0841-9 01-02 sommaire - annales des mines · 2016. 2. 5. · title: 0841-9 01-02 sommaire author:...

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S o m m a i r e Quel avenir pour la coopération scientifique bilatérale ? Introduction 3 Mosaïque et miroir Claude Trink Les enjeux 5 Une coopération scientifique et de recherche face aux défis de la globalisation Christian Thimonier 9 Le bilatéral et le multilatéral en coopération scientifique internationale : l’un ne va pas sans l’autre Pierre Paul Baskevitch 13 Le 7 e programme cadre de recherche et de développement technologique (PC7) Alain Quévreux 20 La coopération internationale dans l’industrie pétrolière : prêt-à-porter ou haute couture ? Claude Jablon Les dispositifs transverses 23 Les programmes d’actions intégrées Bastiaan de Laat et Katharina Warta 28 Les outils de la coopération européenne et internationale du CNRS Minh-Hà Pham-Delègue, Anne d’Albis, Claire Giraud et Jean-Luc Clément 35 Ariel, un outil original de coopération internationale Jacques Lévy MAI 2005 - 23,00 ISSN 1148-7941 Rédaction 120, rue de Bercy - Télédoc 797 75572 Paris Cedex 12 Tél. : 01 53 18 52 68 Fax : 01 53 18 52 72 http://www.annales.org Michel Louis Lévy, rédacteur en chef Danièle Barbier, secrétaire générale de la rédaction des Annales des Mines Danielle Degorce, Martine Huet, assistantes de la rédaction Comité de rédaction de la série Réalités industrielles : Michel Matheu, président, Pierre Amouyel, Grégoire Postel-Vinay, Claude Trink Maquette conçue par Tribord Amure Fabrication : AGPA Editions 4, rue Camélinat 42000 Saint-Étienne Tél. : 04 77 43 26 70 Fax : 04 77 41 85 04 e-mail : [email protected] Abonnements et ventes Editions ESKA 12, rue du Quatre-Septembre 75002 Paris Tél. : 01 42 86 55 73 Fax : 01 42 60 45 35 Directeur de la publication : Serge Kebabtchieff Editions ESKA SA au capital de 40 000 Immatriculée au RC Paris 325 600 751 000 26 Un bulletin d’abonnement est encarté dans ce numéro entre les pages 32 et 35. Vente au numéro par correspondance et disponible dans les librairies suivantes : Presses Universitaires de France - PARIS ; Guillaume - ROUEN ; Petit - LIMOGES ; Marque-page - LE CREUSOT ; Privat, Rive-gauche - PERPIGNAN ; Transparence Ginestet - ALBI ; Forum - RENNES ; Mollat, Italique - BORDEAUX. Publicité J.-C. Michalon directeur de la publicité Espace Conseil et Communication 44-46, boulevard G. Clemenceau 78200 Mantes-la-Jolie Tél. : 01 30 33 93 57 Fax : 01 30 33 93 58 Table des annonceurs Annales des Mines : 2 e , 3 e et 4 e de couverture, page 98. Illustration de couverture : Venise Cathédrale Saint-Marc, mosaïque, d’une coupole du narthex, XIII e siècle. Photo © SCALA, Florence. R É A L I T É S INDUSTRIELLES UNE SÉRIE DES ANNALES DES MINES FONDÉES EN 1794 0841-9 01-02 sommaire 6/06/05 16:20 Page 1

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S o m m a i r e

Quel avenir pour la coopération scientifique bilatérale ?

Introduction

3 Mosaïque et miroir

Claude Trink

Les enjeux

5 Une coopération scientifique et de recherche face aux défis de la globalisationChristian Thimonier

9 Le bilatéral et le multilatéral en coopération scientifique internationale :l’un ne va pas sans l’autrePierre Paul Baskevitch

13 Le 7e programme cadre de recherche et de développement technologique(PC7)Alain Quévreux

20 La coopération internationale dans l’industrie pétrolière : prêt-à-porter ou haute couture ?Claude Jablon

Les dispositifs transverses

23 Les programmes d’actions intégréesBastiaan de Laat et Katharina Warta

28 Les outils de la coopération européenne et internationale du CNRSMinh-Hà Pham-Delègue, Anne d’Albis, Claire Giraud et Jean-Luc Clément

35 Ariel, un outil original de coopération internationaleJacques Lévy

MAI 2005 - 23,00 € ISSN 1148-7941

Rédaction120, rue de Bercy - Télédoc 79775572 Paris Cedex 12Tél. : 01 53 18 52 68Fax : 01 53 18 52 72http://www.annales.org

Michel Louis Lévy, rédacteur en chef

Danièle Barbier, secrétaire générale de la rédaction des Annales des Mines

Danielle Degorce, Martine Huet, assistantes de la rédaction

Comité de rédaction de la série Réalités industrielles : Michel Matheu, président, Pierre Amouyel, Grégoire Postel-Vinay, Claude Trink

Maquette conçue parTribord Amure

Fabrication : AGPA Editions 4, rue Camélinat42000 Saint-ÉtienneTél. : 04 77 43 26 70

Fax : 04 77 41 85 04e-mail : [email protected]

Abonnements et ventesEditions ESKA 12, rue du Quatre-Septembre75002 ParisTél. : 01 42 86 55 73Fax : 01 42 60 45 35

Directeur de la publication :Serge KebabtchieffEditions ESKA SA au capital de 40 000 €Immatriculée au RC Paris 325 600 751 000 26

Un bulletin d’abonnement est encartédans ce numéro entre les pages 32 et 35.

Vente au numéro par correspondanceet disponible dans les librairies suivantes :Presses Universitaires de France - PARIS ; Guillaume - ROUEN ; Petit - LIMOGES ; Marque-page - LE CREUSOT ; Privat, Rive-gauche - PERPIGNAN ; Transparence Ginestet - ALBI ; Forum - RENNES ; Mollat, Italique - BORDEAUX.

PublicitéJ.-C. Michalondirecteur de la publicitéEspace Conseil et Communication44-46, boulevard G. Clemenceau78200 Mantes-la-JolieTél. : 01 30 33 93 57Fax : 01 30 33 93 58

Table des annonceursAnnales des Mines : 2e, 3e et 4e de couverture, page 98.

Illustration de couverture : Venise Cathédrale Saint-Marc, mosaïque, d’une coupole du narthex, XIIIe siècle. Photo © SCALA, Florence.

R É A L I T É SINDUSTR IELLES

UNE SÉRIE DES

ANNALESDES

MINESFONDÉES EN 1794

0841-9 01-02 sommaire 6/06/05 16:20 Page 1

Page 2: 0841-9 01-02 sommaire - Annales des Mines · 2016. 2. 5. · Title: 0841-9 01-02 sommaire Author: Nicolas Created Date: 20050606143508Z

Des exemples de coopération bilatérale

42 L’association généraliste entre la Suède et la FranceErik Sandewall et Bertil Aronsson

47 Une association avec priorité sectorielle entre le Finlande et la FranceMarie Aronson et Pekka Silvennoinen

51 La Fondation franco-norvégienne pour la recherche scientifique et techniqueet le développement industrielFinn A. HvistendahlEncadré : Claire TutenuitEncadré : Daniel Decroocq

56 Trois instruments de coopération scientifique franco-italienne la France au niveau moyen européen ?Jean-Claude Arditti et Jean Favero

60 Le CEFIPRA : un outil exceptionnel au service de la coopération scientifiqueentre l’Inde et la FranceP.S. Mony

63 Le conseil Pasteur-Weizmann, fleuron de la coopération scientifique entre la France et IsraëlMichel Goldberg

69 La coopération scientifique avec la Chine est-elle en phase avec les évolutionsconsidérables de ce pays ?Jean Dercourt et Claude Trink

Deux cas d’application de la coopération scientifique

80 Un exemple de coopération scientifique avec l’Allemagne : l’aéronautiqueDenis Maugars et Hervé Consigny

86 La coopération franco-britannique de la recherche en appui aux politiquespubliques de l’environnementEric Vindimian

90 Résumés étrangers

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3M a i 2 0 0 5

I n t r o d u c t i o n

L a coopération scientifique bilaté-rale est une mosaïque vertigineu-se dont chaque tesselle est

constituée par un projet de recherchesentre des chercheurs français et deschercheurs étrangers. Si l’on prend encompte le nombre de laboratoires inter-venants, la diversité des sciencesconcernées et la multiplicité des payspartenaires, on saisit à la fois l’ampleurdu domaine et la difficulté à appréhen-der les enjeux, les réalisations et lesimpacts.En même temps, alors que cette coopé-ration est souvent ancienne, soutenuepar l’impératif d’universalité de lascience qui conduit naturellement àune mise en commun des connais-sances et des efforts pour les dévelop-per, on peut se demander quel est sonavenir au moment où des transforma-tions considérables sont intervenues :d’une part les instruments de communi-cation, et notamment Internet, permet-tent d’identifier plus aisément lesintervenants sur chaque thématique derecherches et d’organiser de nouveauxmodes de diffusion des travaux et résul-tats, d’autre part des systèmes decoopération multilatérale, en particuliereuropéens à travers le PCRD, se sontmis en place. En outre, il est important de situer cettecoopération des chercheurs face auxautres acteurs : les Etats, les entreprises. Comment, en effet, s’articule cettecoopération face aux enjeux de ladiplomatie et à ceux des politiques derecherche, si tant est que des objectifsont été dégagés pour les politiques decoopération ?Enfin quels liens existent entre cesactions de recherche et les attentes deretombées économiques, entre des pro-grammes de recherche fondamentale etles stratégies d’entreprises ? Commentsont associées les entreprises à ces pro-grammes ?

On voit ainsi que la coopération scien-tifique met en œuvre trois types d’ac-teurs : les chercheurs, les services del’Etat, les entreprises. Et ceci danschaque pays.Il est apparu intéressant de poser unregard sur la coopération scientifique etson avenir, en donnant des exemplesdes différentes formes qu’elle pouvaitprendre et en illustrant les instrumentsde la coopération, c’est-à-dire les dis-positifs qui permettent aux chercheursde travailler ensemble, leur en donnentenvie et organisent leurs relations etmodalités d’échanges.Des dispositifs très différents ont eneffet été mis en place entre la France etdifférents pays : c’est à ces modes d’or-ganisation des relations, plus qu’aucontenu des projets communs derecherche, que nous avons consacré cenuméro, car ils structurent l’ensembledes relations et donnent le cadre auxactions de coopération. Notre approche n’a aucune ambitiond’exhaustivité ou de bilan global. Ladémarche vise avant tout à présenter ladiversité des dispositifs à travers desexemples concrets et des témoignagesd’intervenants – français et étrangers –actifs dans la gestion ou l’évaluation deprogrammes de coopération.La diversité de ces dispositifs témoigneà la fois d’une flexibilité adaptée auxétapes de maturité d’une coopération,et d’une créativité adaptée aux cultureset aux organisations administratives despays concernés. Il s’agit de comprendreles dispositifs permettant la formationdes réseaux, l’identification des acteurs,le mûrissement des projets.En premier lieu, nous cherchons à saisirles enjeux de la coopération scienti-fique de la France : dans l’action menéepar le ministère des Affaires étrangèresface à la globalisation ; dans ses articu-lations entre le niveau bilatéral et leniveau multilatéral ; au niveau euro-

péen à travers les orientations du 7e

PCRD ; au regard des objectifs etattentes d’un groupe industriel tel queTOTAL.Ensuite, nous examinons certains dispo-sitifs transverses, c’est-à-dire s’appli-quant à de nombreux pays. : lesProgrammes d’Actions Intégrés (PAI)qui constituent un instrument decoopération fonctionnant avec 66 pays,dont 31 pays européens ; les outils de lacoopération scientifique mis en œuvreau CNRS ; l’organisation par ARIEL deprojets bilatéraux associant laboratoireset entreprises. Puis des exemples concrets de disposi-tifs sont analysés, souvent par leurs diri-geants étrangers :- associations bilatérales, généralistescomme dans le cas de la Suède ou del’Italie, ou bien plus orientées sur dessecteurs précis (cas de la Finlande) ;- fondation (Norvège) ;- structure commune à deux instituts derecherche (Israël) ;- centre de recherches commun à deuxpays (Inde) ;- programmes de recherches soit foison-nants et temporaires, soit institutionna-lisés et permanents (cas de la Chine). Enfin, nous évoquons deux cas d’appli-cation de la coopération avec nos voisinsproches, dans des domaines très diffé-rents :- la recherche aéronautique, dans lecas d’une coopération franco-alle-mande ;- les politiques publiques dans ledomaine de l’environnement, dans lecadre d’une coopération franco-britan-nique.Cet ensemble de témoignages montrela vivacité et l’aspect protéiforme de lacoopération bilatérale scientifique fran-çaise. Ce sont là sans doute lesmeilleurs garants pour sa pérennité.Celle-ci sera d’autant mieux assuréeque les administrations françaises sau-

Mosaïque et miroirpar Claude Trink

Ingénieur général des Mines

0841-9 03-04 Trink 6/06/05 16:21 Page 3

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4 A n n a l e s d e s M i n e s

ront mettre en œuvre cinq recomman-dations qui se dégagent des multiplesévaluations :- savoir reconnaître, soutenir et utiliserl’effet de démultiplication qu’apportentaux ambassades les associations bilaté-rales, qui savent mobiliser des talents etorganiser des réseaux et, en outre, per-mettent d’optimiser les coûts de fonc-tionnement ; - organiser les échanges au sein mêmedes ambassades françaises entre ser-vices scientifiques – interlocuteurs deschercheurs et universitaires – et mis-sions économiques tournées vers lesentreprises ; dans les deux cas, il s’agitde savoir surmonter d’invisibles fron-tières intérieures et de développer lacapacité de travailler en réseau ;

- savoir associer, notamment en intro-duisant dans les projets des « référentsindustriels », les entreprises françaisesaux projets de recherche, afin de favori-ser les retombées économiques, soute-nir la diffusion de l’innovation et veilleraux aspects de propriété intellectuelle ;- suivre l’évolution des systèmes derecherche dans chaque pays et adapteren conséquence les actions ; à cette fin,développer une culture de l’évaluationpour apprécier de manière régulièrel’impact des programmes ;- enfin, organiser, sans les opposer a prio-ri, la coopération bilatérale et la coopéra-tion multilatérale ; jusqu’à récemment,on a pu considérer que la coopérationbilatérale était l’antichambre en vue demonter des projets multilatéraux suscep-

tibles d’y trouver un financement adé-quat ; avec l’élargissement de l’Unioneuropéenne et l’accroissement considé-rable du nombre d’intervenants, on redé-couvrira que c’est à travers les projetsbilatéraux que pourront se poursuivreeffectivement les actions de coopérationet leur financement.Ainsi la coopération scientifique bilaté-rale n’est pas seulement une mosaïqueque l’on assemble ou contemple : c’estaussi un miroir du système français, quinous renvoie une image sur la capacitédes laboratoires, entreprises et adminis-trations, à comprendre le monde quinous entoure, nouer des relationssolides et adapter nos méthodes entenant compte des meilleures pratiquesobservées chez nos partenaires. •

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5M a i 2 0 0 5

L e s e n j e u x

Il importe que la Francetienne son rang et

accompagne pleinementl’impressionnante

et foisonnante croissancede la science mondiale,

au sein de laquelle surgissentsans cesse de nouveaux

partenaires.Le Quai d’Orsay s’y emploie.

par Christian Thimonier, Sous-directeur de la Coopération

scientifique et de la Recherche,ministère des Affaires étrangères

L a coopération scientifique estindissolublement liée à un projetpolitique, centré sur le rôle

moteur de la France dans une construc-tion européenne qu’elle souhaite orien-ter au mieux de ses intérêts, et dans lerespect de ceux de ses partenaires, maisaussi sur une conception plus juste etéquilibrée des relations internationales,prenant en compte de grands défis quidépassent les cadres nationaux, y com-pris des pays les plus puissants (climat,biodiversité, développement durable,maladies émergentes, énergie).Une coordination constante est indis-pensable avec d’autres ministères (édu-cation, recherche, environnement,industrie, etc.) mais aussi avec des orga-

nismes, régions ou associations menantdes actions de coopération scientifiqueinternationale. Ainsi, le programmeArcus, lancé par le ministère desAffaires étrangères (MAE), associe plu-sieurs ministères et régions, avec le sou-tien de l’Etat, dans la coopération avecdes pays émergents, Il convient de donner à la recherche età la science françaises les moyensnécessaires pour assurer leur rayonne-ment international et les faire concourirà notre politique de solidarité. La tâchesera plus aisée après l’adoption atten-due de la loi d’orientation et de pro-grammation sur la recherche avec lamise en place de l’Agence nationalepour la recherche et de l’Agence pourl’innovation industrielle. L’importancedes enjeux multilatéraux ou des défis« globalisés » ne saurait cependantfaire oublier l’importance des instru-ments bilatéraux qui ne se résumentplus aux exercices un peu généraux des« commissions mixtes » depuis le soucid’évaluation des politiques de coopéra-tion, très net depuis une dizaine d’an-nées. La recherche privée occupeaujourd’hui une place essentielle maisles coopérations internationales entreorganismes publics jouent un rôle cen-tral d’influence et d’entraînement.Au ministère des Affaires étrangères,cette coopération relève de la Directiongénérale de la coopération internatio-nale et du développement et, au sein decelle-ci, de la Direction de la coopéra-tion scientifique et universitaire et, plusprécisément, de la sous-direction de lacoopération scientifique et de larecherche.Pour la recherche appliquée, laDirection de la coopération technique

assure d’importantes responsabilitésdans les pays en développement.

Un réseau, instrument de veille et d’influence

Les conseillers de coopération et d’ac-tion culturelle, assistés d’attachés scien-tifiques ou de conseillers adjoints dansla plupart des postes, jouent un rôleessentiel. Dans les pays du G8, lespostes scientifiques sont confiés à desconseillers, mais une tendance se dessi-ne pour rendre, au moins dans les plusgrands pays, les postes scientifiquesindépendants du service culturel sousla responsabilité de l’ambassadeur. Ilsassurent une politique homogène etcohérente de renforcement des rela-tions bilatérales. Le recrutement des conseillers et atta-chés scientifiques, provenant le plusfréquemment des universités ou desgrands établissements scientifiques faitl’objet d’une attention croissante :capacité à s’insérer dans une équipe,qualités de gestionnaire et d’animateur,souci de la communication et de lareprésentation de la science française,étendue des centres d’intérêts sontautant de critères, non limitatifs duchoix des candidats. Le rôle de veillescientifique et technologique s’accom-pagne de plus en plus nettement d’unesynergie cultivée avec les missions éco-nomiques. L’organisation de séminairesdans des disciplines de pointe, maisaussi sur le cadre juridique de larecherche et de ses applications (sou-vent nécessaires dans les « pays émer-gents ») répond aux préoccupations denos entreprises, y compris via des asso-

Une coopération scientifiqueet de recherche face aux défis

de la globalisation

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6 A n n a l e s d e s M i n e s

ciations dont nous assurons la co-tutel-le.Par ailleurs, la veille assurée par nosconseillers et attachés scientifiques,notamment dans les secteurs les plusperformants ou émergents, nourrit despublications (lettres d’information, rap-ports, études) diffusées sous des formesdiverses et disponibles sur le site del’Adit (1), établissement créé avec unfort soutien du ministère des Affairesétrangères. La nomination récente d’unambassadeur pour l’intelligence écono-mique marque pleinement le souci denos autorités de valoriser et d’étendrece système de veille. Celui-ci vientaussi alimenter des études souvent sus-citées par le ministère des AffairesEtrangères, auprès de l’Observatoiredes sciences et techniques (OST) quipublie des profils aux confins dessciences et de l’économie, tout spécia-lement des pays avec lesquels nos par-tenariats sont susceptibles des’accroître.Enfin, plusieurs ambassades diffusent,sous des modalités variables, des lettresou documents d’information en direc-tion des publics scientifiques de leurpays de résidence, destinés à promou-voir l’excellence de notre recherche età susciter de nouvelles coopérations. Ilsparticipent aussi à la promotion del’image d’une France moderne et à lapointe de la recherche, initiatives quitrouvent aussi leur prolongement dansdes initiatives tournées vers un pluslarge public (expo-sitions conçues parle ministère desAffaires Etrangères,dont certaines ontconnu un grand succès : « Quand lascience rejoint l’art » avec l’Inserm,« Quand les sciences parlaientarabe… », mais aussi produites locale-ment, avec le mécénat d’entreprises).Des manifestations plus spécialiséesservent aussi à attirer les chercheursdans notre pays, sous forme de forums,parfois itinérants comme aux Etats-Unis. La veille et la diffusion se trouventainsi liées, ainsi qu’un travail de coordi-nation et d’information, dans plusieursgrands pays, avec les grands organismesfrançais (le CNRS, les Instituts Pasteur,l’IRD, le Cirad, l’Inserm…) qui dispo-sent de représentants locaux. La rela-

tion avec les entreprises françaises,intéressées par les derniers développe-ments scientifiques et technologiques,ou soucieuses de développer descoopérations, représente aussi un sec-teur où pourraient se développer demeilleures synergies, notamment à tra-vers les fondations d’entreprises, ou lesassociations de promotion deséchanges bilatéraux.

Les pays émergents : une priorité

Une attention particulière est accordéeau développement de notre coopéra-tion avec les pays dits émergents. Ils’agit d’Etats, aux systèmes et aux situa-tions internes très diverses, mais qui onten commun un développement rapidede leurs économies et une insertioncroissante dans les relations écono-miques et scientifiques internationales.Nous souhaitons, avec ces Etats, établirsur un pied d’égalité une coopérationscientifique et de recherche dans lessecteurs d’excellence où ils sont désor-mais entrés dans la compétition mon-diale.Il s’agit, en priorité : pour l’Asie, de laChine, de l’Inde, du Pakistan et d’unepartie de l’Asie du Sud-Est (Indonésie,Thaïlande, Malaisie, Vietnam) ; pourl’Afrique, de l’Afrique du Sud, et destrois pays du Maghreb ; pourl’Amérique du Sud, du Brésil, de

l’Argentine, duMexique et duChili. Le cas dela Russie, puis-sance scientifique

et technologique, aux prises avec sesmutations propres, fait l’objet d’un inté-rêt soutenu. Israël apparaît aussicomme un partenaire scientifique dechoix. Avec l’Iran, si les questionsnucléaires reçoivent une solution satis-faisante, des relations plus intensespourraient se développer rapidement.Cette approche prospective prend encompte les capacités développées cesdernières années par de grands paysqui, parfois au prix d’arbitrages diffi-ciles, ont misé avec succès sur le déve-loppement accéléré de leurs capacitésscientifiques, souvent sur la base derelations anciennes et fructueuses avec

des laboratoires étrangers. Il importeque notre pays, déjà bien présent danscertains d’entre eux (comme la Chine,où existent plusieurs laboratoires mixtesdans des secteurs de pointe, ainsi àPékin avec l’Inria), puisse être pleine-ment présent dans cette impressionnan-te croissance de la science mondiale,où surgissent de nouveaux partenaires.Les prolongements humains (circula-tion des chercheurs, attractivité de laFrance) et économiques (coopérationstechnologiques et économiques) d’unetelle coopération avec les pays émer-gents sont vivement attendus. Mais la coopération scientifique ne vapas sans prolongements politiques. Ledéveloppement de ces relations estaussi porteur de certains risques écono-miques, compte tenu des lacunes despays émergents dans le domaine juri-dique, mais aussi stratégiques, avec lasensibilité de certaines technologies, etla multiplication des possibles « doublesusages ». Il en est de même pour cer-taines coopérations en biotechnologies,qui supposent une approche éthiquecommune. Un pilotage politique enfinesse de nos relations, réunissantscientifiques, industriels et administra-tions concernées est donc souventnécessaire pour des intérêts bien com-pris. Les échanges scientifiques bilaté-raux peuvent être ainsi vus dans laperspective d’un monde plus équilibré,sans « hyper-puissance » scientifique,mais fondé sur une compétition quin’exclut pas les synergies et leséchanges équilibrés de compétences,au profit d’un progrès global.Ce dialogue renforcé avec les « paysémergents » devrait nous aider aussi àpromouvoir les conceptions françaisesen matière de développement durable,compte tenu de la taille et de la popu-lation de ces pays, de leurs réservesnaturelles et de leur industrialisationaccélérée. Le partenariat scientifique neva pas sans discussions sur certainschoix fondamentaux pour l’avenir de laplanète, en matière de climat, de parta-ge et de gestion des ressources natu-relles, et au premier rang l’énergie.La multiplication des relations bilaté-rales avec ces pays ne se conçoit pas

(1) www.adit.fr

La veille assurée par les conseil-lers et attachés scientifiques nourrit des publications

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sans une forte composante multilatéra-le : le développement de nos coopéra-tions en Amérique du Sud ou en Asie duSud-Est est fondé aussi sur uneapproche régionale qui devrait concou-rir au rapprochement des pays concer-nés et ne pas nourrir leurs rivalités, maisorganiser, autant que faire se peut, desdivisions du travail scientifique. Cette ouverture peut être aussi unechance pour l’Union européenne. Denouveaux réseaux de coopération, oùse dessine une division européennedes tâches, se mettent en place avec les« Eranet », dont l’un a été mis en placeavec la Chine, et le second devrait l’êtreavec l’Amérique du Sud. L’effort fran-çais trouve aussi son plein développe-ment dans une politique européenneque nous nous efforçons de rendre plusprésente et visible, et dont nous souhai-tons qu’elle démultiplie notre effort deprésence. C’est aussi le souhait crois-sant de nos partenaires des pays émer-gents, qui doivent voir en notre pays unacteur majeur dans le développementde leurs relations avec l’Union et à sesprogrammes scientifiques.

Une spécificité française :la recherche pour le Sud

On ne saurait oublier l’effort permanentde la France dans le domaine de lacoopération scientifique avec le Sud,afin de répondre à ses problèmes dedéveloppement, et pour aider à l’émer-gence d’une recherche dans et par lespays en développement. Une importan-te assistance technique continue à êtredéployée dans ce domaine spécifique,sur des sujets spécialisés mais parfoisvitaux pour les économies de ces pays,notamment dans le domaine agricole.Elle est aujourd’hui mieux coordonnéeet pensée à travers des documentscadres de partenariat, qui inscrivent nosactions dans un dialogue approfondiavec les pays concernés. Notre actiondans la « Zone de solidarité prioritaire »reste ainsi largement portée par degrands organismes comme le CIRAD etl’IRD. Elle fournit des aides appréciées,mais aussi des formations dont le butest de permettre de soutenir unerecherche locale, avec certain succès(Forum pour la Recherche à

Madagascar). Dans le domaine médi-cal, la présence française est forte,notamment à travers le réseau des insti-tuts Pasteur, qui, dans des situationsjuridiques et scientifiques variées,jouent un rôle clef face aux maladiesnouvelles et anciennes. L’Agence natio-nale pour la recherche sur le Sidadéploie aussi ses activités dansplusieurs pays. Au-delà de la coopéra-tion bilatérale, lesréflexions tendentà s’approfondir àla fois en Afrique eten France sur lanécessité de ren-forcer les approches pan-africaines ourégionales afin de mettre en œuvre les« Objectifs du Millénaire ». Leur réali-sation toutefois ne sauraient se déclinersans actions bilatérales reposant sur desEtats capables de mener des politiquesde recherche, avec des structures uni-versitaires de qualité suffisante. Sur cepoint, beaucoup reste à faire, y comprispour sensibiliser la communauté inter-nationale à cette nécessité. La France, àtravers des programmes adaptés (CAM-PUS, Aire Développement et CORUSpour l’Afrique), a permis, en liaisonavec la recherche française et deséquipes africaines, de réaliser des pro-grammes de qualité, dont la pérennisa-tion demeure cependant fragile.En ce domaine aussi les efforts bilaté-raux devraient trouver des prolonge-ments multilatéraux, entre paysafricains (ce que nous tâchons de pro-mouvoir à travers des mises en réseaud’informations et d’équipes) mais aussiavec des appuis européens ou interna-tionaux. Certains projets pilotesdevraient convaincre certains parte-naires du Sud mieux dotés de s’associerà des plates-formes régionales derecherche avec d’autres pays moinsavancés.

Des outils bilatéraux qui s’adaptent à un multilatéralisme croissant, spécialementdans le cadre européenLe strict bilatéralisme tend à s’atténuercependant, avec la création de

conseillers de coopération à vocationrégionale (Asie du sud-est, Andes, cônesud de l’Amérique latine) qui ont pourbut de développer des programmes surplusieurs pays et d’articuler nos coopé-rations avec des instruments multilaté-raux. Les programmes d’actions intégrés (PAI)sont les instruments privilégiés decoopération avec les pays développés

ou disposant d’unpotentiel scienti-fique permettantd e v é r i t a b l e séchanges. Conçusavant tout pour

faciliter la mobilité des chercheurs, ilsreposent sur un projet co-déposé auprèsdes autorités françaises et du paysconcerné, puis évalué par chaque partieselon des critères d’excellence scienti-fique, de possible valorisation et de for-mation de jeunes chercheurs. Lefonctionnement est relativement simpleet privilégie les contacts directs entrelaboratoires et équipes. Ponctuel, il éviteles phénomènes d’abonnement, etconcerne des sommes relativementmodiques pour chaque opération(10 000 euros en moyenne). Les évalua-tions régulières de ces programmes sonttrès positives.Au nombre d’une cinquantaine, les PAIsont régulièrement renouvelés avec lespays concernés et leur développementattendu dans d’autres pays (Iran,Egypte). L’émergence de pôles derecherche peut en être une conséquen-ce, comme c’est le cas en Pologne avecles nanotechnologies. Les questions devalorisation et parfois de propriétéscientifique, notamment avec les paysémergents, restent le point faible de cesprogrammes et constituent sans doutela rançon de privilège accordé à laliberté des chercheurs. Leur impact estcependant réel en termes d’attractionde la France auprès des scientifiquesétrangers. Publications, thèses en co-tutelle se sont multipliées à travers cetoutil.Afin de renforcer encore ceséchanges, d’autres opérations assurantla mise en réseau de plusieurs équipesde recherche (P2R) ont été lancées.Ces opérations se révèlent complexesà mettre en œuvre (Chine,Allemagne…). Mais elles connaissent

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La nomination récente d’unambassadeur pour l’intelligenceéconomique marque le souci devaloriser le système de veille

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un succès grandissant en Europe cen-trale et orientale (ECONET) et appa-raissent comme un instrument decohésion dans la construction desréseaux d’excellence européens. Laglobalisation de la recherche euro-péenne doit d’ailleurs conduire à rela-tiviser le « bilatéralisme » des PAI :dans beaucoup de cas, des triangula-tions ou des réseaux de recherche secréent, qui contribuent à la mise enplace de l’ « espace européen de larecherche ».La dimension bilatérale n’en demeurepas moins importante. La discussion duPCRD se fait entreEtats, avec le sou-hait de mettre aupremier plan desintérêts légitimes,liés aux conceptions ou contraintespropres à ces Etats. Il y existe tout natu-rellement des proximités ou desalliances, à géométrie variable, selonles sujets et les domaines. D’où l’inté-rêt, y compris dans le cadre européen,de poursuivre des veilles sur les poli-tiques publiques, les débats et les déci-sions en matière de science et derecherche. Ce suivi revient à nosconseillers et attachés scientifiques, quiont sur ce point un rôle essentiel àjouer auprès des autorités françaises

comme de celles de leur pays de rési-dence.C’est aussi dans ce cadre qu’il convientde replacer le rôle des associations bila-térales (Association franco-italiennepour la recherche Industrielle et tech-nologique, AFIRIT, Association franco-finlandaise pour la recherche scientifiqueet technique, AFSR, Association franco-suédoise pour la recherche, AFSF, etc.)qui, placées à des carrefours straté-giques entre recherche et valorisation,peuvent beaucoup aider à définir dessecteurs de coopération, des partena-riats, et faire profiter les différents

acteurs publics etprivés de leursréseaux et de leurconnaissance desdeux pays. On

peut mentionner ici le forum franco-allemand pour la recherche, organiséen juillet prochain par l’Associationfranco-allemande pour la science et latechnologie, dont les deux parties atten-dent beaucoup. Le succès de ces orga-nisations réside d’abord dansl’investissement de leurs membres,mais aussi dans les relations étroitesentretenues avec les autorités des deuxpays, ou leurs représentants sur place.Ce sont des instruments précieux, maisdont les « réglages » méritent d’être sui-

vis de près. A cet égard de la Fondationfranco-norvégienne pour la recherchescientifique et technique et le dévelop-pement industriel est souvent citée enexemple de ce que peut apporter aupilotage de la coopération une réflexionen amont avec les entreprises.

Une veille constanteLa coopération scientifique et derecherche de notre pays s’adapte à uneréalité mouvante des relations internatio-nales : elles demeurent des relationsentre Etats ; relations fondamentales, ycompris dans le cadre multilatéral, afinde promouvoir nos intérêts, dans le cadreeuropéen et mondial. Toutefois, la globa-lisation de la science et de la recherche,qui accompagne celle de l’économie,crée des changements d’échelle et obligeà une veille constante et à la multiplica-tion des relations. Afin de maîtriser cetteglobalisation au mieux de nos intérêts,des stratégies cohérentes, des coordina-tions et des évaluations sont plus quejamais nécessaires dans un monde quichange vite. Notre pays a beaucoup à yapporter et à recevoir, s’il continue às’adapter, en restant nourri des valeurs deCondorcet, de Pasteur et des Curie, sym-bolisant une science portée par un huma-nisme agissant. •

8 A n n a l e s d e s M i n e s

La globalisation de la rechercheeuropéenne doit conduire à rela-tiviser le bilatéralisme des PAI

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L e s e n j e u x

A-t-on réellement besoinde 25 politiques nationales

de recherche ? Et de quelquescentaines de coopérations

scientifiques bilatéralescroisées ? Peut-être pas,mais il serait imprudent

de vouloir charger l’Unioneuropéenne de tout.

par Pierre Paul Baskevitch,Chercheur au CNRS,

chargé de mission à la Directiondes relations internationales

et de la coopération (DRIC) duministère de l’Education nationale,

de l’Enseignement et de laRecherche pour les coopérations

avec l’Europe du Nord (1)

L e débat qui accompagne la pré-paration de la Loi d’orientation etde programmation de la

recherche et de l’innovation a fait resur-gir entre autres questions de compéten-ce, celle de savoir si le niveaucommunautaire doit prendre en chargela recherche fondamentale et l’innova-tion, ou bien et tout au contraire, aunom de la subsidiarité, les paysmembres doivent-ils financer l’un oul’autre de ces piliers du développe-ment ? Ceci renvoie à un débat récur-rent qui, résumé brutalement, s’énonce

ainsi : a-t-on encore besoin de 25 poli-tiques nationales de recherche ?La présente étude vise à mettre en évi-dence, puis à commenter, deux notionsqui peuvent sembler intuitives, mais quine sont guère explicitées : les coopéra-tions scientifiques bilatérales se fondentsur la mobilité, et la coopération com-munautaire se nourrit à son tour de lacollaboration bilatérale. Le fractionne-ment de ce continuum peut donc s’avé-rer risqué.

Le bilatéral : de la mobilitéà la co-publication

L’intensité de la coopération bilatéralepeut être approchée soit par la mobilité(ici, celle des chercheurs dépendant duCNRS et, par ailleurs, celle des cher-cheurs français dans le cadre des pro-grammes d’actions intégrées), soit par lenombre des co-publications (mesuré icipar le SCI© puis tamisé par le CNRSpour ses propres chercheurs).Le niveau multilatéral est représentédans cette étude par le niveau commu-nautaire et se trouve plus difficile àappréhender. On suivra divers para-mètres fournis par le CNRS, et par ladirection de la technologie en ce quiconcerne les participations françaisesau 5e PCRDT.Pour comparer des masses homogèneset de taille suffisante, l’étude distin-guera deux groupes de pays euro-péens :- le groupe nordique (Belgique,Danemark, Finlande, Islande,Luxembourg, Norvège, Pays Bas, Suède) ;- le groupe méditerranéen (Chypre,Espagne, Grèce, Italie, Malte, Portugal).

La corrélation entre co-publications etmobilité sortante des chercheurs, quipeut sembler intuitivement évidente,est, en fait, délicate à démontrer comp-te tenu de la grande variabilité des don-nées annuelles. En particulier, lamobilité des agents du CNRS est sen-sible au budget disponible dans chaqueéquipe.Les données fournies par la directiondes relations internationales (DRI, cel-lule de veille et de prospective) duCNRS concernent la mobilité sortantedes agents employés par les équipes duCNRS, quel que soit leur statut [1]. Eneffet, tous les agents partant en mission,quel qu’en soit le financement, eninforment leur administration et sontdonc recensés ; l’effectif annuel, parpays, est ici corrigé des missions pourcongrès, colloques, etc. dont la propor-tion est, en moyenne pour l’Europe, de45 %.Par ailleurs, la DRI du CNRS a extrait dela base du Science citation index© lenombre de co-publications de ses cher-cheurs avec des partenaires de chaquepays d’Europe. Il convient de se rappe-ler que cet index minore les publica-tions en sciences humaines et sociales. La figure 1 décrit l’évolution des effec-tifs en mobilité (corrigée des congrès) etdes co-publications de 1996 à 2003,pour le seul CNRS et après regroupe-ment des pays partenaires en deuxzones (Nord et Méditerranée). Les indexde mobilité évoluent de concert pour

Le bilatéral et le multilatéralen coopération scientifique internationale :

l’un ne va pas sans l’autre

(1) Pierre P. Baskevitch est normalien, agrégé del’Université et docteur d’Etat ès sciences, Après unecarrière de chercheur et d’enseignant, en France eten Europe centrale, il a été chef du secteur S&T del’Ambassade de France à Moscou (1995-1999). Lescommentaires du présent article n’engagent quel’auteur, et non la DRIC ou le ministère.

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les deux groupes géographiques, demême que les nombres de co-publica-tions. De plus, les courbes décrivantl’évolution de ces dernières apparais-sent décalées d’un an environ, plus tar-dives que l’évolution des mobilités. Cerésultat confirme donc l’intuition quepeut avoir tout observateur de larecherche fondamentale.Les programmes d’actions intégrées(PAI) sont des programmes bilatérauxde financement de la mobilité dejeunes chercheurs engagés dans un pro-jet de recherche fondamentale. Lefinancement d’une à deux missionsannuelles est assuré, pour la France, parle ministère des Affaires étrangères (ser-vices scientifiques des ambassades) seulou avec le ministère en charge de laRecherche et, pour le partenaire étran-ger, par la structure ministérielle oupublique de financement de larecherche publique. Une cinquantainede pays sont aujourd’hui concernés parces programmes, dont presque tous lespays européens.Le ministère des Affaires étrangères(MAE) a organisé en 2002 une évaluationexterne de 12 programmes concernantles pays européens et la Norvège, confiéeà la société Technopolis France (2) [2]. Lerapport de cet audit, très fouillé, permetde préciser le passage de la mobilité àune coopération bilatérale, puis à unecoopération que nous appellerons « enhub » ou multi-bilatérale.Les évaluateurs observent tout d’abordque près d’un projet sur deux est unenouvelle coopération entre les deuxéquipes partenaires, qui en général seconnaissent déjàgrâce à des ren-contres ou desvisites de courtedurée (seuls 30 %des responsables français ont effectuéun long séjour chez le partenaire avantle lancement du projet financé par lePAI).Il est intéressant de mesurer le devenirdu projet après sa fin administrative. Acourt terme, plus de 85 % des projetsdonnent lieu à co-publication dans unerevue à comité de lecture, près de 15 %dans un livre (en particulier en scienceshumaines et sociales), plus de 55 %enfin débouchent sur une soutenancede thèse.

A plus long terme, 79 % des projetsconnaissent un prolongement (beau-coup moins nombreux, environ 45 %,en sciences humaines et sociales), enquasi-totalité avec les mêmes parte-naires seuls (47 %) ou avec d’autres(49 %). Plus précisément, la figure 2démontre que, selon les cas, certainspays partenaires prolongent leur coopé-ration « entre nous » (83 % des projetsfranco-autrichiens) alors que d’autresmènent à des réseaux élargis (70 % desprojets franco-néerlandais et franco-grecs).On peut rapprocher ces résultats del’étude réalisée par la DRI du CNRS surles co-publications françaises avec despartenaires européens : près de 79 %concernent un seul partenaire, 13,4 %en impliquent deux et 3,3 % trois.

Deux formesd’élargissementet d’approfondis-sement des co-opérations ainsi

engagées par les projets PAI sont par-ticulièrement significatives : soit laformation de petits réseaux en tri-angle, dans lequel une équipe françai-se soumet simultanément le mêmeprojet à deux programmes PAI diffé-rents, en coopération avec deuxéquipes étrangères ressortissantes dedeux pays différents (coopérationmulti-bilatérale), soit plus directementen projet soumis à un programmeeuropéen (PCRDT, INTAS, INCO,etc.).

Le niveau multilatéralPour des raisons opérationnelles, laquestion de savoir s’il existe une rela-tion directe de causalité entre la coopé-ration bilatérale et la coopérationmultilatérale est importante. L’analysede ce problème est rendue délicate parla confusion inévitable entre les deuxdirections de cette éventuelle relation :bilatéral vers multilatéral ou l’opposé.La mise en œuvre et les résultats du 5e

PCRDT (1998 à 2002) ont été analyséspar les services de la Commission etsont disponibles [3]. L’hypothèse d’unecorrélation entre la coopération bilaté-rale multiple, en hub, et de la coopéra-tion multilatérale peut être testée de lafaçon suivante : le niveau multilatéralest estimé par le nombre total de cita-tions d’équipes étrangères euro-péennes, pays par pays, dans tous lescontrats signés par les équipes fran-çaises pendant la durée du 5e PCRDT :par exemple, 2 344 implicationsd’équipes néerlandaises ou 3 919d’équipes italiennes. Pour sa part, leniveau bilatéral est approché par lenombre total de co-publications deséquipes françaises avec des équipesétrangères de ces mêmes pays.Pour éviter le dilemme de « la poule etde l’œuf » (la co-publication entraîneun contrat multilatéral qui entraîne une

Il est nécessaire d’in-citer et de renforcer la mobilité des chercheurs

Fig. 1. - Evolution des mobilités sortantes et des co-publications du CNRS.

(2) Allemagne, Autriche, Belgique francophone,Belgique néerlandophone, Espagne, Grèce,Irlande, Italie, Norvège, Pays Bas, Portugal,Royaume-Uni.

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co-publication : qui est à l’origine dequoi ?), nous avons pris en compte lesco-publications de la seule année1998, point de départ de l’applicationdu PCRDT. De plus, les pays étudiés iciont été regroupés en deux groupes,Nord et Méditerranée, comme ci-des-sus.Pour chacun des deux groupes, unecorrélation linéaire très étroite existeentre le nombre des co-publications aucours de la seule année 1998 et lenombre de partenaires européens dansle total des contrats signés au cours du5° PCRDT. La pente des régressions cor-respondant aux deux groupes géogra-phiques est d’environ 2,8 contrats parco-publications, reflétant en faitle nombre moyend’équipes parte-naires du paysconcerné parcontrat financé parle 5e PCRDT ; la performance de l’Italieet de l’Espagne est à remarquer. Chaquegroupe de pays apparaît sensiblementhomogène ; cependant, deux pays ontun résultat hors norme : la Belgique, quiprésente un déficit de contrats euro-péens en comparaison à sa capacité àpublier avec des équipes françaises, et àl’inverse la Grèce, qui a obtenu ungrand nombre de contrats européensimpliquant des équipes françaises sansdisposer au préalable de nombreusesco-publications.Il apparaît donc que, sur ces exemplesen tous cas, le transfert du niveau bila-téral au niveau multilatéral soit prouvé :la coopération bilatérale nourrit laconstruction de réseaux plus largesmultilatéraux.Dans le cadre du devenir des projetsfinancés par un PAI, l’audit deTechnopolis France identifie 23 % deprojets poursuivis dans le cadre euro-péen, dont 15 % avec les mêmes parte-naires et 8 % avec ceux-ci plusd’autres ; en moyenne, 51 % des projetsse poursuivent dans un cadre élargi(voir la figure 2).Bien plus en aval dans le processus derecherche, la Fondation franco – norvé-gienne, créée en 1983, promeut active-ment et co-finance depuis 1988 descoopérations bilatérales en innovationet développement technologique sousforme de partenariats public – privé. Si

les données concernant les projets sou-tenus sont trop faibles numériquementpour être exploitables statistiquement,on relèvera cependant que 8 des 82projets financés de 1988 à 2003 ontdonné lieu à un prolongement dans lecadre d’un programme européen (engénéral EUREKA).

Commentaires et discussion

Dans un contexte prégnant de contrôledes dépenses budgétaires, il est tentantde transférer une partie des chargesinhérentes à la coopération scientifiqueintra – européenne au budget commu-

nautaire, et cecid’autant plus que,pour sa part, laCommission euro-péenne cherche à

accroître et à mieux coordonner lesrecherches en coopération et la mobili-té des personnes. Plusieurs décisionsadministratives ont été prises récem-ment en France, qui s’inscrivent dansun tel processus de transfert de charges.Ceci peut se comprendre, mais lerisque n’est pas négligeable.

Mobilité des personnes et coopérationbilatérale : il apparaît ici clairement, sibesoin était, qu’il existe une nette cor-rélation entre mobilité et coopération,celle-ci étant mesurée à l’aune des co-publications. Il est donc nécessaired’inciter et de renforcer la mobilité deschercheurs, soit par des mesures indivi-duelles (bourses), soit par des finance-ments aux équipes en sus dufinancement de base (PAI, parexemple). Les résultats présentés icireprésentent probablement un excellentargumentaire pour convaincre lesquelques pays européens qui n’ont pasconsenti à créer un PAI avec la France(Danemark, Finlande, Suède) à le faire.C’est dans ce cadre aussi que les asso-ciations bilatérales (franco-finlandaise,franco-suédoise, etc.) trouvent leur légi-timité et leur champ d’action.Coopération bilatérale et multilatérale :pour les deux groupes de pays considé-rés ici, il est démontré qu’une forte cor-rélation lie le nombre de co-publicationsde l’année 1998 et l’intensité des colla-borations communautaires lancées dansle cadre du 5e PCRDT. Il apparaît doncabsolument nécessaire de poursuivrel’incitation à la coopération bilatérale,en particulier dans les domaines où elle

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Fig. 2. - Les partenaires des prolongations de projets PAI.Source : fig. 2-65 de l’annexe C du rapport Technopolis.

La coopération bilatérale nour-rit la construction de réseauxplus larges multilatéraux

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est déficiente (sciences humaines etsociales), et d’en renforcer la coordina-tion et le passage au communautaire enincitant au multi-bilatéral. Le niveau transfrontalier, qui n’est pastraité ici faute de données statistiquesdétaillées, est un instrument qu’ilconvient de ne pas négliger : divers pro-grammes peuvent être mis à profit, qu’ils’agisse de processus bilatéraux (PAI,programmes régionaux) ou européens(INTERREG). Le rapprochement desprogrammes de fonds structurels(FEDER, objectifs convergence, compé-titivité régionale et emploi, parexemple) des préoccupations de laR&D serait probablement fructueux ; demême, on pourrait concevoir des pro-grammes ERA-NET de coordinationtransfrontalière ou inter-régionale. Parailleurs, le nouveau programme ARCUSdu ministère des Affaires étrangères vadans le même sens.

Confier la mobilité étudiante intra-euro-péenne au seul programme ERASMUSet aux bourses Marie Curie peut serévéler un processus à risques, commele serait la séparation trop étanche entreaffaires communautaires et affaireseuropéennes bilatérales dans la gestiond’un organisme ou d’une université. Acet égard, on suivra de près et avec unecertaine préoccupation la réformerécente du système suédois de soutien àla recherche publique, dont l’une desconséquences est l’affaiblissement ou ladisparition des accords de coopérationbilatérale.Cela étant, on ne saurait nier qu’à leurtour, la mobilité étudiante ou des cher-cheurs, de même que la coopération,au niveau communautaire nourrissentles relations bilatérales, créant ainsi desnoyaux durs de réseaux pérennes dansun mouvement circulaire vertueux.Reprenant l’exemple de la Fondation

franco-norvégienne, on pourrait conce-voir que l’ouverture des réseaux derecherche et d’innovation technolo-giques (RRIT) vers des partenariatspublic-privé internationaux mène à laconstitution de consortia solides. Il seraintéressant de suivre l’avenir des projetsbilatéraux ainsi créés avec la Finlandedans le cadre du réseau national destechnologies logicielles (programmeProAct). •

SOURCES ET RÉFÉRENCES

[1] Direction des relations internationales (celluleveille – prospective) et direction de (DEP) du CNRS.[2] Rapport d’audit des PAI européens pour leministère des affaires étrangères, TechnopolisFrance, 2003.[3] Données relatives au PCRDT collectées par laMission aux affaires européennes de la Direction dela technologie, Ministère de l’éducation nationale,de l’enseignement supérieur et de la recherche.

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L e s e n j e u x

L’ambition inter-gouvernementale, le défi de larecherche aux frontières de la

connaissance et l’enjeu de l’innovation industrielle formentles trois piliers du 7e programme

cadre de recherche et de déve-loppement technologique.

Ce que l’euro a réussi dans ledomaine monétaire, le PC7

tente de le réussir dans laconstruction de l’espace

européen de la recherche :un rééquilibrage mondial fondé

sur une ambition collective.

par Alain Quévreux, Chef du service Europe,

Association nationale de larecherche technique (ANRT) (*)

A u XIXe siècle, l’Europe était laplus grande puissance écono-mique du monde. Les Etats-Unis

au siècle dernier, la Chine aujourd’hui,l’Inde demain esquissent un mondemultipolaire dans lequel aucune ten-dance spontanée ne désigne l’Europecomme un pôle particulièrementattractif.

Les enjeux dépassent sans nul doute lescapacités des systèmes de recherche etd’innovation des Etats membres del’Union européenne (UE). Pourtant, lesuccès du processus de Lisbonnedépend essentiellement d’elles. Face àce constat, le 7e programme cadre derecherche et de développement techno-logique (PC7) de l’UE offre aux gouver-nements nationaux et régionaux qui lesouhaitent une large gamme d’instru-ments adaptés à des politiques inter-gouvernementales ou interrégionalesambitieuses. Le PC7 tente de réussirdans le domaine de la recherche ce quel’euro a réussi dans le domaine moné-taire, un rééquilibrage mondial fondésur une ambition collective.

