analyse des interactions e53slmc 2010-2011 (cours de...

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- 1 - ANALYSE DES INTERACTIONS E53SLMC 2010-2011 (Cours de Mme Béal-Hill) BIBLIOGRAPHIE Ouvrages de travail pour les étudiants (Les indispensables) KERBRAT-ORECCHIONI C., 1996, La Conversation, Seuil, coll., « Mémo ». KERBRAT-ORECCHIONI C., 2001, Les actes de langage dans le discours, Nathan Université, coll “Fac”. TRAVERSO V., 1999, L’analyse des conversations, Nathan, coll. « 128 Linguistique ». Ouvrages de référence Ouvrages généraux BANGE P., 1992, Analyse conversationnelle et théorie de l'action, Paris, Hatier/ Didier. VION R., 1992, La Communication verbale, Paris, Hachette. Champs disciplinaires et problématiques abordés - Sociologie et anthropologie GOFFMAN E., 1973, La Mise en scène de la vie quotidienne, 2t, Paris, Minuit; 1974, Les Rites d'interaction, Paris, Minuit ; 1987, Façons de parler, Paris, Minuit. - Linguistique AUSTIN J.L. (1962) 1970, Quand dire c'est faire, Paris, Seuil. KERBRAT-ORECCHIONI C., 1980, L'Énonciation, Paris, A. Colin. - Non-verbal BARRIER, G., 1996, La communication non verbale, Paris, ESF éditeur. COSNIER J., BROSSARD A., 1984, La Communication non verbale, Neuchâtel/ Delachaux et Niestlé. HALL E.T., 1978, La Dimension cachée, Paris, Seuil, coll. « Points ». CALBRIS, G. 2003, L’expression gestuelle de la pensée d’un homme politique, Paris :CNRS éditions.

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ANALYSE DES INTERACTIONS

E53SLMC

2010-2011

(Cours de Mme Béal-Hill)

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages de travail pour les étudiants (Les indispensables)KERBRAT-ORECCHIONI C., 1996, La Conversation, Seuil, coll., « Mémo ».KERBRAT-ORECCHIONI C., 2001, Les actes de langage dans le discours,Nathan Université, coll “Fac”.TRAVERSO V., 1999, L’analyse des conversations, Nathan, coll. « 128Linguistique ».

Ouvrages de référence

• Ouvrages générauxBANGE P., 1992, Analyse conversationnelle et théorie de l'action, Paris, Hatier/Didier.VION R., 1992, La Communication verbale, Paris, Hachette.

• Champs disciplinaires et problématiques abordés

- Sociologie et anthropologieGOFFMAN E., 1973, La Mise en scène de la vie quotidienne, 2t, Paris, Minuit;1974, Les Rites d'interaction, Paris, Minuit ; 1987, Façons de parler, Paris,Minuit.

- LinguistiqueAUSTIN J.L. (1962) 1970, Quand dire c'est faire, Paris, Seuil.KERBRAT-ORECCHIONI C., 1980, L'Énonciation, Paris, A. Colin.

- Non-verbalBARRIER, G., 1996, La communication non verbale, Paris, ESF éditeur.COSNIER J., BROSSARD A., 1984, La Communication non verbale,Neuchâtel/ Delachaux et Niestlé.HALL E.T., 1978, La Dimension cachée, Paris, Seuil, coll. « Points ».CALBRIS, G. 2003, L’expression gestuelle de la pensée d’un homme politique,Paris :CNRS éditions.

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- Analyse des interactions

CHARAUDEAU P. 2006, « Des catégories pour l’humour ? », Questions decommunication n°10, Nancy : Presses Universitaires de Nancy.KERBRAT-ORECCHIONI C., 1990-92-94, Les Interactions verbales, 3t.,Paris, A. Colin.KERBRAT-ORECCHIONI C., 2002, « Système linguistique et ethoscommunicatif » in Cahiers de Praxématique n°38, Langue, discours, culture.KERBRAT-ORECCHIONI C., 2005, Le discours en interaction, Paris, A. ColinPEETERS, B., RAMIÈRE, N. (éds), 2009, Tu ou vous, l’embarras du choix,Limoges : Lambert-Lucas.BÉAL, C, 2009, L’évolution des termes d’adresse en français contemporain :un essai de modélisation. In Peeters & Ramière (éds)BÉAL, C., Traverso V., 2010 “ ‘Hello, we’re outrageously punctual’ : frontdoor rituals between friends in France and Australia. ”, Journal of FrenchLanguage Studies 20-1, pp 17-29.PRIEGO-VALVERDE, B., 2003, L’humour dans la conversation familière :description et analyse linguistiques, Paris : l’Harmattan.

- Les types d’interactions

KERBRAT-ORECCHIONI C., TRAVERSO V., (éds) 2008, Les interactions ensite commercial, Invariants et variations, Lyon : ENS éditions.TRAVERSO V., 1996, La Conversation familière, Lyon, PUL.CHARAUDEAU P. & GHIGLIONE R., 1997, La parole confisquée— un genretélévisuel: le talk-show.DUCCINI H. La télévision et ses mises en scène, 1998, La télévision et sesmises en scène, Paris : Nathan, coll « 128 ».

- La dimension interculturelleTRAVERSO V. (éd.), 1999, Perspectives interculturelles sur l'interaction,Lyon, PULTRAVERSO V. 2006, Des échanges ordinaires à Damas : Aspects del’interaction en arabe. Approche comparative et interculturelle. Lyon : PressesUniversitaires de Lyon et Institut du Proche-Orient.BÉAL C., 2010, Les interactions quotidiennes en français et en anglais, Del’approche comparative à l’analyse des situations interculturelles, Bern : PeterLang.

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L’ANALYSE DES INTERACTIONS

PLAN DU COURS MAGISTRAL

I. L’APPROCHE INTERACTIONNISTE DANS LES SCIENCES DULANGAGE

1.1 De la description du langage comme système à la langue eninteraction.

Introduction

1.1.1 Le langage/les langues

1.1.2 La parole

1.1.3 L’analyse du discours

1.1.4 L’analyse des interactions1.1.4.1 Caractéristiques des interactions verbales1.1.4.2 Interaction et conversation  

1.2 L’analyse des interactions : un champ de recherche pluridisciplinaire

1.2.1 Les approches de type psychologique/psychiatrique

1.2.2 Les approches de type sociologiques/ethnographiques/ anthropologiques

1.2.3 Les approches linguistiques

1.3 Méthodologie de la recherche en analyse des interactions

CONCLUSION 

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2. L’ANALYSE DES INTERACTIONS

2.1 Les éléments constitutifs de la situation

2.1.1 Les participants

2.1.2 Le cadre

2.1.3 L’objectif

Conclusion : rôle du contexte.L’exemple des termes d’adresse et des formes nominales d’adresse.

2.2 La structure globale : le découpage en unités hiérarchisées

• L’interaction• La séquence• L’échange• L’intervention• L’acte de langage

2.3 La stucture locale : la gestion des tours de parole, invariants etdifférences culturelles

2.3.1 Principes d’alternance

2.3.2 Le réglage de l’alternance2.3.2 1 Répartition des tours de parole2.3.2.2 Stratégies pour conserver son tour2.3.2.3 La co-construction de l’interaction2.3.2.4 Entorses aux règles et ratés

2.4 Les aspects rituels et routiniers

2.4.1 Choix préférentiels, routines conversationnelles, rituels.

2.4.2 Deux exemples de séquences fortement ritualisées : l’ouverture et laclôture

CONCLUSION

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3. LE FONCTIONNEMENT DE LA POLITESSE LINGUISTIQUE

3.1 La notion de politesse linguistique

3.2 La notion de face et de FTA

3.3 Les stratégies de politesse dans l’interaction

3.3.1. Les trois facteurs intervenant dans le choix des stratégies de politesse

3.3.2 Les cinq grandes stratégies

CONCLUSION

4. PAROLE ET GESTUALITÉ

4.1 Gestualité référentielle

4.1.1 Gestes emblèmes

4.1.2 Gestes déictiques• spatiaux• temporels• désignation et auto-désignation

4.1.3 Gestes illustratifs ou icôniques• disposition spatiale• forme

4.2 Gestualité des affects

4.2.1 Gestualité émotionnelle / gestualité émotive

4.2.3 Affects de base / affects phasiques

4.2.3 Implicite et non-dit

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4.3 Aspects cognitifs et régulation

4.3.1 Gestes régulateurs de la parole

4.3.1.1 Autosynchronie• illustratifs de la pensée abstraite• batôniques• micro-gestualité

4.3.1.2 Intersynchronie

4.3.2 Gestes régulateurs de la situation sociale• gestes barrière• ajustements proxémiques

CONCLUSION

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SUJETS D’EXPOSÉS

Cette liste de sujets est proposée par rapport au déroulement du cours, d’où les datescorrespondantes.

1) Tu et vous expliqué aux étrangers (semaine 5 ou 7) :Dans un premier temps, les étudiants feront une synthèse de plusieurs articles mis à leurdisposition qui présentent diverses enquêtes et analyses mettant en évidence les emplois de tuet vous à l’oral en français..Dans un deuxième temps, en s’inspirant de ces enquêtes, ils mettront au point une mini-enquête personnelle. Ils présenteront les résultats de cette enquête et les compareront auxtravaux précédents.L’ensemble de la présentation sera faite dans la perspective d’expliquer les critères desélection de tu/vous à des étrangers dont la langue ne possède pas cette distinction (parexemple, des anglophones) et de les aider à faire le bon choix en contexte.

2) La variation culturelle dans les pronoms d’adresse (semaine 5 ou 7) : comparaison del’usage du tu et du vous en français et dans une autre langue qui dispose également de 2formes d’adresse pour l’allocutaire voire plus (par exemple 3ème personne du singulier). Lesétudiants mettront au point un questionnaire qui couvrira les principales relationsinterpersonnelles (relations familiales, amicales, professionnelles etc) et les principauxcontextes de la vie quotidienne. Ils intervieweront ensuite une dizaine de personnes des deuxlangues/cultures, puis analyseront les résultats en essayant de faire apparaître les principalesvariables qui entrent en jeu dans la sélection du pronom d’adresse. Finalement, ils essayerontde rattacher ces résultats à l’éthos communicatif des deux cultures.

Enquête possible également à l’intérieur de plusieurs variétés de français : canadien, belge,suisse, pays francophones d’Afrique par exemple.

Une autre variante possible sans questionnaire est l’usage des pronoms d’adresse dans deuxlangues/cultures dans les médias : à la radio entre journalistes et invités (différents typesd’invités : politiciens, célébrités…) et entre journalistes et auditeurs (dans les émissions oùl’on peut téléphoner), à la télévision (par exemple dans les journaux télévisés et les émissionsde plateaux) et dans les publicités et les magazines lorsqu’ils s’adressent directement auconsommateur. Les données sont différentes mais le but de l’analyse reste identique.

