actu'elle n° 02 septembre 2013

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Magazine féminin basé au Sénégal

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SOMMAIRE

6 EditoSOCIETE 8 Ici & ailleurs12 Femmes d’Afrique d’hier et d’aujourd’hui: le combat continue16 Polygamie, un choix de vie complexe20 A la rencontre de Yacine Diaw

Santé & bien être

24 Dépigmentation: attention danger26 Cocktail énergétique au naturel28 Recettes de grand-mère

SHOPPING30 Sac ô mon sac 31 Toutes en hauteur59 - 60 La rentrée scolaire

Beauté34 Nappy Hair: heureuse et belle au naturel38 - 41 Ma trousse de beauté rentrée

Mode44 Infos mode46 Cultivez votre style, cultivez votre différence by Natacha Baco48 African chic attitude53 C’est la rentrée!

Evasion62 L’archipel du Cap-Vert66 Coin du chef : recettes à l’italienne68 Rentrée littéraire70 Roman : Une énigme trop sensible74 Carnet d’adresses

Directeur de publication: Nadir Mouaqit - Rédactrice en chef: Samia Ndour - Assistance en rédaction: nadia.N - Secrétaire commerciale: Aminata Dia - Photographe: Erick-Christian Ahounou - Laure Malécot - Commerciale: Suzanne Ndao - Direction commerciale & marketing: Rama Fofana - Maquettiste designer: Nadir Mouaqit - Distribution: Iddesign & communicationOnt collaboré à la rédaction de ce numéro : Diana Malik - Laure Malécot - Leïla Jaam -Aissata KamaraACTU’ELLE est édité par IDDESIGN&COMMUNICATION S.A.R.L .Almadies extension 15, lot N°63 Appt 2.RC: SN DKR - 2013 -B -1567. N.I.N.E.A: 004732617 2Y2.TEL/FAX: +221 33 868 16 55. ISSN:2337_1501.

Notre couverture:Portrait Yacine Diaw

Photo Erick-Christian AhounouStyliste Yacine Diaw

Make up & coiffure: Mariam

Septembre 2013

African

chic attitude

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PolygamieUN CHOIX DE VIE

COMPLEXE

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EDITO

Vous avez été nombreuses à nous faire part de votre en-thousiasme et de vos remarques. Forte de vos encou-ragements et attentive à vos attentes, l’équipe de ré-daction vous a concocté un savoureux mélange tonifiant

pour cette rentrée 2013/2014.

Au menu, de nouvelles rubriques : hommage aux Femmes d’ac-tion d’hier et d’aujourd’hui, la mode afro depuis Paris et le premier épisode de votre roman « Une énigme trop sensible ». Actu’elle aborde aussi des sujets polémiques comme la polygamie dont nous exposons ici divers aspects.

Notre rencontre de ce mois est fraîche et douce comme sa voix. Yacine Diaw, du groupe Yé se lance aussi dans un stylisme original et prône la beauté au naturel.

Naturel ! Ce mot pourrait être le leitmotiv de ce numéro : recettes de beauté, cocktails énergétiques, soins de la peau et des che-veux, protection contre les insectes…

« Sodade, sodade ! » chantonne Césaria, la Diva aux pieds nus, nous invitant à une échappée belle chez notre voisin de l’Atlan-tique, Cabo Verde.

Africaine et chic, naturelle et belle, c’est la Femme Actu’elle !!!

Chaque mois, nous serons le reflet de votre mode, de votre santé et de la vie culturelle sénégalaise et porterons fidèlement notre attention aux problèmes de société qui vous préoccupent. Vous êtes notre plus belle motivation.Samia Lame

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SOCIETE 8 ICI & AILLEURS

10 Femme d’Afrique: Le combat continue

14 Polygamie

18 a la rencontre de yacine diaw

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SOCIETE: ICI & AILLEURS

Une femme accouche 15 heures après avoir découvert qu’elle était enceinte

En Angleterre une femme de 41 ans faisait du shoping avec son partenaire, soudain prise de violentes crampes à l’estomac, elle se rend chez son mé-decin qui lui annonce qu’elle était enceinte de huit mois. Emmenée à l’hôpi-tal, elle donne naissance à une petite fille, seulement 15 heures après avoir découvert qu’elle attendait un bébé. Pour un choc ca l’est !www.gazia.fr

ZIMBABWE : 5 DOLLARS PAR CRI LORS DE L’ACCOUCHEMENT !!!!!!!!

Un hôpital zimbabwéen fait une déclaration aussi accablante qu’insolite. Les femmes enceintes écopent d’une amende de 5 dollars pour chaque cri poussé lors de l’accouchement. Une nouvelle qui va attiser les foudres des féministes, et des instances internationales. Une taxe qui aurait pourobjectif de limiter le nombre de cris des femmes qui accouchent. Les femmes qui ne peuvent pas payer leurs factures lors de leur hospitalisation sont parfois détenues à l’hôpital avec des intérêts, jusqu’à ce que leurs familles payent l’addition.www.afrik.com

Sol, un ordinateur portable solaire conçu pour l’Afrique

L’entreprise de télécommunications canadienne Wewi a annoncé la commercialisation prochaine de « Sol », le premier ordinateur portable entièrement alimenté à l’énergie solaire. Le but : proposer aux pays en développement un outil pouvant fonctionner dans des conditions ex-trêmes et ainsi palier au difficile accès à l’électricité de certaines régions.www.rfi.fr

POUPEE MAKEDAA

Makedaa, dite aussi reine de Sabha, était une reine éthiopienne forte, puissante et magni-fiquement belle. Dans un contexte de revalori-sation de l’identité chez les petites filles dans un monde multiculturel, «Makedaa » devient le symbole de l’acceptation et de l’identification positive d’une beauté reconnue et incontestable. En effet, une fillette s’attache dès son plus jeune âge à ce qui lui ressemble du point de vue de l’appartenance, ce qui lui permettra par la suite de développer un amour indéfectible d’elle même indispensable à sa réalisation personnelle. Bien plus qu’une poupée, « Makedaa » réveille la reine qui sommeille en chacune de ses princesses et reflète toutes se forces.wwwww.poupee-makedaa.com

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SOCIETE: ICI & AILLEURS

UNE FEMME COMMISSAIRE DE POLICE : PREMIERE AU SENEGAL !!!!!Anna Semou Faye est la nouvelle directrice de la police nationale. Sa nomination à la tête de la police est une première dans l’histoire de la police sénégalaise. Née le 14 Avril 1958, mariée et mère de deux enfants Anna Semou Faye est titulaire d’une maitrise en droit, diplômée en ges-tion de la sécurité urbaine et de crise. Elle a occupé plusieurs postes de responsabilités dans la police.www.lequotidien.sn

LA SUPER-HEROINE BURKA AVENGER TERRASSE LES ISLAMISTES RADICAUX

BURKA AVENGER (Vengeresse en Burka) est une première série télé d’animation en trois dimensions de l’Histoire du Pakistan. Un dessin animé qui permettra de découvrir l’héroïne Jiya une institutrice qui combat l’illettrisme chez les jeunes filles et lutte contre l’ignorance et la tyrannie des islamistes radicaux. BURKA AVENGER a été créée par AARON HAROON RASHID, un chanteur pop

Lutte contre l’apartheid : l’Afrique du Sud

rend hommage aux femmes

L’Afrique du Sud a célébré, le 09 aout 2013, la journée des femmes sud-africaines. L’occasion de revenir sur le rôle qu’elles ont eu dans la lutte contre l’Apartheid. Une journée éga-lement attribuée à l’égalité des droits. La journée commémore la marche des femmes du 9 août 1956 à Pretoria, lorsque des milliers de sud-africaines avaient déferlé sur le gouvernement de l’Apartheid demandant l’égalité.www.rfi.fr

Mali: UNE GRANDE MERE MORTE SE REVEILLE A SON ENTERREMENT ET SEME LA PANIQUE: 68 BLESSES

La vieille Ramata a été retrouvée, gisant « sans vie » sur son lit, avant même la confirmation du décès par un

médecin, les voisins avaient envahi la maison mortuaire. La foule était bien nombreuse au rendez-vous funèbre. Et, les personnes indiquées s’affairaient autour du corps, quand, la «morte» d’une voie faible, demanda qu’on l’aide à se relever. Eh bien devinez la suite Il ne restait à côté de la revenante, que des paires de chaussures, des pagnes, voiles et chapelets. Voyant toute la foule déguerpir, la vieille femme paniquée, a pu, on ne sait par quel miracle, se débarrasser de sa couverture et prendre elle aussi, ses jambes au cou. Le bilan de la panique: 40 femmes évanouies, 28 autres piétinées par les fuyards. Ce sera grâce à l’intervention d’un médecin du coin, que les gens ont été rassurés qu’il ne s’agissait point d’un fantôme, mais bel et bien de la vieille Ramata. Celle-ci, à la suite d’une attaque de diabète avait cessé de respirer et s’était alors effondrée, inconsciente. Actuellement, la vieille femme se porte à merveille. www.maliactu.net

C’est confirmé, les femmes ont unemeilleure mémoire que les hommes

Une chercheuse américaine a démontré ce que toute la gent féminine pense tout bas: les femmes ont une meilleure mémoire que les hommes. Des travaux plus poussés sont désormais nécessaires pour comprendre le mécanisme cérébral impliqué dans cette différence.www.futura-sciences.com

Google Translate ajoute cinq langues africaines Le géant moteur de recherche Google prévoit d’ajouter le Somali, l’Igbo, le Haoussa, le Yoruba et le Zoulou à sa liste d’options de langues sur Goo-gle Translate, son service de traduc-tion automatique. Cet ajout viendrait compléter les 71 langues déjà présentes sur le service de traduction, précise le site The Guardian.

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SOCIETE: ICI & AILLEURS

une première dans l’histoire de la République islamique D’IRAN: une femme nommée porte-parole du ministère des affaires étrangères

Le ministère iranien des Affaires étrangères a nommé le mercredi 28 août, une diplomate de car-rière, Marzieh Afkham.Marzieh Afkham, a travaillé au sein du mi-

nistère depuis près de trente ans, était depuis 2010 la directrice du Département des médias et de la diplomatie publique, «Elle a l’expérience de la diplomatie des médias», www.almanar.com.lb

Marrakech, capitale mondiale de l’entrepreneriat féminin.

Les «femmes entrepreneures» : des valeurs sûres pour une perfor-mance durable». C’est le thème autour duquel se sont données rendez-vous, à Marrakech du 25 au 29 septembre, des centaines de femmes membres et amis de l’as-sociation «Femmes chefs d’entreprises mondiales» (FCEM). Ce grand événement, qui se trouve être le 61e congrès annuel de l’association et qui aura lieu sous le Haut Patronage de S.M. le Roi, est organisé cette année par l’Association des FCEM à la suite d’un vote quasi unanime en faveur du Maroc, face à la candidature de la Croatie et de Taiwan (ce pays pourra l’organiser l’année prochaine). L’enjeu de l’organisation du Congrès international des FCEM à Marrakech est de «réunir les femmes d’entreprises du monde qui pourront ainsi partager leurs expériences professionnelles, les meilleures pratiques de gouvernance des entreprises, leurs échecs aussi… C’est l’occasion également pour développer des réseaux d’affaires», déclare au «Matin» Laila Miyara, présidente de l’AFEM (Association des femmes chefs d’entreprises). Selon elle, le Maroc se présente aujourd’hui comme le pays le plus stable, politiquement, dans la région. De même qu’il reste un pays moderne et ouvert à toutes les cultures.www.LeMatin.ma

Adama Paris présentation BFW

Durant la Haute Couture Parisienne, Paris va accueillir pendant une semaine la crème des stylistes de la diaspora noire, pour la 1ere édition de BLACK FASHION WEEK PARIS.

Cette semaine va célébrer la mode en révélant les richesses culturelles de la diaspora noire. Au-delà des défilés qui permettront de découvrir les stylistes, il s’agira de montrer l’existence d’une vraie influence Black dans la mode.

De par son passé, la France et notamment Paris est le lieu idéal pour rassembler les créateurs noirs, et combler les lacunes qui existent dans le monde de la mode en France où très peu de stylistes noirs sont plébiscités.

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SOCIETE: ICI & AILLEURS

Alors que nous nous apprêtons à imprimer ce numé-ro, nous apprenons que pour la deuxième fois dans l’Histoire du Sénégal, une femme est nom-mée chef du gouvernement. Le résumé du parcours de :

Aminata Touré, premier Ministre

Aminata Touré, 50 ans, née le 12 octobre 1962 à Dakar, fille d’un médecin et d’une sage-femme, est une fervente militante des droits de l’Homme, active tant pour les conditions de la femme que pour une justice égale pour tous. Elle est gratifiée par cette nomination de la confiance du Président Macky Sall. Le choix de ses ministres est bien entendu décisif pour l’action gouvernementale, mais le parcours et les positions intègres de celle que les sénégalais nomment affectueusement « Mimi Touré » peuvent laisser augurer tout

au moins une amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants, et donc, de toute la population. Après un parcours scolaire exemplaire, de Tambacounda, à Kaolack, puis Dakar et finalement la France, elle est titulaire de nombreux diplômes : lauréate du concours général en économie , Maîtrise d’économie (Dijon), DESS de gestion des entreprises (Aix-en-Provence), PhD en Management financier international ( Paris).La politique, une passion précoceTrès tôt, à l’âge de 14 ans, elle commence à militer, et à l’université intègre rapidement les mouvements organisés de gauche, puis devient membre de la Ligue communiste des travailleurs (LCT). Lors de la campagne électorale de 1993, elle est la première sénégalaise à diriger une campagne, celle de Landing Savané.HumanitaireEngagée dans la lutte humanitaire, notamment la planification familiale et la santé de la reproduction, d’abord localement comme Directrice des Programmes de l’Association Sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef)), elle va aussi circuler dans la sous-région pour , à partir de 1995, le Fonds des Nations Unies pour la population(FNUAP), puis comme conseillère technique principale au ministère de la Famille et de l’Action sociale du Burkina Faso, ensuite en qualité de conseillère régio-nale du FNUAP pour les pays africains francophones, et coordinatrice du programme Genre et VIH en Afrique de l’Ouest pour le bureau régional du Fonds des Nations Unies pour la Femme. Elle est nommée directrice du département droit humain du FNUAP à New York en 2003, et quitte ce poste en 2010 pour devenir directrice du cabinet de Macky Sall. Une femme de justice et de pouvoir qui veut rester humble Elle succède ensuite à Cheikh Tidiane Sy en tant que ministre de la Justice dans le gouvernement Mbaye, et met tout en œuvre pour lutter contre la corruption, particulièrement en ce qui concerne les membres des gouvernements sous Abdou-laye Wade. Elle est divorcée d’Oumar Sarr, par ailleurs ministre pendant le quinquennat de Wade. Lors de sa nomination en tant que premier ministre, le 1er septembre 2013, elle a déclaré : « J’ai accepté ce poste avec humilité » et a félicité son prédécesseur Abdoulaye Mbaye pour le « très bon travail accompli ».

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Femmesd’afrique: le combat continue

La lutte pour les droits des femmes a commencé à être popularisée au début du siècle dernier, et continue encore aujourd’hui. Actu’elle met en lumière le parcours de deux personnalités hors du commun, qui ont consacré leur vie à démontrer que le féminisme n’est en fait qu’un humanisme qui comprend aussi les femmes, et que pour résoudre les problèmes et faire évoluer la socié-té, les femmes doivent être intégrées au débat citoyen. Amy Jacques Garvey, ja-maïcaine, a ouvert la voie à l’expression des afro-américaines et africaines sur les grands débats politiques, vingt ans avant Angela Davis et Rosa Parks. Bineta Diop, sénégalaise, œuvre pour que les femmes africaines participent aux processus de réconciliation après les conflits, depuis une vingtaine d’année.

