans toutes les écoles un cycle d’activité par classe, de l’association des Com-pagnons du Laoul, animatrice de ces activités, du fonds des Archives municipales de la ville et des Archives départementales de l’Ardèche.

La recherche en archives a été effectuée par l’enseignant et les membres de l’association mais la classe a pu visiter les locaux des Archives de Bourg-Saint-Andéol ; Mlle Serre, archiviste municipale, a répondu aux interrogations des élèves et montré les rayonnages sur lesquels sont conservés plusieurs siècles de la mémoire et de l’histoire de cette ville.

A partir de documents marquants (plans, textes), le travail de recherche s’est établi en classe et sur le terrain tout proche par des aller-retour réguliers, procédé de véritable pédagogie active s’appliquant à l’histoire locale. Il a suffi ensuite de faire le lien avec notre Histoire de France pour que nos petits élèves se sentent beaucoup plus concernés par l’enseignement de l’Histoire et y portent un intérêt certain.

Les ambitions de départ étaient de faire prendre conscience de l’ancienneté des lieux à usage scolaire, certaines par-ties étant d’origine et peu modifiées. Grâce à l’acte de fondation de l’établissement et à un plan (voir ci-dessous) vieux de plus de deux siècles, les élèves ont compris tout l’intérêt de conservation et de protection des documents d’archives ; sans eux, peu ou pas de compréhension de notre société à une époque donnée.

La présence d’une église dans l’établissement scolaire a montré le caractère religieux de l’enseignement jusqu’aux lois de Jules Ferry et l’arrivée de la laïcité. Les vestiges de cet édifice religieux ont perduré jusqu’à nos jours, l’ancienne nef étant devenue le préau de l’école actuelle ; on peut encore voir, au fond de la cour de récréation, la base de deux piliers et la chapelle latérale transformée en débarras.

Les Archives communales de Bourg-Saint-Andéol mé-ritent d’être connues et utilisées, même par des enfants de l’école élémentaire ; certains documents bien choisis et adaptés à leur jeune âge, avec l’aide de l’archiviste, peuvent être d’un grand intérêt pour l’étude d’une période historique donnée. La ville est reconnue pour sa richesse patrimoniale, que ce soit en histoire religieuse (Mithra, Andéol, ordres religieux et églises) ou civile.

Connaître et comprendre son environnement immédiat, les documents d’archives peuvent et doivent y contribuer ; les enfants saisissent beaucoup mieux des événements “proches” qui donnent du sens à l’Histoire nationale.

Il faut regretter que cet aspect de la connaissance soit plutôt absent de l’école élémentaire aujourd’hui, pour de multiples raisons que nous ne pouvons aborder ici, en souhaitant que ce ne soit qu’un phénomène passager.

Alain FAMBON

De l’école élémentaire aux archives : patrimoine et histoire locale

1755 - Plan du collège des Barnabites

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Parmi les différentes recherches que l’on peut effectuer à partir des documents des archives, celles qui concernent la vie quotidienne des générations qui nous ont précédés m’ont toujours paru très intéressantes.

L’étude sur les religieuses Ursulines ayant vécu à Bourg-Saint-Andéol est partie du bâtiment de la mairie : qui avait fait construire cet édifice et en quelles circonstances ? Pour obtenir une réponse, il y a dans trois cartons une série d’environ 1 200 documents, qui, semble-t-il, n’avaient pas été consultés depuis bien des années. A première vue, la nature de ces papiers ne paraît pas passionnante : ce sont pour la plupart des actes notariés, des pièces de procès, des quittances d’impôts, des baux de fermages, etc.

Pourtant, à travers eux et aussi à l’aide de quelques do-cuments complémentaires comme les restes du livre de Communauté conservés aux Archives départementales, on voit apparaître la vie des religieuses dans leur couvent. Il s’agit surtout de leur vie matérielle, mais on approche aussi les règles régissant leur vie spirituelle et une mentalité très différente des conditions que nous vivons actuellement.

