au-delÀ de la diffÉrence - aviq

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1 AU-DELÀ DE LA DIFFÉRENCE Dossier réalisé en partenariat avec l’AWIPH SUPPLÉMENT AU JOURNAL DES ENFANTS 2012 Le mot “handicapé” veut dire beaucoup de choses. D’abord, pour contourner la “rudesse” du terme, on parle plutôt de personnes en situation de handicap. Il y en a un peu plus de 15 % en Europe. Ça vaut la peine de faire connaissance ! Le handicap, c’est quoi ? Ou plutôt, le handicap, ça commence où ? Il ne se limite pas à une chaise roulante. Il commence plus tôt qu’on ne le croit. Tout se résume en un mot : la déficience. Vous avez certainement un pote, une sœur, un cousin, une voi- sine, un peu différent de vous. Il ou elle bégaye, n’entend pas bien, est aller- gique au lait, marche avec une canne ou porte des lunettes. Ils sont tous, d’une façon ou d’une autre un peu dif- férents. Ils ont tous une contrainte, quelque chose qui les freine pour cer- taines choses de la vie. Ils ont chacun, d’une certaine façon, ce que l’on peut appeler une déficience. Petite ou gran- de. Ils doivent tous adapter leur quoti- dien. Rien que le fait d’acheter des lunettes installe une différence. Si Nico, qui ne voit pas bien de loin, casse ses lunettes au foot, il sera perdu. Il ne pourra pas prendre le bus tout seul pour rentrer de l’école. Si Léa se casse le poignet à la gym, elle vivra aussi un bref épisode de handicap. Elle aura besoin d’aide pour se laver les cheveux ou pour écrire en classe. Lors d’un examen oral, Félix devient tout rouge. Sa dyslexie le fait bégayer. En très bref, la déficience c’est comme une maladie, mais ça dure souvent plus longtemps… On parle de handicap quand la défi- cience empêche de faire certaines activités tout seul par exemple. Notre environnement complique parfois les choses. Du moment que Nicolas garde ses lunettes, il peut tout faire. Mais s’il ne les a pas, le moindre obstacle peut devenir dangereux! Et les “personnes à mobilité réduite” alors ? On parle de personnes à mobilité ré- duite pour les personnes en chaise roulante, celles avec une canne, une béquille mais aussi des rhumatismes, de l’obésité, des problèmes d’ouïe… Zoé vient d’avoir une petite sœur. Sa maman ne se déplace plus sans sa poussette. Elle a du mal à monter dans le bus ou à grimper les esca- liers. Elle est aussi, temporairement, une personne à mobilité réduite. Près de 30 % des Belges sont considérés comme “personne à mobilité rédui- te”. Cela veut dire un peu moins d’un Belge sur trois. Déficience, handicap, maladie, mobilité réduite : avez-vous tout pigé ? La sclérose en plaques, par exemple, est une maladie. Être paralysé des jambes à cause de la sclérose en plaques c’est avoir une déficience. Vouloir marcher pour aller d’un en- droit à l’autre mais être paralysé des jambes, c’est avoir un handicap. Être en chaise roulante pour se dé- placer, c’est être une personne à mo- bilité réduite. Et c’est aussi tenter de trouver des handicapée motrice. moyens qui permettent de surmonter - Tom ne voit pas et Manon doit porter le handicap. un appareil auditif pour bien entendre. Ils ont un handicap sensoriel. Handicaps avec “S ”. - Chloé a beaucoup de mal à réfléchir, On peut regrouper les handicaps en parfois même à comprendre. Elle ne quatre catégories. On parle de défi- garde pas toujours le contrôle de son cience motrice, sensorielle, mentale corps et ses comportements. Comme ou intellectuelle. Pour mieux com- pour la trisomie 21, c’est un handicap prendre, voici quelques exemples : mental. - Coline a fait une mauvaise chute. Elle - Simon n’arrive pas à lire, à écrire ou à s’est cassé la colonne vertébrale et ne calculer. C’est plutôt un handicap in- sait plus bouger les jambes. Elle est tellectuel qui l’empêche d’apprendre. 80% des handicaps arrivent au cours de l'existence, et non pas dès la naissance ! SOMMAIRE QUAND LA DIFFÉRENCE DEVIENT UNE FORCE 2 EUX AUSSI… 2 UNE PERSONNE HANDICAPÉE = UNE PERSONNE TOUT COURT 3 DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA BARRIÈRE 3 L’AWIPH, C’EST QUOI ? 4 LA VIE PRESQUE NORMALE DE PIERRE-JEAN 4 © Istock RÉALISATION Mise en page : Olagil sprl Rédaction : Stéphanie Dezangré Rédaction du Journal des Enfants : 081/24 89 86 Courriel : [email protected] Site : www.lejde.be On parle de personnes à mobilité réduite pour les personnes en chaise roulante, celles avec une canne, une béquille mais aussi des rhumatismes, de l’obésité, des problèmes d’ouïe… D’où vient le handicap? On peut venir au monde avec un problè- me de vue, d’ouïe, avec une malforma- tion ou encore un handicap mental comme la trisomie 21. C’est alors sou- vent une question de génétique. Mais cela peut aussi apparaître à cause d’une complication lors de la grossesse. La prise d’un médicament dangereux pour le bébé, un choc émotionnel, un ac- cident, etc. Mais on peut également devenir handi- capé plus tard, à la suite d’un accident. En voiture, une chute, un saut mal calculé, une coupure trop profonde, un choc sur la tête, etc. Les raisons sont infinies. Il y a par exemple la fracture de la colonne vertébrale. Si la moelle épi- nière est touchée, la mécanique du corps est endommagée. Le cerveau ne

