art gabi leonardo

25
LE DISCOURS VIOLENT DANS LA PRESSE XENOPHOBE Cristiana TEODORESCU Université de Craiova Fais gaffe à tes mots, ou plutôt faisons gaffe à nos maux ... de société ! 1. INTRODUCTION. Si la politesse linguistique a représenté ces dernières années un objet d’étude privilégié pour les linguistes et pour les spécialistes des sciences connexes, son opposé – l’insulte, le discours violent et toute la qualification péjorative – s’avère être un phénomène courant dans la pratique langagière, mais marginalisé par la recherche. Dominique Lagorgette et Pierre Larrivée expliquent ce phénomène (« Introduction » dans Langue française, No. 144, décembre 2004, p. 3) par « son usage […] tabou dans la plupart des situations de communication fonctionnelle, les disciplines (refusant) encore largement de reconnaître sa mention à des fins scientifiques». L’insulte devrait être, pour reprendre une formule de Diane Vincent (apud D.Lagorgette, P.Larrivée, idem, ibidem) « un objet d’étude plutôt qu’un objet de curiosité », car toute donnée linguistique informe sur la langue et, implicitement, sur le mental des sujets parlants (cf. Ruxandra Cesereanu, Imaginarul violent al românilor, Humanitas, 2003). Dans ce contexte nous avons voulu voir quelles sont les formes langagières insultantes qui apparaissent dans la presse ultranationaliste, xénophobe, d’extrême droite et nous avons proposé une analyse du journal roumain Romania Mare (…), partant de l’hypothèse que ce type de presse allait nous 1

Upload: andreea-dobrinescu

Post on 02-Dec-2015

10 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Art Gabi Leonardo

LE DISCOURS VIOLENT DANS LA PRESSE XENOPHOBE

Cristiana TEODORESCUUniversité de Craiova

Fais gaffe à tes mots, ou plutôt faisons gaffe à nos maux ... de société !

1. INTRODUCTION. Si la politesse linguistique a représenté ces dernières années

un objet d’étude privilégié pour les linguistes et pour les spécialistes des sciences connexes,

son opposé – l’insulte, le discours violent et toute la qualification péjorative – s’avère être un

phénomène courant dans la pratique langagière, mais marginalisé par la recherche.

Dominique Lagorgette et Pierre Larrivée expliquent ce phénomène (« Introduction »

dans Langue française, No. 144, décembre 2004, p. 3) par « son usage […] tabou dans la

plupart des situations de communication fonctionnelle, les disciplines (refusant) encore

largement de reconnaître sa mention à des fins scientifiques». L’insulte devrait être, pour

reprendre une formule de Diane Vincent (apud D.Lagorgette, P.Larrivée, idem, ibidem) « un

objet d’étude plutôt qu’un objet de curiosité », car toute donnée linguistique informe sur la

langue et, implicitement, sur le mental des sujets parlants (cf. Ruxandra Cesereanu,

Imaginarul violent al românilor, Humanitas, 2003).

Dans ce contexte nous avons voulu voir quelles sont les formes langagières insultantes

qui apparaissent dans la presse ultranationaliste, xénophobe, d’extrême droite et nous avons

proposé une analyse du journal roumain Romania Mare (…), partant de l’hypothèse que ce

type de presse allait nous fournir un « bel » exemple de discours violent. La violence verbale

emblématique du journal Romania Mare nous a conduit à un questionnement sur le discours

de la presse ultranationaliste, xénophobe et nous avons voulu voir si, dans la presse française

de la même orientation, nous allons trouver le même type de manifestations langagières.

Notre corpus roumain est formé par les articles du journal Romania Mare, signés

avec le pseudonyme Alcibiade des années 2004 et 2005 (nous avons complété la liste des

insultes avec quelques exemples donnés par Ruxandra Cesereanu dans son analyse des

parutions de la revue de l’année 1990).

2. ETAT DES LIEUX DANS LES RECHERCHES SUR L‘INSULTE. Eric

Beaumatin (« La violence verbale. Préalable à une mise en perspective linguistique » dans

1

Page 2: Art Gabi Leonardo

Atalaya, No. 5, 1995, pp. 21-35) montre le fait que, depuis une trentaine d’années, il y a eu de

nombreuses études sur l’insulte. Ces études se limitent, dans leur grande majorité, soit à la

description d’une série lexicale (de nombreux guides et dictionnaires), soit à la présentation

d’un système de communication du point de vue des sciences humaines (sémiotique,

sociologie, psychologie, etc.). Dans le numéro spécial de Langue française dédié aux

Insultes : approches sémantiques et pragmatiques (No. 144, décembre 2004, pp. 4-5),

D.Lagorgette et P.Larrivée présentent une revue de la littérature de spécialité (linguistique)

sur la question. On en retient quelques points de repère importants pour l’analyse de l’insulte:

- la revue américaine Maledicta. The International Journal of verbal aggression

dont les numéros sont remplis de listes d’insultes ;

- la revue Faits de langue a consacré, en 1995, un numéro spécial à

« L’exclamation » ;

- la revue Cahiers de praxématique a dédié, en 2000, un numéro à l’interjection ;

- des recherches sur la syntaxe et la sémantique de l’insulte ;

- des recherches descriptives limitées aux items lexicaux ;

- des recherches sémantico-pragmatiques, qui placent l’insulte en contexte dans le

cadre des interactions verbales sociales ;

- des recherches en analyse de discours, selon le critère social du genre ou du

sociotype ;

- des recherches anthropologiques, qui croisent les items lexicaux avec les actes

accomplis dans le discours et les paramètres de la situation d’interlocution

(locuteurs, statuts sociaux, allocutaires, nature du contexte formel ou informel) .