On n’y voit pas seulement l’intérieur du couvent : beau-coup d’indications sont données sur les rapports avec le contexte social de l’époque. On croise, bien sûr, l’évêque qui exerce une tutelle et la municipalité avec laquelle les rapports sont tantôt de confiance, tantôt de conflits. Les pa-rents des religieuses et ceux des élèves sont aussi présents. On trouve même quelques figures exceptionnelles comme celle de Bénigne Chalamel, cette femme chef d’entreprise qui achève la construction des bâtiments. Les servantes, les fermiers des propriétés, les pères Récollets ou les Pé-nitents Gris à qui les religieuses louent un local pour leur chapelle apparaissent aussi au détour des actes.

L’étude qui suit celle sur les Ursulines (étude en cours, loin d’être achevée) est très différente tout en restant dans la ligne de la vie quotidienne sous l’Ancien Régime. Elle est ciblée non sur une communauté mais sur un person-nage unique, Joseph Lascombes, un prêtre de Bourg-Saint-Andéol au XVIIIe siècle qui n’a, semble-t-il, pas d’autre mérite que de nous avoir laissé son dernier livre de comptes. C’est le dépouillement de celui-ci qui sert de base aux recherches et permet d’approcher le train de vie et les diverses activités d’un prêtre appartenant à la classe bourgeoise de la ville.

On y trouve répertoriées les recettes et les dépenses, entre lesquelles s’intercalent des remarques diverses sur le climat (Rhône gelé ou pluies exceptionnelles), les récoltes (date de début de moisson inhabituelle), ou des informations sur les événements locaux (le curé Chaussy frappé d’une lettre de cachet que l’on vient chercher sans lui laisser le temps de prendre son bréviaire ni son bonnet de nuit), etc.

L’essentiel des rentrées d’argent provient des honoraires de messe, des redevances de terres agricoles et de boutiques qu’il loue, du logement d’officiers de régiments station-nés à Bourg-Saint-Andéol, mais aussi, plus inattendus,

de travaux de peinture ou de la vente des canaris de son élevage.

Les sommes recueillies servent à couvrir les dépenses courantes de nourriture, habillement, chauffage, santé, aumônes…

On peut y relever des particularités comme, pour la nourriture, le fait qu’il n’achète pas de pain, qui fait l’objet d’un troc avec le boulanger contre du grain de sa propriété, ou encore qu’il achète des “truffes blanches”, qui sont probablement des pommes de terres, avant leur introduction officielle en France par Parmentier. Ou encore, pour les livres, outre ceux à caractère religieux en latin et en grec, celui de La cuisine Bourgeoise ou Le Magasin des Enfants dont il se servait peut-être dans son rôle d’éducateur.

Ces recherches, effectuées pour le plaisir, n’ont pas pour but de présenter des études savantes, mais seulement de raconter quelques histoires vraies à ceux qui s’intéressent au passé de la ville en espérant que cela leur donnera l’envie de venir en découvrir par eux-mêmes dans des dossiers encore inexploités.

Claude CHIDAINE

Les archives et la vie quotidienne dans le passé

Blason des Ursulines

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de la Société d’Electricité de Bourg-Saint-Andéol. Dés l’été 1895 Bourg a ses “poubelles”. Un arrêté municipal concernant le balayage stipule que “les habitants seront tenus de se munir d’une caisse ou boite, avec couvercle… pour renfermer les ordures ménagères…”. Les travaux d’assainissement suscitent des discussions. Ainsi un bour-guésan précise “… que l’emplacement du water-closet que l’on doit élever sur notre belle promenade est mal choisi”. D’autres efforts pour aménager le cadre de vie et l’urba-nisme concernent le pavage des rues.

