endophore et anaphore theme, rheme et progression...

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ENDOPHORE ET ANAPHORE THEME, RHEME ET PROGRESSION THEMATIQUE Denis APOTHELOZ, - Rôle et fonctionnement de l'anaphore dans la dynamique textuelle, Droz, 1995 Francis CORBLIN, - Les formes de reprise dans le discours ; Anaphores et chaînes de référence, Presses Universitaires de Rennes, coll. Langue et discours, 1995 Jean-François JEANDILLOU, - L'analyse textuelle, Armand Colin, 1997 Georges KLEIBER, - Anaphores et pronoms, Duculot, Louvain-la-Neuve, Belgique, 1994 Dominique MAINGUENEAU, - Éléments de linguistique pour le texte littéraire, Bordas, 1990/1993, Sophie MOIRAND, - Une grammaire des textes et des dialogues, Hachette, 1990 Alain RABATEL, - La construction textuelle du point de vue, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1998 RIEGEL, PELLAT et RIOUL, - Grammaire méthodique du français, PUF, 1994 Collectif - Cahiers de Praxématique n° 37, 2001, Topicalisation et partition, Praxiling, Univ. Montp. III

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ENDOPHORE ET ANAPHORETHEME, RHEME ET PROGRESSION THEMATIQUE

Denis APOTHELOZ, - Rôle et fonctionnement de l'anaphore dans la dynamique textuelle, Droz,

1995

Francis CORBLIN, - Les formes de reprise dans le discours ; Anaphores et chaînes de référence,

Presses Universitaires de Rennes, coll. Langue et discours, 1995

Jean-François JEANDILLOU, - L'analyse textuelle, Armand Colin, 1997

Georges KLEIBER, - Anaphores et pronoms, Duculot, Louvain-la-Neuve, Belgique, 1994

Dominique MAINGUENEAU, - Éléments de linguistique pour le texte littéraire, Bordas, 1990/1993,

Sophie MOIRAND, - Une grammaire des textes et des dialogues, Hachette, 1990

Alain RABATEL, - La construction textuelle du point de vue, Delachaux et Niestlé,

Lausanne,

1998

RIEGEL, PELLAT et RIOUL, - Grammaire méthodique du français, PUF, 1994

Collectif - Cahiers de Praxématique n° 37, 2001, Topicalisation et partition,

Praxiling, Univ. Montp. III

ANAPHORES ET CATAPHORES : EXEMPLES

Classe du / des terme(s) anaphorique(s)

"Mon voisin a un chien ; cet animal s'appelle Johnny." (anaphore nominale)

"Alors qu' il circulait entre Prades-le-Lez et Saint Mathieu, jeudi vers 1h30, Lucien

Dupont, 22 ans, a perdu le contrôle de sa voiture…" (anaphore pronominale)

"Entrons dans cette galerie, c'est là qu'on a crié." (Musset, On ne badine…). (adv.)

"Je t'aimais inconstant, qu' aurais-je fait fidèle!" (Racine, Andromaque) (verbe)

"Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le

cœur." (R. Char) (adjectif)

"Telle est la loi de l'univers : / Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres"

(La Fontaine). (adjectif, en cataphore)

"On me donna les fables de La Fontaine ; elles me déplurent" (Sartre, Les Mots)

Sources sémantiques des anaphores

"Il n'est pas né, celui qui me fera acheter des actions Vivendi." (pronom)

"Marie est-elle heureuse? _ Elle semble l' être, en tout cas." (adjectif)

"Il répondit simplement, comme il aurait fait dans des circonstances moins

impressionnantes." (verbe)

"Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que le vol était retardé de trois heures? Si je l'

avais su, j'aurais pris tout mon temps pour arriver à l'aéroport." (proposition / phrase)

"Je dois corriger cinq cents copies en une semaine : cela me donne le cafard."

Anaphores : sur le référent / sur le signifié / sur le signifiant

"Madame Bovary prit le bras de Rodolphe ; il la reconduisit chez elle ."

"Le livre de Paul est broché, le mien a une couverture cartonnée."

"Nous fûmes du siècle de la lumière. Ce singulier nous tint lieu de pluriel…"

Coréférence sans anaphore

" Le président de la République a prononcé hier un important discours à l'ONU.

Jacques Chirac a rappelé les positions françaises en matière de droit international."

Type d’anaphore

"L'histoire avait deux conclusions ; je choisissais l'une ou l'autre selon mon

humeur." (Sartre, Les Mots) (anaphore partielle)

"La nuit était déjà fort avancée lorsqu'une roquette antichar, tirée d'un toit adjacent,

s'est abattue sur la foule. Cet attentat , qui a fait deux morts, est revendiqué par…"

(anaphore conceptuelle ou résomptive)

"Mon vélo est hors d'usage ; les freins ne marchent plus et la chaîne est rouillée".

