accents régionaux, étrangers et sociaux en français

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Accents régionaux, étrangers et sociaux en français. Philippe Boula de Mareüil LIMSI-CNRS. Introduction. Accent = terme du vocabulaire courant, mais objet difficile à cerner chacun a sa façon de parler chacun a son mot à dire sur le langage anecdotes, intérêt et passions - PowerPoint PPT Presentation

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Accents régionaux, étrangers et sociaux en français

Philippe Boula de Mareüil LIMSI-CNRS

2

Introduction

Accent = terme du vocabulaire courant, mais objet difficile à cerner chacun a sa façon de parler chacun a son mot à dire sur le langage anecdotes, intérêt et passions

Ensemble de traits de prononciation lié à une origine linguistique, géographique ou sociale accent étranger = résultat de la confrontation de 2 systèmes

provenant d’une langue maternelle et d’une langue seconde (L2) accent régional communément défini par r² à une norme accent dit « de banlieue » (en France)

= des jeunes de cités populaires

3

Questions

Avec quel degré de granularité (quelle finesse, quelle précision) peut-on distinguer divers accents ?

Quels sont les indices qui permettent de reconnaître tel ou tel accent ?

Quelle est en particulier la part de la prosodie ?

analyse d’importantes quantités de données

accent < accentum (ad + cantum) < accent < accentum (ad + cantum) < προσωδίαπροσωδία

4

Plan de la présentation

Généralités sur les accents et leur perception :

aspects psycholinguistiques et sociolinguistiques sur le traitement automatique (synthèse et reconnaissance de la

parole) : aspects méthodologiques

Applications aux accents régionaux et étrangers, notamment dans

le cadre du projet « Phonologie du Français Contemporain » (PFC) à l’accent « de banlieue »

5

Dialectologie perceptive

Perception = problématique au cœur des sciences cognitives, abordée en « dialectologie perceptive » sous 3 angles : représentations et cartographie mentale en l’absence

d’input linguistique, dans le sillage de Preston [1989] attitudes évaluatives et affectives en réaction à des stimuli

linguistiques aptitude à discerner différents accents à partir d’un input

phonétique

Exemples de travaux antérieursAnglais Néerlandais Norvégien

Clopper & Pisoni Heeringa

van Bezooijen Gooskens

6

Accents étrangers vs régionaux

Qu’est-ce qui fait que l’on garde un accent étranger en L2 ? Troubetzkoy « crible » (la L1 opère comme un filtre) Flege (Speech Learning Model), Kuhl (Native Language Magnet),

Best (Perceptual Assimilation Model)

Fameuse confusion entre /l/ et /r/ chez les Japonais Français « sourds » à la place de l’accent lexical

Quantité, fréquence et circonstances d’usage de L1/L2, temps de résidence dans un environnement où prédomine la L2

Âge de 1re exposition à la L2 : plus L2 est apprise tôt, meilleure sera la prononciation (au plus tard vers la puberté…)

7

Aspects psycholinguistiques

Hypothèse de la période critique problèmes importants âge d’acquisition de la L2 corrélé ou confondu avec d’autres facteurs

(ex. interactions entre enfants à l’école entre adultes) années d’expérience en L2 plus d’incidence au début de

l’apprentissage bilingues tardifs « parfaits » = autant d’exceptions

Adaptation de la prononciation = savant mélange de contraintes et de plasticité

distribution et fonction des unités, structures syllabiques…

8

Variation diatopique et diastratique

Dimension sociale moins facilement et moins couramment l’objet de désignations questions fort discutables et très discutées

Parler jeune, langage des cités principalement abordé(s) sous un angle sociolinguistique

9

Méthodologie

Expériences perceptives utilisant éventuellement la synthèse

↓ Mesure de traits phonético-acoustiques

utilisant l’alignement automatique en phonèmes ↓

Hiérarchisation des traits les plus discriminantsutilisant des techniques de classification

Exemple : accents méridionaux en français

10

Quand perçoit-on un accent ?

Double processus repérage (évaluation d’un écart vis-à-vis d’une norme) catégorisation (identification proprement dite)

traitement bottom-up (acoustique) et top-down (représentations)

nécessairement par rapport à un prototype

Des accents imités peuvent être plus facilement

reconnaissables que des accents réels.

Piège du stéréotype (simplificateur, caricatural), qui peut être assez éloigné de la réalité

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Quand perçoit-on un accent ?