Bourg-Saint-Andéol est tourné vers le Rhône, mais les activités et les constructions sortent de la ville primitive. La société de fabrication de carreaux de ciment fondée en 1866 dans une petite usine située quai du Nord prend de l’ampleur avant de s’installer au début du siècle dans les bâtiments construits près de la gare. Quelques années plus tard, en 1907, la Société Anonyme en nom collectif Lauzun & Cie se spécialise dans la fabrication et la vente de carrelages mosaïques en ciment et en grès cérame vi-trifié ainsi que des objets en pierre dure ou tendre. C’est par bateau mais aussi par chemin de fer que les voyageurs illustres arrivent à Bourg. Depuis la terrasse du pensionnat de la Présentation de Marie, Elise Delauzun peut saluer le bateau présidentiel portant à Orange Monsieur Félix Faure en août 1897. La gare accueille les officiels en septembre 1888 et en octobre 1900.

Le dimanche 16 octobre 1898 le monument au regretté Madier de Montjau élevé sur la place de la Concorde est inauguré par M. Bourgeois ministre de l’Instruction Publi-que et des Beaux-Arts. A cette occasion, “M. Rambaud… reçoit… la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur…”.

Les grands chantiers d’Edouard Rambaud (1882-1904)

Ce négociant en vins et spiritueux, né le 24 février 1844 à Bourg-Saint-Andéol, laisse à sa mort le 17 septembre 1907 une œuvre considérable accomplie pendant les vingt-deux ans passés à la tête de la cité.

Dés le début de son premier mandat il s’occupe de faire aboutir le projet de rachat du pont suspendu sur le Rhône ce qui permet de supprimer le péage. Décision est prise fin 1882 d’acquérir une maison en centre-ville pour y installer l’Hôtel des Postes et Télégraphes réalisant ainsi la fusion des deux services ; puis, fin 1899, c’est la volonté de rattacher la commune au réseau téléphonique départemental. Le 20 juin 1888 une demande est faite à l’administration des Ponts et Chaussées pour “qu’il soit créé à Bourg-Saint-Andéol un port qui facilitera le service de la navigation…”. Les travaux de construction couvrent les années 1890 à 1892. Face à l’invasion du phylloxéra, en 1882, est créée une pépinière communale de plants de vignes importés d’Amérique.

La Fête patronale de 1888 marque l’inauguration des fontaines publiques, dont la fontaine monumentale de Dona Vierna sur le Champ de Mars, et de l’éclairage élec-trique. Les eaux de la Conche sont amenées au Champ de Mars au terme de 8 000 mètres de canalisation gravi-taire. Quand Edouard Rambaud prend ses fonctions, la lampe à huile est couramment utilisée par les particuliers mais aussi pour l’éclairage des rues grâce à soixante-six réverbères brûlant du pétrole lampant. Six ans plus tard c’est “l’éclairage instantané des lampes électriques”. Une petite centrale à courant continu, fonctionnant à l’aide de machines à vapeur, fournit aux besoins de l’éclairage pu-blic et des particuliers souscrivant un abonnement auprès

1888 - Pose des grilles de la fontaine de Dona Vierna (cliché Claudius Chavin-Collin)

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C’est ensuite l’inauguration du pont métallique après l’achèvement des travaux commencés le 15 avril.

Confronté aux problèmes scolaires et religieux Edouard Rambaud s’est efforcé de faire preuve de pragmatisme. Lors de son premier mandat se met en place la loi relative à l’enseignement primaire obligatoire. La salle d’asile qui se trouve dans le local appartenant à la Présentation de Marie est reconnue comme établissement d’école primaire élémentaire. Ce sont aussi les efforts pour porter et faire vivre l’école primaire supérieure dans les bâtiments de l’ancien collège. Pour les filles, le conseil est favorable à la demande de la directrice de l’école primaire, qui sollicite la création d’un cours complémentaire. Le ministre donne satisfaction à cette demande et, le 18 mars 1902, le cours complémentaire est définitivement créé. Les jeunes filles y reçoivent une préparation immédiate soit au brevet soit à l’examen d’admission à l’Ecole normale.

Durant les six mandats de M. Rambaud, fêtes et banquets se succèdent au cours desquels poètes, félibres et chanson-niers célèbrent les réalisations bourguésanes. Notre bour-gade connaît un recul démographique qui la fait osciller entre 4 300 et un peu plus de 4 000 habitants et pourtant la ville change, elle est l’objet d’un urbanisme caractérisé par une utilisation croissante du fer dans les infrastructures et comme élément de décoration. Aujourd’hui le souvenir d’Edouard Rambaud se transmet par le boulevard qui porte son nom depuis 1926 et son empreinte est présente du Champ de Mars aux quais du Rhône.