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AU-DELÀ DE LA DIFFÉRENCE

Dossier réalisé en partenariat avecl’AWIPH

SUPPLÉMENT AU JOURNAL DES ENFANTS2012

Le mot “handicapé” veut dire beaucoup de choses. D’abord, pour contourner la “rudesse” du terme, on parle plutôt de personnes en situation de handicap. Il y en a un peu plus de 15 % en Europe. Ça vaut la peine de faire connaissance !

Le handicap, c’est quoi ?Ou plutôt, le handicap, ça commenceoù ? Il ne se limite pas à une chaiseroulante. Il commence plus tôt qu’onne le croit. Tout se résume en un mot :la déficience. Vous avez certainementun pote, une sœur, un cousin, une voi -sine, un peu différent de vous. Il ou ellebégaye, n’entend pas bien, est aller-gique au lait, marche avec une canneou porte des lunettes. Ils sont tous,d’une façon ou d’une autre un peu dif-férents. Ils ont tous une contrainte,quelque chose qui les freine pour cer-taines choses de la vie. Ils ont chacun,d’une certaine façon, ce que l’on peutappeler une déficience. Petite ou gran-de. Ils doivent tous adapter leur quoti-dien. Rien que le fait d’acheter deslunet tes installe une différence. Si Nico, qui ne voit pas bien de loin, casseses lunettes au foot, il sera perdu. Il nepourra pas prendre le bus tout seul pourrentrer de l’école. Si Léa se casse lepoignet à la gym, elle vivra aussi un brefépisode de handicap. Elle aura besoind’aide pour se laver les cheveux ou pourécrire en classe. Lors d’un examen oral,Félix devient tout rouge. Sa dyslexie lefait bégayer. En très bref, la déficiencec’est comme une maladie, mais ça duresouvent plus longtemps…On parle de handicap quand la défi-cience empêche de faire certaines activités tout seul par exemple. Notreenvironnement complique parfois leschoses. Du moment que Nicolas gardeses lunettes, il peut tout faire. Mais s’ilne les a pas, le moindre obstacle peutdevenir dangereux!

Et les “personnes à mobilité réduite” alors ? On parle de personnes à mobilité ré-duite pour les personnes en chaiseroulante, celles avec une canne, unebéquille mais aussi des rhumatismes,de l’obésité, des problèmes d’ouïe…Zoé vient d’avoir une petite sœur. Samaman ne se déplace plus sans sapoussette. Elle a du mal à monterdans le bus ou à grimper les esca-liers. Elle est aussi, temporairement,une personne à mobilité réduite. Prèsde 30 % des Belges sont considéréscomme “personne à mobilité rédui-te”. Cela veut dire un peu moins d’unBelge sur trois.

Déficience, handicap, maladie, mobilité réduite : avez-vous tout pigé ? La sclérose en plaques, par exemple,est une maladie. Être paralysé des jambes à cause dela sclérose en plaques c’est avoir unedéficience. Vouloir marcher pour aller d’un en-droit à l’autre mais être paralysé desjambes, c’est avoir un handicap. Être en chaise roulante pour se dé-placer, c’est être une personne à mo-bilité réduite.