Marty Laforest et Diane Vincent (« La qualification péjorative dans tous ses états »

dans Langue française, No. 144, décembre 2004, p. 60) trouvent que « les travaux sur

l’insulte effectués dans les sciences du langage au cours des 35 dernières années » pourraient

se diviser en quatre catégories :

1. « les approches lexico-sémantiques ou syntaxiques, qui permettent de classifier

finement les formes dites usuelles d’insulte ou de mettre en évidence les propriétés

qui expliquent leur comportement […] ;

2. les approches sociolinguistiques […] axées sur la fonction et les usages de

certaines catégories de formes dites insultantes ;

3. les approches pragmatiques au sens large […] qui mettent l’accent sur la

dimension performative, vocative de l’insulte ou sur ses aspects énonciatifs […] ;

4. l’approche ethnolinguistique […] ».

2

Page 3: Art Gabi Leonardo

La distinction entre ces quatre types d’approches est, bien sûr, artificielle, car toutes

les recherches actuelles sur la question se caractérisent par leur « mixité ».

3. LE CHAMP SEMANTIQUE DE L’AGRESSION VERBALE.

Le premier problème de toute analyse est la définition de l’insulte, d’autant plus qu’il

y a une quantité de mots qui expriment la violence verbale et la qualification péjorative.

Ainsi l’analyse du Petit Robert nous montre le tableau suivant:

affront – offense faite publiquement avec la volonté de marquer son mépris et de déshonorer ou humilier (avanie, humiliation, outrage)

apostrophe – interpellation brusque, sans politesseapostropher – adresser brusquement la parole à qqn sans politesseattaquer, assaillier, attaquer qqn par des propos ou des actes outrageux (injurier, offenser) ; constituer

une grave offense contre (outrager) ; faire insulte (blasphémer) ;gros mot – mot grossier, grossièretéincivilité – manque de civilité (impolitesse), Action ou parole incivileinjure – (1174, du lat. injuria « injustice, tort ») injustice, traitement injuste, traiter injustement, faire

tort, dommage causé par les éléments, le temps, offense grave et délibérée (affront, avanie, insulte, outrage), parole offensante (attaque, calomnie, insolence, insulte, invective, sottise), toute expression outrageante qui ne renferme l’imputation d’aucun fait (outrage).

injurier - couvrir d’injures (engueuler, insulter, traiter de tous les noms)insultant, e – qui insulte, qui constitue une insulte (injurieux, offensant, outrageant, grossier)insulte – acte ou parole qui vise à outrager ou constitue un outrage (affront, injure, offense,

grossièreté, insolence, invective, déshonneur, indignité, atteinte)insulter  - v.tr., (1356, lat. insultare, « sauter sur »)insulteur – celui qui insulteinvective – parole ou suite de paroles violentes contre qqn ou qqchinvectiver – lances des invectives (crier, fulminer, pester, injurier)moquerie – action, habitude de se moquer (ironie, raillerie) ; action, parole par laquelle on se moque

(impertinence, lazzi, persiflage, plaisanterie, quolibet, raillerie, satire) ; action, parole absurde qui ne mérite pas d’être prise au sérieux (absurdité, plaisanterie)

offense – parole ou action qui blesse qqn dans son honneur , dans sa dignité (affront, injure, insulte, outrage) ;

offensé – qui a subi , qui ressent une offenseoffenser – blesser qqn dans sa dignité ou dans son honneur par la parole ou par l’action (froisser,

humilier, injurier, outrager, vexer), Blesser., porter atteinte à, manquer gravement à une règle, une vertu (braver) ;

offenseur – celui qui fait une offense (agresseur, insulteur)outrage – offense ou injure extrêmement grave (de parole ou de fait) (affront, injure, insulte, offense)outrager – offenser gravement par un outrage (actes ou paroles) (bafouer, injurier, insulter, offenser)vanne - remarque ou allusion désobligeante à l’adresse de qqnvexation – action de vexer, de maltraiter, son résultat (abus de pouvoir, brimade, exaction,

oppression, persécution), vexatoire – qui a le caractère d’une vexationvexer – maltraiter par abus de pouvoir (tourmenter) ; blesser qqn dans son amour-propre

(désobliger, ironiser, heurter, humilier, mortifier, offenser, piquer)

3

Page 4: Art Gabi Leonardo

L’analyse de ces définitions lexicographiques nous montre que les insultes

représentent un mode de communication asocial, en rupture avec le “bien parler”, les civilités,

la politesse. Entrant en compétition avec les jurons (forme d’exclamation solitaire), les vannes

et les jeux de mots, l’insulte envahit tous les espaces de socialisation.

Les insultes sont classées comme incivilités, elles en sont l’une des expressions

verbales. Le mot incivilité (du latin incivilitas), intégré au vocabulaire français depuis le

XVII-e siècle, est devenu une notion sociologique depuis peu de temps, notion proposée par

les études nord-américaines et puis entrée dans l’espace européen. Les insultes ont souvent

comme visée d’humilier, de porter atteinte à la dignité, à l’honneur, de provoquer la colère et

manifestent une forme de violence communément répandue, celle du mépris de l’autre. Les

insultes sont fonction de l’époque et de la culture, elles ont aussi leurs particularités

nationales, car ce qui est insultant pour les Français ne l’est pas forcément pour d’autres

nationalités.

Les moqueries, ces agressions verbales qui se veulent souvent amusantes (utilisation

de noms scabreux, surnoms, qualificatifs rigolos) mordantes ou spirituelles, visent souvent

l’aspect physique, certains traits de caractère, certaines attitudes et ont pour but de ridiculiser,

humilier en public la personne visée. Si certaines moqueries peuvent parfois s’apparenter à

des taquineries dans un contexte de relations amicales, exprimées sans l’ombre d’une

méchanceté ou d’une quelconque envie de blesser, ce n’est pas le cas de la plupart d’entre

elles qui sont mal vécues par ceux qui en sont la cible. Qu’elles s’expriment sous forme de

railleries, de sarcasmes, les moqueries cherchent à rabaisser, parfois à exclure.

