21 7-8-9 juin 2003 dossier - chrétienté vocation de la france

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DDOOSSSSIIEERR DDEEPPRREEPPAARRAATTIIOONN

7 , 8 ET 9 JUIN 2003

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«« IIll ffaauutt qquuee FFrraannccee,, iill ffaauutt qquuee CChhrrééttiieennttéé ccoonnttiinnuuee »»

Chers amis,

Dans quelques mois, nous allons reprendre la route de Chartres. Pourquoi ou plutôt pourQUI ?

Le Cardinal Pacelli, le futur Pie XII nous répond depuis la chaire de Notre Dame : laFrance a une Vocation exceptionnelle et, cette France est attaquée. Que dirait aujourd’hui legrand Pontife devant l’état religieux et politique de NOTRE France ?

Nous ne sommes pas de ceux qui croient au rêve mondialiste et nous ne voulons pas deleur Europe sans Dieu . Alors, il nous faut veiller, prier, et aimer. Tel est le découpage de nostrois journées ; à vous d’étudier avec attention ce que nous voulons dire pendant ces troisjours et pour cela méditez le devant votre crucifix ; un thème comme celui de cette année doitêtre vécu d’abord par vous afin de communiquer une véritable flamme à vos pèlerins.

* Vigilance: nous sommes des veilleurs et donc nous ne devons pas dormir ; c’est leminimum ; le Seigneur veut de nous une perception claire et réaliste de la crise actuelle,particulièrement celle dans l’Eglise où nous marchons continuellement entre deux précipices :l’hérésie et le schisme ; formez-vous, chers amis, formez-vous, formez-vous, c’est urgentpour mener le bon combat.

* Prière: à l’appel du Pape, prenons notre chapelet, notre Rosaire et prions beaucoupcomme nous y invite la Très Sainte Vierge Marie à chacune de ses apparitions. N’oublionsjamais l’évangile de Marthe et Marie, elle a choisi la première place, elle ne lui sera pas ôtée.Quelle est la place de la prière dans votre préparation à la Pentecôte ; existe-t-il un lien deprière entre vous et vos pèlerins au cours de l’année ? participez-vous aux messes depréparation ?

Organisez-vous quelque chose ? et surtout quel est l’état de votre vie intérieure ?

* Amour: le Pape Jean-Paul II nous invite à construire la Civilisation de l’Amour c’est-à-dire le Règne du Sacré-Cœur partout, c’est la vie en Chrétienté.

Oui, nous allons marcher pour Jésus et nous savons que pour aller à Lui pas de Cheminplus sûr que celui de Notre Dame. Comme aux premiers pèlerinages notre ardeur doit êtrebelle et forte afin d’embraser le monde.

Nous comptons sur vous.

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15,00

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Issoire (Crypte)

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DDOOSSSSIIEERR DDEE PPRREEPPAARRAATTIIOONN

MMooddee dd’’eemmppllooii

Aux chefs de chapitre et à leurs adjoints…Ce dossier comporte deux parties:

La première partie réunit des textes de formation doctrinale sur le thème et autour duthème. Ils vous permettront d'acquérir une connaissance de base aussi complète que possiblepour traiter de la vocation chrétienne de la France et des thèmes des trois journées (Vigilate,Orate, Amate). C'est une grande joie de réunir, dans ce document, les contributions de plusieurscommunautés et associations amies qui ont pris sur leur temps précieux pour nous aider.

Attention: ces textes ne sont pas prévus pour être lus sur la route.

Dans la deuxième partie sont regroupés des textes courts d'auteurs divers ( extraitsd'auteurs spirituels, citations célèbres ou non,… ). Ils vous fourniront une matière premièrecomplémentaire appréciable pour alimenter vos instructions et méditations.

Votre sens pédagogique vous interdira, là aussi, de lire en entier des pages peu adaptées àdes pèlerins fatigués.

En tête de cette partie, vous retrouverez :- le plan des sermons et méditations, trame à laquelle l'ensemble du pèlerinage 2003 va se

raccrocher.- l'allocution du Cardinal Pacelli de 1937 à Notre-Dame de Paris qui a servi de source

d'inspiration principale pour cette année.Dans les dernières pages, une courte notice bibliographique de quelques uns des auteurs

répertoriés dans cette partie vous permettra de mieux les connaître.

Faisons nôtre cet enchaînement de méditations et suivons le du mieux que nous pouvons.Que ce travail de préparation fasse grandir notre amour de la vérité sans laquelle l'unité n'estqu'illusion et notre apostolat sans consistance.

Il est important que chacun prépare personnellement les méditations qu'il va exposer. Uneméditation récupérée apporte peu à celui qui la découvre en la lisant sur la route et "passe mal"auprès des pèlerins.

En attendant la joie de nous retrouver à l'occasion des différents rendez-vous depréparation et enfin sur la route de Notre-Dame de Chartres, que ce travail commun nousunisse profondément sous le regard de Notre-Dame.

"Le temps que l'on consacre à la gloire de Dieu et au salut des âmes n'est jamais perdu"Saint Padre Pio

BENOIT DE BEAUREPAIRE

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Baptême de Clovis

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l est banal de rappeler que l’homme est un être social, mais alors on confond tropsouvent social et sociable. Dire que l’homme est un être social c’est affirmer que la

nature humaine entraîne et comporte la vie sociale. On ne peut concevoir qu’un homme seulparvienne à un développement intellectuel et moral qui convienne à sa nature."Tous les biens spécifiquement humains, c'est-à-dire tous les biens qui concourent à assurer leplus complet développement et la perfection de la vie spécifiquement humaine sont des bienscommuns inaccessibles à l'individu isolé; les hommes ne peuvent les obtenir qu'ensemble,solidairement les uns des autres par leur œuvre commune dans la vie sociale" 1

"Les hommes se réunissent pour mener en commun une vie bonne, but que ne peutatteindre l'homme isolé"2

La famille ne peut procurer seule tout ce dont l’homme a besoin, non seulement pour vivremais pour « bien vivre ». Elle doit faire partie d’une communauté plus vaste et plus complète: lasociété civile ou politique.

UUnnee bboonnnnee ssoocciiééttééCe qui spécifie une bonne société, c’est son but.

La société civile unit, fait collaborer, rend solidaires individus, familles, maisons, villageset villes. Mais il ne suffit pas pour spécifier une société de décrire ceux qui la composent, mêmesi cette description est essentielle. Ce qui spécifie une société, c’est son but, sa finalité.

La société civile englobe des sociétés particulières et « si toutes ces communautés viventun bien déterminé, celle qui est la plus haute et qui englobe toutes les autres vise aussi plus queles autres un bien qui est le plus haut de tous »3 La société civile ne se substitue pas auxcommunautés qui la composent et elle ne les « contient » pas simplement, elle les entraîne, lesoriente, les meut vers une perfection ultime de la vie humaine qu’isolément elles ne peuventréaliser que partiellement. La société civile n’est pas qu’une extension des communautésmembres ; au-delà d’une différence d’échelle, il y a une différence de finalité.

Une éducation en vue du bien commun.

Saint Thomas définit la finalité première de la société comme étant « éducation envue du bien commun ». Ce n’est là qu’une autre façon d’exprimer que la finalité de la sociétéest de disposer les hommes à vivre selon la justice. « La vertu de justice est de l’essence de lasociété » dit Aristote. Il faut entendre par là que la cité doit disposer les hommes à reconnaîtreet vouloir par eux-mêmes, de volonté délibérée, ce qui est juste et pas seulement à les placerdans un cadre où toutes choses seraient administrées par la justice4.

1 J. Daujat, L'ordre social chrétien, (p.106) Ed. Beauchesnes.2 Saint Thomas, de regno3 Aristote, cité par J de Monléon, dans Marx et Aristote, Fac-Edition4 Il est logique de donner la première place à la vertu de justice, vertu sociale. Toutes les autres vertus moralesconcernent l’homme en lui-même. La justice ordonne l’homme par rapport aux autres.

Pourquoi nous aimons la France,aperçu sur les principes

I

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La charité pour fin, la justice comme moyen.

Rappelons, à ce sujet, que tous les commandements du Décalogue, synthèse de la loinaturelle, fondement de la doctrine sociale, « se rapportent à la justice ; ils ont la charitépour fin, mais pour objet immédiat les actes de la vertu de justice »1.

« Le désir d’une plénitude humaine, d’une vie commune heureuse, juste, d’une viecommune amicale est un fait constant. C’est une réalité vers laquelle nous tendons, vers laquellenous sommes continuellement orientés et qu’il nous faut sans cesse approfondir. Il ne se réaliseque dans la cité. La véritable vie civique est un accomplissement pour l’homme »2

PPaattrriiee,, NNaattiioonn,, EEttaatt..

Selon le regard que l’on porte sur la société civile, trois réalités distinctes apparaissent :celle de patrie, celle de nation et celle d’état. Quand nous parlons de « la France », ces troisréalités sont souvent confondues. A juste titre, Daniel Rops se demandait « si une grande partiede nos malheurs n’a pas sa cause dans cette synthèse abusive ». Il nous paraît essentiel derappeler quelques définitions.

• L’Etat est la constitution, l’organisation de la société civile par une autoritépolitique. C’est la société organique, hiérarchisée, constituée, sur un territoire commun,en groupe indépendant3

• La nation est une communauté d’héritiers. « Elle est beaucoup plus sereinement et solidement unie par le sens traditionnel d’un

héritage possédé en commun que par le sentiment exalté de la communauté qu’elle forme dansle présent »4. Ce qui lie les hommes et constitue une nation c’est le bien qui leur est commun entant que membres de cette nation et donc héritiers. « Il est étonnant de constater que c’est àpropos de ce groupe, fondé sur l’identité, que les divisions idéologiques se sont le plus nettementmanifestées »5. Ces divisions sont en fait nées avec l’idéalisme révolutionnaire. L’idée de nations’est alors trouvée liée à l’idée que l’on se faisait de l’héritage. A un certain sens instinctif de lapatrie, fait d’attachements et de fidélité, se substitue une représentation intellectuelle de laFrance et le « nous commun » se constituera sur cette représentation. « L’idée de nationl’emportera sur celle de patrie »6. Elle cesse de lui être intimement liée. Pour les uns, l’héritagese limitera aux Droits de l’homme (la nation jacobine, à laquelle on adhère par « contrat »), pourd’autres, à des critères déterministes (race, sol, langue7)…A chacune de ces notions de nationcorrespond une forme de nationalisme : ce terme est devenu chargé d’ambiguïté.

• L‘héritage, c’est la Patrie.Il nous paraît essentiel de ré-ancrer la nation sur la patrie. Ainsi, pour nous, l’héritage

c’est la patrie au sens traditionnel que nous allons rappeler. Dans ce cadre et avec cettedéfinition, nous pourrons alors ne pas distinguer entre patrie et nation. Dans la suite de cetarticle, nous utiliserons indistinctement France, nation ou patrie.

1 J. Madiran : de la justice sociale (p.11) Nouvelles Editions Latines.2 J. de Monléon, opus cité3 Nous n’aborderons pas ici les questions liées à l’Etat.4 Marie Madeleine Martin : Histoire de l’unité française » (p.400)5 Marcel Clément : Enquête sur le nationalisme. (p.205)6 M.M. Martin, opus cité (p.283)7 Type de nation que les sociologues appellent « la nation allemande ».

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LLaa ppaattrriiee..La patrie est le fruit de la continuité et donc de l’histoire du territoire.

La patrie est le fruit de la continuité et donc de l’histoire, sur un territoire ; mais ce n’estpas seulement le territoire défini par la géographie. C’est le territoire tel que l’a transformé lalongue succession des générations humaines en le cultivant, en exploitant les carrières et lesmines, en y construisant maisons, châteaux, usines, digues, canaux et ports, écoles, hôpitaux,universités, bibliothèques, musées, églises et cathédrales…

La patrie est le fruit de la continuité et donc de ce que l’histoire a accompli sur un peuple.C’est sa langue, sa littérature, ses mœurs, ses coutumes, ses traditions morales et religieuses salégislation, ses œuvres artistiques, techniques, scientifiques spirituelles…

C’est donc bien le legs des pères, c’est un patrimoine hérité, propriété indivise de lacommunauté, ce qui fait que par notre éducation dans cette patrie nous ne sommes pas desbarbares mais des civilisés d’une civilisation que nous avons reçue.

« Nous sommes citoyens d’une France réelle. Par la France, nous entendons une réalitéplus chère et plus belle que tout et non une idée nuageuse…nous entendons le sol et ses variétés,le sang et ses riches nuances, les traditions, les intérêts, les sentiments. Nous songeons auxmaisons, aux autels, aux tombeaux où dorment de saintes dépouilles. La plus belle définition dela patrie fait corps avec le nom même de patrie : terra patrum ; cela dit tout, le sol, le sang, leurâme commune et le génie divin qui les assembla »1.

On voit ainsi à quel degré la patrie est, pour notre perfection humaine, une réalitéfondamentale. A ce titre, on peut dire qu’elle est « la plus haute valeur de l’ordretemporel »2Il ne faut pas, ici, se tromper sur ce terme de valeur ; c’est une valeur incarnée,c’est une réalité à la fois charnelle et spirituelle. « C’est, écrivait Péguy, cette quantité de terreoù l’on peut parler une langue, où peuvent régner des mœurs, un esprit, une âme, un culte. C’estune portion de terre où l’âme peut respirer ».

« La nation est ce qui fait en l’homme l’humain (Jean-Paul II)

Il y a une manière d'être propre à la nation à laquelle on appartient; elle rejaillit et affecte,parfois très profondément, notre vie familiale, professionnelle, religieuse même. "L'homme a desliens de filiation spirituelle et morale avec son milieu social historique. Des traditions et desmœurs collectives, des institutions juridiques, politiques, sociales, un passé historique qui sesurvit dans le présent, une religion qui se cristallise en préceptes et en institutions qui forment lesconsciences et façonnent les âmes, une langue qui apporte à l'homme non seulement des moyensd'expression, mais des systèmes liés de représentation et d'images, une culture littéraire et touteune philosophie de la vie…voilà quelques-uns uns des fils dont il faut débrouiller l'écheveau, sil'on veut expliquer la genèse, la génération physique et mentale d'un individu3. Nous avonségalement, reçu de la patrie "les mérites de tous les saints qui nous aident à faire notre salut, et àle faire d'une certaine manière, dans un certain style, avec un certain sens de la liberté, avec uncertain rythme pour raisonner"4.

La patrie fait ce que nous sommes.Le pire des maux qui peuvent frapper l’homme est le déracinement. "Les pauvres, les sans

propriété n'ont que la patrie", avait écrit J. Jaurés; le mondialisme crée en quelque sorte de 1 Maurras, texte cité par M.M. Martin, opus cité (p.394-395)2 J. Daujat3 P. Ducatillon, Vrai et faux patriotisme.4 Marcel Clément, conférence publiée dans: Patrie française et principes chrétiens, (Nouvelles Editions Latines1956)

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nouveaux pauvres. La richesse de notre personnalité est faite de la multiplicité de nos liens,disait Saint Exupéry ; et nous y tenons parce que c’est à partir de cet acquis reçu que nous nousélevons vers l’universel, vers les biens éternels. « Un peuple sans passé est incapable desurnaturel » écrivait Simone Weil .

« Il faut aimer sa patrie, mais il faut l’aimer bien »(Henri Massis)

La patrie a droit à un véritable amour de préférence

« La patrie, c’est ce qu’on aime » affirmait Fustel de Coulanges, mais il s’agit ici debeaucoup plus qu’une vague affaire d’affectivité, même si elle en reste là trop souvent.

« L’Eglise qui proclame que tous les hommes sont frères corrige l’interprétation erronéequ’on donne parfois à cette fraternité universelle. Elle déclare, en effet, que chacun doit aimerparticulièrement ceux qui sont nés sur le même sol que lui, qui parlent la même langue, onthérité des mêmes richesses historiques, artistiques culturelles, qui constituent dans l’humanitécette communauté spéciale que nous appelons notre patrie, véritable mère, qui a contribué àformer chacun de ses enfants. Elle a droit à un amour de préférence »...1

Dans sa première encyclique, Summi pontificatus ( 20 octobre 1939) Pie XII écrit : « Il existeun ordre établi par Dieu selon lequel il faut porter un amour plus intense et faire du bien depréférence à ceux à qui l’on est uni par des liens spéciaux. Le divin maître Lui-même donnal’exemple de cette préférence envers sa terre et sa patrie, en pleurant sur l’imminentedestruction de la Cité sainte ».

Le patriotisme est une vertu naturelle relevant de la piété.

« La patrie nous est bienfaisante dans une mesure difficilement assignable. Elle appelle donc lapiété, ayant tous les droits d’une mère »2Nos devoirs vis-à-vis de notre patrie ne relèvent pasimmédiatement de la justice qui requiert que l’on rende tout ce qui a été reçu ou son équivalent ;ils relèvent de cette justice déficiente qu’est la piété filiale, vertu qui règle notre activité à l’égardde ceux auxquels nous ne pouvons que payer de manière incomplète ce que nous avons reçu.

En présentant la patrie ou la nation comme un milieu "générateur", en insistant sur l'étymologiedes termes (patrie de pater, nation de nascor, naître) on comprend que le catéchisme ait toujoursrattaché le devoir envers la patrie au quatrième commandement: « honore ton père et ta mère ».Mais, si l’on doit ainsi parler de piété à l’égard de la patrie, on ne peut évidemment pas parlerd'une religion de la patrie qui serait une idolâtrie.

Nous sommes paradoxalement enclins à manquer de piété vis à vis de la patrie enraison de la surabondance des biens qu'elle procure. On sait reconnaître les petites chosesque l'on nous donne mais" quand c'est très grand, nous croyons que c'était dû. Quand il s'agit dece que nous avons reçu de la France, depuis quinze cents ans, depuis Reims, on peut bien, n'est-ce pas? gaspiller l'héritage! On a l'impression qu'il en restera toujours quelque chose et faute desanction immédiate, on n'a pas le sentiment que cette impiété est une faute contre la justice etplus encore, s'il est possible, contre la charité… nous méritons (alors) le mot que Cicéronappliquait à ceux qui n'avaient pas l'amour de la patrie, ces criminels semblables à desparricides"3

1 Cardinal Feltin, archevêque de Paris, 20 avril 19562 P. Sertillange.3 Marcel Clément, opus cité.

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Jean Paul II a souvent insisté sur les devoirs liés à cette exigence de piété. « La nationexiste par la culture et pour la culture1….Protégez la comme la prunelle de vos yeux » dit-il àl’UNESCO2et dans une lettre apostolique à l’occasion de l’année internationale de la jeunesse,en 1985, il écrit : « Face à cet héritage, nous ne pouvons garder une attitude passive ou mêmed’indifférence, comme le fait le dernier des serviteurs évoqués dans la parabole des talents.Nous devons faire tout ce dont nous sommes capables pour assumer cet héritage spirituel, pourle confirmer, le maintenir et le développer ».

Beaucoup, aujourd’hui, ressentent quelque scrupule à parler de patrie. Ils ontl’impression qu’elle n’est plus qu’une forme périmée à une époque où tous les horizonssemblent s’élargir « Qui d’entre vous n’a entendu ou lu ces propos ?, demande Mgr Blanchet àses étudiants3, et à des heures où l’esprit moins ferme offre moins de résistance, on peut êtretouché de ces idées claires et simples, trop claires et trop simples pour n’être pas superficielles ;on peut être pris de vertige à l’idée de cet écoulement dans le temps qui ne laisserait subsisteraucune idée stable, aucune idée cohérente ; on peut être ému par cette anarchie sentimentale,trop molle d’ailleurs, trop inconsistante pour être vraiment généreuse. Mais notre catholicismen’est ni cet idéalisme sans chair ni cette effusion sans précises exigences ».

Pie XII, notant que l’on rencontre des citoyens pris d’une sorte de crainte de se montrerparticulièrement dévoués à leur patrie, affirme :« ce n’est pas le moindre signe de désorientationdes esprits que cette diminution de l’amour de la patrie, de cette plus grande famille que Dieunous a donnée »4.

Gustave Thibon remet chaque chose à sa place disant : « C’est à travers les patriesdépassées, certes, mais traversées, que le christianisme (cette divine forme de l’universel)afleuri sous des formes si diverses, si originales…Ce qui me paraît dramatiqueaujourd’hui…c’est qu’on veut dépasser avant d’avoir atteint. Il y a des gens qui ont toutdépassé…la famille…la patrie…et qui, ma foi, sont restés bien en deçà de toutes ces choses.Cela fait penser à ces dévots, dont parle Péguy, qui, parce qu’ils n’aiment personne,s’imaginent aimer Dieu »

Patriotisme étroit et nationalisme sont à exclure

Aimer sa patrie, protéger sa nation exclut que l’on s’enferme dans un patriotisme étroitqui ne serait plus une vertu mais relèverait de ce nationalisme exacerbé, souvent condamné parles papes. Par ailleurs il n’y a pas de patriotisme fécond, harmonieusement ordonné au plusgrand bien de la patrie sans une éducation « Car on peut aimer profondément sa patrie et ne passavoir ce dont elle a besoin. On peut aimer sa patrie et être criminellement maladroit dans lamanière de la servir. Le patriotisme a donc besoin d’être éclairé par une intelligence sûre de lahiérarchie des vrais biens, des vrais moyens, des vraies fins »5.

C’est toute cette réflexion que résume Henri Massis dans cette belle formule :

« il faut aimer sa patrie mais il faut l’aimer bien ».

1 Il faut ici donner à culture le sens très étendu que le pape définit dans Christi fideles laïci, exhortation sur lestâches des fidèles laïcs, reprenant les termes de Gaudium et spes (53).2 Voyage à Paris en 19803 Mgr Blanchet, recteur de l’Institut catholique, à l’occasion d’un discours de rentrée, le 5 novembre 1956.4 Pie XII à la Colonie des Marches de Rome, le 23 mars 1958.On pourrait ici renvoyer aux articles 56 à 58 du catéchisme de l’Eglise catholique ; ils rappellent quelle est la placedes nations dans l’Economie divine, depuis l’alliance avec Noé.5 Jean Ousset : A la semelle de nos souliers, (p.78).

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"De remède il n'y en a qu'un, donner aux Français quelque chose à aimer: laFrance" (Simone Weil)

Il est aisé de constater que les patrimoines nationaux sont très divers. Ce qui ne veut pasdire que ces patries doivent être moins aimées de leurs fils: tout fils bien né doit aimer sa mère,parce qu'elle est sa mère. "L’erreur commence quand, au nom de cette universelle obligationd'amour pour nos patries respectives, on prétend conclure à l'égalité des patries"1.

Il existe une âme française.Pour sacré qu'il soit, l'espace géographique n'est pas le premier des caractères qui font

l'identité2. Il faudrait évoquer le génie de notre langue, ce don de clarté fait pour la vérité et pourl'annonce de la vérité. Il faudrait évoquer un certain enthousiasme spontané qui se traduit par lebesoin d'être pionnier, de donner le ton, par un certain goût de la croisade. Il faudrait évoquerune certaine soif de liberté, si vive et si irritable qu'elle porte à la querelle, si facilement dévoyéequ'elle peut être prise pour la valeur suprême mais aussi source des plus beaux dévouementsquand elle est au service de causes nobles, conduisant alors jusqu'au martyr.

• Il existe une âme française. L'historien Hanotaux, parlant de Jeanne d'Arc, après avoirmontré qu'elle avait fait triompher l'unité et l'indépendance française personnifiées dansl'héritier direct et légitime de la dynastie capétienne, écrit:" n’a-t-elle pas fait quelquechose d'infiniment au-dessus de toute réalisation matérielle, en reforgeant l'âmefrançaise de son temps et de tous les temps?"

• Au cœur de cette âme française, il y a d'abord, ancrée très profondément, la marque dela civilisation européenne, synthèse héritée des trois "mères- patries": Athènes, avecla raison et la mesure des choses, Rome ou le monde de la loi et du droit, Jérusalem quiapporte la transcendance , l'adoration et la charité. Henri Massis qui évoque cettesynthèse3 précise:" si déspiritualisé, si déshumanisé, si déchristianisé qu'il soit, notremonde, son âme, sa conception de la vie et de l'univers, ses principes de discernement etd'élévation morale, c'est le christianisme qui les a faits. Pour connaître son essence c'estlà qu'il faut l'aller chercher. L'ordre chrétien, ses fondations vivantes, sont devenues à cepoint inhérents à notre être que nos erreurs elles mêmes semblent encore revêtues decette grandeur d'origine". C'est sur ce patrimoine que s'est constituée l'unité culturelle,spirituelle de la France. Quand la France cesse d'être chrétienne, elle se défait.

Ce qui spécifie chaque nation c’est sa vocation.

« Une nation n’est pas ce qu’elle pense d’elle-même dans le temps, elle est ce que Dieuveut d’elle dans l’éternité ». Pie XII, encore cardinal Pacelli, le rappelait dans la chaire de NotreDame de Paris en 1937 : « Les peuples, comme les individus, ont leur vocation providentielle ;comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurémentstériles selon qu’ils sont dociles ou rebelles à leur vocation »

• Parler de la vocation chrétienne de la France, c’est d’abord évoquer sonbaptême. « C’est dans ce baptême mémorable de Clovis que la France a été elle-même comme baptisée ; c’est de là que date le commencement de sa grandeur et de

1 Jean Ousset, A la semelle de nos souliers (p.65)2 Certes, nous ne négligeons pas l'importance d'une terre civilisée. Dans son livre Testament d'un berbère AugustinIbazizen, après avoir merveilleusement évoqué Notre Dame de Paris, la Sainte Chapelle, le mont SaintMichel…s'interroge: "Comment peut-on appartenir à un tel pays et ne pas savoir ce qu'il représente?"3 Henri Massis, article des Cahiers de l'ordre français (1962) sous le titre: la cathédrale effondrée.

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sa gloire à travers les siècles 1». Et si l’on devait douter de l’opportunité de lierl’expression « France, fille aînée de l’Eglise » à celle de France baptisée, les proposde Jean-Paul II au Bourget, en 1980, suffiraient à lever ce doute : « France, filleaînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? ».

Cette vocation a été évoquée à toutes les époques par les papes. Rome, à plusieurs reprises,a placé la royauté française dans le droit fil de la tradition des rois de Juda. C’est le cas deGrégoire IX adressant à saint Louis la bulle Dei Filius ; même inspiration chez Clément Venvoyant à Philippe Le Bel la bulle Rex gloriae. Plus près de nous, saint Pie X répétera, le 13décembre 1908, les textes prophétiques de ses lointains prédécesseurs, à l’occasion des décretsde béatification de Jeanne d’Arc.

• Pour préciser cette vocation, il faut ensuite considérer l’histoire et notammentl’épopée missionnaire, les « gesta Dei per Francos ». Il faut considérer la suiteininterrompue des saints et des héros." Par leurs exemples et par leur parole, ilsbrillent comme des étoiles au firmament pour guider la marche de leur peuple, nonseulement dans la voie du salut éternel mais dans son ascension vers unecivilisation toujours plus haute et plus délicate"2. Cette histoire de la France, qui aforgé son âme, est trop souvent occultée avec cynisme et détermination partisane.

• L’histoire de la France c’est aussi l’histoire de sa fidélité à l’Eglise et aupape. « Apprenez, mon fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à ladéfense de l’Eglise romaine » avait dit saint Rémi à Clovis. Pie XII met enévidence cette fidélité comme « une loi de la vie du peuple de France ». Fidélitéau Saint Siège à travers les âges, tel est le sous titre du livre du cardinal Baudrillartconsacré à La vocation catholique de la France.3 Dans un texte plus récent, lecardinal Poupard a repris ce thème4.

• La mission d'éducatrice des peuples est au cœur de la vocation de la France. Elle acette responsabilité parce que parmi les dons qu’elle a reçus, il y a l’aptitude àl’universalité. Ce caractère lui est très généralement reconnu : « la culturefrançaise est universelle ; elle est la seule culture qui s’étende à tout lemonde »5 .« Je ne sais, écrit le cardinal Poupard, si la boutade de Jean XXIII estvraie :l’Italie c’est saint Pierre et la France c’est saint Paul, mais j’entends encorePaul VI me dire : le Français exerce la magistrature de l’universel ». Cetteaptitude prédispose à la vocation catholique.

Enfin dire que la France, dans son rôle d’éducatrice, a une vocation chrétienne, c’est direque non seulement, elle doit apporter au monde le nom du Christ, mais qu’elle doit en mêmetemps lui montrer le moyen de parvenir au salut pour le plus grand nombre. Ce moyen est làencore mis en évidence par Pie XII à Notre Dame : « Le passage de la France dans le monde , àtravers les siècles, est une vivante illustration de cette grande loi de l’histoire et de lamystérieuse et pourtant évidente corrélation entre l’accomplissement du devoir naturel et de lamission surnaturelle d’un peuple ». Cette illustration est essentielle car elle exprime lacohérence catholique de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel, de la raison et de la foi. Tout lecombat révolutionnaire consiste à séparer ces deux ordres, alors que ce qui spécifie la chrétientéc'est de les unir pour que le surnaturel imprègne harmonieusement le naturel.

1 Léon XIII, 8 janvier 1896, à l’occasion du quatorzième centenaire2 Il faut relire intégralement ce discours de Pie XII à Notre Dame de Paris en juillet 1937.3 IL s’agit des conférences de carême prononcées à Notre Dame de Paris en 1938 ;4 Dans son livre France fille aînée de l’Eglise Ed. Régnier5 Témoignage de l’espagnol Madriaga

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QQuuee ddiirree aauuxx ffrraannççaaiiss dd’’aauujjoouurrdd’’hhuuii ??Faire grandir l’Espérance

Pie XII n’en oubliait pas pour autant "les pages tragiquement douloureuses de (notre)histoire, aux heures où l'oubli des uns et la négation des autres obscurcissent dans l'esprit de(notre peuple) la conscience de sa vocation religieuse et la nécessité de mettre en harmonie lapoursuite des fins temporelles et terrestres de la patrie avec les devoirs inhérents à une si noblevocation". Qui doute que nous ne soyons à l'une de ces époques? Louis Veuillot notait au débutde ce siècle:" je suis constitué, déconstitué, reconstitué, gouverné, régi, taillé par des vagabondsd'esprit et de mœurs, qui ne sont ni chrétiens ni catholiques, c'est-à-dire, par le fait, qui ne sontpas Français".

Et pourtant, on ne peut ignorer la prophétie de saint Pie X:" le peuple qui a fait allianceavec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation".Ces paroles n'étaient pas nouvelles : Notre Seigneur en avait prononcé de semblables en 1689dans ses révélations à sainte Marguerite Marie. "Une nation qui a Montmartre et Lourdes ne peutpérir, disait Léon XIII. Mieux que cela: elle redeviendra la nation glorieuse d'autrefois"

Récemment, le cardinal Poupard, président du Conseil pontifical de la culture, prononçaitune conférence sous le titre: France, témoin d'espérance pour le nouveau millénaire1. "Ainterroger l’histoire, disait-il, le recours à la mémoire peut nous aider à répondre à l'invitationde Jean Paul II à Sainte Anne d'Auray:" je suis venu vous inviter à faire grandir l'espérance"

Le devoir de charité politique : la réponse à l’appel de l’amour

Encore faut-il lire correctement cette histoire. Elle nous montre, alors, que la Providence,dans le gouvernement des peuples, agit presque uniquement par le moyen des causes secondes: "les hommes d’armes batailleront, Dieu donnera la victoire". Après le message d'espérance, c'estdonc un devoir de charité que nous rappelle l'histoire, devoir de charité politique, selonl’expression de Pie XI. "La France catholique qui a donné à l'Eglise et à l'humanité toute entièreun saint Vincent de Paul et tant d'autres héros de la charité, ne peut pas ne pas entendre ce cri.Elle sait que les prochaines pages de son histoire, c'est sa réponse à l'appel de l'amour qui lesécrira".2

CENTRE DE FORMATION A L’ACTION CIVIQUE ET CULTURELLE

SELON LE DROIT NATUREL ET CHRETIEN

1 Conférence publiée par la revue Kephas (n° de janvier-mars 2002)2 Pie XII, Notre Dame de Paris, 1937.

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Le vœu de Louis XIII , IngresMontauban, cathédrale

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Ste Jeanne de FranceFille de louis XI

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Point de vue historique

LLeess ffoonnddaatteeuurrssQui a prononcé, le premier, le nom de Jésus en Gaule ? Nous ne le savons pas.Tandis qu’à Rome se constitue le gouvernement spirituel du monde sous l’égide du

successeur de saint Pierre, nos ancêtres deviennent Romains et deviennent chrétiens.Il est historique que certaines Églises de Gaule sont fondées par des Orientaux : Lyon,

Paris, Marseille. Précisément, la Provence bénéficie de la présence de familiers du Christ : les« saintes Marie », saint Lazare et sainte Marie-Madeleine. Cette grande priante attire, sur notresol, les grâces de Dieu du haut de sa grotte de la Sainte-Baume.

Mais c’est surtout de Rome que vient, en Gaule, la lumière de l’Évangile. Des bords de laMéditerranée, par la vallée du Rhône, le flambeau se transmet de main en main, de ville en ville.Pilate serait mort à Vienne, l’une des premières cités chrétiennes de Gaule.

Les chrétiens de Gaule connaissent bientôt la persécution : on conserve avec précision lesouvenir du martyre de sainte Blandine, saint Pothin et leurs compagnons, mis à mort à Lyon,capitale des Gaules, en 177. Combien de nos sanctuaires religieux les plus anciens conservent lesouvenir de martyrs des premiers siècles ? Saint Saturnin de Toulouse, saint Lucien de Beauvais,saint Denis de Paris, saint Valérien de Tournus, saint Bénigne de Dijon, saint Nicaise de Rouen,saint Firmin d’Amiens, saint Ausone d’Angoulême, saint Irénée de Lyon, saint Ferréol deBesançon, saint Victor de Marseille, saint Didier de Langres, saint Donatien de Nantes, saintNectaire de Poitiers, et tant d’autres fondateurs des églises gauloises.

LLeess éévvêêqquueess «« ddééffeennsseeuurrss ddee llaa cciittéé »»

Au début du IIIè siècle, il y a une trentaine de diocèses en Gaule. À la fin du IVè siècle, lescités sont chrétiennes. Les paysans disent alors que le Christ est « le Dieu des villes ». Vers l’an400, il y a 114 diocèses gaulois.

Au Vè siècle, les frontières sont enfoncées de toutes parts : les barbares succèdent auxbarbares. Certains s’installent, tels les Burgondes, les Wisigoths et les Ostrogoths.

Ils sont chrétiens mais adeptes de l’arianisme, cette hérésie pour laquelle Jésus-Christ n’estpas vraiment Dieu. En Gaule, un évêque et théologien s’était dressé contre ce fléau pour la foi :saint Hilaire de Poitiers († 367). Ses écrits lui avaient valu exil et persécution.

Face aux barbares, les populations ont recours à leurs saints. Sainte Geneviève protègesagement Paris contre le féroce Attila (451). Saint Loup de Troyes († 479) fait de même pour saville. Saint Germain d’Auxerre († 450) est le rempart des Bretons contre les Saxons et les Pictes.Ils s’appuient tous sur la foi. Saint Sidoine Apollinaire (430-489), évêque de Clermont, s’écrie :« Que les Gaulois demeurent unis par la foi, s’ils doivent appartenir à des dominationsdifférentes ».

L’empire romain s’écroule en 476. Plus que jamais, l’évêque a le droit de parler pour tous.Car, au milieu des périls et des terreurs de l’invasion, il est devenu le « défenseur de la cité »,le représentant de toutes les traditions de Rome, en même temps qu’il est demeuré le ministre duSauveur.

Pourquoi nous aimons la France

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LLee bbaappttêêmmee ddee llaa FFrraannccee

Les Francs, encore païens, se présentent à leur tour sur le territoire à la fin du Vè siècle.Avec clairvoyance, les évêques comprennent et favorisent le rôle providentiel de ce peuple et dupetit-fils de Mérové, Clovis, chef puis roi des Francs de 481 à 511. Leur trait de génie est desaisir que, par la conversion de ces païens à la foi catholique, se refera l’unité de la Gaule et quel’unité politique aura pour fondement l’unité religieuse.

Ce qu’ils ont deviné va se réaliser. Saint Avit (450-518), évêque de Vienne, organise lemariage de Clovis avec sainte Clotilde, princesse Burgonde († 545) qui prie et se sacrifie pour laconversion de son mari. Sur le champ de bataille de Tolbiac (496), au moment d’être submergépar les Alamans, Clovis se tourne vers le Ciel : « Dieu de Clotilde, si vous me donnez la victoireje me ferai chrétien ». Victorieux, Clovis se laisse instruire par saint Rémi († 533), évêque deReims, qui le baptise à Noël 496. Le sacre royal est né. La France est « baptisée ».

Clovis, au récit de la Passion se serait écrié : « Que n’étais-je là avec mes Francs ! ». Levoici soldat du Christ. Devenu catholique romain, Clovis se fait aussitôt le défenseur de la foi ; ilabat les deux royaumes ariens des Burgondes et des Wisigoths. « Toutes les fois que vouscombattez, c’est nous qui remportons la victoire, votre foi, c’est notre victoire », lui écrit saintAvit, qui trace aussi ce programme : « Puisque Dieu a fait de votre peuple son peuple, ilconvient que de votre côté, vous partagiez le trésor de votre foi avec les nations plongées dansl’ignorance. Ne craignez pas de vous adresser à elles et de plaider auprès d’elles la cause de ceDieu qui a tant fait pour la vôtre ».

De fait, sous les Mérovingiens, l’Irlande, l’Angleterre, la Germanie reçoivent lesmissionnaires des Francs. Le pape saint Grégoire le Grand († 604) rend à la couronne des Francsce magnifique témoignage « qu’elle est autant au-dessus des autres couronnes du monde, que ladignité royale surpasse les fonctions particulières ». Pourquoi ? Parce que le roi des Francs estun roi catholique « qui fait briller le flambeau de la foi au milieu des ténèbres d’infidélité quienveloppent encore les autres peuples ».

LLee rrôôllee ddeess mmooiinneess

Dès le IVè siècle, le moine saint Martin (315-397), fondateur de Ligugé, le premiermonastère de France, et bientôt évêque de Tours, a entrepris, tout en restant moine et ascète,d’instruire les campagnes. Partout où il passe, de la Touraine à la Bourgogne, sa voix, sesmiracles, ses mortifications, précipitent de leurs trônes les idoles rurales. Son action est siétonnante que la piété des humbles ne sépare plus son nom de celui des douze Apôtres. À samort, deux mille moines vivent en Gaule.

Au Vè siècle, de nombreux évêques marchent sur les pas de saint Martin : oratoires,églises, petites paroisses des champs se multiplient. Encore un peu de temps et saint Césaire,évêque d’Arles (470-542), inaugure la prédication en langue rustique. Les prêtres reçoiventl’obligation d’enseigner très simplement les vérités nécessaires au salut et de rappeler les règlesélémentaires de la morale.

Enfin, la Gaule se couvre de monastères. En 405, saint Honorat d’Arles fonde Lérins dansl’île du même nom et, en 410, Cassien jette les fondements de Saint-Victor à Marseille. Il y aplus de 200 monastères en Gaule au VIè siècle et bien davantage au VIIè.

« Ora et labora » : ils sont des écoles du travail manuel offert à Dieu et coupé de prières,des écoles du travail spirituel. Fidèle à l’esprit bénédictin, la règle monastique invite le laboureurà chanter l’Alléluia en conduisant sa charrue, le moissonneur en sueur à se stimuler par le chantdes psaumes, le vigneron à tailler les rameaux en redisant les invocations bibliques.

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La doctrine pénètre les âmes, les mœurs s’adoucissent et se purifient. Dans lesmonastères commence la confession privée, accompagnée de la direction des âmes. Ainsi seconstitue le peuple chrétien et dans ce peuple une élite, les saints de l’Église franque. Le Francinconnu qui, vers la fin du VIè siècle, rédige le prologue de la loi salique, jette aux siècles à venirce cri épique : « Vive le Christ qui aime les Francs ! »

LL’’aalllliiaannccee ddeess FFrraannccss eett ddee llaa ppaappaauuttéé

Au moment où les Mérovingiens deviennent des « rois fainéants », les fondateurs de ladynastie carolingienne conquièrent le trône par les services rendus à la foi et à l’Églisecatholiques. Le duc des Francs, Charles Martel (688-741), repousse l’invasion arabe entre Tourset Poitiers (732). Le royaume des Francs, la chrétienté et la civilisation sont sauvés. Leschevaliers francs vont poursuivre jusqu’à Charlemagne la guerre sainte contre l’Islam.

Le changement de dynastie est confirmé par le pape saint Zacharie († 752) en ces termes :« Il vaut mieux appeler roi celui qui a la sagesse et la puissance que celui qui n’est roi que denom et qui n’a pas d’autorité ». En 751, Pépin le Bref (714-768), fils de Charles Martel, estsacré par saint Boniface (675-754) légat du pape. Ce sacre marque le commencement de lamonarchie de droit divin.

Un dernier service est à rendre à l’Église romaine, celui de constituer temporellementl’Église catholique, en faisant reconnaître à son chef le rang dû à ses fonctions divines.

La papauté, étouffée à Rome entre les Lombards qui la menacent de tout près et lesByzantins qui n’ont jamais renoncé à subordonner le pape à l’empereur, appelle les Francs en752. Pépin le Bref et son fils Charles, le futur Charlemagne (742-814), acceptent non seulementde porter au pape un secours temporaire, mais d’exercer une mission de défense générale etperpétuelle à l’égard du Saint-Siège. La victoire couronne leur bonne volonté : ils triomphenten Italie des ennemis du pape, et, par leurs donations successives (754), constituent en faveur decelui-ci l’État temporel qui, jusqu’en 1870, garantira l’indépendance du pontife romain, les Étatspontificaux.

Le pape déclare que « de toutes les nations qui sont sous le ciel, aucune ne lui a montréplus de dévouement que la nation franque ». Et il élève les princes francs à la dignité de « filsadoptifs de saint Pierre » et valide ainsi.

Dans la nuit de Noël de l’an 800, à Saint-Pierre de Rome, le pape saint Léon III († 816)pose sur la tête de Charlemagne la couronne d’empereur d’Occident. Par la pensée du pape,par la main du roi des Francs, l’évolution commencée depuis plus de trois siècles, s’achève :« Gesta Dei per Francos ! »

L’autorité temporelle va coopérer au salut éternel des âmes par une organisationchrétienne de l’État. Le grand Alcuin (735-804), pieux et savant représentant de la civilisationanglo-saxonne, dit à Charlemagne, dont il est le conseiller le plus intime : « Il vous appartientd’exalter et de conserver la Sainte Église de Dieu parmi le peuple chrétien et d’ouvrir à tous lavoie du salut éternel ».

Sous l’inspiration de ce saint religieux, le capitulaire de 802, véritable loi organique del’empire, fait un devoir pour tous les hommes libres de se vouer au service de Dieu. La raisond’être de l’empire c’est l’unité de la foi et la charité entre tous ses membres. Le but desconquêtes de l’empereur, c’est l’extension de la foi catholique.

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Certes Charlemagne intervient plus que de raison dans les questions religieuses. Mais il estattentif à faire respecter les lois de l’Église : il les transforme en lois de l’État. Il fait tout pourassurer à son peuple de bons évêques et de bons prêtres. Il agrandit la chrétienté chez les Saxonset contre les musulmans en Espagne. Il exerce déjà une sorte de protectorat sur la Terre Sainte etobtient la propriété et les clefs du Saint Sépulcre.

GGrraannddeess ffiigguurreess dduu MMooyyeenn ÂÂggee

En 843, au Traité de Verdun, l‘empire de Charlemagne est partagé en trois. La famillecarolingienne est divisée. Une autre famille a grandi près des Carolingiens, comme eux avaientgrandi près des Mérovingiens. Une première fois, en 887, elle accède au trône de France, par lecomte Eudes. Cent ans plus tard exactement, Hugues Capet (941-996), élu par les grands àNoyon, sacré par Adalbéron, archevêque de Reims, fonde définitivement la dynastiecapétienne.

Le Royaume de France est né. C’est une monarchie chrétienne. Elle est unie à l’Église,soucieuse des intérêts généraux de la Chrétienté, et marquée d’un sceau religieux.

Le sacre est la consécration par l’Église, au nom de Dieu lui-même, du souverain. Celadonne à la royauté française un caractère presque sacerdotal. Le roi sacré est « l’évêque dudehors ».

Dès cette époque, les papes appellent la France « fille aînée de l’Église ».Les Capétiens tiennent à être sacrés, comme l’avaient été les carolingiens. Et c’est en

faisant sacrer leur fils de leur vivant qu’ils affermissent la couronne dans leur famille.

Trois grands siècles commencent : les XIè, XIIè et XIIIè siècles. Siècles de sainteté,d’héroïsme et de conquêtes chrétiennes. Siècles des familles monastiques de Cluny (fondée en910) et de Cîteaux (fondée en 1098), de la chevalerie et de la Croisade.

L’importance du réseau des abbayes clunisiennes est capitale à une époque où les papestravaillent avec difficulté à la réforme de la vie du clergé. Durant près de trois siècles, les grandsAbbés de Cluny ont une influence considérable et la rapide multiplication de leurs maisonspermet au pape, auquel, par un privilège nouveau, ils sont directement rattachés, de trouver desappuis dans toute la Chrétienté.

Le XIIè siècle est illuminé par la figure entraînante de saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), dévoré de l’amour de la maison de Dieu. Il veut d’abord, par la prière et la mortification,faire de son âme un paradis où Dieu aime à se reposer. En fondant Clairvaux en 1115, il bonifieson Ordre (Cîteaux) pour qu’il soit le temple vivant de toutes les vertus, un modèle et un asile àproposer aux âmes avides de perfection. Il travaille pour que l’Église soit digne de son divinépoux. Il se dépense pour le bien du Royaume et de la Terre Sainte qu’il faut arracher àl’infidèle.

Les chevaliers sont incomparables de vaillance et de désintéressement, de générosité et deloyauté, de tendresse pour la patrie, leur douce France, ainsi que de dévouement aux œuvres demiséricorde.

C’est au souffle de l’âme française que les croisades s’enflamment. Âme française dubienheureux pape Urbain II (1042-1099) qui vient à Clermont prendre contact avec le peuplechrétien. Âme française de l’apôtre Pierre l’Ermite (1050-1115), chef de la croisade populaireet du preux Godefroy de Bouillon (1061-1100), chef de la première croisade qui délivreJérusalem en 1099. Âme française des combattants, grands seigneurs ou petites gens, chefs ousoldats, qui répondent à l’appel du pape par le cri de « Dieu le veut ! ».

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LL’’aappooggééee cchhrrééttiieennnnee

Prière, pensée et autorité.L’idéal est que les trois concordent dans un même effort pour le vrai et pour le bien. Cet

accord est rare. Dans la France du XIIIè siècle, celle de saint Louis, il est idéalement réalisé.

L’élan mystique de la prière se manifeste alors durant plus de cent années par laprofondeur des écrits, par la magnificence des monuments comme Notre-Dame de Paris et par laferveur des ordres religieux. Les dominicains sont fondés en France en 1207. En 1213 saintJean de Matha fonde les Trinitaires, voués au rachat des chrétiens captifs des musulmans.

Ce siècle est animé d’une activité intellectuelle intense. La recherche théologique conduità discuter toutes les questions philosophiques, historiques et scientifiques. La Sorbonne estfondée en 1257 par le confesseur de saint Louis. La France et Paris deviennent le centreuniversel de l’enseignement de la théologie : « La Gaule est le four où cuit le pain intellectuel dumonde entier » (Eudes de Châteauroux, légat pontifical).

Ce rayonnement est dû à la science des maîtres de l’université de Paris, représentant lesplus illustres ordres mendiants, un saint Bonaventure (1221-1274) pour les franciscains et unsaint Thomas d’Aquin (1227-1274) pour les dominicains. Saint Antoine de Padoue (1195-1231), aussi grand théologien que thaumaturge, vient prêcher en France. C’est aussi une époquede grands pèlerinages à Chartres, Rocamadour ou au Puy.

De son côté, le roi saint Louis (1214-1270) prend à la lettre les promesses du baptême deClovis et le sublime programme de Charlemagne. Il réalise dans sa plénitude l’idéal même de lamonarchie chrétienne.

En raison de ses vertus chrétiennes privées et en raison de sa politique, il a mérité le titrede « roi très chrétien ». La prière est le perpétuel aliment de son âme. Même dans seschevauchées de guerre, il récite les heures canoniales. Il est membre du tiers-ordre franciscain.

Humble, mortifié, miséricordieux, charitable, il excelle dans la pratique de la justice. La loiimposée à tous est celle de la paix et de la réconciliation. Même avec l’étranger, même avecl’adversaire du dehors. Tous ses actes de justice se tournent en bien.

Le pape et l’empereur le traitent en arbitre. Il prend en main les intérêts de la chrétienté,réveille, parmi les princes et les peuples, l’idée de la croisade, presque partout éteinte et conduitson peuple en Égypte pour la septième croisade (1248). Prisonnier, il fascine les Musulmans parle prestige de ses vertus. De retour dans son royaume, il le fait parcourir d’enquêteurs royaux, laplupart hommes d’Église, dominicains ou franciscains, qui recherchent et répriment, autantqu’ils le peuvent, les abus. Mais, même à l’égard de l’Église, il ne fléchit pas sur ses droits,quand il est sûr que ce sont des droits.

Répondant une nouvelle fois à l’appel du pape et partant pour la huitième croisade, iltrouve la mort le 25 août 1270 à Tunis. C’est la récompense d’un tel héros chrétien. Ce roiincarne l’idéal de bonté, de dévouement, de justice, de courage, de vertu que les chrétienspeuvent espérer de leurs princes. Saint Louis rend à jamais la monarchie respectable et lacouvrira, jusqu’à la fin, de ce prestige moral, jusqu’à l’échafaud de 1793 : « Fils de saint Louis,montez au ciel ! ».

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LLuutttteess ddee ttoouutteess ssoorrtteess

Léon III et Charlemagne avaient pensé donner au monde chrétien une constitution où lesdeux pouvoirs spirituel et temporel agiraient d’un parfait accord. Les siècles sont néanmoinsremplis de conflits entre les deux pouvoirs, la plupart étant provoqués par le pouvoir temporel.

En 1300 la Chrétienté célèbre, à l’appel du pape, le premier jubilé. Mais les deux pouvoirssont représentés par des hommes décidés à aller jusqu’au bout de leurs principes et de ce qu’ilstiennent pour leurs droits : Philipe le Bel (1268- 1314) et Boniface VIII (1235-1303).

Leur affrontement, qui a des suites sous les pontificats de Benoît XI († 1304) et deClément V († 1314), se termine par l’humiliation de la papauté. Cette victoire du pouvoir civilsur le pouvoir ecclésiastique n’est pas moralement un progrès.

Philippe le Bel a attiré la papauté en France, à Avignon. Durant 73 ans, le Saint-Siège necompte que des papes français, au nombre de sept. Sur 134 cardinaux qu’ils créent, 113 sontFrançais.

Ces papes n’oublient pas leur mission essentielle, universelle, catholique. En matière dedoctrine, ils n’ont abandonné nulle parcelle de la doctrine de l’Église. Même pas les déclarationsde Boniface VIII sur les rapports des deux pouvoirs temporel et spirituel.

Les papes en Avignon continuent l’œuvre juridique de leurs prédécesseurs. Ils fondent desuniversités et favorisent les progrès des sciences et des arts. Ils entretiennent l’idée de la croisadeet, animés de l’esprit apostolique des Français, ils organisent des missions en Chine, en Perse, enArménie, en Égypte, en Abyssinie et au Maroc.

À l’issue de ce séjour de la papauté en Avignon éclate le grand schisme d’Occident, pourune durée de 37 ans. Les cardinaux ne s’étant pas mis d’accord sur la succession de Grégoire XI(† 1378), il y aura en effet jusqu’à trois « papes » en même temps, et des saints pour soutenirchacun d’entre eux.

Cependant, quatorze ans après la mort de Philippe le Bel, sa descendance mâle est éteinte.Les Valois accèdent au trône, ce qui crée une rivalité franco-anglaise. De 1337 à 1453, uneguerre dynastique, transformée en guerre nationale et civile, dévaste le royaume des Capétiens.Et les défaites succèdent aux défaites : Crécy (1346), Poitiers (1356) où Jean II le Bon estprisonnier des Anglais, Azincourt (1415) où la chevalerie française est taillée en pièces. À partirdu traité de Troyes, en 1420, on ne sait plus où est le véritable souverain. Charles VII ou HenriVI ? Le Français ou l’Anglais ? Les grandes villes, Paris surtout, sont livrées au règne de la forcebrutale, parfois à des bandes de massacreurs.

Mais en 1425 Dieu juge que la Fille aînée de son Église a assez souffert. À 13 ans, Jeanned’Arc en prière voit, à genoux devant Dieu, « saint Charlemagne et saint Louis » priant pour laFrance. À 17 ans elle se met en chemin. Elle sait qu’à la mission de délivrer Orléans, et de fairesacrer le roi à Reims, mission qui est la première parce que, sans le succès de celle-là, tout lereste est impossible, une autre mission est jointe, d’ordre religieux : rendre la France au roi Jésuset restaurer la chrétienté par le rétablissement de la paix et de l’unité. Malgré le martyre de « lasainte de la Patrie », brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431, sa mission est un succès.

Au procès de réhabilitation, le chancelier de Notre-Dame évoquera la solidarité entre lesalut de la nation française et celui de l’Église catholique. Et l’oraison liturgique de la fête desainte Jeanne d’Arc le confirme : « Ô Dieu qui avez suscité la bienheureuse vierge Jeanne pourdéfendre la foi et la patrie…». Grâce à elle, la monarchie nationale et la France catholiqueramenées à leurs traditions, retrouvent leur juste place dans l’Europe et dans l’Église.

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LLaa mmeennaaccee pprrootteessttaannttee

Quand prend fin le Moyen Âge ? Les historiens avancent plusieurs dates : 1453, fin de laguerre de cent ans et prise de Constantinople par les Turcs, ou bien 1492, découverte del’Amérique ou bien encore 1517, début du protestantisme.

La fin du XVè siècle français est marqué par des règnes de restauration politique et sociale,dont profite évidemment la vie religieuse. Puis les Valois commencent leurs campagnes d’Italieoù les attirent les fastes de la Renaissance.

En 1516 François Ier (1494-1574) signe avec l’Église un concordat qui durera jusqu’à laRévolution. Un an plus tard, en 1517, un nom, jusque-là ignoré de tous, retentit d’un bout àl’autre du monde chrétien, celui du moine augustin allemand Martin Luther (1483-1546). Ilvient d’afficher aux portes de l’église de Wittenberg les 95 thèses qui marquent le premier actede la révolte protestante.

La France est un grand enjeu. Jean Calvin (1509-1564), le puissant émule du religieuxallemand, est un esprit plus conforme au génie latin et plus apte à séduire la France où il est né.Nobles et magistrats, mécontents de toutes sortes, se reconnaissent, en grand nombre, sesdisciples.

Vers 1560, la situation de l’Église catholique semble humainement désespérée. Jamais lavocation catholique de la France n’a couru de plus grands risques. Mais la nation française n’enmanifeste que plus librement et plus fortement sa volonté de lui rester fidèle. Cela se confirmedans le cas de conscience qui se pose devant elle en 1589 lorsque, le roi Henri III étant assassinésans héritier, la loi fondamentale du royaume veut que l’héritier du trône soit un princehérétique, Henri de Bourbon, roi de Navarre.

Mais cette loi veut également que le roi soit catholique. Le serment du sacre l’implique.Un roi hérétique ! Soixante ans d’expérience ont prouvé que cela signifiait bientôt un peuplehérétique. Partout où un prince protestant l’a emporté, il a imposé sa religion à ses sujets, nonsans persécuter, ruiner et, autant qu’il l’a pu, anéantir l’Église catholique.

Les Français veulent rester catholiques. Ils escomptent la conversion d’Henri IV (1553-1610) qui promet déjà de se faire instruire. Regroupés en une Sainte Ligue, ces Françaiss’opposent par les armes à l’avènement d’un roi hérétique. La Ligue combat jusqu’à obtenir cequ’elle voulait : un roi catholique. Elle l’obtient. C’est le royaume qui a conquis son roi. Leclergé de France n’a pas connu de défections en masse comme dans les pays devenusprotestants. Paris a supporté les horreurs du siège et de la famine.

Le 25 juillet 1593, Henri de Navarre prononce les paroles d’abjuration qui, selon laformule de saint François de Sales, « en le rendant enfant de l’Église le rendaient père de sonroyaume ». Le 27 février 1594, il est sacré à Chartres et entre un mois plus tard dans Paris.

LLaa rrééffoorrmmee ccaatthhoolliiqquuee

Un très grand siècle chrétien commence, celui de la réforme catholique. Après le long etrude hiver des guerres de religion, rayonne un des plus splendides renouveaux de vie chrétienneque la France ait connus au cours de son histoire.

Œuvres de prières, œuvres de pensée, œuvres de charité, tout germe à la fois et lamoisson est incomparable.

Le roi comprend son devoir et favorise l’œuvre de restauration morale et religieuse. LouisXIII (1601-1643), dont la piété s’efforce d’imiter celle de saint Louis, tient à marquer leroyaume et la dynastie d’un sceau catholique. Il obtient que la fête de saint Louis soit, en France,fête d’obligation. Il veut que la Vierge Marie elle-même soit reconnue comme la protectriceattitrée, la reine de notre pays. En exécution de son vœu du 10 février 1638 il institue la

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procession du jour de l’Assomption à laquelle les magistrats, comme les prêtres, sont tenusd’assister.

Quand les protestants lui font la guerre, il les combat. Mais c’est par des moyens toutreligieux qu’il entend les ramener : il leur envoie des missionnaires ; lui-même écrit pour eux etenregistre avec joie d’importantes conversions.

Avec l’esprit chrétien et la dévotion, s’étend aussi le goût de la vie intérieure. Par ses deuxlivres, l’Introduction à la Vie dévote et le Traité de l’Amour de Dieu, saint François de Sales(1567-1622) devient le maître et le docteur de ces serviteurs de Dieu dans le monde, comme ill’est des Visitandines, dont il vient de créer la congrégation en compagnie de sainte Jeanne deChantal (1572-1641). On fréquente les communautés religieuses pour s’y faire des amis, desconfidents, des directeurs de conscience.

Le clergé, réformé par l’application des décrets du concile de Trente, est tout dévoué à samission. Les bons ouvriers de cette entreprise sont le cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629) etson premier successeur à la tête de l’Oratoire de France, fondé en 1611, le Père de Condren,saint Vincent de Paul (1581-1660), qui fonde les Prêtres de la Mission ou Lazaristes en 1632,Jean-Jacques Olier (1608-1657) fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice voués àla direction des séminaires, saint Pierre Fourrier (1565-1640) qui réforme les chanoines de Saint-Augustin, saint Jean Eudes (1601-1680), oratorien et fondateur de la Congrégation de Jésus et deMarie. Grâce à ces hommes, grâce à ces institutions, un corps sacerdotal se constitue dans unmême esprit et une même tradition.

CChhaarriittéé,, mmiissssiioonn eett ééccoolleess

Saint Vincent de Paul, héros de la charité, dont l’étude des lettres montre la figure virile,l’indomptable énergie et le sens pratique, se dépense sans compter pour le peuple. Autant devertus que l’on retrouve chez ses fils, les Prêtres de la Mission, et chez ses filles, les Sœurs de laCharité, qu’il lance au secours de toutes les misères d’ici-bas.

Et puis il y a tous ces missionnaires, les franciscains, les dominicains et les jésuites, leslazaristes, les oratoriens et les eudistes, qui partent en mission dans tous les recoins du royaume.C’est saint François Régis (1597-1640), qui, bravant tous les périls, s’enfonce dans les gorges lesplus sauvages des Cévennes et du Velay, confesse et distribue des secours ; c’est Michel leNobletz ou Julien Maunoir, pour qui les fermes et les chemins mal tracés de la Bretagnebretonnante n’ont plus de secrets ; c’est Jean-Jacques Olier, futur fondateur de Saint-Sulpice, quiremue l’Auvergne ; c’est saint Jean Eudes, le premier grand apôtre du Sacré-Cœur qui, de laBretagne et de la Normandie, court, par l’Île de France, jusqu’à la Champagne et à laBourgogne, en prêchant sans discontinuer ; c’est le bienheureux Alain de Solminihac quimultiplie les missions dans tout le Quercy.

La jeunesse laïque n’est pas négligée. Des éducateurs de la jeunesse et des œuvrescapables d’atteindre toutes les classes du peuple répandent la vie de foi et de prière. Rappelée enFrance sous Henri IV, la Compagnie de Jésus y multiplie ses collèges qui comptent de vingt-cinq à trente mille élèves : fils de la noblesse et de la bourgeoisie. L’Oratoire en élève plusieursmilliers. Les enfants du peuple bénéficient en 1682 de la fondation de l’Institut des Frères desÉcoles chrétiennes, par saint Jean-Baptiste de la Salle (1651-1719).

L’influence des générations, élevées ainsi, va s’exercer au bout d’une vingtaine d’annéessur la direction même des affaires publiques. Mais l’élite commence beaucoup plus tôt à prendre

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des initiatives apostoliques, afin de rétablir dans les mœurs et dans les institutions le règne duChrist. De 1631 à 1660, une association laïque, la Compagnie du Saint-Sacrement, exerce autourd’elle une pieuse surveillance, afin de découvrir tout ce que Dieu souffre dans son Église oudans ses pauvres et d’y porter remède. Dans la France entière et, jusqu’au Canada, elle suscitedes œuvres de prière, de charité, et d’évangélisation.

LLee ssiièèccllee ddee PPaarraayy--llee--MMoonniiaall

Malgré les dégâts du gallicanisme et du jansénisme au cours du XVIIè siècle, le siècle deLouis XIV demeure hautement catholique. Les erreurs privées et publiques du roi, issues pourcertaines de sa formation gallicane, le mettent en forte opposition avec le pape. Mais ce qu’ilfaut surtout retenir, c’est le rayonnement de la France catholique du Grand Siècle : Rayonnementde son zèle apostolique par les missions, rayonnement de son génie chrétien par la pensée etrévélation du saint amour de Dieu pour les hommes.

Les missions

C’est à la France que revient l’honneur de la fondation et l’évangélisation du Canada.Ordres religieux, laïcs de l’un et de l’autre sexe, y rivalisent d’ardeur et d’abnégation. Églises,collèges, hôpitaux, missions, tout s’élève sous leurs mains créatrices. Certains jésuites, lescompagnons des saints Isaac Jogues et Gabriel Lallemant s’y offrent en martyr entre 1646 et1649. D’autres remontent les Grands lacs, descendent les vallées du Missouri et du Mississipi,précédant toute civilisation. Ces Français baptisent l’Amérique du Nord.

Mais la France n’oublie pas le vieux monde. Les jésuites, les franciscains, les lazaristes nechôment pas. Le père Joseph du Tremblay (1577-1638) a organisé la grande mission d’Orient,de la Turquie au Maroc. Il y a envoyé les capucins ses frères et a sollicité l’aide les dominicains,carmes et jésuites : la Syrie, la Mésopotamie, l’Arménie, la Géorgie, la Perse reçoivent desprêtres français. De même que les grandes îles de l’Océan Indien.

La France s’offre à participer au travail missionnaire organisé par Rome, à partir de 1622,avec la Congrégation de la propagande. La Société des Missions étrangères envoie dès 1658deux vicaires apostoliques, MM. De la Motte-Lambert et Palu, au Siam. À Paris s’ouvre en 1663le séminaire de la Société qui ne cessera de donner à l’Orient des apôtres et des martyrs.

En 1703, une autre société est fondée par Claude-François Poullart des Places, celle desPères du Saint-Esprit, qui forme et recrute le clergé des vieilles colonies françaises d’Afrique etd’Amérique. Cette société deviendra au XIXè siècle un des corps les plus puissants et les plusutiles de l’armée missionnaire.

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort (1673-1716) parcourt incessamment, quant à lui,l’Ouest français pour y aviver les ardeurs catholiques et fonde les prêtres missionnaires de laCompagnie de Marie ainsi que les Filles de la Sagesse.

Telle est la belle, féconde et héroïque propagation du règne de Jésus-Christ par lesmissions françaises.

La Pensée

Le rayonnement de la pensée catholique et française est une autre forme d’apostolat dontl’action, dans l’espace et dans le temps, devient plus universelle. Ses acteurs sont les théologienscomme saint François de Sales, Bérulle, Condren, saint Jean Eudes, Jean-Jacques Olier, Petau etThomassin, les philosophes et les mystiques de toutes les écoles : dominicains, franciscains,

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carmes, jésuites, oratoriens, eudistes et sulpiciens. Il y a aussi les orateurs, les historiens et lesérudits comme les bénédictins de Saint-Maur et de Saint-Vanne, sans oublier les poètes et lesartistes catholiques du Grand Siècle.

Le saint amour de Dieu

Et puis, en 1690, dans le monastère de Paray-le-Monial, meurt une humble visitandine,sainte Marguerite-Marie, à qui Jésus, dans ses apparitions, avait confié ce divin secret :

« Voilà le cœur qui a tant aimé les hommes ».Ce message peu à peu fait son chemin dans les âmes ferventes. Ce don du XVIIè siècle

français à la catholicité est un don magnifique.

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LLeess mmaarrttyyrrss ddee llaa RRéévvoolluuttiioonn

En contemplant l’histoire de France au XVIIIè siècle, on voit se dresser l’ombre de laRévolution.

Entre 1715 et 1789, tous ceux qui veulent ruiner l’Église et la religion voient clairement oùils vont. Gallicans et jansénistes obtiennent la ruine de la Compagnie de Jésus en 1763. De 1766à 1784, une commission de magistrats, issus du Conseil d’État, opère, malgré les protestationsdu pape et de l’épiscopat, des coupes sombres parmi les ordres religieux, pour en supprimerplusieurs et disposer de leurs biens à son gré. Les philosophes et les économistes préparent leurcomplot au sein des loges et des clubs libertins.

Pour l’Église catholique, l’heure du martyre par la fidélité a sonné. 1789 voit les débutsd’une catastrophe sans précédent par son étendue, depuis que le christianisme a pris pied sur lesol gaulois. En fait, la grande majorité des Français, vingt millions de citadins et decampagnards, demeurent fidèles à leurs convictions religieuses. Mais, par-dessus cette Franceréelle, s’est constituée une France légale et dirigeante, France de penseurs et de politiques, qui serue à l’assaut de toutes les traditions nationales et chrétiennes. Elle prétend arracher le peuplefrançais à sa vocation catholique, bientôt même, à toute foi religieuse. Par la terreur, elle yréussit, au moins en apparence : l’Église est écrasée et, pendant quelques mois, tout culteanéanti.

La Constitution civile du clergé (12 juillet 1790) veut bouleverser la carte ecclésiastiquede la France. Elle abolit le Concordat de 1516. C’est le schisme, accompagné de tendanceshérétiques, marqué par l’obstination des laïques à disposer des biens et prérogatives de l’Églisesans son accord. Prêtres et évêques de France sont mis en demeure d’obéir aux lois impies de larévolution.

Fin octobre 1790, le clergé refuse officiellement cette Constitution civile. Un cri de fureurs’élève alors de Paris et de nombreuses villes du royaume contre ces malheureux coupablesd’avoir refusé le serment schismatique. Ils sont dénoncés, traqués, poussés à l’exil et bientôt à lamort.

Voici les horribles massacres de septembre 1792 : l’archevêque d’Arles, l’évêque deBeauvais, l’évêque de Saintes, Hébert, le confesseur du roi, des bénédictins avec leur supérieurDom Chevreux, des cordeliers, des capucins et minimes, des prêtres de Saint-Sulpice, deseudistes et des lazaristes. Pendant sept années, d’un bout à l’autre de la France, le sang desprêtres, des religieux et des religieuses coule : à Compiègne, à Valenciennes, à Orange, à Laval,à Angers, à Nantes, à Arras, sur les pontons de la Charente, c’est le même héroïsme et la mêmefidélité.

Que dire en outre de la fervente et virile résistance des paysans de l’ouest, de Vendée, deBretagne et de Normandie ? De la bouche d’un Vendéen, à qui vingt ennemis crient « Rends-toi ! », sort la réponse de la France catholique : « Rendez-moi mon Dieu ! »

C’est le cri de la France opprimée : - Rendez-moi mon Dieu ! Non le Christ et l’Église desConstitutionnels, mais le Dieu, le Christ et l’Église de saint Remi et de sainte Geneviève, deClovis, de Charlemagne et de saint Louis, de Louis XIV et de Louis XVI, de sainte Jeanned’Arc, de saint Vincent de Paul et de sainte Marguerite-Marie, le Dieu, le Christ et l’Église dupape.

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LLeess ddeeuuxx FFrraannccee

Après douze années de tempête, la France chrétienne se redresse. Les églises rouvrent, lapaix est conclue avec Rome (concordat de 1801). On assiste alors au renouveau catholique de laFrance au XIXè siècle.

Un grand nombre de figures magnifiques maintiennent la France moderne dans lacatholicité. Théologie, philosophie, mystique, apologétique, exégèse, histoire des religions,histoire de l’Église, que d’ouvrages, que de trésor publiés en ce siècle ! que de savants,d’écrivains, d’artistes, hommes de foi et de piété !

Les Conférences de Saint-Vincent de Paul fondés par le bienheureux Frédéric Ozanam, lespetites sœurs des pauvres de sainte Jeanne Jugan, la Propagation de la foi fondée par PaulineJaricot, Albert de Mun et ses cercles ouvriers, les Religieux de Saint-Vincent de Paul fondés àVaugirard par Jean-Léon Le Prévost, la Société du Prado fondée à Lyon par le bienheureuxAntoine Chevrier, la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus fondés à Marseille par le pèreJoseph-Marie Timon-David, les Oblats de Marie-Immaculée fondées par le bienheureux Eugènede Mazenod, les Pères maristes fondés par Jean-Claude Colin et les Frères maristes fondés parsaint Marcellin Champagnat, les Prêtres de Notre-Dame de Sion et ceux du Sacré-Cœur deBétharram, les Augustins de l’Assomption et les Pères du Saint-Sacrement, les Marianistes, lesfrères du Sacré-Cœur ou les clercs de Saint-Viateur, et tant d’autres, sans compter uneinnombrable quantité de nouveaux ordres féminins, missionnaires, soignants ou enseignants,aucun siècle n’aura connu tant de fondations !

Nos missionnaires reprennent leurs combats héroïques, ceux du martyre et de la sainteté.Voici les premiers martyrs des missions d’Extrême-Orient : neuf évêques et prêtres français,quarante prêtres et fidèles indigènes de la Société des missions étrangères. Combien d’autresFrançais et Françaises ont partagé la même gloire, depuis les fondateurs et les fondatrices qui, audébut du XIXè siècle, refirent la France chrétienne, jusqu’au curé d’Ars (1786-1859), modèle etpatron de tous les curés, martyr du confessionnal, jusqu’à sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897), « la sainte des temps modernes », la patronne des missions !

Même sous les gouvernements les moins chrétiens, notre essor colonial sert la cause ducatholicisme. Quelle page que cette résurrection de l’antique Église d’Afrique par le puissantgénie du cardinal Lavigerie (1825-1892), fondateur des Pères Blancs, et par d’authentiquesmystiques coloniaux comme Gaston de Sonis (1825-1887) ou Charles de Foucauld (1858-1916) !

En 1900, sur un peu plus de 6 000 prêtres missionnaires, la France en fournit entre 72 et75% auxquels il convient d’ajouter 3 300 frères et 10 500 religieuses. En 1930, sur 190 Institutsde femmes qui travaillent dans les missions, 59 sont français. Serviteurs et servantes del’Évangile qui aiment et qui font aimer la France ! « Si le surnaturel vit ici-bas, il vit surtout enFrance » (Saint Pie X ). La France, « Mère des saints » (Benoît XV).

L’image de la France telle que la Révolution l’a laissée est celle d’une nation divisée. LesFrançais sont fils des croisés et fils de Voltaire : France catholique et France laïque. Depuis deuxsiècles, ces deux France n’ont cessé de se heurter et de se combattre. Chacune a un idéal etpoursuit un but. Ce qui reste de la France catholique garde l’idéal traditionnel et tend à restaurerle règne de Jésus-Christ sur les institutions et sur les âmes. La France laïque, quant à elle, relèvede la Révolution et de sa philosophie. Ces deux France sont-elles séparées par des cloisonsétanches ? Certainement pas : la France laïque tente d’imposer ses vues à la France catholique,tandis que celle-ci s’efforce de contrecarrer ces desseins en évitant à la France de reniertotalement son antique vocation.

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Dans l’allocution consistoriale du 29 novembre 1911, saint Pie X annonce le relèvementdu peuple « qui avait fait alliance avec Dieu, aux fonts baptismaux de Reims » et son retour à sapremière vocation : « Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où laFrance, comme Saul sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendraune voix qui lui répétera : Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? Et sur sa réponse : Qui es-tu,Seigneur ? la voix répliquera : Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contrel’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te renies toi-même. Et elle, tremblante et étonnée,dira : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Et lui : Lève-toi ! Lave-toi des souillures qui t’ontdéfigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Filleaînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon nomdevant tous les peuples et tous les rois de la terre. »

LAURENT TOUCHAGUES, HISTORIEN

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St LouisEglise de Mainneville (Eure)

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« France, fille aînée de l’Eglise, éducatrice des peuples, es-tu

fidèle(…) à ton alliance avec la sagesse éternelle » (Jean-Paul II)

La célèbre question posée par Jean-Paul II lors de son voyage en France reste

d’actualité.Elle s’adresse à « la plus vieille » nation chrétienne d’Europe. Pour pouvoir y répondre

positivement il faut que la France puisse perdurer comme nation et plus encore comme nationchrétienne.

Portée sur les fonts baptismaux de Reims, en la Noël 496, grâce au baptême de Clovis parSaint Rémi, la France s’est, peu à peu, constituée comme nation autour du pré carré capétien. LaFrance de Louis XIV est déjà une vieille nation, dont les contours géographiques sontsensiblement identiques à ceux de la France d’aujourd’hui, alors que ni l’Allemagne ni l’Italien’existent alors comme nation.

L’inacceptable islamisation de la France

L’agir suit l’être et il ne saurait exister de nation chrétienne sans chrétiens. Or, la Francedu 3e millénaire comporte de moins en moins de chrétiens, du fait de la conjonction de deuxphénomènes :

- une déchristianisation en profondeur dont les raisons sont multiples : laïcisation desinstitutions, attrait de la société de consommation, perte des repères religieux(révolution doctrinale et liturgique)…

- l’arrivée massive sur le territoire national de populations étrangères, majoritairementmusulmanes.

La loi Rocard-Gayssot du 13 juillet 1990 rend très difficile toute étude précise de cedernier phénomène. En effet, toute discrimination en fonction de la nationalité ou de la religionétant illégale, toute étude sur ce sujet le devient également. Chercher à tenir des statistiques surl’origine ethnique ou religieuse des habitants d’une cité H.L.M. c’est, peut être déjà, chercher àles discriminer et donc tomber sous le coup de la loi.

De plus si, par exemple, l’Eglise catholique ou le judaïsme disposent de structurescentralisatrices, voire centralisées, ce n’est pas le cas de l’islam. S’il est aisé de connaître lenombre précis de baptisés catholiques en France ou le nombre d’enfants juifs ayant fait leurbarmitsvah, des statistiques analogues sont impossibles pour l’islam. En effet au-delà desdivisions confessionnelles entre sunnites, chiites, wahabites…, existent les divisions nationalesentre algériens, marocains, turcs…, qui rendent très approximatives des statistiques d’ensemble.

Le nécessaire maintien de l’identité chrétienne dela France

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1)Données chiffrées et événements récents

On peut, cependant, s’attacher à quelques données chiffrées de base :

• le nombre de musulmans installés en France est estimé entre 5 et 8 millions depersonnes (pour une population de 60 millions d’habitants),

• il existait officiellement 50 mosquées en 1974 ; il en existe 1536 en 1999 et, en fait,deux fois plus en comptabilisant les lieux de prière privés. Pratiquement toutes sontfinancées par des gouvernements étrangers,

• des 230 imams importants, aucun n’est français,• l’islam est devenu la seconde religion de France par le nombre de ses adeptes et, peut

être, la première par le nombre de ses pratiquants,• 50 000 « Français de souche » sont convertis à l’islam,• 30 % des musulmans de France sont nés en France,• 60 % y résident depuis plus de 15 ans,• en 1999, les immigrés en situation irrégulière étaient estimés à 800 000 personnes dont

80 % de musulmans.

Quelques événements médiatiques, particulièrement révélateurs, rappellent le poids decette communauté musulmane dans la société française :

• le 6 octobre 2001, lors du match de football France Algérie au Stade de France, lessupporters Algériens musulmans, sont très largement majoritaires et… envahissent lestade,

• le seul inculpé étranger aux USA pour les attentats du 11 septembre 2001 à New York,est un Français d’origine marocaine,

• 2 secrétaires d’Etat du gouvernement Raffarin sont des Français musulmans d’originealgérienne : Hamlaoui Mekachera aux Anciens combattants et Tokia Saïfi audéveloppement durable,

• Xavier Darcos, le 28 août 2002, ministre délégué à l’enseignement scolaire, inaugure uneuniversité d’été organisée par son ministère et destinée aux enseignants et inspecteursd’Académie sur le thème : « Europe et Islam, Islams d’Europe »,

• Du 17 août au 30 août, avec l’accord de l’évêque, Monseigneur de Berranger, et durecteur, le père Berger, plusieurs centaines de « sans papiers », dont une partimportante de musulmans, occupent la basilique de Saint Denis, nécropole royale etlieu symbolique de l’histoire de France.

2) Deux théologies inconciliables

Ces données brutes n’expriment qu’une part de la réalité. L’essentiel est ailleurs. Il estdans l’incompatibilité théologique entre la foi catholique et les croyances musulmanes ainsi quedans deux visions radicalement opposées de la vie en société :

• Nous n’avons pas le même Dieu que les musulmans. Notre Dieu est un Dieu trinitédont la seconde personne, Notre Seigneur Jésus Christ, s’est incarnée et a assumé notrecondition humaine, en tout hormis le péché. Notre Dieu veut établir avec chacun d’entrenous une relation personnelle d’amour.