Et c’est aussi tenter de trouver des handicapée motrice.moyens qui permettent de surmonter - Tom ne voit pas et Manon doit porterle handicap. un appareil auditif pour bien entendre.

Ils ont un handicap sensoriel.Handicaps avec “S ”. - Chloé a beaucoup de mal à réfléchir,On peut regrouper les handicaps en parfois même à comprendre. Elle nequatre catégories. On parle de défi- garde pas toujours le contrôle de soncience motrice, sensorielle, mentale corps et ses comportements. Commeou intellectuelle. Pour mieux com- pour la trisomie 21, c’est un handicapprendre, voici quelques exemples : mental.- Coline a fait une mauvaise chute. Elle - Simon n’arrive pas à lire, à écrire ou às’est cassé la colonne vertébrale et ne calculer. C’est plutôt un handicap in-sait plus bouger les jambes. Elle est tellectuel qui l’empêche d’apprendre.

80% des handicaps arrivent au cours de l'existence, et non pas dès la naissance !

SOMMAIREQUAND LA DIFFÉRENCE DEVIENT UNE FORCE 2

EUX AUSSI… 2

UNE PERSONNE HANDICAPÉE = UNE PERSONNE TOUT COURT 3

DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA BARRIÈRE 3

L’AWIPH, C’EST QUOI ? 4

LA VIE PRESQUE NORMALE DE PIERRE-JEAN 4

© Is

tock

RÉALISATIONMise en page : Olagil sprlRédaction : Stéphanie DezangréRédaction du Journal des Enfants : 081/24 89 86Courriel : [email protected] : www.lejde.be

On parle de personnes à mobilité réduitepour les personnes en chaise roulante,celles avec une canne, une béquille mais aussi des rhumatismes, de l’obésité,des problèmes d’ouïe…

D’où vient le handicap?On peut venir au monde avec un problè-me de vue, d’ouïe, avec une malforma-tion ou encore un handicap mentalcomme la trisomie 21. C’est alors sou-vent une question de génétique. Maiscela peut aussi apparaître à cause d’unecomplication lors de la grossesse. La prise d’un médicament dangereux pourle bébé, un choc émotionnel, un ac -cident, etc.Mais on peut également devenir handi-capé plus tard, à la suite d’un accident.En voiture, une chute, un saut mal calculé, une coupure trop profonde, unchoc sur la tête, etc. Les raisons sont infinies. Il y a par exemple la fracture dela colonne vertébrale. Si la moelle épi-nière est touchée, la mécanique ducorps est endommagée. Le cerveau ne

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parvient plus à donner ses ordres aux grer dans un groupe quand on a unebras et/ou aux jambes et on est paralysé. déficience, c’est une épreuve en soi. Il

faut supporter les blagues ou les mé-Le handicap à l’école chancetés de ceux qui se moquent deHandicapés ou pas, tout le monde doit la différence. Pourtant on est tous dif-aller à l’école. Mais on a le choix. On férents : on n’a pas tous la même cou-peut décider d’aller dans une école or- leur de peau, d’yeux, de cheveux, ondinaire ou dans l’enseignement spécia- n’a pas tous le même poids, on n’estlisé, adapté pour les jeunes personnes pas tous doués pour les maths, lehandicapées. Il y a peut-être, dans votre sport, les bricolages… Mais ça ne veutécole, un ascenseur, une toilette plus pas dire que quelqu’un est mieux quegrande ou des plans inclinés à côté des quelqu’un d’autre. Et si tout le mondeescaliers. Ces aménagements sont faits était pareil, on ne se reconnaîtrait pour pouvoir accueillir les élèves qui se même plus.déplacent en chaise roulante. C’est in-dispensable pour qu’ils puissent circu- Le handicap invisibleler tout seuls dans l’école. Et ça ne coû- À l’école ou en groupe, c’est souvent lete presque rien ! Et s’il n’y a pas d’amé- handicap le plus gênant. C’est parnagements dans votre école ? Parlez-en exemple le cas de la dyslexie. Vousavec votre prof. C’est peut-être l’occa- avez peut-être déjà rigolé d’un copainsion de mettre la main à la pâte pour qui écrit plus lentement et ne com-rendre votre école agréable pour tous. prend pas directement les questions du