(anaphore associative)

"Le front de mer attire de nouveau les touristes, les vieux quartiers profitent de la

notoriété que leur ont donnée les romans policiers de Jean-Claude Izzo, le centre

ville respire et la Bonne Mère sourit : au rythme du rap ou de l'art moderne,

Marseille est de nouveau à la mode et entend le rester." (cataphore associative)

"Il rêvait d'une maison tout de suite.

Elle voulait rester à l'aise quoi qu'il arrive.

L'effet de nos nouveaux

Crédits immobiliers fut immédiat. " Publicité pour la BNP

Anaphore nominale infidèle : importance de la catégorisation nominale

"Une vieille dame a été agressée à son domicile hier. Cette octogénaire

appréciée du voisinage a ouvert sa porte à un inconnu…"

"Une vieille dame a été agressée à son domicile hier. Cette propriétaire d'un

luxueux hôtel particulier a ouvert sa porte à un inconnu…".

Rôle argumentatif de l’anaphore

"Je viens de lire ces mots dans une déclamation en quatorze volumes, intitulée

Histoire du Bas-Empire : "Les Chrétiens avaient une morale ; mais les païens

n'en avaient point".

Ah! Monsieur Le Beau, auteur de ces quatorze volumes, où avez-vous pris

cette sottise ? Eh! qu'est-ce donc que la morale de Socrate, … de Cicéron,

d'Épictète, de Marc-Antonin?" Voltaire, Dict. philosophique (article Morale)

VENDREDI OU LES LIMBES DU PACIFIQUE

Log-book. — Je me faisais une fête de ce premier pain qui sortirait de la terre de Speranza,de mon four, de mes mains. Ce sera pour plus tard. Plus tard… Que de promesses dans cesdeux simples mots ! Ce qui m'est apparu tout à coup avec une évidence impérieuse, c'est lanécessité de lutter contre le temps, c'est-à-dire d'emprisonner le temps. Dans la mesure où jevis au jour le jour, je me laisse aller, le temps me glisse entre les doigts, je perds mon temps,je me perds. Au fond tout le problème dans cette île pourrait se traduire en termes de temps, etce n'est pas un hasard si — partant du plus bas — j'ai commencé par vivre ici comme hors dutemps. En restaurant mon calendrier, j'ai repris possession de moi-même. Il faut fairedavantage désormais. Rien de cette première récolte de blé et d'orge ne doit s'engloutir dans leprésent. Elle doit être tout entière comme un ressort tourné vers l'avenir. J'en ferai donc deuxparts : la première sera semée dès demain, la seconde constituera une réserve de sécurité —car il faut envisager que la promesse du grain enterré ne soit pas tenue.J'obéirai désormais à la règle suivante : toute production est création, et donc bonne. Touteconsommation est destruction, et donc mauvaise. En vérité ma situation ici est assezsemblable à celle de mes compatriotes qui débarquent chaque jour par navires entiers sur lescôtes du Nouveau Monde. Eux aussi doivent se plier à une morale de l'accumulation. Poureux aussi perdre son temps est un crime, thésauriser du temps est la vertu cardinale.Thésauriser ! Voici qu'à nouveau la misère de ma solitude m'est rappelée ! Pour moi semerest bien, récolter est bien. Mais le mal commence lorsque je mouds le grain et cuis la pâte, caralors je travaille pour moi seul. Le colon américain peut sans remords poursuivre jusqu'à sonterme le processus de la panification, car il vendra son pain, et l'argent qu'il entassera dansson coffre sera du temps et du travail thésaurisés. Quant à moi, hélas, ma misérable solitudeme prive des bienfaits de l'argent dont je ne manque pourtant pas !Je mesure aujourd'hui la folie et la méchanceté de ceux qui calomnient cette institution divine: l'argent ! L'argent spiritualise tout ce qu'il touche en lui apportant une dimension à la foisrationnelle — mesurable — et universelle — puisqu'un bien monnayé devient virtuellementaccessible à tous les hommes. La vénalité est une vertu cardinale. L'homme vénal sait fairetaire ses instincts meurtriers et asociaux — sentiment de l'honneur, amour-propre, patriotisme,ambition politique, fanatisme religieux, racisme — pour ne laisser parler que sa propension àla coopération, son goût des échanges fructueux, son sens de la solidarité humaine. Il fautprendre à la lettre l'expression l'âge d'or, et je vois bien que l'humanité y parviendrait vite sielle n'était menée que par des hommes vénaux. Malheureusement ce sont presque toujours deshommes désintéressés qui font l'histoire, et alors le feu détruit tout, le sang coule à flots. Lesgras marchands de Venise nous donnent l'exemple du bonheur fastueux que connaît un Étatmené par la seule loi du lucre, tandis que les loups efflanqués de l'Inquisition espagnole nousmontrent de quelles infamies sont capables des hommes qui ont perdu le goût des biensmatériels. Les Huns se seraient vite arrêtés dans leur déferlement s'ils avaient su profiter desrichesses qu'ils avaient conquises. Alourdis par leurs acquisitions, ils se seraient établis pourmieux en jouir, et les choses auraient repris leur cours naturel. Mais c'étaient des brutesdésintéressées. Ils méprisaient l'or. Et ils se ruaient en avant, brûlant tout sur leur passage.