• L’islam prêche un monothéisme anti-trinitaire qui réprouve explicitementl’Incarnation :« Dieu n’a point de fils ».

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• Après son ascension au ciel, Notre Seigneur Jésus Christ nous a laissé son Eglise [Jésus-Christ répandu et communiqué (Bossuet )] pour nous donner les moyens du salut etnous parler en son nom, illustrant et développant le contenu de la Révélation clos avec lamort du dernier apôtre. Aux sources de ce que nous croyons il y a l’Ecriture et laTradition, transmises par l’Eglise.

3)Deux conceptions opposées de la société

Pour un musulman, le Coran « n’est pas, comme l’Evangile, simplement le livre sacré,base de la vie religieuse ; il est le code, la réunion de tous les codes à lui tout seul, base uniquede la vie juridique. Il est la constitution, la source théorique de tout pouvoir politique… le Coranest, par surcroît, la somme arrêtée une fois pour toutes de toute connaissance » (E.F. Gautier inMœurs et coutumes de musulmans.)

Or que trouve-t-on dans ce Coran :• le refus de la distinction du spirituel et du temporel. « La religion islamique ne fait pas de

distinction entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel ; bien au contraire, elle lesassocie et les confie à l’Etat » (Docteur Soufy Aboutalib),

• Une loi très précise et irréformable, « la charia » qui indique ce qui est obligatoire,recommandé, neutre, répréhensible, prohibé et les punitions afférentes : ablation de lamain pour un vol, lapidation pour l’adultère,

• la guerre sainte, « le djihad », c’est à dire la lutte armée contre tous les infidèles jusqu’àce qu’ils se convertissent ou se voient attribuer le statut de dhimmi est le sixième pilierde l’Islam,

• Un statut de la femme très dévalorisé :- « les hommes sont supérieurs aux femmes » (Sr IV, 38 )

- « vos femmes sont un champ de labour ; Venez à votre champ de labour comme vous voudrez ».

- « à un enfant mâle revient la portion de deux filles » (Sr IV, 12,)- en matière juridique, le témoignage de deux femmes est requis là où suffirait le

témoignage d’un seul homme (Sr II, 282 )- la polygamie est autorisée jusqu’à 4 femmes (hormis les concubines)- la prière du vendredi est interdite aux femmes

Tout cela est incompatible avec le mode de fonctionnement d’une société originellementchrétienne comme la société française, même fortement laïcisée.

Les sociétés multiculturelles sont des sociétés multiconflictuelles car il y a toujours uneculture dominante. Le jour férié est soit le vendredi en terre d’Islam, soit le samedi en Israël soitle dimanche en chrétienté. A ce titre, la laïcité est aussi une religion : l’instauration du décadi àla place du dimanche comme jour férié, lors de la Révolution française, nous le rappelle.

Est-il étonnant que dans un sondage publié par « les Etudes » en mars 1991, 52 % dessondés se déclarent d’accord avec l’affirmation selon laquelle « plus on est intégré à la sociétéfrançaise, moins on est musulman » ?

La distinction à faire n’est pas celle entre islam et islamisme mais entre islam dominant etislam dominé, c’est-à-dire occidentalisé et donc en partie christianisé.

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Le fatalisme musulman est la certitude que tout est écrit, et écrit dans le Coran. Il entraîneun désintérêt manifeste des musulmans non occidentalisés pour les sciences profanes ettechniques, comme le rappelait le titre des « Echos » du 24 juillet 2002 : « les pays arabes à latraîne du développement économique et humain, selon le PNUD ». Il n’y a pas dedéveloppement économique possible sans investissement humain et financier massif dans lessciences profanes. Cet investissement apparaît inconsidéré aux yeux d’un musulman cohérent. Ilexiste des pays musulmans riches (Arabie Saoudite), il n’existe pas de pays musulmansdéveloppés qui ne soient d’abord fortement occidentalisés et laïcisés : Irak, Pakistan…

Le leurre de la laïcité comme ultime rempart

Face à cet état de fait, il est parfois de bon ton de prôner la laïcité comme ultime rempartcontre cette islamisation de notre société. La laïcité qui fut conçue à l’origine comme unemachine de guerre contre l’Eglise deviendrait un moyen de défense des débris de la civilisationchrétienne vieillie face à un Islam jeune et conquérant ?

Il s’agit d’un leurre, pour trois raisons :

- d’abord, parce qu’il s’agit d’une trahison de la demande de Notre Seigneur à son père« que Votre Règne arrive sur la terre comme au ciel » ;

- ensuite, parce que pour un musulman, comme pour un catholique, l’état laïc et doncathée est une abomination ;

- enfin, parce qu’une laïcité renforcée contre l’islam verrait disparaître les derniersprivilèges historiques de l’Eglise catholique .

Qui sait, qu’à l’occasion du centenaire des lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat, en1905, le P.S. avait prévu, au nom de la laïcité et de la lutte contre l’islamisation, d’interdire tousles symboles religieux en public et sur la voie publique ?

La destruction des calvaires et des croix au sommet de nos églises était logiquementprévue, ainsi que l’interdiction des processions.

L’Ame de l’Europe aussi est menacée

Ce phénomène ne touche pas que la France. Une étude vient de montrer qu’à Amsterdaml’islam est la première religion de la ville.

Certains prélats s’inquiètent :

- Monseigneur Giuseppe Bernardini, archevêque de Smyrne en Turquie est intervenuau Synode des évêques, en automne 1999, sur ce sujet. Il évoque « un programmed’expansion et de reconquête bien précis », observant que « la domination a déjàcommencé avec les pétrodollars utilisés, non pas pour créer du travail dans les payspauvres d’Afrique du Nord ou du Moyen Orient, mais pour construire des mosquéeset des centres culturels dans les pays chrétiens de l’émigration islamique, y comprisà Rome, centre de la chrétienté ». Il adjure « que l’on ne concède jamais auxmusulmans une Eglise catholique pour leur culte, ce qui serait pour eux la preuve laplus certaine de notre apostasie » (cf Observatore Romano n°43 du 26 octobre 1999).

- Le Cardinal Giacomo Biffi archevêque de Bologne (Italie) déclare à propos del’immigration et en particulier des musulmans : « Ils viennent chez nous bien décidés

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à rester substantiellement différents, en attendant de nous faire devenir toussubstantiellement comme eux. Ils ont une forme d’alimentation différente(…)un jourférié différent, un droit de la famille incompatible avec le nôtre, une conception de lafemme très éloignée de la nôtre, jusqu’à pratiquer la polygamie. Ils ont, surtout, unevision rigoureusement intégraliste de la vie publique, si bien que l’identificationabsolue entre religion et politique fait indubitablement partie de la foi à laquelle ilsne peuvent renoncer, même s’ils attendent prudemment pour la faire valoir d’être ensituation de prépondérance ».

Puis le cardinal évoque « le difficile problème de la réciprocité » en matièrereligieuse. En clair : pourquoi autoriser la construction d’une mosquée à Rome alorsqu’aucune église ne peut être construite en Arabie Saoudite ? Puis il s’interroge. « Ilfaut dire que c’est une singulière vision de la démocratie que de faire coïncider lerespect des individus et des minorités avec le non-respect de la majorité etl’élimination de ce qui est acquis et traditionnel dans une communauté humaine. Nousdevons malheureusement signaler ici que cette conception est de plus en plusrépandue ; c’est une « intolérance substantielle », par exemple, quand sont abolisdans les écoles les signes et usages catholiques à cause de la présence de quelquespersonnes d’autres croyances ».

- Autre thème essentiel : « L’action évangélisatrice est de nature universelle et netolère pas l’exclusion délibérée de certains destinataires : le Seigneur ne nous a pasdit : Prêchez l’Evangile à toutes les créatures, sauf aux musulmans, aux juifs et auDalaï Lama (cf mc, 16,15) ».

La conclusion du Cardinal Biffi rejoint totalement notre analyse : « J’estime, quant à moi,que l’Europe redeviendra chrétienne ou deviendra musulmane. Ce qui me paraît sans avenir,c’est la « culture du néant », de la liberté sans limites et sans contenu, du scepticisme vantécomme une conquête intellectuelle ; culture qui semble être l’attitude largement dominante dansles peuples européens, tous plus ou moins riches de moyens, mais pauvres de vérité.

Cette « culture du néant », qui est soutenue par l’hédonisme et par un esprit libertaireinsatiable, ne sera pas en mesure de résister à l’assaut idéologique de l’islam. Seule laredécouverte de l’événement chrétien comme unique voie de salut pour l’homme, et donc seuleune résurrection décidée de l’antique âme de l’Europe, pourra donner une autre issue à cetteconfrontation inévitable.

Malheureusement, ni les « laïques » ni les « catholiques » ne semblent s’être encorerendus compte du drame qui se profile. Les « laïques », en s’opposant de toutes les façons àl’Eglise, ne s’aperçoivent pas qu’ils combattent la force la plus efficace pour défendre lacivilisation occidentale et ses valeurs de rationalité et de liberté. Ils pourraient s’en apercevoirtrop tard. Les « catholiques », en laissant s’estomper en eux la conscience de la vérité possédée,et en substituant au souci apostolique le pur et simple dialogue à tout prix, préparentinconsciemment (humainement parlant) leur propre disparition.

L’espérance réside en ceci : que la gravité de la situation puisse un jour inciter à un réveilefficace de la raison et de la foi antique. »

Une dangereuse tendance à corriger

Cependant, pour que la France puisse s’interroger sur la nature de la réponse à donner à laquestion de Jean-Paul II sur son alliance avec la sagesse éternelle il faut qu’elle continued’exister.

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Chacun sait les conditions que les institutions européennes mettent à l’adhésion à l’Europecommunautaire et en particulier la libéralisation de l’avortement. Contre cela, Jean-Paul IIsouhaite qu’il soit fait mention des racines chrétiennes de l’Europe dans la futureconstitution européenne. De belles empoignades en perspective, tant l’Europe des droits del’Homme sans Dieu n’est que l’antichambre d’un mondialisme apatride dont la seule religion estle dollar-roi.

Beaucoup dénoncent le poids de l’Allemagne dans la future construction européenne. Soninfluence est liée à son poids démographique et à son ascendant sur les petits pays d’Europecentrale. Peu ont souligné que la réunification allemande a refait de l’Allemagne un paysmajoritairement protestant. Il est à craindre que, lors des débats de société (culture de vie,primat du politique sur l’économique, dignité de la personne humaine…), l’axe protestant :Allemagne, Royaume-Uni ne l’emporte sur les pays catholiques : Espagne, Italie, et ceci avec lacomplicité de la France laïque.

Une nation plus que millénaire ne peut pas disparaître en quelques dizaines d’années. Desaccords économiques entre puissances souveraines sont toujours possibles, mais lesconstructions technocratiques finissent toujours par s’effondrer.

Fidèle à sa vocation, la France survivra

Les nations existent dans le plan de Dieu. C’est l’ange gardien du Portugal qui intervientlors des apparitions de Fatima. Que va-t-il faire si le Portugal cesse d’exister ?

A bien des égards plus près de nous lors des apparitions de l’Ile Bouchard, en décembre1947, la Sainte Vierge demande aux enfants « Dites aux petits enfants de prier pour la Francequi en a grand besoin ». La prière des enfants sera exaucée. Est-ce pour que la Francedisparaisse 50 ans plus tard ?

Pour continuer d’exister, en tant que nation, la France doit le vouloir, et pour cela, renoueravec les promesses de son baptême. Tant de papes et de saints le lui ont prédit :

« Ce royaume durera jusqu’à la fin des temps » (Saint Rémi)« Je distingue le peuple des Francs entre toutes les nations »( Etienne II en 755)

« Le peuple qui a fait alliance aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera àsa première vocation » (Saint Pie X.)

Est-il une nation pour la pérennité de laquelle Dieu a autant fait que pour la Francesuscitant Sainte Jeanne d’Arc aux heures noires qui suivirent le honteux traité de Troyes ?

� � �Mystère des Nations : « Une nation n’est pas ce qu’elle pense d’elle-même dans le temps,

mais ce que Dieu pense d’elle dans l’éternité » (Soloviev)

Saint Louis et les quatre reines de France canonisées veillent sur la France, ainsi quel’archange Saint Michel, prince de la milice céleste et ange protecteur de la France.

Enfin, comme l’écrivait Pie XI le 19 mars 1922, « Il est certain, selon un ancien adage,que « le royaume de France » a été appelé « le royaume de Marie » et cela à juste titre ».

Notre reine du ciel ne se laissera pas dérober un des ses plus beaux titres de gloire, si dumoins nous savons nous en souvenir.

RENAISSANCE CATHOLIQUE

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UUnnee ssuurrpprriissee ddaannss llaa nnuuiittIl y a bien longtemps, le sacristain d'une abbaye allemande de Chanoine Régulier, faisait

sa ronde de nuit pour vérifier que rien d'anormal ne menaçait. Il s'appelait Hermann-Joseph.Tout à coup, dans le cloître plongé dans la nuit, il découvrit une vieille femme fatiguée,

pleine de rides, triste et se traînant avec peine. La surprise, la frayeur lui arrachèrent un cri :-"Qui êtes-vous ? ! - "Je suis, répondit la vieille, la gardienne de ce monastère comme je

l'ai toujours été." A sa voix, le Père Hermann reconnut la Vierge : - "C'est vous ?" – "C'est moi",répondit Marie.

-"Mais pourquoi donc avez-vous pris les traits d’une personne si vieille ?" –"Je suis à tesyeux, répartit l'apparition, telle que tu me portes dans ton cœur. Pour toi je suis devenue vieille.Où donc est le souvenir de mes joies dans tes prières ? Quand me rappelles-tu avec allégresse lesalut de l'Ange (Ave Maria…) ? Où est la jeune ferveur de ta dévotion et tous ces exercicesspirituels que tu accomplissais en mon honneur et qui nous rendaient jeunes aux yeux l'un del'autre ? Je ne veux pas que la garde du monastère t'éloigne de mon service, car je le garderaimoi-même bien mieux que toi."

Bouleversé, Hermann-Joseph comprit en un instant que la Vierge Marie veillait, priait etl’aimait et qu'à négliger lui-même ces trois devoirs, il sombrait dans la tiédeur. Ressaisie, sa viebrillera dès lors d'une succession de miracles qui permettront à ce Chanoine Prémontré (+1233)d'être béatifié par l'Eglise. Puisse la découverte du Bienheureux Hermann servir à nous réveiller!

Comme lui, contemplons comment Marie veille, prie et nous aime en aimant Dieu !Laissons-nous guider par Elle, les mystères du chapelet formant un chemin idéal : en

route!

VViiggiillaattee !! EEllllee vveeiillllee eett …… nnoouuss ddoorrmmoonnss..

L’AnnonciationA l’Annonciation, Marie est, par excellence, la Vierge de l’attente, celle en qui se recueille

toute l'espérance du genre humain. Son Cœur immaculé veille, attendant que se manifeste la volonté du Seigneur, attentif à

Dieu qui ne parle que dans le silence. Au dehors s'agitent les marchands, les ouvriers et les rois.Comme les "vierges folles" de la parabole, les âmes se chargent de mille soucis et oublientl'essentiel. Marie, modèle des "vierges sages", guette les désirs du Seigneur tout en balayant ouen préparant le repas de Saint Joseph !

Imitons-la ! Ne laissons jamais les soucis de la terre grignoter notre cœur, lui faire oublierDieu. C'est un mauvais calcul qui peut coûter cher, très cher !

La PrésentationComment faire ? Cherchons, en tout, à obéir à la volonté de Dieu et à garder notre cœur

pur de la saleté du péché.Ce sont les fruits du mystère de la Présentation.

La vigilance, la prière et l'amour de Marie : mystère et exemple

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Le recouvrement de Jésus au TempleNotre monde actuel, écœurant de sensualité, excite nos passions les plus basses pour

vendre un tube de dentifrice ou une voiture de plus. Vigilate ! Ne vous faites pas avoir ! Achetezla pâte dentaire ou la voiture si elles vous conviennent, mais ne perdez pas la pureté de votrecœur par l'impureté d'un regard.

Pour conserver ou retrouver cette pureté, cherchons l'intimité de Marie car, affirme SaintAmbroise, "si grande était sa grâce, qu'elle ne gardait pas celle de sa virginité pour elle, mais,qu'à tous ceux qui l'approchaient, elle donnait le privilège de la chasteté."

Cette chasteté n'est-elle pas le signe d'une recherche de Dieu en toutes choses ? C'est ceque nous demandons dans le mystère du Recouvrement de Jésus au temple. Oh ! Quellevigilance de Marie dans ces jours à chercher l'Enfant-Dieu ! Nous cherchons le bonheur ? Alorscherchons Dieu ! Guettons sa présence si mystérieuse dans la petite fleur qu'Il a créée, lemendiant qu'Il aime, le prêtre, qui, malgré ses péchés, le représente efficacement, le pèlerin quimarche à nos côtés.

L’AgonieNous regretterons un jour d'avoir dormi comme les Apôtres au mystère de l'Agonie.

"Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'Esprit est ardent, mais la chair estfaible." (Mt 26,41).

Comment imaginer qu'à cette heure Marie dormait ? Choisissons donc notre camp : celuides fidèles veilleurs ou celui des dormeurs et des traîtres !

La FlagellationOr, si, comme le dit Jésus, "la chair est faible", il faut alors la mortifier : c'est le fruit du

mystère de la Flagellation. Mortifier sa chair c'est museler un chien fou, refuser à notre corps,plusieurs fois par jour, la douceur qu'il réclame, pour bien lui montrer que c'est la raison qui doitrégner sur lui.

Nous rions lorsque nous voyons un chien conduire visiblement son maître. Mais nesommes-nous pas comme celui-ci, lorsque nous ne nous refusons jamais une sucrerie ou unecigarette… ? .

La Couronne d’épinesMais que survienne une humiliation, et là, notre orgueil explose ! Dans le Couronnement

d'épines Jésus a pourtant tout supporté pour notre salut.Le Sauveur s'humilie et tu te révoltes ? ! Parce que ton cœur ne veille pas, la moindre

contrariété le met en déroute. Marie veillait et sa vigilance était "corédemptrice".

RésurrectionAu premier samedi saint de l'histoire, alors que le désespoir écrasait le cœur des Apôtres,

Marie veillait, seule. Sa confiance surhumaine sera récompensée par l'inaltérable joie de laRésurrection.

Quelle promesse pour nous ! Veillons avec confiance, dans la nuit même des épreuves quinous étouffent. L'aurore succèdera à la nuit, la Résurrection à la Passion, la joie remplacera notredouleur si nous avons su l'offrir au Seigneur; la patience est une vertu que l'on néglige trop.

L’AscensionCette offrande de nos souffrances dépasse infiniment les forces humaines. Elle n'est

possible que si, comme la Vierge Marie à l'Ascension, nous avons les yeux tournés vers le ciel.

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Le réalisme consiste à faire de la terre un tremplin vers le ciel. Or nous en faisons le plussouvent un boulet… Veillons à échapper à la pesanteur comme Marie ! "Sursum corda !"

Gardons notre cœur "tourné vers le Seigneur", veillant sans cesse à ce qu'il ne se tournepas, médiocrement, vers… nous-même !

OOrraattee !! JJee pprriiee,, ttuu pprriieess,, EEllllee pprriiee ……Le Bienheureux Hermann-Joseph, surpris par la Vierge dans l'ombre du cloître, s'était

aperçu qu'Elle veillait bien mieux que lui sur son propre travail.Or, pour lui montrer qu'il veillait trop sur ce travail et pas assez sur sa sanctification, elle

lui reprocha la tiédeur de sa prière : "Où donc est le souvenir de mes joies dans tesprières ?"

Orate ! nous dit la Vierge en nous montrant l'exemple, comme une bonne mère.

La NativitéContemplons la prière de Marie lors de la Nativité de Celui qui est le Fils de Dieu et le

sien. Tout bas elle lui dit son amour et sa joie, Elle le prie pour nous, devenant ainsil'ambassadrice de nos besoins, matériels et spirituels.

S'il y a "un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus" (I Tim 2,5),"l'Immaculée est l'unique médiatrice entre Jésus et l'humanité" (Saint Maximilien).

Cette médiation mariale n’ajoute et n’ôte rien à la médiation parfaite du Christ, elle s’yassocie. Puisque Marie est constituée notre médiatrice en devenant Mère de Dieu, "Quelle quesoit l'offrande que tu te disposes à présenter à Dieu, n'oublie pas de la confier à Marie, afin quela grâce remonte à son donateur par le même canal qui l'a apportée" conseille Saint Bernard.

Ainsi, par une médiation "ascendante" nos prières montent à Dieu par Marie ; et par unemédiation "descendante" le Seigneur répond à ces prières en donnant, par Elle, ses grâces.

Le Portement de la CroixParfois nos prières semblent bien vaines et nos cœurs s'en découragent. Rappelons-nous

alors le Portement de croix. Marie avance aux côtés de son divin Fils ; son cœur est déchiré ; saraison bute face au déconcertant mystère, peut-être, mais sa Foi reste intacte et sa prièreincessante. Alors qu'elle n'a jamais semblé plus inutile, cette prière participe à la Rédemption dumonde.

Ne cessons jamais de prier Marie alors même que tout semblerait perdu :"Dame, c’est toi qu’on doit prierEn tempête et en grand orage.

Tu es l'étoile de la mer,Tu es ancre, nef et rivage"

(Rutebeuf)

L’AssomptionContemplée par le mystère de l’Assomption, Marie est l’étoile qui s’élance vers le soleil,

avançant d’autant plus vite qu’elle s’en approche. Saint Thomas d'Aquin, qui connaissait déjàcette loi de la gravitation, l'applique à la sainteté : la prière nous rend saint et la sainteté nous faitprier davantage. Entrons dans cette spirale d'amour, ce tourbillon qui est à notre portée à tous !

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Le Couronnement de la ViergeCe tourbillon a conduit Marie au Couronnement dans le ciel. Or, devenue reine et

étendant son empire sur toute la création, la Vierge ne cesse de prier pour nous avec unepuissance que seuls limitent nos refus et notre ingratitude.

Prions-la comme une reine avec une confiance absolue en son pouvoir car "personne n’estmeilleur maître et meilleure garde pour faire connaître Jésus" affirme Saint Pie X (Ency. Addiem illum)

AAmmaattee !! LL’’aammoouurr dd’’uunnee mmèèrree eett ll''iinnggrraattiittuuddee dd''uunn eennffaanntt..La perfection à laquelle doit tendre chacun de nous est la perfection de la charité comme le

démontre Saint Thomas (II II q 184 a 1). Chaque jour davantage, notre cœur doit brûler d'amourpour Dieu et pour le prochain (surtout le plus désagréable !).

Or "c'est à travers l'Immaculée que se trouve le chemin le plus court et le meilleur pourconduire à la perfection" dit Saint Maximilien. La Vierge brille donc comme un modèle decharité, théologale et fraternelle.

La VisitationLa Visitation voit Notre-Dame s'oublier elle-même pour ne penser qu'à secourir sa vieille

cousine Elisabeth, son aînée. Mais c’est incroyable ! La Mère de Dieu vient aider la mère deJean ; l'Immaculée, portant le Créateur, se penche vers une pécheresse, vers deux créatures.

N'est-ce pas là le véritable amour dont le propre est de s'abaisser, selon la définition deSainte Thérèse de Lisieux ?

Et nous ? Quelle lenteur dans nos dévouements, quelle paresse dans nos services ! Et si,parfois, le frisson de l'activisme caritatif nous agite, n'est-ce pas encore un secret amour proprequi nous dirige ?

Supplions alors Marie, la "Mère du Bel Amour" de nous enseigner le zèle désintéressé, leseul qui ne se laisse jamais rebuter par les échecs et les ingratitudes.

La CrucifixionCar enfin, imaginons Marie au pied de la croix, dans ce mystère de la Crucifixion, le

comble des échecs apparents.Sauf Jean et quelques femmes, tous les amis et les disciples ont trahi l'Amour fait homme ;

Marie lui est fidèle. Tous sont écrasés dans le découragement ; Elle, reste debout. Ils aimaient unJésus triomphant et multiplicateur des pains ; Elle, aime encore ce Jésus saignant en silence surla croix.

Nous n'avons donc pas le choix. Pour aimer Dieu et nos frères d'un véritable amour, oblatifet fidèle, il faudra aimer comme Marie, en Marie, "aimer Jésus avec le cœur de Marie et Marieavec le cœur de Jésus" selon l'espérance de Saint Jean Eudes.

La PentecôteC'est ce que firent les Apôtres (avec un peu de retard…) en "persévérant dans la prière…

avec Marie" (Ac 1, 14) et c’est alors que se produisit la Pentecôte.L'Esprit d'amour n'est reçu en nos âmes que par la médiatrice. Cet enfantement spirituel est

la conséquence de sa maternité divine : "La mère de la tête (le Christ) serait la mère desmembres (les chrétiens)" concluait Pie XII.

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De la sorte, "Marie, avec un amour inconcevable, nous porte toujours, comme des petitsenfants, dans ses chastes entrailles, jusqu'à ce que, ayant formé en nous les premiers traits de sonFils, elle nous enfante comme Lui," enseigne le Bienheureux Guillaume Chaminade.

Conscients de cet amour de maman, pourrions-nous rester ingrats ? Comment ne pas brûlerde tendresse pour l'Immaculée, mère de nos âmes ? Comment ne pas brûler de faire connaître,par Elle, les merveilles de Dieu ?

"Par elle" disons-nous, car ne nous y trompons pas "prêcher Jésus, seul est un travail arideet infructueux ; mais, prêcher Jésus avec et par Marie c'est une occupation aussi féconde quedélicieuse", affirme … le modèle et patron des missionnaires, : Saint François-Xavier.

PPrrêêttss ?? PPaarrtteezz !!

"Où est la jeune ferveur de ces exercices spirituels que tu accomplissais en mon honneuret qui nous rendaient jeunes aux yeux de l'un et de l'autre" demanda la Vierge de l’ombre auBienheureux Hermann-Joseph. C'est aussi la question qu’Elle nous pose.

Sur le chemin des 15 mystères du Rosaire nous avons contemplé sa vigilance, sa prière etson amour pour nous et, à chaque pas de ce pèlerinage, des applications concrètes et faciles sesont proposées à nous.

Etes-vous prêts à La suivre ? Alors partez ! N'attendez plus ! Le monde crève, car leschrétiens tardent à se lancer dans l'action, nourris de contemplation mariale.

Le monde a besoin de notre vigilance ; il a besoin de notre prière quotidienne du chapelet ;il a besoin de notre amour de Marie, épanoui et protégé par la consécration de tout notre être àsa personne.

"S’approcher d’Elle, rêvait Saint Maximilien Kolbe, s'identifier à Elle, lui permettred'envahir notre cœur et notre être pour qu'Elle vive et agisse, en nous et par nous… voilà notre idéal !"

"Tous les chrétiens peuvent en faire autant, remarquait Charles Péguy à propos de cetteconsécration mariale, on se demande même pourquoi ils ne le font pas… c'est si simple. On nepense jamais à ce qui est simple."

CHANOINES REGULIERS DE LA MERE DE DIEU

(OPUS MARIAE)

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Vierge de miséricordeMichael Eckhart , Berlin XVe s.

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e Cœur de Marie veille sur l’Église, l’accompagne dans sa longue marche vers leRoyaume éternel.

Mère de l’Église, Marie prie avec elle. Son Cœur Immaculé est transpercé en voyant leshommes s’égarer sur le chemin du salut.

Aux époques les plus difficiles, Elle rend présent son amour de façon sensible, pouravertir, prévenir, conjurer les dangers encourus par les nations comme par les individus.

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En France…La France, Fille aînée de l’Église, semble jouir de la prédilection particulière de Notre-

Dame. N’est-elle pas le Royaume de Marie ?Nos Anciens L’appelaient “Madame Sainte-Marie”. Ils couvrirent le royaume d’un

immense chapelet de cathédrales et d’universités, de monastères et d’Hôtels-Dieu, de sanctuaireset d’hospices placés sous son vocable, tels des écrins monumentaux où scintillaient à l’envi lesjoyaux de la foi et de la charité pour que la Chrétienté fût “un peu de terre baignée de Ciel”.

DDaammee ddee FFrraanncceeLouis XI, en avril 1478, par la très officielle “Ordonnance de Hesdin”, proclame la Vierge-

Sainte : “Dame et Comtesse de Boulogne”, Suzeraine des Rois de France.Désormais, tous les Rois devront, en accédant au trône, offrir à la “Dame de France” un

cœur d’or symbolisant le cœur du Roi et de tous ses sujets.Louis XIII, par l’Ordonnance du 10 février 1638, confirmera l’acte solennel de son

prédécesseur et fera, de l’Assomption de Marie, notre fête nationale ; ce qu’elle est toujours...“... Nous avons déclaré et déclarons que, prenant latrès sainte et très glorieuse Vierge pour protectricespéciale de notre royaume, nous Lui consacronsparticulièrement notre personne, notre État, notreCouronne et nos sujets, La suppliant de nous vouloirinspirer une si sainte conduite et défendre avec tant desoin ce royaume (...) qu’il ne sorte point des voies de lagrâce qui conduisent à la gloire...” (Extrait del’Ordonnance royale)

Validement promulguée, jamais révoquée, cette royauté de Marie sur la Francerelève du droit public écrit.

Les successeurs de Louis XI et de Louis XIII sont très conscients de l’importance de cetteConsécration de leur Nation ; ils la renouvellent solennellement.

“Cette royauté, ce n’est pas un jeu sentimental, écrivait Pierre Virion, c’est une de nosvérités politiques niée ou méconnue (...) le surnaturel, pour nos pères du Moyen-âge, s’incarnaitdans la trame des jours. Le Christ et “Madame Sainte Marie” vivaient au milieu d’eux, prenantpart aux événements quotidiens ou inusités, individuels et collectifs ; ils recevaient leursconfidences, leurs plaintes, leurs joies et leurs promesses (...). Etaient-ils donc si naïfs ?C’étaient de grands réalistes ...”

La vigilance, la prière et l’amourde Marie dans notre histoire

L

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Marie établit chez nous son royaume…

Va en France !

Selon une tradition solide, la Vierge se manifesta en 1150 à un Prince aveugle de Hongrie.Il demanda à recouvrer la vue. “Je veux bien te l’accorder, répondit Notre-Dame, mais non pasdans ce lieu : va-t-en dans le royaume de France, dans une chapelle consacrée à mon nom prèsde la ville de Rodez, dans la forêt de Cayrat, nommée des Monts ; c’est là que J’exaucerai tesprières.”

Le prince partit et traversa la mer Adriatique où une tempête lui fit perdre une partie de sesgens. Arrivé en Aveyron, dans la chapelle des Monts, il y reçut trois grâces extraordinaires :

• La première fut le recouvrement de la vue ;• La seconde grâce la guérison des fièvres dont il était atteint ;• et la troisième qui ne semble pas moins miraculeuse, fut la rencontre inopinée de ses

gens qui avaient été dispersés sur mer.Après avoir fait chanter le Te Deum en actions de grâces, il reprit son chemin de Hongrie,

passant par Rodez, pour y visiter l’évêque, duquel il obtint que cette chapelle s’appelleraitdésormais Ceignac, en mémoire de ces cent hommes de sa suite, trouvés miraculeusement dansce lieu, contre toute espérance.

Ce touchant récit montre qu’en France, dont Elle est Reine, Marie établit son trône demiséricorde. De France elle veille, prie et nous aime.

Et y accueille tous ses enfants

Sur le rocher de Rocamadour, dans le Lot, se trouvait primitivement une petite chapelleoù l’on venait invoquer la Vierge Marie.

Les pèlerinages naquirent au XIIème siècle suite à un miracle. Un moine rédigea en 1172le Livre des miracles décrivant les merveilles qu’accomplissait la Vierge Marie pour les pèlerinsvenus jusqu’à sa chapelle : guérisons, sauvetages de marins, etc. Des pèlerins arrivèrent departout, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Espagne...

Ainsi, du haut du Ciel, Dame-Marie veillait sur Ses enfants, recevait leurs prières, leurslarmes, leurs gémissements, les incitait à la conversion et à l’amour de Dieu.

Il est impossible de résumer en quelques pages l’histoire des bienfaits de la Vierge Marieen France. Aux prières des humbles, Elle répondait par des signes extraordinaires qui, à leurtour, stimulaient la ferveur, en sorte qu’à travers tout ce Moyen-Âge se déroulait comme unechaîne mystique faite de prières suppliantes et de réponses miséricordieuses.

DDaannss ccee ppaayyss qquuii eesstt jjuurriiddiiqquueemmeenntt llee ssiieenn,, MMaarriiee,, àà pplluussiieeuurrss rreepprriisseess,, ssee ffaaiitt«« llééggaatt »» dduu CCiieell

Déjà, au XVIIème siècle, la Vierge apparaît à Notre-Dame du Laus, près de Gap, pendant54 ans, pour fonder un lieu de conversions individuelles dont les merveilles durent encore. Marieveillait en cette période où le Jansénisme froid éloignait les âmes de la communioneucharistique.

Avec le XIXème siècle, alors que les chefs de la nation renient Dieu, la Mère de Dieun’oublie pas la France qui L’a tant servie.

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* La Rue du Bac, 1830

L’apparition du 27 novembre à sainte Catherine Labouré est bien connue. Nous lui devonsla “Médaille Miraculeuse”, que chacun d’entre nous devrait porter.

“... Les temps sont très mauvais, annonce Notre-Dame,des malheurs vont fondre sur la France, le trône serarenversé, le monde entier sera bouleversé par desmalheurs de toutes sortes. Mais, venez au pied de cetautel, là les grâces seront répandues sur toutes lespersonnes qui les demanderont avec confiance et ferveur.”

Puis, la Vierge qui invite à la prière et à la vigilance, annonce la guerre civile de “laCommune”, avec des détails que la voyante ne pouvait prévoir :

“Pour le Clergé de Paris il y aura des victimes...Monseigneur l’Archevêque mourra. Mon enfant, la croixsera méprisée, le sang coulera dans la rue.”

* La Salette, 1846

Le “message de la Salette”, délivré le 19 septembre 1846 à la bergère Mélanie, est unmessage grave, dramatique, un appel à la vigilance. Si l’authenticité du “secret”, véritableapocalypse, est controversé depuis 150 ans, le “message” déjà reconnu par l’Église est unavertissement impérieux de la Vierge. Orate ! Sans prière, le monde va étouffer !

* Le Puy, 1855

C’était l’époque de la guerre de Crimée. Le siège de Sébastopol s’enlisait. Commel’évêque du Puy était reçu en audience, le 5 septembre 1855, par Napoléon III, il avança cetterequête :

“Sire, voudrez-vous me donner les canons russes de Sébastopol ?”L’empereur fut interloqué. Non seulement ce petit évêque réclamait une faveur insolite,

mais en outre il vendait la peau de l’ours avant qu’il fût tué. Et comme il hésitait, le quémandeurrevint à la charge :

“Sire, si la forteresse succombe, promettez-vous de donner ces canons à la Reine duCiel ?”

Napoléon ne put se dérober. Il céda : “Je vous le promets.”“Eh bien ! s’écria l’évêque, Sébastopol est à nous !”Trois jours après, le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, le général Pélissier

emportait la forteresse. Quelques semaines plus tard, Mgr Morlhon prenait livraison des deuxcent treize canons pris à l’ennemi. La fonte de ces canons permit la réalisation de la statue !

* Lourdes, 1858

Cette année là, le Mal franchit une étape importante : Karl Marx publie le Capital.Le Ciel de nouveau répond par la Vierge aimante et vigilante :

“Je suis l’Immaculée conception”,c’est-à-dire celle que Dieu désigne au Serpent de la Genèse, lui affirmant : “Elle t’écrasera latête”

Au creux du rocher, dans cette grotte de Massabielle, la Reine de France donne la réponsede Dieu : c’est Elle-même. “Je suis l’Immaculée Conception.”

Pour vaincre Satan, la Vierge présente à Bernadette l’arme efficace : le chapelet : orate !

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* Pontmain, la Vierge “Stratège”, 1871

Qui ne connaît cette invitation à la prière, tracée par la Vierge dans le ciel de Pontmain,devant des enfants émerveillés :

“Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps.Mon Fils se laisse toucher”

En ce mois de janvier 1871, l’avancée allemande est stoppée, contre toute attente, àquelques kilomètres de ce pacifique petit village de Mayenne, l’invincible armée recule.

* Pellevoisin, 1876

La Vierge “Légat du Ciel” de nouveau se manifeste c’est dans la petite bourgade dePellevoisin, où Elle vient guérir miraculeusement Estelle Faguette d’une tuberculose.

Mais voici un avertissement :“Et la France ! Que n’ai-je pas fait pour elle !

Que d’avertissements et pourtant, encore, elle refuse d’entendre !Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils.”

* Aux heures les plus sombres de la première guerre mondiale

N’ayant pu retenir le bras de son Fils car nous n’avions pas assez prié, Notre-Dame, dansson amour de Mère, atténue néanmoins le châtiment collectif. C’est sa touchante intervention àla bataille de la Marne, aux portes de Paris.

Plusieurs témoignages de soldats allemands blessés à mort ont été recueillis dans leshôpitaux français :

“Nous n’avons pas pu aller plus loin : une Vierge, tout habillée de blanc avec une ceinturebleue, se tenait devant nous, les bras étendus, nous repoussant chaque fois que nous avionsl’ordre d’avancer... Nous sommes peut-être 100 000 hommes qui L’avons vue. Le 8 septembre,Elle nous a repoussés avec tant de force que tous, comme un seul homme, nous nous sommesenfuis.”

* L’Ile Bouchard, 1947

L’année 1947 est une des plus dures de l’histoire contemporaine de la France. La guerre alaissé le pays détruit et ruiné. Le Parti communiste se prépare à prendre le pouvoir. Grèvegénérale. Léon Blum déclare : “Le communisme international a ouvertement déclaré la guerre àla démocratie française” !!! En 15 jours, 97 sabotages sont commis par les communistes.

Les 6 et 7 décembre, scènes d’émeutes à Paris et ailleurs. L’armée prépare unemobilisation de 80 000 réservistes et prévoit la contre-attaque le 10 décembre.

Le 8 décembre, alors que la France craint la guerre civile, l’Immaculée Vierge Marieapparaît à quatre fillettes à l’église de l’Ile Bouchard et leur dit :

“Je suis votre maman du Ciel. Dites aux petits enfants de prier pour la France qui en agrand besoin.”

et le jour suivant :“Mes enfants, il faut beaucoup prier pour la France ces jours-ci, elle est en grand danger.”

Le 9 décembre au soir, à 20 heures, la radio annonce la capitulation du Comité national degrève. L’ordre est donné dans toute la France de reprendre le travail et l’opération militaireprévue est décommandée. La France va retrouver la paix.

* *

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* Ailleurs dans le monde

Il ne faudrait cependant pas croire que Marie réserve ses faveurs de vigilance de prière etd’amour à la France seule. Évoquons quelques faits :

* La victoire inespérée de Lépante, le 7 octobre 1571 contre les Turcs, mettant un frein àl’expansion de l’Islam en Europe, est due à la récitation du chapelet comme en témoignel’institution de la fête de Notre-Dame du Rosaire (le 7 octobre). Orate !

* En Espagne, le culte de Marie semble avoir été implanté par l’apôtre saint Jacques.Vainqueur des Maures, le peuple reconnaissant a élevé à Tolède l’église Notre-Dame de laVictoire. Il y a aussi Notre-Dame de Guadalupe, avec sa statue miraculeuse du VIIème siècle,Notre-Dame du Mont-Serrat, image miraculeuse du IXème siècle, Notre-Dame del Pilar, et tantd’autres.

* Le Portugal décrète sa consécration nationale à Marie après la défaite des chefs maures.Ce Pays est visité par Notre-Dame du Rosaire en 1917 à Fatima où Marie annonce la fin de laguerre, demande la conversion individuelle, la récitation du chapelet, pour conjurer d’autresguerres à venir.

“Si l’on fait ce que Je vous dirai, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix”.

* La Pologne, terre mariale avec son célèbre pèlerinage à Notre-Dame de Czestochowa.

* En 1678, le Sénat du Duché du Luxembourg choisit “ Marie, Mère de Jésus,Consolatrice des Affligés, pour Dame, Patronne et Protectrice perpétuelle”. Innombrables sontles miracles dont bénéficièrent aussi bien les personnes que le peuple tout entier. Le Duché futnotamment épargné du calvinisme : pendant le prêche des faux pasteurs le ronronnementincessant des Ave Maria leur rendit impossible de se faire entendre.

* L’Autriche : la mobilisation spirituelle de ce pays soutenue par les chanceliers del’époque, obtint miraculeusement, par le chapelet, le traité de paix, refusé jusque-là par lesRusses, le 15 mai 1955, et le départ des troupes d’occupation, alors que l’Autriche devaitdevenir un pays satellite de l’URSS.

* Face au Communisme, on pourrait aussi citer les “miracles politiques” des foules récitantle chapelet et faisant reculer les chars ! Le Brésil dans les années 60 et les Philippines, dans lesannées 80 furent ainsi épargnés.

* Le Liban : La colline de Harissa est surmontée à gauche par un grand monument ausommet duquel une très belle Vierge couronnée surplombe toute la baie de Jounieh. Le 6 mai1989, alors que les Syriens n’arrêtaient pas de bombarder les alentours de Harissa, de nombreuxtémoins ont vu la Vierge “tourner à plusieurs reprises depuis midi”. Alertées, les Carmélitesvoisines du monument voient à leur tour le prodige. Elles témoignent : “Notre-Dame tournaittranquillement (...) puis Elle avançait d’une façon majestueuse et Elle s’est animée ; Elle estvenue jusqu’à nous. Elle nous a souri et nous a laissées dans une grande paix. C’était un visagede paix pour nous dire que le Liban ne mourra jamais !” Marie priait, vigilante pour laChrétienté qu’elle aime tant !

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Non, la Chrétienté ne mourra pas, tant que Marie continuera à lui sourire en réponse auxinnombrables Ave Maria qui monteront de la terre vers son trône de miséricorde.

A sa vigilance de Reine, sa prière toute puissante et son amour de Maman, doiventrépondre notre vigilance, notre prière et notre amour de fils et de filles !

CHANOINESSES REGULIERES DE LA MERE DE DIEU

(OPUS MARIÆ)

La Salette

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côté de Marie et de Jésus, et tout près d’eux, il y a saint Jean-Baptiste. On ne peutparler de celui-ci sans rencontrer la Vierge et son Fils.

Dès le premier chapitre de son Évangile, saint Luc nous raconte, chronologiquement, lesdeux “annonciations” faites par l’ange du Seigneur au prêtre Zacharie, puis à Marie.

L’annonce du Précurseur“Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée, un prêtre dunom de Zacharie, de la classe d’Abia, et il avait pour femmeune descendante d’Aaron, dont le nom était Elisabeth. Tousdeux étaient justes aux yeux de Dieu, et ils suivaientirréprochablement tous les commandements et observancesdu Seigneur.”

Voici campés les parents : leur ascendance, leur situation sociale, leur vertu.

Voici ensuite leur épreuve :“Mais ils n’avaient pas d’enfant, pour la raisonqu’Elisabeth était stérile et que tous deux étaient avancésen âge.”

C’est l’épreuve de bien des foyers ; mais elle avait, chez les Juifs, un aspect de réprobation de lapart de Dieu, et comme de culpabilité secrète. Si Yahvé n’envoyait pas d’enfants, n’était-ce pasun châtiment de sa part à l’égard de ces époux ? Rappelons-nous la perplexité et la désolationd’Elqana et Anne, les parents de Samuel (I. Sa. 1).

Or, un jour que Zacharie remplissait ses fonctions sacerdotales dans le Temple, l‘Ange duSeigneur lui apparut. « A sa vue, Zacharie fut troublé, et la crainte fondit sur lui. Mais l’ange luidit : Rassure-toi, Zacharie ; ta supplication a été exaucée ; ta femme Elisabeth t’enfantera unfils, et tu lui donneras le nom de Jean ».

“Jean”, en hébreu, signifie “Yahvé est favorable”. Quelle émotion chez le père enapprenant une telle nouvelle ! Emotion qui va augmenter, en entendant la description de ce quesera son enfant. L’Ange poursuit :

“Tu en auras joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il seragrand aux yeux du Seigneur. Il ne boira ni vin ni liqueur fermentée ; il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère et ramènera de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. Lui-même le précédera avec l’esprit et la puissance d’Elie, pour ramener le cœur des pères versleurs enfants et les rebelles à la sagesse des justes, préparant au Seigneur un peuple biendisposé.”

Zacharie doute, demeure sceptique, et demande un signe ; il dit à l’Ange : “Qu’est-ce quim’en assurera car je suis un vieillard, et ma femme est avancée en âge.” L’Ange lui répondit :“Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’apporter cettebonne nouvelle. Eh bien ! tu vas être réduit au silence et sans pouvoir parler jusqu’au jour où

Saint Jean-Baptiste

À

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ces choses arriveront, pour n’avoir pas cru à mes paroles, lesquelles s’accompliront en leurtemps.”

L’annonce du Messie“Six mois plus tard, l’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée

Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, et le nom de la vierge étaitMarie.” C’est la seconde Annonciation, - ‘Je vous salue, comblée de grâce, le Seigneur est avecvous’-, avec un miracle plus grand encore que pour Elisabeth la stérile : la Vierge enfantera, parl’opération du Saint- Esprit ; Jésus sera appelé Fils de Dieu. “Et voici, conclut l’Ange,qu’Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils en sa vieillesse, et elle en est à sonsixième mois, elle qu’on appelait la stérile ; car rien n’est impossible à Dieu”. Cela nousrappelle un autre enfantement extraordinaire : celui d’Isaac, fils d’Abraham et de Sara, alors queces deux vieillards avaient passé l’âge de pouvoir être parents. Là déjà on avait eu cetteproclamation : “Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé ?“ (Gn. 18, 14).

La VisitationMarie, aussitôt après avoir prononcé son “Fiat”, partit en hâte de Nazareth, au nord du

pays, vers Aïn Karim, à 6 km à l’ouest de Jérusalem : trois jours de marche rapide, pour venirsaluer sa cousine Elisabeth. “Or, nous rapporte saint Luc, dès qu’Elisabeth eut entendu lasalutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et Elisfabeth fut remplie du Saint Esprit.Alors, elle poussa un grand cri et dit “Vous êtes bénie entre les femmes, et béni le fruit de vosentrailles.” Voilà les paroles de la première partie de nos “Ave Maria” prononcées par l’Ange,d’abord :

“Je vous salue (Marie), pleine de grâces ; le Seigneur est avec vous ; poursuivies par Élisabeth :

“Vous êtes bénie entre les femmes...” ;répétées tant de millions de fois depuis par tous les chrétiens.

Élisabeth poursuit, très émue, : “Comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneurvienne à moi ? Car, voyez-vous, dès l’instant où votre salutation a frappé mes oreilles, l’enfant(il s’agit de Jean) a tressailli d’allégresse dans mon sein.

C’est alors le chant du “Magnificat”, que Marie élève vers Dieu : “Mon âme exalte leSeigneur...

La vocation de JeanIl sera suivi, trois mois plus tard, du chant du “Benedictus” que

Zacharie, rempli de l’Esprit Saint, proclamera lors de la circoncision de son fils, prophétisant ceque serait cet enfant.

“Béni soit le nom du Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’ila visité et délivré son peuple, et nous a suscité unepuissance de salut dans la maison de David, son serviteur...Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut ;car tu précéderas le Seigneur, pour lui préparer les voies,pour donner à son peuple la connaissance du salut par larémission de ses péchés; œuvre de la miséricordieusetendresse de notre Dieu, qui nous amènera d’en-haut lavisite du Soleil levant, afin d’illuminer ceux qui se tiennentdans les ténèbres et l’ombre de la mort, afin de guider nospas dans le chemin de la paix.”

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Voilà toute la mission de Jean, prophétisée dès le huitième jour après sa naissance. Cechant du Benedictus est repris chaque matin, à la fin de l’Office des Laudes, par tous les prêtreset les chœurs monastiques ; de même que le Magnificat est chanté chaque soir, à la fin desvêpres.

Saint Luc conclut son chapitre premier par ce raccourci : “Cependant l’enfant grandissait,et son esprit se développait. Et il demeura dans les solitudes jusqu’au jour où il se manifestadevant Israël.”

La vocation de Jean n’est pas sans rappeler celle d’Abraham (Genèse, ch. 12), et aussi cellede Moïse (Exode, ch. 3). “A certains moments décisifs, à certaines articulations de l’histoire, Dieususcite des hommes qui ont à inaugurer une étape nouvelle. La vocation prend alors uncaractère exemplaire”, dit le Cardinal Danielou (“Jean-Baptiste, Témoin de l’Agneau”).Jean-Baptiste récapitule en lui toutes les étapes de la préparation de la fin des temps qu’avaientmarquées les vocations successives des patriarches et des prophètes. Toute vocation est d’abordélection ; toute vocation est une mission. Sa vocation se situe à la charnière de l’Ancien et duNouveau Testament.

Préparer les chemins du SeigneurSaint Luc, au chapitre troisième de son Évangile, date historiquement le début de sa

mission : on peut donc savoir que Jean a trente quatre ans. Il a vécu, sans doute, au milieu desEsséniens depuis son adolescence, mais a surtout été formé par l’Esprit Saint dans le désert deJuda, vivant en ascète, à l’écoute de Dieu. Et “la parole de Dieu lui fut adressée dans le désert.Il parcourut alors toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de repentir pour larémission des péchés, ainsi qu’il est écrit au livre des oracles du prophète Isaie (40, 3-5) : ‘Unevoix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers ; tout ravinsera comblé, toute montagne ou colline sera abaissée ; les passages tortueux deviendront droitset les chemins raboteux seront nivelés. Et toute chair verra le salut de Dieu’.

Prêcher un baptême de pénitenceAvec un langage virulent, Jean apostrophe les foules, n’hésitant pas à les traiter

d”engeance de vipères”, et celles-ci lui demandent : “Que nous faut-il donc faire ?“ Il leurrépond: “Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a dequoi manger fasse de même.” “Jean le Baptiste proclamait un baptême de repentir pour larémission des péchés, nous dit S. Marc (1,4). Et vers lui s’en allaient tout le pays de Judée ettous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, enconfessant leurs péchés”.Il donne des conseils, des ordres presque, à chacun. Comme quoi, les paroles de vérité, même sielles sont assénées avec énergie, portent des fruits. Si toutefois c’est l’amour qui nous les faitprononcer. “Amate !“

Révéler la Sainte trinitéPeut-être est-ce aussi le fruit de la prière - “Orate !” - et de l’ascèse de celui qui prêchait, et qui- comme le dit Saint Grégoire le Grand de Saint Benoît - ne pouvait enseigner autrement qu’il nevivait lui-même. Sobre, pauvre, Jean “était vêtu de peau de chameau ; il se nourrissait desauterelles et de miel sauvage”. Mais il ne veut pas que l’on se trompe sur sa personne et qu’ons’attache à lui : il n’est que le disciple, le serviteur, comme le sont maintenant les ministres del’Eglise du Christ . Il annonçait dans sa prédication : “Voici que vient derrière moi celui qui estplus puissant que moi ; je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour délier la courroie de

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ses chaussures”. Voilà l’humilité, en prime. “Pour moi, je vous ai baptisé avec de l’eau, maislui vous baptisera avec l’Esprit Saint.”

De fait, le Messie qu’annonce Jean apparaît à ce moment : il vient se faire baptiser dans leJourdain, bien qu’il n’ait aucun péché à se faire remettre ; mais il veut donner l’exemple, commeil l’a déjà donné dans chacune de ses manifestations depuis sa naissance. Au moment où ilremonte de l’eau, il voit les cieux se déchirer et l’Esprit comme une colombe descendre sur lui,et des cieux vient une voix :

“Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur”.Voilà la prédication de Jean couronnée, et comme scellée par la voix même de Dieu. La Trinitéest manifestée à cet instant.

Il reçoit le témoignage du ChristPlus tard, Jésus rendra à Jean un témoignage éclatant : “Est-ce un prophète ? Oui, je vous

le dis, et plus qu’un prophète. C’est celui dont il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager enavant de toi pour préparer la route devant toi’. Je vous le dis, parmi les enfants des femmes, iln’en est pas de plus grand que Jean.” Mais pour montrer que les cieux sont plus grands que laterre, Jésus ajoute aussitôt après cet éloge exceptionnel “Cependant, le plus petit dans leRoyaume de Dieu est plus grand que lui.” Précision capitale pour nous.

et meurt en martyrMais la prédication de Jean fait grincer des dents ceux qui se sentent coupables et ne

veulent pas se convertir : il en est ainsi d’Hérode Antipas, neveu d’Hérode le Grand, et surtoutd’Hérodiade, femme de son frère Philippe, qu’il avait épousée illégitimement. Car Jean disait àHérode : “Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère”. Quant à Hérodiade, elle étaitacharnée contre lui, nous dit Saint Marc, et “voulait le faire mourir, mais elle n’y parvenait pas,parce qu’Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait.Quand il l’avait entendu, il était fort perplexe, et c’était avec plaisir qu’il l’écoutait”.

On mesure là la lutte qu’il y a dans l’homme, entre le bien, qu’il voit et qu’il sait de sondevoir de réaliser ; et le mal que lui souffle toujours le serpent à son oreille pour l’empêcher dese convertir (cf. Rom.ch. 7). “Vigilate !“ Le serpent triomphera cette fois - ou plutôt croiratriompher : car si Jean le Baptiste est décapité dans sa prison par ordre d’Hérode pour l’amourd’une femme et le caprice d’une danseuse, son martyre sera semence de croyants et sourced’innombrables grâces à travers les siècles. “Parut un homme envoyé de Dieu, nous dit S. Jeandans le Prologue de son Evangile. Il se nommait Jean. Il vint comme témoin, pour rendretémoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière, mais le témoinde la lumière.”

Il y a une persistance de la fonction de Jean-Baptiste dans l’édification du Corps mystique.Car c’est une loi de l’ordre de la grâce que les ministères sont permanents. Celui de Jean estun ministère de préparation :

• Jean précède Jésus dans sa vie terrestre et dans son ministère public.• Jean est aussi celui qui prépare dans les âmes les voies du Seigneur. C’est son

aspect missionnaire, son aspect d”Avent”, nous dit le Cardinal Danielou (id.). Larencontre avec le Christ doit en effet être préparée. Comme il l’a dit, en se référant àIsaïe, il faut que toute colline soit abaissée et que toute vallée soit comblée ; que lesmanques d’espérance soient comblés et les hauteurs d’orgueil abaissées. Désespoir etorgueil sont en effet les deux obstacles fondamentaux à la foi. Il y a des cœurs qui

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sont encombrés d’eux-mêmes, et cela leur bouche le Christ ; il y a des cœurs qui n’ontpas assez d’espoir, et cela les empêche d’atteindre le Christ. Il faut donc abaisser lesmontagnes et exalter les vallées, boucher les trous et démolir les murs. C’est ce que faitSaint Jean-Baptiste.

• Jean prépare aussi la Parousie. Jésus a dit que Jean-Baptiste était Élie : il y a entreÉlie et Jean-Baptiste de perpétuelles analogies. Toute une spiritualité du désert partd’Élie, passe par Jean-Baptiste, va en Egypte et se continue au Carmel et dans lesmonastères de contemplatifs et contemplatives. Le précurseur de la dernière Parousie,ce sera Jean-Baptiste et cette venue ultime sera préparée par lui.

C’est là où nous voyons la persistance d’un ministère mystérieux de Jean-Baptiste àtravers l’histoire de l’Eglise, accompagnant notre marche, nos marches, notre pèlerinageterrestre, nos pèlerinages, par une influence vivante.

ABBAYE NOTRE-DAME DE RANDOL

ChateauneaufSt Jean Baptiste

XVe s.

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La prière au Jardin des OliviersMaitre de Vyssi Brod

XIVe s.

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ans l’obscurité et le silence de la nuit, tout à coup, un chant se fait entendre : « Jube,Domine, benedicere. Seigneur, veuillez me bénir… » C’est le lecteur qui entonne lescomplies. Après la bénédiction donnée par l’officiant : « Noctem quietam… Que le

Seigneur tout-puissant nous accorde une nuit tranquille et une fin parfaite », le lecteur invite à lavigilance en reprenant les paroles du chef des apôtres, saint Pierre : « Fratres, sobrii estote etvigilate… Mes frères, soyez sobres et veillez… »

Qui n’a pas été saisi, lors d’une retraite ou d’un séjour en abbaye, par la force de cesparoles, rehaussée par la vigueur de la mélodie grégorienne ? Chaque soir, l’Église invite chacunde ses enfants – et pas seulement les moines ! – à rester sur ses gardes, à veiller, à se méfier dudiable, qui rôde « comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ».

« Vigilate, Veillez, mes frères… » Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que lavigilance ? Après avoir défini cette attitude si recommandée par la Bible, nous verrons quelle estsa valeur dans notre vie chrétienne. Nous devrons aussi la distinguer soigneusement de sacaricature qui est l’inquiétude excessive, voire l’obsession malsaine.

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« Veiller », au sens propre, c’est renoncer au sommeil de la nuit, se tenir « é-veillé ». Onpeut le faire pour différentes raisons : pour prolonger son travail ; pour étudier ; pour rechercherla sagesse (cf. Sg 6, 15) ; pour éviter d’être surpris par un ennemi ou des brigands (le rôle des« vigiles » est de « sur-veiller » le camp, la cité, l’entreprise…) ; pour attendre le retour d’unmaître, d’un être cher ; pour prier, méditer ( « Heureux l’homme qui médite la loi de Yahvé jouret nuit », Ps 1, 2 ; thème fréquent dans les Psaumes), etc. Il y a aussi des raisons mauvaises,quand certains veillent en vue d’exécuter quelque action perverse : « minuit, c’est l’heure ducrime ! »

De ce sens propre dérive un sens métaphorique : veiller, c’est être vigilant, c’est-à-direlutter contre la torpeur et la négligence afin de se garder du danger et de parvenir au but visé. Leconducteur d’une voiture reste vigilant pour ne pas risquer un accident ou une erreur dedirection. Par rapport à la conduite générale de la vie, la vigilance porte sur la recherche de lasagesse, qui nous fait voir toutes choses dans leur vérité et leur ordre profond, et qui nousprocure la vraie vie. C’est pourquoi dans l’Écriture sainte la Sagesse personnifiée s’adresse ainsiaux hommes :

« Et maintenant, mes fils, écoutez-moi : Heureux ceux qui gardent mes voies ! Écoutezl’instruction et devenez sages, ne la méprisez pas. Heureux l’homme qui m’écoute, qui veillejour après jour à mes portes pour en garder les montants ! Car qui me trouve trouve la vie… »(Proverbes 8, 32-35.)

La vigilance

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La vigilance, en ce sens, est donc une attention active que l’on porte sur quelqu’un ouquelque chose. Elle peut être naturelle ou surnaturelle, suivant son objet et les motifs quil’inspirent.

Regardons maintenant ce que contiennent à ce propos les richesses de la traditioncatholique.

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Les veilles :

Les Anciens divisaient la nuit en quatre veilles, de trois heures chacune environ. Lespeuples guerriers savent la nécessité de la vigilance, si l’on ne veut pas être surpris par l’ennemi.La nuit est en effet le temps de tous les dangers. Un oracle mystérieux d’Isaïe nous remet dansl’ambiance de jadis, quand la lumière électrique n’existait pas et où l’obscurité de la nuit étaitredoutable : « Veilleur, où en est la nuit ? Veilleur, où en est la nuit ? » (Is 21, 11 ; cf. aussi Is 21, 6-9, sur le « guetteur » ).

Une armée qui veille est proche de la victoire :« Au coucher du soleil, Jonathan ordonna aux siens de veiller et d’avoir les armes sous la

main pour être prêts au combat toute la nuit, et disposa des avant-postes tout autour du camp. Ala nouvelle que Jonathan et les siens étaient prêts au combat, les ennemis eurent peur et, le cœurpénétré d’épouvante, allumèrent des feux dans leur camp et s’esquivèrent. » (1 Mc 12, 27-28.)

La veille du matin est un temps spécial, propice à l’attaque, car les gardes sontspécialement fatigués d’avoir veillé toute la nuit : un certain relâchement, une torpeur s’installe.

« Le lendemain, Saül disposa l’armée en trois corps, qui envahirent le camp à la veille dumatin, et ils battirent les Ammonites jusqu’au plus chaud du jour. Les survivants se dispersèrent,il n’en resta pas deux ensemble. » (1 Samuel 11, 11.)

Ces exemples militaires nous orientent vers le combat spirituel contre les ennemis de notreâme.

Dieu : le Vigilant.

Le premier « Vigilant », dans la Bible, c’est Dieu lui-même : il ne dort jamais, il esttoujours en éveil et il veille sans cesse sur son peuple. La célèbre vision de Jérémie nous lerévèle, en utilisant un jeu de mots en hébreu. Dieu, « le Vigilant » (shôqed en hébreu) estcomparé à l’amandier (sheqed), qui guette le printemps pour fleurir le premier.

« La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes : "Que vois-tu, Jérémie ?" Jerépondis : "Je vois une branche de veilleur." Alors Yahvé me dit : "Tu as bien vu, car je veillesur ma parole pour l’accomplir." » (Jr 1, 11-12.)

Dieu s’entoure aussi des étoiles et des astres, qui, en dépendance de lui, veillent sur lemonde : « Sur la parole du Saint ils se tiennent selon son ordre et ne relâchent pas leurfaction. » (Si 43, 10.)

La Providence divine veille sur les hommes pour leur bien, et parfois pour les châtier et lesinciter à la conversion.

« Voici, je vais veiller sur eux pour leur malheur, et non pour leur bonheur… » (Jr 44, 27.)« Yahvé a veillé à la calamité, il l’a fait venir sur nous. Car juste est Yahvé notre Dieu,

dans toutes les œuvres qu’il a faites, mais nous, nous n’avons pas écouté sa voix. » (Dn 9, 14.)

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« Et de même que j’ai veillé sur eux pour arracher, pour renverser, pour démolir, pourexterminer et pour affliger, de même je veillerai sur eux pour bâtir et pour planter, oracle deYahvé. » (Jr 31, 28.)

Les vigilants du ciel.

Les « vigilants » sont aussi les anges, serviteurs de Yahvé, qui exécutent sans cesse saparole. Le prophète Daniel a la vision d’un mystérieux « Vigilant » :

« Je contemplai les visions de ma tête, sur ma couche. Voici : un Vigilant, un saint descenddu ciel. A pleine voix, il crie : Abattez l’arbre, brisez ses branches (…). C’est la sentence queprononcent les Vigilants, la question tranchée par les saints, afin que sache tout vivant que leTrès-Haut a domaine sur le royaume des hommes : il le donne à qui lui plaît et élève le plus basd’entre les hommes ! » (Dn 4, 10-14.)

L’homme.

L’homme doit aussi veiller, dans une attitude de confiance, d’attention constante vers leSeigneur.

« Mon âme attend le Seigneur plus que les veilleurs l’aurore ; plus que les veilleursl’aurore, qu’Israël attende Yahvé ! » (Ps 130, 6-7.)

« O Dieu, c’est toi mon Dieu, à l’aube je te cherche, mon âme a soif de toi, après toilanguit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau. » (Ps 63, 2.)

« Mon âme t’a désiré pendant la nuit, oui, au plus profond de moi, mon esprit techerche… » (Is 26, 9.)

L’épouse du Cantique des Cantiques cherche toute la nuit son bien-aimé ; elle est l’imagede l’âme qui cherche Dieu au milieu des épreuves :

« Sur ma couche, la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime. Je l’ai cherché, mais nel’ai point trouvé ! Je me lèverai donc, et parcourrai la ville. (…) Les gardes m’ont rencontrée,ceux qui font la ronde dans la ville : "Avez-vous vu celui que mon cœur aime ?" » (Ct 3, 1-3.) Etaussitôt elle le trouve.

Même pendant le sommeil du corps, l’âme reste vigilante : « Je dors mais mon cœur veille.J’entends mon bien-aimé qui frappe... » (Ct 5, 2.)

Il y a aussi malheureusement des « veilleurs infâmes », qui ont en vue leurs actionsmauvaises, comme les voleurs nocturnes ou le diable, « Prince des ténèbres ». Mais quand l’èremessianique aura été définitivement établie, « tous les veilleurs infâmes auront été retranchés »(Is 29, 20).

QQuuee nnoouuss eenn ddiitt llee NNoouuvveeaauu TTeessttaammeenntt ??

C’est à des veilleurs que la naissance du Fils de Dieu dans la crèche est annoncée enpremier : ces humbles bergers qui « gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit » (Lc2, 8) sont les premiers à recevoir la Bonne Nouvelle.

La prophétesse Anne, à 84 ans, « ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dansle jeûne et la prière » (Lc 2, 37).

Le Christ lui-même nous a donné l’exemple des veilles de prière. Il prie la nuitspécialement avant chaque œuvre importante : juste avant de choisir ses douze apôtres, notesaint Luc :

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« il s’en alla dans la montagne pour prier, et il passait toute la nuit à prier Dieu » (6, 12).Dans les derniers jours avant sa Passion, il enseigne pendant le jour dans le Temple, mais

il se retire la nuit sur le mont des Oliviers (Lc 22, 37). A Gethsémani, il prie et réclame la prière deses disciples :

« Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi. »Il leur reproche de dormir et dit à Pierre :« Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez pour ne

pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » (Mt 26, 38-41.)

Cette recommandation de Notre Seigneur est à l’origine de la dévotion si belle de l’heuresainte (heure d’adoration du Saint-Sacrement, spécialement la nuit). Blaise Pascal rend cemoment poignant dans « Le Mystère de Jésus » :

« Jésus cherche quelque consolation au moins dans sestrois plus chers amis, et ils dorment ; il les prie de soutenirun peu avec lui, et ils le laissent avec une négligenceentière, ayant si peu de compassion qu’elle ne pouvaitseulement les empêcher de dormir un moment. (…) Jésussera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pasdormir pendant ce temps-là. (…) Jésus a prié les hommes,et n’en a pas été exaucé. (…) Jésus, voyant tous ses amisendormis et tous ses ennemis vigilants, se remet tout entierà son Père. (…) Jésus étant dans l’agonie et dans les plusgrandes peines, prions plus longtemps. » (Pensées, fr. 553)

Dans son enseignement, Jésus avait fréquemment demandé aux disciples de se tenir prêtspour son retour :

« Soyez sur vos gardes, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le moment. Il en seracomme d’un homme parti en voyage : il a quitté sa maison, donné pouvoir à ses serviteurs, àchacun sa tâche, et au portier il a recommandé de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pasquand le maître de la maison va venir, le soir, à minuit, au chant du coq ou le matin, de peurque, venant à l’improviste, il ne vous trouve endormis. Et ce que je vous dis à vous, je le dis àtous : veillez ! » (Mc 13, 33-37. Cf. aussi Lc 12, 35-48 ; 21, 34-36.)

Le grand discours eschatologique rapporté par saint Matthieu (chapitres 24 et 25) insiste surcette attitude :

« Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour va venir votre Maître. Comprenez-lebien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur devait venir, il auraitveillé et n’aurait pas permis qu’on perçât le mur de sa demeure. » (Mt 24, 42-43.)

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Vierges sages et vierges follesW.Blake , XIXe s.

Cambridge

La parabole des vierges sages et folles a le même sens (Mt 25, 1-13). Les vierges sagesavaient eu soin de prendre une réserve d’huile. Elles peuvent donc dormir en paix. Lesimprudentes, au contraire, n’avaient rien prévu. Aussi quand l’époux arrive, à minuit, elles sontprises au dépourvu. La leçon est claire : nous devons toujours être prêts et avoir avec nousl’huile de la grâce ou de la charité, pour pouvoir être admis, lors du retour de l’époux, dans lasalle de noces. « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Les Apôtres ont bien reçu la leçon du Maître et la transmettent à leur tour. Par exemplesaint Paul, qui avait l’habitude des « veilles fréquentes » (2 Co 11, 27), écrit aux Thessaloniciens :

« Quant aux temps et moments, vous n’avez pas besoin, frères, qu’on vous en écrive. Voussavez vous-mêmes parfaitement que le Jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit.Quand les hommes se diront : Paix et sécurité ! c’est alors que tout d’un coup fondra sur eux laperdition, comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. Mais vous,frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, de telle sorte que ce Jour vous surprenne comme unvoleur : tous vous êtes des fils de la lumière, des fils du jour. Nous ne sommes pas de la nuit, desténèbres. Alors ne nous endormons pas, comme font les autres, mais restons éveillés et sobres. »(1 Th 5, 1-6 ; cf. aussi Ac 20, 31 ; 1 Co 16, 13 ; Col 4, 2.)

L’Apocalypse avertit ainsi l’Ange de l’Église de Sardes :« Je connais ta conduite ; tu passes pour vivant, mais tu es mort. Réveille-toi (…). Allons !

rappelle-toi comment tu accueillis la parole ; garde-la et repens-toi. Car si tu ne veilles pas, jeviendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai. » (Ap 3, 1-3.)

Saint Pierre ne dit pas autre chose dans notre exhortation des Complies :« Soyez sobres, veillez. Car votre adversaire, le Diable, comme un lion rugissant, rôde,

cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi... » (1 Pi 5, 8-9.)

Remarquons que la liturgie traditionnelle utilise fréquemment ces textes bibliquesrecommandant la vigilance, notamment pour les communs des confesseurs, des vierges, etc. Elleinculque ainsi aux prêtres et aux fidèles, avec un grand sens pédagogique, l’attitudefondamentale du chrétien. La grande affaire de notre vie, n’est-ce pas en définitive d’être

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sauvés ? Et nous devons craindre notre faiblesse qui risque de nous faire manquer ce but :« Ainsi donc, que celui qui se flatte d’être debout prenne garde de tomber. » (1 Co 10, 12.)

LLeess mmoottiiffss ddee llaa vviiggiillaannccee..

Tous ces textes nous aident à comprendre ce qu’est la vigilance surnaturelle et sa placecentrale dans notre vie. Elle est une attention active, avons-nous dit.

Attention à Dieu, qui nous visite à chaque instant par sa grâce, ou par les châtiments qu’ilpermet pour nous punir ou nous avertir. Attention à Dieu, qui reviendra nous juger, qui vientbientôt… Attention à notre salut, qui est le bien le plus important, le bien essentiel que nousdevons rechercher avant toute autre chose. Attention au salut des âmes, car un chrétien qui necherche pas à sauver ses frères n’est qu’un mauvais chrétien, qui ne pourra se sauver lui-même.Et par conséquent attention aussi aux dangers qui menacent notre salut.

Quels sont ces dangers ?

Saint Pierre nous a montré « le diable qui rôde comme un lion rugissant » ; il cherche àentraîner les âmes en enfer et, pour cela, il les tente de multiples façons. Dans son excellent petitlivre, La tactique du diable, C. S. Lewis imagine les conseils d’un diable expérimenté dans l’artde tenter les hommes à un jeune démon novice en la matière.

Il y a aussi le monde et ses séductions, ses fausses idées. Le Catéchisme de l’Églisecatholique nous met en garde contre « des mentalités de « ce monde-ci » ; elles nous pénètrent sinous ne sommes pas vigilants… » (CEC 2727). La vigilance est nécessaire aussi vis à vis desmédias (CEC 2496).

Nous devons être également vigilants par rapport à nos propres faiblesses, aux illusions denotre imagination, à nos fautes, y compris d’ignorance (d’où la nécessité d’un bon examen deconscience fréquent, et d’éclairer notre conscience quand nous avons quelque doute).

« Le combat contre notre moi possessif et dominateur est la vigilance, la sobriété ducœur » (CEC 2730).La vigilance s’appuie sur la foi : « Résistez-lui, fermes dans la foi ». Elle est liée à la sobriété, àl’esprit de pénitence, au don de crainte. Quand s. Paul appelle à « revêtir l’armure de Dieu pourpouvoir résister aux manœuvres du Diable », il exhorte à apporter dans ce combat « unevigilance inlassable » (Ep 6, 11-18). Cette persévérance n’est possible que si nous avons un granddésir de Dieu.

« Que signifie « veiller » ? disait Jean-Paul II. On pourrait s’imaginer que « veiller » signifiesimplement « persévérer dans l’attente » ? Mais il s’agirait dans ce cas d’une manière plutôtpassive et non pas active. Par contre, les paroles de la liturgie font clairement comprendre que« veiller » veut dire plus que tout : « chercher », chercher Dieu, désirer Dieu. (…) Donc,« veiller » signifie, certes, persévérer dans l’attente, mais cette persévérance n’est possible quesi elle est basée sur le principe du « chercher » Dieu : sur la base du principe de l’intime effortde la foi, de l’espérance et de la charité ; basée sur l’inspiration – et sur ce travail particulier del’esprit humain qui permet de se rapprocher de Dieu et de puiser en un certain sens à lasurabondance de son Esprit, dans le Christ crucifié et ressuscité ! »(Homélie 8 nov. 1987, cité in La mort et l’au-delà, Ce que dit le Pape, Le Sarment, 2001, p. 63-64).

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VViiggiillaannccee eett pprruuddeennccee..

Saint Thomas rattache la vigilance, qu’il assimile à la sollicitude, à la vertu cardinale deprudence (Somme théol., II II, q. 47, a. 9). Cette dernière est cardinale car elle commande toute notrevie morale, nous éclairant sur ce que nous devons faire. Son « acte principal est de commanderen matière d’action ce qui a été d’abord délibéré et jugé ».

Aristote disait qu’ « il faut mettre promptement en œuvre ce qui a été délibéré, maisdélibérer lentement » ; c’est-à-dire prendre le temps de bien juger, de bien voir clair, enrecourant au besoin au conseil ; mais ensuite se hâter d’agir : « Ne remets pas au lendemain ceque tu peux faire le jour même ». La sollicitude, attention soutenue et soucieuse, se rattache doncà la prudence.

« A la prudence, dit saint Augustin, il appartient de monter la garde et de veiller avec leplus grand soin de peur que, par l’effet d’une fausse persuasion se glissant peu à peu en nous,nous ne soyons induits en erreur. »

Trop souvent nous agissons sans assez de réflexion et d’intelligence. Il ne suffit pasd’avoir une intention droite (l’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on), ni de vouloir. Il fautaussi pouvoir et prévoir. Un zèle charitable, mais mal éclairé, manquant de prudence, peut endéfinitive conduire à des actes mauvais. Henri Charlier illustrait ainsi cette vérité : « Uncharretier qui, pour obliger un voisin, veut transporter une matière dont il connaît mal ladensité, puis verse en chemin ou crève son cheval, ne sauve rien du tout, ne passe pas pour unhéros, mais pour un imbécile. » (Culture, école, métier, 1959, p. 38.) C’est vrai que Dieu ne nousdemande pas nécessairement de réussir, mais au moins de tout faire, quant à nous, pour réussir.Il y a des péchés d’imprévoyance, de négligence, d’ignorance, de bêtise… dont nous sommesresponsables. Nous devons être, comme notre Seigneur nous le demande, « prudents comme lesserpents, et purs comme les colombes » (Mt 10, 16). Ce qui suppose une solide formationdoctrinale et pratique (quant aux principes et à l’expérience), à la hauteur de nos responsabilités.

VViiggiillaannccee eett ccoonnffiiaannccee eenn DDiieeuu..

La vigilance ou « sollicitude » comporte bien une certaine crainte, une inquiétude (souci etsollicitude ont la même étymologie : sollicitudo). La prudence nous éclaire sur ce que nousdevons faire. Or nos actions dépendent de beaucoup de choses contingentes et nous ne pouvonsjamais être tout à fait sûrs que tout se passera comme nous l’avons prévu. Quand on monte dansune voiture ou un avion, il n’est pas métaphysiquement certain qu’on en ressortira vivant. « Lacertitude de la prudence ne peut donc jamais être si grande que toute sollicitude en soit ôtée »(saint Thomas, ibid.). Mais, comme le dit Aristote, « la certitude ne doit pas être recherchée de lamême façon en toute chose, mais en chaque matière selon son mode propre ».

Les vertus ne s’opposent pas entre elles. Or la magnanimité est une vertu ; elle ne s’opposedonc pas à la prudence, ni à la vigilance. « Le magnanime est un homme tranquille et en repos,certes : non pas parce qu’il ne se soucie de rien, mais parce qu’il ne se soucie pas exagérémentd’un grand nombre de choses ; il a confiance là où il faut avoir confiance et il n’a pas à ce sujetde soucis superflus… » (ibid.)

L’attitude droite est donc de garder la vigilance quant à tout ce qui dépend de nous, quantaux dangers réels qui nous menacent, mais, en même temps, d’avoir une grande confiance en

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Dieu qui nous protège, veille sur nous et ne permettra pas que nous nous perdions, si nousfaisons notre devoir. Ainsi nous n’aurons pas de soucis inutiles, superflus, exagérés. Commepour toutes les vertus morales, « in medio stat virtus, la vertu se situe dans un juste milieu ». Lavigilance est un sommet entre deux excès, aussi nocifs l’un que l’autre : un excès d’inquiétude etun excès d’insouciance.

La confiance en Dieu est notre meilleure protection : « Si Yahvé ne bâtit la maison, en vainpeinent les bâtisseurs ; si Yahvé ne garde la ville, en vain la garde veille. Vanité de vous levermatin, de retarder votre coucher, mangeant le pain des douleurs, quand Lui comble son bien-aimé qui dort. » (Ps 127, 1-2).

Notre Seigneur nous recommande aussi de ne pasnous inquiéter, puisque notre Père céleste veille àchaque instant sur les oiseaux du ciel et les lys deschamps : a fortiori sur ses enfants bien-aimés. (Mt 6,25-34.) Et saint Pierre, juste avant de nous dire deveiller, nous dit : « Humiliez-vous donc sous lapuissante main de Dieu, pour qu’il vous élève au bonmoment ; de toute votre inquiétude, déchargez-voussur lui, car il a soin de vous. » (1 Pi 5, 6-7.)

La vigilance et la confiance en Dieu s’épaulentainsi l’une l’autre pour nous conduire sur une routedroite vers notre fin dernière, la Béatitude.