Frontières de la connaissance et innovation industrielleLa concurrence sous-jacente entre lesélites nationales se joue désormais surl’échiquier mondial avec des leviersmoins régaliens que par le passé.Certains y trouvent leur place en parti-culier à la tête d’entreprises multinatio-nales ou dans des organisationsinternationales. D’autres ont choisi unevoie plus nationale et le PC7 leur four-nit les moyens d’accroître l’impacteuropéen des actions publiques natio-nales ou régionales. Le projet de PC7 propose de ne plusopposer l’action communautaire auxprogrammes nationaux, de laisser decôté les discours sur les bienfaits desprogrammes intergouvernementauxlorsque leur finalité principale est degarantir que chacun restera maître chez

lui, non de renforcer les capacités col-lectives. L’ambition intergouvernementale, ledéfi de la recherche aux frontières de laconnaissance et l’enjeu de l’innovationindustrielle forment les trois piliers dontle PC7 enrichit la construction de l’es-pace européen de la recherche. En écho à ces préoccupations, la dis-cussion en cours du budget européendoit fixer pour les années 2007-2013l’importance des moyens qui serontattribués tant à la recherche qu’à l’in-novation, dans le PC7 pour la premièreet dans le premier programme cadre decompétitivité et d’innovation (CIP) pourla seconde. Ces deux programmescadres sont proposés simultanément etseront adoptés selon deux procéduresmenées en parallèle. Le budget globalde la recherche dépend du rôle qui luiest assignée dans les autres politiquesde l’Union, en particulier pour la crois-sance, l’emploi et le développementdurable.Bien entendu, le niveau d’investisse-ment n’est pas tout. Encore faut-il quecet effort soit productif. Les pouvoirspublics craignent l’innovation car ellene relève pas d’un processus détermi-niste linéaire sur lequel il est possibled’agir directement par des actions uni-latérales. Accroître l’investissementn’est pas, en soi, une garantie pourl’avenir. L’innovation n’est pas non plusune dérivée de la recherche, mêmelorsqu’elle fait appel à des connais-sances qui en sont issues. Elle réunit enpermanence des compétences complé-

Le 7e programme cadre de rechercheet de développement technologique (PC7)

(*) Base : Proposition de la Commission européen-ne pour le 7e programme cadre – COM (2005) 119final – 6 avril 2005.

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mentaires et des capacités de réorgani-sation et d’agencement des nouveauxensemble ainsi créés. En miroir à l’in-certitude qui caractérise l’innovation, laCommission européenne propose unprincipe de gouvernance fondé sur laconfiance accordée aux acteurs. Certesil ne prémunit pas contre l’abus deconfiance mais il reconnaît que seulsles acteurs de terrain sont assez près dessignaux faibles qui commandent l’ac-tion pour pouvoir les interpréter et lesintégrer rapidement, convertissant parlà même l’incertitude en risque suppor-table.La stratégie de Lisbonne qui entendaitrecourir à de multiples politiques coor-données librement entre les Etatsmembres pour aller vers l’économie dela connaissance a échoué. L’Europereste cependant attachée à cette grandeambition. Par conséquent, elle doit sedoter d’outils de gestion plus perfor-mants que ladite méthode ouverte decoordination (MOC). Pour y parvenir, lePC7 compte sur une discipline libre-ment consentie des Etats membres,appuyée sur des objectifs que chaquegouvernement se sera assigné avec uneobligation d’engagements et de résul-tats en termes de coordination et d’inté-gration des efforts régionaux ounationaux. Dans son exposé des motifs et son ana-lyse d’impact potentiel du PC7, la CErejette l’hypothèse d’une simple conti-nuité des programmes nationaux etcommunautaires à l’identique, estimantsans doute que sans un changement denature, ces programmes ne parvien-dront pas à inciter l’investissementprivé à des niveaux comparables à ceuxdes régions du monde qui connaissentune plus forte croissance.Formellement, le PC7 se décomposeen 7 programmes spécifiques articuléssur 4 enjeux principaux : les renforce-ments des coopérations de recherche,des idées et des connaissances, deschercheurs et des ressources humaineset, enfin, des capacités de recherche(voir ci-contre la figure sur l’architec-ture du 7e programme cadre 2007-2013).Le projet de PC7 peut aussi se décrireen 7 objectifs majeurs : - continuité avec le 6e programme cadrepour financer de grands projets de

recherche multipartenaires (recherchecollaborative) ;- priorité aux stratégies d’innovation desacteurs des plates-formes technolo-giques européennes (ETP) pour sélec-tionner les priorités de recherche àfinancer ;- coordination et intégration des pro-grammes nationaux partageant lesmêmes objectifs ;- initiatives technologiques conjointes(JTI) pour financer des innovationsindustrielles ambitieuses ;- création d’un fonds pour la rechercheaux frontières de la connaissance.Mais aussi :- triplement progressif du budgetannuel de la recherche et de l’innova-tion communautaires (72,7 milliardsd’euros sur les 7 années, de 2007 à2013) ; - professionnalisation et externalisationde la gestion administrative et financiè-re des projets.

Les grands projets de recherche multipartenairesLes collaborations transnationales res-tent la pierre angulaire de l’organisationde la recherche européenne. Desconsortiums sont constitués sur mesurepour relever un défi technologique par-ticulier. La mise en concurrence desprojets et des équipes y est la règle aumoment de la sélection des projets parla CE. L’un des aspects les plus remar-quables de la recherche européenne estl’articulation de ce processus de sélec-

tion extrêmement compétitif avec lesconditions qu’il faut réunir pour êtresélectionné. Celles-ci sont fondées surl’accord des pertinences (traduit enanglais par le terme de « fitness ») entreles partenaires qui s’unissent pour sou-tenir le dépôt d’une proposition. La CEdemande ainsi aux acteurs d’inventerdes environnements plus collaboratifset plus qualifiants que ceux qu’ils utili-sent dans leurs activités courantes. Cette dualité entre compétition, pourêtre sélectionné, et créativité, pouraccroître la concordance des perti-nences, est l’un des aspects les plusremarquables des programmes commu-nautaires. Le PC7 propose de renforcersimultanément ces deux dimensions deconcurrence et de rapprochement desintérêts. La nécessaire concomitancedes temps des acteurs assimile alors cesprojets à des structures dissipatives (parréférence aux travaux d’Ilya Prigogine –Prix Nobel 1977) : efficaces à unmoment donné pour relever un défiparticulier, elles se dissolvent ensuite etleurs composantes cognitives s’assem-blent de nouveau, selon une autreconfiguration, pour donner naissance àde nouvelles innovations. Les innova-tions porteuses de croissance seconstruisent ainsi, dans les programmescadres successifs. L’argent public y joueun rôle d’incitation à l’élaboration deconfigurations innovantes capables deproduire des connaissances et de lesexploiter au bénéfice de la société.Pour cet objectif de renforcement descoopérations, le PC7 prévoit un grandprogramme de recherche en coopéra-tion doté de 45 milliards d’euros sur

1. Santé 8 317 18,7 %

2. Alimentation, agriculture et biotechnologies 2 455 5,5 %

3. Technologies de l’information et de la communication 12 670 28,5 %

4. Nano-sciences, Nanotechnologies, Matériauxet nouvelles technologies de production 4 832 10,9 %

5. Energie 2 931 6,6 %

6. Environnement et changement climatique 2 535 5,7 %

7. Transports, y compris aéronautique 5 940 13,4 %

8. Sciences socio-économiques et humaines 792 1,8 %

9. Recherche en sécurité et recherche spatiale 3 960 8,9 %

En milliers d’euros 44 432 100 %

TABLEAU I Les 9 priorités thématiques du 7e programme cadre

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Architecture du 7e programme-cadre (2007-2013).

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7 ans. Il financera 9 priorités quiétaient déjà celles du PC6 (voir les 9priorités thématiques dans le tableau Ici-avant). Il s’y ajoute la recherche ensécurité. Ce programme sera piloté surla base d’un cadrage général dedépart, complété par une programma-tion annuelle fine inscrite dans des« programmes de travail ». Ceux-ciseront fortement influencés par les tra-vaux menés par les plates-formestechnologiques européennes (ETP).Cette construction des priorités quiplace au premier rang les attentes desprincipaux acteurs d’un domaineconstitue une véritable révolutioncopernicienne. Au siècle précédent,les priorités des programmes cadresétaient négociées par les administra-tions nationales dans une logique demarchandage global dans laquellel’enjeu scientifique, technologique oud’innovation venait après la défensedu statu quo. Cette fois encore, les PME constituentune préoccupation majeure de larecherche communautaire. L’objectifprincipal est de favoriser la participa-tion des plus technologiques d’entreelles aux grandes filières technico-éco-nomiques financées par la CE. Pour le plus grand nombre des PME,celles qui ont surtout à s’adapter auxexigences du développement durableet à une compétition mondiale de plusen plus vive, la « recherche coopérati-ve » est l’instrument de financementprivilégié. Il permet à un groupe dePME de sortir du carcan des petitesinnovations, celles qui dégagent troppeu de marges pour financer l’inves-tissement suivant. L’impressionnantsuccès de candidature de ce dispositifdans le PC6 a conduit la CE à multi-plier son budget par 2,5. Il financerala recherche coopérative et larecherche collective, 2 déclinaisonsvoisines selon la taille du groupementd’entreprises. Les régions innovantes aussi sontappelées à renforcer leurs participa-tions. La CE estime que les réseaux derégions sont particulièrement bienplacés pour proposer et initier de nou-velles formes de partenariat quiconstituent des alternatives innovantesà la délocalisation des outils de pro-duction.

Priorités aux stratégiesd’innovation des acteursdes ETP

Les plates-formes technologiqueseuropéennes (ETP) sont des coordina-tions d’acteurs souvent orientées parune fédération industrielle européen-ne. Dans une ETP, les entreprises, orga-nismes de recherche et utilisateursmajeurs concernés par une technolo-gie particulière élaborent une visionpartagée de l’avenir de leur technolo-gie, à 15 ou 20 ans. Puis, ils définis-sent un agenda de recherchestratégique (SRA), c’est-à-dire lafeuille de route pour aller de l’existantaux objectifs définis dans la vision.Les besoins de recherche ainsi élabo-rés et exprimés collectivement sontceux que la Commission européenneet les gouvernements nationaux sontinvités à co-financer avec le secteurprivé.En deux ans, la soif d’Europe a été siforte qu’une quarantaine de secteurstechnologiques se sont organisés decette manière ou s’y préparent très acti-vement. Le processus est toujours initiépar un groupe de personnalités repré-sentant les principaux acteurs. Puisceux-ci créent une première plate-forme à laquelle toutes les principalesparties prenantes sont invitées à sejoindre.La durée du PC7, 7 ans contre 4 pourses prédécesseurs, rend plus vitaleencore la révision annuelle des prioritésthématiques qui doivent être financéespar l’UE. Dans les domaines où il auraété élaboré, l’agenda de recherche stra-tégique influencera le choix des thèmesqui seront financés par la recherchecollaborative.

Repenser l’inter-gouvernemental et favoriser l’initiativetechnologique conjointe L’approche intergouvernementale « clas-sique » comporte d’importants freins àla croissance : elle stimule l’inflationadministrative et en répartit la chargedans plusieurs pays faisant du mêmecoup exploser les coûts de lobbyingpour les grands acteurs. Mais surtout,en maintenant une mosaïque de moda-lités d’intervention, elle diminue lepouvoir de régulation de l’innovationpar les marchés. Chaque administration est alors tentéede renforcer « les siens » fut-ce au détri-ment des chefs de file européens lesplus compétitifs. Cette crispationmêlant corporatisme et ligne Maginotproduit des résultats technologiques etéconomiques toujours limités. En effet,aucun Etat européen ne dispose des res-sources suffisantes pour espérer finan-cer la totalité de l’investissementnécessaire au maintien d’une positionde pointe dans une technologie majeu-re. Dans le PC7, l’intergouvernementalprendra la forme de coopérations ren-forcées entre pays qui ont la volonté depoursuivre des objectifs communs avecdes instruments de soutien similaires.Le périmètre des partenariats pertinentsest à définir au cas par cas. L’ouvertureà d’autres pays qui voudraient rejoindrele club initial confirmera le rôle pion-nier de ce groupe noyau. La Commission européenne proposedésormais une gamme complète d’ou-tils permettant toutes les géométries departenariat et toutes les flexibilités degestion que les décideurs peuvent sou-haiter. Ils vont du minimum prévu par

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Par décision conjointe du Conseil et du Parlement européens :Article 169 du traité CE

« Dans la mise en œuvre du programme cadre pluriannuel, la Communautépeut prévoir, en accord avec les Etats membres concernés, une participa-tion à des programmes de recherche et de développement entrepris parplusieurs Etats membres, y compris la participation aux structures crééespour l’exécution de ces programmes ».

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la mise à jour du traité en cours de rati-fication, c’est-à-dire la coordinationdes politiques nationales par l’échanged’information grâce au dispositif« Eranet » et, dans le PC7, « Eranet+ »lorsque la coordination inter-pro-grammes décide de se doter d’un fondsgéré en commun jusqu’à l’intégrationdans une gestion unifiée d’unensemble de programmes nationaux –au titre de l’article 169 du traité de l’UE(voir encadré). Ces différents instru-ments permettent la coordination àgrande échelle des programmes natio-naux. Les possibilités sont nombreuses maisla tendance est sans ambiguïté à l’inté-gration et à la coordination systéma-tique des initiatives régionales,interrégionales, nationales, plurinatio-nales.Repenser l’intergouvernemental n’estqu’une étape. La CE ouvre égalementdes voies pour repenser l’investisse-ment conjoint entre le secteur public etle privé.La compétitivité européenne dépend deplus en plus de la capacité des investis-sements publics à mobiliser un volumecroissant d’investissements privés. Ilfaut recréer une préférence pour l’in-vestissement à forte valeur ajoutée enEurope. Dans le PC7, l’instrument privi-légié pour coordonner les investisse-ments privés et les engagementscommunautaire et nationaux est l’initia-tive technologique conjointe (JTI). Ellesoutient des innovations industriellesambitieuses capables de renouveler lesspécialités de l’Europe.Lorsque dans l’une des 9 priorités thé-matiques tout ou partie d’un agenda derecherche stratégique rencontre despriorités de recherche financées par

certains Etats membres, les JTI ont l’ob-jectif d’organiser et de coordonner lesfinancements et d’y ajouter un investis-sement substantiel du PC7 (voir l’enca-dré sur les critères de sélection d’uneJTI).Les JTI sont le pendant communautairedes idées proposées par le premier rap-port Beffa, en 2004. Leur articulationavec les programmes de l’agence del’innovation industrielle, les politiquesde pôles de compétitivité et de clustersrégionaux français inaugurent des pos-sibilités d’alignement mutuel des poli-tiques françaises et européennes, debon augure si les principes de gestion etde mise en œuvre sont cohérents (voirarticles 171 et 172 du traité CE dansl’encadré ci-contre).

Création d’un Conseileuropéen de la recherche

L’innovation n’est pas une dérivée dela recherche et la CE a décidé de créerun programme dédié à la rechercheguidée par l’exploration des connais-sances, non par les finalités poten-tielles. L’objectif est de donner de lavisibilité et de financer les meilleureséquipes européennes, au sein des dis-ciplines ou entre plusieurs disciplinesdans les domaines de recherche lesplus prometteurs, en dehors de touteréférence aux thématiques prioritairesde l’UE.Un Conseil européen de la recherche(ERC) sera créé à l’été. Composé descientifiques à la réputation incontes-tée, couvrant tous les champs discipli-naires mais ayant aussi des expériencesplus larges de promotion, d’organisa-tion, de gestion ou d’exploitation de la

recherche il proposera un programmede travail à la CE. Elle en confiera lamise en œuvre à une agence exécutivecommunautaire.Ce conseil scientifique européenpourrait réunir une vingtaine de scien-tifiques de haut vol. Il devra établir lastratégie scientifique, les principes desélection des équipes candidates, degestion, de suivi et de contrôle de laqualité des travaux financés par la CE,de communication et de dissémina-tion des connaissances produites versla communauté scientifiques. L’ERCproposera des modes d’attribution deprimes à des équipes assez différentsdes autres dispositifs du PC7. Le rôlede la CE se réduira à garantir l’auto-nomie et l’intégrité de l’ERC.Par ailleurs, chacune des 9 prioritésthématiques réservera une part de sonbudget aux recherches d’avenir etémergentes dans des technologies debase. Dans le PC6, le programme surles technologies de l’information et dela communication consacre déjà 9 %de son budget à ces technologies.

Un budget triplé Le PC7 attend du Conseil et duParlement européens qu’ils confirmentla priorité accordée à la recherche et àl’innovation pour renforcer la croissan-ce économique et l’emploi en Europe.La CE demande donc un accroissementdu budget du PC7 de 1,6 milliard d’eu-ros par an pendant les 7 ans de ce pro-gramme cadre. Le budget annuelpasserait ainsi de 5,8 milliards d’eurosen 2007 à 15,4 milliards en 2013, soitune multiplication par un facteur de 2,7(voir le tableau II ci-après).Avec en moyenne 10 milliards d’eurospar an, contre 5 précédemment, le PC7(2007-2013) doublerait son budget etmarquerait, s’il est adopté dans lestermes proposés par la CE, une rupturedans l’ordre des priorités du budget del’Union.L’analyse d’impact potentiel, préalableobligatoire à toute proposition législati-ve de l’Union européenne examine etécarte deux autres options : supprimerle financement communautaire pourtout concentrer au niveau national etpoursuivre les politiques en cours àbudget constant.

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Les critères de sélection d’une JTI :

- engagement financier important de l’industrie ;- impact industriel notable et mesurable- contribution significative à la réalisation d’objectifs publics ;- capacité à lever des contributions nationales et des fonds privés supplé-mentaires ;- réelle valeur ajoutée d’une coordination à l’échelle européenne ;- impossibilité d’atteindre les objectifs au moyen des projets habituels de laCE.

Les JTI sont l’une des modalités d’organisation de la recherche en collabo-ration.

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Des priorités de recherche définies auplus près des acteurs majeurs, des pro-grammes nationaux plus coordonnés etplus cohérents, une recherche aux fron-tières de la connaissance mieux recon-nue, une innovation industrielleporteuse d’emploi et de progrès socialconstituent un ensemble capable dechanger la place de l’Europe dans lemonde. Un budget doublé en est lacondition. Un compromis financier aunom des acquis de l’un des Etatsmembres ou de la politique favorited’un autre ne conduirait pas à un bud-get moindre, il déboucherait sur uneaction d’une nature différente, unesimple poursuite des efforts en cours.Or, une politique publique plus ambi-tieuse qui facilite l’accroissement del’investissement privé est un impératifabsolu tant il est évident que l’effort àréaliser est si considérable que les pou-voirs publics communautaires, natio-naux et régionaux ne pourront yprétendre s’ils n’entraînent pas aussil’investissement privé de recherche. Réviser à la baisse les propositions de laCE assurerait une inefficacité prolongéesur 7 ans et des dégâts d’autant plusimportants que d’autres régions dumonde n’auront pas attendu.

Simplification et externalisation de la gestion administrativeLa simplification et la rationalisationdes procédures de gestion de la CE estl’une des priorités affichées du PC7.Plutôt qu’une solution miracle, les ser-vices de la CE proposent d’améliorerchaque étape du processus depuis lacandidature jusqu’à la signature et lesuivi de la convention de prime(contrat) afin d’instaurer un dispositifallégé et plus efficace.Ils proposent de réduire le volume desdemandes d’informations émanant dela CE, de simplifier la phase de négo-ciation, en particulier en renforçant le

droit des consortiums à évoluer ou àréaffecter les tâches en cours d’exécu-tion du projet, en toute autonomie.Pour assurer une saine gestion, la CErenforcera les certificats d’audits et lescontrôles de gestion en fin de projet.Pour les réseaux d’excellence, cesregroupements de laboratoires derecherche associés dans un partenariatintégré de longue durée, la CE finance-ra les participants de façon forfaitaire,en lieu et place du système de rem-boursement de coûts qui s’avèrent diffi-ciles à isoler dans les comptes desbénéficiaires.D’autres moyens sont prévus pourréduire les délais de mise en œuvre. Ilsconsistent à modifier le mode d’infor-mation des comités de programmecomposés des représentants des Etatsmembres pour que cette opération neretarde plus la signature des contrats.Enfin toutes les directions de la CE met-tant en œuvre des activités derecherche interprèteront et applique-ront les dispositions légales et les pro-cédures de la même façon, lesutilisateurs ayant fait valoir que la situa-tion du PC6 n’était pas satisfaisante àcet égard. La CE étudie aussi la possibilité de sim-plifier les processus en s’appuyantdavantage sur la comptabilité généralepar projet des participants plutôt quesur des régimes de coûts artificiels, telsqu’ils existent dans le PC6, en pré-voyant des forfaits (limités) pour les casoù les systèmes comptables s’avèrentincapables d’affecter certaines catégo-ries de dépenses aux projets.Elle envisage enfin de simplifier lefinancement des projets en appliquantpurement et simplement les réglemen-tations internationales qui définissentles taux d’aide par activité, sans ajouterune réglementation européenne auxaccords internationaux. Chaque projetserait ainsi au moins autant soutenuque dans les règles actuelles. Pour mettre en œuvre ces orientations,la CE propose de séparer les fonctions

de stratégie et de direction, des tâchesd’exécution qui seront systématique-ment décentralisées. La décentralisa-tion du budget s’effectuera dans une,voire deux agence(s) exécutive(s) com-munautaire(s). La CE exclut en effettoute délégation à une agence ou à unorganisme national.Les tâches effectuées par cette agencene seront pas les mêmes dans toutes lesactivités. Dans la recherche aux fron-tières de la connaissance, elle traitera latotalité de l’administration du program-me et la mise en œuvre des primes indi-viduelles qui seront décidées par la CEsur proposition de l’ERC. Dans le grandprogramme de recherche en coopéra-tion, elle concentrera son action sur lamise en œuvre d’appels de propositionset l’organisation de l’évaluation. Dansles actions PME, elle couvrira la totalitédes opérations administratives avant etpendant le contrat.En complément, des structures ad hoc,constituées au cas par cas pour assurerla gestion d’une JTI ou d’un programmenational intégré (art. 169) devraient êtreconduites à gérer jusqu’à 20 % du bud-get de la recherche en coopération. Enfin, pour certaines actions sur lamobilité des chercheurs co-financéesavec les Etats membres, la gestion seradécentralisée auprès des opérateursnationaux de ces procédures.

Vers un passage à la vitesse supérieure ?

Le Conseil et le Parlement européensdoivent encore adopter 3 textes de loiselon la procédure dite de la co-déci-sion pour que cette dynamique decroissance et de renouveau puisse sedéployer : - les perspectives financières, c’est-à-dire le budget de l’UE pour les 7 ans àvenir, de 2007 à 2013 ;- le PC7 et le programme compétitivitéet innovation – CIP pour l’innovation ; - et enfin, les règles de participation etde diffusion des résultats du PC7.Les présidences luxembourgeoise etbritannique en 2005, autrichienne etallemande en 2006 parviendront-elles àfaire de la construction de l’Espaceeuropéen de la recherche et de l’inno-vation le principal moteur de la crois-

18 A n n a l e s d e s M i n e s

TABLEAU IIUn budget triplé en 7 ans

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

5,7 7,2 8,7 10,3 12,0 13,6 15,4

(en milliards d’euros)

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sance ? Si oui, le 7e programme cadre etses règles de participation seront adop-tés en juillet 2006. Viendront ensuitel’adoption par le Conseil européen des7 programmes spécifiques, puis celledes programmes de travail par laCommission européenne. Les premiersappels de propositions du 7e program-

me cadre seraient alors ouverts fin 2006et clos au printemps 2007. Ou bien, lesscénarios de compromis, compromet-tront-ils l’avenir ?Dans le PC6, les taux de réussite desFrançais sont, en règle générale, trèssupérieurs à la moyenne européenne età celle de leurs grands concurrents.

Cette caractéristique révèle qu’ils ontété bien informés des modalités de par-ticipation aux programmes communau-taires. Elle se vérifie autant chez lesétablissements publics que dans lesentreprises. Tous ont pris pour option deprofessionnaliser leur démarche et dene s’engager qu’à la condition de dis-poser de chances raisonnables de suc-cès. L’orientation très professionnaliséedu PC7 devrait leur convenir et leurpermettre de passer à la vitesse supé-rieure en systématisant les bonnes pra-tiques des porteurs de projets du PC6. L’influence des opérateurs français seconstruirait alors de manière très décen-tralisée, au contact des réalités euro-péennes et mondiales. Tout est en place,mais les administrations nationales et lespolitiques accepteront-ils ces nouvellesresponsabilités européennes ? •

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Par des dispositions arrêtées par le Conseil :

Article 171 du traité CE« La Communauté peut créer des entreprises communes ou toute autrestructure nécessaire à la bonne exécution des programmes de recherche,de développement technologique et de démonstration communautaire. »

Article 172Le Conseil statuant à la majorité qualifiée sur proposition de laCommission et après consultation du Parlement européen et du Conseiléconomique et social, arrête les dispositions visées à l’article 171.

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20 A n n a l e s d e s M i n e s

L e s e n j e u x

Les caractéristiques particulièresde l’industrie pétrolière – très

lourds investissements, relative-ment faible intensité salariale –

lui font préférer les partenariatsspécialisés, avec d’autres pays

développés, aux grands réseauxmultinationaux développés par

les industries à fort taux demain d’œuvre comme l’électro-

nique ou l’informatique.

par Claude Jablon,Directeur scientifique, Total

I l ne se passe pas de jour où l’on nemette pas la globalisation des acti-vités industrielles au premier rang

des grands facteurs d’évolution, soitpour en vanter les mérites dans l’uni-vers culturel néo-libéral, soit au contrai-re pour lui faire porter la responsabilitéde tous les maux. Je souhaite ici mon-trer, à la lueur de l’expérience du grou-pe industriel français Total, les réalitéset les limites de ces concepts, au moinsdans les activités qui sont les nôtres.Total est un grand groupe pétrolier etchimique, ayant des positions concur-rentielles fortes dans tous ses domainesd’activité. Certes, l’activité d’explora-tion-production pétrolière est parconstruction globale : d’une part, les

hydrocarbures sont recherchés puisexploités là où la géologie les a accu-mulés et de l’autre, le pétrole est lemodèle même d’un produit dont lemarché est mondial.L’existence de grands marchés interna-tionaux place également les activités deraffinage et de chimie à l’échelle plané-taire, même si les implantations indus-trielles y sont encore souventl’aboutissement d’une histoire com-plexe, et si la lourdeur des investisse-ments fait que les évolutions de cesimplantations restent plus lentes quedans d’autres domaines industriels.Toutefois, l’expérience observée chezles grands opérateurs pétroliers et chi-miques, et confortée en interne, est quetoutes les activités ne se délocalisentpas. En particulier, la fonction derecherche et développement (R&D) ades spécificités qui lui conserve encoreune forte base nationale..

Le poids des couplagesdans la structuration de la R&DAlors qu’il y a encore quelques années,la R&D des entreprises pouvait donnerl’impression de jouir d’une certaineautonomie, il est frappant de voir à quelpoint elle est aujourd’hui partie prenan-te dans un certain nombre de couplagesforts, qui la structurent de façon mar-quée.Le plus important de ces couplages estcelui qui s’exerce avec la stratégie del’entreprise. Si son importance paraîtévidente aujourd’hui, sa pleine réalisa-tion n’a pas toujours été la règle – et ona même parfois été jusqu’à imaginer

que la R&D pourrait définir la stratégiede l’entreprise. Elle peut certes contri-buer à sa définition, mais en tout état decause, l’entreprise doit d’abord savoirce qu’elle veut faire, et ensuite déclinerles orientations prises entre ses diffé-rentes fonctions, dont la R&D.La R&D doit ensuite être fortement cou-plée à l’environnement de l’entreprise,en particulier à l’environnement régle-mentaire ou législatif. Dans un domai-ne éloigné du notre, la délocalisationdes activités des recherches pharma-ceutiques de l’Europe vers les Etats-Unis est certes due au poids desmarchés respectifs sur lequel nousreviendrons plus tard, mais elle pro-vient aussi d’un certain nombre decontraintes réglementaires, voire cultu-relles (objections à l’expérimentationanimale, frein aux opérations de géniegénétique). Il est probable que le poidscroissant des contraintes pesant sur l’in-dustrie chimique en Europe (projetREACH par exemple) constituera àl’avenir une motivation de délocalisa-tion, non seulement des activités indus-trielles, mais aussi de celles de la R&Ddans ce domaine. La R&D doit naturellement être coupléeavec les marchés de l’entreprise. Cecouplage est à la fois la plus facile àréaliser, mais en même temps le plustrompeur. En effet, il est naturellementassuré par les centres de profit qui sontà l’écoute de leurs clients, et qui sontles meilleurs vecteurs de remontée d’in-formations de la part de ceux-ci.Toutefois, les informations ainsi obte-nues ne fournissent que des idéesd’amélioration incrémentales : les rup-tures en matière de R&D ne sont quetrès rarement venues du marché – ou,

La coopération internationaledans l’industrie pétrolière : prêt-à-porter

ou haute couture ?

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pour être plus précis, elles étaientcachées dans une foule d’informationsplus ou moins contradictoires, très diffi-ciles à décoder efficacement. Soyonsdonc à l’écoute des marchés, mais n’enattendons pas de véritables ruptures.Dans certains cas la notion de marchépeut avoir une significationparticulière : dans l’exploration-pro-duction pétrolière, ce n’est pas du mar-ché pétrolier que viendront lesinformations pertinentes pour la R&D,mais des filiales opératrices, qui sont lesvéritables clients internes des résultatsde recherche.Dans le raffinage,les produits princi-paux sont les car-burants pour letransport. Ceux-ci ont des propriétés,voire des compositions très étroitementréglementées. Il ne faut donc pas attendre du marchédes carburants beaucoup d’indicationspour la R&D, sinon sur les grands équi-libres : dans le cas de l’industrie pétro-lière, le marché européen est de plus enplus demandeur de gazole alors que lemarché nord-américain est très frianden essence, avec les conséquences quecela implique sur les schémas du raffi-nage. Ces grands facteurs affectent tousles acteurs de la même façon et neconstituent donc pas un réel facteur dedifférenciation entre concurrents.

Dans les métiers du raffinage, la diffé-renciation vient des performances tech-niques des installations industrielles,qui sont donc les vrais clients de laR&D. Dans cette course à la perfor-mance technique, un rôle majeur estjoué par les catalyseurs utilisés dans lesraffineries. Le partenariat techniqueavec les fabricants de catalyseurs estdonc un élément-clé de la R&D dans leraffinage.De façon plus générale, les couplagesavec les fournisseurs constituent un ins-trument majeur de la R&D dans le

domaine pétrolier.Ces couplages nesont pas simples àmettre en place,car les intérêts des

parties sont contradictoires : le pétroliersouhaite tirer de sa coopération unavantage de différenciation par rapportà ses concurrents, tandis que le fournis-seur désir vendre des produits à unnombre de clients aussi élevé que pos-sible.La solution trouvée consiste en généralà donner au partenaire pétrolier un petitavantage dans le temps, en permettantensuite au fournisseur de proposer lerésultat de la coopération à l’ensembledu marché.La mise au point pratique de ce typede relations est assez complexe,même lorsqu’il ne s’agit que de rédi-

ger un contrat entre deux partenaires.Ceci explique que notre industriereste plutôt réservée vis-à-vis desgrands réseaux d’excellence prônéepar l’Union européenne, car noussavons d’expérience que leur mise surpied pratique exige un travail d’autantplus considérable que le nombre departenaires est élevé. Une autre difficulté présentée par cesgrands réseaux est qu’il est difficile d’ydéfinir un responsable au sens indus-triel du terme, alors que les relationsbilatérales permettent de délimiter trèsclairement les responsabilités et lesapports de chacun.Pour conclure sur cette question descouplages, mentionnons une autreformule qui est très largement utiliséepar l’exploration-production pétroliè-re. Celle-ci est caractérisée par le faitque les projets industriels associentsystématiquement des concurrentsentre eux, l’un deux étant choisicomme opérateur du projet. Cette tra-dition d’association conduit à cequ’une partie importante de la R&Dsoit conduite sous la forme de JointIndustrial Projects (JIP) dans lesquelsun opérateur propose à l’ensemble del’industrie un programme derecherche financé prioritairement parles partenaires pétroliers, en généralconcurrents entre eux. L’opérateurpeut-être soit fournisseur de services,soit une société de recherche souscontrat, soit encore une institutionacadémique.

Comment choisir ses partenaires ?

Le bon choix d’un partenaire dépendd’un certain nombre de critères, dontcertains sont d’ailleurs évidents.Le partenaire doit avoir un bon niveaude compétence technique et être réelle-ment complémentaire, afin d’éviter desconcurrences inutiles. Ici encore, onpeut s’interroger sur l’efficacité degrands réseaux où participent deséquipes ayant des compétences simi-laires.Les aspects pratiques jouent évidem-ment un rôle important : à titred’exemple, une partie importante deslaboratoires de recherche de Total étant

La R&D doit naturel-lement être couplée avec lesmarchés de l’entreprise

GOCAD, un logiciel de modélisation géologique

Après être devenu l’outil indispensable pour effectuer les interprétationsde la sismique et pour prévoir les écoulements des fluides dans les réser-voirs pétroliers, les techniques de modélisation ont commencé à être utili-sées en géologie pour les travaux s’efforçant de relier les connaissancespurement géologiques (pétrographie, stratigraphie) aux propriétés desréservoirs.De nombreux outils spécifiques ont vu le jour à la fin des années 80,posant très rapidement la question de leurs interfaces avec des bases dedonnées existantes, ainsi que leur interopérabilité. Ces circonstances ont conduit Jean-Laurent Mallet, chercheur du CNRS aucentre de recherches pétrographiques et géochimiques à Nancy, à propo-ser la conception d’un modèle informatique s’appuyant sur le raisonne-ment du géologue pour représenter le sous-sol.La plupart des acteurs de l’industrie pétrolière mondiale ayant étéconvaincu de l’intérêt de ce projet, un consortium a été créé en 1995pour développer les idées de J.L. Mallet et les industrialiser.Dix ans plus tard, le système GOCAD est devenu la référence indiscutéedans le monde pétrolier. Il est distribué par une petite société créée à ceteffet à Houston et continue son développement avec succès.

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22 A n n a l e s d e s M i n e s

implantés en France, il est logique quebeaucoup de partenariats soient nouésavec des instituts ou des établissementsacadémiques français.Pour la même raison, nous avons choisid’implanter un certain nombre de petitscentres scientifiques dans les paysimportants du point de vue pétrolier,afin de pouvoir monter facilement descoopérations locales, mais suivies parl’ensemble de la recherche de l’entrepri-se. Aujourd’hui, nous avons donc troisimplantations ayant cette mission d’ou-verture au partenariat à Aberdeen(Grande-Bretagne), Stavanger (Norvège)et Houston (Etats-Unis). Un quatrièmecentre est prévu à Calgary (Canada),haut lieu de la connaissance sur leshuiles lourdes et les sables bitumeux.Le contexte culturel et contractuel joueégalement un certain rôle : c’est ainsiqu’à compétence égale, nous donne-rons la préférence à une équipe avecqui les relations sont plus faciles, ycompris dans la rédaction du contratcorrespondant.De ce point de vue, la multiplicationdes structures de valorisation dans lesuniversités n’estpas toujours syno-nyme d’efficacité,et elle nousconduit parfois àrenoncer à unecoopération, faute de trouver rapide-ment un terrain d’entente avec les res-ponsables juridiques.Sous-tendant la question de la globali-sation, l’argument des coûts est sou-vent avancé pour expliquer quecertaines entreprises internationalesdélocalisent leurs forces d’étude,voire de recherche, dans des pays àbas salaires tels que l’Inde ou laChine. Mais la question ne se posesans doute pas dans les mêmes termesdans les industries à fort taux de main-d’œuvre comme l’électronique oul’informatique et dans des industries

de procédés comme les nôtres, où laplus grosse partie des dépenses portesur les très lourds investissementsindustriels que nous sommes amenésà faire.On notera ensuite que, dans nosmétiers, le couplage de la R&D avec les

autres fonctions del’entreprise et avecles fournisseurs estsi fort que desdélocalisations ris-quent de conduire

à des inefficacités dans le travail, àcomparer à des gains financiers sommetoute assez mineurs.La situation est naturellement différen-te dans des entreprises d’ingénierie oubien lorsque l’entreprise souhaite serapprocher de ses marchés finaux, parexemple dans les produits de grandediffusion. Ceci peut expliquer que desentreprises telles que Schlumberger,General Electric ou Unilever onteffectivement créé de gros labora-toires de recherche en Chine, alorsqu’aucun producteur pétrolier n’a jus-qu’ici décidé de le faire.

Du sur mesureLa R&D industrielle ne se pratique pas àpartir de schémas généraux, applicablesà toutes les activités et dans toutes les cir-constances. Elle doit se construire endéfinissant d’abord ses objectifs par rap-port à la stratégie de l’entreprise et sesmoyens tant humains que matériels.Dans nos métiers, mais peut-être égale-ment dans d’autres secteurs, les cou-plages bilatéraux avec des partenairesinternes, fournisseurs, instituts derecherche et même concurrents inter-viennent à des titres divers et suivant desmodalités adaptées à chaque problèmeétudié. Les problématiques à la mode,telles que les grands réseaux d’excellen-ce, la globalisation et la délocalisationn’ont certainement pas le même poidsqu’ailleurs et notre expérience quotidien-ne nous rappelle que chaque opérationdoit être étudiée en profondeur : plutôtqu’un prêt-à-porter sans grande qualité,c’est du sur-mesure, voire de la haute-couture qui est à l’œuvre pour faire avan-cer nos problèmes de recherche et dedéveloppement industriels. •

Les couplages avec les four-nisseurs constituent un ins-trument majeur de la R&Ddans le domaine pétrolier

Des catalyseurs de polymérisation originaux

Les polymères de grande diffusion tels que le polyéthylène et le polypropy-lène possèdent des rapports coûts-propriétés très favorables à la fois parceque les monomères utilisés sont bon marché, et parce que les catalyseurspermettant la polymérisation sont extraordinairement actifs.L’un des outils majeurs de compétitivité est donc la recherche de nou-veaux catalyseurs, qui font appel à des structures chimiques de plus enplus complexes.Si les compétences en matière de synthèse organique se sont beaucoupréduites en Europe occidentale, la Russie a gardé un fort héritage dans cedomaine. C’est ainsi que Total entretient depuis quelques années des rela-tions suivies avec des équipes russes, qui ont permis de mettre au point etde breveter des familles de catalyseurs originaux, très efficaces et dont lecoût de production reste compétitif, malgré la complexité des structureschimiques.Joint à une très bonne maîtrise des installations de production, ce type decatalyseurs devrait à l’avenir augmenter encore les domaines d’applicationdéjà très étendu pour les polymères de grande diffusion.

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L e s d i s p o s i t i f s t r a n s v e r s e s

Une évaluation des programmesd’actions intégrées (PAI) montreque des investissements relative-

ment légers dans la mobilitéinternationale entre équipes de

recherche peuvent avoir desconséquences tout à fait béné-fiques, à la fois sur la création

de liens entre équipes, maisaussi entre administrations des

différents pays : projet bilatéral,un PAI est souvent un premier

pas vers un projet européen.Une ombre au tableau : la ges-tion implique trop d’acteurs du

côté français.

par Bastiaan de Laatet Katharina Warta,

Technopolis France

U ne « action intégrée » est unprojet bilatéral de rechercheproposé conjointement par une

équipe française et une équipe d’unautre pays, auquel les autorités fran-çaises compétentes et leurs homo-logues du pays partenaire ont accordé,après expertise, une reconnaissanceofficielle se traduisant concrètementpar des soutiens financiers d’originepublique. Ainsi sont financés les frais devoyage et les frais de séjours courts dedeux ou trois chercheurs de chaqueéquipe. Les programmes d’actions inté-grées (PAI) sont destinés aux labora-toires de recherche publics ou privés

(universités, centres et instituts, grandesécoles).L’objectif commun à tous les pro-grammes d’actions intégrées est de faci-liter et de développer une coopérationde recherche de haute qualité entre lesétablissements d’enseignement supé-rieur et de recherche et les organismesde recherche français et leurs homo-logues du pays partenaire.Cet article fait état d’une évaluation desPAI européens que nous avons réalisépour le compte du ministère desAffaires étrangères en 2002 (1).

L’évaluation des PAI européens

Le premier PAI a été lancé en 1976avec l’Espagne sous le nom de Picasso.Dix ans plus tard, le programmeProcope a été lancé avec l’Allemagne.Depuis, le nombre de PAI a fortementaugmenté, tant avec des membres del’Union européenne qu’avec des paysd’Europe centrale et orientale. On estainsi passé, entre 1993 et 2004, de 6 à15 programmes bilatéraux avec despays d’Europe de l’Ouest, en plus des16 établis avec les pays de l’ECO et despays de l’ancienne Union soviétique etla Turquie. Dans le cadre de ces 31 PAIavec les pays européens, 1 006 actionsintégrées ont été mobilisées en 2004. Ils’y ajoutent 6 PAI avec les pays de lazone de solidarité prioritaire, 8 avec lespays du Maghreb, 5 en Asie, 7 avec despays africains, et 9 avec des pays amé-ricains. En 2003, 51 PAI étaient concer-nés, ayant mobilisé au total 2460actions intégrées, y compris 202actions réparties sur la zone de solidari-té prioritaire (ZSP).Depuis le lancement du premier PAI en1976, ce dispositif a été l’objet de quatreévaluations externes, concernant les pro-grammes établis avec l’Espagne, leRoyaume-Uni et la Hongrie, ainsiqu’une évaluation portant sur l’ensembledes PAI mis en place avec les pays de

l’Union européenne (EU15) et laNorvège et couvrant la période compri-se entre 1990 et 2000 (première étudetransversale, confiée à TechnopolisFrance). Cette évaluation devait, sur labase d’études de dossiers, d’une enquê-te par questionnaire, de visites de 5 pays(Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas etPortugal) et d’études de cas, abordertrois questions principales :- la production d’un « tableau com-plet » des PAI européens sur la périodecomprise entre 1990 et 2000 ;- la réalisation de l’évaluation selon lescritères traditionnels d’évaluation : per-tinence, cohérence, efficacité, efficien-ce, pérennité ;- la formulation de conclusions et derecommandations.Pour les projets antérieurs à 1999, le« tableau complet » n’a pu intégrer quedes informations synthétiques, dispo-nibles dans des rapports annuels, qui necouvrent que la période à partir de1993. En revanche, avec un taux deretour supérieur à 50 %, l’enquête s’estavérée être un succès, pouvant pré-tendre à une bonne représentativité.Elle complète ainsi le dossier avec desinformations concernant notamment letype de coopération établie et les résul-tats des programmes.Les résultats de l’enquête menée dansle cadre de l’évaluation des PAI euro-péens en 2003 ainsi que les témoi-gnages recueillis lors des entretiensavec des participants dans le cadre decinq études de cas convergent vers leconstat que ce dispositif d’aide est glo-balement apprécié par les chercheurs etque les coopérations sont fructueuses.Le financement du PAI, même s’il estrelativement faible (2), est une condi-tion nécessaire à la réalisation du projet

Les programmes d’actions intégrées

(1) DGCID : Programmes de recherche bilatérauxen Europe. Evaluation rétrospective des pro-grammes d’actions intégrées (PAI) avec les pays del’Union européenne et de la Norvège (1990/2000).http://www.gouv.fr/cooperation/dgcid/publica-tions/evaluations/(2) Le budget moyen par projet et par an varie dansla plupart des cas, de 1 000 à 3 500 euros.

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tel qu’il a été prévu. Un projet sur cinqaurait été entièrement abandonné sansle PAI, les autres auraient été retardés,menés sous une forme plus réduite, ouétalés dans le temps. Pourtant, les PAIsont utilisés par des équipes ayant l’ha-bitude d’obtenir des fonds contractuels,tant via des contrats privés (3) que desprojets internationaux (4). Le finance-ment PAI a donc une fonction de « finan-cement de niche » importante.La majorité des laboratoires ontd’ailleurs mené plus d’un projet PAI.Ainsi, 58 % des responsables de projetsindiquent que leur laboratoire a partici-pé, depuis 1990, à d’autres pro-grammes bilatéraux de type PAI avecd’autres pays et 36 % que leur labora-toire a réalisé au moins un autre projetdans le cadre du PAI sur lequel ils ontété interrogés (5). Cependant, pour60 % d’entre eux, le projet PAI en ques-tion est le premier projet PAI qu’ilsmènent en partenariat avec le paysconsidéré. Il s’agit donc en grande par-tie de « récidivistes partiels », qui utili-sent le même dispositif dans unnouveau contexte.

Développer les liens et les initiatives, promouvoir l’excellencescientifique

L’un des objectifs assignés des PAI étaitde faire en sorte que la France dispose« d’un instrument souple permettant ànos équipes de recherche de se consti-tuer et de maintenir un « portefeuille »

de coopérations avec les meilleurslaboratoires européens (6) ». A cetégard, il s’avère que les PAI permettenteffectivement de maintenir, approfon-dir, voire diversifier des liens préexis-tants, antérieurs aux projets soutenus.Près de la moitié des équipes se lan-cent, via leur projet PAI, dans une nou-velle coopération, même si la majoritéd’entre elles nourrissaient déjà descontacts initiaux (c’est-à-dire. sans tra-vail commun) avec leur équipe parte-naire. Inversement, dans un peu plus dela moitié des cas, le PAI finance doncdes projets decoopération entredes équipes ayantdéjà entretenu desrelations profes-sionnelles développées. En dehors desliens de coopération établis entreéquipes de recherche, les études de casont montré que certains projets PAI ser-vaient davantage à maintenir un lienétabli au niveau personnel, parexemple pour un chercheur ayant passéun long séjour de formation ou de tra-vail dans le pays partenaire.L’ouverture vers le multilatéral a été,dès le début, un objectif des PAI. Cetobjectif politique est partagé par unebonne partie des laboratoires : dans40 % des cas, la préparation d’une pro-position au programme cadre européenfait partie des motivations des partici-pants au PAI. En outre, 21 % des projetssont effectivement prolongés dans lecadre d’un programme de l’Unioneuropéenne, les 3/4 d’entre eux étantréalisés sur la base d’un partenariatélargi. 8 % des projets se prolongent

dans le cadre d’un autre programmeinternational, là aussi majoritairementsur la base d’un partenariat élargi.Il se trouve en effet que, dans 10 % desprojets PAI, est déjà associé un troisiè-me partenaire d’un troisième pays.La grande majorité (73 %) des labora-toires interrogés dans l’enquête 2002participent par ailleurs à des projetsfinancés par la Commission européen-ne.Les PAI ont pour mission de « dévelop-per la mobilité et la formation par larecherche de jeunes scientifiques, les

publications com-munes, les thèsesen cotutelle ou enalternance ». Surce point, les résul-

tats tangibles des PAI ressortent commeparticulièrement positifs eu égard aufinancement très limité qui leur est attri-bué. Dans plus de quatre projets surcinq, les chercheurs disent avoir aboutià un ou plusieurs articles dans desrevues à comité de lecture, les actes deconférences sont le deuxième résultatmentionné, suivi par les contributions àune thèse (7). Ceci indique que les PAI

L’ouverture vers le multi-latéral a été, dès le début, un objectif des PAI

Fig. 1. - Participation des laboratoires à d’autres projets bilatéraux de recherche.Source : Enquête Technopolis, 2002.

(3) 64 % des laboratoires bénéficient de contratsindustriels.(4) Selon les responsables de projets PAI, 73 % deslaboratoires participent à des projets financés par laCommission européenne.(5) Il est peu surprenant que ce taux dépasse lamoyenne dans les deux programmes les plusanciens, Picasso (48 %) et Procope (51 %). Enoutre, les programmes Platon, Galilée et Tournesolfrançais ont des taux de « récidivistes » élevés (43,44 et 38 % respectivement). (6) MAE, Direction de la coopération scientifique ettechnique, Note : Réflexions et propositions pourles « programmes d’actions intégrées », Paris, le 7janvier 1998. (7) 67 et 60 % des cas respectivement.

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sont effectivement l’occasion de tra-vaux de recherche sérieux et de qualité. Outre les financements de base dulaboratoire, 38 % des équipes interro-gées avaient demandé des finance-ments complémentaires à ceux fournispar le PAI. La plus grande partie de cesfinancements proviennent de l’institu-tion d’appartenance du laboratoiremais 7 % des équipes ont obtenu unfinancement de l’Union européenne.Les deux objectifs d’attirer des jeuneschercheurs et de promouvoir l’excellen-ce scientifique peuvent paraître délicatsà concilier. Pour l’instant, le deuxièmeargument domine encore dans la consti-tution des équipes. Ainsi, une équipe secompose en moyenne d’un professeurou directeur de recherche, d’un maîtrede conférence ou chargé de rechercheet d’un jeune chercheur (doctorant,post-doctorant ou stagiaire). Cependant,la taille moyenne varie d’une personneet demie (Aurora) à presque quatre per-sonnes (Procope) entre les différentsprogrammes. La probabilité d’une parti-cipation d’un jeune chercheur augmen-te alors avec la taille de l’équipe. Lapremière place est très souvent réservéeà un professeur ou directeur derecherche, la deuxième est souvent attri-buée à un maître de conférence ouchercheur associé ; ce n’est que dans lesprogrammes où le nombre moyen departicipants dépasse 2,5 que la partici-pation d’un jeune chercheur devientune option souvent rencontrée. Le soucid’impliquer davantage de jeunes cher-cheurs pourrait donc suggérer de s’assu-rer d’une taille minimale des projetssoutenus. Il existe également d’autresinitiatives plus proactives, impliquantexplicitement les jeunes chercheurs enles invitant à déposer un projet PAI sousleur propre responsabilité (8).

Un dispositif homogèneavec des programmes particuliersLes PAI sont des programmes bilaté-raux et chaque programme a ses parti-cularités, qui s’expliquent souvent parle contexte du système de recherchedu pays partenaire ou par sa volontépolitique et son fonctionnement insti-tutionnel.

Dans le cadre de l’évaluation des PAIeuropéens, les résultats de l’enquêteont été déclinés pour chaque program-me ; cinq programmes ont ensuite étéanalysés avec plus de détails (9).Ces études montrent des variationsconsidérables d’un programme àl’autre : ainsi, concernant l’initiation àla création de nou-veaux liens, onremarque que lapart des projetsqui associent deséquipes n’ayantpas antérieurement établi de relationsprofessionnelles peut atteindre plus de60 % dans certains programmes (10),tandis que dans d’autres, plus des deuxtiers des équipes avaient déjà coopéréavec leur partenaire du projet PAI (11).Nos entretiens ont permis de com-prendre que le contexte socio-poli-tique, et notamment le degré dedéveloppement du système derecherche, marquent fortement les PAI.En Grèce et au Portugal par exemple, lebudget national de recherche est trèsfaible par rapport à la moyenne euro-péenne et est pour une grande partiealimenté par les fonds structurels euro-péens, à travers le cadre européen d’ap-pui. Pour ces deux pays, l’accueil enFrance de chercheurs ayant dû s’exilerpour fuir la dictature et, plus tard, lacoopération bilatérale établie pendantles années de reconstruction du systè-me de recherche ont créé des liens fortset nombreux entre des équipes de partet d’autre. Ainsi, le maintien de cesrelations est-il, pour la partie grecque,

un objectif très clair du PAI franco-hel-lénique. Au Portugal, l’importance de lafonction de formation par la rechercheest mise en avant (12).La participation de jeunes chercheursest un autre élément pouvant beaucoupvarier d’un programme à l’autre. Onnote ainsi que Van Gogh et Procope se

démarquent desautres programmespar une forte parti-cipation des jeuneschercheurs et parun âge relative-

ment bas des responsables de projets(13) ; Alliance et Ulysses peuvent éga-lement être caractérisés comme desprogrammes impliquant des « jeunes ».Inversement, les programmes Aurore,ICCTI-Ambassade (aujourd’hui Pessoa)et Platon se caractérisent par deséquipes de taille plus limitée et uneplace plus importante attribuée auxprofesseurs.Très naturellement, les différences entreprogrammes se jouent aussi au niveauinstitutionnel. Ainsi, les homologues del’administration française des PAI, quecette dernière rencontre notamment

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Attirer de jeunes chercheurs et promouvoir l’excellencescientifique sont des objec-tifs difficiles à concilier

Fig. 2. - Prolongements de la coopération bilatérale des PAI : cadre et partenaires.Source : Enquête Technopolis, 2002.