Jacky BEAU

Les archives, l’histoire et la généalogie

Qui au cours de sa vie n’a pas eu envie de connaître ses origines familiales ou géographiques. Quel métier était celui de mes ancêtres, où vivaient-ils ? Pour résoudre ces mystères une seule solution : jouer au petit généa-logiste. Avant de commencer il faut bien se dire que ce n’est pas une tâche toujours facile, il faut beaucoup de patience, de la rigueur, de la persévérance et un peu de chance. Lorsqu’on débute par ses parents, père et mère, les recherches aux Archives municipales sont facilitées par l’existence de tables décennales regroupant les actes par année et ordre alphabétique. Il est ainsi relativement facile de trouver la présence d’un individu dans une com-mune par ce moyen et de remonter jusqu’en 1792. Avant cette période révolutionnaire il n’y avait aucune aide à la recherche. Seule une lecture fastidieuse des registres paroissiaux permettait d’aboutir à un résultat. Depuis quelques années grâce à un travail considérable de la Société des Amateurs de Généalogie de l’Ardèche (SAGA) tous les registres paroissiaux du département ont été photocopiés, reliés par volume de 300 pages environ. Un index des actes avec les noms triés par ordre alpha-bétique se trouve à la fin de chaque volume. Un renvoi donne la page de l’acte recherché. Les relevés ont été faits pour les archives catholiques et protestantes. Outre le gain de temps pour les recherches il n’y a presque plus

de manipulation des registres d’origine fragilisés par les années (400 ans pour les plus anciens). A Bourg-Saint-Andéol il existe ainsi 22 volumes regroupant tous les actes de baptêmes, mariages et sépultures couvrant la période de 1600 à 1792. Pour faciliter la tâche du chercheur les tables des baptêmes ont été compilées en un seul volume pour la même période. Même travail pour les mariages et les sépultures.Une recherche qui durait plusieurs heures ou journées se fait actuellement en quelques minutes. Cette facilité de recherche permet au généalogiste en herbe d’obtenir rapidement un arbre généalogique. Le temps gagné sur la recherche permet de s’attaquer à une tâche tout aussi intéressante qui consiste à situer un individu dans son cadre de vie : habitation, vie professionnelle, politique. etc. Un ancêtre ayant été conseiller municipal, on va s’intéresser aux élections de cette époque. Un autre, maçon, ayant travaillé à la construction du pont suspendu de Bourg-Saint-Andéol, on va chercher l’historique de sa construction puis celle de sa démolition par les bom-bardements de 1944 et enfin sa reconstruction. Tel autre, emprisonné à Privas, oriente les recherches sur les émeu-tes dans le sud ardéchois en 1850. A partir d’un ancêtre on va ainsi arriver à écrire la petite histoire relatant des événements spécifiques à une commune concernée. Ces

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recherches et découvertes peuvent être faites en consul-tant les documents utiles aux archives municipales et départementales. Il est bien évident que des recherches sur le XVIIIe ou XIXe siècle sont plus riches en archi-ves qu’au XVIe ou XVIIe. Pour ces deux derniers une consultation des archives notariales est très instructive. La SAGA a commencé une informatisation des minutes notariales comparable à ce qui a été fait pour les registres paroissiaux.

Toute recherche est très personnelle, les intérêts variant d’une personne à une autre. Si l’on veut mettre du corps à un arbre généalogique il n’est pas nécessaire d’avoir découvert un grand nombre d’ancêtres pour les imaginer dans leur cadre de vie. Remplir des cases c’est nécessaire et utile, leur associer de petites histoires locales c’est encore mieux et bien plus passionnant.

Jean-Louis ROUX

Registres paroissiaux (A.C. Bourg-Saint-Andéol GG 1 - Cliché Claudius Chavin-Collin)