Concluons avec Jean-Paul II :« La contemplation de la vie des hommes qui

ont suivi le Christ nous stimule, pour mener uneexistence chrétienne belle et droite, qui nous rend« dignes du Royaume de Dieu » (2 Th 1, 5). De ce fait,nous sommes appelés à la « vigilance surnaturelle »,selon l’expression du cardinal Perraud, afin que nousnous préparions chaque jour à la vie éternelle. Commele soulignait le cardinal John Henry Newman : « nousdevons non seulement croire, mais veiller ; nonseulement aimer, mais veiller ; non seulement obéir,mais veiller […]. Il est possible que la vigilance soitl’épreuve même où l’on reconnaît le chrétien ». Carveiller, c’est « être détaché de ce qui est présent etvivre dans ce qui est invisible ; vivre avec la penséedu Christ tel qu’il est venu une fois et tel qu’il viendra de nouveau ; désirer son avènement »(Parochial and plain Sermons, IV, 8). » (Jean-Paul II, 2 juin 2000, cité ibid., p. 89.)

FRATERNITE SAINT-VINCENT-FERRIER

Ecole bourguignonne – milieu XVIe s.Notre Dame des Avents

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Marie , Reine des cieuxMaitre de la légende de Ste Lucie, XVe s.

Washington , National Gallery

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Allégorie de la Foi du BaptèmeEmail, XII e s ;

Francfort

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II -- IInnttrroodduuccttiioonn :: llaa FFOOII“Sans la Foi, il est impossible de plaire à Dieu “.

(Epître aux Hébreux, XI, 6)

“La vie éternelle, c’est qu’ils Te connaissent, Toi le seul vrai Dieu et Celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ”.

(Evangile selon St Jean, XVII, 3)

“Bien que Dieu puisse être connu avec certitude par la lumière de la raison humaine àpartir des choses créées” (cf. Rom. I, 20; Sag. XIII, l-9 ; Conc. Vatican I), la fin dernière de l’hommequi est la vision de Dieu, bonheur surnaturel, est beaucoup trop élevée pour qu’il puisse ladécouvrir par les seules lumières de son esprit.

Pour connaître et atteindre la vie éternelle, il était nécessaire que Dieu, Lui-même, semanifestât aux hommes par la Révélation : leur dire qui Il est et quels sont les moyens àemployer pour L’aimer et être un jour uni à Lui dans le Ciel.

Pour nous, cette connaissance de la Révélation n’est pas autre chose que la Foi par laquellenous tenons pour certain tout ce que l’autorité de l’Eglise Catholique nous propose commerévélé par Dieu. En effet, c’est à l’Eglise que Notre-Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vraihomme, a confié le dépôt de la Révélation pour le transmettre d’âge en âge, à tous les hommes.

Bien que les vérités, que Dieu nous a révélées, ne soient pas évidentes pour nous,l’intelligence qui croit y adhère avec certitude “à cause de l’autorité de Dieu-même qui révèle etqui ne peut ni se tromper, ni nous tromper”. On comprend alors pourquoi “la Foi est un don deDieu” l’adhésion de notre esprit aux vérités surnaturelles ne peut se faire que par le secours deDieu, par l’illumination de notre âme que réalise la grâce, ainsi que les secours intérieurs duSaint-Esprit.

La vertu de Foi, c’est à dire cette disposition habituelle de l’âme à croire, que nous avonsreçue à notre Baptême, doit être cultivée (cf. la Parabole des Talents, Mt XXV, 14-30) si nous voulonsrecevoir la “couronne de justice” que Dieu a promise à ceux qui le servent : chaque baptisé doitdonc s’efforcer d’approfondir la connaissance des vérités de la Foi qu’il professe chaquedimanche en chantant le CREDO, et non se limiter à la Foi du charbonnier qui se contente de“croire en Dieu” sans chercher à en savoir plus.

Si les bonnes volontés ne manquent pas, trop souvent, nous ne savons pas commentprogresser dans la vie de la Foi:

Où est le contenu de la Foi?Que nous apporte-t-il ?

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• la première chose à faire est de prier et de demander à Dieuson aide, en suivant l’exemple du père de l’épileptique: “Jecrois, Seigneur, mais venez en aide à l’insuffisance de ma Foi”.

(Mc. 11, 23)

• la deuxième chose est d’essayer de comprendre les véritésde notre Foi non pas de comprendre les mystères mais d’enconnaître l’étendue, la valeur et les conséquences. “Credo utintellegam” disait Saint Anselme, “je crois pour comprendre “,

pour mieux aimer Dieu, pour devenir meilleur, pour mesanctifier dans la Vérité.

Mais où trouver les vérités de la Foi, y a-t-il un exposé et une explication, et si oui, où setrouvent-ils ?

IIII.. EEccrriittuurree SSaaiinnttee eett TTrraaddiittiioonnLa doctrine chrétienne a été enseignée par Notre-Seigneur, transmise par les Apôtres et

leurs successeurs en l’autorité de l’Eglise : c’est la Révélation.

Le mot Révélation, cependant, peut avoir deux sens :1°) l’acte par lequel Dieu se fait connaître,2°) l’ensemble des vérités que Dieu nous a enseignées.

C’est le deuxième sens qui nous intéresse et qui répond à notre question. Encore faut-ilremarquer que cette Révélation est composée par deux sources qui se rejoignent, l’EcritureSainte et la Tradition.

A - ECRITURE SAINTE

C’est l’ensemble des livres qui ont été écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit, qui ontDieu pour auteur et ont été transmis, comme tels, par l’Eglise Catholique : cet ensemble estappelé BIBLE, le livre par excellence.

Le Canon des Ecritures est le recueil des livres que l’Eglise reconnaît comme inspirés ; laBible est ainsi composée de deux parties:

* l’Ancien Testament, avec 45 livres écrits avant Jésus-Christ:a) livres historiques : Genèse, Exode, Livres des Roisb) livres poétiques et sapientiaux : Psaumes, Sagessec) livres prophétiques : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel

*le Nouveau Testament, avec 27 livres écrits après Jésus-Christ:a) livres historiques : les 4 Evangiles, les Actes des Apôtres,b) livres didactiques (enseignement) : Epîtres ou Lettres des Apôtres,c) livre prophétique (un seul): l’Apocalypse de Saint Jean.

Le texte de la Sainte Ecriture est souvent susceptible de plusieurs sens:- le sens littéral ou historique, qui ressort du sens naturel des mots;- le sens spirituel, qui se fonde sur le sens littéral et le suppose.

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Le sens spirituel peut être triple :- allégorique : les choses de l’Ancien Testament signifient celles du Nouveau Testament;- moral : les choses de la Sainte Ecriture sont un exemple de ce que nous devons faire- anagogique (du grec anagôgê : action d’emmener en haut): les choses de la Sainte Ecriture

annoncent la gloire du Ciel.

B - TRADITION

Le mot Tradition a un double sens:

• au sens large, c’est l’ensemble des vérités révélées par Dieu et transmises jusqu’à nous,soit par écrit, soit de vive voix : c’est la même chose que la Révélation.

• au sens strict, qui nous intéresse ici, ce sont toutes les vérités enseignées par Jésus-Christ et les Apôtres, et transmises d’âge en âge par une autre voie que l’EcritureSainte.

La Tradition, au sens strict, est antérieure à l’Ecriture Sainte : en effet, l’instruction oraleest le premier et principal mode d’enseignement employé par les Apôtres. L’Evangile a d’abordété prêché, puis écrit; de même certains Apôtres ont écrit aux églises qu’ils avaient fondées.

Le champ de la Tradition est donc plus vaste que celui de l’Ecriture Sainte, comme le faitremarquer Saint Jean lui-même: « il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites; sielles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde puisse contenir les livres qu‘ilfaudrait écrire » “. Jn XXI, 25.

La Tradition a toujours été dans l’Eglise la règle principale de la Foi, et cela, dès lespremiers siècles : Thessaloniciens II, 15, Tim. II, 2. « Que les hérétiques allèguent les Ecritures,nous ne devons pas ajouter foi à leurs paroles, ni nous écarter de la tradition primitive del’Eglise, ni croire autre chose que ce qui a été transmis par succession dans l’Eglise de Dieu »(Origène, 3ème siècle).

Ainsi il faut bien remarquer que « la source la plus prochaine de la Foi pour un catholiquen ‘est pas un livre, mais la parole enseignante vivante de l’Eglise : c’est dans cette parole que setrouve la Révélation, dont le document fondamental est l’Ecriture Sainte, qui es,t elle-même, ledépôt écrit de la première tradition » (Prof. MAY, doyen de la Fac. de Droit Canon, Mayence.)

Les canaux de la Tradition sont les différentes voies par lesquelles nous avons accès auxvérités de la Foi:

1) Le Symbole des Apôtres et le CREDO (défini auxconciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) : ce sont debrefs formulaires contenant les principales vérités de la Foi,proposés par l’Eglise;

Les définitions dogmatiques du Pape “ex Cathedra” (ex. leDogme de l’Assomption) ou des conciles (ex. l’infaillibilité

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pontificale déclarée au 1er concile du Vatican) : c’est leMagistère extraordinaire;

Les Actes des Papes (Bulles, encycliques, décisions descongrégations romaines authentifiées par le Pape) : c’est leMagistère ordinaire;

2) Les écrits des Pères de l’Eglise (ex. St Augustin, StGrégoire le Grand) et des Docteurs de l’Eglise (ex. St Thomasd’Aquin ...);

3) L’enseignement unanime des théologiens, témoins de ladoctrine traditionnelle;

4) La pratique générale et constante de l’Eglise (ex. la Foien la présence réelle de Notre-Seigneur dans l’Eucharistie);

5) La Liturgie (prière et culte publics, sanctification par lesSacrements)

6) Les actes des martyrs et des saints, ainsi que lesmonuments de l’art chrétien.

La Tradition et l’Ecriture Sainte ont pour interprètes et organes infaillibles le Pape seul, oules Evêques avec le Pape, assemblés en Concile œcuménique ou dispersés, en union avec lePape. Ainsi le MAGISTERE, ou enseignement de l’Eglise, est la règle prochaine de notre Foi ;c’est lui qui nous dit ce que nous devons croire et qui nous explique les vérités de la Foi.L’Ecriture Sainte et la Tradition ne sont que la règle éloignée de notre Foi.

Chaque fidèle tient donc le Symbole de sa Foi, l’ensemble des Vérités qu’il professe,immédiatement de l’Eglise, et médiatement de l’Ecriture Sainte et de la Tradition.

C.-. LE CATÉCHISME

Les lignes qui précèdent ont montré que le catholique peut trouver en de nombreuxendroits les vérités de la Foi. Néanmoins, pour faciliter la recherche et la compréhension decelles-ci, depuis la fin du Moyen-Age, 1’Eglise a donné à ses fidèles un résumé, une synthèse dece qu’il faut croire, espérer et faire pour être sauvé : c’est le CATÉCHISME.

Du Catéchisme du Concile de Trente au Catéchisme de l’Eglise Catholique, paru àl’automne 1992, les fidèles ont toujours eu accès à l’exposé de la Doctrine Chrétienne.

Le Catéchisme comprend ordinairement 4 parties:

a) ce qu’il faut croire: le CREDO, avec son explication;

b) les moyens que Dieu nous donne pour obtenir la Grâce et aller au Ciel: les SACREMENTS, que nous recevons par la Liturgie;

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c) ce qu’il faut faire : c’est la partie morale expliquant les COMMANDEMENTS;

d) ce qu’il faut demander à Dieu: la Prière, dont l’exemple parfait est l’ORAISON DOMINICALE ou PATER.

« Lisez le Catéchisme, vous y trouverez une solution à toutesles questions que l’homme se pose ; oui, à toutes, sansexception. Demandez au chrétien d’où vient l’espèce humaine,il le sait; où elle va, il le sait; comment elle y va, il le sait ... » (Jouffroy).

D.- .OBJECTIONS

A propos de ce que les lignes précédentes ont développé, on entend souvent desobjections : des anciennes et des nouvelles. En voici quelques-unes:

* Sola Scriptura (Protestantisme)

Objection : Notre Foi et notre morale devraient se fonder exclusivement sur cequ’enseigne la Sainte Bible . Le reste est adaptation, déformation, et donc,erreur et trahison.

Réponse : L’Ecriture Sainte, c’est vrai, est essentielle et indispensable pour fondernotre Foi. Celle-ci, dans tous ses articles, est contenue dans la SainteEcriture :- parfois explicitement: Ex. les 10 Commandements, ( Exode XX), la Foi enla Sainte Eucharistie : (Mt XXVI et suivants)“Ceci est mon Corps, Ceci estmon Sang”;- parfois implicitement: la Foi doit être alors précisément explicitée,développée, interprétée.

C’est pourquoi, Saint Augustin a dit de l’Ecriture Sainte qu’elle est “la lettre de cette Citécéleste, loin de laquelle nous faisons pèlerinage “, adressée à l’Eglise par Dieu. Dans sondéchiffrage, l’histoire montre qu’on s’est beaucoup disputé. C’est pourquoi, il faut maintenirfermement que, tout en nous dirigeant vers 1’Ecriture Sainte, 1’Eglise Catholique estSEULE capable de la lire. Lue hors de l’Eglise, elle est souvent obscure, semble se contredireet chacun y trouve ce qu’il veut.

* Le Modernisme

Objection : La conception moderniste de la Foi est fondée sur cette erreur radicale que laFoi est un “sentiment religieux” à partir duquel toute religion dérive. Ce sentiment religieux faitsurgir Dieu en l’homme ; puis l’homme “pense sa foi” (selon la formule habituelle moderniste) ;en réfléchissant, il approfondit ce sentiment, le clarifie avec sa seule intelligence naturelle.

Pour le modernisme, le Magistère n’énonce les dogmes que comme confirmation de cetteélaboration pour l’utilité des consciences chrétiennes individuelles. Le Magistère est ainsi réduità une sorte de “service public”. Les formules dogmatiques sont donc des signes inadéquats, dessymboles de la vérité ... et seulement cela.

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Appuyées sur le seul sentiment et la seule intelligence ainsi que sur l’expérienceindividuelle, les formules dogmatiques ne contiennent pas la vérité absolue ; la voie est alorsouverte à l’évolution des dogmes, même dans leur substance : selon l’époque, la manière dont onles lit ou dont le cœur du croyant y adhère.

Dès lors, rien n’échappe à cette implacable logique : ni l’Eglise, ni les sacrements n’ont étéinstitués par le Christ. C’est la conscience chrétienne qui s’est développée, a réfléchi et a fait“jaillir” l’institution “Eglise” et les rites religieux. La Tradition est réduite à une simplecommunication à d’autres de quelque expérience religieuse originale. L’Ecriture Sainte n’est quele recueil des expériences extraordinaires faites dans une religion donnée.

Réponse : La Foi a pour fondement la Parole de Dieu qui est Vérité et ne peut pas noustromper: elle est objective et ne vient pas du tout de notre subjectivité, ni du jaillissement denotre conscience.

Dieu s’est lui-même révélé dans la Sainte Bible ; celle-ci est authentiquement explicitéepar la Tradition et particulièrement par le Magistère de l’Eglise. Le catholique n’a donc pas àchercher lui-même sa Foi, mais essentiellement à soumettre son intelligence (et tout lui-même)aux vérités religieuses qui lui sont DONNÉES.

L’erreur est donc à la racine de cette doctrine perverse, c’est à dire dans l’explication et lefondement qu’elle donne à la Foi.

La doctrine catholique répond aux énormes erreurs qui découlent de l’erreur de principe :

- le Magistère n’a pas le rôle de service public confirmant les formules nées desconsciences individuelles chrétiennes, mais il guide infailliblement les fidèles pour approfondirtoujours leur connaissance de la Vérité et pour les éloigner de l’erreur: hérésies, faussesdoctrines...

- l’Eglise fut instituée directement par le Christ, précisément pour qu’au milieu destempêtes doctrinales, elle enseigne infailliblement et sans défection la Vérité;

- la Tradition n’est pas la communication d’expériences mais la transmission de laDoctrine chrétienne objective par d’autres moyens que la Sainte Ecriture;

- enfin, l’Ecriture Sainte n’a rien à voir avec un jaillissement de l’expérience descroyants. Elle a été écrite sous l’inspiration du Saint-Esprit; elle est exempte d’erreur (“inerrante”) et constitue une règle objective de la Foi.

* Autres difficultés

I - Le Dogme évolue, puisque certains ont vu le jour tardivement: exemple del’infaillibilité pontificale en 1870.

Réponse : Il y a évolution du Dogme au sens d’explicitation, de désenveloppement devérités qui étaient déjà contenues de façon implicite dans l’ensemble dogmatique. Ainsi, pourl’infaillibilité pontificale, elle se fonde sur Saint Matthieu (ch. XVI) et par la pratique del’Eglise, puisque dès le 1er siècle, l’Evêque de Rome s’érige en maître et arbitre dans lesdisputes doctrinales.

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On parle de “DEVELOPPEMENT HOMOGENE DU DOGME”, mais un Dogme, une fois défini,ne peut pas changer de sens.

II - Dieu est une réalité transcendante et non un ensemble de concepts qui, finalementn’a pas grande importance et nous gêne par sa complexité.

Réponse : Ceci vient d’une fausse philosophie infectée d’idéalisme : elle prétend que leconcept (l’idée) est un intermédiaire gênant. Mais, en vérité, le concept est purement transparent,c’est un intermédiaire nécessaire à l’homme tel qu’il est, pour qu’il puisse effectivementconnaître la réalité. Vouloir atteindre Dieu directement est une chimère : le fait est là.

III - La Tradition a peu à peu interprété l’Ecriture Sainte : elle l’a forcémentdéformée.

Réponse : Non, il faut rappeler que la Tradition précède I’Ecriture, et c’est la Traditionqui nous transmet authentiquement le Canon des Ecritures. C’est une seule et même religion,une seule et même doctrine qu’Ecriture Sainte et Tradition transmettent sans risque de lesdéformer puisque l’Eglise, dans sa fonction de transmettre la Foi, est infaillible.

FRATERNITE SAINT PIERRE_________________Bibliographie :

- Catéchisme du Concile de Trente: 1ère partie- Catéchisme de l’Eglise Catholique : n° 51-143- Encyclique “Pascendi Dominici Gregis”, St Pie X, 8 septembre 1907.

PentecôtePsautier de St Alban près de Londres, XIIe s.

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Rome, place St Pierre au Vatican

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QQUU’’EESSTT--CCEE QQUUEE LLAA VVÉÉRRIITTÉÉ??

Le philosophe français Louis Jugnet (mort en 1972), qui a formé des générationsd'étudiants toulousains, répond ainsi à la question :

«Demandons-nous d'abord ce qu'on entend spontanément lorsqu'on dit qu'une affirmation(historique ou scientifique) est vraie, par opposition au faux, à l'imaginaire, etc... C'est,manifestement, que quelque chose de réel lui correspond : je dis "Napoléon est mort à Sainte-Hélène", ou "l'aimant attire le fer", c'est vrai parce qu'il y a eu réellement un homme appeléNapoléon, qui est mort dans telle île véritable, et qu'il y a des métaux qui correspondent à maseconde affirmation, et qui se comportent effectivement de telle manière.

L'idée de vérité suppose donc quelque chose qui est connu (l'objet), un sujet qui connaît, etune relation d'accord entre les deux.

C'est très exactement ce que voulait signifier la formule classique : «La vérité est lacorrespondance de la pensée avec la chose». ("adequatio rei et intellectus").

Elle n'a jamais prétendu (malgré le mot latin «adaequatio») que notre intelligence pouvaitépuiser le réel en totalité.

Cette notion de vérité est celle du réalisme.Elle est professée tout naturellement :

a) par la pensée courante, pré-philosophique;b) par tout un ensemble de philosophes, de l'antiquité à nos jours;c) elle est l'attitude spontanée de la science expérimentale (...).

On voit donc que l'esprit humain ne crée pas la vérité, il doit s'attacher à la découvrir,dans tous les domaines. Le réel est ce qu'il est, indépendamment de nos désirs, de nos capricesou des modes. Or, on doit constater que cette humble notion fondamentale devient de plus enplus méconnue de nos jours»

( Louis Jugnet, Problèmes et grands courants de la philosophie, p.47 à 49)

DDEEUUXX SSYYSSTTÈÈMMEESS EERRRROONNÉÉSS

Partons de la définition : il y a vérité quand :- la représentation intellectuelle correspond à la chose représentée, autrement dit

quand : l'idée correspond à la réalité.

La connaissance de la Véritéest nécessaire

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Certains diront : il ne peut pas y avoir de correspondance, car l'idée de Pierre n'est pascelle de Paul... il peut y avoir autant d'idées que de sujets. C'est l'erreur appelée subjectivisme (àchacun sa vérité).

D'autres diront : la correspondance est en fait une identité parce que l'idée s'identifie à laréalité. C'est l'erreur appelée idéalisme, système qui réduit l'être à la pensée.

«L'idéalisme est une véritable perversion de l'intelligence, ilfait de nos représentations un absolu alors qu'elles sont lareprésentation de quelque chose».

(Louis Jugnet, op.cit., p.49)

NNÉÉCCEESSSSIITTÉÉ DDEE CCOONNNNAAÎÎTTRREE LLAA VVÉÉRRIITTÉÉ

• Sur le plan naturel, voir les choses comme elles sont est une règle qui s'impose à toutesprit raisonnable. On connaît la formule de Bossuet :

«Le plus grand dérèglement de l'esprit, c'est de croire les choses parce qu'on veut qu'ellessoient, et non parce qu'on a vu qu'elles sont en effet»

(Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, I, N° XVI )

• Sur le plan surnaturel, la foi, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu, se rapporteà la vérité révélée :

«L'Église catholique enseigne infailliblement que la foi est essentiellement unassentiment surnaturel de l'intelligence à la vérité révélée par Dieu. Certes, l’intelligence estpoussée à cet assentiment sous l'action de la grâce; certes, cet assentiment est accompagnéd'humilité, de confiance, d'abandon (l'acte de foi n'est pas un jugement scientifique froid), maisl'acte de foi reste avant tout et essentiellement un acte de l'intelligence, l'adhésion de l'esprit àune vérité, obscure dans ses "pourquoi" et dans le "comment" et néanmoins très certaine parceque révélée par Dieu qui ne se trompe pas ni ne peut nous tromper»

(Courrier de Rome, juin 1995, Pseudo-mysticisme moderniste)

• Dans l'ordre naturel comme dans l'ordre surnaturel, rien ne peut tenir sans fidélité à lavérité :

«Le plus grand malheur, pour un siècle ou un pays, c'est l'abandon ou l'amoindrissementde la vérité. On peut se relever de tout le reste; on ne se relève jamais du sacrifice des principes.Les caractères peuvent fléchir à des moments donnés et les moeurs publiques recevoir quelqueatteinte du vice ou du mauvais exemple, mais rien n'est perdu tant que les vraies doctrinesrestent debout dans leur intégrité. Avec elles, tout se refait tôt ou tard, les hommes et lesinstitutions, parce qu'on est toujours capable de revenir au bien lorsqu'on n'a pas quitté levrai» (Mgr Freppel).

CCOOMMMMEENNTT CCOONNNNAAÎÎTTRREE LLAA VVÉÉRRIITTÉÉ??

• Nous avons une intelligence, c'est pour nous en servir (cf. la parabole des talents). Netombons pas dans le travers des protestants pour lesquels l'intelligence n'intervient pas dans ledomaine religieux . (cf. la brochure AFS, Connaissance élémentaire du protestantisme).

Le travail intellectuel (à base de lectures et d'études) doit occuper une partie nonnégligeable de notre temps. Autrement, nous nous laisserons emporter par l'esprit du monde quise situe aux antipodes de la vérité.

La paresse intellectuelle est l'un des grands malheurs de notre époque.

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• Sachons échapper au monde virtuel que créent les médias et diverses formes modernesde divertissement (B.D., jeux video...).

• Sachons tirer parti du tour d'esprit français, épris de clarté, de notions bien définies, pluscapable qu'un autre d'apprécier la joie d'être dans le vrai (Gaudium de veritate).

AA QQUUOOII SSEE RREECCOONNNNAAÎÎTT LL''AAMMOOUURR DDEE LLAA VVÉÉRRIITTÉÉ??

«Quiconque aime la vérité déteste l'erreur, cette détestation est la pierre de touche àlaquelle on reconnaît l'amour de la vérité. Si vous n'aimez pas la vérité, vous pouvez dire quevous l'aimez et même le faire croire; mais soyez sûrs qu'en ce cas vous manquerez d'horreurpour ce qui est faux et à ce signe on reconnaîtra que vous n'aimez pas la vérité»

(Ernest Hello )

CCOOMMMMEENNTT GGAARRDDEERR LLAA VVÉÉRRIITTÉÉ

Il faut n’admettre aucun compromis sur les principes. C’est ce qu’ont bien compris lesrévolutionnaires qui restent fidèles à leurs faux principes :

«La Révolution se fait faire des concessions de principes mais ne renonce jamais à aucundes siens : tout au plus en suspend-elle l'exécution»

(René Bazin, préface au livre du père de Clorivière : Etudes sur la Révolution)

Dans la suite du texte cité ci-dessus, page 2, Mgr Freppel montre où conduit la désertiondes principes :

«Rien n'est perdu tant que les vraies doctrines restent debout dans leur intégrité. Avecelles, tout se refait tôt ou tard, les hommes et les institutions, parce qu'on est toujours capable derevenir au bien lorsqu'on n'a pas quitté le vrai. Ce qui enlèverait jusqu'à l'espoir même du salut,ce serait la désertion des principes, en dehors desquels il ne se peut rien édifier de solide et dedurable. Aussi, le plus grand service qu'un homme puisse rendre à ses semblables aux époquesde défaillances ou d'obscurcissement, c'est d'affirmer la vérité sans crainte, alors même qu'on nel'écouterait pas; car c'est un sillon de lumière qu'il ouvre à travers les intelligences et, si sa voixne parvient pas à dominer les bruits du moment, du moins sera-t-elle recueillie dans l'avenircomme la messagère du salut».

QQUUEELLQQUUEESS CCIITTAATTIIOONNSS

Une approche d'un sujet aussi vaste que la vérité consiste à lire et méditer des textes-clefs.En voici quelques-uns :

«Je suis la voie, la vérité et la vie»;«La vérité vous délivrera».

( Textes de l’Evangile)

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«Quelle plus funeste mort pour les âmes que la liberté de l'erreur»(Saint Augustin, Ep.166)

«Quand l'Église ne pourra plus enseigner Jésus-Christ tout entier, quand les peuples necomprendront plus qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes, quand il ne s'élèvera plus devoix pour confesser la vérité sans déguisement et sans amoindrissement, alors la liberté auraquitté la terre» .

(Louis Veuillot, l’Illustration libérale, p.52)

«C'est le devoir impérieux et c'est la noble coutume de la sainte Église de rendre surtouthommage à la vérité quand elle est méconnue, de la professer quand elle est menacée. Il y a unmédiocre mérite à se déclarer son apôtre et son adhérent quand tous la reconnaissent et yadhèrent. Faire tant de cas de l'état humain de la vérité, l'aimer si peu pour elle-même qu'on larenie dès qu'elle n'est plus populaire, qu'elle n'a plus le nombre, l'autorité, la prépondérance, lesuccès : ne serait-ce pas une façon nouvelle de pratiquer le devoir et de comprendre l'honneur?Qu'on le sache : le bien reste le bien et il doit continuer d'être appelé de ce nom, même lorsque"pas un seul ne le fait" (Ps.XIII,3) Il suffit, d'ailleurs, d'un petit nombre de réclamants poursauver l'intégrité des doctrines; et, l'intégrité des doctrines, c'est l'unique chance desrétablissements de l'ordre dans le monde» (Œuvres, t.V,p.203)

«Les dispositions de ceux qui président ici-bas aux empires ont une importance réelle.C'est qu'ils peuvent beaucoup pour la vie ou la mort des âmes. Avec Constantin, le monde entier,je veux dire le monde connu et civilisé, ne tarde pas à devenir chrétien. Le baptême de Clovisentraîne celui de tout le peuple franc. Tant que le prince n'est pas conquis à la vérité, l'apostolatpeut multiplier les conquêtes individuelles, mais il ne remporte pas sa victoire définitive qui estla proclamation publique et sociale de la vérité. Les peuples ne sont entrés en masse dansl'Église qu'à la suite de leurs princes et l'Église n'a régné sur les nations, sur leurs lois, sur leursinstitutions, sur leurs moeurs que quand elle a pris possession du coeur des rois» (ibid,t.III,p.247-248)

( Cardinal Pie )

«Il y a une grâce attachée à la confession pleine et entière de la vérité. Cette confession,nous dit l'Apôtre, est le salut de ceux qui la font et l'expérience démontre qu'elle est aussi lesalut de ceux qui l'entendent»

(Dom Guéranger, Le sens chrétien de l’Histoire, p.53)

«On n'échappe pas au problème du vrai. Il précède celui de l'ordre, et l'ordre ne se fondeque sur la vérité»

( Henri Massis, De l’homme à Dieu )

Nous concluons par ce texte de Bossuet ( Panégyrique de sainte Catherine d’Alexandrie) :

«La vérité est un bien commun : quiconque la possède la doit à ses frères selon lesoccasions que Dieu lui présente».

ACTION FAMILIALE ET SCOLAIRE

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ieu est admirable dans ses saints, et ainsi que le dit la préface de la messe du 1er

novembre, «en couronnant leurs mérites, Dieu couronne ses propres dons ».

En canonisant des hommes, des femmes, et même des enfants, l’Église rend gloire à Dieupour les merveilles de sa grâce ; elle nous propose en même temps des modèles à imiter, noncertes dans les faits concrets, car chaque vie est unique en son déroulement, mais elle nouspropose d’imiter leur manière de vivre chrétiennement, de réagir devant les événements, d’êtreconséquent avec notre foi, de faire le choix juste, ce qui plaît à Dieu. Les saints sont également,par leur prière, nos protecteurs.

Les 16 carmélites de Compiègne, premières victimes du tribunal révolutionnaire le 17juillet 1794, nous sont désignées en ce dimanche, afin que nous louions Dieu pour leur glorieuxcombat, triomphe de sa grâce et que, scrutant leur réponse à l’appel à la sainteté, nous soyonsaidés dans notre propre marche.

Le pape Pie X les a béatifiées le 27 mars 1906.

Posons-nous la question suivante : en quoi ces saintes religieuses peuvent-ellesaujourd’hui projeter un éclairage sur nos pensées et nos actions, nous aider à adhérer au Christtoujours plus fermement?

On doit répondre, semble-t-il : en ceci que nous vivons dans un monde qui rejette toute loimorale.

La révolution française a proclamé et inauguré l’indépendance de l’homme envers Dieu, etson droit absolu à décider de ce qui est bien et de ce qui est mal.

Pie XI écrivait en 1922 dans l’encyclique Ubi arcano Dei: « Nulle institution humainen‘existe qui soit capable d’imposer à l’ensemble des nations un code de législation commune,adaptée à notre époque; on y parvint au moyen-âge dans cette véritable Société des Nations quefut la communauté des peuples chrétiens. Sans doute et en fait, le droit y subit des violationsgraves. L’inviolabilité du droit demeurait néanmoins intacte en son principe, grâce à une règletutélaire d’après laquelle étaient jugées les nations elles-mêmes. »

En 1789, nous entrons donc dans une ère nouvelle de persécutions sanglantes.Saint Paul écrivait à Timothée : « Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ

Jésus auront à souffrir persécution. Quant aux méchants, aux charlatans, ils iront toujours plusavant dans le mal, trompeurs et trompés. » (2 Tim 3,12). Cela a été écrit aussi pour notreinstruction.

Persécutions larvées ou sanglantes, nous devons aller à contre-courant pour demeurerfermes dans la foi et agir selon les commandements de Dieu et de l’Eglise.

La persécution est un fait. Pour nous en convaincre si besoin, relevons dans l ‘OsservatoreRomano, ces réflexions de Monseigneur Nowak: « Le siècle qui vient de s’achever a été présentécomme un siècle aux très nombreux martyrs... Nous pouvons affirmer avec certitude que depuis

Les bienheureuses carmélitesde Compiègne

D

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toujours, le martyre a été présent dans l’Eglise. Aujourd’hui nous pouvons l’enregistrer dans ledétail, alors que par le passé, cela était plus difficile.

Le Pape Jean-Paul II, au cours des 23 années de son pontificat, a déjà présidé 131cérémonies de béatification au cours desquelles il a proclamé 1284 bienheureux, dont 1022martyrs... Il a proclamé 451 saints, dont 400 martyrs.., dans de nombreux cas, les béatificationsétaient collectives :

- 233 martyrs espagnols béatifiés le 11 mars 2001,- 25 martyrs mexicains béatifiés le 21 mai 2000,- 120 martyrs de Chine béatifiés le 1er octobre 2000,- 116 martyrs vietnamiens béatifiés le 19 juin 1988,- 13 martyrs de l’union avec Rome, de rite byzantin-grec, béatifiés le 6 octobre 1996,- 64 martyrs de la révolution française béatifiés le 1er octobre 1995,- et 27 martyrs de rite byzantin-grec en Ukraine, durant la persécution communiste,

béatifiés le 27 juin 2001. (O.R.4, 11 décembre 2001).

La guillotine ne fonctionne plus guère, mais notre époque ne manque pas de procédésbarbares pour éliminer de ce monde ceux qui en sont désignés comme les ennemis.

La persécution peut être non sanglante. Notre-Dame n’est-elle pas Reine des martyrs ? Ellen’a pas versé son sang, mais elle a versé d’amères larmes de compassion au pied de la croix deson Fils. Voici ce que l’épître aux Hébreux nous enseigne clairement à ce sujet :

« Rappelez-vous ces premiers jours, où, après avoir étééclairés, vous avez soutenu un grand combat de souffrance,tantôt exposés comme en spectacle aux opprobres et auxtribulations, tantôt prenant part aux maux de ceux qui étaientainsi traités. En effet, vous avez accepté avec joie le pillagede vos biens, sachant que vous avez une richesse meilleure etqui durera toujours. N’abandonnez donc pas votreassurance ; une grande récompense y est attachée.» (Heb.10, 32-35).

Persécutions sournoises, qui atteignent le vivre au quotidien: c’est pour nos carmélites,dans un premier temps, la confiscation de leurs biens, dons de la piété des fidèles. Spoliées, ellesrecevront une pension qui les fera vivre dans la quasi-misère.

Pour nous, nous pouvons devoir renoncer à une profession qui requiert des actes défenduspar la loi divine, être écarté de fonctions publiques, nous contenter d’un médiocre emploi pourgarder notre liberté.

Puis l’assemblée législative rendit ce décret : « Au 1er octobre, toutes les maisons encore actuellement occupées seront évacuées par les ditsreligieux ou religieuses.., et seront mises en vente à la diligence des corps administratifs. »Voici nos carmélites en costume civil — le costume religieux est interdit — continuant d’assumer,comme elles le peuvent, la même régularité qu’au monastère; puis, quelques semaines plus tard,la loi du 26 août 1792 prononçait la déportation de tout prêtre... qui aurait occasionné destroubles... En vertu de ce décret, nos religieuses n’ont plus de prêtres pour les sacrements.

Pour nous, peut-être, souffrance de ne pouvoir remplir nos devoirs du culte sans degrandes difficultés : horaire de travail, vacances... Pour les enfants, choisir le catéchisme ou lamesse de préférence au match de football ou autres occupations récréatives, et être sujet desarcasmes et d’incompréhension :une vie humiliée pour soi et les siens.

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En 1794, la Mère Prieure apprend que Monseigneur Bourdelle condamne le serment deLiberté-Egalité qu’elles avaient prêté en 1792 sur le conseil de leur supérieur ecclésiastique,Rome ne l’ayant pas encore formellement condamné. Nos carmélites font alors acte derétractation, sans hésitation, tout en sachant bien que cette décision va entraîner rapidement leurcondamnation...

Pour nous, nous devons imiter leur humble courage, car ces femmes héroïques, à laperspective du martyre possible, ont eu peur, oui, peur de la souffrance qui peut faire apostasier.La souffrance fait mal. Le froid, la faim, les coups ne sont pas des abstractions mais blessent lecorps ; la mise au ban de la société, le ridicule, les pressions psychologiques peuvent amoindrirla résistance des plus sûrs d’eux-mêmes.

Alors sans fanfaronnade ni provocation, lucidement, la communauté a envisagé le martyre,implorant de Dieu la grâce de la persévérance finale. C’est la grâce qui donne la victoire. LeSeigneur Jésus nous dit : « Priez afin de ne pas entrer en tentation. » (Lc 22, 40).

Priez pour nous pauvres pécheurs, demandons-nous à Notre-Dame et Mère, Sainte Marie,maintenant, à l’instant présent, pour accomplir notre devoir sans faiblir, et à l’heure de notremort. Oui, à chaque instant présent, nous préparons notre passage au monde éternel.

II faut imiter le réalisme surnaturel de ces humbles femmes : la mort qu’elles ne peuventéviter, elles en feront offrande libre à Dieu ; dans un acte de consécration et d’holocauste, dont laMère Prieure a eu la pensée, toutes, avec pour chef le Christ en croix, demandent que Dieu agréeleur sacrifice pour le salut de leur patrie et du monde entier, et que Sa volonté se fasse.

La romancière allemande Gertrud von le Fort écrivit en 1931 La dernière à l’échafaud. En1949, Bernanos publia une œuvre romancée sous le titre Dialogue des carmélites. Viendrontensuite des adaptations cinématographiques, une mise en scène au répertoire de la Comédiefrançaise et une adaptation pour le petit écran d’Antenne 2. Toutes ces productions contribueront— bien que tous les personnages ne soient pas historiques — à attirer l’attention sur le véritablevisage des martyres de Compiègne, nos sœurs dans la foi.

Le 24 septembre 1978, le Pape Jean-Paul 1er, faisant l’éloge de l’écrivain catholiqueBernanos et de son œuvre « Dialogue des carmélites », citait ces paroles de la Prieure:

« L’amour sera toujours vainqueur, on peut tout quand on aime »,

et Jean-Paul 1er de conclure :« Voilà le mot juste, c’est l’amour, et non la violence, qui peut tout. »

Jésus affirme:« Dans le monde, vous aurez de la tribulation ; mais ayez confiance, moi, j’ai vaincu le

monde. » (Jean 16, 33).

ABBAYE NOTRE-DAME DE L’ANNONCIATION

Bibliographie:Du carmel à l’échafaud, Denys le Sayec, Téqui, 1986.Les Bienheureuses Carmélites de Compiègne, Victor Pierre, Ed. J. Gabalda, 1921.Les martyrs de la Révolution française, Ivan Gobry, Perrin, 1989.

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Paray le Monial , façade

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n 1647, année où à Verosvres, petit village de Bourgogne, naissait Sainte Marguerite-Marie, la France catholique achevait de remporter une grande victoire ; elle avait

employé la fin du XVIème siècle à chasser de son sein le schisme et l’hérésie du protestantisme,et la joie était profonde chez les vrais chrétiens. Mais comment, d’ailleurs, le protestantismeaurait-il pu charmer une nation incomparable dans la vivacité de ses sentiments : croyante ouimpie, vertueuse ou dépravée, mais jamais rien à-demi ? Il est à remarquer , d’ailleurs, que lesépoques glorieuses de notre nation sont toujours contemporaines de nos grands services rendus àl’Eglise, et nos grands Hommes sont aussi célèbres dans l’histoire de l’Eglise que dans celle dela France.

Mais au fur et à mesure que notre Sainte grandissait, l’état des choses changeait. Enconséquence du Protestantisme, naquit la défiance envers la Papauté. Et au lieu de se serrerautour de cette même Papauté insultée, outragée, on se mit en garde contre elle.

Les parlements des provinces de France s’en emparèrent. On assista à un spectacleétrange : un peuple, le plus catholique du monde, un Roi qui se disait Fils aîné de l’Eglise, et qui,au fond l’était, des magistrats sérieusement chrétiens, des évêques et des prêtres attachés àl’unité catholique, occupés les uns et les autres à se barricader contre le Chef de l’Eglise, àcreuser des fossés, à élever des remparts pour que sa parole ne put arriver aux fidèles avantd’avoir été examinée, palpée, vérifiée par des laïcs ( !) de n’être ni fausse, ni hostile, nidangereuse.

La conduite des catholiques devint légère et irrévérencieuse envers la Sainte Eucharistie.C’est alors que le Jansénisme s’empara de l’Eglise. Il en résulta une altération du véritable espritde l’Evangile, un demi-christianisme médiocre et froid, incapable de ravir les âmes. Plus riendans l’ordre intellectuel, moral, religieux, n’était respecté. Un immense égoïsme desséchait lescœurs.

Ce triste tableau, n’est-il pas un peu…beaucoup…celui de notre temps?Hélas… mais il faut garder l’Espérance, toute la vie et l’histoire de notre Sainteen sont un vivant exemple.

Mais Dieu voulait guérir cette blessure faite au cœur de la France. Le Roi ne voulant, àaucun prix, de schisme, fit savoir au Pape qu’il avait « donné les ordres nécessaires, afin que leschoses contenues dans son Edit du 22 mars 1682 » - la fameuse Déclaration des 4 articles –« touchant la Déclaration faite par le clergé de France, ce à quoi les conjonctures passéesl’avaient obligé, ne soient pas observées ». Toutefois, ne nous y trompons pas, la doctrinegallicane restait intacte.

Mais Dieu, qui sait que la France est incomparable dans la vivacité de ses retours, et donton peut dire que nul peuple n’aime comme elle, se résolut de la vaincre par la tendresse et, en luimontrant son Cœur, lui redemanda le sien.

Mais, revenons en à celle sous le patronage de laquelle nous sommes aujourd’hui. Venueau monde le 22 juillet, 5ème d’une famille qui comptera 7 enfants, Marguerite fut baptisée le 25du même mois. Toute petite, elle avait déjà une grande horreur de l’ombre même du péché; Acette délicatesse de conscience se joignit bientôt un grand amour de la prière et un attraitétonnant pour la pénitence.

Sainte Marguerite-Marie

E

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A 4 ans 1/2, elle dut quitter la maison paternelle et aller demeurer chez sa marraine,madame de Faubrières de Corcheval. C’est là, qu’à un âge si tendre, elle fit vœu de perpétuellechasteté.

En même temps, se développait toujours plus en elle cet attrait pour l’oraison qui allait enfaire une des plus grandes contemplatives qui aient jamais existé dans l’Eglise. Tout son plaisirétait « de passer des heures en prière » dit-elle, et il n’était pas rare qu’on la trouve à l’église,immobile, devant le Très Saint-Sacrement. Hâtons-nous d’ajouter, pour avoir au complet laphysionomie de Marguerite, qu’à toutes ces grâces se joignait en elle la plus tendre dévotion à laSainte Vierge.

Demandons donc, par son intercession, cette « faim » de la prière ainsi qu’un grand amourpour la Vierge Marie.

Après son retour à la maison paternelle après la mort de sa marraine, son père ne tarda pasà s’éteindre lui aussi. Alors commença pour Marguerite de dures épreuves : persécutée,humiliée, presque chassée de la maison par sa tante et sa cousine qui s’y étaient imposées. Quefaisait-elle alors ? Se décourageait-elle ? Se révoltait-elle ? Non. Elle priait sans cesse, nousapprenant par là que les grandes choses se préparent dans la prière, qu’elle nous aide à supporterles plus grandes afflictions et que c’est par elle que le mal est désarmé. Grande leçon qu’il nefaut pas oublier.

C’est alors que Notre Seigneur commença à apparaître à Marguerite - d’ordinaire sous lafigure ou du Crucifié, ou d’Ecce Homo, ou portant sa Croix -; elle ne s’en étonna pas, pensantque les autres étaient traités de même.

Mais qu’on ne s’imagine pas que cette enfant était une de ces natures froides et mortes quine sentent rien. Elle était au contraire d’une tendresse et d’une sensibilité extrême, ressentantvivement le moindre manque d’égards, s’épanouissant à la moindre preuve d’affection. D’unefierté naturelle, vive, gaie, portée au plaisir, à ce point qu’elle sera un jour exposée à un vraipéril du côté du monde.

La vocation religieuse n’est pas réservée aux mélancoliques, ni aux caractères craintifs,timides, ne sachant pas rire. La vie de notre Sainte en est un vivant témoignage.

Sa piété allait grandissant et toute son ambition était de se consumer devant le Saint-Sacrement, comme un cierge ardent, afin de Lui rendre amour pour Amour.

Mais après quelques années, tout changea. Ses frères aînés purent prendre la conduite desaffaires et rendirent à leur mère la position dont elle avait été dépouillée. La vie mondaine laséduisit. Marguerite avait 17 ans, et cette jeune fille qui avait été si forte au milieu de l’adversitécommença à prendre goût aux réunions de plaisir. Elle diminua ses prières, espaça sesconfessions, son âme redescendit peu à peu des hauteurs d’où elle s’était élevée.

Ainsi en est-il d’une âme, ainsi en est-il d’une nation. La France est unphare, mais dès qu’elle s’éloigne de son Dieu, elle s’avilit, dépérit et tombed’autant plus bas qu’elle est appelée à monter plus haut, elle, la Fille aînée del’Eglise.

A l’âge de 20 ans, Marguerite sentit se ranimer en elle le désir d’être religieuse. Sa naturerestait cependant portée au plaisir. Mais le rappel de la douloureuse Figure de Notre Seigneur lalaissait confuse. Alors qu’elle était encore hésitante, Notre Seigneur lui dit: « si tu M’es fidèle, Jene te quitterai point et Me rendrai ta victoire contre tes ennemis ».

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Belle leçon à écouter, qui vaut pour nous et pour nos paroisses, pour noscommunautés et notre pays.

Le 25 mai 1671 , Marguerite entre enfin à la Visitation de Paray qui se recommandait parson ancienneté et sa ferveur. Le 25 août, fête de St. Louis, elle prend l’Habit, et 18 mois après,elle fait ses vœux.

Sa vie se déroule, fervente, toujours la première à l’oraison, d’une assiduité sans pareilledevant le Saint-Sacrement.

Il faut cette fidélité à la prière et à I’ adoration pour que le Seigneur répandeSes grâces et Ses bénédictions. Une âme, une nation qui abandonne ces saintespratiques ne les mérite plus, parce qu‘elle gaspille l’Amour de son Dieu. Alors,prions et prions beaucoup pour nous, certes, mais aussi pour notre pauvre paysdéchristianisé; c’est un devoir pour chacun de nous. Notre pays de France doitmériter à nouveau son titre de « Fille aînée de l’Eglise », appelée par vocation àêtre le flambeau de la Chrétienté.

C‘est cette fidélité qui inclina Notre-Seigneur à révéler Son Cœur à celle qui était devenueSœur Marguerite-Marie.

Dans Sa première révélation, qui date de décembre 1673, Notre-Seigneur lui confia « qu’Ilétait passionné d’amour pour les hommes », et « qu’Il ne pouvait contenir en Lui-Même lesflammes de son ardente charité ».

Dans la seconde, Il lui dit que « les hommes n’ont que froideurs et rebuts pour tous Mesempressements », ajoutant à l’endroit de notre sainte: « toi, du moins, donne Moi cette joie desuppléer, autant que tu pourras, à leur ingratitude.»

Mais c’est dans la troisième et dernière révélation -la plus célèbre- que Notre-Seigneur eutces paroles: « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’Il n’a rien épargné jusqu’àS’épuiser et Se consumer pour leur témoigner Son Amour; et, en reconnaissance, Je ne reçoisque des ingratitudes. Et ce qui M’est le plus pénible, c’est que ce sont des cœurs qui Me sontconsacrés.»

Resterons--nous sourds à cette plainte du Cœur de Jésus? Aujourd’hui, oùle mot-clef est «orate», demandons au Saint-Esprit qu’il nous donne la lumière surce que nous pouvons et devons faire.

Mais poursuivons à travers les lettres de notre sainte, et nous comprendrons mieux queDieu veut traiter la France avec prédilection. « Vive le Christ qui aime les Francs! »; et l’Amourde Jésus pour les Francs ne s’est jamais lassé malgré nos ingratitudes.

Sœur Marguerite-Marie n’était absolument pas au courant des affaires de son temps; maisDieu ne cache pas ses lumières à ceux qui Le prient. C’est ainsi qu’elle écrivait à l’une de sesanciennes supérieures: « quel bonheur pour ceux qui propagent la dévotion au Sacré-Cœur; ilss’attirent par là l’amitié et les bénédictions éternelles de cet aimable Cœur, et un puissantprotecteur pour nôtre patrie ». L’esprit de Dieu était sur la Sainte et I1 va lui montrer, dans unelumière prophétique, Ses desseins de miséricorde sur la France.

Dans une seconde lettre, elle précise ce que Notre Seigneur désire : « II désire donc, ce mesemble, entrer avec pompe et magnificences dans la maison des Princes et des Rois pour y êtrehonoré. Et voici les paroles que j’entendis: « Fais savoir au Fils aîné de Mon Sacré-Cœur -parlant de notre Roi - que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion auxmérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternellepar la consécration qu’il fera de lui-même à Mon Cœur adorable qui veut régner dans son

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palais, être peint dans les étendards et gravé dans ses armes pour les rendre victorieuses de tousses ennemis».

Notre Sainte ne parle que du Roi, car dans les idées de ce temps, le Roi et la France nefaisaient qu’un : le Roi, c’était toutes les âmes de la France réunies en une seule âme et vibrant àla fois, Rappelons-nous à ce propos, que la France , depuis les siècles les plus reculés, avait euun étendard sacré, qui reposait dans le sanctuaire de Saint Denis, qu’on allait cherchersolennellement à l’heure des périls suprêmes, ou lorsqu’on partait pour les grandes guerres de laFoi. Il représentait l’âme religieuse de la France et il flottait au milieu des bannières nationalescomme une prière.

Dieu demandait au Roi et à la France, par la bouche de la vierge de Paray,quelque chose de semblable.

Dans une autre lettre, elle se fait plus précise encore sur ce que Notre Seigneur lui adévoilé. «Le Père éternel veut établir Son empire dans le cœur de notre grand Monarque duquelIl veut se servir pour l’exécution de Son dessein qui est de faire faire un édifice où serait letableau de ce divin Cœur, pour y recevoir la consécration et les hommages du Roi et de toute laCour. De plus, ce divin Cœur veut Se rendre Protecteur et Défenseur de sa Sacrée Personnecontre tous ses ennemis. C’est pourquoi il l’a choisi comme Son fidèle ami pour obtenir deRome les privilèges qui accompagnent la dévotion au Sacré-Cœur. Il veut lui départir Ses grâcesde sanctification et de salut en répandant Ses bénédictions sur toutes ses entreprises, en donnantun heureux succès à ses armes et en le faisant triompher de la malice de ses ennemis ».

Ce que Dieu veut de la France, c’est une consécration nationale, un temple national,l’inscription du Cœur de Jésus sur un étendard. «Il faut beaucoup prier pour cela» ajoute-t-elle.

Tout cela se fera, mais il y faudra du temps et rien moins que la Toute-Puissance de Dieu;et, de plus, il y faudra d’effroyables malheurs. Quoi qu’il en soit, ces magnifiques avances duCœur de Jésus ne furent pas entendues et la dernière parole de la Sainte se perdit dans l’oubli.Car c’était sa dernière parole. On était à la fin de 1689; elle touchait à sa mort.

En 1690, quoiqu’elle fut en bonne santé, âgée de 43 ans, Sœur Marguerite-Marie annonçadoucement et humblement que sa mort serait « pour cette année », De fait, à l’automne, elle futprise d’un léger accès de fièvre. Le médecin , appelé, rassura toute la Communauté. Mais laVierge Marie, qu’elle avait tant aimée, tant priée, sous la protection de Laquelle elle s’étaitplacée, la Vierge Marie qui est l’Etoile de la mer qui nous conduit au port, la Vierge Marie quiest le plus sûr chemin pour aller à Jésus, vint la chercher en son mois du Saint Rosaire, et le 17Octobre, à 7 heures du soir, la sainte Religieuse expirait en prononçant le Nom de Jésus, Ayantvécu par amour, le médecin ne fut pas surpris qu’elle fut morte d’amour.

Le bruit se répandit que la Sainte était morte, et la foule s’empressa de venir au chœur oùelle était exposée.

Le sacrifice était fini, mais l’encensoir fumait encore, et il continue à embaumer l'Eglise.

RELIGIEUSES VICTIMES DU SACRE-CŒUR DE JESUS

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DDééccoouuvvrriirr llaa FFrraannccee ccoommmmee uunnee rraaccee vviivvaannttee……Retrouver le sens de la vocation de la France pourrait paraître une opération vouée

d’avance à l’échec dans la France de ce vingt-et-unième siècle commençant, si oublieuse de toutce qui faisait jadis l’essence même de son être. Pourtant, en y regardant de plus près, peut-êtrefinirons-nous par entrevoir, dans les circonstances présentes, une occasion inespérée, un momentprovidentiel comme il s’en est rarement présenté dans notre histoire, pour ressaisir l’âme secrètede la France. Tous les espoirs temporels s’évanouissant les uns après les autres, nous voilà enfinparvenus en un point de dénuement où il ne nous est plus permis, désormais, d’envisager notrevocation à travers sa seule dimension historique.

La Pédagogie divineCela pourrait bien ressembler à une marque de la pédagogie divine : quand Dieu veut

remettre un peuple dans le droit chemin de sa destinée éternelle, il lui arrive de faire table rasede beaucoup de choses par lesquelles l’âme de ce peuple s’était exprimée dans l’ordretemporel. Cela s’est déjà vu à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament, en des circonstancesoù le peuple élu était bien moins infidèle à Dieu que nous ne le sommes présentement. C’est unmoment de ce genre que nous traversons, et la question qui se pose à nous aujourd’hui est lasuivante : dans ce dénuement temporel où elle se trouve, la France, que le Pape saint Pie Xn’hésitait pas à appeler la “tribu de Juda de la Nouvelle Alliance”, saura-t-elle comprendre laleçon et reprendre le chemin de sa destinée éternelle ? Nos yeux de français finiront-ils pars’ouvrir à cette réalité essentielle dont nous vivions sans même nous en apercevoir, sans laquellenotre nation n’aurait jamais pu exercer le rayonnement qui fut le sien, dans le passé, à traverstoute la chrétienté ? Au-delà des vicissitudes de ce que Péguy appelait l’inscription temporelle,allons-nous enfin opérer comme lui cette remontée spirituelle qui fut l’événement capital de sagénération ? De la réponse que nous donnerons à cette question dépend la fidélité de la France àsa vocation, qui est de sauver l’esprit dans le monde. Car l’ordre temporel est sous-tendu parun ordre spirituel qui le porte et lui permet de durer temporellement même.

La France retrouvéeC’est ici que ce pèlerinage devrait trouver sa signification. Mais il apparaît comme une

condition nécessaire que nous prenions d’abord connaissance de cette remontée qui a marqué lagénération de Péguy. Car il y a fort à craindre que, même parmi ceux d’entre nous qui sont lesplus fervents admirateurs de Péguy, très peu en soupçonnent la portée, et peut-être mêmel’existence. Ce fut pourtant l’événement essentiel du début du vingtième siècle, qui nous portenous-mêmes à un siècle de distance, et un événement qui n’alla pas à moins que ceci : ladécouverte de la France, non plus comme une histoire apprise dans un livre, mais comme unerace vivante. Et à travers cette découverte de la race, la remontée d’une espérance telle unejeune sève revivifiant un tronc séculaire, le ressurgissement d’une grâce unique, mère de toutesles autres grâces, que Péguy a ainsi définie : « être récemment sorti des mains de son Créateur. »La France enfin retrouvée dans la pureté originelle de sa création, à la source première de la raceet de la grâce. Evénement singulier qui échappe à toute analyse et à tout discours, parce qu’il

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consiste en une opération située en amont de l’analyse, en amont même de cette vie qu’on acoutume d’appeler “intérieure” et qu’il vaudrait mieux appeler psychologique, tant il est vraique, depuis plusieurs siècles de naturalisme, la foi tend à n’être plus qu’un sentiment religieux. Ilfaut ici mettre en parallèle plusieurs textes de Péguy qui s’éclairent mutuellement et nousrenseignent sur la nature de cet événement.

LLaa vvrraaiiee ccaauussee ddee llaa ddéécchhrriissttiiaanniissaattiioonn :: llee mmooddeerrnniissmmee dduu ccœœuurrEt puisque l’on ne soigne bien que les maladies dont on a identifié la cause, commençons

avec un extrait de Notre jeunesse, écrit daté de 1910, trois ans après la condamnation dumodernisme par saint Pie X. On verra que Péguy dépasse délibérément l’analyse de l’encycliquePascendi, par des raisons dont on conviendra volontiers aujourd’hui, alors que la Science a finipar s’arroger des droits sur la création de l’homme par les manipulations biologiques, qu’ellesn’ont jamais été aussi actuelles.

Le manque de charité« Toute la faiblesse, et peut-être faut-il dire la faiblesse croissante de l’Eglise dans le

monde moderne, vient, non pas, comme on le croit, de ce que la Science aurait monté contre laReligion des systèmes soi-disant invincibles, non pas de ce que la Science aurait découvert,aurait trouvé contre la Religion des arguments, des raisonnements censément victorieux, maisde ce que ce qui reste du monde chrétien socialement manque aujourd’hui profondément decharité. Ce n’est point du tout le raisonnement qui manque. C’est la charité. Tous cesraisonnements, ces systèmes, tout ces arguments pseudo-scientifiques ne seraient rien, nepèseraient pas lourd s’il y avait une once de charité. Tous ces airs de tête ne porteraient pas loinsi la chrétienté était restée ce qu’elle était, une COMMUNION ; si le christianisme était resté cequ’il était, une RELIGION DU CŒUR. C’est une des raisons pour lesquelles les modernesn’entendent rien au christianisme, au vrai, au réel, à l’histoire vraie, réelle, du christianisme, età ce que c’était réellement que la chrétienté. »

Une religion déracinéePuis il fait allusion au modernisme condamné par l’Eglise : « On fait beaucoup de bruit autour d’un certain modernisme intellectuel qui n’est pas

même une hérésie, qui est une sorte de pauvreté intellectuelle moderne, un résidu, une lie, unfond de cuve, un bas de cuvée, un fond de tonneau… Cette pauvreté n’eût exercé aucunsravages, elle eût été purement risible si les voies ne lui avaient point été préparées, s’il n’y avaitpoint ce grand modernisme du cœur, ce grave, cet infiniment grave modernisme de la charité. Siles voies ne lui avaient point été préparées par ce modernisme du cœur et de la charité. C’estpar lui que l’Eglise dans le monde moderne, que dans le monde moderne la chrétienté n’est pluspeuple, ce qu’elle était, qu’elle ne l’est plus aucunement ; qu’ainsi elle n’est plus socialement unpeuple, un immense peuple, une race, immense ; que le christianisme n’est plus socialement lareligion des profondeurs, une religion peuple, la religion de tout un peuple, temporel, éternel,une religion enracinée aux plus grandes profondeurs temporelles mêmes, la religion d’une race,de toute une race temporelle, de toute une race éternelle… »

Une chrétienté morteAu lecteur soucieux d’orthodoxie doctrinale qui serait tenté d’objecter à Péguy que l’on ne

peut aimer que ce que l’on connaît, et que sans la foi par laquelle Dieu se révèle à nous, notrecharité ne serait que sentiment creux ou vaine philanthropie, nous conseillons de relire aussil’épître de saint Jacques, au chapitre 2 (versets 14–26), dont ce texte de Péguy est le pendantpour notre temps. La foi n’est pas seulement adhésion de l’intelligence à la vérité divine, elle est

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obéissance de la volonté qui répond par les œuvres de la foi. Et ces œuvres ne sont pas enpremier lieu les catéchismes de persévérance, les camps de jeunesse, les maisons religieuses, lesmissions, les œuvres de Propagation, etc... Avant tout, la foi veut œuvrer d’abord parl’espérance et la charité théologales. Le sacrifice d’Isaac en est le modèle pour l’AncienTestament, qui annonçait en figure celui du Christ. C’est là la foi vive, « la foi qui opère par lacharité » (Gal 5, 6). Car Dieu n’est pas seulement Vérité, Il est aussi Amour, il nous en a donnéune preuve infinie en son Fils, et il demande à notre foi de l’accueillir en tant qu’Amour quidésire notre amour. Certes, la foi nous oriente infailliblement vers Dieu, et l’espérance nousmeut puissamment dans sa direction, mais c’est la charité qui fixe indéfectiblement notre cœuren Lui. Et la remarque de saint Jacques, « de même qu’un corps sans âme est mort, ainsi la foisans les œuvres est morte », a plus qu’une valeur individuelle, elle vaut aussi pour ce grandcorps social de la chrétienté. Faire passer les œuvres de chrétienté, si utiles et nécessairesqu’elles soient, avant la vie théologale, aboutirait inévitablement à faire avorter la voie retrouvéepar Péguy. Car une chrétienté sans charité, sans communion, est une chrétienté morte.

LLàà ooùù eesstt ttoonn ttrrééssoorr,, llàà eesstt ttoonn ccœœuurrA son retour de Rome en 1138, à la fin du schisme de l’antipape Pierre de Léon, saint

Bernard abordait ce sujet avec ses moines, probablement encore sous le coup de cette récenterupture de la communion de l’Eglise. Comme on peut s’en rendre compte, il ne leur mâchait passes mots :

« En séparant la foi des œuvres, on tue la foi, puisque sansles œuvres elle est morte. Allez-vous faire à Dieu uneoffrande morte ? Si l’amour est en quelque sorte l’âme de lafoi, une foi qui n’agit pas par amour n’est qu’un cadavre.C’est mal honorer Dieu que de lui offrir cette pourriture, eton ne se le concilie pas en devenant le meurtrier de sa proprefoi. Il n’y a pas d’hostie de paix, là où s’est instauré la pluscruelle discorde. » (Sermons sur le Cantique des Cantiques)

Sans les œuvres, la Foi est morteUne foi mal éclairée doctrinalement, mais rendue vive par l’amour, tout imparfaite qu’elle

soit, vaut toujours mieux qu’une foi intègre mais sans charité. L’Evangile nous en fournit maintsexemples : Jésus admire la foi de la chananéenne, il loue celle du centurion, mais à l’adresse desJuifs, pourtant très savants dans la science de l’Ecriture, il dit ceci :

« Vous scrutez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et cesont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! (…)Mais je vous connais : vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous. » (Jn 5, 39–42).

L’aveuglement du cœur est un mal bien pire que l’aveuglement de l’intelligence, parce quec’est du cœur de l’homme que sortent toutes ses pensées. Or, ce que Péguy appelle lemodernisme de la charité est beaucoup plus qu’une vertu affaiblie, édulcorée, c’est unecontrefaçon naturaliste de l’amour de Dieu. La chose n’est pas nouvelle, saint Augustin l’avaitdéjà dit : deux amours ont fait deux cités… Mettez le mot “chrétien” à la place de “ cité”, et vousaurez, résumé en cette courte phrase, l’essentiel de l’enseignement des opuscules doctrinaux duPère Emmanuel du Mesnil-Saint-Loup, ‘’Le chrétien du jour et le chrétien de l’Evangile’’, ‘’Lesdeux cités,’’ etc. Ces opuscules resteront pour la postérité le meilleur juge des dérives religieusesmodernes, qu’ils annonçaient près d’un siècle à l’avance, et aussi le meilleur remède au point devue des idées. Ils sont antérieurs de quelques trente ans seulement au texte de Péguy cité plushaut, et, comme celui-ci, ils montrent que le principal ennemi dont les chrétiens doivent se

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garder n’est pas l’opposition que le monde exerce contre l’Eglise : cette opposition est lacondition même de la chrétienté dans le monde depuis les origines, elle durera jusqu’à la fin destemps, et loin de scandaliser les chrétiens, elle doit au contraire devenir pour eux une source deprogrès dans la vertu.

Notre pire ennemi : l’orgueilL’ennemi le plus redoutable n’est pas en dehors de nous, il est en nous, aussi vieux que

l’humanité : sous couleur d’aimer Dieu, ce sont les louanges du monde que l’on recherche. Il estsi tentant de voir ses qualités, ses travaux, ses réussites recevoir les honneurs des hommes. SaintJean n’écrivait-il pas aux premières églises naissantes dans la chrétienté du bassinméditerranéen :

« N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde. Siquelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui.Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de lachair, la concupiscence des yeux et l’orgueil de la vie, nevient point du Père, mais du monde. Le monde passe, et saconcupiscence aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieudemeure éternellement. » (I Jn 2, 15–17)

Ainsi parlait, en son temps, du modernisme de la charité l’apôtre qui avait reposé sur leCœur de Jésus : il devait savoir ce qu’il disait. Lui-même ne se faisait que l’écho de son Maîtredésignant en parabole le modernisme du cœur dont parle Péguy : « Ne vous amassez pas destrésors sur la terre… mais amassez-vous des trésors dans le ciel… Là où est ton trésor, là aussisera ton cœur. Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou ils’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse. » (Mt 6, 19–24)Ne cherchons pas ailleurs la cause de cet aveuglement du cœur dont souffre la chrétientémoderne : on voudrait la fin, mais on ne veut pas prendre les moyens, qui passent toujourspar le renoncement au monde et à sa gloire.

Une religion dénaturée…Pour les lecteurs qui ne verraient pas encore quel rapport nous établissons entre ces

sentences évangéliques et la pensée de Péguy sur la déchristianisation, citons encore Notrejeunesse :

« [ Le christianisme ] n’est plus socialement qu’une religion de bourgeois, une religion deriches, une espèce de religion supérieure pour classes supérieures de la société, de la nation,une misérable sorte de religion distinguée pour gens censément distingués ; par conséquent cequ’il y a de plus superficiel, de plus officiel en un certain sens, de moins profond ; de plusinexistant… et surtout tout ce qu’il y a de plus contraire à son institution ; à la sainteté, à lapauvreté, à la forme même de son institution. A la vertu, à la lettre et à l’esprit de soninstitution. De sa propre institution. Il suffit de se reporter au moindre texte des Evangiles. »

Telle est la vraie cause de la déchristianisation moderne, et Péguy jugera la question sigrave qu’il y consacrera trois ans plus tard un cahier entier : ce sera L’argent, centré sur cetteidée que la révolution moderne est issue de l’esprit capitaliste qui a infecté progressivementtoutes les classes de la société chrétienne.

Par le refus égoïste de faire fructifier, POUR DIEU, nos talents Que l’on comprenne bien le point de vue de Péguy : il n’entend point faire de la lutte des

classes, mais dénoncer un esprit opposé à celui de l’Evangile. Comme toute mauvaise plante quifinit par envahir un jardin entier, l’esprit capitaliste peut affecter toutes les classes sociales, maisil a ses terres d’élection qui sont précisément les classes dans lesquelles il y a de l’argent et où

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celui-ci n’est pas mis à sa place par l’amour de Dieu. Et c’est un esprit, c’est-à-dire une attitudemorale qui oriente tous les domaines de l’agir humain, pas seulement celui des richessesmatérielles. Il existe un « capitalisme » autrement plus dangereux que celui de l’économie et desfinances, c’est celui des richesses spirituelles. Il consiste à refuser de faire fructifier pour Dieules talents reçus, en les conservant jalousement pour soi. Mais dès lors qu’ils ne fructifientpoint en vue du Royaume, les biens spirituels sont dilapidés. Et c’est notre cas à tous, cartous nous sommes des économes infidèles. L’aboutissant de cet esprit, si nous ne nous tenonspas en garde contre lui par une vigilance constante, c’est toujours l’orgueil du monde, le désir dela gloire, qui peut aller jusqu’à se parer des formes les plus saintes et de l’apparence de la vertu.Tout le secret de la vie chrétienne consiste à prendre la porte étroite de l’humilité et del’espérance, qui font agir uniquement pour l’amour de Dieu, en vue du ciel.

RReevveenniirr aauu vvéérriittaabbllee eesspprriitt ddee cchhrrééttiieennttééSi donc nous sommes vraiment désireux de voir notre pays se réformer dans le sens de sa

vocation chrétienne, c’est à nous qu’il appartient, chacun à notre rang et place dans la société, demontrer l’exemple de l’esprit de l’Evangile. Il va de soi qu’une telle réforme passera, en premierlieu, par le renoncement à toute attitude parente de celle dénoncée dans Notre jeunesse parPéguy :

« C’est cette pauvreté, cette misère spirituelle et cette richesse temporelle qui a tout fait,qui a fait le mal. C’est ce modernisme du cœur, ce modernisme de la charité qui a fait ladéfaillance, la déchéance, dans l’Eglise, dans le christianisme, dans la chrétienté même qui afait la dégradation de la mystique en politique. »

Quand l’esprit de parti l’emporte…Péguy reprend son idée, déjà exprimée à propos de l’affaire Dreyfus, d’une mystique

dégradée en politique. Qu’est-ce à dire ? Tout simplement, que l’esprit de parti et les intérêtshumains prennent le pas sur les intérêts spirituels. C’est ce que Péguy avait reproché auxpoliticiens de l’affaire Dreyfus, au moment où lui-même n’avait pas d’autre désir que detravailler au salut éternel de la France. Il importe de le savoir, pour saisir en quel sens il adressemaintenant ce même reproche, non plus aux politiciens de la politique, mais aux politiciens duspirituel. Quand une affaire du plus haut intérêt spirituel dégénère en sombre querelle de partis,cela ne peut être qu’aux dépens de l’enjeu spirituel lui-même. C’est ce que montre Péguy :« Une fois de plus deux partis contraires… se sont mis d’accord non pas seulement pour fausserle débat qui les divise ou paraît les diviser, mais pour fausser, pour transporter le terrain mêmedu débat là où le débat leur sera le plus avantageux, leur coûtera le moins cher à l’un et àl’autre, poussés par la seule considération de leurs intérêts temporels. L’opération consiste àeffacer, à tenir dans l’ombre cet effrayant modernisme du cœur et à mettre en première place, enseule place, le modernisme intellectuel… C’est un décalage, une substitution, un transfert, untransport, une transposition merveilleuse. Un déplacement perfectionné. Les intellectuels sontenchantés. »

L’unité de l’Eglise est atteinteAjoutons que c’est un transfert qui peut coûter parfois très cher : les ruptures de l’unité de

l’Eglise en font preuve. Nos intentions valent ce que vaut notre cœur : même lorsqu’il s’agit dedéfendre les causes les plus saintes, si les motifs d’agir ne sont point purifiés par l’or de lacharité, on court à la ruine. Prenons donc le temps d’examiner notre cœur (un pèlerinage est faitpour cela précisément), demandons-nous où est notre trésor : est-il bien au ciel, et seulement auciel ? Ou bien ne serait-il pas encore un peu sur la terre ? Nous avons été très attentifs à la

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qualité de notre foi, nous l’avons voulue absolument intègre, c’est bien. Mais il faut allerplus loin maintenant : il est temps de regarder ce que vaut notre charité. A-t-elle toutes lesqualités que l’on est en droit d’attendre d’elle, énumérées par saint Paul dans ses épîtres ? Est-elle sans feinte, désintéressée, humble, accueillante, excusant tout, supportant tout ? Est-ellevéritablement ce « lien de la perfection » grâce auquel les divers membres de l’Eglise sesupportent mutuellement et se pardonnent réciproquement si l’un a sujet de se plaindre del’autre ? A la lueur des textes de Péguy cités plus haut, demandons-nous si la chrétienté que nousvoudrions refaire présente vraiment tous les caractères de cette religion du cœur, cettecommunion que lui-même a trouvée un jour sur son chemin de conversion ?

PPaarr llaa ccoonnvveerrssiioonn dduu ccœœuurrCar si nous voulons faire partie de sa « paroisse invisible », cette race spirituelle issue de

sa lignée, il ne suffit pas de faire monter de l’encens à la mémoire de son œuvre d’écrivain et depoète, il faut encore marcher nous-mêmes à sa suite. Et cela ne consiste pas à imiter les gestesdes époques passées où la foi avait une consécration temporelle, publique, comme ce fut le casau Moyen-Age. Nous n’avons nullement envie de construire une chrétienté de musée.

Non pas revenir en arrière, mais avancer…Nous voulons faire les gestes authentiques de notre race, ceux que nous inspire le sang de

cette race qui coule aujourd’hui dans nos propres veines.Mais laissons Péguy lui-même nous dire de quelle manière il est arrivé à la chrétienté, sans

rien renier de ce qu’il avait d’abord été dans l’affaire Dreyfus évoquée plus haut. Il s’en estexpliqué dans “Un nouveau théologien, monsieur Laudet” :

« Je ne puis parler naturellement que pour moi et pour ceux de ma race spirituelle parmiceux de ma race charnelle. C’est par un approfondissement constant de notre cœur dans lamême voie, ce n’est nullement par une évolution, ce n’est nullement par un rebroussement quenous avons trouvé la voie de chrétienté. Nous ne l’avons pas trouvée en revenant. Nous l’avonstrouvée au bout. C’est pour cela que nous ne renierons jamais un atome de notre passé. Nousavons pu être pécheurs. Nous l’avons été certainement beaucoup. Mais nous n’avons jamaiscessé d’être dans la bonne voie. Notre préfidélité invincible, notre jeune préfidélité aux mœurschrétiennes, à la pauvreté chrétienne, aux plus profonds enseignements des Evangiles, notreobstinée, notre toute naturelle, toute allante préfidélité secrète nous constituait déjà uneparoisse invisible. Nous avons pu être avant la lettre. Nous n’avons jamais été contre l’esprit…Notre dreyfusisme et notre socialisme étaient profondément spiritualistes, ils étaientprofondément mystiques et profondément une discipline mystique. Quant à restaurer unediscipline mystique, Dieu merci, on n’a pas besoin de nous. Il ne s’agit point de restaurer unrègne aboli. Il s’agit si je puis dire de continuer tout tranquillement dans le temps à notre tourun règne spirituel qui ne sera jamais aboli. »

par la conversion et la pénitence.Telle est l’aventure mystique de la France, dont Péguy nous montre la voie. Elle ne

consiste pas à revenir sur nos pas en faisant comme si nos péchés passés n’avaient jamais existé,mais au contraire à avancer par la conversion du cœur et la pénitence. Et plus on fait pénitence,plus les péchés deviennent présents à la mémoire, mais d’une présence à laquelle l’Amour nefait jamais défaut car le vrai repentir est une découverte chaque jour plus profonde et émerveilléede la Miséricorde divine. Et si nous lisons ces lignes de Péguy à la lumière de la vocationchrétienne, nous verrons qu’il se place ici dans la perspective de ce que l’Eglise appelle laprédestination : la pensée éternelle de Dieu sur chacune de nos âmes qui se traduit un jour de

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notre vie par cet appel à la pénitence et à l’Amour, que nous restons toujours libres d’accepter oude refuser.

Il en est de même des nationsEt on en dira autant des nations : comme il y a des âmes élues, il y a des nations élues que

Dieu prédestine à une mission particulière. Dans cette perspective, peu importe leur état social etmême moral au moment où Il les appelle, car comme l’enseigne le dernier Concile, parl’Incarnation le Christ s’est en quelque sorte uni à tout homme. Dieu n’a pas eu peur du péché,au contraire : pour nous en libérer, pour montrer à quel point Il pouvait aimer les plus grandspécheurs, Il a envoyé son propre Fils dans notre chair. Et nous allons voir que c’est justement celien de l’Incarnation que Péguy a retrouvé en remontant dans sa race charnelle :

« Ce qui fait que l’on est ou que l’on n’est pas de chrétienté, ce n’est pas que l’on est plusou moins pécheur. C’est une toute autre question, c’est un infiniment autre débat. Ladiscrimination est tout autre. Le pécheur est de chrétienté… Le pécheur est partie intégrante,pièce intégrante du mécanisme de chrétienté. LE PECHEUR EST AU CŒUR MEME DE CHRETIENTE. Nuln’est aussi compétent que le pécheur en matière de chrétienté. Nul, si ce n’est le saint. Et enprincipe c’est le même homme… Le pécheur tend la main au saint, donne la main au saint,puisque le saint donne la main au pécheur. Et tous ensemble, l’un par l’autre, l’un tirant l’autre,ils remontent jusqu’à Jésus, ils font une chaîne qui remonte jusqu’à Jésus, une chaîne aux doigtsindéliables. Celui qui n’est pas chrétien, celui qui n’a aucune compétence en christianisme, enchrétienté, en matière de chrétienté, c’est celui qui ne donne pas la main. Peu importe ensuite cequ’il fera de cette main… Le chrétien ne se définit pas par l’étiage, mais PAR LA COMMUNION. Onn’est point chrétien parce qu’on est à un certain niveau, moral, intellectuel, spirituel même. Onest chrétien parce qu’on est d’une certaine race remontante, d’une certaine race mystique,d’une certaine race spirituelle et charnelle, temporelle et éternelle, d’un certain sang. Ceclassement cardinal ne se fait point horizontalement mais verticalement… C’est une cité. Unmauvais citoyen est de la cité. Un bon étranger n’en est pas. Un mauvais Français est français.Un bon Allemand n’est pas français. »

Une paraphrase de l’épître aux EphésiensIl y a dans ces lignes une paraphrase (à la française) de l’épître aux Ephésiens. Il suffit de

transposer au sang de la race mystique ce que Péguy dit du sang de la race charnelle, pourretrouver l’enseignement que l’apôtre adressait aux païens d’Ephèse convertis au christianisme :« Vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes de passage ; mais vous êtes les concitoyens dessaints. » Il est assez facile d’imaginer que tous ces nouveaux venus au baptême étaient encoreloin de la sainteté consommée, le restant de la prédication de saint Paul en témoigne. Cependant,il ne les considérait pas moins comme des citoyens de la Cité chrétienne, faisant donc partie dela même communion, greffés par le baptême sur cette race remontante, mystique, participant à lamême sève du Sang, ayant tous reçu le même Esprit qui anime l’ensemble du Corps. Mais la vuede Péguy apporte en outre quelque chose d’autre : elle montre que ce lien de communion, rendueffectif par la mort du Christ, ne vient point se plaquer comme de l’extérieur sur le lien charnelde l’Incarnation qui a fait du Fils de Dieu notre frère en humanité. Il n’y a en réalité qu’un seullien : celui du Sang, qui a commencé par couler charnellement dans le sein de Marie pour formerl’humanité de Jésus, avant de se répandre mystiquement sur toute la race humaine par le mystèrede sa Passion et de sa Mort.