3) Les formes nominales d’adresse dans une perspective pragmatique et interactionniste(semaine 5 ou 7).Il s’agit d’analyser l’emploi des formes nominales d’adresse (noms, prénoms, diminutifs, titreetc) par opposition aux pronoms d’adresse (tu/vous) en français à partir de corpusauthentiques. La question de départ est : à quoi servent les noms d’adresse et dans quel cas yrecourt-on ?Les étudiants essayeront de déterminer leurs diverses fonctions et leur fréquence dansdifférents types de situation : en particulier, leur rôle par rapport à la gestion de l’interaction(fonction de hélage et d’interpellation, prise à témoin d’un tiers, gestion des tours), parrapport à la relation interpersonnelle (égalité vs hiérarchie, amadouage, épisodes conflictuelset moments de “tension”, emplois ludiques, polémiques ou injurieux), et enfin par rapport aux

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actes de langage associés (salutations, requêtes, sommations, déclarations, reproches, excuses,désaccord)..Ces différentes fonctions doivent être envisagées en relation avec :– La structure syntaxique de l’énoncé contenant le nom d’adresse.– Le placement dans l’énoncé/ le tour de parole/ l’interaction (ouverture-clôture vs corps).– Le type d’activité en cours et le type d’interaction ; et à l’intérieur, le rôle interactionnel(intervieweur vs interviewé, prof vs élève, etc.)Deux articles de référence seront mis à la disposition des étudiants.Les corpus choisis peuvent être des débats télévisés, des émissions radiophoniques, desréunions de travail enregistrées, des interactions dans une salle de classe etc… Les étudiantspeuvent soit comparer les emplois dans des types d’interaction différents, soit analyser endétail un corpus particulier (débat politique par exemple).

4) Les obstacles à la communication interculturelle : les Français vus par les étrangers(semaine 5 ou 7)Les étudiants choisiront un groupe d’une dizaine d’étrangers venus de pays différents et àl’aide d’interviews semi-directifs, ils essayeront de faire apparaître les aspects ducomportement interactionnel des Français qui les surprennent le plus et l’idée qu’ils se font del’éthos communicatif français. Dans un deuxième temps, ils essayeront de voir dans quellemesure ces témoignages se recoupent, et lorsque les points de vue ne sont pas partagés, dansquelle mesure cela peut être lié à la proximité/non proximité des cultures. Y a-t-il unstéréotype universel des Français ?Attention : Il est important de bien centrer les interviews sur la relation interpersonnelle et lescomportements langagiers pour éviter les stéréotypes prévisibles de « la mode et lacuisine »…

5) La variation culturelle dans les formules de politesse routinisées: « merci » et « s’il-vous-plaît » (semaine 10 ou 11 selon les groupes).Comme dans le sujet précédent, les étudiants mettront au point un questionnaire qui couvrirales principales relations interpersonnelles (relations familiales, amicales, professionnelles etc)et les principaux contextes de la vie quotidienne dans lesquels il est approprié de dire« merci » ou « s’il-vous-plaît ». Ils intervieweront ensuite une dizaine d’étudiants françaispour vérifier la validité de leurs intuitions de départ (et les éventuelles variations) et unedizaine d’étudiants d’une culture réputée différente ou éloignée (culture slave, culturechinoise ou japonaise, culture arabe etc…). Là où les comportements s’avèrent différents, ilsessayeront, en approfondissant l’interview, d’obtenir des explications sur la logique ou lesvaleurs qui, du point de vue des locuteurs natifs, justifient leur non-emploi. Ils poseront aussila question de savoir si, inversement, ces personnes ont remarqué des contextes dans lesquelselles diraient « merci » ou « s’il-vous-plaît » ou tout autre formule de politesse routinisée(vœux, par exemple) alors que les Français ne le font pas.

6) Un repas de famille ou un repas entre amis (semaine 10 ou 11 selon les groupes) :Les étudiants enregistreront (ou, mieux encore, filmeront, s’ils en ont la possibilité) lesinteractions verbales au cours d’un repas pour les analyser du point de vue de la dynamiquedes rapports interpersonnels. Quelles sont les marques linguistiques de la place de chacundans le groupe ? Existe-t-il une hiérarchie familiale ou un ou des « meneurs » (qui peuventtrès bien être les « boute en train ») du groupe ? Existe-t-il des relations privilégiées ou

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affectives entre certains des membres ? ou des tensions latentes ? Comment tout cela semanifeste-t-il au niveau linguistique ?Les outils méthodologiques utilisés seront : l’analyse préalable du contexte de situation (enparticulier le rôle interactionnel de chacun à cette occasion), les taxèmes et relationèmes, ledécoupage en séquences du point de vue thématique (qui introduit les thèmes ? qui les faitchanger ? par quels moyens ?) ou pragmatique (qui organise le déroulement desévénements ?), les tours de parole (y en a-t-il certains qui dominent la conversation ?), lesdésaccords et les négociations (les éventuels conflits sur les contenus cachent-ils des conflitsde rôles ?).Après cette analyse générale des interactions, les étudiants présenteront une analyse détailléed’un ou deux petits passages particulièrement représentatifs qu’ils auront transcrits en détail.

Une analyse de même type peut éventuellement être proposée à partir d’un extrait de filmapproprié, mais il faudra alors mettre aussi en évidence comment la scène, si vraisemblablesoit-elle, reste une scène de fiction et non une série d’échanges authentiques. (Sur lesdifférences entre dialogue fictionnel et dialogue authentique voir Traverso 1999 chapitre 6 etKerbrat-Orecchioni 2005, chapitre 4, 2ème partie).

7) L’humour dans les interactions entre amis (semaine 10 ou 11 selon les groupes) : cesujet s’adresse aux étudiants qui ont la possibilité de filmer des échanges entre amis, au coursde visites par exemple. Il s’agit d’explorer l’humour dans sa dimension verbale et non verbaledans les interactions ordinaires. Les questions auxquelles ils essayeront de répondre sont : surquels critères peut-on décider qu’un énoncé est humoristique ? Quels sont les différentesformes d’humour (blagues, anecdotes, jeu de mots, ironie, « mise en boîte », auto-dérisionetc…) qu’ils ont pu relever dans leur corpus ? Quels sont les procédé utilisés (jeu sur lessignifiants ou registres de langue, raisonnement par l’absurde, allusions, jeu sur l’attitude dulocuteur ou de l’interlocuteur) ? Quelles sont les différentes fonctions interpersonnelles del’humour qu’ils peuvent mettre en évidence (créer de la complicité ou au contraire« agresser », « remettre en place », ou déjouer une agression etc…) ? Quel rôle jouent lescomportements paraverbaux (intonation, accent, sens du « timing ») et non verbaux(mimiques, postures etc…) dans la « réussite » d’échanges humoristiques ? Voir textes deréférence dans la bibliographie.Les étudiants choisiront ensuite un exemple d’échange qu’ils transcriront en suivant lesconventions ICOR et qu’ils analyseront en détail.

8) Qui parle dans les débats télévisés ? (semaine 12)Les débats et talk-shows sont-ils un forum où chacun a enfin le droit de s’exprimer ou sont-ilsau contraire comme dans le titre du livre de Charaudeau (voir bibliographie), le royaume de« la parole confisquée » ?Les étudiants choisiront un enregistrement d’une émission de débat qu’ils analyseront endétail. Les outils méthodologiques utilisés seront entre autres : le contexte de situation (bienidentifier l’identité des participants et ne pas oublier le cadre spatial qui joue ici un rôlefondamental), la distribution de la parole (comment les participants prennent la parole, lagardent ou la cèdent ? qui contrôle ? comment ? qui parle le plus — chronométrer lesinterventions de chacun y compris celles de l’animateur… —), la progression thématique(comment passe-t-on d’un sujet à un autre à l’intérieur d’une même thématique ?), la gestiondes conflits (s’agit-il de faire avancer la réflexion ou de mettre en scène des émotions ?) lesséquences d’ouverture et de clôture.Après une analyse globale de l’émission, les étudiants présenteront une analyse détaillée d’unou deux courts extraits qu’ils analyseront en détail

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9) Analyse de la gestualité co-verbale des personnalités politiques (semaine 12)Les étudiants choisiront une ou deux personnalités politiques connues et ils analyseront lafaçon dont leur communication non verbale interagit avec les idées qu’ils défendent. (voirBarrier 1996 et Calbris 2003 dans la bibliographie) Ils chercheront en particulier à repérer lesgestes les plus fréquents qui symbolisent des notions abstraites ou qui révèlent une dimensionaffective. Ils se poseront également la question du degré de spontanéité ou au contraire ducôté « affiché » de cette gestualité. Il est possible de travailler soit sur la même personnalitédans des contextes différents (débats, interviews, discours officiels etc.) soit sur deuxpersonnalités dans des contextes similaires (invités ensemble ou à une date différente dansune même émission de télévision, par exemple l’émission « A vous de juger » ci-dessous,Exercice 3 sur les FNA).

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DOCUMENTS POUR « ANALYSE DES INTERACTIONS VERBALES »

1- Compétence linguistique/compétence communicative

Récit, rapporté par C. Kerbrat-Orecchioni (Les Actes de Langage dans le Discours), d’unejeune fille d’origine coréenne, adoptée à l’âge de dix ans, et se remémorant ce douloureuxépisode qui se situe peu de temps après son arrivée en France :« Un jour, Maman m’a fait une faveur. Elle attendait, comme le font tous les autres Français,le remerciement de ma part. A cette époque, je ne le savais pas. Je me disais : " Pourquoi ? Ondit merci à Maman ? " Je n’ai rien dit. J’avais l’impression qu’elle était un peu fâchée. Ellem’a pressée de répondre. Je n’ai toujours rien dit. Comment aurais-je pu prononcer le mot" merci " à Maman ? Ça ne m’était jamais arrivé avant. Enfin elle s’est mise en colère. J’avaisvraiment peur. Mais je ne savais pas pourquoi elle était si nerveuse. J’ai baissé la tête parceque je n’avais pas le courage de la regarder en face. Elle m’a dit de lever la tête et de laregarder. J’ai fini par fondre en larmes. Je sentais qu’elle me considérait comme une "enfantterrible" ».

S’agit-il dans ce récit d’un problème de compétence communicative ou de compétence

linguistique et pourquoi ?

2- Les formes nominales d’adresse

Exercice 1- Dans l’extrait de conversation suivant :

1) A partir de la lecture de la transcription, que pouvez-vous dire du

contexte de situation (c’est-à-dire : qui sont les participants, où cela se

passe-t-il, dans quel but ou pour quoi faire sont-ils ensemble ?)

2) Repérez et faites la liste de toutes les formes nominales d’adresse.

Classez-les selon leur nature (pronom d’adresse, diminutif, titre etc…)

3) Pour chacune, analysez :

a. sa place

- dans l’énoncé (du point de vue syntaxique)

- dans le tour de parole

- dans le type d’activité en cours

b. sa fonction (à quoi « sert »-elle) dans l’interaction ?

3) Pouvez-vous en tirer des hypothèses sur les rapports entre type de forme

nominale, place et fonction ?

