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01 LES ENJEUX DE LA FILIÈRE MUSICALE FRANÇAISE À L’INTERNATIONAL TOUS POUR LA MUSIQUE PAGE Les enjeux de la filière musicale française à l’international 2o15

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01 L E S E N J E U X D E L A F I L I È R E M U S I C A L E F R A N Ç A I S E À L ’ I N T E R N A T I O N A L — T O U S P O U R L A M U S I Q U EP A G E

Les enjeux de la filière musicale française à l’international

2o15

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02 L E S E N J E U X D E L A F I L I È R E M U S I C A L E F R A N Ç A I S E À L ’ I N T E R N A T I O N A L — T O U S P O U R L A M U S I Q U EP A G E

Les enjeux de la filière musicale française à l’international

SommaireA/ RELEVER LE DÉFI DE L’INTERNATIONAL : une urgence

B/ SYNTHÈSE

C/ CHIFFRES CLÉS

D/20 PROPOSITIONS DE LA FILIÈRE MUSICALE

E/ PAROLES DE PROFESSIONNELS : les dispositifs de soutien à l’international

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03 L E S E N J E U X D E L A F I L I È R E M U S I C A L E F R A N Ç A I S E À L ’ I N T E R N A T I O N A L — T O U S P O U R L A M U S I Q U EP A G E

EN VINGT ANS, LE MONDE DE LA MUSIQUE A CONSIDÉRABLEMENT ÉVOLUÉ. INTERNET, NOUVELLES TECHNOLOGIES, NOUVELLES PRA-TIQUES, NOUVEAUX USAGES… PERTURBANT LES SCHÉMAS D’HIER ET L’ÉCONOMIE DE LA FILIÈRE MUSICALE. CES ÉVOLUTIONS S’AC-CÉLÈRENT ET L’APPROCHE DES MARCHÉS INTERNATIONAUX N’Y ÉCHAPPE PAS.

La musique, lorsqu’elle s’exporte, participe fortement à l’image, au rayonne-ment et à la vitalité de notre pays dans le monde. Il faut aujourd’hui se don-ner les moyens de la rendre plus compétitive. Les enjeux du développement international de nos artistes, de nos productions, de nos spectacles et de nos catalogues vont bien au-delà de préoccupations individuelles. Accompagner nos entreprises dans cette voie est un enjeu du soft power à la française.

Les entretiens menés auprès d’une trentaine de professionnels dans le cadre de ce livre blanc sur l’international de Tous Pour La Musique soulignent les fondamentaux de l’export : évaluer le potentiel d’un projet, avoir une straté-gie, cibler des territoires, connaître leurs particularités, prospecter, trouver les partenaires adaptés… C’est toute une construction à mettre en place, dans un contexte souvent complexe et dont il est difficile de maîtriser tous les paramètres, les aléas comme l’effet domino.

Hors des phénomènes spontanés, par essence imprévisibles et toujours rares, les stratégies à l’international ne peuvent s’envisager que sur la du-rée, avec des résultats qui parfois tardent et ne sont pas toujours à la hauteur des espérances, du temps consacré ni des moyens mis en œuvre. L’export de la musique n’est pas une science exacte. Pourtant, il nécessite des budgets, à considérer comme de véritables investissements, un accompagnement structuré pour les besoins des professionnels (expertise sociale, juridique, économique, formations, information...) et de lever les freins d’ordre social (charges), fiscal (double imposition, TVA) et administratif (mobilité et circu-lation des artistes).

Ces entretiens ont surtout mis en lumière la diversité : des artistes et des projets (chacun nécessitant une stratégie adaptée, donc difficilement modé-lisable), mais aussi et surtout la diversité des approches. Ils ont également confirmé que les professionnels sont de plus en plus nombreux à cumuler, se-lon les projets, plusieurs rôles : production phonographique, édition, produc-tion de spectacles, management, prestations déléguées… dans une logique 360°, soit par nécessité soit par choix de mieux maîtriser le développement des projets artistiques.

La prise de risque est réelle et les dispositifs d’aide à l’international sont d’une nécessité incontestable. Eux aussi doivent s’adapter à ces réalités plu-rielles. Aujourd’hui, les éditeurs et les producteurs de spectacles ne sont pas suffisamment soutenus, et l’on voit de plus en plus d’artistes-entrepreneurs se confronter à l’export.

Ces travaux menés dans le cadre de ce livre blanc ont fait émerger un cer-tain nombre de propositions structurantes. D’autres ne manqueront pas de s’y ajouter. C’est avant tout la preuve d’un état d’esprit proactif de la filière musicale pour faire résonner dans le monde, la créativité et la diversité de ses artistes et de ses musiques.

