recherche agronomique suisse, numéro 5, mai 2014
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Environnement Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque
lié à la dérive Page 172
Production végétale Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza Page 196
Production animale Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS) Page 204
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 58 466 73 00
Changement d'adressee-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Lors de l'application de produits phytosanitaires par pulvérisation, les eaux et autres surfaces non cibles sont affectées par la dérive de la bouillie. Des chercheurs et chercheuses d’Agroscope analysent les mesures de réduction de la dérive des produits phytosanitaires. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
171 Editorial
Environnement
172 Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive
Simon Schweizer, Heinrich Höhn, Daniel Ruf,
Pierre-Henri Dubuis et Andreas Naef
Environnement
180 Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement Irene Hanke, Thomas Poiger, Annette P. Aldrich
et Marianne E. Balmer
Environnement
188 Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans
Nina Richner, Léonie Durocher, Hanspeter
Rohrer et Thomas Walter
Production végétale
196 Ravageurs et maladies dans l'agroécosys-tème brassicacées potagères-colza Ute Vogler, Romana Schmon, Melanie Jänsch
et Werner E. Heller
Production animale
204 Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS) Silvia Ampuero Kragten et Ueli Wyss
Eclairage
212 Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage Giulia Listorti et Axel Tonini
216 Portrait
217 Actualités
219 Manifestations
Liste variétale
Encart Liste recommandée des variétés de colza pour la récolte 2015
Alice Baux, Carolin Luginbühl et
Yves Grosjean
Edition spéciale
Encart Agroscope
SommaireMai 2014 | Numéro 5
Editorial
171Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 171, 2014
Chère lectrice, cher lecteur,
L’agriculture professionnelle ne peut guère se passer de produits phytosani-
taires (PPh). Ces derniers permettent de limiter efficacement les pertes de
rendement dues aux maladies et ravageurs, ou encore de diminuer la concur-
rence indésirable des adventices. Les PPh n’ont pas pour seul effet de contri-
buer à l’efficience de la production végétale: comme ils sont toxiques pour
les organismes nuisibles, ils exposent aussi à des risques les organismes non
cibles des écosystèmes terrestres et aquatiques. Afin de réduire ces risques à
un niveau acceptable, il convient de n’utiliser les PPh que dans les situations
où ils sont indispensables. De plus, il faut éviter autant que possible toute
émission lors de leur application, et surtout éviter au maximum que les orga-
nismes particulièrement sensibles y soient exposés.
Pour répondre aux exigences de la nouvelle ordonnance sur les produits
phytosanitaires (OPPh), les produits déjà autorisés font l’objet d’une évalua-
tion régulière, ou sont réexaminés en fonction de nouvelles connaissances
scientifiques. Ce réexamen entraîne souvent un nouveau classement des
risques et des restrictions d’utilisation, surtout pour des substances actives
anciennes; par exemple, les distances de sécurité aux eaux de surface et à des
biotopes particulièrement dignes de protection sont augmentées. La meil-
leure protection de l’environnement se traduit alors par une perte de sur-
face cultivable.
Face à cette problématique, l’Office fédéral de l’agriculture OFAG a
chargé Agroscope de mettre au point des mesures pratiques pour réduire les
émissions de PPh provenant des cultures traitées, et pour diminuer les dis-
tances de sécurité sans mettre en danger l’environnement. Dans un premier
temps, l’attention s’est concentrée sur la dérive et sur l’entraînement par
ruissellement, sources d’importantes émissions (voir les articles en pages 172
et 180). Les efforts prévus dans tous les pays de l’UE en vue de réduire les
risques liés à l’utilisation de PPh ont incité les experts d’Agroscope à entre-
prendre des échanges avec des collègues de l’espace européen. Il en est
résulté, en Suisse, une série de mesures comparables avec les prescriptions
discutées dans les pays voisins.
Les mesures proposées ont été examinées quant à leur potentiel d’appli-
cation pratique et adaptées en conséquence, au cours d’un atelier organisé
avec les offices phytosanitaires et techniques cantonaux. Ainsi, les mesures
de réduction de la dérive et de protection des arthropodes non cibles ont
été formulées sous forme de directive publiée par l’OFAG à fin 2013, entrée
en vigueur au début 2014. Les mesures de réduction de l’entraînement par
ruissellement seront ajustées à celles de protection contre l’érosion et
publiées vraisemblablement en 2015 en tant que directive.
La mise en œuvre, dans la pratique, des mesures de réduction des risques
liés à l’utilisation de produits phytosanitaires prouvera qu’il est tout à fait
possible de concilier une agriculture efficiente avec une protection efficace
de l’environnement.
Benno Graf, responsable Agro-scope pour la coordination de l’homologation des PPS
Réduire les risques liés à l'application de produits phytosanitaires
172 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
les exigences de données et l’interprétation. Il existe
quelques différences concernant l’évaluation de l’expo-
sition (PEC = predicted environmental concentration).
Pour évaluer les dangers que la dérive fait courir à
l’environnement, il faut connaître la quantité de PPh
réellement emportée et déposée hors de la culture.
Cette question est étudiée depuis quelques temps par
divers instituts de recherche; elle a fait l’objet d’un grand
nombre de mesures dans différentes cultures. De nom-
breuses autorités en Europe et en Suisse utilisent pour
l’évaluation de la dérive des courbes de déposition stan-
dardisées et spécifiques aux différentes cultures. Ces
courbes sont basées sur de nombreuses mesures faites
dans la pratique (Ganzelmeier et al. 1995; FOCUS 2001;
Rautmann et al. 2001).
Les études menées sur la dérive ont conduit à une
conclusion principale: les dépôts de PPh diminuent rapi-
R i s q u e i m p o s é à l ’ e n v i r o n n e m e n t p a r l a d é r i v e
Toute application de produits phytosanitaires (PPh) par
pulvérisation (fig. 1) entraîne une dérive, qui dépose les
gouttelettes chargées de substances actives hors du
domaine cible. Cet apport direct sur des surfaces non cibles
sensibles (eaux et autres biotopes) représente une partie
de la pollution de l’environnement causée par les PPh.
Évaluation du risque
L’évaluation écotoxicologique du risque se base, pour
l’utilisation d’un produit phytosanitaire, sur la toxicité de
la substance active ainsi que sur l’exposition prévisible
(contact avec la substance active) d’organismes non
cibles. Les procédures d’évaluation de la toxicité sont lar-
gement harmonisées en Suisse et en Europe concernant
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dériveSimon Schweizer, Heinrich Höhn, Daniel Ruf, Pierre-Henri Dubuis et Andreas Naef
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil
Renseignements: Simon Schweizer, e-mail: simon.schweizer@agroscope.admin.ch
E n v i r o n n e m e n t
Figure 1 | Dérive visible lors d’une application de produits phytosanitaires sur une vigne. (Photo: Simon Schweizer, Agroscope)
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive | Environnement
173
Rés
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é
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
Lors de l’application de produits phytosani-
taires (PPh) par pulvérisation, les eaux et
autres surfaces non cibles sont affectées
par la dérive de la bouillie. Les gouttelettes
chargées de substances actives sont entraî-
nées et déposées hors de la surface cible.
Le risque que la dérive fait courir aux orga-
nismes non cibles est évalué dans la procé-
dure d’autorisation d’un PPh. Si nécessaire,
des distances de sécurité de 6 à 100 m
(bandes sans traitement) par rapport aux
eaux de surface et autres biotopes, prescrites
spécifiquement selon la substance active et le
type d’application, sont imposées pour
maintenir à un niveau acceptable le risque
pour les organismes aquatiques et les
arthropodes terrestres non cibles. Les
mesures de réduction de la dérive diminuent
l’apport de PPh aux surfaces non cibles et
permettent ainsi de raccourcir les distances
de sécurité imposées. Les mesures reconnues
officiellement et les diminutions de distances
de sécurité imposées sont définies dans les
nouvelles instructions (novembre 2013) de
l’Office fédéral de l’agriculture.
dement avec la distance de la surface cible de l’applica-
tion (fig. 2).
Les facteurs qui influencent la dérive
La dérive est un processus dynamique influencé par de
nombreux facteurs. Les plus importants sont les condi-
tions météorologiques, la technique d’application, le
réglage des pulvérisateurs et la manière de procéder au
traitement. D’une façon générale, plus une gouttelette
est petite, plus facile sera son transport par des mouve-
ments d’air (vent, courants thermiques, soufflerie de
l’appareil).
Le vent n’est pas la seule composante des conditions
météorologiques qui entrent en jeu. Une hygrométrie
basse ou des températures élevées accélèrent l’évapora-
tion des gouttelettes en suspension dans l’atmosphère;
leur taille diminue plus rapidement, ce qui augmente la
tendance à la dérive. Les bonnes pratiques agricoles
(BPA) tiennent compte de la météo et des directives pro-
mulguées pour la Suisse par l’OFEV et par l’OFAG (2013).
Le type et le stade de la culture sont les critères fon-
damentaux d’évaluation de la dérive. Les cultures hautes,
telles que les vergers, nécessitent une technique d’appli-
cation répartissant les gouttelettes sur toute la hauteur
des plantes. La dérive est alors nettement plus impor-
tante que dans le cas d’une application en cultures
basses au moyen d’une barre de traitement pulvérisant
vers le bas.
La densité du feuillage de toutes les cultures change
en cours d’année. Une plante au feuillage dense capte
une plus grande partie de la bouillie qu’une plante en
germination ou au stade bouton. La bouillie non dépo-
sée sur le feuillage dérive facilement. Pour ces raisons,
0,01
0,1
1
10
1 10 100
Dépô
t en
% d
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qua
ntité
util
isée
Distance de bord du champ [m]
Valeurs mesurées, 90e percentiles (Ganzlemeier et al. 1995)
Basic drift values sur la base de 90e percentiles (Rautmann et al. 2001)
Figure 2 | 90e percentiles des valeurs mesurées de dépôts par dérive venant de vergers en début de végétation (Ganzelmeier et al. 1995), et la courbe de dépôt standardisée calculée sur cette base (Rautmann et al. 2001). Représentation logarithmique double.
Environnement | Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive
174 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
l’évaluation de la dérive doit se faire en fonction de la
culture et de son stade de développement.
L’ampleur de la dérive peut être grandement réduite
par une adaptation de la technique d’application et par
le réglage adéquat du pulvérisateur. L’évaluation de la
dérive se fait dans l’hypothèse du respect des BPA, dont
l’une des exigences de base est l’utilisation d’appareils
bien entretenus et convenablement réglés. Une tech-
nique d’application moderne et optimisée permet de
réduire considérablement la dérive en comparaison avec
une technique standard.
M i n i m i s e r l e r i s q u e
Possibilités de réduire le risque
La toxicité d’un produit phytosanitaire ne peut pas être
influencée par son utilisateur. Par contre, l’exposition
d’organismes non cibles peut être considérablement
diminuée. La réduction du risque se limite donc, pour
une substance active donnée, à réduire à un minimum
les dépôts hors de la surface cible. La mesure la plus
simple permettant de réduire les dépôts de PPh sur une
surface protégée consiste à établir des distances de
sécurité (zones tampons) la séparant de la surface cible.
Une courbe de dépôt permet de calculer la distance
nécessaire. Les surfaces tampons présentent l’inconvé-
nient de limiter les mesures culturales possibles sur une
partie des surfaces cultivables.
Comme alternative aux zones tampons, plusieurs
options peuvent être envisagées. Ce sont des méthodes
qui modifient la courbe de dépôt: la technique d’appli-
cation (type de buses, assistance d’air, type de turbine),
les barrières physiques (filets ou haies de protection), les
modalités du traitement (réglage du pulvérisateur, pres-
sion de travail, vitesse d’avancement, puissance de la
soufflerie, pulvérisation d’un seul côté). Divers concepts sont utilisés en Europe pour évaluer
ces mesures dans le but de réduire les distances de sécu-
rité: différentes mesures classées en catégories suscep-
tibles d’être combinées (par exemple en Belgique),
concepts globaux (p. ex. LERAP en Grande-Bretagne ou
«Verlustarm Sprühen» [pulvérisation avec pertes mini-
males] dans la région du lac de Constance), listes de types
d’appareils et de buses avec réglages définis précisément
(p. ex. Allemagne, Pays-Bas, Autriche), combinaison des
concepts mentionnés ci-dessus (p. ex. Autriche, France).
Gewässer
Nutzung
Obst
Fruchtfolgefläche
Pufferzonen
6 m
20 m
50 m
100 m0 250 500125 m
Figure 3 | Estimation des surfaces productives en zones tampons. Ici, la zone jusqu'à 6 m à partir du cours d'eau ne comprend aucune zone de production. Jusqu'à 20 m, une bande étroite est inclue, mais à 50 et 100 m, des parties essentielles des parcelles sont concernées. Données: ThurGIS (1985); ThurGIS (2012). Carte: swissimage (2009).
Eaux
Surfaces utiles
Zones tampons
Cultures fruitières
Surfaces d’assolement
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive | Environnement
175Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
A d a p t a t i o n d e s i n s t r u c t i o n s d e l ’ O F A G c o n c e r n a n t l a d é r i v e
Les premières instructions (OFAG 2008) concernant la
réduction de la dérive et la diminution des distances de
sécurité qui en découle s’est révélée de moins en moins
adaptée à la situation actuelle. D’une part, il y avait de
plus en plus de PPh pour lesquels des zones tampons
étaient prescrites (y compris pour des produits déjà
autorisés, voir l’éditorial en p. 171), car les critères d’éva-
luation avaient changé au cours des années. D’autre
part, les premières instructions ne permettaient pas de
réduire les zones tampons de 100 m de large décrétée
dans certains cas. De plus, les instructions ne considé-
raient que deux mesures de réduction de la dérive, et ce
dans une formulation très vague. Ce dispositif ne corres-
pondait plus à l’évolution actuelle de la technique, où
l’on dispose de diverses possibilités de réduire efficace-
ment la dérive.
L'OFAG a confié à Agroscope le mandat d’analyser la
situation et d’élaborer une proposition de révision des
instructions. La nouvelle version de celles-ci (OFAG
2013b) a été mise en vigueur par l’OFAG à fin 2013.
Exigences à remplir par les nouvelles instructionsLes objectifs assignés aux nouvelles instructions étaient
fondamentalement les mêmes que ceux poursuivis par
la version alors en vigueur: Les dépôts de PPh entraînés
par la dérive hors d’une culture doivent pouvoir être
réduits par des mesures adéquates, afin de permettre
la diminution des zones tampons sans augmenter le
risque imposé à l’environnement. Les nouveautés
concernaient une disposition incluant les zones tam-
pons de 100 m, et la prise en compte d’une plus grande
diversité de mesures de réduction de la dérive. Ces
mesures considérées individuellement et les instruc-
tions dans leur ensemble devaient être faciles à inter-
préter, robustes, aptes à être mises en pratique et
contrôlables.
Jusque-là, les mesures de réduction du risque ne pre-
naient en considération que les eaux de surface et les
organismes vivants qui les peuplent. Les nouvelles ins-
tructions ont pour objectif supplémentaire d’élargir le
domaine d’application des mesures de réduction du
risque aux biocénoses terrestres, afin d’assurer aussi, à
l’avenir, la protection des arthropodes non cibles (NTA,
en anglais non target arthropods).
Démarche
Le développement des nouvelles instructions compre-
nait deux volets. D’un côté, il y avait la tâche scientifique
d’évaluer la dérive et l’efficacité des mesures destinées à
La diversité de ces systèmes montre d’une part, qu’il est
difficile de déterminer l’opportunité et l’efficacité des
mesures de réduction de la dérive, et d’autre part, que
celles-ci sont en constante évolution.
Situation en Suisse
Dans le cadre de la procédure d’autorisation des PPh, on
examine d’une part leur efficacité et d’autre part les
risques pour l’homme et l’environnement. Chaque
application (culture, indication) est examinée séparé-
ment. Lorsqu’un risque inacceptable pour des orga-
nismes non cibles ne peut être exclu, l’autorisation d’un
PPh peut être accordée avec des restrictions (charges) ou
être refusée.
En Suisse, l’utilisation de PPh est soumise à des dis-
tances de sécurité destinées à la protection des eaux. La
distance minimale absolue aux eaux est fixée à 3 m pour
toutes les applications de PPh, selon l’ordonnance sur la
réduction des risques liés à l’utilisation de substances,
de préparations et d’objets particulièrement dangereux
(ORRChim 2005), et à 6 m pour les exploitations fournis-
sant les prestations écologiques requises (PER) (OFAG
2013a).
Des distances de sécurité supplémentaires sont pres-
crites dans les cas où le dépôt d’un PPh dans les eaux est
estimé excessif. Les largeurs de ces zones tampons sont
répertoriées dans les conseils de prudence SPe 3 et
peuvent être de 6, 20, 50 ou 100 m. Ces zones tampons
représentent des restrictions à l’exploitation des terres.
Une estimation de la surface productive ainsi potentiel-
lement concernée a été réalisée au moyen d’un système
d’information géographique (SIG) pour les cantons de
TG, ZH, VD et VS. Quelque 3% des terrains exploités en
vergers, vignes et champs seraient concernés pour une
distance de sécurité moyenne de 20 m aux eaux de
surface, et plus de 20% si la distance de sécurité était
portée à 100 m (fig. 3). Pour éviter une trop grande
emprise sur les terres productives, il est impératif de
réduire la dérive afin de justifier une diminution des dis-
tances de sécurité.
En 2008 déjà, l’OFAG a promulgué une réglementa-
tion concernant les mesures de réduction du risque
(MRR): «Instructions relatives aux distances de sécurité à
respecter par rapport aux eaux de surface et aux mesures
permettant de réduire ces distances» (OFAG 2008). Le
document mentionnait deux possibilités de réduire les
distances fixées à 20 ou à 50 m: a) pulvérisateur pourvu
de dispositifs anti-dérive, et b) ceinture de végétation
d’au moins 3 m de largeur et de hauteur au moins équi-
valente à celle de la culture. Aucune option n’était
proposée pour réduire une distance de sécurité fixée
à 100 m.
Environnement | Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive
176 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
la réduire. De l’autre côté, l’élaboration d’une réglemen-
tation qui garantisse une réduction réelle de la dérive et
qui soit applicable dans les conditions hétérogènes de
l’agriculture suisse. Les divers intérêts en présence, sou-
vent opposés, devaient être pris en compte de manière
équilibrée.
Ce travail s’est accompli en plusieurs phases principales:
•• Consultation et évaluation de résultats de recherches
menées sur le plan international au sujet de la dérive
et des moyens de la réduire;
•• Mise en application sur le terrain de mesures de
réduction de la dérive (Schweizer et al. 2013, autre
essais en cours) et vérification de l’efficacité des PPh
lors de l’application de ces mesures (Höhn et al. 2014);
•• Comparaison des concepts de réduction du risque
(organismes aquatiques et NTA) dans différents pays;
•• Projet d’instructions en collaboration et en discussion
régulière avec des représentants de l’autorité déci-
sionnelle à l’OFAG;
•• Évaluation du projet d’instructions dans le cadre d’un
atelier rassemblant, le 10 septembre 2013, des repré-
sentants de l’OFAG, des cantons (offices cantonaux
de la protection des plantes, conseillers techniques
d’arboriculture, viticulture et cultures maraîchères) et
d’Agroscope (chimie des produits phytosanitaires,
écotoxicologie, protection des plantes et service
d’extension).