Les injures sont nées en même temps que la parole, souvent utilisées pour maudire tel

un rituel incantatoire visant à neutraliser celui vu comme ennemi.

Les mots choisis pour se moquer ne sont pas anodins, ils s’attaquent à l’intégrité de la

personne, sont l’expression d’un manque de respect.

4. DEFINITION ET FONCTIONNEMENT DE L’INSULTE.

L’insulte est une injure verbale. Elle présuppose une adresse directe à un allocutaire,

mais elle ne peut pas être réduite à un cri, à une interpellation, car très souvent elle est

représentée par un geste, accompagné ou non d’une parole.

L’énoncé qualifié comme insulte doit se présenter soit sous forme d’apostrophe, soit

avec les marques grammaticales de la deuxième personne (pronoms, formes conjuguées,

impératifs). Jean Derive et Marie-Jo Derive considèrent que « pour devenir insulte, l’énoncé

doit avoir pour fonction d’attribuer à l’allocutaire une nature (ou simplement une propriété)

identifiable comme dévalorisante » (« Processus de création et valeur d’emploi des insultes en

4

Page 5: Art Gabi Leonardo

français populaire de Côte-d’Ivoire » dans Langue française, No. 144, décembre 2004, p.14).

Le fait que le statut d’insulte d’un propos ne peut se concevoir en dehors de la validation

comme telle par celui à qui ce propos est destiné a déjà été souligné (D.Lagorgette, « Les

axiologiques négatifs sont-ils une classe lexicale ? » in J.Derive et S.Santi éds. La

communauté, fondements idéologiques et psychologiques d’une représentation identitaire,

Actes des journées d’études doctorales (SHHS), Grenoble/Chambéry, Maison des Sciences de

l’Homme, Alpes/CERIC, pp. 117-148).

Ph.Ernotte et L.Rosier (« L’ontotype : une sous –catégorie pertinente pour classer les

insultes ? » dans Langue française, No. 144, décembre 2004, p.36) affirment que « l’insulte

ne se contente pas d’être un mot, elle suppose une configuration discursive et une situation

d’énonciation mettant en jeu différents éléments, notamment les participants à l’interaction

dans laquelle surgira l’insulte, qu’elle soit réflexe ou tactique ».

Les linguistes sont d’accord à interpréter l’insulte comme un acte de parole,

« manifestation physique d’une passion […], genre de profération (ayant) des caractéristiques

de physique de la parole relativement strictes. Pas d’énoncés longs ou de structures

organisées, des séquences quasi onomatopéiques, sorte de souffle d’un corps qui se rebelle en

agressant ou en répondant à une agression verbale » (Sophie Fisher, « L’insulte : la parole et

le geste » dans Langue française, No. 144, décembre 2004, p. 57).

4.1. Types d’insultes.

Il y a plusieurs types d’insultes :

- les insultes usuelles (cf. Perret, « Termes d’adresse et injures » dans Cahiers de lexicologie,

Vol. 12, No. 1, pp. 3-14), formes intrinsèquement insultantes qui existent dans toutes les

langues et qui sont perçues comme dépréciatives par tous les membres d’une communauté

linguistique ;

- les insultes réflexes, qui jaillissent spontanément ;

- les insultes tactiques, qui sont préparées pour blesser l’allocutaire ou pour choquer un tiers ;

- les insultes situationnelles, qui limitent la charge péjorative (C’est con de faire ça) ;

- les insultes essentialistes (voir Ph.Ernotte et L.Rosier, art.cit. p.37) , celles qui hors de toute

motivation par le contexte, mettent nominalement en cause l’individu interpellé dans son

essence (Tu es décidément un con) ;

- les insultes contextuelles. Dans certaines conditions, les appellatifs axiologiquement neutres

se métamorphosent en insultes dans des situations sociales et discursives spécifiques.

Ph.Ernotte et L.Rosier (art.cit. p.35) donnent l’exemple des « appellatifs institués, officiels,

apparemment neutres, (qui) peuvent fonctionner comme insultes (Arabe, communiste, paysan)

5

Page 6: Art Gabi Leonardo

lorsque l’un des programmes de sens se révèle dominer les autres à un moment donné de

l’Histoire ».

- les insultes auto-adressées (je > je) ;

- les insultes délocutives (je > il), qui peuvent être rapprochées du potin, du ragot, de la

médisance, où l’on parle « sur le dos de ».

- les insultes rituelles  relèvent « d’un jeu (dangereux) plus ou moins codé (et s’énoncent) en

présence d’un public qui en évalue la qualité et obligent plus ou moins le récepteur à réagir

par une insulte en retour, avec surenchère si possible, pour continuer le jeu » (Marty Laforest,

Diane Vincent, art.cit., p.61) ;

- les fausses insultes, des moqueries affectueuses à dimension ludique qui les apparentent aux

usages rituels.

4.2. Catégories des insultes.

Les insultes francophones sont généralement classées en cinq catégories :

- celles qui consistent à traiter son interlocuteur de noms d’animaux (vache, porc, cochon,

éléphant, girafe … ) ;

- celles liées à l’apparence physique (moche, laide, boudin, nabot…) ;

- celles s’inspirant de traits moraux (pingre, grincheux…) ;

- celles utilisant certains métiers (putain…) ;

- celles détournant des noms propres (les plus fréquents actuellement : fais pas ton Bush,

espèce de Ben Laden, Saddam toi-même….).

Ruxandra Cesereanu découvre dans Imaginarul violent al românilor (Humanitas,

2003, p. 8-12) neuf registres de langage violent, spécifiques à la mentalité roumaine :

1. le registre sous-humain, par l’intermédiaire du quel on veut déclasser la personne

incriminée en la rapportant à un statut différent de celui humain ;

2. le registre hygiénisant, les qualificatifs utilisés découvrent toujours dans la personne

critiquée quelque chose qui doit être guéri, pour que la société elle-même guérisse, au

moins théoriquement. Par ce registre nous avons accès à un noyau typique dans le mental

collectif général, celui des impures de la cité antique, qui étaient chassés, voire tués, pour

que la cité soit purifiée .