Q4-Clodif.doc (corpus Traverso)((bruit de la porte qui s'ouvre))((rire))

C p'tain ben vous faites fissah les copains=M =vous a- vous avez avez vu ((rire))

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C on était en train d'faire un (inaud.)C salutM comment vas-tu ma grandeC et vous//M ça va [on a la friteC [tu as une voix bizarre=M =ah\\C tu as une euh: (.) ↑crèveC bonjour papaM non: j'ai pas la crèveP ça va//C papa un p'tit pastisP légerC S j'ten sers un// (.) tu peux am'ner les p'tits gâteaux//S ouaisS merciC maman tu veux pas [une p'tite goutte de pastis [pour parfumerM [non non [ah non (.) non non

vraiment pasC et puis on m'a offert des Giono/ (0.8) S m'a offert Poison:/ (0.6)

maman nous sommes parfumées pareil maintenantM ah::/ nous sommes des poisons ((rire))P j'vais faire Lille/- si trois j'en fait quand même/ Lille/ euh::

Epernay et puis::: [M [vous fumez beaucoup mes enfantsP et puis EpinalC on te- on t'incommodeM nonC non mais c'est sérieux

Exercice 2- Même exercice avec l’extrait suivant :

Le cadeau - Extrait (corpus Jadoul)[…]C c’est pour ça que je voulais pas lui offrir de cadeau jesavais pas quoi lui offrir franchement c’est tu sais plus oudonner de la tête quoi t’as toujours peur d’être critiquée euhje veux dire le coup des lunettes de soleil pour monanniversaire elle a été en parler à sa mère et lui dire [euhM [moiça m’a énervée clémence aussi heinC franchement je vois pas pourquoiM bah si attendsC mais je vois pas pourquoiM bah clémence tu demandes à tes amis de te payer un truc hors

de prixC mais maëlle je crois que tu n’as pas compris le principe de-

je n’ai jamais demandé [de cadeauM [mais attends [oui mais clémenceC [est-ce que tu te rends

compte que je n’ai pas demandé de cadeau /M toi t’as pas demandé mais t’en as parlé implicitementG oh mais c’est dégueulasse de dire çaC maëlle c’est bas ce que tu dis j’ai jamais rien demandé moi

je voulais justeM mais je sais que t’as rien demandé [justeC [j’ai rien demandé [et&M [le

problèmeC &j’ai jamais implicité que j’voulais des lunettes ou un

appareil photo

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M mais siC mais jamais de la vie maëlle j’crois que tu te rends pas

compteM le problème c’est que clara aimé ont compris que t’avais

envie de ça et bonC mais trop pasM et voilàC j’crois que tu te fais vraiment des films mais je n’ai jamais

parlé d’appareil photo devant aimé et clara ni même àbarcelone ni rien du tout ils ont voulu m’acheter un appareilphoto comme des grands j’ai appris ça quand j’étais- nonfranchement je je te jure que c’est la vérité maëlle

M débatC et franchement ça m énerve que tu penses ça quoi j’trouve que

c’est vraiment c’est dégueulasse maëlle ma- ma- mathilge m’atraitée de sale petite princesse hypo- euh de sale petiteprincesse

M ((rire))C enfin j’suis désolée c’est dégueulasse de cracher sur mon dos

surtout quand c’est pas vrai maëlle et franchement t’auraispu t’en apercevoir […] j’ai jamais demandé j’ai jamaisdemandé j’ai jamais rien fait moi pour moi je partais duprincipe que les gens payaient pour aller au restaurant etqu’ils ne de- devaient certainement pas m’offrir de cadeau

G ba voilà c’est peut-être ça que les gens ont pas compris[…]

Exercice 3-

1) Analysez le choix des pronoms d’adresse dans l’extrait ci-dessous. Comment

l’interprétez-vous ?

2) Repérez et analysez les différentes formes nominales d’adresse.

Un extrait télévisé de débat entre Daniel Cohn-Bendit (Député européen, coprésident du

groupe Verts, qui conduit la liste Europe écologie) et François Bayrou (Président du Modem)

pendant la campagne des Européennes 2009. Peut être visionné sur YouTube.

((François Bayrou vient d’insinuer que Daniel Cohn-Bendit est de connivence

avec Nicolas Sarkozy))DC <((du ton de celui qui veut ramener l’autre à la raison)) et vraiment

de dire comme ça je suis l’ami de sarkozy\ mais c’est pas de ton

niveau> (.) tu es- tu veux être président il y a l’omniprésident il y

a l’omni-opposant (.) reviens sur terre françois on est dans une

élection européenne on se bat pour des idées NOUS SOMMES des

européens aussi bien toi que moi arrêtons ces petits jeux qui

ennuient les français […]

FB quand on fait des réponses trop longues c’est qu’on se sent mal

[…]

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((FB insiste pour rapporter l’anecdote qui d’après lui prouve la connivence avec

Nicolas Sarkozy, accusant son interlocuteur d’être allé trois fois déjeuner à l’Elysée.

Daniel Cohn-Bendit proteste que c’était en tant que président de son groupe, avec

d’autres présidents de groupe)) FB [pourquoi pourquoi pourquoi&

CB [avec tous les présidents dont le président de ton groupe

FB &vous sentez-vous mal/

DC mais je me sens pas mal je trouve ça ignoble de ta part[parce que tu sais exactement ce qui se passe quand on est&

FB [oh l’ignominieDC &président de [groupe tu as été député euro[péen tu sais&FB [l’ignominie [l’ignominieDC &ce que c’était et ce genre de jeu devant les citoyens eh bien mon

pote je te dis jamais tu seras président de la république [(.) &FB [ très bienDC &parce que tu es trop minable [pour ça (.) trop minable\FB [très bienFB je ne suis pas sûr que vous puissiez vous employer le mot ignominieDC si (.) je peux\ (.) [parce que ça fait partie du langageFB [parce qu’il y a parce qu’il y a un certain

nombre d’ignominies (.) que vous (.) daniel cohn-bendit n’avez pashésité à porter

DC par exemple/FB <((d’un air entendu)) point à la ligne>[…]

3- La notion d’ « ethos communicatif »

Système linguistique et ethos communicatif(Catherine Kerbrat-Orecchioni, 2002, Cahiers de Praxématique n°38)(L’article dans son intégralité est disponible sur le site)

[…]

La notion d’ethos trouve son origine dans la Rhétorique d’Aristote, où elle prend place au seinde la fameuse triade logos/ethos/pathos, et où elle désigne les qualités morales que l’orateur“affiche” dans son discours, sur un mode généralement implicite (il ne s’agit pas de direouvertement que l’on est pondéré, honnête ou bienveillant, mais de le montrer par l’ensemblede son comportement), afin d’assurer la réussite de l’entreprise oratoire.Dans la littérature pragmatique et interactionniste contemporaine, on peut voir deuxprolongements distincts de cette notion :– En psychologie sociale ou chez Goffman, si le terme d’“ethos” n’apparaît pas, la notioncorrespondante (ou quelque chose qui lui ressemble fort) est bien présente sous d’autreshabillages, tels que “présentation de soi” (demeanor) ou “gestion de l’identité” (identitymanagement)1 ;– En pragmatique contrastive (via l’ethnologie — Bateson surtout, qui introduit le terme en1936 — et l’ethnographie de la communication), le mot “ethos” est au contraire utilisé, mais

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avec un sens passablement éloigné de sa signification originelle. Brown et Levinson parexemple (1978 : 248) le définissent ainsi, en se référant explicitement à Bateson :

“ ‘Ethos’, in our sense, is a label for the quality of interaction characterizing groups, orsocial categories of persons, in a particular society. […] In some societies ethos isgenerally warm, easy-going, friendly ; in others it is stiff, formal, deferential ; in othersit is characterized by displays of self-importance, bragging and showing off […] ; instill others it is distant, hostile, suspicious.”

En fait, l’ethos ainsi conçu présente bien certains points communs avec la notionaristotélicienne puisqu’il renvoie 1- à certaines qualités abstraites des sujets sociaux, 2- qui semanifestent concrètement, dans leurs comportements discursifs en particulier (les acteurs ontintériorisé certaines “valeurs”, qu’ils vont afficher dans leur manière de se conduire dansl’interaction). Certaines de ces valeurs se retrouvent d’ailleurs à l’identique, comme la“bienveillance” (aujourd’hui traitée en termes de face-work), la franchise, ou la modestie(promue par les rhétoriciens du XVIIIe siècle comme Bernard Lamy au rang des composantesde base de l’ethos). On retrouve aussi la vieille question de savoir si les vertus affichées(“moeurs oratoires”) doivent ou non correspondre aux qualité effectives du sujet (“moeursréelles”) ; en ce qui concerne par exemple la modestie, Chen, après avoir déclaré (1993 : 67-8) :

“we may be able to categorize cultures according to how they view humbleness andmodesty”,

ajoute à propos des Chinois, réputés particulièrement modestes :“Nor does it mean that the Chinese do not think positively of themselves. All they needto do is to appear humble, not necessary to think humbly of themselves.”

Mais en même temps, certaines différences sautent aux yeux entre les deux conceptions,rhétorique et pragmatique, de l’ethos, la principale consistant en ce que la notionaristotélicienne s’applique à des individus, alors qu’en pragmatique contrastive elle s’appliqueà des collectifs d’individus (des speech communities). Différence qui n’est pas aussi radicalequ’il n’y paraît puisque d’une part, l’ethos individuel s’ancre dans l’ethos collectif (l’orateurdoit bien puiser dans un stock de valeurs partagées pour que “ça marche”), et inversement,l’ethos collectif n’est appréhendable qu’au travers des comportements individuels danslesquels il vient s’incarner (ce sont les individus qui par leur comportement confirment etconsolident les valeurs du groupe, en attestant du même coup leur adhésion à ces valeurscollectives) : il s’agit donc bien toujours de se montrer sous un certain jour, autant quepossible favorable, en se conformant à certaines normes en vigueur dans sa sociétéd’appartenance (la non-conformité étant une forme de suicide social). Toutefois, ledéplacement de la notion de l’individuel au collectif n’est pas sans avoir un certain nombred’implications et sans soulever un certain nombre de problèmes.[…]Parler une langue, c’est aussi exprimer la culture dont elle procède et dans laquelle elles’inscrit.Décrire une langue, c’est aussi prendre en compte cet au delà ou en deçà du système — mêmesi tel n’est pas l’objectif premier de l’entreprise : l’ethnologue s’intéresse d’abord à des faitsculturels (qu’il appréhende entre autres au travers des discours), quand le linguiste s’intéressed’abord aux règles qui régissent les langues et leurs manifestations discursives (mais qui pournombre d’entre elles sont configurées par le culturel).Sous le système linguistique, l’ethos : en abordant de front cette question, on s’éloigne sansdoute de la linguistique “pure” (comme si l’on se salissait les mains en plongeant dans ceterreau culturel dans lequel les langues s’enracinent et qu’elles charrient avec elles…), maispour se rapprocher d’une linguistique plus respectueuse de la vraie nature de son objet, qui àla différence des systèmes formels, est le produit direct d’une société et d’une culture.

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4- Rôle du contexte

• F et S se sont rencontrés la veille au soir à l’occasion d’une soirée. S est parti tôt

alors que F a largement prolongé sa sortie nocturne. Le lendemain S téléphone :

1 F- Allo ?2 S- Salut, c’est S, ça va ?3 F- Ça va et toi ?4 S- Bien. T’as travaillé ce matin ?5 F- Tu rigoles ou quoi ? J’ai dormi !6 S- Tu m’étonnes ! Bon, ma sœur est là ?7 F- Ouais, j’te la passe. Ciao.8 S- Merci. Allez ciao à la prochaine.

a) Relevez tous les indices de contextualisation de ce dialogue qui peuvent vousaider à reconstruire le contexte de situation.

b) A l’aide des informations données en accompagnement et des indices decontextualisation trouvés dans le dialogue, définissez le contexte de situationde cette interaction (participants, cadre spatio-temporel, objectif)

c) Faites le découpage en séquences de la structure globale de cette interaction.d) Analysez la séquence d’ouverture et la séquence de clôture : quelles

composantes attendues ou non y trouve-t-on ?e) Montrez en quoi le contexte de situation explique le déroulement des échanges.