Mesures de réduction de la dérive
L’efficacité des mesures de réduction de la dérive a été
évaluée en collaboration avec d’autres instituts et des
organisations de conseil technique, sur la base d’une
documentation scientifique internationale. De plus, des
études ont été menées sur le terrain pour examiner
diverses mesures de réduction de la dérive. À l’évalua-
tion de la réduction de la dérive s’ajoutait la vérification
de l’efficacité attendue des PPh dans les cultures
(Schweizer et al. 2013; Höhn et al. 2014). À la suite de ces
travaux, il a été recommandé que les nouvelles instruc-
tions considèrent les possibilités suivantes:
•• Une réduction importante de la dérive peut être obte-
nue en utilisant des buses antidérive, qui produisent
nettement moins de gouttelettes très fines que les
buses ordinaires. Selon la technologie et le domaine
d’application, la dérive peut être ainsi réduite de 50 à
75%, dans les grandes cultures jusqu’à 90 %. La crainte
de voir l’efficacité des PPh réduite par suite d’un
moindre mouillage des feuilles par des gouttelettes
plus grandes a fait l’objet de nombreuses études: elle
s’est avérée infondée (Friessleben et al. 2003; Nuyt-
tens et al. 2009; Höhn et al. 2014).
Le marché propose une grande diversité de pulvérisa-
teurs, dotés de différentes technologies de réduction de
la dérive. Ces dispositifs réduisent la dérive de 50 à 90%
par rapport à une technique standard de pulvérisation.
Dans les cultures basses, il s’agit particulièrement des
dispositifs de ventilation forcée dirigée vers le bas (50%
de réduction de la dérive) et de pulvérisation en bandes
(75 à 90%).
•• Dans les cultures hautes, la pulvérisation se fait nor-
malement avec assistance d’air. Pour réduire la dérive,
il est important que la direction imposée au flux d’air
et le réglage des buses soient adaptés correctement à
la hauteur des plantes. L’idéal est d’obtenir un flux
d’air horizontal au moyen de déflecteurs ou d’autres
dispositifs de canalisation des flux (50%). Parmi les
autres possibilités de réduction de la dérive, il y a la
modulation du volume d’air soufflé (50%), la détec-
tion de la présence de végétation (75%) ou les appa-
reils de traitement à panneaux récupérateurs et recy-
clage de bouillie (90 %). D’autres technologies sont en
cours de développement et parfois déjà en usage.
Leur potentiel de réduction de la dérive doit cepen-
dant être encore évalué.
•• Il est aussi possible de réduire la dérive en capturant
les gouttelettes s’échappant hors de la parcelle trai-
tée. La réduction de la dérive par des barrières phy-
siques peut atteindre 75%. Celles-ci peuvent être ins-
tallées au-dessus de la culture (filet antigrêle, toiture
de protection contre les précipitations) ou en bordure
de parcelle (haies ou dispositif analogue).
•• Finalement, la dérive peut être réduite par une procé-
dure adéquate de traitement, consistant principale-
ment à respecter les principes de base des bonnes pra-
Distance prescrite 6 m 20 m 50 m 100 m
Nombre de points nécessaires
Réduction de la largeur de la bande tampon non traitée à …
1 3 m 6 m 20 m 50 m
2 3 m 3 m 6 m 20 m
3 3 m 3 m 3 m 6 m
Tableau 1 | Système de points permettant de diminuer les distances de sécurité (OFAG 2013b)
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive | Environnement
177Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
Concernant les mesures de réduction de la dérive desti-
nées à réduire les zones tampons, les nouvelles instruc-
tions s’appuient sur le système appliqué en Belgique: les
mesures de réduction de la dérive sont décrites qualita-
tivement et classées selon leur degré d’efficacité.
Diverses mesures peuvent être combinées selon une clé
définie et leurs degrés d’efficacité respectifs s’addi-
tionnent alors. Cette solution donne aux exploitations
la plus grande liberté possible dans le choix des mesures
convenant le mieux à leur situation. La réduction des
distances de sécurité est réalisée à l’aide d’un système de
points qui est valable indépendamment de la culture et
des différentes mesures (tabl. 1).
Des mesures adaptées spécifiquement aux cultures
doivent être choisies pour atteindre le nombre de points
requis. Les instructions (OFAG 2013b) comprennent trois
tableaux séparés (p.ex. tabl. 2) répertoriant les mesures
et les points qui leur sont attribués, pour a) les cultures
basses (grandes cultures), b) les vignes et autres cultures
verticales jusqu’à 2 m de hauteur et c) les cultures frui-
tières et autre cultures verticales de plus de 2 m de haut.
tiques agricoles: appliquer les traitements avec des
appareils bien entretenus et réglés, dans des condi-
tions météorologiques favorables. La dérive peut être
réduite encore par une réduction de la pression de
travail et de la puissance de la ventilation. Un traite-
ment approprié des rangées de bordure en pulvéri-
sant soit uniquement de l’extérieur de la parcelle vers
l’intérieur, soit sans assistance d’air lorsqu’on les pul-
vérise en direction de l’extérieur, permet de réduire
d’environ 50% la dérive.
Instructions 2013
Les nouvelles instructions (OFAG 2013b) prévoient que
des distances de sécurité aux biotopes terrestres puissent
être imposées comme c’était déjà le cas pour les bio-
topes aquatiques (selon les art. 18a et 18b LPN). Une
nouvelle disposition prévoit qu’elle ne considère pas
seulement les risques et mesures concernant la dérive,
mais aussi ceux liés à l’entraînement par ruissellement
(cf. Hanke et al. 2014 en page 180) et par drainage (ins-
tructions en préparation).
Tableau 2 | Points attribués aux mesures de réduction de la dérive en cultures fruitières et autre cultures verticales de plus de 2 m de haut (OFAG 2013b)
Points Buses Matériel Parcelle Réalisation
0,5· Buses
antidérive
· Pulvérisateur à flux d’air horizontal orientable avec limitation de hauteur
ou· Pulvérisateur à flux tangentiel
· Filet de protection contre la grêle fermé ou protection contre les intempéries
· Quantité d’air max. 30 000 m3/hou
· Pas d’utilisation du flux d’air dirigé vers l’extérieur dans les 5 rangs de bordure
ou· Pulvérisation uniquement vers
l’intérieur dans les 5 rangs de bordure
1ou
· Buses à injection
ou· Pulvérisateur à flux d’air horizontal
orientable ou pulvérisateur à flux tangentiel équipés d’un détecteur de
végétationou
· Traitement herbicide en bande sans capot de protection
ou· Ceinture végétale continue d’au moins 3 m de
largeur aussi haute que la culture traitéeou
· Haie de protection contre la dérive (min. hauteur de la culture + 1 m)
ou· Quantité d’air max. 30 000 m3/h et pas
d’utilisation du flux d’air dirigé vers l’extérieur dans les 5 rangs de bordure
ou· Quantité d’air max. 30 000 m3/h et
pulvérisation uniquement vers l’intérieur dans les 5 rangs de bordure
ou· Traitement d’arbres isolés (haute-tige)
avec atomiseur à dos ou gun
1,5ou
· Pulvérisateur sous tunnel (recyclage de l’air et du liquide)
ou· Filet de protection contre la grêle fermé ou protection contre les intempéries et ceinture végétale continue d’au moins 3 m de largeur
aussi haute que la culture traitéeou
· Filet de protection contre la grêle ou protection contre les intempéries et haie de
protection contre la dérive (min. hauteur de la culture + 1 m)
2ou
· Traitement herbicide en bande avec capot de protection
178
Environnement | Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
Ces mesures sont classées en trois, respectivement
quatre catégories: buses (caractéristiques des goutte-
lettes), appareils (techniques d’application, guidage des
flux), parcelle (barrières physiques) et procédure d’appli-
cation (seulement pour les cultures hautes; volume d’air,
traitement particulier des rangs de bordure). Une seule
mesure peut être choisie dans chaque colonne, et les
points correspondants (colonne de gauche) sont addi-
tionnés.
D i s c u s s i o n
Les nouvelles instructions de l’OFAG présentent des
avantages importants par rapport à la version de 2008,
mais elles sont nettement plus complexes. En plus de
protéger les eaux de surface, elles améliorent nette-
ment la protection des arthropodes non cibles hors de la
culture.
Cette nouvelle version des instructions a été précé-
dée de développements dans différents domaines: par
exemple, de nouvelles connaissances sur les PPh et les
techniques d’application, de nouvelles technologies
d’application, une vaste discussion au sujet des dangers
que représentent les PPh et le développement de nou-
velles exigences et dispositions dans d’autres pays. Le
système entré en vigueur en novembre 2013 est une
bonne solution à tous points de vue: les biotopes natu-
rels sont protégés efficacement contre les apports
excessifs de PPh, et la production dispose d’un outil
flexible de réalisation de cet objectif sans avoir à subir
des pertes de terres cultivables ou une diminution d’effi-
cacité de la protection des végétaux.Le système d’attribution de points assure une mise
en œuvre simple et efficace des instructions. Comparé
aux catégories de pourcentages, il présente l’avantage
que les points peuvent être simplement additionnés,
alors que la combinaison de valeurs de pourcentage
n’est pas possible ou réalisable simplement (p. ex. 90%
et 50% donnent 95%). Un autre avantage est qu’un
certain pourcentage de réduction de la dérive n’en-
traine pas la même diminution de la distance de sécu-
rité pour toutes les cultures, en raison de différences
dans les caractéristiques des courbes de déposition. Le
système de points permet de tenir compte de ces diffé-
rences sans qu’il faille changer les prescriptions de
réduction.
La possibilité de certifier des types d’appareils et de
leur assigner des prescriptions précises d’utilisation
(comme p. ex. en Allemagne) a été discutée et rejetée.
En effet, bien que les prescriptions détaillées et les certi-
fications d’appareils auraient pu permettre d’attester
de plus importantes réductions de la dérive, les coûts
administratifs pour l’établissement des listes et les
expertises auraient été énormes. De plus, les produc-
teurs auraient été limités dans la configuration de leur
exploitation. Il fallait éviter à l’agriculture suisse de subir
ces deux inconvénients.
Le système élaboré pour diminuer les largeurs des
zones tampons est simple, efficace et il tient compte de
la complexité de la problématique. De plus, les contribu-
tions à l’amélioration de l’efficience des ressources (OPD
2014) permettent d’octroyer un soutien financier pour
de nouvelles acquisitions dans le domaine de la tech-
nique d’application. Il faut tenir compte du fait que l'ensemble des aspects
concernant la protection des végétaux est en constante
évolution: la question de la minimisation des risques
devra évoluer, soulèvera de nouveaux problèmes qui à
leur tour appelleront des solutions appropriées. Ainsi,
ces règles sont soumises à un processus d'évolution conti-
nue et devront être adaptées en cas de besoin. n
179
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié à la dérive | Environnement
Ria
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Sum
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Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 172–179, 2014
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Pesticide application – measures for mitiga-
tion of spray drift
The spray application of plant protection
products (PPP) leads to a contamination of
non-target areas via spray drift: Droplets
containing the active ingredient are depos-
ited outside of the targeted area. The
potential risk for non-target organisms
caused by this drift is evaluated in the
authorization-process of PPP. In order to
achieve acceptable risk levels for aquatic
organisms and terrestrial non-target
arthropods, spray-free buffer zones of 6 to
100 m towards surface waters and terrestrial
biotopes are enacted if necessary. Drift-
mitigating measures reduce the input of PPP
into non-target areas and allow reducing
the enacted buffer zones. The approved
measures and the possible reductions of
buffer zone widths are defined in the new
directive of the Swiss Federal Office for
Agriculture released in November 2013.
Key words: risk mitigation measures, spray
drift, nozzles, hail net, hedges, buffer zones,
plant protection products.
Applicazione di prodotti fitosanitari – misure
per ridurre il rischio di deriva
Nell’applicazione di prodotti fitosanitari
(PF), le acque superficiali e altre superfici
esterne a quella da trattare sono gravate
dalla deriva: goccioline contenenti la
sostanza attiva vengono trasportate e
depositate all’esterno dell’area di destina-
zione. Durante l’omologazione di un PF
viene stimato il rischio causato dalla deriva
per gli organismi non interessati. Se neces-
sario, si stabiliscono delle direttive, specifi-
che alla sostanza attiva e all’applicazione,
relative alle distanze (distanza di sicurezza
con divieto d’applicazione) tra 6 e 100 m da
acque superficiali e altri biotopi per mante-
nere a un livello accettabile il rischio che
corrono organismi acquatici e terrestri. Le
misure antideriva riducono la contamina-
zione nelle aree non destinate e permet-
tono, di conseguenza, di ridurre le distanze
di sicurezza. Nella nuova ordinanza dell’Uffi-
cio federale dell’agricoltura dello scorso
novembre sono definite le misure ricono-
sciute e le conseguenti possibili riduzioni
delle distanze di sicurezza.
180 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
cours d'eau, immédiatement après de fortes précipita-
tions. On en déduit logiquement que les apports par
ruissellement contribuent de manière décisive à la pollu-
tion diffuse des eaux par les PPh (voir p. ex. Doppler et al.
2012).
Évaluation des risques et procédure d’autorisation
Avant que l’utilisation d’un PPh soit autorisée en Suisse,
ses risques potentiels pour l’homme et l’environnement
sont minutieusement évalués. L’évaluation des risques
écotoxicologiques se base sur des données de toxicité et
sur une estimation de la concentration dans les eaux
(exposition) à l’aide de modèles. Ce calcul sur modèles se
I n t r o d u c t i o n
L’application de produits phytosanitaires (PPh) en agri-
culture peut conduire de diverses manières à une pollu-
tion des eaux de surface, et par là à une mise en danger
potentielle des organismes aquatiques: d’une part, le
transport peut se produire durant l’application (par
dérive des fines gouttelettes de bouillie), et d’autre part
les précipitations peuvent entraîner les produits par ruis-
sellement ou par lessivage et écoulement dans les
conduits de drainage. Des analyses réalisées dans
diverses eaux en Suisse et à l’étranger ont montré des
concentrations élevées de PPh, surtout dans des petits
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellementIrene Hanke, Thomas Poiger, Annette P. Aldrich et Marianne E. Balmer
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Thomas Poiger, e-mail: thomas.poiger@agroscope.admin.ch
Entraînement par ruissellement hors d'un champ de maïs, après un violent orage. (Photo: Thomas Poiger)
E n v i r o n n e m e n t
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement | Environnement
181
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
Les précipitations peuvent être à l'origine
d'un entraînement des produits phytosani-
taires (PPh) par les eaux de ruissellement, les
amenant ainsi des parcelles traitées vers les
eaux de surface. La procédure d'autorisation
des PPh implique l'évaluation de ces risques
pour les organismes aquatiques, et une
autorisation peut comporter des mesures de
réduction des risques. Actuellement, l'auto-
rité peut exiger le respect d'une bande
tampon enherbée de six mètres de large
entre la culture et une eau de surface, afin de
réduire le risque d'entraînement par ruisselle-
ment. D'autres mesures possibles visant à
réduire les risques ont été évaluées par la
station de recherche Agroscope sur mandat
de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG).
Elles pourront être imposées à l'avenir
comme restrictions à l'autorisation de PPh.
Les mesures imposées ont pour objectif de
réduire à un minimum la charge polluante
pesant sur les eaux, tout en évitant autant
que possible les contraintes pesant sur la
production agricole. Ce projet s'est conclu sur
une liste de mesures que les producteurs
peuvent choisir et combiner, soit pour une
bonne adéquation à leur situation, soit parce
qu'ils les appliquent déjà pour d'autres
raisons (par exemple pour la protection
contre l'érosion). En plus des bandes tampons
enherbées en bordure de parcelle, on peut
citer comme nouvelles possibilités le travail
du sol ménageant sa structure, la mise en
place de bandes enherbées à l'intérieur de la
parcelle ou la végétalisation entre les rangs
dans les cultures pérennes.
base sur l’hypothèse de conditions particulièrement
défavorables (fortes précipitations, grande proportion
de PPh entraînés par ruissellement et faible dilution
dans les eaux); il livre ainsi des concentrations qui
devraient se trouver à la limite supérieure de celles sus-
ceptibles de se produire en réalité dans les eaux.
L’évaluation des risques pour les nouvelles autorisa-
tions se fait selon les critères et méthodes valables au
moment de l’examen. Comme il y a eu de grands chan-
gements au cours du temps, l’évaluation des risques
pour des produits autorisés depuis longtemps n’est sou-
vent plus conforme à l’état actuel des exigences. Un pro-
jet en cours consiste à réexaminer de manière ciblée les
produits anciens, entre autres sous l’aspect de la mise en
danger des organismes aquatiques (projet «réexamen
ciblé des produits phytosanitaires», OFAG 2013).
Charges actuellement susceptibles d’application
Si l’évaluation de l’utilisation d’un PPh montre un risque
trop élevé en raison d’entraînement par ruissellement, la
contrainte suivante peut être imposée:
«Dans le but de protéger les organismes aquatiques
des suites d’un ruissellement, respecter une zone non
traitée enherbée sur toute la surface de 6 m par rapport
aux eaux de surface.»
Le potentiel de réduction du risque de cette mesure
peut ne pas suffire lorsque le risque est très élevé. Pour
cette raison, Agroscope a été chargée par l’OFAG d’éla-
borer des mesures complémentaires. D’autres options
de réduction du risque posé par la dérive ont été déve-
loppées parallèlement (Schweizer et al. 2014).
Points d’application des mesures de réduction du risque
Le risque que l’entraînement de PPh par ruissellement
fait peser sur les organismes aquatiques est influencé par
divers facteurs; en plus des propriétés des substances
actives, ce sont entre autres les quantités utilisées, le
nombre d’applications, la période d’application, les
conditions météorologiques, le stade de la culture lors
de l’application, la distance aux eaux, le type de sol et la
topographie. La réduction des risques peut ainsi porter
sur divers éléments de l’application elle-même, sur les
précautions à prendre au champ ou en bordure ou peu
avant l’arrivée des PPh dans l’eau (fig. 1).
On ne discutera ci-dessous que les mesures de maî-
trise des risques (MMR) pour lesquelles, lors de l’autori-
sation, des contraintes peuvent être imposées. Ces
charges doivent obligatoirement figurer sur l’étiquette
et dans le mode d’emploi du produit.
D’autres domaines d’intervention permettent de
réduire sensiblement le risque, par exemple les mesures
entraînant une diminution du nombre d’utilisations de
Environnement | Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement
182 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
PPh ou celles qui posent des limites à leur utilisation sur
des surfaces présentant un risque élevé d’entraînement
par ruissellement (Stamm et al. 2012). Le présent projet
ne traite pas de ces domaines d’intervention.
L’élaboration des MMR présentées ci-dessous s’est
basée, entre autres, sur un travail du groupe de travail
FOCUS (Forum for the coordination of pesticide fate
models and their use) de l’UE, sur le rapport d’un groupe
de travail interne d’Agroscope à Wädenswil (Aldrich et
Daniel 2006), sur une enquête concernant les MMR dans
les pays de l’UE environnants (voir ci-dessous), ainsi que
sur divers articles de synthèse sur ce thème (p. ex.
Reichenberger et al. 2007).
Évaluation de certaines mesures
Réduction de la quantité appliquée. Les quantités
appliquées sont en principe calculées selon la devise
«autant que nécessaire, aussi peu que possible», ce qui
laisse peu de place pour de nouvelles diminutions.