Messieurs les hommes Noirs, regardez où vous marchez ! Les Reines de l’Ethiopie régneront à nouveau, et ses Amazones pro-tégeront ses rives et ses peuples. Si vous ne parvenez pas à avan-cer, alors ce sera à nous de vous conduire vers la victoire et la gloire Amy Jacques Garvey

SOCIETE: FEMMES D’AFRIQUE

Texte: Laure Malécot

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œuvrant pour leur autonomie. Amy Euphemia Jacques nait le 31 décembre 1895, à Kingston, la capitale, d’un père afro-descendant et d‘une mère métisse. Issue d’une classe moyenne privilégiée, elle apprend les rouages du système juridique dans un cabinet d’avocat où elle est secrétaire pendant quatre ans.

Union Amy débarque aux Etats-Unis en 1917, alors que la Première Guerre Mondiale, dans la-quelle de nombreux caribéens et afro-amé-ricains ont été enrôlés de force, fait rage en Europe. La révolution communiste russe vient de changer brutalement les données politiques internationales. L’anticolonialisme commence à gronder. La jeune Amy, qui en Jamaïque avait pour habitude d’être plutôt considé-rée comme « blanche », et plutôt nantie, est dans les rues de New York perçue comme « noire », et subit les affres d’un racisme

Amy Jacques Garvey, plus connue pour avoir consigné les écrits et discours de son mari, Marcus Garvey, a aussi mené un

combat personnel pour le droit à l’expression des femmes.En cette fin de XIXème siècle, la Jamaïque émerge doucement de la douloureuse période de l’esclavage. L’abolition, proclamée en 1834, effectivement appliquée qu’à partir de 1870, laisse la majeure partie des habitants sans aucune ressource ni terre. Seuls les planteurs sont dédommagés par la Couronne d’Angle-terre. Confrontés aux refus de leurs anciens esclaves de travailler pour eux, ils font venir une grande partie de la main d’œuvre d’Inde et de Chine, et des serviteurs occidentaux guère mieux traités que les anciens esclaves. Une classe moyenne se forme d’afro-descendants et de métisses rassemblés dans la difficulté,

violent. Elle vit dans le quartier de Harlem. Là, se réunissent, aux sons nouveaux du jazz, et du blues, des artistes, des activistes, des marins russes, irlandais, anglais, en escale au port de New York. Tous échangent des idées révolutionnaires, ou libérales lors de réunions ̀fiévreuses qu’Amy fréquente assidû ment. C’est dans une de ces réunions qu’elle rencontre Marcus Garvey, lui aussi jamaï-cain, orateur charismatique. Il a fondé une organisation internationale, l’UNIA (Universal Negro Improvement Association ), en 1914 avec sa première femme, Amy Ashwood. Cette organisation regroupera, au lendemain de la guerre, 6 millions de membres (1 100 sections dans 40 pays), renforcée par lesanciens combattants rescapés de la grande « boucherie » de retour en Amérique. Amers, ils constatent que la société est toujours aus-si raciste. Ils veulent enfin leurs droits à la citoyenneté pleine et entière.

Marcus Garvey, pour qui l’émancipation des Noirs passe par les médias, diffuse ses idées dans des réunions publiques, et par le biais d’un hebdomadaire, le Negro World. Ce jour-nal, interdit par les autorités coloniales, est pourtant distribué internationalement. Amy y initie, à 22 ans, la rubrique « Nos femmes et ce qu’elles pensent », un « courrier des lectrices » alors unique au monde. Les femmes y ex-priment pour la première fois leurs idées sur des sujets de société jusque-là réservés aux hommes. Loin d’être communiste, Marcus encourage la prise en main du capital par les Noirs. Il fonde donc la Negro Factories Corporation , dont Amy Jacques est la secrétaire attitrée avant de devenir sa secrétaire particulière. MarcusGarvey personnifie alors un mouvement mondial, qui tisse des ramifications économiques et politiques avec l’Afrique. En 1922, depuis quatre ans Secrétaire Générale de l’UNIA, Amy épouse Marcus, tout récem-

ment divorcé. Elle donne des conférences,insiste sur les droits des femmes, les encourage à s’engager dans le mouvement panafricain. Deux ans après son mariage, la nouvelle ré-dactrice en chef du Negro World est devenue une concurrente sérieuse pour son mari.

Un combat solidaire en solitaireMarcus Garvey, par l’intermédiaire de l’UNIA, a lancé une souscription pour l’achat de plusieurs navires qui assurent la liaison avec l’Afrique, en commençant par la Sierra Leone et le Libéria. Mais la Black Star Line fait faillite après l’incendie de son plus gros navire à Cuba. En 1923, La justice américaine condamne Marcus Garvey, à 5 ans de prison pour faux, usage de faux, et détournement de fond, . Amy sillonne le pays, organise sa défense, récolte des fonds pour sa libération. Elle retranscrit ses notes et celles de son époux, publie trois volumes de Philosophie et opinions de Marcus Garvey, par la suite cités comme référence par de nombreux leaders politiques et intellectuels des indépendances africaines. Marcus s’oppose à ce qu’elle prenne officiellement la direction de l’UNIA, alors qu’elle a exactement les capacités et la renommée adéquates. Elle riposte par des articles virulents dans le Negro World, y défend la capacité intellectuelle des femmes, leur potentiel à occuper des postes de direction. Marcus Garvey, libéré en 1927, est expul-sé des USA. Le couple rentre en Jamaïque. Amy démissionne de l’UNIA, puis de son poste de rédactrice en chef, pour se consacrer pleinement à sa famille à la naissance de leur deuxième fils. Marcus, discrédité, incapable de subvenir aux besoins de la famille, part en Angleterre, et décèdera, à Londres, seul et désavoué, en 1940.

Reconnaissanceinternationale Amy publie à nouveau, dans l’Afrique, jour-nal panafricain indépendantiste, anime le Cercle d’étude africaine du monde, fondé par son mari, organise des conférences pour la promotion des droits de tous les peuples, milite pour la reconnaissance d’états auto-nomes africains, construit un réseau panafri-cain soudé, d’intellectuels afro-américains et d’indépendantistes africains. En 1944, elle adresse aux représentants de l’ONU le “ corrélatif du protocole d’Afrique, des Antilles et des Amériques», leur demandant d’adop-ter une Charte de la liberté africaine, et au début des années 60, elle est invitée à visiter plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest

L’égalité pour tous passe par la promotion économique, l’éduca-tion, l’esprit d’entreprise, la sensi-bilisation aux activités politiques, et la responsabilité de sa propre condition . Amy Jacques Garvey

SOCIETE: FEMMES D’AFRIQUE

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indépendants. Elle publie en 1963 Garvey et Garveyism, et deux essais personnels : Le pouvoir Noir en Amérique, et L’impact de Garvey en Afrique. En 1971, elle est décorée de la médaille de Musgrave par l’Institut de Jamaïque. Amy Jacques Gar-vey décéde le 25 juillet 1973 dans sa ville natale. Une dizaine d’années après son décès, l’Institut Amy Jacques Garvey a été fondé, à Washington, et propose des programmes éducatifs, culturels, et de la formation, aux jeunes défavorisés. En Jamaïque, elle est célébrée comme une héroïne nationale.

Aujourd’hui Bineta Diop

Bineta Diop se bat sans relâche depuis vingt ans pour les droits des femmes, particulièrement en Afrique. La paix et le développement ne

peuvent, selon elle, exister sans l’appui, l’avis, la participation active des femmes. Bineta Diop, est une sénégalaise native de Guéoul, dans la région de Louga, et a grandi entre Diourbel et Touba. Elle est la fille de Marèma Lô, ancienne vice-présidente des femmes de l’Union Progressiste Sénégalaise et ancienne présidente des femmes de la région de Diourbel, une des premières militantes féministes africaines. Les quatre filles de la famille ont toutes été scolarisées et encouragées à poursuivre de longues études. Bineta se marie deux fois. De ces deux mariages sont nés une fille et un garçon. Son deuxième époux étant diplomate, elle suit ses nominations à Addis-Abeba puis à Paris, où elle poursuit ses études jusqu’à obtenir un diplôme de Commerce. En 1981, elle part seule avec ses deux enfants à Genève et est nommée assistante du Secrétaire Général de la Commission Internationale des Juristes, Niall Macdermot, qui deviendra son mentor.

Elle occupera, par la suite, le poste de coordinatrice de programme. Quelques années plus tard, elle obtient un diplôme en

«Ce sont les femmes qui subissent la violence des conflits et ce sont elles qui reconstruisent et qui font le travail de réconciliation. C’est pour cela que les femmes doivent faire entendre leurs voix lors des négociations.»

Bineta Diop, Conseil de Sécurité de l’ONU

communication et relations internationales, et poursuit des études d’anglais et d’espagnol. Pour l’égalité des genresBineta Diop a été la première femme africaine à avoir travaillé pour la Commission Interna-tionale des Juristes afin de soutenir le Groupe Consultatif, dirigé à l’époque par Kéba Mbaye . Elle a initié de nombreux programmes en direction des femmes, pour la paix et la sécurité. Ainsi, sous son impulsion a été créé un vaste mouvement de femmes en Afrique de l’Ouest, le Réseau des femmes du fleuve Mano pour la Paix, qui a reçu le Prix des Droits de l’Homme par l’Assemblée Générale des Nations Unies, en 2003. Bineta Diop a aussi beaucoup influencé l’adoption du principe de parité entre les sexes par la Commission de l’Union Africaine en 2003, suivi par la nomi-nation de cinq commissaires féminins, et la Déclaration Solennelle pour l’Egalité de Genre en Afrique en 2004. Elle a également participé au processus qui a abouti à la mise en place du Protocole de Maputo, le 11 juillet 2003, lors du second sommet de l’Union Africaine au Mozambique. C’est un complément à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples votée en 1986 dont Keba Mbaye est l’un des

pères fondateurs. Les articles de ce proto-cole précisent les dispositions nécessaires au respect des droits des femmes et des filles en Afrique. Par exemple, il interdit l’excision, ren-force les droits de la femme dans le mariage et en ce qui concerne la propriété de biens, les héritages.

Femmes Africa Solidarité. En 1996, Bineta Diop, en tant qu’activiste des droits des femmes, fonde l’ONG Femmes Africa Solidarité à Genève. Cette organisation milite pour la prise en compte du leadership des femmes dans la résolution des conflits en Afrique. Pour ce faire, l’organisation opère à deux niveaux : elle forme des femmes et interpelle les dirigeants pour faire changer les mécanismes existants. Ce deuxième aspect implique une surveillance des pays concer-nés mais également la remise de prix, tel que le Prix African Gender, lorsqu’une améliora-tion est constatée. Femmes Africa Solidaritéorganise ainsi des missions d’observationélectorale, de solidarité, et imposeprogressivement la participation de déléga-tions de femmes aux négociations de paix dans certains pays des grands Lacs, dans les processus de réconciliation au Burundi, enCentrafrique et au Liberia, en Sierra Leone, au Darfour, au Rwanda, au Soudan, et en République Démocratique du Congo, où le viol est devenu une véritable « arme de guerre». Femmes Africa Solidarité intervient aussi dans la formation de soldats de maintien de la paix sur les questions relatives aux droits de l’homme et de la femme. L’ONG a sesbureaux à Genève et à New York pourintervenir auprès des grandes organisations de la communauté internationale comme les Nations Unies, à Addis Abeba pour travailler auprès de l’Union Africaine et à Dakar pour coordonner la mise en œuvre des programmes en Afrique, car elle fédère aussi des associations de femmes déjà existantes. En outre, l’ONG a créé le Centre Pan Africain qui a mis en place, en collaboration avec l’Université de

SOCIETE: FEMMES D’AFRIQUE

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SOCIETE: FEMMES D’AFRIQUE

Dakar et l’University of Peace (UPEACE), un Master en genre et consolidation de la paix.

Femmes pour la paix et la sécuritéCo-présidente, avec Mary Robinson, du Panel de haut niveau sur la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU (pour la participation des femmes auxnégociations de paix), Bineta Diop est également membre du Conseild’administration de plusieurs organisations et vice-présidente du Comité des femmes de l’Union africaine, ainsi que membre de l’International Advisory Group de l’ONU femmes.Mme Diop est l’initiatrice du Prix African Gender, dont la dernière lauréate en 2011 est l’actuelle présidente du Libé-ria, Ellen Johnson Sirleaf. Bineta Diop lutte pour que la voix des femmes soit pris en compte dans l’organisation de la

société, les encourage à entrer en po-litique, veut inciter les gouvernements à leur faire une place. La cohésion sociale et le développement du continent Africain en dépendent. Pourtant, elle affirme ne pas avoir d’ambition politique pour elle-même. Les actions qu’elle mène avec son ONG et ses diverses responsabilités lui suffisent. Depuis sa mise en lumière par ce classement du Time Magazine (magazine américain), qui l’a classée dans les «100 personnalités les plus influentes du monde», les hommages rendus à son action se succèdent : l’University of Peace lui a décerné en 2012, le titre de Docteur «honoris causa» dans le domaine des études de la paix internationale, et la même année, à Genève, elle a reçu les insignes de la Légion d’Honneur française. En Suisse, elle a été classée parmi les 100 personnalités suisses de l’année 2012 par le magazine « L’hebdo » et a été récompensée d’un Swiss Award dans la catégorie « société civile ». Bineta Diop prépare actuellement un Doctorat au Centre d’études stratégiques de Paris. Le thème de son mémoire est : Femmes, paix et sécurité.

Amy Jacques Garvey , biographie : Le Garvey voilé: la vie et l’époque de Amy Jacques Garvey. de Ula Yvette Taylor, éd. University of North Carolina Press / Une sélection de textes tirés de Philosophie et Opinions a été traduite en français par Hélène Lee (Ed Carïbéennes)

Femmes Africa Solidarité:site internet : http://www.fasngo.org/index.html. Bureau régional pour l’Afrique : Immeuble Soumex Mamelles CP 45077 Dakar Fann. Sénégal Tel: (00 221) 33 869 81 06 . Email: [email protected]

« Les femmes sont les moteurs économiques de l’Afrique. En moyenne, elles travaillent deux fois plus d’heures productives que les hommes. Ce sont elles qu’il faut le plus inciter à construire la paix. Une approche fondée sur le genre en matière de prévention des conflits peut transformer le continent. Bineta Diop est à l’avant-garde de cette approche. »

Mo Ibrahim, Times Magazine

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Texte: Leïla JaamPhoto: EricK-Christian AHOUNOU

PolygamieUN CHOIX DE VIE

COMPLEXE

Au Sénégal, la polygamie concerne une grande partie de la population. Vécue différemment selon les couches sociales, elle semble être une solution pour certaines jeunes femmes, tandis que de plus en plus en contestent la pratique. Actu’elle fait le point sur les origines, les règles et lesopinions qui font débat sur ce sujet intime, et donc sensible.