Double processus repérage (évaluation d’un écart vis-à-vis d’une norme) catégorisation (identification proprement dite)

traitement bottom-up (acoustique) et top-down (représentations)

nécessairement par rapport à un prototype

Des accents imités peuvent être plus facilement reconnaissables que des accents réels.

Piège du stéréotype (simplificateur, caricatural), qui peut être assez éloigné de la réalité

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Perception d’accents

Également influencée par notre voisinage géographique notre origine et nos connaissances linguistiques

Favorisée chez une personne dont on sait qu’elle a vécu dans tel ou tel pays, telle ou telle région

Accent plus facilement identifié s’il nous est familier

détection de traits de prononciation (peut-être seulement un ou deux, subtils et ponctuels, que l’on a mémorisés et qui font basculer la perception)

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Mythe ou réalité ?

Accent havrais = exemple de mythe linguistique

Accent marseillais = accent méridional commun à tout le sud de la France ou, au contraire, 3 accents (?)

On se focalise sur les différences plutôt que sur les similitudes

Auditeurs incapables d’identifier géographiquement des accents du Havre, de Rennes et de Nancy

Nombreuses études corroborant l’imprécision de l’identification/caractérisation des accents régionaux en anglais et en français expériences perceptives menées au LIMSI-CNRS

14

Mythe ou réalité (en Suisse) ?

Accent vaudois, valaisan, fribourgeois ou neuchâtelois (?)

Rien n’exclut en toute rigueur que « l’accent vaudois de la vallée des Ormonds dans le massif des Diablerets (Préalpes vaudoises) présente des caractéristiques reconnaissables qui le distinguent de l’accent du “Gros de Vaud” situé sur le Plateau suisse » [Matthey, 2004]. Mais cela reste à prouver scientifiquement…

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Mythe ou réalité (en Suisse) ?

Accent vaudois, valaisan, fribourgeois ou neuchâtelois (?)

Rien n’exclut en toute rigueur que « l’accent vaudois de la vallée des Ormonds dans le massif des Diablerets (Préalpes vaudoises) présente des caractéristiques reconnaissables qui le distinguent de l’accent du “Gros de Vaud” situé sur le Plateau suisse » [Matthey, 2004]. Mais cela reste à prouver scientifiquement…

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Mythe ou réalité (en Suisse) ?

Accent vaudois, valaisan, fribourgeois ou neuchâtelois (?)

Rien n’exclut en toute rigueur que « l’accent vaudois de la vallée des Ormonds dans le massif des Diablerets (Préalpes vaudoises) présente des caractéristiques reconnaissables qui le distinguent de l’accent du “Gros de Vaud” situé sur le Plateau suisse » [Matthey, 2004]. Mais cela reste à prouver scientifiquement…

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Mythe ou réalité (en Suisse) ?

Accent vaudois, valaisan, fribourgeois ou neuchâtelois (?)

Rien n’exclut en toute rigueur que « l’accent vaudois de la vallée des Ormonds dans le massif des Diablerets (Préalpes vaudoises) présente des caractéristiques reconnaissables qui le distinguent de l’accent du “Gros de Vaud” situé sur le Plateau suisse » [Matthey, 2004]. Mais cela reste à prouver scientifiquement…

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Accent, dialecte et variété

D’où peut bien venir cette surévaluation de nos capacités à discerner des accents ?

Confusion entre dialectes (qui se distinguent les uns des autres par le vocabulaire et la grammaire) et accents (qui ne font intervenir que des différences de prononciation)

Frontière poreuse : dans la vie courante, on dispose souvent de nombre d’indices (situationnels, lexicaux, etc.)

Plupart des commentaires linguistiques relatifs au lexique (ex. 70, 80, 90 emblématiques de variétés de français) ↓terme moins marqué, mais construction aussi homogénéisante

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Accent et norme

Pourquoi une prononciation parisienne passe-t-elle pour « neutre » (sur une scène de théâtre, par exemple) ?

Asymétrie des rapports entre centre et périphérie

Pour le français, « bon usage » = « façon de parler de la plus saine partie de la cour » [Vaugelas, 1647]

Norme attribuée à la bourgeoisie parisienne [Fouché, 1959]

Aujourd’hui véhiculée par les « professionnels de la parole », plus particulièrement par la télévision plus que par l’école [Castellotti & Robillard, 2003]

20

Un français « sans accent » ?