(8) Ainsi, dans le cadre du PAI franco-allemandProcope, un forum annuel s’adresse aux jeuneschercheurs et leur présente ce dispositif.(9) Notamment sur la base d’entretiens avec lesgestionnaires français et leurs homologues ou avecdes participants de part et d’autre (dans le cadredes études de cas) ainsi que sur la base de la docu-mentation trouvée dans les archives du MAE et despostes.(10) Procope, Alliance et Van Gogh.(11) Picasso, Tournesol français.(12) Selon les propos recueillis lors des entretiensdans les deux pays.(13) Âge médian : 43 et 46 ans respectivement,contre 47 en moyenne pour tous les programmes.

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lors de la réunion bilatérale annuelle desélection de projets, sont très différentsd’un pays à l’autre. Dans le cas del’Allemagne, par exemple, il s’agit del’association du responsable géogra-phique du DAAD et de l’ensemble desexperts ayant évalué les dossiers decandidature. Dans le cas italien, le seulorganisme homologue impliqué dans laconception et la gestion des PAI est laconférence des recteurs (CRUI) (14). EnGrèce, c’est leSecrétaire Généralde l’Industrie lui-même qui se jointà son équipe pourparticiper à la réu-nion de sélection.Enfin, il faut noter le cas très particulierdu programme franco-portugais, dont lasélection des candidatures est gérée parle chargé scientifique sur place.

Une gestion bureaucratiqueLes PAI suivent une procédure annuelleet un calendrier bien défini, marqué parquatre événements majeurs : uneréunion de coordination en janvier, lelancement des appels d’offres de févrierà fin mai, l’évaluation des dossiers finis-sant en septembre, et, courant octobreet novembre, les réunions bilatérales desélection qui sont précédées d’une àdeux semaines par une réunion de pré-paration pour les seuls acteurs français.Du côté français, la gestion des PAI estmarquée par une multiplicité d’acteursqui est à rapprocher du fonctionnement

général de la recherche française,impliquant dans la plupart de ses activi-tés le ministère de la Recherche, un ouplusieurs ministères techniques et lesorganismes publics de recherche. Dansle cas des PAI sont réunis : - les deux ministères qui financent lesPAI, le ministère des Affaires étrangèreset le ministère de la Jeunesse, del’Education nationale et de laRecherche ; avec deux services au

sein du MAE (laDirection de lacoopération inter-nationale à Paris etles services scienti-fiques du réseau

de coopération dans les pays parte-naires, « les postes ») ; et deux servicesau sein du MJENR (la Délégation auxrelations internationales et à la coopé-ration (DRIC), pour représenter leministère, et la Direction de laRecherche (DR), en charge d’assurerl’évaluation scientifique des projets) ;- EGIDE, organisme sous-traitant, encharge de la gestion administrative etfinancière de différents programmesd’échange et de mobilité du MAE ;- enfin, les grands organismes publicsde recherche.La répartition des responsabilités entreles différents acteurs s’est mise en placeau cours des années 1990. Un cahierdes charges n’existe cependant quepour Egide (15). Ainsi, les personnesinterrogées dans ces différentes institu-tions partagent dans leur grande majori-té l’opinion que l’administration des

PAI est bien rodée, même s’ils neconnaissent pas toujours les responsa-bilités détaillées des différents acteursimpliqués. Même si cette multiplicité (ou disper-sion ?) d’acteurs est une image de lafaçon « dont la recherche françaisefonctionne (16) », elle n’en est pas plusefficace, limitant le fonctionnement à lamaîtrise du quotidien. Plusieurs chan-tiers de réforme ont été ouverts ou aumoins annoncés à plusieurs reprisesdepuis 1990, mais n’ont pas été suivisd’effet, faute d’un acteur prenant expli-citement à sa charge la responsabilité dela mise en œuvre, de façon continue,des fonctions stratégiques des PAI et lesuivi des programmes. En effet, c’estseulement dans la suite de notre évalua-tion que la saisi en ligne et la créationd’un extranet pour les PAI, facilitant lacoordination et le suivi, ont été lancés.L’administration des PAI confiée àEGIDE est rémunérée sur une base for-faitaire correspondant à 8 % du budgetglobal des programmes. Ce montantinclut l’intégralité des frais de gestionde l’opérateur y compris les chargessalariales des agents assurant la mise enœuvre des mobilités de chercheurs liésaux projets. Il ne représente toutefoispas l’ensemble des coûts réellementoccasionnés par la gestion des PAI. Descoûts indirects sont liés à l’évaluationscientifique des projets par des cher-cheurs non rémunérés pour cette tâcheet par le coût des voyages et frais deséjour occasionnés par les réunionsbilatérales pour lesquelles chaque parti-cipant est pris en charge par l’organis-me qu’il représente. Compte tenu deces coûts indirects supplémentaires, lescoûts de gestion des PAI sont estimés à9,7 % du budget global. Si on prendégalement en compte les efforts des ser-vices des ministères impliqués (17), les

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Les PAI contribuent gran-dement à la publicationconjointe d’articles dans des revues scientifiques

Fig. 3. - Les résultats des projets PAI terminés.Source : Enquête Technopolis, 2002.

(14) Dans les deux cas, le ministère de la recherchequi finance in fine les PAI est très retiré, le DAADet la CRUI ayant une grande autonomie dans laconception de « leurs » programmes bilatéraux. (15) Egide ayant repris les fonctions de l’Apape en1999, définies dans un cahier des charges datant de1991. Les renégociations de la convention généra-le avec Egide de l’automne 2002 ne sont pas prisesen compte dans cette évaluation rétrospective. (16) Propos d’un des gestionnaires impliqués dansles PAI(17) Estimation de Technopolis France sur la based’entretiens. Manque de comptabilité analytiquedans l’administration française, les coûts liés au trèsgrand nombre de personnes de l’administrationimpliquées des PAI mentionnées ci-dessus ne sonttoutefois pas pris en compte dans ce calcul.

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coûts paraissent relativement élevéscompte tenu du fait que certainsaspects de la gestion, notamment lesuivi quantitatif des programmes, sonttoujours largement insuffisants. Cecinous semble lié à un manque de lisibi-lité dans la distribution des responsabi-lités. Une série de documents trouvésdans les archives témoignent du fait queles problèmes existants, notammentconcernant l’informatisation de la ges-tion et le suivi des PAI, ont été réguliè-rement identifiés depuis le début desannées 90.

Pour une meilleure définition des respon-sabilitésNotre évaluation des PAI a montré quedes investissements relativement légersdans la mobilité entre équipes derecherche peuvent avoir des consé-quences tout à fait bénéfiques, à la foissur la création de liens entre équipes etsur leur production tangible. Contretoute attente – et c’était la grande sur-prise de l’évaluation – les PAI contri-buent grandement à la publicationconjointe d’articles dans des revuesscientifiques, même si ce n’est pas l’ob-jectif principal du programme.Un deuxième aspect positif est l’effet delevier induit par ce type de programme.Il s’est avéré qu’une grande partien’était, dans la réalité, pas des projetsbilatéraux, mais triangulaires, le finan-cement PAI étant utilisé pour abonderdes partenariats plus larges. Dans beau-coup de cas ce type de projets était unpremier pas vers un projet européen.Dans d’autres cas c’est un outil intéres-sant pour des équipes qui souhaitentréaliser des coopérations internatio-nales sans forcément aspirer à desconsortia internationaux grands etlourds à monter. C’est notamment lecas de petites équipes (en émergencepar exemple) pour lesquelles des mon-tages du style PCRD sont trop com-plexes à gérer, et dont, avec les« nouveaux instruments » elles semble-raient de plus en plus exclues.Un troisième effet – secondaire, non-prévu dans les objectifs – est la créa-

tion de liens entre administrations dela recherche nationales. A travers leprocessus de sélection, les équipesgestionnaires des PAI situées au seindes ministères ou agences concernésdans les différents pays ont été ame-nés à se rencontrer souvent, et de vraisliens se sont noués. Ces rencontres ontégalement contribué à une meilleurecompréhension mutuelle entre cesadministrations – une chose aujour-d’hui indispensable dans le cadre dela construction de l’Espace européende la recherche. Le dispositif des PAI àété une grande innovation à cet égard,et, une première en Europe, a étéreprise comme modèle par beaucoupde ces partenaires afin d’organiserleurs propres relations bilatérales en

matière de recherche avec d’autrespays.Reste la gestion. Comme nous l’avonsévoqué plus haut, la gestion des PAIimpliquait trop d’acteurs du côté fran-çais, pas assez coordonnés. Des mul-tiples réorganisations proposées au fildu temps par les uns et les autres n’ontjamais vu le jour. Nous avions alorsrecommandé de rendre le dispositifplus lisible et de mieux définir les res-ponsabilités. Il s’agissait, d’autre part,d’améliorer le dispositif du traitementdes dossiers au plan informatique.Aujourd’hui, ces recommandationssont suivies d’effet, et nous espéronsque les PAI, instrument de coopérationobjectivement pertinent et efficace, endeviendra également plus efficient. •

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Fig. 4. - Financements complémentaires au PAI.Source : Enquête Technopolis, 2002.

Les PAI existants en 2004

Europe de l’Ouest et du Sud : Allemagne/Procope, Autriche/Amadéus, Belgique/Tournesol (communautésflamande et francophone), Chypre/Zenon, Espagne/Picasso, Grèce/Platon,Irlande/Ulysse, Italie/Galilée, Pays-Bas/Van Gogh, Portugal/Pessoa,Royaume-Uni/Alliance.

Pays de l’AELE : Islande/Jules Verne, Norvège/Aurora, Suisse/Germaine de Staël.Europe centrale et orientale : Bulgarie/Rila, Estonie/Parrot,Hongrie/Balaton, Lettonie/Osmose, Lituanie/Gilibert, Pologne/Polonium,République Tchèque/Barrande, Roumanie/Brancusi, Slovaquie/Stefanik,Slovénie/Protéus, Turquie/Bosphore.

Balkans occidentaux : ARY Macédoine/Integrafm, Croatie/Cogito, Monténégro/Pelikan,Serbie/Pavle Savic.

Nouveaux voisins de l’UE élargie : Ukraine/Dnipro.

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28 A n n a l e s d e s M i n e s

L e s d i s p o s i t i f s t r a n s v e r s e s

Le CNRS a des objectifs géostra-tégiques qui concernent tant lespays industrialisés que les paysémergents. Le CNRS a concludes accords bilatéraux dès le

début des années 50. Il favoriseaujourd’hui la mise en œuvre

d’actions de coordination grâceà des groupements de recherche

européens et internationaux(GDRE / GDRI) et à d’actions

structurantes dont les plus avan-cées sont les UMI (Unités mixtes

internationales).

par Minh-Hà Pham-Delègue,Responsable de la zone Asie-Pacifique

Anne d’Albis,Responsable des relations

européennesClaire Giraud,

Responsable des AmériquesJean-Luc Clément,

Directeur des relationseuropéennes et internationales

du CNRS

L’ action européenne et interna-tionale 2005 du CNRS estcaractérisée par cinq objectifs

prioritaires qui concernent non seule-ment les grands pays industrialisés,mais aussi les pays émergents.

L’Europe, y compris la Russie, est l’es-pace naturel où doit se développer l’ac-tion quotidienne des unités derecherche du CNRS. La constitution del’Europe de la recherche est le premierobjectif du CNRS pour accroître l’effi-cacité, la compétence et l’innovationde ses unités. Le CNRS entend en êtreun acteur majeur. Sa participation àl’élargissement et à l’approfondisse-ment de l’Union européenne s’expri-mer, d’une part, par le renforcement desstructures bilatérales, multilatérales etcommunautaires dans les 15 pays euro-péens fondateurs et, d’autre part, parune action volontariste vers les pays del’élargissement et du voisinage.L’objectif est de mieux les intégrer auxprogrammes scientifiques prioritairesdu CNRS.Concernant les autres pays du monde,le CNRS souhaite accroître fortementson influence en Asie et devenir unacteur à part entière dans le développe-ment scientifique de la Chine et del’Inde en accompagnant leurs essorsscientifiques et technologiques.Le renforcement de ses coopérationsavec les grands pays industrialisés, Etats-Unis, Russie et Japon, avec qui les coopé-rations scientifiques sont historiques etmajeures, se fera dans des domaines stra-tégiques pour l’Europe en portant uneattention particulière au respect desrègles de propriété intellectuelle. Le CNRS souhaite mieux s’associer auxdeux grands pays émergents Afrique duSud et Brésil, dans le cadre de pro-grammes européens et de projets spéci-fiques d’intérêt commun comme l’eau,le changement global, les substancesnaturelles et leurs utilisations thérapeu-tiques, la communication, l’étude desaires culturelles ainsi que dans les pro-

grammes à haut niveau de transferttechnologique.Le CNRS confortera ses collaborationsdéjà bien établies avec des pays detaille plus modeste mais ayant unerichesse scientifique de tout premierplan comme le Chili, l’Argentine, leMexique, le Venezuela, l’Iran, laThaïlande ou le Viêt Nam, en couplantla recherche de base à des actions devalorisation. Ces coopérations se tra-duisent par des actions de formationpar la recherche et de transfert techno-logique en Afrique, Moyen-Orient et enAsie en favorisant l’accueil des jeuneschercheurs dans les unités du CNRS eten structurant les coopérations.Les actions européennes et internatio-nales du CNRS s’inscrivent dans desobjectifs géostratégiques qui reposent àla fois sur les projets établis directementpar les chercheurs avec leurs partenairesétrangers et sur un pilotage scientifiquedes Départements scientifiques, enaccord avec la Direction générale, avecl’appui de la Direction des relations euro-péennes et internationales, et le soutiendes ministères de tutelle (Recherche,Affaires étrangères). Ces relations sontcomplexes et cruciales pour le dévelop-pement de la compétitivité du CNRS etde la recherche française sur la scèneinternationale.

La Direction des relations européenneset internationalesLa Direction des relations européenneset internationales (DREI) du CNRS assu-re une mission d’appui en terme decoordination des actions de coopéra-tion auprès des chercheurs, des

Les outils de la coopération européenneet internationale du CNRS

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Départements scientifiques et de laDirection générale, de négociationauprès des partenaires étrangers, etd’information auprès des autres orga-nismes de recherche et des tutellesministérielles. Ses missions spécifiques peuvent sedécliner selon les points suivants :- la visibilité ; la DREI est un interlocu-teur privilégié et identifiable pour lespartenaires institutionnels du CNRS(ministères, autres organismes français,Institutions étrangères) ;- la coordination ; la DREI programmechaque année (projets, budget, etc.) lesoutien aux actions scientifiques duCNRS pour l’Europe et l’International,assure une interface entre les différentesdisciplines du CNRS, favorise la consti-tution de plates-formes ou réseauxinterdisciplinaires à l’étranger, informeles chercheurs, les laboratoires ainsique les Départements scientifiques surles actions de coopération des parte-naires étrangers ;- la formalisation ; la DREI garantit lacohérence et l’homogénéité des outilsde coopération (PICS, LEA/LIA,GDRE/GDRI, UMI,etc.) en proposantdes outils juri-diques adaptés àchaque projet decoopération scientifique ;- la logistique ; la DREI agit en soutiendes chercheurs et des Départementsscientifiques pour la mise en place et lesuivi des programmes de coopération(notifications, accueils, etc.) ;- la communication ; la DREI participeà la diffusion de la stratégie scientifiqueet des actions du CNRS à l’International(organisation de colloques, rédactionde Notes de synthèse, de textes ou d’ar-ticles divers).La DREI est organisée en 4 zones géo-graphiques : Europe, Amériques,Afrique-Moyen Orient, Asie-Pacifique,au sein desquelles les actions decoopération sont coordonnées par unresponsable, sous l’autorité duDirecteur des relations européennes etinternationales. La DREI est égalementdotée d’un responsable administratif etfinancier, d’un chargé de mission pourla coopération décentralisée, d’unecellule Veille et Prospective qui fourniten particulier des indicateurs sur les

coopérations bi- et multilatérales (co-publications, nombre de missions etd’accueils…), de chargés d’affairesjuridiques qui jouent un rôle deconseil pour l’établissement desaccords de coopération, et d’un servi-ce de communication. Elle s’appuiesur un réseau de représentants duCNRS à l’étranger.Le CNRS dispose de 9 Bureaux àl’étranger et d’une antenne. Ce disposi-tif à l’étranger a comme objectif l’ac-croissement de la compétitivitéscientifique des unités du CNRS parl’établissement d’actions de coopéra-tion avec les chercheurs de la zone géo-graphique qu’ils couvrent. Ces bureauxsont partie intégrante de la Directiondes relations européennes et internatio-nales. Ils couvrent une zone géogra-phique comprenant plusieurs pays saufpour celui localisé en Chine et sontimplantés :- en Amérique du Nord (Etats-Unis etCanada), à Washington dans la Missionscientifique et technique de l’Ambassadede France ;- en Amérique du Sud (Pays du Cône

sud et Brésil), àSantiago du Chilidans les locauxpartagés avec leDélégué régional

du ministère des Affaires étrangères ; - au Japon et en Corée (à Tokyo dans laMaison Franco-Japonaise du ministèredes Affaires étrangères) ;- en Chine, à Pékin dans le Service decoopération et d’action culturelle del’Ambassade de France ;- en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (à Tunis dans un bâtiment duCNRS) ;- en Afrique subsaharienne, dansl’Institut français d’Afrique du Sud duministère des Affaires étrangères àJohannesburg ;- en Russie et dans les Nouveaux EtatsIndépendants (à Moscou dansl’Académie des Sciences russe) ;- en Allemagne, à Bonn, dans leWissenschaftszentrum (Centre dessciences et du savoir).Le Bureau de Bruxelles, qui comprend4 personnes, est différent des autrespuisqu’il a pour vocation de traiter lesaffaires européennes communautaires.Il est membre du Club des organismes

de recherche associés (Clora) quiregroupe à Bruxelles tous les orga-nismes de recherche français et laconférence des Présidents d’Université.Le responsable du Bureau a pour mis-sion : de représenter le CNRS, pourtoutes les disciplines scientifiques ; demettre en œuvre les actions internatio-nales du CNRS ; de proposer à la direc-tion du CNRS de nouvelles actionsscientifiques en coopération avec leschercheurs des pays dont il a la charge ;de réaliser toutes investigations, tousrapports et enquêtes nécessaires à laDirection des Relations Européennes etInternationales pour l’aider dans sesdécisions. Ces actions sont menées en privilégiantles synergies avec les actions du minis-tère des Affaires étrangères et les ser-vices culturels et scientifiques desAmbassades. Il y a une réelle complémentarité entreles actions menées par le Service decoopération et d’action culturelle(SCAC) et les bureaux du CNRS : leSCAC assure le suivi général de larecherche dans un pays ; il réalise dessynthèses et assure la veille technolo-gique. Le bureau du CNRS en lienavec le SCAC réalise un travail de ter-rain pour accroître l’efficacité des uni-tés du CNRS en France en permettantles échanges, en participant au sein dela DREI au montage des actions struc-turantes et en gérant les chercheursmis à disposition auprès des orga-nismes de recherche à l’étranger. Undialogue permanent est établi avec leSCAC pour mener en commun lesactions scientifiques de la France àl’étranger.La DREI est en contact permanent avecdes responsables des affaires euro-péennes et internationales dans chacundes départements scientifiques. Des réunions fréquentes sont organi-sées entre la DREI et les chargés de mis-sion internationale (CMI) et les chargésde mission communautaire (CAC), dansle but :- de convenir du financement annueld’actions internationales ;- d’accueillir des délégations étran-gères ;- de discuter des modalités de la miseen place de nouveaux outils de coopé-ration ;

Le CNRS entend être un acteurmajeur de la constitution del’Europe de la recherche

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- de préparer la création de conventionsde mise en place d’actions structu-rantes ;- de mener des discussions stratégiquesconcernant la politique vis-à-vis desOrganisations internationales, commeles Eurohorcs (Association des respon-sables d’organismes de recherche euro-péens), la Fondation européenne de lascience (ESF) ou les Programmes-cadrede la Commission européenne, etc.La DREI est également en contact suiviavec les personnes chargées descontrats communautaires dans les 19délégations régionales : Services departenariat et valorisation (SPV), ser-vices administratifs qui représentent leCNRS dans les régions françaises.

Les outils de coopérationinternationale

La recherche est internationale par défi-nition. La connaissance n’a pas de bar-rières et les contacts entre chercheursdu monde entier ont toujours eu lieu,grâce aux colloques, aux publicationset, plus récemment, à la communica-tion électronique qui permet deséchanges quasi instantanés.La formalisation des échanges permet lerenforcement de cette coopération.C’est ainsi que depuis le début desannées 50, le CNRS a mis en place denombreux outils (accords bilatéraux,outils de coordination) Le premier accord bilatéral de coopéra-tion scientifique entre le CNRS et unorganisme de recherche étranger datede décembre 1950. Conclu avec leNederlandse Organisatie voorWetenschappelijk Onderzoek (NWO),organisme de recherche néerlandais, ilpermettait le financement de missionsde chercheurs du CNRS et du NWO.Depuis lors, 38 accords de coopérationbilatéraux ont été signés avec des paysdu continent européen, une vingtaineavec les Pays d’Asie, et une vingtaineégalement avec les Amériques. Cesaccords permettent la mise en relationdes chercheurs grâce au financementd’échanges de chercheurs dans le cadrede projets conjoints après appels à pro-positions. Ils permettent également pardivers outils la coordination entre labo-ratoires et la structuration de la coopé-

ration. Ces outils, décrits ci-après,impliquent une co-évaluation et un co-financement équilibré de la part du(des) partenaire(s) étranger(s).Outils de coordination, lesGroupements de recherche européens /internationaux (GDRE/GDRI) réunissenten un réseau derecherche sanspersonnalité juri-dique des labora-toires publics ouprivés, pour unedurée de quatre ans, éventuellementrenouvelable. Le GDRE/GDRI regroupeplusieurs laboratoires de deux ou plu-sieurs pays pour la coordination scienti-fique d’une thématique déterminée etson financement porte essentiellementsur la mobilité, l’échange d’informa-tions, l’organisation de séminaires etd’ateliers. La demande de création d’unGDRE/GDRI peut être faite à toutmoment et sa création relève de la déci-sion du CNRS et de ses partenaires fran-çais et étrangers. Le GDRE/GDRI estgéré par un Comité de gestion scienti-fique présidé par un (ou 2 ou 3) coor-donnateur(s) et composé dereprésentants des laboratoires. Il rendcompte régulièrement de son activité àun Comité de pilotage. Ce Comité com-porte un représentant des tutelles dechaque laboratoire, non membre deslaboratoires constituant le GDRE/GDRI.Le premier GDRE a été créé en 1999.39 GDRE sont en cours ou en créationen Europe, une demi-douzaine en Asie,et un GDRI sur les Amériques.Au début de l’année 2004, la directiongénérale du CNRS a décidé de « capita-liser » le travail fourni par les labora-toires du CNRS pour répondre auxappels à propositions du 6e Programme-cadre de recherche et de développe-ment technologique (PCRDT). Il a donc été décidé de structurer lesmeilleures propositions coordonnéespar le CNRS, mais non retenues par laCommission européenne pour des rai-sons financières :les Groupements derecherche européens plus (GDRE plus)sont créés sur le modèle du GDRE ; cequi distingue le GDRE plus du GDREest le financement de la recherche enplus du financement de la coordinationde la recherche. Une dizaine de GDREplus sont en cours de création.

En outre, le CNRS participe aux pro-grammes de coordination intergouver-nementaux, outils de coordination duministère des Affaires étrangères ou duministère de l’Education nationale, del’Enseignement supérieur et de laRecherche :

- les programmesde recherche enréseaux (P2R) sontdes réseaux bilaté-raux entre plu-sieurs laboratoires

français et étrangers, établis pour 4 ansnon renouvelables ; le premier P2R aété lancé avec l’Allemagne en 2002puis avec la Chine en 2003, et avecl’Inde en 2004 ;- les ECO-NET sont des réseaux multila-téraux associant pour une durée de 3ans des laboratoires français et deslaboratoires d’au moins deux paysd’Europe centrale et orientale.

Les outils de structurationLes Projets internationaux de coopéra-tion scientifique (PICS) d’une durée de3 ans non renouvelable, résultent d’unecollaboration suivie avec un partenaireétranger ayant déjà donné lieu à despublications communes. Après avisfavorable du Département scientifique,les chercheurs doivent répondreconjointement à un appel à proposi-tions annuel. La mise en place du PICSintervient après co-évaluation positivedu CNRS et de l’institution derecherche étrangère. Le financement d’un PICS est destiné àdes missions, à l’organisation deréunions, au fonctionnement et au petitéquipement.Le premier PICS a été créé en 1985.Actuellement, près de 200 PICS sont encours.Les Laboratoires européens / internatio-naux associés (LEA/LIA) sont des « labo-ratoires sans murs », sans personnalitéjuridique. Un LEA/LIA associe les équipes de deux(ou au maximum trois) laboratoires duCNRS et d’un autre pays (ou au maxi-mum de deux autres pays).Ces deux (ou trois) laboratoires mettenten commun, pendant une durée de 4ans éventuellement renouvelable, desressources humaines et matérielles pour

30 A n n a l e s d e s M i n e s

Les PICS, d’une durée de 3 ansnon renouvelable, résultentd’une collaboration suivie avecun partenaire étranger

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réaliser avec une « valeur ajoutée » unprogramme défini conjointement. Les laboratoires composant le LEA/LIAconservent leur autonomie, leur statut,leur responsable et leur localisationséparée ; ils ont une direction commu-ne, éventuellement tournante.Le LEA ne s’accompagne pas d’une expa-triation des chercheurs impliqués dans leLEA. Il reçoit des moyens spécifiques(équipement, fonctionnement, missions,postes de chercheurs associés…) duCNRS et de l’institution partenaire.Le LEA est coordonné par un Comité degestion scientifique, qui établit son pro-gramme de recherche qu’il présente auComité de pilotage composé de repré-sentants des institutions partenaires etde personnalités scientifiques exté-rieures au LEA.La création d’un LEA relève de la déci-sion du CNRS et de son partenaireétranger. La demande de création peutêtre faite à tout moment.Lors de son acceptation, une conven-tion est établie entre le Directeur géné-ral du CNRS et la tutelle de l’institutionpartenaire.Le premier LEA a été créé en 1992. Unetrentaine de LEA sont en activité ou encréation en Europe, une quinzaine deLIA en Asie, et 5 sur les Amériques.Autre outil de structuration : les Unitésmixtes internationales (UMI). Une UMI, localisée sur un site uniqueen France ou dans un pays étranger,regroupe dans un même laboratoire dupersonnel – chercheurs, ingénieurs ettechniciens – du CNRS qui lui est affec-té et du personnel de l’autre pays. L’UMI a un statut comparable à celuid’une Unité mixte de recherche (UMR)du CNRS. Elle est dirigée par unDirecteur d’unité, nommé conjointe-ment par le CNRS et l’institution étran-gère. Le Directeur assure la gestion del’ensemble des moyens mis à la dispo-sition de l’Unité.L’UMI est créée pour 4 ans par leDirecteur général après avis du Comiténational de la recherche scientifique etde l’instance d’évaluation partenaire ;elle est éventuellement renouvelabledeux fois.La décision de création des UMI datede 2002. Cinq UMI ont été créées à ce jour, deuxen Europe, une au Japon et deux sur les

Amériques. Une dizaine de laboratoiresmixtes internationaux créés avant 2002ont vocation à devenir des UMI.A titre d’exemple, nous présentons ci-après des opérations de coopérationeuropéenne et internationale.

Un exemple de Groupement de recherche entre plusieurs pays européens

Le GDRE, « Marché du Travail et Genreen Europe », ou MAGE, réunit depuis le1er janvier 2003 et pour une durée de 4ans douze laboratoires français et huitlaboratoires de cinq pays européens(Allemagne, Belgique, Espagne, Grèceet Suède) dans le domaine des scienceshumaines et sociales sur un thème trèsactuel et d’une importance significati-ve.L’ambition de MAGE se situe dans uneperspective épistémologique : montrerles vertus heuristiques d’une lecturesexuée du monde du travail, universali-ser la question de la différence dessexes en la repositionnant au cœur dessciences humaines.Etudier l’évolution de la place deshommes et des femmes sur le marchédu travail, ce n’est pas s’adonner à lasociographie d’une catégorie de main-d’œuvre à part – les femmes. C’est sedonner les moyens de repérer les chan-gements structurelsqui ont produit lestransformations dela population acti-ve. En matière dechômage et de précarité, de sous-emploi et de surqualification, de flexi-bilité et de partage de travail, lesfemmes ne sont pas spécifiques. Ellessont symptomatiques des mouvementsqui agitent le marché du travail. Ellessont révélatrices de phénomènes d’en-semble. Leur situation n’est pas particu-lière, elle est significative. Enapprofondissant l’analyse des diffé-rences de sexe sur le marché du travail,on ne contribue pas seulement à l’ac-cumulation de savoirs « spécifiques »sur l’un et l’autre sexe, on participe à laprogression générale des connaissancessur le monde du travail.

Au bout du compte, c’est un projet derenouvellement des paradigmes dessciences humaines : la différence dessexes n’est pas une question parmid’autres, c’est un des éléments structu-rants du fonctionnement de la société.Le coordinateur du réseau MAGE estMme Margaret Maruani, directrice derecherche au CNRS, LaboratoireCultures et sociétés urbaines – UMR7112.

Une Unité mixte internationale au Japon :le LIMMSL’initiative de création du LIMMS(Laboratory for Integrated Micro-mechatronic Systems) a été prise en1994 par Jean-Jacques Gagnepain,alors Directeur scientifique duDépartement des Sciences pourl’Ingénieur, qui avait pressenti très tôtl’intérêt d’établir une structure derecherche au Japon, pays pionnier desmicrosystèmes et de la micromécatro-nique. Cette structure a permis l’accueilde jeunes chercheurs français qui ontbénéficié d’une formation d’excellencedans ce domaine de recherche alors enémergence.Cette initiative a été accueillie très favo-rablement par l’Institut des sciencesindustrielles de l’Université de Tokyo, etparticulièrement par son directeur,Fumio Harashima. Elle a abouti à un

premier accord derecherche en colla-boration, signé en1995.Le LIMMS est opé-

rationnel depuis début 1995 et permetà des chercheurs français, statutaires ouchercheurs post-doctoraux d’effectuerdes séjours de longue durée au sein del’Institut des sciences industrielles del’Université de Tokyo. Durant leurséjour, ils développent un projet derecherche commun avec leurs col-lègues japonais, dans le domaine desmicrosystèmes et des micro et nano-technologies. Ces projets, remarquablespar leur grande originalité, répondentconjointement aux intérêts des labora-toires CNRS d’où sont issus ces cher-cheurs et des laboratoires de l’IIS. Lesthèmes de recherche, basés sur l’exploi-

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Cinq UMI ont été créées à cejour, deux en Europe, une auJapon et deux sur les Amériques

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32 A n n a l e s d e s M i n e s

tation des microtechnologies et l’élabo-ration de nanostructures, conduisent audéveloppement de nouvelles applica-tions dans le domaine des communica-tions optiques, micro-ondes etradiofréquences, de l’instrumentation etla métrologie, ainsi que de la santé. Le LIMMS, qui aura 10 ans cette année,est actuellement dirigé par ChristianBergaud. Il a déjà accueilli 17 cher-cheurs permanents missionnés par leCNRS pour des durées moyennes de 3ans et 36 post-doc dont l’accueil a étéfinancé par la Japan Society for thePromotion of Sciences (JSPS). Les béné-fices de ces échanges sont immensescar à leur retour en France, les cher-cheurs font partager à leur laboratoired’origine l’expérience acquise au seindu LIMMS. Ceci a permis de dégager denouveaux axes de recherche; et danscertains cas, d’assurer des transferts detechnologies. Le succès du LIMMS a été rendu pos-sible grâce à l’appui du ministère japo-nais de l’Education, de la Culture, duSport et de la Science et desTechnologies (MEXT) et de la JSPS pourleur soutien dans la création et le fonc-tionnement du LIMMS.Fort de cette réussite, en 2004, unenouvelle étape a été franchie par la

constitution d’une Unité mixte derecherche. Ce nouveau type de structu-re internationale permet au LIMMS debâtir une stratégie de recherche à pluslong terme dans une conjoncture où labiologie et la santé, les télécommunica-tions et les nanotechnologies sont despriorités nationales et européennes etpour lesquelles les micro et nano-sys-tèmes ont un rôle clé à jouer. Pourrépondre à ce nouveau défi, ce statutd’UMI permettra au LIMMS d’avoiraccès aux programmes et moyens duCNRS, de répondre aux appels d’offredu Ministère de la recherche mais éga-lement d’accéder aux programmes derecherche de l’Union européenne.

Une Unité mixte internationale aux Etats-UnisL’Unité mixte de recherche de chimieUCR-CNRS (The UCR-CNRS JointResearch Chemistry Laboratory – UMR2282), créée en juillet 2001 sous formede laboratoire mixte international etrenouvelée en 2004, entre l’Universityof California at Riverside et le CNRS, estsituée dans les locaux du Departmentof Chemistry. Cette unité développe ses

activités à la frontière de la chimie orga-nique, de la chimie de coordination etde la chimie organométallique avecl’utilisation d’hétéroéléments tels lephosphore et le silicium pour la stabili-sation d’espèces hautement réactives.Des applications sont attendues dans ledomaine de la synthèse organique etdes nouveaux matériaux. De plus, cetteUMI développe des réseaux avec deslaboratoires CNRS et d’autres institu-tions telles que l’Université PaulSabatier de Toulouse, l’Ecole normalesupérieure de Lyon et l’Ecole polytech-nique. Après 4 années, le bilan estextrêmement positif. Depuis 2001, leCNRS y a affecté 5 personnes dont ledirecteur Guy Bertrand qui est égale-ment Professeur à UCR.11 post-doctorants dont 6 européens, 2ukrainiens et un cubain, 4 thésards deToulouse, 3 thésards de UCR et 6 étu-diants français dont 2 de l’Ecole poly-technique ont séjourné dans cette UMI.Cette collaboration très fructueuse adonné lieu à 48 co-publications dansles meilleures revues internationales.Enfin, plus d’une douzaine de parte-naires extérieurs publics et privés (NSF,NIH et notamment Rhodia avec 6contrats) financent de façon substantiel-le cette UMI. •

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les choix techniques qui engagent nos sociétés enmatière d’environnement et de risques industriels.Son ambition : ouvrir ses colonnes à toutes les opi-nions qui s’inscrivent dans une démarche deconfrontation rigoureuse des idées. Son public :industries, associations, universitaires ou élus, ettous ceux qui s’intéressent aux grands enjeux denotre société.

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MINESFondées en 1794

F ondées en 1794, les Annales des Mines comp-tent parmi les plus anciennes publications éco-

nomiques. Consacrées hier à l’industrie lourde,elles s’intéressent aujourd’hui à l’ensemble de l’ac-tivité industrielle en France et dans le monde, sousses aspects économiques, scientifiques, techniqueset socio-culturels.

D es articles rédigés par les meilleurs spécialistesfrançais et étrangers, d’une lecture aisée,

nourris d’expériences concrètes : les numéros desAnnales des Mines sont des documents qui fontréférence en matière d’industrie.

L es Annales des Mines éditent trois séries com-plémentaires :

Réalités Industrielles,Gérer & Comprendre,

Responsabilité & Environnement.

Q uatre fois par an, cette série des Annales desMines fait le point sur un sujet technique, un

secteur économique ou un problème d’actualité.Chaque numéro, en une vingtaine d’articles, pro-pose une sélection d’informations concrètes, desanalyses approfondies, des connaissances à jourpour rnieux apprécier les réalités du monde indus-triel.

Q uatre fois par an, cette série des Annales desMines pose un regard lucide, parfois critique,

sur la gestion « au concret » des entreprises et desaffaires publiques. Gérer & Comprendre va au-delàdes idées reçues et présente au lecteur, non pas desrecettes, mais des faits, des expériences et des idéespour comprendre et mieux gérer.

Q uatre fois par an, cette série des Annales desMines propose de contribuer aux débats sur

les choix techniques qui engagent nos sociétés enmatière d’environnement et de risques industriels.Son ambition : ouvrir ses colonnes à toutes les opi-nions qui s’inscrivent dans une démarche deconfrontation rigoureuse des idées. Son public :industries, associations, universitaires ou élus, ettous ceux qui s’intéressent aux grands enjeux denotre société.

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Réalités Industrielles

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Page 35: 0841-9 01-02 sommaire - Annales des Mines · 2016. 2. 5. · Title: 0841-9 01-02 sommaire Author: Nicolas Created Date: 20050606143508Z

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L e s d i s p o s i t i f s t r a n s v e r s e s

Depuis plus de vingt ans, laConférence des grandes écoles,

puis l’association Ariel ont susci-té et accompagné environ 270projets de coopération interna-tionale de recherche impliquantdes partenaires industriels. Des

réseaux efficaces ont été mis surpied. La majorité des projets

concerne l’Amérique du Nord,mais l’intervention d’Ariel dansd’autres pays comme Israël, laSuède, le Mexique, la Corée, amarqué une augmentation sen-

sible des coopérations.

par Jacques Lévy,Directeur honoraire de l’école

des Mines de Paris, Président d’honneur de

la conférence des grandes écoles, Président d’Ariel

L es circuits pour organiser lescoopérations internationales,notamment en recherche, sont

multiples. Le ministère des Affairesétrangères joue, bien entendu, un rôlecentral ; mais les autres ministères ontdes actions qui leur sont propres ; deplus, les grands organismes (CNRS,

INSERM, etc.) ont aussi des Directionsdes relations internationales et, parfois,des laboratoires propres ou mixtesimplantés dans certains pays étrangers.La nouvelle donne européenne a chan-gé la nature des relations bilatérales àl’intérieur de l’Europe, toujours interna-tionales, mais déjà, en quelque sorte,« internes » (cela étant, les nouvellesdispositions permettent d’associer à desprojets européens, des partenaires denombre de pays non européens).Le développement de la recherche dansles grandes écoles dès la fin des années60, ainsi que la création de laConférence des grandes écoles, ontprojeté celles-ci sur la scène mondiale,en raison du caractère international dela recherche. Un trait caractéristique dela recherche dans les écoles est sa gran-de proximité avec les problèmes indus-triels et les entreprises. La Conférence adonc pensé qu’elle pouvait apporterune aide spécifique en ce domaine : laglobalisation rend cette approche perti-nente pour les entreprises, les grandsgroupes d’abord, mais aussi les PME.Elle a donc lancé « l’action intégrée »visant à soutenir ce type de projet,devenu plus tard, le « rectangle », com-posé de deux acteurs académiques,deux acteurs industriels, un « couple »dans chacun des deux pays concernés ;ce projet, approuvé par le ministère desAffaires étrangères, est porté par uneassociation (ici la conférence desgrandes écoles, puis Ariel), dont l’ac-tion vient conforter celle des servicesofficiels. Pour des raisons diverses, enl’an 2000, il a été décidé de créer l’as-sociation Ariel pour que l’action inté-grée devienne autonome par rapportaux autres activités de la Conférence.Désignée par la Conférence pour être

son opérateur, elle étend son champd’intervention à d’autres établissementsque les grandes écoles, en particulierles universités et les grands organismesde recherche ; de plus, elle sollicite lesindustriels partenaires pour qu’ilsentrent dans l’association et y occupentune place à part entière dans l’élabora-tion de sa stratégie.

L’objectif du « rectangle » : un modèleL’association a fêté en septembre der-nier son vingtième anniversaire, a fat unbilan de son action et tracé des pers-pectives d’avenir.Tout a commencé lors la visite duPrésident François Mitterrand, en 1984,dans la Silicon Valley, avec la signatured’un accord entre l’Université deCalifornie Berkeley et la conférence desgrandes écoles : cet accord bilatéralétait dans la lignée classique desaccords inter-universitaires, encore quece fût une initiative originale au regarddes mœurs institutionnelles améri-caines. Progressivement, s’est forgéel’idée que l’implication de partenairesindustriels était la partie la plus origina-le du projet de coopération. Cet objec-tif du « rectangle » a émergé comme unmodèle : les pouvoirs publics français,en particulier le ministère des Affairesétrangères, nous ont vivement encoura-gés à tenter d’autres expériences.C’est ainsi que nous nous sommesorientés vers le MIT, puis le Canada. Lechoix des partenaires résulte de consul-tations très larges aidées par des cir-constances favorables, par natureimprévisibles. Parmi les partenaires,

Ariel, un outil originalde coopération internationale

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36 A n n a l e s d e s M i n e s

outre les pouvoirs publics, on trouvenaturellement nos collègues acadé-miques des grandes écoles, mais aussiles industriels. Nous pouvons citer, parexemple, le cas de la Corée, engagéeen 1997 ; l’action d’Ariel en Coréerésulte de la volonté d’un ambassadeurparticulièrement motivé par la coopéra-tion scientifique et culturelle ; un cer-tain nombre de chercheurs étaientintéressés, et, compte tenu des investis-sements industriels de la France dans cepays, notre proposition a rencontré unécho favorable auprès de certainsd’entre eux. Une première mission dited’identification a confirmé l’intérêtd’une telle coopération, qui s’estconcrétisée par la mise sur pied de pro-jets de recherche communs.Il faut encore mentionner Israël, laSuède et le Mexique. Pour ce dernierpays, il y avait une dimension politiqueparticulière. Sur le plan économique, leMexique est un grand pays émergent,qui possède un potentiel industrielimportant, mais où les relations entrel’industrie et les universités ne sont pasencore très développées ; par ailleurs,la présence dugrand voisin duNord polarise for-tement les com-portements. Il nousa paru intéressant de tenter une expé-rience dans ce pays appartenant à ceque nous appelons la « deuxième cou-ronne » ; certains industriels nousaccompagnent dans cette aventure.Nous nous sommes tournés vers leBrésil, avec une analyse du même type.Enfin, après de mûres réflexions, nousconsidérons maintenant comme incon-tournable une action en direction de laChine : il est évident que, malgré lesdifficultés prévisibles, nous ne pouvonsplus rester à l’écart de cet acteur majeurde la scène mondiale. Le cas de l’Indesera aussi à envisager.

De la concertation à une mission d’identificationComme toute association, Ariel a pourobjectif de rendre service à sesmembres ; les responsables de l’asso-ciation, élus, ont un projet très marqué

par leur passé d’enseignant-chercheurou de directeur d’école et sont préoc-cupés par la richesse et les difficultésdes partenariats de recherche enseigne-ment supérieur-industrie ; toutefois, ladémarche est essentiellement bottomup, pour utiliser une expression anglo-saxonne. Tant pour le choix desdomaines d’investigation que pourcelui des partenaires, l’association pra-tique une large concertation.Ceci n’est pas exclusif d’une méthodo-logie qui s’est forgée au cours desannées et qui est maintenant bien aupoint.Après la prise de décision, résultat de laconcertation, nous mettons sur piedune mission d’identification composéedes chercheurs et des industriels inté-ressés auprès du partenaire choisi.Celui-ci est généralement un pays, maispeut être aussi une institution particu-lière comme l’Université de Berkeley.Les missions mixtes sont relativementrécentes, dans la mesure où la motiva-tion des industriels s’est enrichie, dansles dix dernières années, de nouvellesdimensions inspirées par les règles d’in-

vestissements àl’étranger. De plusen plus, les indus-triels qui envisa-gent d’investir dans

un pays doivent prévoir des transferts detechnologies, des recrutements, descollaborations avec les acteurs locaux ;la conduite de projets de rechercheavec des partenaires académiques etindustriels locaux est un excellentmoyen d’établir ce contact. De tellesmissions ont été réalisées en Israël et enCorée, avec succès ; une troisième esten cours de préparation en Chine.Un point important à régler à l’issue dela mission d’identification est de choisirun correspondant local disposant d’unréseau tant industriel qu’académique,pour permettre de passer à la phase sui-vante de l’atelier : ainsi, faute de pou-voir identifier clairement uncorrespondant, la collaboration avecIsraël n’a pas été aussi fructueuse qu’onaurait pu le souhaiter ; en revanche, enCorée, la KOSEF (Korean Science andEngineering Foundation) a été le corres-pondant idéal.Cette première étape est franchielorsque l’on dispose d’une liste de per-

sonnes, d’institutions, de laboratoiresintéressés par une collaboration et quel’on a identifié des possibilités d’organi-sation d’ateliers. Ce type de réunion estbien distinct des réunions scientifiqueshabituelles : il ne s’agit pas de faire descommunications du style des publica-tions classiques, mais de faire le pointde l’état de l’art dans un domaine d’ac-tualité assez pointu, d’où pourront êtremis sur pied des « projets de projets derecherche ».L’association assure le suivi en s’assu-rant que les personnes intéresséescontinuent bien à mettre sur pied leprojet, les aide dans toute la mesure dupossible dans leur recherche de finan-cement, participe au déroulement duprojet par des aides ponctuelles et sym-boliques. En principe, l’accompagne-ment des projets ne dépasse pas deuxans.

Ariel ou le rôle des associations dans lacoopération internationaleAu cours des vingt années écoulées, parcette action intégrée, la Conférence desgrandes écoles, puis Ariel, ont suscité etaccompagné environ 270 projets ; lamajorité concerne les Etats-Unis (100projets) et le Canada (80 projets), maisles actions avec Israël, la Suède et sur-tout la Corée, pour n’être pas aussivolumineuses, n’en sont pas moinsimportantes ; une explication simple àcet état de chose est que, de toutefaçon, les chercheurs ne peuvent resterà l’écart de ce qui se fait en Amériquedu Nord ; mais l’intervention d’Arieldans les autres pays a marqué une aug-mentation sensible des coopérations :on trouvera, en annexe, un exemple defiche résultat sur une opération détermi-née, la Corée. Il faut remarquer que les partenairesacadémiques impliqués ne sont peut-être pas toujours les plus prestigieux,mais sont les plus performants enmatière de recherche partenariale avecl’industrie. On remarquera égalementque les partenaires industriels sont,dans leur grande majorité, les grandsgroupes, même si certaines PME sontprésentes : une taille minimale est eneffet nécessaire pour rentrer dans le jeu

L’implication de partenairesindustriels est la partie la plus ori-ginale du projet de coopération

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des coopérations de recherche interna-tionales.Nous avons tenu à mettre en regard lecoût des projets de recherche suscités etles sommes mobilisées par Ariel : le fac-teur multiplicatif est de 15 en moyenne,ce qui symbolise bien le rôle de cataly-seur, ou de « facilitateur », que joueAriel et qui constitue sa caractéristique.Le fonctionnement d’Ariel sur unepériode de vingt ans permet de dégagerquelques idées générales sur le rôle quejouent les associations dans la coopéra-tion internationale.Tout d’abord, le phénomène associa-tif, en France, a donné incontestable-ment lieu à des abus, liés à la légèretéde la structure. Il en résulte uneméfiance de la part des pouvoirspublics, à laquelle Ariel n’échappepas lorsqu’il s’agit de trouver desfinancements ; ce que l’on a appelél’effet « ARC » (du nom de l’associa-tion de la recherche contre le cancer,poursuivie devant la justice en raisonde malversations financières) a rendul’environnement un peu plus difficile.Cela n’empêche pas toutefois les asso-ciations de proliférer ; leur fonction-nement basé sur le bénévolat (quipeut être aussi une cause de leur fra-gilité), leur permet, pour un très faiblecoût, d’avoir une importante capacitémobilisatrice que l’on ne trouve nidans le secteur public ni dans le sec-teur privé. Les bénévoles sont motivéspar une connaissance personnelleapprofondie des pays en questiondans lesquels ils disposent de réseauxrelationnels souvent inaccessibles àdes services officiels.La motivation des membres étant forte,l’action d’Ariel peut s’inscrire dans ladurée, ce paramètre étant fondamentalen matière de coopération internationa-le. Or un des principaux reprochesformulés à l’égard des Français est pré-cisément l’absence de continuité (lamobilité souhaitable et organisée dansles services est en effet antinomique dela continuité). Les associations jouent

donc, dans ce domaine, un rôle essen-tiel.Le troisième avantage des associationsest leur souplesse de fonctionnement :gestion simple, rapide, réactive, toutceci est évidemment très apprécié parles membres.Le talon d’Achille, toutefois, est queles coopérations internationales coû-tent cher. Surtout dans leur phaseexploratoire, le retour sur investisse-ment n’est pas évident ; c’estd’ailleurs souventle cas dans les ser-vices qui manipulentde « l’immatériel ».Il est donc impos-sible de faire vivre ce genre d’associa-tion uniquement avec les cotisations.Autant il est relativement facile d’obte-nir des financements auprès desmembres pour participer à telle ou telleopération bien précise (mission d’iden-tification, ateliers, voire projets derecherche), autant il est difficile de cou-vrir les frais de fonctionnement de l’as-sociation elle-même. Le bénévolat a seslimites et, compte tenu du volumed’actes administratifs inhérents à la ges-tion de ce type d’opération, la présencede permanents s’impose : dans lecontexte français, il est pratiquementimpossible de survivre sans faire appelà des fonds publics d’une manière oud’une autre. Il est donc obligatoire quel’action s’inscrive dans une politiquepublique à long terme. Or la réductiondes dépenses publiques est à l’ordre dujour, mais le développement du mécé-nat, qui devrait en être la contrepartie,n’est pas au rendez-vous, au moinsdans le domaine de la coopérationscientifique et technique. Ceci expliquesans doute que la plupart des associa-tions traversent une phase difficile.

