anesthésie régionale en pédiatrie - ii · paravertébraux : fuites ++ (↗ ... Écho-anatomie l...
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Anesthésie régionale en pédiatrie - II
Blocs neuraxiaux et blocs périphériques
Bernard Dalens, MD, PhD Université Laval & CHUL
Blocs neuraxiaux l Spécificités anatomiques l Indications l Sécurité de réalisation l Techniques :
l rachianesthésie l anesthésie caudale l anesthésies péridurales
Spécificités anatomiques l Terminaison basse de la moelle :
l Moelle : L3-L4 (Nné) vs T12 (adulte l Cul de sac dural : S4 (Nné) vs S1-S2 (adulte)
l Hiatus sacré facilement accessible (< 6 ans) : anesthésie caudale
l Sacrum non fusionné : abord intervertébral sacré postérieur jusqu’à 25 ans
l Myélinisation incomplète et faible distance entre les nœuds de Ranvier : solutions peu concentrées suffisantes
Indications
l Analgésie per- et post-opératoire : l chirurgie sous-ombilicale, urogénitale,
orthopédique et carcinologique de la ceinture pelvienne et des MI
l chirurgie thoracique l chirurgie cardiaque : controversé
l Contre-indications de l'AG : diabète, insuffisance cardiaque ou respiratoire, myopathie, hyperthermie maligne
Sécurité de réalisation
l Contre-indications médicales : idem adulte l infection (générale et au site de ponction) l troubles de l'hémostase l hypovolémie non corrigée l troubles psychotiques graves l neuropathies démyélinisantes en évolution : à
discuter +++ l Contre-indication non médicale
l Refus parental
Rachianesthésie
Liquide cérébrospinal l Nnés : > 10 ml/kg (40 à 60 ml) l Nourrissons < 15 kg : 4 ml/kg l Enfants : 3 ml/kg l Adolescents/Adultes : 1,5-2 ml/kg (157 ± 59 ml)
ml/kg
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
10
Nouveau-né Nourrisson Enfant Adolescent
Indications de rachianesthésie
l Interventions sur les membres inférieurs l Chirurgie des orifices herniaires (ancien
prématuré < 60 semaines post-conception, après détresse respiratoire ou avec anémie (HTC < 30%)
l Morphine intrathécale : analgésie pour chirurgie majeure (scolioses, chirurgie cardiaque pour certains)
Technique
l Matériel : aiguille à PL courte (22 G, 30 mm), aiguille à biseau Quincke (25 G, 30 mm), double biseau ou embout Whitacre
l Position : défléchir la tête ++ (apnée)
Doses nourrisson < 5 kg
Anesthésique local Dose (mg/kg)
Volume (ml/kg)
Durée (min)
Tétracaïne 1% 0,4 -1 0,04-0,1 60-75 Tétracaïne 1% avec
épinéphrine 0,4 -1 0,04 -0,1 90-120
Bupivacaïne 0,5 % iso ou hyperbare
0,5 -1 0,1-0,2 65-75
Ropivacaïne 0,5% 1,08 0,22 51-68 Lévobupivacaïne 0,5 % 1 0,2 75-88
Doses enfant et adolescent
AL Posologies usuelles Bupivacaïne 0,5%
hyperbare L-bupivacaïne
isobare
- < 5 kg : 0,5 à 1 mg/kg (0,1-0,2 ml/kg) - 5-15 kg : 0,4 mg/kg (0,08 ml/kg) - > 15 kg : 0,3 mg/kg (0,06 ml/kg)
Ropivacaïne 0,5% isobare
- 0,5 mg/kg (max 20 mg)
Anesthésie caudale
Trou sacré postérieur
Corne sacrée
Hiatus sacré
Gouttière sacrée Crête médiane postéro-externe
Espace L4-L5
Hiatus sacré Espace S2-S3
Anesthésie caudale
l Indications : chirurgie de la moitié inférieure du corps (herniorraphies, ectopies, MI)
l Contre-indication : malformation sacrée majeure, méningite, myéloméningocèle
l Injection unique ; cathéter possible mais à retirer en fin d'intervention
l utilisable en chirurgie ambulatoire
Écho-anatomie Corne sacrée Membrane
sacro-coccygienne
Canal spinal
Canal épendymaire
Cône médullaire
Filum terminal
Queue de cheval
Corps vertébral
de L2
Disque intervertébral
Crête iliaque Membrane sacrococcygienne
Corne sacrée
Solutions anesthésiques
l Lidocaïne ou mépivacaïne : 5 à 8 mg/kg l Bupivacaïne :