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UUnnee ggrraavvee iimmppiiééttéé :: vvoouullooiirr iimmmmoorrttaalliisseerr llee tteemmppoorreellCar Péguy ne sépare jamais les mystères du christianisme, comme font nos théologiens

modernes. Il les voit au contraire dans leur unité profonde, ce qui donne à son œuvre une placeunique au-dessus de la théologie. C’est la raison pour laquelle l’ombre de la Croix se projettetoujours sur la lumière de l’Incarnation dans ses poésies. Y penser un peu plus souvent devraitnous aider à mieux comprendre l’idée qu’il se faisait du temporel chrétien, peut-être même aubesoin à rectifier notre conception des choses.

La nécessaire articulation du spirituel et du temporel Il suffirait pour cela de revenir à l’exemplaire de toute société chrétienne : celle-là même

où Jésus naquit, vécut et s’est offert en sacrifice pour notre salut. C’est ce que Péguy fait sanscesse dans ses œuvres, tout attentif qu’il était à rappeler la nécessaire articulation du spirituel surle temporel qui est la loi depuis l’Incarnation, et c’est cela qui l’empêche de tomber dans cequ’on pourrait appeler un “millénarisme de chrétienté”. Ouvrons son ‘’ Dialogue de l’histoire etde l’âme charnelle’’ :

« Depuis la naissance, la Nativité, depuis l’incarnation, depuis la prédication, depuis larédemption, depuis la lance et la croix, depuis tant de mystères, le monde, hélas, le monde, on levoit bien, n’a pas sensiblement changé… J’entends en dessus, superficiellement, publiquement etpour ainsi dire historiquement. La face du monde pour ainsi dire n’a point été superficiellement,publiquement, historiquement, sensiblement modifiée… J’entends précisément pour un regardgrossier, pour un regard temporel, pour un regard comme matériel, pour un regard humain,pour un regard public, pour un regard historique, pour un regard historien. Après, commeavant, il y a eu des guerres, et on lui a même fait, on vous a même fait bonne mesure. Lechrétien, le christianisme, la chrétienté n’est point une opération publique, superficielle, deface, historique, historienne. Ce n’est point un événement tout cela. C’est un événement, uneopération toute secrète, intérieure, très profonde et qui, souvent, d’autant qu’elle est profonde,d’autant plus qu’elle est plus profonde, souvent ne modifie point les aspects extérieurs,superficiels, souvent ne change rien aux apparences… Le chrétien, le christianisme, lachrétienté, la christianisation, l’événement chrétien, l’opération chrétienne est une opérationmoléculaire, qui a souvent laissé intactes les écorces de l’événement. »

La chrétienté est principalement un royaume spirituelLe moins que l’on puisse dire, c’est que ces lignes ne vont guère dans le sens d’un

christianisme “social”, comme on dit de nos jours. Il nous est bon de les méditer, d’en peser toutle poids afin d’examiner si nous n’aurions pas tendance nous aussi à contempler la chrétientéavec ce regard grossier, matériel, que Péguy fustige ici. S’il va même jusqu’à manifester uncertain mépris à l’égard du temporel, c’est parce qu’il descend aux profondeurs, à l’essencemême de la chrétienté, et il découvre qu’elle est principalement et avant tout un royaumespirituel, comme l’avait rappelé Pie IX avec insistance dans son encyclique sur le Christ-Roi.Après le beau rêve de jeunesse de la République Socialiste Universelle et les espoirs encore bienhumains de sa première Jeanne d’Arc, Péguy finit par comprendre que, tout en étant dans lemonde, le chrétien ne doit pas être du monde s’il veut rester fidèle à sa vocation de chrétien. Car,en chrétienté comme en toute chose, il y a un ordre des causes qui doit être respecté.

La philosophie la plus élémentaire nous le dit : les causes sont causes entre elles certes (etil est bon de ne jamais l’oublier), mais c’est la cause formelle qui a raison de fin, non la causematérielle. Le temporel, tout en étant une pièce indispensable du mécanisme de chrétienté, n’enresterait pas moins dépourvu de signification s’il n’était informé par le spirituel. Or, la plusgrande réalité spirituelle de toute l’histoire religieuse de l’humanité est tout le contraire d’uneréussite temporelle : à vue humaine, historique, la Croix apparaît comme un échec total, elle estscandale pour les Juifs et folie pour les païens.

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St Martin

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Rien à voir avec une idylleC’est pourquoi la chrétienté que Péguy envisage n’a rien à voir avec une idylle radieuse,

sans nuages, entre le spirituel et le temporel :« Dans l’ensemble l’histoire de la chrétienté est, comme en particulier, l’histoire

particulière du chrétien. Si le chrétien, pris individuellement… à dater du moment où il devientchrétien, échappait automatiquement au malheur temporel, à la misère humaine et terrestre, àsa condition terrestre, aux misères, à toutes les misères… tout tomberait, mon ami, tout lesystème tombe. S’il ne reçoit plus, si à dater de cette date il ne recevait plus que fortune et gloireet santé, que réussite temporelle, et très notamment qu’immortalité temporelle… Autrementalors ce ne serait pas la peine ; l’épreuve terrestre, le passage de vieillissement, l’épreuveterrienne, la peine serait vaine, inutile… Ce serait tout de suite le royaume de Dieu et non pascette cité de Dieu. Voilà ce qu’oublient trop, ce que perdent généralement de vue nos clercs, etceux qui vivent dans la règle, et même ceux qui vivent dans le siècle. Il y a beaucoup d’impiétédans leur ignorance du siècle (temporel)… Peut-être, en un sens, infiniment d’impiété ; ainsiqu’infiniment de méconnaissance de ce qu’est la création, ce qui fait la création même. »

Ne pas vouloir immortaliser le temporelAvec nos beaux rêves de civilisation chrétienne, ne tomberions-nous pas parfois dans cette

impiété subtile qui consiste à vouloir immortaliser le temporel ? Voilà encore une question qu’ilconviendrait de se poser aujourd’hui, en faisant le bilan de toutes nos dépenses en œuvresdiverses pour que France et chrétienté continuent. La chrétienté n’a jamais cherché àimmortaliser le temporel : comment le pourrait-elle puisque le temporel est, par essence, destinéà passer ? Elle cherche seulement à en tourner les aspirations vers le ciel, au prix de bien desépreuves, des misères, et même de l’échec. Car la force communiquée à l’Eglise par lesacrifice du Christ, quoique divine, ne la garantit point contre l’échec temporel, aucontraire. Mais, si Dieu permet que nos œuvres aboutissent à quelque résultat tangible, sajustice exige de nous que ce ne soit jamais pour que nous en tirions quelque gloire aux yeux dumonde.

LLaa vvooccaattiioonn ddee llaa FFrraannccee :: ssaauuvveerr ll’’eesspprriittAinsi, la vocation de la France est de sauver les valeurs spirituelles dans le monde, en

montrant que le temporel n’a de sens que pour les hommes dont le cœur est installé dansl’éternel. Ce devrait être le rôle des chrétiens. Mais cela suppose qu’ils passent par cetanéantissement que le Christ a librement subi pour notre salut. C’est une opérationproprement mystique, et c’est l’aventure à laquelle Péguy nous invite. Il n’est pas étonnantqu’il ait été très peu suivi dans cette voie.

A l’exemple des Charlier : se réformer soi-mêmeParti dreyfusard comme Péguy, qu’il lisait dans les Cahiers de la quinzaine, Henri Charlier

eut un cheminement analogue au sien, et même plus radical puisque, ni lui ni son frère André,n’étaient baptisés. Henri a laissé sur sa conversion ce témoignage sur lequel tout pèlerin deChartres pourrait méditer cette année :

« A dix-huit ans, avec l’outrecuidance de cet âge, je voyais comme le but de ma vie deréformer l’art et la pensée dans le sens de l’esprit français, parce que je l’estimais plusuniversel, cela surtout contre la philosophie et la musique allemandes. Dix ans plus tard, jem’apercevais que ce qu’il y a d’universel dans l’esprit français était catholique, et que lapremière chose à réformer, c’était moi-même. »

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Deux ans après il demandait le baptême, et entrait dans la communion de l’Eglise. C’étaiten juin 1913. Il ne fait aucun doute qu’au milieu même des tempêtes générées quelquescinquante ans plus tard par le soi-disant « esprit du Concile », l’idée de sortir de cettecommunion ou de vivre en marge n’aurait jamais effleuré Henri Charlier. Il était artiste(sculpteur, peintre, musicien), mais artiste de chrétienté : il n’était pas homme à vouloirimmortaliser le temporel, même le temporel des formes sacrées dont use l’Eglise, auquel ilapportait par son art une appréciable contribution.

Une voie qui semble folie aux yeux du mondeAndré Charlier, son frère, était, lui aussi, de la même race mystique que Péguy, envers

lequel il éprouvait plus qu’une admiration de littérateur. Entre son œuvre écrite, qui n’est pointvolumineuse mais essentielle, et celle de Péguy, il y aurait lieu de parler de filiation. Dans sonlivre ‘’Que faut-il dire aux hommes’’, il évoque le temporel et la France en des termes quiachèveront de nous défaire de toute espèce de millénarisme :« Si Dieu permet que nous n’ayons plus rien de temporel pour nous y raccrocher, il faut adorerSa main toute paternelle. Ce serait une chose très séduisante de refaire les cathédrales, et nousen avons rêvé comme bien d’autres, mais peut-être serait-ce trop séduisant ? (…) En somme,depuis que nous lisons l’Evangile, nous n’y avons jamais rien compris. Nous avons pourtant lu,à toutes les pages, que Jésus n’a pas cessé de répéter que Son royaume n’est pas de ce monde.Depuis notre jeunesse nous avons toujours fait, sans nous l’avouer, comme si le royaume deDieu pouvait être de ce monde. Nous n’avons jamais voulu songer, parce que cela nous gênait,que l’imitation de Jésus-Christ est la seule voie du salut, et qu’il s’agit d’une imitation littérale,celle-là même devant laquelle n’a pas reculé Jeanne d’Arc. (…) Nous voulons bien suivreJésus, mais nous voudrions réussir mieux que Lui. Dieu nous signifie aujourd’hui clairementqu’il n’y a pas moyen : bénissons-Le de nous avoir si bien ouvert les yeux. (…) Nous avonsmaintenant compris que nous ne sauverons rien de temporel. Quand on l’a compris, cela donneune force singulière. » (Ut abundetis in spe) .

On conçoit aisément, après ça, que Péguy et les Charlier ne soient point suivis dans cettevoie : aux yeux du monde elle apparaît pour ce qu’elle est proprement, une folie… Et le monde,toujours avide de gloire temporelle, préfère fermer les yeux.

LLaa cchhrrééttiieennttéé rreevviieenntt……Nous avons longuement cité Péguy afin de faire connaître sa pensée pour ce qu’elle est

réellement, parce qu’il semble qu’elle ne soit pas toujours bien comprise. Lorsque les idées sontdétachées de la pensée qui les porte, pour servir de « thème à réflexion » ou « d’idées forces » àn’importe quel type de rassemblement humain, elles se transforment souvent en idéologies ou enslogans, bons seulement pour les systèmes. Or la pensée de Péguy est ce qu’il y a de plusétranger à un système : c’est une race, et une race tout à fait à part dans l’ordre des valeursspirituelles parce que le sang qui la nourrit est de ce sang de France qui a été plongé dans leseaux de la grâce il y a quinze siècles, aux fonts baptismaux de Reims. Toutes les nations dumonde ne peuvent pas en dire autant, d’où la responsabilité qui nous incombe devant toute lachrétienté.

Entrons dans une race mystique…Alors, si nous voulons bien entrer dans cette race nous finirons peut-être par comprendre

ce que signifie faire partie de la communion de l’Eglise, et nous serons ainsi à même de voir enquel sens nous devons avancer pour rester fidèles à cette “voie de chrétienté” retrouvée parPéguy. C’est l’amour qui est le fondement et la fin de toute vie en société, non lesprogrammes sociaux ou pastoraux. Cela, des païens l’avaient compris dès avant le

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christianisme. Dans ses dialogues, Platon rapporte une conversation entre Socrate et le jeuneAlcibiade qui jette une lumière de la Grèce éternelle sur nos préoccupations actuelles. Comme àl’accoutumée, c’est Socrate qui questionne son disciple, pour l’amener à découvrir de lui-mêmela vérité :

« Socrate — Et l’Etat maintenant ? Quelle est la chose dont la présence ou l’absence faitqu’il est en meilleure condition, qu’il s’entretient mieux et qu’il est mieuxadministré ?

Alcibiade — C’est, à mon avis, Socrate, quand les citoyens y sont amis les uns des autres,et que la haine et l’esprit de parti en sont absents.

Socrate — Eh bien ! Ce que tu appelles être amis, est-ce être en concorde, ou endiscorde ?

Alcibiade — En concorde…Socrate — Qu’est-ce enfin que cette concorde dont tu parles ? Quel en est l’objet ?Alcibiade — Ce que j’entends, je crois, par amitié et concorde, c’est l’accord de sentiments

que l’affection établit chez les père et mère à l’égard de leur fils, chez le frèreà l’égard de son frère, chez la femme à l’égard de son mari. »

Socrate frayait ainsi la voie à l’Evangile. On sait où cela l’a mené : il a fini comme Jésus,condamné à mort pour le motif de corrompre la jeunesse en l’exhortant à ne pas croire aux dieuxauxquels croyait l’Etat. L’Eglise, étrangère absolument à tout esprit de parti, a toujours accueilliavec bienveillance les vérités naturelles issues du paganisme. Sur ce même Aréopage d’Athènesoù Socrate déambulait avec ses disciples, quatre cent cinquante ans plus tard saint Paulempruntait un vers au poète stoïcien Aratos pour convaincre les athéniens philosophes del’existence d’un Dieu unique :

« Athéniens, en tout je vous vois éminemment religieux.Car, passant et observant ce qui regarde votre culte, j’aitrouvé même un autel avec cette inscription : “Au dieuinconnu.” Ce que vous adorez sans le connaître, moi jevous l’annonce… D’un seul homme Dieu a fait sortir tout legenre humain pour habiter sur toute la face de la terre, afinque les hommes cherchent Dieu, si toutefois ils le peuventtrouver comme à tâtons, et vraiment il n’est pas loin denous. Car c’est en lui que nous avons la vie le mouvement etl’être, comme l’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : “Et de sa race nous sommes…” Ainsi donc, étant de la racede Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soitsemblable à de l’or ou à de l’argent, ou à de la pierre,sculptés par l’art et l’imagination de l’homme. » (Act 17, 22–30)

par le lien de la communion dans le sang du ChristNe cherchons pas ailleurs la race mystique dont parle Péguy, elle est là. Tous les hommes

— sans exception — sont frères en Adam ; et le Nouvel Adam n’a pas détruit ce lien naturelpour lui en substituer un autre, qui lui serait étranger. Car la grâce ne détruit jamais la nature,elle la surélève par le lien de la communion dans le Sang du Christ. A nous, Péguy ne demandepas d’aller révéler le “dieu inconnu” aux païens des aréopages modernes, ni même de prêcher leretour à l’unité aux chrétiens des confessions séparées. Il demande seulement que nous ouvrionsles yeux, que nous les tournions du bon côté et que nous tendions la main aux “domestiques dela foi”, ces frères les plus proches de nous qui œuvrent déjà par les Théologales dans l’entièrecommunion de l’Eglise.

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Mais goûtons encore le plaisir d’entendre Péguy nous dire cela, avec son “Dialogue del’histoire et de l’âme païenne”. C’est Clio, la muse de l’histoire, qui parle :

« Les Théologales sont si éclatantes que leurs lumières transparaissent dans lesdétournements mêmes qu’on en fait…Que m’importe que ces détournements soient deslaïcisations. Dieu aime peut-être plus une Vertu détournée que pas de vertu du tout. Oui cesmodernes ont voulu éliminer d’eux, de leur société, de tout leur être toute substance dechrétienté. Je le sais peut-être, dit-elle, et si quelqu’un le sait c’est moi. Mais je sais aussi, dit-elle, que la grâce est insidieuse, que la grâce est retorse et qu’elle est inattendue… Quand lagrâce ne vient pas droit, c’est qu’elle vient de travers. Quand elle ne vient pas à droite, c’estqu’elle vient à gauche… Oui le monde moderne a tout fait pour proscrire la chrétienté, pouréliminer de soi toute substance, tout atome, toute trace de chrétienté. Mais si je vois uneinvincible, une insubmersible, une incompressible chrétienté, resourdre d’en dessous, resourdredu pourtour, resourdre de partout, vais-je la méconnaître, parce que moi infirme je n’avais pascalculé d’où elle viendrait… Il faut se méfier de la grâce, mon enfant… Elle fait faire ce que l’onne veut pas faire, mon ami, et elle fait arriver du pied que l’on n’était pas parti… Par elle laroute que l’on avait commencée, on ne la finit pas, et la route que l’on n’avait pas commencée,on la finit.… Ce peuple achèvera un chemin qu’il n’a pas commencé. Ce siècle, ce monde, cepeuple arrivera par la route par laquelle il n’est pas parti. Et beaucoup en outre se revêtiront,se retrouveront dans les sacramentelles formes. »

La chrétienté revient, comme on ne l’attendait pasCette chrétienté que Péguy voyait prophétiquement se lever du côté que l’on n’attendait

point, nous l’avons aujourd’hui sous les yeux, en France et ailleurs. Les Théologales reviennent ,elles auront bientôt retrouvé tout leur éclat, n’en doutons point. Ce fut la célébration duquinzième centenaire du baptême de Clovis à Reims, ce sont les journées mondiales de lajeunesse. Autant de signes d’une remontée spirituelle qui ne peuvent tromper. Henri Charlierdisait : « Les nations sont mortelles certes ; seule durera jusqu’à la fin des temps la sainteEglise catholique. La France n’a qu’à vivre de la vie de l’Eglise pour durer. »

L’Eglise attend de nous aujourd’hui les initiatives qui contribueront à faire durer la Franceet la chrétienté. Le Saint-Père lui-même a pris la peine de venir en personne le demander auxcatholiques français le 22 septembre 1996 à Reims, au cours de l’homélie de la messe célébrantl’anniversaire du baptême de Clovis :

« Tous les baptisés sont appelés à l’unité : l’unité de la foi, de la charité et de la viechrétienne, l’unité sacramentelle de l’Eglise. Cette unité est l’œuvre de Dieu — de l’Esprit Saint— et, en même temps, elle est confiée à chacun pour qu’il y contribue selon ses propres dons.C’est justement parce que vous avez derrière vous tant de siècles de christianisme que vous êtesappelés à agir de manière digne de la vocation chrétienne. La vocation des baptisés a unedimension constante, éternelle, et elle a une dimension particulière, temporelle. En un sens, leschrétiens de notre temps ont la même vocation que les premières générations de chrétiens devotre terre, et, en même temps, leur vocation est déterminée par l’étape présente de l’histoire.L’Eglise est toujours une Eglise du temps présent. Elle ne regarde pas son héritage comme letrésor d’un passé révolu, mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinagede la foi sur des chemins toujours nouveaux. »

Au détour de ces chemins, il est une voix qui se fera entendre jusqu’à la fin des temps àl’Eglise et qui s’adresse à nous aujourd’hui, c’est celle du Fils de Dieu à l’ange d’Ephèse :

« Je connais tes œuvres, ton labeur et ta patience ; je sais quetu ne peux supporter les méchants, que tu as éprouvé ceux

qui se disent apôtres et ne le sont pas, et que tu les as trouvésmenteurs… Mais j’ai contre toi que tu t’es relâché de ton

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premier amour. Souviens-toi donc d’où tu es tombé, repens-toi et reviens à tes premières œuvres. » (Apoc. 2, 2–5)

Une réforme des mœurs est nécessaireUne réforme des institutions dans le sens du temporel chrétien n’est pas possible sans une

réforme des mœurs. On voit souvent commettre de graves erreurs là-dessus. Un des inspirateursdes premières encycliques sociales, Le Play, écrivait : « Tant que la loi morale n’aura pas reprisson empire sur les cœurs, la vie privée, le gouvernement local et l’Etat ne pourront êtreraffermis, et la Souveraineté restera sans assiette. Malheureusement, cette vérité est méconnuechez nous : c’est toujours en commençant par le sommet que nous voulons rebâtir l’édificesocial. » (Principes de paix sociale) Ne cherchons donc point à voir trop loin ni trop grand,commençons plutôt par la réforme des mœurs (les nôtres, non celles de notre voisin). Or ce sontles vertus théologales qui sont la règle des vertus morales, non l’inverse : on ne parvient point àl’amour de Dieu en menant seulement une vie moralement « honnête », mais c’est la charité quipeut faire, par grâce, d’un pécheur invétéré un très grand saint.

Prendre les armes des saints : la Pénitence et l’AmourCe que la France attend de ses fils d’élection, c’est qu’ils prennent en main les armes des

saints, la Pénitence et l’Amour, qu’ils répondent à l’appel du Saint-Père à Reims :« Vous vous souviendrez que toute traversée de l’épreuve estun appel pressant à la conversion et à la sainteté, afin desuivre jusqu’au bout le Christ qui a livré sa vie pour le salutdu monde. C’est quand la nuit nous enveloppe que nousdevons penser à l’aube qui poindra, que nous devons croireque l’Eglise chaque matin renaît par ses saints. »

La France est dans la nuit, sans doute, mais c’est la Nuit de Péguy, celle qui illumine lesdernières pages du “Porche” : la Nuit de l’Espérance qui descend avec douceur et amour sur lesacrifice de l’Agneau innocent, enveloppant comme dans un grand manteau le Golgotha, laJudée… la France… le monde moderne. C’est la Nuit de tous les mystiques : par elle ilsaccèdent au Trône de Dieu, sur lequel se tient debout un Agneau comme égorgé, et, prosternés àses pieds, vingt-quatre vieillards portant des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prièresdes saints.

La vocation de la France, c’est la vocation de chacun d’entre nous.

Ne perdons plus de temps : ne laissons pas notre coupe vide.

ABBAYE SAINTE-MADELEINE DU BARROUX

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«Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deuxfrères Simon, dit Pierre, et André son frère qui jetaient les filetsdans la mer, car ils étaient pêcheurs. Et, il leur dit “Suivez moiet je vous ferai pêcheurs d’hommes’, eux, aussitôt, laissantleurs filets, le suivirent » (Matthieu IV 18, 19)

Dieu appelle

Ce texte, à lui seul, exprime bien le mystère de la vocation sacerdotale. Celle-ci est le

mystère de Dieu qui appelle les hommes à Le suivre pour être sur terre, d’autres Christ, pêcheursd’hommes, comme Jésus.

“Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et je vous ai instituéspour que vous alliez et que vous portiez du fruit” (Jean XV 16)

La réponse reste libre…Pour l’accomplissement de son plan salvifique, Dieu se choisit des hommes pour travailler

à sa vigne, sa voix se fait entendre à des âges différents, dans des circonstances fort multiples,mais, pourtant, cette voix dit la même chose :“ Viens, suis moi”. Celui qui entend cette voixintérieure peut aisément pressentir le merveilleux de cet appel divin. Pourtant, la liberté resteentière et il en est qui ne répondent pas à cette secrète invitation.

“Car, beaucoup sont appelés, mais peu sont élus” (Mt XXII, 14)

“Jésus, ayant fixé son regard sur lui, l’aima et lui dit :"il te manque une chose va, vendstout ce que tu as, donne le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis

moi” Mais, lui, assombri à cette parole, s’en alla, attristé, car il avait de grands biens.”( Marc X 21 et 22.)

pour devenir « Alter Christus »Répondre à cet appel, pour être par Lui, avec Lui et en Lui “Alter Christus”, c’est donner

sa vie chaque jour pour donner la vie divine par le saint sacrifice de la Messe, la prédication del’Evangile et les sacrements.

“Tout grand prêtre pris d’entre les hommes est établi pour les hommes en ce qui regardele culte de Dieu, afin d’offrir des oblations et des sacrifices pour les péchés. “ (Hb V 1 )“Et, nulne s’arroge cette dignité, il faut y être appelé de Dieu , comme Aaron” (Héb V 4).

“Allez par tout le monde et prêchez l’Evangile à toute le création. Celui qui croira et serabaptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné” (Marc XVI, 15 et 16).

La vocation sacerdotaleLa vocation religieuse

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“En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’esprit, ne peut entrerdans le royaume de Dieu “ (Jean III, 5).

“Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif, bien plus, l’eau queje lui donnerai, deviendra en lui une source d’eau jaillissante pour la vie éternelle” (Jean IV, 14.).

“Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement et le pain que je lui donnerai est machair pour la vie du monde “ (Jean VI, 51).

“Recevez l’Esprit Saint : ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, et ceuxà qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus“ (Jean XX 22 23)

“Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il appelle les prêtres de l'Eglise et que ceux-ciprient sur lui, en l’oignant d’huile, au nom du Seigneur. Et la prière de la foi sauvera le malade”

(Jacques V 14)

Prêtre et victime sur l’autelL’homme choisi par Dieu pour être ‘alter Christus’ doit apprendre à se conformer chaque

jour davantage à ce qu’il est et à ce qu’il enseigne et devenir, lui même, comme son maître,prêtre et victime sur l’autel.

“Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renonce lui même, qu’il prenne sa croix et mesuive. Car, celui qui voudra sauver sa vie, la perdra, et celui qui perdra sa vie, à cause de moi etde l’évangile, la sauvera “( Marc VIII 34)

Aimer c’est tout donner…“Il est hors de doute que Jésus-Christ a présenté à tous ses disciples les plus hautes

exigences pour se mettre à sa suite. Dans ce contexte, il a demandé des dispositions plusprofondes encore à ceux qu’il a appelés à la tâche apostolique. Pierre, André, Jacques et Jeanont tout laissé pour suivre le Christ (Mc I, 16-20), lequel exalte le célibat embrassé comme un dondivin qui permet de mieux se vouer au Seigneur d’un cœur sans partage “.( Sacrée Congrégationpour l’éducation catholique, orientations sur l’éducation au célibat sacerdotal. Numéro 10, Rome, 1974)

Ainsi, celui que Dieu appelle est invité à vivre le célibat du Christ avec l’ascèsesacerdotale que cela implique.

“Il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux.Qui peut comprendre comprenne. “ (Mt XIX, 12)

avec joieLe célibat implique une prudence, la garde du cœur, un combat parfois difficile; mais “ il a

une valeur positive évidente comme disponibilité totale à l’exercice du ministère sacerdotal etcomme moyen de consécration à Dieu sans que le cœur soit partagé ; il a une valeur de signe,de témoignage de l’amour presque paradoxal pour le Royaume des cieux. (..). “Si le célibat estvécu dans l’esprit de l’Evangile, dans la prière et la vigilance, avec pauvreté, joie, mépris deshonneurs, amour fraternel, c’est un signe qui ne peut demeurer longtemps caché; il annonceefficacement le Christ même au hommes de notre temps.” (Orientations sur l’éducation au célibatsacerdotal, numéro 9).

Un prêtre qui vit pleinement de la chasteté du Christ est un prêtre heureux et dont lacharité est rayonnante et féconde.

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LA VOCATION RELIGIEUSE

Auprès de Jésus, il n’y avait pas que les Apôtres, il y avait aussi sa mère et les saintesfemmes; “Il cheminait par les villes et les bourgs, prêchant et annonçant la bonne nouvelle duRoyaume de Dieu; et les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui avaient étéguéries d’esprits mauvais et de maladies: Marie, surnommée la Magdaléenne de laquelle étaientsortis sept démons; Jeanne, femme de Khouza intendant d’Hérode, Suzanne et plusieurs autresqui les assistaient de leurs biens.” (Lc VIII, 1-3)

Pour être au service du Christ…Ces saintes femmes, elles aussi ont reçu un appel intérieur du Christ Sauveur; non pour

être prêtre, ‘alter Christus’, mais pour être ses servantes et ses épouses. Le récit de saint Luc surMarthe et Marie (Lc X, 38-42) exprime bien la double dimension de service et de contemplationpropre à cette vocation religieuse: Marthe servait et Marie restait aux pieds de Jésus pour écoutersa parole. Ces deux femmes, par des voies différentes, ont entendu et ont répondu à la voix del’Epoux: “Mon bien Aimé a pris la parole, Il m’a dit :

“Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens.” (Cantique des cantiques II, 10)

à l’exemple de la Sainte Vierge.La sainte Vierge, elle-même a rempli ces deux offices de la virginité consacrée ; à

Nazareth, elle a rendu près de Jésus et de Joseph tous les bons offices de la mère et de l’épousesans négliger, bien sûr, la part principale : celle qui consistait pour elle à méditer les mystères deson Fils (Lc lI, 51) et à demeurer auprès de lui, dans ses succès et surtout dans ses moments desolitude.

“Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie femme deClopas et Marie de Magdala.” (Jn XIX, 25)

La donation doit être sans retour,Pour ces deux vocations à la vie consacrée, celle du sacerdoce ou celle de la vie religieuse,

Jésus a donné un enseignement clair. L’âme qui a dit oui doit le dire une fois pour toutes et sansretour sur soi:

“Je vous suivrai, Seigneur, mais permettez-moi de faire mes adieux à ceux de ma maison.Jésus lui dit: ‘Celui qui, ayant mis la main à la charrue regarde en arrière, n’est pas propre au

Royaume de Dieu.” (Lc IX, 62)

“Ce n’est pas en disant: ‘Seigneur, Seigneur, qu’on entrera dans le Royaume des cieux,mais en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux.” (Mt VIl, 21 .)

elle est exigeante,Cette volonté de Dieu réclame la fidélité à la donation et demande bien des renoncements

à la volonté propre ; mais, pour celui qui aime Dieu plus que tout, “de tout son cœur, de touteson âme et de toutes ses forces”, aucune épreuve ne reste insurmontable, et les sacrificesconsentis et offerts généreusement produisent la sainteté et la joie.

mais grande sera la récompense.“Pierre se prit à lui dire : « Voici que nous avons tout quitté pour Vous suivre », Jésus

répondit :“ Je vous le dis, en vérité, nul n’aura quitté maison, frères, sœurs, père, mère, enfantsou champs à cause de moi et à cause de l’Evangile, qu’il ne reçoive le centuple dès maintenant,

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au temps présent en maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions et,dans le temps à venir, la vie éternelle. (Marc X 28-30)

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Hélas, “la moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maîtrede la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson.” (Mt IX, 37-38 ).

Devant la multitude des brebis sans pasteur, devant “le mystère d’iniquité” qui œuvrechaque jour davantage (I Thess. Il, 7), devant l’avancée terrifiante des ténèbres de l’incrédulité, del’apostasie des nations et du péché sous toutes ses formes, supplions Notre-Seigneur de nousenvoyer des ouvriers à sa moisson.

INSTITUT DU CHRIST ROI SOUVERAIN PRETRE

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orsque la Sainte Eglise bénit les Fonts Baptismaux, le Samedi-Saint, elle demande « àl'Esprit Saint de venir féconder cette eau, afin que de cette divine fontaine, ayant reçu

la vertu de sanctifier, il sorte de son sein très pure une lignée céleste, une créature nouvelle ».

De fait, l’âme baptisée par cette eau devient l’habitacle de la Sainte Trinité qui lui communiquesa vie divine au travers de la grâce sanctifiante et l’orne des facultés qui lui permettrontd’épanouir sa vie surnaturelle : les vertus théologales de Foi, d’Espérance et de Charité ; lesvertus cardinales surnaturelles de prudence, de justice, de force et de tempérance. En y ajoutantles dons du Saint-Esprit et en l’orientant vers la réalisation des Béatitudes, le Baptême déposedonc, en germe, dans l’âme, toute la sainteté.

La sainteté, si elle est héroïque, ne doit pas être cependant considérée commeextraordinaire. Elle est à la portée de tous, comme l'a magnifiquement rappelé le ConcileVatican II (cf. Lumen Gentium, voir l’Exhortation Apostolique « Christi fideles laïci » de Jean-Paul II). Nousrecommandons à ce propos la lecture des livres du Père Abbé Dom Delatte : Commentaire desEpîtres de saint Paul ; Vivre à Dieu ; Contempler l'invisible ; etc..., tous en vente aux Editionsde Solesmes. La sainteté n’est que la conséquence logique de notre Baptême : travailler detoutes nos forces à l’acquérir est pour nous un devoir.

Or, la prière est, avec la grâce et les Sacrements, un moyen de sanctification. L'attrait quenous avons pour le mal, les tentations diaboliques, le mauvais exemple du monde corrompu etcorrupteur, nos défauts et nos mauvaises habitudes ne seront vaincus que par une prière fervente,constante, persévérante, et faite avec confiance en la bonté et en la miséricorde de Dieu.

MAIS, QU’EST-CE DONC QUE LA PRIERE ?Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous en propose plusieurs définitions :

- C’est la relation vivante et personnelle qui unit les fidèles au Dieu vivant et vrai. (CECn°2558)

- C’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri dereconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. (Sainte Thérèse de Lisieux)

- C’est l’élévation de l‘âme vers Dieu ou la demande que nous Lui faisons des biensconvenables. (Saint Jean Damascène)

- C’est la rencontre de la soif de Dieu et de la nôtre ; Dieu a soif que nous ayons soif deLui. (Cf. l’épisode de la Samaritaine en St Jean IV)

- La prière chrétienne est une relation d’alliance entre Dieu et l’homme dans le Christ. Elleest action de Dieu et de l’homme ; elle jaillit de l’Esprit Saint et de nous, toute dirigée vers lePère, en union avec la volonté humaine du Fils de Dieu fait homme. (…) Elle est chrétienne entant qu’elle est communion au Christ et se dilate dans l’Eglise qui est son Corps. (CEC n°2564-2565).

La prière

L

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Le premier des biens…Ceci appelle quelques remarques. La prière est pour l’homme le premier des biens, car elle

est la respiration de son âme. Elle est pour lui, pour sa vie spirituelle, pour son épanouissement,absolument indispensable, comme l’est, pour sa vie corporelle, la respiration de ses poumons oules battements de son cœur. Elle est sa lumière, sa nourriture, sa vie même, puisque Dieu, sonPère, est la Lumière, la Nourriture et la Vie.

qu’il faut apprendre de Dieu.Mais, de nous-mêmes, nous ne savons pas prier comme il faut et il est nécessaire que nous

nous adressions à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et que nous lui disions, comme les Apôtres,« Seigneur, enseignez-nous à prier » (St LucXI, 1). Lui seul peut délier la langue des muets etrendre bavarde la langue des enfants, et Il accomplit ce prodige en leur envoyant Son Esprit degrâces et de prières qui prend plaisir à aider notre faiblesse, suppliant en nous par ungémissement inénarrable (cf. Rom. VIII). Il serait bon ici de méditer les chapitres XIV et XV deSaint Jean : le discours après la Cène, dans lequel le Seigneur annonce le Nouveau Paraclet, et lecommentaire qu'en a donné Jean-Paul II dans son Encyclique « Dominum et Vivificantem ».

A tout moment…,Le Saint Esprit nous forme à la prière et nous apprend ainsi à entretenir et développer en

nous l’intimité avec Dieu, notre Père. Cette prière peut prendre diverses formes. Mais toutes cesformes doivent faire de nous des âmes intérieures. Tout au cours de la journée, il faut nousexercer à la présence de Dieu pratiquée dans notre devoir d’état, dans la fidélité à l’instantprésent, et s'exercer en même temps à la délicate charité fraternelle, à l'exemple de Marie visitantsa cousine Elisabeth. Saint Luc nous dit « qu'il faut veiller et prier en tout temps » (St Luc .XXI,36)

elle peut prendre différentes formesIl est très facile de faire au cours de la journée, et souvent, de petites oraisons jaculatoires,

qui sont comme des flèches lancées dans le Cœur du Seigneur et le fruit de notre amour: « MonDieu, je vous aime », « Seigneur, venez à mon secours », « Augmentez ma foi », « Que jevoie ». Souvent, de telles prières peuvent être des souvenirs de l’Ecriture ou de phrases de saints.On peut aussi réciter des prières plus longues, mais que tout bon chrétien doit connaître parcœur: Notre Père, Je vous salue Marie, Actes de foi, d’espérance, de charité ou de pénitence, ouencore le Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, ou la prière apprise par l'Ange aux voyantsde Fatima "O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés..."et celle "Mon Dieu, je crois, j’adore,j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorentpas, qui n’espèrent pas et ne Vous aiment pas".

Il faut savoir aussi prier les Saints Anges, particulièrement son Ange Gardien, devant unetentation, pour qu'ils nous défendent contre le Malin.

à l’exemple de JésusIl est frappant de constater que la vie du Seigneur fut une prière continuelle, de jour et de

nuit. Il a entouré tous les grands faits de sa vie par la prière, par exemple avant le choix de sesApôtres, avant la résurrection de Lazare, sa grande prière sacerdotale avant et après l'institutionde l’Eucharistie, etc... Il a enseigné à ses Apôtres la plus belle de toutes les prières: le « NotrePère ».

et de MarieLa vie de Notre-Dame fut aussi une prière continuelle. Elle méditait et conservait dans son

Cœur Immaculé tous les faits de sa vie et de celle de son Divin Fils (cf. St Luc II, 15-21). Dans larécitation du chapelet nous associons la présence de Notre-Dame, à qui s’adressent nos « Ave »,

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et la méditation des Mystères de la vie du Christ. Nous nous mettons ainsi à l’école de Marie, enprenant pour objet de notre contemplation ce qui a fait l’objet de la sienne ici-bas et dont ellegarde le souvenir au ciel. Ajoutons que la plus belle prière de Notre-Dame fut le « Magnificat ».

Tout, dans notre vie, doit être occasion de prière, à l'exemple de Saint Paul : « Soit quevous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (I Cor. X, 31). D’où l’à propos, notamment, du Bénédicite et des Grâces chantés avant et après lesrepas.

Paysannes francaises priantSir G. Clausen , XIXe s. , Londres

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QUELLES SONT LES FORMES DE LA PRIERE ?

- La première, est la bénédiction que nous rendons à Dieu pour tous Ses bienfaits, et celleque nous implorons de Sa tendresse ; et ensuite, l'adoration que nous rendons à Dieu, notreCréateur et notre libérateur, le Roi de Gloire, « Trois fois Saint ».

- La seconde est la prière de demande et, en particulier, celle du pardon de nos péchés,celle de notre salut et de l’Avènement du Royaume de Dieu, auquel nous devons coopérer, selonla doctrine professée par Pie XI, dans son admirable Encyclique sur le Christ-Roi, "QuasPrimas" ; prière de demande, aussi, pour tous nos besoins spirituels et matériels.

- La troisième est la prière d’intercession pour le bien de notre prochain, quel qu'il soit, ycompris nos ennemis, comme Jésus en Croix: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas cequ’ils font » (St Luc XXIII, 33). Nous devons prier pour leur conversion. A ce genre de prièred'intercession, il ne faut pas oublier de joindre les suffrages pour les défunts et les âmes dupurgatoire : offrandes de messes, indulgences, etc...

- La quatrième est l’Action de grâces, qui caractérise la prière même de l’Eglise, pourremercier Dieu de tous Ses bienfaits, ceux de la création et ceux de la Rédemption. Comme le ditSaint Paul : « En toutes conditions, soyez dans l’action de grâces ».

- Enfin, la prière de louange, qui est toute désintéressée, qui se porte vers Dieu, et qui Lechante pour Lui-même, et aussi pour tout ce qu'Il a fait et fait pour nous. C'est la prière surtoutdes religieux, par l'Office liturgique, et du prêtre, par la récitation des Heures. "Ut mens nostraconcordet voci nostræ" (« Afin que notre esprit se mette d’accord avec notre Voix ») comme ledit Saint Benoît. Mais notons aussi (1e Catéchisme de l’Eglise Catholique citant le Concile l’arappelé) que l’Eglise recommande la prière des Heures aux laïcs qui en ont le temps.

La liturgie de la Messe, modèle de prière,…Il n’existe pas de plus parfait modèle de prière que la liturgie. « En elle toute prière

chrétienne trouve sa source et son terme » (CEC n°1073). Nous pouvons remarquer que la liturgiede la Messe revêt toutes les formes de prière susdites. Elle est bénédiction, les multiples signesde croix le montrent assez ; elle se fait adoration au moment du triple Sanctus chanté encompagnie des anges ; elle demande pardon lors des prières au bas de l’autel ; elle intercèdepour les vivants et les morts lors des deux Memento ; elle rend grâces à Dieu par le chantsolennel de la préface « Vere dignum et justum est æquum et salutare, nos tibi semper et ubiquegratias agere, Domine » « Vraiment il est juste et nécessaire, c’est notre devoir et c’est notresalut de vous rendre grâces toujours et partout, Seigneur » ; elle est enfin un sacrifice de louange« sacrificium laudis », comme le dit le Canon Romain. C’est dans la liturgie, prière officielle del’Eglise, que les efforts des fidèles pour s’élever vers Dieu atteignent leur plénitude et se dilatentaux dimensions du Corps mystique du Christ.

rejoint la liturgie du CielLe livre de l’Apocalypse dresse un grandiose tableau de la liturgie céleste. Dieu le Père

siège sur un trône devant lequel se tient un Agneau égorgé au front orné de sept cornes : leChrist offert en sacrifice et dans lequel reposent en plénitude les dons du Saint-Esprit. Vingt-quatre Vieillards et des anges par milliers entourent le trône et rendent continuellement gloire àDieu. L’auteur inspiré ajoute que « toute créature, dans le ciel, et sur la terre, et sous la terre, etsur la mer, l’univers entier » s’associe à ce cantique sans trêve (Cf. Apoc. IV et V). La liturgie de la

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terre rejoint celle du ciel. Elle est toute imprégnée d’espérance et anticipe la gloire du banquetcéleste qui nous a été annoncé par le Seigneur (St Luc XXII, 30).

Les fastes liturgiques qui se déploient au milieu des orgues triomphantes, des vases demétal précieux, des riches ornements et des pierreries ont leur raison d’être. C’est untémoignage, aux yeux de l’homme contemporain, de ce que le Règne de Dieu est déjàcommencé et qu’il doit se réaliser sans cesse davantage jusqu’au jour où la Jérusalem du cieldescendra sur la terre. (Apoc. XXI,2). Qui d’entre nous, après avoir participé à une Messepontificale, ne s’est pas fait cette réflexion : « on se serait cru au ciel » ?

QUELLES CONDITIONS DOIT REMPLIR LA PRIERE ?

- Tout d'abord, l’humilité, qui avoue que nous ne sommes que de pauvres créatures, desriens, et qui ne peuvent rien par elles-mêmes. « Je suis, et toi tu n'es rien »; disait Notre-Seigneur à Sainte Catherine de Sienne, ou plus exactement : « Tu es celle qui n’est pas ». Il fauty joindre la révérence, la dévotion et surtout la pureté du cœur, dont le même Catéchisme del’Eglise catholique a si bien parlé, selon les conseils de Saint Benoît.

- Puis, la confiance inébranlable au Dieu Tout Puissant. Là, Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus nous est un modèle précieux. Il nous faut pour cela pratiquer le plus possible lerecueillement, car Dieu attire l'âme dans le silence pour lui parler au cœur : en un mot, il nousfaut rechercher Dieu et demeurer avec Lui, en tout, dans le travail, la tentation, les souffrancesdu corps et de l'âme, la joie comme la tristesse, ce qui doit nous conduire jusqu'àl'épanouissement du baptême qu'est la sainteté.

- Puis, la persévérance, marque la plus évidente de la fidélité, jusqu'à ce que le Seigneurnous exauce et ce, comme la veuve importune de l’Evangile, sans jamais nous décourager.

- Enfin, l'attention à Dieu, car nous-mêmes, nous sommes des êtres distraits. Chaque foisque notre esprit s'envole, il faut le reprendre de tout notre cœur, aussi souvent que nécessaire. Làaussi et là d'abord, le recueillement est absolument indispensable.

Si toutes ces conditions sont remplies, nous pourrons alors dire en toute vérité, comme lepaysan du Saint Curé d'Ars, qui lui demandait ce qu'il faisait devant le Tabernacle: « Je L'aviseet Il m’avise ». Oui, la prière est le plus grand des biens pour l'homme. Souvenons-nous, enterminant, de la parole lapidaire de Saint Alphonse de Liguori :

"Celui qui ne prie pas se damne, celui qui prie se sauve".

ABBAYE NOTRE-DAME DE TRIORS

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Jeanne d’Arc délivre Orléans

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a France possède ce fait unique dans son histoire d’une intervention divine pour laprotéger contre un ennemi extérieur. En effet, afin que la France puisse garder son titre

de «Fille aînée de l’Eglise », une jeune fille a été suscitée par Dieu Lui-même pour sauver lepays du péril qui le menaçait. Réalisons-nous bien que, si l’Angleterre avait gagné la guerre deCent Ans, alors la France serait devenue possession anglaise et nous «anglicans » lors duschisme d’Henry VIII quelque temps plus tard ? ! !

Mais, parce que la France ne peut être vraiment elle-même que si elle est fidèle à savocation de terre chrétienne, Dieu n’a pas permis que les Anglais gagnent cette guerre. Pourcela, une jeune fille de 17 ans a conduit les armées du Roi de France à la victoire sans connaîtrel’art de la guerre ou du siège, mais parce que «ses voix» lui indiquaient ce qu’il fallait faire etqu’elle était docile à la grâce divine.

Jehanne d’Arc unit parfaitement dans sa personne le naturel et le surnaturel. C’estune jeune fille jolie, saine, vigoureuse et équilibrée, avec du bon sens et un bon jugement selonles témoignages de tous ceux qui l’ont approchée. Mais elle est aussi «fille de Dieu » pleinementsoumise à la volonté de Dieu et vivant dans la grâce et la prière continuelle.

Née le 6 janvier 1412 au chant du coq, Jeanne se prépare à ce qui sera sa mission par la vietoute simple de la campagne alors que le pays est occupé par l’ennemi extérieur et divisé par laguerre civile. Il ne faut pas croire que les choses furent faciles, bien au contraire : c’est sadocilité à la volonté divine et sa vie intérieure qui ont permis la victoire de Dieu. Sa mère ena fait une bonne chrétienne mais ce sont ses voix qui l’ont soutenue et élevée pour qu’elledevienne la grande sainte que nous connaissons.

L’envoi en mission

Il faut distinguer trois périodes dans les apparitions : D’abord une adjuration morale faitepar les saintes martyres, afin de préparer la jeune fille à sa mission. Pour cela, elle doit être unebonne fille, fréquenter l’église et Dieu lui viendra en aide. Ensuite, sa mission lui estdécouverte : elle doit aller au secours du Roi de France, faire lever le siège d’Orléans et conduirele Roi à Reims pour le sacre. Mais, à cette époque, le siège d’Orléans n’est même pascommencé ! C’est l’Archange St Michel qui la convainc peu à peu que sa faiblesse est la forcede Dieu et qu’elle sera capable d’accomplir sa mission. Enfin, quand ce siège débutera, les voixse feront pressantes, afin qu’elle parte voir le sire de Baudricourt. Là il n’est plus questiond’attendre, il faut obéir malgré l’effroi et la peur d’un avenir inconnu et dangereux. Alors Jeanned’Arc comprend qu’elle a été choisie par Dieu et elle accepte tout. C’est de cette époque quedate son vœux de virginité.

Nous voyons que Ste Jeanne d’Arc, dans sa docilité à ses voix, ne s’est pas lancéeaveuglément à l’aventure, puisqu’elle met 5 ans à réaliser leur demande : « Va fille de Dieu,pars, il le faut, va sauver la France et son roi », entend-elle en 1423. Mais elle ne fera le voyageà Vaucouleurs qu’en mai 1428. Les Voix de St Michel, Ste Marguerite et Ste Catherine se font

Sainte Jehanne d’Arc, la sainte de la Patrie

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plus pressantes après l’échec de cette première entrevue où le sire de Baudricourt l’a renvoyée :« Va fille au grand cœur, va …Dieu te sera en aide. »

En février 1429, Jeanne fait un second voyage à Vaucouleurs. Mais désormais le sièged’Orléans est commencé et le sire de Baudricourt est convaincu de la mission de Ste Jeanned’Arc. En effet, Orléans est la dernière grande ville en possession des Français et sa défensefaiblit. Par des erreurs militaires, les soldats du Dauphin ont raté le dégagement de la ville, et lessecours sont désormais impossibles. Avec la chute d’Orléans c’est toute la France quidisparaîtrait et l’Angleterre qui deviendrait toute puissante. Vraiment il est juste de dire qu’«il ya grande pitié au Royaume de France. » Par sa ténacité et sa force de caractère, la Pucelleobtient l’adhésion de Baudricourt et de son entourage. C’est qu’elle est mue par un désir intensede suivre ses Voix, donc la volonté de Dieu. Le 23 février 1429, accompagnée de quelqueshommes d’armes la Bergère de Domrémy part pour Chinon. « Le salut de la France, à cetteminute, n’est qu’une petite lueur, imperceptible, qui disparaît dans les brumes lorraines. Lueursuspendue à une fille de dix-sept ans qui s’en va librement vers son extraordinaire destin. » (L.FABRE) Il leur faut traverser un pays en guerre, plein de dangers. Mais le trajet se fera sansaucun problème et la frêle jeune fille étonne les guerriers par sa résistance, son endurance et saconfiance en sa mission.

La mise à l’épreuveChacun connaît l’épisode de Jeanne reconnaissant le Dauphin au milieu des courtisans à

Chinon. «Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle. Je viens et je suis envoyée de la part deDieu pour porter secours à vous et au Royaume. Et vous mande, par moi, le Roi des cieux quevous serez sacré et couronné en la ville de Reims et serez lieutenant du Roi des cieux qui est roide France.» Mais pour attester le caractère véridique et divin de sa mission, Ste Jeanne d’Arcrésout un secret de conscience qui trouble le futur Charles VII depuis longtemps.

Celui-ci la croit et demande qu’elle soit interrogée par un conseil de théologiens et dereligieux pour plus de sûreté. Cet interrogatoire se fera à Poitiers sans concession mais avecbienveillance, au contraire de celui du procès de Rouen, alors que les éléments sont les mêmes.Pendant six semaines, la bergère ignorante - « je ne sais ni A, ni B »- sera face aux puits descience que sont les docteurs en théologie de cette commission. Ils feront le tour de la questionet seront convaincus de l’origine divine de la mission de Jeanne. La conclusion en sera : «Le roin’a pas droit de rejeter la Pucelle qui se dit envoyée par Dieu, car son peuple mérite d’êtresecouru…Car douter d’elle, ce serait résister à l’Esprit Saint et se rendre indigne des grâces deDieu.» Un contemporain, Gerson, dira aussi en mai 1429, donc au début de sa mission, que labergère lorraine est «chose venue de Dieu ». Les docteurs de Poitiers admirent sa sagesse. Sesréponses sont fulgurantes de simplicité toute évangélique, d’une grande sainteté et pleined’ironie fine où perce la certitude de sa mission. Pour confirmer, elle annonce qu’elle donnera unsigne devant Orléans.

La Mission accomplieOrléans marque le triomphe de Jeanne. Elle sauve la patrie et fait paraître au grand jour le

caractère divin de sa mission. La pacifique bergère de Domrémy lève en 9 jours un siège quidurait depuis 7 mois! Avant la bataille, la Pucelle devenue chef des armées essaie encore unefois une solution pacifique et écrit aux Anglais : «...Je suis envoyée de par Dieu, le Roi du ciel,pour vous bouter hors de toute la France.» Le 29 avril elle arrive devant Orléans et le 8 mai1429 le siège est levé, la ville est délivrée. Ensuite par les victoires le long de la Loire (Jargeau,Meung, Patay, entre autres) la route du sacre est ouverte.

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Cette victoire est bien la victoire de Dieu, car c’est avec une armée de chrétiens en état degrâce qu’elle s’est faite. « Confessez-vous et oyez la messe » répète-t-elle à ce qui ne pourraitêtre qu’une armée de soudards et de pillards, sans une pareille « chèvetaine » pour les mener aucombat. Mais devant eux, il y avait une sainte avec un étendard pour les entraîner. L’armée avaincu parce qu’elle s’est convertie en suivant l’exemple de la piété et de la vertu.

Ce coup sévère porté à l’envahisseur redonne vaillance et unité au camp français où lesintrigues sont nombreuses, comme il affaiblit la puissance militaire adverse. Reims est lecouronnement de cette première mission de Sainte Jeanne d’Arc afin que le Gentil Dauphindevienne roi de France par le sacre et l’onction reçus en la cathédrale. Par le sacre, Jeanneaccomplit ce que demandaient ses Voix depuis le début. Sur la route, la Pucelle avait préditplusieurs fois ce qui arriverait : la chute de Troyes, la délégation des bourgeois rémois. Le 16juillet Charles est enfin à Reims, et le 17 il devient Charles VII, roi de France légitime, sacré parla volonté de Dieu. Jeanne pleure de joie en assistant avec son étendard à la longue cérémonie.« Gentil roi, maintenant est fait le plaisir de Dieu qui voulait que je levasse le siège d’Orléanset que je vous amenasse dans cette cité de Reims recevoir votre saint sacre en montrant que vousêtes vrai roi et celui auquel le royaume de France doit appartenir. »

L’ingratitude du Roi – La capture devant CompiègneMais après les mystères glorieux, la sainte de la Patrie va connaître les mystères

douloureux. Après la mission divine va débuter une mission plus temporelle et politique où lapauvre jeune fille de Lorraine va être utilisée et manipulée. Charles VII, couronné, n’a plusautant besoin de Jeanne dont le succès lui fait de l’ombre. La protection royale va se faire moinspuissante mais les jalousies plus fortes. Paris n’est pas attaqué immédiatement, comme Jeanne,guidée par ses voix le préconise. Compiègne se défend contre l’envahisseur et ne souhaite« obéir qu’au roi et à ses capitaines ». Avec de faibles moyens, Jeanne tente de repousser lesattaques anglaises sur la ville, mais, le 23 mai 1430, elle est capturée par Jean de Luxembourgqui la livre au duc de Bourgogne. C’est le début du calvaire qui se terminera sur la place duvieux marché à Rouen.

La capture – Le procès – Le martyrePierre Cauchon est l’évêque de Beauvais, territoire où a été prise la Pucelle, mais, surtout

il est le soutien ecclésiastique du duc de Bedford. Il projette un procès en hérésie et sorcelleriepour faire condamner la sainte française, le procès d’Eglise possédant l’avantage del’infaillibilité.

Le duc de Bourgogne ne livre Jeanne d’Arc aux Anglais que le 21 novembre 1430 et ellearrive à Rouen pour Noël. Notre héroïne nationale est fort maltraitée pendant les deux moisprécédant son procès, manigancé par l’occupant anglais, mais réalisé par des clercs français! Ilfaut tout ce temps aux traîtres pour mettre en place leur œuvre de mort : le piège consiste àobliger Jeanne à se rétracter de ses aveux par des mensonges successifs pour la condamnercomme relapse.

Le 9 janvier 1431 débute le procès et les interrogatoires. Durant ceux-ci tous les clercs,juges et assesseurs s’unissent pour troubler la vigilance de la pauvre bergère et la faire se couper.Il faudrait un très bon théologien pour déjouer les pièges tendus dans les perfides questions ;mais la sainteté de la Pucelle d’Orléans jette le trouble parmi les plus farouches accusateurs,alors qu’elle n’a même pas de défenseur. Ensuite, Cauchon essaye de lui faire avouer ce que luidisent ses Voix, mais Jeanne refuse sans cesse de prêter un serment qui l’y obligerait. Après cenouvel échec, le tribunal résume les notes à sa façon, afin de les présenter aux docteurs jugeantde leur orthodoxie. Les 70 articles sont étudiés, mais les réponses, par trop pleines de sainteté,éludées. Toutes les réponses de l’humble bergère sont pleines de bon sens, d’esprit surnaturel et

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propres à rejeter les accusations les plus graves. « Vous dites que vous êtes mon juge. Prenezgarde à ce que vous faites, parce qu’en vérité je suis envoyée par Dieu et vous vous mettez engrand danger. Je vous avertis afin que, si Notre Seigneur vous châtie, j’aie fait mon devoir devous le dire...Je suis venue de la part de Dieu et n’ai rien à faire ici. » Ou encore, à propos de lagrâce divine dans son âme, ces paroles fameuses : « Si je n’y suis, Dieu m’y mette. Si j’y suisDieu m’y garde. » Face à la menace de la torture et de la mort, Jeanne répond : « La manière quej’ai toujours dite et tenue au procès, je la veux maintenir. Si je voyais le feu allumé et lesbourres allumées et le bourreau prêt à bouter le feu, si j’étais dans le feu, je n’en dirais autrechose et soutiendrais ce que j’ai dit au procès jusqu’à la mort. » Ce feu la consume au matin du30 mai sur la place du vieux marché de Rouen après qu’elle eût communié et prié mais surtoutpardonné à ses bourreaux comme le fit Notre Seigneur sur la Croix. Elle meurt en regardant lacroix et le doux nom de Jésus sur les lèvres. « Nous sommes perdus, nous avons brûlé unesainte » crie un Anglais en se sauvant.

Le procès de réhabilitationVoilà la fin de la première mission de Jeanne la Lorraine. Vingt-cinq ans après son

supplice, le pape Callixte III ordonnait le procès de réhabilitation qui débutait le même jour quela guerre des Deux Roses pour la succession en Angleterre ; ironie de l’histoire ou marque de laProvidence. Sa mission de bouter les Anglais hors de France, Jeanne ne l’a pas achevée mais elleleur a porté des coups terribles et rendu leur défaite inéluctable. Son action fut déterminante.

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Mais du haut du ciel, la plus grande sainte de notre patrie a encore quelque chose à nousdire. Elle a vu St Rémi et St Charlemagne prier du haut du ciel pour leur patrie de la terre. Elle aété canonisée quelques années avant Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, comme elle patronnesecondaire de la France, à une époque où l’Etat luttait contre l’Eglise. Les souffrances endurées,le martyre de Rouen ont une valeur qui ne doit pas nous échapper, «si le grain ne meurt, il neporte pas de fruit», et Dieu a pris ce qui était faible pour faire éclater sa force et sa puissance.

Le laïcisme actuel, la crise morale qui contamine tout, la perte du sens du sacré dans tousles aspects de la vie sont autant d’oppositions à la devise de Sainte Jeanne d’Arc, sa seuleréférence et qui est le guide de toutes ses actions :

« Dieu premier servi »

Parce que la petite bergère de Domrémy a toujours voulu suivre la volonté de Dieu mêmedans les plus grandes difficultés, elle nous montre la voie de la conversion « pour que France etChrétienté continuent ! » A nous de suivre en dignes héritiers. Sursum Corda !!

SAINTE CROIX DE RIAUMONT

Bibliographie :«Les deux missions de Jeanne d’Arc » du Colonel Antoine ARGOUD chez Résiac.

«Le mystère de Jeanne d’Arc et la politique des nations » de Pierre VIRION aux éditions Téqui.Il existe aussi plusieurs biographies faites par Régine PERNOUD par exemple :

« Vie et mort de Jeanne d’Arc » édition Marabout« La spiritualité de Jeanne d’Arc » édition Mame« La Sainte de la Patrie » par le Cardinal TOUCHET en 2 tomes

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Le Bon SamaritainJacopo (Da Ponte) Bassano (1517/1592)

Londres

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I – L’AMOUR

l est bien certain qu’il faut essayer de se faire une idée aussi juste que possible del’amour. Avant d’aller plus loin et plus profond, donnons la définition du Père Charmot :

«l’amour c’est la réponse du cœur à la perfection d’un autre être.» Elle est incomplète mais elleest vraiment profonde, car elle marque très bien tout ce que l’amour peut comporterd’admiration désintéressée. Elle est incomplète, car il faut ensuite détailler quelles sont lesperfections qui peuvent susciter l’amour, et aussi parce que cette définition est surtout juste del’amour affectif ou amour de complaisance.

1) Amour affectif et amour effectif

Car, il y a lieu de distinguer d’abord amour affectif et amour effectif. Saint François de Salesqui fait cette distinction l’explique ainsi : «Par celui-là (l’amour affectif) nous affectionnonsDieu et ce qu’Il affectionne ; par celui-ci (l’amour effectif) nous servons Dieu et faisons ce qu’Ilnous ordonne... L’un nous remplit de complaisance, de bienveillance, d’élans, de souhaits, desoupirs et d’ardeurs spirituelles... ;l’autre répand en nous la solide résolution, la fermeté decourage et l’inviolable obéissance requise pour effectuer les ordonnances de la volonté de Dieu,et pour souffrir, agréer, approuver et embrasser tout ce qui provient de son bon plaisir. L’un nousfait plaire en Dieu, l’autre nous fait plaire à Dieu.» (Traité de l’Amour de Dieu, Livre Vl, ch.l)

Le danger de l’amour affectif est d’en rester exclusivement au stade de l’admiration, de lacomplaisance, de la contemplation. Le danger de l’amour effectif est de perdre de vue Celui quel’on sert si activement.

A propos encore de l’amour affectif disons un mot des perfections qui le suscitent. Le PèreCharmot, en bon Jésuite qu’il était, est un très bon pédagogue.

Les jeunes gens, dit-il, pourront aisément juger de la qualité de leur amour.«Si la perfection qui les séduit tient au corps, leur amour prétendu n’est, hélas! qu’un

appétit des sens.Si, au contraire, elle tient à l’esprit, à l’âme, bien plus à la sainteté de la vie, leur amour

peut être appelé un véritable amour.»Pour être bien compris il ajoute : «Nous ne sommes pas plus jansénistes (pour un Jésuite,

ce serait un comble!) que Saint François de Sales. Nous ne condamnons ni l’art, ni les effortsnécessaires pour rendre la beauté aimable ; nous condamnons la séduction de la chair sansâme.»

Donc, une première distinction entre l’amour qui se complaît en la perfection de l’autre etl’amour qui se donne. Un curé de paroisse décrit bien ce dernier amour :

«Considérez un jeune amour, un amour vrai : l’une des caractéristiques et sans doute sacaractéristique essentielle est un élan qui le porte à vouloir le bien de l’être aimé».

L’amour et la charité

I

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2) Amour sensible et amour spirituel

Puis il faut distinguer amour sensible et amour spirituel. L’amour sensible est plus subi. Ilcomporte une certaine passivité : on est impressionné par une beauté que l’on voit : beauté d’unvisage, d’un paysage, d’une œuvre d’art, d’une église etc. On ne peut pas ne pas en subir uneimpression sensible. Certes la beauté sensible peut ouvrir le chemin à la beauté spirituelle : lechant grégorien introduit admirablement à la beauté de Dieu. Mais c’est principalement ou plutôtd’abord notre sensibilité qui est émue.

L’amour spirituel est un amour de choix, c’est un amour qui réside dans la volonté.Comme il est réconfortant d’entendre un jeune homme dire à propos d’une jeune fille : «J’aiaimé la beauté de son âme avant d’aimer celle de son corps.» Confidence moins rare qu’on nepourrait le penser.

La charité dit plus que l’amour. C’est un mot qui dit que ce qui est aimé est d’un grandprix. Une personne nous est chère parce qu’elle a plus de valeur spirituelle à nos yeux qued’autres. Un objet cher est un objet de grande valeur (normalement !).

Mais - et la remarque est de Saint Thomas - l’amour de Dieu, lui aussi, a quelque chose depassif en ce sens que nous allons à Lui attirés par Lui, plus que nous n’allons à Lui conduits parles lumières de notre raison.

2) Amour d’amitié et Amour de convoitise

On fait une troisième distinction entre amour d’amitié et amour de convoitise.L’amour d’amitié veut principalement le bien de celui ou celle qui est aimé ;l’amour de

convoitise est surtout attentif au bien que nous retirons de notre amour pour lui ou pour elle.L’amour de convoitise n’est pas nécessairement mauvais, loin de là, mais il peut dégénérer

en égoïsme. Mais il est bien légitime cet amour qui fait dire : «Elle me tire vers le haut», «elleme fait du bien», «elle me cultive», etc.

Au fond, ce qui ressort de cette dernière distinction c’est que l’amour est plus profond etplus vrai lorsqu’il aime une personne pour elle-même.

L’Espérance attend de Dieu le secours de sa grâce et la Joie de la Béatitude céleste. Cesont là des biens très nobles sur lesquels notre désir se porte légitimement. Mais la Charité estsurtout attentive à Dieu même. On connaît la belle pensée de Saint François de Sales : « mieuxvaut aimer le Dieu des consolations que les consolations de Dieu ».

De ces quelques distinctions scolaires, mais nécessaires, on peut tirer un portrait del’amour. On a dit : «Le mot qui, à lui seul, traduit tout l’amour c’est le mot de complaisance.Elle est tout l’amour : si elle est profonde, l’amour est intense ; si elle est légère et toute desurface, l’amour est faible. «En soi, selon Saint Thomas, l’amour est surtout une union affective.Elle a son exemplaire parfait dans la Sainte Trinité : «Une voix descendit du ciel : «Vous êtesmon Fils bien-aimé, en Vous je me complais.»

Mais l’union affective appelle l’union réelle. Cette union réelle est un effet de l’amour.«Aimer c’est tout donner et se donner soi-même.» (Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus)

II - LA CHARITE

La charité est bien aussi un amour, mais c’est un amour surnaturel par son origine, parson motif, par son but.

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1) Par son origine :

Il nous est donné d’en haut. «La Charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par SonEsprit qui habite en nous.»(Ro. 5,5)

2) Par son motif :

«On peut s’aimer de trois manières :* 1ère manière : on ne cherche que son bien et rien d’autre ; cela est contraire à la

charité.* 2ème manière : on s’aime soi-même pour Dieu et en Dieu et alors l’amour de soi est

inclus dans la charité.* 3ème manière : on s’aime à cause du bien que l’on voit en soi ou que l’on veut se

procurer mais en dernier ressort c’est pour Dieu.» (St Thomas)

* «On peut aimer son prochain parce qu’il nous est utile, parce qu’il a avec nous un liende parenté ou pour tout autre raison en rapport avec la condition humaine, mais si l’on aime decharité c’est soit parce que Dieu est en lui soit pour que Dieu soit en lui. (St Thomas)

3) Par son but

«Vous l’aimez (Jésus-Christ) sans l’avoir vu ; vous croyez en lui sans le voir encore etvous en tressaillez d’une joie ineffable et toute céleste, sûrs de remporter la fin de votre foi, lesalut de vos âmes.»

Dieu nous a aimés le premier

La Charité repose sur la Révélation de l’Amour de Dieu. Cette Révélation n’est pasqu’une Révélation d’enseignement ou même de commandement : «Mon commandement à moic’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.» (St Jean 15,13)

Le «comme» veut dire que le Fils de Dieu incarné, le Christ, n’a pas seulement enseignéou commandé la charité mais Il l’a pratiquée jusqu’à donner sa vie pour nous : «Personne n’a deplus grand amour que celui qui livre sa vie pour ses amis.» (St Jean 15,13).

Nous ne connaîtrions pas la Charité de Dieu si elle ne nous avait pas été révélée parl’enseignement et la vie du Christ.

La note la plus caractéristique de la Charité dans le Nouveau Testament c’est que c’estl’Amour de Dieu qui se manifeste et qui se prouve («il n’y a pas de plus grande preuved’amour... »).

Mais, avant de se manifester aux hommes et de se prouver à eux, il est : «Dieu estAmour». C’est la grande Révélation du Nouveau Testament : «Bien-aimés, aimons-nous les unsles autres, car l’amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Quin’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. L’amour de Dieu s’est manifesté parminous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique, dans le monde, afin que nous vivions par Lui».«L’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est Lui qui nous aaimés et qui a envoyé son Fils comme propitiation pour nos péchés.» (I St jean, 4, 7-10)

Texte capital : dans l’ordre de la charité tout vient de Dieu. Le texte latin de la Vulgateajoute très heureusement : «C’est Lui qui nous a aimés le premier».

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Mais notre réponse est d’amour et de gratitude

Mais l’exemple qui vient d’en-haut : «Comme le Père m’aime, je vous ai aimés, demeurezdans mon amour» (St Jean 15,9), cet exemple d’amour qui nous vient de la Trinité et du Christappelle, de notre part, une réponse d’amour et de gratitude.

Cette réponse passe par la Liturgie et le culte, ceux de la terre répondant à ceux du ciel :il n’y a qu’une Liturgie : « A Celui qui nous aime et nous a déliés de nos péchés par son sang etqui a fait de nous un royaume de prêtres pour son Dieu et Père, à Lui la gloire et la dominationdans les éternités d’éternités ! Amen !» (Apo. 1, 5-6).

Elle passe aussi par la charité fraternelle et la vie morale en général.

L’admirable chapitre 13 de la 1ère aux Corinthiens dit parfaitement combien la charité vaanimer et donner tout son sens à la vie morale en vue de la charité fraternelle : «La charité estlonganime, serviable, elle n’est pas envieuse, elle ne fanfaronne pas, ne se rengorge pas, ne faitrien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; ellene se réjouit pas de l’injustice, elle met sa joie dans la vérité, elle excuse tout, croit tout,supporte tout. La charité est éternelle.»

C’est dire qu’elle suit l’exemple du Christ mais aussi qu’elle veut rendre son amour auChrist. C’est un retour d’amour : «Oui, mon Bien-Aimé, voilà comment se consumera ma vie...Je n’ai d’autre moyen de te prouver mon amour que de jeter des fleurs c’est-à-dire de ne laisseréchapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les pluspetites choses et de les faire par amour.» (Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus)

L’arbre de la Croix : lieu de la charité

Finalement, comme le laisse entendre la citation de Sainte Thérèse le lieu propre de lacharité c’est l’arbre de la Croix. Se renoncer pour être tout à Dieu et tout aux autres.

Aux journées liturgiques de Fontgombault un orateur a fait remarquer que le Misseltraditionnel, tout centré sur le Sacrifice avait inculqué à des générations l’esprit de sacrifice.Dans la plus pure fidélité à L’Evangile et à Saint Paul : «Maris, aimez vos femmes comme leChrist a aimé l’Eglise : Il s’est livré pour elle.» (Eph. 5, 25).

«Que toute aigreur, animosité, colère, clameur, injure soient bannies de chez vous, ainsique toute malice. Montrez-vous au contraire bons et compatissants les uns pour les autres, vouspardonnant mutuellement, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.» (Eph.4,32)

ABBAYE NOTRE-DAME DE FONTGOMBAULT

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"Le culte du Sacré-Cœur est plus qu'une dévotion, c'esttoute la religion dans ce qu'elle a de plus touchant, deplus efficace, de plus élevé. C'est tout l'évangile quedeux mots résument : dilexit, il a aimé, diliges, tuaimeras". (cardinal Amette)

Dilexit : Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aimajusqu'au bout.

Au jour de la fête du Sacré-Cœur, l'Eglise nous offre les textes de l'Ecriture Sainte qui

dévoilent le mieux les richesses de l'amour divin. Celui-ci trouve son expression parfaite dans leCœur du Verbe Incarné mort pour nous sur la croix.

Jérémie avait annoncé : "Voici l'alliance que je vais contracter avec la Maison d'Israël, ditle Seigneur : Je mettrai ma loi dans leurs entrailles, je l'écrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieuet ils seront mon peuple" (Jer. XXXI, 32-33)

Une nouvelle alliance…L'Evangile nous révèle cette nouvelle Alliance que Dieu conclut avec les hommes. Dieu y

donne tout, mieux, il s'y donne lui-même et ne demande en retour que la fidélité, c'est-à-direl'acceptation de ses dons. "Ceci est le sang de l'Alliance répandu pour la multitude en rémissiondes péchés" (Mat. XXVI, 28). Et c'est pourquoi l'apôtre Jean nous parle avec insistance de la plaieau côté d’où il a vu couler l'eau et le sang et où il a reconnu un signe de l'amour de Dieu. LeChrist nous rachète par l'eau, c'est à dire en répandant sur nous sa vie divine dont l'eau estl'image, "non point par l'eau seulement, mais par l'eau et le sang" : il nous donne sa vie divinepar sa mort. Le sacrifice est la marque suprême de son amour. C'est par lui que la nouvellealliance entre Dieu et les hommes est scellée et que nous sommes sauvés. "Cœur de Jésusobéissant jusqu'à la mort, percé par la lance".

par laquelle nous sommes enracinés et fondés dans l’amourCette nouvelle alliance, c’est "le mystère caché depuis les origines en Dieu" dont parle

saint Paul dans le passage de l'épître aux Ephésiens qu'on lit à la messe (chap. III, 9). Dieu, devenuproche de nous, et même l'un de nous pour nous rassembler tous en lui, c'est "l’insondablerichesse du Christ" maintenant communiquée, révélée au cours de sa vie et offerte sur la Croix.Mystère d'amour. Et de ce mystère "nous avons la hardiesse d’approcher, pleins de confiancepar la foi en lui" (v.12). L'homme ne peut, de lui-même, approcher de Dieu, mais, par la foi, leChrist habite dans son cœur (v.17). On est ainsi "enracinés et fondés dans l'amour" et c’est ce quirend capable de comprendre au moins partiellement ce qu’est cet amour (v.18). Pour cet hommeuni au Christ, Dieu est vraiment le Père en un lien infiniment plus étroit que celui que peut créerla paternité humaine (v. 14-15). Ce lien est si étroit qu'on peut dire que ceux qui l'ont reçu "sontremplis de toute la plénitude de Dieu" (v.19).

La dévotion au Sacré-Cœur

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Il eût été difficile de dire davantage pour essayer d'exprimer ce qu'est l'amour du Christ. C'estjusque-là qu'est allé le cœur de Dieu en un don purement gratuit. Voilà la nouvelle Allianceconsacrée par le sang du Christ dont le Cœur vivant reste à jamais le symbole et la source.

"Votre charité a voulu que vous fussiez blessé par un coup visible afin que nous puissionsvénérer les blessures de l'amour invisible" (hymne de Laudes).

Dilexit : Il nous a aimés par son Cœur.

Nous honorons le Cœur de Jésus, son cœur de chair, comme le symbole de sonamour.

Le cœur est le signe de la vie physique : quand il cesse de battre, la vie cesse aussi. Lecœur est le signe de la vie affective et morale : les sentiments et les émotions s'y répercutent, ilest le centre de résonance où l'amour, les vertus et les principes d'action se manifestentsensiblement.

La religion chrétienne, religion d'amour - amour de Dieu pour les hommes, amour deshommes pour Dieu - trouve sa plus haute et sa plus touchante réalisation dans l'Incarnation duVerbe. Dieu, par amour, donne son Fils aux hommes. Le Fils unique, Verbe Incarné, mène surterre une vie d'amour. Son cœur de chair en est le symbole naturel.

C'est parce qu'il était devenu véritablement homme qu'il a pu faire monter vers le Pèrel'offrande de toute sa vie et consommer son oblation dans le sacrifice de la Croix. C'est parcequ'il était l'un des nôtres, notre Chef et notre Tête, qu'il a pu faire descendre sur nous les grâcesde pardon dont nous avions besoin, nous enseigner la vérité, nous ouvrir la voie du salut, nouscommuniquer la vie divine, nous manifester son amour. Autant de motifs qui nous attirent àl’humanité du Christ et nous conduisent à vénérer en elle ce qui nous rappelle sa mission et sonrôle de Sauveur. "Cœur de Jésus uni substantiellement au Verbe de Dieu".

La dévotion au Sacré-Cœur est une dévotion humaine et divine, en harmonie parfaite avecnotre nature corporelle et spirituelle. Mieux que toute autre, elle nous fait comprendre, voir etgoûter les sentiments qui soulèvent le Cœur divin et disent son incompréhensible charité. Ellerépond à notre besoin de signe sensible. Nous n'aurions aucune raison de rendre un culte spécialau Cœur de Jésus si celui-ci n'était le symbole de son amour. "Cœur de Jésus fournaise ardentede charité".

Si le Christ a aimé les hommes, c'est parce qu'il aimait d'abord son Père.

Le sacrifice qu'Il consomme sur la Croix est offert à Dieu dont la Sainteté, offensée par lepéché, réclame justice. Pour réparer cette offense, Jésus s'immole dans l'amour. Par le fait même,il nous manifeste son amour en expiant nos péchés, en nous sauvant, en nous rendant la vie de lagrâce. Mais dans l'ordre de la Charité, l'amour du Christ pour les hommes puise sa valeursurnaturelle et sa force dans l'amour premier de Jésus pour son Père.

Pour que notre dévotion évite de s'affadir en transposant l'amitié de Jésus pour nous sur leplan d'une simple tendresse humaine, il lui faut de toute nécessité garder sous son regard de foicette hiérarchie des valeurs surnaturelles sans laquelle il n'est pas de vraie piété.

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Les dons de Jésus révèlent son immense amour pour les hommes.

Tout en gardant bien en vue cet ordre dans la charité dont l'amour de Jésus a été l'exempleparfait, ce qui frappe, quand nous vantons les qualités de cœur d'une personne, ce sont lessentiments de bonté et de dévouement qu'elle manifeste à l'égard de son prochain. Nous nedécouvrirons que plus tard, par la réflexion, la source cachée qui est à l'origine de sondésintéressement. Il n'y a pas lieu de s'étonner que la dévotion au Sacré-Cœur se soit orientéevers la mise en valeur des actes et des dons de Jésus, révélant son immense amour pour leshommes. "Cœur de Jésus dont la plénitude se répand sur chacun de nous".

Sa passion :- Cet amour se manifeste tout au long de l'Evangile mais éclate dans la Passion du

Seigneur. "Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis"disait Jésus, et saint Paul renchérit : "Il m'a aimé et s'est livré lui-même pour moi".

Marie :- Marie est aussi un don très précieux du Cœur Sacré que Jésus nous remet du haut

la Croix : "Voici ta Mère".- "Elle est la Mère des membres du Sauveur parce qu'elle a coopéré par sa charité

à ce que naissent à l'Eglise des fidèles qui sont membres de cette Tête" dit saintAugustin.

L’Eglise :- C'est du Cœur blessé de notre Rédempteur qu'est née l’Eglise. "Le Christ a aimé

l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier après l'avoir purifiéedans l'eau baptismale" (Eph. V, 25). C'est du Cœur que coule aussi avec abondancela grâce des sacrements où les fils de l'Eglise puisent la vie surnaturelle. "Du côtédu Christ a coulé l'eau du baptême pour nous laver et le sang de l'Eucharistiepour nous racheter". (Saint Thomas).

La Sainte Eucharistie :- En effet y a-t-il don plus précieux que la Sainte Eucharistie où le Christ se donne

lui-même aux hommes dans le sacrement et où il s'immole perpétuellement pourles hommes par le sacrifice ?