3. le registre infractionnel : les personnes visées sont déclassées au stade des délinquants ;

4. le registre de type bestiaire qui transforme la personne visée en animal qui provoque de la

répulsion ;

5. le registre religieux avec trois variantes :

6

Page 7: Art Gabi Leonardo

- le registre religieux punitif : les personnes visées sont projetées comme des monstres

de l’Apocalypse ;

- le registre religieux désacralisant ;

- le registre religieux satanisant ;

6. le registre du putride et des excréments qui aide à transformer l’adversaire en ordure. Par

l’intermédiaire de ce registre, l’adversaire est méprisé et ridiculisé d’une manière absolue,

7. le registre sexuel ou libidineux, extrêmement violent, car il transgresse les plus intimes

tabous ;

8. le registre funèbre qui vise la vieillesse des personnes incriminées ;

9. le registre xénophobe et raciste, très apprécié par les Roumain dans toutes les époques

historiques.

5. LA QUALIFICATION PEJORATIVE DANS LE DISCOURS

MEDIATIQUE. LE JOURNAL ROMANIA MARE.

Paru en 1990, le journal hebdomadaire România Mare est reconnu comme un journal

d’extrême droite. Ruxandra Cesereanu (op.cit., p. 104) considère, a juste raison, que « la plus

grande violence de langage de la jeune Roumanie postcommuniste a été celle imposée de

façon programmatique par la revue România Mare, ayant comme leaders les écrivains

(répudiés par leurs collègues) Eugen Barbu et Corneliu Vadim Tudor (les deux anciens

soutenants et profiteurs du régime Ceauşescu) ».

Le discours médiatique proposé par la revue România Mare est centré essentiellement

sur la qualification péjorative. Nous avons considéré (tout comme Marty Laforest, Diane

Vincent, art.cit., p.62) qu’il est plus rentable du point de vue théorique de « penser l’insulte

comme un ensemble d’usages particuliers de la qualification péjorative, plutôt que comme

une catégorie autonome d’actes de langage menaçants ». Car Alcibiade (derrière lequel on

reconnaît le style de Corneliu Vadim Tudor) mélange habilement l’insulte, la moquerie, les

gros mots, les jeux de mots, la déformation linguistique, la diffamation, construisant un style

d’une violence extrême. Cette lecture nous a poussé à interpréter l’insulte, à la suite de Marty

Laforest, Diane Vincent (art.cit., p.61) comme « un acte sociale qui se mesure plus sur un

axe d’intentions […] que sur une échelle de grossièreté des mots utilisés », même si cette

grossièreté atteint des limites difficilement supportables.

Nous utilisons dans notre analyse la définition de la qualification péjorative donnée

par Marty Laforest, Diane Vincent, (art.cit., p.63) : « toute forme axiologiquement négative

(Kerbrat-Orecchioni, 1980) utilisée pour qualifier de façon dépréciative un individu

quelconque, que cet individu soit présent ou absent ».

7

Page 8: Art Gabi Leonardo

Nous avons répartis nos exemples à partir des neuf registres du langage violent

spécifiques au mental roumain proposés par Ruxandra Cesereanu (op.cit), registres que nous

avons complétés avec le Registre référentiel (qui détourne les noms propres, en appliquant à

la personne un nom propre chargé de connotations, tel Stan et Bran) et le Registre contextuel

(les appellatifs axiologiquement neutres devenant insultes dans certaines situations sociales et

discursives) :

Registre sous-humain : analfabet ca Dinescu, australopiteci, avortoni, bărbătuşul

Margaretei de Hohenzollern, căcăcioşi, ciupiţi, cocoşaţi, copii tembelizaţi, copil handicapat,

creatură nefericită, creieraş de coacăză uscată, cretini, foanfă, fonfănit, guşaţi, handicapatul

Nati Meir, homuncul ,idiot congenital, imbecil, jigodii, mameluci, mitocan, mongoloid,

Neanderthal-man, neîntreg la minte, nenorociţi, nichipercea, oligofren, om de Cromagnon,

păduchi, paralitic, pârlit, pişpirică, piticanie, pocitanie, primitiv, puradel, rateuri umane,

sărmane creaturi, scăpătat mintal, sclerozat, scursură, spaima trotinetelor, sperietoare de

ciori, talâmb, vârcolac,

Registre hygiénisant : a făcut geardia la cap, a făcut pe nebunul, bolnav de snobită,

bolnav psihic, cardiacii suferinzi de pitpalac, ciumat, confuză la minte, creier făcut terci,

daltonist progresiv, dezechilibrat, diliman, drogaţi, idiot congenital, mai ia nişte valeriană,

Valeriane, fiindcă stai rău cu nevii!, năroadă, oligofren, paranoic, partid de îmbuibaţi,

personaj dezaxat, psihopat, retardat, sondaje schizofrenice ale boschetarilor, zgubilitice,

zăpăcit,

Registre infractionnel : a ciordi, aurolac, bandit, bastarzi, beşleagă, borfaş ordinar,

borfaşi, boschetarul din cartierul ţigănesc al Sloboziei, calcă pe cadavre de români amărâţi,

canalii, căzături, comportament criminal, comportament de mardeiaş, ciubucari, denunţător

de profesie, derbedeu, drojdia societăţii, escroc, găinari, gangster, găşti de boschetari,

geambaşi, golan cu sânge stricat, haimanale, haimanaua de Dinescu, hoţ, hoţomani,

impostor, infractoare, infractor pur sânge, infractor, jagardele, japiţă, killer de profesie,

lefegii, lepădături, lepră, lichele, loaze, lumpeni, mafioţi, mafiotul arab, mafiotul evreu,

mameluci, manglitori, nemernic, parlagiu, presă necinstită, pungaşi, puşcăriabil, puşlamale,