l > 1 an : maximum 3 mg/kg (1,2 ml/kg d’une solution à 0,25 % ou 0,6 ml/kg d’une solution à 0,5 %)
l < 1 an : maximum 2 mg/kg (0,75 ml/kg d’une solution à 0,25 % ou plus grand volume d’une solution moins concentrée)
Solutions anesthésiques
l Ropivacaïne : l nourrisson : jusqu’à 3 mg/kg l enfant : jusqu’à 4 mg/kg d’une solution à 0,2 ou
0,5% l Lévobupivacaïne :
l jusqu’à 3 mg/kg chez le nourrisson l jusqu’à 3,5 voire 4 mg/kg chez l’enfant
Anesthésie caudale : bilan
l Diffusion habituellement homogène et symétrique jusqu’à 6 ans
l Taux de succès élevé mais tolérance souvent médiocre de la paralysie motrice par l'enfant
l Complications rares mais non nulles
Anesthésie péridurale lombaire
Espace péridural : particularités
l Lobules graisseux lâches et structure aréolaire jusqu'à 6-7 ans : diffusion ↗ des AL
l Communications libre avec espaces paravertébraux : fuites ++ (↗ volume injecté)
l Veines péridurales sans valvules l Ligaments vertébraux peu denses : perte de
résistance difficile à percevoir chez le nourrisson (gaz > liquide pour détecter espace épidural)
Ligament jaune Sac dural Moelle lombaire Cone médullaire Queue de cheval Espace épidural
L5
Adulte Enfant Nouveau-né
Repères
Écho-anatomie
L1
Ligament jaune Dure-mère Cône médullaire
Ligament longitudinal postérieur
Technique
l Matériel : aiguille à biseau Tuohy, Crawford ou Whitacre ; longueur et diamètre appropriés (22 G & 30 mm, 20 G & 50 mm, 19 G & 100 mm) ; cathéters appropriés
l Technique de ponction : comme chez l’adulte mais patient anesthésié le plus souvent (donc en décubitus latéral)
Doses recommandées d'AL
l Bolus : 0,1 ml/an/neuromère (en pratique : 0,5 à 1 ml/kg jusqu'à 20 ml)
l Réinjections (bupivacaïne) : l intermittentes : même volume, 1/2 concentration
toutes les 90 min l perfusion continue (solution à 0,1% ) :
l premières 24 h : 0,1 ml/h/an l 24 h suivantes : 0,05 ml/h/an (enfants > 1 an) l puis 0,25 ml/h/an
Additifs
Additifs Doses Réinjections
Morphine 30 µg/kg 30 µg/kg/12h
Fentanyl 1-2 µg/kg 1,5 µg/kg/h
Sufentanil 0,3-0,6 µg/kg 0,375 µg/kg/h
Clonidine 1-2 µg/kg 2-4 µg/kg/24h
Dexmédétomidine 1-2 µg/kg 0,5 µg/kg/24h
PCEA morphine: 2-4 µg/kg/h avec bolus de 1µg/kg (limite 4 heures: 30 µg/kg)
Autres péridurales
Épine iliaque postéro-supérieure
Crête iliaque Hiatus sacré
Point de ponction
Péridurale sacrée
Péridurale thoracique
Th7
Distance peau-espace péridural
0
10
20
30
40
50
60
70
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Thoracique Lombaire Sacrée Caudale
Âge en années
Prof
onde
ur e
n m
m
Blocs périphériques l Indications
l Localisation nerveuse
l Règles de sécurité
l Blocs de conduction
l Blocs d’espace
Indications
l Théoriquement les mêmes que chez l’adulte l Technique analgésique et non anesthésique
chez l’enfant : évaluer bénéfices/risques par rapport aux autres techniques d’analgésie
l Limitations en Amérique du Nord : l absence d’enseignement l gestion de l’analgésie postopératoire par les
chirurgiens l peur du « syndrome compartimental »
Localisation nerveuse
l Doit être indépendante de la coopération du patient qui, en outre, est souvent anesthésié
l Associer 2 moyens physiques de localisation si possible l neurostimulation et échographie l échographie et perte de résistance
Échographie : particularités pédiatriques l Attention à la disproportion entre la taille du
nourrisson et celle des sondes US l Faible constraste nerveux l Certains nerfs ne sont pas repérables parce
que leur taille est < pouvoir de résolution de la sonde : branche terminale du Xème nerf intercostal, nerf dorsal du pénis etc.
l Les aponévroses sont très échogènes chez le jeune enfant : ce sont de bons repères !