Limitation saisonnière de l’application. C’est une
mesure fréquemment décidée dans le domaine de la
protection des eaux souterraines. Par exemple, cer-
tains herbicides ne sont pas autorisés en automne, car
ils se dégradent plus lentement dans le sol durant la
saison froide alors que l’eau des précipitations tend
davantage à percoler. Les substances mobiles pour-
raient ainsi parvenir plus facilement aux eaux souter-
raines. Par contre, les restrictions saisonnières ne per-
mettent guère de réduire le risque, car les pluies
intenses ou durables entraînant un ruissellement
superficiel peuvent se produire toute l’année en
Suisse.
Concernant la durée séparant l’application d’avec
les précipitations, le module de l’Office fédéral de
l’environnement (OFEV) et de l’Office fédéral de
l’agriculture (OFAG) «Produits phytosanitaires dans
l’agriculture» précise: «Les traitements sont interdits
peu avant des précipitations ou lorsque le sol est
détrempé (en particulier s’il s’agit d’herbicides), afin
d’éviter le lessivage et l’entraînement par ruisselle-
ment dans les eaux ou dans d’autres zones protégées.»
(OFEV et OFAG 2013). Il n’y a pas de raison d’imposer
d’autres restrictions au niveau de l’autorisation, car
les fenêtres temporelles dans lesquelles un traitement
est nécessaire et possible sont de toute façon très
étroites.
Diverses mesures déjà appliquées pour prévenir
l’érosion et réduire les apports d’éléments nutritifs
dans les eaux montrent qu’il existe un grand potentiel
de réduction des apports de PPh dans les eaux:
À l’utilisation:Moment d’application,quantité, fréquence En bordure:
Bandes tampons
Avant l’arrivée aux eaux: Bassins de rétention végétalisés
Dans la parcelle:Travail ménageant le sol, bandes enherbées dans le champ, végétalisation (cultures pérennes), construction de terrasses
Entraînement par ruissellement
Figure 1 | Points d'application des mesures de réduction du risque de mise en danger des organismes aquatiques par les PPh.
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement | Environnement
183Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
lignes arborisées sont habituellement gardées nues au
printemps et en été. En viticulture, les pratiques dif-
fèrent encore entre les régions. Selon le site, la concur-
rence pour l’eau exercée par la végétation au détriment
de la vigne oblige à travailler le sol de temps à autre et à
le maintenir libre d’adventices.
Sur les coteaux escarpés, le danger d’érosion donne
son plein sens à la culture en terrasses. La diminution
des écoulements superficiels se traduit par une réduc-
tion de l’entraînement de PPh par ruissellement (fig. 4).
Les bandes tampons enherbées améliorent l’infiltra-
tion de l’eau s’écoulant en surface et des résidus de PPh
qu’elle contient en solution. Le tapis végétal dense
retient les particules de sol et les PPh qui leur sont liés.
La réduction potentielle des apports de PPh hors de la
parcelle dépend des propriétés physico-chimiques de la
substance active du PPh, de la durée et de l’intensité des
précipitations, de la situation locale (propriétés du sol,
topographie) ainsi que de la largeur de la bande tampon
(Lacas et al. 2005; Reichenberger et al. 2007).
Les bandes tampons prévues pour réduire le risque
d’entraînement par ruissellement doivent être mainte-
nues durablement, afin que le tapis végétal soit suffi-
samment dense. C’est pourquoi l’on est moins flexible
Techniques culturales préservant le sol: Le sol reste en
général plus perméable s’il n’est pas labouré ou peu
intensivement travaillé. L’eau météorique pouvant ainsi
mieux pénétrer et percoler, il y a moins de ruissellement
en surface. Les résidus végétaux restant après récolte
ralentissent aussi l’écoulement superficiel de l’eau. De
plus, le sol couvert est moins sujet à la battance en
conséquence des précipitations (fig. 2). Les techniques
culturales préservant le sol sont donc adéquates pour
réduire l’entraînement par ruissellement en surface.
Cependant, elles ne sont actuellement pratiquées cou-
ramment que dans les grandes cultures.
Diverses mesures prises dans la parcelle peuvent
contribuer à empêcher totalement le ruissellement, ou à
réduire la quantité d’eau ruisselée. Les bandes enher-
bées non traitées, les haies et autres barrières peuvent
diminuer la pente ou la convergence des ruissellements.
Des seuils en bordure des champs peuvent de plus empê-
cher les écoulements superficiels vers les eaux, ou les
retarder.
L’enherbement périodique ou durable des cultures
pérennes est très répandu en Suisse (fig. 3). Il est géné-
ralement recommandé d’enherber les interlignes des
vergers avec un gazon dense et porteur, alors que les
Figure 2 | Champ de maïs après un semis direct. Entre les lignes, les résidus végétaux morts ralentissent l'écoulement de l'eau et le colmatage du sol est moindre lors de précipitations. (Photo: Volker Prasuhn, Agroscope)
Environnement | Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement
184 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
dans la fixation de la largeur des bandes tampons que
dans la détermination des charges pour la dérive, où il
s’agit directement de la distance aux eaux. La largeur
minimale de six mètres, telle que fixée actuellement,
représente un bon compromis entre sacrifice de terrain
cultivable et efficacité. L’augmentation de la surface
sacrifiée en élargissant de trois à six mètres la distance
aux eaux a déjà été évaluée dans le cadre d’une autre
étude (Szerencsits 2008). Celle-ci a toutefois compté les
chemins dans la distance aux eaux, ce qui n’est pas auto-
risé dans les bandes de protection contre l’entraînement
par ruissellement superficiel.
Divers travaux ont montré que des étangs ou bassins
de rétention végétalisés peuvent réduire nettement, par
dégradation et adsorption aux plantes et aux sédiments,
les charges de PPh dans les écoulements superficiels et les
eaux de drainage (Grégoire 2010). De tels étangs ou bas-
sins présentent en principe un grand potentiel de réduc-
tion du risque d’apports de PPh entraînés par ruisselle-
ment. Cependant, ils n’entrent en ligne de compte
comme MMR dans la procédure d’autorisation que s’il
existe des bases techniques de dimensionnement et d’ex-
ploitation, et si les systèmes sont suffisamment répandus.
Lors de l’évaluation de l’exposition dans le cadre de la
procédure d’autorisation, l’hypothèse retenue est une
faible dilution des PPh dans l’eau concernée, afin de pro-
téger suffisamment les nombreuses petites eaux contri-
butrices, dont le volume (mesuré à la distance d’écoule-
ment) représente plus de la moitié des eaux courantes en
Suisse (Munz et al. 2012). Dans les cours d’eau et bassins
de grand volume, les PPh apportés par ruissellement sont
davantage dilués; les concentrations d’exposition et les pics
de pollution devraient donc être plus bas. Cette hypothèse
a été confirmée par l’exploitation, récemment publiée, de
données de monitoring relevées en Suisse (Munz et al.
2012). Il est donc envisageable d’imposer des charges moins
drastiques sur les parcelles au bord des eaux de grand
volume, mais cela irait à l’encontre de l’objectif d’une pol-
lution des eaux maintenue aussi basse que possible.
L’eau de ruissellement ne s’écoule pas nécessaire-
ment entièrement en surface: elle peut aussi emprunter
des raccourcis (drainages routiers, puits d’entretien des
drainages agricoles etc.). Il convient, par une informa-
tion ciblée, d’attirer l’attention sur ces voies d’apport de
PPh. Les charges imposées dans les autorisations sont
plutôt inadéquates dans cette problématique.
Figure 3 | Vigne à Stein am Rhein (SH). L'enherbement des passages diminue nettement l'entraînement des PPh par ruissellement superficiel. (Photo: Thomas Poiger, Agroscope)
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement | Environnement
185Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
domaines (protection contre l’érosion, diminution des
apports d’éléments nutritifs dans les eaux). L’inscription
des mesures détaillées dans une instruction séparée de
l’étiquette permet d’y apporter des compléments et des
modifications répondant à l’évolution de la technique,
sans qu’il soit nécessaire d’adapter les autorisations
elles-mêmes.
Développements dans les pays voisins
À fin 2011, nous avons interrogé les autorités concernées
de divers États de l’UE pour savoir si l’entraînement des
PPh par ruissellement superficiel en tant que voie d’ap-
port aux eaux de surface était pris en considération dans
la procédure d’autorisation, et quelles MMR étaient uti-
lisées. L’Allemagne, l’Autriche et la France prescrivent
des zones tampons enherbées de différentes largeurs
(de cinq à vingt mètres). En Allemagne, il est possible de
renoncer aux bandes tampons si l’eau de ruissellement
est entièrement captée avant son arrivée à l’eau que l’on
veut protéger, ou si l’on applique un procédé de mul-
ching ou de semis direct. En Grande-Bretagne, il n’y a
aucune charge en relation avec le risque d’entraînement
par ruissellement.
Application des mesuresParmi les MMR discutées ci-dessus, les suivantes sont
prévues en priorité pour application par l’intermédiaire
de charges imposées: bandes tampons enherbées, tra-
vail ménageant la structure du sol, mesures visant à
diminuer l’érosion dans les champs, végétalisation des
passages dans les vergers et les vignes et culture en ter-
rasses.
Les différentes mesures ne devraient pas figurer
directement comme charges sur l’étiquette, mais séparé-
ment dans des instructions où elles devraient se voir attri-
buer des points correspondant à leur potentiel respectif
de réduction du risque (de manière analogue à ce qui se
fait pour la dérive: Höhn et al. 2014). Les points s’ajoutent
lorsque l’on combine plusieurs mesures. La charge défi-
nie dans l’autorisation précise seulement le nombre de
points qui doit être atteint pour pouvoir utiliser le pro-
duit malgré le risque d’entraînement par ruissellement.
Cette manière de procéder devrait donner aux agri-
culteurs la plus grande flexibilité possible, car ils peuvent
choisir et combiner à chaque fois les mesures les plus
adéquates dans leur situation. D’autre part, il est ainsi
possible d’exploiter au mieux les synergies avec d’autres
Figure 4 | Vigne à Stäfa (ZH). L'aménagement de terrasses permet une meilleure infiltration de l'eau et diminue le ruissellement superficiel. (Photo: Werner Siegfried, Agroscope)
186
Environnement | Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
Deux ateliers internationaux (MAgPIE, mitigating the
risk of plant protection products in the environment)
ont été organisés en avril et novembre 2013 avec des
représentants des autorités, de la science et de l’indus-
trie, avec pour objectif la mise à disposition des autorités
de mesures de réduction des risques engendrés par les
PPh. Le concept de réduction du risque d’entraînement
par ruissellement développé dans ce cadre comprend
une liste de mesures présentant divers potentiels de
réduction, qu’il est possible de combiner librement. Ce
système est analogue à celui décrit ici pour la Suisse.
C o n c l u s i o n s
Les mesures complémentaires décrites dans le présent
article contribuent à réduire nettement le risque pour
les organismes aquatiques. En plus de ces charges spéci-
fiques à l’utilisation, liées à l’autorisation, il existe évi-
demment d’autres possibilités de réduire les risques
d’entraînement des PPh par ruissellement. Dans certains
cas, lorsque les conditions hydrologiques ou topogra-
phiques entraînent un risque particulièrement élevé, il
faut trouver des solutions adaptées sans lien direct avec
l’autorisation des PPh.
L’objectif de ce projet est de réduire la charge pol-
luante sur les eaux tout en imposant le moins possible de
contraintes à l’agriculture, par une exploitation opti-
male des synergies (par exemple avec les mesures de pro-
tection contre l’érosion) associée à une certaine flexibi-
lité dans le choix des mesures à prendre. La plupart de
ces propositions ont été accueillies favorablement lors
d’un atelier organisé en septembre 2013 avec les repré-
sentants des services phytosanitaires cantonaux. Elles
seront maintenant élaborées en détail dans la perspec-
tive d’une introduction dans la pratique. n
187
Application de produits phytosanitaires: mesures de réduction du risque lié au ruissellement | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Plant protection products – mitigating the
risk due to surface runoff
Plant protection products (PPP) can be
transported from treated fields to surface
waters via surface runoff during rain events.
Potential risks for aquatic organisms due to
surface runoff are assessed during the
registration process for PPP, and risk mitiga-
tion measures are implemented if necessary.
Currently, a vegetated buffer zone of 6 m
width may be required as risk mitigation
measure for surface runoff. Further options
for risk mitigation of surface runoff that can
be linked to PPP registration were evaluated
at Agroscope on behalf of the Swiss Federal
Office for Agriculture. These options should
effectively reduce the contamination of
surface waters while minimizing impacts on
agricultural productivity. The list of mitiga-
tion measures resulting from this project
offers farmers the possibility to combine
those measures that are best suited for their
particular situation or those that are already
implemented for other reasons (e.g., for
erosion control). Besides vegetated buffer
zones, these include e.g. conservation
tillage, vegetated strips within the field and
use of cover crops in orchards and vineyards.
Key words: surface water, risk mitigation
measures, plant protection products, surface
runoff.
Applicazione di prodotti fitosanitari: misure
per ridurre il rischio di dilavamento
È possibile che durante eventi pluviali i
prodotti fitosanitari possano essere dilavati
dalla particella trattata e raggiungere le
acque di superficie. I rischi per gli organismi
acquatici che ne conseguono sono valutati
nel corso dell’omologazione e, se necessario,
saranno prescritte delle misure per la loro
riduzione. Attualmente, per ridurre il rischio
di dilavamento, può essere richiesta una
zona tampone inerbita larga 6 m. Su incarico
dell’Ufficio federale dell’agricoltura (UFAG),
la stazione di ricerca Agroscope ha esami-
nato ulteriori opzioni relative alle misure per
la riduzione del rischio di deriva. Misure che
in futuro potrebbero risultare determinanti
per l’omologazione di prodotti fitosanitari.
Queste misure devono ridurre l’inquina-
mento delle acque e, contemporaneamente,
limitare il meno possibile la produzione
agricola. Il risultato di questo progetto è una
lista di misure dalla quale i produttori
possono selezionare e abbinare quelle più
idonee al loro caso, oppure quelle che, per
altri motivi, stanno già applicando (p. es. per
la protezione dall’erosione). Nella lista
appaiono, oltre alla zona tampone al bordo
del campo, anche nuove misure come p. es.
una lavorazione minima del terreno, l’im-
pianto di bande coltivate all’interno della
particella, come pure l’inerbimento all’in-
terno di colture perenni.
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 180–187, 2014
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188 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans
et l’économie alpestre. Un accord avec l’Office fédéral
de l’agriculture (OFAG) permet l’exécution des mesures
d’entretien conformes. Enfin, l’ordonnance sur la qualité
écologique alloue des aides financières aux exploitants
agricoles gérant ce type de prairies, considérées comme
compensation écologique (OFAG 2001).
Les prairies dépendent sensiblement du type d’ex-
ploitation dont elles font l’objet, et pour optimiser leur
potentiel écologique, il convient de minimiser l’impact
des étapes allant de la fauche à la récolte. Depuis peu,
l’usage du souffleur, comme alternative au traditionnel
râteau, permet un gain de temps pour les exploitants.
I n t r o d u c t i o n
Les prairies sèches sont de précieux habitats dont les
caractéristiques particulières attirent de nombreuses
espèces typiques. En Europe, les prairies sèches sont par-
ticulièrement vulnérables; en Suisse, elles ont reculé de
90 % depuis 1950 (Ballmer 2010; Dostalek et Frantik
2008). Afin de palier à cette perte, le Conseil fédéral a
établi un inventaire des biotopes regroupant, entre
autres, les prairies et pâturages d’importance nationale
(Gubser et al. 2010). Cet inventaire comprend 23 648 hec-
tares, soit 1,48 % de la surface exploitée par l’agriculture
Nina Richner1, Léonie Durocher1, Hanspeter Rohrer2 et Thomas Walter1
1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2Pro Natura Unterwalden, 6072 Sachseln, Suisse
Renseignements: Thomas Walter, e-mail: thomas.walter@agroscope.admin.ch
Parcelle d’étude située au nord de Stans (canton de Nidwald). (Photo: Hanspeter Rohrer, Pro Natura Unterwalden)
E n v i r o n n e m e n t
Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans | Environnement
189
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
En montagne, la période des foins repré-
sente un travail de taille pour les paysans.
Afin d’alléger la tâche et de procéder à une
récolte plus rapide, ceux-ci remplacent
progressivement le râteau par le souffleur.
Actuellement, l’organisation Pro Natura et la
station de recherche agronomique et
agroalimentaire Agroscope évaluent les
effets potentiels du souffleur sur la diversité
végétale des prairies sèches, qui sont des
habitats déjà fortement menacés. Dans cette
étude, des relevés de plantes sont réalisés
annuellement sur une parcelle où s’alternent
les deux types de récolte. L’analyse des
données recueillies en 2013 ne témoigne
d’aucune influence du souffleur sur la
richesse spécifique, la composition en
espèces, la présence d’espèces cibles et
caractéristiques et le recouvrement des
mousses. En revanche, le nombre d’espèces
diffère selon l’emplacement observé sur la
pente; la diversité des espèces est plus
élevée sur les plantes en bas de pente, sur
toutes les parcelles. Le recouvrement des
mousses est plus important en haut des
parcelles soufflées et en bas des parcelles
ratissées.
Cependant aucune étude n’a, pour l’instant, évoqué
l’éventuelle incidence des quelque 180 km/h d’air souf-
flé sur la végétation.
Une coopération entre Pro Natura et Agroscope se
charge actuellement de répondre à cette probléma-
tique et entreprend une étude en cours depuis 2010 et
prévue sur six ans. Cette étude s’appuie surtout sur les
notions de richesse spécifique et de composition en
espèces de plantes vasculaires, mais également sur les
espèces cibles et caractéristiques et les mousses (Walter
et al. 2013). Comme l’étude est menée sur une parcelle
inclinée, elle intègre également l’influence de la posi-
tion sur la pente sur les résultats obtenus. Enfin, pour
compléter l’interprétation, certaines valeurs indicatrices,
comme les substances nutritives et la valeur de réaction,
sont analysées afin d’observer d’éventuelles corrélations
(Landolt 2010). L’ensemble de ces données est traité de
manière à répondre aux hypothèses suivantes:
Hypothèse 1
a. La richesse spécifique des plantes est semblable sur les
parcelles soufflées et les parcelles ratissées.
b. La composition en espèces des plantes est semblable
sur les parcelles soufflées et les parcelles ratissées.
c. La présence de plantes cibles et caractéristiques est
semblable sur les parcelles soufflées et les parcelles
ratissées.
d. Le recouvrement des mousses est semblable sur les
parcelles soufflées et les parcelles ratissées.
e. Les valeurs indicatrices humidité, lumière, humus,
substances nutritives et réaction sont semblables sur
les parcelles soufflées et les parcelles ratissées.
Hypothèse 2
a. La richesse spécifique est constante le long de la pente.
b. La composition en espèces est semblable le long de la
pente.
c. La présence de plantes cibles et caractéristiques est
semblable le long de la pente.
d. Le recouvrement de mousses est constant le long de la
pente.
e. Les valeurs indicatrices sont constantes le long de la
pente.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Parcelle d’étude
La parcelle considérée est une prairie extensive de
14 922 m² située au nord de Stans (canton de Nidwald), à
une altitude de 830 m. Elle est exposée au sud et pré-
sente une inclinaison de 60 à 85 %. Jusqu’en 2007 inclus,
la récolte du foin y était réalisée à l’aide de râteaux. Les
Environnement | Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans
190 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
deux années suivantes, le foin a été rassemblé à l’aide de
souffleurs. En 2010, après avoir réalisé un inventaire
botanique initial, la parcelle a été divisée en dix sous-
parcelles ratissées et soufflées selon la figure 1.
Cinq points d’observation ont ensuite été sélection-
nés le long de la pente sur chacune des dix sous-parcelles.