Hier Aujourd’hui

Claude Favre de Vaugelas

?

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Les accents dans les médias

En France, un accent méridional peut être présent sur les ondes, mais cantonné à des rôles comme l’annonce de la météo, le commentaire sportif (football, rugby…) ou la critique gastronomique, très rarement aux rubriques dites « sérieuses » comme la politique.

Même en Suisse, les résultats de certaines études [Racine et al., 2013] suggèrent que la prononciation parisienne fonctionne comme une norme internationale pour le français.

22

Pourquoi a-t-on un accent ?

Tous les locuteurs d’une région X n’ont pas nécessairement l’accent de cette région, pour de multiples raisons.

Un accent peut être plus ou moins marqué, plus ou moins masqué revendiqué ou au contraire stigmatisé

/ \pour affirmer son accent abandonné ou estompéidentité, se démarquer refoulement et hypercorrections,(ex. « Swiss pride », contre-effet et réactions ambivalentes

esprit de ccorps) (réappropriation, légitimation…)

[Singy, 1996]

Double force (uniformisatrice et séparatrice)

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Pourquoi a-t-on un accent ?

Tous les locuteurs d’une région X n’ont pas nécessairement l’accent de cette région, pour de multiples raisons.

Un accent peut être plus ou moins marqué, plus ou moins masqué revendiqué ou au contraire stigmatisé

/ \pour affirmer son accent abandonné ou estompéidentité, se démarquer refoulement et hypercorrections,(ex. « Swiss pride », contre-effet et réactions ambivalentes

esprit de ccorps) (réappropriation, légitimation…)

[Singy, 1996]

Double force (uniformisatrice et séparatrice)

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Pourquoi a-t-on un accent ?

Tous les locuteurs d’une région X n’ont pas nécessairement l’accent de cette région, pour de multiples raisons.

Un accent peut être plus ou moins marqué, plus ou moins masqué revendiqué ou au contraire stigmatisé

/ \pour affirmer son accent abandonné ou estompéidentité, se démarquer refoulement et hypercorrections,(ex. « Swiss pride », contre-effet et réactions ambivalentes

esprit de ccorps) (réappropriation, légitimation…)

[Singy, 1996]

Double force (uniformisatrice et séparatrice)

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Pourquoi certains traits sont-ils (dé)valorisés ?

Appréciation esthétique d’un trait de prononciation souvent dictée par le statut social qui lui est associé

Sons en eux-mêmes ni beaux ni laids (ex. brin~brun)

neutralisation de l’opposition à Paris Raisons internes au système de la langue (peu de telles

paires minimales et de problèmes de compréhension)

Arbitraire du signe revisité dans le cadre de la psychanalyse [Fónagy, 1983] (ex. /r///)

/ \ (masculin, celui du roi, des paysans) (celui de la bourgeoisie, des salons)

Accents méridional et italien jugés beaux essentiellement parce qu’ils évoquent les vacances, le soleil…

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D’où viennent les accents ?

Du contact de langues, par exemple pour l’accent du Midi. Mais l’occitan n’explique pas tout : il distingue, lui, entre /e/ et // (par exemple entre te /te/ « toi » et tè /t/ « thé »).

De l’attirance pour la régularité du système et des habitudes de la société (pour se distinguer des Parisiens)

Réponse d’Astérix, avec la graphie bieng pour bien

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Marie-Chantal et les titis parisiens

2 « accents parisiens » l’accent bourge(ois) « bon chic bon genre » (BCBG) de

Neuilly-Auteuil-Passy (NAP) ou du XVIe arrondissement (également dénommé « accent Marie-Chantal »)

l’accent populaire parigot de Belleville ou de Ménilmontant (également dénommé « accent des faubourgs », « accent des titis parisiens » ou simplement « accent parisien »)

confusion dans l’esprit de beaucoup

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Marie-Chantal et les titis parisiens

2 « accents parisiens » l’accent bourge(ois) « bon chic bon genre » (BCBG) de

Neuilly-Auteuil-Passy (NAP) ou du XVIe arrondissement (également dénommé « accent Marie-Chantal »)

l’accent populaire parigot de Belleville ou de Ménilmontant (également dénommé « accent des faubourgs », « accent des titis parisiens » ou simplement « accent parisien »)

confusion dans l’esprit de beaucoup

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L’accent de banlieue

L’expression a cours depuis le milieu des années 1990, avec les mêmes connotations que la banlieue elle-même.