3 ans
Nerf fémoral
16 ans
Noter la différence d'échogénicité des aponévroses
Blocs d'espace : plus faciles
l Attention aux artéfacts résultant de la forte échogénicité aponévrotique !
Interface concave
Image en miroir (sans existence réelle)
Muscle grand droit
Échographie : particularités pédiatriques
l Plus l'enfant est jeune : l plus les structures sont proches de la surface
mais plus elles sont "petites" également l plus les pressions artérielle et surtout veineuse
sont basses → grande sensibilité à l'écrasement par la sonde (les vaisseaux ne sont plus visibles… mais ils sont toujours là !)
Identification des structures
l Nerf : change d'aspect selon l'orientation de la sonde par rapport à son trajet
l Artère : légère pression majore la pulsatilité, une forte pression la fait disparaître
l Veine : une pulsatilité transmise par une artère voisine est fréquente
l Tendon : s’épaissit et devient musculaire. l Ganglion : une taille limitée et disparaît
rapidement de l’image
Règles de sécurité l Surveillance monitorée égale à celle
préconisée pour le même geste sous AG l Sédation du patient ou AG légère l Évaluation de l'étendue du bloc l Contrôle postopératoire de la récupération
motrice l Choisir la technique la moins risquée l Expliquer clairement avantages et
inconvénients de la technique proposée
Blocs d’espace : typiquement les blocs de nerfs du tronc
N. sous-costal N. iliohypogastrique N. ilioinguinal N. spermatique externe N. cutané latéral N. dorsal du pénis
Innervation inguinale
Oblique externe
Oblique interne
Transverse
Crête iliaque
EIAS
Épine du pubis Position de la sonde
d'échographie
Bloc ilio-inguinal et iliohypogastrique
Tri-bloc inguinal : indications
l Chirurgie de la région inguinale et du cordon : herniorraphies et hernies étranglées, hydrocèle et kyste du cordon, orchidopexie (avec bloc périnéal)
l Intérêt +++ pour la chirurgie ambulatoire (pas d'impotence des membres inférieurs)
l Complément analgésique chez le prématuré opéré sous anesthésie spinale
Tri-bloc inguinal : technique
l Position : décubitus dorsal l Point de ponction : union quart externe - 3
quarts internes de la ligne ombilic - EIAS l Pincement cutané et orientation de l'aiguille à
45° vers le milieu du ligament inguinal l 1 seul ressaut : aponévrose externe du
muscle oblique externe l Volume : 0,2 -0,3 ml/kg d'anesthésique local
Crête iliaque
Oblique externe
Artère et veine spermatique
Tri-bloc inguinal
Bloc ombilical
l Indication : cure de hernie ombilicale, hernie de la ligne blanche
l Technique : introduire, des deux côtés, une aiguille à biseau court au travers de l’aponévrose du grand droit à 3-4 cm de la ligne médiane
l La gaine franchie (résistance franche), injecter en éventail 0,2 mL/kg/côté de bupivacaïne à 0,5% (intérêt de l'échographie)
Xème nerf intercostal Branche terminale Muscle grand droit Aponévrose profonde Aponévrose superficielle
Branche latérale
Branche antérieure de la branche latérale
Branche postérieure récurrente
Anneau ombilical Grand droit Grand droit
Cavité péritonéale
Bloc pénien l Indication : chirurgie du
pénis (prépuce, gland ++) l Position : décubitus dorsal,
pénis tiré vers le bas pour tendre le fascia de Scarpa
l Repères : symphyse et branches du pubis
l 2 ponctions, de part et d'autre de la ligne médiane
Vessie
Os pubien
Fascia de Scarpa
Corps caverneux
Espace sous-pubien
Blocs du plexus brachial Spécificités pédiatriques
Spécificités pédiatriques
l Sommet pulmonaire et plèvre apicale : situés dans le cou
l Les trois cordons du plexus sont situés dans une gouttière creusée dans le parenchyme pulmonaire : éviter les abords juxta-claviculaires du plexus brachial chez le nourrisson, même sous échographie
Racines du plexus brachial A. sub-clavière Plèvre apicale Sommet pulmonaire Thymus Clavicule 1ère côte
V. sub-clavière
Indications l Indications générales
l chirurgie d'urgence sur le membre supérieur l analgésie postopératoire après chirurgie réglée