Ils ont été choisis de façon aléatoire, mais de manière à
représenter cinq hauteurs distinctes. Ces points sont
signalisés par des indicateurs magnétiques, localisables
par détecteur de métaux et GPS.
Relevé des données
L’inventaire botanique a été réalisé sur un cercle de végé-
tation d’une surface de 1 m². Le recouvrement végétal est
estimé par la méthode Braun-Blanquet. Les scientifiques
chargés de l’identification se partagent la parcelle de
façon équitable, de manière à varier le type de parcelle
observée ainsi que la position sur la pente. Les données
botaniques sont ensuite retranscrites sur le logiciel Vege-
daz (Küchler 2012). Ce logiciel émet les moyennes des
valeurs environnementales indicatrices correspondantes:
la lumière, l’humidité, les substances nutritives, la valeur
de réaction et la proportion d’humus.
Analyse statistique
L’analyse statistique s’appuie sur les données de l’année
2013, comme le résultat des quatre années d’exploita-
tion. Un modèle plus détaillé, intégrant l’influence de
chaque année sur les résultats, est prévu à la fin de
l’étude.
L’analyse a été réalisée sur le logiciel R - version 3.0.1
(R Core Team 2013). Les données concernant la richesse
spécifique, les espèces cibles et caractéristiques, et celles
du recouvrement des mousses sont traitées à partir
d’une analyse de type linéaire généralisée mixte pour
mettre en évidence l’influence de la méthode de récolte
et de la position sur la pente. Les compositions en
espèces sont mises en évidence grâce à une analyse en
Figure 1 | La parcelle d’étude est partagée en dix sous-parcelles. La méthode de récolte est alternée selon la légende. Dans chaque zone, et à différentes positions sur la pente, cinq points d’un diamètre de 1 m2 ont été sélectionnés afin de procéder à l’inventaire des plantes. (Photo: © swisstopo)
800 m
3b5
2b5
1b5
1r5
5b35b4
5b5 5r5
5r3
4r5
3r33b3
2r3
1r4
1b3
1b42b4
2b32r4
2r5
3r5
3r43b4
4b5
4b44r3
4r45r4
5b2
5r24r2
4b3
4b2
3b23r2
2r2
2b2
1b2
1r31r2
1r1
1b1
2b1
2r1
3r13b1
4b14r1
5r1
5b1
4r2r
5r3b 3r
4b
2b
1r
5b
1b
830
850820
840
810
800
790
780770
820
800
670'000
670'000
0 20 40 mètres10
1:1'050
Bewirtschaftung
Blasen
Rechen
Récolte
Râteau
Souffleur
Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans | Environnement
191Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
proximité des points illustre les similarités entre les com-
positions végétales. Celles des parcelles ratissées se
superposent largement avec celles des parcelles souf-
flées. La technique du souffleur n’entraine donc pas de
différence pour cet aspect de la végétation. D’après les
résultats indiqués dans les tableaux 2, 3 et 4, la méthode
de récolte n’influence ni le nombre de plantes cibles, ni
le recouvrement des mousses, ni les valeurs indicatrices
selon Landolt (2010).
Influence de la pente
D’après le même modèle, la position sur la pente
influence la richesse spécifique en 2013 (tabl. 1). Sur les
deux types de parcelle, le nombre d’espèces est plus
important en bas de pente, mais cette tendance est plus
composantes principales. Les valeurs indicatrices sont
comparées d’une parcelle à l’autre avec des tests Wil-
coxon. Des régressions linéaires permettent de repré-
senter l’influence de la pente, et des statistiques descrip-
tives permettent de visualiser l’évolution de certaines
donnés sur les quatre années.
R é s u l t a t s
Influence de la technique de récolte
Excepté pour l’année 2012, les experts ont toujours
dénombré plus d’espèces sur les parcelles ratissées. La
différence est de l’ordre d’une à deux espèces. Le modèle
utilisé montre qu’en 2013, le souffleur n’a pas d’impact
significatif sur la végétation (tabl. 1). A la figure 2, la
Valeur estimée Erreur standard Valeur Z p
Intersection 3,50 0,076 46,42 < 0,001
Méthode de récolte (râteau) 0,097 0,102 –0,95 0,342
Position sur la pente 0,007 0,003 –2,81 0,005
Méthode râteau: position sur la pente 0,004 0,003 1,32 0,187
Tableau 1 | Analyse de type linéaire généralisée mixteRichesse spécifique en 2013 intégrant les facteurs «méthode de récolte» et «position sur la pente» (Richesse spécifique ~ Méthode de récolte + Position sur la pente, family = poisson); variance = 1,2536 e-17; standard deviation = 3,5406 e-09
Valeur estimée Erreur standard Valeur Z p
Intersection 1,792 0,124 14,393 < 0,001
Méthode râteau 0,00 0,114 –0,002 0,999
Position sur la pente 0,001 0,003 0,208 0,835
Tableau 2 | Analyse de type linéaire généralisée mixteNombre d’espèces cibles et caractéristiques en 2013 intégrant les facteurs méthode de récolte et position sur la pente (Richesse spécifique ~ Méthode de récolte + Position sur la pente, family = poisson); variance = 2,127 e-16; standard deviation = 1,4584 e-08
Valeur estimée Erreur standard Valeur Z p
Intersection 1,878 0,268 7,015 < 0,001
Méthode râteau 0,264 0,175 1,507 0,132
Position sur la pente 0,01 0,004 4,350 < 0,001
Méthode râteau: position sur la pente –0,012 0,005 –2,543 0,011
Tableau 3 | Analyse de type linéaire généralisée mixteRecouvrement de mousses en 2013 intégrant les facteurs méthode de récolte et position sur la pente (Richesse spécifique~Méthode de récolte+Position sur la pente, family=poisson) ; variance= 0,27072; standard deviation = 0,52031
Méthode de récolte Souffleur Râteau
Position sur la pente 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
Nombre d’espèces 63 59 46 53 46 64 61 53 57 53
Tableau 4 | Nombre total d’espèces des cinq points donnés par position sur la pente en fonction de la méthode de récolte. Point sur la pente: 1 représente la position la plus basse, 5 la position la plus haute.
Environnement | Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans
192 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
marquée sur les parcelles soufflées (fig. 3). L’emplace-
ment sur la pente influence significativement la compo-
sition en espèces (p < 0,001, fig. 2). Le nombre d’espèces
cibles et caractéristiques ne dépend pas de la position sur
la pente. Le recouvrement des mousses en 2013 sur les
parcelles ratissées est de 8,7 % ± 2,7 %, sur les parcelles
soufflées de 10,7 % ± 3,6 %. Le recouvrement des
mousses est différent le long de la pente, mais la ten-
dance s’inverse sur les deux types de parcelle: sur les par-
celles soufflées, on retrouve plus de mousses en haut,
tandis que sur les parcelles ratissées, elles couvrent plus
de surface en bas (tabl. 3). Sur les parcelles soufflées
comme sur les parcelles ratissées, la plus grande diffé-
rence de richesse spécifique se trouve entre les positions
1 et 5, c’est-à-dire entre les extrémités basses et hautes
de la parcelle (tabl. 4 et 5). Le nombre total d’espèces est
plus élevé en bas de parcelle. La valeur de réaction et les
substances nutritives ne présentent pas de différences
significatives le long de la pente (tabl. 6 et 7). Avec une
p-value de 0,086, une tendance intéressante est tout de
même à noter, celle des substances nutritives qui baissent
avec des positions plus hautes sur la pente.
D i s c u s s i o n
L’étude se basait sur l’hypothèse que le râteau et le souf-
fleur, par leur impact différent sur la surface du sol et la
dispersion des graines, pouvaient influer différemment
sur la végétation d’une prairie: le râteau, en créant
d’éventuelles ouvertures du sol favorisant la pousse de
−4 −2 0 4
−4
−2
0
PC1
PC2
pos
2
24
Parcelles souffléesParcelles ratissées
Figure 2 | Analyse en composantes principales représentant les compositions en espèces de l’ensemble des relevés. Le point le plus à droite représente la position sur la pente (pos) le plus élevé. Le premier axe (PC1) ex-plique 10,2 % de la variation totale, le deuxième axe (PC2) 6,5 %.
Lumière Température Réaction Substances nutritives Humus
Méthode de récolte B R B R B R B R B R
Moyenne 3,479 3,496 3,182 3,201 3,307 3,339 2,414 2,463 3,120 3,117
Ecart type 0,016 0,017 0,018 0,028 0,023 0,021 0,026 0,033 0,017 0,012
P-value 0,256 0,1643 0,089 0,256 0,431
Tableau 5 | Wilcoxon tests comparant l’ensemble des valeurs indicatrices sur les parcelles soufflées (S) et les parcelles ratissées (R)
Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans | Environnement
193Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
systématiquement du haut vers le bas. Pour la richesse
spécifique, on remarque que le nombre moyen d’es-
pèces par relevé, mais aussi le nombre total d’espèces est
différent sur les emplacement les moins élevés et les
plus élevés. Les substances nutritives ont tendance à
être lessivées en cas de précipitations (Korsaeth et Eltun
2000). On peut supposer que leur concentration plus
élevée en bas de pente attire les espèces de prairies
sèches, mais aussi celles de prairies de type intensif (Bob-
bink et al. 1998; Korsaeth et Eltun 2000; Stevens et al.
2004). Ceci peut éventuellement expliquer un nombre
nouvelles espèces, et le souffleur, en dispersant une
large gamme de graines pouvant modifier la composi-
tion végétale. Or, les résultats trouvés ne correspondent
pas à nos attentes. Aucun des aspects de la diversité
végétale ne semble être influencé par la méthode de
récolte après trois ans.
La prise en considération de la pente dans l’analyse
des résultats est intéressante. La pente peut entrainer
des différences de pédologie qui déterminent le type de
végétation. Elle permet également d’analyser les consé-
quences de la direction de la récolte de foin, qui se fait
10 20 30 40 50 60
1520
2530
35
Position sur la pente
Rich
esse
spé
cifiq
ue
Parcelles souffléesParcelles ratissées
Figure 3 | Nombre d’espèces moyenne par relevé en fonction de la position sur la pente (sur l’axe des abscisses, la distance représentée est mesurée par rapport à la ligne de base, en bas de pente); parcelles soufflées: R2 = 0,1499; parcelles ratissées: R2 = 0,3092.
Valeur estimée Erreur standard Valeur T p R2
Intersection 3,523 0,061 57,980 < 0,001 -0,017
Position sur la pente 0,001 0,001 0,002 0,674
Tableau 6 | Régression linéaire intégrant les valeurs de réaction et la position sur la pente
Valeur estimée Erreur standard Valeur T p R2
Intersection 2,445 0,052 47,272 < 0,001 0,041
Position sur la pente –0,003 –0,003 0,002 0,086
Tableau 7 | Régression linéaire intégrant les valeurs de substances nutritives et la position sur la pente
194
Environnement | Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
d’espèces plus élevé. En haut de parcelle, une concentra-
tion en nutriments trop faible peut engendrer une plus
faible diversité (Janssens 1998).
Cette différence de diversité entre le bas et le haut
de la parcelle peut également s’expliquer par le trans-
port des graines en bas de parcelle. Cet effet délocali-
sant pourrait devenir plus important en cas d’utilisation
du souffleur. On supposait dès lors qu’en fonction du
type de graines, celles-ci soient plus ou moins délocali-
sées selon la méthode de récolte, entrainant des compo-
sitions en espèces différentes (Howe et Smallwood
1982). Or, encore une fois, la méthode de récolte se
révèle anodine, et les compositions en espèces sont sem-
blables entre les relevés, qu’elles soient sur les parcelles
soufflées, ratissées, en haut ou en bas de pente après
trois ans. Il est probable qu’un éventuel impact ne soit
visible qu’après une plus longue période.
La présence d’espèces cibles et le recouvrement des
mousses sont également semblables sur les surfaces
soufflées et les surfaces ratissées. Par contre, en considé-
rant l’emplacement sur la pente, on remarque que, sur
les parcelles soufflées, les mousses sont plus présentes
en haut, tandis qu’elles le sont plus en bas sur les par-
celles ratissées. Il n’est pas étonnant de constater que,
probablement par manque de compétitivité, le recou-
vrement des mousses est plus important en haut de par-
celle, là où la richesse spécifique et les substances nutri-
tives sont moins élevées (Lee et Caporn 1998). En
revanche, les résultats trouvés pour les parcelles ratis-
sées n’illustrent pas le même phénomène.
Ces observations seront poursuivies jusqu’en 2015 et
l’ensemble des données des six années fera l’objet d’une
analyse finale dans deux ans. Celle-ci permettra de
confirmer ou de nuancer les résultats présentés ici.� n
Remerciements
Markus Odermatt, agriculteur, Seewli, Obbürgen et job-vision, Stans, pour la ges-tion de la prairie. Gisela Lüscher, Andrea Klieber-Kühne, René Hoess, Markus Bag-genstoss pour les relevés botaniques et Philippe Jeanneret pour le support statis-tique.
195
Le souffleur comme alternative au râteau: impact sur la végétation après quatre ans | Environnement
Ria
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Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 188–195, 2014
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▪ Bobbink R., Hornung M. & Roelofs J. G. M., 1998. The effects of air-borne nitrogen pollutants on species diversity in natural and semi-natural Euro-pean vegetation. Journal of Ecology 86 (5), 717–738.
▪ Dostalek J. & Frantik T., 2008. Dry grassland plant diversity conservation using low-intensity sheep and goat grazing management: case study in Prague (Czech Republic). Biodiversity and Conservation 17 (6), 1439–1454.
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Leaf blowers as an alternative to rakes:
impact on vegetation after four years
In the mountains, hay harvesting repre-
sents a significant task for farmers. To
make this job easier and speed up the
harvest, farmers are gradually replacing
rakes with leaf blowers. The Swiss nature
conservancy organisation Pro Natura and
the Agriculture and Agri-Food Research
Station Agroscope are currently evaluat-
ing the potential effects of leaf blowers
on the plant diversity of dry grasslands –
habitats which are already under severe
threat. In this study, plant surveys are
carried out annually on a meadow where
plots with the two types of harvest
alternate. The analysis of the data
collected in 2013 does not attest to any
impact of blowers on plant diversity,
species composition, the presence of
target or characteristic species, or moss
cover. By contrast, position on the slope
has an influence on the number of species,
which is higher at the bottom of the slope
on all plots. Moss cover is greater at the
top of the blown plots and at the bottom
of the raked plots.
Key words: hay harvesting, leaf blower,
vegetation, change.
Il soffiatore come alternativa al rastrello:
influenza sulla vegetazione dopo quattro
anni
In montagna la fienagione è molto
impegnativa per i contadini. Per alleviare il
compito e procedere più rapidamente nel
raccolto, questi sostituiscono progressiva-
mente il rastrello con il soffiatore. Attual-
mente l'organizzazione Pro Natura e la
stazione di ricerca per la filiera agronomica
e agroalimentare Agroscope valutano i
potenziali effetti sulla vegetazione dei
prati secchi che sono habitat già molto
minacciati. In questo studio ogni anno
sono realizzati rilevamenti di vegetazione
su un prato in cui si alternano particelle
dei due tipi di raccolto. L'analisi dei dati
raccolti nel 2013 non testimonia alcuna
influenza del soffiatore sulla ricchezza spe-
cifica, sulla composizione delle specie,
sulla presenza di specie bersaglio e
caratteristiche o sulla copertura di muschi.
La posizione in pendenza, invece,
influenza il numero di specie. Questo è più
elevato alla base del pendio, su tutte le
particelle. La copertura di muschi è
maggiore nella parte alta delle particelle
soffiate e nella parte bassa di quelle
rastrellate.
196 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
Une attaque de ravageur ou de maladie ne justifiant pas
de lutte en culture de colza peut dépasser le seuil de
tolérance en cultures maraîchères. La conséquence pour
les producteurs de légumes est une augmentation du
coût de protection de leurs cultures.
La mouche du chou D. radicum
La mouche du chou Delia radicum (Diptera: Anthomyii-
dae) peut causer de grands dommages qualitatifs aux
légumes de la famille des brassicacées. De plus, D. radi-
cum a gagné en importance en tant que ravageur des
cultures de colza en Allemagne (Erichsen und Hünmör-
der 2005) et au Canada (Dosdall et al. 1996b), alors que
l’espèce n’est jusqu’ici pas mentionnée en Suisse comme
ravageur du colza (OFAG 2014).
De nouvelles évaluations des concentrations maxi-
males de certaines substances actives, réalisées en 2010
par la division de sécurité alimentaire de l’Office fédéral
de la santé, ont entraîné la révision des autorisations
I n t r o d u c t i o n
L’agroécosystème brassicacées potagères-colza se dis-
tingue par l’appartenance de ces plantes cultivées à la
famille des brassicacées, dont les représentants ont de
nombreux traits communs. Toutes les espèces contiennent
par exemple des glucosinolates (hétérosides soufrés ou
thioglucosides, dits aussi «huiles de moutarde»). Pour un
grand nombre de ravageurs, ces composés jouent un
rôle dans la reconnaissance de leurs plantes hôtes (Hop-
kins et al. 2009). Il en résulte que les brassicacées sont
des plantes hôtes attirantes et qu’elles sont prédestinées
aux attaques de divers ravageurs et maladies. Comme les
organes souterrains aussi bien qu’aériens sont commer-
cialisés, la production de légumes de cette famille est
soumise à de hautes exigences de qualité qui ne peuvent
être respectées qu’en maintenant des seuils de tolérance
très bas. Il peut en résulter des situations conflictuelles,
surtout dans les régions de culture de peu d’étendue.
Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colzaUte Vogler, Romana Schmon, Melanie Jänsch et Werner E. Heller
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse
Renseignements: Ute Vogler, e-mail: ute.vogler@agroscope.admin.ch
Mouche (de la racine) du chou Delia radicum sur une feuille de chou. (Photo: Agroscope)
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza | Production végétale
197
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
L'agroécosystème brassicacées potagères-
colza est constitué de plantes cultivées de la
famille des brassicacées différant entre elles
par la productivité et les exigences de soins.
Les brassicacées sont de plantes hôtes pour
des ravageurs et des parasites, mais l'impor-
tance des dégâts se mesure au niveau de la
création de valeur.
Pour étudier les interactions dans l'agroéco-
système brassicacées potagères-colza, une
analyse de site a été effectuée en prenant
pour exemple la mouche du chou et le
mildiou. L'activité de vol et de ponte de la
mouche du chou (Delia radicum) a été
observée dans des champs de colza et
d'espèces de choux. Il y a eu davantage de
captures dans le colza, où la mouche du chou
est active surtout durant la première et la
deuxième génération.
Des analyses moléculaires ont été utilisées
pour déterminer les attaques de mildiou sur
des échantillons de plantes. Ce champignon
est déjà détectable sur les semences. De plus,
on a constaté que les choux et le colza
étaient colonisés par la même population du
pathogène.
La culture de choux et de colza dans un
espace restreint offre ainsi des conditions
optimales à la dissémination et à l'établisse-
ment de ravageurs et de maladies.
concernées (Baur 2010). Des insecticides destinés à la
lutte contre D. radicum ont été abandonnés ou leur uti-
lisation fortement restreinte, avec pour résultat une
efficacité seulement partielle pour de nombreuses indi-
cations (Baur 2010). Les populations de D. radicum et les
dégâts occasionnés par ce ravageur n’ont pas diminué
malgré les mesures préventives mises en place (travail du
sol, pose de filets de protection, hygiène au champ et
rotation).