şarlatan, scapete, sifiliticul din Slobozia, simbriaşi, ticălos, ţucălari, un individ fără

Dumnezeu, care n-are mamă, n-are tată, uscături, vagabonzi,

Registre de type bestiaire : animal de pradă, bărzăune, bătrân cocoş pcr-ist, bibilică,

boi, cămilă, cămiloi, cap de tenie, capre râioase, căpuşe, căţele, cintezoi, corcituri,

coropişniţe, coţofene, crocodil, curcan cherchelit, găini jumulite care cârâie, gândaci, godac,

hiene, hipopotam, insectă parazitară, juncan, lăcuste, libărci, lighioane, limacşi de canal,

8

Page 9: Art Gabi Leonardo

lipitori, lupi, măgar, maimuţoi, mârţoagă râioasă, mârţoagă răpănoasă, mârţoage,mistreţ,

muşte-n lapte, mutant, orătănii, ou de molie, păduche flauşat, păduchi în lanţ, papagal,

pechinezi, peşte, pintenogi, pitecantropi, piţigoi, poetul cimpanzeu (Mircea Dinescu), porcii

de la UDMR,, pupăză, purcică raţe, rechin, rechini politici, România urcată pe Arca lui Noe

are o maimuţă la timonă şi căpitan un papagal, Rottweiler, şacali, şarpe cu ochelari, satyrul,

scorpioni, şobolani, ştiuci Struţocămilă, ţapi bătrâni, vier, vipere, voce de şoarece fiert,

Vulpe turbată, vulpoi bătrân,

Registre religieux : Aghiuţă, capişte diavolească, diavol cu fustanelă, îl are pe dracul

în el, portari ai iadului,

Registre du putride et des excréments : aceste lăzi de gunoi fac scârbă, bale

puturoase, bălegar, bube, cocină, dizenterie verbală, duhoare de fariseu, duhori, Excrementul

zilei (Evenimentul zilei), făcătură scoasă din maţele puturoase ale unuia din cei trei dobitoci

(ziarişti), presă de rahat, foi (ziare) jegoase, gunoiul ăsta, IMAS este o dugheană

pestilenţială, împuţiciune, Împuţită, jeg moral marca România Liberă, jegul ambulant Marius

Vulpe, lada de gunoi pe care scrie Ziua, lături puturoase, lături, mătreaţă, putred ca un fetus

în formol, putregai, putregaiul ăsta de Mihai Iacob, cu nasul lui de gamelă turtită şi cu

mersul lui de ocnaş, rânced, scursori, slinos, spurcă totul, vidanjor, Vulpe e slinos şi lasă

păduchi pe unde trece, zoaiele pe care le varsă ziariştii, Zoe Petre e plină de cacofonii, ca

Ţapul de şmecherii. […] a scăpat pe guriţa ei în formă de cireaşă putredă. […] dacă o

scuturi puţin sar ploşniţele din ea ca dintr-o saltea veche,

Registre sexuel ou libidineux : acest Vulpe a fost avortat de mă-sa prin pulpe, bandă

de sodomişti, bărbătuş încornorat, căţele turbate (ziariste de la România Liberă), clonă

poponară, coardă, codoşi, curlangiu/kurlangiu, Evenimentul zilei îi face o clizmă trans-

sexualului care înfurie societatea românească prin deriva lui hormonală, fâşneaţă, fătălău,

femeie gonflabilă, frecangiu, gerontofilă, homosexual, impotenţi, individ care stă cu tenderu-

n sus, inginer labagiu, jartea, muierea rea de muscă, paiaţă trans-sexuală, paraşută

zdrenţuită, piţipoancă, poponar cu apucături pidosnice, porci geloşi, prostituată, proxenet,

putoretă, ştoarfă ieftină, târfuliţă, taur comunal, ţiitoare nimfomană, violat, violator

(lingvistic), violator de căţeluşe, vivandiere, Zoe Cur de Fier – Picior de Calorifer,

Registre funèbre : baba asta de Doina Cornea, boşorogi, lăutar bătrân, Madam

Căciulă (Doina Cornea), mamaie (Doina Cornea),minte rarefiată, moartea în vacanţă, Moş

Tăgârţă cu bulină roşie, preţiozităţi senile, puşlama bătrână, beşleagă, venerabilul prezident,

vulpoi bătrân,

9

Page 10: Art Gabi Leonardo

Registre référentiel : Echipa de la cârma României, un fel de Stan şi Bran de care râde

lumea când îi vede,

Registre xénophobe et raciste : “indieni” (ţigani), baragladină, ceangăi, ciorditor,

ciori răbegite, cioroi, corcitură ucraineană, fleoarţă negrişmană, garoi, mafiotul arab,

mafiotul evreu, negrişman, negroizi, odraslă de legionar, Parpangel, Piranda din Bacău,

puradei, şef al papuaşilor, smolit, spotingir, ţigan infractor, ţigani, ţigănuş, ursarul din

Slobozia, zlătari,

Registre contextuel : Tăriceanu, un dandy

Cette « belle » quantité d’exemples nous permet plusieurs lectures :

a. Lecture sémantique :

Ces onze registres se partagent en plusieurs champs sémantiques centrés sur les sèmes nucléaires :

Registre sous-humain

[+primitivisme] Neanderthal-man, om de Cromagnon, Australopitec, pitecantropi,

[+incomplétude ] avortoni, creieraş de coacăză uscată, homuncul, neîntreg la minte,

rateuri umane, sărmane creaturi,

[+difformité ] ciupiţi, cocoşaţi, guşaţi, fonfănit, paralitic, pişpirică, piticanie, mutant,