prof. Il n’est pas “stupide”, il souffreRegardez mieux ! juste d’une déficience intellectuelle quiCe qui peut aussi poser problème, c’est ne se résume pas en un mot. Beau-le regard des autres. Essayer de s’inté- coup d’élèves ont des problèmes de

dyslexie, qui rendent difficiles la lectu- c’est son droit. C’est normal de poserre et l’écriture, et ils travaillent peut- des questions, ou parfois d’avoir peurêtre beaucoup plus dur que vous. Pen- devant certaines formes de handicap.sez-y la prochaine fois! Mais se moquer, regarder fixement ou

faire comme si une personne n’étaitOn dit quoi ? pas là, c’est pire que tout ! Rappelez-Vous avez une personne handicapée vous toujours que vous êtes devantdans votre entourage? Elle est dans une personne COMME VOUS, qui a,votre classe ? Dans votre équipe de comme vous, le droit d’être triste, fâ-foot ? Dans votre patrouille, chez les chée, bête, intelligente, joyeuse, gen-scouts ? N’ayez pas peur de lui en par- tille… Et qui aspire, comme vous, àler. Si elle ne veut pas vous répondre, jouer, rire, se faire des amis.

QUAND LA DIFFÉRENCEDEVIENT UNE FORCE

Aimée Mullins, la nouvelle égérie de la marque de cosmétique L’Oréal, est néesans péronés (os de la jambe). Elle a dû être amputée des deux jambes à l’âged’un an. Pourtant, avant d’être mannequin, elle a fait de l’athlétisme à un trèshaut niveau grâce à ses prothèses..

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© Istock / capedwonder.com / linternaute.com / lcr-lagauche.be / aimeemullins.com / tunise24.net

Handicap ne veut pas dire incapa- écoutes téléphoniques. À ce poste,cité! Au contraire, certaines il faut écouter et retranscrire des

personnes handicapées sont bien conversations téléphoniques de cri-meilleures que vous dans certains minels ou de suspects. Pourquoidomaines. Quand le corps ne suit elles? Parce que à cause – ou plutôtpas, on s’adapte. Au point de déve- “grâce”, cette fois – à leur déficien-lopper certains dons. Un homme ce, elles ont développé une meilleu-qui se déplace en chaise depuis des re ouïe que vous! Leur rôle? Mettreannées a des gros biceps. Il y a mê- la main sur des trafiquants deme des peintres qui se débrouillent drogue, des terroristes, prévoir unsans bras, et peignent des chefs- hold-up, etc. Rien que ça! C’est und’œuvres en tenant leur pinceau exemple de l’intégration des per-rien qu’avec les dents. Encore plus sonnes “handicapées” dans le mi-fou: en Belgique, la police engage lieu du travail.des personnes aveugles pour les

Essayer de s’intégrer dans un groupe quand on a une déficience, c’est uneépreuve en soi.

Et s’il n’y a pas d’aménagements dans votre école ? Parlez-en avecvotre prof. C’est peut-être l’occasionde mettre la main à la pâte pour rendrevotre école agréable pour tous.

EUX AUSSI…ALBERT EINSTEIN, l’emblème de l’intelligence, était dyslexique.

JULIA ROBERTS, grande actrice américaine, bégayait. Elle a fait un gros travail pour ne plus bégayer aujourd’hui.

NAPOLÉON BONAPARTE, le célèbre empereur de France, était épileptique.

CHRISTOPHER REEVES, acteur américain célèbre qui a joué le rôle de Spiderman, est devenu paraplé-gique après une chute de cheval.

GRAND CORPS MALADE, ce slameur tire son nom de scène de sa vie. À 20 ans, suite à un mauvais plon-geon dans une piscine, il se déplace des vertèbres. Paralysé, on lui dit qu’il ne remarchera plus jamais.Après un an de rééducation, il retrouve l’usage de ses jambes. Fort de cette expérience, il devient “GrandCorps Malade” et slame pour la première fois en octobre 2003 dans un bar parisien.

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UNE PERSONNE HANDICAPÉE = UNE PERSONNE TOUT COURT

Marie-Noëlle, 25 ans, dyslexique. “Àl’école, au cours de sciences, on devaitsouvent faire des élocutions. Je devaisparler devant la classe au moins unefois par mois. C’était un vrai calvaire,j’avais beaucoup de mal à me concen-trer pour parler de mon sujet. J’avaismal au ventre avant chaque cours. Dansla cour de récré, tout le monde s’estmis à me traiter de ”gogole”. J’ai eu finimes humanités à 21 ans, tellement lesmoqueries m’ont fait perdre confianceen moi.”