MICHEL TOURNIER

UN DRAME BIEN PARISIEN

CHAPITRE PREMIER

Où l'on fait connaissance avec un Monsieur et une Dame qui auraient pu être heureux,sans leurs éternels malentendus.

O qu'il ha bien sceu choisir, le challant!RABELAIS.

A l'époque où commence cette histoire, Raoul et Marguerite (un joli nom pour les amours)étaient mariés depuis cinq mois environ.

Mariage d'inclination, bien entendu.Raoul, un beau soir, en entendant Marguerite chanter la jolie romance du colonel Henry

d'Erville :L'averse, chère à la grenouille,Parfume le bois rajeuni.… Le bois, il est comme Nini,Y sent bon quand y s'débarbouille.

Raoul, dis-je, s'était juré que la divine Marguerite (diva Margarita) n'appartiendrait jamaisà un autre qu'à lui-même.

Le ménage eût été le plus heureux de tous les ménages, sans le fichu caractère des deuxconjoints.

Pour un oui, pour un non, crac! Une assiette cassée, une gifle, un coup de pied dans le cul.A ces bruits, Amour fuyait éploré, attendant, au coin du grand parc, l'heure toujours proche

de la réconciliation.Alors, des baisers sans nombre, des caresses sans fin, tendres et bien informées, des ardeurs

d'enfer.C'était à croire que ces deux cochons-là se disputaient pour s'offrir l'occasion de se

raccommoder.

CHAPITRE II

Simple épisode qui, sans se rattacher directement à l'action, donnera à la clientèle uneidée sur la façon de vivre de nos héros.

Amour en latin faict amor.Or donc provient d'amour la mortEt, par avant, soulcy qui mord,Deuils, plours, pièges, forfaitz,

remord… (Blason d'amour.)

Un jour, pourtant, ce fut plus grave que d'habitude.Un soir, plutôt.Ils étaient allés au Théâtre d'Application, où l'on jouait, entre autres pièces, L'infidèle, de

M. de Porto-Riche._ Quand tu auras assez vu Grosclaude, grincha Raoul, tu me le diras._ Et toi, vitupéra Marguerite, quand tu connaîtras Mlle Moreno par cœur, tu me passeras la

lorgnette.Inaugurée sur ce ton, la conversation ne pouvait se terminer que par les plus regrettables

violences réciproques.

Dans le coupé qui les ramenait, Marguerite prit plaisir à gratter sur l'amour-propre de Raoulcomme sur une vieille mandoline hors d'usage.

Aussi, pas plutôt rentrés chez eux, les belligérants prirent leurs positions respectives.La main levée, l'œil dur, la moustache telle celle des chats furibonds, Raoul marcha sur

Marguerite, qui commença, dès lors, à n'en pas mener large.La pauvrette s'enfuit, furtive et rapide, comme fait la biche en les grands bois.Raoul allait la rattraper.Alors, l'éclair génial de la suprême angoisse fulgura le petit cerveau de Marguerite.Se retournant brusquement, elle se jeta dans les bras de Raoul en s'écriant :_ Je t'en prie, mon petit Raoul, défends-moi!

CHAPITRE III

Où nos amis se réconcilient comme je vous souhaite de vous réconcilier souvent, vousqui faites vos malins.

"Hold your tongue, please!"DARWIN.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CHAPITRE IV

Comment l'on pourra constater que les gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pasferaient beaucoup mieux de rester tranquilles.

C'est épatant ce que le monde devienne rosse depuis quelque temps !(Paroles de ma concierge dans la matinée de lundi dernier.)

Un matin, Raoul reçut le mot suivant :" Si vous voulez, une fois par hasard, voir votre femme en belle humeur, allez donc, jeudi,

au bal des Incohérents, au Moulin-Rouge. Elle y sera masquée et déguisée en piroguecongolaise. À bon entendeur, salut !

" UN AMI. "Le même matin, Marguerite reçut le mot suivant :"Si vous voulez, une fois par hasard, voir votre mari en belle humeur, allez donc, jeudi, au

bal des Incohérents, au Moulin-Rouge. Il y sera, masqué et déguisé en templier fin de siècle.À bon entendeuse, salut !