• Comparaison de deux interactions (corpus Fayada).

Participants : A : cliente

B : cliente précédente

Com : le commerçant

D : un livreur

a) Points communs : Relevez tous les indices de contextualisation dans ces deuxdialogues qui mettent en évidence les similarités dans le contexte de situationet qui permettent de dire que ces deux interactions sont comparables.

b) Différences : une comparaison implique aussi des différences. Quel estl’élément du contexte qui est différent ?

c) Relevez tous les éléments linguistiques et interactionnels qui montrentcomment ce point de différence se manifeste dans ces deux dialogues et quelimpact il a sur déroulement des échanges.

Interaction n°1. 

A messieurs dames bon::soirCom bonsoir/ madame\B bonsoir:Com vous (.) vous avez déjà commandé/

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A oui oui j’ai appelé (.) il devrait y avoir une::: p’titeformule: de prêteCom deux/ p’tites formules/A non/ une seu::leCom hmmmm une romana et[(inaud.)

[Non/ une:::: mince (.) quatre fromages et::une simple ((rires))A < ((en riant)) ah::: oui, excusez-moi> (3) elles sont dans l’

four (.)elles s’ront prêtes dans deux p’tites minutes.((Com nettoie le plan de travail))Com vous êtes pas trop pressée/A oh (.) le match commence dans[::: une demi heureCom [ah: rugby/((le téléphone sonne))Com excusez-moiA mais:: je vous en prie\((Com décroche))Com magic’pizza bonsoir/(inaud.)Com oui/(inaud.)Com ah::: ouais ça va: ça bouge un peu quand même ((rires))(inaud.)Com une poivron/(inaud.)Com j’te livre chez toi/(inaud.)Com o::k j’te laisse j’ai du boulot\(inaud.)Com bye/((Com raccroche))Com alo:::rs la quatre fromages: (3) elle est prête\A (inaud.)((un livreur entre dans le magasin))D bonjour/A bonjour/D t’as une autre livraison/Com dans::: cinq minutes(4)D (inaud.)Com je vous la coupe madame/ aïe/ ((Com s’est brûlé))A <((en riant)) oui svp>Com Je coupe les deux en huit/A [oui svpCom [vous voulez d’ la sauce piquante/A mer::ci=Com =servez-vous/((Com pose les pizzas sur le comptoir))Com alors:: une p’tite formule (.) donc: onze euros si vous plaît\A ((A donne l’argent))Com ((ouvre la caisse)) et voilà un euro/A ((sourire)) heup/ ((en attrapant la pièce qui lui échappe))Com merci à vous/ bonne soirée/ bon appétit/D bon appétit/A merci/ au r’voir/ messieurs\Com au r’voir/

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Interaction n°2.

Participants : A : client

B : cliente

Com : le commerçant

D : le livreur

B ça va sousou/(2)A <((en riant))il est trop concentré: >Com oh::: ça va/ (.) bien/ t’as mis ton gel de toutes les couleursencore/B pfffA on vient chercher la p’tite formule[euh::::Com [elle est là elle est làD [elle est en train desortirA ah:D c’est laquelle sous’/Com c’est::: la p’tite::: [romana B [chèvreD romana et chèvre/A (inaud.)Com ouais sors-les(3)B tu pourras m’la couper en huit s’te plaît/Com ouais::/ ça marche((le téléphone sonne))Com magic’pizza bonsoir/(inaud.)Com oui/ je vous écoute\(inaud.)Com Ok(inaud.)Com Vous passez la chercher dans vingt minutes hm::: vers vingtheures/(inaud.)Com C’est parfait à tout à l’heure/((il raccroche))A (inaud)B < ((en riant)) je sais je l’ai vu >Com tu t’moques de moi ? ((sourire))A < ((en riant)) j’oserai pas/>Com la deuxième j’te la coupe/B en::: bon en huit aussi(57) ((Com travaille, il prépare des pizzas. Beaucoup de bruits :l’eau qui coule, le four, la caisse, les ustensiles, les potsd’ingrédients…))Com j’t’encaisse s’te plaît/B ouais bien sûr (.) onze/ c’est ça/Com ouais s’te plaît

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B dix et:: onze (.) tiens l’appoint (.) c’est rare/Com ((sourire))A et ta maman ça va/Com ouais [ça vaA [elle va bien/Com ouais[ouaisA [on la voit plus/Com ben::: elle est chez sa sœur pour quelques jours [elle l’aaidée à déménager elle est trop/ crevéeA [ah d’accordCom oh: mais elle rentre bientôt (.) mardi j’crois\A elle s’ra là pour son loto/Com ((rires))(5)((Com pose les pizzas sur le comptoir))B bon/=A =ouais on y va (.) tu lui passeras le bonjour de ma part/C ça marchouille/B j’te pique d’la sauce piquante/=Com =ouais/ [vas-y/A [allez bon courageB (inaud.)Com <((en riant)) ouais: bonne soirée et bon app’>B eh sous’/ on essaie d’se voir dans la s’maine/Com t’inquiète/B allez bye:D au r’voir bonne soirée

5- Le découpage en unités hiérarchisées

Document 1a) Les huit extraits ci-dessous sont tous des exemples d’une séquence récurrentedans toutes les interactions dans des petits commerces. De quelle séquence s’agit-il ? Donnez-lui un nom.

b) Repérez les différents échanges que l’on peut trouver à l’intérieur de cetteséquence. Donnez un nom à chacun d’eux.

c) Relevez toutes les formulations différentes de l’acte de langage principal duclient. Sont-elles interchangeables ou peut-on expliquer les variantes ?

Extrait 1 – Chez la boulangèreB- alors madame doncCl- oui euh la même chose(La boulangère saisit une baguette)

Extrait 2 –Chez la bouchère :Cl […] je voudrais deux escalopes s'il vous plaîtBre deux escalopes oui:: épaissesCL nonBre pas trop épaisses..comme vous voulez

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Extrait 3 – A la boulangerieC- je voudrais un pain aux céréales [s'il vous plaîtB- [ouiC- et une baguette à l'ancienneB- et une baguette (bruit de sac en papier et de caisse enregistreuse)

Extrait 4 — A la boulangerieC- […] j'voudrais une baguette de campagne s'il vous plaîtB- baguette de campagne (.) alors j'ai déjà plus d'baguette et ensuite

ce sont pas vraiment des baguettes de campagne ce sont des baguettesblanches hein c'est pas du pain d'campagne (.) en pain d'campagnej'vais avoir le boulot du palais ou l'épeautre plutôt

C- l’é[B- [ l'épeautre un pain à l'épeautre (5 s)C- ben j’vais prendre deux baguettes blanchesB- oui enfin elles sont- elles sont quand même faites à l'ancienne

c'est-à-dire avec une farine qui a pas [d'additifs et qui est cuiteau feu d’bois

C- [d'accordB- par contre elles sont au four j'vais aller voir (5 s) Jean-LouisJL- ouiB- tu peux sortir les baguettesJL- dans 5 minutesB- dans 5 minutes (5 s.) (à la cliente) y a cinq petites minutes

d'attente j'vais avoir des flûtes sinon qui sont faites euh d'la mêmefaçon

C- d'la même façonB- oui oui c'est la mêmeC- c'est pareil que deux baguettesB- c'est l'équivalent en poidsC- ben j'vais prendre ça alors

Extrait 5 – A la parfumerieCL est-ce que je pourrais voir la teinte s’il en reste de Guer[lainP [ouiCL s’il-vous-plaîtP y a plusieurs teintesCL et je me souviens plus ce que j’avaisP et ben on va regarder ensemble là

Extrait 6 – A la boucherieCL j’vais prendre de la viande hachéeBr trois kilosCL trois cent grammes (rires)

Extrait 7 – Chez la fleuristeCL j’aurais voulu des rosesFL il fallait venir plus tôt j’ai été dévalisé ce matin

Extrait 8 – A la boucherieCL euh: donne-moi (.) donne-moi un steak s'il te plaît::: (tousse)

Extrait 9 – Au bureau de tabacCL un carnet de timbres s’il-vous-plaît

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Document 2 A la boucherie a) découpez l’interaction suivante en séquences et en échanges.b) Quelles séquences vous semblent systématiques de l’interaction dans un petitcommerce?c) En quoi les éléments du contexte expliquent-ils le déroulement particulier de cetteinteraction ?

CL: bonjour euh:BR: bonjour..et alors/CL (à la bouchère qui est dans la petite pièce à côté) : bonjour toi :qu'est-ce que tu fais

là-bas dans tes saucisses /Bre : j’suis en train d'faire des andouillettesCL: t’es en train d’faire tes douillettesBr: (inaudible)CL: euh: donne-moi: donne-moi un steak s'il te plaît::: (tousse)Br: ohCL: ohBre: (inaudible) c’est demain qu'on arrose les vingt ansCL: c'est demain soirBre: ben oui : j'ai réalisé cette semaineCL: c'est demain (.) ouaisBre: c'est demain qu'on fait les fousCL: ouf (.) on va encore êt’biens hein : on va prendre un Alcasetzeir

avant moi jai une crè:ve j’t’explique pas::Br: t’as la voix toute casséeCL: hein : ouais : et pi donne-moi euh: deux tranches d'agneau ( .) euh

celle-làBr: celle-là /CL: euh j’en sais rien celle qui est plus longue (.) voilà celle-là (.)

ouais p'têt’ qu'un p’tit coup de: jaja ça m’faire du bien (rires) unp’tit coup d’jaja ça peut faire du bien

Br: (inaudible)Bre: c'est où/CL: c'est à la salle des fêtes de challin redmande lui mais j’crois

qu'c'est là: i m’semble qu’c'set à la salle des fêtes de challinBr: challin challin challin : c'est où/CL: c'est d’lautre côté là-bas c'est dans l'ouestBr: c’est par euh:::CL: c’est par où c'est:::Bre: par fareinsCL: ouais par là-basBre: par fareinsCL: [ouaisBr: [voilàBre: ben on va avoir l'air de p'tits vieux nousCL: arrête ben tant pis (.) t’sais qu'on va p’têt' les enterrer hein faut

s’méfierBr: ouaisCL: plus on est vieux plus on a la formeBr: (inaudible)CL: on est ben toujours les derniers rentrésBr: ça c'est pas un honneurCLn°2: bonjour madameBr : bonjour (32s)CL: bon allez à demain bonne journéeBr: à demainBre: au revoirCL ((à la cliente n°2)): au revoir madame

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Document 3

Distinguez les différentes interventions à l’intérieur de cet échange entre deux collègues debureau.Fr1 tu sais on a tout analysé et en fait [???Fr2 [oui oui oui oui

j'attendais un mémo [de John BrownFr1 [on a un mémo de John Brown [alors je fais un &Fr2 [ah on l'a/Fr1 &ticket/ alors comment je fais/ est-ce que c'est une autorisation/

6- La gestion des tours de parole

Document 1Analysez les chevauchements et enchaînements dans les extraits de conversation suivants.Dans quels cas s’agit-il de vraies interruptions et dans quels cas remplissent-ils au contraireune fonction interactionnelle et laquelle ?

Extrait 1 :A la boulangerie.

Boulangère- alors une [flûteClient- [deux deux deux

Extrait 2 :Visite entre amis. K a apporté chez J et L un gâteau qu’elle a confectionné elle-même.

K mais j'sais pas [pourquoi i s'est- [i s'est CREUSÉ au milieuL [c't'une merveilleJ [hmmmmmmmL c't'une merveille de merveille

Extrait 3 :A la boulangerie.