Samuel, 28 ans, handicapé moteur.“J’ai fait des études de comptabilité, unmétier qui se pratique assis derrière unbureau. Pourtant, même si je suis trèsbon dans ce que je fais, ma chaise afait peur à 6 employeurs. J’ai cherchédu travail pendant presque un an avantde trouver un patron qui croyait en moi.

Seul souci aujourd’hui : j’ai appris ré-cemment que je gagne moins d’argentque mes collègues.”

Carole, 35 ans, aveugle. “Je ne me dé-place qu’avec Gypsy, mon labrador. Ilremplace mes yeux. C’est un ange, ilest toujours très sage. Mais il y aquelques mois, j’ai été mise à la ported’un restaurant qui n’acceptait pas les chiens. Pourtant, selon la loi, Gypsyest autorisée à aller partout…”

Stéphane, 21 ans, handicapé moteur.“J’ai de la chance dans mon malheur :je peux me lever de ma chaise s’il lefaut, et tenir debout quelques minutes.Je peux même faire quelques pas. Maisà cause de ça, j’ai déjà été traité de menteur dans la rue, par quelqu’un quivoulait stationner sur ma place pourhandicapé…”

Heureusement, la loi belge défend lesvictimes de ce genre de discrimination.Se moquer d’une personne handicapée,la rejeter, l’exclure, la juger, la traitermoins bien qu’une autre, est interdit parla loi. En Belgique, nous avons une loianti discrimination qui date du 10 mai2007. Elle interdit aussi bien les discri-minations directes qu’indirectes. On par-le d’une discrimination directe quandune personne est moins bien traitéequ’une autre dans la même situation.C’est par exemple le cas de Samuel quiest moins payé que ses collègues pour le même travail. La discrimination in -directe concerne plutôt les personnesdésavantagées dans une situation bienprécise. C’est le cas de Carole qui nepeut pas rentrer dans un restaurant àcause de son chien d’aveugle. La Bel-gique suit aussi les recommandations del’ONU, l'Organisation des Nations unies.

L’ONU a écrit une Convention pour pro-mouvoir et protéger l’ensemble des droitshumains des personnes handicapées,pour qu’ils soient respectés totalement et équitablement. La Convention necherche pas à créer un nouveau type dedroits ; elle exprime les droits qui sontcommuns à tous les hommes, en pre-nant en compte les spécificités des be-soins des personnes handicapées.

Quand on est différent, le monde nous voit différemment. Sur une planète parfaite, une personne handicapée se-rait considérée comme une personne avant tout. Malheureusement, quand on voit quelqu’un en chaise parexemple, on voit d’abord la chaise avant de regarder l’humain qui est assis dedans. Dans la vie, les personnes handicapées doi-vent tous les jours faire face à des situations injustes qui vont de la simple moquerie à l’exclusion. En voici quelques exemples:

DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA BARRIÈREPour vous aider à ouvrir les yeux sur ce qu’est le handicap, l’AWIPH vous invite à venir passer une journée de l’autrecôté. Au fil de parcours d’obstacles, d’animations, de jeux, de discussions et de rencontres, vous comprendrez un peu mieux toutes les facettes de la réalité de l’“autre côté”. N’ignorez plus la différence, adaptez-vous-y!

Surdimobil : Dans un monde sans bruits…Malheureusement, le monde n’a pas de sous-titres. Comment on fait pourcomprendre un passant qui nous de-mande l’heure ? Pour dire “merci” enlangage des signes ? Pour se réveiller,quand on n’entend même pas le puis-sant “driiiing”? Pour regarder les infos,à la télé ? Pour répondre au téléphone ?Tous ces gestes pourtant si simples…L’association Surdimobil est là pour ré-pondre aux dizaines de questions quevous vous posez. Vous n’aurez mêmepas une seconde pour bailler, son ani-mation s’articule autour d’activités su-per dynamiques comme des jeux derôles. Vous devrez par exemple impro-viser pour vous faire comprendre à la banque ou chez le médecin… lesoreilles bouchées! Vous aurez aussi affaire au Surdimobil, un appareil demesure du bruit. Grâce à lui, vous réa-liserez aussi à quel point notre universsonore est pollué de sons inutiles etsurtout, mauvais pour la santé desoreilles. En plus, toute l’animation estréalisée par des guides sourds enca-drés par des interprètes en langagesdes signes. Vous plongerez donc vospetits orteils dans leurs vies et décou-vrirez les nombreuses difficultés deleur quotidien.