Le Saint-Esprit :- Enfin le don du Saint-Esprit, envoyé aux Apôtres, a été la première

manifestation de la charité du Christ après sa triomphale Ascension à la droite duPère. Cette infusion de l'amour divin est née du Cœur de notre Sauveur "danslequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science". (Rom. XI,33). C’estlui qui a donné, aux Apôtres et aux martyrs, ce courage qui leur a permis de lutterjusqu'à leur mort héroïque afin de prêcher la vérité de l'Evangile et d'en témoignerpar leur sang.Pour célébrer cet Amour divin qui coule du Cœur du Verbe incarné et qui est infusépar le Saint-Esprit dans les âmes des croyants, l'Apôtre saint Paul a écrit cet hymnevictorieux : "Qui nous séparera de l'amour du Christ ? la tribulation, l'angoisse, lapersécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? Mais dans toutes ces épreuves,nous sommes plus que vainqueurs, par Celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assuranceque ni la vie ni la mort, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, niles choses à venir, ni la hauteur ni la profondeur ni aucune créature ne pourranous séparer de l'amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre Seigneur". (Rom. VIII,35-38)

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Dilexit : Il nous a aimés et a révélé son cœur aimant tout au long del'Histoire de l'Eglise.

Dès les premiers siècles,sans parler encore explicitement de Sacré-Cœur, les Pères de l'Eglise honoraient la plaie du côtédu Christ et y ont vu la naissance de l'Eglise-Epouse selon la belle expression de l'hymne desvêpres de la Fête du Sacré-Cœur. Ils ont aussi exploité le symbolisme du cœur pour exhorter leschrétiens à rendre au Sauveur amour pour amour.

Au moyen âge,la dévotion au Cœur de Jésus était très vive, comme en témoigne cette belle prière de Guillaumede Saint Thierry (mort en 1150) :"Les ineffables richesses de votre gloire, ô Seigneur, étaient restées cachées jusqu'à ce que lalance du soldat ayant ouvert, sur la croix, le côté de votre Fils, notre Seigneur et Rédempteur, ils'en écoule le sacrement de notre rédemption de façon que nous ne mettions pas seulement dansson côté notre doigt et notre main comme l'apôtre Thomas, mais que par la porte ouverte, nousentrions tout entiers jusqu'à votre Cœur, ce domaine assuré de la miséricorde. Ô Jésus, ouvrezla porte latérale de votre arche, ouvrez-nous le côté de votre Corps afin qu'y entrent tous vosélus, qu'ils reçoivent les flots mystérieux de grâce qui en découlent et le prix de leurRédemption".

Au XIIIè siècle,deux mystiques bénédictines, sainte Mechtilde et sainte Gertrude, reçoivent des grâces d'amitiéet de douce familiarité avec Notre-Seigneur et, bénéficiant des révélations de son Sacré-Cœurelles eurent pour mission de "révéler le rôle et l'action du Cœur divin dans l'économie de lagloire divine et de la sanctification des âmes".L'apôtre saint Jean apparaît un jour à sainte Gertrude, et lui montrant la poitrine de Jésus surlaquelle il avait reposé, il lui dit :"Voici le Saint des Saints qui attire à soi tout le bien du Ciel et de la terre. Je te place àl'ouverture du Cœur divin afin que tu puisses en tirer plus aisément la douceur et la consolationque l'amour divin répand avec impétuosité sur tous ceux qui le désirent".

Quant à saint Bonaventure, le grand docteur franciscain, il nous a laissé l'un des textes lesplus expressifs et les plus pieux envers le Cœur de Jésus, et l'Eglise l'a adopté pour les lecturesde Matines de la Fête de Sacré-Cœur.

Au XVIIème siècleMais c’est surtout au XVIIè

, quand le Jansénisme dessèche et terrorise les âmes en lesmontrant chargées par un Dieu sans pitié, de fardeaux écrasants, que le Cœur de Jésus se révèlecomme une fournaise d'amour où l'âme se purifie, s'illumine, s'unit au rédempteur et setransforme en lui. La Providence a suscité deux grands saints : saint Jean Eudes et sainteMarguerite-Marie pour répondre aux besoins de l'Eglise.

Saint Jean Eudes remet en vigueur le culte public du Cœur de Jésus et de Marie, il en aécrit la première messe et obtient de son évêque la première fête du Sacré-Cœur, le 20 octobre1672. Il propage partout des confréries du Sacré-Cœur qui répandent l'amour du Cœur de Jésus.

Sainte Marguerite-Marie, la visitandine de Paray-le-Monial reçoit les visites du Sacré-Cœur qui lui donne l'ordre d'en diffuser la dévotion par l'intermédiaire de son confesseur, lebienheureux Claude de la Colombière, jésuite, :

"Jésus me fit voir l'ardent désir qu'il avait d'être aimé des hommes et de les retirer de lavoie de la perdition où Satan les précipite en foule. Il avait formé le dessein de manifester son

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Cœur aux hommes avec tous les trésors d'amour, de miséricorde de grâce, de sanctification etde salut qu'il contenait".

En 1675, pendant l'adoration du Saint Sacrement, Jésus lui apparaît et lui découvre sonCœur en lui disant :

"Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes et qui n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et seconsommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois, de la plupart,que des ingratitudes par leurs irrévérences et leurs sacrilèges et par les froideurs et les méprisqu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour. Mais ce qui m'est le plus sensible est que ce sontdes cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi".

Jésus demande qu'une fête soit célébrée le vendredi après l'octave du Saint-Sacrementpour honorer le Sacré-Cœur avec la communion réparatrice et l'amende honorable pour réparerles sacrilèges. Il fait en outre une promesse :

"Mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour surceux qui lui rendent cet honneur et propageront ce culte".

Le bienheureux Claude de la Colombière et les Jésuites protégèrent cette dévotion contre lafureur des Jansénistes.

En 1689, Notre-Seigneur donne aussi un message à sainte Marguerite-Marie pour le roiLouis XIV :

"Fais savoir au Fils aîné de mon Sacré-Cœur qu'il obtiendra la grâce et la gloire éternellepar la consécration qu'il fera de lui-même à mon Cœur adorable qui veut triompher du sien, et,par son entremise, de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint surses étendards et gravé dans ses armes".

La démarche ne fut pas faite ou n'eut pas de suite auprès de Louis XIV. Cependant, si ellene parvint pas jusqu'à lui, elle finit par pénétrer à la Cour. En 1765, Marie Leczinska, épouse deLouis XV, obtient que la fête du Sacré-Cœur soit célébrée dans tous les diocèses du Royaume.En 1772, le Dauphin, père de Louis XVI, fait ériger dans le palais de Versailles une chapelle etun autel dédiés au Cœur de Jésus. En 1790, Louis XVI, déjà prisonnier, fait vœu de consacrer sapersonne, sa maison, son royaume au Sacré-Cœur si Dieu lui fait la grâce de recouvrer sa libertéet la puissance royale. On sait que contre la fureur révolutionnaire anti-chrétienne, les armées deVendée et les Chouans se mettront sous la protection spéciale du Sacré-Cœur.

Au XIXème siècleQuant au XIXè siècle, il verra le triomphe du Sacré-Cœur, avec l'institution de sa fête dans

l'Eglise universelle, en 1856, par le bienheureux Pie IX, et la consécration du genre humain auSacré-Cœur, en 1899, par Léon XIII. Tout au long du siècle, un nombre considérable decongrégations religieuses se placeront sous le vocable du Sacré-Cœur.

En 1864, la voyante de Paray-le-Monial est béatifiée. Elle sera canonisée en 1918.

A partir de 1870, plusieurs Etats se consacrent au Sacré-Cœur. C'est d'abord l'Equateur deGarcia Moreno, en 1873, puis la Colombie, le Mexique, l'Espagne et la Belgique. En France, oùles autorités veulent rester "neutres", un grand mouvement populaire prend corps pour construirela basilique de Montmartre, dont l'érection fut autorisée en 1873 par l'Assemblée Nationale.Depuis lors, on assiste au miracle permanent de l'adoration eucharistique jamais interrompue.

Le 17 juin 1945, à Montmartre, 300 pères de famille mandatés par leurs évêquesconsacrent la France et les familles françaises au Sacré-Cœur, initiative que le Pape Pie XII asoutenue par un vibrant radio message.

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L'admirable progression de la dévotion au Sacré-Cœur tient à ce qu'elle convientadmirablement à la nature de la religion chrétienne qui est une religion d'amour. Ainsi le culte auSacré-Cœur, comme un fleuve débordant, renverse tous les obstacles et se répand dans le monde.

Diliges : tu aimeras en retour.

Pour que l’homme mette Dieu à la première place.

Si Jésus a fait "comprendre aux saints quelle est la largeur, la longueur, la hauteur , laprofondeur et connaître la charité du Christ qui surpasse toute connaissance" (Eph., III, 18-19),c'est pour que l'homme sorte de son égoïsme et mette Dieu à la première place dans toute savie. C'est, là, le premier et grand commandement. Rude et long travail que seul l'amour peutentreprendre et mener à terme. Nous n'aimons que là où nous sentons l'amour. Nous aimons quinous aime. Dieu par amour nous a donné son Fils ; Jésus par amour nous a donné son Cœur. Ilne veut plus nous considérer comme des serviteurs mais comme des amis. Les bras ouverts, leCœur ouvert sur la Croix, Jésus accueille, oublie, pardonne, aime hier, aujourd'hui, demain,toujours. Quand nous doutons, il découvre sa poitrine et nous dit :

"Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes"et il veut qu'à son exemple nous les aimions :

"celui qui aime Dieu doit aimer son frère" (1 Jean, IV, 20).

Un amour réciproque dont Dieu prend l’initiativeDévotion d'amour, preuve divine d'un amour divin, la dévotion au Sacré-Cœur exige tout

notre amour, comme elle révèle tout l'amour de Jésus. "Quis non amantem redamet ?" s'exclamel'hymne des Laudes de la fête du Sacré-Cœur. Qui n'aimerait en retour celui qui nous aimeainsi ?C'est un amour réciproque dont Dieu a fait les premiers pas ; c'est un amour prévenantde Dieu auquel l'homme répond par toute sa tendresse, sa générosité et son ardeur. "Cœur deJésus roi et centre de tous les cœurs".

Consacrer les familles au Sacré-CœurC'est de cette réponse d'amour de l'âme, envers Jésus Sauveur qui l'aime, que jaillit l'idée

de consécration au Sacré-Cœur, un don total d'amour répondant à l'amour infini de Dieu pour sacréature. La pratique de consacrer les familles au Sacré-Cœur répond à une des promesses deJésus à sainte Marguerite-Marie :

"Je bénirai les maisons où l'image de mon Cœur sera exposée et honorée".Le dernier mot qui nous livre le secret de Dieu, c’est l’amour. - "Deus caritas est" - et l'âme

qui a compris cela éprouve le besoin de se livrer et de se consacrer sans retour à Celui qui a tantaimé le monde qu'il lui a envoyé son Fils unique afin que le monde fût sauvé par Lui.

La dévotion au Sacré-Cœur est la dévotion à l'amour, par l'amour et dans l'amour.C'est l'écoute de Jésus qui nous a dit : "Venez à mon école parce que je suis doux et

humble de cœur."Cette dévotion donne à notre piété une délicatesse, un charme plus humain tout en lui

gardant le respect et la réserve nécessaires à l'amour de la créature pour le Créateur, du rachetépour le Rédempteur.

Elle nous aide à mieux voir dans chaque vérité et chaque mystère de notre foi la splendeurde l'amour divin et ainsi, nous aide à croître dans la charité, dans l'union à notre Tête, le Christ.Après nous avoir donné, dans l'obscurité de la foi, une espérance et un amour infinis, elle nousréserve, dans la gloire de la vision, la joie de connaître et d'aimer au Paradis le Cœur de Jésus :

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"Depuis que son Corps, revêtu de l'état de gloire éternelle s'est réuni à l'âme du divinRédempteur, vainqueur de la mort, son Cœur très saint n'a jamais cessé et ne cessera de battre

d'un mouvement paisible et imperturbable" (Pie XII, Haurietis aquas").

Diliges. "Aimez…comme je vous ai aimés

L'âme chrétienne tente d'entrer dans les mêmes sentiments qui animaient le Cœur du Christà l'égard de son Père, quand, au moment de l'oblation au Calvaire, il faisait monter vers lui, dansla souffrance et l'immolation, l'ardeur de sa charité.

La dévotion au Sacré-Cœur va comme d'instinct à Jésus souffrant, par délicatesse d'amour- quand l'ami souffre on se tient près de lui pour compatir à ses peines -, mais aussi pourchercher les traces de l'amour - où l'amour s'est-il mieux manifesté que dans la Passion ? "Cœurde Jésus propitiation pour nos péchés, brisé de douleurs à cause de nos péchés, rassasiéd'opprobres".

Jésus sur la Croix nous montre son Cœur, mais c'est un cœur blessé. La lance du soldat l'aoutragé. L'amour qu'Il nous a prouvé est passé par la souffrance et la mort à cause de nos péchés.

Un amour de réparationNotre amour en retour va ainsi prendre la coloration de la réparation : "La part

d'expiation et de réparation a toujours eu la part principale dans la dévotion au Sacré-Cœur "(Pie XI, Miserentissimus Redemptor).

La réparation, c'est la forme concrète que prend la réponse d'amour du chrétien dès lorsque l'amour rédempteur se heurte au refus ou à l'indifférence de l'humanité. "Voici ce Cœur qui atant aimé les hommes…et pour reconnaissance je ne reçois que des ingratitudes par leursirrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans cesacrement d'amour" disait Jésus à sainte Marguerite-Marie.

Mais une question se pose. Pourquoi réparer, puisque le sacrifice du Sauveur sur la croixest parfait et définitif et que la Rédemption qu'il nous procure est totale et surabondante ?

Quoique les crimes qui se commettent de nos jours aient été présents à la pensée de Notre-Seigneur dès le temps de sa Passion, ces crimes n'avaient pourtant aucune existence en dehors del'infaillible prévision du Sauveur. Ils ne deviennent effectivement un outrage à la majesté divinequ'à l'instant où l'acte du pécheur les réalise. Ils sont donc à notre charge. A chaque générationchrétienne incombe le soin de panser la blessure du Cœur du Christ au moment où on lefrappe.

La Rédemption, une fois pour toutes acquise dans le Chef, reste à achever, à réaliser dansles membres de son Corps, personnellement et solidairement. Nous devons tous apporter notreirremplaçable collaboration à cette victoire sur les forces du péché. "J'achève en mon corps cequi manque à la Passion du Christ pour son Corps qui est l'Eglise" dit saint Paul.

Seul, parmi tous les êtres, l'homme est capable de souffrir et de mourir par amour. C'estcette valeur d'amour et de don qui a comme enthousiasmé le Verbe de Dieu lui-même. Dansl'élan de son amour filial pour son Père, il a comme embrassé, dès son "ecce venio", cette vieterrestre vouée à la souffrance et à la croix, et il a lui-même puissamment inculqué la loi et lanécessité du sacrifice à ceux qui veulent le suivre.

Mais la dévotion au Sacré-Cœur nous présente la réparation moins comme une œuvre dejustice que comme une œuvre d'amour. Et cela au sein de l’Eglise, dans la Communion desSaints.

Léon XIII a désigné le Sacré-Cœur comme le labarum des temps nouveaux. Non que laCroix doive s'effacer devant le Cœur mais le Cœur nous fera mieux comprendre et connaître laCroix.

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Notre-Seigneur a précisé, à sainte Marguerite-Marie, quelques pratiques de dévotionportant à réparer par amour : la communion réparatrice (c'est à dire avec l'intention spéciale deréparer les péchés et les sacrilèges contre le Saint Sacrement) et l’heure sainte qui consiste àprier durant une heure de la nuit du jeudi au vendredi en union avec Jésus souffrant àGethsémani. L'acte de réparation au Sacré-Cœur, lu publiquement le jour de la fête du Sacré-Cœur, peut faire bénéficier les chrétiens d'une indulgence plénière selon les conditionshabituelles.

Conclusion

"Que nos cœurs s'ouvrent grands, qu'ils se dilatent à lamesure de celui de Jésus, ou plutôt qu'ils deviennent, commele cœur de Jésus, des instruments et des organes de la charitédivine dont l'univers devrait être embrasé. O mon Dieu, ônotre Dieu, aimez le monde avec notre cœur, servez-vous denos cœurs pour aimer les hommes"

(Père Berto le Jeudi Saint 1932.)

L'Eglise, en l'année du Grand Jubilé, nous a donné un nouveau témoin du Sacré-Cœur àhonorer : Sœur Faustine Kowalska, une religieuse polonaise, messagère de la DivineMiséricorde. Du Cœur de Jésus sœur Faustine vit sortir deux faisceaux de lumière qui illuminentle monde. Ces deux rayons représentent le sang et l'eau ; ils réchauffent, ils indiquent le cheminet donnent espoir. L'invocation "Jésus j'ai confiance en Toi" est un simple acte d'abandon à Jésusqui chasse les nuages les plus denses et fait passer un rayon de lumière dans la vie de chacun. Sile Cœur de Jésus est ouvert, ses mains sont tendues vers l'homme qui souffre : messaged'espérance qui pousse les pécheurs à la conversion, apaise les rivalités et les haines, ouvre leshommes et les nations à la pratique de la fraternité, car « l'homme non seulement reçoit etexpérimente la miséricorde de Dieu, mais aussi il est appelé à faire miséricorde aux autres :"heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde"» (Jean Paul II Dives in misericordia)

Amour de Dieu, amour des frères sont indissociables, et c'est à l'approfondissement decette vérité évangélique que nous invite le Saint-Père en instituant le "dimanche de la divineMiséricorde", le second dimanche après Pâques.

"La Bienheureuse Vierge Marie a été indissolublement unie au Christ dans l'œuvre de larédemption humaine afin que notre salut vienne de l'âme de Jésus-Christ et de ses souffrancesintimement unis à l'amour et aux douleurs de sa Mère" (Pie XII Haurietis aquas).

"Cœur de Jésus, formé dans le sein de la Vierge Marie par le Saint-Esprit, ayez pitié denous" disent les litanies.

Cœur de Jésus battant près de celui de sa Mère pendant le bel Avent de Notre-Dame,

Cœur immaculé de Marie, percé du glaive au pied de la Croix, "fons amoris fac ut ardeatcor meum in amando Christum Deum". Source d'amour, faites que mon cœur s'embrase dansl'amour du Christ notre Dieu.

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Homélie de Saint Bonaventure(Livre de l’arbre de vie, num.(30).

Afin que l'Eglise fût formée du côté du Christ mourant sur la croix et que s'accomplît cetteparole de l'Écriture : Ils ont vu celui qu'ils ont transpercé, une divine ordonnance permit qu’undes soldats ouvre ce côté sacré en le perçant de sa lance. C'est ainsi que, par l'effusion du sang etde l'eau, fut versé le prix de notre salut, qui, s'écoulant de la source cachée de ce Cœur, devaitdonner aux sacrements de l'Eglise la vertu de conférer la vie de la grâce, et de devenir dès lors,pour ceux qui vivent dans le Christ, le breuvage d'eau vive jaillissant pour la vie éternelle. Lève-toi donc, âme amie du Christ, ne cesse pas de veiller, et approche ici ta bouche afin de puiser leseaux, sources du Sauveur.

Puisque nous sommes venus une fois au Cœur du très doux Seigneur Jésus et qu'il nous estbon d'y demeurer, ne nous en séparons pas facilement. Oh qu'il est bon et joyeux d'habiter dansce Cœur ! Riche trésor, précieuse perle est votre Cœur , très bon Jésus ; nous les trouvons dans lechamp labouré de votre Corps. Qui rejetterait cette Perle? Que ne donnerais-je plutôt toutes lesperles, que n'échangerais-je toutes mes pensées et toutes mes affections pour acquérir celle-ci, enconfiant toute ma sollicitude au Cœur du bon Jésus, et sans tromperie il me nourrira. Aussi,après avoir trouvé ce Cœur qui est vôtre et mien très doux Jésus, je vous prierai comme monDieu. Recevez mes prières dans le sanctuaire où vous exaucez, que dis-je ? attirez-moi toutentier dans votre Cœur.

Car votre Côté a été percé pour que l'entrée nous en fût ouverte. Votre Cœur a été blessépour que nous puissions y habiter, à l'abri des troubles du dehors. Quoi qu'il en soit, voilàpourquoi il a été blessé : c'est pour que, par la blessure visible, nous voyions la blessure invisiblede l'amour. Comment cet amour ardent pouvait-il mieux se révéler qu'en permettant à la lance deblesser non seulement 1e corps, mais le Cœur lui-même ? La blessure de la chair révèle donc lablessure de l'âme. Qui n'aimerait ce Cœur ainsi blessé ? Qui n'aimerait en retour ce Cœur siaimant ? Qui n'embrasserait un Cœur si pur? Donc, pendant que nous demeurons encore dans lachair, autant que nous le pouvons, aimons en retour celui qui nous aime, étreignons celui qui estblessé pour nous, celui dont des laboureurs impies ont creusé les mains et les pieds, le côté et leCœur ; prions aussi afin qu'il daigne enchaîner du lien de son amour notre cœur, jusqu'ici dur etimpénitent, et le blesser de ses traits.

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Consécration des familles au Sacré-Cœur de Jésus.

"Ô Jésus, agenouillés à vos pieds,Nous renouvelons la Consécration de notre famille à votre Divin Cœur .

Soyez toujours le Roi et le Chef de notre foyer.Bénissez notre famille, notre maison, nos entreprises.

Aidez-nous à accomplir tous nos devoirs.Prenez part à nos joies, à nos épreuves, à nos travaux.

Gardez entre nous la paix et la confiance.Accordez-nous de mieux vous connaître,

De vous aimer davantage,De vous servir sans défaillance.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas,Nous vous aimons, nous vous adorons.

Cœur Sacré de Jésus, plein d'amour et de bonté,Nous avons confiance en Vous".

Radio message du Pape Pie XII aux familles de France réunies dans labasilique de Montmartre (17 juin 1945)

Aux représentants des familles de France réunis à Montmartre, le Saint-Père rappellel'importance de la famille et de sa consécration au Cœur de Jésus.

Nous sommes de cœur au milieu de vous, familles de France qui venez de renouveler votreconsécration au Cœur de Jésus. Un million de familles consacrées au Cœur du Christ qui aimeles Francs. Quelle splendeur, quelle puissance ! Quelle responsabilité aussi, car les destinées devotre patrie sont entre vos mains, mais à la double condition que, fiers de votre appartenance auChrist et conscients de la force qu'elle vous confère, vous vous montriez imperturbablementfidèles à cette appartenance et que vous usiez vaillamment de cette force.

La famille saine et honnête, force de la société.

La valeur et la prospérité d'un peuple résident non pas dans l'action aveugle d'unemultitude confuse, mais dans l'organisation normale des familles saines et nombreuses, sousl'autorité respectée du père, sous la sage et vigilante providence de la mère, dans l'union intimeet coopérante des enfants. Chaque famille s'étend, se dilate dans la parenté qu'unissent les liensdu sang. Et les alliances entre familles viennent encore, par leurs harmonieux enchevêtrements,constituer de maille en maille tout un réseau dont la souplesse et la solidité assurent l'unité vitaled'une nation, grande famille au grand foyer qu'est la patrie.

Réseau tellement parfait et délicat que chaque maille qui viendrait à se rompre ou à serelâcher risquerait de compromettre, avec l'intégrité du réseau, tout l'organisme de la société. Or,cette rupture ou ce relâchement, cet affaiblissement ou cette dégénérescence de la famille seproduisent avec leurs funestes conséquences toutes les fois qu'une atteinte est portée à la saintetéou à l'indissolubilité du mariage, à la fidélité ou à la fécondité conjugale, toutes les fois quel'autorité paternelle, par abdication des parents, ou par insubordination des enfants, se trouve

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mise en échec. Des fragments de familles brisées ou désagrégées ne sont guère plus propres àconstituer une société saine et stable que le conglomérat amorphe d'individus dont Nous parlionsrécemment

Grande certes, et noble et pure est la félicité d'un foyer patriarcal, intact dans son intégritécomme dans sa dignité. Mais - qui oserait le nier ? - cette félicité est le prix de l'attachement àdes devoirs austères, de la victoire sur des obstacles ou des attraits, sur les passions déréglées oules tentations de la chair ou du cœur. Or, il y faut du courage, un courage généreux et, surtout,permanent, continu, à longueur d'année, à longueur de vie. A moins d'ignorer étrangement lafaiblesse humaine, de fermer obstinément les yeux devant l'évidence, force est de reconnaîtrequ'un tel courage ne peut surgir, moins encore se soutenir, par le seul effet des arguments de lasimple et froide raison.

La doctrine pure, la morale sublime, les espérances éternelles de la foi chrétiennecontribuent grandement à l'engendrer, mais ce n'est pas surtout son action extérieure qui donne àla religion du Christ cette salutaire influence, cette vertu merveilleuse de sauvegarder la pureté,la sainteté du mariage et de la famille au milieu d'une fausse civilisation corrompue etcorruptrice. Le Christ agit dans les âmes par l'infusion de sa grâce plus encore que par sesenseignements, ses exhortations, ses promesses : surtout il est, par son Eucharistie, la « source dela vie et de la sainteté ».Quel temple auguste devient le foyer où le père, la mère, les enfantsvivent, nourris et abreuvés, de la chair et du sang de Dieu !

Quand une famille vit ainsi du Christ , que par sa consécration au Cœur du Christ elle aratifié son union avec Celui qui a vaincu le monde et s'est vouée à l'amour, au service, au règnede ce Cœur divin, qu'elle a fait de son règne l'idéal qui la fascine et auquel visent toutes sesaspirations ; quand plusieurs familles, animées du même esprit, tendues vers le même idéal, sontunies dans la compacte intégrité du Corps mystique de l'Homme-Dieu ; quand ces familles sontdes milliers, des centaines de milliers, quand un million de pères, de mères, des millions et desmillions d'enfants consacrent avec une ardeur passionnée toutes leurs énergies à promouvoir lacause et le règne de Jésus, qui mesurera la puissance d'une telle armée sous un tel chef ?

La timidité, l'hésitation, la défiance abattant vos courages et brisant votre élan,stériliseraient tous vos efforts. Et c'est pourquoi Nous vous indiquions la fierté de votreappartenance au Christ, la conscience de votre force, pour restaurer tout en lui sous sa conduiteet dans son règne, comme condition essentielle pour la voir produire ses effets merveilleux.

Courage donc, familles chrétiennes, familles françaises du Sacré-Cœur ! Votre phalangeest assez considérable, assez forte pour marcher en assurance. Et pourtant, regardez ! Ne voyez-vous pas autour de vous d'autres familles en nombre bien plus imposant que le vôtre, fixer lesyeux sur vous et n'attendre pour marcher avec vous que de recevoir de vous le branle ?

La consécration au Sacré-Cœur de Jésus.

Votre consécration au Cœur de Jésus scelle un pacte entre lui et vos familles. Il en a prisl'initiative par sa promesse : « je les bénirai », disait-il à sainte Marguerite Marie. De votre côté,avec toute la solennité que vos moyens vous permettaient, sous la bénédiction du prêtre, sonreprésentant, vous avez mis son image à la place d'honneur de votre foyer dont vous leproclamiez le souverain, vous engageant officiellement à le regarder et à le traiter comme tel.Lui, ne manquera jamais à sa parole : Il est le Dieu fidèle. Ne manquez pas à la vôtre. Faites-lerégner chez vous et autour de vous.

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Consacrée, votre demeure est donc par définition, une demeure désormais sacrée : rien n'ydoit offenser les yeux, les oreilles, le Cœur de Jésus. Il en est le Roi : il doit y recevoir de votrefidélité un hommage permanent de respect, de dévotion, d'amour. Chef très aimant de votrefoyer, il est associé intimement à toute sa vie et l'on n'y conçoit aucune peine, aucune joie,aucune inquiétude, aucun espérance, à laquelle vous le laisseriez étranger. C'est le royaume duChrist : il est sacré !

Il n'y aurait qu'une vaine et stérile complaisance d'amour-propre ou plutôt qu'unehumiliante contradiction à prendre conscience de votre force, si vous n'en deviez user pour lemaintien, la défense, la conquête des droits du Cœur de Jésus, qui sont aussi vos droits, les droitsde votre famille et de votre patrie. Pères de familles chrétiennes, qui êtes l'honneur et la vitalitéde la France, il vous appartient et vous avez le devoir de parler et d'agir au nom de vos familles,au nom de la France, de cette France qui, au lendemain de douloureux désastres, a gravé sur lefronton de votre basilique de Montmartre l'émouvante humilité de son repentir, l'ardeur de sonamour et de sa dévotion. Poenitens et devota !

Au nom, donc, de vos familles et de la France, défendez la sainteté du mariage et l'unité dufoyer, ravagés par 1e divorce ; défendez l'autorité des parents et leur liberté d'éleverchrétiennement leurs enfants sans dommage ; défendez l'enfance et l'adolescence contre lespropagandes impies et déshonnêtes, contre la séduction des spectacles scandaleux, contre leslicences pernicieuses et d'une presse et d'une radio sans contrôle.

Au nom de vos familles et de la France, revendiquez pour vos cités la décence, la dignitédes rues et des places publiques, le droit pour tous vos concitoyens de pratiquer ouvertement leurreligion, pour votre clergé, vos religieux, vos religieuses, celui de faire du bien aux petits, auxignorants, aux pauvres, aux malades, aux mourants.

Au nom de vos familles et de la France, préparez et procurez l'avènement du règne de Dieuet du Cœur de Jésus dans votre patrie, la reconnaissance de sa divine majesté dans lasanctification du dimanche et des fêtes, dans l'exercice du culte public, dans la pratique de lajustice, de la charité sociale, de la fraternité chrétienne entre tous les Français par laréconciliation mutuelle, dans la paix.

Vous venez de proclamer, une fois de plus, que vous croyez à la vocation chrétienne de laFrance. Il est fidèle, l'Auteur de cette sublime vocation : Fidelis Deus, per quem vocati estis(I Cor.,I, 9). Que par vous, familles chrétiennes consacrées au Cœur de Jésus, la France, de soncôté, soit fidèle à y répondre !

C'est dans cette confiance que Nous vous donnons à vous tous, à tout votre bien-aimépeuple, à la jeunesse surtout, espoir de la patrie, avec toute l'effusion de Notre cœur, NotreBénédiction apostolique.

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Prière de madame Elisabeth au Sacré-Cœur

Cœur adorable de Jésus, sanctuaire de cet Amour qui a porté un Dieu à sacrifier sa viepour notre salut et à faire de son Corps la nourriture de nos âmes, en reconnaissance de cettecharité infinie, je vous donne mon cœur et, avec lui, tout ce que je possède au monde et tout ceque je suis, tout ce que je ferai, tout ce que je souffrirai.

Mais enfin, ô mon Dieu ! pour que ce cœur, je vous en supplie, ne soit plus indigne devous, rendez-le semblable à vous-même, entourez-le de vos épines pour en fermer l'entrée àtoutes les affections déréglées ; établissez-y votre Croix, qu'il en sente le prix, qu'il en prenne legoût ; embrasez-le de vos divines flammes, qu'il se consume pour votre gloire, qu'il soit tout àvous, après que vous avez voulu être tout à lui. Vous êtes sa consolation dans ses peines, leremède à ses maux, sa force et son refuge dans les tentations, son espérance pendant la vie, sonasile à la mort. Amen.

DOMINICAINES DU SAINT-ESPRIT

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L’annonce aux bergersGuido Reni

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Pour une charité effective

Qu'est-ce qu'une « charité effective »

C’est une charité qui donne des fruits pour le salut de notre prochain.

L'acte de charité ne s'y trompe pas qui nous fait affirmer :" Mon Dieu, je vous aime de toutmon cœur et par dessus toute chose....et j'aime mon prochain comme moi-même par amourpour Vous." Cette affirmation souligne le lien ontologique essentiel entre l'amour de Dieu etl'amour du prochain. Ce lien, du reste, a été voulu par Jésus lui-même lorsqu'il établit uneparité absolue entre le premier et le deuxième commandement : « Tu aimeras le Seigneurton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit »: voilà le premier et leplus grand commandement. Mais le second lui est semblable : « tu aimeras ton prochaincomme toi-même. » (Math.22, 37-38) Et l'apôtre bien-aimé pourra justement commenter :" Siquelqu’un dit :J’aime Dieu, et qu'il déteste son frère, c'est un menteur : celui quin'aime pas son frère qu'il voit, ne saurait aimer Dieu qu'il ne voit pas. Oui, voilà lecommandement que nous avons reçu de Lui : que celui qui aime Dieu aime aussi sonfrère." (1° Jean 4,20-21)

Aimer son prochain comme soi-même

L’amour pour notre prochain - en actes et pas seulement en paroles...- devient doncla vérification expérimentale. le seul ‘’test’’ authentique de la vérité de notre amour pourDieu. La parabole du Bon Samaritain illustre parfaitement la nature concrète, réaliste, decette charité envers le prochain, et Jésus lui-même, dans son entretien avec ses Apôtres aprèsla Cène, donnera au ''commandement nouveau" son amplitude définitive :" Aimez-vous lesuns les autres comme je vous ai aimés : à ceci tous vous reconnaîtront pour mesdisciples." (Jo.13, 34-35)

La charité effective est "apostolique".

Aimer son prochain "comme soi-même'", qu'est-ce à dire ? Savons-nous que nousaimer nous-mêmes, c'est nous aimer comme Dieu nous aime, c'est-à-dire pour nous sauverpar sa Croix et faire grandir en nous sa Sainteté par ses Sacrements...Nous devons doncaimer notre prochain de la même manière, c'est-à-dire pour le sauver - dans son corps ETdans son âme - et faire grandir en lui la Sainteté de Jésus-Christ. Ma charité pour monprochain sera donc "effective" lorsque je serai capable - en actes - de sauver toute personnerencontrée sur mon chemin dans sa souffrance, sa solitude, sa misère : là encore, la paraboledu bon Samaritain, déjà citée, est explicite à ce sujet et illustre exactement ce que Jésusproclamera :" Tout ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est àmoi que vous l'avez fait." (Math.25, 40)

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Aimer Dieu par-dessus tout

Ainsi la vraie charité - c'est-à-dire celle dont Dieu comble les cœurs qui L'aiment - estfondamentalement "apostolique". Commençons par aimer Dieu "par-dessus tout" et nousdeviendrons capables d'aimer notre prochain. C'est tout le sens de la lumineuse devise denotre Jeanne d'Arc:"Messire Dieu, premier servi" Si je sers bien Dieu en priorité absolue,alors mon prochain sera bien "servi". Mais l'inverse n'est pas vrai : l'amour prioritaire duprochain dans un cœur vide de Dieu ne donnera - au mieux - qu'un "altruisme" de plus oumoins bon aloi qui ne conduit pas nécessairement à Dieu ! Toute l'histoire des Saintsconfirme à l'évidence cette vérité : c'est parce qu'ils se sont d'abord "remplis" de Dieu dansla contemplation de Son Etre et de Ses œuvres qu'ils ont été capables de redonner cet amourà. leur prochain en de multiples et merveilleuses œuvres de miséricorde. Un Bernard deClairvaux, un François d'Assise, un Dominique, un Vincent de Paul, un Dom Bosco, un Jean-Marie Vianney, un Maximilien Kolbe et "Omnes Sancti et Sanctae Dei" ont puisé, dans leCœur de Dieu qu'ils ont ardemment contemplé, les forces surnaturelles pour assurer le salutde leur prochain.

L’exemple de la charité ignatienne.

C'est cette même charité effective que nous voyons rayonner dans l’œuvre de SaintIgnace de Loyola. Comment ne pas comprendre, en effet, que la logique vigoureuse de son"Principe et Fondement -" L'homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu NotreSeigneur, et par là sauver son âme" (Exercices Spirituels N°23)- est la source du prodigieuxdynamisme d’un apostolat qui va tout accomplir "Ad majorem Dei gloriam" ("AMDG")"pour la plus grande gloire de Dieu», ce que Saint Benoît avait déjà exprimé dans son "Ut inomnibus glorificetur Deus"(UIOGD)"Pour qu'en tout Dieu soit glorifié" (Règle, chap.57, citant 1°

Pet-4, 11).Ce principe est essentiel parce qu'il correspond exactement à l'ordre divin formulé à la foisdans le Premier Commandement et la première partie du Pater :" Que votre Nom soitglorifié" (traduction Carmignac) : voilà la finalité de tout apostolat.

Prendre quelques résolutions

Au terme d'un pèlerinage - comme au terme d'une retraite -, il est normal de prendrequelques résolutions. Si nous avons bien compris ce qui précède, ce n’est que dans lapersévérance de notre conversion que réside l'efficacité surnaturelle de notre apostolat." Toute âme qui s'élève élève le monde ." : en nous élevant vers Dieu par l'offrande continuellede notre devoir d'état et l'humble encens de notre prière, nous devenons capables de donner ànotre prochain, non pas la pauvreté de notre enveloppe humaine, mais la grâce surnaturelle dontDieu aura rempli notre cœur. Et c'est Dieu lui-même qui fera germer et fructifier toutes nosœuvres apostoliques.

Lumière dans nos ténèbres.

Demeure cependant une difficulté capitale: les engagements apostoliques que nousdevons prendre s'exercent au cœur d'un monde dont nous constatons à quel point il est envahipar les puissances des ténèbres. Nous voulons bien agir "tous azimuts"' en faveur de la"culture de vie", mais nous mesurons vite combien la "culture de mort" est organisée en unfaisceau tentaculaire capable, non seulement de tenir ses troupes et son terrain, mais encore dedéstabiliser les nôtres !

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Pratiquer le discernement des esprits

II est alors indispensable que l'apôtre - aussi bien pour lui-même, que pour les personnes,communautés ou institutions auprès desquelles il est appelé à exercer une "charité effective" –pratique bien le discernement des esprits, pour déjouer les pièges du prince des ténèbres etreconstruire une véritable chrétienté. Certes, nous savons qu'il s'agit là d’une œuvregigantesque qui ne peut être réalisée que par les baptisés du Peuple de Dieu, animés par lagrâce surnaturelle. Pour ce faire, Saint Paul nous décrit, en son langage dynamique et imagé,comment le baptisé doit :

" prendre les armes de Dieu pour être capable de résister àl'heure du combat et rester maître du terrain .... Que lavérité soit la ceinture de vos reins, que la justice soit votrecuirasse, que vos pieds soient chaussés du zèle pourl'évangile de paix. Servez-vous surtout du bouclier de la Foipour pouvoir éteindre tous les traits enflammés du Malin .Prenez encore le casque du salut et le glaive de l'esprit quiest la Parole de Dieu." (Eph.6, 13-17)

Saint Ignace est passé maître dans cet art du discernement des esprits et, lorsque nous voulonsnous engager à reconstruire une chrétienté pour le Christ-Roi, nous ne pouvons pas nous priverde ses lumières. Dans une méditation magistrale des Exercices Spirituels - les Deux Etendards -Saint Ignace nous apprend que dans la mêlée du monde, il ne faut pas nous tromper de camp,et il nous indique, d'abord, à quels signes nous allons pouvoir reconnaître l'étendard de Satanet son action : la confusion de l'esprit et des valeurs, la prétention d'une intelligenceorgueilleuse et autonome, l'excitation des passions, la guerre psychologique, le désir effréné desrichesses, la recherche des vains honneurs du monde, l'orgueil sous toutes ses formes. Jésus-Christ, au contraire "plein de grâce et de vérité" cherche à nous attirer à Lui par sa douceur etson humilité. II appelle tous les hommes de bonne volonté à entrer dans son Royaume deVérité , de Justice et de Paix par le chemin des Béatitudes. II nous invite à l'imiter dansl'acceptation de la Croix. Lui qui a toujours cherché à sauver les âmes avant même lescorps, il nous invite, à sa suite, à nous faire "pécheurs d'hommes", à faire connaître partoutcette Bonne Nouvelle que "Dieu nous aime et veut -. nous sauver", et c'est pour cette œuvrequ'Il "est avec nous (par sa Parole et ses Sacrements) jusqu'à la fin des siècles".Quand nous sommes découragés - devant l'immensité de la tâche et l'inanité de nos maigresefforts - songeons-nous à méditer l'extraordinaire épopée de la Sainte Eglise à travers lessiècles, l'œuvre immense des saintes et des saints qui ont construit la Chrétienté ? Cela pourraitsans doute réveiller nos énergies affaissées...

Repérer la manière d’agir du bon et du mauvais esprit

En outre, Saint Ignace, dans ses paragraphes sur le discernement des esprits, se montre finpsychologue et ferme pédagogue. Il nous apprend à repérer la manière d'agir du bon et dumauvais esprit qui se disputent notre âme. En praticien avisé et concret, il classe les baptisésen deux catégories principales pour déceler comment agissent le bon et le mauvais esprit enchacune d'elles.

1) "Pour ceux qui vont de péché mortel en péché mortel", Satan propose des"plaisirs apparents, occupant leur imagination de jouissances et de voluptés sensuelles, afin deles retenir et de les plonger plus avant dans leurs vices et dans leurs péchés".Le bon esprit au contraire va "aiguillonner et mordre la conscience" de ces grands pécheurs "enleur faisant sentir les reproches de la raison" (Exercices Spirituels N°314)

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Qui ne décèle déjà l'action que nous pouvons mener auprès des personnes de notre entouragequi vivent objectivement dans des situations de péchés graves ?

2) "Pour les personnes qui travaillent courageusement à se purifier de leurspéchés et vont de bien en mieux dans le service de Dieu notre Seigneur" ( espérons queles Pèlerins de Chartres sont de ceux-là...au terme du pèlerinage !), les deux esprits agissent"en sens inverse de la règle précédente". Satan va susciter dans ces âmes "des obstaclesartificiels, les troubler par des raisonnements faux et des tourments de conscience, afind'arrêter tous les jours, leurs progrès dans le chemin de la vertu." Le bon esprit, au contraire,va donner "courage, force, consolation ; il envoie de bonnes inspirations, il établit dans lapaix en levant les obstacles, afin de faire progresser dans le bien." (Ex.Spir.N°315)En suivant ces règles, nous allons vite nous apercevoir qu'elles correspondent à de multiples"états d'âme" et nous deviendrons capables de répondre aux inspirations de la grâce commede repousser les assauts et de déjouer les pièges du démon. Nous pourrons alors rendre à nosproches l'immense service de les éclairer sur les mouvements et impulsions de leur âme pourles aider à suivre le bon esprit et à se garder du mauvais : voilà une charité directement utileau salut de notre prochain !

Combattre les trois tactiques les plus habituelles au démon

Saint Ignace précise encore son analyse en débusquant les trois tactiques les plus habituellesau démon pour s'emparer des âmes et en montrant du même coup la contre attaque à luiopposer.

1) S’opposer fermement aux tentations, dès le début Le démon est un lâche qui agresse les plus faibles, les pusillanimes, ceux qui sont prêts àcéder aux premières tentations. Le démon s'acharne sur ces âmes pour les amener rapidementaux pires dégradations. La contre attaque consiste donc à s’opposer fermement auxtentations dès le début et à faire diamétralement le contraire de ce qui est suggéré par letentateur. En face de la tentation, il ne faut pas hésiter ni tergiverser, : on ne joue pas avec ledémon, pas plus qu'avec le feu ! Et Saint Augustin précise :" Le démon peut aboyer, mais nonpas mordre, sauf si on le veut !" La seule consigne est celle de l'Apôtre :" Resistite fortes inFide."(1 Pet.5, 9)

2) Prendre conseilLe démon est un séducteur qui réclame le secret sur ses entreprises. II entraîne peu à peu aumal par ruses successives. La contre attaque réside alors dans la volonté de prendre conseil.Attention ! Dans l'apostolat, dans nos engagements, il est toujours très dangereux d'agir seul.Il faut se faire éclairer, diriger même, par un directeur spirituel et celui-ci doit être de doctrineferme, d'un jugement droit, d'une expérience confirmée. Dans l'effroyable confusion actuelle,il est indispensable de débusquer les multiples visages que peut prendre le Malin. Cela nepeut se faire tout seul. Il y faut un regard perspicace, éclairé par la sagesse de I' Eglise. Ledémon est très fort, en particulier, pour nous entraîner dans des compromissions successivesqui peuvent nous conduire fort loin : d'une concession qui nous semble légère au point dedépart, nous pouvons nous retrouver au terme dans un reniement objectif de notre Foi oudans des attitudes moralement coupables.

3) Evaluer la fermeté et la qualité de nos vertusLe démon agit comme un stratège habile qui sait que toute place forte présente toujours un ouplusieurs points faibles. Attention donc à notre (ou nos!) défaut(s) dominant(s) : c'est là queSatan saura nous attaquer. Interrogeons-nous donc sur la fermeté et qualité de nos vertus

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théologales, cardinales et morales. Connaissons aussi les points faibles de nos adversaires : iln'est pas profitable d'user nos forces sur les positions où ils sont les mieux établis !

Ces règles du discernement des esprits, suivies avec humilité et persévérance, doiventnous aguerrir et nous fortifier dans ce combat permanent que tout baptisé doit mener contreles puissances des ténèbres. A ce titre, leur mise en œuvre est indispensable au baptisé quidésire s'engager pour "tout restaurer dans le Christ"' (devise de St Pie X), quel que soit leou les créneaux qu'il est appelé à reconquérir et à tenir dans la cité terrestre où Dieu l'a placé.

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Au cours de son histoire, la France, lorsqu'elle fut fidèle aux promesses de sonbaptême, fut l'âme de cette chrétienté qui illumina l'Europe. Mais nous savons aussi quelsfruits de mort ont produit ses reniements... Il en est de même pour tout baptisé. Cela doitnous inviter à l'action de grâce et à l'humilité, car nous connaissons à la fois notre faiblesse etles fruits de la grâce dans une âme fidèle. Dans les engagements que nous aurons à prendredemain, puissions-nous toujours garder le chemin de la charité qui nous invite à sauvernotre prochain comme Dieu seul sait nous sauver.

Au fond, tout bien analysé, le seul secret d'une charité authentique. ne serait-il pasd’écouter Dieu afin de mieux entendre (= comprendre) les cœurs qu'Il aime et qu'Il nousdemande d'aimer ? Prions Le et prions tous les Saints, qui ont su vivre cette charitéconquérante, de nous en accorder la grâce.

Frère MARTIN Prêtre pèlerin.

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« CHRÉTIENTÉ : VOCATION DE LA FRANCE »

◆ PLAN DES SERMONS ET MÉDITATIONS ◆

INTRODUCTION: POURQUOI CE THEME

Il y a vingt ans notre pèlerinage de chrétienté était fondé.Il y a dix ans nous méditions ce vœu de Charles Péguy : « Pour que France, pour que Chrétienté

continue. ».Aujourd’hui, si notre objectif n’a pas changé, les difficultés pour l’atteindre paraissent encore

bien plus insurmontables.

Menacés par la culture de mort, pris en tenaille entre un islam conquérant et un mondialismeétouffant, nos contemporains ont tout lieu de s’inquiéter, voire de perdre patience. Hélas, pour qualifierl'attitude de nos dirigeants, nous hésitons entre incompréhension et irresponsabilité.

Quelle prise avons-nous sur les événements ? A vue humaine, elle paraît bien faible.

Et pourtant, nous nous rapprochons à grands pas de la victoire de Notre Seigneur Jésus-Christ.En effet, la misère appelle la miséricorde, et, puisque nos moyens humains sont à court, nous

nous tournons maintenant plus facilement vers la grâce.Alors, maintenant, qu’allons-nous faire, nous, catholiques français, faibles et beaucoup trop

timides ? Y a-t-il besoin d’inventer ?

Voici en quels termes, en 1937, le cardinal Pacelli, futur Pie XII, apostrophait ses auditeurs dansla cathédrale de Paris :

« Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation ! Jamais l’heure n’a été plus grave pour vous enimposer les devoirs, jamais l’heure plus belle pour y répondre. Ne laissez pas passer l’heure, ne laissezpas s’étioler les dons que Dieu a adaptés à la mission qu’Il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne lesprofanez pas au service de quelque autre idéal trompeur, inconsistant ou moins noble et moins dignede vous. »

De plus, résonne toujours dans nos mémoires cette interrogation grave et insistante de notre SaintPère le pape Jean-Paul II au Bourget en 1980: "France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle auxpromesses de ton baptême ?".

Cette année nous souhaitons donner une résonance particulière à ce thème de la fidélité à lavocation, à l’occasion du pèlerinage de Pentecôte.

Pour cela nous méditerons ces trois mots d’ordre, à la fois simples et profonds, donnés par lafutur pape dans son allocution:

VIGILATE, ORATE, AMATE.

Ils constitueront la trame de ces trois journées. A chacun de nous de les rendre vivants, actuels etprofonds, par des méditations, des chants, des silences et des actes de charité.

Puisse ce thème nous faire découvrir ou redécouvrir la beauté de la France chrétienne etnous la faire aimer profondément.

ABBE FRANÇOIS POZZETTO BENOIT DE BEAUREPAIRE

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SAMEDI 7 JUIN 2003

"VIGILATE ..."

Sous le patronage de Saint Jean-Baptiste[ Les chefs de chapitre prévoiront dès que possible un bref rappel biographique de ce saint

patron. Ils pourront y revenir à l'occasion des méditations prévues dans la journée. ]Puisse le Saint Précurseur nous guider dans notre démarche de conversion, de pénitence et d'attention àla venue de Notre-Seigneur dans nos âmes.

Envoi du Pèlerinage Lancement du pèlerinage[ Nous nous retrouvons à Notre-Dame de Paris, le prédicateur pourra montrerla signification de ce rassemblement en ce lieu en relation avec notre vocation etnotre démarche de pèlerins de chrétienté. "C'est ici l'âme même de la France,l'âme de la fille aînée de l'Eglise, qui parle à mon âme" ( Cf allocution duCardinal PACELLI du 13 Juillet 1937 ). Il rappellera également ce que signifienotre marche vers Chartres. ]

Présentation du Pèlerinage �(dès que le calme est suffisant)Cette présentation, faite par le chef de chapitre, est l’un des instants les plusimportants du pèlerinage ; c’est là qu’on fixe les grandes règles, les « limitesgauche et droite » et que l’on fait sentir le sens profond et vrai du pèlerinage(dimensions personnelles et dimensions sociales).Elle doit :

� éclairer sur le déroulement, le style de la marche� rappeler ce qu’est l’esprit de prière et de pénitence� introduire le thème qui fournit la trame des différentes instructions au long des 3 jours� énoncer les règles pratiques, les limites qu’il convient

de ne pas dépasser� dérouler et commenter les « engagements du pèlerin »

[Ces points auront avantage à être rappelés au cours de la marche. Ence qui concerne la tenue (vestimentaire et comportement), nous nousferons encore très insistants, cette année, sur la mise en garde à effectueren début de pèlerinage. Imperceptiblement, une tenue relâchée estsusceptible de ruiner l’esprit du pèlerinage et de compromettre laprofondeur des conversions.Les chefs de chapitre veilleront donc, à ce que cette mise au point, biennécessaire, allie clarté, précision et délicatesse. Au besoin, ils ferontappel à un prêtre pour les aider dans cette partie difficile et d’oùl’humour n’est peut-être pas à exclure.]

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������������������� � Présentation du Saint Sacrifice et la messe

[Il est bon ici, de rappeler ce qu’est la Sainte Messe, renouvellement nonsanglant du Saint Sacrifice de la Croix. On veillera, aussi, à bienexpliquer certains aspects du rite, en particulier ce qui risque d’étonner( le latin, la position à genoux, le prêtre tourné vers Dieu plutôt que versle peuple, la communion sur la langue,…). On mettra surtout en lumièrela beauté de cette liturgie qui ouvre au sens du mystère, du sacré, de latranscendance. Ces explications pourront être reprises au cours du pèlerinage, si besoinavec l’aide d’un prêtre ou d’un séminariste. Comme nos choixliturgiques sont loin de se réduire à l'expression d'une spécificitéfacultative, il est évident que notre conviction doit transparaître dans nosparoles.]

[ Le sermon de la messe nous propose une première méditation sur lavigilance, il la place dans une optique personnelle. ]

Sermon de la Messe: Vigilance face au péché et à nous-mêmes

Les habitudes de notre vie quotidienne, notre confort, les affaires quenous avons à traiter peuvent nous laisser indifférents, endormis. Etpourtant Notre-Seigneur nous dit: "Fratres sobrii estote et vigilate quiaadversarius vester diabolus tamquam leo rugiens circuit quaerens quemdevoret." ( Frères, soyez sobres, veillez; votre adversaire, le diable,comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer. )1ère lettre de Saint Pierre V,8.N'avons-nous pas laissé le lion rôder autour de nous et nous dévorer parle péché?Ce pèlerinage est l'occasion de renoncer au péché, de revenir à une sainevigilance. Le premier moyen qui nous est ici donné est le sacrement depénitence.

[ La méditation qui suit après le déjeuner reprend le thème de lavigilance, mais sur un plan plus général face au monde actuel ]

En début d'après-midi: Vigilance face au monde extérieur, comment est-on vigilant ?

Soyons réaliste. Les faux bonheurs que nous proposent les acteurs dubruit ambiant ont un revers de médaille.On ne peut être chrétien et dormir indifférent quand la France enparticulier, rassemble, sur son sol, autant d'apostasie, de débauche,d'anéantissement d'identité sous les yeux d'autorités politiques etreligieuses souvent bien fades. La France que nous aimons est défigurée,la sainte Eglise est toujours la sainte Eglise mais beaucoup de sespasteurs et de ses fidèles n'admettent plus et ne retransmettent plus laVérité dans son intégralité.

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Sommes-nous vigilants ou complaisants ?Notre-Seigneur ne nous demande pas l'inquiétude ou l'obsession qui nesont pas des attitudes chrétiennes, mais Il indique la conduite à tenir : ilfaut commencer par la prière et la pénitence ; il faut commencer par nousconvertir.Cette consigne salutaire nous est confirmée par les avertissements deNotre-Dame en chacune de ses apparitions. [ On en donnera ici lesprincipaux exemples.]

En cours d'après-midi: La confession sacramentelle

[L’après-midi doit se poursuivre en permettant à nos pèlerins de serapprocher du sacrement de pénitence. Ce thème sera certainement àreprendre au cours des trois jours avec l’aide des prêtres, religieux,séminaristes. L’expérience nous montre que, souvent, le « déclic » nes’effectue pas dès le premier jour.]

En fin d'après-midi: "Resistite fortes in fide"

On ne peut être vigilant, résister et agir avec courage et humilité sans unefoi forte qui se nourrit par l'étude et la contemplation de la vérité :catéchisme, Ecriture sainte, encycliques des papes,…Ne voyons-nous pas dans notre ignorance, ou tout au moins dans notrelégèreté, l'origine de certains de nos échecs ?

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DIMANCHE 8 JUIN 2003

" ORATE… "

Sous le patronage de sainte Marguerite-Marieet des bienheureuses carmélites de Compiègne

[ Les chefs de chapitre prévoiront dès que possible un bref rappel biographique de ces saintesreligieuses. Ils pourront y revenir à l'occasion des méditations prévues dans la journée. ]

[ La vigilance évoquée la veille se prolonge et s'élève en une attentionparticulière à l'appel de Dieu pour chacun de nous et chacune de nosnations. Cette disposition s'enracine dans la prière et la vie intérieure. Lepatronage de cette journée nous montre comment une vie de prièreprofonde a permis à de faibles religieuses de correspondre à la volontéde Dieu. Les carmélites de Compiègne sont restées fidèles à leurvocation jusqu'au sacrifice final. Sainte Marguerite-Marie a transmis àses proches et à la France entière la dévotion du Sacré-Cœur.]

[ Dès le départ de la marche, il est important de nous situer dans ladémarche du pèlerinage et du thème, marche de prière et de pénitence.Ceci se fera tout naturellement par une prière. Cette prière pourracomporter une offrande de la journée, une demande à Dieu pour lesgrâces qui nous sont nécessaires (grâce de la conversion ?) etcertainement l’invocation de la protection de la Sainte Vierge et dessaints que nous vénérons. Il est bon enfin d'annoncer aux pèlerins leprogramme de la journée et leur apporter toutes les recommandationsutiles .]

Le matin en partant: Vocation des personnes , vocation des nations

Nous nous étions hier attachés à exciter notre vigilance face aux forcesdu mal. Sans oublier cette attitude il est bon de placer notre âme àl'écoute de Notre-Seigneur.Dieu appelle chacun de nous à suivre Sa volonté, là où il se trouve, entant que personne individuelle mais aussi en tant que membre d'unesociété. Les nations, également, sont appelées à correspondre au plan deDieu. Mais elles ne seront fidèles à leur vocation que si chacun de nousest disposé à agir pour le bien commun.La fidélité à cette vocation apporte le bonheur; l'infidélité provoque notreperte.Suis-je sûr d'avoir fait tout ce que je pouvais ?

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En milieu de matinée: La vocation sacerdotale ou religieuse

Certainement beaucoup parmi nous ( peut-être aussi dans ce pèlerinage )recevront un appel particulier à suivre Notre-Seigneur. Sommes-nousprêts à répondre à la vocation au sens strict, sacerdotale ou religieuse ?[Cette méditation sera l'occasion d'exposer ce qu'est la vocation, demontrer la beauté de l'acte d'abandon qui y répond.]Profitons de la présence des prêtres, religieux, religieuses présents pouren parler.

Sermon de la Messe: La docilité au Saint-Esprit

Notre-Seigneur ne nous appelle pas à plonger dans les rêves d'un futuridéal ou dans la mélancolie d'un passé révolu mais dans l'instant présent.Nous demandons au Saint-Esprit de nous rendre dociles à sa saintevolonté. Pour cela, nous devons être des âmes de prière.

Début d'après-midi: "L'unique nécessaire"

La prière est la "respiration de l'âme", elle doit tout précéder, toutaccompagner. Prier c’est aller chercher l’Amour à sa source la plus pure ;prier élève l’âme. Toutes les grandes choses se préparent dans le silenceet la prière. Notre Seigneur nous enseigne qu'il faut prier sans cesse.[ On présente ici le rôle de la prière dans notre vie, en particulier laprière liturgique. On montrera également le lien qui existe entre la prièreet l'espérance.]

Milieu d'après-midi: La France que nous aimons est une France qui prie

[ Après avoir montré l'importance de notre vocation et le rôle de laprière pour y répondre, nous allons prendre des exemples dans les plusbelles pages de notre histoire.Ces évocations nous donneront l'occasion de montrer la vocation de laFrance et de l'aimer davantage.]

Fin d'après-midi: Notre vie entre les mains de la Sainte Vierge

Cette perspective qui s'est ouverte à nos yeux aujourd'hui ( suivre notrevocation par une vie de prière désormais plus profonde ) nous sembledifficile, peut-être même décourageante. N'ayons pas peur, ne renonçonspas, la Sainte-Vierge est là qui veille sur nos pas spirituels chancelants.Consacrons-lui notre vie.[ Cette méditation sera l'occasion d'inviter tous ceux qui le peuvent àassister au salut du Saint-Sacrement, à l'adoration nocturne,� et demontrer la signification de l'acte de consécration à Marie qui sedéroulera dans la soirée.]

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LUNDI 9 JUIN 2003

" AMATE… "

sous le patronage de Sainte Jeanne d’Arc[ Les chefs de chapitre prévoiront dès que possible un bref rappel biographique de cette sainte

patronne de la France. Ils pourront y revenir à l'occasion des méditations prévues dans la journée. ]

Puisse Sainte Jeanne d’Arc nous fortifier et nous montrer l’exemple de l’engagement vrai dans lacharité pour notre bien, celui de nos prochains et celui de la France.

[Nous nous remémorons les étapes franchies pendant la journée dusamedi et du dimanche. Ce lundi,�nous achevons cette progression dansla perspective de notre retour vers le quotidien. C'est donc le jourfavorable pour parler des résolutions et de l'engagement personnel.Comme la veille, une prière du matin remettra nos chapitres dans l’espritdu pèlerinage, dès le départ.]

Au départ de la marche: "Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous ! "

Samedi, nous exercions nos esprits à la vigilance. Dimanche, nous avonsrepris conscience que Dieu nous attend, et que son appel nous estcommuniqué dans le silence de la prière. Le contenu de cet appelaujourd'hui est clair. Il faut répondre à l'Amour divin et gagner nosprochains et nos nations au règne de Notre-Seigneur.Les hommes de notre temps meurent de soif parce qu'ils ne viennent pluss'abreuver à l'Amour miséricordieux. Il se manifeste pourtant dans notrequotidien avec une infinie générosité ( Saint Sacrifice de la messe,actions discrètes de la Sainte Providence, grâces innombrables,…)Puisons dans la dévotion au Sacré-Cœur toute l'énergie nécessaire nonseulement pour nous protéger, mais aussi pour lui gagner les âmes enparticulier celles qui ne connaissent rien du seul vrai Dieu.

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Milieu de matinée: Pour agir selon la volonté de Notre-Seigneur, le discernement des esprits

Aujourd'hui, sans doute plus encore qu'il y a quelques dizaines d'annéesou quelques siècles, l'Eglise et la France ont besoin du don généreux denous-mêmes pouvant aller jusqu’à l’héroïsme. Mais cet engagement doitêtre entièrement fidèle à la volonté de Dieu.L'humilité, une vie intérieure fervente, une solide formation doctrinale, lasoumission à un guide spirituel éclairé sont des conditions fondamentalespour que nos élans n'aboutissent pas à l'échec, comme cela a été le cas detant d'initiatives passées.[ Ces conseils se retrouvent dans les règles de discernement des espritstelles qu'on peut les expliquer dans les retraites de Saint Ignace. Le chefde chapitre ne manquera pas d'encourager ses pèlerins à en suivre aumoins une.]

Fin de matinée: "Aimer c'est tout donner et se donner soi-même" ( Ste Thérèse de l'E.J. )

Dieu nous attend tout d'abord dans le don de nous-mêmes. Sommes-nousprêts à tout lui sacrifier ? Sommes-nous prêts à lui donner notre confort,notre fierté, nos soucis, nos difficultés, notre sensibilité, notre temps,notre "jardin secret",…Sommes-nous prêts à prendre enfin les résolutions d'une efficaceconversion ? Sommes-nous prêts à assister plus souvent à la Messe, àméditer chaque jour les mystères de notre rosaire, à pratiquer l'oraisonquotidienne, à pratiquer les œuvres de miséricorde, à accepter lesoccasions d'engagement civique que la divine Providence nousprésentera,… tout simplement à être des exemples de charité ?

Début d'après-midi: La France que nous aimons est une France qui œuvre.

[Après avoir montré l'importance de notre engagement en réponse àl'Amour de Notre-Seigneur, nous allons prendre à nouveau des exemplesdans les plus belles pages de notre histoire.Ces évocations nous donneront l'occasion de montrer comment la Francea pu se construire.]

Sermon de la Messe: "Pour que France, pour que chrétienté continue"

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Allocution prononcée par le futur Pie XII lors du voyage pour l'inauguration de la basiliqueSainte Thérèse à Lisieux où il représentait le pape Pie XI.

Tandis que dans la majesté des fonctions liturgiques, entouré d'une foule immense quimanifestait sa foi enthousiaste et sa tendre dévotion, je célébrais au nom du Souverain Pontifel'inauguration de la basilique érigée en l'honneur de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, uneinexprimable émotion m'envahissait le cœur d'une suavité si pénétrante que je ne voyais pas sansun mélancolique regret approcher le moment de m'éloigner de Lisieux où je venais de vivre cesheures inoubliables et vraiment célestes.

Mais voici que le parfum dont mon âme était tout embaumée me suivait, m'accompagnaitau cours de mon voyage de retour à travers 1a 'luxuriante fécondité des plaines et des collines deFrance, de la douce terre de France, souriante dans la splendeur de sa parure d'été.

Et ce parfum m'accompagne encore ; il m'accompagnera désormais partout. Mais, à metrouver aujourd'hui en cette capitale de la grande nation, au cœur même de cette patrie, toutechargée des fruits de la terre, toute émaillée des fleurs du ciel, du sein de laquelle a germé, sousle soleil divin, la fleur exquise du Carmel, si simple en son héroïque sainteté, si sainte en sagracieuse simplicité ; à me trouver ici en présence de toute une élite des fils et des filles deFrance, devant deux cardinaux qui honorent l'Église et la patrie, l'un pasteur dont la sagesse et labonté s'emploient à garder la France fidèle à sa vocation catholique, l'autre, docteur, dont lascience illustra naguère ici même cette glorieuse vocation, mon émotion redouble encore et lapremière parole qui jaillit de mon cœur à mes lèvres est pour vous porter à vous et, en vous, àtous les autres fils et filles de France, le salut, le sourire de la grande " petite sainte ", flos campiet lilium convallium (Cant. 2, 1), decor Carmeli (Is. 35, 2), messagère de la miséricorde et de latendresse divines pour transmettre à la France, à l'Église, à tout le monde, à ce monde tropsouvent vide d'amour, sensuel, pervers, inquiet, des effluves d'amour, de pureté, de candeur et depaix.

Mais ce n'est pas seulement le charme de Lisieux et de sa " petite fleur " qui me hante en cemoment, dans la chaire de cette cathédrale, c'est aussi l'impression que fait naître en moi cettecathédrale elle-même.

Comment dire, mes frères, tout ce qu'évoque en mon esprit, en mon âme, comme dansl'âme et dans l'esprit de tout catholique, je dirais même dans toute âme droite et dans tout espritcultivé, le seul nom de Notre-Dame de Paris ! Car ici c'est l'âme même de la France, l'âme de lafille aînée de l'Église, qui parle à mon âme.

Âme de la France d'aujourd'hui qui vient dire ses aspirations, ses angoisses et sa prière ;âme de la France de jadis dont la voix, remontant des profondeurs d'un passé quatorze foisséculaire, évoquant les Gesta Dei per Francos, parmi les épreuves aussi bien que parmi lestriomphes, sonne aux heures critiques comme un chant de noble fierté et d'imperturbableespérance. Voix de Clovis et de Clotilde, voix de Charlemagne, voix de saint Louis surtout, encette île où il semble vivre encore et qu'il a parée, en la Sainte Chapelle, de la plus glorieuse et de

Notre-Dame de Paris, le 13 juillet 1937,Allocution du Cardinal Pacelli

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la plus sainte des couronnes ; voix aussi des grands docteurs de l'Université de Paris, des maîtresdans la foi et dans la sainteté...

Leurs souvenirs, leurs noms inscrits sur vos rues, en même temps qu'ils proclament lavaillance et la vertu de vos aïeux, jalonnent comme une route triomphale l'histoire d'une Francequi marche et qui avance en dépit de tout, d'une France qui ne meurt pas ! Oh ! ces voix !j'entends leur innombrable harmonie résonner dans cette cathédrale, chef-d’œuvre de votre génieet de votre amoureux labeur qui l'ont dressée comme le monument de cette prière, de cet amour,de cette vigilance, dont je trouve le symbole parlant en cet autel où Dieu descend sous les voileseucharistiques, en cette voûte qui nous abrite tous ensemble sous le manteau maternel de Marie,en ces tours qui semblent sonder l'horizon serein ou menaçant en gardiennes vigilantes de cettecapitale. Prêtons l'oreille à la voix de Notre-Dame de Paris.

Au milieu de la rumeur incessante de cette immense métropole, parmi l'agitation desaffaires et des plaisirs, dans l'âpre tourbillon de la lutte pour la vie, témoin apitoyé des désespoirsstériles et des joies décevantes, Notre-Dame de Paris, toujours sereine en sa calme et pacifiantegravité, semble répéter sans relâche à tous ceux qui passent : Orate, fratres, Priez, mes frères ;elle semble, dirais-je volontiers, être elle-même un Orate fratres de pierre, une invitationperpétuelle à la prière.

Nous les connaissons les aspirations, les préoccupations de la France d'aujourd'hui ; lagénération présente rêve d'être une génération de défricheurs, de pionniers, pour la restaurationd'un monde chancelant et désaxé ; elle se sent au cœur l'entrain, l'esprit d'initiative, le besoinirrésistible d'action, un certain amour de la lutte et du risque, une certaine ambition de conquêteet de prosélytisme au service de quelque idéal.

Or si, selon les hommes et les partis, l'idéal est bien divers - et c'est le secret de tant dedissensions douloureuses -, l'ardeur de chacun est la même à poursuivre la réalisation, letriomphe universel de son idéal - et c'est, en grande partie, l'explication de l'âpreté et del'irréductibilité de ces dissensions.

Mais ces aspirations mêmes que, malgré la grande variété de leurs manifestations, nousretrouvons à chaque génération française depuis les origines, comment les expliquer ? Inutiled'invoquer je ne sais quel fatalisme ou quel déterminisme racial. À la France d'aujourd'hui, quil'interroge, la France d'autrefois va répondre en donnant à cette hérédité son vrai nom : lavocation.

Car, mes frères, les peuples, comme les individus, ont aussi leur vocation providentielle ;comme les individus, ils sont prospères ou misérables, ils rayonnent ou demeurent obscurémentstériles, selon qu'ils sont dociles ou rebelles à leur vocation.

Fouillant de son regard d'aigle le mystère de l'histoire universelle et de ses déconcertantesvicissitudes, le grand évêque de Meaux écrivait : " Souvenez-vous que ce long enchaînement descauses particulières, qui font et qui défont les empires, dépend des ordres secrets de laProvidence. Dieu tient du plus haut des cieux les rênes de tous les royaumes ; il a tous les coeursen sa main ; tantôt il retient les passions ; tantôt il leur lâche la bride, et par là il remue tout legenre humain... C'est ainsi que Dieu règne sur tous les peuples. Ne parlons plus de hasard ni defortune ; ou parlons-en seulement comme d'un nom dont nous couvrons notre ignorance "(Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, III, 8).

Le passage de la France dans le monde à travers les siècles est une vivante illustration decette grande loi de l'histoire de la mystérieuse et pourtant évidente corrélation entrel'accomplissement du devoir naturel et celui de la mission surnaturelle d'un peuple.

Du jour même où le premier héraut de l'Évangile posa le pied sur cette terre des Gaules etoù, sur les pas du Romain conquérant, il porta la doctrine de la croix, de ce jour-là même, la foiau Christ, l'union avec Rome, divinement établie centre de l'Église, deviennent pour le peuple deFrance la loi même de sa vie. Et toutes les perturbations, toutes les révolutions, n'ont jamais faitque confirmer, d'une manière toujours plus éclatante, l'inéluctable force de cette loi.

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L'énergie indomptable à poursuivre l'accomplissement de sa mission a enfanté pour votrepatrie des époques mémorables de grandeur, de gloire, en même temps que de large influence surla grande famille des peuples chrétiens. Et si votre histoire présente aussi ses pages tragiquementdouloureuses, c'était aux heures où l'oubli des uns, la négation des autres, obscurcissaient, dansl'esprit de ce peuple, la conscience de sa vocation religieuse et la nécessité de mettre en harmoniela poursuite des fins temporelles et terrestres de la patrie avec les devoirs inhérents à une si noblevocation.

Et, néanmoins, une lumière resplendissante ne cesse de répandre sa clarté sur toutel'histoire de votre peuple ; cette lumière qui, même aux heures les plus obscures, n'a jamaisconnu de déclin, jamais subi d'éclipse, c'est toute la suite ininterrompue de saints et de héros qui,de la terre de France, sont montés vers le ciel. Par leurs exemples et par leur parole, ils brillentcomme des étoiles au firmament, quasi stellae in perpetuas aeternitates (Dan. 12, 3) pour guiderla marche de leur peuple, non seulement dans la voie du salut éternel, mais dans son ascensionvers une civilisation toujours plus haute et plus délicate.

Saint Remi qui versa l'eau du baptême sur la tête de Clovis ; saint Martin, moine, évêque,apôtre de la Gaule ; saint Césaire d'Arles ; ceux-là et tant d'autres, se profilent avec un reliefsaisissant sur l'horizon de l'histoire, dans cette période initiale qui, pour troublée qu'elle fût,portait cependant en son sein tout l'avenir de la France. Et, sous leur action, l'Évangile du Christcommence et poursuit, à travers tout le territoire des Gaules, sa marche conquérante, au coursd'une longue et héroïque lutte contre l'esprit d'incrédulité et d'hérésie, contre les défiances et lestracasseries de puissances terrestres, cupides et jalouses. Mais, de ces siècles d'effort courageuxet patient, devait sortir enfin la France catholique, cette Gallia sacra, qui va de Louis, le saintroi, à Benoît-Joseph Labre, le saint mendiant ; de Bernard de Clairvaux à François de Sales, àl'humble Curé d'Ars ; de Geneviève, la bergère de Nanterre, à Bernadette, l'angélique pastourellede Lourdes ; de Jeanne d'Arc, la vierge guerrière, la sainte de la patrie, à Thérèse de l'Enfant-Jésus, la vierge du cloître, la sainte de la " petite voie ".

La vocation de la France, sa mission religieuse ! mes frères, mais cette chaire même ne luirend-elle pas témoignage ? Cette chaire qui évoque le souvenir des plus illustres maîtres,orateurs, théologiens, moralistes, apôtres, dont la parole, depuis des siècles, franchissant leslimites de cette nef, prêche la lumineuse doctrine de vérité, la sainte morale de l'Évangile,l'amour de Dieu pour le monde, les repentirs et les résolutions nécessaires, les luttes à soutenir,les conquêtes à entreprendre, les grandes espérances de salut et de régénération.

À monter, même pour une seule fois et par circonstance, en cette chaire après de telshommes, on se sent forcément, j'en fais en ce moment l'expérience, bien petit, bien pauvre ; àparler dans cette chaire, qui a retenti de ces grandes voix, je me sens étrangement confusd'entendre aujourd'hui résonner la mienne.

Et malgré cela, quand je pense au passé de la France, à sa mission, à ses devoirs présents,au rôle qu'elle peut, qu'elle doit jouer pour l'avenir, en un mot, à la vocation de la France, commeje voudrais avoir l'éloquence d'un Lacordaire, l'ascétique pureté d'un Ravignan, la profondeur etl'élévation théologique d'un Monsabré, la finesse psychologique d'un Mgr d'Hulst avec sonintelligente compréhension de son temps ! Alors, avec toute l'audace d'un homme qui sent lagravité de la situation, avec l'amour sans lequel il n'y a pas de véritable apostolat, avec la claireconnaissance des réalités présentes, condition indispensable de toute rénovation, comme jecrierais d'ici à tous les fils et filles de France : " Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation !Jamais heure n'a été plus grave pour vous en imposer les devoirs, jamais heure plus belle pour yrépondre. Ne laissez pas passer l'heure, ne laissez pas s'étioler des dons que Dieu a adaptés à lamission qu'il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne les profanez pas au service de quelque autreidéal trompeur, inconsistant ou moins noble et moins digne de vous ! "

Mais, pour cela, je vous le répète, écoutez la voix qui vous crie : " Priez, Orate, fratres ! "Sinon, vous ne feriez qu’œuvre humaine, et, à l'heure présente, en face des forces adverses,

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l’œuvre purement humaine est vouée à la stérilité, c'est-à-dire à la défaite ; ce serait la faillite devotre vocation.

Oui, c'est bien cela que j'entends dans le dialogue de la France du passé avec la Franced'aujourd'hui. Et Notre-Dame de Paris, au temps où ses murs montaient de la terre, était vraimentl'expression joyeuse d'une communauté de foi et de sentiments qui, en dépit de tous lesdifférends et de toutes les faiblesses, inséparables de l'humaine fragilité, unissait tous vos pèresen un Orate, fratres dont la toute-puissante douceur dominait toutes les divergencesaccidentelles. À présent, cet Orate, fratres la voix de cette cathédrale ne cesse pas de le répéter ;mais combien de cœurs dans lesquels il ne trouve plus d'écho ! combien de cœurs pour lesquelsil ne semble plus être qu'une provocation à renouveler le geste de Lucifer dans l'orgueilleuseostentation de leur incrédulité ! Cette voûte sous laquelle s'est manifestée en des élansmagnifiques l'âme de la France d'autrefois et où, grâce à Dieu, se manifestent encore la foi etl'amour de la France d'aujourd'hui ; cette voûte qui, il y a sept siècles, joignait ses deux bras versle ciel comme pour y porter les prières, les désirs, les aspirations d'éternité de vos aïeux et lesvôtres, pour recevoir et vous transmettre en retour la grâce et les bénédictions de Dieu ; cettevoûte sous laquelle en un temps de crise, l'incrédulité, dans son orgueil superbe, a célébré seséphémères triomphes par la profanation de ce qu'il y a de plus saint devant le ciel ; cette voûte,mes frères, contemple aujourd'hui un monde qui a peut-être plus besoin de rédemption qu'enaucune autre époque de l'histoire et qui, en même temps, ne s'est jamais cru plus capable de s'enpasser.

Aussi, tandis que je considère cet état de choses et la tâche gigantesque qui, de ce chef,incombe à la génération présente, je crois entendre ces pierres vénérables murmurer avec unepressante tendresse l'exhortation à l'amour ; et moi-même, avec le sentiment de la plus fraternelleaffection, je vous la redis, à vous qui croyez à la vocation de la France : " Mes frères, aimez!Amate, fratres ! "

Tout ce monde qui s'agite au dehors, et dont le flot, comme celui d'une mer déchaînée,vient battre incessamment de son écume de discordes et de haine les rives tranquilles de cettecité, de cette île consacrée à la Reine de la paix, Mère du bel amour ; ce monde-là, commenttrouvera-t-il jamais le calme, la guérison, le salut, si vous-mêmes, qui, par une grâce toutegratuite, jouissez de la foi, vous ne réchauffez pas la pureté de cette foi personnelle à l'ardeurirrésistible de l'amour, sans lequel il n'est point de conquête dans le domaine de l'esprit et ducœur ? Un amour qui sait comprendre, un amour qui se sacrifie et qui, par son sacrifice, secourtet transfigure ; voilà le grand besoin, voilà le grand devoir d'aujourd'hui. Sages programmes,larges organisations, tout cela est fort bien ; mais, avant tout, le travail essentiel est celui qui doits'accomplir au fond de vous-mêmes, sur votre esprit, sur votre coeur, sur toute votre conduite.Celui-là seul qui a établi le Christ roi et centre de son coeur, celui-là seul est capable d'entraînerles autres vers la royauté du Christ. La parole la plus éloquente se heurte aux coeurssystématiquement défiants et hostiles. L'amour ouvre les plus obstinément fermés.

Que d'hommes n'ont perdu la foi au Père qui est dans les cieux que parce qu'ils ont perdud'abord la confiance dans l'amour de leurs frères qui sont sur la terre, même de ceux qui fontprofession de vie chrétienne ! Le réveil de ces sentiments fraternels et la claire vue de leursrelations avec la doctrine de l'Évangile reconduiront les fils égarés à la maison du Père.