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De la polygynie à la polygamie

Dans certaines sociétés, l’homme est autorisé à avoir plusieurs épouses. Avant que les règles de la polygamie n’en limitent le

nombre, un homme pouvait cumuler les mariages tant qu’il le souhaitait (polygy-nie). Encore de nos jours, dans les so-ciétés traditionnelles d’Afrique sub-saha-riennes par exemple, il n’est pas rare de trouver des chefs de village ou rois ma-riés à plus d’une vingtaine de femmes. Au Cameroun, certains rois bamilékés peuvent avoir jusqu’à une centaine d’épouses. Leur nombre est proportionnel à la richesse, et au pouvoir de l’homme. Femmes et enfants cultivent les terres, ainsi les villages s’étendent et prospèrent. Chaque femme avec ses enfants a son propre ensemble de cases, l’homme est Roi incontesté et tous sont à ses ordres. Une aubaine pour l’homme, moins pour les femmes souvent mariées très tôt par leurs familles. Elles ne connaîtront sou-vent jamais l’Amour et resteront esclaves toute leur vie. La polygamie, qui limite le nombre d’épouses à un maximum de quatre, est

légale dans ¼ des pays de la planète, ceux dans lesquels l’Islam est la religion la plus pratiquée.

Islam et polygamieLe verset coranique qui émet la possibilité de polygamie établit une condition stricte : « Si vous craignez, en épousant des orphelines, de vous montrer injustes envers elles, sachez qu’il vous est permis d’épouser en dehors d’elles, parmi les femmes de votre choix, deux, trois ou quatre épouses. Mais si vous craignez d’être injuste à l’égard de ces épouses, n’en prenez alors qu’une seule, libre ou choisie parmi vos esclaves. » Coran, Sourate IV, Les femmes, verset 3 . Pourquoi ces termes d’orphelines ou d’esclaves pour désigner les femmes ? A l’époque du Prophète Mohamed (PSL), au VIIème siècle, les guerres et batailles faisaient de nombreuses victimes dans les rangs des combattants. La plupart des femmes et filles étaient donc rapidement soit veuves, orphelines, ou captives du camp adverse, donc esclaves. Le mot « injuste » est repris deux fois dans ce verset, « si vous craignez d’être injuste » plus exactement. L’homme, qui doit redouter la colère divine, ne doit pas attendre d’être injuste. Il ne doit même pas se donner l’occasion de l’être. Le ver-

set 128 revient catégoriquement sur l’in-justice: «Vous ne pourrez jamais ne pas être injuste envers vos femmes, même si vous en êtes soucieux. Ne vous penchez pas tout à fait vers l’une d’elles, au point de laisser l’autre comme en suspens, ce qui est impossible.»

Cette insistance sur l’incapacité pour un homme à être véritablement juste envers plusieurs épouses est débattue entre traditionalistes et modernistes musulmans, souvent sous l’impulsion de femmes qui étudient précisément le Coran. La question en effet, à la lecture de ces deux versets, se pose même de savoir si l’Islam autorise ou pas la polygamie. Certains pays l’autorisent avec des restrictions. Au Maroc par exemple, le nouveau code de la famille stipule de-puis 2004 que pour épouser une seconde femme, l’époux doit avoir l’autorisation du tribunal, sur demande précisant un motif objectif justifiant le recours à une deuxième femme, et la situation matérielle de l’époux. La première femme doit donner son accord, et la future deuxième épouse doit être avisée et avoir donné, elle aussi, son accord.

Au Sénégal, le choix entre monogamie et polygamie se signale aux autorités dès la cérémonie du mariage. Il est définitif. Il peut être fortement suggéré par la famille et les amis de l’homme. Un des arguments qu’ils ne manqueront pas d’avancer : une femme sous le régime monogame pourrait se sentir trop sûre d’elle, devenir capricieuse, bien protégée de la concurrence ! Ainsi l’époux peut opter pour la polygamie d’une manière symbolique, sans forcément souhaiter l’appliquer, et sans se douter qu’en fait, cela donnera à la famille la possibilité d’imposer plus tard une épouse supplémentaire… Mais beaucoup d’hommes qui s’engagent à être polygames, et les familles qui les y encouragent, ne semblent pas avoir une conscience claire des obligations et devoirs qui reviennent à l’époux. Immaturité de l’homme, inconscience de sa famille ? Au quotidien, ils devront affronter les tensions humaines et économiques qui peuvent détruire à petit

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peut utiliser l’arrivée d’une nouvelle épouse pour aiguiser les attentions de la première, provoquer une concurrence dont il se pense bénéficiaire, mais qui peut bien vite tourner mal. Il pense alors sûrement à son confort, mais pense-t-il un instant à celui de ses épouses et de ses enfants, à leurs émotions ? «Il n’y a pas une seule femme capable d’être heureuse en imaginant son mari dans les bras d’une autre» a souligné avec virulence, à plusieurs reprises, dans ses interventions publiques, l’écrivaine sénégalaise Fatou Diome. En effet, même celles qui disent bien supporter leurs conditions dans un ménage poly-game, admettent finalement en souffrir émotionnellement. Lorsque toutes les épouses occupent un espace commun, la situation est encore plus difficile à vivre. Chacune est obligée de vivre pratiquement sans intimité. Les coépouses sont censées se considérer comme des sœurs, ce qui n’est

pas toujours évident. La nouvelle épouse est d’abord considérée comme une aide pour les tâches quotidiennes. Mais, dès que le mari montre une préférence (ou même que l’une d’elle le pense…), pour l’une des épouses ou pour l’un des enfants, ou que sa présence et celle de ses enfants fait abaisser le niveau de vie de la famille, les problèmes com-mencent. Les tensions entre coépouses peuvent être vives et miner le quotidien de tout leur entourage. La force de ca-ractère de chacune est durement mise à l’épreuve. Une coépouse peut faire plon-ger une autre dans la dépression, et ce jusqu’à ce qu’elle quitte le foyer. Malick, la trentaine, se souvient comment sa mère, première épouse de son père, a été chassée progressivement par sa coépouse : « Quand ma mère a fini par fuir la maison à force de harcèlement, elle ne m’a pas emmené car elle n’avait rien pour vivre si elle partait. J’ai subi pendant toute mon enfance les humiliations de la deuxième épouse de mon père. Il a eu trois autres épouses qu’elle traite comme ses esclaves parce qu’elle est la plus ancienne. »

L’irresponsabi-lité, facteur de sous-développement ? La polygamie est courante au Sénégal quel que soit le niveau de vie, mais c’est une lourde charge, particulièrement pour les faibles reve-nus. En effet, les familles polygames sont incontestablement les plus touchées par la pauvreté, même si les femmes travaillent autant que les hommes pour subvenir aux besoins. Dans la concurrence parfois féroce que se mènent les coépouses, la fécondité a son importance. Les enfants se multiplient, et le mari peut se retrouver vite chargé d’une grande famille, bien trop lourde pour ses moyens. Il se rassure en se disant que tous ces enfants garant-iront sa vieillesse. Mais souvent, tous les efforts ne suffisent pas à offrir un niveau de vie décent à toute la famille.La question se pose de manière cruciale quant aux motivations de ces hommes polygames qui n’ont déjà pas les moyens de subvenir aux besoins d’une famille monogame. En entrant dans les complexes rouages de la polygamie, ils multiplient charges et problèmes, et les

feu plusieurs vies dans une même traînée de conflits.

Coépouses, une difficile relation

Même pour une femme éduquée dans une famille polygame, l’arrivée d’une coépouse dans son foyer est un évènement de taille. Le quotidien de toute la famille est soudain bouleversé, irrémédiablement, et l’angoisse commence : « La relation avec mon époux va-t-elle changer ? » « Est-ce pour me faire comprendre que je ne suis pas assez prévenante, que quelque chose ne va plus entre nous ? » «Quelle attitude adopter avec ma coépouse pour que l’ambiance ne devienne pas insupportable ? » « Pourra-t-il assumer la dépense de tous ?»

« Woutal na la rak bouley diapale ci keur gui ! », « Je t’ai trouvé une sœur qui va t’aider dans la maison !», annonce, comme une bonne nouvelle ( !), le mari, à sa première épouse. La polygamie devient soudain concrète pour elle. Ce n’est tout à coup plus une éventualité, mais un acte posé, définitif, lourdement chargé de conséquences. Après des années de complicité à deux, cela peut être vécu comme un drame absolu, une rivalité insupportable, une manifesta-tion de désamour de la part du mari, une véritable trahison. Aminata, 60 ans, se souvient : « Après 25 ans de vie commune, mon mari a épousé une seconde femme, beaucoup plus jeune que lui. Quand il m’en a parlé, je l’ai supplié de ne pas le faire, mais il ne m’a pas écoutée. Nous avions déjà 5 enfants, il en voulait encore… Bien sûr, je pouvais m’y attendre car notre mariage avait été déclaré sous le régime de la polygamie. Mais comme il n’avait jamais parlé de passer à la pratique, pendant tout ce temps, je ne pensais pas que cela arriverait un jour. Je l’ai très mal vécu. Je me suis sentie humiliée, rabaissée. Je ne l’ai jamais accepté. A partir de ce moment là, je ne lui ai pratiquement plus adressé la parole.»

De l’aveu de nombreuses femmes rencontrées par Actu’elle, l’homme

46 pays autorisent la polygamie (sur 197) :Afghanistan /AlgérieBahreïn / Bangladesh /BéninBirmanie / Burkina FasoCameroun / République CentrafricaineComores /CongoDjiboutiÉgypte/ Émirats Arabes UnisGabon / GambieInde/ Indonésie/ Irak/ IranJordanieKoweïtLiban / Liberia /LibyeMalaisie/ Mali / MarocMauritanieNiger / NigeriaOman/ OugandaPakistanQatarSénégal /Sierra LeoneSomalie / Soudan / SyrieTanzanie / Tchad / TogoYémen

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conséquences peuvent être dramatiques. Certaines femmes, bien qu’admettant la polygamie, refusent d’entrer dans cette spirale de misère annoncée. Khadija, 32 ans, est une femme moderne, diplômée et active. La polygamie ne lui semble pas impossible à gérer, mais sous condition : « Je fréquente un homme de 35 ans déjà marié, mais je ne veux pas être sa seconde femme. Il est trop jeune, et n’a pas encore les moyens d’assumer plusieurs femmes».

La nouvelle génération, consciente de ses responsabilités, ne veut pas s’engager à la légère, comme Amadou, 25 ans : « Je suis né dans une famillepolygame, et pour moi c’est un fonctionnement normal. Mais même si je souhaiterais parfois pouvoir en avoir les capacités, je sais que, pour l’instant en tout cas, je n’ai ni les moyens financiers, ni la force morale pour assumer ! ». Mais tout dépend du seuil à partir duquel on définit le confort de chacun, et de sa propre définition du bonheur !

Répondre à une pression sociale

Au Sénégal, le célibat prolongé est considéré comme une anormalité suspecte. De plus, comme nous précise Dior : « De toute façon, est ce qu’on a le choix ? Les hommes monogames célibataires sont très rares ! ». Plus la femme avance en âge, plus c’est le cas. Alors, plutôt que de subir les regards et réflexions désobligeantes de la famille et de l’entourage, certaines concèdent à être coépouse et s’arrangent au mieux avec le quotidien pour en souffrir le moins possible.

Les traditions aussi encouragent la pratique de la polygamie : lorsqu’un homme, pressé par sa famille, épouse plus ou moins par obligation une pre-mière épouse, il peut dans un second mariage choisir, cette fois selon son cœur, une seconde épouse, sans pour autant abandonner la première. Et quand sa première épouse est un choix person-nel, les suivantes peuvent être imposées par la famille. La polygamie peut être aussi liée à des règles de vie tradition-nelles : les veuves sont encouragées à se remarier avec le frère ou l’ami du défunt,

par le donn, et le veuf à prendre la sœur de son épouse défunte comme épouse, par les pratiques du ubële. De plus, les tâches quotidiennes à accomplir pour le bien-être de la famille étant partagées entre les coépouses, certaines femmes, après bien des années à assumer seules enfants et mari, en profitent pour envisager un peu de repos. Il arrive même que la première choisisse pour son mari les épouses qui vont la seconder ! Certaines n’ont pas le choix, mariées de force par leur famille à un homme polygame.

La polygamie peut rester longtemps une option « sur le papier », sans forcément être suivie par la pratique dans les premières années. L’homme, pour diverses raisons (pressions familiales, etc.), opte pour cette option parfois même quand il souhaite rester monogame. Mais pour l’épouse, c’est une menace permanente. Etant donné que cet état de fait est très fréquemment imposé, il semble que certaines sénégalaises en ai pris leur parti…

Une nouvelle émancipation ?L’écrivaine sénégalaise Ken Bugul a vécu un mariage polygame, qu’elle ra-conte dans Riwan, roman autobiogra-phique, et a longtemps travaillé dans des organismes de défense des droits et conditions de la femme. Elle affirme ouvertement que la polygamie peut être un facteur d’émancipation pour la femme. Cet avis est partagé par de plus en plus d’intellectuelles, de femmes qui développent une carrière et ne conçoivent pas se mettre au service permanent d’un homme. Malheureusement, pour nous les femmes, le mariage signifie la plupart du temps renoncer à nos ambitions personnelles pour servir celles de nos époux, et le moindre de ses désirs. En ces temps où la plupart des femmes travaillent, font de longues études, et occupent de plus en plus de postes à responsabilité, il semble que partager avec d’autres femmes le même homme puisse séduire, dans le but d’avoir plus de temps pour soi-même, tout en garantissant une stabilité, un statut respectable. Les ménages polygames qui vivent le mieux la situation sont sans conteste ceux, aisés, dans lesquels chaque

épouse vit séparément. Seydou, 38 ans, a une épouse qui réside à Dakar, une à Saint-Louis, et une dans la région de Kaolack et échappe ainsi à bien des soucis. Une de ses épouses, Dior, 24 ans, affirme être épanouie dans cette situation, ne croisant les autres épouses qu’en de rares occasions familiales. « Je mène ma vie, je travaille, j’ai du temps pour moi. Quand mon mari vient, je suis toute à lui le temps de son sé-jour. Cette manière de vivre me convient, car je suis d’une nature très indépen-dante. Se marier à un polygame, c’est un risque, mais si on parvient à garder son espace de liberté, cela peut devenir un avantage. En tout cas, le fait qu’il ne soit pas toujours sur le dos de la même femme, ça allège la vie, non ! Moi je ne voudrais pas d’un mariage monogame, avec le mari tout le temps en demande d’attention. Là, j’ai même le temps en plus de mon travail de poursuivre mes études ! » .

Les couples monogames étant ravagés par les divorces liés à l’infidélité de l’homme, au détriment principalement des enfants, certaines femmes soulignent aussi que de toute façon, la fidélité de l’homme à long terme étant la plupart du temps plus un mythe romantique qu’une réalité, autant lui autoriser plusieurs relations, et lui donner la possibilité de les assumer, plutôt que de vivre dans le mensonge.

Unepolygamie librement consentie et réfléchie ?L’interaction de divers facteurs, culturels, traditionnels, et sociaux, fait que, même si elle est fortement contestable dans ses fondements, et dans sa pratique souvent irréfléchie, la polygamie, grave responsa-bilité pour l’homme tant que pour les coé-pouses, fait partie de notre quotidien. Ce mode de vie est de plus en plus contesté par les sénégalaises. Manifestement, il convient pour les époux et leur entou-rage de bien peser le « pour » et le « contre » dans la balance avant de s’en-gager dans cette voie complexe, souvent douloureuse pour les femmes, et de prendre très au sérieux les responsabi-lités qui incombent à celui qui en fait le choix.