Registre hygiénisant

[+folie] a făcut pe nebunul, personaj dezaxat, mai ia nişte valeriană,

Valeriane, fiindcă stai rău cu nevii!, schizofrenice, bolnav psihic,

psihopat, creier făcut terci, paranoic, dezechilibrat, a făcut geardia la

cap, sifilitic,

[+bêtise] idiot congenital, oligofren, mameluc, beşleagă

Registre infractionnel

[+vol] a ciordi, ciorditor, bandit, borfaş ordinar, mardeiaş, escroc, găinari,

gangster, geambaşi, hoţ, hoţomani, infractoare, infractor, infractor pur

sânge, manglitori, pungaşi,

[+manque de

moralité]

bandit, borfaş ordinar, borfaşi, calcă pe cadavre de români amărâţi,

canalii, căzături, jigodie, comportament criminal, denunţător de

profesie, derbedeu, drojdia societăţii, escroc, găinari, golan cu sânge

stricat, haimanale, haimanaua de Dinescu, jagardele, japiţă, lefegii,

lepădături, lepră, lichele, loaze, lumpeni, mafioţi, mafiotul arab,

mafiotul evreu, nemernic, parlagiu, presă necinstită, pungaşi,

puşlamale, şarlatan, simbriaşi, ticălos, un individ fără Dumnezeu,

10

Page 11: Art Gabi Leonardo

care n-are mamă, n-are tată, vagabonzi, killer de profesie,

Registre du type bestiaire

[ + bêtise ] Bou, curca, gaina jumulită, orătănii, cap de tenie, maimuţoi, muşte-n

lapte,

[+ qui vivent du sang

d’autrui]

Căpuşe, lipitori, păduchi, insecte parazitare,

[+ méchanceté] Lupi, hiene, câini, vipera, şacal, scorpioni,

[+ saleté physique

et/ou morale]

Porc, şobolani, capre râioase, căţele, mârţoagă râioasă, gândaci,

godaci, limacşi de canal, mârţoagă râioasă, mârţoagă răpănoasă,

[+ démagogie] Bărzăune, papagal, cimpanzeu

[+ ruse] Vulpea,

[+ entêtement] Tap bătrân

[+ destructif] Mistreţ, coropişniţă, şoarece, lăcuste, ou de molie, şoarece,

Registre sexuel et libidineux

[+ prostitution} bărbătuş încornorat, căţele turbate (ziariste de la România Liberă),

codoşi, coardă, fâşneaţă, jartea, muierea rea de muscă, paraşută

zdrenţuită, piţipoancă, prostituată, proxenet, putoretă, ştoarfă ieftină,

târfuliţă, taur comunal, violator (lingvistic), femeie gonflabilă, Zoe

Cur de Fier – Picior de Calorifer,

[+ déviations

sexuelles]

bandă de sodomişti, curlangiu/kurlangiu, gerontofilă, homosexual,

individ care stă cu tenderu-n sus, inginer labagiu, paiaţă trans-

sexuală, poponar cu apucături pidosnice, ţiitoare nimfomană, violator

de căţeluşe, clonă poponară, Evenimentul zilei îi face o clizmă trans-

sexualului care înfurie societatea românească prin deriva lui

hormonală, fătălău

Registre xénophobe et raciste

[+ ethnie] ceangăi, cioroi, mafiotul arab, mafiotul evreu, şef al papuaşilor,

zlătari, ţigani, “indieni” (ţigani), Piranda din Bacău,

[+ couleur spécifique

de la peau]

baragladină, cioroi, ciori răbegite, fleoarţă negrişmană, garoi,

negroizi, smolit, ursarul din Slobozia, “indieni” (ţigani), negrişman,

Registre funèbre

[+aspect physique} Madam Căciulă (Doina Cornea), mamaie (Doina Cornea), moartea în

vacanţă, baba asta de Doina Cornea, vulpoi bătrân, lăutar bătrân,

11

Page 12: Art Gabi Leonardo

venerabilul prezident,

[+ sénilité] vulpoi bătrân, boşorogi, minte rarefiată, preţiozităţi senile, puşlama

bătrână, beşleagă

b. Lecture typologique.

En ce qui concerne les différents types d’insultes, dans le corpus analysé on retrouve :

Types d’insultes Exemples

insultes usuelles Proasto, năroado, idioţilor, cretinilor, oligofrenilor

insultes réflexes Hai, sictir, măgarilor !

insultes tactiques Violatorul de găini are apucături de măgar

insultes situationnelles Aucun exemple trouvé dans le corpus.

insultes essentialistes Politicienii români sunt nişte zdrenţe, care se fac preş la

picioarele străinilor

insultes contextuelles Tăriceanu, un dandy, mamaie, lăutar bătrân, venerabilul

prezident

insultes auto-adressées (je > je) ; Aucun exemple trouvé dans le corpus.

insultes délocutives (je > il) Presque tous les exemples du corpus.

insultes directes (je > tu) Ce mizerii visezi, fă, proasto ? / N-ai nimerit-o, zuzo ! /

Nu ţi-e ruşine, sugativo,. … ? / Mai tacă-ţi fleanca aia

odată, hiena naibii ! / Ce legătură are una cu alta, mă,

năroado ? / […] tot protejat era, mă, idioţilor? / N-aveţi,

băi, aceştia, ce să ziceţi de Vadim? / Arză-v-ar focul de

cretini ! / Care urlete, mă, oligofrenule?

insultes rituelles   Confuză la minte (şi-a pus bigudiurile pe dinăuntru)

fausses insultes Mă, bretelatule ! (Marius Tucă)

5.3. Lecture lexicale.

Dans le corpus analysé on retrouve :

5.3.1. jeux de mots :

- Piticul Utecilă - Deşpagă-te, române!- Excrementul zilei (Evenimentul zilei),- PSD – prăvălie cu ace, brice şi varice- PNL – Păduchii Nemişcaţi şi Lacomi,- Partidul Tineretului Democrat- Derahat- Un boţ de dudă din Dudeşti