Un bilan honorableLa coopération internationale est undomaine foisonnant par nature : baséesur des réseaux, la dimension person-

nelle prend une importance particuliè-re. Dans un contexte de mondialisa-tion, qui lui confère un caractèrestratégique majeur, et spécialement enFrance, pays qui revendique, au nomde l’histoire, un rayonnement planétai-re, les initiatives se multiplient, don-nant une impression de désordre, peuconforme à la tradition « du jardin à lafrançaise » : ce symbole du systèmerationnel et transparent est l’objectifde toute administration qui se res-

pecte. Hélas, laréalité est bien dif-férente, et l’oncomprend que lesassociations, lieu

d’exercice de la créativité individuelleet spontanée, jouent un rôle essentieldans le développement de ces coopé-rations. Ariel a choisi de focaliser sonaction sur l’initiation de projetsde coopération internationale derecherche en sciences de l’ingénieur,c’est-à-dire impliquant des partenairesindustriels. Vingt ans d’expérience luiont permis d’acquérir une expérienceintéressante et de mettre sur pied desréseaux efficaces : le bilan est hono-rable, mais montre aussi que beaucoupreste à faire. Le projet est de plus enplus pertinent au fur et à mesure que ladimension internationale s’imposedans toutes les activités notammentindustrielles. Mais une interruptionmême momentanée de la vigilancedans un pays déterminé ramène rapide-ment à la case « départ », tant lecontexte général change rapidement.Les associations, en général, et Ariel,en particulier, disposent de nombreuxatouts dont les principaux sont l’en-thousiasme des animateurs bénévoles,donc motivés, et, par voie de consé-quence, un faible coût et une rapiditéde réaction qui leur est propre.Il est donc à souhaiter que, à côté descanaux officiels construits à cet effet,celui des associations soit conforté, enraison de leur apport complémentaireoriginal. •

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Les partenaires industrielssont, dans leur grande majori-té, les grands groupes

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38 A n n a l e s d e s M i n e s

Annexe 1

Présentation de la fiche Bilan de l’action d’Ariel en Corée(1997-2002)

Ariel a été pionnier dans le développement de la coopération recherche avec la Corée dans le domaine des sciences de l’in-génieur. Démarrée en 1997 avec le soutien de l’Ambassade de France et en partenariat avec la KOSEF, l’action avait généré 4ans après près de 25 projets en cours d’exécution concernant principalement les domaines des STIC, des matériaux, du génieindustriel. Les ateliers organisés dans ces domaines ont eu une bonne productivité et les résultats fin 2001 apparaissaient àtous égards excellents. En 2002, l’ambassade de Séoul a souhaité prendre en main la coopération de manière directe en lan-çant le programme STAR, sur lequel elle a concentré l’essentiel des moyens financiers. Dans cette conjoncture nouvelle, Ariela été amenée à concentrer son action sur le domaine des STIC en partenariat avec France Télécom.

L’opération Corée

Les chiffres clefs : (K€ actualisés)

Montant des dotations : Ministère Affaires Etrangères . . . . . . . . . . 240 Ariel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12TOTAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252 Coût total des projets (1997 à 2002) . . . . 1 200. . . . . . .Effet levier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . × 4,8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les retombées :37 projets communs de recherche soutenus 18 articles scientifiques co-signés de 1997 à 2002130 chercheurs français impliqués 45 thèses françaises109 chercheurs coréens impliqués 39 thèses coréennes

Evolution des financements des opérations :

rencontres, missions d’identification, ateliers, projets

Répartition par domaines des projets soutenus

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■ CNAM■ Ecole Navale ■ ECPM Strasbourg■ ENS Cachan■ ENSAM■ ENSCI Limoges■ ENSCP Bordeaux ■ ENST Bretagne■ INP Grenoble / ENSERG■ INP Grenoble / ICP■ INP Toulouse / ENSIACET ■ INSA Lyon

■ INSA Toulouse ■ INT ■ ISEN■ Mines Paris ■ Mines St Etienne■ Supelec■ Université de Bourgogne■ Université de Franche Comté■ Université de Haute Alsace■ Université Lyon 1■ Université Poitiers

■ Ajou Univ.■ Chungbuk National University■ Chungnam University■ Dongshin University■ Hanyang Univ.■ Information & Communication

University■ INHA Univ.■ KAIST■ KIST■ Kongkuk University■ Kyonyang University■ Korea University■ POSTECH■ Pusan National University■ Seoul Development Institut■ Seoul National University■ Sung Kyun Kwan University■ Suwon university■ Uiduk University

Les Partenaires

Les partenaires universitaires

Français (23 établissements) Coréens (19 établissements)

■ Aérospatiale■ Alcatel■ Alstom ■ Babel Technologies■ BAXTER■ CEA■ CEA/LETI■ COMPIN■ COURLY■ CREAS■ DUMEZ-GTM■ Corriaz Mesure■ EDF■ Europhysical Acoustics■ France Telecom■ GDF■ Insttut Textile de France■ Intempora■ Issoire Aviation■ Hexcel■ Ingrérop-SEEE■ Intempora■ Laffitte France

■ LGIS France■ Martel ■ Mayolyl-Spindler France ■ MOTOROLA■ NMS Telecoms■ Offices public de HLM Lyon ■ POLYMEM■ PROSIM S. A.■ Renault■ Rhodia Kofran■ Rhône Poulenc Industrie■ Solvay Travaux.■ Roowin SA■ SOITEC■ Spiraltex Indsutries■ Saint Gobain (Vetrotex

International) ■ ST Microelectronics■ TELSCOM■ Transvalor■ VECTRA■ VERILOG ■ Vivendi Water

■ AID Corp.■ AmKor■ Anam■ COMTECS■ Dae-Won Kang-Up Co,■ Daewoo■ Dong Il Indsutrial Cy■ Hankook Fiber Co■ Hankuk Vetrotex ■ Hichips Cy■ Hyundai, Electronics■ Hyundai■ InnoTech ■ IR Technology Inc.■ Korea Gas Corp. ■ Korea Telecom, ■ KRISS■ LG. Semiconductors■ POSCO ■ Pusan Urban Community ■ Rhône Poulenc Rorer Korea■ Sam-A Venture, ■ Samsung Electronics, ■ Shin Poong Consult. Co, ■ Woo-Jin Co

Les partenaires Industriels

Français (45 partenaires) Coréens (25 partenaires)

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Les Ateliers

TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION & DE LA COMMUNICATION

« Telecommunication : from high speed to multimedia »Seoul, Juillet 1998 Young -Bin Kwon (University of Chung-Ang, Seoul)Henri Maître (ENST Paris)

« Internet haut débit »Taejon Septembre 2003Jaeho KIM (ETRI) Laurent TOUTAIN (ENST Bretagne)Pierre ROLIN (France Telecom)

« Télécom Rennes »Rennes, Mai 2004 : Laurent TOUTAIN (ENST Bretagne) Pierre ROLIN François BROWN DE COLSTOUN (INRIA) Yanghee CHOI (SNU), Jaeho KIM (ETRI)

MATERIAUX / MECANIQUE

« Matériaux inorganiques non metalliques »Teagu, Octobre 1997 Jin-Ho CHOY (Seoul National University)Philippe BOCH (ESPCI)

« Conception des structures composites: application aux transports »Paris, Juin-juillet 1999 Alain VAUTRIN, Woo-Suk HAN (Mines de Saint-Etienne) Seung-Jo KIM (Seoul National University)

« Mise en forme des métaux »Taejon, Août 1999 Dang Yol YANG (KAIST)Jean-Loup CHENOT (Mines de Paris)

« Matériaux et structures composites pour le nouveaumillenaire »Séoul, Août 2000 : – Seung Jo KIM (Seoul National University)Alain VAUTRIN (Mines de Saint-Etienne)

« Matériaux composites à matrice céramique »Bordeaux, Juin 2002 : Alain VAUTRIN (Mines de Saint-Etienne) – Jacques Lamon (ENSCPB) – Seung Jo Kim, Woo Il Lee (SNU)

GENIE DES PROCEDES

« Simulation, optimisation et commande en génie des procédés (1) »Toulouse, Janvier 1998 Xavier JOULIA (ENSIGC / INP Toulouse) – Kun Soo CHANG (POSTECH)

« Simulation, optimisation et commande en génie des procédés (2) »Chejudo Island, Février 2000 : Xavier JOULIA (ENSIGC-INPT) – In-Beum LEE (POSTECH)

« Membranes et procédés membranaires »Bordeaux, Juillet 2002 : Roger Ben Aim (INSA Toulouse) Martine Mietton Peuchot (Univ. Bordeaux 3) Chung-Hak LEE (SNU)

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La coopération avec l’Ecole Polytechnique de Montréal surles applications de technologies laser dans l’industrie adémarré, comme cela est souvent le cas, par des contactsinformels établis lors d’un congrès et sur la découverte decomplémentarités entre les équipes française et canadien-ne. L’objectif était la mise au point d’une technologie d’uti-lisation des lasers de puissance pour l’usinage. Cettetechnologie est particulièrement attractive pour des maté-riaux tels que les céramiques dont l’usinage est difficile enraison de leur dureté qui peut être supérieure à celle del’outil de coupe. En utilisant un laser de puissance, il estpossible de chauffer le matériau juste avant la coupe cequi permet de diminuer fortement ses caractéristiquesmécaniques. La technologie présente toute une séried’avantages : suppression de l’utilisation du fluide decoupe, réduction de la taille des copeaux, réduction del’amplitude des vibrations, augmentation de la durée devie de l’outil et de celle de la pièce usinée. La complé-mentarité tenait au fait que l’équipe française avait unebonne maîtrise du procédé et l’équipe canadienne uneexpérience avérée en termes de conduite des essais etd’optimisation.Côté français, Snecma et Renault ont été pleinement impli-qués dans le projet. Par contre, certaines difficultés sontapparues côté canadien du fait de la concurrence entrePratt & Whitney et la Snecma. Au terme de son déroule-ment, le projet n’a pas seulement permis d’atteindre lesobjectifs qui avaient été initialement fixés, il a égalementabouti à la mise au point d’un usinage laser multi-fonctionspermettant que les trois opérations d’ébauche, de trempe etde finition soient réalisées sur la même machine sansdémontage ni remontage de la pièce. A ce niveau, l’EcolePolytechnique de Montréal a fourni un travail importantpermettant une optimisation par usage de la logique floue. En termes de financement de ce premier projet, Ariel a jouéle rôle de déclencheur en accordant un soutien dans laphase de démarrage. Le relais a été pris ensuite par unfinancement communautaire Brite Lam puis par une aidedu ministère de la Recherche complétée par des contratsavec Renault et la Snecma. Les retombées de ce premierprojet se sont révélées importantes :- au plan académique, le travail a donné lieu à deux thèsesde doctorats co-dirigées entre France et Canada, à unecontribution à un nouveau cours universitaire et à plusieurspublications ;

- au plan industriel, il a donné lieu à une prise de brevet età la conception d’une machine multi-fonctions (ébauche,trempe, finitions), qui est actuellement en cours deconstruction.Suite à cette première action de coopération, un autre pro-jet a été mis sur pied. Il a concerné le contrôle industriel.Une pièce à contrôler peut être irradiée par un laser impul-sionnel de forte énergie durant des temps très courts quigénère des ultrasons, la détection des ultrasons étant mesu-rée grâce à un laser continu en interférométrie. La métho-de permet un contrôle non destructif en temps réel. Leprojet était un vrai rectangle associant : - l’Ecole Centrale, qui était en charge de la génération desultrasons et de la conception du laser impulsionnel (laserCO2 TEA) ;- l’Ecole Polytechnique de Montréal, qui a pris en chargeles aspects « traitement du signal » ;- l’entreprise canadienne Ultraoptec, qui a fourni la sondede détection ;- l’entreprise française Sofretec côté français, qui a été encharge de l’intégration des composants.Ce projet a bénéficié d’un soutien Criq Anvar. Il a donné lieuà trois thèses de doctorat dont une co-dirigée, à une maîtriseavec l’Ecole Polytechnique de Montréal, à des échangesd’élèves et de professeurs. Par ailleurs, il en est résulté unecontribution à un cours nouveau de contrôle industrie. En aval du projet, sur le plan recherche/développement, unprojet BRITE DOCER a été monté entre l’Ecole Centrale etla Société Sopelem en vue d’étudier et de développer unsystème de contrôle qualité pour céramiques (recherche defissures ou de défauts apparus lors du procès de fabrica-tion). Par ailleurs, dans la mesure où la technologie laserCO2TEA qui a été mise au point émet des puissances crêtesénormes, elle peut être utilisée pour la désinfection bacté-rienne en surface. Cette application donne lieu à un projetcommunautaire EUREKA concernant le contrôle de la qua-lité de produits agroalimentaires. Ce cas a été choisi pour son caractère exemplaire : en effet,il souligne le rôle essentiel d’amorçage joué par Ariel dansle montage d’un projet de recherche technologique menépar des partenaires académiques, accompagnés par leurspartenaires industriels, dans deux pays différents, la Franceet le Canada ; l’aventure ne se termine pas là et les résultatsde la recherche sont valorisés par la mise au point de pro-cédés et d’appareils nouveaux.

Annexe 2

Un exemple de « rectangle » réussi :La coopération France-Canada sur l’usinage des matériaux par laser

Responsable : Jean-Pierre Longuemard, Professeur à l’Ecole Centrale Paris,Conseiller scientifique au CLFA

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42 A n n a l e s d e s M i n e s

D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

Créée en 1967, l’Associationfranco-suédoise pour la

recherche (AFSR), qui a partici-pé à l’organisation de plus de180 manifestations, contribueefficacement à la fécondation

réciproque des travaux scienti-fiques et techniques dans les

deux pays. Au-delà, elle illustreparfaitement le rôle d’une insti-tution bilatérale dans le proces-

sus actuel de mondialisation.

par Erik Sandewall,Professeur à l’université

de Linköping (sciencesinformatiques),

Président du Conseil scientifiquede l’INRIA

et Bertil Aronsson,Professeur (sciences

des matériaux),Ancien Vice-Président

de l’Académie Royale Suédoisedes Sciences

Ancien Président de la Fondationpour la recherche stratégique (SSF)

NDLR : Cet article a été traduit de l’an-glais par Marcel Charbonnier.

L a France et la Suède ont unelongue tradition de contacts etd’échanges dans les domaines de

l’enseignement supérieur et de larecherche. Au Moyen Age, les jeunessavants suédois avaient une prédilec-tion marquée pour l’Université de Paris,qui décerna son Doctorat à JacobUlfsson, lequel allait par la suite êtrenommé évêque et fonder en 1477l’Université d’Uppsala, la plus ancien-ne de toute la Scandinavie. Après undéclin heureusement passager de l’en-seignement universitaire, consécutif àla Réforme, l’Université bénéficia d’unsoutien généreux au début du seizièmesiècle, et ceci stimula ses contacts avecl’étranger, en particulier avec dessavants français. L’exemple le pluscélèbre de ces contacts est la visite queDescartes effectua à Stockholm, dansles années 1650, au cours de laquelleles heures d’enseignement plus quematinales exigées de lui par la jeunereine Christine, combinées à un climattrès froid, finirent par avoir un effet fatalpour l’organisme du philosophe fran-çais. Au dix-huitième siècle, la sciencesuédoise avait atteint le niveau interna-tional, avec notamment son illustrereprésentant, le botaniste Carl vonLinné (dont on célèbrera bientôt – en2007 – le tricentenaire de la naissance)et des savants français commencèrent àvenir en Suède. L’expédition de Pierre-Louis Moreau de Maupertuis (1698 –1759) en Suède septentrionale, en 1737et 1738, est un des premiers exemplesmarquants de coopération scientifiquefranco-suédoise. L’Académie RoyaleSuédoise des Sciences (fondée en1739), et surtout l’Académie Suédoise(fondée en 1786) se sont fortement ins-pirées de leurs homologues françaises.Comme les riches archives del’Académie Royale Suédoise des

Sciences et de l’Institut Nobel le mon-trent, leurs collègues français ont tou-jours tenu une place éminente dans lesnombreux contacts internationaux éta-blis par les savants suédois tout au longde l’expansion scientifique particulière-ment dynamique que connut le dix-neuvième siècle. D’un intérêt toutparticulier est la correspondance relati-ve aux premiers Prix Nobel, dont beau-coup furent attribués à des savantsfrançais, dont les plus illustres sontMarie et Pierre Curie.

Création et activités de l’AFSR

Après le chaos créé dans le monde parles deux guerres mondiales, la sciencesuédoise était presque exclusivementorientée vers les Etats-Unis et laGrande-Bretagne. Tandis que l’Europecommençait à se reconstruire, on res-sentit fortement en Suède le besoin derevigorer les anciens contacts avec larecherche européenne, notammentfrançaise. C’est à cette fin qu’en 1967fut créée l’Association franco-suédoisepour la recherche, à l’initiative duDirecteur de l’Académie Suédoise desSciences de l’Ingénieur (IVA), SvenBrohult. Cette institution est cofinancéepar des ministères et des agences gou-vernementales, ainsi que par des entre-prises privées, qui ont créé (en 1977)une fondation spécifique dont la finali-té est de soutenir les activités del’Association.Le Conseil de l’AFSR, qui se réunit aumoins une fois par an, comporte unesection suédoise et une section françai-se ; le Président de l’Association prési-de la section suédoise, et leVice-Président – la section française.Les membres du Conseil représentent

L’association généraliste entre la Suèdeet la France

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les ministères français et les agencesgouvernementales suédoises qui appor-tent un financement à l’AFSR. Lesmembres du Conseil de la Fondationindustrielle sont choisis parmi les entre-prises contributrices [voir : Annexe 1].En dépit de son budget modeste (d’en-viron 100 000 euros par an), destinéprincipalement à assurer le salaire deson secrétariat composé d’un poste etdemi, l’AFSR a joué un rôle essentiel decatalyseur des coopérations bilatéralesaussi bien dans les domaines de larecherche fondamentale que dans ceuxde la recherche industrielle ; en outreelle a beaucoup aidé à surmonter lesobstacles administratifs et linguistiquesqui se sont manifestés, principalementles premières années.Avant d’en venir aux activités en courset au rôle que les contacts bilatérauxseront appelés à jouer à l’avenir, et enparticulier celui d’une association tellel’AFSR, il convient de citer quelquesexemples des 180 manifestations orga-nisées par l’AFSR (totalement ou en par-tie) depuis 1967 [voir : Annexe 2].Comme le montre cette liste, diversthèmes ont été traités. Certaines confé-rences ont porté sur des thèmes trans-verses, tels les politiques nationales enmatière de recherche, les politiquesfrançaise et suédoise en matière de pro-tection de l’environnement, la collabo-ration université – entreprise dans lesdomaines de la recherche et de l’inno-vation, et d’autres sur des thèmes spé-cifiques à certainesdisciplines scienti-fiques, telles larecherche spatialeou les nouveauxmatériaux.L’AFSR a été active,également, dans la collecte et la diffu-sion d’information relative à tout ce quia trait à la recherche dans les deuxpays, en particulier grâce aux bulletinshebdomadaires S&T Suède et S&TFrance. Elle a stimulé et organisé denombreuses visites mutuelles de spécia-listes des deux pays et elle a été d’uneaide inestimable pour les personnes etles organisations en quête de corres-pondants idoines dans le pays partenai-re. Dans un rapport de 2001 qui mettaitl’accent en particulier sur les échangesde post-doctorants (AFSR’s Report n°

124), on trouvera une information trèsutile sur les organisations (vingt-huitagences et fondations suédoises, enplus des neuf universités suédoises lesplus importantes) engagées dans descollaborations franco-suédoises enmatière de recherche, ainsi qu’une listedes nombreux projets de coopérationen cours, dont plusieurs s’inscriventdans les projets européens (financés parl’Union européenne). Beaucoup deprojets, sur la centaine énumérées dansce rapport, ont été initiés grâce à d’an-ciens contacts liés à l’occasion demanifestations soutenues par l’AFSR.

Les activitésConformément à ses objectifs, l’AFSRcontinue à initier et à permettre l’orga-nisation de visites de spécialistes, derencontres, de séminaires portant surdes sujets d’intérêt commun. Voici des exemples d’activités récenteset envisagées :- les technologies de l’information enSuède (visite de M. N. Jacquet, Déléguégénéral de la DATAR, à la suite d’unevisite effectuée par une délégation del’ADIMAC, en 2003) ;- la visite d’une délégation françaisevenue étudier l’enseignement électro-nique (e-learning) en Suède ;- l’échange de professeurs, en collabo-ration avec les Fondations Wenner-Gren ;- le séminaire du Groupe des pays nor-

diques de laConférence desGrandes Ecoles etde l’organisationhomologue sué-doise, SKUF ;- le séminaire sur

« Les avancées récentes en matière dematériaux et de composants métal-liques », avec le Professeur Ericsson del’Université de Linköping et lesProfesseurs Pineau et Bienvenu del’Ecole des Mines, coordinateurs ;- la tenue d’un séminaire portant sur « lesystème des retraites », ou sur « lesconditions de vie des personnes âgées »dans les deux pays a été étudiée, à l’ini-tiative du président de la fondationindustrielle de l’AFSR ;- une visite portant sur la gestion desdéchets nucléaires radioactifs en

France, dans la continuité de la visited’une délégation française effectuée enSuède en 2003 ;- la poursuite de la collaboration entrel’Université d’Uppsala et le laboratoiredu CNRS / Thales sur les matériauxmagnétiques, qui se manifeste par desséminaires, des échanges d’étudiantschercheurs (etc.) ;- des discussions bilatérales portant surles politiques de la recherche sont pré-vues, à la suite de contacts entre le pré-sident de l’AFSR et le Secrétariat d’Etat(suédois) pour l’Education et laRecherche.Il convient de noter également deséchanges résultant de contacts établisdans les domaines de la biodiversité(entre l’INRA et l’agence suédoise FOR-MAS), des véhicules électriques (suivide symposiums passés), d’aéronefs sanspilotes, ou portant sur le thème « scien-ce et télévision », inspiré par le sympo-sium intitulé « Le Prix Nobel au servicede la vie », ou encore sur les politiquesen matière d’innovation et de dévelop-pement durable.Même si l’anglais est devenu de nosjours d’une manière irrévocable lalangue scientifique dominante (c’estd’ailleurs également le cas dans la plu-part des autres activités internationales),une bonne connaissance des languesdes autres grandes civilisations est toutaussi nécessaire, ne serait-ce qu’en rai-son du développement des échanges ausein de l’Union européenne, dont uneminorité seulement des habitants ontl’anglais pour langue maternelle. L’AF-SR ne s’est pas engagée directementdans l’encouragement à l’étude du fran-çais auprès des étudiants et des cher-cheurs suédois, mais, grâce à sesactivités, elle a sans nul doute motivébeaucoup de Suédois à perfectionnerleur connaissance du français, leur per-mettant ainsi de tirer un bénéfice opti-mum de leur séjour en France. Dans ledomaine scientifique, le progrèsdépend aussi, dans une grande mesure,des conversations qu’on peut avoir dansdes cafés ou des restaurants. Il est detradition de tenir les réunions de l’AFSRen français, mais afin de ne pas décou-rager les nouveaux participants suédois,on y utilise aussi parfois l’anglais. Dansles échanges de l’association homo-logue germano-suédoise, l’allemand est

Beaucoup de projets euro-péens ont été initiés grâce à d’anciens contacts liés à l’occasion de manifestationssoutenues par l’AFSR

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la langue prédominante (mais il fautpréciser que l’allemand est plus facile-ment compréhensible pour lesSuédois). Quelle que soit la politique choisie parl’AFSR, ses activités auront pour effetd’amener de plus en plus de Suédois àapprendre le français, au bénéfice de laqualité de leur participation dans desprojets de recherche européens.

Evaluation de l’AFSRLa Direction générale de la coopérationinternationale et du développement duministère français des AffairesEtrangères a confié à Claude Trink lamission d’évaluer le soutien apporté parla partie française à l’Association.Claude Trink a exposé ses constatationsdans un rapport détaillé publié en mai2004, intitulé « Evaluation rétrospectivede l’appui français à l’AFSR » et ditavoir été impressionné par la compé-tence et l’efficacité de l’AFSR ; il a for-mulé des recommandations allant dansle sens d’une poursuite des subventionsfrançaises. Il a souligné qu’un budgetminimum et garanti est nécessaire àune association telle l’AFSR pour engarantir la pérennité, mais que l’ac-croissement de projets financés par descontributions spécifiques (qui représen-tent d’ores et déjà une part substantiel-le des rentrées d’argent de l’AFSR)devrait être considérée comme unepriorité. Pour l’évaluateur, la représen-tation française au Conseil d’adminis-tration devrait être renforcée et labonne collaboration déjà existanteentre l’AFSR et l’Ambassade de Franceà Stockholm davantage développée. Enparticulier, il suggère que l’AFSR pour-rait participer à une collaboration fran-co-suédoise approfondie dans ledomaine de l’innovation, car l’Agencesuédoise chargée de cette activité, VIN-NOVA, a un représentant au Conseild’administration de l’AFSR. Il a égale-ment mentionné le fait que les contactsétablis par la France dans la dynamiqueEurope du Nord (y compris les Etats bal-tiques et la Russie du Nord-Ouest) sontsusceptibles de stimuler, à l’avenir, deséchanges et des collaborations enmatière de recherche.Ceci nous conduit tout naturellement àla question – cruciale – du rôle que

peut jouer aujourd’hui une associationde recherche bilatérale, en ces tempsoù les chercheurs affichent les résultatsde leur recherche sur une page web,les rendant de ce fait immédiatementdisponibles pour leurs collègues dumonde entier. Ce phénomène a rem-placé dans une très grande mesure desactivités naguère assurées par des orga-nismes bilatéraux ou multilatéraux,ainsi que par desréseaux informels.Voici seulementquelques décen-nies, les barrièreslinguistiques etbureaucratiques (par exemple, dans lescontacts entre le Japon et l’Unionsoviétique) rendaient la communica-tion avec des collègues étrangers diffi-ciles sans l’aide d’organisationsbilatérales (officiellement reconnues).Aussi, à ses débuts, l’aide de l’AFSR asouvent été nécessaire lorsqu’il s’estagi de convenir de visites et de l’orga-nisation de stages dans les laboratoiresdu pays partenaire. Dans un monde oùtout le monde a accès au réseauInternet, ce n’est plus le cas. Aussi, dequelle utilité pourrait bien être uneassociation telle l’AFSR, de nos jours età l’avenir ?

De l’importance descontacts dans l’aire del’innovationUn des problèmes posés à notre sociétéde l’information actuelle tient à ce queles personnes sont saturées d’informa-tion et qu’il n’est pas immédiat de trou-ver le meilleur interlocuteur nid’apprécier de manière correcte les dif-férentes manières d’agir et de commu-niquer, y compris au sein de l’Unioneuropéenne. Une association tellel’AFSR, avec son expertise, pourraitgrandement contribuer à désem-brouiller cette situation et permettre detrouver les contacts adéquats et d’apla-nir les difficultés découlant de diffé-rences linguistiques et « culturelles ».Ceci vaut à la fois tant pour les négo-ciations portant sur la politique futurede l’Union européenne en matière derecherche que pour des questions plusspécifiquement nationales, où un

échange d’expériences s’avère mutuel-lement bénéfique.Les politiques de recherche (avec toutesleurs répercussions sur l’ensemble dessociétés concernées) occuperont uneplace centrale dans tous les pays euro-péens et seront de plus en plus influen-cées par les actions européennesconjointes dans ce domaine. Quelsseront les budgets et les priorités, dans

les futurs « pro-grammes cadres »européens derecherche et déve-loppement ? Dansquelle mesure

devront-ils être harmonisés avec unepolitique visant à renforcer l’industrieeuropéenne ou encore devront-ils car-rément s’inscrire dans les actions visantà atteindre les objectifs fixés par lecélèbre sommet de Lisbonne, en 2000,qui ambitionnent de faire de l’Europe lasociété la plus compétitive et éduquéeau monde – un objectif qui, jusqu’ici aproduit plus de mots que d’actes ?Comment la société des TIC influence-t-elle la publication et l’archivage desrésultats d’expérimentations scienti-fiques ? Quelle devrait être une poli-tique visant à encourager l’innovation –si importante pour la croissance écono-mique – afin de rétablir l’équilibre faceà une recherche visiblement guidée parla curiosité et l’amour de l’art ? Quelrôle pour la recherche dans les futurespolitiques européennes en matière dechangement climatique et de protectionde l’environnement ? Quelle contribu-tion la recherche peut-elle apporter àl’élucidation des problèmes posés àune société multiculturelle ? Ou encoreà une société connaissant une augmen-tation rapide du nombre de ses per-sonnes âgées ? Un conseil conjointeuropéen de recherche est-elle unebonne idée pour organiser la recherchefondamentale (laquelle est potentielle-ment importante pour trouver desréponses à beaucoup de ces questions)et, ce faisant, pour faire face à laconcurrence, venue en particulier desEtats-Unis où le NIH et le NSF jouentun rôle fondamental dans l’attractionvers l’Amérique des meilleurs équipesde chercheurs ?Une tâche bien plus concrète incombe àchaque pays : l’harmonisation des pro-

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Il est de tradition de tenir les réunions de l’AFSR en français, mais on y utiliseaussi parfois l’anglais

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grammes nationaux de recherche avecles programmes financés par l’Unioneuropéenne. Quel est la proportion adé-quate entre la recherche-développementnationale et la recherche-développementeuropéenne ? Quelle méthode chaquepays doit-il utiliser afin de trouver la pon-dération optimale entre le soutien à unerecherche satisfaisant aux critères inter-nationaux les plus élevés et unerecherche – développement plus cibléesur le développement régional ? Ce sont là d’excellentes raisons pourrenforcer les contacts bilatéraux entre laFrance et la Suède, dans le cadre de ladiscussion de cesvastes questions,tant à l’échellenationale qu’euro-péenne. Comme lemontre l’énuméra-tion des différentes manifestations,l’AFSR a facilité (et même parfois initié)des rencontres sur des thèmes afférentsaux politiques européennes en matièrede recherche – comme par exemple laplace des R&D nationales dans lecontexte européen, la collaborationfranco-suédoise au sein de l’AgenceSpatiale Européenne, la coopérationindustrie / université en matière derecherche, etc. – et elle pourrait conti-nuer à jouer un rôle non négligeable enfavorisant de telles rencontres à l’avenir.Dans son rapport d’évaluation, Claude

Trink a mis l’accent tout particulière-ment sur l’importance des contactsdans l’aire de l’innovation (contacts quidevraient concerner notamment la prisede dispositions permettant d’assurerune meilleure protection des droitsimmatériels).La place de l’éducation supérieure etde la recherche dans une politique dedéveloppement des régions qui ont ététouchées par les restructurationsindustrielles récentes et qui risquentfort d’être particulièrement affectéespar les délocalisations en cours est unsujet d’une actualité brûlante. Les

contacts franco-suédois permet-tant des échangesmutuels d’expé-rience sur cesproblèmes sont

nombreux ; nous citerons à titred’exemple la collaboration établieentre la Lorraine et la province duNord de la Suède sur ces questions,dans le cadre de l’Ecole Européenned’Ingénieurs en Génie des Matériaux[EEIGM] de Nancy.

Des ressources trop limitées

En raison de leur importance cruciale,les questions évoquées ici requièrent

l’implication de plusieurs ministères,agences gouvernementales, entreprisespubliques et privées. Le rôle de l’AFSR,dont les ressources sont très limitées,devrait consister à proposer un lieu dediscussion, une sorte de forum, où,quand c’est nécessaire, certains de cesacteurs puissent se rencontrer afind’échanger leurs points de vue et éven-tuellement faire les premiers pas en vued’une collaboration plus étendue.L’expérience a montré que l’associationa très efficacement suscité et organisédes visites individuelles et de déléga-tions et organisé divers colloques aux-quels ont participé des Français et desSuédois. On peut regretter parfois l’ab-sence d’un suivi organisé de ce typed’activités, qui résultent souvent d’ini-tiatives ponctuelles. Mais, en contrepar-tie, l’un des atouts de l’ASFR est sacapacité à agir rapidement afin de satis-faire aux demandes de dernière minutequi lui sont adressées.Comme l’a diagnostiqué le rapportd’évaluation de Claude Trink, l’efficaci-té dans ce type d’activité requiert unbudget suffisant, à même de faire fonc-tionner un secrétariat qui, en plus de ladiffusion permanente de l’informationutile aux organisations françaises etsuédoises concernées, ait la capacité demobiliser rapidement des ressources,également pour des activités d’unenature plus « impromptue ». •

L’AFSR a facilité des rencontressur des thèmes afférents auxpolitiques européennes enmatière de recherche

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46 A n n a l e s d e s M i n e s

Le Comité Directeur de l’AFSR est composé de membres à titrepersonnel dont le Président, M. Erik SANDEWALL (Professeur,Université de Linköping) et le Vice-Président, M. Jacques LÉVY(ex-Directeur de l’ENS des Mines de Paris), ainsi que demembres ès qualité représentant les organismes suivants :Suède :- le Conseil de recherche sur l’environnement et les

sciences agronomiques (FORMAS),- l’Agence des systèmes de l’innovation (VINNOVA),- l’Académie royale des sciences de l’ingénieur (IVA),- l’Académie royale des sciences (KVA),- l’Administration du matériel de la défense (FMV).France :- le ministère des Affaires Etrangères (MAE),- le ministère de l’Industrie (MINEFI),

- le ministère de la Recherche (MENR),- le Centre national de la recherche Scientifique (CNRS),- l’Institut national de la recherche agronomique (INRA),- l’Institut national de la santé et de la recherche médicale

(INSERM),- l’Institut national de recherche en informatique et en auto-

matique (INRIA),- le Centre national d’études spatiales (CNES),- l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

(ADEME).

Le Conseil de la Fondation industrielle de l’AFSR est com-posé de représentants des sociétés membres. Le Présidentest Olof C SJÖSTRÖM et le Vice-Président, GilbertSCHORSCH.

Annexe 1

Depuis 1967, l’AFSR a participé à l’organisation de plus de180 manifestations.Citons à titre d’exemples :1984 – « Science, technologie, industrie – An 2000 », col-

loque organisé à l’occasion de la visite duPrésident François Mitterrand.

1987 – « Journée High Tech » organisée à Lyon à l’occa-sion du 20e anniversaire de l’AFSR, en présence deS.E. l’Ambassadeur de Suède et de M. PeterWallenberg, Président de la Fondation industriellede l’AFSR.

1990 – « Société, industrie et environnement », sympo-sium organisé par l’académie IVA et le CADAS, enprésence de S.M. le Roi Carl XVI Gustaf de Suèdeet de M. Hubert Curien, Ministre de la Rechercheet de la Technologie.

1994 – « Infrastructure, société et environnement », sym-posium IVA – CADAS organisé à l’Académie desSciences à Paris et inauguré par S.M. le Roi CarlXVI Gustaf de Suède.

1996 – « Approche franco-suédoise de l’Espace », sémi-naire organisé en coopération avec le CNES etl’agence spatiale suédoise SNSB.

1997 – « Politiques nationales en matière de R&D dansl’Europe de demain », séminaire organisé à l’occa-sion du 30e anniversaire de l’AFSR.

1998 – « Les nouvelles lignes directrices de la politiquefrançaise de la recherche » avec la participation de

M. Vincent Courtillot, Conseiller spécial auprès duMinistre, C. Allègre.

1999 & 2000 Participation à « IT-Visions », deux conférencesorganisées à l’initiative de S.E. l’Ambassadeur deSuède à Paris et qui ont généré une quinzaine demissions d’étude dans le domaine des TIC enSuède.

2000 – Forum Nordique, manifestation organisée à l’oc-casion de la visite du Président Jacques Chirac àStockholm.

2001 – « Recherche et déplacements durables », séminai-re organisé en coopération avec l’agence VINNO-VA et la DRAST (ministère des Transports).

2002 – « La forêt multifonctionnelle », séminaire orga-nisé par l’INRA et le conseil de recherche FORMAS.

2003 – « Le Prix Nobel au service de la vie », colloqueorganisé à l’initiative de S.E. l’Ambassadeur deSuède en présence de S.A.R. la Princesse Victoriade Suède.

2004 – « La gouvernance des établissements d’enseigne-ment supérieur », 7e rencontre dans le cadre de lacoopération entre le groupe Pays nordiques de laCGE et le comité suédois de liaison SKUF.

2004 – « Les avancées récentes dans les matériaux etcomposants métalliques », 6e séminaire d’unesérie démarrée en 1969.

Annexe 2

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D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

Depuis deux siècles lesFinlandais sont présents sur la

scène scientifique internationale.Un accord de coopération cultu-

relle et scientifique entre laFrance et la Finlande a été signé

en 1970. L’association franco-finlandaise pour la recherche

scientifique et technique(AFFRST), forte de ses 32 ans

d’ancienneté, agit en tant qu’ini-tiateur et catalyseur pour

la réalisation de projets franco-finlandais et de colloques

scientifiques.

par Marie Aronson, Attachée scientifique et de coopé-

ration universitaire, Ambassadede France

et Pekka Silvennoinen, Président d’Association franco-

finlandaise

H éritage d’un esprit de coopéra-tion et d’estime partagée, leséchanges entre communautés

scientifiques finlandaises et françaisesse poursuivent à rythme soutenu.Les travaux de savants français ont tou-jours été reconnus en Finlande. Mais laposition géographique de la Finlande

rendait les rencontres entre chercheurstrès sporadiques et aléatoires. Après laDeuxième Guerre Mondiale, laFinlande s’est de plus retrouvée isoléepolitiquement et ignorée scientifique-ment. Elle était d’ailleurs encore moinsconnue en France que dans le mondeanglo-saxon ou en Allemagne.Pourtant les Finlandais sont présentsdepuis deux siècles sur la scène scienti-fique internationale. En témoignent lestravaux d’Anders Johan Lexell (1740 –1784), mathématicien et astronome,qui a généralisé les travaux deCondorcet, Lagrange et surtout Euler surles équations différentielles.L’yttrium, terre rare utilisée dans lestélévisions en couleur, a été découvert àla fin du XVIIIe siècle par le chimisteJohan Gadolin (1760-1852). ArtturiIlmari Virtanen (1895-1973), a reçu leprix Nobel de chimie en 1945 pour sesrecherches et inventions en chimie agri-cole et de nutrition, et spécialementpour sa méthode de conservation desfourrages.Lars Ahlfors fut le premier mathémati-cien à recevoir la médaille Fields(1936). Rolf Nevanlinna (1895-1980),père fondateur de la mesure harmo-nique a réalisé un travail remarquablesur la théorie des fonctions. Quant àLinus Torvalds, créateur du systèmed’exploitation Linux (1991), il a acquisune renommée internationale.

Les motivations de la coopération

Malgré plusieurs exceptions remar-quables, la Finlande n’avait ni lesmoyens ni la capacité d’intégrationnécessaires pour s’implanter sur lascène internationale, avant l’extension

du système universitaire pendant lesannées 1960 et la mutation industrielledu pays des années 1980-90. Les inves-tissements considérables ont commen-cé à porter leur fruit quelques annéesaprès l’effondrement de l’Union sovié-tique et l’essor technologique de laFinlande a coïncidé avec l’entrée de cepays dans l’Union européenne en1995. Aujourd’hui, grâce à un effortsoutenu de l’industrie privée de lahaute technologie, la Finlande consacre3,4 % de son PIB à la recherche et audéveloppement ; ce qui est nettementsupérieur aux 3 % préconisés parl’Union européenne, et qui place laFinlande au deuxième rang mondial,juste après la Suède.L’accord de coopération culturelle etscientifique entre la France et laFinlande a été signé en 1970. En sesituant dans le contexte politique del’époque, les Finlandais cherchaient àse diversifier vers l’ouest, au-delà del’Union soviétique. Rétrospectivement,cet accord a signifié une préparation aumonde d’aujourd’hui où toute coopéra-tion a pour objectif de profiter de lasynergie de ses partenaires. Il s’agit plu-tôt d’osmose des flux d’information etde contacts entre laboratoires que d’in-térêts strictement individuels. Les ambassades des pays respectifsjouent un rôle politique non négli-geable dans la création et le maintiendes liens de coopération universitaire etscientifique. Leurs services scientifiqueet économique servent souvent derelais pour établir les premiers contacts.De plus, l’ambassade entretient unréseau d’anciens boursiers, d’étudiantset de chercheurs. Le passage par laFrance des acteurs de la coopérationscientifique et éducative finlandais per-met souvent une meilleure compréhen-

Une association avec priorité sectorielleentre la France et la Finlande

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sion du système de recherche français.Ces personnes deviennent par la suitedes acteurs incontournables de lacoopération entre les deux pays. Il serait illusoire et fastidieux de faire uncatalogue exhaustif des collaborationsqui existent entre la France et laFinlande. Elles sont nombreuses et tou-chent des domaines variés. Les déclara-tions conjointes sur les sciences ettechnologies de l’information et de lacommunication (1998) et sur les bio-technologies (2003) signées toutes deuxpar les premiers ministres de France etde Finlande ont permis d’institutionna-liser les collaborations et de les fairerentrer dans des cadres de rechercheprédéfinie.

L’AFFRST : un rôle d’organisateur et de catalyseurL’association franco-finlandaise pour larecherche scientifique et technique(AFFRST) est un instrument de diversifi-cation et d’approfondissement des rela-tions bilatérales. Forte de ses 32 ansd’ancienneté, elle dispose d’un solidecapital de sympathie parmi lesmembres français et finlandais. De droitfinlandais, elle re-çoit des subven-tions du ministèredes affaires étran-gères français et duministère de l’édu-cation finlandais. Le rôle principal de l’association estd’agir comme initiateur et catalyseurdans la conduite de projets franco-fin-landais. Elle ne dispose pas des moyensnécessaires pour soutenir des projets derecherche. En revanche, elle facilitel’animation et les manifestations scien-tifiques rassemblant des organismes etdes pôles scientifiques. Le financementdes projets de recherche est souventsollicité ou bien encouragé par le rap-prochement de programmes nationauxsoutenus par l’Académie de Finlandeen concertation avec le TEKES (agencenationale finlandaise de technologie,homologue de l’Anvar) et en France parle ministère délégué à la Recherche etaux Nouvelles technologies (1).En termes concrets l’AFFRST organise :

- des colloques bilatéraux et multilaté-raux, soit dans un domaine précis soitde nature plus générale ;- des échanges (de courte durée) dechercheurs dans des domaines spéciali-sés ;- des délégations notamment dans lecadre de rapprochement de pôles régio-naux (Toulouse-Turku ou Grenoble-Tampere).Les résultats de trente années d’existen-ce de l’Association se traduisent par :- l’organisation d’environ 120 sympo-siums auxquels 4 000 scientifiques ontpris part ;- le rapprochement de programmesnationaux soutenus par l’Académie deFinlande en concertation avec le TEKESet en France le ministère délégué à laRecherche et aux Nouvelles technolo-gies ;- l’établissement de consortiums euro-péens où les organismes finlandais etfrançais ont des intérêts évidents ;- l’élargissement à l’espace derecherche européen de conférencesscientifiques qui ont été organisées enFrance et/ou en Finlande.A la suite de deux déclarationsconjointes signées par les Premiersministres en 1998 et 2003, le comitédirecteur de l’AFFRST a défini les thé-

matiques priori-taires suivantes :sciences et tech-nologies de l’in-formation et dela communication

(Stic), sciences du vivant et biotechno-logies, sciences et technologies de l’en-vironnement (bois-papier, forêt, eau,énergie). Les Stic peuvent comprendre la sociétéde l’information ou la société de laconnaissance, y compris la dimensionsociale et socio-économique illustréepar la conférence sur « la santé menta-le et la société de l’information » orga-nisée en 2002. Dans le même esprit, labiotechnologie comprend les alimentsfonctionnels et des aspects derecherche médicale.Ces priorités sont conformes aux direc-tives du sixième PCRD. L’AFFRST n’en-courage pas la répétition, mais plutôt lacomplémentarité. Ainsi l’associations’efforce de rapprocher des groupes derecherche dans les deux pays qui

avaient auparavant des contacts limi-tés. La valorisation des résultats, l’innova-tion et le transfert technologique restentprioritaires. Outre l’organisation de colloquesscientifiques, un effort modeste a étéconsacré à la rencontre entre des cher-cheurs et des décideurs politiques. Cesséances étaient intégrées à la suite desymposiums ou tables rondes. Dessujets d’intérêt général tels que l’envi-ronnement et la santé publique étaienttraités. L’association, en collaborationavec l’attaché scientifique, a organisédes visites des délégations des députésparlementaires et des délégations régio-nales composées d’administrateurs etd’industriels. Ainsi, une commissionformée de parlementaires finlandaiss’est rendue en France et la Finlande arécemment accueilli des délégationsvenant de l’Isère et de l’Aquitaine.Une part importante de la coopérationscientifique est la participation réci-proque dans des comités scientifiquesdes institutions de recherche ou desprogrammes de recherche. A titred’exemple, on peut citer les comitésd’évaluation CNRS/Elesa par des cher-cheurs du VTT, et la participation d’unexpert du Leti-CEA à l’évaluation dudépartement des technologies de l’in-formation du VTT. Un tel travail fournitun aperçu en profondeur de l’institutionqui fait l’objet de l’évaluation. Elleconstruit de nouveaux ponts entre lespersonnes concernées et de cettemanière augmente la base de la coopé-ration.

Quelques exemples de projets en cours

L’informatique proactive

PROACT est un programme derecherche franco-finlandais dans ledomaine de l’informatique proactive.Dans une évolution marquée par lamultiplication des microprocesseursenfouis (vêtements, équipementsdivers, objets personnels), le concept

L’essor technologique de la Finlande a coïncidé avec son entrée dans l’Union européenne en 1995

(1) Voir aussi www.france.fi/ccf/affrst

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d’informatique proactive représente destechnologies qui permettent aux utilisa-teurs de communiquer de façon trans-parente avec un environnementintelligent. Un système proactif s’adap-te et se conforme aux besoins de l’utili-sateur sans nécessiter un contrôleconscient de la part de ce dernier. Le programme PROACT est une colla-boration entre l’Académie de Finlande,le TEKES et le Ministère français délé-gué à la recherche dans le cadre d’unappel spécifique du Réseau Nationaldes Technologies Logicielles (RNTL). 14projets ont été financés sur une périodede trois ans (2002-2005) dont trois pro-jets franco-finlandais. Le budget totalest d’environ 3 millions d’euros pourles projets franco-finlandais (2).

Imagerie et modélisation cardiaqueL’INSA de Lyon, le laboratoire CREATISde Villeurbanne et l’université technolo-gique de Helsinki ont commencé à col-laborer à la fin des années 1990 sur lediagnostic et le traitement des patholo-gies cardiaques.Du côté clinique, l’hôpital central deHelsinki et l’hôpital neuro-cardiolo-gique de Lyon ont aussi participé à cetravail. La recherche est axée sur l’éla-boration d’images du cœur, en particu-lier sa structure dans l’espace et sonfonctionnement. Grâce à un PICS(Programme international de coopéra-tion scientifique) établi entre Creatis etle laboratoire d’ingénierie bioméca-nique de l’Université technologique deHelsinki, la collaboration s’articuleautour de visites de chercheurs et d’étu-diants en thèse pour des périodeslongues. Cette collaboration a produitune vingtaine d’articles scientifiques. Leprojet a acquis une certaine renomméeet des congrès internationaux sontmaintenant organisés tous les deux ans(3).

Microsystèmes (projet intégré UE)La plateforme de microsystèmes pourles services et applications mobilesMimosa est un projet européen intégréregroupant 16 partenaires dans huitpays, incluant des industriels majeursaussi bien que des petites et moyennes

entreprises, des instituts de rechercheou des universités. Les plus impor-tantes représentations en nombre sontla France avec le coordinateurSTMicroelectronics auquel se joignentquatre autres par-tenaires dont leLeti-CEA et leLaas-CNRS ainsique la Finlandeavec quatre partenaires dont Nokia et leVTT (Valtion Teknillinen Tutkimuslaitos,c’est-à-dire Centre de RechercheTechnique de Finlande). Le but de ceprojet est de faire de « l’IntelligenceAmbiante » une réalité, en développantune plate-forme technologique baséesur la téléphonie mobile. Les périphériques personnels mobilessont l’accès privilégié à l’IntelligenceAmbiante. Ils permettent une interfaceintelligente et fiable entre l’utilisateur etla communication sans fil aux capteursréseaux locaux et Internet. La plate-forme technologique pour l’IntelligenceAmbiante consiste en la plate-formeactuelle des télécommunications àlaquelle s’ajoutent divers blocs clés:capteurs sans fils, lecteurs/graveurs hau-tement intégrés, composants et mo-dules radiofréquence basse puissance àbase de MEMS (micro electro mechani-cal systems), radios courte portée, nou-veaux capteurs MEMS. L’utilisateurressent et contrôle l’IntelligenceAmbiante dont les applications aide lesgens dans leur vie quotidienne. Cesapplications sont utiles, utilisables,fiables, et les problèmes éthiques sontpris en compte.Ce projet couvre une période de 30mois, jusqu’en 2006, pour un montantde 23 M€. Une suite est d’ores et déjàprévue (4).

Nanotechnologies (projet intégréUE)Le VTT est le coordinateur d’un projets’inscrivant dans le cadre du sixièmePCRD « les méthodes de nanopatter-ning, NaPa ». Le projet intègre des nou-velles méthodes technologiques en unseul projet, qui à la fois anticipe etrépond à la demande croissante desindustriels en structure avec des pro-priétés nanométriques. La recherchecomportera trois phases technologiques

:lithographie par nanoimpression, litho-graphie molle et auto-assemblage etnanotechnologie basée sur MEMS(micro electro mechanical systems). Ladurée du projet est de quatre ans

avec un budget de31 M€. 35 groupesde recherche aca-démique et indus-trielle ayant des

connaissances très pointues dans ledomaine des nanotechnologies sontimpliqués. Côté français, cinq institutsde recherche participent activement :Laas-CNRS, Cemes-CNRS, Leti-CEA,LPN-CNRS, LTM-CNRS (5).

Suivre une stratégie commune

Améliorer les contacts scientifiquesfranco-finlandais était aussi ardu quenécessaire il y a quelques décennies. Lasituation a changé radicalement ces dixdernières années. La France a pris uneplace importante dans les contacts quo-tidiens des Finlandais. Le nombre departenaires français impliqués dans desprojets de recherche fondamental etappliqué avec des Finlandais est unindicateur fiable. Par exemple, au VTT,les partenaires français sont aussi nom-breux que les partenaires anglais ouallemands (respectivement 210, 226 et256). Bien entendu, l’adhésion de laFinlande à l’Union européenne a jouéen faveur de cette tendance, mais lapoussée des chercheurs individuelsainsi que celle des universités et descentres de recherche industriels a jouéun rôle tout aussi important.Le rôle crucial de la recherche et l’in-novation a été souligné dans plusieursdéclarations de l’Union européenne.Pourtant tous les instruments européensde coopération dans le domaine de larecherche ne sont pas efficaces.L’exploitation de ces résultats pose undéfi pour les travaux de recherche. Pourréussir, l’efficacité de l’utilisation desressources disponibles est encore plus

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La Finlande consacre 3,4 %de son PIB à la recherche et au développement

(2) Pour plus d’informations : www.aka.fi/proact(3) Pour plus d’informations: www.creatis.insa-lyon.fr(4) Pour plus d’informations: www.mimosa-fp6.com(5) http://www.phantomsnet.net/NAPA/index.php

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importante. La coopération, à tousniveaux, est un des moyens inépui-sables.Pour avoir un impact, dans plusieursdomaines scientifiques, il faut des ins-tallations, des laboratoires et des in-frastructures compétitives, dontles coûts devien-nent toujours plusimportants. Il estraisonnable de par-tager des installa-tions et, bien entendu, leur financement.Ainsi, des partenaires et une coopérationsolide sont importants pour avoir toute lachaîne d’activités qui facilite l’innovationtechnologique.On peut aussi noter que dans plusieursbranches de la haute technologie il estpréférable de ne pas trop segmenter la

chaîne recherche fondamentale / déve-loppement technique / production /marketing. Pour accélérer le lancementdes nouveaux produits il vaut mieuxexécuter les différentes étapes en paral-lèle. Dans des domaines de technolo-gies de pointe, notamment les

biotechnologies etles technologies del’information et dela communication,la recherche fon-

damentale doit être rapprochée dudéveloppement et de leur commerciali-sation.La mondialisation de la recherche estune réalité et implique des change-ments dans la manière où les coopéra-tions se mettent en place. Il semble quela France et la Finlande, comme les

autres pays industrialisés, doivent suivreune stratégie commune pour maintenirune recherche de haut niveau dans leurpays. Les liens de coopération doiventêtre consolidés avec les pays émergentset ainsi créer un nouveau réseau decompétences.