C et vous avez pas des baguettes euh normales non vous avez pasB ce sont des baguettes [normalesJL [c'est des baguettes normalesB c'est du pain blanc hein sauf que donc c'est une farine qui [estC [ben

donnez moi [des&B [qui estC [&flûtes là parce que là il y a vraiment&B [pas additionnée du toutC &que la croûte presque

Extrait 4Entre amis. C, étudiante, est en train de parler d’un travail qu’elle est en train de rédiger.

C- (…) ben ouais moi j’me suis arrêtée vers six heures…pff… j’m’arrêtetoujours au moment où j’commence à=

L- =à être bien d’dansC- ouais ((rires))L- ben c’est typique comme truc moi aussi hein c’est vach’ment souvent

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Extrait 5Irène : c’est vrai que c’est facile euh avec des Australiens euh c’est

vrai que en en l’espace de dix jours j’ai déjà beaucoupbeaucoup de de numéros de téléphone et je suis… rien qu’avec lapremière semaine que j’ai passée je suis sortie tous les soirsdonc c’est vrai que de ce côté-là =

Guillaume: = mais c’est facile hein =Irène: = le contact est [facile]Guillaume: [vingt ans] un mètre soixante-quinzeIrène: un mètre [SOIXANTE]Guillaume: [quatre]- vingt-dix-huit soixante quatre-vingt-dix!Irène: c’est pas vrai/

Extrait 6

Robert: on peut garder sa culture tout en côtoyant une autre culture jeveux dire c’est [euh]

Elisabeth: [mais] oui =Robert: = ouais c’est la tolérance =Elisabeth: = ah oui [c’est de la tolérance euh c’est]Robert: [voilà c’est des qualités] on peut vivre ensemble sans

problèmes je pense

Extrait 7

Irène: j’t’assu :re c’est pas vrai moi quelqu’un vraiment quelqu’un debon c’est vraiment quelqu’un qui a des valeu :rs [ça c’est]

Guillaume: [quelles]valeurs/

Irène: des valeurs ben: justement le respect des autres [euh]Guillaume: [les] valeurs

humaines alors/ =Irène: = oui tout à fait tout à fait

Document 2Cet extrait de corpus met en scène un alcoolique (P) et deux "non alcooliques" (E et AE).Vous dégagerez avec précision les caractéristiques de la "conversation éthylique" enobservant l'alternance et le volume de parole d'une part, les focalisations thématique d'autrepart. (Corpus Péréa)

E. J’m’entraîne pour dev’nir alcoolique [#1]P. / Pour d’venir quoi ?E. / Alcoolique !P. Oh c’est pas difficile hein // j’te donne la recette moi / t’achètes un bistrot / t’esalcoolique au bout d’cinq ans / 1 an/ 1 an et demi t’es plein comme un garde //tous les jours /// Chaque fois qu’un gonz’ y t’dis “tu veux boire un coup ?” “BenOK” // Alors l’aut’ y prend un blanc et toi tu prends un blanc l’aut’ y dis un pastistu bois un pastis l’troisième y t’dis un d’mi tu bois un d’mi // à midi t’es d’jà pliéE.ouais ouais mais là c’est pas du choix / c’est du commerceP. Et après tu:: / après t’es ( X) toute lajournée/// et tous les soirs tu t’endors // ( XX) // Tu regardes un match à la télé {fait signe de s’endormir } // “c’était bien l’match hier ?” ‘tain impeccable / t’asrien vu qu’t’étais marié / des fois tu dors tout seul avec le chien / dans la niche //Ca / on est tous plus ou moins alcooliques //E. y’en a pas beaucoup ici hein ?P. hein ?E. Y’en a pas beaucoup

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P. Y’en a pas beaucoup ? Ben mon vieux // ah tu connais bien l’quartier hein //Y’a pas beaucoup d’alcooliques qu’y dis // Ben moi / j’en ai pas vu beaucoup qu’ybuvaient pas // j’en ai pas vu beaucoup qu’étaient pas alcooliques j’veux dire // 9sur 10E. AH OUAIS ?P. Ah j’ai pas dis rond / Alcooliques / c’est différent c’est pas la même chose ///moi des fois j’ai bu des canons mais j’suis pas :: tu m’verras pas tituber rien dutout //AE. de toute façon suffit d’boire :: un verre de vin par jour t’es alcooliqueP. oui: NONAE. Si du moment qu’tu peux pasP. NON pas un verre par jour/ n’éxagère pas non plus // unverre de vin t’es pas alcoolique / T’es parce que tu peux t’arrêter tout de suite /UN mec qu’est alcoolique va pas s’arrêter d’boire de l’alcool // comme moi / sij’ai pas mes deux blancs le matin / mes deux pastis à midi / mes trois bières dansl’( X ) // J’suis pas bien // j’dépasse pas mes:: une certaine dose / j’ai pas honte del’dire // après quand tu dépasses alors là / t’es rond / mais tant qu’j’dépasse pas madose j’suis pas rond / j’suis bien // et et et ça { montre une cigarette }AE. Ah mais c’est pareilP. c’est pareil / si j’ai pas fumé mes vingt clopes par jour // j’vois l’dimanchematin que j’me lève plus tard que d’habitude / ben j’fume ma première cigarette àdix heures du matin ben :: j’la trouve drôlement bonne/ que la s’maine à sixheures du matin j’fume///mais l’dimanche matin j’me réveille/ j’vais pisser uncoup ben comme tout à chacun // j’bois mon café ben putain cherche le bu- lescigarettes// que la s’maine à six heures je fume// ‘fin à six heures / le tempsqu’j’arrive à six heures trente / parce que chez moi j’fume pas /// j’fume enarrivant ici // on a tous besoin d’un truc // et j’cause pas d’ tout ceux qu’avalentheu:: cinquante cachets par jour: // pour la tête / pour les pieds / pour les reins/pour la vessie / tu les vois v’nir les gonzs’ qui t’demandent des verres d’eau //z’ont des cachets plein les poches y savent même pas à quoi ça sert // pour dormirou pour :: / y sont drogués aussi // c’est une drogue / le mec qu’a pas son cachetpour dormir y dors pas / ben c’est une drogue // moi ( XXXX) si y z’ont pas leurscachets / ben y dorment pas // qu’est ce que ça veut dire ça ? / moi j’dors bien sanscachet / qui // non parce qu’ils ont pris la::: l’accoutumance quoi // et en plus c’estdans leurs têtes après y t’filent placébo / c’est dans leur TÊTE / il faut des cachets// alors y’a qu’en France qu’les pharmacies font pas faillite en France / Y’a qu’lasécu {tousse} / les pharmacies font pas faillite en France // Ils ont jamais autantbossé / (XX) / (X) mais ils sont contents les gonzs y z’ont des ordonnancescomme ça y sont heureux j’te dis vingt d’plusE. Bah / les bars c’est pareil si y’a tant d’alcooliques que çaP. Hein ?E. Si y a tant d’alcooliques que ça / dans l’quartier ça devrait marcherP. Ben c’est pas dans l’quartier/ Alcoolique c’est national c’est la France qu’al’plus d’alcooliquesE. C’est le sport national en FranceP. Et oui Oh::: y’a pas qu’en FranceAE. L’Allemagne aussi y sont bonsP. Y’a pas qu’ça / et l’Angleterre tucrois qu’ils boivent pas ? // parce qu’ils ont leurs bars fermés à :: les pubs youvrent qu’à cinq heures pis y ferment à huit heures et s’ouvrent pas entre midi et

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deux mais y s’soulent la gueule parce que moi j’ai été en vacances hein // j’ai vuc’qu’ils boivent / ils boivent plus que vousAE. (X X X X)P. Et les Hollandais y boivent pas ? Les Hollandais yboivent pas ? Les Hollandais c’est pas un d’mi qu’ils boivent / c’est/ des litres / àX / J’sais pas si tu connais le lac de X // DES litres / et les gonzesses avec // Alorsun d’mi pour eux c’est { rire} // Et puis z’en boivent pas qu’un dans la soirée hein? / Ils restent toute la nuit au bar et - / sont tous bourrés / y dégueulent dans lesprés là-bas oh / ben c’est la vérité hein // y’a pas qu’les Français qui boivent /seulement chez eux / y’a pas d’bonne boisson / c’est pour ça qu’ils boivent pas //mais y s’soulent la gueule comme nous // et les Russes ils boivent pas / Et Eltsineil est tout l’temps bourré // ben c’est une légende // Parcequ’ils ont vu une fois unpeu gai // moi j’connais pas un pays où ça boit pas ! // même les NOIRS ys’soulent la gueule // au Rhum blanc / ça fait 80° / y boivent ça comme toi tu bois/ tu sais les Nègres / t’sais l’Rhum blanc / V’là/ ca fait 80° leur connerie / boiventça comme nous on boit //un p’tit rouge ou un d’mi / c’est bien des pionnards aussi///// Y’a des pionn- des alcooliques dans tous les pays du monde / oh ohAE. Tiens tu peux m’faire un café s’il te plaît ?P. Ah ben ça y est maint’nant / un seul ?AE. OuaisP. Les hommes politiques y boivent pas ? C’est sûr / ils ont des chauffeurs ypeuvent pas s’faire arrêter //E. Y s’contentent de nous soûler c’est déjà pas si malP. C’est comme l’affaire de la princesse là / c’est l’chauffeur qu’étais bourré / audébut l’était bourré et après il était plus bourré / Eh oH // le mec sa (X) il l’avaitpas vu / mais c’est presque sûr // mais après il avait pris des cachets / alors uncoup il était rond un coup il avait pris des cachets // Eh ils l’ont butté et puis c’esttout / affaire classée /// j’suis pas un érudit / comme on dit érudiT // ils l’ontflingué la Diana/ les Anglais y ‘s’en avait plein l’cul // l’ont flingué // le prince samère (X) en plus elle divorce avec le prince et elle va s’mettre avec un Arabe /qu’est- les autres y pouvaient pas voir le:: hé: alors tu sautes / allez/ à la suivante /y z’ont jamais r’trouvé d’voiture hein /: y’avais une Fiat y’avait ci / y’vait là//c’t’affaire maint’nant qu’elle a été tué / maint’nant plus personne en parle hein /c’est fini / y vont (X) sur son cerceuil allezE. Encore heureux parce que quand elle est morte : ils nous ont soulé avecP. Hein ?E. Quand elle est morte : ils nous ont soulé avecP. Oh la la ! // (X)E. Y’en a eu assez hein

{ Deux hommes entrent dans le bistrot. P se tourne vers H1 et H2)

7- Les aspects rituels et routiniers

Document 1 : une séquence de clôture

• Analysez la séquence de clôture suivante tirée de la transcription d’une conversationauthentique entre proches au cours d’une visite (corpus Traverso) :

1- A quelle ligne commence-t-elle ? Sur quels indices vous appuyez-vous pour endécider ?

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2- Repérez toutes les composantes typiques de la séquence de clôture que l’on trouvedans cet extrait et classez-les par catégories.

3- En vous appuyant sur votre analyse, diriez-vous que cette séquence suit le modèle« standard » de clôture de visite ou non ? Justifiez votre réponse.

• Analysez les chevauchements : distinguez ceux qui constituent des ratés de la conversationde ceux qui remplissent des fonctions interactionnelles et indiquez lesquelles.