Elle territorialise une réalité avant tout propre à certains jeunes de milieux défavorisées.

Certains traits qui en sont constitutifs ont été décrits de longue date dans le français populaire. 

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Qu’est-ce qui caractérise un accent ?

Suite de phonèmes et instanciation des faits de coarticulation

Qualité de voix, nasalité

Clichés mélodiques, registre de hauteur, niveaux de hauteur à des frontières prosodiques, profils de durée, placement de l’accent lexical et autres schibboleths

prononciations auxquelles on reconnaît l’origine d’un locuteur = « épi » en hébreu biblique, mot permettant aux gens de

Galaad de démasquer leurs ennemis d’Ephraïm (Livre des Juges 12, 5–6)

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Quelle est la part du segmental et de la prosodie ?

Au niveau des phonèmes, 4 types principaux de différences entre accents (de degré/fréquence plutôt que de nature) systémiques (certaines oppositions comme j’aurai~jaurais /e/~//

peuvent n’exister que dans certaines régions) phonotactiques (ex. escarpée diphtongaison de la voyelle finale

aperture de la voyelle initiale) lexicales (à partir du même inventaire de phonèmes, un mot comme

vingt, moins, avec se prononce différemment selon la région) allophoniques (saillantes au niveau de la réalisation phonético-

acoustique des phonèmes comme /R/)

Différences régionales de prosodie moins bien connues

problème de ce que retient la perception (problème accru en matière de prosodie)

chez certains Suisses

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Quelques accents régionaux

o Accent méridional e muet (ou schwa) souvent prononcé ( influence sur la prosodie) réduction du nombre des oppositions de timbre pour les voyelles

moyennes ( épée et épais, côte et cote homophones) schibboleths comme rose ou jaune prononcés avec un [] ouvert voyelles partiellement nasalisées et suivies d’un élément

consonantique nasal bien audible

Accent alsacien consonnes sonores tendant à s’assourdir /R/ roulé ou tendant vers [x] accent frappant l’initiale des mots

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Quelques accents régionaux

Accent méridional e muet (ou schwa) souvent prononcé ( influence sur la prosodie) réduction du nombre des oppositions de timbre pour les voyelles

moyennes ( épée et épais, côte et cote homophones) schibboleths comme rose ou jaune prononcés avec un [] ouvert voyelles partiellement nasalisées et suivies d’un élément

consonantique nasal bien audible

Accent alsacien consonnes sonores tendant à s’assourdir /R/ roulé ou tendant vers [x] accent frappant l’initiale des mots

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Quelques accents régionaux

Accent méridional e muet (ou schwa) souvent prononcé ( influence sur la prosodie) réduction du nombre des oppositions de timbre pour les voyelles

moyennes ( épée et épais, côte et cote homophones) schibboleths comme rose ou jaune prononcés avec un [] ouvert voyelles partiellement nasalisées et suivies d’un élément

consonantique nasal bien audible

Accent alsacien consonnes sonores tendant à s’assourdir /R/ roulé ou tendant vers [x] accent frappant l’initiale des mots

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Quelques accents régionaux

Accent belge ///, par exemple dans huit, prononcé [w] // ouvert en fin de mot comme sot ou pot,

/o/ fermé devant // (un // qui tend vers une sorte de [χ] sourd) voyelles (notamment les voyelles nasales) fréquemment allongées

en avant-dernière syllabe précédant une pause

Accent suisse prononciation ouverte d’un mot comme et [] maintien de l’opposition patte~pâte et des oppositions de durée

comme bout~boue, vit~vie, voit~voie, bleu~bleue voyelle longue (parfois diphtonguée) dans le mot avec un e final

tendance à l’accentuation initiale

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Quelques accents régionaux

Accent belge ///, par exemple dans huit, prononcé [w] // ouvert en fin de mot comme sot ou pot,

/o/ fermé devant // (un // qui tend vers une sorte de [χ] sourd) voyelles (notamment les voyelles nasales) fréquemment allongées

en avant-dernière syllabe précédant une pause

Accent suisse prononciation ouverte d’un mot comme et [] maintien de l’opposition patte~pâte et des oppositions de durée

comme bout~boue, vit~vie, voit~voie, bleu~bleue voyelle longue (parfois diphtonguée) dans le mot avec un e final

tendance à l’accentuation initiale

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Quelques accents régionaux

Accent belge ///, par exemple dans huit, prononcé [w] // ouvert en fin de mot comme sot ou pot,