Note des auteurs : Nous tenons àremercier à Danielle Thomas, GregerLindén, Jyrki Lötjönen et ChristopheVieu pour leurs commentaires sur desprojets en cours. Nous voudrions égale-ment remercier Pascal Hanse, conseillerculturel à l’ambassade de France àHelsinki et son Excellence Jean-JacquesSubrenat, ambassadeur de France àHelsinki, pour leurs remarquesconstructives. •

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L’AFFRST n’encourage pas la répétition, mais plutôt la complémentarité

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D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

Les relations industrielles entrela France et la Norvège sont

dominées par l’importance dela fourniture de gaz naturel

norvégien à la France. LaFondation franco-norvégiennepour la recherche scientifiqueet technique et le développe-ment industriel (FFN) a voca-

tion à les rééquilibrer. Axéed’abord sur les projets pétro-liers, elle se consacre aujour-d’hui surtout aux entreprises

petites et moyennes et aux nou-velles technologies.

par Finn A. Hvistendahl, Président de la Fondation franco-

norvégienneEncadré de Claire Tutenuit,Administrateur de la Fondation

Encadré de Daniel Decroocq,Secrétaire général de la fondation

NDLR : Cet article a été traduit de l’an-glais par Marcel Charbonnier.

D epuis 1905 – année où laNorvège acquit son indépen-dance – le capital français a

joué un rôle essentiel en Norvège,contribuant notamment à la créationde l’une de ses plus grandes entre-prises : Norsk Hydro. C’est en effet laBanque de Paris et des Pays-Bas qui aassuré le financement de cette compa-gnie qui allait devenir le leader mon-dial des engrais, et se classer parmi lesprincipaux producteurs de métauxlégers et d’énergie. La banque Paribascontinue de contribuer au finance-ment et au capital social de cetteentreprise qui est restée l’une des plusgrandes entreprises de Norvège.Aujourd’hui, Norsk Hydro a égale-ment une activité industrielle impor-tante en France.

Une coopération diversifiée

Ces racines françaises de NorskHydro, ont facilité, Il y a presque qua-rante ans, l’entrée des deux compa-gnies pétrolières françaises Elf et Totalsur le plateau continental norvégien.Depuis lors, celles-ci apportent unecontribution signi-ficative à la pro-duction et à laconstitution de ré-serves norvégiennes de pétrole et degaz. Ces dernières années, Norsk Hydro ainvesti de même dans la modernisationde l’industrie française des engrais,après avoir repris l’entreprise françaiseen difficulté COFAZ, en 1986. Elle a

également mis sur pied un réseau per-formant d’usines de transformation del’aluminium.Norske Skog a créé et exploite l’une desimprimeries industrielles les plusimportantes et performantes au mondeà Golbey, près d’Epinal. Gaz de France, pour sa part, a faitrécemment son entrée dans le secteurpétrolier norvégien en investissant dansle projet de gaz naturel liquéfié [GNL]de Snøhvit, dans les eaux territorialesseptentrionales de la Norvège. Ces grandes entreprises industrielles neconstituent que la partie la plus visibledes coopérations industrielles franco-norvégiennes. De nouveaux projetsd’intérêt commun couvrent un largeéventail de secteurs tels que laconstruction navale, l’informatique, lesbiotechnologies, l’aquaculture et latechnologie des matériaux. Le commerce entre la France et laNorvège a crû de façon impressionnan-te. En Norvège, les vins et les produitsde luxe français se vendent très bien, etles automobiles françaises se taillentune part croissante sur le marché nor-végien ; en 2004, la valeur totale desexportations de la France à destination

de la Norvège aatteint 1,7 milliardd’euros.Les exportationsde la Norvège àdestination de la

France, avec 6,5 milliards d’euros en2004, incluent le gaz naturel et le sau-mon d’élevage et placent la France auquatrième rang des marchés d’expor-tation de la Norvège. Les échangeshors pétrole sont naturellement pluséquilibrés.

La Fondation franco-norvégiennepour la recherche scientifique et technique

et le développement industriel

Le capital français a contribuéà la création de l’une des plus grandes entreprises nor-végienne : Norsk Hydro

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52 A n n a l e s d e s M i n e s

De l’accord gazier Trollaux PME et aux nouvellestechnologies

L’accord Troll, dont le nom fait réfé-rence au gisement dont provient laplus grande part du gaz naturel fourni,est entré en vigueur en 1986. Il a jetéles bases permettant d’assurer la four-niture de grandes quantités de gaznaturel norvégien à la France, pour lesdécennies à venir. Prenant en considé-

ration l’interrelation économiqueimportante que ces échanges ne man-queraient pas de créer au cours desannées à venir, il a été convenu depromouvoir d’autres moyens de ren-forcer les relations entre la France et laNorvège et de s’appuyer sur laFondation FFN pour accroître les rela-tions industrielles et scientifiques entrela France et la Norvège. Il a été décidé que, pour les dix pre-mières années, la Fondation seraitfinancée à hauteur de 100 millions de

Couronnes norvégiennes, réparties àparts égales entre les deux pays. Aucours actuel, ce montant correspond à12 millions d’euros.Aujourd’hui, vingt et un ans après, laFFN fonctionne toujours en accordavec son objectif originel. Moins activeen matière de projets pétroliers, elle seconsacre aujourd’hui davantage auxentreprises petites et moyennes et auxnouvelles technologies.Bien qu’intitulée « fondation », la FFNn’a pas reçu, à ses débuts, une dotation

La Fondation franco-norvégienne est très sélective dans les programmesqu’elle soutient

par Claire TutenuitIngénieur au Corps des Mines, Administrateur de la FFN

Le travail de la Fondation est limité à des projets peu nombreux et des financements modestes. La raison en estsimple : la FFN souhaite limiter ses interventions à des projets qui ne se feraient pas sans son soutien (ainsi dans lesecteur pétrolier, il y a beaucoup de recherche coopérative privée), qui ont un véritable contenu scientifique et unmaximum de chances de produire des conséquences industrielles réelles. Elle est donc très sélective dans les pro-grammes qu’elle soutient ; les deux secrétariats travaillent avec les équipes industrielles et scientifiques candidatesdans les deux pays pour s’assurer de l’équilibre du projet entre les divers partenaires, de la qualité scientifique desprojets, du réalisme des études de marché produites et de la solidité des accords de partage des droits de propriétéintellectuelle. Tous ces aspects sont des conditions aux financements. L’aide au montage de projets est donc unepart significative de l’apport de la FFN. Ce travail en amont explique aussi parfois le délai entre la première présentation du projet et la décision finale dele financer. En contrepartie, il explique le taux élevé de succès des projets aidés par la Fondation, y compris dansdes secteurs peu conventionnels tels que l’organisation du secteur des industries alimentaires locales ou les modèlesmathématiques pour la gestion d’actifs financiers.La Fondation a aussi un rôle décisif à jouer en amont de la coopération industrielle, pour la génération de projetset d’échanges qui est au cœur de sa mission. Elle le fait par deux voies :- le soutien à des échanges de chercheurs (près de 25 depuis 1990) entre laboratoires de recherche des deux pays ;- l’organisation de séminaires thématiques qui permettent des rencontres entre industriels et laboratoires derecherche des deux pays, et génèrent ensuite des projets finançables par la FFN ; les séminaires les plus récents ontporté sur l’utilisation des technologies de l’information dans l’agriculture (2000), la qualité de l’eau (2001), le trai-tement des images géophysiques et sur l’assistance et le sauvetage en mer (2004).Ces séminaires résultent le plus souvent dans de nouveaux projets que la Fondation peut alors encourager. LaFondation est intéressée à recevoir des propositions de séminaires.Les difficultés parfois rencontrées confirment en réalité l’utilité de la Fondation : la coopération entre Français etNorvégiens est moins naturelle qu’entre Norvégiens et Scandinaves, Britanniques ou Allemands ; du côté français,elle l’est moins qu’avec les grands pays voisins. Un encouragement public à franchir les barrières naturelles dansdifférents domaines est bienvenu pour que les deux communautés se connaissent et exploitent leurs complémentari-tés. Enfin, la coopération franco-norvégienne dépasse largement le strict cadre de la Fondation : parlant de (pure)coopération scientifique, il faudrait ainsi mentionner la recherche polaire, très active dans l’Arctique etl’Antarctique dans les deux pays qui coopèrent sur de nombreux sujets ou les nombreux échanges d’étudiants.D’autre part, il y a plus de 200 projets de recherche coopérative dans le cadre du 6e PCRD européen, dans les-quels des équipes norvégiennes et françaises ont été actives, principalement dans les domaines de la société de l’in-formation et des nanotechnologies et sciences cognitives. Il s’agit là cependant de coopérations souvent élargies àd’autres nationalités.En élargissant le réseau des relations franco-norvégiennes dans des directions nouvelles, la Fondation garde ainsi unrôle privilégié dans le développement d’une relation bilatérale franco-norvégienne à la fois technologique et indus-trielle originale et innovante. •

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en capital importante. Elle dépend, parconséquent, de financements annuelsou adossés à des projets spécifiques. Enpratique, on peut considérer qu’il s’agitd’une association bilatérale.L’objectif de la Fondation était, et esttoujours de promouvoir la coopérationfranco-norvégienne à long terme, aumoyen de projets communs.Plus précisément, la Fondation doit :- financer des projets communs deR&D, en association avec les entre-

prises et les instituts de recherche oules universités concernés, pour instau-rer une coopération destinée à sepoursuivre après l’achèvement duprojet. La priorité doit être accordéeaux entreprises petites et moyennes(PME) ;- stimuler les échanges d’étudiants, descientifiques et d’ingénieurs entre lesdeux pays ;- organiser des ateliers de travail et desséminaires à la demande des parties

intéressées, ou en coopération avecelles, afin de créer de nouveaux projetsdans des zones ou des domaines jugésprioritaires ;- trouver de nouvelles idées de projets,grâce à une coopération accrue avecles ambassades de France et deNorvège, ainsi qu’avec d’autres entitéspertinentes.La Fondation a un conseil d’administra-tion où siègent des Français et desNorvégiens. La présidence de ceconseil est assurée alternativement parla France et la Norvège, le partenairedisponible assurant la vice-présidence. M. Olivier Appert, président de l’InstitutFrançais du Pétrole (IFP) est l’actuel pré-sident de la Fondation. La vice-présidence est assurée par M.Finn Hvistendahl, qui tire son expérien-ce de l’industrie norvégienne et présidela Haute Autorité financière deNorvège. La Fondation a deux secrétariats : - l’un, à l’Institut Français du Pétrole,qui est dirigé par M. Daniel Decroocx ;- l’autre, au Conseil Norvégien de laRecherche, dirigé par Mme ElseBoon.Ces deux secrétariats sont habilités àrecevoir et à évaluer les demandes d’as-sistance, à organiser les réunions duconseil d’administration et à superviserles divers paiements.

Activités et perspectivesde la Fondation

Compte tenu du caractère limité desmoyens à sa disposition et des ciblesspécifiques visées par ses activités, laFondation a défini des critères précisd’éligibilité des projets :- il faut qu’à la fois un industriel françaiset un industriel norvégien soient impli-qués – de préférence des PME (les éta-blissements de recherche non publicsétant admis en tant que partenairesindustriels) ;- le projet doit comporter une dimen-sion de recherche et développement ;- les objectifs industriels (ou commer-ciaux) doivent être clairement identifiés ;- le financement est assuré pendanttrois années au plus, et la part du finan-cement apporté par la Fondation est aumaximum de 50 %.

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Fig. 1. - Depuis sa création, la FFN a soutenu près de cent projets, allant du géniecivil au pétrole et au gaz, en passant par l’informatique.

Fig. 2. - Les financements les plus importants ont concerné des projets du secteurpétrolier et gazier et de l’informatique, mais les technologies des matériaux et l’aqua-culture arrivent immédiatement en second.

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En conséquence, la recherche fonda-mentale ou des projets menés par desuniversités ne sont pas recevables, et lesprojets doivent pouvoir être cofinancéspar d’autres sources, au moins pourmoitié.Depuis sa création, la FFN a soutenuprès de cent projets, allant du géniecivil au pétrole et au gaz, en passant parl’informatique.Les financements les plus importantsont concerné des projets du secteurpétrolier et gazier et de l’informatique,

mais les technologies des matériaux etl’aquaculture arrivent immédiatementen second.Sur le total du financement de tousles projets entre-pris, environ 40 %proviennent desg o u v e r n e m e n t sfrançais et norvé-gien (à parts sensiblement égales), et60 % ont pour origine d’autres sources.Quelques défis subsistent pour la pour-suite de l’action de la FNN :

Ses coûts de fonctionnement doiventêtre maintenus aussi bas que pos-sible ; ils sont notamment minimisésgrâce à la limitation des fonctions

de secrétariat. Laconséquence enest le caractèrelimité des moyensdisponibles pour

la recherche et l’évaluation de nou-veaux projets, ainsi que pour promou-voir la Fondation, le risque étant quela qualité et le nombre des projets

54 A n n a l e s d e s M i n e s

Une double démarche

par Daniel Decroocq,Secrétaire général de la Fondation

L’élaboration des projets de recherche et d’innovation technologique franco-norvégiens doit généralement intégrerde manière précise les contraintes liées à l’obtention des aides publiques requises pour boucler le budget des travauxenvisagés. Mais celles-ci reposent sur des processus très différents dans les deux pays. En Norvège, la Fondation dis-pose d’une ligne budgétaire gérée par le Research Council et dédiée au financement des projets approuvés par leconseil d’administration de la FFN. En France, par contre, la Fondation ne dispose pas de fonds propres suffisants etdoit s’adresser aux ministères, agences et programmes habilités à appuyer des travaux de R&D et acceptant des pro-jets ouverts à l’international. Une telle situation complique évidemment la phase de montage des projets car la pro-position initiale doit être le plus souvent remaniée. Au-delà des recherches conduites sur le court et moyen terme en contexte bilatéral, les projets de la Fondation fran-co-norvégienne ont des objectifs à plus long terme, visant à :- structurer des échanges suivis entre milieux industriels et recherche publique (universités, centres de recherche) ;- susciter des collaborations élargies à d’autres partenaires européens.Cette double démarche peut être illustrée à l’aide de quelques exemples tirés de projets récents ou en cours.Le projet « Advanced Fish Oil Separation by Ceramic Membranes », a pour objet d’accroître la valeur ajouté deshuiles de poisson par élimination, notamment, des triglycérides et des acides gras en utilisant de nouvelles techniquesde filtration sur membranes ; labellisé par Eureka en 2004 (acronyme : RFO), il est mené en France, sous la coor-dination d’Ifremer, par la Coopérative de traitement des produits de pêche (CTPP) et la Société Rhodia Orelis ; lespartenaires français sont associés, en Norvège, à une petite entreprise, DUE MILJØ, et au Centre de recherche Sintef.En raison des difficultés rencontrées dans la constitution du partenariat français, le temps du montage du projet a étéexceptionnellement long. Sur la durée du projet, soit 2 ans, l’aide publique sera essentiellement apportée, en France,par l’Anvar et le Conseil général du Pas-de-Calais.Le projet « Software component for building complex 3D Geological Model » s’est déroulé entre 2000 et 2003 ets’est attaché à la mise au point des nouveaux outils pour modéliser les réservoirs pétroliers présentant une géologiecomplexe. Les principaux partenaires sont, en France, l’Ecole nationale supérieure des Mines de Paris et l’Institutfrançais du Pétrole et, en Norvège, Geocap AS et Sintef. En France, l’aide publique a été apportée par le ministèrede l’Industrie via le fonds de soutien aux hydrocarbures géré par le Comité d’études pétrolières et marines.Autre exemple : le projet en cours « Optimisation des composants en aluminium pour les applications en crash auto-mobile » est dédiée à l’étude du comportement mécanique de pièces en aluminium telles que les pare-chocs. D’unedurée d’un an, il regroupe : côté français, l’Ecole normale supérieure de Cachan et Renault ; côté Norvégien, l’uni-versité de Trondheim (NTNU) et Hydroaluminium ; le financement publié étant apporté par la Direction des Relationsinternationales et de la Coopération (DRIC) du ministère de la Recherche.Enfin, le projet « Application of a new encapsulation process in petrochemistry » a permis de développer un procédéd’encapsulation, via une émulsification sur membrane et le dépôt de couches successives de polyelectrolytes porteursde charges opposées. Initié sous l’égide de la FFN et soutenu par le ministère de la Recherche et la Région Franche-Comté, ce travail a donné naissance à un projet européen du 6e Programme-Cadre qui a démarré courant 2004 ; inti-tulé « Nanocapsules for targeted controlled delivery of chemicals » (acronyme NANOCAPS), il est doté d’un budgetglobal de 3,5 millions d’euros sur 3 ans et regroupe 11 partenaires européens dont les 5 acteurs initiaux du projetFFN (Université de Franche-Comté, IFP, IFP, Coatex, Keravor AS et Sintef). •

La FFN n’a pas reçu, à ses débuts, une dotation en capital importante

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reçus n’en soient à long terme affec-tés. En Norvège, la FFN se voit allouerchaque année un budget fixe, imputé surle budget consacré à la recherche par legouvernement. Le financement dechaque projet pris individuellement n’estdonc pas en concurrence directe aveccelui d’autres projets de recherche.En France, la FFN doit rechercher desfinancements pour chaque projet,auprès d’un (ou de plusieurs) organis-

me(s) allouant des financements publicsà la recherche. Ceci garantit la qualitéd’un projet donné, relativement àd’autres, mais peut affecter la durée duprocessus d’approbation des projets.La capacité de la Fondation d’instaurerdes relations entre des entreprises, descentres de recherche et des scienti-fiques, en France et en Norvège, ne faitpas l’ombre d’un doute et elle a été lar-gement confirmée par les vingt et uneannées écoulées. Toutefois, pour faire

de la Fondation un outil aussi compéti-tif que possible à l’avenir, il conviendrade s’assurer que la qualité des projetsfinancés et le coût de leur gestion sontcompétitifs. Idéalement, cela requiertun nombre suffisant de demandes entrelesquelles choisir, ce qui dépend à sontour des critères d’évaluation des pro-jets et d’un délai de décision accep-table pour les postulants.

Pour un renforcement des relations bilatérales

La multitude des projets soutenus au fildes années ont construit de nom-breuses relations durables entre lesdeux pays, dans les domaines de l’in-dustrie et de la recherche. L’hypothèsed’un renforcement dans le temps desrelations bilatérales franco-norvé-giennes est manifestement fondée. LaFondation franco-norvégienne a, pource qui la concerne, démontré sa capa-cité à œuvrer essentiellement enconformité avec ses finalités premières,et cela sur une longue période. •

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Fig. 3. - Sur le total de tous les projets entrepris, environ 40 % proviennent des gou-vernements français et norvégien (à parts sensiblement égales), et 60 % ont pour ori-gine d’autres sources.

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56 A n n a l e s d e s M i n e s

D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

La coopération scientifiquebilatérale franco-italienne

repose sur trois outils :les initiatives publiques (avec des

programmes de recherchecomme Galilée), l’Université

franco-italienne, qui regroupel’ensemble des universités

françaises et italiennes et, enfin,l’Association franco-italienne

pour la recherche industrielle ettechnologique, créée en 1988

sur initiative gouvernementale etsoutenue à la fois par le secteur

public et le secteur privé.

par Jean-Claude Arditti, Secrétaire général adjoint, Afirit, Ancien conseiller pour la science

et la technologieet Jean Favero,

Conseiller pour la scienceet la technologie,

Ambassade de France à Rome

L a coopération scientifique fran-co-italienne est multiforme.Parfois bilatérale au sens strict,

elle s’inscrit fréquemment dans uncadre multilatéral, européen souvent(programme cadre, Agence spatialeeuropéenne, Eureka notamment) voire

mondial. Elle n’est pas systématique-ment pilotée centralement par les gou-vernements et résulte fréquemment del’initiative des différents acteurs : labo-ratoires, établissements d’enseignementsupérieur et de recherche, entreprises.Les relations personnelles y jouent unrôle marquant. Cette coopération est quantitativementimportante, mais, si l’on se rappelle quel’Italie est, bon an mal an, le deuxièmepartenaire économique de la France,les échanges scientifiques entre lesdeux pays ne se situent pas au mêmerang, quel que soit le critère simple prisen référence. Nous allons ici concentrer notre atten-tion sur la part de cette coopération quiest plus strictement bilatérale et sur lesoutils peu à peu développés au fil desannées pour la soutenir. Parmi ceux-ci nous évoquerons plusparticulièrement : - les initiatives directement pilotées parles ministères et les organismes publicset le rôle de la commission mixte ;- l’université franco-italienne ;- l’AFRIT, Association franco-italiennepour la recherche industrielle et tech-nologique.Ces trois outils de base de la coopéra-tion scientifique franco-italienne, serontexaminés lors de la prochaine réunion,en 2005, de la commission mixte telleque définie dans lenouvel accord decoopération scien-tifique et technolo-gique signé enjanvier 2001 et ratifié définitivement enmai 2004. Les rôles et les prérogativesde ces différents outils seront redéfiniset reprécisés en fonction des nouveauxparamètres et priorités affichés dans lecadre de notre coopération avec l’Italie.

Initiatives publiquesLes différents programmes proposés ontmajoritairement un caractère incitatifsans finalité de financement dans ladurée des recherches entreprises. Ils ontvocation à inciter les doctorants, cher-cheurs et laboratoires italiens à coopé-rer, sur la base de l’excellence, avec nosinstituts et centres de recherche.On peut distinguer essentiellement troistypes de programmes.Tout d’abord, un programme de coopé-ration scientifique (programme d’ac-tions intégrées ou PAI), financé par leministère des Affaires étrangères (pro-gramme d’actions intégrées Galilée) quis’adresse à des laboratoires publics ouprivés et qui concerne essentiellementdes mobilités courtes. Il doit permettre,sur une période de un ou deux ans, dedébuter et asseoir une coopération fran-co-italienne qui pourra par la suite serenforcer dans le cadre d’un program-me européen ou se structurer en réseaubilatéral dans le cadre d’accords institu-tionnels signés entre des organismes derecherches français et italiens.Ensuite, les programmes de coopérationentre organismes de recherches françaiset italiens qui permettent de financerdes projets conjoints dans des condi-tions similaires à celles du PAI Galilée.Dans le cas des coopérations entre labo-

ratoires du CNRS etdu CNR (le CNRest le ConsiglioNazionale delleRicerche dont les

attributions comportent la réalisation, lapromotion, la diffusion et la valorisationde la recherche), les projets peuventrecevoir un financement complémentai-re important dans le cadre d’une struc-turation en réseau de recherche sous la

Trois instruments de la coopérationscientifique franco-italienne

Le PAI Galilée permet de finan-cer, en moyenne, une trentainede projet chaque année

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forme de groupement de rechercheeuropéen (GDRE) ou laboratoires euro-péens associés (LEA) pilotés conjointe-ment par les deux organismes.Enfin, en amont de ces deux pro-grammes de recherche, il faut mention-ner le programme de bourses dugouvernement français qui permet à desdoctorants ou post-doctorants d’allereffectuer des stages dans nos labora-toires. Ce programme de bourses repré-sente un véritable investissementscientifique à moyen et long termespour le développement et le renforce-ment de notre coopération bilatérale,dans le cadre de l’établissement de l’es-pace européen de la recherche. Le PAI Galilée permet de financer, enmoyenne, une trentaine de projetschaque année ; il en est de même pourles projets conjoints s’inscrivant dansles accords CNRS/CNR ; ces projetsfinancés de façon bilatérale ont, pourcertains, permis une structuration dansleur domaine de coopération qui aconduit à la création d’une dizaine degroupements de recherche européenset quatre laboratoires européens asso-ciés.D’autres structures de recherche à voca-tion européenne devraient pouvoir rapi-dement s’inscrire dans le cadre desaccords signés entre l’Inserm et le CNR,l’Ifremer et le CNR et les instituts derecherche marine, le CEA et l’ENEA(l’ENEA, Ente per le Nuove tecnologie,l’Energia e l’Ambiente, est un organismepublic dont les attributions sont ana-logues à celles du CNR mais spéciale-ment orientées versles secteurs del’énergie, de l’envi-ronnement, et versles nouvelles tech-nologies appliquéesà l’amélioration de la compétitivité dansle cadre du développement durable)ainsi que l’INRA et ses partenaires ita-liens de la recherche agronomique.Ces accords, notamment ceux entre leCNRS et le CNR, ont permis le finance-ment de grands projets bilatéraux tels leprojet Virgo dédié à l’étude des ondesgravitationnelles.Plus récemment, un groupement derecherche européen franco-italien enphysique mathématique vient d’êtreaccepté ; sa signature devrait intervenir

à Rome au printemps 2005. Il regroupeenviron 400 chercheurs français et 200chercheurs italiens provenant d’unesoixantaine d’instituts de recherche etuniversités des deux pays.Il faut, bien entendu, mentionner lastation franco-italienne en antarctique« Concordia », fruit d’une collaborationentre l’institut polaire français Paul-Emile Victor et son homologue italien lePNRA (programme national derecherche en antarctique) dont l’accordd’exploitation devrait également êtresigné au printemps 2005.

Université franco-italienneCréée à la suite du protocole signé àFlorence le 6 octobre 1998 et opéra-tionnelle depuis 2001 (désignation duconseil scientifique), l’Université fran-co-italienne (UFI) a pour but de pro-mouvoir des projets de collaborationentre universités italiennes et fran-çaises dans le domaine de l’enseigne-ment supérieur, de la formationcontinue et de la recherche. L’UFI estune université sans murs qui participeà la mise en place de réseaux ou pro-jets à travers des aides financières,délivrées chaque année par les tutellesrespectives des deux pays (ministèredes Affaires étrangères et ministère dela Recherche).L’UFI regroupe, de par sa constitution,l’ensemble des universités françaises etitaliennes ainsi que les grandes écolesfrançaises. Tous ces établissements d’en-seignement supérieur peuvent ainsi par-

ticiper aux appelsd’offres et aux acti-vités de l’UFI, afinde faciliter et derenforcer la mobili-té des étudiants,

jeunes chercheurs, enseignants et per-sonnels administratifs des deux pays.L’Université franco-italienne inscrit sonaction, à la fois dans le processus globalde construction de l’Europe de laconnaissance et dans la perspective de laconvergence des systèmes universitairesselon le processus de Sorbonne-Bologne.L’université franco-italienne est dotéed’un conseil scientifique binational(7 membres italiens et 7 membres fran-çais) et d’un secrétariat général qui

siège à Grenoble pour la France et àTurin pour l’Italie.L’appel d’offres Vinci lancé annuelle-ment par l’UFI se répartit sur troisniveaux :- aide à la mise en place de formationscommunes (niveau masters) (environ10 projets retenus chaque année) ;- bourses d’accompagnement pourthèses en co-tutelles, servant d’aide à lamobilité des doctorants (environ60 bourses allouées annuellement –30 étudiants français et 30 étudiants ita-liens) ;- allocations de recherche pour thèsesen cotutelle (environ 10 allocations surtrois ans délivrées annuellement à5 français et 5 italiens).Depuis sa création, l’UFI a ainsi permisla mise en place d’une cinquantaine deformations communes et l’échange deplus de 400 étudiants.

L’AFIRIT, une structurequadripolaire

L’AFIRIT, Association franco-italiennepour la recherche industrielle et tech-nologique, a été créée en 1988 sur ini-tiative gouvernementale et elle estsoutenue à la fois par le secteur public(en particulier les ministères chargésdes Affaires étrangères, de l’Industrie etde la Recherche des deux pays) et lesecteur privé pour favoriser les partena-riats bilatéraux dans le contexte euro-péen. De fait, sa structure quadripolairereflète ce double ancrage : son conseild’administration contient des adminis-trateurs élus par deux collèges d’entre-prises et organismes adhérents, l’unfrançais et l’autre italien, et des admi-nistrateurs nommés respectivement parles institutions françaises et italiennes.Ses objectifs initiaux étaient notammentles suivants :- faciliter les échanges d’informations etles contacts entre les entreprises et lemonde de la recherche ;- favoriser le développement de rela-tions et de projets communs, entrecentres de recherche publics et privés etentreprises des deux pays ;- organiser des rencontres afin decontribuer à la prise en compte par lesacteurs d’enjeux stratégiques du déve-loppement technologique et industriel.

Un accord d’exploitation de la station franco-italienne en antarctique « Concordia »devrait être signé prochainement

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Il est apparu au fil du temps quel’AFIRIT avait une valeur ajoutée parti-culière lorsqu’elle faisait un atout deson caractère associatif et de ses liensavec des acteurs très variés : entre-prises, autres associations, chambres decommerce, ministères et institutionspubliques des deux pays, voire d’autrespays, et Commission européenne, col-lectivités territoriales, établissementsd’enseignement supérieur et derecherche. Ainsi en est-il, par exemple,de l’organisation de rencontres et mis-sions sectorielles sur des thèmes d’inté-rêt transversal scientifique et technique,économique, réglementaire, de la pro-motion des procédures de collaborationrecherche-industrie nationales, bilaté-rales et européennes au service des pro-jets franco-italiens, ainsi que decontributions au développement de lamobilité entre le monde académique etle monde industriel des chercheurs, desexperts et des étudiants des deux pays.Quelques rappels historiques vont illus-trer ce savoir-faire.

Des thèmes d’intérêttransversal

On ne sera pas surpris de trouverl’agroalimentaire, le textile, la gestiondes emballages, et le rôle des véhiculesélectriques dans la mobilité urbaineparmi les thèmes d’intérêt transversalsur lesquels l’AFIRIT a, à plusieursreprises, organisé des missions ou descolloques ciblés : ces thèmes sont bienau croisement d’enjeux économiquesimportants ; ils requièrent des innova-tions scientifiques et techniques ; ilsappellent des interventions politiques etréglementaires et ont une résonanceculturelle.Ainsi dès 1989, l’AFIRIT organisait àl’occasion de la foire de Vérone un col-loque sur « La recherche industrielle ettechnologique dans le secteur agroali-mentaire », à Tours, en 1992, uneconférence intitulée « Commentdéfendre la qualité des aliments sur lemarché unique européen », puis uncolloque bilatéral « Caractérisation del’alimentation méditerranéenne » àParme, en juin 1993, et participait endécembre de la même année, àBologne, à une réunion européenne

consacrée à la « Mise en valeur et diffu-sion des résultats de la recherchecommunautaire dans le secteur agroali-mentaire ». En 1998, l’AFIRIT organisaitla participation italienne à un colloquede l’ANVAR en Avignon, concernantl’alimentation méditerranéenne. Cetteséquence de rencontres a conduit à uneharmonisation des points de vue entreFrançais et Italiens lors de négociationsconcernant les normes dans des ins-tances multilatérales.Le défi considérable que pose, auxentreprises italiennes et françaises dessecteurs du textile et de l’habillement,la conjonction de l’adhésion de laChine à l’OMC, de l’élargissement del’Europe et de la fin de l’accord multi-fibres, en janvier 2005, a conduitl’AFIRIT à organiser plusieurs ren-contres dans ce domaine : dès 1994, lesprincipaux acteurs du secteur ont étéréunis à Milan sur le thème « Nouvellestechnologies dans le textile en Europe.Opportunités de collaboration et finan-cement de l’Union européenne » ; enseptembre 1998, dans le cadre de jour-nées technologiques organisées par laDG III à Monastir, en Tunisie, sur lethème « information and communica-tion technologies in euro med garmentand textile industry », l’association aanimé une table ronde. Enfin, en juin2004, à l’ENSAITde Roubaix, dansun contexte degrande actualité,une nouvelle jour-née franco-italien-ne sur « La compétitivité des entreprisesdu textile/habillement » a rassemblédes industriels, des centres derecherche et de développement, desassociations professionnelles, desreprésentants des ministères. Quelquesconclusions méritent d’être rappeléesqui illustrent ce qu’apporte ce type decolloque qui réunit des acteurs diversi-fiés et ne se substitue ni aux rencontresscientifiques et techniques, ni auxsalons commerciaux, ni aux négocia-tions intergouvernementales, maisd’une certaine manière les complète :« C’est dans l’innovation sous toutes sesformes que doivent être recherchés – etsont déjà recherchés – les ressorts decompétitivité ; les orateurs ont illustréde façon éclatante la richesse créative

et la variété des innovations de produitset de procédés de fabrication, textilesfonctionnels notamment. Au delà lestechnologies de communication et d’in-formation rendent aujourd’hui possibleun « sur mesure de masse » (« mass-customization ») avec livraison rapidequi peut préserver des emplois prochesdes lieux d’achat. Ces innovations d’or-ganisation sont aussi essentielles quecelles qui concernent la technologie.Un accord très large s’est égalementexprimé sur l’importance de la créa-tion, de l’art, de la mode et du designqui permettent de proposer avec succèsdes produits européens en Chine ou enInde. »Les problèmes environnementauxposés par la gestion des emballages ontété aussi visités à plusieurs reprises : enmars 1991, à Sophia Antipolis un col-loque intitulé : « Le recyclage desemballages : recherches et réalisation »a initié une série de rencontres qui ontconduit à rapprocher les législations etles réglementations des deux pays enmatière de traitement des déchets d’em-ballage. Ainsi, à Rome en décembre1992, un colloque plus spécifique aabordé la « Valorisation énergétiquedes déchets urbains », tandis qu’en jan-vier 1997 le colloque « Valorisation desdéchets d’emballages », de portée plus

étendue, qui s’esttenu à Rome, a vula participation desministères concer-nés des deux paysainsi que celle

d’Eco-Emballages, des différentsconsortiums de recyclage italiens etbon nombre d’industriels des deuxpays. Enfin l’échéance de mise à jour dela directive européenne de 1994 a inci-té à réunir les mêmes participants àMilan en mai 2001 et programmerune nouvelle journée bilatérale :« Emballages et déchets d’emballage :mise en œuvre de la directive euro-péenne de 1994, enjeux et évolution ».Les enjeux environnementaux seretrouvent au cœur des opérationsmenées par l’Afirit concernant le rôlede la « solution véhicule électrique »pour améliorer la mobilité urbaine despersonnes et des biens. Sur ce thème,ont été privilégiés non pas des col-loques statiques, mais des missions iti-

58 A n n a l e s d e s M i n e s

Agroalimentaire, textile, gestiondes emballages, véhicules élec-triques sont au cœur des opéra-tions menées par l’AFIRIT

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nérantes, alternant visites sur le terrainet sessions de débats. En septembre2000, en liaison avec le ministère del’Industrie, avec le « Groupe interminis-tériel véhicule électrique » et avec desindustriels et des collectivités territo-riales, une délégation italienne de com-position analogue d’une quinzaine depersonnes s’est rendue à Bordeaux, LaRochelle, Poitiers. En novembre 2002,c’est une délégation française qui s’estrendue successivement à Reggio Emilia,Gênes et Turin. A l’occasion, d’autres thèmes d’intérêttransversal ont faitl’objet d’opéra-tions de l’AFIRIT.Sans prétendre àl’exhaustivité nousm e n t i o n n e r o n sseulement la télé-médecine, l’innovation en bioméca-nique, les technologies de laconstruction, la gestion des eaux, lesmatériaux composites. Enfin l’AFIRIT a,au cours des années 2002 et 2003,apporté un appui logistique notable àdes séminaires scientifiques bilatérauxorganisés à Paris par l’Ambassade ita-lienne.

Promouvoir les procédures, amplifierles collaborationsLa promotion des procédures facili-tant la collaboration recherche-indus-trie entre acteurs français et italiens –procédures nationales, bilatérales eteuropéennes – a été et demeure unepréoccupation constante de l’AFIRIT,qui n’a évidemment aucune exclusivi-té dans ce domaine. En effet, ces pro-cédures évoluent constamment. Denouvelles institutions, notammentrégionales ou locales entrent en jeu.Parmi les actions récentes nous rap-pellerons la réunion à Paris, en juin2002, d’un groupe de travail sur « les

modalités de l’aide publique à larecherche en France et en Italie », quia rassemblé les ministères concernésmais aussi les organisations telles quel’Anvar et l’ANRT, gestionnaires decertaines de ces procédures, et leurshomologues italiens. Actuellementl’association travaille à un recense-ment mis à jour de ces procédures et àune évaluation de leur connaissancepar les acteurs concernés, notammentles PME/PMI ; elle pourra ainsi contri-buer à une meilleure diffusion et àune meilleure utilisation de ces procé-

dures par leursbénéficiaires po-tentiels. Concernant lapromotion de lamobilité universi-taire, l’AFIRIT a

concentré ses efforts sur les stages desétudiants ingénieurs de l’un des deuxpays dans des entreprises de l’autrepays. Mission ambitieuse car, si lesétudiants français sont depuis long-temps habitués aux stages obliga-toires, les programmes des universitésen Italie commencent peu à peu à pré-voir des tels stages et les entreprisesitaliennes ne sont pas toujours prépa-rées à accueillir des étudiants. L’AFI-RIT a travaillé très étroitement avec leservice scientifique de l’Ambassadede France à Rome, très en pointe surce sujet dont il a très tôt reconnu l’im-portance stratégique et qui, depuisquelques années, finance une douzai-ne de bourses de stage pour élèvesingénieurs français en Italie. Avec laConférence des grandes écoles plu-sieurs missions en Italie – dont la plusrécente en novembre 2003 à Turin,Milan, Bologne, Bari et Naples – ontété organisées qui, outre les ren-contres universitaires, ont inclus desrencontres avec des entreprises pourrepérer des possibilités de stage. Unebrochure commune a été publiée àcette occasion.

Garantir le fonctionnement de la structure

L’AFIRIT a été voulue par les pouvoirspublics des deux pays dans un contexteoù l’initiative Eureka venait d’être lancéeet où il apparaissait souhaitable d’ampli-fier les coopérations franco-italiennes enrecherche et développement industriels,de disposer de relais flexibles pouvantmobiliser directement les acteurs concer-nés, notamment les entreprises, en com-plément de l’action publique. Le contextea changé. Disposés facilement, au début,à adhérer de manière fidèle à l’associa-tion – sans doute dans l’espoir de mieuxaccéder à des institutions et à des finan-cements publics – les entreprises et orga-nismes qui participent aux activités del’AFIRIT se renouvellent maintenant enfonction des thèmes traités et apportentplus volontiers des concours en nature :mise à disposition de lieux de colloque,prise en charge de transports, etc.D’un autre côté – et ceci vaut pourtoutes les associations bilatérales,comme l’a bien mis en évidence uneréunion organisée par l’AFIRIT avec sonhomologue franco-suédoise, l’AFSR, àl’Ecole des Mines en janvier 2003 – l’ef-ficacité des associations suppose unecontinuité dans leur structure, parailleurs modeste, garantie par un finan-cement de base pour assurer le fonction-nement : c’est la condition d’existencede réseaux mobilisables et réactifs. Cesfinancements de base ont été assurés parles pouvoirs publics, mais parfois demanière inconstante. Alors qu’il demeu-re essentiel aujourd’hui de maintenir desrelations bilatérales multiformes pourmieux s’insérer dans les coopérationsmultilatérales et de combiner l’actionpublique à celle d’acteurs diversifiés etd’entretenir des réseaux, l’AFIRIT doitjouer un rôle renouvelé au sein de l’en-semble du dispositif de coopérationscientifique bilatérale. •

L’AFIRIT a concentré sesefforts sur les stages des étudiants ingénieurs de l’un des deux pays dans des entre-prises de l’autre pays

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60 A n n a l e s d e s M i n e s

D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

Le Centre indo-françaispour la promotion

de la recherche avancée,né le 9 septembre 1987,

soutient des projets derecherche fondamentale et

appliquée. Le rôle joué par lesmembres du Conseil scienti-

fique, depuis la phase d’évalua-tion d’un projet jusqu’à son

évaluation finale détaillée, avecun suivi étroit en cours de réali-sation, a largement contribué àla qualité et à l’efficacité de lamise en application de chacun

des projets.

par P.S. Mony,Secrétaire général du CEFIPRA

(Centre indo-français pour la pro-motion de la recherche avancée)

NDLR : Cet article a été traduit de l’an-glais par Marcel Charbonnier.

L a recherche scientifique supposela coopération internationale.Bien souvent, plusieurs équipes

de savants, dans divers pays, travaillentsimultanément sur le même problèmeet s’efforcent de percer le même mystè-re. La science dédaigne les frontièrespolitiques ; les collaborations interna-tionales la portent à un niveau supé-rieur. Nombre de Prix Nobelscientifiques, ces dernières années, ontété partagés par plusieurs savants depays différents. Pour institutionnaliser la coopération, lesoutien actif des gouvernements estessentiel, ce qui implique que les rela-tions entre les pays concernésdoivent être les meilleures possibles etque les institutions scientifiquesdes pays partenaires se situent à unniveau raisonna-blement équiva-lent. D’un côté : l’Inde,la plus grande dé-mocratie au monde, avec plus d’un mil-liard d’habitants, une volonté forte dese développer, un grand gisement descientifiques, d’universités et de centresde recherche mondialement réputés.De l’autre : la France, acteur clé enEurope et dans le monde, leader mon-dial dans bien des domaines scienti-fiques et technologiques, tels quel’énergie nucléaire et l’aérospatial, avecdes institutions et des scientifiques dehaute volée. Au moment où se nouait lacoopération de ces deux pays, la plu-part des outils indispensables existaientdéjà.La coopération scientifique et technolo-gique franco-indienne remonte au

début du Vingtième siècle, elle concer-nait alors les mathématiciens. Aprèsl’accession de l’Inde à l’indépendance,en 1947, cette coopération s’est éten-due à d’autres disciplines de la scienceet de la technologie. Jusqu’à la fin desannées 1970, la France et l’Inde ont étéengagées dans nombre de programmesde coopération, entre scientifiques etentre institutions. Mais ces efforts, dis-continus, ne pouvaient entretenir à longterme le dynamisme de la collaborationbilatérale. Le besoin se fit sentir d’unmécanisme structuré et bien huilé,capable de canaliser ces efforts.

Genèse du projetL’idée de mettre sur pied un centre des-tiné à renforcer la coopération entre les

scientifiques et ins-titutions des deuxpays fut examinéepar Madame IndiraGandhi, alors Pre-

mier ministre de l’Inde, et MonsieurValéry Giscard d’Estaing. Cette sugges-tion fut renouvelée ultérieurement parMonsieur François Mitterrand. Confor-mément à un accord conclu en 1978, leComité commun franco-indien pour lacoopération dans les domaines de lascience et de la technologie fut mis surpied et tint son premier congrès à NewDelhi en 1979 : c’est au cours de cecongrès que furent prises des décisionsimportantes pour consolider et rationa-liser les domaines de coopération, enrespectant les priorités des deux pays.Au cours de la deuxième réunion duComité commun franco-indien (tenue àParis, en 1982) un accord fut conclu

Le CEFIPRA : un outil exceptionnelau service de la coopération scientifique

entre l’Inde et la France

Le Centre a publié un rapportsur l’état de l’art en« o p t o é l e c t r o n i q u e »

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visant à institutionnaliser la coopérationentre les deux pays. L’idée même d’untel centre était sans précédent dansl’histoire des relations interétatiquesbilatérales et il fallut beaucoup de clair-voyance et de sagacité, ainsi que beau-coup de compromis, pour parvenir àconstruire l’édifice, auquel des person-nalités éminentes, venues des deuxcôtés, ont apporté des contributionssignificatives.L’une des décisions prises fut de n’avoirqu’un seul bureau pour le Centre, instal-lé à New Delhi, à la suite de quoi leCentre franco-indien pour la promotionde la recherche avancée fut enregistré, en1986, en tant que régi par le règlement« Indian Societies Registration Act ». Lesdeux gouvernements désignaient lesmembres du conseil d’administration,ainsi que deux coprésidents, issus, ducôté indien, du ministère de la Science etde la Technologieet, du côté français,de la Direction de lacoopération scienti-fique et techniquedu ministère des Affaires étrangères. UnConseil scientifique, nommé par les gou-vernements et constitué d’éminentssavants indiens et français, fut chargé depiloter les programmes scientifiques. Le décor était désormais planté ; onallait pouvoir insuffler la vie dans cetteinstitution. Conscients du fait qu’ilss’apprêtaient à s’embarquer pour unemission sans équivalent dans lesannales de l’histoire des coopérationsbilatérales, ses membres s’attelèrent à latâche avec beaucoup de professionna-lisme. Le Centre indo-français pour lapromotion de la recherche avancée –dont l’acronyme français CEFIPRA seprononce avec une grande facilité, cequi n’est pas le cas de l’anglais IFCPAR,totalement imprononçable ! – est né le9 septembre 1987. Le conseil d’admi-nistration, en décidant le partage égaldes dépenses du Centre entre les deuxgouvernements, s’assurait que le CEFI-PRA serait maître de ses destinées.

Les programmes scientifiques

Lors de sa première réunion, le Conseilscientifique du Centre adopta « l’ap-

proche orientée missions » et concentrases efforts sur les domaines jugésimportants pour les deux pays, plutôtque de disperser ses moyens sur desprogrammes de petites équipes scienti-fiques. Aujourd’hui le Centre soutientdes projets de recherche fondamentaleet appliquée, d’une durée déterminée,ayant des objectifs spécifiques et claire-ment énoncés.Une autre décision importante concer-nait la procédure à adopter en matièred’évaluation des projets. Au plus hautniveau de la coopération internationale,il est essentiel que les propositions deprojets de recherche soient évaluéesd’une manière objective et juste. AuCEFIPRA, c’est ce qui est fait grâce à unecooptation par les pairs dans les deuxpays, avant que la proposition soit sou-mise à débat et prise en considérationpar le Conseil scientifique. Les critères

de « qualité », de« continuité », de« masse critique »et de « complé-mentarité » retenus

dans le module d’évaluation ont contri-bué dans une grande mesure à mettre aupoint la procédure de sélection des pro-jets. Le module lui-même a subi deschangements à la marge, au fil desannées, chaque Conseil successif appor-tant des modifications mineures, maissignificatives, afin d’améliorer la qualitédes propositions de projet en coursd’évaluation. Aujourd’hui, 30 % desprojets présentés au Centre sont retenus,ce qui montre le haut degré de concur-rence auxquels ils sont soumis.Importante, à bien des égards, fut éga-lement la décision prise par le Centrede soutenir des séminaires et des ate-liers de travail portant sur des domainesd’intérêt commun. Le fait d’amener àtravailler ensemble des personnes hau-tement qualifiées provenant de culturesdifférentes a grandement contribué aurenforcement des partenariats et audéveloppement scientifique dans lesdeux pays. Tous ces séminaires sedéroulent dans des centres de forma-tion et de recherche, afin de permettreaux étudiants chercheurs d’y prendrepart et de bénéficier des échanges. A cejour, ce sont plus de trente séminairesqui se sont tenus, portant sur un largeéventail de sujets, allant de l’ « apopto-

se » à la « dynamique et modélisationde la mousson », en passant par la « bio-climatologie » et « les métaux etalliages supportant les très hautes tem-pératures ».L’immensité des champs de la science,les myriades de spécialisations enmatière de technologies qui ne cessentde bourgeonner et le rythme rapide dela recherche dans les zones frontièresde la science, dans le monde entier,font qu’il est parfois difficile d’évaluerla situation des forces et des faiblessesprévalant dans certaines niches scienti-fiques. Prenant conscience de cela, lespères fondateurs du CEFIPRA avaientinclus dans sa mission, avec sagacité, latâche consistant à publier périodique-ment des rapports sur l’état de l’art,dans des domaines de recherche spéci-fiques, dont le choix fut laissé à la dis-crétion du Conseil scientifique. LeCentre a ainsi publié un rapport surl’état de l’art en « optoélectronique » etil s’apprête à en publier un autre surl’état de l’art en « administration médi-camenteuse et administration médica-menteuse lente ».Chaque amélioration de la qualité desprogrammes scientifiques a été obtenueaprès délibérations grâce auxquellesnon seulement les équipes scientifiquesdes deux pays ont tiré le meilleur profitde leur collaboration et de leurs visitesréciproques, mais aussi nombre depostes doctoraux et post-doctoraux ontété offerts et ont pu contribué de maniè-re significative à l’excellence des cher-cheurs des deux pays. De nombreusesinstitutions scientifiques bénéficient del’infrastructure mise en place.

Les projets impliquantl’industrie

Un grand nombre de ces projets pré-sentant un caractère appliqué et laquestion du partage de la propriétéintellectuelle a fini par se poser. Aprèsdeux ans de délibérations, pour la pre-mière fois dans l’histoire de la coopéra-tion bilatérale, des directives en matièrede droits de propriété intellectuelle ontété proposées aux gouvernements pourla gestion des découvertes issues destravaux de recherche coopérative duCentre. Le travail considérable déployé

Le Centre a traité plus de 250 projets et publié près de 1 600 articles de recherche

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pour rédiger ces directives s’est révéléjustifié car, immédiatement après, deuxdépôts de brevets portant sur les résul-tats d’un projet de recherche ont étéenregistrés tant en Inde qu’en France, etont été suivis depuis lors de nombreuxautres.Avec l’accent mis sur la croissanceindustrielle et le besoin exprimé parles deux gouvernements que les fruitsde la recherche deviennent acces-sibles à l’industrie, le CEFIPRA nepouvait faire moins que mettre enœuvre un programme spécifiqueimpliquant l’in-dustrie, tout enpoursuivant sesefforts en matièrede programmescoopératifs dansles domaines de la recherche fonda-mentale et appliquée. Le Centre étaitbien placé pour une telle évolution,dès lors que la question des droits dela propriété intellectuelle avait étépréalablement traitée. Là encore, leConseil d’administration a nommé uncomité de haut niveau comprenantdes scientifiques des deux pays, pourmettre au point ce nouveau program-me, qui a maintenant acquis sa vitessede croisière. Un projet impliquant uneentreprise industrielle française et uneinstitution dans chacun des deux paysa été mené à bien et a produit desrésultats très satisfaisants. Six projetssupplémentaires sont en cours de miseen œuvre et d’autres en sont à desstades divers d’évaluation et de vali-dation.