D. radicum est un ravageur itératif produisant quatre
générations par année (Collier et al. 1991). Les mouches
de la première génération apparaissent habituellement
en avril, selon la région et les conditions climatiques. Les
femelles pondent en général dans le sol, au collet des
plantes (Collier et al. 1991), sauf chez les choux de
Bruxelles et de Chine où les œufs peuvent être pondus
aussi sur les organes aériens des plantes (Crüger et al.
2002). Les larves se nourrissent alors des tissus végétaux,
causant un flétrissement et une inhibition de la crois-
sance des plantes, puis elles se nymphosent dans le sol.
La génération suivante éclora de ces pupes. En cultures
maraîchères, l’activité de vol de D. radicum est surveillée
au moyen de pièges jaunes à eau, et le modèle de simu-
lation SWAT (Gebelein et al. 2011) permet de calculer la
dynamique des populations.
Le champignon pathogène H. parasitica
La croissance des plantes peut subir aussi l’influence
négative des attaques du champignon pathogène Hya-
loperonospora (= Peronospora) parasitica (Oomycetes:
Peronosporales), agent du mildiou sur les brassicacées
(Agrios 2005; Hoffmann et al. 1994) qui peut entraîner
des défauts qualitatifs et des pertes de rendement. Ce
champignon, transmis par les graines, contamine de
manière systémique les semis ou les jeunes plantes. À un
stade avancé, le duvet mycélien sur les deux faces des
Brassicacée potagère Colza, repousses de colza
Culture Piège Culture Piège
2011 Brocoli Champs de colza 1-3
26.03.2012Jachère«2011»
Installation Champs de colza 1-3 Installation
29.05.2012 Chou-fleur 1re série «CF1» Déplacement sur parcelle voisine
26.07.2012 Champs de colza 1-3Repousses de colza
Enlèvement
30.07.2012 Installation
23.08.2012 Chou-fleur 2e série «CF2»
28.08.2012 Enlèvement
28.10.2012 Enlèvement
Tableau 1 | Vue d'ensemble de l'installation, de la localisation et de l'enlèvement des pièges jaunes à eau dans l'agroécosystème brassica-cées potagères-colza en 2012
Production végétale | Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza
198 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
feuilles trahit les attaques. Les mesures de lutte préven-
tive, comme la désinfection du sol et des semences,
doivent être prises avant le début de la culture, tandis
que les mesures curatives se prennent durant la culture.
Prises lors de fortes attaques ou au mauvais moment, ces
dernières ne sont en général pas suffisamment efficaces.
C’est pourquoi la pression d’infection et d’attaque exige
beaucoup d’attention dans les cultures de brassicacées
potagères. La dynamique du ravageur D. radicum et du
pathogène H. parasitica a été analysée sur le site d’un
agroécosystème brassicacées potagères-colza durant
une période de végétation, afin de déterminer les inte-
ractions qui s’y jouent.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Examen de l’activité de D. radicum
La prolifération de D. radicum a été examinée dans la
région de Ruswil (canton de Lucerne). L’activité des
mouches a été surveillée au cours de l’année 2012 au
moyen de pièges jaunes à eau (Finch et Skinner 1974)
disposés dans un champ de choux et trois champs de
colza (tabl. 1 et 2). Ces pièges ont été changés chaque
semaine pour comptage en laboratoire. Pour la vérifi-
cation hebdomadaire des pontes de D. radicum auprès
des plantes de choux et de colza, la terre autour du
collet de dix plantes choisies au hasard dans chaque
champ a été prélevée. Après avoir ajouté de l’eau à ces
échantillons placés dans des coupelles, les œufs surna-
geant ont été comptés. Les pontes ont été ainsi contrô-
lées du 26.03.12 jusqu’à la récolte dans les champs de
colza, et du 06.06.12 au 22.10.12 dans le champ de
choux-fleurs.
Etude des populations de H. parasitica
Différents types de matériel végétal ont été utilisés pour
les analyses moléculaires destinées à l’étude des popula-
tions de H. parasitica (tabl. 3). Des graines désinfectées
des trois variétés de colza ‘Nodari’, ‘Intense’ et ‘13090
(CSZ9222)’ ont été mises en germination et les jeunes
plantes élevées en serre (SS1 – SS3, tabl. 3). Les examens
ont porté sur des plantes présentant ou non des symp-
tômes d’attaque de H. parasitica, afin d’identifier de
possibles sources d’infection dans l’agroécosystème bras-
sicacées potagères-colza. Pour extraire l’acide désoxyri-
bonucléique (ADN) des jeunes plantes de choux-fleurs,
choux-raves et colza, les feuilles ont été lyophilisées
durant une nuit (ALPHA 1 – 2 LO plus) avant pulvérisa-
tion (Fast Prep FP 120). L’ADN a été extrait avec le DNeasy
Plant Mini Kit (Qiagen, Sample & Assay Technologies)
(Qiagen 2006). Le protocole a été modifié aux étapes 18
et 19: on a utilisé 50 µl d’eau au lieu de 100 µl de tampon
Brass. pot. Colza 1 Colza 2 Colza 3
Brass. pot. – 1400 1000 330
Colza 1 1400 – 470 1070
Colza 2 1000 470 – 710
Colza 3 330 1070 710 –
Tableau 2 | Vue d'ensemble des distances (m) entre les pièges dans les cultures de brassicacées potagères et de colza (ou repousses de colza).
Désinfec-tion des
semencesSubstance active
Symptômes H. parasitica Stade des plantes Abréviation Provenance
Chou-fleur – – x Jeunes plantes CF Jeunes plantes Bio Beat Jud, Tägerwilen, SuisseChou-rave – – x Jeunes plantes CT
Colza ‘Nodari’ x Methiocarp – Semences ST 1
Eric Schweizer AG, Thun, Suisse
Colza ‘Nodari’ x Methiocarp – Jeunes plantes (serre) SS 1
Colza ‘Intense’ xFludioxonil, Metalaxyl–M,
Thiamethoxam– Semences ST 2
Colza ‘Intense’ xFludioxonil, Metalaxyl–M,
Thiamethoxam– Jeunes plantes (serre) SS 2
Colza ‘13090 (CSZ9222)’
xFludioxonil, Metalaxyl–M,
Thiamethoxam– Semences ST 3
Colza ‘13090 (CSZ9222)’
xFludioxonil, Metalaxyl–M,
Thiamethoxam– Jeunes plantes (serre) SS 3
Colza Inconnue Inconnue xJeunes plantes
(champ)
OR 1
Champs de colza RuswilOR 2
OR 3
Tableau 3 | Liste du matériel végétal sur lequel H. parasitica a été analysé
Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza | Production végétale
199Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
A)
Programme PCR 95 °C 15 min
40 cycles 94 °C 30 sec
60 °C 30 sec
72 °C 10 min
10 °C ∞
B)
PCR MasterMix
Volume PCR 10 µl
HotStar Taq 5 µl
Primer AFP293 (for) 1 µl
Primer AFP294 (rev) 1 µl
H2O 2 µl
ADN 1 µl
Tableau 4 | A) Programme PCR modifié selon le protocole de (Brou-wer et al. 2003). B) PCR MasterMix
0
10
20
30
40
50
60
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.12
02.04
.12
09.04
.12
16.04
.12
23.04
.12
30.04
.12
07.05
.12
14.05
.12
21.05
.12
28.05
.12
04.06
.12
11.06
.12
18.06
.12
25.06
.12
02.07
.12
09.07
.12
16.07
.12
23.07
.12
30.07
.12
06.08
.12
13.08
.12
20.08
.12
27.08
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03.09
.12
10.09
.12
17.09
.12
24.09
.12
01.10
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08.10
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15.10
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22.10
.12
Nom
bre
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es d
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ou d
ans
les
pièg
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jaun
es à
eau
(nom
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l)
2011 CF1 CF2
A
Chou-fleur 1 Chou-fleur 2
0
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15
20
25
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02.04
.12
09.04
.12
16.04
.12
23.04
.12
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.12
07.05
.12
14.05
.12
21.05
.12
28.05
.12
04.06
.12
11.06
.12
18.06
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25.06
.12
02.07
.12
09.07
.12
16.07
.12
23.07
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30.07
.12
06.08
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13.08
.12
20.08
.12
27.08
.12
03.09
.12
10.09
.12
17.09
.12
24.09
.12
01.10
.12
08.10
.12
15.10
.12
22.10
.12
Nom
bre
d‘œ
ufs/
plan
tes
CF1 CF2
B
Figure 1 | Résultats de la surveillance de D. radicum en cultures de brassicacées potagères durant la période de végétation de 2012 (2011 = jachère après brocoli en 2011, CF1 = chou-fleur 1re série, CF2 = chou-fleur 2e série). A) Activité de vol de D. radicum, mesurée au nombre de mouches dans les pièges jaunes à eau. B) Pontes de D. radicum sur des plantes de chou-fleur, mesurées au nombre d'œufs sur dix plantes choisies au hasard (1re et 2e séries).
AE. Pour isoler l’ADN des graines de soja, on les a mor-
dancées à l’azote liquide. Les étapes consécutives corres-
pondent à celles de l’extraction de l’ADN des jeunes
plantes. Les produits de la réaction en chaîne par poly-
mérase (PCR) (tabl. 4) ont été séquencés après électro-
phorèse sur gel d’agar. Le séquençage a été réalisé avec
l’ABI PRISM 3130xl Genetic Analyzer. Les produits de la
PCR ont été adaptés au moyen du programme Geneious
(www.geneious.com) et confirmés avec MultiAlign (Cor-
pet 1988). Les séquences ont été comparées ensuite avec
la banque de données du National Center for Biotechno-
logy Information (www.ncbi.nlm.nih.gov).
R é s u l t a t s
La mouche du chou D. radicum
Au cours de la période de végétation 2012, trois généra-
tions de D. radicum ont été observées dans les cultures
de brassicacées potagères (fig. 1). Le vol de la première
génération a été suivi du 02.04.12 au 10.04.12 dans le
champ en jachère où des brocolis avaient été cultivés
Production végétale | Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza
200 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
l’année précédente (fig. 1A). Le vol s’est poursuivi sur
une période de sept semaines. Le maximum de cap-
tures à une seule date a été de 20 mouches. Cette pre-
mière génération n’a disposé d’aucune plante hôte
adéquate; il n’a donc pas été possible de contrôler la
ponte dans les cultures de brassicacées potagères (fig.
1B). Les premières mouches de la deuxième génération
ont été capturées du 25.06.12 au 02.07.12. Le vol a été
observé durant huit semaines, avec un maximum de 50
captures par semaine. Les premiers œufs ont été trou-
vés auprès de plantes de brassicacées une semaine
après le début du vol. Immédiatement après que celui-
ci ait pris fin, le vol de la troisième génération a com-
mencé pour durer aussi huit semaines avec un maxi-
mum de 30 captures par semaine. Les dernières
mouches de D. radicum ont été capturées du 08.10.12
au 15.10.12. La ponte de la troisième génération a
commencé le 24.09.12.
Le vol de deux générations de D. radicum a été
observé dans les trois champs de colza surveillés (fig. 2).
Les premières mouches ont été capturées entre le
02.04.12 et le 10.04.12 dans les champs de colza F1 et F2,
et du 10.04 au 16.04 dans le champ F3 (fig. 2A). Dans le
colza, le vol de la première génération a duré sept
semaines; le plus grand nombre de mouches capturées à
une seule date a été de 329 individus (fig. 2A). En raison
de conditions météorologiques défavorables, on ne dis-
pose d’aucune donnée de captures pour la période du
23.04.12 au 14.05.12. Au cours du vol de la première
génération, des pontes ont été constatées dans les trois
champs de colza (fig. 2B). Le vol de la deuxième généra-
tion a commencé entre le 02.07.12 et le 09.07.12 dans le
champ de colza F1, une semaine plus tard dans les
champs F2 et F3. Il a duré quatre semaines, avec un maxi-
mum de 200 captures par semaines. Aucune ponte n’a
été constatée dans le colza durant la deuxième généra-
tion (fig. 2B). Après la récolte du colza, le vol s’est pour-
suivi dans les repousses des trois champs F1, F2 et F3
(tabl. 1). Le vol de D. radicum s’est avéré moins dense
que lors de la culture de colza, avec un maximum de 20
captures par semaine, mais plus dense que dans la
culture de choux durant la même période. La surveil-
lance du vol et des pontes a cessé à fin août dans les trois
champs de colza.
0
2
4
6
8
10
12
26.0
3.12
02.0
4.12
09.0
4.12
16.0
4.12
23.0
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30.0
4.12
07.0
5.12
14.0
5.12
21.0
5.12
28.0
5.12
04.0
6.12
11.0
6.12
18.0
6.12
25.0
6.12
02.0
7.12
09.0
7.12
16.0
7.12
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Nom
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ufs/
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100
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Nom
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A
repousses de colza
26.0
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02.0
4.12
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4.12
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14.0
5.12
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5.12
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5.12
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06.0
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13.0
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8.12
27.0
8.12
Figure 2 | Résultats de la surveillance de D. radicum dans les trois champs de colza F1, F2 et F3. A) Activité de vol de D. radicum, mesurée au nombre d'individus dans les pièges jaunes à eau. B) pontes de D. radicum auprès de plantes de colza, mesurées au nombre d'œufs auprès de dix plantes choisies au hasard.
Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza | Production végétale
201Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
(par exemple pose de filets de protection) et de traite-
ments correspondant à la situation actuelle en matière
d’autorisations.
Il en va différemment chez le colza, qui fait habituelle-
ment l’objet de culture d’hiver en Suisse. Semé à la fin de
l’été, il germe puis hiverne au stade de rosette. La crois-
sance et la floraison ont lieu l’année suivante. Il est mois-
sonné-battu en été. Durant toute la période séparant le
semis de la récolte, le colza sert de plante hôte à D. radi-
cum qui profite encore du fait que le sol n’est pas tra-
vaillé dans le même intervalle. De plus, les larves de la
première génération, à peine écloses, trouvent sur place
des plantes hôtes accueillantes.
Pour H. parasitica, la culture de colza hiverné signifie
que la densité d’inoculum et d’infection augmente dans
l’agroécosystème brassicacées potagères-colza. H. para-
sitica peut hiverner sans difficulté car aucune mesure
phytosanitaire n’est prise pour le combattre. La pression
d’infection sur les surfaces occupées par des légumes
augmente fortement avec l’extension des surfaces de
culture de colza. Pour les produits de grande valeur com-
merciale, desquels on exige une haute qualité, telles les
brassicacées potagères, cela implique des mesures sup-
plémentaires de protection des plantes.
Les échantillons infectés par H. parasitica
Les analyses moléculaires de matériel végétal (tabl. 3)
ont révélé que tous les échantillons étaient infectés de H.
parasitica (fig. 3). Les graines des trois variétés de colza
‘Nodari’, ‘Intense’ und ‘13090 (CSZ9222)’ ont été exami-
nées. Malgré l’absence de symptômes visibles, H. parasi-
tica a été mis en évidence dans les échantillons. Ainsi, les
semences non désinfectées constituent une source d’in-
fection. Pour vérifier si H. parasitica détecté sur le colza
est susceptible de contaminer aussi les brassicacées pota-
gères, on a séquencé l’ADN du mildiou présent sur toutes
les cultures en présence sans révéler aucune différence
génétique entre les échantillons analysés. L’analyse com-
plémentaire BLAST a montré une concordance à 100 %
de l’échantillon ST-1 choisi comme référence avec la
séquence déposée à la banque de données NCBI pour
H. parasitica. Il est ainsi démontré que les échantillons
récoltés dans l’agroécosystème brassicacées potagères-
colza appartiennent à une seule population.
D i s c u s s i o n
L’observation de la mouche du chou D. radicum et du
mildiou H. parasitica dans un agroécosystème brassica-
cées potagères-colza était destinée à étudier les interac-
tions fondamentales et d’en tirer des conclusions pour la
culture intégrée de légumes.
Durant les vols de première et de deuxième généra-
tion, les captures de D. radicum ont été plus nombreuses
dans les champs de colza que dans les champs de brassi-
cacées potagères sous surveillance. D’où la question de
l’influence que peut avoir l’hivernage du ravageur, et
des conditions plus favorables que pourraient offrir les
champs de colza à cet hivernage par rapport à celles des
champs où sont cultivées des brassicacées potagères. Il
est déjà établi que certains paramètres culturaux
peuvent influencer les attaques de D. radicum, par
exemple le travail du sol (Valantin-Morison et al. 2007),
la période du semis (Dosdall et al. 1996a) ou la fumure
(Marazzi und Städler 2005). Cela laisse supposer que les
différences dans l’agroécosystème brassicacées pota-
gères-colza peuvent être dues à des différences dans les
mesures culturales.En règle générale, les champs destinés aux cultures
de brassicacées potagères sont travaillés plus souvent,
d’une part pour préparer la surface à la mise en place
des plantons, et d’autre part en cours de culture pour
lutter contre les adventices (Bauermeister et al. 2005).
Plusieurs séries sont cultivées au cours d’une saison de
végétation et le sol travaillé plusieurs fois. Comme D.
radicum est un ravageur redouté en cultures maraî-
chères, celles-ci font l’objet de mesures préventives
Figure 3 | Résultat de l'électrophorèse sur gel d'agar avec les pro-duits amplifiés de la PCR en provenance des semences de colza (2-9, 11-14), de plantes de colza et de jeunes plantes de brassica-cées potagères (15-20, 22-29, 31-32) et d'un témoin négatif (33), avec utilisation du primer AFP293 et AFP249. Les flèches indiquent les amplicones de H. parasitica choisis pour le séquençage consé-cutif. Semences indemnes de symptômes visibles de présence de H. parasitica (ST1-ST3), jeunes plantes de colza de trois sites (OR1-OR3), jeunes plantes de colza de culture en serre (SS1-SS3), jeunes plants de chou-fleur (CF) – et de chou-rave (CT). Les lignes 1, 10, 21, 30 sont traitées avec Standard ladder mix (Fermentas, Thermo scientific life science research www.thermoscientificbio.com).
202
Production végétale | Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
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C o n c l u s i o n s
•• L’augmentation des surfaces de culture de colza crée
des conditions favorables à la multiplication et à
l’hivernage de D. radicum et H. parasitica, et en
conséquence une augmentation de la pression
d’infestation de l’un et d’infection de l’autre.
•• Cependant, le ravageur et le pathogène étudiés ici ne
représentent qu’une petite partie des interactions se
jouant dans l’agroécosystème.
•• Le colza est aussi plante hôte d’autres ravageurs des
brassicacées potagères; il favorise leur multiplication
et leur dispersion, contraignant ainsi les maraîchers à
intensifier la lutte contre les ravageurs dans les
cultures de légumes. Cette situation favorise aussi les
maladies, par exemple la hernie du chou Plasmodio-
phora brassicae, transmise par le sol (Neuweiler et al.
2009) et la pourriture noire des racines Chalara
elegans (Heller 2012; Yarwood 1981), transmise de
même.
•• Le maintien d’un agroécosystème durable, la produc-
tion de denrées alimentaires saines et la garantie
d’une alimentation de haute valeur exige que l’on
prenne des mesures à différents niveaux.
•• On peut ainsi, par exemple, mettre sur le marché des
semences saines en les soumettant à une désinfection
à la vapeur aérée et réduire de cette manière la
pression d’infection dans l’agroécosystème brassica-
cées potagères-colza. n
203
Ravageurs et maladies dans l'agroécosystème brassicacées potagères-colza | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 196–203, 2014
Pests and pathogens in the cabbage-
oilseed rape agroecosystem
The cabbage – oilseed rape agroecosys-
tem consists of cruciferous crop plants
with different levels of productivity
and labour intensity. In Switzerland,
such crop plants are cultivated mostly
in small-scale agricultural settings.