l Blocs axillaires : à envisager en premier lieu ; chirurgie du bras, l'avant-bras et la main
l Blocs supra-claviculaires : chirurgie de l'épaule, du bras et du coude
l Blocs interscaléniques : chirurgie de l'épaule (rare chez l'enfant)
Contre-indications
l CI générales : infection au site de ponction, hypocoagulabilité sévère du patient (surtout pour les blocs au niveau du cou et du thorax), enfant "incontrôlable", refus parental
l CI spécifiques (problèmes respiratoires ou bloc susclaviculaire bilatéral, sauf bloc parascalénique)
l Cas particulier : risque de syndrome des loges (ou compartimental)
Sternocléido-mastoïdien
Scalène antérieur
Scalène moyen
Sonde
Bloc supraclaviculaire échoguidé
Blocs infraclaviculaires thoraciques
l Position : l décubitus dorsal, l tête neutre ou tournée du côté opposé, l bras le long du corps ou en abduction à 90°
(meilleure diffusion circonférentielle) l Repères : sillon delto-pectoral, coracoïde,
clavicule l Solutions anesthésiques : 0,5 ml/kg jusqu'à
25 ml
Bloc infraclaviculaire thoracique
l Point de ponction l 1-2 cm au-dessous
de la clavicule, sur la parallèle au grand axe du corps tangente au bord médial de la coracoïde
Apophyse coracoïde
Sonde
Bloc axillaire
l Position : décubitus dorsal
l Repères : grand pectoral, coracobrachial, artère axillaire
l Ponction : intersection des 2 muscles (fossette)
l Solutions anesthésiques : 0,5 ml/kg jusqu'à 25 ml
A
V MC
Bloc du nerf fémoral
Bloc spécifique du fémoral
l Indications : chirurgie urgente et non urgente de la cuisse (fractures du fémur ++)
l Équipement : aiguille à biseau court de 35-50 mm de long; éviter stimulation électrique en cas de fracture du fémur
l Solutions anesthésiques : 0,5 ml/kg jusqu'à 25 ml
l Complications : ponction de l'artère fémorale (rare)
Sonde d'échographie Ligament inguinal
Épine du pubis
Épine iliaque antéro-supérieure
Artère fémorale
A. fémorale superficielle
Génitofémoral N. fémoral
A. fémorale profonde
V. fémorale
16 ans
3 ans
Bloc iliofascial
l Indications : chirurgie, urgente ou non, de la cuisse
l Équipement : aiguille à biseau court de 35-50 mm de long, permettant la recherche d'une perte de résistance, prolongateur souple (aiguille "immobile")
l Solution anesthésique : 1 ml/kg jusqu'à 30 ml l Complications : virtuellement aucune
Branches de l'obturateur
Psoas
Fascia lata
Artères fémorales profonde et superficielle
Veine fémorale
Fascia iliaca Fémoral
Cutané latéral
Bloc iliofascial
l Position : décubitus dorsal, MI en extension (position indifférente)
l Repères : ligament inguinal l Ponction : 1/3 latéral - 2/3 médiaux
ligament inguinal l Technique : perpendiculaire à la peau, 2
pertes de résistance
Sonde d'échographie
Ligament inguinal
Épine du pubis
Épine iliaque antéro-supérieure
Point de ponction
Artère fémorale
Fémur
Psoas VF AFS
AFP
NF
Fascia lata Fascia iliaca
Réinjections et blocs continus
l Réinjections intermittentes : 0,2-0,5 ml/kg (max 20 ml) de lidocaïne ou mépivacaïne à 1% toutes les 6-8 h
l Perfusion continue : l 0,5 ml/h/année de bupivacaïne 0,125% l ou de ropivacaïne 0,2%
Bloc sciatique poplité
Biceps fémoral
Semi-tendineux
Pli de flexion du genou
1
2
Fémur
Membrane poplitée
Péronier
Tibial
Conclusion : particularités pédiatriques l D'autant plus importantes que l'enfant est
plus jeune l Ne se situent souvent pas là où on les
attendait l L'avantage de la superficialité des structures
est atténué par la taille et l'échogénicité nerveuses moindres
l Axes vasculaires et aponévroses sont très échogènes : facilitent la localisation nerveuse (si l'anatomie est connue…)
Conclusion : particularités pédiatriques
l Blocs d'espace : facilités +++ par l'écho l Nerfs non accompagnés de gros vaisseaux :
utiliser conjointement la neurostimulation l Visualisation de la diffusion de l'AL : atout
majeur et unique de l'échographie : l permet de repositionner l'aiguille si distribution
circonférentielle incomplète l permet de réduire les doses injectées