/o/ fermé devant // (un // qui tend vers une sorte de [χ] sourd) voyelles (notamment les voyelles nasales) fréquemment allongées

en avant-dernière syllabe précédant une pause

Accent suisse prononciation ouverte d’un mot comme et [] maintien de l’opposition patte~pâte et des oppositions de durée

comme bout~boue, vit~vie, voit~voie, bleu~bleue voyelle longue (parfois diphtonguée) dans le mot avec un e final

tendance à l’accentuation initiale

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Quelques accents régionaux

Accent belge ///, par exemple dans huit, prononcé [w] // ouvert en fin de mot comme sot ou pot,

/o/ fermé devant // (un // qui tend vers une sorte de [χ] sourd) voyelles (notamment les voyelles nasales) fréquemment allongées

en avant-dernière syllabe précédant une pause

Accent suisse prononciation ouverte d’un mot comme et [] maintien de l’opposition patte~pâte et des oppositions de durée

comme bout~boue, vit~vie, voit~voie, bleu~bleue voyelle longue (parfois diphtonguée) dans le mot avec un e final

tendance à l’accentuation initiale

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Quelques accents régionaux

Accent belge ///, par exemple dans huit, prononcé [w] // ouvert en fin de mot comme sot ou pot,

/o/ fermé devant // (un // qui tend vers une sorte de [χ] sourd) voyelles (notamment les voyelles nasales) fréquemment allongées

en avant-dernière syllabe précédant une pause

Accent suisse prononciation ouverte d’un mot comme et [] maintien de l’opposition patte~pâte et des oppositions de durée

comme bout~boue, vit~vie, voit~voie, bleu~bleue voyelle longue (parfois diphtonguée) dans le mot avec un e final

tendance à l’accentuation initiale

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Quelques accents régionaux

Accent belge ///, par exemple dans huit, prononcé [w] // ouvert en fin de mot comme sot ou pot,

/o/ fermé devant // (un // qui tend vers une sorte de [χ] sourd) voyelles (notamment les voyelles nasales) fréquemment allongées

en avant-dernière syllabe précédant une pause

Accent suisse prononciation ouverte d’un mot comme et [] maintien de l’opposition patte~pâte et des oppositions de durée

comme bout~boue, vit~vie, voit~voie, bleu~bleue voyelle longue (parfois diphtonguée) dans le mot avec un e final

tendance à l’accentuation initiale

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Pour une linguistiquede corpus oraux

Entreprises de collecte de grands corpus oraux

+ progrès réalisés en traitement automatique de la parole

= approche expérimentale du langage, épistémologie de la mesure

produire des connaissances objectives

But : caractériser des accents et des styles de parole à travers des traits de prononciation que l’on est capable

de mesurer au moyen de la synthèse et de la reconnaissance de la

parole

42

Corpus PFC

20 points d’enquête analysés 6 en France d’oïl (français plutôt « standard ») 5 dans le sud de la France 1 en Alsace 3 en Belgique 1 en Suisse romande (canton de Vaud)

4 en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal)

Plus de 200 locuteurs, 50 heures de parole transcrites lecture d’un texte de 400 mots (≈ 3 minutes/locuteur) parole spontanée (≈ 13 minutes/locuteur)

France et périphérie

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Corpus PFC : Europe

Enquêtes [Durand et al., 2003, 2005, 2009] faisant suite à la grande enquête phonologique de Walter [1982] couvrant la diversité du français sur un vaste territoire à travers des locuteurs ancrés dans leur lieu de résidence

(≈ 10 par point d’enquête)

Points d’enquête analysés en France, Suisse et Belgique

44

Corpus PFC : Afrique

Français parlé dans nombre de pays africains

Questions Une forme commune d’ « accent africain » émerge-t-elle, quand

bien même les locuteurs auraient des langues premières et des environnements linguistiques distincts ?

Quelles sont les différences phonétiques entre les variétés de français parlées en Afrique ?

Wolof (langue accentuelle parlée au Sénégal) peut-être plus différent des autres langues (tonales) est-ce qu’on retrouve ce contraste dans les différentes variétés de français ?