Au malheureux gisant sur la route, le corps blessé, l'âme plus malade encore, on n'aura quede belles paroles à donner et rien qui fasse sentir l'amour fraternel, rien qui manifeste l'intérêtque l'on porte même à ses nécessités temporelles, et l'on s'étonnera de le voir demeurer sourd àtoute cette rhétorique ! Qu'est-elle donc, cette foi qui n'éveille au cœur aucun sentiment qui setraduise par des œuvres ? Qu'en dit saint Jean, l'apôtre et l'évangéliste de l'amour ? " Celui quijouit des biens de ce monde et qui, voyant son frère dans le besoin, ne lui ouvre pas tout grandson cœur, à qui fera-t-on croire qu'il porte en lui l'amour de Dieu ? " (1 Jn 3, 17.)

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La France catholique qui a donné à l'Église, à l'humanité tout entière un saint Vincent dePaul et tant d'autres héros de la charité, ne peut pas ne pas entendre ce cri : Amate, fratres ! Etelle sait que les prochaines pages de son histoire, c'est sa réponse à l'appel de l'amour qui lesécrira.

À sa fidélité envers sa vocation, en dépit de toutes les difficultés, de toutes les épreuves, detous les sacrifices, est lié le sort de la France, sa grandeur temporelle aussi bien que son progrèsreligieux. Quand j'y songe, de quel cœur, mes frères, j'invoque la Providence divine, qui n'ajamais manqué, aux heures critiques, de donner à la France les grands cœurs dont elle avaitbesoin, avec quelle ardeur je lui demande de susciter aujourd'hui en elle les héros de l'amour,pour triompher des doctrines de haine, pour apaiser les luttes de classes, pour panser les plaiessaignantes du monde, pour hâter le jour où Notre-Dame de Paris abritera de nouveau sous sonombre maternelle tout son peuple, pour lui faire oublier comme un songe éphémère les heuressombres où la discorde et les polémiques lui voilaient le soleil de l'amour, pour faire résonnerdoucement à son oreille, pour graver profondément dans son esprit la parole si paternelle dupremier Vicaire de Jésus-Christ : " Aimez-vous les uns les autres d'une dilection toute fraternelle,dans la simplicité de vos cœurs " (1 P 1, 22). In fraternitatis amore, simplici ex corde invicemdiligite !

Ce que je connais, mes frères, de ce pays et de ce peuple français, des directions que luidonnent ses chefs religieux et de la docilité du grand nombre des fidèles ; ce que m'apprennentles écrits des maîtres catholiques de la pensée, les rapports des Congrès et Semaines où lesproblèmes de l'heure présente sont étudiés à la lumière de la foi divine ; ce que je constate ausside l'idéalisme avec lequel la jeunesse croyante de la France s'intéresse à la question capitale duprolétariat et à sa solution juste et chrétienne, tout cela certes me remplit d'une ferme confianceque cette même jeunesse, grâce à la rectitude de sa bonne volonté, à son esprit de dévouement etde sacrifice, à sa charité fraternelle, si noble en ses intentions, si loyale en ses efforts, chemineratoujours par les voies droites et sûres. Aussi, loin de moi de douter jamais de si saintesdispositions ; mais, à la généreuse ardeur de la jeune France vers la restauration de l'ordre socialchrétien, Notre-Dame de Paris, témoin au cours des siècles passés de tant d'expériences, de tantde désillusions, de tant de belles ardeurs tristement fourvoyées, vous adresse, après sonexhortation à l'amour : - Amate, fratres ! - son exhortation à la vigilance, exhortation empreintede bonté maternelle, mais aussi de gravité et de sollicitude : " Veillez, mes frères ! Vigilate,fratres ! "

Vigilate ! C'est qu'il ne s'agit plus aujourd'hui, comme en d'autres temps, de soutenir lalutte contre des formes déficientes ou altérées de la civilisation religieuse et la plupart gardantencore une âme de vérité et de justice héritée du christianisme ou inconsciemment puisée à soncontact ; aujourd'hui, c'est la substance même du christianisme, la substance même de la religionqui est en jeu ; sa restauration ou sa ruine est l'enjeu des luttes implacables qui bouleversent etébranlent sur ses bases notre continent et avec lui le reste du monde.

Le temps n'est plus des indulgentes illusions, des jugements édulcorés qui ne voulaient voirdans les audaces de la pensée, dans les errements du sens moral qu'un inoffensif dilettantisme,occasion de joutes d'écoles, de vains amusements de dialecticiens. L'évolution de ces doctrines,de ces principes touche à son terme ; le courant, qui insensiblement a entraîné les générationsd'hier, se précipite aujourd'hui et l'aboutissement de toutes ces déviations des esprits, desvolontés, des activités humaines, c'est l'état actuel, le désarroi de l'humanité, dont nous sommesles témoins, non pas découragés, certes ! mais épouvantés.

Une grande partie de l'humanité dans l'Europe actuelle est, dans l'ordre religieux, sanspatrie, sans foyer. Pour elle, l'Église n'est plus le foyer familial ; Dieu n'est plus le Père ; Jésus-Christ n'est plus qu'un étranger. Tombé des hauteurs de la révélation chrétienne, d'où il pouvaitd'un coup d’œil contempler le monde, l'homme n'en peut plus voir l'ordre dans les contrastes desa fin temporelle et éternelle ; il ne peut plus entendre et goûter l'harmonie en laquelle viennent

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se résoudre paisiblement les dissonances. Quel tragique travail de Sisyphe que celui qui consisteà poursuivre la restauration de l'ordre, de la justice, de la félicité terrestre, dans l'oubli ou lanégation même des relations essentielles et fondamentales !

Quelle désillusion amère, quelle douloureuse ironie que la lecture des fastes de l'humanitédans laquelle les noms de ceux que, tour à tour, elle a salués comme des précurseurs, dessauveurs, les maîtres de la vie, les artisans du progrès - et qui parfois le furent à certains égards -apparaissent aujourd'hui comme les responsables, inconscients peut-être, des crises dont noussouffrons, les responsables d'un retour, après vingt siècles de christianisme, à un état de choses, àcertains égards, plus obscur, plus inhumain que celui qui avait précédé !

Une organisation économique gigantesque a étonné le monde par le fantastiqueaccroissement de la production, et des foules immenses meurent de misère en face de cesproducteurs qui souffrent souvent d'une détresse non moins grande, faute de la possibilitéd'écouler l'excès monstrueux de leur production. Une savante organisation technique a semblérendre l'homme définitivement maître des forces de la nature et, dans l'orgueil de sa vie, devantles plus sacrées lois de la nature, l'homme meurt de la fatigue et de la peur de vivre et, lui quidonne à des machines presque l'apparence de la vie, il a peur de transmettre à d'autres sa proprevie, si bien que l'ampleur toujours croissante des cimetières menace d'envahir de tombes tout lesol laissé libre par l'absence des berceaux.

À tous les maux, à toutes les crises, peuvent s'opposer les projets de solution les plusdivers, ils ne font que souligner l'impuissance, tout en suscitant de nouveaux antagonismes quidispersent les efforts. Et ces efforts ont beau s'intensifier jusqu'au sacrifice total de soi-même,pour la réalisation d'un programme pour le salut de la communauté, la disproportion entre levouloir et le pouvoir humains, entre les plans les plus magnifiques et leur réalisation, entre la finque l'on poursuit et le succès que l'on obtient, va toujours s'accentuant. Et tant d'essais stériles etmalheureux n'aboutissent en fin de compte qu'à exaspérer toujours davantage ceux qui sont lasd'expériences vaines et qui réclament impérieusement, farouchement parfois et avec menaces, devivre et d'être heureux.

Vigilate ! Eh ! oui, il en est tant qui, pareils aux apôtres à Gethsémani, à l'heure même oùleur Maître allait être livré, semblent s'endormir dans leur insouciance aveugle, dans laconviction que la menace qui pèse sur le monde ne les regarde pas, qu'ils n'ont aucune part deresponsabilité, qu'ils ne courent aucun risque dans la crise où l'univers se débat avec angoisse.Quelle illusion ! Ainsi jadis, sur le mur du palais où Balthasar festoyait, la main mystérieuseécrivait le Mane, Thécel, Pharès. Encore Balthasar eut-il la prudence et la curiosité d'interrogerDaniel, le prophète de Dieu ! Combien aujourd'hui n'ont même pas cette prudente curiosité !Combien restent sourds et inertes à l'avertissement du Christ à ses apôtres : Vigilate et orate utnon intretis in tentationem !

Vigilate ! Et pourtant l'Église, répétant la parole même du Christ, les avertit. Depuis lesderniers règnes surtout, les avertissements se sont faits plus précis ; les encycliques se succèdent;mais à quoi bon les avertissements, les cris d'alarme, la dénonciation documentée des périlsmenaçants, si ceux-là mêmes qui, régulièrement et correctement assis au pied de la chaire, enentendent passivement la lecture, s'en retournent chez eux continuer tranquillement leur habitueltrain de vie sans avoir rien compris ni du danger commun ni de leur devoir en face du danger !

Vigilate ! Ce n'est pas aux seuls insouciants que ce cri s'adresse. Il s'adresse aussi à cesesprits ardents, à ces cœurs généreux et sincères, mais dont le zèle ne s'éclaire pas aux lumièresde la prudence et de la sagesse chrétiennes. Dans l'impétueuse fougue de leurs préoccupationssociales, ils risquent de méconnaître les frontières au-delà desquelles la vérité cède à l'erreur, lezèle devient fanatisme et la réforme opportune passe à la révolution. Et quand, pour mettrel'ordre et la lumière dans cette confusion, le Vicaire de Jésus-Christ, quand l'Église, en vertu desa mission divine, élève la voix sur les grandes questions du jour, sur les problèmes sociaux,faisant la part du vrai et du faux, du licite et de l'illicite, elle n'entend favoriser ni combattre

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aucun camp ou parti politique, elle n'a rien d'autre en vue que la liberté et la dignité des enfantsde Dieu; de quelque côté qu'elle rencontre l'injustice, elle la dénonce et la condamne ; de quelquecôté qu'elle découvre le bien elle le reconnaît et le signale avec joie. Mais il est une chose qu'elleexige de tous ses enfants, c'est que la pureté de leur zèle ne soit pas viciée par des erreurs,admises sans doute de bonne foi et dans la meilleure intention du monde, mais qui n'en sont pasmoins dangereuses en fait et qui, en fin de compte, viennent tôt ou tard à être attribuées nonseulement à ceux qui les tiennent, mais à l'Église elle-même. Malheur à qui prétendrait fairepactiser la justice avec l'iniquité, concilier les ténèbres avec la lumière ! Quae enim participatiojustitiae cum iniquitate ? Aut quae societas luci ad tenebras ? (2 Co 6,14.)

C'est aux heures de crises, mes frères, que l'on peut juger le cœur et le caractère deshommes, des vaillants et des pusillanimes. C'est à ces heures qu'ils donnent leur mesure et qu'ilsfont voir s'ils sont à la hauteur de leur vocation, de leur mission.

Nous sommes à une heure de crise. À la vue d'un monde qui tourne le dos à la croix, à lavraie croix du Dieu crucifié et rédempteur, d'un monde qui délaisse les sources d'eau vive pour lafange des citernes contaminées ; à la vue d'adversaires, dont la force et l'orgueilleux défi ne lecèdent en rien au Goliath de la Bible, les pusillanimes peuvent gémir d'avance sur leur inévitabledéfaite ; mais les vaillants, eux, saluent dans la lutte l'aurore de la victoire ; ils savent très bienleur faiblesse, mais ils savent aussi que le Dieu fort et puissant, Dominus fortis et potens,Dominus potens in praelio (Ps 23, 8) se fait un jeu de choisir précisément la faiblesse pourconfondre la force de ses ennemis. Et le bras de Dieu n'est pas raccourci ! Ecce non estabbreviata manus Domini ut salvare nequeat (Is 59, 1).

Dans un instant, quand, debout à l'autel, j'élèverai vers Dieu la patène avec l'hostie sainte etimmaculée pour l'offrir au Père éternel, je lui présenterai en même temps la France catholiqueavec l'ardente prière que, consciente de sa noble mission et fidèle à sa vocation, unie au Christdans le sacrifice, elle lui soit unie encore dans son œuvre d'universelle rédemption.

Et puis, de retour auprès du trône du Père commun pour lui faire part de tout ce que j'auraivu et éprouvé sur cette terre de France, oh ! comme je voudrais pouvoir faire passer dans soncœur si aimant, pour le faire déborder de joie et de consolation, mon inébranlable espérance queles catholiques de ce pays, de toutes classes et de toutes tendances, ont compris la tâcheapostolique que la Providence divine leur confie, qu'ils ont entendu la voix de Notre-Dame deParis qui leur chante l'Orate, l'Amate, le Vigilate, non comme l'écho d'un " hier " évanoui, maiscomme l'expression d'un " aujourd'hui " croyant, aimant et vigilant, comme le prélude d'un "demain " pacifié et béni.

Ô Mère céleste, Notre Dame, vous qui avez donné à cette nation tant de gages insignes, devotre prédilection, implorez pour elle votre divin Fils ; ramenez-la au berceau spirituel de sonantique grandeur, aidez-la à recouvrer, sous la lumineuse et douce étoile de la foi et de la viechrétienne, sa félicité passée, à s'abreuver aux sources où elle puisait jadis cette vigueursurnaturelle, faute de laquelle les plus généreux efforts demeurent fatalement stériles, ou tout aumoins bien peu féconds ; aidez-la aussi, unie à tous les gens de bien des autres peuples, à s'établirici-bas dans la justice et dans la paix, en sorte que, de l'harmonie entre la patrie de la terre et lapatrie du ciel, naisse la véritable prospérité des individus et de la société tout entière.

" Mère du bon conseil ", venez au secours des esprits en désarroi devant la gravité desproblèmes qui se posent, des volontés déconcertées dans leur impuissance devant la grandeur despérils qui menacent ! " Miroir de justice ", regardez le monde où des frères, trop souventoublieux des grands principes et des grands intérêts communs qui les devraient unir, s'attachentjusqu'à l'intransigeance aux opinions secondaires qui les divisent ; regardez les pauvresdéshérités de la vie, dont les légitimes désirs s'exaspèrent au feu de l'envie et qui parfoispoursuivent des revendications justes, mais par des voies que la justice réprouve ; ramenez-lesdans l'ordre et le calme, dans cette tranquillitas ordinis qui seule est la vraie paix !

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Regina pacis ! Oh ! oui ! En ces jours où l'horizon est tout chargé de nuages quiassombrissent les cœurs les plus trempés et les plus confiants, soyez vraiment au milieu de cepeuple qui est vôtre la " Reine de la Paix " ; écrasez de votre pied virginal le démon de la haine etde la discorde ; faites comprendre au monde, où tant d'âmes droites s'évertuent à édifier le templede la paix, le secret qui seul assurera le succès de leurs efforts : établir au centre de ce temple letrône royal de votre divin Fils et rendre hommage à sa loi sainte, en laquelle la justice et l'amours'unissent en un chaste baiser, justitia et pax osculatae sunt (Ps 74, 11).

Et que par vous la France, fidèle à sa vocation, soutenue dans son action par la puissancede la prière, par la concorde dans la charité, par une ferme et indéfectible vigilance, exalte dansle monde le triomphe et le règne du Christ Prince de la paix, Roi des rois et Seigneur desseigneurs.

AMEN !

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(…) Prie bien, ma chère petite, pour le succès du

pèlerinage de Chartres dont je vais faire partie et qui

groupera de nombreux pèlerins de notre belle France aux

pieds de la Très Sainte Vierge, afin d'obtenir les grâces dont

notre Patrie a tant besoin pour se montrer digne de son

passé. (… )

EXTRAIT D’UNE LETTRE DE M. LOUIS MARTIN, PERE DE SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS A SA FILLE PAULINE EN 1872.

(…) Le pèlerinage évoque le cheminement personnel du croyant sur les pasdu Rédempteur : c’est un exercice d’ascèse salutaire, de repentance pour lesfaiblesses humaines, de vigilance constante sur sa propre fragilité, de préparationintérieure à la réforme du cœur.

Par la veille, par le jeûne, par la prière, le pèlerin avance sur la voie de laperfection chrétienne, s’efforçant d’atteindre, avec le soutien de la grâce de Dieu,« l’état d’Homme parfait, la plénitude de la stature du Christ » (Ep 4-13)

JEAN-PAUL IILE MYSTERE DE L’INCARNATION

BULLE D’INDICTION DU GRAND JUBILE DE L’AN 2000

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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«Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en Moi et Moi en lui ».

ST JEAN VI, 57

«Ce Sacrifice est accompagné de cérémonies imposantes et majestueuses. Et nonseulement il n’en est aucune qui puisse être regardée comme inutile et superflue, mais encoreelles ont toutes pour but de faire briller davantage la majesté d’un si grand Sacrifice, et de porterles fidèles par ces signes salutaires et mystérieux qui frappent la vue, à la contemplation deschoses divines voilées dans le Sacrifice ».

CATECHISME DU CONCILE DE TRENTE

La messe est le sacrifice du Calvaire, augmenté pourrions-nous dire, illustré, étendu àl’Eglise. A nous il appartient de porter l’immolation; une communion ne doit pas être seulementun mouvement d’union avec le Christ mais aussi une immolation. Puisque nous nous unissonsau Christ immolé, l’union avec Lui comporte nécessairement pour nous la participation à sonimmolation, à sa souffrance, à son sacrifice et même à sa mort.

PERE MARIE-EUGENE DE L’ENFANT-JESUS

LA MESSE

L'Eucharistie: « C’est là comme le domicile du Dieu d’amour. C’est là le buisson ardentqui consume toutes les scories du vice... C’est dans ce sacrement d’amour que Dieu a formé lesâmes de François d’Assise, de Thomas d’Aquin, de Catherine de Sienne, de Thérèse d’Avila etde tant d’autres... C’est l’échelle mystique, par laquelle on s’élève à la sainteté.»

BIENHEUREUX GUILLAUME-JOSEPH CHAMINADE

«La tradition et l’expérience millénaire de l’Eglise nous démontrent que c’est la Foi,célébrée et vécue dans la liturgie et l’Eucharistie, qui nourrit et fortifie la communauté desdisciples du Seigneur ».

JEAN-PAUL II (13 MAI 1991)

La sainte Messe

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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«Le sacrifice eucharistique consiste essentiellement dans l’immolation non sanglante dela victime divine, immolation qui est mystiquement indiquée par la séparation des saintesespèces et par leur oblation faite au Père éternel ».

(…)

«Toutes les fois que le prêtre renouvelle ce que le divin Rédempteur accomplit à ladernière Cène, le sacrifice est vraiment consommé, et ce sacrifice, partout et toujours, d’unefaçon nécessaire et par nature, a un rôle public et social, puisque celui qui l’immole agit au nomdu Christ et des chrétiens dont le divin Rédempteur est le chef, l’offre à Dieu pour la SainteEglise catholique, pour les vivants et les défunts.».

PIE XIIENCYCLIQUE MEDIATOR DEI

Est-il étonnant qu'à l'heure du sacrifice et dans ce geste suprême d'offrande du Christ à sonPère, la médiation du prêtre prenne une ampleur universelle aussi vaste que le monde de laRédemption ? Rien dans le ciel ou sur la terre ne vient arrêter le regard du prêtre à l'autel. Iloffre le Christ en sacrifice pour la gloire de toute la Trinité, en union avec les anges et les saintsde l'Église triomphante, pour le soulagement des âmes du purgatoire, en faveur de tous lesmembres de l'Église militante. Il songe même aux ennemis de l'Église. Comme le Christ encroix, qui l'empêche de prier pour tous les hommes ? Une messe ne possède-t-elle pas une valeurinfinie ?

PERE PHILIPON

LES SACREMENTS DANS LA VIE CHRETIENNE

La Messe est une sorte d’union sacrée entre Jésus et moi. Quoique bien indignement, jesouffre ce qu’Il a souffert, Lui qui a daigné m’associer au ministère de la Rédemption.

(…)Lorsque tu participes à la Messe, ravive ta foi et médite sur la Victime qui s’immole pour

toi…(…)Ne repars jamais de l’autel sans verser des larmes de contrition et d’amour envers Jésus

Christ, car c’est pour ton salut éternel qu’Il a été crucifié.

SAINT PADRE PIO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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Une seule Messe glorifie plus Dieu que ne le ferait le martyre de tous les hommes, uni auxlouanges de tous les anges et de tous les saints.

CHARLES DE FOUCAULD

Certes, je ne suis pas latiniste, mais j’aime m’adresser à Dieu dans la langue de l’Eglise,pas celle que j’emploie dans la rue ou même pour parler aux personnes que j’aime. Je chanteDieu en des termes que notre piété nous réserve, notre Latin. Pourquoi ne nous comprendrions-nous pas ? Les musiciens français disent bien « minuetto, andantino » et mieux encore. Ce nesont pas pour autant des « attardés » !

ABBE VINCENT SERRALDA

RETROUVONS LA MESSE DES SAINTS

Cette Messe me plaît. J’y suis à l’aise. Mon âme est heureuse à cette Messe. Dès lecommencement, c’est de la joie. J’aime que l’autel de Dieu soit à l’honneur, croix en tête, bienvu, éclairé, fleuri. Et moi, « laetificat », je m’en réjouis. « Laetificat » ! Ce n’est pas uneplanche, ce n’est pas une table, c’est sur le corps des martyrs que nous posons le Seigneur.« Laetificat » !

ABBE VINCENT SERRALDA

RETROUVONS LA MESSE DES SAINTS

Vous n’êtes pas sans avoir observé que le prêtre mime ces paroles en même temps qu’il lesprononce. Il a levé les bras et les yeux vers le ciel, puis il s’est incliné comme un suppliant et il abaisé l’autel et tracé trois signes de croix sur le pain et le vin. Ces rites extérieurs sont uneparticularité remarquable de la liturgie romaine. Le prêtre en a accompli un certain nombredepuis le début de la messe, spécialement pendant l’offertoire ; il les multipliera à partir duCanon. Tantôt c’est le mot qui entraîne le geste, tantôt au moment de la communion surtout, legeste sera expliqué par une prière. L’adjonction du geste à la parole souligne le caractèredramatique de la Messe, qui est une action sacrificielle.

MONSEIGNEUR CHEVROT

NOTRE MESSE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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L’amour s’exprime par la Croix ; et la messe, reproduisant la Croix, produit en nousl’amour. L’amour du Christ est le point de départ du sacrifice de la Croix. Notre amour pour Luiet pour nos frères est le terme du sacrifice de la Messe

PERE LUCIEN MARIE DE SAINT JOSEPH

LA COMMUNION DANS L’ATTENTE

…Or pour ouïr, réellement ou mentalement, la sainte Messe comme il est convenable : Dèsle commencement jusqu’à ce que le prêtre se soit mis à l’autel, faites avec lui la préparation,laquelle consiste à se mettre en la présence de Dieu, reconnaître votre indignité et demanderpardon de vos fautes.

Depuis le Pater Noster jusqu’à la Communion, efforcez-vous de faire mille désirs de votrecœur, souhaitant ardemment d’être à jamais jointe et unie à notre Sauveur par amour éternel.

Depuis la Communion jusqu’à la fin, remerciez sa divine Majesté de son Incarnation, de savie, de sa mort, de sa passion et de l’amour qu’il nous témoigne en ce saint sacrifice, le conjurantpar celui-ci de vous être à jamais propice, à vos parents, à vos amis et à toute l’Eglise ; et voushumiliant de tout votre cœur, recevez dévotement la bénédiction divine que Notre Seigneur vousdonne par l’entremise de son officier.

SAINT FRANÇOIS DE SALES

INTRODUCTION A LA VIE DEVOTE

Nous célébrons la dernière Cène du Christ, en cette nuit où Il donna à ses frères l’agneau etles azymes selon les prescriptions données à leurs pères. Le repas terminé, après qu’on eutmangé l’agneau symbolique, le Seigneur, de ses propres mains donna son corps en nourriture àses disciples : tout entier à tous et tout entier à chacun. Ils étaient faibles, Il leur donna son corpsen nourriture ; ils étaient tristes, il leur donna son sang en breuvage, disant : prenez cette coupeet buvez-en tous. C’est ainsi qu’Il institua ce sacrifice ; Il en confia le ministère aux seulsprêtres, à qui, de la sorte, il revient de prendre eux-mêmes cette nourriture et de la donner auxautres.

SAINT THOMAS D’AQUIN

HYMNE SACRIS SOLEMNIIS

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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… Trois choses sont absolument nécessaires contre la tentation : la prière pour nouséclairer, les sacrements pour nous fortifier, et la vigilance pour nous préserver…

… Le démon ne tente que les âmes qui veulent sortir du péché et celles qui sont en étatde grâce. Les autres sont à lui, il n'a pas besoin de les tenter…

… Si nous étions bien pénétrés de la sainte présence de Dieu, il nous serait très facile derésister à l'ennemi. Avec cette pensée : DIEU TE VOIT ! Nous ne pécherions jamais…

… Le péché est le bourreau du bon Dieu et l'assassin de l'âme. C'est lui qui nous arrachedu ciel pour nous précipiter en enfer. Et nous l'aimons !... Quelle folie ! Si on y pensait bien, onaurait une si vive horreur du péché qu'on ne pourrait pas le commettre…

SAINT CURE D’ARS

Tous, en effet, nous sommes misérables, tous nous sommes pécheurs, les uns plus que les autres,ce n'est qu'une question de degré: « In multis offendimus omnes », dit l'apôtre saint Jacques( Jc 32 ); et saint Jean dit: « Si nous nous croyons sans péché, nous nous trompons nous-mêmes,la vérité n'est pas en nous » ( Jn 18 ).

DOM MARMION

LE CHRIST VIE DE L’AME

« Comme Jésus est né à Bethléem, Il veut naître dans nos cœurs. Disons quelques mots dela façon dont nous devons nous préparer à la venue de Notre Seigneur. Lorsqu’on attend unevisite, comment fait-on pour préparer la maison? Eh bien ! D’abord on nettoie, ensuite on fait laplace, et enfin on décore. Nettoyer nos cœurs, c’est-à-dire les purifier du péché... Faire la placeaux choses surnaturelles dans notre vie... Ajouter les fleurs de nos bonnes pensées, nos bonsdésirs, nos bonnes actions... »

UN CHARTREUX

La vigilance face au péché et à nous-mêmes,la confession

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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« De bonnes gens de la campagne nous disent « Le catéchisme qu’on enseigne à nosenfants est tout différent de celui que nous apprenions; il n’y a plus d’enfer. Quand est-ce qu’onnous mentait ? T’y à nous ? T’y à eux ? »

(…)

Aujourd’hui il y a peu de gens qui croient vraiment au péché originel, et même desthéologiens en crise de « recherche », le doigt sur le front et les yeux fixés sur le bout de leurnez, s’interrogent, alors que la mère de famille sait par expérience que ce fruit chéri de sesentrailles montre très rapidement des signes de colère et de méchanceté; il n’en a pas conscience,c’est un petit animal qu’il faut dresser aussitôt car les progrès de l’intelligence sont extrêmementrapides et aussi le savoir-faire des concupiscences dans ce qui en échappe au baptême.

HENRI CHARLIER

CREATION DE LA FRANCE (1971)

Je péchais et vous tiriez de mon péché un juste salaire. Car vous avez voulu, et il en estainsi, que toute âme déréglée trouve en elle-même son châtiment.

LES CONFESSIONS LIVRE I- CHAPITRE XII

On ne Vous perd qu’en Vous abandonnant, et celui qui Vous abandonne, où va-t-il, oùfuit-il, sinon de votre sérénité à votre colère?

LES CONFESSIONS LIVRE IV- CHAPITRE IX

ST AUGUSTIN

Si nous n’acceptons pas d’avouer qu’en un sens notre salut éternel n’est pas assuré, c’estque nous refusons d’avoir confiance. S’il est devenu presque impossible de parler de l’enfer auxchrétiens, ce n’est pas parce qu’ils ont peur, mais parce qu’ils ne veulent pas avoir peur. Ils nepeuvent plus supporter ce dogme parce qu’ils n’ont pas confiance: alors, s’ils croyaient à l’enfer,n’ayant pas confiance, ils seraient perdus.

Ce que j’appelle le courage d’avoir peur, c’est tout simplement le courage de croire àl’enfer. Et je dis que le refus de ce courage est un refus d’avoir confiance, donc un très granddanger d’y aller...

MD MOLINIÉ O.P.LE COURAGE D’AVOIR PEUR

«Nos vrais ennemis sont en nous-mêmes ».

BOSSUETORAISON FUNEBRE DE MARIE-THERESE, REINE DE FRANCE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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Dieu donne, Il donne sans réserve, sans se lasser. « Dieu ne donne pas son Esprit avecmesure » (Jn 3, 34). Il donne à flots, Il donne toujours, Il se tient à la porte de l’âme; seulementcette porte à laquelle Dieu ne cesse de frapper, l’âme peut la tenir fermée, obstinément fermée àtoutes les sollicitations: elle peut répondre au Seigneur: « Non, je ne veux pas. » Elle peut sedraper dans toutes ses habitudes irrégulières, s’envelopper de sa lâcheté, elle peut même dire àDieu, comme on dirait à un domestique: « Attendez là dans l’antichambre; quand j’aurai besoinde vous, je vous ferai appeler. » Et pourtant, c’est pour cette âme baptisée que tout l’ordresurnaturel avait été créé. « Tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu» (1 Go 3,23)

DOM PAUL DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE

Ne la laisse pas tomber, elle est si fragile. Etre une âme libérée, tu sais c’est pas si facile

D’APRES COOKEY DINGLER

1984

L’homme qui est tué par un ennemi est tout aussi mort que celui qui est tué par une arméeentière. Si vous êtes habitués à commettre un péché mortel, vous vivez dans la mort, même sivous semblez avoir toutes les autres vertus.

(…)

Le désespoir est l’aboutissement d'un orgueil si grand et si intraitable qu’il choisit lasouffrance absolue de la damnation plutôt que d’accepter le bonheur des mains de Dieu. Noussommes incapables, seuls, d’accomplir notre destinée. Mais l’homme véritablement humble nedésespère jamais parce que l’humble ne s’apitoie jamais sur lui-même.

(…)

« Ainsi donc, si nous passons notre vie à essayer de fuir la chaleur du feu qui doit nousadoucir et nous préparer à être vraiment nous-même, si nous essayons d’empêcher notresubstance de fondre dans le feu – comme si notre identité véritable devait être semblable à unecire dure- le sceau, en tombant finalement sur nous, nous écrasera. Nous n’aurons ni notre vrainom, ni notre véritable physionomie, et l’événement qui devait être le couronnement de notredestinée sera notre destruction. »

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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« Nul ne peut servir deux maîtres. On ne peut, à la fois, idolâtrer chaque soir la télévisionet découvrir dans la prière la splendeur de Dieu, dévaliser les supermarchés par des achatseffrénés et adorer l’Amour crucifié, fonder le bonheur conjugal sur la pilule et l’édifier sur leChrist, manger tous les jours plus qu’à sa faim et trouver dans l’Eucharistie sa nourriture, allerde soirée en surboum et recevoir de Dieu la joie de son cœur. Il faut choisir. »

MGR ANDRE MUTIEN LEONARD

EVEQUE DE NAMUR

Je vois des obstacles se dresser sur votre route, et je voudrais vous aider à y faire face. J’envois trois surtout qu’on retrouve partout : le matérialisme ambiant, le mensonge établi, la forced’inertie.

(…)

Le mensonge établi s’étale et se répand à travers tous les moyens de diffusionaudiovisuels, surtout par la télévision. Cela forme une espèce de bain médiatique où se distille lepoison des idées fausses.

(…)

Tout le monde nage dans une marée de mensonge continuel : on vous persuade que ledestin de l’homme est absurde, ce n’est pas vrai ; qu’il est livré à un courant fatal en évolutionperpétuelle, ce n’est pas vrai ; que les dogmes sont sujets à révision, ce n’est pas vrai ; que toutesles religions se valent, ce n’est pas vrai ; que le mondialisme fera disparaître les patries, ce n’estpas vrai.

(…)

On se moque de vous avec des recettes de bonheur, vous les avez toutes essayées et ellesvous laissent tristes et désemparés.

Pourquoi ? Parce que ce qu’on vous propose est sans profondeur, sans altitude, plat commeune autoroute ; parce que personne ne vous a proposé l’héroïsme comme moyen et l’Absolucomme horizon de vie.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000 – ED. STE MADELEINE

Vigilance face au monde extérieur

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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C’est le propre de la condition humaine et, de manière particulière, de la jeunesse, derechercher l’Absolu, ainsi que le sens et la plénitude de l’existence. Chers jeunes, ne vouscontentez pas de ce qui est inférieur aux plus grands idéaux ! Ne vous laissez pas décourager parceux qui, déçus par la vie, sont devenus sourds aux désirs les plus profonds et les plusauthentiques de leur cœur ! Vous avez raison de ne pas vous résigner à des divertissements sanssaveur, à des modes passagères et à des projets réducteurs. Si vous maintenez de grands désirspour le Seigneur, vous saurez éviter la médiocrité et le conformisme, tellement présents dansnotre société.

JEAN-PAUL IIMESSAGE DU 25 JUILLET 2001 AUX JEUNES DU MONDE

A L’OCCASION DE LA XVIIEME JOURNEE MONDIALE DE LA JEUNESSE 2002.

Je ne saurais juger la télévision que je n’ai jamais vue. Je sais seulement que de nombreuxhommes dont je respecte le jugement sont d’accord pour la trouver avilissante, factice etabsurde. La télévision devient, dans certains cas, un succédané artificiel de la contemplation parune soumission inerte à de vulgaires images, une descente dans la passivité qui remplace lamontée jusqu’à la passivité suprêmement active de la compréhension et de l’amour.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE LA CONTEMPLATION

Marie, Reine de la Pologne, sois avec nous, veille sur tout être humain, sur toute femme etsur tout homme, sur tout enfant conçu dans le sein maternel !

Veille ! Veille sur toutes les consciences. Et enseigne-nous à veiller. Enseigne à toutes lesconsciences à veiller sur cette terre-patrie. Que nous ne cédions pas à la faiblesse ! Que nous nesuccombions pas à la vie facile ! Que nous ne devenions pas coupables d'horribles péchés! Quenous vivions avec la conscience de tous les commandements de Dieu et spécialement celui quidit :"Ne tue pas." Ne pas tuer l'enfant conçu dans le sein de sa mère ! Et ne pas se détruire soi-même !

JEAN-PAUL IILA DOCUMENTATION CATHOLIQUE – 19 07 1987 –– ALLOCUTION A CZESTOCHOWA

« Qu’il ne sommeille pas, celui qui tegarde ! »

PS 121, 3

Voici, je vais veiller sur eux pour leurmalheur, et non pour leur bonheur : tous leshommes de Juda qui se trouvent au paysd’Égypte périront par l’épée et la famine,jusqu’à extinction totale.

JEREMIE 44, 27.

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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Et maintenant, mes fils, écoutez-moi :Heureux ceux qui gardent mes voies !Ecoutez l’instruction et devenez sages, ne laméprisez pas. Heureux l’homme quim’écoute, qui veille jour après jour à mesportes pour en garder les montants ! Car quime trouve, trouve la vie, il obtient la faveurde Yahvé ; mais qui pèche contre moi blesseson âme, quiconque me hait chérit la mort.

PROVERBES 8, 32-35

Alors le Seigneur a veillé sur ces malheurset les a amenés sur nous ; car le Seigneur estjuste en toutes les œuvres qu’il nous acommandées, et nous n’avons pas écouté savoix en marchant selon les ordres que leSeigneur avait mis devant nous.

BARUCH 2, 9-10.

Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables, vous, à des gens quiattendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera. Heureuxces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller ! En vérité, je vous le dis, il seceindra, les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira. Qu’il vienne à ladeuxième ou à la troisième veille, s’il trouve les choses ainsi, heureux seront-ils ! Comprenezbien ceci: si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur devait venir, il n’aurait paslaissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts, car c’est à l’heure que vous nepensez pas que le Fils de l’homme va venir.

LUC 12, 35-40

2612 En Jésus "le Royaume de Dieu est tout proche", il appelle à la conversion et à la foimais aussi à la vigilance. Dans la prière, le disciple veille attentif à Celui qui Est et qui Vientdans la mémoire de sa première Venue dans l’humilité de la chair et dans l’espérance de sonsecond Avènement dans la Gloire (cf. Mc 13; Lc 21, 34-36 ). En communion avec leur Maître, laprière des disciples est un combat, et c’est en veillant dans la prière que l’on n’entre pas ententation (cf. Lc 22, 40; Lc 22, 46 ).

CATECHISME DE L’EGLISE CATHOLIQUE

« Jésus cherche quelque consolation au moins dans ses trois plus chers amis, et ilsdorment ; il les prie de soutenir un peu avec lui, et ils le laissent avec une négligence entière,ayant si peu de compassion qu’elle ne pouvait seulement les empêcher de dormir un moment.(…) Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.(…) Jésus a prié les hommes, et n’en a pas été exaucé. (…) Jésus, voyant tous ses amis endormiset tous ses ennemis vigilants, se remet tout entier à son Père. (…) Jésus étant dans l’agonie etdans les plus grandes peines, prions plus longtemps. »

PASCAL, PENSEES, FR. 553

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 170 -

« Que signifie « veiller » ?On pourrait s’imaginer que « veiller » signifie simplement « persévérer dans l’attente » ?

Mais il s’agirait dans ce cas d’une manière plutôt passive et non pas active. Par contre, lesparoles de la liturgie font clairement comprendre que « veiller » veut dire plus que tout :« chercher », chercher Dieu, désirer Dieu.

La lecture tirée de l’Ancien Testament nous apprend ce que signifie désirer la Sagesse, lachercher jour et nuit, se prodiguer pour la trouver (cf. Sg 6, 12-14).

Puis le Psalmiste nous parle directement de la recherche de Dieu : « O Dieu, c’est toi monDieu, à l’aube je te cherche, mon âme a soif de toi, mon corps languit après toi » (Ps 63/62, 2).

Donc, « veiller » signifie, certes, persévérer dans l’attente, mais cette persévérance n’estpossible que si elle est basée sur le principe du « chercher » Dieu : sur la base du principe del’intime effort de la foi, de l’espérance et de la charité ; basée sur l’inspiration – et sur ce travailparticulier de l’esprit humain qui permet de se rapprocher de Dieu et de puiser en un certain sensà la surabondance de son Esprit, dans le Christ crucifié et ressuscité ! »

JEAN-PAUL IIHOMELIE 8 NOV. 1987, CITE IN LA MORT ET L’AU-DELA, CE QUE DIT LE PAPE, LE SARMENT, 2001, P. 63-64).

« La contemplation de la vie des hommes qui ont suivi le Christ nous stimule, pour menerune existence chrétienne belle et droite, qui nous rend « dignes du Royaume de Dieu » (2 Th 1,5). De ce fait, nous sommes appelés à la « vigilance surnaturelle », selon l’expression ducardinal Perraud, afin que nous nous préparions chaque jour à la vie éternelle. Comme lesoulignait le cardinal John Henry Newman, « nous devons non seulement croire, mais veiller ;non seulement aimer, mais veiller ; non seulement obéir, mais veiller […]. Il est possible que lavigilance soit l’épreuve même où l’on reconnaît le chrétien ». Car veiller, c’est « être détaché dece qui est présent et vivre dans ce qui est invisible ; vivre avec la pensée du Christ tel qu’il estvenu une fois et tel qu’il viendra de nouveau ; désirer son avènement » (Parochial and plainSermons, IV, 8). »

JEAN-PAUL II2 JUIN 2000, CITE IBID., P. 89.

Aussi souvent que possible, il faut empêcher le sujet de prendre sérieusement la résolutionde prier. On pourra le convaincre de viser à quelque chose d’entièrement spontané… » (p. 20)

« La gloutonnerie a pour nous bien moins de prix que la gourmandise raffinée. Elle n’estutilisable que comme une sorte de préparation d’artillerie, avant une attaque contre la chasteté. »(p. 65)

C. S. LEWIS

LA TACTIQUE DU DIABLE, 1967

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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La France semble en ce moment le pays le moins capable de commencer cette tâche [defondation de l'Europe], du moins par son gouvernement et ses institutions. Un gouvernement quidétruit la famille, favorise l’avortement, laisse la lubricité s’emparer de la jeunesse, en favoriseles tentations, qui laisse, dans ses universités, les apprentis commander aux maîtres, estincapable de faire respecter la hiérarchie de l’honneur et du savoir. Une Église dont les têtesveulent éliminer leur propre chef, qui s’acharne à diviser la famille, base éternelle de toutes lessociétés humaines, et qui pratique la lutte des classes, n’est pas prête à jouer le rôle de Clunyautrefois. Pensez-y.

(…)

Depuis qu’elle existe, notre Université combat l’Église qui défend non seulement larévélation surnaturelle dont elle a la garde, mais la simple morale naturelle dont le meilleurrésumé antique se trouve dans les commandements de Dieu. Nos gouvernements ont favorisétous les maîtres qui combattaient cet enseignement, les simples sceptiques, les kantiens, lespositivistes et maintenant les évolutionnistes et les athées. Regardez les affiches dans les rues,écoutez les chansons de la radio, les livres issus de l’enseignement officiel et dites si unejeunesse soumise à cette persécution des concupiscences peut rester maîtresse d’elle-même, deses pensées et de ses sens.

(…)

La Révolution française a commencé par libérer le travail ; elle a supprimé lescorporations qui protégeaient l’ouvrier contre l’exploitation sans limite ; qui protégeaient lepatron contre l’envie d’abuser et protégeaient l’acheteur contre la « camelote ». Le travail unefois « libre », il suffisait de laisser faire l’argent et jamais oppression plus cruelle ne s’est abattuesur l’homme dit libre. On avait même persuadé cet homme d’être tellement « libre » qu’ilpouvait bien travailler le dimanche s’il le voulait.

(…)

Le centre de tout est l’immoralité générale, enseignée par l’État lui-même dans ses écoles,secrètement encouragée par des clercs qui veulent se marier. Tout cela ne demande, pour y faireéchec, qu’une vie sanctifiée. Alors Dieu éclairera les esprits et nous pourrons voir renaître uneunanimité morale qui seule permet de grandes choses dans les nations.

(…)

Vit-on souvent pareils massacres d’innocents qu’on en vit en notre temps ? Pendant ladernière guerre ? Et depuis ? Notre société, orgueilleuse d’envoyer un homme sur la lune, oubliefacilement ses crimes. Notre barbarie est très savante, mais c’est une barbarie d’oublier son vraidestin, et de ne pas, au moins, le chercher.

(…)

La France qui attriste

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 172 -

La notion du bien commun est en train de disparaître de notre société ; la division y estentretenue avec soin par des parasites dont c’est l’intérêt qu’elle dure, et l’absence deresponsabilité est la règle à tous les étages de l’Etat.

(…)

D’où vient l’aveuglement de la société contemporaine au sujet du péché originel ? Ducontentement de soi. On écarte l’examen de conscience, et si quelque chose va mal, suivant les« grands principes » c’est la société qui en est la cause. Aucune raison de se réformer soi-même,il suffit de réformer la société. C’est ainsi que depuis deux cents ans nous allons de révolution enrévolution, de relâchement en catastrophes, et de constitution en constitution sans jamais trouverun équilibre et social raisonnable. Et, dans son aveuglement, cette société se croit ce qu’on ajamais vu de mieux sur la terre, de plus scientifique, de plus intelligent, de plus efficace. Et elledescend de degré en degré vers la mort.

(…)

Les principaux guides des syndicats, bien loin de chercher la paix, souhaitent d’amener lesconditions désastreuses qui rendraient possible une révolution et leur propre triomphe.

Et les conditions pour amener une subversion générale s’accumulent dangereusement,tandis que tout s’associe, enseignement, radio, cinéma, loisirs et institutions pour enlever toutepréoccupation de prévision et d’épargne et laisser le peuple dans l’indifférence de tout sauf deson bien-être. L’enseignement et la radio forment un peuple prêt à toutes les abdicationsmorales, prêt à l’assujettissement.

(…)

Il manque à notre société d’avoir une idée du bien : une idée du bien conforme à la naturede l’homme ; elle croit en avoir une, que les mauvais bergers, les mercenaires lui ont inspirée : leconfort, les loisirs pour s’amuser et l’absence de gêne en quoi que ce soit ; et, bien entendu,comme dans la parabole, lorsqu’ils ont bien profité de la popularité que leur donne un pareilenseignement, les mercenaires s’éclipsent après fortune faite.

(…)

L’idéal des réformateurs de notre enseignement est de voir l’État prendre les enfants dès leberceau, pendant que le père et la mère travaillent, et de les former, sous prétexte de liberté, àl’esclavage des passions, des désirs, et pour finir à celui des tyrans. Toutes les révolutionsaboutissent à la tyrannie.

(…)

Nous faudra-t-il donc des malheurs, des invasions et cinq siècles d’anarchie, comme auxpremiers temps de notre histoire, pour faire oublier une absurde civilisation, qui n’est plus lacivilisation chrétienne subordonnant tout le monde au besoin du salut, mais un dérivé frauduleuxde celle-ci, où l’ascèse personnelle dans le travail et la réussite dans le monde sont devenus lagrande preuve de l’approbation divine.

HENRI CHARLIER

CREATION DE LA FRANCE - 1971

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 173 -

Le mystère du Bien : ce mystère nous pose un problème moral qu’on peut définir ainsi :comment cesser d’être blasé de façon à être finalement plus troublé et bouleversé par lasplendeur du Bien que par l’horreur du Mal, tout en restant bouleversé par l’horreur du Mal ? Lejour où nous arriverons à cela, nous serons dans la vérité, dans l’équilibre véritable des choses. Aforce de s’habituer à un monde dur, on endurcit son cœur au point de ne plus sentir la profondeurdu Bien. A ce moment-là, on ne peut plus comprendre l’existence de Dieu.

M.D.MOLINIE O.P.ADORATION OU DESESPOIR

Finalement, nous arriverons à un point tel que toute référence à une autorité autre que cellequi est élue et contrôlée démocratiquement – que ce soit l’autorité de Dieu ou celle de l’Église –sera jugée contraire à la tolérance. Ce qui serait évidemment inacceptable pour des croyants.

CARDINAL DANEELS

ARCHEVEQUE DE MALINES – BRUXELLES -CONFERENCE DU 18 DECEMBRE 2001 EN LA CATHEDRALE DE STRASBOURG

Il faut empêcher la personne et la famille de se laisser entraîner dans l’abîme où tend à lesjeter la socialisation de toutes choses, socialisation au terme de laquelle la terrible image duLéviathan deviendrait une horrible réalité. C’est avec la dernière énergie que l’Église livreracette bataille où sont en jeu des valeurs suprêmes : dignité de l’homme et salut éternel des âmes.

PIE XIIKATHOLIKENTAG DE VIENNE LE 14 SEPTEMBRE 1952

Je suis peu informé de ce qui se passe dans le monde, mais lorsque je vois parfois ce qu’ony dessine et ce qu’on y écrit, je suis de plus en plus convaincu que les hommes vivent dans desboîtes à ordures et je suis content de ne pouvoir entendre ce qu’ils chantent.

(…)

Le désordre est inévitable, mais nous pouvons au moins refuser de l’accepter, dire « non ».Nous pouvons vivre en protestant silencieusement.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 174 -

On ne comprendra rien au monde moderne, si l’on ne voit qu’il est une conspirationuniverselle contre toute espèce de vie intérieure.

GEORGES BERNANOS

Le monde moderne avilit la cité, avilit l’homme, avilit l’amour, avilit la femme, avilit la race,avilit l’enfant, avilit la famille, il avilit même, il a réussi à avilir ce qu’il y a peut-être de plusdifficile à avilir au monde : il avilit la mort.

PEGUYDE LA SITUATION - 1907

C’est pourtant moi qui avais appris à marcher à Israël, le prenant par les bras, mais il n’apas reconnu que je prenais soin de lui . Je le menais avec des attaches humaines, avec des liensd’amour. J’étais pour lui comme ceux qui soulèvent un nourrisson contre la joue et je lui tendaisde quoi se nourrir.

OSEE, XI, 3

Où il n’y a point de maître, tout le monde est maître ; où tout le monde est maître, tout lemonde est esclave.

BOSSUET

POLITIQUE TIREE DE L’ECRITURE SAINTE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 175 -

Il est certain que savoir se priver de tabac et d’alcool est une abnégation élémentaire sanslaquelle la vie de prière n’est qu’une illusion.

Aussi ceux qui espèrent prendre au sérieux la vie intérieure doivent-ils se servir trèsprudemment et judicieusement de la télévision.

(…)

Mais si vous êtes obligés de vivre dans une ville, de travailler au milieu des machines, decirculer en métro, de prendre vos repas dans un endroit où la radio vous assourdit de faussesnouvelles, où la nourriture mine votre santé et où les sentiments de ceux qui vous entourentremplissent votre cœur du poison de l’ennui, ne vous révoltez pas, acceptez tout cela commeenvoyé par un Dieu aimant et comme une semence de solitude plantée dans votre âme.

(…)

Soyons heureux si nous pouvons ne pas entendre leurs radios, leurs chansons absurdes etne pas lire leurs affiches. Certes, la vie contemplative ne doit pas entraîner un mépris pharisaïquepour les habitudes et les divertissements des autres. Mais ceux qui cherchent la lumière et laliberté spirituelles dans la solitude ne peuvent s’abandonner passivement à toutes les sollicitudesd’une société de commerçants, de publicistes et de consommateurs.

(…)

Préservez-moi, par-dessus tout, du péché. Gardez-moi de la mort du péché mortel qui metl’enfer dans mon âme, du crime de la concupiscence qui aveugle et empoisonne mon cœur.Préservez-moi des péchés qui rongent d’un feu irrésistible la chair d’un homme jusqu’à ce qu’ilsoit consumé. Gardez-moi d’aimer l’argent, source de haine ; de l’avarice et de l’ambition quiétouffent ma vie. Préservez-moi des œuvres mortes de la vanité et du labeur ingrat qui détruit lesartistes qui travaillent par orgueil, pour l’argent ou pour la célébrité, et qui écrasent les saintsmêmes sous l’avalanche de leur zèle importun. Pansez en moi la plaie fétide de la convoitise etdes appétits qui saignent ma nature à blanc. Écrasez le serpent de l’envie qui empoisonnel’amour et tue toute joie.

Délivrez mes mains et libérez mon cœur de son indolence. Délivrez-moi de la paresse quise déguise en activité lorsqu’on ne me demande pas d’être actif, et de la lâcheté qui pose desactes inutiles pour échapper à ceux qui lui coûtent.

Mais donnez-moi la force qui s’attache à Vous servir en paix et en silence. Donnez-moil’humilité où se trouve le seul repos, et délivrez-moi de l’orgueil qui est le plus lourd desfardeaux. Pénétrez tout mon cœur et toute mon âme de la simplicité de votre amour. Remplisseztoute ma vie de l’unique pensée et de l’unique désir de cet amour, afin que je puisse aimer nonpour devenir parfait, vertueux, ou saint, mais pour Vous seul.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

Conversion personnelle

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 176 -

Vous connaissez la scène du chemin de Damas et vous croyez que c’est là un miracleextraordinaire. Mais vous vous trompez : presque tous les hommes se trouvent un jour ou l’autre,sans qu’ils s’y soient attendus, sur la route de Damas ; seuls les tièdes, les médiocres, ceux quiont perdu le goût de quoi que ce soit, n’y entreront jamais parce que pour eux il n’y a aucuneroute, mais seulement le piétinement dans un marais nauséabond.

ANDRE CHARLIER LETTRES AUX CAPITAINES

Toute la conversion ne consiste qu’à se bien renoncer et s’oublier pour s’occuper de Dieuet se remplir de Lui.

BOSSUET

C’est là que tout se joue : s’endurcirou pas. Si on se dit : « profitons de la viesans nous casser la tête », c’estmortel…beaucoup plus que bien des péchésaccablants. Tant qu’on garde au fond ducœur une souffrance et un cri, tant qu’ongémit de n’être pas innocent et pur, alors onest délivré par le regard du Christ,transperçant notre détresse et notre désir :« Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ».

M.D.MOLINIE O.P.ADORATION OU DESESPOIR

A un jeune homme :Restez fidèle à ce que vous avez

entrevu de plus pur et de plus haut. Etcroyez encore que c’était vrai, alors que toutvous dira autour de vous – et en vous – quec’était faux.

GUSTAVE THIBON

Pécheurs, revenez à votre cœur –reddite ad cor, adhérez à Celui qui vous acréés ; attachez-vous fortement à Lui, etvous serez inébranlables ; reposez-vous enLui, et rien ne troublera votre repos.Pourquoi vous égarez-vous dans deschemins rudes et difficiles ? Où allez-vous ?Le bien que vous aimez vient de Lui, maisce bien n’est doux et agréable que lorsquevous l’aimez pour Lui en Lui.

SAINT AUGUSTIN

La grâce de la conversion n’est pasd’abord une grâce de force mais de lumière– une lumière que nous ne pouvons pasfabriquer nous-mêmes. Dieu ne nousdemande pas de la fabriquer mais del’accueillir, et pour nous y disposer del’attendre avec désir : telle est la fidélité deceux qui veillent en attendant la visite duMaître. Nous obtiendrons la grâce de cettevisite dans la mesure où nous acceptonsd’en avoir besoin, de plus en plusdouloureusement.

M.D. MOLINIÉ O.P.LE COURAGE D’AVOIR PEUR

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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Trois choses sont absolumentnécessaires contre la tentation : la prièrepour nous éclairer, les sacrements pour nousforger, et la vigilance pour nous préserver.

SAINT CURE D’ARS

Convertissez-vous à moi de tout votrecœur, dans le jeûne, dans les pleurs et lesgémissements, et déchirez vos cœurs.

JOËL , II, 12

Unir toutes mes souffrances, prières,travaux et mortifications aux mérites deJésus dans le but d’obtenir miséricorde pourle monde.

SŒUR FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL

Notre progrès dans la sainteté dépendde Dieu et de nous-mêmes, de la grâce deDieu et de notre volonté d’être saints. Ilnous faut prendre l’engagement vitald’atteindre la sainteté. « Je veux être unsaint » signifie : Je veux me détacher de toutce qui n’est pas Dieu, je veux dépouillermon cœur de toutes choses créées, je veuxvivre dans la pauvreté et dans ledétachement, je veux renoncer à ma volonté,à mes penchants, à mes caprices et à mesgoûts, et me faire l’esclave docile de lavolonté de Dieu.

MERE TERESA

LA JOIE DU DON

MERE GENEVIEVE GALLOIS

LA VIE DU PETIT SAINT PLACIDE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 178 -

Voulez-vous vous offrir à Dieu pour faire des sacrifices et accepter de bon cœur toutes lessouffrances qu’Il voudra bien vous envoyer, pour réparer tous les péchés qui offensent la majestédivine, obtenir la conversion des pécheurs et faire amende honorable pour tous les blasphèmes etoffenses contre le Cœur immaculée de Marie ? Vous aurez bientôt beaucoup à souffrir, mais lagrâce de Dieu vous aidera et vous donnera la force dont vous avez besoin.

(…)

Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Rappelez-vous que beaucoupd’âmes vont en enfer parce qu’il n’y a personne qui prie et fasse des sacrifices pour elles.

(…)

Je suis Notre Dame du Rosaire. Je veux ici une chapelle en mon honneur. Il faut réciter lechapelet tous les jours. Il faut que les hommes changent de vie et qu’ils demandent pardon deleurs péchés. Qu’on n’offense plus Notre Seigneur qui est déjà trop offensé. A la fin, mon Cœurimmaculé triomphera.

LA SAINTE VIERGE A FATIMA (13 MAI 1917)

Je suis venue pour exhorter les fidèles à changer de vie, à ne plus affliger par le péchéNotre Seigneur trop offensé…à demander pardon de leurs péchés, à se corriger… Les péchés quiconduisent le plus d’âmes en enfer sont les péchés de la chair… Il faut renoncer au luxe et ne pass’obstiner dans le péché comme on a fait jusqu’ici. Il est indispensable de faire grandepénitence… Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, ils feraient tous leurs efforts pourchanger de vie… Les guerres ne sont que des châtiments pour les péchés du monde… Il fautfaire pénitence : si les hommes changent de vie, Notre Seigneur pardonnera encore au monde ;mais s’ils ne changent pas de vie, le châtiment viendra… Si l’on fait ce que je vous dirai,beaucoup d’âmes seront sauvées et il y aura la paix. Mais si on ne le fait pas, si on ne cesse pasd’offenser le Seigneur, alors la Justice divine se manifestera par de nouveaux et de plus grandschâtiments.

LA SAINTE VIERGE A FATIMA

Mais priez, mes enfants, mon Fils se laisse toucher. Dieu vous exaucera en peu de temps.

NOTRE DAME DE PONTMAIN

Prière et pénitence dans les apparitions mariales

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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Vois ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats y enfoncent à toutmoment par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, cherche à me consoler et disque je promets d’assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires au salut, tousceux qui le premier samedi de cinq mois consécutifs se confesseront, recevront la SainteCommunion, réciteront un chapelet et me tiendront compagnie pendant quinze minutes, enméditant les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation. »

LA SAINTE VIERGE AUX PETITS ENFANTS DE FATIMA

Je souffre, oui, mais j’offre tout pour les pécheurs, pour faire réparation au CœurImmaculé de Marie.Ensuite elle me parla avec enthousiasme de Notre Seigneur et de Notre Dame, et me dit :« J’aime tant souffrir par amour pour eux, pour leur faire plaisir ! Ils aiment beaucoup ceux quisouffrent pour la conversion des pécheurs. »

LUCIE RACONTE FATIMA

Sacrifiez-vous souvent pour les pauvres pécheurs et dites souvent, spécialement chaquefois que vous ferez un sacrifice : Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion despécheurs et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie.

LA SAINTE VIERGE AUX PETITS ENFANTS DE FATIMA

(…) Soudain, nous vîmes près de nous la même figure, le même Ange à ce qu’il mesemble. Il nous dit : « Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup. Les Très Saints Cœurs de Jésus etde Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très Haut des prièreset des sacrifices. »

Je demandai : « Comment devons nous nous sacrifier ? »« De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, un acte de réparation, pour les péchéspar lesquels Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs »

LUCIE RACONTE FATIMA

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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« Celui qui a le malheur d’offenser Dieu par un péché mortel perd immédiatement tous lesmérites qu’il avait pu acquérir par la mort et la croix de Jésus Christ et l’entrée du Ciel, qui déjàlui avait été fermée une fois, mais que la Passion du Sauveur avait à nouveau ouverte à tous, luiest dès lors interdite. Comment ne pas être frappés de la plus vive frayeur à la vue de notremisère lorsque notre esprit s’arrête sur cette triste réalité ? C’est alors qu’il faut reporter notrepensée sur ce pouvoir admirable que Dieu a donné à son Eglise. Et si nous croyons fermement,d’après cet article du Symbole, que la faculté a été accordée à tous de rentrer, avec le secours dela Grâce, dans la dignité de leur premier état, il est impossible de ne pas concevoir la joie la plusvive, l’allégresse la plus entière, et de ne pas rendre à Dieu d’immortelles actions de Grâces ».

CATECHISME DU CONCILE DE TRENTE

« Je suis la Lumière et vous ne me voyez pas.Je suis la Route et vous ne me suivez pas.Je suis la Vérité et vous ne me croyez pas.Je suis la Vie et vous ne me cherchez pas.

Je suis votre Berger et vous ne me suivez pas.Je suis votre Dieu et vous ne me priez pas.

Si vous vous perdez, au moins ne m’en veuillez pas. »

INSCRIPTION SUR UN VIEUX CALVAIRE.

Heureux l’homme dont la faute est enlevée, dont le péché est couvert.Heureux l’homme dont le Seigneur a oublié l’offense et dont l’esprit ne triche pas.Tant que je taisais mon péché, mon corps s’épuisait à gémir tout le jour.Ta main pesait sur moi, le jour et la nuit : je me desséchais comme l’herbe en été.Alors, je t’ai avoué ma faute, je n’ai pas caché mes torts ; j’ai dit : « je veux confesser au

Seigneur les péchés que j’ai commis », et toi, tu m’as déchargé de ma faute.Ainsi chacun des tiens te priera aux heures décisives: même les eaux qui se déchaînent ne

pourront l’atteindre.C’est toi qui es mon refuge : tu me mets à l’abri de la détresse.Tu fais jaillir autour de moi des chants de délivrance !

PSAUME 31.1-7

La confession sacramentelle

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 181 -

« Je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais au retour du méchant qui change devoie pour avoir la vie ».

EZECHIEL XXXIII ,11

« Le Seigneur est bon, sa miséricorde est éternelle ».

PSAUMES 117,1

« Ils mentent, ceux qui accusent l’Eglise de faire preuve d’une mentalité « répressive »lorsqu’elle invite à la Pénitence. La confession sacramentelle ne constitue pas une répressionmais une libération ; elle n’entretient pas la faute, mais elle efface la faute, elle dissout le malcommis et elle donne la grâce du pardon. »

« A vous, les jeunes de l’Eglise, j’adresse une invitation particulière à recevoir lesacrement de la Pénitence. C’est un signe de force que d’être capable de dire : j’ai péché, Père, jet’ai offensé, mon Dieu, je le regrette. Je te demande pardon. J’essaierai encore, parce que j’aiconfiance dans ta force et crois à ton pardon. J’irai, je confesserai mes péchés, et je serai guéri,et je vivrai dans ton amour ! »

JEAN-PAUL II

« Par le sacrement de pénitence, l’Eglise offre à ses membres tombés dans le péché, unremède salutaire, non seulement pour veiller à leur propre salut, mais encore pour écarter desautres membres du corps mystique tout danger de contagion ; bien mieux, pour les entraîner à lavertu par leur exemple ».

PIE XIICORPORIS MYSTICI, 1943

Que l’espérance en la miséricorde de Dieu nous soutienne dans le tumulte des passions etdes contrariétés. Courons avec confiance vers le sacrement de Pénitence, où le Seigneur nousattend à tout moment avec une tendresse infinie.

Et une fois nos péchés pardonnés, oublions-les, car le Seigneur l’a déjà fait avant nous.

SAINT PADRE PIO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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« Pour recevoir le sacrement de Pénitence, il faut trois choses : la foi qui nous découvreDieu présent dans le prêtre, l’espérance qui nous fait croire que Dieu nous donnera la grâce dupardon, la charité qui nous porte à aimer Dieu et qui met au cœur le regret de l’avoir offensé ».

« C’est beau de penser que nous avons un sacrement qui guérit les plaies de notre âme. »« Il faut mettre plus de temps à demander la contrition qu’à s’examiner. »Dès qu’une personne fréquente les sacrements, le démon perd toute sa puissance »« Le démon fait tout ce qu’il peut pour nous en éloigner »

«Si par malheur nous succombons, il faut de suite se relever ; ne pas laisser le péché uneminute dans notre cœur. »

« Son plus grand plaisir est de nous pardonner. »« Le bon Dieu vous presse, Il vous poursuit partout… depuis que vous L’avez

abandonné. »

« Il y a deux choses pour s’unir avec Notre Seigneur et pour faire son salut : la prière et lessacrements. Tous ceux qui sont devenus saints ont fréquenté les sacrements et ont élevé leur âmeà Dieu par la prière. »

« Méditons souvent au pied de la croix l’énormité du péché qui a fait mourir NotreSeigneur. »

« Le bon Dieu tend la main et donne sa grâce à ceux qui la Lui demandent. »

« Nous vivrons bien lorsque nous ferons tous les soirs un examen de conscience. »

« On dit qu’il y en a beaucoup qui se confessent et peu qui se convertissent. Je le croisbien, c’est qu’il y en a peu qui se confessent avec repentir. »

« Il faut d’abord mettre ordre à votre conscience. Vous mettrez ensuite plus facilementordre à vos affaires. »

« Le bon Dieu sait toutes choses d’avance, Il sait qu’après vous être confessé, vouspécherez de nouveau et cependant Il vous pardonne. Quel amour que celui de notre Dieu qui vajusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous pardonner. »

« Quand on va se confesser, il faut comprendre ce qu’on va faire. On peut dire qu’on vadéclouer Notre Seigneur. »

« Quand le prêtre donne l’absolution, il ne faut penser qu’à une chose, c’est que le sang duBon Dieu coule sur notre âme pour la laver, la purifier et la rendre aussi belle qu’elle était aprèsnotre baptême. »

SAINT CURE D’ARS

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 183 -

« Pour m’aider à tomber, j’avais des amis en grand nombre ; mais pour me relever, je metrouvais complètement isolée. Aujourd’hui je m’étonne de n’être pas restée toujours à terre.Louange à la miséricorde et au pardon de Dieu ! C’est Lui seul qui me tendait la main. Qu’Il ensoit remercié à jamais ! Amen ! »

« Oui je le sens, quand bien même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuventcommettre, j’irais le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Ilchérit l’enfant prodigue qui revient à Lui. »

SAINTE THERESE D’AVILA

Mes enfants, si vous voyiez un homme dresser un grand bûcher, entasser des fagots les unssur les autres, et que, lui demandant ce qu'il fait, il vous répondît :"Je prépare le feu qui doit mebrûler", que penseriez-vous? Et si vous voyiez ce même homme approcher la flamme du bûcheret, quand il est allumé, se précipiter dedans… que diriez-vous?… En commettant le péché, c'estainsi que nous faisons. Ce n'est pas Dieu qui nous jette en enfer, c'est nous qui nous y jetons parnos péchés.

(…) Nous renvoyons notre conversion à la mort; mais qui nous assure que nous aurons letemps et la force, à ce moment redoutable que tous les saints ont appréhendé, où l'enfer se réunitpour nous livrer un dernier assaut, voyant que c'est l'instant décisif ?

(…) Devant les tentations, comporte-toi en femme forte et combats avec l’aide duSeigneur.Si tu tombes dans le péché ne reste pas là, découragée et abattue. Humilie-toi, mais sans perdrecourage ; abaisse-toi, mais sans te dégrader ; verse des larmes de contrition sincères pour lavertes imperfections et tes fautes, mais sans perdre confiance en la miséricorde de Dieu, qui seratoujours plus grande que ton ingratitude ; prends la résolution de te corriger, mais sans présumerde toi-même, car c’est en Dieu seul que tu dois mettre ta force ; enfin, reconnais sincèrement quesi Dieu n’était pas ton armure et ton bouclier, ton imprudence t’aurait entraînée à commettretoute sorte de péchés.

SAINT PADRE PIO

Souvenez-vous : le pécheur qui a honte de mal agir est plus proche de Dieu que l’hommehonnête qui rougit de faire le bien.

SAINT PADRE PIO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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« La compréhension est la récompense de la foi, il ne faut donc pas comprendre afin decroire; il faut croire afin de comprendre.»

ST AUGUSTIN

(DE L’UTILITE DE CROIRE)

Que fait-elle? Se laisse-t-elle aller? Non, elle garde confiance, elle renouvelle sa Foi, ellecontre-attaque : Je crois avoir fait plus d’actes de Foi depuis un an que pendant toute ma vie!

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

PENDANT SON EPREUVE DE LA NUIT DE LA FOI.

« Notre Seigneur suscite et veut se réserver des monastères nouveaux, non seulement pourdonner l’idée de la sainteté, mais comme des camps retranchés de l’orthodoxie pure et de lasainte raison. Si nous ne sommes pas des génies, je veux que nous soyons des orthodoxesimmaculés ».

“Il faut étudier en forme d’oraison. Vous lirez beaucoup plus avec l’intime de votre âmequ’avec votre tête... L’étude est une occasion que l’on donne au Seigneur de parler à l’âme.C’est une audience que Dieu nous donne. C’est une oraison que nous faisons”.

DOM ROMAIN BANQUET

La Foi pour vous, privilégiés de son cœur, ne consiste pas seulement à croire au mystèrede la Sainte Trinité ou à la présence réelle au tabernacle, à ne jamais douter d’un dogme de laSainte Eglise. Non, cela n’est pas une foi suffisante pour vous. La foi pour vous, c’est croire sansle voir, que Jésus est toujours près de vous, avec vous, guidant tout, tout en respectant votreliberté, pour sa plus grande gloire et la vôtre dans la sienne. Croire au dogme de l’Amour.

PERE D’ELBEE

CROIRE A L’AMOUR

La Foi nourrie par l’étude et la contemplation

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

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Le moyen essentiel pour lutter contre le mensonge établi? Cultiver le champ des véritéséternelles, le champ riche des vérités absolues qui structurent l’esprit humain et lui donnent uneassise inébranlable : ce sont les grandes notions métaphysiques, les douze articles du Credo ettoutes les vérités qui lui sont connexes. Mais ce grand corps de vérités doctrinales ne sera pournous vivant et savoureux que par une étude attentive, accompagnée de la prière. Effort religieuxet culturel : êtes-vous capables de lire deux ou trois grands livres à fond par an, la plume à lamain?

(…)

L'âme baptisée baigne dans la lumière de foi, et la vie terrestre est une vie éternellecommencée.

Chaque fois que j’affirme cela, on me pose immanquablement la question : «Existe-t-il desmoyens de s’accorder à cette grande vérité ? » J’en indiquerai trois : le recueillement, l’amour dela croix et l’esprit d’enfance.

(…)

Un jour, vous m’avez dit: « Autour de nous du bruit et des images : affiches publicitaires,télé, hard rock, BD nous tirent violemment toujours du même côté : l’argent, le sexe, la bouffe.Alors on a 1’impression d’être laminé par un rouleau compresseur, et quand on cherche à direquelque chose à cette foule bruyante qui nous entoure, il semble que personne ne nous écouterajamais.»

C’est une erreur grave. Les hommes ont soif d’autres horizons. Ils attendent de vousquelque chose de pur, d’éternel, quelque chose de stable qui ne trompe pas. A ce matérialismeambiant, nous opposerons la même réponse qu’ont donnée les premiers chrétiens il y a deuxmille ans au temps des empereurs romains: c’est l’héroïsme de leur foi et le témoignage de leurcharité fraternelle qui ont fait sauter la lourde carapace du paganisme antique. Le secret de leurréussite? La foi en Jésus-Christ, unique sauveur du monde, la foi dans les sacrements qui nousalimentent et nous revigorent. La foi qui, au dire de saint Jean, est notre victoire sur le monde.

(…)

Par un simple acte de foi vive, un enfant qui fait sa prière atteint, directement et sansintermédiaire, Dieu lui-même dans son éternité.

(…)

Il me semble de plus en plus urgent de rendre à la foi son caractère de folie, une folieétrangère à tous les conformismes, pour en faire, non pas une « valeur de civilisation », mais unetension de tout l’être, fût-elle douloureuse, augmentant notre sentiment d’exil : la flèche du désirtendu vers l’autre rive.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE SAMEDI

- 186 -

Ne mettez aucun espoir dans les sentiments d’assurance, de consolation spirituelle quevous pouvez éprouver. Vous serez peut-être obligé de vous en passer. Ne mettez aucun espoirdans les prédicateurs inspirés qui distribuent la joie de vivre, qui vous relèvent, vous remettentsur pied et vous rendent votre confiance pendant deux ou trois jours jusqu’à ce que vous vousrepliiez sur vous-même et retombiez dans le désespoir.

La confiance en soi est un don naturel précieux, un signe de santé, mais ce n’est pas lamême chose que la foi. Celle-ci est beaucoup plus profonde, et elle doit l’être pour subsisterlorsque nous sommes faibles, malades, lorsque nous n’avons plus confiance en nous, lorsquenous avons perdu tout respect de nous-mêmes.

Je ne veux pas dire par là que notre foi n’est vivante que lorsque nous sommes effondrés,mais la foi véritable demeure lorsque tout le reste nous est enlevé. Seul, l’humble peut accepterde croire dans ces conditions, si complètement et sans réserve, qu’il est heureux de la foi pure etla reçoit avec joie même lorsqu’elle n’est accompagnée de rien d’autre, ou que tout le reste luiest retiré.

Si nous ne sommes pas humbles, nous avons tendance à exiger que la foi nous apporte unebonne santé, la paix de l’âme, la chance, le succès dans les affaires, la popularité, la paixextérieure, et tous les biens possibles et imaginables. Et il est vrai que Dieu peut, s’Il le veut,nous donner tous ces biens. Mais ils sont négligeables en comparaison de la foi, qui estessentielle.

(…)

Par la foi, nous ne nous contentons pas d’accepter les vérités révélées par Dieu, quidépassent l’intelligence et la raison seules; nous acceptons Dieu Lui-même. Nous Le recevons.Nous disons « oui » au Dieu Invisible et Infini, et pas seulement à un exposé sur Lui. Nousacceptons pleinement cet exposé non seulement pour son contenu, mais pour Celui qui l’a fait.

(…)

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

«Faites-vous tout petits sous la main de Dieu, afin qu’à l’heure de son retour, Il puissevous glorifier. Abandonnez-Lui tous vos soucis, car Lui-même prend soin de vous. Demeurezsobres et vigilants, car le diable votre adversaire, rôde comme un lion furieux cherchant quidévorer. Fermes dans la Foi, résistez-lui et rappelez-vous que partout dans le monde, vos frèressubissent la même épreuve ».

PREMIERE LETTRE DE SAINT PIERRE V, 6 - 9

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 187 -

Vocation des personnes

Je souffre d’avoir l’âme assez élevée pour comprendre ce qu’il me faudrait être et de nepas avoir le caractère assez ferme et trempé pour réaliser la conception que j’ai eue de la vie queje dois mener.

MARECHAL LYAUTEY

L’amour commence à la maison.

Si le monde aujourd’hui connaît un tel désordre et une telle souffrance, cela me sembledû à une carence de l’amour au foyer et dans la vie de famille. Nous n’avons pas de temps pournos propres enfants, nous n’avons pas de temps l’un pour l’autre : nous n’avons pas le temps denous savourer mutuellement.

Si nous pouvions seulement faire passer dans notre vie celle que Jésus, Marie et Josephvivaient à Nazareth, si nous pouvions faire de nos maisons un autre Nazareth, je crois que dansle monde régneraient la paix et la joie.

Imitation du Christ.

Le travail pour le travail, tel est le danger qui toujours nous menace. C’est là que lerespect et l’amour et la piété interviennent, pour que nous adressions notre travail à Dieu, auChrist ; et voilà pourquoi nous essayons de le faire aussi bellement qu’il est possible.

Les Chrétiens sont comme de la lumière pour les autres… pour ceux du monde . Si noussommes chrétiens nous devons ressembler au Christ.

MERE TERESA

Vocation des personnes, vocation des nations

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 188 -

« Je pensais que j’étais née pour la gloire et cherchais le moyen d’y parvenir. Le bonDieu (…) me fit comprendre que ma gloire à moi ne paraîtrait pas aux yeux des mortels, qu’elleconsisterait à devenir une grande Sainte !!! Ce désir pourrait sembler téméraire si l’on considèrecombien j’étais faible et imparfaite et combien je le suis encore après sept années passées enreligion, cependant je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande Sainte,car je ne compte pas sur mes mérites, n’en ayant aucun, mais j’espère en Celui qui est la Vertu,la Sainteté même ».

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

HISTOIRE D’UNE AME

Que la vie est quelque chose de sérieux : chaque minute nous est donnée pour nous« enraciner » plus en Dieu, selon l’expression de Saint Paul, pour que la ressemblance avec notredivin Modèle soit plus frappante, l’union plus intime.

BIENHEUREUSE ELISABETH DE LA TRINITE

Nous venons de Dieu et nous retournons vers Dieu ; notre véritable vocation, notre fin,n’est pas uniquement dans un parfait développement de notre nature humaine, accompagnéd’une teinte surnaturelle qui nous ferait enfant de Dieu mais de loin, et serait destiné à assurer uncertain équilibre, un certain bonheur à notre nature humaine. Non : la vocation divine que Dieunous a donnée, de par la grâce et la filiation divine qu’elle nous assure, c’est de retourner enDieu.

C’est là notre fin, c’est là le bonheur du Ciel : non pas seulement voir Dieu de loin, maisêtre Dieu par participation, faire les opérations de connaissance et d’amour qui sont lesopérations du Verbe et, de cette façon, partager le bonheur et la vie du Verbe. En d’autrestermes : entrer avec lui comme acteur et non pas seulement comme spectateur, dans le rythme dela vie trinitaire, partager le bonheur de Dieu lui-même, en partageant celui du Verbe incarné.

PERE MARIE-EUGENE DE L’ENFANT JESUS

PARTAGER LA VIE DE DIEU

Prenons garde ! La vie ne nous est donnée que pour des choses très solennelles et trèssaintes, la vie ne nous est donnée que pour avancer sans cesse du côté de Dieu

DON ROMAIN BANQUET

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 189 -

« Un chrétien est un tabernacle du Dieu vivant. Il m’a créée, il m’a choisie, il est venuhabiter en moi, parce qu’il avait besoin de moi. Maintenant que vous avez appris combien Dieuvous aime d’amour, quoi de plus naturel pour vous que de passer le reste de votre vie à rayonnerde cet amour ? »

MERE TERESA LA JOIE DU DON

L’âme est comme une cire qui attend un sceau. Elle n’a, par elle-même, aucune identitéparticulière. Son destin est d’être adoucie et préparée, en cette vie, par la volonté deressemblance avec Dieu, dans le Christ.

C’est, entre autres choses, ce que signifie être jugé par le Christ.La cire qui a été fondue par la volonté de Dieu recevra facilement le sceau de son

identité, de ce qu'elle était vraiment destinée à être. Mais le sceau ne s’imprimera pas sur la cirequi est dure, sèche, friable et sans amour ; car il la réduira en poudre.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATIONS

« Dès avant ma naissance, le Seigneur m’a appelé. J’étais encore dans le sein de ma mèrelorsqu’Il a choisi mon nom »

ISAÏE, 49

Le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus Christ « nous a choisi en Lui dès avant lacréation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence dans l’amour, nous ayantprédestinés à être pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté,à la louange de gloire de sa grâce… »

SAINT PAUL (EP, I, 4-6)

L'homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, Notre Seigneur, et par ce moyensauver son âme.

Et les autres choses, sur la face de la terre, ont été créées pour l’homme, et pour qu’ellesl’aident dans la poursuite de la fin pour laquelle il a été créé.