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Actuelle : Bonjour Yacine. Nous vous voyons plus fréquemment sur scène à Dakar ces derniers temps. Seriez-vous définitivement revenue vivre au Sénégal ? Yacine Diaw : J’en avais vraiment besoin pour quelques années, mais je ne sais pas combien de temps exactement ! Je veux rester libre de mes mouvements. Ma vie est partagée entre la France et le Sénégal. Je suis née en France, mais j’ai grandi au Sénégal, et quand j’ai voulu récupérer ma nationalité française, ça a été très compliqué. J’avais l’impression que cette France ne voulait pas de moi. J’ai commencé à voyager à 16 ans, et jusqu’en 1999 je faisais des allers-retours. J’ai vécu en France ces dix dernières années, mais je n’ai jamais réussi à concevoir que j’allais y rester. Ces années passées loin de mon pays et de ma famille m’ont fait comprendre à quel point j’y tenais. Ici j’ai

l’impression que la vie est plus…intense. J’aime aussi chanter, parler wolof, et les expressions nio far, begue, pour être ensemble, s’aimer. C’est vraiment cela qui est important dans la vie, pour moi.

A : Vous avez commencé votre carrière musicale en tant qu’interprète, puis auteur-compositeur, depuis environ 8 ans avec le groupe Yé. Quand et comment a commencé à se manifester votre passion pour lamusique ? Y. D : C’était pendant mon adolescence, vers 1993. Les débuts du rap au Sénégal ! Je voyais depuis lafenêtre de la maison familiale au Point E un groupe de hip-hop qui dansait souvent en bas de chez moi. Je les ai rejoints, d’abord comme danseuse, puis choriste. On s’appelait les Kantiolis. Docteur Dinar (l’oncle de Nix, le rappeur), nous faisait répéter. Nous avons fait de la scène, du

studio, et même gagné des concours ! J’ai laissé la musique pendant mes an-nées de mannequinat, jusqu’à ce que je rencontre Edmond à Paris. Il avait déjà des liens forts avec le Sénégal, travaillait avec des musiciens d’ici. Pendant des an-nées, nous avons développé notre projet musical entre Dakar et Paris. Notre musique est nourrie de cette double culture.

A : Edmond est aussi votre compagnon. La vie de couple est-elle facile à concilier avec celle du groupe? Y.D : C’est une relation complexe qui se construit. Il faut respecter l’autre, surtout ne pas amener les disputes de couple dans le travail et vice-versa. Développer la patience, la tolérance, et laisser à l’autre sa liberté d’action, de création. J’ai pris petit à petit ma place en musique, d’abord vocalement. J’écris de plus en plus de textes, je compose, mais le plus souvent

A LA RENCONTRE DE: YACINE DIAW

Y acine Diaw est la locomotive d’une formation vocale féminine, le Women Voices , formé récemment, qui donne la chance à des jeunes chanteuses de se faire connaître du public sénégalais, et la co-fondatrice avec Edmond Scali du groupe Yé, qui se produit entre Dakar et Paris depuis

plusieurs années. Yé vient d’éditer un six titres de chansons pleines de tendresse, à la musicalité métisse. Le duo évoque l’exil, le cou-rage, l’amour, avec légèreté et beaucoup d’émotion, en français et en wolof. Parallèlement, Yacine développe une nouvelle marque, Jackie Di, d’accessoires et vêtements originaux. Actu’elle a été charmé par sa voix douce et sensible, son style atypique, et son énergie toute en douceur.

Texte: Leïla JaamPhoto: Erick-Christian Ahounou

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nous composons ensemble. Notre vie de famille est harmonieuse. Nous avons un petit garçon de deux ans, et comme nous sommes souvent à la maison pour travailler, il voit souvent ses parents.

A : Est-ce qu’être mère a eu un impact sur votre voix ? Y.D : La voix reflète les émotions, et depuis que je suis mère, je suis profondément heureuse et épanouie. Ma voix est comme libérée, et ce depuis que j’ai été enceinte. J’ai l’impression d’avoir trouvé mon identité vocale, d’avoir vraiment conscience de qui je suis, de pouvoir enfin transmettre mes émotions sans artifice.

A : Quelles règles vous êtes-vous donné dans l’éducation de votre fils ? Y.D : Je lui apprends à être libre et indépendant. C’est très important. Je veux qu’il choisisse plus tard son

activité, sans se sentir obligé, contraint par la société, pour qu’il s’y fasse sa place naturellement.

A : De la coiffure aux tatouages en passant par le style vestimentaire, vous n’hésitez pas à afficher votre originalité…Y. D : J’avais cette idée de coiffure en tête depuis longtemps. J’en avais assez de mettre des extensions, et je voulais une coupe facile à entretenir, assez libre, différente. Le tatouage est un rituel qui me plaît. Penser le dessin, réfléchir à sa symbolique, et affronter ensuite la douleur. Chacun de mes tatouages, j’en ai maintenant six, a été fait dans des villes différentes. C’est un peu comme si je dessinais les étapes de ma vie, progressivement, sur ma peau. Les derniers sont la carte de l’Afrique, et la date de naissance de mon fils… Je n’ai pas de style vestimentaire particulier, car je cherche justement à sortir des cadres, des dogmes, dans une lignée plutôt « rock », décontractée, libre.

A : Quels sont vos « astuces » beauté ? Y.D : Je suis très partisane des recettes de grand-mère. Pour mes cheveux, j’utilise souvent l’huile d’argan, le jaune d’œuf ou l’huile d’olive. Pour la peau : l’huile d’olive, rincée une vingtaine de minutes après application, à l’eau chaude, sans frotter. La peau brille, et est très douce !

A : Cette année vous avez créé votre propre marque d’accessoires et de vêtements. Quelle est la ligne directrice ? YD : Ma marque Jackie Di veut accentuer l’originalité de chaque femme, partant du fait que c’est l’assemblage de divers éléments qui définit la personne visuellement. Je compose des looks particuliers, en fournissant aux femmes diverses options pour agrémenter leurs tenues d’une touche originale. Tout est pièce unique. Je crée les vêtements, les accessoires, fais les croquis, choisis les matières. Ensuite, je travaille avec un couturier et un perlier. Je propose régulièrement mes modèles lors des expoventes. La première collection a été présentée en avril dernier, et la deuxième collection le sera en septembre.

A : C’est récent, cette passion pour le stylisme ?Y. D : Non, car j’ai déjà vécu une forte expérience dans le domaine de la mode. J’étais mannequin à partir de 17 ans, pen-dant six ans. La mode africaine était alors en plein essor, et j’ai eu la chance de tra-vailler avec de grands créateurs africains qui débutaient à cette époque. C’était génial ! Mais il y avait aussi des difficul-tés. Par exemple, aucune structure ne garantissait un tarif fixe pour les mannequins. J’ai essayé à l’époque de réunir les filles pour revendiquer, mais ce n’était pas simple…

A : Que pensez-vous de la condition des femmes actuellement, de manière générale ? Y.D : Je trouve cela insupportable qu’encore aujourd’hui des femmes soient battues, violées, emprisonnées, lapidées, exécutées injustement, que leurs libertés d’expression, et d’action, soient restreintes. Par exemple, qu’on force des femmes à porter le voile n’est pas normal. Le combat pour les droits de la femme n’est pas terminé, loin de là. Je conseille-rais aux femmes de faire un sport de combat, pour pouvoir se protéger, et d’être belles, d’affirmer leur personnalité. C’est à la portée de toutes de se mettre en valeur, de s’affirmer.Je pense aussi que l’incompréhension entre les individus est source de bien des conflits. C’est pourquoi les textes de nos chansons racontent souvent des itinéraires de femmes, et que j’aime aussi interpréter, par exemple, Amy Winehouse, qui savait si bien raconter les tourments féminins…

Atelier Yacine DiawMamelles à La LOMAN

Art HOUSE GalerieLe clip « Ne lâche pas », réalisé par

Abass Abass : lien you tube : http://youtu.be/HHT44oL55Ps

Page Facebook du groupe Yé: https://www.facebook.com/

events/381802435239722/?fref=tsPage Facebook Jackie Die:

https://www.facebook.com/pages/Jackie-Di/559637167403242

Texte: Leïla JaamPhoto: Erick-Christian Ahounou

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&SANTEBIEN ETRE

24 Dépigmentation: attention danger !

26 coktail energEtique au naturel

28 RECETTES DE grand-mere

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Une mode en vogue

Après la République Dé-mocratique du Congo, où même les hommes se dépigmentent fréquem-ment, le Sénégal figure

en tête du classement des utilisateurs de produits éclaircissants. Les dernières études réalisées par l’association AIIDA* soulignent que plus de la moitié des sénégalaises se dépigmentent. Pire, cette mauvaise habitude commencerait dès 14 ans, encouragée donc par l’entourage fami-lial, et plus tard par la pression sociale, souvent même par le conjoint. Du léral (éclaircissement), au xeesal (blanchiment), le pas peut être vite franchi. Les conséquences sont irrémédiables, empirant évidement avec les années d’utilisation de ces produits hautement toxiques pour la plupart. Au

début des années 1970, les premières à se blanchir l’épiderme étaient les « driankés » et les prostituées. Au fil des ans, la mode s’est infiltrée dans toutes les couches sociales de la popu-lation. Le xeesal, pratiqué autant par des femmes analphabètes qu’instruites, de la célibataire, en quête de l’âme sœur, à la femme mariée, toutes ethnies confondues, est devenu un phéno-mène de société inquiétant au regard des risques encourus par les femmes qui le pratique. Des adeptes de la dépigmentation organisent des réunions, les xawaare spécial xessal, pendant lesquelles chacune se vante des effets des produits qu’elle utilise, et exhibe avec fierté sa pâleur progressive. Après des années de traitement éclaircissant forcément toxiques, la peau passe d’un beige clair à un jaune pâle légèrement verdâtre, se couvre peu à peu de plaques d’exéma, de tâches plus sombre aller-giques, parfois même de croûtes à force de brûlures répétées de l’épiderme.

Les jointures des doigts, des coudes, les plis de peau, restent souvent plus foncés, ce qui forme un ensemble peu harmonieux.

Tout faire pour séduire, mais séduire qui ?Les femmes sont généralement parfaitement au courant des méfaits de la dépigmentation, mais rien ne parvient à les en détourner. Elles disent pour la plupart vouloir satisfaire leur époux, ou simplement séduire suivant les critères de préférences masculines qu’elles imaginent. Pourtant, aucun homme n’avoue encourager sa compagne à se décolorer à grandes vagues d’acides de toutes sortes. Certains même se plaignent qu’une peau trop dépigmentée dégage une vague odeur de poisson ! Les femmes sénégalaises rencontrées par Actu’elle ont pourtant relaté avoir trouvé dans leur salle de bain, un matin, des produits éclaircissants, discrètement

DEPIGMENTATION:ATTENTION

DANGER !Texte: Leïla Jaam

Photo: ERIC CHRISTIAN

La mode de la dépigmentation artificielle est de plus en plus répandue, en particulier en Afrique et en Asie. Les dommages collatéraux sont

terrifiants. Mais, bien que connus, ils ne freinent pas cet acharnement pigmentaire.

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déposées là par…leur mari ! Combien de femmes, qui veulent assumer leur teint foncé, se plaignent de devoir régulièrement rappeler à l’ordre leurs hommes qui manquent de se démettre la nuque au passage d’une femme plus claire de peau ! Certains hommes avouent finalement que ce qui les attire, les excite, chez une femme à peau claire, c’est le piment de la différence. Ce fantasme de la peau blanche… Simple goût pour le contraste, ou bien vagues souvenirs de complexes postcoloniaux ? Une démarche profondément égoïste en regard de ce que nous risquons. Ces hommes, qui demandent le sacrifice de notre santé pour les séduire en nous dénaturant, nous aiment-ils vraiment ? Mais il y a aussi parfois des surprises que l’homme ne maîtrise pas… Certains nous ont relaté comment leur compagne éclaircissait à vue d’œil sans qu’ils n’aient rien demandé, jusqu’à les dégoûter.

Dommages collatéraux effrayantsNos soyeuses peaux brunes nous protègent des rides, et du soleil. La mélanine, que nous nous acharnons à décaper, est une protection importante, adaptée au climat de notre pays. Cet étrange refus d’assumer notre couleur de peau fait de plus appel à un complexe que l’on espèrerait avoir dépassé après plus d’un demi-siècle d’Indépendance ! L’environnement social influence beau-coup cette tendance. Nombreuses sont celles qui évoquent les réflexions de collègues de bureau les invitant à s’éclaircir quelque peu. Il faut une certaine force de caractère pour résister aux collègues, au mari, aux « amies »… La plupart des crèmes utilisées pour se dépigmenter contiennent de l’hydroquinone. Cette substance chimique, au-delà de 2% (limite légale mondiale) provoque l’apparition de rougeurs, de tâches et de brûlures, surtout lorsque la peau est exposée au soleil. Sur le marché sénégalais, il est fréquent de trouver des crèmes qui contiennent jusqu’à 20% d’hydroquinone. Aucune réglementation locale ne régit le domaine cosmétique. Le drame, évidement, c’est que plus le taux d’hydroquinone est élevé, plus le produit est bon marché. Ces crèmes bon mar-ché contiennent aussi du mercure, et des corticoïdes, encore plus toxiques ! Certaines femmes avouent utiliser de la javel en grain, s’en frotter l’épiderme

dans le but d’éliminer la mélanine en surface, avant d’appliquer le produit dépigmentant. Puis, elles recouvrent le tout avec un film de cellophane qui asphyxie la peau. Elles peuvent aller jusqu’à mélanger des médicaments contenant de l’hydroquinone et des corticoïdes, et procéder à des injections !

Petite liste effrayante des maladies ou troubles provoqués par l’utilisation prolongée de produits dépigmen-tants : hypertension artérielle, diabète, complications obstétricales, problèmes osseux, troubles de la vue aboutissant à la cécité, complications dermatologiques (gale, mycose, eczéma dans les plis de la peau), infections, acné, vergetures, atrophie, troubles de la pigmentation (tâches foncées dites hyperpigmentation), complications rénales et neurologiques, augmentation de la pilosité, cancers de la peau. Chez la femme enceinte ou allaitante, ces produits exposent l’enfant à des risques toxiques importants, en particulier par intoxication au mercure.Selon l’association AIIDA, basée à Dakar, la dépigmentation artificielle par les corticoïdes provoque des complications médicales graves chez plus de 50% des femmes au Sénégal, c’est le troisième problème de santé publique nationale, après le paludisme et les maladies respiratoires.

Noire et Belle !Les marques de produits éclaircissants provoquent régulièrement la polémique en présentant des femmes claires comme étant plus attirantes, plus séduisantes, et donc l’agacement de celles qui veulent revendiquer leur apparence naturelle. Au Sénégal, l’année dernière a été marquée par la contre-campagne Nuul Kuuk, qui en réponse à des affiches choquantes d’une marque de produits éclaircissants, a proposé au public une vision axée sur la beauté de la femme au naturel. Plusieurs artistes, graphistes, photographes, agences de communica-tions se sont relayés afin de produire des images pouvant contrer la propagande « toxique » . La Nappy Attitude (concrétion de Nature et Happy, heureux) exhorte les femmes noires à arborer fièrement leur apparence naturelle. « Proud to be black » « Noir et fier », « Black is beautiful », slogans prônés jusqu’à présent plutôt par les afro-américaines, sont aujourd’hui relancés par de nombreuses femmes de la diaspora, et de plus en plus d’africaines. Les femmes qui représentent

la beauté sénégalaise internationale-ment, pour exemple Aïssa Maïga, actrice au succès sans cesse grandissant, ou le mannequin Alek Wek, et la regrettée Katoucha, qui fut la première femme « noire » à défiler pour la haute couture en France, avec Yves Saint Laurent, n’ont jamais cherché à éclaircir leur teint. La 11e édition de la Dakar Fashion Week a marqué un pas décisif dans la mode africaine en refusant catégoriquement cette année de faire défiler des manne-quins faisant usage de produits éclaircis-sants.