Un outil efficace qui fonctionne bien

Le CEFIPRA, en tant qu’instrument decoopération bilatérale en matière descience et de technologie entre l’Inde etla France, est un succès. Si l’on mesureles performances du Centre en prenanten compte le nombre de projets qu’il atraités (plus de 250), le nombre d’articlesde recherche publiés dans des revuesscientifiques de réputation internationale(près de 1 600), les thèses de doctorat

issues du travaileffectué sur les pro-jets, près de 2 000visites mutuelles descientifiques in-diens en France et

français en Inde, ou encore la coopéra-tion qui s’est poursuivie au-delà du termefixé aux projets conduits par nombred’équipes de chercheurs, on peut consi-dérer que l’outil fonctionne bien. Toutefois, conscients du fait qu’uneévaluation objective d’un programmene saurait être menée à bien à l’inté-rieur du système, les deux gouver-nements ont demandé à deuxscientifiques éminents des deux pays, leregretté Professeur Hubert Curien et leDr. Raja Ramanna, de procéder à unaudit des activités du CEFIPRA. Assistésd’un comité scientifique restreint, ilsont visité divers laboratoires en Franceet en Inde, dans lesquels des projets encoopération étaient mis en œuvre et ilsont dialogué avec un large éventail descientifiques. Ils ont évalué exhaustive-

ment tous les aspects du programme,après quoi ils ont remis un rapport enappréciant hautement la qualité etavançant des suggestions positives denature à renforcer et consolider encoreles efforts.L’efficacité du CEFIPRA a des causesmultiples. Les décisions du Conseild’administration sont prises de manièrecollégiale, sans se perdre dans le laby-rinthe bureaucratique qui handicapetrop souvent la coopération internatio-nale. Le rôle proactif joué par lesmembres du Conseil scientifique et leurcapacité d’investir énormément detemps et d’efforts, depuis la phased’évaluation d’un projet jusqu’à sonévaluation finale détaillée, après sonachèvement, avec un suivi étroit encours de réalisation, a largement contri-bué à la qualité et à l’efficacité de lamise en application de chacun des pro-jets. La communauté scientifique desdeux pays impliquée dans les différentsprogrammes doit être félicitée pouravoir constamment proposé de bonsprojets. Au CEPIFRA, le maximum estfait pour maintenir les coûts de fonc-tionnement le plus bas possible (envi-ron 5 %) afin que la quasi-totalité desressources mobilisées par les deux gou-vernements puisse être consacrée auxprogrammes scientifiques retenus par leCentre.On ne peut que constater que lorsquedes personnes partageant des systèmesde valeurs et une riche tradition entre-prennent de coopérer en poursuivantdes objectifs communs, le succès estnécessairement au rendez-vous. •

Au CEPIFRA, le maximum est fait pour maintenir les coûts de fonctionnement le plus bas possible

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D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

Depuis trente ans, le conseilPasteur-Weizmann suscite et

soutient d’intenses collabora-tions entre chercheurs de deux

prestigieux instituts derecherche dans leur lutte

contre la maladie et pour l’uni-versalité de la science.

Comment cette institution citéedans le monde entier commeexemple d’une collaboration

scientifique internationale réus-sie est-elle parvenue à établir

un jumelage si durable et efficace malgré les tensions

politiques entre la France et Israël ?

par Michel Goldberg, Professeur à l’institut Pasteur,

Président du conseil d’administra-tion du conseil Pasteur-Weizmann

Dès la création de l’Etat d’Israëlen 1948, la collaborationscientifique, technique et

industrielle entre la France et Israël aconnu un essor remarquable, sous-

tendu par les excellentes relationsdiplomatiques entre ces deux pays, parleurs intérêts économiques et poli-tiques communs, et par l’amitié entreleurs peuples. Cette collaboration abeaucoup souffert de la brisure desrelations politiques consécutive à la« Guerre des Six Jours » de Juin 1967,du boycott imposé de l’étranger auxsociétés françaises commerçant avecIsraël, et de la détérioration de l’imagede ce pays aux yeux de l’opinionpublique française. Et pourtant, denombreux contacts ont été maintenusentre les chercheurs français et israé-liens. Outre les interactions entre indi-vidus il a existé, il existe encore,malgré les récents appels à boycotternos collègues israéliens, de nombreuxaccords bi ou multilatéraux entre insti-tutions académiques. Plusieurs accords entre nos universi-tés, nos grandes écoles, l’Inserm, l’ins-titut Curie, impliquant diversesinstitutions israéliennes (universités,institut Weizmann, Technion), ouencore l’Afirst (Association franco-israélienne pour la recherche scienti-fique et technique) longtemps géréepar le CNRS, ont servi de cadre, et ontparfois permis de financer des collabo-rations actives entre universitaires desdeux pays. Mais aucune n’a connu lapérennité, la force et la notoriété inter-nationale de la collaboration qui per-met aux chercheurs de l’institut Pasteurà Paris et de l’institut Weizmann desSciences à Rehovot (Israël) de mettreen commun leurs savoirs, leurs tech-niques et leurs enthousiasmes au servi-ce d’une cause commune, la luttecontre la maladie et l’universalité de lascience.

L’historique du « modèle »Pasteur-Weizmann et lesdébuts de la collaboration En cette période anniversaire des 30 ansdu conseil Pasteur-Weizmann pour lalutte contre le cancer, comment ne pasévoquer d’abord celui qui, par un gestede défi exemplaire, a été à l’origine desa création : le Professeur André Lwoff,Prix Nobel de Médecine, président duconseil d’administration de Pasteur-Weizmann de 1974 à 1989. C’est enréaction à l’exclusion d’Israël parl’Unesco, qu’il jugeait inacceptablecompte tenu du niveau exceptionnel dece petit pays dans les domaines del’éducation, des sciences et de la cultu-re, qu’André Lwoff décida en 1971 decréer le Comité international pour l’uni-versalité de l’Unesco. Constitué à l’ori-gine par André Lwoff, Raymond Aron etRobert Parienti (Délégué général del’institut Weizmann pour l’Europe), cecomité recueillit rapidement l’adhésionde personnalités françaises et étran-gères de premier plan du monde scien-tifique, artistique et culturel. Pour tenterd’élargir l’assise de ce groupe, RobertParienti demanda à être reçu par leministre de la Santé, Madame SimoneVeil. Le 9 Décembre 1974, MadameVeil lui accorda une entrevue au coursde laquelle elle émit, pour la premièrefois, l’idée d’un jumelage entre l’institutPasteur et l’institut Weizmann et l’assu-ra de son soutien actif pour le cas oùcette idée serait retenue à Pasteur et àWeizmann. Quelques semaines plustard, dans le cadre des activités duComité international pour l’universalitéde l’Unesco, André Lwoff se rendit à

Le conseil Pasteur-Weizmann,fleuron de la collaboration scientifique

entre la France et Israël

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l’institut Weizmann en compagnie deRobert Parienti. Et c’est dans l’avion quiles emmenait vers Israël, au cours d’unediscussion entre ces deux hommes quicherchaient un moyen concret derompre l’isolement imposé aux cher-cheurs israéliens, que naquit l’idéed’associer officiellement l’institutPasteur et l’institut Weizmann dans lalutte contre le cancer, une action incon-testablement placée hors de portée detoute critique sectaire ou politique.Cette idée fut accueillie avec enthou-siasme par les directeurs des deux insti-tuts, les Professeurs Michael Sela(institut Weizmann) et Jacques Monod(institut Pasteur). Avec un courage poli-tique hors du commun Madame Veil,alors ministre de la Santé, accepta d’en-trée de jeu de devenir Président d’hon-neur du conseil Pasteur-Weizmann. Ellen’a depuis jamais ménagé son temps etses efforts pour apporter à cette institu-tion un soutien inestimable, sans lequel

Pasteur-Weizmann n’aurait sans doutepas survécu à l’enthousiasme des pre-miers instants. La création du conseil Pasteur-Weizmann pour la lutte contre le can-cer fut annoncée le 28 Mars 1975 aucours d’une conférence de presse prési-dée par Madame Simone Veil et leProfesseur Jacques Monod (Prix Nobelde Médecine, Directeur de l’institutPasteur), orches-trée par LéonZitrone et diffuséeen direct parl’ORTF.Depuis, 30 ans ont passé. Israël adepuis longtemps retrouvé sa place àl’Unesco. Et pourtant la collaborationPasteur-Weizmann continue. Elle sedéveloppe même, chaque annéedavantage. Elle est citée dans le mondeentier comme exemple d’une collabo-ration scientifique internationale réus-sie.

A quoi tient ce succès exceptionnel ?D’abord, au prestige des deux institutsimpliqués dans cette collaboration et àl’action inlassable de leurs chercheursqui mettent en commun leurs idées,leur savoir, leurs techniques, leur maté-riel au service d’une cause incontes-table : la lutte contre la maladie et lasouffrance. Mais aussi à une organisa-tion rigoureuse, qui se veut délibéré-ment incitative, de cette collaborationet à l’existence d’un soutien financierspécifique, inscrit dans la durée, qui apermis de créer des liens étroits entrenos équipes et de favoriser leurs inter-actions scientifiques.La collaboration entre les deux institutsa connu deux phases. La première cor-respondait à l’établissement decontacts, puis de collaborations entrechercheurs des deux instituts. Contactsspontanés, souvent issus de rencontresfortuites et d’un intérêt commun pourune question scientifique d’actualité. LeComité Pasteur-Weizmann servaitessentiellement, à l’époque, à transfor-mer ces premiers contacts en des colla-borations étroites, souvent durables,impliquant des laboratoires et des cher-cheurs de tout premier plan des deuxinstituts. On retrouve au répertoire deces pionniers de la collaborationPasteur-Weizmann des noms presti-gieux : François Jacob (prix Nobel deMédecine), François Gros et Jean-PierreChangeux, Professeurs au Collège deFrance, côté français, et côté israélienMichael Sela, Leo Sachs, MichaelFeldman, Michel Revel pour n’en citerque quelques-uns. Déjà, au cours de cette première phasede contacts « spontanés », des liensforts s’étaient tissés entre quelqueslaboratoires de part et d’autre de

la Méditerranée.Pasteur-Weizmannapportait un com-plément au budgetde ces laboratoires,

finançait des missions dans l’institutpartenaire et organisait chaque annéeun symposium international Pasteur-Weizmann.Le prestige des chercheurs associés àPasteur-Weizmann, la qualité des tra-vaux réalisés dans leurs laboratoires etl’impact des colloques Pasteur-Weizmann ont largement contribué à

Près de deux cents jeunes chercheurs ont bénéficié d’unebourse Pasteur-Weizmann

1. 1976. « Cellular reactions – Differentiation an disease » – Institut Pasteur.

2. 1977. « Structure and development of the nervous system » – InstitutWeizmann.

3. 1978. « Effectors of immunity » – Institut Pasteur.

4. 1979. « Structure and function of cellular and viral genome » – InstitutWeizmann.

5. 1980. « Transfer of information across membranes » – Institut Pasteur.

6. 1981. « Cells-viruses interactions » – Institut Weizmann.

7. 1982. « Biotechnologies » – Institut Pasteur.

8. 1983. « Metchnikoff today » – Institut Pasteur.

9. 1984. « Cellular and molecular aspects of embryonic development » –Institut Weizmann.

10. 1985. « From gene deregulation to human malignancy » – Institut Pasteur.

11. 1987. « Recent developments in neurobiology » – Institut Weizmann.

12. 1989. « The future of parasites – Promises and pitfalls in the control ofparasitic » – Institut Pasteur.

13. 1991. « The use of gene transfer for the study of normal and malignantcells development » – Institut Weizmann.

14. 1993. « The structure of biological macromolecules in 4 dimensions » –Institut Pasteur

15. 1996. « Normal and pathological mechanisms in the control of develop-ment » – Institut Weizmann.

16. 1998. « Infection, maladie auto-immune et cancer : protections spéci-fiques » – Institut Pasteur.

17. 2000. « Recent advances in the Neurosciences » – Institut Weizmann.

18. 2002. « Genomes and Diseases » – Institut Pasteur.

19. 2004. « Cell Signalling in Health Disease » – Institut Weizmann.

Les colloques scientifiques « Pasteur-Weizmann » 1976-2004

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établir la réputation du conseil Pasteur-Weizmann. Mais, après un peu plus dedix années de cette collaboration, lesdirections des deux instituts ont souhai-té renforcer encore ces liens et dynami-ser la collaboration Pasteur-Weizmannen l’élargissant à un plus grand nombrede chercheurs, et en favorisant descontacts nouveaux. Pour atteindre cesobjectifs, un accord a été conclu en1988 entre l’institut Pasteur, l’institutWeizmann et le conseil Pasteur-Weizmann sur une restructuration de lacollaboration Pasteur-Weizmann. Cetaccord a marqué le début de la secon-de phase dans la collaboration scienti-fique entre nos deux instituts.

L’organisation actuelle de « Pasteur-Weizmann »

Le conseil Pasteur-Weizmann est uneassociation de type « Loi de 1901 »,statutairement indépendante de l’insti-tut Pasteur et de l’institut Weizmann.Elle a pour objet de collecter des fondsqui sont reversés à parts égales auxdeux instituts bénéficiaires pour favori-ser la collaboration de chercheurs desdeux instituts dans la recherche ensanté publique, et plus particulièrementsur le cancer. Plusieurs instances sontchargées du contrôle de la collecte desfonds et de leur utilisation à des finsscientifiques.Pasteur-Weizmann est dirigé par unconseil d’administration nommé parune Assemblée Générale, elle-mêmeconstituée de donateurs et de personna-lités réputées pour leurs compétencesadministratives, scientifiques ou finan-cières. Il est renouvelable par moitiétous les trois ans. Il est actuellementprésidé par Michel Goldberg,Professeur honoraire des Universités,Professeur à l’institut Pasteur.Le conseil d’administration est secondépour ses décisions scientifiques par unconseil scientifique constitué de 9membres : 4 chercheurs de l’institutPasteur et 4 chercheurs de l’institutWeizmann, nommés par le conseild’administration sur proposition desdirecteurs des deux instituts, et d’unprésident nommé par le conseil d’admi-nistration (actuellement le ProfesseurDavid Mirelman de l’institut

Weizmann). Le mandat des 8 cher-cheurs est de 6 ans, celui du présidentde 3 ans. Le conseil est renouvelablepar moitié tous les 3 ans.Dans chacun des deux instituts, uncomité d’experts est nommé par ledirecteur. Il a pour tâches :- d’évaluer et de classer les projets derecherche Pasteur-Weizmann déposésen réponse à des appels d’offres. Lesclassements réalisés indépendammentpar les deux comités d’experts sonttransmis au président du conseil scien-tifique qui, en concertation avec lescoordinateurs scientifiques (voir ci-des-sous), choisit sur cette base les projetsqui seront soutenus.- d’établir la liste des scientifiques deson institut qu’il propose pour une visi-te de l’institut partenaire.- de choisir sur la liste proposée parl’autre institut les chercheurs qui vien-dront visiter son institut, et de nommerpour chaque visiteur un « parrain »chargé d’organiser et de suivre la visitede l’invité.Le directeur de chacun des deux insti-tuts nomme un « coordinateur scienti-fique » (actuellement, les ProfesseursYoram Groner à l’institut Weizmann etAlice Dautry à l’institut Pasteur) chargéde jouer, au seinde son propre ins-titut, le rôle « d’in-terface » entre leschercheurs, la Di-rection et le Co-mité d’experts deson institut d’une part, et le ComitéPasteur-Weizmann (conseil scienti-fique, conseil d’administration), d’autrepart.

Les actions scientifiquesLes fonds mis par le Comité à la dispo-sition de la collaboration scientifiquePasteur-Weizmann sont de deux sortes.Une première tranche de crédits, répar-tie également entre les deux instituts,est mise à la disposition de leur direc-tion. Elle sert en particulier à financerles bourses Pasteur-Weizmann pourjeunes chercheurs, destinées àaccueillir chaque année une vingtainede chercheurs ou stagiaires pour desséjours de plus ou moins longue durée.La très grande souplesse dans l’attribu-

tion de ces bourses permet à la direc-tion de répondre à des demandesurgentes, pour des projets importants.Notons que, depuis leur création, prèsde deux cents jeunes chercheurs ontainsi bénéficié d’une bourse Pasteur-Weizmann. Une seconde tranche de crédits estciblée exclusivement sur la collabora-tion scientifique Pasteur-Weizmann àproprement parler et permet de finan-cer différents types d’actions.19 colloques internationaux de trèshaut niveau ont été organisés, alternati-vement à Rehovot et à Paris, sur dessujets d’actualité importants, intéressantles deux instituts. Le thème et les orga-nisateurs de chaque colloque sont choi-sis par le conseil scientifique dePasteur-Weizmann, ce qui est unegarantie de qualité scientifique pour lesuccès de la réunion. Le dernier col-loque, qui s’est tenu à l’institutWeizmann en Juin 2004, a révélé lesprogrès importants réalisés dans lacompréhension des mécanismes designalisation intracellulaire respon-sables de la différenciation cellulaire etde la mort programmée des cellules, etdes dérèglements de ces mécanismesdans les cellules cancéreuses. Ces

travaux ouvrentdes perspectivesnouvelles dans letraitement de cer-taines formes decancers. Tous les ans de-

puis 1991, 3 ou 4 chercheurs dechaque institut, réalisent une visite decontacts scientifiques d’une semainedans l’institut partenaire pour y faireconnaître leurs travaux (conférences,tables rondes, visites de laboratoires)et y rencontrer des chercheurs de leurdiscipline. Cette visite est organisée etsuivie sur place par un parrain. Lesvisiteurs et leurs parrains sont choisisconjointement par les comités d’ex-perts à Pasteur et à Weizmann. Depuis1991, près de 80 chercheurs dePasteur et de Weizmann ont ainsi visi-té l’institut partenaire. Ces visitesconstituent le volet le plus dynamisantdu programme Pasteur-Weizmannpuisque plus de 50 % d’entre ellesaboutissent à des collaborationsréelles.

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En Italie, une institution« sœur », le Comitato Negri-Weizmann, s’est créée en 1991 sur le modèle du conseil Pasteur-Weizmann

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Tous les ans, un appel d’offres est lar-gement diffusé dans les laboratoiresdes deux instituts afin de susciter desprojets de recherches en collaborationpar des équipes des deux instituts. Lesprojets soumis en réponse à cet appel,(4 à 10 selon les années) sont soumisà l’examen critique de chacun desdeux comités d’experts, l’un àWeizmann, l’autre à Pasteur. Chaquecomité évalue et classe les projets enfonction de leur qualité scientifique,de leur originalité, de leur faisabilité,de la réalité d’une collaboration entreles équipes et des perspectives d’ap-plications en santé publique, en parti-culier dans le domaine du cancer. Lesclassements sont communiqués auPrésident du conseil scientifique dePasteur-Weizmann qui, en concerta-tion avec les coordinateurs scienti-fiques, choisit en fonction de cesclassements les trois projets qui serontfinancés pendant les deux années sui-vantes, chacun à hauteur de70 000 dollars par an, à répartir éga-lement entre les laboratoires des deuxinstituts. Chaque programme financépar Pasteur-Weizmann fait l’objet, àl’issue de la première année, d’un rap-port intermédiaire permettant d’éva-luer la réalité et l’efficacité de lacollaboration, et d’un rapport final quirend compte des progrès réalisés pen-dant les deux années de travail encommun. Depuis le lancement de ceprogramme, 28 projets conjoints ontainsi été financés, chacun pendantdeux ans. Ils ont porté sur des sujetstrès variés, la plupart directementreliés à des études fondamentales ouappliquées reliées à la compréhensiondes processus pathologiques, à la pré-vention, au diagnostic et au traitementdu cancer. Citons par exemple :- l’étude de molécules susceptibles degénérer une nouvelle famille d’antibio-tiques ;- l’étude du mécanisme de l’interférondans le ralentissement de la proliféra-tion de cellules cancéreuses ;- la compréhension à l’échelle molécu-laire du mécanisme par lequel le virusde l’hépatite B provoque dans certainscas un cancer du foie ;- la découverte et la localisation géné-tique, chez la souris, de nouveauxoncogènes potentiels ;

- la mise au point d’un appareil auto-matisé, fondé sur une nouvelle métho-de d’étalement de molécules d’ADNsur lames de microscope (le peignagemoléculaire) destiné à la caractérisationde l’origine moléculaire de certainscancers, au pronostic de leur évolutionet au suivi thérapeutique des patients encours de traitement ;- la mise au point d’une nouvelle straté-gie d’immunisation pour le traitementpar immunothérapie spécifique de cer-tains cancers.Depuis, l’année 2002, Pasteur-Weizmann offre également chaqueannée deux bourses post-doctoralesdestinées à permettre à un jeune doc-teur de chaque institut de réaliser unséjour post-doctoral dans l’institut par-tenaire. La première bourse post-doctorale Pasteur-Weizmann a étéattribuée à une chercheuse de l’institutWeizmann, venue à Pasteur collaborerà l’étude d’une maladie génétiqueobservée à relativement forte fré-quence dans des populations dupourtour méditer-ranéen, le Syn-drome de Usher,affectant en parti-culier des famillestunisiennes, libanaises, jordaniennes,palestiniennes et israéliennes. La miseen commun des réseaux de relationsdes deux laboratoires avec des méde-cins du Maghreb et du Moyen-Orient,et la confrontation des approches degénétique humaine, de bio-informa-tique et de biologie moléculaire desdeux laboratoires, a permis une réellepercée dans l’identification des pro-téines impliquées dans cette maladieet dans la compréhension de leursinteractions. Ces résultats ouvrent lavoie à la mise au point de tests pré-nuptiaux de dépistage des couples àrisque, et de diagnostic anténatal de lamaladie.Pasteur-Weizmann offre également desbourses pour séjours de courte duréedestinés à favoriser des collaborationsou des échanges ponctuels.Enfin, un financement annuel est éga-lement prévu pour permettre la parti-cipation de chercheurs spécialisés dechaque institut aux enseignementsdoctoraux délivrés dans l’institut par-tenaire.

Les actions multinationalesEn Italie une institution « sœur », leComitato Negri-Weizmann, s’est crééeen 1991 sur le modèle de Pasteur-Weizmann. Le partenaire italien del’institut Weizmann est l’institut depharmacologie Mario Negri, unecélèbre institution privée à but nonlucratif dont le partenariat avec l’institutWeizmann se renforce chaque annéedavantage.A la fin des années 90, le conseil d’ad-ministration de Pasteur-Weizmann, sou-cieux de donner une dimensioneuropéenne aux collaborations impli-quant nos deux instituts, a décidé d’éta-blir un réseau d’interactions privilégiéesentre des chercheurs appartenant àdivers pays du pourtour méditerranéen.Pour cela, des collaborations multina-tionales autour de projets ponctuels ontété imaginées. Le thème de chaque col-laboration est proposé par le présidentdu conseil scientifique de Pasteur-Weizmann, en concertation avec un

responsable dési-gné par la direc-tion de chaqueinstitut, sur la based’une communau-

té d’intérêts et d’une complémentaritéde compétences d’équipes des institutsconcernés dans un domaine scienti-fique précis. Les équipes concernéessont identifiées, leurs dirigeants réunis,et invités à proposer un programmedétaillé. Ce programme est soumis auconseil scientifique de Pasteur-Weizmann et aux instances d’évalua-tion scientifique de chaque institut. Unefois le programme approuvé, le finan-cement est recherché auprès de dona-teurs spécifiques intéressés par leprojet. Le premier programme lancé surce modèle a été un programme triparti-te impliquant les instituts Pasteur,Weizmann et Negri. Il concernait ledéveloppement et l’étude pharmacolo-gique de nouveaux dérivés de l’aciderétinoïque comme agents anticancé-reux. Financé pendant trois ans, ce pro-gramme vient de s’achever sur la miseen essai clinique de plusieurs molé-cules nouvelles, sans pour autant quel’arrêt du financement par Pasteur-Weizmann arrête la collaboration. Surle même modèle, un nouveau program-

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Un programme tripartite impli-quant les instituts Pasteur,Weizmann et Negri a été lancé

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me impliquant des laboratoires de l’ins-titut Pasteur à Paris, de l’institutWeizmann en Israël, de l’institut MarioNegri en Italie, et de l’institut Ramon yCajal en Espagne a été élaboré. Il portesur les mécanismes de dégénérescenceet de régénération des cellules et tissusnerveux lésés lors de traumatismespathologiques ou accidentels. Il ad’ores et déjà été approuvé par l’en-semble des instances scientifiquesconcernées et son financement spéci-fique est en cours de réalisation.

Le financement de PasteurWeizmann

L’institut Pasteur, comme l’institutWeizmann, entretient de nombreusescollaborations internationales avecd’autres centres de recherche. Aucunen’a l’ampleur et la durée de la collabo-ration Pasteur-Weizmann résumée ci-dessus. Ce succès a été rendu possiblepar l’existence de moyens financiersspécifiques régulièrement apportés auxchercheurs, année après année, par leconseil Pasteur-Weizmann, qui donnentson souffle à cette collaboration excep-tionnelle. Actuellement, le budgetannuel de Pasteur-Weizmann est del’ordre de 1 million d’euros, soit500 000 euros pour chaque institut.Une petite fraction seulement du bud-get de chaque institut. Mais une sommetrès incitative pour chacun des labora-toires qui bénéficie de ces crédits, dontl’une des caractéristiques importantesest sa très grande souplesse d’utilisa-tion. A titre de comparaison, soulignonsque le Haut conseil pour la recherche etla coopération scientifique et techniquefranco-israélienne (une structurerécemment créée par les gouverne-ments français et israélien pour relancerla coopération entre ces deux pays)vient de lancer, pour cette année, deuxprogrammes de recherche en réseau(PRR), l’un en génétique humaine,l’autre en imagerie médicale et biolo-gique. Et que chacun de ces pro-grammes sera financé par les deux payspour un montant de 500 000 euros surdeux ans. Une somme identique, pourl’ensemble des deux PRR, au budget dePasteur-Weizmann qui, à lui seul,apporte donc aux chercheurs de nos

deux instituts des moyens comparablesà ceux apportés par les gouvernementsaux deux PRR !Ces moyens proviennent tous, sansexception, du mécénat. Ils sont obtenuspar plusieurs canaux différents. Pasteur-Weizmann organise chaque année desomptueux galas et manifestations,dans des lieux prestigieux (l’OpéraGarnier, le Palais de Versailles, le GrandAmphithéâtre de laSorbonne, le Palaisde la Monnaie, lecourt central deRoland Garros aumoment du tournoi), autour de pro-grammes artistiques remarquables(concerts classiques donnés par lesplus grands orchestres dont lePhilarmonique d’Israël, sous la baguet-te de meilleurs chefs comme RicardoMutti, Zubin Meta, et avec lesplus remarquables solistes – YehudiMenuhin, Mstislav Rostropovitch,Daniel Barenboim, Itzhak Perlman,Julia Miguenes, Jose van Dam, RuggeroRaimondi, Montserra Caballé ; concertsde variétés avec des artistes commeBarbara Streisand, Frank Sinatra, YvesMontand, Enrico Macias ; défilés demode au Pré Catelan ; et la liste est loind’être complète). L’intégralité desrecettes de ces galas est versée àPasteur-Weizmann, les artistes offrant

leur concours gracieusement, et les frais(voyages, hébergement, location desalles, publicité…) étant intégralementpris en charge par des mécènes. L’autre source de revenus, non moinsimportante, provient de dons faits parun « club » de donateurs, certains pré-sents aux côtés de Pasteur-Weizmanndepuis sa création, au nombre des-quels on ne peut manquer de citer la

Fondation Simoneet Cino Del Ducaet la FondationNahed Ojjeh pourla science et la

paix, La Fondation Simone et VictorPastor pour la recherche biomédicale,l’institut Servier, plusieurs banques destature internationale comme l’UBS,pour ne citer que les « institution-nels ». Mais on ne doit pas pour autantoublier les nombreux et importantsmécènes qui agissent à titre personnel.Au nombre de ces mécènes, il y a lesindustriels, les commerçants, lesmédecins, les avocats, les dirigeantsd’entreprises, responsables d’associa-tions (comme la Ligue nationale contrele cancer qui, chaque année pendantplus de vingt ans, a apporté uneimportante contribution au budget dePasteur-Weizmann), ou tout simple-ment les gens de cœur, qui nousapportent les sommes importantes

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Les moyens de financementproviennent tous, sans ex-ception, du mécénat

Bilan global de l’action scientifique soutenue par Pasteur-Weizmann

- 19 colloques internationaux de très haut niveau, au rythme actuel dedeux par an ;

- plus de 80 chercheurs des deux instituts en visite dans l’institut partenai-re pour y découvrir des collègues, des connaissances, des techniques duplus haut niveau international ;

- depuis 1989, de trois à six programmes de recherches collaborativesfinancés en permanence et, au total, 28 projets impliquant 57 labora-toires différents, (27 à l’institut Pasteur et 30 à l’institut Weizmann) ;

- près de 200 jeunes boursiers soutenus par des bourses en fin de thèse ;- désormais, deux chercheurs post-doctoraux par an en visite de longue

durée ;- des échanges d’enseignants ;- un flux constant et croissant d’échange d’informations et de matériel bio-

logique ;- Pasteur devenu une étape habituelle des « Weizmanniens » au cours de

leurs voyages en Europe ou aux Etats Unis ;- de nombreuses publications signées en commun par des chercheurs des

deux instituts ;- et l’amorce d’un réseau de laboratoires d’excellence autour de la

Méditerranée.

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nécessaires au financement des pro-grammes de recherche, des colloques,des échanges de chercheurs, desbourses. Il y a ceux aussi, artistes etanimateurs, qui, par leur participationactive et bénévole, par leur talent, parleur renommée apportent un éclatexceptionnel aux manifestations dePasteur-Weizmann et contribuent parlà même à son rayonnement et à sonprestige.

Une structure unique, d’une totale indépendanceSi Pasteur-Weizmann réussit si bien àmobiliser tant bonnes volontés, c’est,me semble-t-il, pour un ensemble d’ex-cellentes raisons :- l’immense prestige, à l’échelle natio-nale et internationale, des deux institutsconcernés, et la remarquable qualité deleurs travaux ;

- la clarté et la noblesse de ses objectifs,qui ne peuvent laisser indifférents leshommes de bonne volonté ;- sa totale indépendance vis-à-vis despouvoirs publics qui met son action àl’abri des aléas de la politique et deslourdeurs de leurs administrations ;- la totale transparence dans l’attribu-tion des crédits, dans le strict respect dela répartition 50 %-50 % et des avis desinstances d’évaluation scientifique ;- un remarquable « rendement » de lacollecte de fonds, particulièrementapprécié des donateurs puisque plus de85 % des fonds recueillis sont effective-ment affectés à la recherche ;- une communication active avec lesdonateurs qui sont, chaque année,informés par des scientifiques sur l’em-ploi des crédits et sur les progrès destravaux menés en commun.Grâce à cette structure unique, d’unetotale indépendance, d’une très grandesouplesse de gestion, les collaborationsentre chercheurs de l’institut Pasteur et

de l’institut Weizmann peuvent aller del’avant. Les limites de la connaissancereculent, le pouvoir de la science dansson combat contre la maladie et la souf-france augmente, l’espoir grandit desoulager et de guérir un plus grandnombre de patients.Souhaitons que, bien au-delà de ses 30premières années, Pasteur-Weizmanns’inscrive dans la durée. Que sonexemple soit suivi. Que son action sedéveloppe encore et maintienne lemême niveau d’excellence. Qu’elle per-mette de concrétiser les espoirs qu’elle afait naître. Que Pasteur-Weizmanndemeure l’exemple vivant d’une collabo-ration scientifique internationale au plushaut niveau, insensible aux conflits poli-tiques, culturels ou financiers entre Etats.Que Pasteur-Weizmann continue d’asso-cier le monde des affaires, celui des artset celui de la science avec pour uniqueobjectif celui si bien défini par MadameVeil : « Le Bien de l’Homme, au-delà desfrontières ». •

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D e s e x e m p l e s d e c o o p é r a t i o n b i l a t é r a l e

Un véritable élan a été donné àla coopération scientifique fran-

co-chinoise à partir de1991avec l’élaboration d’un

Programme de recherches avan-cées (le PRA). Les échanges de

chercheurs ont permis par lasuite la création de laboratoires

conjoints. Aujourd’hui, plusieursentreprises françaises ont ouvert

des centres de recherche enChine : France Télécom,

Thomson, Alcatel,Schlumberger, BioMérieux…

Face à des évolutions si rapides,on peut se demander si le dispo-sitif français de coopération est

en phase avec la situationactuelle de la Chine.

par Jean Dercourt,Secrétaire perpétuel de l’Académie

des SciencesProfesseur émérite de l’Université

Pierre et Marie Curie, Pariset Claude Trink,

Ingénieur général des Mines,Président-directeur général de

Sofirem (Charbonnages de France)

E n 2004, la France et la Chine ontfêté les 40 ans de la reconnaissan-ce de la République Populaire de

Chine par la France.La coopération scientifique entre laFrance et la Chine démarre officielle-ment le 21 janvier 1978 par la conclu-sion d’un accord gouvernemental decoopération scientifique et culturelle,rapidement suivi par un accord entre leCNRS et l’Académie des Sciences deChine (CAS), ce qui permet à leurs labo-ratoires de recherche respectifs de réali-ser des projets conjoints. En 1994, leCNRS a signé un accord de coopérationavec la Fondation Nationale desSciences Naturelles de Chine (FNSN)qui est une agence de moyens de larecherche fondamentale en Chine. Ainsi la France s’ouvrait à la Chine aumoment où la Chine s’ouvrait à lascience.Les progrès chinois ont été très rapidespuisque 2003 a vu le lancement de lafusée Longue Marche avec à son bordle colonel YANG Liwei. La Chine estainsi devenue le troisième pays à avoirlancé, seul, un programme de vol spa-tial habité. 2003 est aussi l’année duSARS : la Chine a dû reconnaître les fai-blesses de son système de santé et lanécessité de renforcer sa coopérationinternationale dans le domaine de labiologie/santé (Cf. encadré PRA).

Le PRA, créé en 1991,finance la mobilité des chercheursLe Programme de recherches avancées(PRA) est un dispositif bilatéral qui

finance la mobilité des chercheurs :voyage des chercheurs français enChine, accueil des chercheurs chinoisen France pour la partie française etréciproquement. Les chercheurs pro-viennent d’un laboratoire français etd’un laboratoire chinois qui ont propo-sé un projet de recherche conjoint. Del’ordre de 120 projets sont proposéschaque année en réponse à un appel àcandidatures et 30 à 40 projets sontsélectionnés au terme d’un processusélaboré d’évaluation mené par les res-ponsables de thèmes de l’Associationfranco-chinoise pour la recherchescientifique et technique (AFCRST), quiest chargée par le MAE et le MR degérer ce programme. Sur la période1993-2003, le PRA a ainsi soutenu 321projets de recherche bilatéraux impli-quant 600 laboratoires des deux pays etplus de 2 500 chercheurs. Le succèsd’un tel programme, qui a su, au fil desans, adapter sa thématique et fonction-ner à la satisfaction des communautésconcernées, est rare et mérite d’êtreanalysé.Le PRA s’inscrit dans l’histoire du« réveil scientifique » de la RépubliquePopulaire de Chine. En 1981, à la suited’un voyage en Chine de François Gros,alors Professeur au Collège de France etDirecteur général de l’Institut Pasteur, etde Thang Ming Nguy, alors Directeur derecherche au CNRS et animateur deséchanges scientifiques franco-chinois, lesrelations entre les deux pays s’amor-cent. Ces deux biologistes fondèrentune Association franco-chinoise derecherche en biologie et en médecine.Les adhérents cotisaient et des bailleursde fonds privés, souvent issus de la dia-

La coopération scientifique entre la Franceet la Chine est-elle en phase avec

les évolutions considérables de ce pays ?

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spora chinoise, permirent d’entre-prendre des visites croisées.Mais cette modeste Association évoluabrusquement lorsque un « Programme derecherches avancées » fut créé en 1991par la Commission mixte scientifique ettechnique franco-chinoise, en applica-tion d’un relevé de conclusions signé le29 août 1991 entre Hubert Curien,ministre de la Recherche et de laTechnologie et M. Song Jian, ministred’Etat, Président de la Commission d’Etatpour les sciences et les techniques de laRépublique Populaire de Chine. Cespères fondateurs visaient à permettre ledéveloppement des relations entre leschercheurs de deux laboratoires, françaiset chinois, autour d’un projet bilatéral derecherche, en finançant par des créditsspécifiques (émanant pour la partie fran-çaise, du ministère des Affaires Etrangèreset du ministère en charge de laRecherche) la mobilité des chercheurs :le principe étant que chaque pays finan-ce les voyages de ses ressortissants et lesfrais d’accueil des ressortissants du payspartenaire. Le PRA ne finance pas les tra-

vaux de recherche qui relèvent des cré-dits propres des laboratoires d’accueil.La conduite du programme, les thèmesayant été choisis par la Commissionmixte, a été confiée dès l’origine par lestutelles, à l’Association franco-chinoisepour la recherche scientifique et tech-nique (AFCRST), créée et présidée suc-cessivement par le Professeur FrançoisGros, par le Professeur Jacques Caen etactuellement par le Professeur GérardBeck.Chaque année, entre 30 et 40 projetsconjoints sont sélectionnés sur 100 à120 dossiers déposés relevant actuelle-ment de six thèmes : biologie, biotech-nologie, environnement, sciences desmatériaux, sciences de l’information,sciences de la terre. Chaque projet est peu doté (de l’ordrede 6 000 euros par an pour 2 ans), leprocessus de sélection est d’importan-ce : il permet une évaluation scienti-fique à la fois par la partie française etpar la partie chinoise. L’attributiondéfinitive d’un projet signe un accordentre deux laboratoires, qui inaugurent

ainsi une relation possiblementdurable. Enfin, l’évaluation positive estutile pour les laboratoires chinois, ren-force les financements dans leur pays,en ce qu’ils obtiennent un « droit detirage » vis-à-vis du ministère chinoisde la Science et de la Technologie –MOST.La gestion des crédits français en prove-nance du ministère des Affaires étran-gères (MAE) et de celui chargé de laRecherche (ministère de l’Educationnationale, de l’Enseignement supérieuret de la Recherche – MENESR) estconfiée à l’AFCRST. Le montant de cré-dits est de l’ordre de 500 K€ par an ; surla période 1993-2003, le coût du pro-gramme pour la partie française a étéde 4,8 M€.La montée en régime du PRA sur lapériode 1994-2002 s’est effectuéeconformément aux lignes directricesdéfinies en 1991. En 2002, fut célébré àPékin l’anniversaire de ses 10 ans enprésence des ministres français et chi-nois de la Recherche.L’ensemble des projets reçus parl’Association est communiqué aux ins-tances chinoises (MOST et, pour le seulthème Sciences de la Terre, à laFondation des Sciences Naturelles).L’Association examine en France la par-tie française des dossiers, conduit uneévaluation scientifique (1) et s’assure del’adéquation vraisemblable avec le par-tenaire chinois. Elle s’est dotée de res-ponsables de thèmes, scientifiquesconnus et habitués à ce type d’analyse,eux mêmes sollicitant des experts. Laqualité scientifique et la pertinence sontpris en compte. Une liste annuelle deprojets retenus, proposée par la France,est établie sous la responsabilité duPrésident ; elle est adressée au partenai-re chinois.Un comité de pilotage franco-chinois,prévu par l’accord de 1991, est consti-tué des responsables scientifiques dethèmes, français et chinois. Il analyseles dossiers et, d’un commun accord,adopte la liste soumise pour décision àla Commission mixte où siègent lesreprésentants ministériels des deux par-ties.

Le Programme de Recherches Avancées(PRA) Franco-chinois

Décidé par la Commission scientifique et technique mixte franco-chinoiseen 1991Gestion de la partie française confiée à l’Association franco-chinoise pourla recherche scientifique et technique (AFCRST)Premier appel à propositions en 1993 avec trois thèmes :- Biologie- Mathématiques appliquées dont l’automatique- EnvironnementSix thèmes aujourd’hui :- Biologie et Médecine- Biotechnologie (1996)- Environnement- Sciences et technologies de l’information- Matériaux (1996)- Sciences de la Terre (1999)321 programmes bilatéraux sélectionnés sur 1993-2003600 laboratoires concernés30 à 40 projets sélectionnés par an418 publications recensées publiées pendant le déroulement des 227 pro-grammes 1994-2001Financement de la mobilité et de l’accueil des chercheurs (pas de finance-ment de la recherche)Coût d’un programme : 6 000 € par an sur deux ansFinancement : 4,8 M€ sur la période 1992-2003- subventions versées par le ministère des Affaires Etrangères : 3,2 M€

- subventions versées par le ministère chargé de la Recherche : 1,6 M€

Subventions versées en 2003 : 651 K€Subventions décidées en 2004 : 510 K€

(1) Depuis 2003, une évaluation supplémentaireest aussi assurée par la Mission scientifique, tech-nique et pédagogique (MSTP) du MENESR.

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A l’aune des critèresusuels d’évaluation, le PRA est une magnifiqueréussiteLes projets retenus couvrent les diffé-rents types de recherche fondamentale(surtout en biologie et en sciences de laterre) et appliquée (surtout en biotech-nologie, en environnement, en scienceset techniques de l’information) ; ils sonttrès équilibrés en sciences des maté-riaux.La carte de répartition des laboratoiresd’accueil en France montre une excel-lente adéquation entre la localisationdes universités et des centres derecherche les plus actifs en France oùles 6 thèmes sont développés et les pro-jets retenus.Les scientifiques français effectuent decourtes missions (quelques jours) alorsque les partenaires chinois séjournentde nombreux mois.Mais, comme la quasi-totalité des pro-grammes et projets en France, les publi-cations, les brevets, les résultats desthèses amorcées pendant le projet nesont pas disponibles, ni analysés, nimême déposés, lorsque s’achève le pro-jet. Pour cela, il faudrait conserver lecontact avec les bénéficiaires au mini-mum trois ans après la fin du projet. LaCommission européenne s’y risquedans certains grands projets en versantle solde de la subvention bien après lafin du projet. Cela n’aurait aucun senspour des dotations de 6 000 € par an ;ceci est regrettable ! L’Association pour-rait être chargée explicitement de cerôle. De ce fait, la rubrique publicationtraduit très mal la qualité des résultatsdes projets par les PRA, car les travauxdonnant lieu à publication s’étalent surplusieurs années et les manuscrits nesont acceptés (ou publiés) que plusieursannées après la fin de la mission.Les coopérations les plus significativescorrespondent aux équipes quiaccueillent plusieurs mois un (des)membre(s) de l’équipe partenaire et seréalisent fort bien au cours de la prépa-ration de thèses en co-tutelle (elles nesont qu’exceptionnellement achevéespendant la durée d’exécution du pro-jet), et les thèses des chercheurs chinoisen France sont nombreuses ; elles sont

encore rares pour des Français enChine. Beaucoup de projets envisagent,comme suite possible du PRA, l’amorce(ou la prolongation) d’une de cesthèses. Ce qui implique une forte impli-cation de l’administration universitairedu laboratoire français concerné.La pertinence, c’est-à-dire la relationentre les enjeux, les problèmes, lesbesoins constatés et les objectifs assi-gnés au PRA est claire. Après l’établis-sement de premiers contacts noués, parexemple lors de congrès, des équipes

approfondissent leurs relations et éta-blissent un projet.Le PRA procure des ressources addi-tionnelles pour les laboratoires – tant enFrance que, semble-t-il, en Chine – leurpermettant d’engager une coopérationvers laquelle ils ne se seraient pas natu-rellement tournés.Sur la période 1993-2003, 321 projetsont été menés, mettant ainsi en contact,au total, 600 laboratoires français ouchinois et permettant le déplacementdes chercheurs.

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LFCC : Laboratoire franco-chinois de catalyse à Dalian(ex Port-Arthur en Mandchourie)

L’Institut de Chimie physique de Dalian – qui est un Institut de l’Académiechinoise des Sciences – a une collaboration avec la France depuis unevingtaine d’années au cours de laquelle l’ensemble des outils de la coopé-ration (projets PRA, Programme international de coopération scientifique« Catalyse pour l’environnement » et missions financées par le CNRS) ontété utilisés. En 2000 une convention a été signée pour créer un laboratoi-re conjoint impliquant des laboratoires coordonnateurs et des laboratoirespartenaires.Laboratoires coordonnateurs : Institut de Recherches sur la Catalyse(CNRS) de Villeurbanne et le State Key Laboratory of Catalysis (SKLC-Académie des Sciences de Chine, dirigé par Pr. LI Can) du Dalian Instituteof Chemical Physics.Laboratoires partenaires français :- Laboratoire de Réactivité de Surface de Paris (CNRS-Université de ParisVI/Pierre et Marie Curie),- Laboratoire de Catalyse en Chimie Organique de Poitiers (CNRS-Université de Poitiers),- Laboratoire des Matériaux Catalytiques et Catalyse en Chimie Organiquede Montpellier ( CNRS-Université de Montpellier 2),- Laboratoire de Catalyse et Spectrochimie de Caen ( CNRS-Université deCaen),- Laboratoires de la Société Française Total.Laboratoires partenaires chinois :- Research Institute of Petroleum Processing (RIPP) de Pékin,- Shanghai Research Institute of Petrochemical Technology (SRIPT),- Département de Chimie de l’Université de Pékin (Beida).Ce laboratoire conjoint a bénéficié du soutien de la Direction de larecherche de TOTAL qui est par ailleurs partenaire des chinois sur la raf-finerie de Dalian dans le cadre d’une joint-venture.La convention est arrivée à échéance en 2004 et son renouvellement estactuellement en cours sur trois thématiques : environnement, en particu-lier la désulfuration des pétroles ; énergie avec le diesel propre ; catalysepour application pharmaceutique. Notons qu’il existe une coopérationentre BP et l’Institut de Chimie physique dont le financement par la com-pagnie britannique se monte à un million de dollars par an sur dix ans, etune convention avec l’Institut allemand Fritz-Haber du réseau Max Plancksur la nanocatalyse. Cette dernière convention arrive à son terme en 2005et un projet triangulaire avec l’Allemagne pourrait être envisagé.Par ailleurs, l’Institut de Chimie physique a engendré la création de sixfiliales industrielles dans les pesticides, les membranes, les chromato-graphes, les piles à hydrogène, les catalyseurs.

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Ce rôle de « berceau » de la coopéra-tion est aujourd’hui – au bout de 12 ansd’existence – connu, reconnu et appré-cié par l’ensemble des interlocuteursrencontrés, tant français que chinois.Le PRA s’est révélé en parfaite cohéren-ce avec les objectifs qui lui sont assi-gnés. Il a favorisé la création deplusieurs laboratoires conjoints (LIAMAà Pékin, Laboratoire franco-chinois decatalyse à Dalian, Pôle de recherchesen sciences du vivant et en génomiquede Shanghai, Laboratoire desApplications des Supraconducteurs etdes Matériaux magnétiques à XI’an)ainsi que plusieurs programmes derecherche en réseau et de programmesdu CNRS. En outre, la cohérence inter-ne a été assurée par l’accroissement dunombre de thèmes, qui s’est progressi-vement élargi au cours du temps enpassant de trois à six. Depuis peu, lespartenariats sont susceptibles de débou-cher sur des programmes financés parl’Union européenne.En ce qui concerne l’effectivité, c’est-à-dire la qualité des activités, la conduitedu programme, ainsi que les méthodeset procédures suivies, on note que lagestion par une association a permis dedisposer de la flexibilité indispensablepour s’adapter aux contraintes de mobi-lité des chercheurs et suivre le déroule-ment de leurs travaux ; chaque année,entre 30 et 40 projets nouveaux sontretenus au terme d’une sélection rigou-reuse. La qualité des projets peut êtrecomplètement appréciée par les publi-cations (2) (418 publications recenséessur les 227 projets PRA entre 1993 et2001) ou par le succès dans le cursusacadémique des chercheurs ayant parti-cipé aux projets PRA.On peut cependant regretter qu’uneévaluation systématique a posteriori (àl’année n+4) des projets ou, à défaut,qu’une bibliométrie n’ait été mise enplace par l’Association que depuis peu,pour disposer d’indicateurs plus précisqui n’existent encore pas et ont peu dechances d’être extraits rétrospective-ment.La démarche du PRA a systématiquementfonctionné de manière bilatérale à travers

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LAS2M : Laboratoire pour les applicationsdes supraconducteurs et matériaux magné-tiques à Xi’an

L’Institut du Nord-Ouest de Recherches sur les Métaux non-ferreux(NIN) à Xi’an se présente comme une entreprise de science et technolo-gie rattachée au gouvernement provincial. Son président est le Pr. ZhouLian (membre de l’Académie des sciences de l’ingénieur et professeurhonoris causa de l’université Joseph Fourrier à Grenoble). Cet Institutcomprend 1087 salariés, dont 483 ouvriers et 604 « chercheurs ».Parmi eux seulement 54 professeurs et 22 doctorants, ce qui soulignela dimension industrielle de l’Institut qui est organisé en dix centres derecherches, un centre de développement et d’ingénierie de la transfor-mation de matériaux en métaux rares, enfin plusieurs filiales activesdans la métallurgie du titane et la fabrication de matériaux supracon-ducteurs. Le chiffre d’affaires de ces activités industrielles est del’ordre de 48 M€.Le NIN collabore depuis 25 ans avec les laboratoires CNRS de Grenobledans le domaine des supraconducteurs et des matériaux magnétiques. En2003, en présence de Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Rechercheet aux Nouvelles technologies et Xu Guanhua, ministre chinois de laScience et de la Technologie, une convention a été signée entre le CNRS,l’Institut National Polytechnique, le MOST et le NIN pour créer un labo-ratoire conjoint, le LAS2M, dont la convention précise entre autres lesconditions de dépôt de brevets. Les recherches au LAS2M, quoique trèsfondamentales, posent en effet de façon aiguë les questions de propriétéintellectuelle et de transfert de technologies, notamment face à la grandecapacité de valorisation industrielle du NIN. Du côté français les cher-cheurs sont en contact avec des entreprises telles Alstom et Nexans, ce quidevrait assurer une certaine vigilance dans ce domaine. Alstom finance untravail de thèse en co-tutelle dans un partenariat NIN-CNRS-Alstom, ayantpour but la mise au point de fils supraconducteurs pour l’expérienceITER.Les objectifs du laboratoire conjoint sont :- Développer des supraconducteurs à haut Tc (SHT) de haute qualité enrubans et fils multifilamentaires (YBCO, Bi2223, MgB2) pour applicationsélectrotechniques.- Améliorer les matériaux NbTi et Nb3Sn.- Aborder les aspects fondamentaux de la supraconductivité de surface,phénomène non encore examiné en tant que paramètre majeur des perfor-mances des matériaux supraconducteurs.- Coopérer en recherche et développement de monodomaines YBCO tex-turés par fusion pour applications : volant d’inertie pour le stockage del’énergie, amenées de courant, piégeage de champ par exemple.- Réaliser des aimants permanents produisant encore plus d’induction à 77K, et des aimants permanents très puissants qui pourraient fonctionner àde plus hautes températures que les NdFeB. Deux formes d’aimants serontenvisagés: les aimants frittés (métallurgie des poudres) et les aimants liéspolymères.- Étudier la structure et la microstructure d’alliages réfractaires à base deTi, Zr, Nb, W, …Composition : Sont membres du LAS2M les laboratoires français suivants :Pour le CNRS :- Consortium de Recherches pour l’Emergence de Technologies Avancées(CRETA),- Centre de Recherches sur les Très Basses Températures (CRTBT),- Laboratoire de Cristallographie (LC),- Laboratoire des Champs Magnétiques Intenses (LCMI),- Laboratoire Louis Néel (LLN).Et, pour l’université de Grenoble :- Génie Physique et Mécanique des Matériaux (GPM2),- Laboratoire des Matériaux et du Génie Physique (LMGP),- Laboratoire d’électrotechnique de Grenoble (LEG).