" UNE AMIE. "Ces billets ne tombèrent pas dans l'oreille de deux sourds.Dissimulant admirablement leurs desseins, quand arriva le fatal jour :_ Ma chère amie, fit Raoul de son air le plus innocent, je vais être forcé de vous quitter

jusqu'à demain. Des intérêts de la plus haute importance m'appellent à Dunkerque._ Ça tombe bien, répondit Marguerite, délicieusement candide, je viens de recevoir un

télégramme de ma tante Aspasie, laquelle, fort souffrant, me mande à son chevet.

CHAPITRE V

Où l'on voit la folle jeunesse d'aujourd'hui tournoyer dans les plus chimériques etpassagers plaisirs, au lieu de songer à l'éternité.

Mai vouéli viure pamens : La vide es tant bello! AUGUSTE MARIN.

Les échos du Diable boiteux ont été unanimes à proclamer que le bal des Incohérents revêtitcette année un éclat inaccoutumé.

Beaucoup d'épaules et pas mal de jambes, sans compter les accessoires.Deux assistants semblaient ne pas prendre part à cette folie générale : un Templier fin de

siècle et une pirogue congolaise, tous deux hermétiquement masqués.Sur le coup de trois heures du matin, le Templier s'approcha de la Pirogue et l'invita à venir

souper avec lui.Pour toute réponse, la Pirogue appuya sa petite main sur le robuste bras du Templier, et le

couple s'éloigna.

CHAPITRE VI

Où la situation s'embrouille. _ I say, don’t you think the rajah laughs at us? _ Perhaps, sir. HENRY O'MERCIER.

Laisse-nous un instant, fit le Templier au garçon du restaurant, nous allons faire notre menuet nous vous sonnerons.

Le garçon se retira et le Templier verrouilla soigneusement la porte du cabinet.Puis, d'un mouvement brusque, après s'être débarrassé de son casque, il arracha le loup de

la Pirogue.Tous les deux poussèrent, en même temps, un cri de stupeur, en ne se reconnaissant ni l'un

ni l'autre.Lui, ce n'était pas Raoul.Elle, ce n'était pas Marguerite.Ils se présentèrent mutuellement leurs excuses, et ne tardèrent pas à lier connaissance à la

faveur d'un petit souper, je ne vous dis que ça.

CHAPITRE VII

Dénouement heureux pour tout le monde, sauf pour les autres. Buvons le vermouthgrenadine, Espoir de nos vieuxbataillons. GEORGES AURIOL.

Cette petite mésaventure servit de leçon à Raoul et Marguerite.A partir de ce moment, ils ne se disputèrent plus jamais et furent parfaitement heureux.Ils n'ont pas encore beaucoup d'enfants, mais ça viendra.

Samedi, à Super-M, la caissière est âgée — par rapport aux autres, qui ont moins

de vingt-cinq ans — et lente. La cliente, quarantaine ; simplicité recherchée,

lunettes fines, demande une rectification : son ticket de caisse n’est pas juste. Il

faut appeler une surveillante qui, seule, pourra faire enregistrer l’erreur et la

modification de l’erreur par la machine. C’est fait. La surveillante s’en va. La

caissière passe à une autre cliente. La petite femme à lunettes, qui était toujours là,

en train de revérifier son compte, interpelle à nouveau la caissière : « Il y a encore

quelque chose qui ne va pas. » La caissière abandonne la cliente qu’elle était en

train d’enregistrer. Nouvelles explications de la petite femme qui montre à la

caissière son ticket. Celle-ci le prend et le regarde, sans comprendre. Elle ré-

appelle la surveillante. La petite femme déballe toutes les marchandises

contenues dans son caddie, la surveillante pointe au fur et à mesure tandis que la

caissière reprend sa cliente en cours. L’opération de déballage et de pointage

terminée, la surveillante se tourne vers la caissière, en lui mettant le ticket sous le

visage : « Sur le ticket de la dame, il y a 57 F. D’autre part, quatre piles de

transistor à 17 F ne sont pas tapées. » La caissière ne dit rien. La surveillante

recommence : « Vous voyez bien qu’il y a une erreur. Cinquante francs. «  La

caissière ne regarde pas la surveillante. Elle est grise, grande et plate, ses mains

qui ont quitté la machine enregistreuse pendent le long du corps. La surveillante

insiste : « Vous voyez bien tout de même ! » Tous les clients qui font la queue

entendent. Un peu plus loin, la petite femme attend son dû, sans expression sous

ses cheveux bien coiffés. Face à la puissance anonyme de Super-M, elle se dresse

comme la consommatrice sûre de son droit. La vieille caissière, qui s’est remise à

taper sans un mot, n’est qu’une main qui ne doit pas se tromper, ni au profit de

l’un, ni au profit de l’autre.