La conversation dure depuis déjà un certain temps :

A […] non mais là y a un truc déjà l’fait qu’y ait quelque chose qui s’ballade à l’intérieurc’est pas bon hein

L c’est pas normal hein/A [c’est pas normalL [mais j’l’avais donné à un mec hein pour le :: [(.) vérifier c’trucA [réparerL et il avait/- j’sais plus c’qu’il a- il avait trouvé un faux contact dans la pile/ (.) j’sais pas

quoi\ il avait dit qu’i- qu’i marchait très bien en fait (.) qu’y avait rien\ il avait pas faitpayer tu vois

L [il avait resserré j’sais plus quoi et i disait qu’ça marchaitA [hm hm

(2.2)P bon/L et en fait euh ::P on y vaA allez (.) ouais (.) c’est vrai qu’on était [en retard ouaisL [oh ben vous avez pas l’air euh : (.) bien ::A quoi/ (.) bien/L bien réjoués (.) réjouis=A =bah : e- elle a les boules euh :L qu’estce qu’elle a/L bah elle aime pas partir d’t’manière (.) puis laisser les chats et puis [na na naP [ouais

(1.8)L moi p’t’êt euh : j’te demand’rai l’inverse euh : le week-end euh : (1.0) du lundi là :P hm (.) sans problème (1.4) t’façon moi j’pense pas qu’j’boug’rai ce week-end là

(1.7)L parce qu’autrement j’peux d’mander à J. [hein siP [non non mais : j’viendrai de tout cœur (rire)

s’tu m’laisses une bouteille de pastis sur la table et un verre (rire)L y en a une dans l’placard (.) en fait euh ::::

(1.2)P (chantonne) bon allezL moi j’vais à Vil. Aujourd’huiP tu fais des bises (.) ouais/ hier j’ai essayé d’appler C. toute l’aprèm toute la journée=L =elle était à Vil hein

(1.7)P mais chez elle l’après-midiL elle est arrivée à Vil (.) au début de l’après-midi (.) parce que j’ai téléphoné à Vil et elle

y était déjà (.) vers deux heures

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A (chantonne)P (chantonne)P bon/A allez goP adieuL adieu (bises) donc euh : j’remets pas les clés dans la boîteP non non j’pass’rai lundiA ciaoL okay (.) ciao et alors euh : bon- bon séjour à la campagne [j’espère qu’il fera beauA [ouaisP ben ça a l’airL ‘fin qu’i continuera à faire beau du moinsP ça a l’air bien partiL et qu’ça s’ra (prononcé avec un accent) agréableA sûrementP I hope so (1.2) ouais ça s’ra bien au soleilL moi aussi c’est ça (.) c’pour ça qu’j’veux y aller l’week-end d’après c’pour m’faire

bron- t’sais travailler au soleil euh : dans l’herbe et toutP salut (rire)L bon allez ciaoP salut

Document 2 : un exemple de routine conversationnelle

« Vous avez passé un bon week-end ? » vs « Did you have a good week-end ? »• En supposant que les transcriptions suivantes sont relativement représentatives de la routineconversationnelle « Vous avez passé un bon week-end ? » entre Français et entre Australiens,quelles différences remarquez-vous au niveau des contenus et des attentes ?

• Dans le cas des exemples interculturels Français/Australiens, quels ratages ou tensionsnotez-vous et qu’est-ce qu’ils révèlent sur les divergences de normes communicationnellesdans ce contexte ?

- Exemple Australien/AustralienEntendu à la radio, entre deux présentateurs (émission du lundi matin)

Femme did you have a pleasant weekendHomme I did what about youFemme I did tooHomme what did YOU doFemme we went to a birthday dinner on saturday and a barbecue on sundayHomme food food food :Femme yes we ate our way through most of the weekend

Puis ils continuent à présenter les programmes.

- Exemples Français/FrançaisTranscription 1Béatrice le weekend a été bon/

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Noël très bon très bon très bon (.) on a fait du trainBéatrice du train/Noël du petit train à vapeur qui se ballade

[dans les dandenongs.Béatrice [ah\ dans les dandenongs oui c'est sympa çaNoël une bonne partie de- le retour on s'est retrouvés entre deux wagons sur le

marche-pied ((petit rire))Béatrice tellement y avait de monde/Noël tellement y avait de mondeBéatrice mais c'est fou [le dimanche soir/Noël [[inaud.]Béatrice parce que c'était dimanche soir/Noël mmmBéatrice a l'extérieur en rappelNoël ((petit rire))Noël oui oui ça : y a la plate-forme entre les deux wagons on :Béatrice oh ben eric ((fils de Noël)) a dû adorer çaNoël oui sauf que : il avait des escarbilles dans les yeux alors i- i- voit- il voyait

plusBéatrice ah oui alors là c'est moins bon (.) bien bien\Noël et vous ça été bien/Béatrice oui : assez calme (.) nous avons été au cinéma hier après-midiNoël oui denis ((ami de Béatrice)) m'a ditBéatrice voir un truc complètement dingue (.) mais en fait je crois qu'il faut le voir

quand même mais j'irais pas deux fois hein\ (.) on était avec robertNoël [ah oui robert me l'a ditBéatrice [rose avait refusé de venirNoël [robert m'la dit qu'c'était :Béatrice [je crois qu'elle a bien fait ((rire))Noël il m'a présenté ça comme une version modifiée de la- de la grande bouffeBéatrice très modifiée : très modifiée oui : ((à mi-voix)) complètement dingue(à Sion qui passe)Sion yeah/Noël XYZ (nom d'une compagnie), some news/ (etc)...

- Transcription n°2 (reconstitution)

Christine t’as passé un bon weekend/Marie m’en parle pas j’ai fait que des bêtises (.) encore ce matin on devait rentrer de

sorrento on avait enfermé mistigri hier soir et ce matin j’me lève j’étais àmoitié endormie j’ouvre juste la porte pour voir le temps qu’il fait hop il s’estéchappé on a mis deux heures à le faire revenir du coup j’ai raté mon coursde chinois ce matin

Christine il savait que vous alliez rentrer à MelbourneMarie tu penses bien sûr il avait vu les bagages hier soirChristine et il voulait pas rentrerMarie bien sûr que nonChristine ah je te dis ces chats moi le mien il a rien trouvé de mieux que de venir

miauler sur le bord de la fenêtre à trois heures du matin il a découvert ça

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maintenantMarie oh ils sont vraiment coquins bon ben à plus tard(entre dans son bureau)

- Exemples Français/AustraliensTranscription 1Béatrice did you have a good weekend/David mmm mmmBéatrice very busy/David Err : yeah it was yeah very busy. I think you : I went to that- that lodgeBéatrice ah yeahDavid and err: I’ll give you the number if you wanted to see itBéatrice yeah thank youDavid 'cause it’s really goodBéatrice how was the weatherDavid ((s'adressant à quelqu’un d’autre)) I’ll give you the letterX oh all rightDavid ((à Béatrice)) mmm/ oh it was nice 'twas a bit cold but err : once you get the

fire going [[:]Béatrice [ah it’s coldDavid and the stove going it’s beautiful so : the house isn’t cold at allBéatrice yeah.David it’s good it’s got a lot going for it you’d enjoy itBéatrice it’s not very far/David it’s an hour and a ha :lf=Béatrice =quite [all rightDavid [hour and three quarters,if you went at night it’d take an hour and three

quarters possibly two at most,an hour and three quartersBéatrice mmm : did you go on friday night/David no friends went ahead and got the fire going and the lights on 'cause if you get

there Friday night and you don’t know what to do in the dark it’s not easyBéatrice no it’s better to go on SaturdayDavid saturday morningBéatrice mmm :David mmm :Béatrice good [:]David yeah [:]. it’s worth it (.) yeah it’s worth itBéatrice bien bien\David if you got there with a few friends 'cause I think I think it’s a flat rate for the

weekendBéatrice: mmm mmmDavid a hundred and twenty dollars for the weekendBéatrice ((à mi-voix)) not expensiveDavid no : there was eight of us this weekend so it was twenty dollars each for the

weekend plus food it’s not bad (.) I’ll give you the addressBéatrice yeah (.) thank you (.) pleasure.David you’d like it [you’d enjoy itBéatrice [if we have time to go there ((petit rire*))David that’s right(s’éloignant)

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* Béatrice est sur le point de rentrer définitivement en France.

Transcription 2Lundi matin. Béatrice regarde David (australien mais “se débrouille bien” en français).

Béatrice tu as trop bu samedi soir/David ouiBéatrice à cause du mariage de X/David siBéatrice est-ce que c’était bien/David le mariage/Béatrice ouiDavid superbeBéatrice good atmosphereDavid mmm mmm 'twas at the melbourne club au centre villeBéatrice it was a dinner o :r/David Err : cent- cent quarante personnes heinBéatrice cent quarante personnes/David a noce a receptionBéatrice mmm/David a receptionBéatrice oui une grande réceptionDavid une graan :de réception ouais c’était très bien et j’ai : une : une boum après la

réception heinBéatrice mmm sympaDavid ((inaud.)) et hier c’était le mother’s dayBéatrice ah oui la fête des mères c’était hier c’est pas le même jour en FranceDavid non/Béatrice c’est dans : quinze jours ou quelque chose comme çaDavid ah/Béatrice ouiDavid mais c’est toujours en[en maiBéatrice [donc tu as fait deux fêtes une fête pour le mariage de X

et une fête pour la fête des mèresDavid et j’ai du rester chez X hier soir

[je suis très fatiguéBéatrice [parce que tu étais too drunkDavid très fatigué (.) non c’était très bonBéatrice sympa :David mmm : et toi qu’est-ce que tu as fait/Béatrice eh bien euh : vendredi nous sommes allés à l’opéraDavid le : carmen/Béatrice non non pas Carmen (.) lucia de lameermoorDavid lucia de pavarotti!Béatrice ((petit rire)) pas avec pavarotti/ et samedi nous avons eu une amie à dîner et

nous sommes allés au cinémaDavid ah oui/Béatrice voir un film HORRIBLEDavid quoi/Béatrice vanishing

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David comment/Béatrice vanishingDavid vanishing/Béatrice mmmDavid c’est américain/Béatrice non c’est franco-hollandais avec euh : tiens/ monsieur [allanAllan [inaud] béatriceBéatrice how are youAllan heinBéatrice how was your weekendAllan greatBéatrice the wedding/Allan a lot of fun (.)Béatrice nice (.) cocktail/ It was a [cocktail a lunch/Allan [no no it was lunchBéatrice yeahAllan but it didn’t finish until nineBéatrice great. [David too had a ... had a weddingAllan [inaud.]David mmm. : it’s been a time for marriagesBéatrice [may :David [anyway (.)Béatrice may is a good monthDavid hein/Béatrice may is a good monthDavid yeahBéatrice to get marriedDavid bon à plus tard hein(s’éloigne)Béatrice see you

Transcription 3Française / Australien (Jack, d'origine irlandaise avait mentionné dansune conversation précédente qu'il irait au festival annuel de musiqueirlandaise à Port Fairy. J'avais indiqué mon intention d'y aller aussi)

Ann hello jack.Jack hi christine hi ann did you get down to Port FairyChristine yes I didJack [did youChristine [did you enjoy itJack yeahChristine you did too/ I- I didn't see youJack and you /Christine yes I did It wasn't as good- as good as the irish oneJack ah no : I think I told you not to expect as good as=Christine =[quite as highJack [nowhere nearChristine and=Jack =did you have tickets by the way