Avoir une belle peau, c’est principalement en respecter les particularités : la peau brune est sèche, très sensible, elle demande des soins spécifiques, surtout en ce qui concerne l’hydratation. Un bon entretien régulier lui donnera une luminosité naturelle. C’est une peau qui aime la douceur : un gommage non abrasif est à préférer, pour nettoyer les cellules mortes et unifier le teint. Nous devons enfin nous poser sérieusement une question fondamentale, et la poser à nos conjoints: souhaitons-nous être aimées pour la personne que nous sommes vraiment, ou pour le reflet que nous voudrions fabriquer sur commande, pour satisfaire des critères imaginaires dont nous sommes, à tous points de vue, victimes ? La pointe de la mode Afro actuelle, c’est le retour au naturel…Etre « branchée », c’est s’assumer, s’affirmer, « un esprit sain dans un corps sain », à l’aise dans son corps et avec son identité !

Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moire

extrait de Femme Noire,Léopold Sédar Senghor,

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*AIIDA : Association Internationale d’Information sur la Dépigmentation

Artificielle

Page 26: Actu'elle n° 02 septembre 2013

1

Texte: Leïla JaamPHOTO/ LAURE MATELOT

Cocktailénergétique

au naturelTexte Texte: Leïla JaamPHOTO: Laure Malécot

L’un des éléments les plus importants, pour l’énergie, c’est la vitamine C, que l’on trouve dans tous les agrumes, mais aussi dans le bissap, le tamarin, le ditax. Il faut l’associer à des produits laitiers, des légumes secs, et encore mieux, notre « bouye » national, qui contiennent du calcium. Ajoutons à cela du phosphore, avec les œufs, le poisson, et la feuille de baobab que nous cuisinons dans le lalo. Un apport régulier en fer grâce aux lentilles, et tous les légumes verts, renforcera la solidité de notre organisme et aidera la reproduction de nos globules rouges. Pour que notre peau soit, elle aussi, en pleine forme, pensons aux poissons gras comme le thon. Le soleil, qui nous est donné à profusion, est une source de vitamines D, qui favorise la circulation et la fixation du calcium, donc le renforcement des os. On peut encore ajouter la banane plantain, très riche en vitamines A, et, si un petit coup de fatigue nous assaille dans la journée, un petit carré de chocolat (noir de préférence) pour l’apport en magnésium. Au Sénégal, nous avons la chance d’avoir des ingrédients locaux dont les richesses nutritives sont souvent méconnues. Actu’elle revient sur ces produits, qu’il ne faudrait pas négliger au profit de ceux qui sont importés, non seulement pour leurs vertus énergétiques, mais aussi médicinales.

COCKTAIL

ENERGETIQUE

AU NATUREL

Le bissap Les vertus du bissap sont conservées qu’on le consomme en boisson, en confiture, ou autre. Il est très tonifiant, grâce à sa forte proportion en vita-mines C. Il fait aussi baisser la pression artérielle, diminue le risque de ma-ladies cardio-vasculaires. Le bissap contient une huile essentielle (eugénol) qui lui donne une action anti-inflammatoire, adoucissante, antiasthénique, antispasmodique et légèrement laxative. Il soigne aussi l’inflammation des voies respiratoires, les spasmes gastro-intestinaux. De plus, le bissap a des vertus amincissantes. Diurétique, il est bénéfique pour le foie, facilite la digestion. Des compresses imbibées d’infusion peuvent aussi traiter les œdèmes, les eczémas suintants, les dermatoses et les abcès. Le bissap est aussi un antioxydant naturel.

La rentrée scolaire, le retour au bureau, l’accélération des activités après la période calme mais éprouvante du jeûne de Ramadan, mettent notre organisme à l’épreuve. L’apport régulier de certaines vitamines et sels mi-néraux en particulier nous aide non seulement à assumer ce changement

de rythme, mais aussi à prévenir d’un certain nombre d’infections, maladies fa-vorisées par un état de fatigue excessive. Une alimentation attentive à l’apport de vitamines et de sels minéraux est la base d’une santé « de fer ». C’est l’asso-ciation de ces divers éléments qui va solidifier l’organisme et lui donner le petit coup de « punch » !

Page 27: Actu'elle n° 02 septembre 2013

1

SANTE & BIEN ETRE: COKTAIL ENERGITIQUE

Le baobab La pulpe des fruits du baobab, que nous utilisons pour la fabrication du bouye, contient deux fois plus de calcium que le lait, et est très riches en vitamines B1 et C3 . La pulpe et la feuille consommée en tisane sont aussi bonnes en cas de crise de paludisme, et aident à sa prévention. La feuille de baobab, riche en protéines et minéraux, (calcium , fer , potas-sium ,magnésium , manganèse, phosphore, zinc), consommée au Sénégal dans le «lalo», fait à base de poudre de feuilles de baobab séchées, pourrait aussi bien être servie crue, en salade. Sa consom-mation convient parfaitement aux personnes végétariennes. Les graines du baobab grillées sont aussi très nourrissantes.

Le tamarin Toutes les parties du tamarinier sont utilisées en médecine traditionnelle, mais les pharmaco-pées occidentales s’intéressent essentiellement à la pulpe du fruit. Les anciens grecs et égyp-tiens l’utilisaient depuis IVème siècle avant Jé-sus Christ. La pulpe des gousses de tamarin est riche en pectine et en sucre simple. La boisson au tamarin est multivitaminé (vitamines C, A, B1, B2, et PP) et contient aussi des sels minéraux (calcium, potassium, fer, phosphore et sodium). Elle est aussi très riche en fibres. Le tamarin a des vertus digestives, est bon pour le foie et les reins, et antiseptique (yeux, ulcères).

Le milC’est une céréale qui ne provoque pas d’allergie, se di-gère très bien et ne contient pas de gluten. Le millet com-plet apporte des vitamines B, E et des minéraux comme le potassium, le phosphore, le fer et le zinc. Le mil a des ef-fets positifs sur le cholestérol et les os, prévient la forma-tion des calculs biliaires, des ulcères de l’estomac et des colites. Il est bénéfique pour la vessie, les reins, tout le système gastro-intestinal, le système nerveux, les dents et les cheveux.

Le ditaxLe ditax est l’un des fruits les plus riches en vitamine C (plus que l’orange). Il contient aussi du calcium, du phos-phore et des sucres facilement assimilables. Grâce à tous ces éléments, il renforce la résistance de l’organisme. Sa consommation régulière favorise l’absorption du fer.

Page 28: Actu'elle n° 02 septembre 2013

RECETTES DE GRAND-MERE

Quand on a des moustiques, il ne faut pas se servir de tous ces produits chimiques vendus

dans le commerce.

On peut mélanger 40 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée à cinq grosses cuillères d’huile d’olive et on a un anti moustique naturel et efficace qui peut servir sur la peau ou dans la maison.Quand on a un bébé, les moustiques ai-ment bien sa peau et le pauvre est sou-vent piqué surtout en été.

On peut éviter ce désagrément à l’enfant en mettant dans l’eau de son bain cinq gouttes d’huile essentielle de citronnelle et finies les piqûres.

ONGLES

Quand on a des ongles mous, ils sont fragiles et ont tendance à se casser très souvent au

moindre travail manuel.

Pour éviter ce problème, il faut mettre une grosse cuillère de sel dans un tasse d’eau tiède et faire tremper les ongles dans le mélange une fois par semaine à raison de cinq minutes.Pour bien conserver un vernis à ongles, il faut le mettre au réfrigérateur afin qu’il soit moins fluide.Il faut également enduire le tour du bouchon avec un produit gras comme de

la vaseline afin que ce dernier ne durcisse pas et soit facile à ouvrir pour utilisation.Quand on veut que les ongles poussent plus rapidement, on peut employer un truc ancien qui marche bien.

Il faut mélanger un peu d’huile d’argan avec de l’huile de ricin à quantité égale ainsi qu’un peu de jus de citron. Faire tremper les ongles toutes les semaines dans ce mélange pendant cinq à sept minutes.

ANTI MOUSTIQUE

CALMER UNE PIQURE

DE MOUSTIQUE

Lorsque le moustique a piqué le corps et que la piqûre de moustique commence à gratter, il faut la frotter avec du

persil frais et laisser cette piqûre à l’air libre pendant environ 45 mn.

Autre moyen que le persil pour soulager instantanément une piqûre de mous-tique: la cigarette : approchez une cigarette allumée à

environ 0,5 - 1 cm de la piqure de moustique.

Vous sentirez alors des petits picotements.Dès lors que les picotements auront disparus retirer la cigarette, le produit

introduit par le moustique dans la piqûre aura été neutralisé.

Calmer une piqûre de moustique naturellementPour calmer une piqûre de moustique

naturellement, il faut prendre un oignon, le couper en deux et frotter la partie piquée. Laisser agir sur

la piqûre de moustique pendant quelques minutes.

28

SANTE & BIEN ETRE: ASTUCES DE GRAND-MERE

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1

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SHOPPING

Sac Beige-gris

GUESS75000 Fcfa

SAC

Ô M

ON

SA

C!

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Sac vert- eauALDO46900 Fcfa

Sac Valse des mauvesGUESS79000 Fcfa

Sac Marron caramelGUESS95000 Fcfa

Sac Crème flash ALDO43900 Fcfa

Sac Fourre tout Corail ALDO33000 Fcfa

Page 31: Actu'elle n° 02 septembre 2013

EN HAUTEUR TOUTES

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Chaussure KADEL15000 Fcfa

Rentie talon liègeALDO59900 Fcfa

Hazinski floralALDO58900 Fcfa

MagdaleinaALDO66900 Fcfa

AbelydiaALDO51900 Fcfa

Compensé talon liège et dinKADEL18000 Fcfa

Page 32: Actu'elle n° 02 septembre 2013

34 Le Nappy Hair: heureuse et belle au naturelle

38 - 41 Ma trousse beauté rentrée

BEAUTE

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Page 34: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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LE NAPPY HAIRHeureuse et belle au naturel

La Nappy Attitude (de Nature et Happy,heureux) a été initiée en 2000 aux Etats Unis, par des afro-américaines qui voulaient revendiquer leur apparence naturelle, leurs racines. Le Nappy Hair met l’accent particulièrement sur la chevelure, symbole de la féminité, reflet de l’état d’esprit et du bien-être de la femme.

Texte: Leïla Jaam

BEAUTE

La meilleure façon de combattre une culture oppréssive et étrangère, c’est d’embrasser la sienne.

Page 35: Actu'elle n° 02 septembre 2013

26

35

Ne pas dénaturer ni la peau, ni la chevelure, c’est devenu une mode. Elle s’étend, rapidement, y com-pris en Afrique.

Les partisanes du Nappy Hair remettent au goût du jour les coiffures traditionnelles africaines, en inventent de nouvelles, cherchent les bonnes méthodes pour soigner le cheveu sans le dénaturer. Relayé par des ar-tistes comme Erykah Badu (USA), Inna Modja (Mali), le Nappy Hair lutte contre l’image désastreuse que la femme noire a malheureusement d’elle-même, et remet en valeur les coiffures adaptées aux cheveux crépus et frisés :nattes sans rajout, mèches ornées de perles (dread loks new look), large afro qui fait rayonner le visage, etc… Etrangement, dans les années 1970, la mode « afro » avait libéré les femmes de ces codes rétrogrades issus de la colonisation. Mais l’évolution du concept de la beauté pour les femmes afro n’a pas évolué dans le sens de la revendication de l’identité africaine, bien au contraire. Près de 40 ans plus tard, la frénésie du défrisage, tissage, pose d’extensions et autres tortures capillaires n’a jamais été aussi forte. Une femme peut hésiter à se décolorer la peau, mais dénaturer ses cheveux semble être totalement entré dans les mœurs, comme une sorte d’évidence. Souvent cette habitude commence dès l’adolescence, alors que les cheveux n’ont pas fini de prendre leur forme

définitive, et peut durer toute une vie. Les femmes, après une dizaine d’années de ce traitement, peuvent avoir les cheveux tellement abîmés qu’elles ne peuvent même plus, si elles le souhaitaient, montrer leur tête au naturel sans avoir honte. Heureuse-ment pour notre cuir chevelu, la mode du Nappy Hair progresse.

Actu’elle a rencontré pour vous Mariama, coiffeuse dans un salon huppé de Dakar, qui a fait le point avec nous sur les habitudes capillaires de ses clientes :Actuelle : Quelles sont les principales demandes de vos clientes sénégalaises ?Mariama : Elles sont très fréquemment demandeuses de défrisage.

A : Les produits que vous utilisez pour cela sont-ils toxiques ?

M : Pour changer définitivement la fibre d’un cheveu on doit forcément utiliser des produits forts. Il faut carrément casser

ce qui est appelé le « pont sulfuré » c’est-à-dire ce qui fait la forme de la courbure du cheveu, pour le raidir. Ces produits sont toxiques. Les salons de coiffure qui les utilisent doivent être normalement ventilés, et nous utilisons des gants pour les appliquer, sinon nos mains sont brûlées. Nous refusons de défriser de trop jeunes filles, et les femmes dont le cheveu

est déjà trop abîmé. Normalement un défrisage devrait se faire tout les 6 mois, et certaines veulent le faire tous les mois ! Les tissages et gref-fages abîment aussi beaucoup le cuir chevelu, les tressages avec extensions décollent les cheveux à la racine, et nous avons souvent des clientes dont l’avant du crâne est tout dégarnit à cause de cela. En plus, le cheveu n’est pas bien hydraté et étouffe sous le greffage.

A : Est-ce que des clientes vous demandent de mettre au contraire en valeur leurs frisures naturelles ? M : La nouvelle génération accepte mieux sa nature de cheveux, c’est net. Ce sont généralement les femmes qui voyagent, et qui voient la mode afro en vogue ailleurs, qui adoptent cette démarche. Le mieux pour le soin du cheveu, ce sont les produits à base d’avocat, de jojoba, d’huile de coco. Mais plus les produits sont à basenaturelle, plus ils sont cher. Je recommande souvent les cheveux courts, qui font bien ressortir le visage.

En réponse à cette mode en vogue, de nombreux salons de coiffuresspécialisés dans le Nappy hair se sont ouverts un peu partout dans le monde. En Afrique, leur développement est timide, mais on trouve plusieurs salons de ce style à Dakar. Ils proposent des soins adaptés aux cheveux crépus et frisés, qui sont les plus fragiles et les plus secs. Divers blogs et sites internet présentent des coiffures en exemple, il suffit pour les trouver de taper « nappyhHair » sur un moteur de recherche. Qu’elles soient bouclées ou crépues, nos chevelures sont belles. Il suffit de leur offrir un soin adapté, non seule-ment à leur nature, mais aussi au cli-mat. Le soleil, la poussière, le sel de mer sont tout autant d’agressions dont il faut les protéger. Le cheveu n’est pas inerte, il vit et a besoin d’attention.

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36© Jean-Claude Fournier

Page 37: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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© Extrait du clip ABASS ABASSNAPPY ATTITUDE

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©Photo: ERICK_CHRISTIAN AHOUNOU

Page 38: Actu'elle n° 02 septembre 2013

Protection solaire spray ou emulsionIndice 50+Avène

Gel doucheGommant ou surgrasKlorane

Poudre compactRich cacaoFacet

Vernis à ongleFashion Fair

Vernis à ongle Black Up Paris

Ma trousse beauté RENTREE !