Annie Ernaux, Journal du dehors, Gallimard, 1993, p. 24-25

Le texte à analyser se limite aux lignes ci-dessus. Toutefois, pour vous aider à le situer dansl’œuvre d’où il est tiré, voici le prière d’insérer (péritexte imprimé au dos du livre) :

De 1985 à 1992, j’ai transcrit des scènes, des paroles, saisies dansle R.E.R., les hypermarchés, le centre commercial de la VilleNouvelle, où je vis. Il me semble que je voulais ainsi retenir quelque chose de l’époqueet des gens qu’on croise juste une fois, dont l’existence nous traverseen déclenchant du trouble, de la colère ou de la douleur.

A.E.

I4 (VI)

Iphis voit à l'église un soulier d'une nouvelle mode ; il regarde le sien et en rougit; il ne secroit plus habillé. Il était venu à la messe pour s'y montrer, et il se cache ; le voilà retenu parle pied dans sa chambre tout le reste du jour. Il a la main douce, et il l'entretient avec une pâtede senteur ; il a soin de rire pour montrer ses dents ; il fait la petite bouche, et il n'y a guère demoments où il ne veuille sourire ; il regarde ses jambes, et se voit au miroir : l'on ne peut êtreplus content de personne qu'il l'est de lui-même ; il s'est acquis une voix claire et délicate, etheureusement il parle gras ; il a un mouvement de tête, et je ne sais quel adoucissement dansles yeux, dont il n'oublie pas de s'embellir ; il a une démarche molle et le plus joli maintienqu'il est capable de se procurer ; il met du rouge, mais rarement, il n'en fait pas habitude. Il estvrai aussi qu'il porte des chausses et un chapeau, et qu'il n'a ni boucles d'oreilles ni collier deperles ; aussi ne l'ai-je pas mis dans le chapitre des femmes.

La Bruyère Les caractères(Chapitre : De la mode)

8 (VI)Théognis est recherché dans son ajustement, et il sort paré comme une femme ; il n'est pashors de sa maison, qu'il a déjà ajusté ses yeux et son visage afin que ce soit une chose faitequand il sera dans le public, qu'il y paraisse tout concerté, que ceux qui passent le trouventdéjà gracieux et leur souriant, et que nul ne lui échappe. Marche-t-il dans les salles, il setourne à droite, où il y a un grand monde, et à gauche, où il n'y a personne ; il salue ceux qui ysont et ceux qui n'y sont pas. Il embrasse un homme qu'il trouve sous sa main, il lui presse latête contre sa poitrine ; il demande ensuite qui est celui qu'il a embrassé. Quelqu'un a besoinde lui dans une affaire qui est facile ; il va le trouver, lui fait sa prière : Théognis l'écoutefavorablement, il est ravi de lui être bon à quelque chose, il le conjure de faire naître desoccasions de lui rendre service ; et comme celui-ci insiste sur son affaire, il lui dit qu'il ne lafera point ; il le prie de se mettre en sa place, il l'en fait juge. Le client sort, reconduit, caressé,confus, presque content d'être refusé.

La Bruyère Les caractères(Chapitre Des grands)

AVANT-PROPOS

Genève, juin 1953 — Khyber Pass, décembre 1954.

J'avais quitté Genève depuis trois jours et cheminais à toute petite allure quant à Zagreb,poste restante, je trouvai cette lettre de Thierry :

Travnik, Bosnie, le 4 juillet.