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Christine yes we did (.) you didn't/Jack nah Christine and the two irish groups were a bit disappointing the two visiting ones (.)

euh : what are they called (.) Skylark and Barleycorn (.) did you see them/Jack nah :Christine you didn'tJack [I was in the pubs whereChristine [ah ahJack they were to have just just sessions with musicians they were pretty goodChristine I see they were goodJack The backroom standard was pretty good, but- at least the weather was O.KChristine yes the weather was=Jack =was better than over hereChristine yes we had some- some nice walks yes it wa :s=Jack =it's nice down there isn't it/Christine mmm : it's lovely it's really good (.) not- that was- the atmosphere's different

too, it's not as- it's not=Jack =totally differentChristine it's much mo :re (.) sedate (.) and organised (.) but I mean it was good it was a

great weekendJack mmmChristine but=Jack =no it's not the same,it's not the same atmosphere at allChristine no and it's not like listening to : (.) the Bothy Band (.) or people like that I

mea :nJack noChristine if you've got them on tape there's just no [comparisonJack [exactlyChristine but I suppose it's only to be expectedJack yeah (.) ah : it's a good breakChristine it's a good break and it's funJack did you camp/Christine no we went to a motel do you know that one on the- on the channelJack mmm/Christine it's ca : lled (.) douglas on the riverJack noChristine it's on that main- that main roadJack yahChristine that's along the riverJack yah yahChristine going towards the beachJack yah/Christine well it's just along there and it's good (.) it's : just a motelJack how much did they charge the nightChristine fortyJack that's not too bad (.) given the weekend that was inChristine yeahJack they could have got away with sixtyChristine yeah I think so they we :re (.) quite reasonable I think (.) yes it was fun (.) so

what did you do

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Jack I stayed with some friends of mine in warranamboolChristine mmm mmmJack which I was in and outChristine mmm mmmJack an :d ((geste de la main montrant qu'il a beaucoup bu))Christine ((rires))Jack I'd better go : I'll see youChristine see you

Transcription 4Béatrice how was your week-endAllan 'Twas good nice and quiet in fact I did nothing we went to a party last night

did nothing friday night all day saturday spent most of the day in bed watchedtelly saturday night nothing yesterday then we went to a party last night,whichI could have done without we went to a party lecture

Béatrice did you see the hitchcock film on saturdayAllan yeahBéatrice it was great/Allan yeah err :Béatrice what was the title of thatAllan ropeBéatrice rope/ (.)Allan it was about how two uni students strangle a friend of theirsit was a thrill killBéatrice mmm : quite goodAllan and then after that was [:] euh Neil- Neil Gibb or somebody or other err : with

joan crawford do you know joan crawfordBéatrice yeah did you see it?Allan most of it yeahBéatrice and after that you feel asleep ((rire)).Allan I- I went to bed and jane stayed up and watched the end of thatBéatrice good it was quiet weekendAllan mmm

8- La politesse linguistique

Document 1

Identifiez laquelle ou lesquelles (si plusieurs sont combinées) des 5 grandes stratégies de

politesse est/sont utilisée/s dans chacune des situations suivantes et indiquez quels aspects

sont destinés à ménager les faces de l’émetteur et du destinataire :

1- « Excusez-moi de vous avoir fait attendre, je suis tombé dans unembouteillage. »

2- « Fiche-moi la paix !

3- « Chéri ! La poubelle est pleine… »

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4- Quelqu’un qui rend visite à un ami au sixième étage sans ascenseur : « Dis-donc, c’est haut, chez toi ! Tu dois être vachement en forme ! »

5- Quelqu’un qui reçoit un cadeau :« Oh merci ! Comment tu as deviné que j’adore les orchidées ? »

6- « Il faut absolument que ce document parte aujourd’hui »

7- « Si on emmenait un pique-nique ? »

8- « Quelqu’un a fini les chocolats… »

9- Le concierge, à qui on vient de donner des étrennes « Oh ! Il fallait pas,Monsieur Durand… »

10- Vous voulez emprunter de l’argent : « je suis un peu juste ce mois-ci… »

Document 2Relevez toutes les manifestations de politesse dans l’interaction suivante et expliquez-les dansles termes de la théorie de la politesse de Brown et Levinson :

1 B- madame\2 C- une baguette s'il vous plaît3 B- les baguettes elles sont au four y en a pour cinq p'tites minutes y en a pas pour

longtemps hein i manque un tout p'tit peu d'cuisson simplement4 C- oui ben j'vais déjà vous la payer5 B- alors quat'quatre-vingt s'il vous plaît6 C- deux trois quatre ça doit être ça7 B- merci (5 sec) si vous voulez vous asseoir deux p'tites minutes8 C- oui : oh ben c'est bon vous inquiétez pas j’suis restée assise toute la matinée9 B- (rires) (attente de la baguette : 3 minutes, la boulangère vaque à ses occupations, la

cliente attend patiemment) Jean-Louis c'est bon la baguette ?10 J.L-ah attends je regarde (il ouvre le four) euh : ouais c'est bon11 B- alors i m'en faut une s'te plaît12 J.L-voilà bien chaude (sachet)13 C- ah ben c'est super14 B- (à J-L) merci (à C) oui attention d'pas vous brûler15 C- oui oui allez merci au r'voir16 C- merci madame au r'voir et excusez-nous pour l'attente17 C- oh c’est rien au r’voir

9- Exercice de synthèse

Retour sur l’échange Daniel Cohn-Bendit/François Bayrou.

1) Reprenez votre analyse des termes d’adresse et formes nominales d’adresse

2) Analysez la gestion des tours de parole par les deux locuteurs.

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3) Analysez les stratégies de politesse des deux locuteurs.

4) Faites la synthèse de tout ce qui précède : quel type d’échange tous ces éléments

contribuent-ils à construire ? Comment pouvez-vous qualifier l’ethos communicatif des

deux participants ?

Un extrait télévisé de débat entre Daniel Cohn-Bendit (Député européen, coprésident du

groupe Verts, qui conduit la liste Europe écologie) et François Bayrou (Président du Modem)

pendant la campagne des Européennes 2009. Peut être visionné sur YouTube.

((François Bayrou vient d’insinuer que Daniel Cohn-Bendit est de connivence avec

Nicolas Sarkozy))DC <((du ton de celui qui veut ramener l’autre à la raison)) et vraiment

de dire comme ça je suis l’ami de sarkozy\ mais c’est pas de ton

niveau> (.) tu es- tu veux être président il y a l’omniprésident il y

a l’omni-opposant (.) reviens sur terre françois on est dans une

élection européenne on se bat pour des idées NOUS SOMMES des

européens aussi bien toi que moi arrêtons ces petits jeux qui

ennuient les français […]

FB quand on fait des réponses trop longues c’est qu’on se sent mal

[…]

((FB insiste pour rapporter l’anecdote qui d’après lui prouve la connivence avec

Nicolas Sarkozy, accusant son interlocuteur d’être allé trois fois déjeuner à l’Elysée.

Daniel Cohn-Bendit proteste que c’était en tant que président de son groupe, avec

d’autres présidents de groupe)) FB [pourquoi pourquoi pourquoi&

CB [avec tous les présidents dont le président de ton groupe

FB &vous sentez-vous mal/

DC mais je me sens pas mal je trouve ça ignoble de ta part[parce que tu sais exactement ce qui se passe quand on est&

FB [oh l’ignominieDC &président de [groupe tu as été député euro[péen tu sais&FB [l’ignominie [l’ignominieDC &ce que c’était et ce genre de jeu devant les citoyens eh bien mon

pote je te dis jamais tu seras président de la république [(.) &FB [ très bienDC &parce que tu es trop minable [pour ça (.) trop minable\FB [très bienFB je ne suis pas sûr que vous puissiez vous employer le mot ignominieDC si (.) je peux\ (.) [parce que ça fait partie du langage

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FB [parce qu’il y a parce qu’il y a un certainnombre d’ignominies (.) que vous (.) daniel cohn-bendit n’avez pashésité à porter

DC par exemple/FB <((d’un air entendu)) point à la ligne>[…]

9- Parole et gestualité

Document 1

Le Monde12/05/2002Raphaëlle Bacqué

Chirac ou la construction d'une image

La campagne présidentielle 2002 a marqué le triomphe de lacommunication politique. Chirac a parfait une image bâtie depuis 1988. LePen a soigné les apparences

Pour faire de la politique, il faut avoir une bonne gueule" , dit souvent JacquesChirac. Il explique cela sans rire, en professionnel de la politique qui sait que lecharisme d'un homme peut valoir presque autant qu'un parti fort, des moyensfinanciers substantiels, des alliés solides. Il surveille donc de très près sonapparence. Seuls les grands acteurs savent ce que cela suppose de travailminutieux et de contrôle de soi. Et Chirac est sans doute l'un de ceux qui s'y sontle mieux appliqués.En dix ans, il a d'abord transformé sa gestuelle. Il a pris soin de ne plus battrefrénétiquement du pied sous la table. Il a appris à poser les mains à plat, dechaque côté de son dossier. Il sait paraître attentif à ses interlocuteurs, relancerla discussion d'un détail, en notant avec sérieux un mot sur une fiche. Quand ilmarche sous l'œil des caméras, il garde une main dans la poche de son pantalon,pour la décontraction de l'allure. Il a été si longtemps catalogué parmi les"agités", si souvent critiqué pour son abord brutal -"c'est une école, je le sais, deparler comme on tape à la machine", jugeait avec ironie François Mitterrand -qu'il faut souligner l'ampleur de l'effort fourni pour paraître apaisé. Mais cetravail sur son apparence était une question de survie politique. Il lui a permis dequitter l'enveloppe inquiétante du Chirac "excité", "inconséquent", "survolté"dont il a longtemps été affublé, pour celle de responsable rassurant et prochedes gens, qui a fini par faire sa fortune électorale.Claude Chirac n'est évidemment pas pour rien dans cette reconstruction del'image de son père. C'est elle qui a convaincu Chirac de s'atteler à cette tâche.C'est elle qui a établi les qualités à exploiter et les défauts à gommer. Les rivauxde Jacques Chirac ont pu moquer cette obsession de la communication. Ils ontbien dû reconnaître son efficacité.Le physique de Chirac a cependant été la première pierre sur laquelle édifier uneimage. L'homme est grand, il porte beau. Pendant des années, sa résistance etson énergie ont été son plus formidable outil de campagne. Restait à transformercet atout en "force tranquille", cette belle qualité présidentielle que Claude Chiraca toujours rêvé d'emprunter à François Mitterrand. Les détails vestimentaires ontdonc été soignés. Fin des lunettes à grosses montures noires et des trois pièces