L’ONA : Dans un monde sans images…Faites l’expérience du noir le plus com-plet, dans un monde où les interrupteursne servent à rien. Cette fois, c’est les yeuxbandés, muni d’une canne, que vousavancerez. Comme si vous y étiez. Vousessayerez aussi de lire le braille. Vous

savez, cette écriture faite de petitspoints en relief que l’on décrypte avecles doigts. Et comme vous vous retrou -verez peut-être un jour en face d’unepersonne malvoyante, apprenez lesgestes qui rendent service. C’est une activité organisée par l’ONA, l’œuvre Nationale des Aveugles. Dans le cadrede sa mission, cette association à no-tamment mis sur pied un site bourréd’infos utiles: www.ona.be.

L’AWIPH : Dans un monde parseméd’embûches…Avec deux jambes en forme, on montesur un trottoir les doigts dans le nez. Ongravit des marches sans transpirer. Onsaute au-dessus d’un pavé déchaussésans trébucher. Quand on doit se dé-brouiller sans elles, assis dans une chaise, les pas anodins du quotidien se muent en vrais défis. Ceux que l’onappelle les “chaisards” sont en fait devrais héros. L’AWIPH est là pour vous leprouver. Vous n’arrivez pas à imaginerce que ça fait ? Prenez place dans unechaise roulante et débrouillez-vous dansune ville miniature. Vous verrez, vous neregarderez plus jamais les jeunes à mo-bilité réduite de la même façon. Pre-mière difficulté : rouler droit. Ça sembletout bête mais si on ne donne pas lamême impulsion dans les deux roues,on part sur le côté. Sur le parcours de l’AWIPH, vous pas-serez aussi sur un trottoir penché, seméde poubelles, de crottes de chien, depoteaux, de voitures mal garée, etc.Sans parler des tourniquets à l’entréedes supermarchés… Envie de relever ledéfi ? Entraînez vos muscles et allez-y !

La ligue Handisport : Le sport, autrement !Vous avez besoin de vous défouler ? Àla récré, vous filez toujours sur le ter-rain de foot ? Le sport fait partie devotre vie. Grâce à la Ligue Handisport,il existe des clubs adaptés pour quemême handicapé, on puisse pratiquerune activité physique. On a même in-venté des sports pour les personneshandicapées ! Du basket en fauteuil,du saut en hauteur sur une jambe, duping-pong assis, etc. Ça vous intrigue ?Essayez-les ! Celui qui nous a le plusmarqué à la rédaction, s’appelle la“Bocca“. Inventée en Italie, c’est unesorte de pétanque qui peut être prati-quée par les personnes qui ont un groshandicap. Croyez-nous, ce n’est pas sifacile que ça. Ça promet de gros éclatsde rire !

L’ASPH : À la rencontre de l’autre :Grâce à l’ASPH, l’Association Socialistedes Personnes Handicapées, cette jour-

née prendra un tournant 100% hu-main. Vous rencontrerez des personneshandicapées prêtes à répondre à toutesvos questions. Vous pourrez leur de-mander tout ce qui vous passe par latête : Est-ce que c’est plus difficiled’avoir une amoureuse ? Leurs trucspour ne jamais se décourager ? Leursrêves ? Leur quotidien au boulot ? Etc. Poser des questions c’est apprendre àconnaître !D'autres animations, assurées pard'autres associations, sont possibleségalement !

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COMMENT FAIRE POUR ORGANISER UNE JOURNÉE DE SENSIBILISATION ?

Vous êtes en secondaire ? Demandez à votre professeur de construire un projet sur leliser les élèvesjets construits re prof trouvera

handicap. L’AWIPH se rend gratuitement dans les écoles pour sensibi(groupes de maximum 80 élèves par jour) dans le cadre de proet cohérents. Pour expliquer son projet et donner ses coordonnées, vot

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un formulaire sur le site www.AWIPH.be, à compléter et renvoyer à [email protected] à l’attention de Mme Natacha Lorez, 21 rue de la Rivelaine, 6061 Monti

gnies-sur-Sambre.D’autres actions sont possibles : entreprendre une correspondance avec

l’enseignement spécialisé, passer une journée en compagnie d’enfants en situation de handicap… Vous pouvez aussi demander à l’AWIPH la liste des associations, contacter les scouts, prendre des infos sur le handicap pour en parler en classe…

N’hésitez pas à appeler Wippy au 0800/16.061 !