12

Page 13: Art Gabi Leonardo

- Firmă maţ-media- Ponta pontează « cartela » în aparatul Dacianei- Decât să te laude Mironov, mai bine un cocteil Molotov- Radu Podgoreanu care nu e pachistanez, ci pechinez- Mai ia nişte valeriană, Valeriane   ! - Medalia “folkul şi porkul”- Dan Matei Şpagathon (Dan Matei Agathon)- Ţap, Ţapulină (Emil Contsntinescu)- Eu sunt rodul transhumanţei. Rodul? Poate Romul!- Primul a studiat la Viena, al doilea la Nivea… - Dan Pavel este netot şi antitot- Sondaj dat spre digerare şi defecare- Acest Niţelea este un niţel…

5.3.2. structures rimées :

- îl pune capră pe Bonbon care transpiră gudron- ţigani la mangleală şi cerşeală- un Mucea-Flaimucea ca acest Andrei Şerban- poloboc pe nume Boc- Scorţos ca un eschimos- Zoe Petre e plină de cacofonii, ca Ţapul de şmecherii- Se dă în bărci şi tot felul de libărci…- Arde gazul şi beleşte prazul …- Frază perfect rotundă şi bolundă …- Ciripoi e un gunoi! - Bombonel – disperat, moftangiu, frustrat şi bulangiu- A făcut pe el treaba mică (pipilică) şi treaba mare (bălegare) uitându-se la Bombonel

ca la un guru … - Zoe Cur de Fier – Picior de Calorifer,- Borfaşu Neacşu …

5.3.3. structures symétriques :

- mare degustător de vinuri şi mic dezgustător de oameni ; - el îşi face oficii, dar se gândeşte tot la orificii (Adrian Năstase)- ele scriu UE, dar se gândesc la MUE …

5.3.4. structures pornographiques

- Petre Roman – se pare că n-are nici puţă (i-au mâncat-o raţele, ştiucile şi alţi crocodili în Dunăre)…

- Iliescu stă cu nasul în petecul de negreaţă al Corinei Creţu aşa cum stă un aurolac cu nasul în punguţă …

5.3.5. déformations nominales :

- dégradation de la personne par l’orthographe en minuscules de son nom propre :

- danpavel- şi alţi hrebenciuci

13

Page 14: Art Gabi Leonardo

- déformations ridiculisantes des noms propres :

- Dan Matei Şpagathon- Radu Duda sau Buda- Ticu Limbricu (Ticu Dumitrescu)- Criminal Turbo Porcescu (Cristian Tudor Popescu)- Siclităroaica (Lavinia Siclitaru)- Nu-l cheamă Hossu, ci Hoţu- Iulişca Mueleanu (Iulea Nueleanu)- Hainagiu sau poate Haimanagiu- Academia Ştefan Burghiu (Ştefan Gheorghiu- Aristide Buboiu (Buhoiu)

- fausses étymologies :

- numele Feldman vine de la Fecale (în dialectul zuluşilor)

5.3.6. expansions incontrôlées

- Degeratu, Sănuiţă şi alţi eschimoşi- Sanda Piranda, pe care o chinuie menopauza (ai grijă să nu dai în andropauză)- Poloboc pe nume Boc, seamănă cu un pekinez, puşlama bătrână…- Scorţos ca un eschimos împăiat (Mircea Geaonă)- Ai grijă să nu care cumva să te penetreze organul etnic în erecţie al românilor din

Ardeal… - Mai degrabă e proastă mă-sa care l-a făcut pe papagalul ăsta cu mutra lui de

ţârcovnic hrănit cu vânturi de fantomă …- Ciobiţi la cap şi la suflet, gimnaşti de cuvinte ticăloşite ….- Minte rarefiată pe care şi-o piaptănă cu peria de scânduri …- guriţa ca o cireaşă putredă a lui Michael Guest sau poate n-a vorbit el ci vreun

spermatozoid care i s-o fi înţepenit între dinţi … - A ajuns ditamai Ţapul călare pe Mioriţa …- Mutra lui zbârcită de negustor de piei de cloşcă (Evghenii Primakov)- Evenimentul zilei îi face o clizmă trans-sexualului care înfurie societatea românească

prin devierea lui hormonală … - Pacient cu faţă de testicul degerat (Ponta)- Bulbucat cu gâtul pe rotile (Dan Matei Agathon)- ţigan cu capul minuscul şi asimetric turtit de forceps … - Zoe Petre e plină de cacofonii, ca Ţapul de şmecherii. […] a scăpat pe guriţa ei în

formă de cireaşă putredă. […] dacă o scuturi puţin sar ploşniţele din ea ca dintr-o saltea veche,

- Traian Băsescu este atât de beat încât nu simte că porcii de la UDMR se băs… băs … băsescu în nasul lui …

- putregaiul ăsta de Mihai Iacob, cu nasul lui de gamelă turtită şi cu mersul lui de ocnaş

- dă cu ovule după noi, parcă e o ploaie de meteoriţi… - mitocan cu fălci de buturugă şi ochi de hipopotam biciclist …

5.3.7. stéréotypes dénigrants

- guriţa ca o cireaşă putredă a lui Michael Guest / Zoe Petre […] a scăpat pe guriţa ei în formă de cireaşă putredă.