D’où il suit que l’homme doit faire usage de ces choses autant qu’elles l’aident àpoursuivre sa fin ; et qu’il doit s’en défaire autant qu’elles l’en empêchent.

SAINT IGNACE DE LOYOLA PRINCIPE ET FONDEMENT DES EXERCICES

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Vocation des nations

Permettez-moi de vous poser tout à trac une question grave : aimez-vous la France, votrepays ? Vous me demanderez à votre tour : qu’est-ce que mon pays ? Eh bien, je vous réponds :mon pays, c’est ce qui me fait être ; c’est ma source, mon origine, la somme des biens accumulésqui ont donné naissance à ce qu’il y a de meilleur en moi. Il n’y a pas de génération spontanée,et chacun de nous peut se dire qu’il est le résultat d’une addition, ou mieux l’héritier et legardien d’un grand patrimoine.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

« Vous ne tiendrez pas le Royaume de France de Dieu, le Roi du ciel…. Mais le tiendraCharles, vrai héritier, car Dieu le Roi du Ciel le veut. »

SAINTE JEANNE D’ARC

LETTRE AUX ANGLAIS LE 29 AVRIL 1429, AVANT LE SIEGE D’ORLEANS

« Prince de Bourgogne, je vous fais assavoir, de par le Roi du Ciel, mon droicturier etsouverain Seigneur, pour votre bien et votre honneur et sur votre vie, que vous ne gaignerezpoinct bataille à l’encontre des loyaulx Françoys, et que tous ceulx qui guerroyent contre le dictsainct Royaulme de France guerroyent contre le Roy Jésus, Roy du Ciel et de tout le monde ; s’ilvous plaist de guerroyer, allez sur le Sarrasin. »

SAINTE JEANNE D’ARC

LETTRE AU DUC DE BOURGOGNE, LE 17 JUILLET 1429, JOUR DU SACRE DE CHARLES VII

Apprenez , mon Fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense del'Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ ...

Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes, il embrassera les limites del'empire romain et il soumettra tous les peuples à son sceptre... Il durera jusqu'à la fin destemps !

Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera fidèle à la foi romaine, mais il sera rudementchâtié toutes les fois où il sera infidèle à sa vocation.

SAINT REMI A CLOVIS LORS DU BAPTEME DE 496

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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"La force des sociétés est dans la reconnaissance pleine et entière de la royauté sociale deNotre-Seigneur et dans l'acceptation sans réserve de la suprématie doctrinale de son Eglise"

SAINT PIE X 22/10/1913

A l'égard de l'universalité de l'empire du Christ, il n'y a lieu de faire aucune différenceentre les individus, les familles et les Etats, car les hommes ne sont pas moins soumis à l'autoritédu Christ dans leur vie collective que dans leur vie privée.

PIE XI - QUAS PRIMAS

Les chefs d'Etat ne sauraient donc refuser de rendre, en leur nom personnel et avec toutleur peuple, des hommages publics de respect et de soumission à la souveraineté du Christ; touten sauvegardant leur autorité, ils travaillent ainsi à promouvoir et à développer la prospériténationale.

(...)Aux Etats, la célébration annuelle de la fête (du Christ-Roi) rappellera que les magistrats et

les gouvernants sont tenus, tout comme les citoyens, de rendre au Christ un culte public et de Luiobéir; elle évoquera devant eux la pensée de ce dernier jugement où le Christ, non seulementexpulsé de la vie publique mais encore négligé ou ignoré avec dédain, vengera sévèrement detelles injustices, car sa royauté exige que l'Etat tout entier se règle sur les commandements deDieu et les principes chrétiens.

PIE XI - QUAS PRIMAS

« C’est embêtant, dit Dieu. Quand il n’y aura plus ces Français, il y a des choses que jefais, il n’y aura plus personne pour les comprendre ».

PEGUY

LE MYSTERE DES SAINTS INNOCENTS

La vocation de la France est de montrer au monde comment on regarde à l’intérieur deschoses et à l’intérieur de soi même pour trouver l’ordre de la Création, comment le rôle del’Homme n’est point de jouir des choses, mais de leur donner leur sens.

ANDRE CHARLIER QUE FAUT IL DIRE AUX HOMMES

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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On peut trouver étrange qu’un peuple, qu’une nation ait une vocation. Pourtant l’histoireest là pour prouver que cela est, et cela n’est douteux que pour la sottise des historiensscientifiques modernes. Il suffit de rappeler l’exemple du peuple juif. Le peuple juif est là pournous montrer combien se paie l’infidélité à la vocation.

La vocation personnelle d’un homme est un appel à la sainteté, qui seule lui permet deréaliser tout ce qu’il est. La vocation d’un peuple est une invitation à réaliser les desseins deDieu pour le salut des hommes. Il n’est pas fréquent qu’une nation ait une mission particulièrebien déterminée ; le cas du peuple juif est un cas unique, portant visiblement le sceau divin.

ANDRE CHARLIER QUE FAUT IL DIRE AUX HOMMES

Je pense au drame du peuple juif, qui eut le privilège unique d’avoir par la parole deDieu même la vision fulgurante de sa vocation et dont l’aveuglement volontaire, dont larésistance, demeurent comme le modèle des nôtres.

Je pense aussi au drame de la France, quand elle reçut par l’intermédiaire d’une simplebergère la révélation de sa vocation : « Gentil dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle, et vousmande le Roi des Cieux que vous serez sacré et couronné à Reims, et serez lieutenant du Roides Cieux, qui est Roi de France. » Elle avait dit auparavant à Baudricourt : « Le royaumen’appartient pas au Dauphin, mais à Messire. »

ANDRE CHARLIER QUE FAUT IL DIRE AUX HOMMES

La France a longtemps tenu à son titre de fille aînée de l’Eglise ; elle y tient encore, sinonofficiellement, du moins dans le cœur des chrétiens. Cela peut parfois paraître une prétentioninsupportable. Il faut y voir simplement la conscience profonde de notre vocation.

Dans l’ordre de l’esprit, notre vocation est de sauver les formes supérieures de lacivilisation, c’est à dire de maintenir l’exigence d’une certaine qualité. Dans l’ordre de la foinotre vocation est analogue.

Il y a d’autres nations chrétiennes que la France, et qui peut être ont plus de mérites quela France. Mais il y a des degrés dans la vie spirituelle, la foi peut avoir plus ou moins deplénitude et de richesse.

Il me paraît qu’il appartient à la France de sauver dans le monde une certaine qualité dela Foi.

ANDRE CHARLIER QUE FAUT IL DIRE AUX HOMMES

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 193 -

- Vous savez ce que je veux être plus tard ?- Oui, je le devine. Tu veux être religieuse.- Non, c’est plus fort que ça.- Je veux être une sainte, voilà ! C’est plus fort que d’être religieuse, hein ?

CLAIRE DE CASTELBAJAC

8 ANS ½ - A SON PERE EN 1961

Les moines ont fait l’Europe, mais ils ne l’ont pas fait exprès. Leur aventure est d’abord,sinon exclusivement, une aventure intérieure, dont l’unique mobile est la soif. La soif d’absolu.La soif d’un autre monde, de vérité et de beauté, que la liturgie avive, au point d’orienter leregard vers les choses éternelles ; au point de faire du moine un homme tendu de tout son êtrevers la réalité qui ne passe pas. Avant d’être des académies de science et des carrefours de lacivilisation, les monastères sont des doigts silencieux dressés vers le ciel, le rappel obstiné,intraitable, qu’il existe un autre monde dont celui-ci n’est que l’image, l’annonce et la préfigure.

UN MOINE DU BARROUX

LE MYSTERE DES MOINES

Ne suivez pas ceux qui relèguent la religion dans un jardin secret, sans aucun rayonnementvisible, à moins que vous n’ayez une vocation de pur contemplatif. En ce cas, répondez à l’appeldu Bon Maître, et vous serez alors comme la braise que personne ne voit sous la cendre, quichauffe sans mot dire et met le feu de la charité dans les cœurs. Et cette charité dressera lemonde vers Dieu comme les architectes du Moyen Âge ont fait monter les cathédrales de pierrevers le ciel.

(…)Il y a ici un moine qui a cinquante ans de vie monastique derrière lui. A-t-il trouvé la

perle ? C’est son secret. Mais sa joie est de savoir que la perle existe, et il la serre sur son cœur.(…)La vie monastique consiste à adorer Dieu dans la nuit de la Foi. Aimer tendrement Celui

qui ne se dérobe à nos yeux de chair que pour nous apprendre à Le chercher avec plus d’ardeurpar l’obéissance avec le secours de « l’armée fraternelle », et plus encore par la suave etdouloureuse attirance de son propre mystère.

UN MOINE

LETTRE AUX 18 – 20 ANS DE L’AN 2000

Vocation sacerdotale, vocation religieuse

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 194 -

Devant toi, ton Sauveur pend à lacroix, nu et démuni, parce qu’Il a choisi lapauvreté. Qui veut Le suivre doit renoncer àtous les biens terrestres. Pour cela, il nesuffit pas d’avoir tout laissé derrière toi enentrant au couvent ; il te faut persister danscet engagement. Recevoir avec gratitude ceque la Providence t’envoie ; renoncerjoyeusement à ce dont elle veut te priver etne pas te soucier de ton propre corps, de sespetits besoins, de ses envies, mais laisser cesoin à ceux qui en ont la charge ; ne pas tepréoccuper du lendemain, ni du prochainrepas.

(…)Devant toi, ton Sauveur pend à la

croix, le cœur ouvert. Il a répandu le sangde son Cœur pour gagner ton cœur. Si tuveux Le suivre dans la sainte chasteté, toncœur doit se purifier de tout désir terrestre.Il faut que Jésus le Crucifié soit l’uniqueobjet de tes désirs, de tes aspirations, de tespensées…

(…)C’est le cœur aimant de ton

Rédempteur qui t’invite à Le suivre. Il exigeton obéissance parce que la volonté humaineest aveugle et faible ; elle est incapable detrouver son chemin tant qu’elle ne se donnepas toute entière à la volonté divine. Il exigela pauvreté, car nos mains, pour recevoir lesbiens du Ciel, doivent être vides des biensde ce monde. Il exige la chasteté, car seul uncœur détaché de tout amour terrestre estlibre pour l’amour de Dieu. Les bras duCrucifié sont étendus pour t’attirer sur sonCœur. Il veut ta vie pour te donner lasienne…

(…)Quand le Sauveur appelle quelqu’un à

rompre les liens naturels – sa famille, sonpeuple, son milieu – pour se l’attacher à Luiseul, le lien d’amour qui l’attache auSeigneur est plus manifeste que chez laplupart des rachetés. C’est pour l’éternitéqu’il veut avoir le privilège d’appartenir àl’Agneau et de Le suivre là où Il va, enchantant le cantique des Vierges que nulautre ne peut chanter.

(…)

Lorsque l’appel à la vie religieuserésonne dans une âme, c’est comme si Dieului déclarait son Amour. Et lorsqu’elle seconsacre à Lui par les saints vœux et qu’elleentend le Veni sponsa Christi, c’est déjà uneanticipation des noces. Mais ce n’est encorequ’un avant-goût des agapes éternelles. Ceravissement de l’âme vouée à Dieu, safidélité, doivent faire leurs preuves dans lescombats quotidiens, manifestes ou cachés dela vie religieuse. L’Époux qu’elle s’estchoisi est l’Agneau immolé ; pour entreravec Lui dans la gloire céleste, elle doit selaisser clouer à Sa croix. Les trois vœux sontles clous. Plus elle sera empressée des’étendre sur la croix et à souffrir les coupsde marteau, plus profondément elle vivra laréalité de son union au Crucifié.

(…)Devant toi, le Sauveur pend à la croix,

parce qu’Il s’est fait obéissant jusqu’à lamort sur la croix. Il n’est pas venu au mondepour accomplir Sa volonté, mais celle duPère. Si tu veux devenir l’épouse duCrucifié, il te faut renoncer entièrement à tapropre volonté et ne rien désirer d’autre qued’accomplir la volonté de Dieu. Il te parle àtravers la sainte Règle et les constitutions deton Ordre. Il te parle dans le murmure del’Esprit Saint au plus profond de ton cœur.Pour rester fidèle à ton vœu d’obéissance,jour et nuit, tu devras rester attentive à cettevoix et obéir à ses commandements. Celasignifie crucifier ta volonté propre et tonamour propre, chaque jour et à chaqueinstant.

(…)La louange solennelle doit avoir sur

terre ses foyers où elle puisse être conduite àla plus haute perfection dont les hommessoient capables. De là, elle peut s’éleververs le Ciel pour toute l’Église et avoir uneaction sur tous les membres de l’Église, enéveillant leur vie intérieure et en les invitantà faire chœur avec elle.

EDITH STEIN

(SAINTE THERESE BENEDICTE DE LA CROIX)LA CRECHE

ET LA CROIX

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Les époux, dit Notre Seigneur, « quittent père et mère afin de s’attacher l’un à l’autre » ;nulle union ne surpasse celle-là en intimité, en tendresse, en fécondité. Or, c’est à contracteravec lui une union semblable que le Verbe incarné invite l’âme qui lui est consacrée par lesvœux de l’état religieux.

BIENHEUREUX DOM MARMION

SPONSA VERBI, LA VIERGE CONSACREE AU CHRIST

Si nous n'avions pas le sacrement de l'ordre, nous n'aurions pas Notre-Seigneur. Qui est-cequi l'a mis là, dans ce tabernacle ? C'est le prêtre. Qui est-ce qui a reçu votre âme à son entréedans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre.Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme, pour la dernière fois, dans le sangde Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir, qui la ressuscitera ?Qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre. Vous ne pouvez pas vous rappeler un seulbienfait de Dieu, sans rencontrer, à côté de ce souvenir, l'image du prêtre.

Après Dieu, le prêtre, c'est tout !… Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre, on y adorerales bêtes.

Quand on veut détruire la religion, on commence par attaquer le prêtre, parce que là où iln'y a plus de prêtre, il n'y a plus de sacrifice, et là où il n'y a plus de sacrifice, il n'y a plus dereligion.

On attache un grand prix aux objets qui ont été déposés dans l'écuelle de la Sainte Viergeet de l'Enfant Jésus, à Lorette. Mais les doigts du prêtre, qui ont touché la chair adorable deJésus-Christ, qui se sont plongés dans le calice où a été son sang, dans le ciboire où a été soncorps, ne sont-ils pas plus précieux ?…

Le sacerdoce, c'est l'amour du Cœur de Jésus. Quand vous voyez le prêtre, pensez à Notre-Seigneur.

SAINT CURE D’ARS

Chaque matin, le prêtre du sacrifice eucharistique accomplit le plus grand de tous lesmiracles après l'Incarnation du Verbe : il rend le Christ présent sur la terre. (…)

Toute la grandeur du prêtre dérive de cette possibilité pour lui de rendre présent sur la terrele crucifié du Golgotha et d'y perpétuer, au milieu des hommes, l'efficacité sans limite dusacrifice de la Croix. (…)

Telle est le rôle du prêtre dans l'Eglise: acheminer les hommes de la Trinité du baptême àla Trinité de la gloire, à travers tous les crucifiements de la vie. Il aide les âmes chrétiennes àmarcher vers Dieu dans le Christ. (…)

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Est-il un seul acte humain qui puisse échapper à l'influence surnaturelle du prêtre dans unevie? Le prêtre veille sur l'éducation chrétienne des enfants; il forme les militants du Christ quel'Église désigne officiellement pour la défense de la Foi; il pénètre dans la famille pour bénir lesépoux, leur dire le sens de cet amour conjugal qui doit s'épanouir en amitié dans le Christ. Ilveille sur la formation des consciences chrétiennes de tous les membres du foyer. Il est leconfident des enfants qui grandissent, le conseiller des parents, le soutien des adolescents auxheures de crise où ils s'orientent et se fixent dans la vie. Après les chutes, il est le Christ quipardonne et ramène au devoir. Il est le compagnon de toute la vie du chrétien, qu'il conduit àDieu au nom du Christ. Chaque matin, il apporte aux âmes la lumière et la force du Dieu cachédans l'hostie. Puis, quand vient l'heure du suprême adieu à un monde qui déjà s'évanouit, ilapproche une dernière fois, avec la puissance de son Maître pour dire :"Tu peux partir, âmechrétienne, le Christ de ton baptême est là qui veut t'éterniser en Lui dans l'amour."

PERE PHILIPON O.P.LES SACREMENTS DANS LA VIE CHRETIENNE

Mais c’est à vous surtout, femmes et hommes consacrés, qu’au terme de cetteExhortation j’adresse avec confiance mon appel : vivez pleinement votre offrande à Dieu, pourque ce monde ne soit pas privé d’un rayon de la beauté divine qui illumine la route del’existence humaine. Les chrétiens, plongés dans les occupations et les soucis de ce monde, maisappelés, eux aussi, à la sainteté, ont besoin de trouver en vous des cœurs purifiés qui « voient »Dieu dans la foi, des personnes dociles à l’action de l’Esprit Saint, qui marchent allègrement,fidèles au charisme de leur vocation et de leur mission.

(…)

Vous savez bien que vous avez entrepris un chemin de conversion continue, de donexclusif à l’amour de Dieu et de vos frères, pour témoigner de manière toujours plus belle de lagrâce qui transfigure l’existence chrétienne. Le monde et l’Eglise cherchent d’authentiquestémoins du Christ. Et la vie consacrée est un don de Dieu fait pour que l’ « unique nécessaire »(cf Luc 10, 42) soit mis sous les yeux de tous.

(…)

Dans l’Eglise, en ce qui concerne sa mission de manifester la sainteté, il faut reconnaîtreque la vie consacrée se situe objectivement à un niveau d’excellence, car elle reflète la manièremême dont le Christ a vécu.

(…)

La vie consacrée a toujours été située de manière privilégiée aux côtés de Marie, laVierge épouse. De cet amour virginal résulte une fécondité particulière, qui contribue à lanaissance et à la croissance de la vie divine dans les cœurs.

JEAN-PAUL II EXHORTATION APOSTOLIQUE VITA CONSECRATA 25 MARS 1996

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Ceci nécessite de « s’abandonner à la conduite de l’Esprit de Dieu qui réside en nous. Sepersuader qu’Il usera de nous bien mieux que nous ne le ferons nous-même. Et se tenir dans unesimple dépendance de Dieu pour l’exécution de ses œuvres et de ses desseins ; en n’y prenantqu’autant de part qu’Il voudra nous en donner. »

BIENHEUREUX GUILLAUME-JOSEPH CHAMINADE

SOUS LA MOUVANCE DE L’ESPRIT

« Je veux me faire tout enseignable pour apprendre tout de vous. »

BIENHEUREUSE ELISABETH DE LA TRINITE

« O Esprit Saint, âme de mon âme, je Vous adore. Eclairez-moi, guidez-moi fortifiez-moi,consolez-moi ; dites-moi ce que je dois faire, donnez-moi des ordres ; je Vous promets de mesoumettre à tout ce que Vous désirez de moi et d’accepter tout ce que Vous permettrez quim’arrive, faites-moi connaître votre volonté. »

PRIERE DU CARDINAL MERCIER

« Laissons le passé à l’oubli et l’avenir à la Providence »

BOSSUET

Parfois, les âmes ont des impatiences, elles voudraient aller vite et voir disparaître commedes bulles de savon ces imperfections de détail, en quelque sorte physiques et involontaires, quele Seigneur juge bon de leur laisser. Ces âmes ressemblent à ces enfants qui marchaient à lacroisade la main dans la main de leur père, et qui à chaque petit clocher demandaient : « Est-ceJérusalem, papa ? » -« Non, mon enfant pas encore, pas encore. »

DOM PAUL DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE

La docilité au Saint Esprit, l'instant présent

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Accepter tout ce que Dieu vous donne et lui donner tout ce qu’Il vous prend, c’est laisserla grâce de Dieu faire son œuvre en vous-même. La sainteté véritable consiste à faire en souriantla volonté de Dieu.

MERE TERESA

LA JOIE DU DON

Dieu et l’âme font en commun une œuvre dont le succès, tout en dépendant entièrement del’action du divin ouvrier, ne peut être compromis que par l’infidélité de l’âme.

S’abandonner ! Tel est le grand devoir qui reste à remplir, après s’être acquitté fidèlementde toutes les obligations de son état. La perfection avec laquelle ce grand devoir sera accomplisera la mesure de la sainteté.

Une âme sainte n’est qu’une âme librement soumise à la volonté divine avec l’aide de lagrâce. Tout ce qui suit le pur acquiescement est l’ouvrage de Dieu et non pas l’ouvrage del’homme.

PERE DE CAUSSADE (1675-1751)L’ABANDON A LA PROVIDENCE DIVINE

« Jusqu’à présent, vous avez été dans l’habitude de travailler vous-même et de considérervotre travail et votre application pour quelque chose. Voilà pourquoi, voyant votre faiblesse,vous vous découragiez ; mais, une fois que vous vous serez abandonné ainsi entre les mains deDieu, vous reconnaîtrez que Dieu seul doit être, et faire toutes choses en vous, et vous vousjetterez à corps perdu entre ses bras, vous tenant dans la vue de votre bassesse et de votrepauvreté. Vous vous plairez dans cette vue et c’est alors que vous recommencerez à fairequelques progrès. » (L.S., I,231)

« Que nous sommes heureux, lorsque nous sommes sous la puissance du divin Esprit, sousl’influence complète de l’Esprit d’amour de Jésus ! Tout devient amour en nous ; toutes nosactions, même les mouvements les plus légers de notre âme, et, à plus forte raison, sesmouvements et ses actions intimes, tout est amour : amour pour notre Dieu, devant qui noussommes sans cesse prosternés et anéantis ; amour pour les hommes, sans aigreur, sans jugementenvers qui que ce soit ; notre esprit est calme, sans s'activer contre ceux qui nous affligent, quinous contredisent, nous persécutent et nous tourmentent en quelque manière que ce soit. Bons ouméchants, gens qui sont de notre avis ou qui ne le sont pas, personne ne peut jamais mettre notreesprit hors de son repos en Dieu, ni s’attirer notre mécontentement, qu’il ait raison ou qu’il aittort. » (L.S. II,599)

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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« O très Saint et très adorable Esprit de mon Jésus, faites-moi entendre votre douce voix.Rafraîchissez-moi par votre souffle délicieux. O divin Esprit, je veux être devant Vous commeune plume légère, afin que votre souffle m’emporte où il veut et que je n’y apporte jamais lamoindre résistance. » (C.S.J.,89)

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

COMMENTAIRES DE SAINT JEAN

Ceux-là sont vraiment les fils de Dieu qui se laissent conduire par l’esprit d’amour.

SAINT PAUL

EPITRE AUX ROMAINS VIII,14

« Ma fille, sache que tu me rends une plus grande gloire par un acte d’obéissance que parde longues prières et des mortifications. »

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL

Dieu est partout. Sa Vérité et Son Amour imprègnent toutes choses, comme la lumière etla chaleur du soleil imprègnent notre atmosphère. Mais de même que les rayons du soleiln’enflamment rien par eux-mêmes, de même Dieu ne brûle pas nos âmes du feu de laconnaissance et de l’expérience surnaturelle sans le Christ. Et son Humanité, telle une loupe,cherche des esprits bien préparés, tout imprégnés de la lumière et de la chaleur de Dieu et prêts às’enflammer grâce au petit point de feu qui est la grâce du Saint-Esprit.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

L'Esprit Saint nous conduit comme une mère conduit son enfant de deux ans par la main,comme une personne qui y voit conduit un aveugle. Il faudrait dire chaque matin : "Mon Dieu,envoyez-moi votre Esprit qui me fasse connaître ce que je suis et ce que Vous êtes…" Une âmequi possède le Saint-Esprit goûte une exquise saveur dans la prière, qui fait qu'elle trouve letemps toujours trop court; elle ne perd jamais la sainte présence de Dieu.

SAINT CURE D’ARS

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Nous pourrions le définir ainsi : l'instant présent est le point de rencontre de l'âme avecDieu. En effet, l'instant présent est d'abord le point de contact avec la volonté divine. Quels quesoient sa forme et son contenu, il est, de par sa nature même, l'expression de la volonté de Dieusur nous. A cette minute précise, Dieu veut nous voir accomplir telle action qui, bien souvent, nesera ni extraordinaire, ni grandiose, mais banale et infime, et dont la seule valeur sera d'être lavolonté de Dieu. Mais cette volonté n'est-elle pas suffisante ?

Non seulement l'instant présent nous traduit la volonté divine mais encore il nous livre laprésence de Dieu. Si, à tel moment, le Seigneur nous demande d'être à telle place, accomplissanttelle action, c'est parce qu'Il nous attend là. A ce point précis, nous Le rencontrerons, et si nousLe cherchons ailleurs, nous Le manquerons. Il nous attend là pour se donner à nous, pour secommuniquer tout entier. (…)

L'instant présent est donc une attitude active, où l'âme se possède pleinement, parce queperpétuellement unie à Dieu, à travers les évènements de la vie quotidienne. (…)

Les chrétiens doivent apprendre que la grâce n'est que toute neuve, n'est que d'aujourd'hui.Elle est toujours entière et totale. Ce que Dieu nous a donné hier ne peut pas nous dispenser d'enavoir besoin aujourd'hui. Bien que comblés de grâces, nous devons rester entièrement pauvres.Jamais nous ne pouvons vivre sans cette grâce. Chaque jour, et à chaque minute, il nous fautremettre à Dieu notre existence. La prière des Complies devrait sans cesse jaillir de notre cœur :"In manus tuas Domine".

Si Dieu éprouve son peuple, c'est pour l'exercer à ne compter que sur Lui, à se savoir danssa main. Ce que le peuple élu a fait pendant quarante ans, le chrétien doit le faire. Sans lamoindre provision, dans le risque de chaque jour; croire que demain, Dieu le soutiendra commeaujourd'hui, accepter d'être pauvre et mendiant de la miséricorde divine. Et lorsque cet acte defoi sera accompli, le chrétien devra le refaire à chaque instant, car c'est toujours après un acte defoi que Dieu vient à notre secours. (…)

Une autre "incarnation" de l'instant présent – et celle-ci, combien parfaite – s'offre à notreadmiration et à notre contemplation : la Très Sainte Vierge Marie elle-même. Toute sa vie n'a étéqu'une suite d'instants, bien humbles parfois, mais vécus avec le maximum d'amour. Tout sonêtre merveilleusement pur, par sa conception immaculée, a dû s'offrir à chacun des instantssuccessifs dans un parfait rassemblement de tout son être, tout entier à la lumière qui l'irradiait,la transfigurait, la spiritualisait. "En Marie, le soleil ne fait pas d'ombre". Pure capacité divine,elle n'appartenait plus, corps et âme, qu'au ciel.

Et c'est ainsi que la gloire de Marie, en ce qui concerne ses mérites personnels, lui a étéacquise pour avoir vécu dans sa plénitude l'instant présent. (…)

L'espérance est particulièrement la vertu qui ramène l'âme vagabonde à la considération dumoment présent, en écartant d'elle la pensée inquiète du passé ou celle de l'avenir. ( … )

PERE VICTOR, CARME

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Oh ! Comme notre temps est précieux !Heureux ceux qui savent en profiter, car, au jour du jugement, nous devrons tous en rendre

compte au Juge Suprême.Si nous arrivions à comprendre la valeur du temps, chacun de nous s'efforcerait d'en tirer

le maximum de profit.

SAINT PADRE PIO

Il est toujours excellent de savoir qu’on n’est rien par soi-même, qu’on est absolumentpauvre et dénué, tant qu’on n’a pas fait la place nette pour que Dieu s’y installe. On n’a jamaisrien à offrir à Dieu que ce que Lui-même nous a donné.

ANDRE CHARLIER LETTRES AUX CAPITAINES

Si quelque chose est capable de rendre un cœur libre et de le mettre au large, c’est leparfait abandon à Dieu et à sa sainte volonté : Cet abandon répand dans le cœur une paix divine,plus abondante que les fleuves les plus vastes et les plus remplis.

Si quelque chose peut rendre un esprit serein, dissiper les plus vives inquiétudes, adoucirles peines les plus amères, c’est assurément cette parfaite simplicité et liberté d’un cœurentièrement abandonné entre les mains de Dieu.

L’onction de l’abandon donne une certaine vigueur dans toutes les actions, et épanche lajoie du Saint Esprit jusque sur le visage et dans les paroles.

BOSSUET SUR LE PARFAIT ABANDON

Je m’abandonne à Vous, ô mon Dieu ; à votre unité pour être fait un avec Vous ; à votreinfinité et à votre immensité incompréhensible, pour m’y perdre et m’y oublier moi-même ; àvotre sagesse infinie, pour être gouverné selon vos desseins et non pas selon mes pensées ; à vosdécrets éternels, connus et inconnus, pour m’y conformer, parce qu’ils sont tous égalementjustes ; à votre éternité, pour en faire mon bonheur ; à votre toute-puissance, pour être toujourssous votre main ; à votre bonté paternelle, afin que dans le temps que Vous m’avez marqué,Vous receviez mon esprit entre vos bras.

BOSSUETDISCOURS SUR L’ACTE D’ABANDON A DIEU.

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Mains en prièreA. Dürer

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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La prière personnelle

« Vous êtes des créatures de Dieu, qui en créant chacun de vous a eu une penséeparticulière : il est temps que vous appreniez à connaître cette pensée divine sur vous, sans quoila vie va bientôt vous prendre et vous empêcher de rien saisir de ce rapport unique que vous avezavec l’Eternel.

Tout pourrait devenir si clair pour vous dès maintenant, si vous le vouliez, et votre vie s’entrouverait à jamais transformée. Seulement, il faut accorder chaque jour quelques instants ausilence (faites-vous respecter et respectez-vous vous-mêmes la méditation quotidienne ?) et je neparle pas simplement du silence matériel. Il faut faire taire aussi le tumulte des pensées, et quetoute l’agitation de la journée vienne mourir au fond de ce recueillement.

Là, maintenez votre âme un moment sous le regard de Dieu et dans un élan très simple,faites offrande de vous-mêmes à ce Dieu qui attend de vous quelque chose de précis. Si vousdemeurez fidèles à cette habitude, vous qui êtes si tourmentés parce que vous ne savez pasencore qui vous êtes, vous verrez bientôt la lumière se faire en vous, beaucoup de doutes etd’objections tomberont de vous sans même que vous ayez pris la peine de les combattre. Voussentirez alors de combien l’âme éclairée par Dieu domine tout ce qui passe dans l’intelligenceseule.

Alors quelque chose rayonnera de vous. Les autres ne sauront pas ce que c’est, mais ils enseront frappés, ils vous sentiront éclairés d’une lumière intérieure, et animés d’une secrètemaîtrise qui dépasse de bien loin celle qu’on ne doit qu’à sa propre énergie.

Vous pourrez alors devenir des hommes d’action car il n’y a d’action véritable que cellequi est enracinée dans une authentique vie spirituelle. »

ANDRE CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

« Ce qui nous manque surtout dans nos régions, et ce que nous cultivons beaucoup troppeu, c’est la culture de la prière et de l’intériorité ; ou plus simplement nous ne prions pas assez.

Nous sommes une Eglise réfléchissante, réunissante et parlante, mais prions-nousvraiment ? »

CARDINAL DANEELS ARCHEVEQUE DE MALINES BRUXELLES

(SUR RADIO VATICAN A L’OCCASION DE LA BEATIFICATION DE DOM MARMION. SEPTEMBRE 2000)

L’unique nécessaire, la prière

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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« Une église sans présence eucharistique est comme morte, à l’inverse d'une église où lalumière perpétuelle brûle devant le tabernacle. Celle-ci est bien davantage qu’un bâtiment depierre : en elle le Seigneur toujours m’attend, m’appelle, veut me rendre moi-même« eucharistique » et me met en mouvement vers son retour »

CARDINAL RATZINGER « L’ESPRIT DE LA LITURGIE »

« Ne l’oublions pas : Dieu ne doit rien à personne, et par conséquent, si nous voulons qu’Ilnous accorde ce dont nous avons besoin, nous devons nécessairement le solliciter de Lui par laprière ».

« En priant, nous reconnaissons que nous dépendons de Dieu, nous confessons etproclamons qu’Il est l’auteur de tous les Biens, nous n’espérons qu’en Lui, et nous Le regardonscomme le seul refuge et l’unique soutien de notre existence présente et de notre vie future »

« Les affections humaines grandissent et s’enflamment par les conversations, les visites,les rapports fréquents. Il en est de même de l’Amour de Dieu. Plus les hommes pieux multiplientleurs prières, en implorant la Bonté de Dieu, et en s’entretenant avec Lui, plus ils sentent croîtreen eux-mêmes une joie pénétrante, en même temps qu’ils sont portés à aimer et à servir Dieu detout leur cœur ».

« Celui qui se présente devant Dieu pour Le prier ne doit rien taire, rein cacher, maisépancher tout son cœur dans le Sien et se réfugier avec confiance dans le Sein de Celui qui est leplus aimant des Pères ».

CATECHISME DU CONCILE DE TRENTE

« Prier c’est penser à Jésus en L’aimant »

« La prière c’est l’entretien avec Dieu, c’est le cri de votre cœur vers Dieu »

CHARLES DE FOUCAULD

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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« L’oraison, voilà une grande affaire. Mais une affaire bien simple… Elle doit consisterdans un repos simple, paisible et plein de confiance devant Notre Seigneur, voilà tout… Tenez-vous devant Jésus comme un pauvre misérable enfant devant son père, pas davantage…Contentez-vous d’un regard de l’âme vers Lui de temps à autre… Toujours avec le désir calmed’être à Lui, tel que vous êtes. Ne cherchez pas davantage. »

FRANÇOIS LIBERMANN

« Aimez prier, au cours de la journée éprouvez souvent le besoin de prier et prenez lapeine de prier. »

MERE TERESA

LA JOIE DU DON

« La prière est une échelle de Jacob sur laquelle l’esprit del’homme s’élève vers Dieu et par laquelle la grâce de Dieu descendsur l’homme »

« La prière est la plus haute tâche dont soit chargé l’esprithumain »

« La prière de l’Eglise est la prière du Christ vivantéternellement »

CHEMIN VERS LE SILENCE INTERIEUR

« Pour pénétrer de vie divine toute une vie d’homme, il ne suffitpas de s’agenouiller une fois l’an devant la crèche en se laissantcaptiver par le charme de la Nuit Sainte. Pour y parvenir, il faut toutau long de sa vie, être chaque jour en relation avec Dieu, écouter lesparoles qu’Il a prononcées et qui nous ont été transmises et obéir à cesparoles. Il faut avant tout prier, comme le Seigneur Lui-même, nousl’a appris et comme Il l’a tant de fois répété. Demandez et vousrecevrez »

LA CRECHE ET LA CROIX

EDITH STEIN ( SAINTE THERESE BENEDICTE DE LA CROIX )

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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« Tout le malheur des hommes vientd’une seule chose, qui est de ne pas pouvoirdemeurer en repos dans une chambre »

PASCAL

PENSEES

« Je tiens mon âme en paix et ensilence, comme un enfant contre sa mère ».

PSAUMES CXXXI,2

« La prière monte et la miséricordedescend. Si basse que soit la terre, si élevéque soit le Ciel, Dieu entend néanmoins laparole de l’Homme ».

SAINT AUGUSTIN

« Il faut toujours prier »

SAINT LUC, XXVIII,1

« Mon esprit s’est desséché parcequ’il a oublié de prendre sa nourriture enToi »

« Le Père n’a dit qu’une parole : ce futson Fils. Il la dit toujours dans le silencesans fin, et c’est dans le silence qu’elle peutêtre entendue de l’âme »

SAINT JEAN DE LA CROIX

« Qu’est-ce qui nous rend forts etpersévérants ? L’oraison humble etcontinuelle faite dans la cellule de laconnaissance de soi-même et de la bonté deDieu en soi ».

SAINTE CATHERINE DE

SIENNE

LETTRE A FRERE FILIPPO DI VANUCCIO

Ne pas chercher Dieu au loin, mais demeurer avec Lui seule à seul dans mon intérieur.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL

« L’oraison n’est autre chose qu’un commerce d’amitié entre l’âme et ce Dieu dont elle sesait aimée ».

SAINTE THERESE D’AVILA

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Un savant a dit : « donnez-moi un levier, un point d’appui et je soulève le monde. » Cequ’Archimède n’a pu obtenir, parce que la demande ne s’adressait point à Dieu et qu’elle n’étaitfaite qu’au point de vue matériel, les Saints l’ont obtenu dans toute sa plénitude. Le ToutPuissant leur a donné pour point d’appui : LUI-MEME et LUI SEUL et pour levier :L’ORAISON, qui embrase d’un feu d’amour, et c’est ainsi qu’ils ont soulevé le monde ; c’estainsi que les Saints à venir le soulèveront aussi. »

A 13 ans : « ….Personne ne faisait attention à moi, aussi je montais à la tribune de lachapelle et je restais devant le Saint-Sacrement jusqu’au moment où Papa venait me chercher,c’était mon unique consolation, Jésus n’était-il pas mon unique ami ?… »

« Je ne savais parler qu’à Lui, les conversations avec les créatures même les conversationspieuses, me fatiguaient l’âme… »

« …Je fais comme les enfants qui ne savent pas lire, je dis tout simplement au bon Dieu ceque je veux Lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours Il me comprend … »

« Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’estun cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’estquelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. »

« Quand je suis auprès du Tabernacle, je ne sais dire qu’une seule chose à Notre-Seigneur :« Mon Dieu, vous savez que je Vous aime (Jn 21,15) ». Et je sens que ma prière ne fatigue pasJésus ; connaissant l’impuissance de sa pauvre petite épouse, Il se contente de sa bonnevolonté ».

SAINTE THERESE DE L’E.J. ET L’ORAISON

« A quoi pensez-vous ? » me dit-elle .« Je pense au bon Dieu, à la vie, à l’éternité, enfin, je pense !… »La bonne religieuse rit beaucoup de moi. Je comprends maintenant que je faisais oraison

sans le savoir, et déjà le bon Dieu m’instruisait en secret » ».

« Qu’elle est donc grande la force de la prière ! »

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

HISTOIRE D’UNE AME

« L’Homme qui prie a la main sur le gouvernail du monde ».

SAINT JEAN CHRYSOSTOME

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Le véritable but de la méditation est le suivant : nous apprendre à nous libérer des chosescréées et des préoccupations temporelles dans lesquelles nous ne trouvons que désarroi et peine,et à entrer en contact avec Dieu par une prise de conscience aimante qui nous dispose à recevoirde Lui l’aide dont nous avons tant besoin et à Lui rendre la louange, les honneurs, l’action degrâces et l’amour que nous sommes maintenant heureux de lui offrir.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

Va prier Dieu à qui seul ton cœur appartient, avant de commencer ce que tu as à faire.

SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

« Cher fils, je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout toncœur et de tout ton pouvoir, car sans cela nul ne peut valoir nulle chose.

(…)Tu te dois garder de tout ton pouvoir de toutes choses que tu croiras

qui lui doivent déplaire ; et spécialement tu dois avoir volonté que tu neferais pour nulle chose péché mortel...

(…)Si Notre-Seigneur t’envoie quelque persécution tu le dois souffrir et

Lui en savoir bon gré; car tu dois penser qu’Il le fait pour ton bien ; etaussi dois-tu penser que tu l’as bien mérité, et ce, plus s’Il voulait, parceque tu L’as peu aimé et peu servi, et as fait beaucoup de choses contrairessa volonté. Et si Notre-Seigneur t’envoie quelque prospérité tu Lui en doisrendre grâce humblement, et dois prendre garde que tu n’empires pas dececi ni par orgueil, ni par autre vice ; car c’est très grand péché queguerroyer contre Notre-Seigneur par ses dons mêmes.

(…)Cher fils, je t’enseigne que tu t’accoutumes à te confesser souvent, et

que tu élises toujours tels confesseurs qui soient de sainte vie et suffisantescience, par lesquels tu sois enseigné dans les choses que tu dois éviter etque tu dois faire; et aie en toi telle manière que tes confesseurs et autresamis t’osent enseigner et répondre hardiment...

SAINT LOUIS (1226-1270)ENSEIGNEMENT A SON FILS

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Quand nous voulons soumettre unerequête à de grands personnages, nous nel’osons qu’avec humilité et respect ;combien plus faut-il supplier le SeigneurDieu de l’univers en toute humilité etdévotion sincère. Et sachons-le, ce n’est pasdans un flot de paroles mais dans la puretédu cœur et les larmes de la componction quenous serons exaucés. C’est pourquoi laprière doit être brève et pure, sauf le cas oùelle se prolongerait sous l’effet d’unsentiment inspiré par la grâce divine.

SAINT BENOIT

REGLE, CHAPITRE XX

Il faut prier comme si tout dépendaitde Dieu et agir comme si tout dépendait denous.

SAINT FRANÇOIS DE SALES

La prière est la nourriture ordinaireque nous devons donner à notre âme, parceque cette nourriture, étant broyée par uneméditation continuelle, la soutient et lanourrit, comme la manne qui tombaitautrefois du ciel soutenait le corps.

SAINT AMBROISE

Quand mon esprit est élevé jusqu’àDieu et que je me laisse aller, sous les yeuxde Dieu, à jouir de la pensée de son amour,c’est de l’oraison, et une oraison très élevée.

R. P. HAUSHERR S. JPRIERE DE VIE, VIE DE PRIERE

Seule de la prière peuvent sortir deslarmes qui ne soient pas lâches.

Le désir de la prière, c’est déjà prier.

BERNANOS

L’influence de la prière sur l’esprit et le corps humains est aussi aisément démontrable quela sécrétion des glandes ! Le résultat se mesure à un accroissement d’énergie physique, devigueur intellectuelle, de force morale, une compréhension plus grande des réalités.

P. GUARDINI

Le Christ veut avoir besoin de nos prières comme de celle de ses apôtres. Il semble nousdire : « Prêtez-Moi vos lèvres et vos cœurs pour que Je puisse prolonger ma prière ici-baspendant que là-haut J’offre mes mérites au Père ».

L’oraison est comme l’expression de notre vie intime d’enfants de Dieu.

DOM MARMION

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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La prière est un acte par lequel je mesitue devant ce qui me dépasse.

GABRIEL MARCEL

Je mets ma confiance dans la prière demillions d’âmes et dans le chapelet de mamère.

CARDINAL MINDSZENTY

C’est encore en priant qu’on apprendpetit à petit à mieux savoir prier.

YVES MOREAU

Le moteur de mon action, c’est laprière.

MERE TERESA

Prier, c’est agir invisiblement sur Dieuet par Lui sur les hommes et sur toutl’univers.

CARDINAL SALIEGE

Espérer, c’est toujours continuer àaimer et à croire, malgré toutes les fois oùnous avons été trompés, malgré toutes lesfois où nous nous sommes trompés, malgrétoutes les fois où nous avons trompé outrahi.

LOUIS EVELY

Celui qui craint le Seigneur n'a peur de rien; il ne tremble pas, car Dieu est son espérance

ECCLESIASTIQUE XXXIV, 14

Que nous le voulions, que nous ne le voulions pas, nous marchons tous, quoiqu’endifférentes manières, vers la fontaine de vie. Mais il n’y a, croyez-m’en, qu’un chemin qui yconduise, c’est l’oraison. Quiconque vous en indique un autre vous trompe.

SAINTE THERESE D’AVILACHEMIN DE LA PERFECTION

Jésus Christ dit encore qu’il faut toujours prier et ne cesser jamais (Luc, XVIII, 1). Cetteprière perpétuelle ne consiste pas dans une continuelle contention d’esprit, qui ne feraitqu’épuiser les forces, et dont on ne viendrait peut-être pas à bout. Cette prière perpétuelle se faitlorsque, ayant prié aux heures réglées, on recueille de sa prière ou de sa lecture quelques véritésque l’on conserve dans son cœur, et que l’on rappelle sans effort, en se tenant le plus qu’on peutdans l’état d’une humble dépendance envers Dieu, en Lui exposant ses besoins, c’est à dire, lesLui remettant devant les yeux sans rien dire.

BOSSUETQUELQUES OPUSCULES DE PIETE : LA PRIERE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Le rapport à Dieu détermine tous les rapports, ceux des hommes entre eux et ceux deshommes avec le reste de la Création : l’adoration, qui nous relie à Dieu, est donc constitutive del’existence humaine. Elle l’est d’autant plus qu’elle permet à l’homme de dépasser sa viequotidienne, de participer déjà à la façon d’exister « du ciel », du monde de Dieu. En ce sens laliturgie anticipe la vie future et donne sa véritable envergure à la vie présente. Sans cetteouverture vers le ciel notre vie ne serait qu’une existence emmurée et vide.

Redisons-le, la liturgie touche aussi à notre vie quotidienne. Elle vise, pour citer Saint Paulencore une fois, à faire de « nos corps » (notre existence physique) des « hosties vivantes », enunion avec le sacrifice du Christ (Mt 12.1)

Grâce à elle [la liturgie], le temps terrestre entre dans le présent du Christ (…) Le bergerprend la brebis perdue sur ses épaules et la ramène à la maison.

L’incarnation est la garantie que nous ne sommes pas dans l’imaginaire. Parce que Dieunous a touchés, il nous est possible de Le « toucher » nous aussi dans la prière, dans la liturgie,dans les sacrements, c’est le caractère exceptionnel et unique de cet enracinement dans l’espaceet dans le temps qui fait échapper la liturgie chrétienne à l’aléatoire mythe. C’est de cette façonavec ce visage particulier, ce corps spécifique que le Christ vient à nous dans la liturgie.

CARDINAL RATZINGER

L’ESPRIT DE LA LITURGIE

Etant donné le lien étroit existant entre la foi et la liturgie (lex orandi, lex credendi), cettedernière obéit à des lois analogues à savoir qu’elle exige d’être préservée avec grand soin, etdonc qu’elle est essentiellement orientée vers la conservation.

CARDINAL STICKLER

Le Christ laisse à accomplir par son épouse, l’Eglise dans la suite des temps, une partie dela prière qu’Il a récitée au moment d’offrir son sacrifice.

DOM MARMION

La prière de l’Eglise est la prière du Christ toujours vivant. Elle a pour modèle la prière duChrist durant sa vie d’homme. (…)

L’abandon amoureux est sans limite de l’âme à Dieu, et le don de Dieu en retour, l’uniontotale et permanente, est la plus grande élévation du cœur qui nous soit accessible, le plus hautdegré de prière.

EDITH STEIN ( STE THERESE BENEDICTE DE LA CROIX ) LA PRIERE DE L’EGLISE

La prière liturgique

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Ils enseignaient à lire dans un beau livre que les païens ne connaissaient pas : le livre desSaintes Ecritures. Et ils leur apprenaient surtout à prier, grâce à ce fleuve liturgique qui couletout au long de l’année, qui est la meilleure école de prière.

UN MOINE BENEDICTIN

LA VOCATION MONASTIQUE

La participation active des fidèles aux mystères sacro-saints et à la prière publique etsolennelle de l’Eglise, est la source première et indispensable où se puise le véritable espritchrétien.

Le culte divin est à la fois un hommage rendu aux perfections de Dieu en union avec leChrist Jésus, et aussi une conversation, un échange.

SAINT PIE X

Ne nous fions cependant pas entièrement à notre talent pour trouver des louanges dignesd’Elle ; car même si nous pouvions La (la Sainte Vierge) chanter comme le firent Dante ou SaintBernard nous n’en dirions pas grand-chose, en comparaison de l’Eglise qui seule sait La glorifiercomme il convient, et qui ose Lui appliquer les paroles inspirées de la Sagesse Divine.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

Dans la liturgie, l’Esprit-Saint a eu l’art de concentrer, d’éterniser et de diffuser par tout lecorps du Christ la plénitude inaltérable de l’œuvre rédemptrice, toutes les richesses surnaturellesdu passé de l’Eglise, du présent, de l’éternité.

DOM PAUL DELATTE

COMMENTAIRE SUR LA REGLE DE SAINT BENOIT

Psalmodie du fond du cœur, et ne te contente pas de remuer la langue dans ta bouche.

EVAGRE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Bouvines

Quand notre arrière-garde fut au contact, elle envoya prévenir Philippe Auguste qui sousun frêne dînait de pain et de vin. Aussitôt il embrasse ses compagnons d’armes, il entre dansl’église, dépose un instant son heaume sur les marches de l’autel et prie « Seigneur, je ne suisqu’un homme, mais je suis le roi de France. C’est à vous de me garder. Gardez-moi et vous ferezbien, car par moi vous ne perdrez rien. Chevauchez je vous suivrai et partout après vous j’irai. »

(….)

Les armées sont rangées; les milices des communes sont devant Philippe Auguste en facede l’empereur d’Allemagne Othon. Le roi alors parla : « Notre confiance et notre espérance sonttoutes mises en Dieu. Othon et les siens sont excommuniés par notre père l’Apostole parce qu’ilssont destructeurs des choses de la Sainte Eglise... Le Seigneur nous donnera de surmonter nosennemis qui sont aussi les siens. »

Alors le roi se dressant sur les étriers leva sa main gantée de fer, les têtes s’inclinèrent etd’un grand signe de croix, le roi bénit l’armée.

HENRI CHARLIER

CREATION DE LA FRANCE (1971)

Pensons surtout à l’élan vers la sainteté, à ces princesses qui venaient ensevelir leur beautéet leur jeunesse dans les cloîtres ; à ces chevaliers qui renonçaient aux honneurs de la cité ou à lagloire des armes, pour embrasser la croix de Jésus-Christ ; à ces hommes et à ces femmes qui semettaient en marche vers le ciel ! Les habitants de la cité terrestre apprenaient qu’il existe unautre monde, le monde de Dieu. Une atmosphère sacrée pénétrait les institutions humaines...

C’est cela qui a modelé la piété des chrétiens.

UN MOINE BENEDICTIN.LA VOCATION MONASTIQUE

Il y eut ce moment dans notre histoire que toutes les légendes n’auraient pu imaginer plusbeau : celui où l’harmonieuse hiérarchie du royaume portait à sa cime, un homme [Saint Louis]parvenu lui-même à la cime de son âme.

MARIE-MADELEINE MARTINHISTOIRE DE L’UNITE FRANÇAISE, 1948

La France que nous aimonsest une France qui prie

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Jamais cette identification ne fut aussi parfaite qu’entre la Maison capétienne et la France.Ce fut plus qu’une royauté, ce fut un sacerdoce. Prêtre-roi comme David, le roi de France portela chape et tient l’épée, Dieu l’éclaire en ses jugements. Le roi d’Angleterre se soucie peu dejustice, il défend son droit contre ses barons; l’empereur d’Allemagne s’en soucie moins encore,il chasse éternellement sur ses montagnes du Tyrol, pendant que la boule du monde roule à saguise; le Roi de France, lui, est juste : entouré de ses prud’hommes et de ses clercs solennels,avec sa main de justice, il ressemble à Salomon. Son sacre, imité des rois d’Israël, était quelquechose d’étrange et d’unique. La France avait créé un huitième sacrement qui ne s’administraitqu’à Reims, le sacrement de la royauté.

ERNEST RENAN.LA REFORME INTELLECTUELLE ET MORALE, 1875

Un autre trait de caractère du roi et de tout son temps est la piété. Mais ici Louis XIdemeure dans la tradition royale de sa maison. Sa sœur est la pieuse Jeanne, duchesse deBourbon, de son vivant considérée comme sainte, et depuis déclarée bienheureuse. Sa fille, uneautre sainte, Jeanne de France, fonda à Bourges les religieuses de l’Annonciade. De cette piété,on pourrait citer d’innombrables exemples. Mais on n’en pourrait alléguer un seul où l’intérêtpublic fût oublié : salut du royaume, santé du roi, de l’héritier, etc. Notre-Dame, patronne deLouis XI, protège la France. Le roi en est bien certain, et le bon peuple, tout réjoui.

(…)

Tous les matins, comme l’ont fait ses ancêtres, le roi assiste à la messe, très recueilli, et nulne saurait alors le troubler ; chaque jour, il récite ses Heures. Le mercredi, il ne mange pas deviande, ni le vendredi naturellement, et il se confesse une fois la semaine. Il a écrit, en 1477, auroi de Portugal qu’il aurait voulu être moine. Mais Louis a dit tant de choses ! Dans les églises,le roi paraît au milieu des chanoines, vêtu du surplis et de l’aumusse, tout comme son père et sesprédécesseurs. Beaucoup plus qu’eux il aima suivre les pèlerinages au cours desquels il faisaitdéfendre de lui adresser la parole.

(…)

Ses fondations, ses offrandes furent considérables. Beaucoup sont des ex-voto pour sapropre santé, celle des siens, de sa femme, de ses enfants, en reconnaissance des succès que leciel avait accordés à ses entreprises, et au pays.

PIERRE CHAMPION (1936)LE ROI LOUIS XI

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Quand on a vu Saint Louis à genoux, dit Dieu, on n’a plus envie de voirCes esclaves d’orient couchés par terre

Tout de leur long à plat ventre par terre. Etre aimé librement,Rien ne pèse ce poids, rien ne pèse ce prix…

Tous les prosternements du mondeNe valent pas le bel agenouillement droit d’un homme libre.

Toutes les soumissions, tous les accablements du mondeNe valent pas une belle prière, bien droite agenouillée,

De ces hommes libres là. Toutes les soumissions du mondeNe valent pas le point d’élancement,

Le bel élancement droit d’une seule invocationD’un libre amour. Quand Saint Louis m’aime, dit Dieu, je suis sûr…

Sans doute il craint Dieu,Mais c’est une noble crainte, toute emplie, toute gonflée,

Toute pleine d’amour, comme un fruit gonflé de jus.Nullement quelque lâche, quelque basse crainte, quelque sale peur

Qui prend dans le ventre. Mais une grande, mais une haute, mais une noble crainte,La peur de me déplaire, parce qu’il m'aime, et de me désobéir,

Parce qu’il m’aimeEt, parce qu’il m’aime, la peurDe n’être pas trouvé agréable

Et aimant et aimé sous mon regard…Toutes les soumissions d’esclaves du monde me répugnent et je donnerais tout

Pour un beau regard d’homme libre,Pour une belle obéissance et tendresse et dévotion d’homme libre,

Pour un regard de Saint Louis,Et même pour un regard de Joinville,

Car Joinville est moins Saint, mais il n’est pas moins libre.(Et il n’est pas moins chrétien)…

Je suis leur père, dit Dieu.

PEGUYLE MYSTERE DES SAINTS INNOCENTS

Plus grande chose est de savoir seigneurier sa volonté que seigneurier le monde.

LOUIS XI, ROI DE FRANCE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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La France compte un nombre de saints plus important que bien d’autres pays. Sur lesquelques deux cents saints inscrits au calendrier romain durant les quinze siècles qui ont suivi lebaptême de Clovis, une trentaine sont français, soit environ un sur sept, proportion qui n’estdépassée que par l’Italie. Et parmi ces saints, beaucoup sont universellement connus: saintMartin, saint Jean Eudes, sainte Marguerite Marie, saint Vincent de Paul, le saint curé d’Ars,saint Louis-Marie Grignion de Montfort, etc. On compte également quatre docteurs de l’Eglisesur trente-trois: saint Hilaire, saint François de Sales, saint Bernard et sainte Thérèse de Lisieux.

Dans son livre « politique tirée des propres paroles l’Ecriture Sainte », Bossuet reconnaîtque la France est le seul royaume de la chrétienté qui n’ait jamais vu sur le trône que des roisenfants de l’Eglise. Et il est vrai que nombre de princes et princesses, de Clovis à Louis XVI, desainte Clotilde à Marie-Thérèse de France, ont fait briller sur le trône ou sur les marches du trônetout l’éclat des vertus chrétiennes. Ainsi, sur la douzaine de rois ou de reines que contient lecalendrier romain, la moitié est française ou d’origine française : sainte Clotilde, sainte Bathilde,sainte Radegonde, sainte Jeanne de Valois, saint Louis et le bienheureux Charlemagne. Tous cessaints forment au-dessus de nos têtes une nuée d’augustes protecteurs.

Père éternel, qui, depuis l’établissement de cette monarchie, lui donnez des marques d’uneprotection spéciale, accordez aux mérites et aux vœux de saint Louis, que ses descendants, quevotre serviteur, que tout votre peuple, soient les imitateurs des vertus qu’il a pratiquées, afin que,conservant la paix au-dedans et au-dehors, nous soupirions uniquement après la joie de ceroyaume où les rois et les peuples, ne reconnaissant plus que vous pour pasteur et pour père,seront unis entre eux par les liens d’un amour éternel.

YVES DE LASSUS

TOUT EST A VOUS SI VOUS ETES AU CHRIST,ARTICLE PARU DANS LES NUMEROS 161 ET 162 DE LA REVUE DE L’AFS

LETTRE XCVII. A LA MÈRE DE SAUMAISE. VENDREDI APRÈS L’OCTAVE DUSAINT SACREMENT, 17 juin [1689]

Le Sacré-Cœur désire donc, ce me semble, entrer avec pompe et magnificence dans lamaison des princes et des rois, pour y être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humiliéen sa Passion, et qu’il reçoive autant de plaisir de voir les grands de la terre abaissés et humiliésdevant lui, comme il a senti d’amertume de se voir anéanti à leurs pieds.

« Fais savoir au fils aîné de mon Sacré Cœur - parlant de notre Roi, - que comme sanaissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même ilobtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même àmon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de laterre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pourles rendre victorieuses de ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes,pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la sainte Eglise. »

SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Et la malheureuse mère [Marie Leczinska, femme de Louis XV], avec sa foi tenace et cecourage qui n’abandonne pas, priait Dieu pour que l’œuvre du dauphin ne soit pas perdue et quecette montée d’irréligion, de scepticisme qui s’attaquait à tout et qui, avec la complicité desDiderot, des Voltaire, des d’Alembert, envahissait la France, rencontrât enfin un obstacle assezfort pour l’arrêter.

(…)

Louis XV était trop religieux pour ne pas sentir qu’auprès d’elle il s’était toujours purifié.Elle avait été, pour ainsi dire, la gardienne d’un dépôt sacré, la prêtresse qui rallume la flammedans le temple.

(…)

Le peuple de France ne s’y trompait pas, et dans sa douleur il y avait le désir de montrerses préférences, son admiration pour la bonté, son respect pour la vie claire et lumineuse de cellequi ne s’était pas laissée entraîner par le plaisir ni aveugler par la gloire.(à l’occasion de son enterrement)

GABRIEL DE LA ROCHEFOUCAULD

MARIE LECZINSKA,FEMME DE LOUISXV

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 218 -

(à l’heure de la mort)

Advocata nostra, ce que nous chercheronsC’est le recouvrement d’un illustre manteau.Et spes nostra salve, ce que nous trouverons,C’est la porte et l’accès d’un illustre château.

CHARLES PEGUY

EVE.

Consécration à la Sainte Vierge.

Obtiens-moi aussi la force du corps et de l’esprit afin que je puisse accomplir jusqu’à la finla mission qui m’a été confiée par le Ressuscité. Je te remets tous les fruits de ma vie et de monministère ; je te confie le sort de 1’Eglise ; je te remets ma nation ; en toi j’ai confiance et à toi jedéclare une nouvelle fois, totus tuus, Maria ! Totus tuus.

JEAN-PAUL II19 AOUT 2002, SERMON AU SANCTUAIRE DE KALWARIA ZEBRZYDOWSKA

«La Sainte Vierge (...) ne manque jamais de me protéger dès que je l’invoque. S’il mesurvient une inquiétude, un embarras, bien vite, je me tourne vers elle et toujours comme la plustendre des mères, elle se charge de mes intérêts. Que de fois en parlant aux novices, il m’estarrivé de l’invoquer et de ressentir les bienfaits de sa maternelle protection ».

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

«Mère de Dieu pour tout obtenir et Mère des hommes pour tout accorder ».

BOSSUET

Notre vie entre les mains de la sainte Vierge

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Toutes les générations doivent donc l’appeler bienheureuse, parce que c’est par sonintermédiaire qu’elles reçoivent toutes la part de vie et de joie surnaturelles qui leur sontaccordées. Aussi est-il juste que le monde lui exprime sa reconnaissance, que les poètes chantentles grandes choses que Dieu a faites en elle, et qu’on élève, en son nom, des cathédrales. Carnotre foi en Dieu demeure incomplète si nous ne reconnaissons pas en la Sainte Vierge la Mèrede Dieu, la Reine des saints et des anges et l’Espérance du monde. Comment pourrions-nous Luidemander toutes les grâces que nous espérons recevoir si nous ne comprenions pas, encontemplant la sainteté de la Vierge Immaculée, les grandes choses qu’Il a le pouvoird’accomplir dans les âmes humaines?

(…)C’est elle qui, aux derniers jours, est destinée par Dieu, dans Sa miséricorde, à manifester

la puissance que lui a méritée sa pauvreté et à sauver les derniers hommes survivants dans lesruines du monde calciné. Mais si le dernier siècle du monde doit être, par la perversité deshommes, le plus terrible, il sera aussi, par la clémence de la Sainte Vierge, le plus triomphant etle plus heureux pour les pauvres auxquels Dieu aura fait miséricorde.

(…)Je peux trouver Notre Dame si je demeure, moi aussi, caché en Dieu en qui elle est cachée.

Le meilleur moyen de la connaître, c’est de partager son humilité, sa discrétion, sa pauvreté, soneffacement et sa solitude ; et la connaître ainsi, c’est trouver la sagesse. Qui me inveniet vitam ethauriet salutem a Domino (Qui me trouve, trouve la vie et obtient la faveur du Seigneur).

(…)Toute la pauvreté et toute la sagesse de tous les saints se trouvent dans la personne

humaine, réelle, vivante, qui est la Vierge Mère du Christ. Leur sainteté leur est venue par elleparce que dans l’ordre voulu par Dieu, toutes les grâces parviennent aux hommes parl’intermédiaire de Marie.

C’est pour cela que l’aimer et la connaître, c’est découvrir la véritable signification deschoses et accéder à la sagesse. Sans elle, la connaissance du Christ n’est qu’intellectuelle, maisen Marie elle devient expérience parce qu’elle a reçu l’humilité et la pauvreté sans lesquelles onne peut connaître le Christ. Sa sainteté est le silence dans lequel seul le Christ peut être entendu,et nous pouvons percevoir la voix de Dieu grâce à sa contemplation.

Le vide, la solitude intérieure et la paix sans lesquels nous ne pouvons être remplis de Dieuont été donnés à Marie afin qu’elle pût accueillir Dieu en ce monde et Lui offrir l’hospitalitéd’un être parfaitement pur, silencieux, en repos, en paix, et totalement humble.

Si nous réussissons parfois à faire taire en nous le tumulte du monde et de nos passions,c’est parce que Dieu l’a envoyée tout près de nous et nous a permis de partager sa sainteté et soneffacement.

Elle seule, parmi tous les saints, est incomparable. Elle possède leur sainteté à tous, etcependant ne ressemble à aucun d’eux. Et nous pouvons cependant nous efforcer de luiressembler. Cette ressemblance n’est pas seulement une chose à désirer, c’est la chose qui est laplus digne de notre désir, car, de toutes les créatures, c’est elle qui a le plus parfaitement atteintcette ressemblance avec Dieu qu’Il veut trouver, à des degrés divers, en chacun de nous.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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«Qui n’a pas Marie pour Mère n’a pasDieu pour Père ».

ST LOUIS-MARIE GRIGNION

DE MONTFORT

« Il est impossible que le vrai serviteurde Marie se damne ».

ST ALPHONSE DE LIGUORI

« Jésus veut répandre dans le monde ladévotion à mon Cœur Immaculé. Je prometsla salut à ceux qui embrasseront cettedévotion. Ma fille, je ne t’abandonneraijamais ! Mon Cœur Immaculé sera tonrefuge et la voie qui te conduira à Dieu ».

LA STE VIERGE A LUCIE

FATIMA 13 JUIN 1917

« Dans les dangers, dans les troubles,dans les détresses, dans les plus grandesextrémités, souvenez-vous de Marie,demandez sa protection, que son nom nesorte point de votre bouche, que sonsouvenir ne sorte point de votre cœur; etpour obtenir le suffrage de ses prières, necessez jamais d’imiter ses exemples ».

ST BERNARD

« Marie veut arracher tous ses enfantsaux griffes du démon en les purifiant, maiselle veut aussi les sanctifier. Son regard esttoujours penché sur nous pour travailler àfaire de nous des images vivantes de sonFils, aussi parfaites que possibles ».

DOM GODEFROY BELORGEY

LE REGARD DE DIEU

Demandons à la Vierge Marie de rendre nos cœurs « doux et humbles » comme l’étaitcelui de son Fils. Il est si facile d’être orgueilleux, dur, égoïste, – oui, si facile ; mais nous avonsété créés pour de plus grandes choses. Combien nous pouvons apprendre de Marie ! Elle n’étaitsi humble que parce qu’elle était toute à Dieu. Elle était emplie de la grâce. Dites à la Vierge dedire à Jésus : « Ils n’ont pas de vin ; ils ont besoin du vin de l’humilité et de la douceur, de labonté et de la gentillesse.» Elle nous répondra certainement : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

MERE TERESA

LA JOIE DU DON

« Ne te décourage jamais ! C’est la pire des bêtises. Dès que tu commences à faiblir,appelle vite la Sainte Vierge et ton Ange Gardien, et tu es sûre qu’ils t’aideront. Ce sont lesmeilleurs amis, et combien puissants ! Ils ne te laisseront pas tomber. Ensuite remercie-les. Leremède est excellent.

CLAIRE DE CASTELBAJAC

16 ANS 1/2 - A UNE AMIE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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O mère, vous voyez mon âme, vous voyez le défaut qu’il faut corriger, la plaie qu’il fautguérir, la vertu qu’il faut acquérir. Aidez moi, mère bien aimée ; vous serez plus aimée encore sivous travaillez à me rendre meilleur.

Je remets donc mon âme en vos bénites mains. Elles ont porté Jésus : qu’elles gardentaussi mon âme que vous savez être à Jésus.

Portez-la, gardez-la, et gardez la si bien que vous la meniez avec vous au ciel.

P. EMMANUEL, DU MESNIL ST LOUP

Il est possible qu’il y ait, au départ de la terre, plusieurs chemins qui vont à Dieu ; mais ceschemins, au bout d’un certain temps, se rejoignent tous pour n’en faire plus qu’un seul. Si àquelque distance du point de départ, on n’a pas rencontré la Sainte Vierge, c’est le signe certainqu’on est égaré.

ABBE BERTO

La quantité de mal qui est en nous ne peut être détruite que par notre regard posé surquelque chose d’absolument pur.

SIMONE WEIL

PROPOS SANS ORDRE SUR L’AMOUR DE DIEU.

Quand on regarde Marie, on se sent plus léger, la confiance renaît et nous donne des ailespour échapper aux pièges du monde et pour s’envoler vers Dieu.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

« Voyez le Cœur Immaculé de Marie, dit-il encore, que de souffrances il a endurées pourle salut du monde! Marie n’est pas allée prêcher l’Evangile de son Fils, mais elle a souffert dansson cœur, voilà l’unique apostolat de Marie » (L.S. IV,655)

P. FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

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Nous sommes renés dans le baptême qui enlève le péché. Nous renaissons sans cesse dansle sacrement de pénitence. Nous devons aller jusqu’à nous déifier et, à cet effet, nous avons letrès Saint Sacrement... Comment nous préparer à recevoir le plus possible de grâces?Consacrons-nous à l’Immaculée; qu’elle-même nous prépare, qu’elle reçoive son Fils en nous.C’est le moyen le plus parfait et le plus cher à Jésus et il nous apporte les fruits les plusabondants. (Conf., 28-03-1937).

Quelquefois on se demande en soi-même « Comment as-tu le courage de devenir un saintétant aussi faible ? ». Plus nous sommes faibles, mieux cela vaut. L’immaculée est comme«l’incarnation» de la Miséricorde divine. S’il se trouve une âme pour qui il n’y a plus d’espoir etque l’on se demande ce qui va lui arriver, elle l’élève vers une sainteté au-delà de celle que cetteâme pouvait penser. Même les plus égarés, les plus faibles, elle les élève. Il faut lui dire : « Si jeme perds et que je tombe en enfer, d’autres vont me suivre. Mais si tu me donnes la main, jepourrai être un grand saint et attirer les autres vers le Ciel. »(Conf., 24-11-1938).

Bien que nous ayons sur la conscience de graves péchés, nous pouvons nous relever. Ilsuffit seulement de s’approcher de l’immaculée. Que celui qui tombe se tourne vers elle en touteconfiance. Il ne faut pas se concentrer sur soi. Saint Paul dit déjà « Je peux tout en celui qui mefortifie », et nous aussi nous pouvons dire : « Je peux tout en celle qui me fortifie. »(Conf. 02-08-1938).

(…)Notre idéal est la consécration inconditionnelle à l’Immaculée pour tout ce qui dépend de

notre volonté.(…)Celui qui est consacré totalement à l’Immaculée a déjà atteint la sainteté.(…)L’Immaculée personnifie la Miséricorde de Dieu.(…)Comme Mère de Jésus Sauveur, Marie a été corédemptrice du genre humain, comme

Epouse du Saint-Esprit, elle participe à la distribution de toutes les grâces.(…)Elle nous aime jusqu’à sacrifier son divin Fils; elle nous a déjà acceptés délibérément, à

l’Annonciation, comme ses enfants. (Ebauche, 1940)(…)L’âme donne à l’immaculée ses actes d’amour, non pas comme à un pur intermédiaire,

mais comme à sa propriétaire - et cela parfaitement -, car elle comprend que l’Immaculée offreces actes à Jésus comme étant les siens propres, donc sans tache, immaculés, et Lui les donne àson Père.

SAINT MAXIMILIEN KOLBE.

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE DIMANCHE

- 223 -

Tous missionnaires :

«Vous êtes tous des missionnaires, remplissez votre mission... De vrais missionnaires nedoivent compter nullement sur eux, sur leurs talents et leur industrie, mais mettre toute leurconfiance dans la protection de la Vierge, travaillant à cette œuvre pour laquelle elle a été élevéeà la maternité divine.»

Avec Marie :

«Si telle est ma foi, je conclus qu’il m’est impossible de faire oraison sans Marie. Si nul neconnaît le Père que le Fils et ceux auxquels le Fils l’a révélé (Mat 11-27), pareillement nul neconnaît le Fils que la mère. Unissons-nous donc à Marie dans l’oraison, et prions-la de nous faireconnaître son Fils, elle qui l’a si bien connu.»

La conformité au Christ :

« C’est dans le sein de Marie que Jésus-Christ a bien voulu se former à notreressemblance. C’est là pareillement que nous devons nous former à la sienne.»

BX GUILLAUME-JOSEPH CHAMINADE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 224 -

Dès que nous entrons dans l’ordre de la charité, nous devenons inintelligibles et commeinvisibles aux yeux de Satan. Tant que le démon peut nous voir, il est le plus fort : Dieu lui alaissé une telle puissance que toute créature dont il voit et comprend les actes, il peut l’empêcherde passer. Mais chaque fois que nous posons un acte de charité ou d’humilité surnaturelle, nousentrons dans la quatrième dimension : nous disparaissons littéralement sous ses yeux, nousdevenons l’homme invisible, aussi mystérieux que Dieu Lui-même… car nous sommesemportés dans l’inaccessible Trinité.

(…)

« Satan a réclamé de vous cribler comme le froment. » Ceux qui comprennent cela crientau secours, ils cherchent la face de Dieu et, à force de supplier, ils Le rencontrent. Ceux qui aucontraire se laissent bercer par l’optimisme ne sont plus poussés par la détresse à chercher levisage du Christ. Résultat : la rencontre avec Dieu n’a pas lieu, parce qu’on perd l’habituded’appeler au secours.

(…)

On parle de construire un monde meilleur. Mais où serait l’intérêt d’un monde soi-disantchrétien qui ne reposerait pas sur la confiance la plus folle dans la miséricorde de Dieu ? On nesoupire pas assez après la Jérusalem céleste, on n’y croit pas assez, alors on se rabat sur l’espoirintermédiaire d’une humanité meilleure.

M.D. MOLINIÉ O.P.LE COURAGE D’AVOIR PEUR

Toutes les complaisances de Dieu, toutes les confiances de Dieu, toutes les tendresses deDieu étaient pour elle. Les souffrances du Seigneur, les sacrements, laConfirmation, l’Eucharistie, cette présence patiente et séculaire de Notre Seigneur Jésus Christdans son tabernacle, la Pénitence, l’Ordre, tout cet ensemble de richesses et de grâcessurnaturelles étaient pour elle. Et tout cela sera en vain. Oui, c’est pour cela que le sang duSeigneur a coulé, et c’est en vain… Et il me semble qu’en face de cette âme qui s’opposeobstinément à Dieu, je vois, non seulement Notre Seigneur Jésus Christ avec son sang, maisencore l’Église toute entière, les confesseurs, les Martyrs, les Apôtres, les Docteurs, les Viergesvenant heurter à la porte de ce cœur et faire le siège de cette âme pour en vaincre les résistances,et cette âme refuse de se rendre.

DOM PAUL DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE

Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 225 -

Il nous précède absolument comme leregard de tendresse de nos parents. On ne l’apas mérité. Il faut donc apprendre à selaisser aimer gratuitement. C’est peut-êtrecela redevenir enfant.

PERE BONINO

Ma fille, parle au monde de mamiséricorde, que l’humanité entièreapprenne à connaître mon insondablemiséricorde. C’est un signe pour les dernierstemps, après viendra la jour de la justice.Tant qu’il en est temps, que les hommesaient recours à la source de ma miséricorde,qu’ils profitent du sang et de l’eau qui ontjailli pour eux

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL – (ED. DU DIALOGUE, PARIS)

Enracinés dans l’amour, fondés surl’amour, vous pourrez ainsi, avec tous leschrétiens mesurer la longueur, la largeur, lahauteur et la profondeur, en un motconnaître cet amour du Christ qui pourtantdéfie toute connaissance .

EPITRE DE SAINT PAUL AUX

ÉPHESIENS

La honte et la détresse ont brisé monCœur. J’attendais quelqu’un pour compatir àma peine ; il n’est venu personne ! J’aicherché quelqu’un pour me consoler, maisje ne l’ai pas trouvé !

PSAUME 68, 21

Dieu nous a aimés d’un amour sanslimite : Il a été élevé de terre et nous attire àson Cœur miséricordieux. Venez à Moi,vous tous qui peinez et ployez sous lefardeau, et Je vous rendrai courage.

VEPRES DU SACRE CŒUR

N’oublions pas ceci : le Sacré Cœur deJésus ne nous a pas seulement appelés ànotre sanctification personnelle, maiségalement à collaborer humblement au salutde nos frères. Il désire que nous l’aidions àsauver les âmes.

SAINT PADRE PIO

Une âme qui aime peut obtenir lepardon pour mille criminels.

JESUS A SAINTE MARGUERITE

MARIE

Aimer, c’est d’ailleurs se laisser fasciner, attirer par les qualités qui rayonnent d’un être.« Mon Dieu, je Vous aime… parce que Vous êtes infiniment bon et infiniment aimable » disons-nous. Mais lorsque Dieu aime quelqu’un, c’est exactement l’inverse : loin que notre amour soitdéclenché ou causé par la bonté de son objet, par les qualités ou les mérites de celui qu’Il aime,c’est Dieu Lui-même qui rend aimables ceux qu’Il aime. L’amour de Dieu est éminemmentactif, créateur.

PERE BONINO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 226 -

J’ai besoin d’un cœur brûlant de tendresseRestant mon appui sans aucun retourAimant tout en moi, même ma faiblesse…Ne me quittant pas, la nuit et le jour.Je n’ai pu trouver nulle créatureQui m’aimait toujours, sans jamais mourirIl me faut un Dieu prenant ma natureDevenant mon frère et pouvant souffrir(…)

Ah ! je le sais bien toutes nos justicesN’ont devant tes yeux aucune valeurPour donner du prix à mon sacrificeJe veux les jeter en ton Divin CœurTu n’as pas trouvé tes anges sans tacheAu sein des éclairs tu donnes ta loi !En ton Cœur Sacré, Jésus je me cacheJe ne tremble pas, ma vertu, c’est Toi !

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

AU SACRE CŒUR DE JESUS

Nous avons tous un Père, Frère, Ami, Époux de nos âmes,Centre et Roi de nos cœurs, Rédempteur et Sauveur,Penché sur nous, sur notre faiblesse et notre impuissance de petits enfantsAvec une mansuétude indicible, veillant sur nous comme la prunelle de ses yeux, qui a dit :« C’est la miséricorde que je désire et non le sacrifice, car je ne suis pas venu appeler les justes,mais les pécheurs. » (Mt 9,13)

PERE D’ELBEE

CROIRE A L’AMOUR.

Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance ; au lieu de m’avanceravec le pharisien, je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain ; mais surtoutj’imite la conduite de Madeleine, son étonnante ou plutôt son amoureuse audace qui charme leCœur de Jésus, séduit le mien. Oui, je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous lespéchés qui peuvent se commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras deJésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui.

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

MANUSCRITS AUTOBIOGRAPHIQUES.

Le peuple africain ne sera pas converti par les efforts de missionnaires habiles et capables,il n’en a pas besoin ; c’est la sainteté et le sacrifice de ses pères qui doivent le sauver. Soyezsaints comme Jésus était saint ; c’est le seul et unique moyen de racheter, de sanctifier les âmes.Que l’Esprit de Jésus anime tous vos actes, qu’il forme tous les sentiments de votre âme, qu’ilamortisse et modère tous les entraînements de vivacité de l’esprit, tous les sentiments durs ouraides de cœur, en un mot, tout ce qu’il y a de passionné et de déréglé dans l’âme ; qu’il dominetoutes vos impressions, qu’il dirige et conduise tous les mouvements de votre cœur. Qu’ilcommunique à votre cœur la douceur et l’humilité dont le divin Maître nous a donné l’exemple.

P. FRANÇOIS LIBERMANN

NOTES ET DOCUMENTS - XIII, 144.

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 227 -

Que votre vie soit donc une vie d’amour, de paix, de zèle et de miséricorde. Ce que vousne pouvez pas gagner sur ces pauvres âmes par vos paroles, tâchez de l’obtenir par vos prières,par vos exemples pleins de vertus de Jésus Christ surtout de sa miséricorde. Souffrez tout ce quela divine bonté vous fait ou vous laisse souffrir, dans cet esprit, avec ce désir de sanctifier cesâmes, de leur attirer au moins la grâce divine afin de les faire entrer dans la voie du salut.