Fard à jouesFashion Fair

Page 39: Actu'elle n° 02 septembre 2013

39

Page 40: Actu'elle n° 02 septembre 2013
Page 41: Actu'elle n° 02 septembre 2013

Mascara volmisantFacet Parfum fruité

Orange listéeL’essence des notes

AnticernesFashion Fair

Huil__e scintillante orpour le corpsBlack Up Paris

Fard à paupière monoBlack Up Paris

Rouge à lèvre Rose tropicalFashion Fair

Lait corporel & Crème émoliante hydratantePeaux sèchesDucray

Crayon noireFacet

Page 42: Actu'elle n° 02 septembre 2013
Page 43: Actu'elle n° 02 septembre 2013

44 infos mode

46 Cultivez votre style, cultIvez votre différence by Natacha Baco

48 African attitude

53 C’est la rentrée

MODE

Page 44: Actu'elle n° 02 septembre 2013

INFOS MODEAFWLA: Africa Fashion Week Los Angeles 2013

Cet automne c’est à Los Angeles que ça se passe ! Une sélection de quelques-uns des meilleurs designers venus d’Afrique sera présentée sur la côte ouest Améri-caine. La mode Africaine à l’honneur les 10, 11 et 12 octobre 2013, l’occasion pour ces créateurs venus des quatre coins du continent de présenter au public améri-cain et international leur talent. Africa Fashion Week Los Angeles (AFWLA) est un évènement unique et no-vateur qui a pour objectif de faire prendre conscience au monde du potentiel ar-tistique et de la richesse culturelle de l’Afrique. Un rapprochement nécessaire entre les acheteurs américains qui ne connaissent pas ce marché et designers africains en manque de visibilité. Une semaine de la mode qui réunira di-gnitaires, acheteurs locaux et interna-tionaux, agents, dirigeants d’entreprises, célébrités, journaliste et amoureux de la mode africaine pour entrer au cœur de la mode africaine, un évènement à ne pas manquer Au programme pour les invités, défilés de mode, rencontres entre professionnels de la mode et exposants, du spectacle et bien plus encore. Du côté des créateurs africains l’enjeu est de gagner une expo-sition internationale tout en développant son business et stimuler l’économie afri-caine.

Pour cette édition 2013, le site de la com-pagnie organisatrice AFWLA, LLC, fait peau neuve et s’offre une campagne in-titulée « The Power of Print » (le pouvoir des imprimés) ! Chic et versatile, la mode made in Africa ne demande qu’à être connue et reconnue ! Pour plus d’informations sur AFWLA 2013 rendez-vous sur www.afwla.org.

Festival International de la Mode Africaine (FIMA) 2013

Cette année le FIMA (Festival Internatio-nal de Mode Africaine) fête son 15ème

anniversaire à Niamey au Niger. Pour cette 9ème édition le créateur de mode nigérien Alphadi, de son vrai nom Seid-naly Sidhamed a choisie pour thème « La créativité au service de la Paix en Afrique»: Hommage à un grand homme, icône universelle et symbole de paix qu’on ne présente plus : Nelson Mandela.C’est dans le désert nigérien, à Gourou Kiré un village situé sur la route de Say à 15 km de Niamey en bordure du fleuve Niger, que le maître de cérémonie Alphadi dit « Le Prince du Désert » enchantera la presse et les festivaliers locaux et inter-nationaux.

Du 20 au 25 novembre 2013, ce sera l’effervescence à Niamey, pendant cinq jours, le cœur de la capitale battra au rythme du FIMA. Musique, défilé panafri-cain, journée des associations caritatives, concours des jeunes stylistes et Top Mo-dels FIMA et pour clôturer la manifesta-tion, la Grande nuit du FIMA avec le défilé des créateurs de Mode des cinq conti-nents.Adama Paris, Claire Kane et Colle Sow Ardo pour le Sénégal, Karim Tassi du Maroc, l’égyptien Soucha, le Sud-afri-cain Thula Sindi, Maimour pour le Mali ou encore Dris Van Oten pour la Belgique et Manish Arora pour l’Inde, la liste est

Par Aïssata KAMARA

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Page 45: Actu'elle n° 02 septembre 2013

longue de ses créateurs qui illumineront le désert nigérien avec leurs créations. Paix et créativité en Afrique, car c’est bien grâce à la mode et à son amour pour l’Afrique que le grand Alphadi a réussi au fil des années à réunir le monde de la mode dans son pays malgré la montée de l’intégrisme.

Modèle du Mois

Cette jeune française d’origines sénéga-lo-gambienne est repérée dans les rues de paris par Jon Viatge, représentant de Scouting One. Très vite elle signe avec l’agence IMG, du haut de son mètre 79, la belle Awa défile et pose pour les plus grands : Hermès, Issey Miyake, Etam, L’officiel, Elle Italia, Paco Rabanne…

Une beauté naturelle, un teint par-fait, un visage expressif, un regard profond et intriguant, la demoiselle ne manque pas de se faire remar-quer sur les podiums.Cuisiner est sa passion, quand elle a le temps, Awa aime préparer des plats à la française, son inspiration le Chef Cyril Lignac.Connue dans le milieu pour sa per-sonnalité attachante et sa simplicité, Awa Ceesay est notre mannequin coup de cœur à suivre de très près !

AWACEESAY

MODE: INFOS MODE

Nom : Awa CeesayAge : 24 ansOrigines : Sénégalo-GambiennePays de résidence : Paris, FranceTaille : 179cm Mensurations : 79-59-85 Agence : IMG Paris (IMG Worldwide)

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Page 46: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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« Cultivez votre style,cultivez votre différence »By Natacha Baco

« By Natacha Baco » est né du désir de vouloir créer un univers person-nel qui affiche une personnalité bien af-firmée.Du nom de sa créatrice, la marque nous fait entrer dans son univers suave et parfumé, où toutes les collections sont confectionnées avec passion et amour! Une invitation au voyage à travers son tout nouveau site internet conçu comme un showroom, un écrin de beauté, de créativité qui lui ressemble ! Mode, accessoire et décoration s’entre-mêlent, deux univers qu’affectionne tout particulièrement la jeune créatrice ! Curieuse du monde qui l’entoure, l’art, la photographie, la peinture, inspirent cette amoureuse du beau. Ses créations sont le résultat d’un amour infini pour l’artisa-nat et d’une passion incommensurable pour la créativité.Égayez votre intérieur avec ces acces-soires maison uniques, ces abat-jours et coussins confectionnés avec des tissus de qualité ! Douceur et délicatesse, avec ces robes, jupes, pantalon et autres blouse, des vê-tements avec tout ce qu’il faut de créa-

Par Aïssata KAMARA

Page 47: Actu'elle n° 02 septembre 2013

47

tivité pour une mode qui sublime votre féminité, un vestiaire plein de caractère à l’image de celle qui le porte.Natacha Baco propose de petites sériés confectionnées en France uniquement, éditions limitées et exclusives qui feront la différence dans un monde qui chaque jour devient plus petit, sans originalité, où tout

et tout le monde se ressemblent.Les créations Natacha Baco s’adressent aux femmes fortes, chics et indépen-dantes qui osent affirmer leur style, leur individualité et marquer leur différence. Oublions l’uniformisation, la copie et les doublons, la mode c’est justement de ne pas être à la mode, celle de tous : « culti-vez votre style, cultivez votre différence » tel est le crédo de la marque ! Natacha Baco c’est aussi la Mode au

grand cœur ! Consciente du monde qui l’entoure, la jeune marque s’engage au-près des plus démunis reversant 1€ à une association pour chaque commande passée sur son site. Pour cette première action solidaire, c’est l’association «La Liane» qui a été choi-sie, créée en 2005 par Claude Hallégo,

ancienne directrice d’école et féministe convaincue. Cette dernière a quitté la France pour le Sénégal, pour se consa-crer entièrement à un projet qui lui tient

tout particulièrement à cœur : l’accueil et l’accompagnement des enfants, talibés à Saint-Louis.L’association délivre également des soins médicaux et une aide à l’hébergement et une scolarisation aux jeunes filles et aux enfants défavorisés. Artisanat, créativité et solidarité, Paris abrite en son sein une créatrice de génie, pour qui simplicité et délicatesse sont le maître mot. Retrouvez Natacha Baco en ligne http://www.by-natachabaco.com/fr/ et sur Facebook.com/ByNatachaBaco

MODE/ CULTIVEZ VOTRE STYLE

Page 48: Actu'elle n° 02 septembre 2013

African

chic attitude

Charme à la sénégalaiseRobe droite rouge et verte en wax et foulard en soie : ‘gnémé-ma ‘Mannequin:Mami Sobel Make up: Miriam Créatrice: Yacine SY Boucle d’oreille : Yacine DIAW

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Page 49: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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African

chic attitude

Foulard en lin bleu Veste verte : MangoBustier en wax multicolore : GNEMEMA Jean bleu 7/8 : Mango Sac rouge en cuir : El Bati création Collier:Behave Make up : Miriam

MODE/:AFRICA CHIC

Page 50: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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Haut asymétrique et foulard en wax jaune : EVA DARA Pantalon cigarette 7/8: Mango Sac: Yacine Diaw création Collier perle: EVA DARA Make up: Miriam Bracelets perle: Yacine Diaw création

MODE/:AFRICA CHIC

Page 51: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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Robe en lin bleu et cein-ture noire : 1,2,3Collier : BEHAVE Sac CUIR ET WAX : El Bati création Foulard en wax multico-lore : EVA DARA Make up: Miriam

MODE/:AFRICA CHIC

Page 52: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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My white look….Boléro et foulard en pagne tissé bleu et blanc: EVA DARA Chemisier en soie blanc:Mango Jean blanc : Mango Colliers dorés: Behave Make up: Miriam

MODE/:AFRICA CHIC

Page 53: Actu'elle n° 02 septembre 2013

C’EST LA RENTREE !

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Page 54: Actu'elle n° 02 septembre 2013

FemmeRobe en coton noire : MangoEnsemble pagne tissé veste ceinture et foulard TRICOLOR : EVA DARA création Accessoires : boucles d’oreilles et bracelet : Yacine Diaw création Enfant Tee shirt rouge motif en coton : Benetton Chemise carreau rouge et blanc short en jean blanc : Benetton

MODE: LA RENTREE

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Page 55: Actu'elle n° 02 septembre 2013

FemmeRobe longue noire et verte en soie ceinture noire : Yacine Diaw création Collier jaune el boule de wax : El bâti Collier rouge en perle et ivoire : Eva DARA Bracelet perle : Yacine Diaw création EnfantPantalon kaki : Benetton Tee shirt blanc:Benetton

MODE: LA RENTREE

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Page 56: Actu'elle n° 02 septembre 2013

FemmePantalon et foulard ba-tique bleu et blanc : Eva dara Chemise soie Blanche: MangoColliers: behave Make up: Miriam Enfant:Ensemble en lin che-mise blanche et short beige plus chapeau PANAMA : Benetton

MODE: LA RENTREE

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Page 57: Actu'elle n° 02 septembre 2013

Femme Ensemble jean et wax jupe et veste :Top blanc : mango Collier en perle jaune et noire : Yacine Diaw creation Make up : MyriamEnfantJean bleu :Benetton Chemise en coton bleu et blanc gilet en coton gris : Benetton

MODE: LA RENTREE

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Page 58: Actu'elle n° 02 septembre 2013

Femme Robe bouffante en wax bleu et rouge : GNEMEMA Yacine SY Boucle d’oreille : Yacine DIAW création Enfant Ensemble jean rouge et tee shirt gris : Benetton

MODE: LA RENTREE

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Page 59: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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VIVA LA

RENTREE

Sac à dos SR Jansport

35000 Fcfa

Sac à dos M Jansport48000 Fcfa

Trousse multiusage Betty Boop25000 Fcfa

Gourde 0,617000 Fcfa

16000 Fcfa

13000 Fcfa

Gourde 0,4

Gourde 0,3

Boutique PARADOX

Boutique

PARADOX

Boutique PARADOX

Boutique PARADOX

Boutique PARADOX

Boutique PARADOX

Page 60: Actu'elle n° 02 septembre 2013

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11500 FcfaKit hello kity

7500 FcfaStylo BA

9900 FcfaStylo online

Stylo Rose floral8500 Fcfa

Stylo floral noir700 Fcfa

Boîte à goûter IRIS bleu 16500 FcFa

Boîte à goûter XXL violet 18500 FcFa

Pochette Mikey mouse 29500 FcFa

Trousse à trois compartiments 7500 FcFa

Sac bandoulière 45000 FcFa

Pochette X ZONE15000 FcFa

Boutique Chez mon ami

Boutique Chez mon ami

Boutique PARADOX

Boutique PARADOX

Boutique PARADOX

Boutique PARADOX

Page 61: Actu'elle n° 02 septembre 2013

60 L’archipel du cap-vert

64 Coin du chef: recettes à l’italienne

66 Rentrée à l’talienne

68 Une énigme trop sensible

72 Jeux

72 Carnet d’adresses

62 L’Archipel du Cap - Vert

66 Coin du chef: recettes a l’italienne

68 rentree litteraire

70 roman: une énigme trop sensible

74 Carnet d’adresses

EVASION

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C’est une destination idéale pour les amoureux de la nature.Longues randonnées à travers les collines verdoyantes de l’intérieur des îles volcaniques, expéditions en plon-gée à la découverte de fonds sous-marins magnifiques, ou simplement tranquillité et douceur de vivre typique, chaque journée peut se terminer en dansant aux rythmes des musiciens de funana, coladeira et autres « zouks arrangés » à la sauce locale, jusqu’au petit matin !

L’archipel du Cap-Vert

Texte: Leïla Jaam

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Ce pays à faible ressource a surmonté les crises économiques principalement grâce aux revenus de sa

diaspora, et à l’aide internationale. « Nos pobreza que nos riqueza », notre pauvreté qui est notre richesse, chantent les expatriés (La Mc Malcriado ). De Césaria Evora à Philippe Monteiro, la musique Cap Verdienne a charmé le monde. C’est aujourd’hui un des pays les plus prospères d’Afrique sahélienne, qui porte fièrement les traces de son Histoire, de son métissage, dans sa culture, son art culinaires, et surtout en musique, qui n’a de cesse de rendre hommage au courage du peuple capverdien et à la beauté de ses îles. Au Sénégal, aux Etats Unis, et en Europe principalement, la diaspora capverdienne, plus nombreuse que la population restée au pays, donne déjà un aperçu de ce que peut être l’ambiance et l’hospitalité qui fait partie de leur réputation et donne envie de connaître ce petit pays tant aimé…

Constellation d’îles sous le ventAu carrefour de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Europe, à seulement 500km de Dakar, vous attendent des plages désertes, des collines verdoyantes, et des montagnes au sommet desquelles vous découvrirez des paysages époustouflants. Vallées luxuriantes, cités coloniales, tout a été préservé. Ici la nature et l’Histoire sont respectées, car ce sont, avec la culture, les vraies richesses du pays. Les gros complexes touristiques sont pourtant encore rares. Les activités principales des îles sont l’agriculture et la pêche. Il est facile de communiquer avec les habitants, car bien que le créole cap verdien (dit criolu) soit reconnu comme langue nationale, la plupart des capverdiens parlent aussi français et anglais. Les 18 îles et îlots sont regroupées en deux ensemble, définis suivant leur orientation par rapport aux vents du nord-ouest : Barlavento (îles du Vent) et Sotavento (îles Sous-le-Vent). Les îles sont plutôt basses à l’est (Sal, Boa Vista, Maio), et montagneuses à l’ouest (Santo Antão, San Nicolau et San Tiago).