Cruciferous crop plants are hosts for a
wide range of pest insects and plant
pathogens. However, the importance
of the damage caused by pests and
pathogens varies according to the
perceived value of the crop plants.
The aim of the present study was to
investigate the relationships within the
cabbage – oilseed rape agroecosystem.
Therefore, a production site analysis
was conducted based on the abun-
dance of the cabbage root fly and
downey mildew. Flight activity and
oviposition rates of the cabbage root
fly were observed in cabbage and
oilseed rape fields during the growing
season. In addition, samples of
cabbage and oilseed rape plants were
analysed using molecular methods to
detect possible infections with downey
mildew.
Results showed that fewer cabbage
root flies were captured in cabbage
fields compared with oilseed rape
fields. In oilseed rape, main flight and
oviposition activity of cabbage root
flies were during the first and second
generation. Furthermore, the downey
mildew found on cabbage and oilseed
rape belonged to the same population.
These findings show that the cultiva-
tion of cabbage and oilseed rape in
small-scale agricultural settings offers
optimal conditions for pests and
pathogens to spread and establish
themselves.
Key words: cabbage root fly Delia
radicum, downy mildew Hyaloperono-
spora (= Peronospora) parasitica,
Brassicacea, integrated pest manage-
ment.
Parassiti e malattie nel sistema
agro-ecologico di brassicacee e colza
Il sistema agro-ecologico di brassicacee
e colza è composto da piante coltivate
della famiglia delle crocifere con
diversa produttività e diversi livelli di
carico. Le crocifere sono piante ospiti
per parassiti e malattie, anche se
l’importanza dell’infestazione si
differenzia in base al grado del valore
aggiunto. Per esaminare le correlazioni
nel sistema agro-ecologico di brassica-
cee e colza si è effettuato un sopral-
luogo sull’esempio della piccola
cavolaia e della peronospora. Durante
un periodo vegetativo è stata monito-
rata l’attività di volo e di deposizione
della piccola cavolaia nei campi di
brassicacee e colza. Da questo monito-
raggio è emerso che le catture nelle
brassicacee sono inferiori a quelle nella
colza e che soprattutto la prima e
seconda generazione della piccola
cavolaia sono attive nella colza.
Mediante analisi molecolare si sono
analizzati campioni vegetali sulla
presenza di peronospora, che è già
rilevabile nella semente di colza.
Inoltre, si è dimostrato che nel caso
della peronospora si tratta della stessa
popolazione sia su brassicacee, sia su
colza. La coltivazione su piccola scala
crea condizioni ottimali per la diffu-
sione e lo stabilimento di malattie e
parassiti.
204
Munk sur la diffraction diffuse de la lumière, en trans-
mission et en réfraction, permettent l’analyse des échan-
tillons solides par NIRS (Hindle 2001). Puis, le développe-
ment de la chimiométrie et l’avènement d’ordinateurs
de plus en plus puissants permettent à Karl Norris, du
département de l’agriculture américain, de développer
les calibrages par régression linéaire multiple (MLR)
appliqués aux produits agricoles, travaux publiés vers la
fin des années 1960. Le NIRS est aujourd’hui intensé-
ment utilisé dans les secteurs industriels de la pharma,
de la chimie, de la pétrochimie ainsi que de l’agroali-
mentaire, essentiellement comme outil de contrôle de la
qualité et de contrôle des processus.
Un suivi régulier de la composition chimique ainsi
que de la qualité des aliments dans les exploitations
agricoles est indispensable à la planification et aux
calculs des rations pour les animaux. L’objectif principal
consiste non seulement à obtenir des rations équilibrées
pour les animaux afin de préserver leur santé, mais aussi
à éviter les excès et le gaspillage pour protéger l’envi-
ronnement et finalement produire rentablement du lait
et de la viande de qualité.
Le NIRS remplace avantageusement les méthodes
classiques pour la détermination de la composition
chimique, avec un gain considérable de temps (chaque
analyse classique nécessitant de 3 à 15 heures) et la sup-
pression de réactifs et de déchets chimiques. Cependant,
le NIRS dépend fortement de l’ensemble de référence, à
savoir aussi bien de la qualité des analyses de référence
que de la représentation de la diversité attendue dans
les futurs échantillons. De plus, de par la nature du NIRS,
les modèles de calibrage sont dédiés au type d’échantil-
lons utilisés pour le calibrage. Ainsi, une base de don-
nées de référence est nécessaire pour chaque type de
matrice, avec un nombre élevé d’échantillons ayant été
analysés par les méthodes de référence et couvrant
autant que possible toute la diversité attendue des
échantillons à analyser par NIRS (Workman 2001).
Cet article résume les avantages et les contraintes de
la spectroscopie dans le proche infrarouge utilisée pour
l’analyse de la composition chimique des fourrages, au
moyen des exemples développés à l’IPA.
I n t r o d u c t i o n
Moins de deux minutes suffisent pour remplir la cou-
pelle de mesure avec l’échantillon de fourrage, placer
celle-ci dans l’appareil, effectuer la mesure et obtenir
comme résultat la composition chimique de l’échantil-
lon, soit environ une dizaine de paramètres. La spectros-
copie du rayonnement proche de l’infrarouge (NIRS) a
pour énormes avantages la rapidité de la mesure ainsi
qu’un coût très faible.
La technologie du NIRS apparaît déjà au milieu du
XXe siècle (Hindle 2001), en raison d’une demande pres-
sante d’une technique rapide et quantitative pour
déterminer les teneurs en humidité, protéine et matière
grasse dans le blé. En 1933, les travaux de Kubelka et
Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS)Silvia Ampuero Kragten et Ueli Wyss
Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse
Renseignements: Silvia Ampuero Kragten, e-mail: silvia.ampuero@agroscope.admin.ch
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
Figure 1 | Echantillons de fourrage. De gauche à droite et de haut en bas: plante entière de maïs avant ensilage, ensilage de maïs, foin, herbe lyophilisée, ensilage d’herbe.
Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS) | Production animale
205
Rés
um
é
Cet article présente l’utilisation du NIRS pour
la détermination de la composition chimique
des fourrages, au moyen des modèles de
prédiction développés à l’Institut des sciences
en production animale IPA d’Agroscope. Ces
modèles présentent des valeurs courantes
pour le coefficient R2 > 0,96 pour la prédic-
tion des paramètres tels que matière sèche
(MS), matière azotée (MA), lignocellulose
(ADForg), parois cellulaires (NDForg), cellu-
lose brute (CB), cendres (CE), matière grasse
(MG), sucre et amidon dans le foin et l’herbe,
dans l’ensilage d’herbe, dans la plante
entière de maïs avant ensilage ainsi que dans
l’ensilage de maïs. L’analyse des échantillons
individuels par NIRS remplace avantageuse-
ment les méthodes classiques d’analyse
chimique d’un échantillon composé (mélange
homogène d’échantillons individuels), car le
NIRS permet l’accès aux particularités de
chaque échantillon.
M a t é r i e l e t m é t h o d e
La base de données de référence
Des spectres d’échantillons de fourrage provenant de
toute la Suisse ont été récoltés depuis 2005. Les échantil-
lons avec un taux d’humidité ≥ 13 % ont été séchés soit
au four à 60 °C pendant environ 15 heures, soit par lyo-
philisation. Tous les échantillons ont été ensuite moulus
avec un moulin à couteaux du type Brabender, muni
d’un tamis de 1 mm. Les fourrages ont été regroupés en
quatre groupes (fig. 1): I) He-Fo: herbe et foin, compre-
nant aussi bien des herbes séchées à 60 °C que lyophili-
sées ainsi que des foins. II) He-Ens: ensilage d’herbe. III)
M-Frais: plante entière de maïs avant ensilage, séchée
au four à 60° C. IV) M-Ens: ensilage de maïs. Entre 100 et
780 échantillons par groupe se trouvent actuellement
dans les bases de données respectives (400 à 2600
spectres). De plus, une série de dix échantillons a été
prise par carottage dans dix balles distinctes de foin (fig.
2). Un onzième échantillon composé a été obtenu par le
mélange homogène des dix échantillons précédents. Le
tableau 1 décrit les analyses de référence utilisées.
L’appareil NIRS
Les applications ont été réalisées avec un appareil de
laboratoire, NIRFlex N-500 FT-NIR spectromètre de Büchi
Labortechnik AG (Flawil, Suisse). Les spectres NIR en
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
réflexion diffuse ont été pris entre 1000 et 2500 nm
(10 000 et 4’000 cm-1) avec une résolution de 8 cm-1. L’ap-
pareil est muni d’une coupelle en verre spécial de 10 cm
de diamètre et de 4 cm de hauteur. Le faisceau de
lumière NIR jaillit d’une fenêtre de 2,2 cm de diamètre
(fig. 3). Chaque donnée est la moyenne de 32 spectres,
pris lors du balayage par rotation d’un tiers de tour de la
coupelle. Ceci permet de prendre trois réplicas par
échantillon lors d’un tour complet de la coupelle. Le
balayage d’une aussi grande surface est avantageux
pour des échantillons inhomogènes.
Figure 2 | Balles de foin avec traces des carottages.
Figure 3 | Analyse par NIRS avec un instrument FT-NIR.
Production animale | Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS)
206
Les modèles chimiométriques ont été développés
avec le software NIRCal® de Büchi Labortechnik AG
(Flawil, Suisse). Ces modèles de prédiction quantitative
utilisent l’algorithme de régression partielle des
moindres carrés (PLS) accompagné des divers prétraite-
ments mathématiques, par exemple: ncl (normalisation
by closure), nle (normalisation to unit length), msc full
(multiplicative scatter correction), snv (standard normal
variate), db1 (1st derivative BCAP 5 points), dg1 (1st deri-
vative Savistky Golay 9 points), dt1 (1st derivative Taylor 3
points). A chaque fois, au moins deux tiers des échantil-
lons disponibles ont été utilisés pour le calibrage, le res-
tant des échantillons a été utilisé pour une validation
indépendante.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Les fourrages vus par NIRS
Alors que l’œil expert différencie sans problème un foin
de 1re coupe de celui de 2e coupe et que l’odorat permet
d’évaluer la qualité d’un ensilage, le NIRS est sensible à
l’énergie absorbée par les liaisons C-H, O-H, N-H, S-H de
l’échantillon, c’est-à-dire, par les teneurs en eau, en car-
bohydrates, en protéines, en matière grasse, etc. Les
spectres NIRS d’un échantillon d’herbe, He-Ens, M-Frais
et M-Ens sont illustrés dans la figure 4. Dans cette figure,
on observe certaines bandes caractéristiques de liaisons
O-H, N-H, S-H et C-H (Shenk et al. 2001). Les spectres de
ces différents fourrages sont somme toute assez simi-
laires, on pourrait les assimiler à une sorte d’empreinte
digitale NIRS. Le grand nombre de composés chimiques
présents dans l’échantillon provoque une superposition
de signaux et donne les bandes d’absorption caractéris-
tiques du NIRS. C’est la raison pour laquelle la chimiomé-
trie est nécessaire afin d’établir des modèles prédictifs.
Par ailleurs, les éléments minéraux, et donc les
cendres, influencent le spectre NIRS uniquement dans la
mesure où ils forment des liaisons ou des complexes avec
d’autres molécules de l’échantillon (Roberts et al. 2004).
On comprend ainsi la difficulté à prédire correctement
les cendres brutes dans les fourrages, alors qu’il est
beaucoup plus facile de les déterminer dans les céréales
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
Tableau 1 | Analyses de référence utilisées pour les modèles NIRS
Figure 4 | Spectres d’absorbance NIRS d’un échantillon d’herbe, d’ensilage d’herbe, de plante entière de maïs avant ensilage et d’ensilage de maïs.
Réfle
ctan
ce (l
og)
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400nm
Maïs plante entière avant ensilage
Ensilage de maïs
Ensilage
Foin
O–H
N–H S–H
C–H
O–H
N–H
N–H
Paramètre Description de la méthode analytique Référence
MS Séchage au four à 105 °C jusqu’à masse constante (2 h 40) Basée sur ISO 6496:1999
MA Kjeldahl ou Dumas (N x 6,25) Basées sur ISO 5983-1:2005 et 16634-1 resp.
ADForg Digestion dans un détergent acide, avec correction pour les cendres (Ankom) VDLUFA 6.5.2, remarque 8
NDForg Digestion dans un détergent neutre, avec correction pour les cendres (Ankom) AOAC 2002.04; ISO 16472:2006
CB Digestion acide puis alcaline, avec correction pour les cendres (Ankom) Basée sur AOAC 978.10; ISO 6865 :2000
CE Après la détermination de MS, calcination à 550 °C jusqu’à masse constante Basée sur ISO 5984:2002
MG Extraction à l’éther pétrole après hydrolyse acide Basée sur ISO 6492:1999
Sucre Sucres solubles dans de l’éthanol 80 % (Auto Analyser Bran & Luebbe) Méthode interne
Amidon Polarimétrie ISO 6493:2000
Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS) | Production animale
207
un saut de la ligne de base qu’il faut corriger par des
traitements mathématiques. Cette particularité du NIRS
peut aussi être utilisée pour déterminer la taille moyenne
de particules.
La qualité des modèles de prédiction par NIRS
Les tableaux 2 à 5 et la figure 6 présentent les caractéris-
tiques de certains calibrages NIRS pour les fourrages,
disponibles à l’IPA. Le coefficient de détermination R2,
au-dessus de 0,9 (sauf dans le cas d’ADForg pour M-Ens),
illustre l’aptitude du NIRS à prédire correctement la
composition chimique des fourrages. De même, le RPD
(ratio of performance deviation, défini par le rapport
entre la déviation standard des valeurs de référence et
l’erreur standard de la prédiction, SEP) reflète la capa-
cité prédictive de ces modèles, optimale avec RPD > 3
(Heise et al. 2005).
Le SEP, qui caractérise l’erreur entre la valeur fournie
par le NIRS et la valeur déterminée chimiquement, peut
par exemple. Le fait que les fourrages soient plus ou
moins «contaminés» par des impuretés terreuses
entache déjà les analyses de référence d’une certaine
erreur, qui est irrémédiablement répercutée dans les
modèles NIRS.
L’importance relative des bandes d’absorption de
liaisons O-H, autour de 1870 à 1945 nm et de 1430 à 1450
nm, est très claire aussi bien dans la figure 4 (absorbance)
que dans la figure 5 (spectres après prétraitement
mathématique). Il est ainsi facile de comprendre l’in-
fluence de l’humidité résiduelle de l’échantillon sur les
modèles NIRS et notamment sa capacité à interférer
avec la détermination d’autres paramètres (Roberts et al.
2004).
Un autre paramètre qui influence profondément la
réflectance diffuse est la granulométrie. Des particules
plus fines absorbent moins (le chemin parcouru par la
lumière est plus court avec moins de molécules chromo-
phores) et réfléchissent plus la lumière. Ceci provoque
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
Figure 5 | Spectres NIRS, après prétraitement mathématique, des échantillons contrastés de: I) herbe, II) ensilage d’herbe, III) plante enti-ère de maïs avant ensilage, et IV) ensilage de maïs.
Tableau 2 | Caractéristiques des calibrages NIRS pour la prédiction de la composition chimique, en g/kg, du foin et de l’herbe
nm1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400
0
10
20
nm1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400
0
0,002
0,004
nm1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400
-0,002
0
0,002
0,004
0,006
0,008
0,01
0,012
nm1000 1200 1400 1600 1800 2000 2200 2400
-0,002
0
0,002
0,004
0,006
0,008
0,01
Herbe B
Herbe A
He-Ens B
M-Frais A
M-Frais B
M- Ens A
Réfle
ctan
ce (d
t1, n
cl)
Réfle
ctan
ce (d
b1)
Réfle
ctan
ce (d
b1)
Réfle
ctan
ce (d
t1)
He-Ens A
He-Ens B
n Moyenne Domaine R2 SEC SEP SEL RPD
MS 777 937 837–988 0,9938 2,89 2,90 1,36 8,9
MA 748 144 39–264 0,9945 4,56 4,60 1,58 9,4
ADForg 581 258 148–411 0,9835 8,59 8,60 5,48 5,3
NDForg 561 419 183–675 0,.9870 12,71 12,75 8,28 6,2
CB 505 218 83–387 0,9891 7,07 6,98 5,49 6, 8
MG 167 32 12–68 0,9640 3,05 3,10 2,32 3,7
CE 691 90 39–224 0,9573 6,38 6,38 2,19 3,5
Production animale | Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS)
208
varier pour un même paramètre. Ainsi pour MA, le SEP
vaut 4,6, 4,3, 1,6 et 2,0 g/kg pour les modèles respective-
ment de He-Fo, He-Ens, M-Frais et M-Ens. La qualité des
modèles prédictifs est déterminée principalement par la
qualité des analyses de référence, mais aussi entre autres,
par le nombre d’échantillons (n) dans la base de données
de référence. Plus n est grand, plus SEP sera grand, par
contre plus les modèles pourront être robustes.
Les méthodes de référence pour la détermination
des paramètres tels qu’ADForg, NDForg, etc., comportent
une incertitude (ici illustrée par l’erreur standard de la
méthode de référence SEL) considérablement plus éle-
vée que pour d’autres paramètres (SEL = 5,5 et 8,3 g/kg
pour respectivement ADForg et NDForg). Ceci est claire-
ment répercuté dans les SEC (erreur standard de la cali-
bration) et SEP respectifs des calibrages NIRS.
La qualité prédictive du NIRS peut être limitée par les
teneurs faibles ainsi que par un domaine de mesure res-
treint. C’est le cas ici de la MG dans le foin; néanmoins,
ce calibrage NIRS en particulier présente une bonne
aptitude prédictive avec un SEP < 1.5 x SEL.