" Ce matin, soleil éclatant, chaleur ; je suis mont é dessiner dans les collines. Marguerites,blés frais, calmes ombrages. Au retour, croisé un paysan monté sur un poney. Il en descend etme roule une cigarette qu'on fume accroupis au bord du chemin. Avec mes quelques mots deserbe je parviens à comprendre qu'il ramène des pains chez lui, qu'il a dépensé mille dinarspour aller trouver une fille qui a de gros bras et de gros seins, qu'il a cinq enfants et troisvaches, qu'il faut se méfier de la foudre qui a tué sept personnes l'an dernier. " Ensuite je suis all é au march é. C'est le jour : des sacs faits avec la peau enti ère d'unechèvre, des faucilles à vous donner envie d'abattre des hectares de seigle, des peaux de renard,des paprikas, des sifflets, des godasses, du fromage, des bijoux de fer-blanc, des tamis de joncencore vert auxquels des moustachus mettent la dernière main, et régnant sur tout cela, lagalerie des unijambistes, des manchots, des trachomeux, des trembleurs et des béquillards. " Ce soir, été boire un coup sous les acacias pour écouter les Tziganes qui se surpassaient.Sur le chemin du retour, j'ai acheté une grosse pâte d'amande, rose et huileuse. L'Orient, quoi! " J'examinai la carte. C'était une petite ville dans un cirque de montagnes, au cœur du paysbosniaque. De là, il comptait remonter vers Belgrade où l'“Association des peintres serbes”l'invitait à exposer. Je devais l'y rejoindre dans les derniers jours de juillet avec le bagage et lavieille Fiat que nous avions retapée, pour continuer vers la Turquie, l'Iran, l'Inde, plus loinpeut-être… Nous avions deux ans devant nous et de l'argent pour quatre mois. Le programmeétait vague, mais dans de pareilles affaires, l'essentiel est de partir. C'est la contemplation silencieuse des atlas, à plat-ventre sur le tapis, entre dix et tre ize ans,qui donne ainsi l'envie de tout planter là. Songez à des régions comme le Banat, la Caspienne,le Cachemire, aux musiques qui y résonnent, aux regards qu'on y croise, aux idées qui vous yattendent. … Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, on lui cherche desraisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c'est qu'on ne sait comment nommer cequi vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pastrop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croitqu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait. … Au dos de l'enveloppe, il était encore écrit : " mon accordéon, mon accordéon, monaccordéon ! "

Bon début. Pour moi aussi. J'étais dans un café de la banlieue de Zagreb, pas pressé, un vinblanc-siphon devant moi. Je regardais tomber le soir, se vider une usine, passer unenterrement — pieds nus, fichus noirs et croix de laiton. Deux geais se querellaient dans lefeuillage d'un tilleul. Couvert de poussière, un piment à demi rongé dans la main droite,j'écoutais au fond de moi la journée s'effondrer joyeusement comme une falaise. Je m'étirais,enfouissant l'air par litres. Je pensais aux neuf vies proverbiales du chat ; j'avais bienl'impression d'entrer dans la deuxième.

Nicolas Bouvier, L'usage du monde

AMOUR-PROPRE

Un gueux des environs de Madrid demandait noblement l'aumône ; un passant lui dit :"N'êtes-vous pas honteux de faire ce métier infâme quand vous pouvez travailler? - Monsieur,répondit le mendiant, je vous demande de l'argent et non pas des conseils" ; puis il tourna ledos en conservant toute la dignité castillane. C'était un fier gueux que ce seigneur, sa vanitéblessée était pour peu de chose. Il demandait l'aumône par amour de soi-même, et ne souffraitpas la réprimande par un autre amour de soi-même.

Un missionnaire voyageant dans l'Inde rencontra un fakir tout chargé de chaînes, nu commeun singe, couché sur le ventre, et se faisant fouetter pour les péchés de ses compatriotes lesIndiens, qui lui donnaient quelques liards du pays. "Quel renoncement à soi-même ! disait undes spectateurs. _ Renoncement à moi-même ! reprit le fakir ; apprenez que je ne me faisfesser dans ce monde que pour vous le rendre dans l'autre, quand vous serez chevaux et moicavalier."

Ceux qui ont dit que l'amour de nous-mêmes est la base de tous nos sentiments et de toutesnos actions ont donc eu grande raison dans l'Inde, en Espagne, et dans toute la terre habitable :et comme on n'écrit point pour prouver aux hommes qu'ils ont un visage, il n'est pas besoin deleur prouver qu'ils ont de l'amour-propre. Cet amour-propre est l'instrument de notreconservation ; il ressemble à l'instrument de la perpétuité de l'espèce : il est nécessaire, il nousest cher, il nous fait plaisir, et il faut le cacher.

VOLTAIRE Dictionnaire philosophique

MORALE

Je viens de lire ces mots dans une déclamation en quatorze volumes, intitulée Histoire duBas-Empire :

"Les Chrétiens avaient une morale ; mais les païens n'en avaient point".Ah! Monsieur Le Beau, auteur de ces quatorze volumes, où avez-vous pris cette sottise?

Eh! qu'est-ce donc que la morale de Socrate, de Zaleucus, de Charondas, de Cicéron,d'Épictète, de Marc-Antonin?

Il n'y a qu'une morale, monsieur Le Beau, comme il n'y a qu'une géométrie. Mais, me dira-t-on, la plus grande partie des hommes ignore la géométire. Oui ; mais dès qu'on s'y appliqueun peu, tout le monde est d'accord. Les agriculteurs, les manœuvres, les artistes n'ont pointfait de cours de morale ; ils n'ont lu ni de Finibus de Cicéron, ni les Éthiques d'Aristote ; maissitôt qu'ils réfléchissent, ils sont sans le savoir les disciples de Cicéron : le teinturier indien, leberger tartare et le matelot d'Angleterre connaissent le juste et l'injuste. Confucius n'a pointinventé un système de morale comme on bâtit un système de physique. Il l'a trouvé dans lecœur de tous les hommes.