Praia, capitale historiquePraia, la capitale, se trouve sur l’île de Santiago. Vous pourrez y visiter le Musée Ethnographique, et contempler de superbes panoramiques sur la ville et la côte depuis la Cruz do Papa. Le Miradouro Diogo Gomes (du nom du découvreur portugais de l’île) offre une vue imprenable sur l’ile de Santa Maria, haut lieu du tourisme balnéaire. Au centre de l’île, dans la ville d‘Assomada, l’Eglise Nossa Senhora de Fatima récemment rénovée est ornée des œuvres de plusieurs peintres et sculpteurs locaux. Dans les marchés d’artisanat, vous pourrez vous procurer des « sibitch », petites perles de verres noires tachetées de blanc, en collier, bracelet, boucles d’oreilles, montées sur or). Très portées par les capverdiennes, ces perles protègeraient du mauvais œil… Vous pourrez aussi satisfaire votre gourmandise avec des confitures de papaye, coco, pomme de terre douce et lait. Une grande variété d’infusions de plantes aromatiques, utilisées souvent dans un but thérapeutique, fait aussi

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partie de la tradition culinaire locale ainsi que le célèbre punch (rhum aromatisé), à déguster lors de soirées rythmées par la musique locale pendant lesquelles vous pourrez vous exercer aux diverses danses typiques (dont la cola sanjon).

Mindelo,capitale culturelleLa deuxième ville du Cap-Vert, Mindelo, sur l’île de Sao Vicente, est une véritable plaque tournante pour les artistes capver-diens. C’est la ville natale de Césara Evora, qui a charmé le monde entier au rythme d’une sodade(nostalgie) pleine d’amour, et attiré les voyageurs vers son « petit pays » .

Beaucoup d’artistes peintres et de musiciens évoluent dans cette ville portuaire bordée par l’une des plus belles baies du monde, bien visible depuis le sommet du Mont Cara. Les marchés proposent toute une gamme de produits locaux : céramiques, poteries en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne, paniers en osier, objets usuels et de décorations en noix de coco, étoffes en cotons (tissées principalement sur l’île de Sao Vicente).

Les incontournables Santo Antao (face à Sao Vincente) est plus agricole, avec ses vignes et cultures de café au nord, et développe l’écotourisme. Sur l’île de Fogo vous pourrez gravir le volcan de San Felipe, et vous émerveiller devant l’étrange paysage lunaire du Cha das caldeiras, ancien cratère, d’où sort un pic de 2829 mètres. Si vous cherchez la tranquillité absolue, Boa Vista et Maio sont bordées de plages paradisiaques quasiment désertes. L’île de Sal est plus touristique. Les îles de Sao Nicolau (très jolis sentiers de randonnée) et Brava (plus petit île habitée) sont les plus traditionnelles. On peut circuler entre les îles par ferry ou grâce à des liaisons aériennes.N’hésitez pas à goûter aux plats locaux, délicieux : - La capucha, (considéré comme le plat national) : ragoût de maïs, haricots, légumes (manioc, pommes de terre douce, banane pas très mûre, courge et autres), et de viande de porc ou thon. - Les pastels com diablo dentro chaussons de pâte de farine et de pommes de terre bouillies, far-

cis de thon frais, oignons et tomates, frits. - Les pastels de milho, chausson de pâte feuilletée de maïs, farcis de poisson, - les cuzcuz, biscuits de farine de maïs, avec ou sans sucre et quelquefois de la cannelle, cuits à la vapeur.

Histoire d’un« Petit pays » devenu grandLes îles du Cap-Vert ont été habitées par les portugais à partir de 1456. Il est probable qu’elles étaient déjà fréquentées par des africains, surtout les pêcheurs sénégalais. Les portugais avaient amorcé le commerce des esclaves une dizaine d’années auparavant, en direction de l’Europe, et fondé les premiers comptoirs, principalement au Ghana. En 1492, l’espagnol Christophe Colomb découvre les îles des Caraïbes, et plus tard le continent américain. Les conquistadors espagnols et portugais, dès lors en concurrence, décident de se partager les nouvelles terres qu’ils comptent envahir, de légaliser leur appropriation, et l’exploitation de leurs habitants, par le Traité de Torsedillas, dès 1494. Par ce traité, ils tracent une ligne imaginaire le long d’une ligne nord-sud à ©

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l’ouest des îles du Cap-Vert. Le Nouveau Monde est attribué à l’est de cette ligne (Afrique), aux portugais, et à l’ouest (Amérique), aux espagnols. Quelques années plus tard, la Traite Négrière entame un commerce triangulaire infernal qui durera plus de quatre siècles. Les îles sont pen-dant toute cette période des escales de ravitaillement importantes pour les bateaux négriers, avant la longue traversée de l’Océan Atlantique, et des territoires sur lesquels les colons expérimentent des plantations de canne à sucre. La population déportée qui y travaille parvient à communiquer grâce à un créole mélangeant leurs langues africaines et le portugais. En 1866, la traite négrière est définitivement abo-lie. En 1867, le Cap Vert est détaché de la Guinée Bissau, ce qui provoque une grave crise économique, et les premières grandes vagues de migration, libres vers les Etats-Unis, forcées vers les colonies portugaises d’Angola et de São Tomé et Principe. Sous l’impulsion d’Eugénio Tavarez, le nationalisme capverdien prend de l’ampleur, principalement re-layé par la diaspora. La population portugaise, décimée par des épidémies de malaria, laisse les rôles administratifs à la population métisse et afro capverdienne bien avant l’indépendance du pays. Les grandes sécheresses des 1903-1904 et 1914, suivies par les effets de la dictature de Antonio de Oliveira Salazar instaurée au Portugal déstabilisent complètement la société capverdienne. Le pouvoir militaire inter-dit l’immigration des capverdiens vers les Etats Unis. Le pays est fermé aux étrangers. Dans les années 40, la population subit plusieurs famines successives, qui tuèrent, selon certains historiens, environ 50 000 personnes, dans l’indifférence générale. Les migrations clandestines se succèdent alors vers le Sénégal, puis l’Europe, la France, les Pays-Bas, la Belgique, où vont se former les cadres du futur mouvement indépendantiste. Le créole capverdien devient un symbole de résistance à la colonisation. Le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Portugaise (Guinée Bissau) et du Cap Vert (PAICG) est fondé en 1956 sur l’initiative d’Amilcar Cabral. Cet ingénieur agronome, né en Guinée Bis-sau de parents capverdiens, formé à l’université de Lisbonne, va devenir un

Informations pratiques :

Superficie de 4 033 km2523 568 habitants (en 2012). 700 000 cap verdien vivent à l’étranger.Liaisons aériennes depuis Dakar : TACV – Royal air Maroc -TAPAéroports internationauxPraia Mindelo Ambassade du Cap-Vert Dakar3, Boulevard Djily MBAYE Immeuble Fahd 13éme étage BP : 11269 Téléphone : (221) 33 821 18 73 Climat :Vents forts toute l’année. Température agréable toute l’année, peu de pluie. Prévoir les nuits fraîches surtout dans les montagnes. Monnaie :CVE (Escudo capverdien)Valeur : pour 1000 CFA = 167 escudos.

héros pour ces deux nations, et aussi en Angola, ou il prendra part au mouve-ment de libération national. Il est consi-déré comme un des rares marxistes africains. A partir de 1963, le PAICG entre en guérilla. Amilcar Cabral se bat pour l’existence d’une unité culturelle, économique, politique et sociale de tous les groupes ethniques, et souhaite l’instauration d’un régime fondé sur le socialisme démocratique. Pour lui, l’action révolutionnaire est basée sur l’éveil culturel des masses. Il fonde dans ce but des écoles dans les cam-pagnes. Amilcar Cabral est assassiné à Conakry en janvier 1973 et ne verra pas l’avènement de l’Indépendance proclamée en 1975, pour laquelle il se sera battu plus de vingt ans, alors que le dictateur Salazar est renversé au Portugal lors de la Révolution des Œil-lets. Le Cap Vert et la Guinée Bissau formeront un état commun jusqu’en 1980. Le Cap-Vert a été régi par le parti unique jusqu’en 1990, date des premières élections présidentielles.

L’actuel président du Cap Vert, Jorge Car-los Fonseca, a été élu démocratiquement en 2011.

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Risotto aux courgettes

Pour 4 personnes : • 250 g de riz rond • 1 litre de bouillon de légumes • 4 courgettes • 1 oignon • 25 cl de crème fraîche ou 25 gr. de beurre• 50 g de fromage parmesan râpé• huile d’olive • sel, safran, poivre (facultatif)• Préparation : 45 mn

Préparation1) Faites revenir l’oignon émincé, les courgettes coupées en petits dés dans trois cuillères à soupe d’huile d’olive.Ajoutez le riz. Lorsqu’il est translucide, versez 1/4 litre de bouillon.2) Faites cuire à feu doux, en mouillant régulièrement avec le reste du bouillon (n’hésitez pas à en rajouter, si vous avez épuisé le litre). N’hési-tez pas à goûter tout au long de la cuisson. 3) Lorsque le riz est quasiment cuit, versez dans le risotto le safran, la crème fraîche ou le beurre et le parmesan. Mélangez, assaisonnez selon votre goût et laissez réduire quelques instants.4) Servez immédiatement.

COIN DU CHEFFrittata auxcourgettes

Pour 4 personnes : • 6 œufs • 2 cuillères de fromage parmesan râpé • 3 courgettes • 1 petit oignon• huile d’olive • persil (facultatif) • sel , poivre (facultatif)• Préparation : 25 mn Préparation1) Laver les courgettes et les couper en fines rondelles sans les éplucher. Les faire revenir dans une poêle antiadhésive avec l’oignon émincé et un peu d’huile d’olive.

2) Battre les œufs en omelette dans un saladier. Ajouter le parmesan et le persil. Saler et poivrer.Une fois la pâte homogène, y ajouter les rondelles de courgettes.

3) Verser le tout dans une poêle de 28 cm de diamètre. Baisser la flamme et couvrir.Retourner la frittata après quelques minutes. 4) Laisser refroidir avant de servir.

RECETTES A L’ITALIENNEPar : Virginia Tiziana Bruzzone

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Courgettes farciesPour 4 personnes : • 4 grosses courgettes • 2 boules de mozzarella • 4 tomates allongées • 1/2 bouquet de basilic • sel ,poivre (facultatif)• huile d’olive• Préparation : 35 mn

Préparation1) Préchauffer le four à 180 degrés. Laver les courgettes, ôter les extré-mités, les couper en deux dans la longueur. Ne pas les éplucher.Laver, épépiner (facultatif) les tomates, les couper en dès.Couper la mozzarella en tranches également.Ciseler le basilic.

2) Placer les courgettes dans un plat huilé allant au four.Verser 5 cl d’eau dans le fond du plat.Enfourner et laisser cuire 10 minutes environ.

3) Sortir le plat du four, creuser légèrement quatre demi-courgettes. Répartir en alternant tomates et mozzarella sur les courgettes creusées.Parsemer le basilic ciselé.Saler et poivrer.Placer les courgettes non creusées dessus, arroser avec l’huile d’olive.Glisser de nouveau au four pour 15 minutes environ. 4) Déguster à la sortie du four.

EVASION: COIN DU CHEF

Spaghetti courgetteset crevettesPour 4 personnes : • 250 g de spaghetti n.3 • 4 courgettes • 350 gr. de crevettes• 25 cl de crème fraîche (facultatif)• huile d’olive • ail, persil • sel, safran et poivre (facultatif)• Préparation : 35 mn

Préparation1) Faites revenir l’ail émincé, le persil et les crevettes lavées et décortiquées dans trois cuillères à soupe d’huile d’olive.Ajoutez les courgettes coupées en rondelles et laissez cuire pour 10/15 minutes.

2) Salez et poivrez à votre goût, ajoutez le safran et la crème fraîche.

3) Pendant ce temps, portez à ébullition une grande quantité d’eau bouillante salée dans une casserole et ajoutez les spaghetti. Faites cuire selon le temps de cuisson indiqué sur la boite. Les pâtes doivent rester «al dente». Égouttez.4) Mélangez dans un saladier les pâtes et la sauce. Servez chaud.

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La saison de l’ombre

Léonora Miano

Paru le 28 aout 2013. Roman Edition Grasset

Une nuit, le village mulongo est frappé par un incendie. La population, affolée par les flammes que l’on ne parvient pas à

maîtriser, prend la fuite, pour chercher refuge dans la brousse avoisinante. Au petit jour, les villageois reprennent le chemin du retour. Ils se massent à l’orée de leurs terres, attendant que le clan entier soit rassemblé. C’est alors que la disparition de

douze hommes, dix jeunes initiés et deux anciens, est remarquée. Ebeise, la matrone du clan, qui siège au conseil des sages, suggère que les mères des dix adolescents disparus soient éloignées de la communauté. Elle espère ainsi évi-ter que leur chagrin ne se répande au sein des familles et fragilise le clan qui doit panser ses plaies, rebâtir ce qui a été détruit. Elle espère également que ces dix femmes sachent se consoler mutuellement, se soutenir. Le roman s’ouvre sur ces femmes recluses dans une habitation distante des autres, abandon-nées à leur solitude et à leurs interrogations. Elles font un rêve. Le même. Seule Eyabe, l’une des dix écartées, saura interpréter le songe et comprendre qu’un drame est arrivé, qu’elle ne reverra pas son fils aîné. Alors que les sages se perdent en atermoiements, la femme décide de prendre la route afin de trouver l’endroit où son garçon a péri, et de lui rendre les derniers hommages.Léonora Mianno est camerounaise, elle vit en France. Son œuvre littéraire (La saison de l’ombre est son 9ème roman) est marquée par un style puissant, poétique, et par son attachement à réfléchir aux traditions africaines et à la place des femmes dans la société.

Les anges meurent de nos blessures Yasmina Khadra

Paru le 22 août 2013 -Roman Edition Julliard

Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né, dans l’Algérie des années 1920. Il avait pour lui sa candeur désar-

mante et un direct du gauche foudroyant. Il fréquenta le monde des Occiden-taux, connu la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme. De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie. Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maîtres absolus, l’amour se met parfois en grand danger.Yasmina Khadra, né en 1955 dans le Sahara algérien, est aujourd’hui connu et salué dans le monde entier. Ses romans, notamment À quoi rêvent les loups, L’Écrivain, L’Imposture des mots, Cousine K, sont traduits dans 40 pays. L’Attentat a reçu, entre autres, le prix des libraires 2006, le prix Tropiques 2006, le grand prix des lectrices Côté Femme et est actuellement en cours d’adaptation cinématographique.

RENTREE LITTERAIRE

Guide Capillaire pour entretenir les cheveux crépus

Ce livre retrace les étapes clés du retour au Naturel. Expérience personnelle, astuces, méthodes et conseils pour que votre aventure

capillaire se passe au mieux. Avec les témoignages de lectrices du blog Journal Nappy Girl.

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JUSQU’À CE QUE L’ÉTERNITÉ NOUS SÉPARE

Roman

Charlotte Seck

Edition L’Harmattan

Ce roman plonge le lecteur au coeur d’un monde où l’Afrique est une nation en plein essor, comptant des ci-

toyens qui bâtissent ensemble un avenir meilleur. Charlotte Seck a voulu parler des relations humaines. Celles qu’ont un père et sa fille, une mère et ses deux enfants, deux personnes que la vie ne semblait pourtant pas destiner. L’auteur plonge le lecteur dans l’éternité de l’amour et le surprend par la force des événements.

Immortelles

Laure Adler

Roman. Editions Grasset

« Florence, Suzanne, Judith. Elles forment une sarabande dans ma tête. Leur amitié m’a construite et m’a rendue différente. Avec elles, j’ai ressenti ce à quoi nous ne pensions jamais, ce que vivre signifiait.» Une nuit d’été, la narratrice se réveille, submergée par une vague de souvenirs qu’elle croyait enfouis dans l’oubli. Sous ses yeux défilent les vies de trois amies avec qui elle a grandi, trois femmes aux destins poignants, trois parties d’elle qu’elle rassemble soudain. Roman sur la jeunesse, ses espérances, ses illusions, ses foucades et ses coups de foudre, Immortelles est surtout un hymne à l’amitié féminine.Laure Adler est une journaliste française qui signe ici son premier roman.