D’une manière générale, l’erreur de la prédiction NIRS
comprend l’erreur de la détermination par la méthode
de référence:
variance NIRS = variance méth Réf + variance échantillonnage +
variance instrument + variance autres
Alors que l’erreur due à l’instrument est très faible,
compte tenu des tests réguliers qu’ils subissent au
moyen d’un protocole strict de validation de la perfor-
mance, les erreurs dues à l’inhomogénéité de l’échantil-
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
Tableau 3 | Caractéristiques des calibrages NIRS pour la prédiction de la composition chimique, en g/kg MS, de l’ensilage d’herbe
Tableau 4 | Caractéristiques des calibrages NIRS pour la prédiction de la composition chimique, en g/kg MS, de plante entière de maïs avant l’ensilage
*erreur standard de validation croisée.
n Moyenne Domaine R2 SEC SEP SEL RPD
MS 321 951 838–985 0,9808 3,90 3,96 1,36 5,1
MA 259 154 41–257 0,9936 4,19 4,30 1,58 8,6
ADForg 156 296 218–425 0,9891 7,11 6,89 5,48 7,0
NDForg 159 448 324–597 0,9895 8,22 7,95 8,28 7,1
CB 243 255 167–357 0,.9892 6,18 6,15 5,49 6,9
CE 273 113 55–258 0,9757 6,84 6,24 2,19 5,0
n Moyenne Domaine R2 SEC SEP SEL RPD
MS 214 947 864–982 0,9962 1,63 1,57 1,36 12,0
MA 167 75 52–97 0,9799 1,51 1,55 1,58 4,9
ADForg 119 219 88–385 0,6900 5,72 5,89 5,48 6,0
NDForg 143 414 211–637 0,9788 12,53 12,15 8,28 5,1
CB 162 194 65–320 0,9875 5,77 5,68 5,49 6,4
CE 172 34 14–65 0,9724 1,44 1,46 2,19 4,2
ST 178 362 69–609 0,9888 12,26 12,23 3,6 6,7
n Moyenne Domaine R2 SEC SEP SEL RPD
MS 121 954 894–984 0,9692 4,91 5,23 1,36 4,2
MA 139 74 51–92 0,9612 1,89 2,01 1,58 3,4
ADForg 93 228 180–352 0,9887 4,80 6,02 5,48 5,3
NDForg 93 414 327–577 0,9494 14,60 15,76 8,28 2,9
CB 143 200 151–302 0,9848 4,42 5,20 5,49 4,9
CE 143 36 26–55 0,9582 1,50 1,72 2,19 3,0
ST 74 364 129–423 0,9942 5,87 *7,70 3,6 7,1
Tableau 5 | Caractéristiques des calibrages NIRS pour la prédiction de la composition chimique, en g/kg MS, de l’ensilage de maïs
Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS) | Production animale
209
des échantillons avec des erreurs élevées entre la valeur
prédite et la valeur de référence soient détectés. Dans ce
cas, avant de rejeter ces données comme aberrantes, on
peut essayer de déterminer si une erreur fortuite ne s’est
pas produite pendant le processus: erreur de l’analyse
de référence, mauvais échantillonnage lors de la prise
du spectre NIRS, présence de particules allongées dans
un échantillon moulu, etc. Il est recommandé de procé-
der périodiquement à l’acquisition de nouveaux échan-
tillons de référence pour étoffer le calibrage afin d’in-
clure dans les modèles toute la diversité rencontrée
(variétale, géographique, climatique, des méthodes de
production, de conservation, de préparation des échan-
tillons, etc.). Le NIRS étant dépendant de la matrice,
cette manière de procéder améliore la robustesse des
modèles et permet d’éviter des déviations systéma-
tiques.
Certains paramètres n’ont pas de lien direct avec
l’énergie de vibration moléculaire à la base du NIRS.
C’est le cas de la digestibilité de la matière organique ou
lon ou à un changement chimique ou physique de de ce
dernier peuvent être importantes. Pourtant, l’erreur de
la prédiction par NIRS est largement déterminée par
l’erreur de la méthode analytique de référence. Une
règle empirique généralement acceptée est qu’un bon
calibrage a un SEP compris entre 1,0 et 1,5 x SEL (Mark et
al. 2003). Or, des valeurs plus élevées du SEP peuvent
refléter une certaine hétérogénéité de l’état physique
ou chimique des échantillons, par exemple de la granu-
lométrie, du taux d’humidité résiduel (préparation
des échantillons), de l’oxydation et autres réactions
chimiques. Par contre, un SEP plus petit que le SEL peut
être dû à un ensemble d’échantillons de calibration
plus homogène que celui utilisé pour la détermination
du SEL.
En général, le système reconnaît les spectres des
échantillons qui ne ressemblent pas aux échantillons de
l’ensemble de calibrage, par exemple un échantillon
d’ensilage appliqué à un modèle pour foin pourra être
annoncé comme «residual outlier». Il arrive aussi que
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
100 200 300 400 500
100
200
300
400
500
MAN
IRS
[g/k
gMS]
MA [g/kgMS]
Figure 6 | Relation entre les valeurs prédites par NIRS et les valeurs de la méthode de référence pour la MA du foin et de l’herbe. Losanges bleus: échantillons de calibrage ; carrés verts: échantillons de validation ; cercles vert clair: points aberrants.
Tableau 6 | Exemples d’échantillons de fourrage avec des compositions chimiques contrastées (A, B) déterminées par NIRS
He-Ens: ensilage d’herbe. M-Frais: plante entière de maïs avant ensilage. M-Ens: ensilage de maïs.
[g/kg MS] Herbe-A Herbe-B He-Ens-A He-Ens-B M-Frais-A M-Frais-B M-Ens-A M-Ens-B
MS 931 924 942 968 918 954 968 947
MA 185 124 174 64 84 84 76 80
ADForg 220 418 185 425 154 270 171 329
NDForg 403 589 365 597 316 493 344 547
CB 201 348 177 352 103 265 156 288
CE 99 86 98 64 36 44 29 47
Sucres 127 44 150 114 73 100 6 22
Amidon 398 250 429 197
MG 41 25
210
Production animale | Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS)
de l’énergie disponible pour la lactation ou la produc-
tion de viande par exemple. Cependant, la corrélation
de ces paramètres avec la composition chimique de
l’échantillon permet néanmoins leur prédiction par NIRS
(Roberts et al. 2004).
Un cas spécial est la détermination de paramètres à
faible teneur comme les éléments minéraux. Alors que
plusieurs travaux montrent un bon pouvoir prédictif des
modèles pour P, Ca, K, Na, la qualité des modèles est
plus problématique pour les oligoéléments dont la
teneur est de l’ordre du mg/kg (g/kg pour les premiers).
Echantillons avec une qualité nutritive contrastée
La figure 5 montre les spectres après prétraitement
mathématique de deux échantillons (A et B) avec une
qualité nutritive contrastée pour chaque groupe. A
chaque fois, le prétraitement mathématique a corrigé
les éventuelles différences de préparation de l’échantil-
lon (granulométrie), mettant en évidence différentes
bandes discriminantes entre les deux échantillons. Le
tableau 6 illustre la qualité nutritive de ces échantillons.
Echantillons individuels ou un échantillon composé?
La figure 7 montre les teneurs en MA [g/kg MS] de
l’échantillon composé ainsi que des dix échantillons indi-
viduels de foin en balle. La détermination NIRS pour les
mêmes échantillons y est aussi illustrée (moyenne de
trois échantillonnages). Un léger écart est observé entre
l’échantillon composé et la moyenne des dix échantil-
lons individuels pour l’analyse de référence. Cet écart
ainsi que les tendances individuelles sont reproduits
étroitement par les prédictions NIRS. Malgré un léger
décalage des prédictions NIRS par rapport à l’analyse de
référence (+ 0,6 %), cette méthode fournit plus d’infor-
mations, car elle décrit la qualité individuelle des balles
de foin. Le coefficient de détermination du modèle NIRS
s’améliore avec l’incrémentation des réplicas. Ainsi, R2
passe de 0,932 à 0,9779 et à 0,985 avec l’utilisation de
respectivement 1, 2 et 3 coupelles par échantillon (résul-
tats non illustrés).
C o n c l u s i o n s
•• Le NIRS est une technologie non seulement avanta-
geuse par sa rapidité, son faible coût et la préparation
réduite des échantillons, mais elle représente aussi un
outil dont le potentiel est encore largement inexploré.
•• Les efforts fournis dans le développement des
modèles de calibrage résident essentiellement dans la
récolte d’échantillons représentatifs avec des analyses
de référence de qualité. Ce travail est largement
récompensé lors d’une utilisation en routine du NIRS.
•• Des validations périodiques sont toutefois recomman-
dées afin d’éviter des déviations et de permettre
l’actualisation des modèles aux changements varié-
taux, climatiques, etc. n
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
Figure 7 | MA déterminée dans dix échantillons individuels de foin en balle et dans un échantillon composé du mélange homogène de dix échantillons individuels. Les point noirs et les carrés rouges correspondent respectivement à l’analyse de référence (Dumas, N x 6.25) et aux déterminations NIRS des dix échantillons individuels. La ligne noire et la ligne rouge correspondent respectivement aux va-leurs de l’analyse de référence et aux valeurs du NIRS pour l’échantillon composé. La ligne bleue corre-spond à la moyenne des analyses de référence des dix échantillons individuels.
130
140
150
160
170
180
190
0 2 4 6 8 10
MA
[g/k
g M
S]
échantillon
MA
moy MA
MA (éch. composé)
MA-NIRS
MA-NIRS (éch. composé)
211
Les fourrages à la lumière du proche infrarouge (NIRS) | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie ▪ Heise H. M. & Winzen R., 2005. Chemometrics in Near-Infrared Spectro-scopy in Near-Infrared Spectroscopy, Principles, Instruments, Applica-tions ( Ed. H.W. Siesler, Y. Ozaki, S. Kawata, H.M. Heise).125–162.
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▪ Mark H. & Workman J. Jr. , 2003. Statistics in Spectroscopy. Elsevier Aca-demic Press. 312 p.
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Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 204–211, 2014
Applicazione del NIRS per la determi-
nazione dei foraggi
Viene presentata l’applicazione del
NIRS nella determinazione della
composizione chimica dei foraggi
attraverso modelli di previsione
sviluppati presso l’Istituto di scienze
della produzione animale IPA di
Agroscope con valori tipici del coeffi-
ciente R2 > 0.96 per parametri quali
materia secca (MS), materia azotata
(MA), lignina (ADForg), pareti cellulari
(NDForg), cellulosa, ceneri, materia
grassa, zuccheri e amidi nel fieno,
nell’erba e nell’insilato d’erba, nella
pianta intera di mais prima dell’insila-
mento e nell’insilato di mais. L’analisi
con metodi chimici di un campione
composto (miscela omogenea di
campioni individuali) è stata positiva-
mente sostituita dall’analisi dei
campioni individuali con NIRS, che
mostra le particolarità di ogni singolo
campione.
Forages in the light of NIRS
An insight into the determination of
the chemical composition of forages
via NIRS is presented. Predictive
models developed at the Agroscope
Institute for Livestock Sciences ILS
show the typical values: R2 > 0.96 for
dry matter (DM), crude protein (CP),
ADForg, NDForg, crude fibre (CF),
cellulose, ash, fat, sugar and starch
content in hay and grass, grass silage,
green maize for silage and maize
silage. The analysis of individual
samples by NIRS is preferred to the
analysis of a pooled sample by classical
methods because NIRS shows the
individual particularities of each
sample.
Key words: NIRS, forage, nutritional
quality.
212 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 212–215, 2014
E c l a i r a g e
teurs suisses, en faisant face à la réduction des subven-
tions à l’exportation dans le cadre des accords de
l’Organisation mondiale du commerce et à la libéralisa-
tion du commerce de fromage avec l’Union européenne
(2002–2007).
L’analyse est conduite avec le modèle Common Agri-
cultural Policy Regionalized Impact (CAPRI) (Britz et Wit-
zke 2012). Deux scénarios sont considérés: 1) Le scénario
de référence avec la continuation de la Politique agri-
cole 2014 – 2017 avec le paiement du supplément pour le
lait transformé en fromage (R); 2) Un scénario contrefac-
tuel (hypothétique) où le supplément pour le lait trans-
formé en fromage est éliminé (A). Après avoir briève-
ment expliqué le fonctionnement du modèle CAPRI, les
résultats des simulations sont présentés et commentés.
Le modèle CAPRI
CAPRI est un modèle d’équilibre partiel comparatif sta-
tique pour le secteur agricole (Britz et Witzke 2012). Il
inclut un module des marchés mondiaux dans lequel la
Suisse a été intégrée en 2011. Pour chacun des 40 blocs
commerciaux régionaux, il est possible, en fonction de
changements de politique interne ou de politique com-
merciale, de simuler les changements des prix et des
quantités à l’équilibre pour 47 produits agricoles et les
changements du bien-être économique. Les principales
politiques de protection à la frontière des différents
pays sont aussi représentées et pour la Suisse elles sont
calculées au moyen du modèle TRIMAG (Listorti et al.
2013).
Dans CAPRI, le lait de vache cru peut être transformé
en neuf produits laitiers: beurre, crème, fromage, lait
écrémé en poudre, lait entier en poudre, produits lai-
tiers frais (y compris le lait pour la consommation
humaine et les yogourts), caséine, petit lait et lait
condensé (Kempen et al. 2011; Witzke et al. 2009). Les
produits laitiers peuvent être commercialisés entre les
différents blocs commerciaux, alors que le lait cru non
transformé n’est pas commercialisable. Le bilan des
matières grasses et des protéines entre les neuf produits
laitiers transformés et le lait cru est garanti à l’intérieur
du modèle. Les fonctions de l’offre des produits laitiers
et de la demande du lait cru sont dérivées dans CAPRI
Quel est l’impact sur le marché laitier du supplément
pour le lait transformé en fromage touché par les pro-
ducteurs? Quels sont ses effets sur la production et les
exportations de fromage et quelles sont les inefficacités
de marché associées à cette mesure de soutien des prix?
Un modèle d’équilibre partiel comparatif statique
adapté au secteur agricole suisse nous aide à répondre
à ces questions.
L’objectif de cette étude est d’analyser l’impact sur le
marché laitier suisse du supplément pour le lait trans-
formé en fromage. Ce supplément, actuellement fixé à
15 centimes par kilogramme de lait1 (Finger et al. 2014),
avait été introduit en 1999 comme mesure transitoire
pour réduire les coûts de transformation du lait cru et
permettre la production de fromage à des prix compéti-
tifs. L’objectif était de soutenir le revenu des produc-
Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromageGiulia Listorti et Axel Tonini, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Axel Tonini, e-mail: axel.tonini@blw.admin.ch
CAPRI – un modèle d’équilibre partiel comparatif statique pour le secteur agricole – permet d’évaluer l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage. (Photo: OFAG)
1Art. 38 de la Loi fédérale sur l‘agriculture (LAgr, RS 910.1) et Ordonnance concer-nant les suppléments et l‘enregistrement des données dans le domaine du lait (OSL, RS 916.350.2).
Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage | Eclairage
213Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 212–215, 2014
selon la théorie microéconomique à partir d’une fonc-
tion quadratique normalisée du profit (Lau 1978). L’offre
des neuf produits transformés et la demande de lait cru
de transformation dépendent de la marge à la transfor-
mation. Celle-ci est exprimée en fonction du prix à la
production, des éventuelles mesures de soutien de prix
pour les producteurs et du prix virtuel de la matière
grasse et des protéines.
L’impact de l’aide à la transformation pour le lait
transformé en fromage est représenté dans la figure 1.
L’introduction du supplément génère une augmenta-
tion de la demande de lait cru destiné à la production de
fromage. Cela déplace la fonction de la demande (DD)
de lait cru vers la droite (DD’) et déplace l’équilibre ini-
tial de (a) vers (c), où le prix reçu par les producteurs
augmente (Pd) et le prix payé par le transformateur (Ps)
diminue. Pd correspond à la somme de (Ps) et du supplé-
ment (PdPs). L’introduction du supplément entraîne, en
raison de l’éloignement de l’équilibre compétitif initial,
une défaillance du marché. L’inefficacité de cette mesure
(le triangle bleu abc) montre de combien les coûts liés au
supplément dépassent les bénéfices. Elle dépend essen-
tiellement des conditions du marché. Il est évident que
le transfert de l’aide au producteur ne sera pas entier,
car le producteur ne gagne au niveau des prix que la
différence entre Pd et Pe (OECD 2002). Le supplément
pour le lait transformé en fromage est modélisé dans
CAPRI comme un supplément à l’offre par kg de fro-
mage produit car, dans le modèle, il n’est pas possible de
distinguer explicitement la quantité de lait demandé
pour la transformation en fromage. Le supplément à
l’offre de fromage comporte le déplacement de la
demande de lait cru comme montré dans la figure 1 (Fin-
ger 2014; cette option technique de modélisation est
correcte sur le plan économique, même si administrati-
vement la transmission de l’aide aux producteurs passe
par une voie différente).
Si l’on émet l’hypothèse qu’en moyenne 10 kg de lait
sont nécessaires pour produire 1 kg de fromage, compte
tenu d’une production nationale de 185 000 tonnes de
fromage dans le scénario de référence (R), cela entraîne
dans le modèle une dépense budgétaire de 278 millions
de francs qui est très proche de l’engagement budgé-
taire effectif en 2012.
Scénarios et résultats
La suppression du supplément pour le lait transformé en
fromage (scénario A) est ici analysée par rapport au scé-
nario de référence (R), défini comme la situation future
probable avec la poursuite des politiques ou des accords
b
Pd a
c
Qs
Ps
Qe
Pe
DD
OO
DD’
P
Q
Figure 1 | Impact microéconomique du supplément pour le lait trans-formé en fromage: changement de l’équilibre entre la courbe de la demande et la courbe de l’offre de lait cru. P = prix; Q = quantité; DD = fonction de demande; OO = fonction d’offre; a = équilibre initial; Pe = prix payé par les transformateurs aux producteurs à l’équilibre a; Qe = quantité produite à l’équilibre a; c = équilibre avec l’introduc-tion du supplément; Pd = prix reçu par les producteurs à l’équilibre c; Ps = prix payé par le transformateur à l’équilibre c; PdPs= supplé-ment ); Qs = quantité produite à l’équilibre c; triangle abc = ineffica-cité associée à l’introduction du supplément.
Prix à la production Production Consommation Importations Exportations
Lait cru -8,0 % -1,3 %
Beurre 0,5 % -0,7 % -0,3 % 0,0 % -4,4 %
Crème -0,2 % 0,2 % 0,1 % 0,0 % 1,5 %
Fromage 3,9 % -4,8 % -0,3 % 5,9 % -12,7 %
Lait écrémé en poudre -8,2 % 10,4 % 2,3 % -43,9 % 10,0 %
Lait entier en poudre -5,2 % 3,1 % 2,5 % 0,0 % 10,2 %
Produits laitiers frais -3,8 % 1,0 % 0,9 % -0,1 % 7,5 %
Tableau 1 | Variations en pourcentage des prix et des marchés du scénario A (sans supplément) par rapport au scénario R (avec le supplé-ment; par exemple, le prix du lait cru dans le scénario A est de 8 % inférieur au prix du lait cru dans le scénario R)
Eclairage | Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage
214 Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 212–215, 2014
existants. Celle-ci se base largement sur des projections
préparées par des institutions internationales (OECD-
FAO 2010, European Commission 2010) et, pour la Suisse,
aussi sur le modèle SWISSland, avec application de la
Politique Agricole 2014 – 2017 (Zimmermann et al. 2011).
L’analyse des résultats montre que, en cas de suppres-
sion du supplément pour le lait transformé en fromage,
la production de fromage baisse d’environ 5 %, alors que
son prix augmente d’environ 4 % (tabl. 1 et fig. 2). Les
exportations baissent d’environ 13 %. La réduction de la
demande totale de lait cru pour la transformation
entraîne une réduction du prix à la production de lait
cru de 8 %, et à une réduction de la quantité produite de
1 %. La production des autres produits laitiers augmente
légèrement, surtout pour les produits à base de pro-
téines, ce qui fait diminuer leurs prix (tabl. 1).
On remarque que la réduction de 8% du prix à la
production de lait cru (PdPe/Pd) est inférieure à la part
185 176
166 166
32 34
51 44
0
50
100
150
200
Scénario R Scénario A
en 1
000
t
production nette
consommation humaine
importations
exportations
Figure 2 | Marché du fromage.