45

Corpus FCL2 (français en contact et langue seconde)

Accents étrangers allemand anglais arabe espagnol italien portugais

comparés avec le français natif de jeunes locuteurs d’Île-de-France (= région parisienne)

84 locuteurs, 15 heures de parole transcrites lecture du même texte PFC lecture de la fable La bise et le soleil (texte de l’API)+ parole spontanée (6 minutes de parole transcrites)…

(locuteurs de 26 ans, arrivés en France depuis 18 mois en moyenne)

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Corpus FCL2 (français en contact et langue seconde)

Accents étrangers allemand anglais arabe espagnol italien portugais

comparés avec le français natif de jeunes locuteurs d’Île-de-France (= région parisienne)

84 locuteurs, 15 heures de parole transcrites lecture du même texte PFC lecture de la fable La bise et le soleil (texte de l’API)+ parole spontanée (6 minutes de parole transcrites)…

(locuteurs de 26 ans, arrivés en France depuis 18 mois en moyenne)

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Méthode

Expériences perceptives accents régionaux de la France et de sa périphérie accents ouest-africains accents étrangers

(allemand, anglais, arabe, espagnol, italien, portugais)

Analyses acoustiques tirant parti de l’alignement automatique en phonèmes pour tracer des triangles vocaliques pour extraire des patrons mélodiques pour quantifier des réalisations de phonèmes

(ex. [b]~[v], [R]~[r])

48

Alignement automatique

modèles acoustiques

Alignementsegmentation en phonèmes

signal

dictionnaire de prononciation avec variantes

transcription orthographique

49

Accents régionaux : expériences perceptives

2 séries de tests perceptifs sur les accents régionaux de la France et sa périphérie fondés sur 6 points d’enquête dont 3 du Midi,

(Sud-Ouest, Sud, Sud-Est) impliquant 25 auditeurs d’Île-de-France et 25 auditeurs de Provence

fondés sur 7 points d’enquête dont 3 de Belgique (Ouest, Centre, Est), impliquant 25 nouveaux auditeurs d’Île-de-France et 25 de Belgique francophone

(3 points d’enquête en commun entre les deux)

52 locuteurs au total, avec pour chacun une même phrase lue un extrait de parole spontanée (une dizaine de secondes)

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Accents régionaux : expériences perceptives

2 séries de tests perceptifs sur les accents régionaux de la France et sa périphérie fondés sur 6 points d’enquête dont 3 du Midi,

(Sud-Ouest, Sud, Sud-Est) impliquant 25 auditeurs d’Île-de-France et 25 auditeurs de Provence

fondés sur 7 points d’enquête dont 3 de Belgique (Ouest, Centre, Est), impliquant 25 nouveaux auditeurs d’Île-de-France et 25 de Belgique francophone

(3 points d’enquête en commun entre les deux)

52 locuteurs au total, avec pour chacun une même phrase lue un extrait de parole spontanée (une dizaine de secondes)

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Accents régionaux : tâches des tests perceptifs

Évaluer le degré d’accent sur une échelle 0 (pas d’accent) 5 (très fort accent)

Identifier l’origine géographique des locuteurs choix forcé parmi 6 possibilités dans la première série de tests choix forcé parmi 7 possibilités dans la deuxième série de tests

À travers une interface conviviale courte phase de familiarisation test proprement dit (stimuli présentés dans un ordre aléatoire)

52

Accents régionaux : résultats perceptifs

Résultats de la tâche d’identification pas d’effet significatif du style de parole (lu/spontané) pas de différence significative entre auditeurs franciliens et

provençaux différence significative entre auditeurs franciliens et belges 43 % (sur 6 points) et 40 % (sur 7) d’identification correcte confusions fréquentes entre les 3 points du Midi

et entre les 3 points de Belgique

recherche de traits discriminants pour 5 variétés de français (oïl, Sud, Alsace, Belgique, Suisse)

53

Accents régionaux : analyses acoustiques

Formants des voyelles orales

taux de voisement F0 et intensité (+ durée)

analyse de l’accentuation initiale et de l’allongement pénultième

Variantes de prononciation liées aux accents régionaux schwa (maintien ou élision autorisés) voyelles nasales (ex. entier [, , ]) consonnes (dé)voisées (ex. Beaulieu [boljø, poljø]) réalisation du /R/ (ex. car [, , ]))

54

Accents régionaux : analyses acoustiques et classification

15 traits (relativement robustes entre lecture et parole spontanée) donnés en entrée à des classifieurs formants paramètres prosodiques variantes de prononciation