Cette morale était dans le cœur du préteur Festus quand les Juifs le pressèrent de fairemourir Paul, qui avait amené des étrangers dans leur temple. "Sachez, leur dit-il, que jamaisles Romains ne condamnent personne sans l'entendre."

Si les Juifs manquaient de morale ou manquaient à la morale, les Romains la connaissaientet lui rendaient gloire.

La morale n'est point dans la superstition, elle n'est point dans les cérémonies, elle n'a riende commun avec les dogmes. On ne peut trop répéter que tous les dogmes sont différents, etque la morale est la même chez tous les hommes qui font usage de leur raison. La moralevient donc de Dieu comme la lumière. Nos superstitions ne sont que ténèbres. Lecteur,réfléchissez : étendez cette vérité ; tirez vos conséquences.

VOLTAIRE Dictionnaire philosophique (Article publié en 1767)

C'est l'homme qui invente les McDo de demain.

Un sandwich marin, s'il vous plaît! C'est ce qu'on pourra bientôt commander aux comptoirsdes McDo au lieu du traditionnel hamburger. Ça n'a rien d'une farce, c'est même une invitationalléchante qui, dès 2005, fera du fast-food un endroit où on mange autrement et où on plante les dentsdans des aliments créatifs. En l'occurrence, le sandwich de la mer, outre de figurer des ondulationsévoquant les vagues, permettra de goûter le pain à la farine d'algue et de découvrir la saveur duplancton!

« Les ingrédients marins sont intéressants au plan nutritionnel, explique Edouard Malbois,l'inventeur de ce nouvel aliment. Aujourd'hui, il est important de trouver des solutions alimentaires quisoient équilibrées Avec McDo, on a aussi à l'étude un pain de jardin conçu avec des composantsvégétaux, car les restaurants veulent proposer une offre plus tournée vers la nature. »

L'homme n'est pas un hurluberlu. Son entreprise Enivrance, spécialisée dans la création deconcept-foods – à l'image des concept-cars pour l'automobile –, a été retenue par McDonald's « pourapporter des nourritures innovantes dans ses 6 000 points de vente européens ». Pour un jeuneFrançais à peine quadra, ça n'est pas mal. Avec Bonduelle, il planche aussi sur des présentationsinédites que l'on trouvera dans nos rayons dès 2005.

« On imagine des produits de snacking qui permettront de manger de la carotte ou de la saladen'importe où, n'importe quand. Comme avec les meubles Ikea, on pourra assembler les végétaux pouren faire un vrai repas. » Une contribution décoiffante au message nutritionnel très actuel. Pour Barilla,il développera également des innovations liées aux pâtes. Sa créativité, il l'exerce en fait avec trentemarques internationales.Photo + Légende : PARIS, 3 AVRIL. Edouard Malbois conçoit des prototypes alimentaires pourdifférentes marques afin d'« apporter des nourritures innovantes ».

Cet inventeur de saveurs n'est pourtant pas un expert des fourneaux. Dans sa cuisine-atelier« unique au monde », ne cherchez pas de vrais ingrédients comestibles. Ici, on travaille avec du fil, desperles ou du plâtre : autant de matières qui servent à concevoir des prototypes alimentaires. La« plaque d'hiver », un rectangle dans lequel semblent se marier des framboises et de la glace, a ainsiété conçue avec de la résine. Les petits-fours brillants et colorés ont d'abord été élaborés avec duvernis et de la peinture. « Rien qu'à la vue de ces concepts, on est déjà dans le désir », explique-t-il. »Pour passer à la réalisation, on fait appel à de grands chefs. On leur donne l'histoire du produit, desnotes sur la saveur sucrée ou salée ou sur la texture fondante et croquante. Grâce à ça, ils conçoiventles alliments en vrai. » Entre les mains de vraies toques, les créations deviennent des réalitésgoûteuses. L'oeuf croquant végétal d'Enivrance, qui est aussi présenté au Sial, a ainsi été élaboré parFrançois-Xavier Bogard, architecte culinaire de la maison Hermès. Pour la coquille, il a mis au pointun caramel vert en utilisant de l'avocat et pour l'intérieur il a eu recours à des graines germées de soja,des céréales et des pommes de terre. Du prototype à la réalisation, l'aliment aura demandé un mois demise au point.