14

Page 15: Art Gabi Leonardo

5.3.8. inventions lexicales :

- zâmbat (a zâmbi + sufixul – at ?)- Popescu Bombagiul (bombă + sufixul -giu ?)- Căpăţâna de zombi a marelui ambuscat Popescu- Pizuraş mărunt - Parlagiu (parla-mentar + palavra-giu)- Bolnav de snobită (snob+ sufixul –ită)- Cipilicari (cipilică + sufixul ar)- Ţucălari (ţucal + sufixul – ar)

5.3.9. Une « poétique » du dénigrement :

Les hommes politiques, les intellectuels, les écrivains représentent la cible préférée de

Alcibiade pour des « fantaisies injurieuses » (le terme appartient à Ruxandra Cesereanu, op.

cit., p. 107) débordantes :

- Octavian Paler : Domnul zero, Clăpăugea, mare sculă pe basculă- Ana Blandiana : Ana Bâzdâcoasa, Arpagicova, fată pisici,- Doina Cornea : muma pădurii, Madam Căciulă, mamaie, moartea în vacanţă, babă

care are hormoni răscopţi şi cap de cactus,- Cristiana Tudor Popescu: Popescu bombagiul, satanist, Criminal Turbo Porcescu,

Cristian şi Tudor şi Popescu, crocodilul Chelioja, mare ambuscat cu căpăţână de zombi, - Valeriu Stoica: Albinosul, criminal şi vânzător de copii- Tia Şerbănescu: pramatie bătrână, strămoaşă a caprei- Nistorescu: Şarpele cu Ochelari- Robert Turcescu: Fulgerică, puradel cu freză de frizer, dată cu ulei de nucă- Andrei Pleşu: Andrei Peleş, Pleşcaru, Piticul Somnorilă, Suzana Pleşu/Andrei Gîdea

(allusion à un ministre de l’époque de Ceauşescu, Suzana Gâdea), omul cu barba creponată, kurland

6. EN GUISE DE CONCLUSION

Devant cette énorme quantité d’exemples tirés du journal România Mare, nous

devons être d’accord avec le fait que la qualification péjorative existe, elle représente un

phénomène langagier bien représenté dans le discours médiatique roumain. L’insulte est, elle

aussi, une réalité communicationnelle. Les marginaliser, les exclure du champs de l’analyse,

représenterait une attitude scientifiquement appauvrissante, qui ne tiendrait pas compte de

l’usage de la langue.

Notre objectif a été double : linguistique, pour la compréhension des structures

discursives de la qualification péjorative, et, en même temps, thérapeutique, pour tirer le

signal d’alarme devant ce phénomène de prolifération du langage violent dans la presse

roumaine.

15

Page 16: Art Gabi Leonardo

L’analyse du matériel linguistique fourni par le journal România Mare nous a

conduit à quelques conclusions :

Le journal România Mare utilise en excès les registres grossier, vulgaire,

« l’explosion calomnieuse et insultante » s’axant sur la « défulation plébéienne offerte aux

lecteurs » (R.Cesereanu, op.cit., p. 117). La preuve est donnée par le grand tirage du journal

de la période 1990.

Nous avons utilisé pour notre analyse les exemples donnés par R.Cesereanu dans son

analyse de la période 1990. Nous avons analysé les articles « Săptămâna pe scurt » signé

Alcibiade des années 1995, 2003, 2004, 2005. Nous avons voulu voir s’il y a des changements

et des évolutions dans la violence discursive pratiquée dans le journal. Nous avons remarqué

un certain immobilisme discursif sur la période de 15 ans de l’existence du journal, symptôme

qui nous semble dangereux, car il y a le péril que tout ce discours qui se veut intransigeant

jusqu’à l’extrême ne devienne une autre « langue de bois », avec inflation verbale,

institutionnalisation du cliché, avec des stéréotypies dénigratives et une prévisibilité beaucoup

trop marquées. Le seul changement constaté a été une plus grande change pornographique

pour l’année 1990, charge qui s’est maintenue avec une certaine diminution pendant les

autres périodes analysées.

Nous sommes devant un discours marqué par une inventivité lexicale énorme, une

préférence soutenue pour les jeux de mots, pour les structures homophones, les déformations,

les structures métonymiques.

PISTES ULTERIEURES DE RECHERCHE. Ce serait intéressant de continuer

cette analyse pour enregistrer tous les changements et les évolutions possibles entre 1990 et

2005 dans la qualification péjorative telle que celle pratiquée dans le journal d’extrême droite

România Mare. Tout comme une analyse comparative du discours médiatique d’extrême

droite roumain et français pourrait fournir des constatations extrêmement intéressantes pour

les deux espaces discursifs.

BIBLIOGRAFIE

Beaumatin, E., « La violence verbale. Préalable à une mise en perspective linguistique » dans

Atalaya, No. 5, 1995, pp. 21-35.

Cesereanu, Ruxandra, Imaginarul violent al românilor, Bucureşti, Humanitas, 2003.

Derive, J., Derive, M.-J., « Processus de création et valeur d’emploi des insultes en français

populaire de Côte-d’Ivoire », dans Langue française, No. 144, décembre 2004, pp. 13-

34.

16

Page 17: Art Gabi Leonardo

Ernotte, Ph., Rosier, L., « L’ontotype : une sous-catégorie pertinente pour classer les

insultes ? » dans Langue française, No. 144, décembre 2004, pp 35-48.

Fisher, S., « L’insulte : la parole et le geste » dans Langue française, No. 144, décembre

2004, pp. 49-58.

Kerbrat-Orecchioni, C., De la subjectivité dans le langage, Paris, Armand Colin, 1980.

Laforest, M., Vincent, D., « La qualification péjorative dans tous ses états » dans Langue

française, No. 144, décembre 2004, pp. 59-82.

Lagorgette, D., Larrivée, P., « Introduction » dans Langue française, No. 144, décembre

2004, pp. 3-12.

Lagorgette, D., « Les axiologiques négatifs sont-ils une classe lexicale ? » in J.Derive et

S.Santi éds. La communauté, fondements idéologiques et psychologiques d’une

représentation identitaire, Actes des journées d’études doctorales (SHHS),

Grenoble/Chambéry, Maison des Sciences de l’Homme, Alpes/CERIC, pp. 117-148.

Lagorgette, D., Larrivée, P., « Interprétation des insultes et relations de solidarité » dans

Langue française, No. 144, décembre 2004, pp. 82-104.

Le Corre, G., « Les marques morpho-dynamiques de l’insulte en Langue des Signes

Française » dans Langue française, No. 144, décembre 2004, pp. 105-124.

Perret, D., « Termes d’adresse et injures » dans Cahiers de lexicologie, Vol. 12, No. 1, pp. 3-

14.

17