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à fines rayures version grand patron, "trop typique de la vieille droite", a tranchéClaude. Arrivée des costumes souples taillés à l'américaine. On aurait tort derenvoyer cela au rayon des accessoires. Aux pires moments qui suivirent ladissolution, en 1997, le physique de Jacques Chirac est resté son seul allié. Dansles enquêtes qualitatives réalisées par l'Elysée, le panel des Français interrogésavaient beau dire : "Il a trahi ses électeurs", "Il a fait perdre son camp", "Maispourquoi a-t-il voulu dissoudre ?", un élément positif est toujours ressorti : "Ilprésente bien, tout de même" et, même lorsqu'il paraissait devenu politiquementimpuissant : "Il est grand."Jamais, d'ailleurs, les conseillers du président n'ont négligé cet aspect-là. Trèsvite, ils ont compris que l'âge de Jacques Chirac - 69 ans en 2002 - pourrait êtreun handicap, quand, un peu partout en Europe, les dirigeants ont moins de 50ans. Chirac s'est donc appliqué à lutter contre les effets du vieillissement.Teinture subtile des cheveux, UV pour paraître constamment hâlé, parka etécharpe pour rajeunir l'allure. Chirac n'a eu qu'à s'en féliciter. Lorsque, le 10mars 2002, la presse a rapporté que Lionel Jospin jugeait le chef de l'Etat"vieilli", "usé", "fatigué", les conseillers de l'Elysée ont aussitôt constaté, dans lessondages et parmi les supporteurs du président, que ce n'était pas tout à faitconforme à la perception des Français.Mais ce travail sur son physique est presque la seule "actualisation" d'uneentreprise de communication amorcée quinze années auparavant. Car c'est aulendemain de sa défaite de 1988 que Jacques Chirac a intégré qu'il lui faudrait seconstruire très professionnellement une image de président s'il voulait avoir unechance de le devenir vraiment. François Mitterrand, qui paraît alors en maîtrisertous les secrets, l'a sévèrement battu. Il dispose des moyens financiers del'Elysée et d'une formidable équipe de communicants où dominent les figuresétonnantes de Gérard Colé et Jacques Pilhan. A la télévision, il paraît creverl'écran. A plus de 70 ans, il semble plus "moderne" que son rival RPR. Face à lui,Chirac a parfois l'air d'un enfant.Sa fille Claude, alors âgée de 25 ans, vient d'entrer discrètement dans soncabinet, à l'Hôtel de Ville de Paris. Elle s'est longtemps cherchée mais, aprèsquelques mois de stages auprès du publicitaire Jean-Michel Goudard (l'un desfondateurs d'Euro-RSCG), elle paraît avoir trouvé sa voie. En 1984, Goudard l'aemmenée assister à la convention républicaine qui donne sa seconde investitureà Ronald Reagan. Elle y a rencontré deux hommes, Roger Ailes et Jon Kraushar,les deux conseillers en communication qui ont fait Nixon et conseillent l'ancienacteur devenu président des Etats-Unis. A partir de 1988, alors qu'ils travaillentavec George Bush père, Jacques Chirac décide de se payer leurs services.Régulièrement, pendant près de cinq ans, Chirac part donc en Concorde, encompagnie de sa fille et d'un garde du corps, les rencontrer discrètement, à NewYork.Il ne s'agit pas seulement, pour lui, de maîtriser les techniques de l'interviewtélévisée, qu'il déteste -"Je n'ai jamais pu parler à une lentille", s'excuse-t-il alorssouvent -, mais de bâtir une stratégie de communication plus globale. "Lesgagnants sont ceux qui rassemblent des informations sur le terrain, observent,questionnent et pratiquent toutes sortes de recherches", affirment Ailes etKraushar dans leur livre You are the message (Ed. DoubleDay. 1989). ClaudeChirac va donc imaginer une manière de faire campagne avant la campagne.Car, a-t-elle bien compris, "une image ne se façonne pas en trois mois sur leterrain".Une fois toutes les trois semaines, l'équipe de la Mairie de Paris organise doncpour Jacques Chirac une visite en province. La visite dure deux jours, avec une

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nuit sur place. Chirac rencontre, au cours de "séances de travail", des chefsd'entreprise, des présidents d'association, des travailleurs sociaux, bref des"agents d'influence", qui seront autant de témoins de l'attention que JacquesChirac porte aux Français. Les militants RPR sont priés de ne le voir quediscrètement, en fin d'après-midi. Enfin, on soigne tout particulièrement lapresse régionale.Une fois devenu président, Jacques Chirac a à peine sophistiqué sa manière defaire. Claude a tout de même fait acheter un prompteur, du même modèle quecelui qu'utilisait Ronald Reagan, qui permet enfin à son père de sortirphysiquement de ses discours sur lesquels il gardait les yeux braqués. Il a aussipoursuivi ses voyages en province, dans le même but : prouver que le pouvoir,même suprême, n'isole pas et s'imprégner de cet air du temps si importantlorsqu'on veut communiquer. Cela ne le sauvera pas toujours des erreurs dejugement politiques. En 1997, il décide ainsi de la dissolution sur la seule foi dequelques sondages des renseignements généraux quand un regard attentif surles mouvements de protestation aurait pu le convaincre de l'aspect hasardeux del'entreprise. Mais cela lui a permis de se maintenir à flot. Même lorsque lacohabitation lui enlevait tous ses pouvoirs. Même lorsque les scandales politico-financiers menaçaient d'écorner son image.Jamais, d'ailleurs, Jacques Chirac n'a perdu le seul vrai capital engrangé pendanttoutes ces années de travail sur lui-même : sa popularité. C'est cette imaged'homme "sympathique" et "proche des gens" qui lui a permis de se maintenir.C'est à partir d'elle qu'il a repris pied, face à un Lionel Jospin qui possédait lesqualités et les défauts inverses aux siens : le sérieux et l'intégrité politique, maisune certaine rigidité. Cela n'a pas forcément étoffé son bilan politique. Mais celaa assurément permis de rendre possible sa réélection.

BibliographieLa photographie du président, de Viviane Esders, éd. Hazan, 212 p., 200 ill., 40€, 2002.Chirac, le démon du pouvoir, de Raphaëlle Bacqué, éd. Albin Michel, 302 p.,18,90 €, 2002Présidentielles, les surprises de l'histoire 1965-1995, d'Olivier Duhamel et Jean-Noël Jeanneney, Le Seuil, 19 €, 2002. Ce livre est issu du documentaire dumême titre, réalisé par Virginie Linhart, diffusé sur France 2 le 4 février.Télévision, politique et élections, étude dirigée par Roland Cayrol et ArnaudMercier, les dossiers de l'audiovisuel-INA, 10,60 €, 2002.Le Conseiller du Prince, de Gérard Colé, éd. MichelLafon, 1999.Le Vertige des urnes, de Jacques Séguéla, Flammarion, 2000.La Parole de Dieu,de Jacques Séguéla, éd. Albin Michel, 1995.L'écriture médiatique, entretien avec Jacques Pilhan, revue Le Débat, n°87.Novembre-décembre 1995.L'Œil naïf, de Régis Debray, éd. du Seuil. 1994.Haute fidélité, pouvoir et télévision 1935-1994, de Jérôme Bourdon, Le Seuil,1994.Histoire de la télévision sous de Gaulle, de Jérôme Bourdon, Anthropos-INA,1990.La politique à l'affiche, affiches électorales et publicité politique, 1965-1986, deJean-Marc Benoit, Philippe Benoit et Jean-Marc Lech. Préface de René Rémond,éd. du May, 1986.Politique-séduction, de Thierry Saussez, éd. Lattès. 1986.Splendeurs et misères de la politique, de Michel Bongrand, éd. Larousse. 1986

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Document 2

LE SOURIRE

Comparaison Français/Américains

Extrait de : « Culture Shock ! France » - S. Taylor (1990)

« The smile : if you are American, this is going to be your single biggest non-verbalmiscommunication when in France. The tendancy of Americans is to smile all the time, toappear friendly and reasonable. The French do not trust a smile. If they can see no apparentreason for it, it smacks of hypocrisy, a very unpleasant thing to a French person. English andAsian readers will understand this reticence about smiling quite easily.I am a Californian. I smile automatically. I look better when I smile and I feel better. But inFrance I constantly remind myself to wipe that smile off my face as I walk down the streetjust happy to be in Paris. It gives the wrong message. It makes people nervous, if I do. Am Ian idiot, they wonder ? Am I laughing at their expense ?While I love France and I love being there, I know that a constant smile on my face will notconvey my appreciation. Don’t get me wrong — you can smile a lot when in France. But notuntil you break that public shield and get involved with someone specific for a specificreason.You don’t smile at a stranger on the street and say « hello » just to be friendly. […]This is not to say the French do not smile or that smiles aren’t important. The French love tosmile, and do so very quicly, as soon as a reason to do so has been established. »

Extrait de : « Les Français aussi ont un accent » - J-B Nadeau (2002)

Extrait du chapitre « La France, mode d’emploi ». J-B Nadeau est un journaliste Québécois.

« 1- Ne souriez que si on vous le demande. En France, quelqu’un qui sourit sans raison aupremier abord est une pute, un hypocrite, un idiot, un colporteur ou un Américain, ce qui n’estguère mieux. »

Extraits de : « French or Foe ? » - Polly Platt (1994)

« Philippe Labro, a well known French journalist and television figure, had a hard timelearning the local rules during a summer worrkshop at the University of Virginia. In his bookl’Etudiant Etranger, he tells of being summoned before the Student Council and reprimandedfor not saying « Hi » as he passed by other students on campus. Summoned a second time, hesaid plaintively, « What’s the trouble now ? I always say « Hi » when I run into people —strangers ! — crossing the campus ! » « Yes » sais the Chairman, « but you don’t smile whenyou say it. »

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« For strangers to smile at each other in Paris, there has to be some kind of incident involvingthem both, and not just stumbling into smeone’s stare.Smiles usually come up if youbumpinto each other by mistake (…) The key is that the face changes. »

« ‘Smile ! Look cheerful when you go out in public !’ says the American mother to hertoddler. So we grow up into automatic smilers. Our politicians have to be able to grin. OurPresidents usually have the crowning grin of all – except Nixon. And look what happened tohim. Roosevelt, Truman, Eisenhower, Kennedy, Certer, Reagan, Bush and Clinton – greatgrinners all.Not French politicians. François Mitterand won two presidential elections looking remote andgrim. Talk about a mine d’enterrement ! When I came across a news photo of him grining – inTexas, sitting next to President Bush at the theatre – I showed it to a seminar of Frenchmanagers going to the U.S and, for a gag, asked them who it was. They didn’t recognizehim. »

« ‘You Americans have banalized the smile’ he (a young French diplomat) says. ‘Americanssmile all the time, always the same. For us there must be a reason. There is a different smilefor a friend, for a joke, for a child, for love. For good luck – and for bad luck. And inbetween, no smiles.’He pauses a moment. ‘When I am introduced to another man, if he smiles, then I think he isone of three things : he is making fun of me, he is hypocritical or he’s very stupid.’ Then headds, ‘if it’s a woman I’m meeting for the first time and she smiles at me, there’s a fourthpossibility – she wants to flirt.’ »

« I mentioned the smile factor to the group of French managers being relocated to the U.S. Iadded that they really must make an effort to smile on meeting people over there. Their facestook on expressions of utmost gloom.‘That is impossible’ said Marc Toussaint, a handsome 45-Tear-old engineer who was going tohead a General Motors plant in Ohio. ‘I cannot do that’.‘Why not ? I asked. You laugh at my jokes here, you have a wonderful smile.’‘But that is different. To smile at someone I do not know, when I am introduced, that wouldbe…’ he hesitated. ‘That would be what ?’ I encouraged him. ‘Ah, that would behypocritical.’ »

« Nicolas Bussière, the young boss of Desgrandchamps, a printing plant in Paris, came backfrom two years in America full of smiles for his staff and workers. He soon heard that theywere concerned for his mental health, pointing to their temples a spiraling forefinger. ‘Theythought I’d gone nuts over there’ he said. ‘So I had to stop.’ »

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