« Nos créations sont pensées pour faire partie du quotidien des gens »  David Zuddas – classé parmi les grands de demain au « Guide Gault-Millau » – a fait naître

une « cuisse de nature » : ça ressemble à une cuisse de poulet sauf que c'est fait avec du poireau et dela carotte et que l'on peut l'empoigner pour le dévorer. « Notre vocation n'est pas de faire guili-guilidans notre coin. Nos créations sont pensées pour faire partie du quotidien des gens, que ce soit àtravers des petites prises alimentaires ou des vrais repas, insiste Edouard Malbois. Notre but est quel'industriel se saisisse des concepts. » L'affaire est déjà en bonne voie : on a pu découvrir l'an passé les« poésies de biscuits » d'Enivrance, faites avec de la pâte sablée, de la menthe ou de l'épinard auLafayette Gourmet, et ces surprises gourmandes se sont même retrouvées en vitrine de chez Harrods, àLondres, cet été. Pour les sept créatifs qui composent l'équipe de cette entreprise, l'enjeu est d'imposerune mode alimentaire comme il existe une mode des fringues. Une fois par an – c'est en ce moment –,ce bureau de style d'un genre nouveau sort même son cahier de tendances. Une collection à voir et àmanger.

Claire Chantry, Aujourd'hui en France, 17/10/2004

Apprenez à sauver des vies

SANTÉ. Seuls 7% des Français sont formés aux gestes qui sauvent. Or, 10 000 viespourraient être épargnées chaque année, si cet apprentissage simple était plus répandu.La Journée mondiale des premiers secours a permis, hier, d'encourager ces initiations.

Légende Photo : PLACE DES ABBESSES, PARIS (XVIIIe), HIER. À l'occasion de la Journéemondiale des premiers secours, la Croix-Rouge française proposait des ateliers d'initiation auxpremiers gestes de secours.

« La semaine dernière, on m'a rapporté le cas d'une petite fille décédée après s'êtreétouffée en mangeant un morceau de saucisse. Cela m'a horrifiée Je veux savoir quoi faire sicela arrivait à mes petits garçons », explique Nathalie. La jeune mère est accourue, hier,chercher les conseils d'une secouriste de la Croix-Rouge, sous une grande tente bleue, placedes Abbesses à Paris (XVIIIe). C'était la Journée Mondiale des premiers secours, dont lesuccès pour populariser les gestes qui sauvent ne suffit pas encore à sortir la France de sonretard abyssal en la matière : 7% seulement de la population connaît les techniques simples desecourisme. L'enjeu en termes de santé publique est pourtant colossal, car si 20% déjà de nosconcitoyens savaient ce qu'il faut faire, dans ces instants où tout peut basculer, dix mille viespourraient être sauvées, chaque année.

Rendre l'enseignement du secourisme obligatoire à l'écoleOr, les accidents de la vie courante tuent bien plus, aujourd'hui, que ceux de la route,

avec 15 000 décès par an, dont 500 enfants. La Croix-Rouge, principal pourvoyeur deformation expresse, ne manque pas d'exemples pour mesurer l'efficacité de cet apprentissageaccessible à tous: Damien, 11 ans, a ainsi sauvé la vie de sa petite soeur Margaux, 2 ans, quiétait en train de s'étouffer après avoir avalé une pièce de monnaie. Alors que sa maman,affolée, était sortie chez la voisine pour téléphoner en urgence, le petit garçon, formé ausecourisme, a appliqué la bonne technique, et a réussi à faire expulser la pièce. Arrivés dixminutes plus tard, les pompiers ont confirmé que le petit garçon avait fait exactement ce qu'ilfallait.

Des formations en bas de chez soiEn Allemagne, 21% des adultes et des enfants sont capables de faire ce qu'a fait

Damien. En Norvège, la proportion monte à 80%! La différence? Elle se joue dès les bancs del'école. « On se bat pour rendre l'enseignement du secourisme obligatoire à l'école, mais on n'apas gain de cause », explique Christophe Talmet, délégué national chargé de la formation à laCroix-Rouge. L'ambassadrice de la Croix-Rouge, le top-modèle Adriana Karembeu, s'étonnede cette « exception » française : « Beaucoup de gens, ici, croient encore que l'urgence, face àquelqu'un de blessé dans la rue, est de lui donner un sandwich », se désole la belle Slovaque,formée dès l'âge de 7 ans au bouche-à-bouche de survie dans son école de Banska-Bystrica.

« Même si le retard est grand en France, les choses commencent à bouger. Il y a deuxans, seulement 6% des gens savaient faire les gestes qui sauvent. Ils sont plus nombreux àvenir à nos formations », repère Christophe Talmet. Tout le monde peut ainsi, en bas de chezsoi, suivre une initiation d'une heure, ou se former encore plus efficacement par un stage courtà caser le soir ou le week-end. Armelle, 29 ans, s'est initiée hier : « J'ai assisté, impuissante, àun malaise dans le métro la semaine dernière, personne dans la rame n'a su réagir. Maintenant,je saurai comment faire en attendant les secours. »

Marc Payet