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L’AWIPH, C’EST QUOI ?

Saviez-vous qu’avant la Seconde guerre mondiale, iln’existait pratiquement aucun soutien pour les personneshandicapées? L’aide a longtemps été organisée par desœuvres de bienfaisance. Cela dépendait donc de la généro-sité des gens.

C’est entre la Première et la Deu -xième guerre mondiale que les

personnes handicapées ont, pour la première fois, perçu une allocation (del’argent de l’État). Ensuite il y a eu plu-sieurs formes d’organismes pour aiderles personnes handicapées. Aujourd’hui, depuis 1995, en Wallonie,on a l’Agence Wallonne pour l’Intégra-tion des Personnes Handicapées, l’AWI-PH. C'est le service public qui travaillepour que les personnes handicapéesgradent leur place dans la société, etqu’elles y vivent le mieux possible.

Cela veut dire qu’elle reçoit chaque année de l’argent du gouvernement wal-lon pour aider les personnes handica-pées à savoir à qui s’adresser, à choisirce qu’elles veulent, à avoir le matérieldont elles ont besoin, le logement quileur convient le mieux, à trouver ou garder leur emploi, etc. Son aide peutêtre financière ou prendre la forme deconseils. Son gros atout? Elle offre uneaide personnalisée.

Elle permet par exemple à un enfantd’acheter du matériel nécessaire pour lui faciliter la vie (un ascenseur dans la

maison, des toilettes adaptées, etc).Certains enfants reçoivent aussi le sou-tien d’un service qui permet à leurs pa-rents de s’occuper de leurs frères etsœurs ou d’aller travailler, par exemple.D’autres reçoivent de l’aide d’une per-sonne spécialisée qui les accompagnerégulièrement à l’école et reste avec euxpendant une partie de la journée. Cer-tains jeunes peuvent aussi recevoir desplaces gratuites pour leur accompa-gnant pour un festival ou organiser unejournée de sensibilisation dans leurclasse. Le champ d’action de l’AWIPHest vraiment très large.

CENTRE DE DOCUMENTATION

L’AWIPH met aussi à votre disposition uncentre de documentation. Parmi toutes sesressources, il possède plus de 400 livresdestinés aux jeunes (romans, bandes dessinées, DVD, etc.) qui parlent du handi-cap, de la maladie, de la différence, etc.L’AWIPH les prête gratuitement. Vous pou-vez même emprunter une “malle jeunesse” avec plus de 30 livres à garder 2 mois dans votre classe, en choisissant les livres dans le catalogue “Au-delàde nos différences”.

Pour faire passer son message,l’AWIPHpeut toujours compter sur Wippy, samascotte. Ce petit bonhomme répond àTOUTES les questions que l’on peut seposer sur le handicap via le numéro gratuit0800 16 061 , par mai l à l ’[email protected], même par facebook surla page “AWIPH – organisme gouverne-mental” et www.awiph.be

LA VIE PRESQUE NORMALE DE PIERRE-JEANÀ20 ans, Pierre-Jean a fait une

mauvaise chute sur une piste deski. Sa colonne vertébrale a été en-dommagée. Les médecins lui annon-cent qu’il est tétraplégique. Paralysédu cou aux pieds, Pierre-Jean se pré-pare à passer le reste de sa vie enchaise roulante. Mais six ans plustard, il remarche et a repris sesétudes à l’université. Il pose un nou-veau regard sur le handicap : de parson passé, en tant que personne vali-de, via sa paralysie et par sa réinté-gration sur ses deux jambes dans lasociété…

En une seconde, ta vie a basculé sur une piste de ski. Comment s’est passéton accident?C’était le dernier jour, il faisait trèsmauvais. Je terminais une piste bleue.J’étais bon skieur, j’étais super à l’aise.Ma malchance ? Une bosse mal calcu-lée. Je ne l’ai pas vue à temps. J’ai dé-collé et je suis mal retombé. Ce n’étaitmême pas un accident spectaculaire,il n’y avait pas de sapin ou d’obstacle.Je me suis cassé mes vertèbres cervi-cales C3 C4 et la moelle épinière étaitbien endommagée. Au départ, on pen-sait qu’elle était complètement sec-tionnée donc que je ne pouvais plusrien bouger en dessous du menton.Une fois en Belgique, je suis resté sixsemaines aux soins intensifs. Petit àpetit, on s’est rendu compte que lamoelle était simplement abimée. Grâ-ce à ça, j’ai su récupérer une bonnepartie de ma mobilité. Aujourd’hui,j’arrive à contrôler pratiquement tousmes muscles. Mais pas à 100%...

