appel à communications - atelier sur l'énergie

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« Entre Etat et marchés, la dynamique du commun : vers de nouveaux équilibres » Atelier sur l’énergie Il est aujourd’hui communément admis que le monde est engagé dans la transition énergétique. Mais ce terme recouvre en fait au moins trois mutations, avec des dynamiques propres, dont la convergence est loin d’être évidente : Il y a d’abord, la plus visible, l’impulsion politique donnée pour la lutte pour le changement climatique. Depuis la COP21, les engagements répétés des acteurs étatiques et non étatiques (collectivités, entreprises) montrent que cette transition est irréversible. Il reste une incertitude sur le rythme de cette transition : à quelle vitesse les acteurs seront-ils capables de s’engager, et cela sera-t-il suffisant pour atteindre les objectifs fixés ? En parallèle, le monde de l’énergie est confronté à des mutations technologiques sans précédent : marché des hydrocarbures bouleversé par les gaz de schistes ; baisse vertigineuses du coût de énergies renouvelables et du stockage de l’énergie, qui ajoute aux vertus écologiques de ces vecteurs une compétitivité économique sans précédent ; intégration des potentialités du numériques pour rendre les modes de production, les réseaux, les modes de consommations connectés et « intelligents »… toutes ces innovations redistribuent les mérites respectifs des technologies, et leur potentiel de croissance. Enfin, le marché de l’énergie vit une transformation extrêmement rapide. Il y a bien sûr les évolutions erratiques du cours des hydrocarbures, mais également en Europe la libéralisation des marchés de l’énergie, qui s’accompagne paradoxalement d’une hyperrégulation, et enfin en lien avec les deux autres mutations, un contexte de surcapacité sur le marché de l’énergie. Les business models des entreprises s’en trouvent requestionnés. Mais cette triple approche est en fait loin d’épuiser la question de la transition énergétique. L’énergie est en effet un élément sociétal avant d’être un simple facteur de production : elle est tellement omniprésente dans nos vies qu’elle modèle les sociétés. Les questions que soulèvent la transition énergétique ne sauraient donc être abordées d’un simple point de vue technologique ou économique. Cette transition pourrait même être l’opportunité de requestionner l’appropriation de la question de l’énergie, par les Etats et le marché. En effet, dans cette transition, les modes de production, les modes de distribution et les modes de consommation évoluent : on s’oriente d’un modèle de production centralisée/distribution/consommation, vers un modèle de production décentralisée/échange/consommation intelligente. Ces trois évolutions font émerger de nouveaux paradigmes, comme celui de la territorialisation de la production, ou celui de l’intelligence des réseaux et des consommations. Il est possible que ces nouveaux paradigmes restent appropriés par l’Etat et les marchés, le consommateur restant un client, mettant à disposition les informations sur son mode de vie, permettant d’optimiser le système énergétique et les modèles d’affaires des entreprises. Mais

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Page 1: Appel à communications - Atelier sur l'énergie

«EntreEtatetmarchés,ladynamiqueducommun:versdenouveauxéquilibres»

Ateliersurl’énergie

Il est aujourd’hui communément admis que le monde est engagé dans la transitionénergétique. Mais ce terme recouvre en fait au moins trois mutations, avec desdynamiquespropres,dontlaconvergenceestloind’êtreévidente:Il y a d’abord, la plus visible, l’impulsion politique donnée pour la lutte pour lechangementclimatique.DepuislaCOP21,lesengagementsrépétésdesacteursétatiqueset non étatiques (collectivités, entreprises) montrent que cette transition estirréversible.Ilresteuneincertitudesurlerythmedecettetransition:àquellevitesselesacteurs seront-ils capables de s’engager, et cela sera-t-il suffisant pour atteindre lesobjectifsfixés?

Enparallèle, lemondede l’énergie est confronté àdesmutations technologiques sansprécédent: marché des hydrocarbures bouleversé par les gaz de schistes; baissevertigineusesducoûtdeénergiesrenouvelablesetdustockagedel’énergie,quiajouteauxvertusécologiquesdecesvecteursunecompétitivitééconomiquesansprécédent;intégrationdespotentialitésdunumériquespourrendrelesmodesdeproduction, lesréseaux, les modes de consommations connectés et «intelligents»… toutes cesinnovations redistribuent les mérites respectifs des technologies, et leur potentiel decroissance.

Enfin,lemarchédel’énergievitunetransformationextrêmementrapide.Ilyabiensûrles évolutions erratiques du cours des hydrocarbures, mais également en Europe lalibéralisation des marchés de l’énergie, qui s’accompagne paradoxalement d’unehyperrégulation, et enfin en lien avec les deux autres mutations, un contexte desurcapacité sur le marché de l’énergie. Les business models des entreprises s’entrouventrequestionnés.

Mais cette triple approche est en fait loin d’épuiser la question de la transitionénergétique.L’énergieesteneffetunélémentsociétalavantd’êtreunsimplefacteurdeproduction: elleest tellementomniprésentedansnosviesqu’ellemodèle les sociétés.Lesquestionsquesoulèvent la transitionénergétiquenesauraientdoncêtreabordéesd’unsimplepointdevuetechnologiqueouéconomique.Cettetransitionpourraitmêmeêtre l’opportunitéde requestionner l’appropriationde laquestionde l’énergie,par lesEtatsetlemarché.Eneffet,danscettetransition,lesmodesdeproduction,lesmodesdedistribution et les modes de consommation évoluent: on s’oriente d’un modèle deproduction centralisée/distribution/consommation, vers un modèle de productiondécentralisée/échange/consommationintelligente.Cestroisévolutionsfontémergerdenouveauxparadigmes,commeceluidelaterritorialisationdelaproduction,ouceluidel’intelligence des réseaux et des consommations. Il est possible que ces nouveauxparadigmes restent appropriés par l’Etat et lesmarchés, le consommateur restant unclient, mettant à disposition les informations sur son mode de vie, permettantd’optimiser le système énergétique et les modèles d’affaires des entreprises. Mais

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d’autres pistes sont également possibles, comme le montrent par exemple l’intérêtcroissant des collectivités pour organiser la production et la consommation locale del’énergie; les initiatives de financement participatif de parcs de productionrenouvelables, impliquant directement les riverains; l’installationpar les particuliersde dispositifs de production d’énergie privilégiant l’autoconsommation plutôt que laventesurleréseau;lesopportunitésqueprésententlenumériquepourmieuxmaîtrisersa consommation, échanger localement des énergies… toutes ces initiatives sembledonnerunechanceaucommundeprendreuneplaceaucôtédumarchéetdel’Etatdanslesystèmeénergétiquededemain.