Soyez comme une pauvre victime offerte par Jésus-Christ à son Père pour le salut de cesâmes et la divine miséricorde sera votre partage.

P. FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES - IV, 687

Se jeter dans l’Amour, c’est croire éperdument que la joie de Dieu, ce n’est pas de nousrécompenser quand nous avons bien fait – tous les pères de famille de la terre le font - c’est denous combler alors que nous ne le méritons pas. Il faut seulement savoir qu’Il est l’amourmiséricordieux, et que l’amour, pour se déverser, a besoin d’une âme ouverte. Si vous restezpetit, Dieu descendra et Il vous prendra dans ses bras. Si vous restez ouvert, Dieu entrera et vousserez transformé.

UN MOINE

LETTRE AUX 18 – 20 ANS DE L’AN 2000

Seigneur, Vous nous avez aimés à lafolie.

SAINTE THERESE DE

L’ENFANT JESUS

Si l’on savait à quel point Dieu nousaime, on mourrait de bonheur.

SAINT CURE D’ARS

Même si le désert est terrible, jemarche pourtant le front levé et je fixe lesoleil c’est-à-dire le cœur miséricordieux deJésus.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL

Gardons toujours à l'esprit lesmalheurs et les souffrances du monde, afinde les soulager. (…)

Ne vous faites pas de souci pour letemps que vous me prenez; en effet, lameilleure façon de passer son temps, c'est dele consacrer à la sanctification d'autrui; et jene peux que remercier le Père de me fairerencontrer des âmes que je peux aider d'unefaçon où d'une autre. (…)

N'oublions pas ceci : le Sacré Cœur deJésus ne nous a pas seulement appelé à lasanctification personnelle, mais également àcollaborer humblement au salut de nosfrères.

Il désire que nous L'aidions à sauverles âmes.

SAINT PADRE PIO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 228 -

Ayons une grande dévotion à ce Cœur Sacré par lequel Dieu a allumé le feu sur la terre !« Que veux-je si ce n’est qu’il brûle ? » O mon Dieu faites brûler ce feu dans mon cœur et danscelui de tous les hommes… C’est l’unique nécessaire : « que veux-je si ce n’est qu’il brûle ? »

VENERABLE CHARLES DE FOUCAULD.

Faites votre demeure dans le Cœur adorable de Jésus-Christ ; portez-y vos petits chagrinset amertumes, tout y sera pacifié : vous y trouverez le remède à vos maux, la force à vosfaiblesses et le refuge en toutes vos nécessités.

(…)

Si vous voulez vous rendre disciple du Cœur sacré de Jésus, vous devez vous rendre douxet humble comme lui, doux à supporter les petits ennuis, humeurs et chagrins du prochain, sansvous fâcher des petites contradictions qu’il vous fera, mais au contraire lui rendre de bon coeurles services que vous pourrez, car c’est là le vrai moyen de gagner les bonnes grâces du Sacré-Cœur.

SAINTE MARGUERITE-MARIE ALACOQUE (1647-1690)

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 229 -

Si Notre Seigneur nous donne son Saint Esprit, ce n’est pas pour que nous vivions, mêmeen partie, selon le nôtre ; Il doit être notre conducteur, notre amour, notre tout. La qualité proprede cet Esprit étant l’Amour de Dieu, il en résulte que tout en nous doit procéder de cet amour, enêtre accompagné, et aller droit à Dieu.

Il nous a été donné pour être la vie de notre âme ; par conséquent, l’amour unique de Dieuseul doit la remplir et pénétrer toutes ses facultés et ses puissances… Si nous voulons l’entendre,le voir et marcher sous sa conduite, il faut être attentif à ses inspirations, tenir nos regardscontinuellement tournés vers Lui, pratiquer le silence intérieur, c’est-à-dire de toutes nospassions et de toutes les facultés de notre âme, éviter la trop grande action intérieure,l’empressement et l’activité, modérer tous les mouvements violents, même ceux qui ont deschoses pour objet, ne vouloir connaître d’autre sagesse et d’autre prudence que celle qui nousvient de l’Esprit Saint, et, pour cette voie intérieure, éviter tous les efforts naturels pour nousunir à Lui, nous occuper uniquement d’éviter les obstacles qui viennent de l’empressement et del’attache aux créatures et à nous-mêmes.

Tout cela doit être fait en toute paix et tranquillité d’âme, et c’est dans cette dispositionqu’il faut attendre de Lui tout ce qu’il Lui plaira de nous montrer et de nous faire exécuter, noustenant toujours prêts à Le suivre sans jamais Le précéder.

P. FRANÇOIS LIBERMANN

ÉCRITS SPIRITUEL, SUPPL. 79.

L’âme éprise de Dieu et plongée en Lui va à son devoir dans les mêmes dispositions qu’àla Sainte Communion, et elle accomplit la plus simple action avec un grand soin sous le regardplein d’amour de Dieu.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL – (ED. DU DIALOGUE, PARIS).

Pour agir selon la volonté de Notre Seigneur

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 230 -

Naaman, chef de l'armée du roi de Syrie, (…) était lépreux.(…)Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s'arrêta à la porte de la maison d'Élisée.

Élisée lui envoya un messager pour lui dire : "Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain; ta chairte reviendra, et tu seras pur." Naaman fut irrité, et il s'en alla, en disant : "Voici que je me disais :Il sortira vers moi, il se présentera lui-même, il invoquera le nom de Yahweh, son Dieu, ilagitera sa main sur la plaie et délivrera le lépreux. Les fleuves de Damas, l'Abana et Pharphar, nevalent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pourrais-je pas m'y laver et devenir pur ?"Et se tournant, il s'en allait en colère. Ses serviteurs s'approchèrent pour lui parler, et ils dirent :"Mon père, si le prophète t'avait demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait ?Combien plus dois-tu lui obéir, quand il te dit : Lave-toi et tu seras pur ?" Il descendit et seplongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; et sa chair redevintcomme la chair d'un petit enfant, et il fut purifié.

DEUXIEME LIVRE DES ROIS

Cultive ta vigne d'un commun accord avec Jésus.A toi revient la tâche d'enlever les pierres et d'arracher les ronces. A Jésus, celle de semer,

planter, cultiver et arroser.Mais même dans ton travail, c'est encore Lui qui agit. Car sans le Christ, tu ne pourrais

rien faire.

SAINT PADRE PIO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 231 -

Vie intérieure

Rien n’est plus facile au monde que de posséder cette vie et cette joie puisqu’il suffitseulement de croire et d’aimer ; et pourtant certains perdent leur temps en efforts, difficultés etsacrifices effroyables pour obtenir des choses qui rendent impossible la véritable vie.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION .

La vie spirituelle n’est pas un sommeil, c’est une intensité inouïe dans l’action ou lacontemplation. Mais ce n’est pas une intensité nerveuse.

M.D. MOLINIE

LE COURAGE D’AVOIR PEUR.

Nous courons toujours le risque de devenir simplement des travailleurs sociaux, ou de nefaire le travail que pour le travail. C’est un risque si nous oublions à qui nous faisons ce quenous faisons. Nos travaux ne sont qu’une expression de notre amour pour le Christ. Il faut quenos cœurs soient pleins d’amour pour Lui.(…)

Il n’est pas possible de s’engager dans l’apostolat direct si l’on n’est pas une âme deprière. Soyons conscients d’être un avec le Christ, comme Il était conscient d’être un avec sonPère ; notre activité n’est véritablement apostolique que dans la mesure où nous Le laissonstravailler en nous et à travers nous avec sa puissance, son désir et son amour. Nous devonsparvenir à la sainteté, non pas pour nous sentir en état de sainteté, mais pour que le Christ puissepleinement vivre en nous.

MERE TERESA

LA JOIE DU DON.

Ayez souvent l’œil de votre âme tourné vers Lui et l’oreille intérieure attentive à sa divinevoix.

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES – II, 138

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 232 -

Comme avant l’exécution d’un concert, pour en assurer la beauté et l’ensemble, chaquemusicien s’efforce d’obtenir la parfaite justesse de son instrument, ainsi, avant d’agir,commençons par nous recueillir : accordons notre âme avec l’Esprit de Dieu ; puis, par unedouce vigilance, maintenons avec soin cet accord. Nous apporterons alors à nos œuvres uncaractère doux, humble, tranquille, mesuré.

(…)Dieu est acte et Il est paisible. Ses actions extérieures ne laissent en Lui ni trace, ni ride ; il

nous faut prendre ses mœurs, et faire à chaque instant dans la paix, tout ce vers quoi noussentons que nous incline sa volonté.

DOM PAUL DELATTE

CONTEMPLER L’INVISIBLE.

Mon âme silencieuse vit de Lui et cette vie consciente de Dieu dans mon âme m’est sourcede bonheur et de force. Je ne cherche pas de bonheur en dehors de la profondeur de mon âmedans laquelle demeure Dieu, je suis consciente de cela. Je sens comme un besoin de me donneraux autres, j’ai découvert en mon âme la source du bonheur, c’est Dieu.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL – (ED. DU DIALOGUE, PARIS)

La pratique de la vie intérieure consiste en une douce et amoureuse présence de Dieu.L’âme intérieure est habituellement dans une suave, simple direction vers Dieu dans ses œuvres.Elle tâche de n’agir que par l’ordre et l’impulsion intérieure de Dieu. Elle attend tout de Lui, elleramène tout à Lui, elle voit Dieu dans toutes les créatures et toutes les créatures en Dieu. Dansses rapports avec le prochain, tout est amour divin, zèle, paix, condescendance et humilité. Sonaction est paisible, recueillie, pleine de mansuétude, de modestie, de réserve, d’une doucegravité.

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

ECRITS SPIRITUELS – 271

Lorsqu’il accepte d’être Maître des Novices des Eudistes, Le père François Libermann seremet entre les mains de Dieu : « Mon Jésus, Vous savez bien que je ne suis rien, que je ne puis rien, que je ne vaux rien. Mevoici tel que je suis, c’est-à-dire un pauvre homme ; prenez-moi si vous voulez bien avoir cettegrande miséricorde. Je m’abandonne et me livre entre vos mains et je ne veux plus rien. »

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES – II, 392

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 233 -

Il est de la plus haute importance de se tenir dans une paix continuelle devant Lui.

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES – I, 175

S’affliger, se troubler, se tourmenter, se dépiter contre soi-même deviendrait un obstacledes plus grands à la perfection… Rentrez doucement dans le fond de votre cœur, tenez-vousdevant Dieu et oubliez-vous.

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES – II, 337

Ne jamais me laisser gouverner par les impressions, par les premiers mouvements de lanature, mais me posséder moi-même.

BIENHEUREUSE ELISABETH DE LA TRINITE

DERNIERE RETRAITE.

Nous devons créer dans notre vie un espace pour le Sauveur eucharistique afin qu’Il puisseconvertir notre vie en Sa Vie. Est-ce trop demander ? (..) Ne serait-il vraiment pas possible detrouver une heure, le matin, où l’on se rassemble au lieu de se disperser, où l’on puise des forcesau lieu de les dissiper, pour faire face aux tâches journalières ?

EDITH STEIN (STE THERESE BENEDICTE DE LA CROIX)

LA CRECHE ET LA CROIX .

Jésus Christ nous envoie comme Il a été envoyé. Notre mission est la sienne ; c’est Jésusqui vit dans ses envoyés, qui souffre dans ses envoyés, qui attire les âmes à Dieu son Père, etleur communique les grâces par ses envoyés.

Mais pour que Jésus vive dans ses envoyés et fasse tout en eux et par eux, il est nécessaireque ceux-ci vivent en Lui, soient unis avec Lui dans leur vie, leurs souffrances et leur actionapostolique. S’il n’en est pas ainsi, ils ne sont les envoyés de Jésus Christ qu’en figure et ilsn’ont rien de réel.

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

ECRITS SPIRITUELS – 374

J’écouterai ce que le Seigneur Dieu dit en moi. Heureuse l’âme qui entend le Seigneur luiparler intérieurement et qui reçoit de sa bouche la parole de consolation ! Heureuses les oreillestoujours attentives à recueillir le souffle divin et sourdes au bruit du monde.

IMITATION DE JESUS CHRIST

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 234 -

On a trop souvent confondu vie intérieure et introspection. Mais il s’agit au contraire d’undégagement du vieil homme, d’une candeur, d’un esprit d’enfance et d’une confiance invincibleque rien ne rebute. C’est la découverte au fond de l’âme du Royaume dans toute sa fraîcheur :Regnum dei intra vos est.

UN MOINE BENEDICTIN

UNE REGLE DE VIE

L’unique nécessaire se trouve toujours pour l’âme dans le présent. Ce n’est plus oraison ousilence, retraite ou conversation, lire ou écrire, réflexions ou cessation de pensées, fuite ourecherche des spirituels, abondance ou disette, langueur ou santé, vie ou mort ; c’est tout ce quechaque moment produit par l’ordre de Dieu.

Sanctifier le nom de Dieu c’est connaître, adorer et aimer l’être ineffable que ce nomexprime. C’est aussi connaître, adorer et aimer son adorable volonté à tous les moments, danstous ses effets ; regardant tout cela comme autant de voiles, d’ombres, de noms de cette volontééternellement sainte.

Elle est sainte dans toutes ses œuvres, sainte dans toutes ses paroles, sainte dans toutes sesfaçons de paraître, sainte dans tous les noms qu’elle porte. C’est ainsi que Job bénissait le nomde Dieu.

(…)

Vous cherchez des secrets d’être à Dieu, chères âmes ? Il n’y en a point d’autres que de seservir de tout ce que Dieu vous offre ; tout mène à cette union ; tout se perfectionne, excepté cequi est péché et hors du devoir ; il n’y a qu’à recevoir tout et à laisser faire.

PERE DE CAUSSADE (1675 – 1751)L’ABANDON A LA PROVIDENCE DIVINE.

Grande folie de ceux qui s’amusent à désirer d’être martyrisés aux Indes, et nes’appliquent pas à ce qu’ils ont à faire selon leur condition !

SAINT FRANÇOIS DE SALES.

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 235 -

Formation doctrinale

Découvrez vos racines chrétiennes, apprenez l’histoire de l’Église, approfondissez votreconnaissance de l’héritage spirituel qui vous a été transmis, suivez les témoins et les maîtres quivous ont précédés.

JEAN-PAUL II(25 JUILLET 2001)

MESSAGE AUX JEUNES DU MONDE A L’OCCASION DE LA XVIIEME JOURNEE MONDIALE DE LA JEUNESSE 2002.

Un prêtre ne fait pas preuve d’humilité si, au lieu d’étudier la théologie, il la néglige etdevient incapable de guider les autres sous prétexte de demeurer simple et humble. (…)

C’est quand nous essayons de partager la connaissance de Son Amour avec les autres quenous devons, plus qu’à aucun autre moment de la vie spirituelle, être entièrement dociles etsoumis aux mouvements les plus délicats de Sa volonté et de Sa grâce.

Il vaut beaucoup mieux être trop méfiant et risquer de ne pas la partager, que de toutlaisser échapper en essayant de la donner avant de l’avoir reçue.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION.

Soumission et usage de la raison, en quoi consiste le vrai christianisme. (…)

Travaillons donc à bien penser ; voilà le principe de la morale.

PASCAL

PENSEES.

C’est la doctrine qui est la règle de vie et la vie qui est la mesure de la doctrine.

DOM DELATTE

VIVRE A DIEU

Là est notre vocation dominicaine : mettre les âmes dans la Vérité qui est la plus grandeCharité !

ABBE BERTO

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 236 -

Soumission à un père spirituel

Un esprit que Dieu attire vers la contemplation apprend vite la valeur de l’obéissance : lesépreuves et l’angoisse que lui causent chaque jour son égoïsme, ses maladresses, sonincompétence et son orgueil lui inspireront un grand désir d’être conduit, conseillé et dirigé parquelqu’un d’autre. (…)

Sa volonté propre est source de tant de souffrances et de tant d’aveuglement que ce n’estpas uniquement pour chercher la lumière ou des conseils qu’il s’adresse à un autre, mais parcequ’il en arrive à avoir la passion de l’obéissance pour elle-même et pour renoncer à sa volonté età ses lumières personnelles.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

A chacun de ceux qui cherchent ainsi votre intimité, daignez, Seigneur et Maître, envoyerquelqu’un de qualifié par le même attrait : un Dom Godefroid Belorgey, un Père Dehau, un abbéHuvelin, un Dom Augustin Baker, un Dom Richard Beaucousin. Ayez compassion de ceux qui,s’ils ne sont pas aidés, abandonneront petit à petit, non sans déception, non sans tristesse, lesvaleurs d’intimité qu’ils avaient désirées.

PERE JEROME KIEFER

ABBAYE DE SEPTFONS – 1969–L’ART D’ETRE DISCIPLE.

L’absence de docilité prouve l’absence d’un vrai désir de savoir. Prétendre chercher levrai, le bien, en se passant d’un enseignement magistral, est aux antipodes d’une recherchesincère. Voyez les hommes qui ont émergé : bien loin de commencer par contester, ils ontd’abord cherché un maître. Parfois vainement, et alors, par la suite, dans leur réussite même, illeur a manqué quelque chose. Parfois le maître leur fut donné ; alors ils ont fait l’économie debeaucoup de temps perdu, d’illusions et d’erreurs.

PERE JEROME KIEFER

ABBAYE DE SEPTFONS – 1969–L’ART D’ETRE DISCIPLE.

Rendre fidèlement compte de tout à mon directeur et ne rien entreprendre d’important sansm’être entendue avec lui. Tâcher de lui dévoiler clairement les plus secrètes profondeurs de monâme en me souvenant que c’est à Dieu seul que j’ai affaire, et que ce n’est qu’un homme quitient sa place ; et prière quotidienne pour qu’il reçoive la lumière.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL.

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 237 -

C'est par le don de vous-mêmes que vous vous imposerez et que vous saurez conquérir lesâmes des garçons de la maison. "Ma civilisation (celle de la France), dit Saint-Exupéry, a faitchacun responsable de tous les hommes et tous les hommes responsables de chacun." Lesentiment de cette responsabilité ne suffit-il pas à vous donner l'ardeur qui vous manque? Atravers vos camarades, sentez-vous responsables de la France vaincue.

ANDRE CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

Vivre d’amour, c'est essuyer ta FaceC'est obtenir des pécheurs le pardon

O Dieu d'Amour! Qu'ils entrent dans ta grâceEt qu'à jamais ils bénissent ton Nom.

Jusqu'à mon cœur retentit le blasphèmePour l'effacer je veux chanter toujours:Ton Nom sacré je l'adore et je l'aime

Je vis d'amour!…

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

VIVRE D’AMOUR

Croyez-vous que pour devenir saint il faille vous enfermer avec vos prières, vos livres, etles méditations qui intéressent et satisfont votre intelligence, pour vous protéger, derrièred'épaisses murailles, contre les gens que vous jugez stupides ?

(…)Croyez-vous trouver la contemplation en refusant de vous livrer aux travaux et aux

activités qui sont indispensables au bien des autres, mais qui vous ennuient et vous dérangent?(…)Le mystère de l'Esprit est un mystère d'amour généreux. Il nous "insuffle" secrètement son

amour, et nous Le transmettons aux autres par le don de notre charité. Ainsi donc notre vie dansle Christ consiste à recevoir et à donner. Nous recevons la grâce de Dieu dans l'Esprit et, dans cemême Esprit, nous rendons à Dieu notre amour par l'intermédiaire de nos frères.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

"Aimer c’est tout donner"

Don de soi

Association Notre Dame de Chrétienté

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 238 -

Mieux vaudrait pour moi dans la bonté et la compassion commettre des erreurs que dans larudesse et la dureté susciter des miracles.

(…)

Nos vies sont mêlées à Jésus dans l'Eucharistie; la foi et l'amour que nous donnel'Eucharistie nous rendent capables de le voir sous l'apparence affligeante des pauvres, et ainsin'y a-t-il qu'un seul amour de Jésus, comme il n'y a qu'une seule personne dans les pauvres :Jésus.

(…)

Des gens sont venus à Calcutta et avant de repartir ils m'ont demandé :"Dites-nous quelquechose qui nous aidera à vivre mieux." Je leur ai dit :"souriez à chacun; souriez à votre épouse,souriez à votre mari; souriez à vos enfants, souriez à chacun - quel qu'il soit- , voilà qui vousaidera à croire à l'amour mutuel." L'un d'eux m'a alors demandé: "Êtes-vous mariée ?" et j'airépondu :"Oui, et je trouve parfois difficile de sourire à Jésus." C'est vrai, Jésus peut être trèsexigeant, et c'est en ces moments où Il est très exigeant qu'il est vraiment magnifique de Luidonner un grand sourire.

(…)

La joie est prière. La joie est force. La joie est amour. Elle est comme un filet d'amour quiprend les âmes. Dieu aime le donateur joyeux. Qui donne joyeusement donne le plus. Il n'y a pasde meilleure façon de manifester notre gratitude à Dieu et aux hommes que d'accepter tout avecjoie. Un cœur brûlant d'amour est nécessairement un cœur joyeux. Ne laisser jamais la tristessevous envahir au point de vous faire oublier la joie du Christ ressuscité.

MERE TERESA

LA JOIE DU DON

Pour unir les hommes, il ne sert à rien de jeter des ponts, il faut dresser des échelles. Celuiqui n'est pas monté jusqu'à Dieu, n'a jamais vraiment rencontré son frère.

GUSTAVE THIBON

TROIS APHORISMES SUR LA TRANSCENDANCE

Jésus, Tu me fais voir et comprendre en quoi consiste la grandeur de l'âme: ce n'est pasdans de grandes actions, mais dans un grand amour. L'amour a de la valeur, et c'est lui qui donnede la grandeur à nos actions; et bien que nos actes soient petits et ordinaires en eux-mêmes, enraison de l'amour, ils deviennent grands et puissants devant Dieu.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 239 -

Baiser au lépreux – C'est le seul signe d'un amour authentique: tout le reste n'est qu'unphénomène d'attraction. Et cependant, quand saint François baise le lépreux, il est en un sensattiré par ce visage pourri comme l'amant par les lèvres de la bien-aimée. Mais tel estprécisément l'ordre supérieur de l'amour où tout nous attire parce que nous avons renoncé à touteattraction élective.

(…)

L'attraction universelle présuppose une rupture universelle. Pour qu'un lépreux nousdevienne aussi proche que nos frères, il faut que nos frères nous soient aussi étrangers qu'unlépreux. Pour aimer jusqu'au lépreux, il faut avoir haï jusqu'au plus beau visage. C'est là le sensprofond de l'Évangile: "Celui qui ne hait pas son père, sa mère, son frère… et jusqu'à sa proprevie, il ne peut être mon disciple."

GUSTAVE THIBON

NOTRE REGARD QUI MANQUE A LA LUMIERE – 1970

Si vous voulez être de parfaits missionnaires, il faut que vous soyez disposés à vivre deprivations, de peines, d'humiliations et de croix de tout genre (…), et les souffrir dans la paix etla joie du divin amour. Il faut vous estimer comme des victimes choisies de Notre Seigneur pourêtre sacrifiées à la très grande gloire de son Père céleste.

PERE FRANÇOIS LIBERMANN

LETTRES SPIRITUELLES III, 201

(…) la vie du Christ ne peut pas se répandre en nous et dans le monde sans souffrance. Lasouffrance et le sacrifice ne sont donc pas un accident, ni un incident, un malheur que l'onpourrait éviter: c'est une nécessité. Nécessité du développement de la vie dans notre âme, et de lavie de l’Eglise dans le monde. Le sacrifice lui est nécessaire, il est aussi nécessaire, de par lavolonté de Dieu, que le sacrifice du Calvaire pour notre rédemption.

PERE MARIE-EUGENE DE L’ENFANT JESUS

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 240 -

"La Charité me donna la clef de ma vocation (…) . Je compris que l'Amour seul faisait agirles membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plusl'Évangile, les martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l'Amour renfermaittoutes les vocations…

Alors, je me suis écriée : O Jésus, mon Amour, ma vocation enfin je l'ai trouvée, mavocation, c'est l'Amour !

L'Amour m'a choisie pour holocauste, il faut qu'il s'abaisse jusqu'à mon néant et qu'iltransforme en feu ce néant… O Jésus, je le sais, L'AMOUR NE SE PAIE QUE PARL'AMOUR! " s'exclama-t-elle en citant, comme elle le faisait souvent, saint Jean de la Croix(Cantique spirituel, strophe 9).

(…)

Elle profitera de toutes les plus petites choses pour les faire par amour. Je chanterai, mêmelorsqu'il me faudra cueillir mes fleurs au milieu des épines, et mon chant sera d'autant plusmélodieux que les épines seront longues et piquantes.

(…)

On lui disait :"Ah, c'est affreux ce que vous souffrez!" Elle répondait :"Non, ce n'est pasaffreux. Une petite victime d'amour ne peut pas trouver affreux ce que son Epoux lui envoie paramour."

C'était cinq jours avant sa mort…

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

MANUSCRITS AUTOBIOGRAPHIQUES

Aimer c'est tout donner et se donner soi-même

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

L'action divine n'a égard qu'à la bonne volonté; ce n'est point la capacité des autres facultésqui l'attire, ni leur incapacité qui l'éloigne.

Trouve-t-elle un cœur bon, droit, simple, soumis, filial et respectueux, c'est tout ce qu'il luifaut: elle s'empare de ce cœur : elle en possède toutes les facultés; et elle dispose si bien touteschoses, pour son plus grand bien, qu'il trouvera, en toutes choses, de quoi se sanctifier.

PERE DE CAUSSADE (1675 – 1751)L’ABANDON A LA PROVIDENCE DIVINE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 241 -

Je voudrais déverser en toi de cette Foi qui maintenant m'inonde, et t'en donner la recette.Lis la Bible, commence par Saint Jean, dis des chapelets, et donne-toi quelques minutes par jourpour l'oraison. La charité chrétienne, c'est d'aimer les autres parce que Dieu les aime. Voilà entreautres, ce qui me bouleverse de joie divine.

CLAIRE DE CASTELBAJAC

A UNE AMIE – 10 OCTOBRE 1974

Ce n'est pas pour fuir les hommes, mais pour apprendre à les trouver que nous nousretirons dans le désert; ce n'est pas pour ne plus les voir que nous nous éloignons d'eux, maispour chercher le moyen de leur être plus utile. Ceci n'est d'ailleurs qu'un objectif secondaire.

L'unique but , qui comprend tous les autres, c'est l'amour de Dieu.

THOMAS MERTON

NOUVELLES SEMENCES DE CONTEMPLATION

"As-tu pensé à offrir ton cœur et ta journée?"Bien sûr! Sans ça, à quoi je sers ?"

CLAIRE DE CASTELBAJAC – 7 ANS

A SA MERE

Ne jouez pas les septiques et les beaux esprits, cela est à la portée du premier imbécilevenu. Croyez que quelque chose de grand peut se passer entre Dieu et vous, pour peu que vousle demandiez et que vous n’ayez pas peur du feu de la Pentecôte. Seulement il faut donner au feuquelque chose à dévorer, à vous de lui apporter l’aliment pour qu’il prenne. La Vérité prendcomme le feu, mais elle ne prend que sur un cœur qui la désire.

Beaucoup de choses ensuite seront changées en vous et par vous.

ANDRE CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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Sentir de beaux élans vers Dieu ne prouve pas qu'on L'aime ! Dire oui à ce qu'Il nousdemande, c'est cela L'aimer. Peu importe ce qu'Il demande

SAINTE THERESE D’AVILA

Résolutions pour l'année 1937, 1er jour du 1er mois.Résolution détaillée : toujours la même chose, c'est – m'unir au Christ miséricordieux,

c'est-à-dire – comment aurait fait le Christ dans telle ou telle occasion, embrasser par l'esprit lemonde entier.

SAINTE FAUSTINE KOWALSKA

PETIT JOURNAL

Les canons, les tanks, la bombe atomique, n’ont qu’une importance assez mince. Ce quiest important, c’est ce qui se passe dans l’âme. Vous êtes en vous-même sollicités de bien desmanières. Ayez la volonté de répondre toujours à l’appel le plus haut. Je vous vois étrangementhésitants dans vos débats intérieurs : au fond vous avez toujours peur de sacrifier quelque chose,vous manquez d’audace. Bien sûr, il faudra faire des sacrifices, mais si vous ne savez pas fairede grands sacrifices, envisagés carrément dans une pleine liberté, vous aurez à en faire beaucoupd’autres qui vous seront imposés par la vie, et pour lesquels vous perdrez le mérite du choix.

ANDRE CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

Prendre des résolutions

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 243 -

Toute seule (j'ai honte de l'avouer) la récitation du chapelet me coûte plus que de mettre uninstrument de pénitence… Je sens que je le dis si mal ! J'ai beau m'efforcer de méditer lesmystères du Rosaire, je n'arrive pas à fixer mon esprit… Longtemps, je me suis désolée de cemanque de dévotion qui m'étonnait, car j'aime tant la Sainte Vierge qu'il devrait m'être facile defaire en son honneur des prières qui lui sont agréables. Maintenant, je me désole moins, car jepanse que la Reine des Cieux étant ma Mère, elle doit voir ma bonne volonté et qu'elle s'encontente.

SAINTE THERESE DE L’ENFANT JESUS

HISTOIRE D’UNE AME

Combien il m'est nécessaire, à moi qui tombe et pèche si souvent, qui me laisse aller si viteà la tiédeur, au découragement, de me renouveler, de me purifier, de me ranimer, par des prièreset des confessions fréquentes et par la réception de votre Corps sacré ! De peur que m'enabstenant trop longtemps, je n'abandonne mes résolutions.

(…)

La sainte communion retire du mal et fortifie dans le bien.(…)

Si donc je suis maintenant si souvent négligent et tiède, quand je communie ou que jecélèbre le Saint Sacrifice, que serait-ce si je renonçais à cet aliment salutaire et si je me privaisde ce secours puissant ?

IMITATION DE JESUS CHRIST

Je suis Notre Dame du Rosaire. Il faut réciter le chapelet tous les jours.

LA SAINTE VIERGE A FATIMA

LE 13 OCTOBRE 1917

La prière, même mécanique, elle ouvre dans les habitudes quotidiennes un vide, un trouqui livre passage à une influence transcendante.

ERNST JÜNGER

JOURNAL

Mes résolutions de prière personnelle

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 244 -

La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ?

RACINE

ATHALIE

Vous me dites : je ne voudrais pas être absorbé par les choses temporelles, et je vousréponds que c'est nous qui les rendons temporelles, car tout procède de la Bonté suprême .(Sainte Catherine de Sienne) – Et si nous ne sommes pas capables d'accueillir le temporelcomme éternel, nécessairement nous accueillerons l'éternel comme temporel. Celui qui n'élèvepas la terre jusqu'au ciel dégrade le ciel jusqu'à la terre (dévotions puériles et intéressées,conformisme religieux, etc)

GUSTAVE THIBON

1970 – NOTRE REGARD QUI MANQUE A LA LUMIERE

De tous les mauvais usages que l'on peut faire de la prière et des sacrements, aucun n'estaussi odieux que cet abus de paresse qui consiste à ne pas travailler et à ne pas agir et ensuite, etpendant et avant, à faire intervenir la prière pour combler le manque… Demander la victoire etne pas avoir envie de se battre, je trouve que c'est mal élevé.

(…)

Les croisés, entre tous autres Saint Louis, qui faisaient une guerre sainte, qui se battaientlittéralement pour le corps de Dieu, pour le temporel de Dieu, puisqu'ils se battaient pour lerecouvrement du tombeau de Jésus Christ, ne s'y fiaient pourtant pas. Ils ne priaient pas commedes oies qui attendent la pâtée. Ils priaient, mieux que nous, et ensuite, et si je puis dire enexécution de leur prière, et presque déjà en couronnement de leur prière, ils se battaient, eux-mêmes, tant qu'ils pouvaient, de tout leur corps, et eux-mêmes de tout leur temporel. Car dans letemporel et pour la conquête du temporel, il faut aussi engager le temporel.

Et pourtant ces gens-là priaient mieux que nous. Mais quand ils avaient prié, ils bouclaientleur ceinturon, pour le couronnement même de leur prière et aussi obéissant ainsi à la loi detravail.

CHARLES PEGUY

1909 – 1914 – ŒUVRES EN PROSE

L’engagement dans la cité

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 245 -

La religion refuse d'être parquée ou cantonnée dans le domaine privé du foyer ou desbâtiments du culte. Dieu doit pouvoir être servi aussi en plein air. De plus l'appartenancereligieuse ne se limite pas à la conviction intime et personnelle: elle se traduit aussi dans unengagement en société.

CARDINAL DANEELS, ARCHEVEQUE DE MALINES

BRUXELLES – CONFERENCE DU 18 DECEMBRE 2001 EN LA CATHEDRALE DE STRASBOURG.

Visite de trois jeunes gens :C'est l'âge où on demande des principes aux aînés. Je leur dis : "Gardez intact un double

regard : l'un ébloui devant l'Eternel, l'autre clairvoyant devant ce qui ce passe. Et que l'un nedéteigne pas sur l'autre.

GUSTAVE THIBON

Tout ce qui mène à Dieu ? L'amitié, l'union des esprits et des cœurs, l'art, la poésie et laphilosophie, la prière bien sûr, les beautés de la création, la politique aussi, au sens de Platon,qui la mettait au-dessus des plus nobles activités de l'esprit. Je comprends que vous n'aimiez pasla politique, quand on voit ce qu'elle est devenue : un instrument de puissance aux mainsd'individus sans scrupules. Mais si elle était l'art de faire vivre les hommes ensemble pour lesconduire à leur fin ? D'autre part, n'entre pas qui veut en politique, il y faut une vocation et desgrandes aptitudes. Ne la méprisez pas :"Rien de ce qui la dépasse ne se fait sans elle."

(…)

Méfions-nous des spiritualités pures qui oublient l'ordre du temps, les préparationslaborieuses et la longue patience des recommencements sans lesquels rien de durable ne serajamais accompli sur la terre.

UN MOINE

LETTRE AUX 18 – 20 ANS DE L'AN 2000 –

Que diriez-vous de celui qui laisserait empoisonner ses frères par peur de ruiner en lesavertissant la considération de l'empoisonneur ?

LEON BLOY

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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La présence des laïcs chrétiens dans la vie politique et sociale est non seulementimportante pour s’opposer aux divers totalitarisme, à commencer par le communisme, mais aussipour exprimer en termes politiques et sociaux la tradition et la culture chrétienne.

JEAN-PAUL IILETTRE AUX EVEQUES A L’OCCASION DE L’EPIPHANIE

Un règlement de la Marine décrétait autrefois que "la seule faute impardonnable d'un chefest l'inaction".

Il est remarquable de trouver la même pensée, mais infiniment valorisée par la finalitédivine, sous la plume d'une pure contemplative, Mère Anne de Jésus, fondatrice du Carmel enFrance qui écrivait en 1604, à la belle époque du salon Acarie: "L'amour ne souffre pointl'oisiveté…".

AMIRAL AUPHAN

Mon jeune camarade, l'avenir nous apprendra qu'il ne suffit malheureusement pas d'êtrecatholique. Il faut encore travailler dans le temporel, si on veut arracher l'avenir aux tyranniestemporelles.

Mon jeune camarade, puisque vous êtes catholique, c'est un grand mystère qu'il ne suffisepas d'être catholique, et qu'il faille encore, et qu'il faille en outre, et qu'il faille en plus peinertoute sa vie, tout son temporel, dans le temporel.

CHARLES PEGUY

CITE PAR JEAN MADIRAN

Ah ! assez de silence ! criez avec mille langues ! Je vois qu'à force de silence le monde estpourri.

SAINTE CATHERINE DE SIENNE

Le plus grand service qu'un homme puisse rendre à ses semblables, aux époques dedéfaillance et d'obscurcissement, c'est d'affirmer sans crainte la vérité, alors même qu'on nel'écouterait pas.

MONSEIGNEUR FREPPEL ( EVEQUE D’ANGERS 1869-1891 )

Sentinelle endormie, avant-garde des ennemis

ANTOINE DE SAINT-EXUPERY

CITADELLE

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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Cher fils, aie le cœur débonnaire vers les pauvres, et vers tous ceux que tu croiras qui aientmésaise de cœur et de corps ; et selon ce que tu auras de pouvoir secours-les volontiers, ou deconfort ou de quelque aumône.

(…)

Aime le bien en autrui et hais le mal. Ne souffre pas que l’on dise devant toi paroles quipuissent tirer les gens à péché. N’écoute pas volontiers dire du mal d’autrui...

(…)

Cher fils, je t’enseigne que tu te regardes à ton pouvoir, que tu n’aies guerre avec nulchrétien ; et s’ils te faisaient quelques injures, essaie plusieurs voies, à savoir si tu pourrastrouver quelques bonnes voies, par lesquelles tu puisses recouvrer ton droit sans que tu fissesguerre, et aie intention telle que ce soit pour éviter les péchés qui sont faits en guerre.

SAINT LOUIS (1226-1270)ENSEIGNEMENT A SON FILS

Or pensons donc, beau-frère, co-adjuteur de Dieu, de nous tenir fermes en la vocation queDieu nous a appelé en notre jeunesse, c’est assavoir la douce paix tant désirée de la chrétienté, etnon prêter les oreilles au chant des sirènes, ni à l’escorpion qui de la langue oint et de sa queuepoint.

« Benoîts soient les rois qui seront comptés nombrés avec ceux qui auront aimé la paix enterre. »

CHARLES VI LE BIEN AIME (138O-1422)LETTRE DU 15 MAI 1390, A RICHARD III D’ANGLETERRE

Louis XV écrivait au parlement de Rouen : « j’ai lu vos remontrances, ne m’en adressezjamais de semblables… Le serment que j’ai fait, non à la nation, comme vous osez le dire, maisà Dieu seul, m’oblige de rentrer dans le devoir ceux qui s’en écartent. »

GABRIEL DE LA ROCHEFOUCAULD

MARIE LECZINSKA, FEMME DE LOUIS XV

La France que nous aimons est une France quiœuvre

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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En mon Dieu, les gens d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire

J’aimerais mieux mourir que de faire contraire à la volonté de Dieu

J’ai juré et baillé ma foi à autre qu’à vous (anglais) et je lui en tiendrai mon serment.

Puisque Dieu le commandait, quand j’aurais eu cent pères et cent mères, que j’eusse étéfille de roi, je serais néanmoins partie.

Que la victoire vînt de mon étendard ou de moi c’était tout à Notre Seigneur.

L’Eglise ! je l’aime et la voudrais soutenir de tout mon pouvoir, pour notre foi chrétienne

J’aime Dieu, je le sers, suis bonne chrétienne et voudrais soutenir la Sainte Eglise de toutmon pouvoir.

SAINTE JEANNE D’ARC

La société chrétienne s’est formée lentement grâce à l’intelligence et à l’énergie des saints,ceux-ci n’ayant eu rien de plus à cœur que d’inscrire dans la portion de temps et d’espace quileur était dévolue, un peu de cette beauté et de cet amour dont Dieu avait jeté dans leur cœur lasemence.

DON GERARD

DEMAIN LA CHRETIENTE

Nous aurons beau avoir des armes scientifiques admirables, quand les peuples d’Orient selanceront à la curée du monde occidental, ces armes ne serviront de rien s’il n’y a pas de notrecôté des cœurs décidés à défendre leur idée du bien.

L’Eglise et les premiers Capétiens s’étaient portés vers le peuple aux débuts de la nationfrançaise, mais vers un peuple qui s’était organisé lui-même sous l’influence de ces élitesnaturelles, qui désirait l’ordre et la paix, qui l’avait assurée au sien de ses membres malades oumalheureux, un peuple qui voulait (comme l’Eglise et le roi) réaliser sa vie chrétienne.

Hugues Capet disait : « Nous n’avons de raison d’être que si nous rendons bonne justice àtous. »

HENRI CHARLIER

CREATION DE LA FRANCE (1971)

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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« France, Fille aînée de l’Eglise, es-tufidèle aux promesses de ton baptême ? »

JEAN-PAUL II

Le miracle de ce quinzième siècle,époque tragique au terme d’un moyen âgefinissant, c’est qu’il y avait une Jeanned’Arc possible dans presque toutes nospauvres familles de France.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

« Il faut travailler en ce monde, il fautcombattre. On aura bien le temps de sereposer dans toute l’éternité ».

SAINT CURE D’ARS

Jadis, la France et l’Europe étaient littéralement couvertes de monastères. Il y avait lesgrandes abbayes, les moutiers, les granges monastiques. Les archéologues découvrent des tracesde fondations sur le sol tous les vingt-cinq kilomètres ! La France était comme prise dans unfilet, dans un réseau de prière. Pensez à ces milliers de mains qui s’élevaient vers le ciel, à cesmoines et à ces moniales qui veillaient sur les cités temporelles, qui intercédaient, quidemandaient le règne de Dieu sur la terre (c’est cela que nous demandons d’ailleurs nous aussi.).Quelle grâce immense, quel paratonnerre pour la civilisation ! C’est cela qui a fait la grandeur duMoyen-Age, c’est cela qui a permis ces œuvres extraordinaires qui s’appellent la cathédrale, lacroisade, les institutions de chevalerie, les écoles monastiques, les œuvres de miséricorde, leshospices, et ces monuments de sagesse intellectuelle que sont l’œuvre d’un saint Bonaventure etd’un saint Thomas d’Aquin !

UN MOINE BENEDICTIN

LA VOCATION MONASTIQUE

Apprenez, mon fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense del’Eglise romaine qui est la seule véritable Eglise du Christ. Ce royaume sera un jour grand entretous les royaumes. Il embrassera toutes les limites de l'empire romain. Et il soumettra tous lespeuples à son sceptre. Il durera jusqu'à la fin des temps. Il sera victorieux et prospère tant qu'ilsera fidèle à la foi romaine et ne commettra pas un de ces crimes qui ruinent les nations. Mais ilsera plus durement châtié toutes les fois qu'il sera infidèle à sa vocation.

SAINT REMI

AU MOMENT DU BAPTEME DE CLOVIS

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

- 250 -

Dieu, auquel obéissent les légions célestes, ayant établi, ici-bas, des royaumes différentssuivant la diversité des langues et des climats, a conféré à un grand nombre de gouvernementsdes missions spéciales pour l'accomplissement de ses desseins. Et comme autrefois il préféra latribu de Judas à celles des autres fils de Jacob et comme Il gratifia de bénédictions spéciales,ainsi Il choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la terre pour la protection dela foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse (des chrétiens). Pour ce motif, laFrance est le royaume de Dieu même, les ennemis de la France sont les ennemis du Christ. Pource motif, Dieu aime la France parce qu'Il aime l’Eglise qui traverse les siècles et recrute leslégions pour l'éternité. Dieu aime la France qu'aucun effort n'a jamais pu détacher entièrement dela cause de Dieu. Dieu aime la France, où en aucun temps la foi n'a perdu de sa vigueur, où lesrois et les soldats n'ont jamais hésité à affronter les périls et à donner leur sang pour laconservation de la foi et de la liberté religieuse.

(…)

Il est manifeste que ce royaume béni de Dieu a été choisi par notre Rédempteur pour êtrel'exécuteur de ses divines volontés, Jésus-Christ l'a pris en sa possession, comme un carquoisd'où Il tire des flèches choisies, qu'Il lance avec la force irrésistible de son bras, pour défendre lafoi et la liberté de l’Eglise, châtier les impies et maintenir le règne de la justice. Aussi, tous nossaints prédécesseurs, dans leur détresse, n'ont pas manqué de réclamer un secours que les rois deFrance ne leur ont jamais refusé !

GREGOIRE IX, PAPE – (1227 – 1241)LETTRE AU ROI SAINT LOUIS

En vérité, il semblerait que les Français et leurs rois aient été choisis de Dieu pourpropager l’Evangile par toute la terre. Voilà le plus beau titre d'honneur.

PIE II, PAPE (1458 – 1464)CITE DANS LA FRANCE ET LE SACRE CŒUR DU PERE VICTOR ALET , EDITIONS PAYS ET TERROIRS

Aussi, à votre retour, Vénérable Frère, vous direz à vos compatriotes que s'ils aiment laFrance ils doivent aimer Dieu, aimer la foi, aimer l’Eglise, qui est pour eux tous une mère trèstendre comme elle l'a été pour vos pères.

Vous direz qu'ils fassent leur trésor des testaments de saint Rémi, de Charlemagne et desaint Louis – ces testaments qui se résument dans les mots si souvent répétés par l'héroïned'Orléans : "Vive le Christ qui est le Roi des Francs".

A ce titre seulement, la France est grande parmi les nations; à cette clause, Dieu laprotégera et la fera libre et glorieuse; à cette condition, on pourra lui appliquer ce qui, dans lesLivres Saints, est dit d'Israël : "que personne ne s'est rencontré qui insultât à ce peuple, sinonquand il s'est éloigné de Dieu" : "Et non fuit qui insultaret populo isti, nisi quando recessit acultu Domini Dei sui"."

SAINT PIE XA L’ ÉVEQUE D'ORLEANS –LA BONNE PRESSE VOL. V

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais la fille de tant de mérites,de tant de soupirs et de tant de larmes.

Un jour viendra, et nous espérons qu'il n'est pas très éloigné, où la France, comme Saül surle chemin de Damas, sera enveloppée d'une lumière céleste et entendra la voix qui lui répétera :"Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ?"

Et sur sa réponse :"qui es-tu Seigneur ?", la voix répliquera : "Je suis Jésus que tupersécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruinestoi-même."

Et elle, tremblante et étonnée, dira : "Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?"Et, Lui, répondra :"Lève-toi, lave-toi des souillures qui t'ont défigurée, réveille dans ton

sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, fille aînée de l’Eglise, nationprédestinée, vase d'élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples etdevant les rois de la terre".

SAINT PIE X29 NOVEMBRE 1911 – ALLOCUTION AUX NOUVEAUX CARDINAUX

Il me vient souvent l’idée qu’il n’y a plus dans ce pays qu’une quinzaine de millions deFrançais, je veux dire de Français encore doués des qualités fondamentales de l’espèce, parmilesquelles le souci du travail bien fait, l’usage de la plus belle langue du monde, la véritablecharité, le goût du beau et du sacré et d’un certain ordre harmonieux parmi les hommes et parmiles choses, le respect de la hiérarchie du savoir et des compétences, la fierté d’être à sa place etl’ambition de se dépasser autrement qu’en revendiquant. Il y a aussi les façons, l’allure, le ton, lacourtoisie, la hauteur d’âme, la distinction réellement populaire, que sais-je encore, et la foireligieuse, évidemment, qui fit les mille ans de la France bien autant que les Capétiens…

JEAN RASPAIL

ECRIVAIN

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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«La France sera châtiée, mais elle se relèvera ».

SAINT PIE X

«Au nom de vos familles et de la France, préparez et procurez l’avènement du Règne deDieu et du Cœur de Jésus dans votre patrie, la reconnaissance de sa divine majesté, l’exercice duculte public ».

PIE XIIMESSAGE AUX FAMILLES FRANÇAISES, 17 JUIN 1945)

«Ne plaise à Dieu ni à ses saint anges que par moi la France perde sa gloire. Plutôt la mortque la honte ».

LA CHANSON DE ROLAND (DIT PAR ROLAND A RONCEVEAUX)

La France mourir?Mais par quoi voudriez-vous qu'on la remplace?

ST PIE XCITE PAR RAOUL FOLLEREAU DANS « LE BREVIAIRE DE LA FRANCE »

Alors, debout! Il est temps, le vent s’est levé; voyez l’aurore rapide qui monte dans le ciel.Autour de vous, des monceaux d’or et d’argent. Vous êtes riches de Dieu, et on vous l’avaitcaché.

Révoltez-vous contre le règne du mensonge. Abandonnez la télévision à ses esclavesconsentants; lisez les maîtres de votre culture religieuse et nationale, lisez vos mystiques, vospenseurs, vos poètes. Cherchez la vérité, obéissez-lui comme à une souveraine. Le goût de lavérité dans tous les ordres, religieux, intellectuel, moral, politique, c’est cela essentiellement quiest l’armature d’une civilisation, c’est cela qui a fait la chrétienté, et c’est cela, dans lerayonnement de l’amour, qui sera le principe de sa renaissance.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

"Pour que France,pour que Chrétienté continue"

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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« Sans un sentiment national capable de nous rassembler, nous autres Russes, dans nosvastes étendues, nous allons nous résorber comme un matériau ethnique dépourvu de visage, unemasse amorphe. On nous dira qu’il y a danger à exagérer l’importance de la nation, del’appartenance nationale. Nous n’en avons aucunement l’intention, d’autant qu’au-dessus de lanation, nous sentons également ce qui relève du Ciel. »

ALEXANDRE SOLJENITSYNE

LA RUSSIE SOUS L’AVALANCHE

C’est une œuvre d’amour qui demande beaucoup d’énergie, unepassion sainte qui prend l’âme, le cœur et l’esprit. Fuir la paresse, lefacilisme, le conformisme bêlant et cet optimisme inconscient qui refuse devoir le danger des trois mille mosquées implantées aujourd’hui en France.

Comment ne pas penser à l’orchestre du Titanic jouant des bluespendant que le navire s’enfonçait lentement dans les flots?

« Quand on a reçu un tel héritage, comment ne pas travailler à s’enrendre digne ? »

Je reviens à ma question: aimez-vous votre pays? Si vous voulezl’aimer, non en paroles mais en actes, commencez par le connaître dans sonâme la plus mystérieuse et rendez-lui ce que les organes de désinformationlui ont dérobé : sa religion, sa culture, sa langue, son histoire, son patrimoinelittéraire et artistique, ses traditions et les grands gestes de ceux qui nous ontprécédés.

Vous ferez alors une découverte, c’est qu’à partir de ce temporel pétride christianisme, vous puiserez à pleines mains dans le trésor des chosesspirituelles invisibles qui nous tiennent le plus à cœur.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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Le même dualisme apparaît avec évidence : comme la grâce a besoin de la nature pours’y fixer et s’y épanouir, le spirituel a besoin du temporel, mais non pas de n’importe queltemporel ; la foi, pour vivre et pour s’épanouir, a besoin d’une culture, mais non pas den’importe quelle culture. D’une philosophie et d’une poésie, mais non pas de n’importe quellephilosophie ni d’une quelconque poésie.

Il faut, pour que le génie ou la sainteté s’expriment, qu’ils aient à leur disposition unmétal conducteur.

Ensuite, l’ordre temporel se fait bouclier. car que devient l’enfant sans la famille, lafamille elle-même, que devient-elle sans les lois tutélaires, l’école chrétienne sans un Etat qui luiaccorde son statut ? Que sont devenues nos chrétientés d’outre-mer dès qu’une présencecoloniale a cessé de se porter garante de leur sécurité ? Que s’est-il passé au Rwanda ?

Par une sorte d’idéalisme enfantin de type rousseauiste, il a semblé à certains que lespirituel, de par son propre prestige, pouvait tenir debout tout seul, sans le secours desinstitutions, l’enfant sans la famille, l’homme déraciné hors de son milieu naturel, sans culture,sans éducation.

UN MOINE

LETTRE AUX 18-20 ANS DE L’AN 2000

« …Car le surnaturel est lui-même charnelEt l’arbre de la grâce est raciné profond

Et plonge dans le sol et cherche jusqu’au fond.Et l’arbre de la grâce est lui-même éternel.

Et l’éternité même est dans le temporelEt l’arbre de la grâce est raciné profond

Et plonge dans le sol et touche jusqu’au fondEt le temps est lui-même un temps intemporel. »

CHARLES PEGUY

LA DOUBLE RACINATION

La vraie force de la France est dans les valeurs spirituelles. Tant que celles-ci semaintiendront dans leur vigueur, aucun revers ne saurait définitivement l’abattre, et, de toutes lescrises, elle pourra sortir purifiée, rajeunie, plus grande et apte à s’acquitter de sa mission. Mais sijamais – Dieu nous garde d’accueillir un tel pressentiment ! – elle venait à y être infidèle, lesdons merveilleux qu’elle a reçus du ciel à son baptême de Reims seraient désormais stériles.

PIE XIIALLOCUTION A DES JOURNALISTES FRANÇAIS, 17 AVRIL 1946

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EXTRAITS ET CITATIONS POUR LE LUNDI

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Il faut voir les choses en face. L’âge moderne fait une coupure brutale et radicale dansl’histoire. Jamais, depuis qu’il y a un monde, les puissances spirituelles n’ont subit un pareilassaut ; jamais, il faut le dire, elle n’ont été à ce point défaillantes et près de succomber ; jamaisce que représente la France n’a été à ce point menacé. Nous sommes dans un monde où laquantité décide seule des choses, écrasant tout ce qui est qualité, où le choix n’est plus possible,où il n’y a plus de liberté. Cela est absolument nouveau dans l’histoire du monde.

(…)Il vous est demandé ce qui n’a peut être jamais demandé à aucune génération de Français :

c’est de remplir la mission séculaire de la France, c’est de sauver une fois de plus l’esprit, sansautre ressources que celles de votre âme et que la grâce de Dieu. Je ne dis pas que vous serezcombattus, il vous arrivera bien pis : vous serez bafoués et tournés en dérision.

CHARLES PEGUY

FERNAND LAUDET

Vous direz aux Français qu’ils fassent leur trésor des testaments de saint Rémi, deCharlemagne et de saint Louis, qui se résument dans ces mots si souvent répété par l’héroïned’Orléans : « Vive le Christ, qui est Roi de France ».

SAINT PIE XBEATIFICATION DE JEANNE D’ARC, 1908

Il n’y a plus de société chrétienne, par conséquent la vie ne vous offrira aucun cadre établioù vous puissiez trouver une place ; il faut vous attendre à être seuls, si vous voulez êtreentièrement fidèles à votre vocation de chrétiens. Il faut l’accepter.

ANDRE CHARLIER

LETTRES AUX CAPITAINES

Oui c’est l’heure de la mission ! Dans vos diocèses et dans vos paroisses, dans vosmouvements, associations et communautés, le Christ vous appelle, L’Eglise vous accueillecomme maison et école de communion et de prière. Approfondissez l’étude de la Parole de Dieuet laissez-la éclairer votre intelligence et votre cœur ! Puisez votre force dans la grâcesacramentelle de la Pénitence et de l’Eucharistie ! Fréquentez le Seigneur dans ce « cœur àcœur » qu’est l’adoration eucharistique ! Jour après jour, vous recevrez un nouvel élan qui vouspermettra de réconforter ceux qui souffrent et de porter la paix au monde.

JEAN-PAUL IIMESSAGE AUX JEUNES DU MONDE, 25 JUILLET 2002

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Cette rubrique, nouvelle dans cette série de dossiers, permettra aux lecteurs des textescourts qui précèdent de mieux connaître une partie des auteurs. Certains sont des saintsfaisant autorité, d'autres ont été cités tout simplement pour la grande pertinence de leurspropos sur les thèmes abordés.

Henri CAFFAREL : Ordonné prêtre en 1930, il débute son ministère au secrétariat de la JOC (JeunesseOuvrière Catholique), puis à partir de 1938 se consacre aux jeunes foyers, pour lesquels il crée en 1947 lesÉquipes Notre-Dame. C'est à la demande des jeunes ménages qu'il fonde les Cahiers d'Oraison en 1957, danslesquels il publie une centaine de lettres sur la prière.

Père Guillaume-Joseph CHAMINADE : "La béatification, durant l'année jubilaire, de Guillaume-JosephChaminade, fondateur des marianistes, rappelle aux fidèles qu'il leur appartient d'inventer sans cesse desmanières nouvelles d'être témoins de la Foi, notamment pour rejoindre ceux qui sont loin de l'Église et qui n'ontpas les moyens habituels de connaître le Christ (...). L'amour du Père Chaminade pour le Christ, qui s'inscrit dansla spiritualité de l'École française, le pousse à poursuivre inlassablement son œuvre par des fondations defamilles spirituelles, dans une période troublée de l'histoire religieuse de France. Son attachement filial à Mariel'a maintenu dans la paix intérieure en toute circonstance, l'aidant à faire la volonté du Christ. Son souci del'éducation humaine, morale et religieuse est pour toute l'Eglise un appel à une attention renouvelée pour lajeunesse, qui a besoin tout à la fois d'éducateurs et de témoins pour se tourner vers le Seigneur et prendre sa partdans la mission de l'Eglise."(texte tiré de l'homélie du pape Jean-Paul II pour la béatification de cinq serviteurs de Dieu le Dimanche 3septembre 2000.)

Dom Columba MARMION O.S.B. (1858 - 1923) : "Aujourd'hui, l'Ordre bénédictin se réjouit de labéatification d'un de ses plus illustres fils, Dom Columba Marmion, moine et Abbé de Maredsous.Dans ses écrits, il enseigne un chemin de sainteté, simple et pourtant exigeant, pour tous les fidèles, que Dieu paramour a destinés à être ses fils adoptifs dans le Christ Jésus (cf. Ep 1, 5). Jésus-Christ, notre Rédempteur etsource de toute grâce, est le centre de notre vie spirituelle, notre modèle de sainteté.Avant d'entrer dans l'Ordre bénédictin, Columba Marmion consacra quelques années au soin pastoral des âmesen tant que prêtre de son archidiocèse natal de Dublin. Tout au long de sa vie, le bienheureux Columba fut undirecteur spirituel hors pair, prenant un soin particulier de la vie intérieure des prêtres et des religieux."(texte tiré de l'homélie du pape Jean-Paul II pour la béatification de cinq serviteurs de Dieu le Dimanche 3septembre 2000.)

Henri et André CHARLIER : Deux frères d'origine paysanne convertis au début du XXème siècle, croyantsexemplaires et oblats bénédictins. Henri, sculpteur de métier, s'était établi en paroisse au Mesnil-saint-Loup pourvivre dans l'esprit de la Sainte-Espérance, c'est-à-dire dans le désir de tout faire pour le Ciel. Homme rude etsolitaire, il réservait pour Dieu et pour son art la douceur et la délicatesse de son âme.Son frère André était tout autre, mais tous deux voulaient être des saints. Baptisé en 1914 à l'âge de dix-huit ansavant de partir pour le front comme engagé volontaire, André voulait mourir pour son pays. Il fut blessé en 14, etlui donnera son sang goutte à goutte en consacrant sa vie à l'éducation des jeunes. Il repart pour le front en 39comme capitaine d'infanterie. En 1940, il dirige l'école des Roches à Maslacq, dans le Béarn, cherchant àcommuniquer à ses élèves le goût de la perfection. André Charlier est quasiment mort de tristesse à la vue de ceque les hommes d'Église avaient fait de la liturgie.(Extraits tirés de la " lettre aux amis du monastère " du Monastère Sainte Madeleine N° 45, janvier 1989).

Quelques biographies d'auteurs cités.

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Thomas MERTON (1914 - 1968) : Né en France en 1914 dans les Pyrénées de parents américains, il fait sesétudes en Angleterre. Hanté par la question religieuse, il voyage en France, en Allemagne et en Italie, et termineses études de lettres à New-York en 1935. Communiste en 1936, il s'intéresse ensuite à la religion des Quakers,des Mormons, des mystiques hindous, sans y trouver de réponse satisfaisante. Il se convertit au catholicisme en1938 ; enseigne quelque temps dans un collège franciscain, puis entre à la Trappe de Gethsemane Abbey(Kentucky) le10 décembre l941, prenant le nom de "Louis". Il y passe le reste de sa vie. Il meurtaccidentellement le 10 décembre l968 lors d'un congrès à Bangkok.

Père Marie-Dominique MOLINIÉ O. P. : Le Père Molinié, dominicain et thomiste, converti à 25 ans - dans latourmente des années 60 - par la lecture de sainte Thérèse.Après quarante ans d'apostolat au couvent de Nancy, Marie-Dominique Molinié, dominicain, s'est retiré dans une"île" des Landes, une abbaye du sud-ouest de la France, perdue dans l'océan noir de pins. Toute sa vie, il s'estdéchaîné contre la tiédeur et la mièvrerie théologiques, blessant souvent par ses réparties acérées, maniant leparadoxe comme une épée et se faisant, tel Cyrano, des ennemis pour toujours.Souvent incomprise de ses pairs, cette prédication sans concession trouve dans les communautés nouvelles etchez les jeunes chercheurs de Dieu un public avide et enthousiaste.(Librement adapté d'un article de Luc Adrian pour " Famille Chrétienne ").

Père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus O.C.D. (1894 - 1967) : Né en Aveyron en 1894, le Père Marie-Eugènede l'Enfant-Jésus, après des études au petit puis au grand séminaire et une formation sacerdotale en Italie, estnommé au couvent de Lille où il répond généreusement aux nombreuses demandes de prédication. En 1929 ilorganise un " cours d'oraison " à Marseille, puis fonde en 1932 près d'Avignon l'Institut Notre-Dame de Vie. Ilest connu, entre autre titres, pour ses deux ouvrages " Je veux voir Dieu " (1949) et " Je suis fille de l'Église "(1951), réunis en un seul volume en 1957. Fort d'une longue et profonde expérience contemplative, il y présentela synthèse des richesses doctrinales des Maîtres du Carmel, en particulier sainte Thérèse d'Avila.

Cardinal DANEELS : Actuel archevêque de Malines - Bruxelles (Belgique).

Mgr André-Mutien LÉONARD : Actuel évêque de Namur (Belgique).

Père Jérôme O.C.R.. (1907 - 1985) : Jean KIEFER est né le 17 juillet 1907 dans l'île grecque de Rhodes. Sonpère était ingénieur au service du sultan à Istanbul. Très tôt, en 1912, au Caire, il perdit sa mère qui étaitprotestante. Sa famille revint en Suisse dont elle était originaire, puis son père mourut à Lausanne. Les enfants sereplièrent sur Fribourg, où Père Jérôme fit ses études au collège saint Michel. Il entra ensuite l'Écoleinternationale d'agriculture de Grangeneuve dont il sortit ingénieur agronome en 1927. Après une retraite à laChartreuse de la Valsainte, il entra à l'abbaye de Sept-Fons, en Bourbonnais, le 8 décembre 1927. Il voulait êtrefrère convers " pour mener une vie simple de travail solide, de prière et de silence ", mais ses supérieurs ledécidèrent à devenir prêtre. Il reçut le sacerdoce en 1936. Disciple de Dom Godefroid BELORGEY (abbéauxiliaire de Cîtaux de 1932 à 1952), il fut orienté par celui-ci sur le chemin de la prière de " longue haleine ",dans une relation d'intimité et d'amitié avec le Christ Jésus. En 1939, Père Jérôme devint secrétaire du monastère.On lui confia également l'enseignement de la philosophie. Il exercera ces deux tâches jusqu'à sa mort.Lorsqu'éclata la crise de l'Église, Il sut rester fidèle à l'enseignement exigeant des maîtres qui avaiententhousiasmé sa jeunesse monastique et soutint malgré les courants contraires les jeunes moines en quête derepères sûrs qui venaient se confier à lui.

François LIBERMANN (1802 - 1852) : Cinquième enfant du rabbin Lazarus Libermann, Jacob naît à Saverneen 1802. Brillant élève de l'école hébraïque locale, il est destiné à succéder à son père qui, à vingt ans, l'envoie àMetz achever ses études rabbiniques. Il y apprend le français en cachette de ses maîtres juifs, dont la dureté etl'intolérance le troublent. Son désarroi s'accroît quand il apprend que son frère Samson, médecin, vientd'embrasser la foi catholique. En proie à une grave crise religieuse, il vient à Paris, sur les conseils d'un ami,visiter M. Drach, ex-directeur de l'école juive de Paris, devenu chrétien. Après avoir lu les livres qu'on lui aprêtés, il se met en prière et supplie Dieu de l'éclairer sur la vraie religion. "Tout aussitôt, dit-il, je fus éclairé, jevis la vérité ; la foi pénétra mon esprit et mon cœur". Il est baptisé à 24 ans, la veille de Noël 1826, dans lachapelle du collège Stanislas, sous le nom de François-Marie-Paul. Il entre ensuite au séminaire St Sulpice pourdevenir prêtre. Terrassé par une crise d'épilepsie en 1829 ; la prêtrise lui devient impossible. Il est gardé parcharité au séminaire comme jardinier et commissionnaire, et fait pendant six ans l'admiration de tous par sa paixet sa confiance imperturbable en Dieu malgré les dures épreuves dues à sa maladie.Emerveillé par les fruits de sa direction spirituelle, le Supérieur Général de Eudistes le choisit comme Maître desNovices de sa congrégation. Il part à Rennes où il vit une profonde nuit intérieure accompagnée d'échecsapparents. Totalement remis entre les mains de Dieu, il est alors appelé par " le saint cœur de Marie " à prendre

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la direction de l’Œuvre des Noirs, qui lui avait été présentée par des amis séminaristes de La Réunion et d'Haïti.Il part pour Rome, en vue de la faire reconnaître par l'Église, mais sa santé paraît un obstacle irrémédiable. Auretour d'un pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, il se sent guéri et apprend que l'évêque de Strasbourg est prêt àl'ordonner prêtre et que sa congrégation missionnaire est reconnue par Rome. Il reste douze ans à la tête de sacongrégation et meurt le 2 février 1852.

Sainte Sœur Faustine KOWALSKA (1905 - 1938) : Troisième d'une famille polonaise de dix enfants, elleentre à vingt ans chez les sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde, où elle est favorisée de grâces mystiquesextraordinaires sous les dehors d'une vie religieuse toute simple. Notre-Seigneur lui donne pour vocation d'êtreapôtre et messagère de la miséricorde divine. Elle est béatifiée par Jean-Paul II en 1993 puis canonisée en 2000.Pour répondre aux demandes de Notre-Seigneur à Sœur Faustine, Jean-Paul II a instauré la fête de la MiséricordeDivine le premier dimanche après Pâques, pour l'Église universelle.

Edith STEIN (Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix) (1891 - 1942) : Née à Breslau en 1891 ; philosopheallemande d'origine juive, elle se convertit après une longue quête de la Vérité au catholicisme en découvrant lemessage de sainte Thérèse d'Avila et choisit bientôt d'entrer au Carmel. Arrêtée par les nazis en 1942 comme "religieuse non aryenne ", elle meurt la même année au camp d'Auschwitz.Elle a été canonisée en 1998 et donnée en 1999 comme co-patronne à l'Europe en même temps que sainteCatherine de Sienne et sainte Brigitte de Suède. Jean-Paul II souhaite ainsi nous donner un exemple " dans cesiècle tourmenté, d'espérance avec cette sainte qui a vécu dans la paix mais jusqu'au bout le mystère de la Croix".

Bienheureuse Elisabeth de la Trinité (1880 - 1906): Née le 18 juillet 1880 au camp militaire d’Avord, près deBourges, Elisabeth Catez joint à son tempérament d’artiste (premier prix de piano à treize ans) un cœur assoifféd’absolu. Elle entre au Carmel de Dijon à vingt et un ans, pour terminer sa vie sur terre dès le 9 novembre 1906,à 26 ans, victime de la maladie d’Addison. Une extrême fatigue, des nausées, l’impossibilité de se nourrir laconformeront de plus en plus au Christ crucifié, et la conduiront à l’épuisement total et à la mort. Elle estporteuse d’un message lumineux : l’inhabitation de la Sainte Trinité dans l’âme des justes : « O mon Dieu,Trinité que j’adore (...), pacifiez mon âme, faites-en votre Ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos.Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toutelivrée à votre Action créatrice ». Elle a été béatifiée par Jean-Paul II le 25 novembre 1984.

Claire de CASTELBAJAC (1953 - 1975) : Née à Paris, Claire passe les cinq premières années de sa vie auMaroc. Elle a vécu, hormis le temps de ses études, en pleine campagne gersoise, dans la vieille demeurefamiliale de Lauret. Dès l’éveil de sa conscience, elle manifeste une intense joie de vivre, un sens aigu desautres, une générosité de cœur passionnée, et un attrait tout particulier pour les choses de Dieu. A cinq ans etdemi, elle fait sa première Communion. Dès lors sa confiance illimitée en Dieu et son serein et total abandonenvers Marie ne cessent de croître. Après de bonnes études, elle entre à l’Institut Central de Restauration, àRome (peinture et fresque). Sa vie semble toute facile ; elle a cependant beaucoup à souffrir, et de rudes combatsà soutenir :– à travers la maladie qui l’éprouve dès son enfance et jusqu’à sa mort,– dans sa lutte contre sa sensibilité excessive et son impétuosité,– dans la souffrance face à la crise qui sévit dans l’Église (Claire sera une fidèle des congrès de Lausanneorganisés par Jean OUSSET),– enfin dans les difficultés et tentations qui la heurtent fortement durant sa première année à Rome.Fin 1974, après un pèlerinage de trois semaines en Terre Sainte qui la marque profondément, Claire restauredeux fresques dans la basilique St François à Assise, et revient à Lauret éclatante de la joie du Royaume déjàcommencé sur cette terre. Eprouvée et purifiée, sa foi triomphe. Le 30 décembre 1974, elle veut passer unejournée à Lourdes avec ses parents. La Vierge lui demande-t-elle un suprême témoignage de son amour ? Le 4janvier, premier samedi du mois, se déclare une méningo-encéphalite foudroyante qui fut un vrai calvaire. Elleentre dans l’Eternité le 22 janvier 1975, à l’âge de vingt et un ans.

Saint Padre PIO (1887 - 1968) : Francesco Forgione naît dans une maison de gens pauvres à Pietrelcina. A septans se manifeste en lui le don de lire dans les consciences. Dès l’âge de onze ans il se consacre spontanément auSeigneur et à St François. A quinze ans il entre au noviciat ; pendant des jours et des jours, il ne mange pas et senourrit de l’Eucharistie. Sa santé est très fragile. A dix-neuf ans, il prononce ses vœux solennels mais, malade, ildemeure la plupart du temps dans son village natal. C’est pour lui un temps d’épreuves. A vingt-trois ans il estordonné prêtre avec une permission spéciale, car il était si malade qu’on le pensait perdu. Il devient vicaire dePietrelcina, où ses paroissiens se plaignent de la longueur de ses messes entrecoupées d’extases : elles pouvaientdurer quatre heures. Le 17 août 1910, sept jours après son ordination, il reçoit les stigmates invisibles, et subitjusqu’en 1916 des attaques démoniaques particulièrement violentes. Le 23 août 1912 à vingt-cinq ans il reçoit

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une blessure d’amour comme un trait de feu en plein cœur. Fin 1915, il est mobilisé dans l’armée, où on luiconfie les tâches les plus ingrates. Le milieu débauché de la caserne le fait terriblement souffrir. Il tombegravement malade, est réformé et retourne à Pietrelcina. Fin 1916 il part à San Giovanni Rotondo où le climat estmeilleur pour sa santé toujours chancelante. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie. Deux ans après, le 20 septembre1918, à 31 ans, il reçoit les stigmates visibles. Les pèlerins affluent, les confessionnal ne désemplit pas et lesmiracles se multiplient. Plusieurs docteurs étudient le mystères de ses plaies, et certains en tireront desconclusions qui alimenteront de nouvelles persécutions, qui aboutiront à la condamnation officielle et publiquepar le Saint Office, en passant par l’interdiction faite aux fidèles de rencontrer le Padre Pio. Le 14 juillet 1933,l’interdiction est levée, et en mars 1934 il est à nouveau autorisé à confesser. Le nombre de pèlerins venant dumonde entier ne cesse d’augmenter. De 1942 à 1955, il développe la formation de groupes de prières et laconstruction du nouvel hôpital. De 1959 à 1954, il subit de nouvelles persécutions de la part des capucins à causedes sommes énormes qu’il reçoit de partout pour la construction de son hôpital. Il souffre à nouveau de mesuresvisant à restreindre son ministère. Le 30 janvier 1964, Paul VI demande que le Padre Pio puisse exercer sonministère en toute liberté. Il meurt le 23 septembre 1968 à 81 ans.

R. P. Roger-Thomas CALMEL O. P. (1914 - 1975) : Né le 11 mai 1914 dans le Lot et Garonne, baptisé le 13,le Père Calmel, prêtre dominicain, est devenu collaborateur régulier de la revue Itinéraires en 1958. L’oppositiond’un certain nombre de dominicains français acquis aux dérives politiques ou théologiques du moment et quijugeaient cette collaboration scandaleuse l’obligea à écrire sous un pseudonyme. Le directeur de la revue dut sedéplacer jusqu’à Rome afin de solliciter des plus hautes instances du gouvernement de l’Ordre dominicain et dela Curie romaine pour le Père Calmel l’autorisation, qu’il obtint en mai 1959, de signer ses articles ouvertement.Il était bien souvent malade, mais son corps douloureux et faible était mû par une âme de croisé. Avant même leconcile, il fut persécuté par ses frères en religion ; moralement et même physiquement, principalement par lebruit, qu’il ne supportait pas, et par le manque de sommeil. Il en devenait malade à mourir. Il fallait alorsl’arracher au couvent avec des certificats médicaux, et l’aider à trouver des refuges paisibles. Mais il en restaitdésolé : « si je suis devenu dominicain, c’est pour vivre en communauté avec des frères... ». La théologie, laliturgie, les constitutions de l’Ordre dominicain ne lui étaient pas un guide ou un règlement, mais une nourritureintérieure. Il est mort le 3 mai 1975, et fut inhumé le 5, en la fête du pape dominicain St Pie V, dans le jardin desdominicaines enseignantes de Brignoles (Var).

Mère Geneviève GALLOIS (1888 - 1962) : Moniale bénédictine, a dessiné les vitraux de l’église St Remy duPetit-Appeville en Haute-Normandie (1955), ainsi que ceux de l’abbaye St Louis du Temple à Limon, près deVauxhallan.

Dom Romain BANQUET O.S.B. (1840 - 1929) : Moine bénédictin, le Père Romain arrive à La Pierre-qui-Vireen 1864. D’abord maître des novices, il se voit rapidement placé à la tête d’une petite fondation qui s’établiradéfinitivement à En-Calcat, dans le Tarn, en 1890. Son idée maîtresse tient en deux mots : vie intérieure. A samort, en 1929, Dom Romain laisse à En-Calcat une communauté de soixante moines, en plein essor : vingt ansaprès, malgré les pertes subies à la guerre, ils seront plus de cent-vingt.(Extraits tirés de la plaquette « moine au Baroux »).

Abbé V.-A. BERTO (1900 - 1968) : Ancien professeur au grand-séminaire, et aumônier des ursulines deVannes, fut le fondateur du foyer d’enfants Notre-Dame de Joie et de l’Institut des dominicaines du Saint-Esprit.

Dom Paul DELATTE O.S.B. (1848 - 1937) : Né à Jeumont (Nord) le 27 mars 1848, il fut ordonné prêtre le 29juin 1872. Docteur en théologie en 1882 et pressenti pour occuper la chaire de théologie à l’Universitécatholique de Lille, Il entre pourtant au monastère St Pierre de Solesmes en 1883. Il en devient Prieur en 1888,puis Abbé en 1890, et ce jusqu’ en 1921, date à laquelle il démissionna à cause des infirmités de l’âge (il avait 73ans). Il entra alors dans le silence et, pendant les seize années qui lui restaient à vivre, il vécut en plénitude cequ’il avait toujours enseigné : « A quoi tiennent les victoires de Dieu ? A l’agitation ? Oh non ! Elles tiennent aucalme, au silence, à la prière. L’homme n’est jamais plus puissant que lorsqu’il s’adresse directement à Dieu. ».

Cardinal Alfons-Maria STICKLER : Actuel archiviste et bibliothécaire émérite de SRC.

Père Emmanuel du Mesnil St Loup (1826 - 1903) : Curé de la paroisse du Mesnil St Loup, fondateur de laConfrérie de Notre-Dame de la Sainte Espérance, il a revivifié une paroisse tiède par sa charité et son zèleinlassables. C’est sur la route du Mesnil St Loup en 1982 que naquit le prototype de ce qui allait devenir notrepèlerinage de Pentecôte à Chartres.

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Page 262: 21 7-8-9 juin 2003 Dossier - Chrétienté vocation de la France

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« IL FAUT QUE FRANCE, IL FAUT QUE CHRETIENTE CONTINUE » P.3Dossier de préparation mode d'emploi P.7

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Textes sur le thème général

Pourquoi nous aimons la France, aperçu sur les principes p.9Pourquoi nous aimons la France, plan historique p.19Le nécessaire maintien de l’identité chrétienne de la France p.33

Textes pour le SAMEDI 7 JUIN 2003

La vigilance, la prière et l'amour de Marie : mystère et exemple p.41La vigilance, la prière et l’amour de Marie dans notre histoire p.47Saint Jean-Baptiste p.53La vigilance p.59Où est le contenu de la Foi? Que nous apporte-t-il ? p.69La connaissance de la Vérité est nécessaire p.77

Textes pour le Dimanche 8 JUIN 2003

Les bienheureuses Carmélites de Compiègne p.81Sainte Marguerite-Marie p.85Péguy et la Vocation de la France p.89La vocation sacerdotale, La vocation religieuse p.103La prière p.107

Textes pour le Lundi 9 JUIN 2003

Sainte Jehanne d’Arc, la sainte de la Patrie p.113L’amour et la charité p.119La dévotion au Sacré-Cœur p.123POUR UNE CHARITE EFFECTIVE p.137

PLAN DES SERMONS ET MÉDITATIONS p.143

Allocution du Cardinal Pacelli p.151

Sommaire

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Journée du SAMEDI 7 JUIN 2003

Présentation du pèlerinage p.159La sainte Messe p.160La vigilance face au péché, la confession p.164Vigilance face au monde extérieur p.167La France qui attriste p.171Conversion personnelle p.175Prière et pénitence dans les apparitions mariales p.178La confession sacramentelle p.180La Foi nourrie par l’étude et la contemplation p.184

Journée du DIMANCHE 8 JUIN 2003

Vocation des personnes, vocation des nations p.187Vocation sacerdotale, vocation religieuse p.193La docilité au Saint Esprit, l'instant présent p.197L’unique nécessaire, la prière p.203La prière liturgique p.211La France que nous aimons est une France qui prie p.213Notre vie entre les mains de la sainte Vierge p.218

Journée du LUNDI 9 JUIN 2003

Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous p.224Pour agir selon la volonté de Notre Seigneur p.229Vie intérieure p.231Formation doctrinale p.235Soumission à un père spirituel p.236Don de soi p.237Prendre des résolutions p.242Mes résolutions de prière personnelle p.243L’engagement dans la cité p.244La France que nous aimons est une France qui œuvre p.247Pour que France, pour que Chrétienté continue p.252

Quelques biographies p.256

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