Bien-être du consommateur 7
Beurre -2
Crème 1
Fromage -54
Lait écrémé en poudre 2
Lait entier en poudre 6
Produits laitiers frais 47
Profits agricoles -168
Lait cru -168
Profits des transformateurs de lait -81
Lait cru pour la transformation 11
Beurre -7
Crème -4
Fromage -91
Lait écrémé en poudre 10
Lait entier en poudre 2
Produits laitiers frais -3
Autres profits (fourrages, transformation, autres) -4
Recettes tarifaires et rentes des contingents tarifaires -4
Dépenses de soutien interne 278
Bien-être total 28
Tableau 2 | Évaluation de l’impact sur tous les acteurs économiques concernés (analyse du bien-être), variations absolues dans le scénario A (sans le supplément) par rapport au scénario R (avec le supplément; millions de francs; détails pour les produits laitiers; les totaux tiennent aussi compte des autres produits du modèle. Par exemple, le bien-être des consommateurs dans le scénario A est de 7 millions de CHF plus élevé que dans le scénario R)
Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage | Eclairage
215Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 212–215, 2014
engagées pour cette mesure. En raison des effets du
supplément sur les prix et les quantités d’équilibre de
marché, seuls 60 % de la dépense budgétaire (278 mil-
lions de francs) sont transférés aux producteurs agri-
coles (168 millions de francs), tandis qu’environ 30 %
sont transférés aux transformateurs (81 millions de
francs). Le solde de 10 % représente une perte nette qui
est le coût dû aux inefficacités du marché induites par
l’introduction d’une mesure de soutien des prix à la pro-
duction, qui affectent l’ensemble de la chaîne de valeur
jusqu’aux consommateurs (fig. 1).
C o n c l u s i o n s
Le supplément pour le lait transformé en fromage sou-
tient la production interne avec un impact positif sur les
exportations. Les profits agricoles et ceux des transfor-
mateurs de lait augmentent (plus 168 et 81 millions
de francs, respectivement), alors que le bien-être du
consommateur diminue légèrement (7 millions de
francs). Néanmoins, s’agissant d’une mesure de soutien
des prix, les analyses montrent que, comme prévu selon
la théorie économique, des inefficacités de marché
réduisent le transfert aux producteurs agricoles du bud-
get alloué pour cette mesure (seuls 60 % de la dépense
budgétaire de 278 millions de francs sont transférés aux
producteurs agricoles).
Il faut se rappeler qu’en général, les modèles écono-
miques de simulation offrent toujours une représenta-
tion simplifiée de la réalité. Néanmoins, ils constituent
un instrument utile pour l’analyse de l’impact des
mesures de politique. n
du supplément au prix du lait (Pd Ps/Pd); si on le compare
avec la moyenne du prix du lait cru observé en 2002 – 2012,
le supplément correspond à environ 23% du prix du lait.
Ce résultat est cohérent avec l’analyse économétrique
de transmission de prix de Finger (2014), qui montre que
les réductions marginales du supplément pour le lait
transformé en fromage ne se transmettent pas entière-
ment au prix du producteur.
Avec CAPRI, il est également possible de conduire
une analyse du «bien-être» économique2. Dans le
tableau 2, le bien-être total est décomposé en bien-être
du consommateur, profits agricoles (différence entre
valeur de la production agricole et coûts des facteurs),
profits des transformateurs de lait et autres profits
(fourrages et industrie de transformation), recettes tari-
faires et rentes des contingents tarifaires, dépenses de
soutien interne.
Dans le scénario A (sans supplément), le bien-être du
consommateur augmente légèrement (7 millions de
francs) par rapport au scénario R, tandis que les profits
agricoles et ceux des transformateurs de lait diminuent,
car les prix des produits laitiers sont plus bas (moins 168
et 81 millions de francs, respectivement). Le budget dis-
ponible de l’Etat augmente (278 millions de francs).
L’impact global sur le bien-être est positif (28 millions de
francs). Enfin, l’analyse montre que les pertes pour les
producteurs provoquées par la suppression du supplé-
ment pour le lait transformé en fromage sont plus
petites que les dépenses budgétaires actuellement
Bibliographie ▪ Britz W. & Witzke H. P., 2012. CAPRI Model Documentation 2012, Accès: http://www.capri-model.org/docs/capri_documentation.pdf [19 février 2014].
▪ European Commission, 2010. Prospects for agricultural markets and income in the EU 2010-2020. European Commission, Directorate general Agricul-ture and rural Develoment, Brussels, p. 78. Accès: http://ec.europa.eu/agri-culture/publi/caprep/prospects2010/fullrep_en.pdf [19 février 2014].
▪ Finger R., Briner S. & Peerlings J., 2014. Projekt Evaluation «Milch-markt», Ex-post Evaluation der Zulagen für verkäste Milch, Im Auftrag des Bundesamtes für Landwirtschaft, Novembre 2013.
▪ Lau L. J., 1978. Applications of profit functions. In: Production econo-mics: a dual approach to theory and applications (Ed. M. Fuss & McFad-den D.). North-Holland, Amsterdam, 133–215.
▪ Kempen M., Witzke P., Pérez-Dominguez I., Jansson T. & Sckokai P., 2011. Economic and environmental impacts of milk quota reform in Europe. Journal of Policy Modeling 33 (1), 29–52.
▪ Listorti G., Tonini A., Kempen M., & Adenauer M., 2013. How to imple-ment WTO scenarios in simulation models: linking the TRIMAG tariff
aggregation tool to CAPRI. 135th EAAE Seminar: Challenges for the Global Agricultural Trade Regime After Doha, Belgrade, Serbia, 28–30 August 2013.
▪ OECD, 2002. The Incidence and Transfer Efficiency of Farm Support Mea-sures. Working party on agricultural policy and markets. Organization for Economic Co-operation and Development, Paris, p. 36.
▪ OECD/Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2010. OECD-FAO Agricultural Outlook 2010, OECD Publishing.
▪ Witzke H. P., Kempen M., Pérez Domínguez I., Jansson T., Sckokai P., Helming J., Heckelei T., Moro D., Tonini A., & Fellmann T., 2009. Regional Economic Analysis of Milk Quota Reform in the EU. JRC Scientific and Technical Reports, European Commission, Joint Research Centre, Institu-te for Prospective and Technological Studies, Seville, p. 116, Accès: http://ftp.jrc.es/EURdoc/JRC53116.pdf [19 février 2014]
▪ Zimmermann A., Möhring A., Mack G., Mann S., Ferjani A. & Gennaio Franscini M. P., 2011. Les conséquences d'une réforme du système des paiements directs : Simulations à l'aide de modèles SILAS et SWISSland. ART-Bericht, 744, 1–16.
2 Il s’agit d’un concept économique standard utilisé pour l’évaluation des poli-tiques, qui permet d’évaluer l’impact sur tous les acteurs économiques concernés.
216
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 216, 2014
Depuis près de 300 jours, Doris Herrmann dirige le sec-
teur Recherche, prestations et formation continue de la
Haute école des sciences agronomiques, forestières et
alimentaires HAFL. Pour relever maints défis de son nou-
veau poste, cette agronome diplômée peut s’appuyer sur
l’expérience acquise durant sa carrière professionnelle.
Son quotidien est cependant émaillé de nombreuses
inconnues. Des rapports sur les soins à apporter aux
forêts protectrices, sur les versants menacés par un glis-
sement ou sur l’ambiance régnant dans les magasins
d’alimentation atterrissent ainsi régulièrement sur son
bureau. Une diversité de sujets qui lui convient à mer-
veille – et qui l’a d’ailleurs déjà grandement influencée
au moment de choisir ses études. «L’agronomie est un
domaine très vaste qui m’a toujours passionnée. Les
aspects économiques y sont tout aussi importants que la
biologie», raconte-t-elle. Le fait qu’elle ait grandi dans
une ferme et toujours vécu en contact étroit avec le
monde paysan a sans doute aussi joué un rôle non négli-
geable dans son choix.Pendant ses études à l’EPF de Zurich, elle se spécia-
lise en biotechnologie agricole et suit des cours de
pédagogie. Mais elle ne souhaite pas enseigner. Sa
motivation est autre: «Il s’agissait simplement d’élargir
mon horizon. Les leçons de pédagogie et le stage que
j’ai accompli m’ont surtout appris à être plus efficace
dans la planification et plus détendue face aux gens»,
explique-t-elle.
Une recherche au service de la pratique
Son diplôme en poche, Doris Herrmann travaille à
Agroscope, où elle réalise son travail de doctorat en col-
laboration avec l’Université de Zurich. Si elle s’est déci-
dée pour cet institut, c’est parce qu’elle veut faire de la
recherche appliquée. A partir de ce moment, tout
tourne autour de la biologie moléculaire des plantes
fourragères. Et pourquoi concentre-t-elle ses différents
projets sur les végétaux et non sur les animaux? Cela est
notamment dû à une expérience marquante lors de tra-
vaux pratiques, se souvient-elle: «Je devais observer des
insectes à la loupe binoculaire. J’ai alors tout de suite su
que je voulais travailler avec des plantes. Au moins, elles,
elles ne sont pas toujours en train de bouger!».
Des tâches managériales au lieu d’activités de recherche
Durant les années qui suivent, elle demeure une vraie
chercheuse, que ce soit à l’Institut fédéral de recherches
sur la forêt, la neige et le paysage WSL ou à l’Institut
national de la recherche agronomique INRA. Mais peu à
peu, les tâches de coordination l’attirent plus que la
recherche proprement dite: la chercheuse aimerait deve-
nir manager, un changement de rôle qui se concrétise
lorsque l’EPF de Lausanne la nomme responsable de la
Collaboration indo-suisse en biotechnologie. Et elle y
prend goût.
A Zollikofen, Doris Herrmann se consacre encore
davantage à la gestion de la recherche. Avec son équipe,
elle constitue le pivot des activités scientifiques à la
HAFL. Possédant une vue d’ensemble des différents pro-
jets et mandats, elle peut aider ses collègues à identifier
les possibilités de collaboration interdisciplinaire. Bien
qu’ayant elle-même renoncé à la recherche active, elle
n’en fait pas moins progresser la haute école dans le
domaine.
Matthias Zobrist, Haute école des sciences agronomiques, forestières
et alimentaires HAFL
Doris Herrmann: la manager de la recherche
217
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 217–219, 2014
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Agroscope Science n° 2 / avril 2014
(disponible seulement en allemand)
Etant donné le dynamisme du commerce de produits
agricoles, la compétitivité écologique du secteur agroa-
limentaire suisse prend de plus en plus d’importance.
Les débats sur le degré d’auto-approvisionnement à
obtenir montrent l’importance qu’a l’origine des ali-
ments dans notre société, notamment par rapport aux
impacts qu’ils peuvent avoir sur l’environnement. Dans
le souci d’assurer la compétitivité des produits agricoles
suisses sur le plan international à l’avenir, la filière ali-
mentaire soutenue par la Confédération a développé,
en collaboration avec la branche agroalimentaire, une
stratégie dite de qualité dont le but est d’amener l’agri-
culture suisse à un niveau supérieur comparé à la pro-
duction des autres pays, en ce qui concerne les aspects
qualitatifs et écologiques. Toutefois, les bases de don-
nées qui permettraient une comparaison systématique
et scientifiquement fondée des impacts environnemen-
taux des aliments originaires de différents pays font
encore largement défaut. Le projet «Analyse du cycle de vie de produits agri-
coles suisses sélectionnés en comparaison avec des impor-
tations» a été confié à Agroscope par l’Office fédéral de
l’agriculture dans le but de comparer les impacts environ-
nementaux d’une sélection de produits agricoles origi-
naires de Suisse et des principaux pays d’importation. Les
produits suivants ont été étudiés à titre d’exemples:
niveau porte de l’exploitation: blé panifiable et orge
fourragère produits en Suisse (prestations écologiques
requises, PER, non-extenso et extenso), en Allemagne et
en France; pommes de terre de consommation produites
en Suisse, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas; lait
originaire de Suisse (PER région de plaine, des collines et
de montagne; variantes d’affourragement basées sur les
herbages et les cultures fourragères), d’Allemagne, de
France et d’Italie; bovins d’abattage originaires de Suisse
(PER engraissement gros bétail et élevage de vaches-
mères), d’Allemagne (engraissement de taureaux), de
France (élevage allaitant naisseur engraisseur) et du
Brésil (vaches allaitantes avec engraissement extensif).
Agroscope Science parait seulement sous forme électronique. La
publication peut être téléchargée au format PDF sur www.
agroscope.ch > Publications
Agroscope Science Nr. 2 / April 2014
asda
Ökobilanz ausgewählter
Schweizer Landwirtschaftsprodukte im Vergleich zum Import
Autoren Maria Bystricky, Martina Alig, Thomas Nemecek, Gérard Gaillard
Analyse du cycle de vie de produits agricoles suisses sélectionnés en comparaison avec des importations
218
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
ActualitéS
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 217–219, 2014
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
www.agroscope.admin.ch/communiques
11.04.2014 Sel: autant que nécessaire, mais aussi peu que possible Une quantité minimale de sel pour la fabrication de pro-
duits carnés et de fromages de qualité est nécessaire.
Mais pour des raisons de santé, la teneur en sel ne doit
pas être trop élevée. En ce qui concerne les produits car-
nés, une diminution de la teneur en sel jusqu’à 15 %
peut être atteint sans préjudices sensoriels. Chez cer-
taines sortes de fromages, on peut remplacer jusqu’à
30 % du sodium par du potassium. Cela nécessite cepen-
dant une déclaration du numéro E. Le programme de
recherche NutriScope d’Agroscope a pris fin officielle-
ment le 20 mars 2014. Un bilan a été tiré lors de la syn-
thèse finale. En prenant pour exemple les travaux menés
autour de la diminution de la teneur en sel dans les ali-
ments, il est possible de montrer les synergies interdisci-
plinaires de tels programmes de recherche.
08.04.2014 Fromage et pommes de terre suisses, un atout pour l‘environnement Le fromage et les pommes de terre suisses portent
moins préjudice à l’environnement que les produits
importés. Les résultats obtenus avec le pain à base de
farine de blé, la viande de bœuf et l’orge fourragère ne
sont pas aussi explicites, comme le montre une nouvelle
étude d‘Agroscope.
Vendredi 27 juin 2014
Journée nationaleà l‘occasion de l‘Année internationale de l’agriculture familiale
Groupement suisse pour les régions de montagne SAB / Institut des sciences en durabilité agronomique IDU
Sujets• Exploitations familiales en tant que modèle d’avenirpour la sécurité alimentaire et l’utilisation durable desressources
• Importance des exploitations familiales pour l’aide audéveloppement et pour la politique agricole suisse
• Rôle des femmes au sein des exploitations familiales• Exploitations familiales en tant que fournisseurs• Conditions pour des exploitations familiales viables
Avec ateliers, portraits de familles et table ronde
Programme détaillé et inscriptionwww.familyfarming.ch/conferenceRenseignements: Jörg Beck, joerg.beck@sab.ch,téléphone +41 31 382 10 10Délai d’inscription: 10 juin 2014
Lieu de la conférenceInstitut agricole de Grangeneuve, Posieux (FR)
Taxe d’inscription100 francs (50 francs pour les étudiants), logementpossible, voir le programme détaillé
www.agroscope.ch
219
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 5 (5): 217–219, 2014
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s i n t e r n e t
Nouvelle App. pour calculer la dose de produits phytosanitaires
http://www.agroscope.ch/publications/apps
«Le moins possible, mais autant que nécessaire»: c’est
la devise d’une utilisation professionnelle des produits
phytosanitaires. Les chercheurs d’Agroscope ont déve-
loppé un outil moderne pour aider les arboriculteurs et
les viticulteurs à atteindre cet objectif.
Download
App PhytoCalc Apple App Store
App PhytoCalc Google Play Store
Mai 2014
06.05.2014Brauchen Nutztiere Antibiotika?FachtagungETH Zürich, Vetsuisse Zürich et Bern, AgroscopeETH Zentrum, Zurich
06. – 07.05.2014Landtechnik im AlpenraumAgroscope et BLT WieselburgFeldkirch, Österreich
21.05.2014AgriMontana – Zukünftige Perspektiven der BerglandwirtschaftAgriMontana / AgroscopeLandquart
21.05.2014Fachtagung Düngerkontrolle MARSEP-/VBBo- RingversucheAgroscopeBLW, Bern
25.5.2014Breitenhof-Tagung 2014, Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscopeSteinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen
Juin 2014
27.6.2014Journée nationale à l’occasion de l’Année internatio-nale de l’agriculture familialeSAB, Groupement suisse pour les régions de montagneInstitut agricole de Grangeneuve, Posieux (FR)
Juillet 2014
06. – 10.07.2014AgEng 2014 ZurichInternational Conference of Agricultural EngineeringAgroscope, ETH ZürichZurich
Août 2014
09.08.2014Geschmackserlebnis Kartoffelvielfalt in MaraniProSpecieRara et Agroscope (IPV, IDU)Schaugarten Maran, Arosa/GR
V o r s c h a u
Juin 2014 / Numéro 6
Le blé est la culture mondiale numéro 1 pour l’alimentation. Il faut au moins 15 ans pour obtenir une nouvelle variété de blé. Le numéro de juin consacre un article au sujet des céréales hybrides et contient la Liste recommandée des variétés de céréales pour la récolte 2015. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• Pourquoi les céréales à paille hybrides progressent,
Andreas Hund et al., ETH Zurich et Agroscope
•• Les cendres de bois: un nouvel engrais pour l’agricul-
ture suisse, Alexandra Maltas et Sokrat Sinaj,
Agroscope
•• Approches relatives à l’optimisation de la formation
continue en gestion d’entreprise dans l’agriculture,
Florian Sandrini et al., HAFL et Agridea
•• Exploitations laitières: pourquoi la Suisse produit-elle
plus cher que la Norvège?, Christian Gazzarin et al.,
Agroscope, ETH Zürich et Norsk institutt for land-
bruksøkonomisk forsking, Norvège
•• Besoins en irrigation et disponibilité en eau sous
l’effet du changement climatique: une analyse
régionale de déficit, Jürg Fuhrer et Pierluigi Calanca,
Agroscope
•• Liste recommandée des variétés de céréales pour la
récolte 2015
Sonntag bis Donnerstag, 6.–10. Juli 2014
AgEng 2014 an der ETH in Zürichorganisiert durch Agroscope, Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH
Internationale Wissenschaftstagung:Technik für ressourcen-effiziente Landwirtschaft• Automatisierung der landwirtschaftlichen Produktions-verfahren
• Verminderung von Ammoniak- und anderen Emissionen• Monitoring und artgerechte Tierhaltung• Umweltgerechte Applikationstechnik• Sensorik, NIR-Analytik und Imaging
Detailprogramm und Anmeldungwww.AgEng2014.ch
AgEng 2014 Zu r i chInternational Conference of Agricultural Engineering
6 –10 July
Tagungsrahmen• Eröffnung durch Bernard Lehmann,Direktor BLW
• Rund 550 Beiträge eingereicht (über200 Vorträge, über 300 Poster)
• Diverse Workshops• Exkursionen zu Firma Knüsel (Rigitrac) undAgroscope Tänikon
TagungsortETH Zürich, ETH Zentrum, Hauptgebäude
Sonntag, 25. Mai, 9.30 Uhr
Breitenhof-Tagung 2014Steinobstzentrum Breitenhof in Wintersingen BL
Referate•Begrüssung zur Breitenhof-Tagung Lukas Bertschinger, Stv. Institutsleiter, Forschungsverantwortlicher, Internationale Kooperationen Agroscope
•Ausblick auf die Schweizer Steinobsternte und Vermarktung 2014 Hansruedi Wirz, Früchtezentrum Basel
Betriebsrundgang•Wilde Bienen im Steinobst – ganz fleissig!• Neue Kirschen – Ergebnisse aus der Sortenprüfung•Kirschenfliege und Kirschessigfliege – alternative Bekämpfungsmethoden unter der Lupe
Ausstellung und InfoständeInformationen – Gespräche – Gemütlichkeitwww.agroscope.ch
Mit Hüpfburg für Kinder
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