(2) Ce chiffre est probablement très minoré puisqueles publications interviennent pendant plusieursannées au-delà de l’achèvement du projet (cf.Annexe 11).

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un dialogue avec la partie chinoise (Il nes’agit donc pas d’un dispositif unilatéralcomme l’est le programme géré parl’Ambassade de France en Chine poursoutenir les jeunes chercheurs ensciences humaines et sociales).De la même façon, il convient de regret-ter que, alors que le Service de coopéra-tion scientifique de l’Ambassade deChine à Paris a été impliqué depuis l’ori-gine, ni l’association gestionnaire à laconduite du PRA, ni les directions d’ad-ministration centrale, n’aient associé plusétroitement le Service de coopération etd’action culturelle (SCAC), le Conseilleret les Attachés scientifiques français enChine.

Efficacité et efficienceLe PRA est efficace car il est parfaite-ment adapté au mode de financementde la recherche académique en France,ceci explique que 72 % des projetsretenus concernent des universitairesassociés le plus souvent à des EPST ouà des EPIC dans des laboratoires mixtes.On comprend que les échanges fran-co-chinois soient adaptés aux cher-cheurs académiques qui apprécientles crédits de mobilité et peuventaccueillir des partenaires chinois dansleurs laboratoires pour des séjours delongue durée (plusieurs mois). Ildevient alors évident que le succèsdes projets du PRA aboutit souvent àla mise en chantier de thèses de co-tutelle, c’est-à-dire soutenues conjoin-tement dans deux universités(française et chinoise). Les travauxd’un doctorant se déroulant dans cha-cune d’elles, l’achèvement de cesthèses (elles durent trois ans au mini-mum) nécessite une nouvellerecherche de crédits pour accueillir,au-delà du PRA, les doctorants chi-nois, mais ceci est une autre affaire.Ainsi, les établissements dont le finan-cement est affecté directement par lestutelles (CEA, Inra, Ifremer, spatial,Institut Pasteur…) n’ont qu’exception-nellement recours au PRA.L’efficacité peut être appréciée d’abordpar le faible nombre de projetsdéfaillants (8), le grand nombre de pro-jets réalisés (321 sur la période 1993-2003) et le nombre de laboratoiresmobilisés (600).

A l’évidence, le PRA a contribué àmobiliser de manière durable au profitde la coopération entre la France et laChine des spécialistes de haut niveaudans chaque thème et a permis à l’ap-pareil de recherche français de nouerdes relations permanentes et confiantesavec des chercheurs chinois, dont plu-sieurs occupent des positions élevéesdans le système de recherche, ceci encréant une stabilité dans ces relations.Pour des projets de courte durée, cha-cun mettant en œuvre un petit nombrede chercheurs, la facilité de gestion estun critère capital. Le choix d’une asso-ciation assurait une grande flexibilité àces projets par une stricte régularitécalendaire, en réunissant les bénéfi-ciaires français et, à l’occasion, chinois,en leur expliquant le mode de fonction-nement, en maintenant des liens aveceux et en simplifiant à l’extrême lesdémarches administratives. L’assurancede paiements très réguliers est un avan-tage très important et très exceptionnel-lement réussi par les gestions directesdes administrations pour ces sommesmodestes. Si, dans un projet, un paie-ment est retardé, aucune structure aca-démique ne fait d’avance ni pour lesvoyages, ni pour les crédits d’accueil.Pendant douze années de fonctionne-ment du PRA, la confiance n’a pas uneseule fois fait défaut ! Pas même sur lesprojets abandonnés en cours de par-cours, ni à l’occasion de la crise duSRAS.En matière d’efficience, le PRA est excel-lent car ces résultats de coopérationscientifique ont été obtenus avec unemise de fonds très limitée. Le coûtmoyen, pour le financement français,d’un projet est de 12 000 €. Au total, l’as-sociation gestionnaire a reçu sur la pério-de 1992-2003 un montant de 4,8 M€, cequi a non seulement servi à financer les321 projets, mais aussi la tenue de comi-tés de pilotage et des réunions de sélec-tion et de suivi des programmes, desbourses pour douze étudiants, des publi-cations, des séminaires et des colloquesde bilan. Un site Internet a été mis enplace (http://perso.wanadoo.fr/afcrst/) quidonne une publicité aux appels d’offreset aux projets sélectionnés. Elle publieaussi une revue trimestrielle illustrant lesactivités de la coopération. Enfin, les fraisde fonctionnement de l’Association

représentent en moyenne 10 % des cré-dits perçus (loyer, secrétariat, expert-comptable, commissaire aux comptes)(3).Il convient de noter que cette efficienceest obtenue grâce aux interventionsbénévoles des membres du Bureau del’Association et des responsables dethèmes et experts.

Les retombéesL’impact est apparu dans le domainescientifique sous la forme de dispositifsd’ampleur beaucoup plus vaste, notam-ment sous la forme de P2R(Programmes de recherche en réseau),de PICS (procédure CNRS) et, surtout,par la création de laboratoires conjoints(voir ci-dessous). Les retombées en termes écono-miques ne sont pas apparues du côtéfrançais, mais il ne semble pasqu’elles aient été recherchées par leschercheurs français ; en revanche, enChine, des applications sont suscep-tibles d’être intervenues dans la fouléedes projets. Citons le cas du traitementde lisier de porc, où les chercheurschinois ont poursuivi les travaux, éla-boré des pilotes, déposé des brevets etétabli une entreprise chinoise pourexploiter les travaux nés du projet derecherches. De même en ce quiconcerne les matériaux supraconduc-teurs.L’organisation de retombées indus-trielles dépasse clairement l’objectif duPRA qui, rappelons-le, est celui d’orga-niser la mobilité des chercheurs sur unecourte période.Sous un angle humain, il convient denoter que, parmi les chercheurs fran-çais, une part significative provient dela diaspora chinoise installée en France.Un des intérêts du PRA est qu’il contri-bue ainsi à mobiliser au profit des orga-nismes français de recherche le réseaude cette diaspora scientifique de quali-té.La viabilité du PRA n’est pas assurée :en premier lieu son financementdépend entièrement des subventions

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(3) Ce taux est à rapprocher de celui de 8 % préle-vé par EGIDE pour la seule gestion de la billetteriedes PAI, à l’exclusion des dépenses liées à l’éva-luation des projets.

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de deux ministères qui, en 2004 et2005, ont déjà amorcé un virage à labaisse ; en outre, sa gestion confiée àune association loi 1901 heurte ceuxqui favorisent la gestion ration ; enfincertains préfèrent le soutien à des pro-jets plus visibles plutôt que lebouillonnement scientifique que per-met le PRA.De son côté, le CNRS finance aussi desprojets communs à deux laboratoiresfrançais et chinois. En 2004, il y a ainsien cours 8 PICS (Programmes interna-tionaux de coopération scientifique) enchimie, sciences de l’univers, sciencesde la vie, mathématiques.

Quid des scienceshumaines ?

Les sciences humaines et sociales nerelèvent pas du MOST ou del’Académie chinoise des Sciences,mais de l’Académie des sciencessociales. Cette différence de tutellesuffirait à expliquer pourquoi les pro-grammes de recherche dans cesdomaines, traditionnellement soushaute surveillance politique, ne relè-vent pas d’une coopération bilatérale,mais seulement de soutiens unilaté-raux d’organismes français. Un Centre d’études français sur laChine contemporaine (CEFC) a étécréé en 1991 à Hong Kong, cofinancépar le MAE et le CNRS : Hong Kong aété longtemps le seul lieu à partirduquel les chercheurs pouvaientobserver les mouvements en Chinecontinentale. Depuis 1994, ce Centreest doté d’une antenne à Taipei et,depuis 2002, d’une antenne « expéri-mentale » à Pékin. Le CEFC a pourmission d’étudier les mutations poli-tiques, économiques et sociales de laChine populaire, de Taiwan, de HongKong et de Macao. Il est composé desix chercheurs français et de boursiersde recherche. L’antenne expérimentaleà Pékin est installée à l’UniversitéTsinghua et organise des séminairessur de grands problèmes contempo-rains à travers différentes approches :histoire, économie, sociologie,sciences de la communication, droit,sciences politiques ou relations inter-nationales.

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Liama : Laboratoire franco-chinois de recherche en informatique, automatiqueet mathématiques appliquées

L’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) etl’Académie des sciences de Chine (CAS) ont créé à Pékin, en janvier 1997,un Laboratoire franco-chinois de recherche en informatique, automatiqueet mathématiques appliquées (Liama), hébergé dès l’origine par l’Institutd’automatique de l’Académie des sciences de Chine (Casia).Depuis octobre 2004, le Liama compte sept partenaires :- l’Académie des sciences de Chine (CAS),- Institut d’automatique de l’Académie des sciences de Chine (Casia),- le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM),- le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour ledéveloppement (CIRAD),- le Centre national de recherche scientifique (CNRS),- l’Institut national de recherche agronomique (INRA),- l’Institut national de recherche en informatique et en automatique(INRIA).Le Liama est une structure permanente de coopération. Ses missions sont :- la conduite de projets de recherche associant des scientifiques chinois etfrançais,- le développement de relations avec les communautés scientifiques et lesindustriels français ou chinois,- la formation, au travers des activités de recherche, d’étudiants et de spé-cialistes français et chinois.Le Liama s’efforce également de faciliter la diffusion de logiciels issus desdeux organismes vers l’industrie et les services utilisateurs et aussi depublier et diffuser des documents scientifiques dans ses domaines de compé-tence. Les aspects industriels jouent un rôle important dans cette collabora-tion. Les principes de base de cette structure permanente de coopération interna-tionale sont - la localisation au sein d’un seul organisme, l’Institut d’automatique del’Académie des sciences de Chine à Pékin, de façon à servir de plate-formeaux communautés scientifiques des deux pays,- le financement de projets conjoints sélectionnés par un comité d’expertsbipartite, après appel à propositions,- la présence d’équipes de recherche permanentes (cinq chercheurs perma-nents) hébergés dans les locaux du Liama,- la valorisation d’applications industrielles et socio-économiques, notam-ment dans les domaines de l’environnement, de la santé et de l’aéronau-tique.Le Liama est co-dirigé par un directeur français, Marc Jaeger (Cirad) et undirecteur chinois, HU Baogang (Institut d’automatique), qui résident tousdeux à Pékin.PROJETS EN COURS

- modélisation des végétaux et leurs implications (projet « Greenlab »),- diffusion et l’animation d’un réseau en Chine autour du logiciel libreScilab,- imagerie avancée et vision.AUTRES ACTIVITÉS RÉCENTES

- Organisation de symposium et ateliers-séminaires-conférences,- Enseignement, en particulier de Marc Jaeger et Hu Baogang, à la CASGraduate School in Beijing,- Soutenance en 2003-2004 de trois thèses préparées dans le cadre duLiama.ECHANGES DE CHERCHEURS EN 2004- 27 français pour un séjour cumulé en Chine de 104 mois,- 15 chinois pour un séjour cumulé en France de 57 mois,Les travaux de recherches menés dans le cadre du LIAMA ont conduit en2003-2004 à 66 publications conjointes.

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Laboratoires en réseau et laboratoires conjoints

Considérés comme une étape plus avan-cée de coopération, les « Programmes derecherches en réseau » (P2R) sont unnouvel instrument de coopération bilaté-ral lancé par le MAE, le ministère chargéde la Recherche et le CNRS dans quatrepays : Inde, Allemagne, Brésil et Chine. Ils’agit de financer le surcoût internationalde projets de recherches en réseau delaboratoires (2 à 8 dans chaque pays).Quatre projets d’une durée de quatre ansont été sélectionnés (budget : 150 k€ parpays sur les quatre ans). Les projets enChine concernent la gestion et la protec-tion de la ressource en eau (organismecoordinateur français : CNRS), la gestiondes risques dans le domaine de l’eau(BRGM), le SARS (Institut Pasteur deParis), le pôle de génomique de Shanghai(Inserm).La question se pose de savoir si lenécessaire rapprochement de labora-toires chinois est adapté à l’univers chi-nois, où les laboratoires sont plutôt enconcurrence.Les relations entre laboratoires chinoiset français, après une expérienced’échanges fructueux, sont dans cer-tains cas structurées de manière plusformelle sous la forme de laboratoiresconjoints : une convention définit pourune durée, en général quatre ans, leslaboratoires participants, le mode defonctionnement, les responsabilités, lefinancement. Il s’agit de « laboratoireshors les murs », de type réseau, avec unlaboratoire « tête de réseau » danschaque pays, abrités par des instituts derecherches déjà existants. Quatre cas laboratoires conjoints sontainsi actuellement établis dans lesdomaines de la catalyse, des matériauxsupraconducteurs, des mathématiquesappliquées et des sciences du vivant. Enoutre, l’Institut Pasteur à Paris apporteson soutien à la création d’un InstitutPasteur à Shanghai qui relèvera del’Académie chinoise des sciences.Si ces laboratoires conjoints sont lesfoyers d’une coopération active, à l’ex-ception du pôle de génomique récem-ment créé, il convient de noter que lesinstituts chinois partenaires savent orga-niser les retombées économiques à tra-

vers leurs filiales industrielles, ce quin’est pas en général le cas des orga-nismes français, attachés à un modèleplus traditionnel de recherche fonda-mentale.Ce même phénomène a pu être observédans des instituts de recherches de labranche de Shanghai de l’Académiedes Sciences : l’Institut de sciences bio-logiques (SIBS) a depuis un an une filia-le qui fabrique des produits biologiques ;l’Institut de microsystèmes et de tech-nologies de l’information (Simit) a unefiliale Simgui qui fabrique des wafersSOI (Silicon on insulator) vendus à l’in-dustrie des semi-conducteurs. Sondirecteur général adjoint était jusqu’àrécemment un chercheur de Simit surun projet PRA.

Pourquoi des entreprisesfrançaises créent-elles des laboratoires en Chine ?De nombreuses entreprises françaisesont établi des unités de production enChine, mais quelques unes y ont crééde véritables centres de recherches, paropposition à des centres de développe-ment qui adaptent des produits et ontune vision inférieure à trois ans.Un exemple caractéristique est FranceTélécom, qui a ouvert à Pékin en 2004un centre de recherches alors que lasociété n’exerce aucune activité mar-chande en Chine. Ce centre occupeaujourd’hui 70 chinois et l’objectif estd’arriver rapidement à 120. Il s’agit dedéfinir des produits innovants de ser-vices : traitement et reconnaissance dela parole ; traduction automatique detextes, notamment chinois. Ce centrepermet d’être en contact avec des labo-ratoires chinois et aussi de participer àl’élaboration des standards chinois quiréglementeront l’accès au marché chi-nois. De même Thomson, aujourd’hui repo-sitionné sur la fabrication d’équipe-ments destinés aux professionnels desmédia et industries des loisirs, a créé en2004 trois centres de recherches occu-pant déjà 90 personnes, avec un objec-tif de 150. Les thèmes d’investigationsse répartissent entre les technologies dufutur après 3 ans (corporate research), lehaut débit et les technologies sans fil, la

télévision numérique sur mobiles etl’intégrité des transmissions.Un aspect important concerne les sys-tèmes d’accès payant aux programmesdans une stratégie triple play (audio,video, data) et la compression, tous liésà l’élaboration en cours des standardschinois.Alcatel, dont la filiale à 50 % plus unevoix, Alcatel Shanghai Bell, est ledeuxième équipementier de transmis-sions en Chine (elle vient de remporterun appel d’offres pour le marché dessignalisations de la nouvelle ligne demétro de Shanghai), a ouvert son cin-quième centre mondial de recherches àShanghai qui occupe 40 personnes(Alcatel Shanghai Bell occupe parailleurs 2 000 personnes dans descentres de développement et 5 000 per-sonnes en production). Les thèmes detravaux sont le mobile de 4e générationet IPTV (Internet par télévision, car il ya en Chine 400 millions de téléviseurs).Le centre de Shanghai couvre toute l’ai-re Asie-Pacifique et se veut en interac-tion avec les objectifs stratégiques desclients. Alcatel cherche à présent ànouer des liens avec des universités etlaboratoires chinois, pour les faire parti-ciper à son réseau de partenariat avecactuellement 10 universités répartiesdans le monde.BioMérieux, présent en Chine depuisvingt ans dans la vente de tests de dia-gnostic, n’y a pas d’activités de produc-tion. Cependant la société s’estimpliquée depuis 2003 dans larecherche en Chine, en nouant des par-tenariats avec des laboratoires et deshôpitaux, et cible deux domaines : lesnouveaux pathogènes émergents(SARS, grippe aviaire) et le cancer. Lepremier domaine fait l’objet du centrede recherches que BioMérieux a ouverten mars 2005 à Pékin, sous forme d’unlaboratoire mixte avec un institut del’Académie chinoise des sciences médi-cales (CAMS). BioMérieux fournit leséquipements, les matériaux et du finan-cement, plus un chercheur qui resteraau moins deux ans ; le recrutementd’un directeur de laboratoire est encours et la société participe au comitéscientifique. Il y a propriété conjointedes résultats. On peut remarquer que lathématique des nouveaux pathogènesémergents est la même que celle de

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l’Institut Pasteur de Chine, une institu-tion en cours de mise en place au Pôlede génomique et sciences du vivant deShanghai avec le financement du MAE. Créé en 1980, Ethypharm est l’un desleaders mondiaux dans le domaine destechniques permettant d’optimiser la dif-fusion des molécules actives dans lecorps : spray, patch, méthodes d’encap-sulation… Ce type de techniques (« drugdelivery systems ») représentent à ce jour5 % du marché des médicaments euro-péens, 15 % du marché américain et seu-lement 0,5 % du marché chinois. Nedistribuant aucun produit sous sonnom,la société est partenaire de la plu-part des grands noms de l’industrie phar-maceutique, auxquels elle propose ses70 familles de brevets (« les plate-formes »).

La société est implantée en Chinedepuis 1997 et emploie 22 personnesdans son service de R&D. Une très largemajorité des projets sont maintenantconçus en fonction du marché chinois.Un intérêt particulier se porte sur lesproduits de cancérologie. Il est à noterqu’au niveau mondial la société réalise30 % de son effort R&D en Chine et enInde, la Chine offrant des possibilitésintéressantes de tests précliniques grâceà une animalerie adaptée, l’Inde per-mettant de démarrer rapidement destests de phase I.En mars 2005, Servier – dont lesdépenses en R&D représentent 25 %du chiffre d’affaires – a annoncé lasignature d’un accord avec le CentreNational de Screening à Shanghai. CeCentre, étroitement lié au « Shanghai

Institute of Materia Médica » (SIMM),branche de l’Académie chinoise desSciences, évaluera les composés issusde la pharmacopée chinoise sur lesnouvelles cibles identifiées parServier. Ces nouvelles cibles thérapeu-tiques identifiées en France grâce auxtechniques de génomique et protéo-mique, pourront concerner les axesthérapeutiques majeurs de larecherche Servier : maladies cardio-vasculaires, cancérologie, neuros-ciences ou métabolisme. Les droits depropriété intellectuelle seront partagésentre les deux associés. Servier envi-sage de fabriquer les éventuels médi-caments tirés de cette recherche dansses usines françaises et dans son unitéde production de Tianjin inaugurée en2002. Le SIMM – qui emploie 400

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L’Institut Pasteur de Shanghai – Académie des Sciences de Chine

L’Institut Pasteur de Shanghai-Académie des Sciences de Chine est un institut national chinois, à but non lucratif, doté d’unetotale autonomie de fonctionnement et de gestion, sous la direction d’un Conseil d’administration.Il a été inauguré le 11 octobre 2004 en présence du Président Chirac, du Président de l’Académie chinoise des sciences, duMaire de Shanghai, du Directeur général de l’Institut Pasteur, et du Comité d’Honneur de l’Année de la France en Chine.L’Institut a pour Directeur général le Pr. Vincent Deubel (Institut Pasteur), et pour co-directeur le Pr. Zang Jingwu (HealthScience Center, Institut de l’Académie chinoise des sciences). Il est localisé dans un bâtiment de 3 500 m2 mis à disposition parl’Académie des Sciences de Chine, et situé à proximité de l’Université Médicale Shanghai 2 et de l’hôpital Rui Jin. Son effectifau terme de 3 ans devrait atteindre 160 personnes.Les missions dévolues à ce nouvel Institut s’appuient sur l’expérience de l’Institut Pasteur dans les domaines de la recherche bio-médicale, de la santé publique et de l’enseignement, en ce qui concerne les maladies infectieuses, en particulier la virologie,l’immunologie, l’épidémiologie et la vaccinologie. L’Institut Pasteur de Shanghai pourra s’intéresser également à l’explorationdes principes actifs de médecine traditionnelle chinoise et à la construction de centres de ressources biologiques. L’accent estdonc mis sur la réponse aux besoins de santé et de sécurité sanitaire exprimés par les autorités chinoises.A ce titre, la recherche fondamentale et appliquée concernant les maladies infectieuses devra être développée, particulièrementdans le champ de la virologie, avec la lutte contre les maladies virales émergentes comme le SRAS, la grippe aviaire, mais égale-ment le VIH/SIDA, les hépatites, les encéphalites, les fièvres hémorragiques, étudiées tant sur des aspects moléculaires que sur leplan de l’épidémiologie et de la prophylaxie. L’Institut Pasteur de Shanghai-Académie des Sciences de Chine devra apporter desréponses aux grands problèmes de santé publique que représentent les maladies endémiques et émergentes.Le programme de recherche sera élaboré dans le cadre du plan stratégique et scientifique que définiront conjointement l’InstitutPasteur à Paris et l’Académie des Sciences de Chine. Une approche multidisciplinaire est envisagée avec :- des recherches en virologie axées sur l’étude de la structure des virus et des fonctions de leurs gènes, et sur les mécanismesmoléculaires des interactions virus-hôte ;- une composante d’immunologie concernant l’exploration de la réponse à l’infection virale en vue d’applications dans lesdomaines de la vaccinologie et de l’immunothérapie ;- des actions en écologie intégrant la surveillance, le diagnostic et l’épidémiologie afin d’obtenir des éléments essentiels pouranticiper l’émergence de virus et en juguler la dissémination.

L’Institut Pasteur de Shanghai-Académie des Sciences de Chine bénéficie d’un large financement des autorités chinoises, essen-tiellement de l’Académie des Sciences de Chine et de la Mairie de Shanghai. Côté français, l’Institut Pasteur de Shanghai-Académie des Sciences de Chine reçoit une aide très substantielle de plusieurs mécènes privés : Comité d’honneur de l’Année dela France en Chine, LVMH/MOET HENNESSY.LOUIS VUITTON et AREVA. Ces fonds permettront notamment d’acquérir unlaboratoire P3 haute sécurité, du matériel scientifique de pointe, et de financer des programmes de recherche et d’enseigne-ment. Les autorités françaises soutiennent également le nouvel Institut grâce à une contribution du Ministère français desAffaires Etrangères. A terme, l’Institut Pasteur de Shanghai-Académie des Sciences de Chine devrait assurer une partie de sonfinancement par la valorisation de ses recherches.

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personnes, dont une centaine de cher-cheurs – est spécialisé dans le cribla-ge de molécules et la chimiecombinatoire. Il dispose égalementd’un herbarium qui contient plusieursmilliers de plantes utilisées par lamédecine traditionnelle chinoise. Lasociété Schlumberger a ouvert en1998 à Pékin, sur le parc industriel del’université de Tsinghua avec laquellel’entreprise a signé un contrat, uncentre de recherches qui emploieaujourd’hui 130 personnes, dont 70 %ont un diplôme de master, 9 % PhD,21 % bachelor. Le pourcentage defemmes est significatif : 48 %. Cecentre développe des outils logicielspour l’interprétation de réservoirs et leplus gros projet dans ce domaine vientd’y être transféré depuis le centre deAustin. L’intérêt de ces recrutementsne repose pas sur le fait que lessalaires soient plus bas : ils se réajus-tent de 20 % par an et il faut payer desexpatriés pour assurer la formationaux métiers du pétrole. L’intérêt repo-se avant tout sur la qualité des talentsque la société peut trouver ici, résultatde la bonne formation et de l’ultra-sélectivité au cours des études, appli-quée à des effectifs très nombreux.Ceci conduit à la possibilité de recru-ter « la crème de la crème ». En outre,l’entreprise prévoit que, d’ici quel-ques années, une part substantielle deses revenus viendront des paysd’Extrême-Orient : Russie, Japon,Indonésie.On voit ainsi se dégager les principalesraisons à ce développement de centresde recherches en Chine. On peut consi-dérer qu’elles sont de quatre ordres :- scientifique (mise au point de serviceset produits entièrement nouveaux, et passeulement adaptés au marché chinois) ;- technico-réglementaire (contribuer àla définition de futurs standards chinoisen compatibilité avec les intérêts del’entreprise et nouer les relations avecles intervenants principaux) ;- des ressources humaines (bénéficierdu haut niveau des jeunes ingénieurs etchercheurs, de leur énergie et de leurenthousiasme ; ce sont les mêmestermes que des chefs de laboratoiresfrançais utilisent pour qualifier les cher-cheurs chinois qu’ils attirent enFrance) ;

- géopolitique (localiser en Chine lelieu d’intervention non seulement versle marché chinois, mais aussi endirection de toute la zone Asie-Pacifique).

Faire évoluer le dispositif français

La coopération scientifique bilatéraleparaît donc très active ; mais est-elleadaptée aux évolutions actuelles de laChine ?La Chine vit une progression scienti-fique et technologique importante :faut-il adapter ou supprimer et inventerd’autres moyens d’échanges scienti-fiques et techniques ?Deux orientations fortes paraissent sou-haitables.D’abord, les différents acteurs concernésdoivent être mieux informés des actionsde coopération scientifique en cours.D’une part, les services scientifiques etéconomiques de l’Ambassade doiventêtre mieux associés aux différents pro-grammes, voire être inclus dans des pro-cédures qui ont prouvé leur adaptationaux milieux scientifiques concernés.D’autre part, les entreprises françaisesdevraient dorénavant être informées etassociées aux projets dits de recherchefondamentale : de fait la séparation entrerecherche cognitive et recherche applica-tive est beaucoup plus ténue que par lepassé, et l’on constate que les instituts derecherche chinois se sont organisés pourconduire jusqu’au bout les applicationsdes travaux de recherche, notamment àtravers leurs filiales industrielles. Les pré-occupations de retombées économiqueset de propriété intellectuelle doiventdorénavant être prises en compte par lesintervenants français, ce qui n’a pas été lecas le plus souvent jusqu’à présent.Ensuite, il convient de donner davanta-ge de visibilité et de cohérence auxactions de la coopération française.Comme on a pu en juger, les formes dela coopération scientifique françaisesont très diverses ; mais si elles ont favo-risé de très nombreux échanges ouconventions, elles ne bénéficient pas dela publicité ou de la visibilité souhai-tables face aux enjeux et à la concur-rence des actions de coopération desautres pays.

Inscrire la coopérationdans un cadre de partenariat

Trois recommandations peuvent êtreformulées pour mettre en phase lesformes de la coopération scientifiqueavec les évolutions actuelles de laChine.La première, qui apparaît essentielle,est l’introduction parmi les partenairesde certains projets susceptibles deretombées applicatives, d’un « référentindustriel ». Ce représentant du mondede l’entreprise ou d’organisme de valo-risation aurait vocation à jouer un rôlede « mentor », soit pour éclairer etassurer l’aspect de retombées écono-miques, soit pour apporter un regard devigilance en matière de propriété intel-lectuelle. Les entreprises présentes enChine qui ont été contactées (Total,Alcatel, Thomson, EDF, Ethypharm,BioMérieux) ont immédiatement vutrois avantages :- l’accès à la connaissance des travauxactuels de recherches ;- l’accès à des équipes chinoises dechercheurs (car tous les interlocuteurssont engagés dans des politiques derecrutement de cerveaux chinois) ;- le rapprochement avec les services del’Ambassade.Une procédure souple, ne comportantpas d’aspect contractuel, devra per-mettre d’associer les représentants d’en-treprises aux projets sélectionnés par lePRA.La seconde recommandation concernela création de manière plus institution-nelle d’une instance regroupant quatretypes d’intervenants dans le cadre d’un« partenariat scientifique français pourla Chine », qui pourrait prendre laforme juridique d’une Fondation.Cette instance regrouperait :l’Ambassade ; les grands organismes derecherche français ayant des collabora-tions avec la Chine (CNRS, INRIA,INSERM, INRA) ; l’AFCRST ; les entre-prises françaises implantées en Chine(celles mentionnées plus haut aux-quelles pourraient se joindre parexemple Veolia, BioMérieux, Servier,L’Oréal, Danone, Rhodia, Alstom, Suez,ST Microelectronics, Saint-Gobain,Thales, Sagem, etc).

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Le Pôle de génomique de Shanghai

Le pôle franco-chinois de recherches en génomique et sciences du vivant de Shanghai est un laboratoire conjoint dont la conventionde création a été signée le 28 octobre 2002 à Shanghai, par les dirigeants du CNRS, de l’Inserm, et de l’Institut Pasteur de Paris(IPP), en présence de la Ministre Déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologie, Madame Claudie Haigneré et leurs homo-logues chinois, dont le Pr Chen Zhu, Vice-Président de l’Académie des Sciences de Chine.Le pôle fonctionne sur projets de recherche sélectionnés par un comité scientifique. La partie chinoise a mis à disposition du pôle deslocaux (800 m2) et de l’équipement de qualité.Le pôle est situé dans les locaux de l’hôpital Rui Jin de Shanghai, hôpital d’application de l’UMSII (université médicale numéro II) deShanghai, qui poursuit depuis de nombreuses années une collaboration avec la France, sous forme d’une filière médicale francophone.Ces deux établissements ont des liens forts avec la France, depuis leur création, au début du vingtième siècle, par des Jésuites, sous lesnoms d’hôpital Sainte Marie et université Aurore. Cette « filière » a formé de nombreux médecins et chercheurs chinois, certainsd’entre eux, tels le Professeur Chen Zhu, ayant acquis une réputation scientifique internationale.Le Pr Chen Zhu est une personnalité bien connue du monde scientifique chinois, dont l’influence s’est trouvée largement augmentéeen 2003 durant l’épisode du SARS en Chine. Il a, en effet, dirigé, sous la direction du ministre XU Guanhua, le consortium « recherches » de crise créé à cette occasion. L’épisode du SARS a amené la Chine à souhaiter le renforcement de son dispositif de recherches dans le domaine de la biologie-santéet le renforcement de ses collaborations internationales dans ce domaine. Le consortium dirigé par Chen Zhu a initié la création enChine d’un « triangle de la recherche en biologie/santé », constitué par les forces chinoises dans ce domaine localisées à Shanghai,Wuhan et Canton.Plusieurs projets initiés par le consortium en 2003 à cette occasion concernent la France et intègrent plus ou moins directement lepôle.Les projets du consortium sont les suivants :- un programme de recherches en réseau (P2R) lié directement au pôle et dont le pôle est tête de réseau,- un projet P2R spécial SARS, avec l’IPP,- la création d’un Institut Pasteur à Shanghai qui serait localisé dans les locaux du pôle. Il bénéficierait ainsi de l’implantation favo-rable du pôle dans le tissu académique médical et scientifique chinois, cette implantation permettant une meilleure synergie entre lesstructures,- la création, avec l’aide de la France, d’un laboratoire de haute sécurité biologique P4 localisé à l’institut de virologie de Wuhan.

REMARQUE : le pôle a bénéficié d’un don de 100 k€ en 2003 de la banque BNP-Paribas pour travailler sur le SARS.

LES PARTENAIRES DU PÔLE

Côté français :- CNRS, - IPP,- Inserm.Côté chinois : - le Centre National pour l’Exploitation des Biotechnologies de Pékin (MOST),- les Instituts de recherches en sciences du vivant de Shanghai de l’Académie des sciences de Chine,- le Centre national du génome humain de la Chine du Sud,- l’Hôpital Rui Jin,- l’Université médicale n° 2 de Shanghai.Les principes de fonctionnement de ce « Pôle » sont fondés sur :- une gestion et un financement « par projet »,- la prise en compte dès le début de la conception du Pôle de la valorisation des recherches,- l’apport de la partie française est essentiellement concrétisé par la délégation d’un chercheur à temps plein et – sur des périodes detrois mois à un an – de chercheurs de haut niveau (CNRS, Inserm, Institut Pasteur), ainsi que par l’accueil en France de stagiaires, dedoctorants et de post-doctorants chinois pour préparer et développer les projets de recherches traités dans le Pôle. Les projets du pôle concernent :- génétique et cancer dans le domaine endocrinien,- biotechnologie et pharmacologie appliquées à la leucémie,- pathologie vasculaire,- virus de l’hépatite,- nouveaux pathogènes,- bactériologie.Depuis le début de la création de ce Pôle, les parties chinoises et françaises ont pour objectif global de créer à Shanghai un centreinternational en sciences du vivant qui, tout en s’appuyant sur la solide coopération sino-française existante, s’ouvrirait non seulementà l’ensemble des équipes sino-françaises, mais aussi aurait vocation à élargir ses collaborations à l’Union Européenne et aux autrespays développés.

LIAMA

De même l’élargissement à l’Inra et au BRGM du partenariat au sein du laboratoire conjoint Liama, créé en 1997 par l’Inria avecl’Académie des sciences de Chine, et étendu déjà au CNRS et au Cirad en 2000, souligne la vitalité de ce laboratoire conjoint. Le suc-cès de la diffusion en Chine du logiciel de calcul scientifique Scilab développé par l’Inria est une action phare du Liama.

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Cette instance aurait comme responsabi-lité immédiate d’une part, de superviserla gestion du PRA, en définissant desorientations prioritaires tout en conser-vant l’aspect de programme de recherchefondamentale, d’autre part, de recevoirles financements destinés à financer lapartie française de ce programme bilaté-ral. Cette instance disposerait d’un comi-té scientifique pour proposer la sélectiondes projets. On peut envisager qu’ulté-rieurement elle puisse aussi donner desorientations en matière de bourses, oud’autres projets. A plus long terme, cepartenariat pourrait éventuellement s’ou-vrir pour inclure des acteurs chinois.Cette construction flexible offre ainsi despossibilités d’évolution mais il convientd’être pragmatique et de bâtir progressi-vement. Il s’agit, à partir des opportunitésoffertes par le PRA, de constituer avec lesacteurs français administratifs, scienti-fiques et économiques tournés vers laChine, un réseau structuré de coopéra-tion doté d’une véritable visibilité et per-mettant de conduire des actionscohérentes. Ce projet de Fondation auraitainsi l’avantage de se bâtir sur un socle

de coopération déjà solide, et apporteraitla novation de s’ouvrir aux entreprisesfrançaises.La troisième recommandation est que,dans le cadre de la LOLF, le budget de lacoopération avec la Chine doive claire-ment s’inscrire dans le programme« rayonnement culturel et scientifique dela France » et non pas dans le programme« solidarité à l’égard des pays en déve-loppement ». La loi organique relativeaux lois de finances du 1er août 2001(LOLF) rénove la présentation budgétaire(à compter de la loi de finances pour2006, le budget ne sera plus débattu parministère, mais par missions et par pro-grammes définissant et délimitant lesgrandes politiques publiques). Elle vise,ce faisant, à instaurer une culture derésultat et la responsabilisation des ges-tionnaires. Cela va conduire à présenterles crédits par finalités avec des choix etdes orientations stratégiques dont lesrésultats devront pouvoir être mesuréspar des indicateurs chiffrés.Il est important que notre coopérationavec la Chine s’inscrive dans un cadrede partenariat et non d’assistance à un

pays en voie de développement. Ceciconduit par exemple à recommanderque le PRA s’inscrive dans la mission« Action extérieure de l’Etat » portéepar le ministère des Affaires étrangères(programme « Rayonnement culturel etscientifique de la France ») et non dansla mission (interministérielle) « Aidepublique au développement » (pro-gramme « Solidarité à l’égard des paysen développement »). •

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RÉFÉRENCES

Mission d’évaluation rétrospective du Programmefranco-chinois de recherches avancées, janvier2005 par : - Jean Dercourt, Professeur émérite des Universités,Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences ;- Michel Cohen-Solal, Directeur de recherches àl’Inserm, Chargé de mission à la Délégation auxrelations internationales de l’Académie desSciences ;- Jean-François Guthmann, Contrôleur d’Etat, Chefde la Mission « Gestion Publique Conseil »Ministère de l’Economie, des Finances et del’Industrie ;- Claude Trink, Ingénieur général des Mines,Président-directeur général de Sofirem(Charbonnages de France).La Coopération en Chine du CNRS 2003, parMarie-Pierre Van Hoecke, responsable du bureaudu CNRS en Chine.

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D e u x c a s d ’ a p p l i c a t i o n d e l a c o o p é r a t i o n s c i e n t i f i q u e

Au fil des années, les réalisationsde coopération entre les établis-sements français et allemands de

recherche nationaux en aéro-nautique (Onera et DLR), parte-naires depuis bientôt trente ans,

n’ont cessé de progresser.Toutefois, un soutien actif des

administrations nationales, voireune initiative de nature poli-tique, se révèlent désormais

indispensables pour mettre enplace une authentique commu-

nauté de recherche européennedans ce secteur.

par Denis Maugars,Président-directeur général,

Office national d’études et derecherches aérospatiales (Onera)

et Hervé Consigny,Directeur des affaires internatio-

nales, (Onera)

I l y a plus de quarante ans, en 1963,était signé le traité de l’Elysée : cetaccord qui marquait le début de la

réconciliation entre la France etl’Allemagne signalait aussi la volontédes deux gouvernements de coopérer

dans de nombreux secteurs. La structu-re de coopération scientifique et tech-nologique mise en place entre les deuxpays a ainsi conduit à la réalisation degrands programmes communs, à lacréation d’instituts franco-allemands oude grandes installations prenant trèsrapidement une dimension européen-ne, et parfois même internationale.

La coopération internationale enrecherche et technologieIl est communément admis, et l’histoirele montre, que la recherche, dans sonesprit même, sous-entend ouverturevers l’extérieur et que les échanges et laconfrontation d’idées constituent unfacteur primordial de progrès. Pour cequi concerne la recherche finaliséedans un secteur fortement concurrentielcomme le secteur aérospatial, danslequel l’Office national d’études et derecherches aérospatiales (Onera) évo-lue, ce principe s’applique égalementmême si sa mise en œuvre doit bienévidemment être assortie d’un certainnombre de précautions au regard desintérêts de chacun.La spécificité du secteur aéronautiquefait que, depuis maintenant plusieursdécennies, les réalisations dépassent leplus souvent les cadres strictementnationaux. On peut, dans ces condi-tions, affirmer sans grand risque qu’unetrès large proportion de l’activité del’Onera relève du contexte internatio-nal même si cet aspect n’est pas immé-diatement perceptible par lesingénieurs et chercheurs. Nombred’études et d’essais sont en effet

conduits sur financements industrielsou étatiques français au titre de pro-grammes internationaux ; il en est ainsi,par exemple, d’une grande partie del’activité effectuée au profit de Airbus,Eurocopter, MDBA et de bien d’autresencore. L’évaluation quantitative del’importance relative de ce type d’acti-vité est cependant extrêmement diffici-le et d’un intérêt d’ailleurs discutablecar elle ne constitue pas un indicateurspécifique de l’ouverture à l’internatio-nal de l’Office.Deux aspects de cette ouverture à l’in-ternational peuvent par contre être éva-lués avec une relative précision. D’unepart, il s’agit de l’activité de recherchemenée conjointement par les équipesau titre de projets réalisés dans descadres contractuels ou institutionnelsbilatéraux ou multilatéraux (contrats del’Union européenne par exemple) ;cette activité mérite le véritable qualifi-catif de coopération puisqu’elle conduità des contacts et des échanges régulierset directs entre les chercheurs. D’autrepart, l’activité de recherche et lesétudes techniques relevant de relationscommerciales avec des clients étrangerssont également à verser au crédit descoopérations. Ces deux composantes,dont on doit d’ailleurs admettre qu’ellesne sont pas toujours strictement disso-ciées, permettent de juger ce qui caracté-rise de manière spécifique « l’ouvertureà l’international » de l’Onera.Pour donner un ordre d’idée, on retien-dra qu’aujourd’hui, près de 25 % del’activité totale de l’Office relève de lacoopération directe, au sens où ellevient d’être définie. En 1997, la propor-tion d’activité à l’international était –selon les mêmes critères – estimée à

Un exemple de coopération scientifiqueavec l’Allemagne : l’aéronautique

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environ 10 %. En huit ans, l’activité àl’international de l’Onera a donc dou-blé et ce résultat révèle que l’objectiffixé par le ministre de la Défense enfévrier 1997, à savoir de doubler levolume d’activité en coopération àl’horizon 2000, a été atteint.

La coopération franco-allemande dans le domaine aérospatialDepuis plus de quarante ans, la coopé-ration industrielle franco-allemande afait la preuve de son imagination, de sondynamisme et de sa capacité à inspirer

l’Europe. Dans le domaine aéronau-tique et spatial cette coopération estaujourd’hui bien établie et de nombreuxprogrammes ont uni et unissent toujoursles deux pays : avion d’entraînement« Alphajet », de transport militaire Transall(premier grand projet industriel franco-allemand issu des accords politiquesentre le général de Gaulle et le chance-lier Adenauer), avion de ligne Airbus,hélicoptère Tigre, missiles tactiques, lan-ceurs Ariane. Pour ce qui touche à larecherche et technologie (R&T), le DLRallemand (Deutsches Zentrum für Luft-und Raumfahrt) est sans conteste,depuis maintenant bientôt trente ans, lepartenaire privilégié de l’Onera. De

nombreux contacts se sont noués aussibien entre les responsables des deuxinstitutions au travers de réunions derevue de coopération régulièrementtenues, qu’entre ingénieurs et cher-cheurs, pratiquement au quotidien, parle biais de collaborations fructueuses,conduites notamment dans le cadre desréalisations mentionnées ci-dessus. Au-jourd’hui, la coopération bilatéraleOnera-DLR représente à elle seule plusde la moitié de l’activité à l’internationalde l’Onera. Le partenariat Onera-DLRinitié en 1977 a été renforcé en 1992par un accord de coopération alimentépar des annexes techniques couvrant delarges domaines : « Hélicoptères »,« Techniques de mesures », « Avions detransport », « Propulsion aérobie », etplus récemment « Systèmes optiques ».Des étapes supplémentaires ont étéfranchies, d’abord en 1997, par lasignature d’un accord d’échange depersonnels et ensuite, en 1998, par lamise au point d’un partenariat dans ledomaine des appareils à voilures tour-nantes conduisant à une gestionconjointe de la quasi-totalité des activi-tés des deux établissements dans cesecteur. La signature en juin 2001 d’unaccord de coopération pour les avionsde transport a permis d’accroître demanière très significative la coopérationentre les deux établissements. Dans lesdeux cas, la motivation a été de mieuxremplir la mission de R&T au profit del’industriel binational Eurocopter, d’unepart, et de l’européen (à forte compo-sante franco-allemande) Airbus, d’autrepart.D’autres initiatives prises par l’Onera etle DLR, telles que la fusion de leursrevues scientifiques respectives au seind’une revue unique (AST), la mise surpied d’un colloque annuel conjoint(ODAS), la participation aux salons duBourget et de Berlin via un stand com-mun, la décision d’appréhender,chaque fois que possible, de manièreconjointe nos relations avec des homo-logues d’autres pays (en particulier enChine et au Japon) constituent autant depreuves de la volonté permanente desdeux partenaires de poursuivre dans lavoie d’un rapprochement, à l’image deceux qui interviennent aux niveauxpolitique et industriel, et au-delà desdifficultés inhérentes au fait que les

Fig. 1. - Projet SHANEL : Résolution des équations de Navier-Stokes pour l’écoule-ment autour d’un hélicoptère complet (partenariat ONERA, DLR, EC, ECD, IAG,Université de Stuttgart).

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deux institutions se différencient parleur organisation interne, leur périmètred’activité et leur rôle au sein des dispo-sitifs de recherches nationaux respec-tifs.La coopération bilatérale Onera-DLRs’est également élargie à d’autres parte-naires dans certains secteurs. C’est ainsique dans le domaine des infrastructuresde recherche et plus particulièrementdes grandes souffleries aéronautiques,la France et l’Allemagne ont été lesmoteurs dans la conception et la réali-sation de la Soufflerie transsonique(cryogénique et pressurisée) européen-ne, ETW (Energie durch Technik undWissen), installée à Cologne, inauguréeen 1993, mais dont les premièresétudes conduites notamment à l’Oneraet au DLR remontent à 1978. Cette ins-tallation dont il n’existe qu’une seuleconcurrente, aux Etats-Unis, permet deréaliser des essais dans des conditionsqui reproduisent rigoureusement lesconditions de vols en terme de nombrede Mach et de nombre de Reynolds surdes maquettes de près de 2 mètres d’en-vergure, permettant donc d’accéder àun excellent niveau de détails géomé-triques.Dans le contexte des essais en condi-tions cryogéniques effectués à ETW,l’Onera, le DLR et leur homologuenéerlandais, le NLR, ont également éta-bli un partenariat relatif à la conceptionet à la fabrication de maquettes répon-dant à un cahier des charges extrême-ment contraignant et spécifique desconditions d’essai de cette soufflerie. Latransparence des plans de charge destrois ateliers, l’utilisation de logiciels deCAO identiques, la mise en place deprocédures pré-négociées pour lesachats et les sous-traitances croiséesgarantissent une mise à disposition demaquettes répondant au mieux aux exi-gences des clients en terme de coûts,délais et qualité. Cet accord spécifiqueouvre aussi la voie à des réalisationsconjointes de maquettes convention-nelles, en mettant en commun les com-plémentarités de moyens, ressources etsavoir-faire.Plus récemment encore, l’Onera et lafondation germano-néerlandaise DNWont établi un dialogue visant à gérerconjointement l’utilisation des grandesinstallations aérodynamiques de

l’Onera, du DLR et du NLR. Un grou-pement d’intérêt économique européendevrait voir le jour en 2005 pour ce quiest de la commercialisation conjointedes prestations offertes par ce parc demoyens d’essais.

De nombreux exemples de réalisation au servicede l’intérêt communAu fil des années, la relation Onera –DLR est donc passée de la situation oùprévalaient les simples échanges d’in-formations sur des thèmes scientifiquesrestreints, à la conduite de projets coor-donnés dont la force réside dans lacomplémentarité des équipes pourmener à bien une tâche d’intérêt com-mun, puis à la gestion conjointe d’unpan entier de l’activité des deux établis-sements (en l’occurrence, la R&T desmachines à voilures tournantes) dans

l’optique d’une harmonisation aussipoussée que possible des activités desdeux partenaires.Les exemples de réalisation sont nom-breux et leur énumération dépasse trèslargement le cadre de cet article. Citonstoutefois la capacité acquise conjointe-ment en matière de calcul de configu-rations d’hélicoptères complets (figure1), le rôle déterminant des équipesexpérimentales et numériques des deuxétablissements dans l’étude des struc-tures tourbillonnaires dans les sillagesde gros porteurs au titre d’un projet du7e PCRD de l’Union européenne (figure2) ainsi que l’exemplaire complémenta-rité des équipes Onera et DLR qui s’estencore récemment illustrée à proposdes essais d’identification modale dugros porteur A380 (figure 3).Il convient toutefois de rester lucide :rien en la matière n’est jamais acquis demanière permanente et la coopérationest un défi de tous les jours qui nécessi-

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Fig. 2. - Détermination expérimentale par tomoscopie laser des caractéristiques des tour-billons de sillage à l’aval d’un avion gros porteur en configuration d’approche (mesuresréalisées à la catapulte de l’ONERA à Lille dans le cadre d’un programme Européen fai-sant intervenir l’ONERA et le DLR allemand comme principaux partenaires).

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te foi et opiniâtreté. De nombreux fac-teurs inhérents au comportementhumain et d’origine émotionnelle vien-nent aussi contrarier cette nécessaireévolution : les différences culturellesqui subsistent, la difficulté de la langue,la crainte de la confrontation, la peurdu partage, etc.Au-delà de ces facteurs, on trouve aussides considérations plus rationnelles surlesquelles nous reviendrons : la difficul-té à structurer les pôles d’excellence,les risques d’une trop grande interdé-pendance, les contraintes parfoiscontradictoires liées aux partagesindustriels.

Une évolution inéluctabledes relations entre acteursen EuropeLes relations entre les principales par-ties prenantes de la recherche aérospa-tiale sont depuis plusieurs années enévolution constante. En effet, l’européa-nisation des structures industrielles et laperspective d’une harmonisation despolitiques nationales de R&T font qu’iln’a jamais été aussi primordial de faireavancer la capacité européenne enmatière de recherche aérospatiale. La structuration verticale, telle queconnue dans le passé où étaient privilé-

giées les relations nationales à l’inté-rieur du secteur, évolue graduellementvers une structuration horizontale privi-légiant les relations transnationalesentre entités homologues (voir la figure4). L’évolution des relations entrel’Onera et le DLRces vingt dernièresannées illustrebien la situation :alors que jadisl’ensemble Onera– Aérospatiale français (par exemple)établissait des relations avec l’ensembleDLR – MBB allemand, aujourd’hui, cesont les partenaires pour la rechercheOnera et DLR qui établissent conjointe-ment une relation avec l’industrieleuropéen Airbus.Cette évolution n’est pas sans poser denombreuses difficultés aux équipescomme aux responsables. En effet, lepassage d’une structuration verticale àune structuration horizontale est multi-

forme : elle ne se produit pas à la mêmevitesse pour tous les acteurs d’un sec-teur donné (en général, l’industrie pous-sée par le besoin d’un accroissement decompétitivité, devance la recherchequi, elle-même, devance les adminis-trations nationales correspondantes) etvarie grandement d’un secteur à l’autre(le secteur aéronautique civil étant – enEurope – plus intégré que le secteuraéronautique militaire ; le secteur spa-tial avec la présence de l’ESA présen-tant encore d’autres particularités). A cette situation s’ajoute aussi le faitque l’on enregistre un certain décalageentre les ambitions affichées des pou-voirs publics de l’Union européennequi s’exprime par son outil, le PCRD (eten particulier l’instrument ERA-Net), etce que veulent ou peuvent concéder lesadministrations nationales en terme derapprochement, voire d’intégration desdifférents acteurs de la recherche. Par ailleurs, la coopération et leséchanges entre institutions derecherche s’établissent en fin de comp-te autour de métiers, c’est-à-dire de dis-ciplines scientifiques et non de« finalités » (avions, hélicoptères, etc.)comme dans l’industrie. Dans ces

conditions, com-ment satisfaire auxbesoins d’intégra-tion dans tel sec-teur particulier engardant sa souve-

raineté dans tel autre (pour les besoinsmilitaires, par exemple) ? Sur quels cri-tères un établissement de recherchedoit-il privilégier les domaines scienti-fiques dans lesquels il visel’excellence ?Les relations Etablissements derecherche – Industrie – Administrationsnationales – Europe révèlent ainsi demultiples facettes dont la gestion auquotidien est pour le moins complexeet sujette à de possibles contradictions.