Comment tu as réagi face à ce handicap ?Avec les médicaments et le choc, j’aimis du temps à comprendre ce qu’ilm’arrivait. Mais j’étais réceptif à ceque les médecins me racontaient. Jeles ai crus assez vite. La plupart desgens n’acceptent pas la paralysie etpensent qu’ils vont remarcher unjour. Ca n’a pas du tout été mon cas,j’ai très vite fait face à la réalité. Audépart, mon médecin m’avait dit quesi j’avais de la chance, on pourraitdébrancher mon respirateur artificiella journée et ne l’utiliser que la nuit.C’était la seule touche d’espoir qu’ily avait. Ce n’était pas la période laplus drôle de ma vie…

Sur ton site Internet, tu dis : “Je sais quebeaucoup de gens mettent mon spectaculairerétablissement partiel sur le compte du courage ou de la volonté. J'en suis très flatté, mais je pense qu'ils ont tort.”Je ne vais pas dire que je n’étais pascourageux mais j’utilise ce mot avecdes pincettes. J’ai énormément depotes qui sont en chaise roulante.Parfois on vient me dire que je suistrès courageux alors qu’ils sont à cô-té de moi. Dans ces cas-là, je suisvraiment gêné. Ce n’est pas parcequ’ils ne sont pas courageux qu’ilsne marchent pas. C’est n’importequoi, ce n’est pas parce que j’ai dela volonté que je remarche. Aucontraire, jusqu’au dernier moment,je ne croyais pas que je remarche-rais. La volonté n’est pas la clef. Jepense que le courage, c’est d’arriverà accepter la situation.

Est-ce que la technologie t’aide au quotidien ?Beaucoup, notammentgrâce à l ’AWIPH, j ’aipu acheter le matériel quim’aide au quodidien.J’utilise un programmede reconnaissance vocale.Grâce à ça, je sais dictermes textes sur un ordi -nateur. J’ai une voitureadaptée aussi. Elle seconduit sans les pédales,juste avec les mains.Ça aussi c’est un bijoud’électronique. Et puis, il y a mon Segway. C’est unmoyen de locomotion mo-torisé sur deux roues, qui ressemble unpeu à une trottinette. Je peux faire du20km/h, comme avec un vélo. J'aid'ailleurs créé un site Inter net pour enparler (http://www.segwaytravellers.com).Je mets beaucoup d’espoir dans le pro-grès scientifique. C’est fou comme çapeut faciliter la vie.

Au niveau des adaptations matérielles,qu’est-ce qui a été fait à l’université ? Et dansta vie quotidienne ?L’université a été vraiment sympa. Ilsm’ont trouvé un kot qui se situe aurez-de-chaussée et ils ont adapté lasalle de bains.

Comment s’est passé ton retour à l’université ? Tu n’as pas eu de problèmeavec le regard des étudiants ?Pas vraiment. En fait, comme je suisen Segway, les gens ne se rendent

pas compte que je suis handicapé. Ilspensent que je m’amuse. Du coup,ils sont assez agressifs avec moi. Ilsse demandent qui est ce type qui faitson malin dans les rues de Louvain-la-Neuve. Je reçois même parfois desinsultes. Sinon, parfois quand je boi-te, je sens que tout le monde me regarde. Ce n’est pas agréable.

Que penses-tu des initiatives pour sensibiliser les jeunes ? (ex. : parcours en chaises roulantes, parcours aveugles…)Ce sont de bonnes idées. Quandj’étais moi-même valide, je me suistrouvé face à des personnes handi -capées. Je sais que ce n’est pas toujours facile de comprendre la posi-tion de l’autre. J’étais maladroit. Ducoup, aujourd’hui, je comprends aus-si les réactions des gens.

Et puis, il y a mon Segway. C’est un moyen de locomotion motorisé sur deux roues, qui ressemble un peu à une trottinette.

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