Résultats par validation croisée SVM : 72 % de classification correcte en 5 classes arbres de décision : 59 % de classification correcte pourcentage d’appendices nasaux (Sud),

dévoisement des consonnes sonores (Alsace), F2 // (oïl), accentuation initiale (Suisse)

= traits les plus discriminants

55

Accents régionaux : discussion

Apports méthodologiques perception

(en lien, entre autres, avec l’origine géographique des auditeurs) mesures instrumentales sur de grands corpus classification automatique

Extension de l’ensemble d’attributs, linguistiquement motivés ou moins contrôlés, à hiérarchiser

56

Accents ouest-africains

Corpus : 52 locuteurs parlant français enregistrés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal 20 locuteurs sélectionnés pour une expérience perceptive

Identification perceptive du pays de résidence (tâche similaire aux expériences précédentes) 20 auditeurs ouest-africains

Résultats : 63 % d’identification correcte (sans effet majeur du style de parole lu/spontané) locuteurs sénégalais et ivoiriens les mieux identifiés

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Accents ouest-africains

Corpus : 52 locuteurs parlant français enregistrés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Sénégal 20 locuteurs sélectionnés pour une expérience perceptive

Identification perceptive du pays de résidence (tâche similaire aux expériences précédentes) 20 auditeurs ouest-africains

Résultats : 63 % d’identification correcte (sans effet majeur du style de parole lu/spontané) locuteurs sénégalais et ivoiriens les mieux identifiés

58100 50 0 -50 -100

-10

0-5

00

50

10

0

Burkina Faso

Côte d'Ivoire

Mali

Sénégal

Accents ouest-africains : identification perceptive

Échelonnement multidimensionnel représentation de l’espace perçu

Sénégal isolé

59

Accents ouest-africains : analyses acoustiques

Analyse de la lecture du texte PFC prosodie (patrons mélodiques sur les polysyllabes) réalisation du /R/ (dorsal, apical, labialisé ou élidé)

Résultats : indices discriminant les accents sénégalais : patrons mélodiques descendants (HiL) davantage de /R/ dorsaux ivoirien : patrons mélodiques LiH davantage d’élision/labialisation du /R/

Études plus approfondies nécessaires pour trouver des traits caractérisant les accents du Burkina

Faso et du Mali sur la parole spontanée

60

Accents ouest-africains : discussion

Analyse de la lecture du texte PFC prosodie (patrons mélodiques sur les polysyllabes) réalisation du /R/ (dorsal, apical, labialisé ou élidé)

Résultats : indices discriminant les accents sénégalais : patrons mélodiques descendants (HL) davantage de /R/ dorsaux ivoirien : patrons mélodiques LiH davantage d’élision/labialisation du /R/

Études plus approfondies nécessaires pour trouver des traits caractérisant les accents du Burkina

Faso et du Mali sur la parole spontanée

wolof (langue à accent initial dominante au Sénégal) transfert

français en voie d’appropriation en Côte d’Ivoire

61

Accents étrangers : expériences perceptives

2 expériences fondées sur des locuteurs, parlant français, de 6 L1 (allemand, anglais, arabe, espagnol, italien, portugais) de 7 L1 (les mêmes + le français langue maternelle)

(impliquant chacune 25 auditeurs d’Île-de-France)

Locuteurs différents entre les deux expériences en parole spontanée ( 10 secondes) dans l’expérience 6 L1 en lecture ( 1 minute, texte de l’API) dans l’expérience 7 L1

Test préliminaire sur les accents maghrébins (texte PFC) difficulté à identifier l’origine marocaine, algérienne

tunisienne des locuteurs

62

Accents étrangers : identification perceptive

Résultats globalement similaires entre les deux expériences 52 % d’identification correcte dans l’expérience 6 L1 60 % d’identification correcte dans l’expérience 7 L1

(54 % si l’on exclut les locuteurs français)

recherche d’indices discriminant ces 7 L1 analyses acoustiques des textes PFC et API

(lus par 84 locuteurs au total)

63

Accents étrangers : analyses acoustiques

Des dizaines de traits mesurés formants de voyelles durée et voisement de consonnes indices prosodiques variantes de prononciation (ex. [b]~[v], [s]~[z])