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UNE ENIGME TROP SENSIBLE

Texte : Laure Malécot

Episode 1

Au dix-huitième étage de la tour la plus haute du Plateau, derrière les baies vitrées de son appartement spacieux, Saba se concentre, avant une journée rythmée, pleine, comme elle aime, de rencontres. Assise en position du lotus, sur le petit tapis indigo orné de fines volutes ocres qui l’accompagne depuis sa nais-sance, elle maîtrise sa respiration. Le souffle puissant du vent au-dehors couvre les bruits de la circulation, et semble annoncer enfin les premières pluies de l’année. Se vider l’esprit n’est pas si simple. Il suffit pour

l’instant de ne pas chercher à le maîtriser. Le premier visage qui lui vient à l’esprit est celui de sa mère, souriant et déten-du, qu’elle espère être le reflet de la paix de l’âme maternelle. Elle n’était pas présente pour son grand départ. Paralysée d’angoisse, elle n’a pas embarqué dans cet avion-là, et avait gardé comme dernier souvenir celui de la femme courageuse, souriante, vive, qui avait été le pilier de son existence. Un éclat de rire, ses yeux brillants, cette longue chevelure bouclée, grisonnante, en cascade sur ses épaules frêles. Elle était si mince, si douce, mère…Et père, fidèle, comme à son habitude, attentionné, jusqu’au dernier souffle. Ce couple avait ensemble bravé leurs différences, et malgré les tensions ils étaient pour beaucoup un exemple de tolérance et d’entente. Elle partie, il ne savait plus comment vivre, ni pourquoi. Depuis, il supportait mal de revoir Saba, qui ressemblait tant à sa mère ! Leurs rapports étaient devenus froids, puis conflictuels. D’un commun accord, le père et la fille ne se voyaient plus depuis plusieurs mois.La vibration électronique fait sursauter Saba. Ellefait glisser son doigt sur l’écran du téléphone dernier cri, vraiment parce que c’est l’Amie.

- Saba, ma chérie ! On a été cambriolé ! Je viens de me réveiller, la maison a été vidée ! - Awa ! Quand, cette nuit ? Tu veux que je vienne ? - Je veux bien. Je suis complètement désemparée. - Ok, je viens après mes rendez-vous. Détends-toi, tant que toi, tu vas bien, c’est le principal.

La soirée est déjà bien entamée quand Saba arrive chez Awa. La villa au jardin luxuriant est illuminée devant la porte, assise sur un transat, le visage réfugié entre les mains, l’amie de toujours sanglote. Ses ongles très longs, ornés de motifs de couleurs vives, retiennent les longues tresses que Saba secoue du plat de la main. Awa lève vers elle des yeux pleins de larmes, esquisse un courageux sourire du coin de ses lèvres charnues, qu’elle n’a pas, pour une fois, couvertes de gloss.

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Son visage mince et anguleux est angoissé, sans maquillage elle a l’air si fragile… Elle crie presque, d’une voix enrouée : - Tu te rends compte ! Tout son matériel hi-fi ! Et son bureau a été saccagé ! Ses notes ont disparue !

Dans le salon, d’un coup trop grand, vidé de la fameuse chaîne hi-fi qui faisait l’orgueil du couple et le bonheur de leurs amis, d’un geste ample Awa désigne les étagères désespérément vides. Silencieuses, elles détaillent du regard l’étendue des pertes, remarquent ça et là une photo, un tableau, qui ont échappé à la frénésie des voleurs.

- Ils sont venus la nuit. Tu sais, je n’ai rien entendu, avec les somnifères que je prends…

Saba profite de l’occasion pour insister sur cette mauvaise habitude qu’a adoptée son amie depuis quelques années, depuis sa guerre à elle, en somme.

- Il serait temps que tu arrêtes ça, tu vois, la preuve. Tu as de la chance qu’ils ne t’aient rien fait.

Saba inspecte la serrure, qui n’a apparemment pas été forcée, et demande :

- Et lui, où est-il ? - Il arrive demain d’Abidjan. - Tu l’as appelé ? T’as appelé la police ? - Il m’a dit de ne pas appeler les autorités, qu’il va voir tout ça à son retour. Il ne veut pas que la police mette son nez dans ses papiers, je crois. - Lui, là, vraiment… Je t’ai toujours dit que son business était louche…Un jour il va t’attirer des ennuis, ce type. - Saba, ce ne sont pas mes affaires. - Ca peut le devenir, si ça t’attire des ennuis. Et puis c’est avec son argent que tu vis, Awa, non ? - L’argent n’a pas d’odeur, dit-on. - Ne le dis pas trop vite. Ce n’est pas si simple, tu le sais.

Saba, songeuse, sourit à son amie qu’elle voudrait parfois plus raisonnable, même si elle l’aime telle qu’elle est, un peu fantasque, inconséquente, éternelle adolescente légère, souvent trop légère. Voilà qu’elle pleure sur sa collection de chaus-sures, une centaine, tandis que Saba imagine la scène avec une peur rétrospective, de la bande de voleurs à quelques mètres de son amie endormie, se demande si elle va la laisser dans cette maison. - Viens, on va prendre l’air. Tu te fais une beauté ? Mais fais vite, je te connais…Enfin un sourire franc ! Parfois Saba se demande si cette préparation, ces métamorphoses spectaculaires, ne seraient pas la secrète mais véritable raison d’être de cette femme surdiplômée… qui va mettre environ une heure à se préparer ! Heu-reusement les voleurs ont laissé les fauteuils. Saba programme un fond musical en deux clics sur son téléphone, Wasis Diop, de la douceur…les souvenirs doux d’une romance trop éphémère, sur la plage des Almadies, ce rituel de rendez-vous secret, excitant, des regrets. Et ce voyage qu’elle doit faire au pays de sa mère…Ecouter cette autre partie d’elle-même. Changement de musique, cette chanson mélancolique de Césaria Evora, la diva aux pieds nus…Trouver le courage d’y aller maintenant, sans elle. Ce n’est pas si loin, le Cap-Vert.Une pointe de curiosité la pousse à pénétrer dans le bureau de Fabien, d’habitude hermétiquement clos, aujourd’hui comme éventré, porte grande ouverte, lumière allumée. Plus aucune feuille de papier ne traîne, l’ordinateur a disparu, évidemment. Fabien ne parlait jamais de son travail. Tout ce que l’on savait, c’était qu’il gagnait beaucoup d’argent, voyageait souvent,

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EVASION:UNE ENIGME TROP SENSIBLE

ne présentait que rarement ses relations à sa femme, encore moins aux amies de sa femme, qui ne lui connaissait ni ami, ni confident, encore moins de famille. Awa souligne d’un trait noir l’amande de ses yeux qu’elle trouve trop petits, et constate la venue dramatique d’un léger pli au coin de ses lèvres. Fabien les effleure souvent du bout des doigts, elle aime ça. D’ailleurs, elle aime tout de cet homme, même et peut-être surtout ses mystères. Il déteste les questions, n’en pose pas non plus. Il aime parler de tout, sauf de lui, plaisanter, rire. Quand il rentre de voyage, son rôle à elle, c’est de le distraire, qu’il savoure chaque instant, que la vie lui soit douce pour ce temps là. Elle voit bien qu’après chaque voyage il est un peu plus abîmé, un peu plus cynique. Si elle prend des somnifères, ce n’est pas qu’à cause des souvenirs de sa guerre. Fabien s’agite tellement quand il dort qu’elle ne pourrait dormir sans. Un nœud d’appréhension lui sert les intestins, à la pensée des brigands venus dans sa maison pendant son sommeil. Le lien entre l’activité mystérieuse de Fabien et le déshabillage intégral de la maison lui fait penser à une sorte de tentative d’intimidation, du style « on pouvait faire pire, ta femme était là, attention pour la prochaine fois ». Il était complètement paniqué au téléphone, ce qui n’est pas du tout son genre. Elle ne sait même pas où il est, « Abidjan » c’était pour dire quelque chose. Il ne disait jamais où il allait, appelait avec un numéro de téléphone masqué, ne payait rien par carte visa quand il était en déplacement.

Saba s’empare de la seule trace de papier échoué sur le sol, un journal de petites annonces.Le bruit de la douche s’est arrêté, une étape est franchie. Encore une bonne demi-heure pour que la magie opère… Saba feuillette les petites annonces, sans conviction, passe le temps, pour finalement arrêter son regard sur l’appellation, fran-chement rare dans ce pays, de détective privé.Elle surgit en trombe dans la chambre d’Awa, le journal en main :

- Ma belle ! Regarde ce que j’ai trouvé !

Awa, en pleine réflexion devant sa garde robe, un pagne vaguement noué autour de sa taille si fine contrastant avec la ron-deur de ses hanches, se saisit du journal avec circonspection, et éclate de rire. - Tu te crois dans un film ! Je ne vais pas appeler un détective privé !

Subitement sérieuse, elle attrape un corsage blanc, un jean noir, et précise :

- Je ne suis pas sûre que Fabien apprécie, de toute manière. Tu connais sa manie du secret. - Ah oui ? Il va mener l’enquête seul ? C’est vrai, comme il sait tout faire, c’est logique… conclut Saba d’un ton ironique.

Ce Fabien lui a toujours tapé sur les nerfs. Il se disait français mais avait parfois un drôle d’accent, parlait avec arrogance, semblait dominer toujours les situations du haut de son mètre quatre-vingts, juger les gens de ses yeux bleus glacés. Très bel homme, arborant un joli teint caramel et une crinière blond cendré qu’il ne coiffait pas vraiment, avec un air de se mo-quer de tout le monde en permanence affiché sur son visage, globalement froid et distant avec elle, il n’avait comme qualité à ses yeux que l’attention dont il entourait sa compagne, fort patiente d’ailleurs, et très amoureuse. Saba, assise sur le rebord du lit défait, lance à son amie, concentrée sur la stratégie de son maquillage :

- Il ne veut toujours pas que tu travailles ? - Non. Je n’ai même plus de chaussure…

Awa sort de la salle de bain, et met avec une grimace de dégoût des ballerines noires désespérément plates.

- Il se donne pourtant des apparences d’un homme moderne. - Ca dépend comment tu comprends la modernité, ma sœur ! - Ce n’est pas le moment de philosopher sur son cas. Accélère le mouvement qu’on bouge d’ici, cette maison est sinistre. Si tu veux, prends un sac et viens dormir chez moi quelques jours. - Cette nuit, juste. Il rentre demain dans la nuit. Saba laisse passer un silence, et revient à l’attaque :

- Tu ne veux pas qu’on aille le voir, ce détective ? On lui raconte n’importe quoi, tu n’es pas obligée de lui dire la vérité directement, et quand tu en parles à Fabien tu lui décris un peu le personnage ? Après, vous voyez ensemble. Tu n’as pas envie de voir à quoi ça ressemble, un détective privé ? Moi si ! - T’as qu’à y aller seule. Toi, avec tes goûts d’aventurière, tu vas nous attirer des ennuis. - Ah parce que toi, l’aventure, ça ne te dis rien ? Arrête de jouer à la femme rangée, ça ne prend pas avec moi ! Tu deviens peureuse avec le temps. De toute façon, les problèmes, tu es déjà en plein dedans. Ta maison a été vidée, tu crains quoi encore ?

Awa plante son regard incisif dans les yeux de son amie et lui précise d’un ton ferme :

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EVASION:UNE ENIGME TROP SENSIBLE

- Toi-même tu disais que les affaires de Fabien sont louches. Tu ne peux pas imaginer à quel point. Je n’en ai pas une idée bien précise, mais je crois qu’il joue avec le feu. C’est dangereux de s’en mêler. - Ce serait peut –être bien aussi que tu aies des précisions sur ce point, non ? Histoire de savoir si tu es en danger, si tu dois prendre tes précautions, enfin savoir dans quoi tu nages !

Awa a un mouvement de recul, murmure en pensant à ces hommes présents dans la maison alors qu’elle dormait, in-consciente du danger.

- Là, tu as marqué un point ! Pourquoi pas, en fait ? - Bon. On avance. Un détective, ça répond au téléphone la nuit, on est bien d’accord ?

Awa hoche la tête, illico Saba compose le numéro, un petit vent de suspens traverse la pièce, les deux jeunes femmes échangent une sourire, comme aux temps de leurs cachoteries d’adolescentes.

Les doigts effilés passent un coton imbibé de désinfectant sur le front blessé de l’homme, strié d’une fine coupure. Aby parle avec une grande douceur qu’elle espère convaincante.

- Malick, il va vraiment falloir que tu penses à changer de métier si tu veux fonder une famille.

Il sursaute, ouvre les yeux pour affronter ceux, pleins de reproches tristes de sa sœur aînée. - Mais, Aby, qui t’a dit que je voulais vraiment fonder une famille ?

Elle appuie un peu trop fort sur la blessure, et se dresse, piquée au vif.

- Tu as oublié ta cousine Khadija ?

Tout le corps de Malik se raidit, il réplique :

- Nous avons déjà parlé de cela, je t’ai dit qu’il n’en était pas question!

Aby ne se laisse pas démonter :

- Rencontre-là au moins, ça ne t’engage pas ! - Tu parles… Laisse-moi, tu m’ennuie avec cette histoire. - Je t’ennuie ! Quand tu seras vieux et seul tu regretteras.

Malik se lève, et soudain nerveux, il crie :

- Je n’ai pas besoin de toi pour trouver une femme ! Si je dois fonder une famille, c’est à moi de décider avec qui.

Aby baisse les yeux, range les morceaux de coton imbibés de sang, lui tend un petit pansement qu’il repousse, franchement agacé. Comme après chaque fois qu’il hurle, plongé dans un mutisme obstiné il n’entendra rien de ce qu’elle pourrait lui dire. Ce n’est pas lui qui assiste aux réunions familiales et qui supporte les sous-entendus, plus ou moins bienveillants, à propos de son long célibat de quarantenaire. Il n’y vient jamais, quasiment, travaille tout le temps. En fait il fuit ce débat, Aby l’a bien compris, mais ne s’avoue pas vaincue. Son téléphone sonne, de toute façon la discussion est terminée, il la congédie d’un geste, ce qui tombe bien, c’est bientôt l’heure de la prière.

L’avion ne décolle que dans trois heures. Rien à faire de mieux que traîner dans l’aéroport. Douze heures de vol ! Autant dire que la rapidité de sa réaction ne sera pas exemplaire. De toute manière, le nombre incalculable de personnes qui pourraient avoir intérêt à s’emparer de ses informations est décourageant. Ce salon d’attente VIP est vraiment tout confort, sauf les sièges, dommage. La serveuse a oublié d’apprendre à sourire, et Fabien a brusquement envie de partir, de retourner à sa mission, de laisser se dérouler le fil de sa chute. Il est si loin et si bien caché, qu’il ferait mieux de rester là. Sagement. Laisser la belle et douce Awa à son sort. N’a-t-il pas été formé à l’endurcissement, à l’absence d’émotion ? Fabien tourne la carte d’embarquement entre ses mains, tapote avec un rythme nerveux sur la table trop basse, la pose, soupire. Cette femme est sa faiblesse, la faille par laquelle on peut l’atteindre, le détruire. Il le savait, pourtant, qu’il jouait avec le feu en s’habituant à son rire, à son corps, à la vivacité drôle de ses répliques, en s’habituant, à ses côtés, à renaître en homme sensible.

A suivre...

UNE ENIGME TROP SENSIBLE 1

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