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Fig. 3. - Une équipe conjointe ONERA-DLR pour les essais de vibration de l’AirbusA380 à Toulouse.

L’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatiales) a pourmission d’orienter et conduire les recherches et de les valoriser pour l’in-dustrie aérospatiale. Il gère aussi le premier parc européen de souffleries.2 000 personnes, dont plus de 1 000 scientifiques sont répartis dans huitcentres en France. Leur créativité se révèle dans les domaines porteurs(radar, optique, commande de systèmes…), sur des projets scientifiquesinternationaux (Very Large Telescope, accélérométrie ultrasensible à usagespatial, propulsion pour les missiles de nouvelle génération, avions dufutur comme l’aile volante ou les avions sans pilote…).

La coopération bilatéralereprésente à elle seule plus de la moitié de l’activité à l’international de l’Onera

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Pour une relance de la coopération franco-allemande en rechercheaérospatialeL’avenir de l’Onera, et plus générale-ment de la recherche aérospatiale enFrance, passe sans nul doute parl’Europe. L’ambition de bâtir une com-munauté européenne de la rechercheest donc un message qui doit être déli-vré avec force, tant en interne qu’enexterne, et il faut convaincre, s’il en estencore besoin, que c’est dans le seulcadre européen que les nouvelles géné-rations de chercheurs pourront conve-nablement s’exprimer et rayonner. Nulne conteste que l’Onera jouit d’unegrande notoriété et possède de nom-breux atouts qu’il convient d’exploiterau mieux dans cette perspective : despôles d’excellence scientifique variés,une expérience acquise au plan natio-nal du rôle de trait d’union Recherche –Industrie, uneapproche multi-disciplinaire, unecompétence d’ex-pertise reconnuedans divers do-maines, une gamme de savoir-faireacquise dans le secteur militaire et àvaloriser pour le secteur civil. Ce pointqui constituait une orientation majeuredu plan stratégique de l’Onera, établiau printemps 2002, a d’ailleurs étérepris dans le contrat d’objectifs et demoyens 2004-2008 entre l’Etat etl’Onera.L’expérience de ces dernières annéesmontre que l’augmentation tangiblede l’activité en coopération (ainsi queson adéquation par rapport à l’objectifde réduction des duplications inutileset de structuration des pôles d’excel-lence) passe bien davantage par leregroupement (ou la fusion) de pro-grammes ou de partie de programmesque par l’augmentation du nombre depetites actions d’opportunité menéesconjointement avec divers parte-naires. Il convient donc de réfléchir etde proposer dès à présent, sans can-deur ni crainte excessive, la mise enœuvre d’un certain nombre d’actionsde plus grande envergure sachant tou-tefois qu’il est peu réaliste d’imaginer,

ne serait-ce que pour des raisons dedroit public, une fusion pure et simplede deux ou plusieurs organismesnationaux.Un des points clé pour progresser versla fusion de certains programmes résidedans l’évaluation des capacités scienti-fiques et techniques et la définition despriorités de chacun des partenaires. Cesdeux aspects sont bien évidemment à

mettre en relationavec les perspec-tives de finance-ment et les intérêtsstratégiques descommunautés dans

lesquelles chaque établissement évo-lue. Il faut en effet considérer trois cas :- les domaines pour lesquels une posi-tion de leader est à conserver, la coopé-ration avec d’autres équipes désirantconserver une capacité de jugementdans ces domaines étant possible ;- les domaines pour lesquels la capacitéet le savoir-faire sont tels qu’une coopé-ration équilibrée et durable sur une basede complémentarité et d’interdépendan-ce pourrait voir le jour entre deux ou plu-sieurs autres partenaires ; l’objectif étantà terme la création, à des conditions ànégocier, d’« équipes conjointes » ou de« Key Laboratories » ;- les domaines pour lesquels on souhai-te garder un minimum d’activité maispour lesquels la taille de l’équipe qui ena la charge est (et sera probablement

toujours) insuffisante pour prétendre àune connaissance approfondie dusujet ; celle-ci pourrait alors être laisséeà un partenaire aux conditions inversesdu premier cas.Dans le cadre du partenariat Onera-DLR et pour le périmètre « avions », cetexercice, qui du côté français a étémené en étroite concertation avecAirbus France, est en voie d’achève-ment. Le partage des tâches auquel il aété permis d’aboutir devrait conduire àune relation plus structurée et plus effi-cace avec Airbus sans pour autant han-dicaper la capacité de l’Onera àcontribuer, sur la base de ses pôlesd’excellence, aux recherches au profitdes avions d’armes. Pour ce qui est dudomaine des essais d’identificationmodale, le pas a été franchi puisque lanotion d’équipe conjointe est désor-mais une réalité chaque fois que l’am-pleur des essais le nécessite, enparticulier dans le cas des avions detransport (figure 3).Les deux partenaires évoluent ainsi versla gestion conjointe d’une fractioncroissante de leurs programmes derecherche aéronautiques. Mais il faudrasans doute aller au-delà. Dans la pers-pective de mieux remplir notre missionvis-à-vis des industriels européens dusecteur et de mieux préparer l’avenir, ilfaudra sans doute que les grands paysaéronautiques créent une ou plusieurs(agissant chacune sur un périmètre bien

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Fig. 4. - L’évolution de la structuration des relations entre les différents acteurs de l’aéronautique en Europe.

Le DLR (Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt) est en Allemagne àla fois l’établissement de recherche national et l’agence aérospatiale. LeDLR effectue également des recherches dans le domaine des transportsterrestres et de l’énergie. Le DLR compte un effectif total d’environ 5 000 personnes et 2 000 d’entre elles travaillant sur un périmètre équi-valent à celui de l’ONERA.

Les deux partenaires évoluentvers la gestion conjointe d’unefraction croissante de leurs programmes de recherche

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limité) instances de programmationconjointe de la R&T incorporant la pos-sibilité d’un véritable fonds commundont la mise en œuvre serait évidem-ment assortie de précautions (clause dejuste retour pluriannuelle et globale).Ce n’est qu’à ce prix que pourrontémerger de véritables centres d’excel-lences transnationaux.

Un édifice fragile qu’ilconvient de préserver et développerIl ne faut pas se méprendre : tout parte-nariat n’existe que par la volonté deshommes et des femmes, que ce soit auniveau le plus élevé de l’entreprisecomme au niveau des chercheurs, ingé-nieurs et collaborateurs. Rien n’estjamais établi de manière définitive et

tout édifice de ce type est fragile. Au-delà des concepts que sont, parexemple, l’intérêt commun, le soutien àla compétitivité, la construction del’Europe, et auxquels il est fait le plussouvent référence, il faut aussi garder àl’esprit que des composantes plus émo-tionnelles et subjectives comme lesconvergences culturelles, la volonté, lapersévérance, la confiance, la recon-naissance jouent un rôle qu’il ne fautpas sous-estimer.Toutefois, face aux interrogations etface aux difficultés, le pire serait l’atten-tisme. Dans une Europe élargie et dansun secteur en pleine évolution il fautplus que jamais miser sur des parte-naires fiables et donner toute leurvaleur aux relations établies de longuedate. Le goût d’avancer avec notre prin-cipal homologue en Allemagne doitdonc continuer à guider notre action.

L’objectif est clair : inspirer les autrespartenaires et contribuer de la manièrela plus efficace possible à l’édificationd’une communauté de recherche euro-péenne dans le secteur aérospatial.L’Onera et le DLR ne peuvent pas tout àeux seuls et il faut être conscient de lanécessité d’une initiative de nature poli-tique, en France comme en Allemagne,conduisant les administrations à vérita-blement accompagner cette évolution :sans doute faut-il retrouver le courageet l’audace de nos pairs de l’immédiataprès-guerre. A cet égard, il convient desaluer les initiatives du printemps 2004,visant à donner une impulsion nouvelleau rapprochement des systèmes d’en-seignement et de recherche français etallemands ainsi que la tenue, à l’étéprochain, du second forum de lacoopération franco-allemande enrecherche. •

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D e u x c a s d ’ a p p l i c a t i o n d e l a c o o p é r a t i o n s c i e n t i f i q u e

La recherche sur l’environne-ment est essentielle pour créerles conditions d’un développe-

ment durable. Les responsablesfrançais et britanniques des poli-tiques publiques de l’environne-

ment se sont attachés àdévelopper ce type de recherche

en appui aux politiquespubliques : leur coopération est

axée sur l’évaluation desconnaissances, la prospective etla coordination européenne des

programmes.

par Eric Vindimian, Chef du service de la recherche

et de la prospective, Ministère de l’Ecologie

et du Développement durable

L es politiques publiques de l’envi-ronnement sont particulièrementcomplexes. Les phénomènes qui

expliquent la dégradation de la biodi-versité, le changement climatique,l’émergence de maladies, pour ne citerque les plus connus, sont encore malexplicités par les scientifiques. Au-delà

de la compréhension des mécanismeslocaux, dans le temps ou dans l’espace,dès lors qu’il s’agit de tenir compte dephénomènes planétaires ou bien deconséquences de moyen ou long terme,le corpus de connaissance se réduitencore et pose un véritable problèmeau décideur. Les recherches en appui aux politiquespubliques de l’environnement et dudéveloppement durable sont doncessentielles. Chacune des décisionspolitiques dans le champ de l’environ-nement se heurte à de nombreusesoppositions, notamment des différentssecteurs économiques – industrie,transports et agriculture – peu enclins àaccepter que, pour des raisons encoremal comprises, il soit nécessaire demettre en place des contraintes sur l’uti-lisation ou la contamination des res-sources et milieux naturels. Le récentdébat sur le principe de précautionillustre bien ces difficultés et montre,s’il le fallait, l’importance de dévelop-per la connaissance, seule conditionpour passer de la précaution à la pré-vention.Cette idée fréquemment évoquée depolitiques environnementales contrairesau développement économique ne résis-te cependant pas à l’examen de la situa-tion économique internationale. Les paysles plus riches sont bien ceux qui protè-gent le plus leur environnement. Il n’estpour s’en convaincre pas besoin d’allerchercher très loin les exemples, les paysscandinaves couplent en effet de hautsdegrés d’exigence environnementale etdes économies innovantes et perfor-mantes. L’innovation est au cœur despolitiques économiques performantes,

cela est vrai également pour le dévelop-pement durable.

D’une attitude de précaution à une politique de prévention éclairée

Nous ne nous limiterons ici qu’àquelques thèmes des politiquespubliques, excluant les enjeux techno-logiques qui permettront aux sociétésde faire face aux enjeux environnemen-taux. Le premier thème est celui del’adaptation au changement climatique.L’accumulation des gaz à effet de serredans l’atmosphère est une réalité quin’est pas prête de changer, les mesuresde lutte contre l’accroissement desconcentrations de ces gaz sont desti-nées à préserver la planète de scénariostrès inquiétants, elles ne permettraientpas, dans l’hypothèse où elles seraientefficaces, d’éluder le besoin de com-prendre les impacts du changement cli-matique et d’évaluer les risques les plusélevés et de prendre des mesures.Le deuxième thème est celui de la bio-diversité. Le moteur de l’évolution dumonde vivant, celui qui fait que lesespèces sont capables de s’adapter pro-gressivement à un environnement chan-geant à l’échelle des ères géologiques,est actuellement en panne. La dispari-tion des espèces et du patrimoine géné-tique atteint un rythme que beaucoupde chercheurs n’hésitent pas à compa-rer avec les grandes extinctions de l’his-toire planétaire. La réalité du phénomèneest cependant difficile à évaluer avec

La coopération franco-britanniquede la recherche en appui aux politiques

publiques de l’environnement

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précision. La répartition de la richessebiologique et de la connaissance de labiodiversité est hétérogène sur la planè-te. Il en résulte une impossibilité d’ap-pliquer des politiques de préventionefficaces : le besoin de science est donctrès pressant. Le troisième thème est celui des risquessanitaires environnementaux. Desinquiétudes de la population et dumonde de la recherche mettent ce sujetrégulièrement au premier plan des pré-occupations des pouvoirs publics. Cesentiment est probablement spécifiquedes pays développés, où l’espérance devie a augmenté considérablement cesdernières décennies et où le souci deprotéger l’environnement est très fort.Nul ne sait l’importance exacte du phé-nomène tant il est plurifactoriel, cepen-dant des données existent quiétablissent des liens de plus en plusclairs entre la contamination de l’envi-ronnement par des agents physiques ouchimiques et la prévalence de patholo-gies dans la population. Les recherchesdoivent encore s’intensifier si l’on veutpasser d’une attitude de précaution,seule possible quand l’ignorance estgrande, à une politique de préventionéclairée.

Pourquoi une telle coopération franco-britannique ?Nous avons fêté en 2004 le centenairede l’Entente cordiale qui a marqué la finde nombreux conflits et de différendscoloniaux entre la France et la Grande-Bretagne. Ces cent ans d’amitié don-nent une bonne raison de coopérerdans le domaine universel des sciencesde l’environnement. Le thème de larecherche en appui aux politiquespubliques est d’autant plus pertinentqu’il est non concurrentiel et qu’il peutbénéficier de la taille critique quereprésente l’union des forces derecherche de deux grands pays indus-trialisés.La recherche en appui aux politiquespubliques est une priorité pour leministère homologue du ministèrefrançais de l’Ecologie et du Dé-veloppement durable, le DEFRA(Department of environment food and

rural affairs). Celui-ci finance annuel-lement 155 millions de livres derecherche et exerce la tutelle sur cinqorganismes représentant 2 800 scienti-fiques. Nous ne chercherons pas àétablir de comparaison avec la France,les structures étant très différentes ; ilfaut cependant noter que ce volumede recherche est entièrement dédié àl’appui aux politiques publiques duministère, ce qui n’a pas d’équivalentdans notre pays. Nous avons effective-ment le sentiment, lors de noscontacts, que les querelles entre l’aca-démisme et le souci d’une rechercheorientée vers des objectifs sont dépas-sées chez nos amis d’Outre-Manche.Dans l’ouvrage du DEFRA sur sa stra-tégie quadriennale (1) l’impératif dequalité scientifique est placé au mêmeniveau que le souci de communiquerles résultats en direction des utilisa-teurs. Les objectifs de recherche sontconstruits en fonction des besoinspolitiques. Enfin, le DEFRA veut pro-mouvoir une recherche ouverte versles réseaux nationaux et internatio-naux et l’espace européen de larecherche.Sur le plan de la méthode, les outilsd’évaluation et de pilotage de larecherche mis en place par nos homo-logues britanniques sont également trèsproches de ce que nous souhaitonsdévelopper en France. Nous nous ensommes d’ailleurs inspirés pour laconstruction, compatible avec la loiorganique relative aux lois de finances(LOLF), du programme de recherche surles risques et pollutions piloté par leMEDD (2) au sein de la mission inter-ministérielle de la recherche et de l’en-seignement supérieur.D’autres raisons ne sont pas spéci-fiques à la Grande-Bretagne, il s’agitde celles qui fondent l’intérêt de larecherche coopérative sur la taille cri-tique ou sur la possibilité de comparerles approches de sujets universels. Lacoopération internationale permetaussi de réfléchir collectivement àl’avenir des politiques publiques del’écologie et du développementdurable et de se doter de visions pros-pectives. Des sujets orphelins peuventégalement être détectés et plus facile-ment abordés que dans le cadre natio-nal, bien souvent ces sujets font

l’objet d’une forte demande des utili-sateurs mais rencontrent des commu-nautés scientifiques nationales encoretrop pauvres.

Coopération dans le contexte européen

Depuis son lancement par le commis-saire Busquin, l’espace européen de larecherche devient progressivement uneréalité tangible. Le sixième programmecadre de recherche et de développe-ment technologique (PCRD) avec sesnouveaux instruments a contribué àprofessionnaliser les chercheurs ca-pables de gagner la compétition pourles financements européens. Dans lecadre du 5e PCRD l’Europe finançaitdes projets de taille modeste, ce quiconstituait un complément intéressantsans avoir de caractère stratégique. Ilsuffisait de vérifier que les thèmesimportants pour la recherche nationaleétaient présents au sein des pro-grammes de travail des appels d’offres.Pour obtenir des financements du 6e

PCRD les chercheurs doivent proposerdes projets de taille importante avec denombreux partenaires et chaque projetretenu est seul sur son thème. Les ges-tionnaires de la recherche des Etatsmembres sont donc conduits à focaliserleurs priorités sur des thèmes qui, touten représentant des priorités nationales,sont susceptibles de faire gagner leurséquipes. Pour réussir dans un telcontexte il est important de nouer desalliances afin de ne pas se retrouverisolé dans les négociations qui précè-dent la publication des appels à propo-sitions.Un autre type d’instrument du 6ème

PCRD mobilise les gestionnaires de larecherche en Europe, il s’agit du dispo-sitif Eranet, ce programme a pour but decoordonner les programmes nationauxde recherche. Pour la commission euro-péenne cet instrument est important caril lui confère un accès privilégié à larecherche conduite par les Etats

(1) Delivering the evidence : DEFRA’s science andinnovation strategy (2003-2006) Department ofEnvironment, food and rural affairs, London.PB8422, may 2003.(2) Ministère de l’Ecologie et du Développementdurable.

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membres. Le financement européen nes’applique qu’au surcoût de la mise enréseau des programmes nationaux. LesEtats membres trouvent dans ce disposi-tif une source de comparaison des poli-tiques nationales, une possibilité dedialogue prospectif sur les enjeux de larecherche et sur les bonnes pratiques etsurtout une capacité à bénéficier derésultats de recherche obtenus àl’échelle de l’Europe et non plus de leurseule nation. Cette fois encore les rela-tions bilatérales sont importantes pourobtenir des succès au sein de ce dispo-sitif qui est particulièrement prometteurcar, dans le cadre du 7e PCRD, se profi-le le souhait de l’Union européenne departiciper au financement des re-cherches coordonnées au sein des pro-grammes Eranet et non plus au coûtmarginal de la mise en réseau.

Les bonnes pratiques en recherche

La recherche en appui aux politiquespubliques est difficile à mettre enœuvre du fait de son caractère intermé-diaire entre la recherche académique,orientée par le souhait de connaissan-ce, et les études qui ne sont que desapplications. La tendance des respon-sables des politiques publiques est sou-vent de demander des études plutôt quedes recherches ; à l’inverse, les cher-cheurs préfèrent souvent développerdes objets théoriques dont les applica-tions ne sont pas immédiates. Parailleurs, cette activité n’est pas toujoursreconnue comme un champ derecherche spécifique ; en France, parexemple, la tendance est de la classerdans l’ensemble plus vaste de la tech-nologie. Il est donc important pour lesresponsables en charge du soutien oudu développement de ces recherchesd’échanger avec leurs partenaires étran-gers sur les meilleurs moyens de gérerla recherche en appui aux politiquespubliques.Pour une journée de travail, organisée àParis à l’initiative du ministère del’Ecologie et du Développementdurable, des gestionnaires de larecherche en appui aux politiquespubliques dans le champ du dévelop-pement durable de Grande-Bretagne,

d’Irlande, des Pays-Bas, de Suède et deBelgique avaient été invités. La déléga-tion britannique était particulièrementfournie puisque le ministère chargé del’Environnement était présent, ainsi quel’Agence de l’environnement et leConseil de la recherche sur la nature.Coté français les deux agences parte-naires du MEDD : l’Ademe (3) etl’AFSSE (4) et le ministère chargé de laRecherche avaient été invités à partici-per à ce séminaire. De nombreuxthèmes de recherche constituaient despriorités aussi bien pour la France quepour la Grande-Bretagne et les paysprésents : la recherche sur le climat, labiodiversité et la santé environnemen-tale. Les pratiques qui consistent à pro-céder à une mise en concurrencesystématique des projets de rechercheau moyen d’appels d’offres sont égale-ment consensuelles. Les partenaires ontégalement un souci constant de valori-ser les recherches.L’agence de l’environnement britan-nique a montré comment elle envisa-geait d’analyser la qualité de sesprogrammes en termes de science aussibien que de management « du berceauà la tombe ». La France a présenté untravail sur l’évaluation de la rechercheen appui aux politiques publiquesconfié à un consultant spécialiste. Lespartenaires ont été vivement intéresséspar ce travail qui est particulièrementnovateur, il n’existe pas en effet de tra-vaux sur l’évaluation des recherches enappui aux politiques publiques ; cetteévaluation est rendue complexe par lefait qu’elle doit aussi bien déterminer laqualité intrinsèque des recherches queleur impact sur les responsables despolitiques publiques concernées. Leguide méthodologique qui est actuelle-ment sous presse devrait permettre, lorsde prochains échanges, de poursuivrela construction d’une pratique commu-ne de l’évaluation de ces recherches auniveau européen.

Se ménager des alliances en amont

Dans une Europe à 25 la définition despriorités des recherches du prochainprogramme promet des débats diffi-ciles. Les objectifs de Lisbonne sont

ambitieux et poussent tout naturelle-ment les pays membres à privilégier lesrecherches technologiques qui sem-blent les plus à même de profiter à lacompétitivité économique de l’Europe.Pour les gestionnaires de la rechercheen appui aux politiques publiques dudéveloppement durable l’enjeu est demaintenir un haut niveau de recherchesur des thèmes pour lesquels les infor-mations scientifiques sont encore insuf-fisantes. Ces thèmes sont nombreux etleur niveau de priorité est extrêmementvariable entre les différents pays del’Union européenne. L’élargissementrécent rend encore plus hétérogène leniveau de prise de conscience de l’im-portance de la protection de l’environ-nement. Il existe donc un risque de voirla concertation au sein de l’Union peuproductive, laissant à la Commissionune marge de manœuvre très élevée.Afin de faire face à ce risque, ilconvient de se ménager des alliancesen amont du processus de concertation.Ainsi les discussions entre la France etle Royaume-Uni ont-elles permis deconnaître les enjeux prioritaires derecherche de chacune des parties etd’améliorer les stratégies de communi-cation vis-à-vis de Bruxelles en insistantsur les points d’intérêt commun. Ainsi,sans préjuger des résultats, nous pou-vons défendre avec insistance la pour-suite d’une politique de rechercheambitieuse dans le domaine desimpacts sanitaires des nuisances del’environnement ou du changement cli-matique.A l’occasion de la préparation de laconférence internationale sur la biodi-versité organisée à Paris en janvier 2005est très vite apparue l’ambition desscientifiques et du Gouvernement fran-çais de construire un système d’experti-se scientifique international en appui àla décision politique. L’exemple duGroupe intergouvernemental d’experti-se du climat (Giec) illustre bien l’intérêtd’un tel dispositif dès lors qu’un phéno-mène complexe et planétaire est àl’œuvre et que sa gouvernanceimplique l’existence d’un consensusinternational sur sa réalité. La conféren-

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(3) Agence de l’environnement et de la maîtrise del’énergie.(4) Agence française de sécurité sanitaire environ-nementale.

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ce étant organisée suite à une initiativedu G8, il apparaissait nécessaire d’en-gager, en amont de la conférence, undialogue avec les Britanniques qui s’ap-prêtaient à prendre la présidence duG8.Une réunion a donc été organisée àLondres au département de l’environ-nement, l’alimentation et des affairesrurales (DEFRA), en présence de repré-sentants des ministères français desAffaires étrangères, de la Recherche, del’Ecologie et du Développementdurable. Cette réunion a été très pro-ductive car elle a permis de mettre clai-rement en évidence un soutienbritannique concernant l’importancede fédérer l’expertise sur la biodiversi-té. Il est également apparu que le dis-positif Giec ne ferait pas consensus etqu’il convenait de construire le systè-me d’expertise sur des bases différentesen s’appuyant sur les instances exis-tantes. Les Britanniques ont proposéd’ajouter le thème de la biodiversité àune réunion des ministres chargés del’environnement du G8 qui devait por-ter initialement sur le climat etl’Afrique.

Fédérer la rechercheeuropéenne des gestion-naires de l’environnement

Les agences de l’environnement duRoyaume-Uni et de Suède se sont livréesen 2004 à une analyse fine de la situationdes différents pays européens en matièred’organisation de la gestion de l’environ-nement et de la recherche associée. Ellesont abouti à la conclusion qu’il étaitopportun de lancer l’idée d’un réseau desdirecteurs de la recherche des régulateursde l’environnement. Ce réseau a pu seconstituer à l’automne 2004 et a présen-té un projet de type Eranet à laCommission européenne. L’ERANETSKEP (Science and Knowledge forEnvironmental Protection) a été acceptéfin 2004 sous pilotage britannique.Un tel réseau est très important pourfédérer les énergies en matière derecherche environnementale. Il permettranotamment de poursuivre les échangessur les bonnes pratiques de la rechercheen appui aux politiques publiques. Le tra-vail sur l’évaluation sera notammentpoursuivi. Des appels à proposition coor-

donnés seront lancés. Des exercices deprospective placés sous la responsabilitéde la France seront organisés afin demettre en évidence les tendances, lesscénarios et les avenirs possibles de laprotection de l’environnement et desrecherches associées.La coopération franco-britannique dela recherche en appui aux politiquespubliques de l’environnement vientseulement d’être initiée mais elleporte déjà de nombreux fruits.L’exemple du DEFRA et de ses pro-grammes de recherche faisant l’objetde nombreux indicateurs de perfor-mance nous éclaire pour notre propreaction de réforme de l’Etat. Laconstruction d’alliances est particuliè-rement stratégique pour les négocia-tions du prochain programme cadrede l’Union européenne ou laconstruction d’une gouvernance inter-nationale de l’environnement. Enfin,la coordination des programmes derecherche nationaux, dans un universmultilatéral, nous permettent d’envi-sager un rendement de cetterecherche d’autant meilleur qu’ellefédérera plus d’énergies. •

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WHAT ARE THE PROSPECTS FOR BILATERAL SCIENTIFICCOOPERATION?Mosaics and a mirror

Claude Trink

THE ISSUES

Scientific cooperation and research faced with the challenges of globalization

Christian Thimonier

It is important for France to maintain its status and keep instride with the growth of science. New partners areconstantly emerging at the global level. The Ministry ofForeign Affairs is doing its part.

Bilateral and multilateral scientific cooperation: Not the one without the other

Pierre Paul Baskevitch

Does Europe really need 25 national research policies…along with a few hundred bilateral programs? Maybe not,but it would de unwise to hold the EU responsible foreverything.

The seventh Framework Program for Research and Technological Development

Alain Quévreux

The EU’s seventh Framework Program for Research andTechnological Development has three pillars:intergovernmental commitments, industrial innovationsand research on the frontiers of knowledge. The euro’ssuccess in monetary matters has set an example for thisseventh program’s goal of building a European researcharea, namely: a new planetary equilibrium based on acollective ambition.

International cooperation in the petroleum industry:Ready to wear or tailor made?

Claude Jablon

Given the heavy investments and relatively low level oflabor in overall costs, the petroleum industry haspreferred specialized partnerships with other developedcountries to the big multinational networks developedby labor intensive industries such as electronics orcomputers.

CROSS-SECTIONAL ARRANGEMENTS

Integrated projects

Bastiaan de Laat and Katharina Warta

As an assessment of integrated projects shows, relativelylight investments in organizing international mobilitybetween research teams can have quite beneficialconsequences by creating relationships both between theteams and between administrations in the concernedcountries. A bilateral integrated project often makes thefirst step toward a European project. A dark spot in thisassessment: on the French side, too many actors areinvolved in management.

The CNRS’s tools for European and internationalcooperation

Minh-Hà Pham-Delègue, Anne d’Albis, Claire Giraud and Jean-Luc Clément

The French National Center of Scientific Research (CNRS)has geostrategic objectives concerning industrialized as wellas emerging countries. It started signing bilateral agreementsin the early 1950s, but now prefers implementing programsof coordination via European and international researchgroups (GDRE and GDRI) and undertaking structuralactions, the most advanced example thereof being theinternational mixed units (UMI).

Ariel, an original tool for international cooperation

Jacques Lévy

For more than twenty years, the Conférence des GrandesÉcoles and then Ariel, an association, have spawned andsupported approximately 270 projects of internationalcooperation in research involving partners in industry.Efficient networks have been set up. The majority of theseprojects concern North America, but Ariel’s interventionsin other countries, such as Israel, Sweden, Mexico andKorea, have signaled a significant increase in cooperation.

EXAMPLES OF BILATERAL COOPERATION

The general-purpose association between Sweden and France

Erik Sandewall and Bertil Aronsson

Created in 1967, the Franco-Swedish ResearchAssociation (AFSR), which has taken part in organizingmore than 180 events, is helping to develop a reciprocalpollination of scientific and technical research betweenthe two countries. It clearly illustrates the role a bilateralinstitution can play in globalization.

An association with a sectoral priority between Finlandand France

Marie Aronson and Pekka Silvennoinen

For two centuries now, the Finns have played a part inscience at the international level. An agreement oncultural and scientific cooperation between France andFinland was signed in 1970. With 32 years of experience,the Franco-Finnish Association for Scientific and TechnicalResearch (AFFRST) has initiated and catalyzedFranco-Finnish projects and scientific colloquia.

The Franco-Norwegian Foundation for Scientific and Technical Research and Industrial Development

Finn A. Hvistendahl, Insert: Claire TutenuitInsert: Daniel Decroocq

Relations between French and Norwegian industriesmainly center on the supply of natural gas from Norway toFrance. The Franco-Norwegian Foundation for Scientificand Technical Research and Industrial Development (FFN)has the assignment of striking a new balance in relations.Initially revolving around programs related to petroleum,this association is now focusing on small and middle-sizedfirms and new technologies.

For our english-speaking readers

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Three tools for of scientific cooperation between Franceand Italy

Jean-Claude Arditti and Jean Favero

Bilateral scientific cooperation between France and Italyuses three tools: public initiatives (with research programssuch as Galileo), the Franco-Italian university (whichgroups all French and Italian universities) and the Franco-Italian Association for Industrial and TechnologicalResearch. Set up in 1988 by the two governments andsupported by the public and private sectors, thisassociation seeks to encourage bilateral partnerships inthe European context.

CEFIPRA, an exceptional tool for scientific cooperationbetween India and France

P.S. Mony

Created on 9 September 1987, the Indo-French Centerfor the Promotion of Advanced Research (CEFIPRA)backs projects in basic and applied research. The roleplayed by the members of its Scientific Council – fromthe assessment of a proposal till its final, detailedevaluation with a close follow-up duringimplementation – has contributed to the quality andefficiency of projects.

The Pasteur-Weizmann Association, the flagship of scientific cooperation between France and Israel

Michel Goldberg

For the past thirty years, the Pasteur-WeizmannAssociation has spawned and supported intensecollaboration between the scientists in two prestigiousresearch institutes who are fighting against illness and forthe universality of science. How has this association,which is cited worldwide as an example of successfulinternational scientific cooperation, managed to twin

institutions in such a lasting and efficient way despitepolitical tensions between France and Israel?

Is scientific cooperation with China in phase with the changes under way there?

Jean Dercourt and Claude Trink

The Advanced Research Program (PRA) spurred scientificcooperation between France and China as of 1991.Exchanges of scientists laid the basis for setting up jointlaboratories. Nowadays, several French firms (FranceTélécom, Thomson, Alcatel, Schlumberger, BioMérieux)have set up research centers in China. Given the rapidchanges there, are these arrangements for cooperation inphase with the current situation?

TWO CASE STUDIES OF SCIENTIFIC COOPERATION

Aeronautics, an example of scientific cooperation with Germany

Denis Maugars and Hervé Consigny

The scientific cooperation between French and Germannational research establishments in aeronautics (Oneraand DLR), partners for nearly thirty years now, hasconstantly made advances. Active support from nationaladministrations, even political authorities, is nowindispensable for setting up an authentic Europeanresearch area in this branch of industry.

French-British cooperation in research related to publicenvironmental policies

Eric Vindimian

Research on the environment is essential to creating theconditions for sustainable development. French andBritish authorities in charge of public policy in this fieldwant to develop this research. Their cooperation revolvesaround: an assessment of findings, predictions, and theEuropean coordination of programs.

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WELCHE ZUKUNFT FÜR DIEBILATERALE WISSENSCHAFTLICHEZUSAMMENARBEIT ?Mosaik und Spiegel

Claude Trink

DIE ENTSCHEIDENDEN AUFGABEN

Zur Kooperation in Wissenschaft und Forschungangesichts der Herausforderungen der Globalisierung

Christian Thimonier

Frankreich muss sich seiner Stellung in der Welt unbedingtwürdig zeigen und mit seinem ganzen Gewicht dasbeeindruckende und mannigfaltige Wachstum derweltweiten Wissenschaft begleiten, aus der ihmunaufhörlich neue Partner zuwachsen. DasAußenministerium gibt sich Mühe.

Bilateralität und Multilateralität in der internationalenwissenschaftlichen Kooperation: das Eine funktioniertnicht ohne das Andere

Pierre Paul Baskevitch

Brauchen wir wirklich 25 nationale Forschungspolitiken ?Und einige Hunderte bilaterale Kooperationsverträge ?Vielleicht nicht, aber es wäre unvorsichtig, die EU mitAllem zu belasten.

Das 7. Rahmenprogramm zur technologischenForschung und Entwicklung (PC7)

Alain Quévreux

Der gemeinsame Ehrgeiz der Regierungen, dieHerausforderung, an den Grenzen des Wissens zu forschen,und die Entschlossenheit zur industriellen Innovation bildendie drei Säulen des 7. Rahmenprogramms zurtechnologischen Forschung und Entwicklung. Was demEuro auf monetärer Ebene gelang, versucht das ProgrammPC7 durch die Errichtung der europäischenForschungsgemeinschaft zu erreichen : ein globalesGleichgewicht auf der Basis eines kollektiven Ehrgeizes.

Die internationale Zusammenarbeit in derErdölindustrie : Konfektion oder Haute Couture ?

Claude Jablon

Die besonderen Eigenschaften der Erdölindustrie – sehrhohe Investitionen, relativ schwache Lohnkostenbelastung– sind der Grund dafür, dass sie lieber spezialisiertePartnerschaften mit anderen entwickelten Ländern eingehtals mit großen multinationalen Netzen, die von Industrienmit hohem Arbeitskräftebedarf wie im Elektronik oderInformatiksektor entwickelt wurden.

DIE TRANSVERSALEN ZIELSETZUNGEN

Die integrierten Aktionsprogramme

Bastiaan de Laat und Katharina Warta

Eine Bewertung der integrierten Aktionsprogramme (PAI)zeigt, dass relativ unbeträchtliche Investitionen zugunstender internationalen Mobilität von Forscherteams sehrgünstige Auswirkungen haben können, denn es entstehenauf diese Weise nicht nur Bindungen zwischen den Teams,

sondern auch zwischen den Verwaltungsstrukturen derverschiedenen Länder : als bilaterales Projekt ist ein PAIoft der erste Schritt zu einem europäischen Projekt. Es hataber auch eine Schattenseite : die Verwaltung erfordert aufder französischen Seite zu viele Akteure.

Die Instrumente des nationalen ForschungszentrumsCNRS zur europäischen und internationalenKooperation

Minh-Hà Pham-Delègue, Anne d’Albis, Claire Giraudund Jean-Luc Clément

Das CNRS verfolgt geostrategische Ziele, die sowohl dieIndustrieländer als auch die Schwellenländer betreffen.Schon seit den 50er Jahren trifft es bilateraleVereinbarungen. Heute bevorzugt esKoordinationsprogramme, die mit europäischen undinternationalen Forschungsgruppen und auf des Basisstrukturierender Aktionen, zu denen die besondersfortgeschrittenen internationalen gemischten Einheitengehören, durchgeführt werden.

Ariel, ein originales Instrument zur internationalenKooperation

Jacques Lévy

Seit mehr als zwanzig Jahren haben die Konferenz derGrandes Ecoles und dann die Association Ariel rund 270internationale Forschungsprojekte ins Leben gerufenund begleitet, die mit Partnern aus der Industrieverwirklicht wurden. So entstanden effizienteNetzwerke. Die meisten Projekte betreffen Nord-Amerika, aber die Tätigkeiten der Association Ariel inanderen Ländern wie Israel, Schweden, Mexiko undKorea haben eine spürbare Zunahme vonKooperationsprojekten bewirkt.

BEISPIELE BILATERALER KOOPERATION

Eine Allround-Vereinigung zwischen Schweden und Frankreich

Eric Sandewall und Bertil Aronsson

Die französisch-schwedische Forschungsvereinigung,AFSR, die 1967 gegründet wurde und die an derOrganisation von mehr als 180 Projekten beteiligt war,trägt erfolgreich zur gegenseitigen Befruchtung derwissenschaftlichen und technischen Vorhaben in denbeiden Ländern bei. Außerdem ist sie ein perfektesBeispiel für die Rolle einer bilateralen Institution imgegenwärtigen Globalisierungsprozess.

Eine Vereinigung mit sektoraler Priorität zwischenFinnland und Frankreich

Marie Aronson und Pekko Silvennoinen

Seit zwei Jahrhunderten sind Finnen in derinternationalen wissenschaftlichen Szene präsent. 1970wurde ein kulturelles und wissenschaftlichesKooperationsabkommen zwischen Frankreich undFinnland geschlossen. Die französisch-finnischeVereinigung für die wissenschaftliche und technischeForschung, AFFRST, die auf ein 32jähriges Wirkenzurückschauen kann, versteht sich als Initiator undKatalysator für die Verwirklichung von französisch-finnischen Projekten und Wissenschaftskolloquien.

An unsere deutschsprachigen Leser...

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Die französisch-norwegische Stiftung für wissenschaftliche und technische Forschung und industrielle Entwicklung

Finn A. Hvistendahl,Kasten : Claire Tutenuit Kasten : Daniel Decroocq

In den Industriebeziehungen zwischen Frankreich undNorwegen spielen die beträchtlichen norwegischenErdgaslieferungen an Frankreich eine beherrschende Rolle.Die französisch-norwegische Stiftung für wissenschaftlicheund technische Forschung und industrielle Entwicklung hatdie Aufgabe, dieses Verhältnis auszugleichen. Die Stiftungwar zunächst auf Erdölprojekte ausgerichtet, widmet sichaber heute vor allem den mittelständischen Unternehmenund den neuen Technologien.

Drei Instrumente der französisch-italienischenKooperation

Jean-Claude Arditti und Jean Favero

Die bilaterale französisch-italienische wissenschaftlicheKooperation beruht auf drei Instrumenten : denöffentlichen Initiativen (mit Forschungsprogrammen wieGalilei), der Université franco-italienne, die allefranzösischen und italienischen Universitätenzusammenfasst, und schließlich die französisch-italienische Vereinigung für industrielle undtechnologische Forschung, die 1988 auf eine Initiative derRegierung gegründet wurde. Sie wurde vom öffentlichenund zugleich vom privaten Sektor dabei unterstützt,bilaterale Partnerschaften im europäischen Kontext zufördern.

Ein außergewöhnliches Instrument im Dienst der wissenschaftlichen Kooperation zwischen Indienund Frankreich

P.S. Mony

Das indisch-französische Zentrum zur Förderung derSpitzenforschung, das am 9. September 1987 eröffnetwurde, unterstützt Projekte der Grundlagenforschung undder angewendeten Wissenschaft. Die Rolle der Mitgliederdes wissenschaftlichen Rates, der die Projekte von derersten Prüfung bis zur detaillierten Abschlussbewertungbetreut und die Verwirklichung in allen Phasen verfolgt,hat in hohem Maße zur Qualität und Effizienz derImplementierung aller Projekte beigetragen.

Das Institut Pasteur-Weizmann, ein Juwelwissenschaftlicher Kooperation zwischen Frankreich und Israel

Michel Goldberg

Seit dreißig Jahren lanciert und fördert das Institut Pasteur-Weizmann intensive Kooperationsvorhaben zwischen

Forschern zweier hervorragender medizinischerForschungsstätten. Es unterstützt somit nicht nur denKampf gegen die Krankheit sondern auch die Universalitätder Wissenschaft. Wie schaffte es dieses Institut, das in derganzen Welt als Beispiel gelungener internationalerwissenschaftlicher Kooperation gilt, trotz der politischenSpannungen zwischen Frankreich und Israel eine sodauerhafte und effiziente Partnerschaft zu etablieren ?

Steht die wissenschaftliche Kooperation mit China im Einklang mit den beachtlichen Entwicklungen in diesem Land ?

Jean Dercourt und Claude Trink

Die französisch-chinesische wissenschaftlicheKooperation machte 1991 mit der Ausarbeitung einesProgramms zur Förderung der Spitzenforschung einenneuen Anfang. Im Anschluss an den Austausch vonForschern entstanden schließlich gemeinsameLaboratorien. Mittlerweile haben mehrere französischeUnternehmen Forschungszentren in China eröffnet :France Télécom, Thomson, Alcatel, Schlumberger,BioMérieux… Angesichts dieser schnellen Entwicklungenkann man sich fragen, ob das französische Vorgehen derheutigen Situation Chinas angemessen ist.

ZWEI FÄLLE ANGEWANDTER WISSENSCHAFTLICHERKOOPERATION

Ein Beispiel wissenschaftlicher Kooperation mit Deutschland : die Luftfahrtindustrie

Denis Maugars und Hervé Consigny

Im Laufe der Jahre hat die Kooperation zwischen denfranzösischen und deutschen Forschungszentren fürLuftfahrttechnologie (Onera und DLR), die seit balddreißig Jahren Partner sind, unaufhörlich Fortschrittegemacht. Gleichwohl erweist sich nunmehr die aktiveUnterstützung durch die nationalen Behörden oder sogareine Initiative politischer Natur als unerlässlich, damit indiesem Sektor eine wirkliche Gemeinschaft europäischerForschung entwickelt werden kann.

Die französisch-britische Kooperation in der Forschungals Unterstützung öffentlicher Umweltpolitiken

Eric Vindimian

Umweltforschung zu betreiben ist von zentralerBedeutung, um die Bedingungen für nachhaltigeEntwicklung zu schaffen. Die französischen und britischenEntscheidungsträger der öffentlichen Umweltpolitikenhaben es sich zur Aufgabe gemacht, diesenForschungszweig als Entscheidungshilfe zu entwickeln :ihre Zusammenarbeit ist auf die Bewertung derKenntnisse, auf die Zukunftsforschung und auf dieeuropäische Koordinierung der Programme ausgerichtet.

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A nuestros lectores de lengua española…

¿CUÁL ES EL FUTURO DE LA COOPERACIÓN CIENTÍFICABILATERAL?Mosaicos y reflejos

Claude Trink

LOS ELEMENTOS CLAVES

La cooperación científica y de investigación frente a los retos de la globalización

Christian Thimonier

Francia debe conservar su rango y acompañar plenamente elcrecimiento amplio y asombroso de la ciencia mundial, parala que surgen constantemente nuevos asociados. ElMinisterio del interior francés toma muy en serio esta tarea.

Los asuntos bilaterales y multilaterales en la cooperación científica internacional. Dos asuntos complementarios

Pierre Paul Baskevitch

¿Realmente se necesitan 25 políticas nacionales deinvestigación y cientos de cooperaciones científicasbilaterales cruzadas? Talvez no, pero querer que la UniónEuropea se encargue de todo sería bastante imprudente.

El 7° programa marco de investigación y desarrollotecnológico (PC7)

Alain Quévreux

La ambición intergubernamental, el desafío de lainvestigación en las fronteras del conocimiento y de lainnovación industrial forman los tres pilares del 7°programa marco de investigación y desarrollotecnológico. Lo que el Euro ha logrado en el campomonetario, el PC7 trata de realizarlo en la construccióndel espacio europeo de la investigación: un nuevoequilibrio mundial fundado en una ambición colectiva.

La cooperación internacional en la industria petrolera:¿prêt à porter o alta costura?

Claude Jablon

Las características particulares de la industria petrolera,inversiones considerables, intensidad salarialrelativamente baja, hacen que sea propicia a lasasociaciones especializadas, con otros paísesdesarrollados, con las grandes redes multinacionalesdesarrolladas por las industrias con una mano de obraelevada como la electrónica o la informática.

LOS DISPOSITIVOS TRANSVERSALES

Los programas de acciones integradas

Bastiaan de Laat y Katharina Warta

Una evaluación de los programas de acciones integradas(PAI) demuestra que las inversiones relativamente ligerasen la movilidad internacional entre equipos deinvestigación pueden tener consecuencias realmentebenéficas, tanto en lo relacionado con la creación delazos entre los equipos como entre los gobiernos dediferentes países. Frecuentemente un PAI, proyectobilateral por excelencia, es un primer paso hacia unproyecto europeo. Sin embargo, un aspecto parece ser

problemático, la gestión implica demasiados actores dellado francés.

Las herramientas de la cooperación europea e internacional del CNRS

Minh-Hà Pham-Delègue, Anne d’Albis, Claire Giraud y Jean-Luc Clément

El CNRS (Centro francés de investigación científica) tieneobjetivos geoestratégicos que interesan tanto a los paísesindustrializados como a los países emergentes. El CNRSha realizado acuerdos bilaterales desde comienzos de losaños 50. Actualmente favorece la puesta en marcha deacciones de coordinación, gracias a grupos deinvestigación europeos e internacionales (GDRE / GDRI) ya acciones estructurantes que han tenido como resultadolas UMI (Unidades Mixtas Internacionales).

Ariel, una herramienta original de cooperacióninternacional

Jacques Lévy

Desde hace más de veinte años, la Conferencia de lasgrandes escuelas, al igual que la asociación Ariel, hanlanzado y acompañado cerca de 270 proyectos decooperación internacional de investigación que incluyenasociaciones industriales. Gracias a ello se han podidocrear redes eficaces. La mayoría de los proyectos implicalos Estados Unidos y Canadá, pero la intervención de Arielen otros países como Israel, Suecia, México y Corea, hamarcado un aumento considerable de las cooperaciones.

EJEMPLOS DE COOPERACIÓN BILATERAL

La asociación generalista entre Suecia y Francia

Erik Sandewall y Bertil Aronsson

Creada en 1967, la Asociación franco-sueca para lainvestigación (AFSR), que ha participado en laorganización de más de 180 eventos, contribuyeeficazmente a la fecundidad recíproca de los trabajoscientíficos y técnicos en los dos países.

Por otra parte, también es un ejemplo perfecto del papelde una institución bilateral en el proceso actual deglobalización.

Una asociación con prioridad sectorial entre Finlandia y Francia

Marie Aronson y Pekka Silvennoinen

Desde hace dos siglos, los finlandeses han estadopresentes en la escena científica internacional. En 1970 sefirmó un acuerdo de cooperación cultural y científicaentre Francia y Finlandia. La asociación franco-finlandesapara la investigación científica y técnica (AFFRST), conmás de 30 años de antigüedad, actúa como iniciador ycatalizador para la realización de proyectos y coloquioscientíficos franco-finlandeses.

La Fundación franco-noruega para la investigacióncientífica y técnica y el desarrollo industrial

Finn A. Hvistendahl, Cuadro: Claire TutenuitCuadro: Daniel Decroocq

Las relaciones industriales entre Francia y Noruega estándominadas por la importancia del suministro de gas

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natural noruego a Francia. La vocación de la Fundaciónfranco-noruega para la investigación científica y técnica yel desarrollo industrial (FFN) es re-equilibrar estasrelaciones. Centrada primeramente en los proyectospetroleros, actualmente se dedica principalmente a laspequeñas y medianas empresas y a las nuevastecnologías.

Tres instrumentos de cooperación científica franco-italiana

Jean-Claude Arditti y Jean Favero

La cooperación científica bilateral franco-italiana seapoya en tres herramientas: las iniciativas públicas (conprogramas de investigación como Galileo), la Universidadfranco-italiana, que reúne el conjunto de universidadesfrancesas e italianas y, por último, la Asociación franco-italiana para la investigación industrial y tecnológica,creada en 1988 como resultado de una iniciativagubernamental y apoyada tanto por el sector públicocomo privado para favorecer las asociaciones bilateralesen el contexto europeo.

El CEFIPRA: una herramienta excepcional al servicio de la cooperación c5ientífica entre India y Francia

P.S. Mony

El Centro indo-francés para la promoción de lainvestigación avanzada, creado el 9 de septiembre de1987, apoya los proyectos de investigación fundamental yaplicada. El papel desempeñado por los miembros delConsejo científico, desde la fase de evaluación de unproyecto hasta su evaluación final detallada, con unseguimiento riguroso durante su realización, hacontribuido ampliamente a la calidad y eficacia de lapuesta en marcha de cada uno de los proyectos.

El consejo Pasteur-Weizmann, fruto de la cooperacióncientífica entre Francia e Israel

Michel Goldberg

Desde hace treinta años, el consejo Pasteur-Weizmannsuscita y apoya colaboraciones intensas entreinvestigadores de dos prestigiosas instituciones deinvestigación en su lucha contra la enfermedad y por launiversalidad de la ciencia. ¿Cómo esta institución, citadaen todo el mundo entero como ejemplo de una

colaboración científica internacional bien lograda, halogrado establecer una asociación tan duradera y eficaz apesar de las tensiones políticas entre Francia e Israel?

La cooperación científica con China, ¿corresponde a las evoluciones considerables del país?

Jean Dercourt y Claude Trink

A partir de 1991, la cooperación científica franco-chinaha conocido un verdadero avance con la elaboración deun Programa de investigaciones avanzadas (el PRA).Asimismo, los intercambios de investigadores hanpermitido crear laboratorios conjuntos. Actualmente,varias empresas francesas han abierto centros deinvestigación en China: France Télécom, Thomson,Alcatel, Schlumberger, BioMérieux, etc. Frente a lasevoluciones tan rápidas, cabe preguntarse si el dispositivode cooperación corresponde a la situación actual deChina.

DOS CASOS DE APLICACIÓN DE LA COOPERACIÓNCIENTÍFICA

Un ejemplo de cooperación científica con Alemania: el campo aeronáutico

Denis Maugars y Hervé Consigny

Al pasar de los años, la cooperación entre losestablecimientos franceses y alemanes de investigación enaeronáutica (Onera y DLR), asociados desde hace casitreinta años, no han dejado de progresar. No obstante, unapoyo activo de los gobiernos nacionales, incluso unainiciativa de naturaleza política, parecen en adelanteindispensables para establecer una comunidad real deinvestigación europea en este sector.

La cooperación franco-británica de la investigacióncomo apoyo a las políticas medioambientales públicas

Eric Vindimian

La investigación sobre el medioambiente es esencial paracrear las condiciones de un desarrollo duradero. Losresponsables franceses y británicos de las políticaspúblicas del medioambiente han tratado de desarrollareste tipo de investigación como apoyo a las políticaspúblicas. Su cooperación se basa en la evaluación de losconocimientos, la prospectiva y la coordinación europeade los programas.

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© 2005 ANNALES DES MINES Le directeur de la publication : Serge KEBABTCHIEFF

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