Sélection automatique des 15 meilleurs

64

Accents étrangers : classification

Résultats par validation croisée 63 % d’identification correcte en moyennant les résultats de 20

algorithmes de classification (dont les SVM et les arbres de décision)

69 % en appliquant un vote majoritaire

Traits discriminants dévoisement des occlusives sonores pour les accents allemand

et anglais mouvement de /e/ vers [i] pour l’accent arabe confusions /b/~/v/ et /s/~/z/ pour l’accent espagnol « r roulé » pour l’accent italien fermeture et postériorisation du schwa pour l’accent portugais

65

Étude d’accents étrangers en français, perceptivement distinguables par des auditeurs natifs

Mesure de l’importance relative de différents indices

Accents étrangers : discussion

66

Accent de banlieue

Accent social souvent associé à l’origine des locuteurs, notamment du Maghreb prudence nécessaire

Particularités de prononciation palatalisation/affrication de /t/ et /d/

devant les voyelles antérieures hautes chute mélodique abrupte (HL) sur la syllabe finale,

avant une frontière prosodique

Question : est-ce que la présence/absence de ce patron prosodique augmente/diminue l’impression d’accent ?

expérience perceptive utilisant la modification et resynthèse de la prosodie

67

Accent de banlieue : évaluation perceptive

Corpus 11 adolescents de la banlieue rouennaise enregistrés lors

d’entretiens semi-directifs pour chacun, séquences d’une dizaine de secondes

prosodiquement marquées et non-marquées (i.e. présentant des chutes HL ou non), rendues respectivement non-marquées et marquées par synthèse

Tâche (soumise à 20 auditeurs d’Île-de-France et 20 auditeurs de Normandie) évaluer le degré d’accent sur une échelle (de 0 à 5) pointer les mots marqués par l’accent de banlieue

Résultats pas de différences significatives entre Franciliens et Normands contribution significative de la prosodie

68

Accent de banlieue : évaluation perceptive

Corpus 11 adolescents de la banlieue rouennaise enregistrés lors d’entretiens semi-

directifs pour chacun, séquences d’une dizaine de secondes prosodiquement

marquées et non-marquées (i.e. présentant des chutes HL ou non), rendues respectivement non-marquées et marquées par synthèse

Tâche (soumise à 20 auditeurs d’Île-de-France et 20 auditeurs de Normandie) évaluer le degré d’accent sur une échelle (de 0 à 5) pointer les mots marqués par l’accent de banlieue

Résultats pas de différences significatives entre Franciliens et Normands contribution significative de la prosodie

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Accent de banlieue : évaluation perceptive

Corpus 11 adolescents de la banlieue rouennaise enregistrés lors d’entretiens semi-

directifs pour chacun, séquences d’une dizaine de secondes prosodiquement

marquées et non-marquées (i.e. présentant des chutes HL ou non), rendues respectivement non-marquées et marquées par synthèse

Tâche (soumise à 20 auditeurs d’Île-de-France et 20 auditeurs de Normandie) évaluer le degré d’accent sur une échelle (de 0 à 5) pointer les mots marqués par l’accent de banlieue

Résultats pas de différences significatives entre Franciliens et Normands contribution significative de la prosodie

70

Conclusion Accents = réalité complexe

parfois délaissée pour des raisons théoriques nécessitant de collecter des enregistrements de qualité problème pratique : analyse phonétique exigeante en outillage

Étude de variétés de français à partir de grands corpus de parole, à l’aide du traitement automatique modélisation par la machine des accents (et de leur

perception) quantification de tendances connues et moins connues

/ \voyelles nasales, schwa phénomènes

prosodiques

dimension sociale quelque peu négligée

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Perspectives

Application à d’autres accents (notamment sociaux) cerner la notion de prototype

Étude approfondie du français en contact

Application à la reconnaissance de la parole pour en diminuer le taux d’erreur pour obtenir une transcription automatique enrichie avec

l’origine et le degré d’accent des locuteurs

Mêmes questions, en partie, pour les accents, les styles voire les attitudes et les émotions articulation avec la parole expressive

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Remerciements

Merci à Martine Adda-Decker, Cécile Woehrling, Béatrice Akissi Boutin, Bianca Vieru et Iryna Lehka-Lemarchand pour leur contribution

Merci à Isabelle Racine, Jean-Philippe Goldman et Helene Andreassen pour leurs enregistrements

Merci pour l’invitation et pour votre attention

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