A| Relever le défi de l’international, UNE URGENCE !

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04 L E S E N J E U X D E L A F I L I È R E M U S I C A L E F R A N Ç A I S E À L ’ I N T E R N A T I O N A L — T O U S P O U R L A M U S I Q U EP A G E

01 / UNE STRATEGIE GLOBALE POUR RELEVER LE DÉFI D’UNE DYNAMIQUE NOUVELLE A L’INTERNATIONAL

SENSIBILISER NOS ENTREPRISES

01 / mise en place d’un pole de ressources pratiques dédié au secteur

02 / mise en place de ½ journées de « formation-intégration » dediées aux nouveaux utilisateurs des dispositifs de soutien existants

03 / mise en place d’un forum international

COORDONNER TOUS NOS DISPOSITIFS D’AIDES

04/ renforcer la synergie entre les organismes intégrant des programmes de soutien à l’export

05 / renforcer l’impact de nos entreprises à l’international par une communication forte et unifiée

PROFESSIONNALISER LES OUTILS DE L’EXPORT

06 / pour un bureau export ouvert à l’ensemble des acteurs de la filière et répondant à leurs besoins specifiques

07 / optimiser et décloisonner les aides

08 / des aides plus réactives en adéquation avec les calendriers des projets artistiques et simplification des procédures administratives

09 / mise en place de nouveaux services proposés par le bureau export

10 / pour une structuration stratégique du maillage des bureaux exports et une meilleure coordination avec l’institut français et le mae.

02 / UN RENFORCEMENT NÉCESSAIRE DES MOYENS POUR DÉPLOYER CETTE STRATÉGIE GLOBALE

11 / augmentation indispensable des budgets alloués par l’état

12 / une mesure fiscale essentielle et structurante / un crédit d’impôt étendu à la filière, dote d’un volet dépenses export renforcé

13 / soutien de l’emploi artistique à l’international

14 / favoriser la création de postes de responsables au développement international au sein même des entreprises (aides a l’emploi, financement)

15 / simplifier les dispositions fiscales concernant les artistes et les structures les développant à l’étranger pour éviter la double imposition qui les penalisent

16 / mettre en place d’un programme transversal pour la filière musicale facilitant l’acces aux ressources existantes pour les tpe/pme francaises à l’export

17 / rationnaliser et flécher les dispositifs de soutien

18 / développer des financements européens actionnables pour la filière

19 / mettre en place d’un guichet unique reunissant en une seule démarche toutes les formalités requises lorsqu’un artiste se produit hors de son pays d’origine

20 / mettre en place un réseau de coordination avec les autorités nationales en charge des questions administratives et réglementaires porte par les antennes locales françaises

B| SYNTHÈSE

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05 L E S E N J E U X D E L A F I L I È R E M U S I C A L E F R A N Ç A I S E À L ’ I N T E R N A T I O N A L — T O U S P O U R L A M U S I Q U EP A G E

L’INTERNATIONAL, C’EST :

— Un élément-clé dans la construction de carrière d’un artiste

— Une nécessité économique et stratégique pour l’ensemble de la filière

LA MUSIQUE FRANÇAISE À L’INTERNATIONAL EN 2014 :

— 22 ALBUMS ET SINGLES CERTIFIÉS À L’EXPORT

Parmi lesquels : Stromae, David Guetta, Indila, Woodkid,

Maitre Gims, Gregory Porter, Metronomy, Major Lazer…

— 4000 CONCERTS D’ARTISTES ‘MADE IN FRANCE’ DANS LE MONDE,

DES SYNCHROS, DES RETOMBÉES MÉDIAS, DES RÉCOMPENSES...

LE VOLUME ÉCONOMIQUE DE LA FILIÈRE MUSICALE FRANÇAISE À L’INTERNATIONAL EN 2014 :

— 251 M€ DE REVENUS EN PROVENANCE DE L’INTERNATIONAL

[Musiques Actuelles et Classiques]

Droits d’auteur = 119,4M€ (47,5%)

Chiffre d’affaires / concerts et tournées = 58M€ (23%)

Chiffre d’affaires / ventes de musique enregistrée = 47M€ (19%)

Revenus synchronisation = 17,7M€ (7%)

Droits voisins = 6,2M€ (2,5%)

Chiffre d’affaires / ventes de partitions = 2,7M€ (1%)

— 602 M€ DE CHIFFRE D’AFFAIRES GÉNÉRÉ À L’INTERNATIONAL

Sources : ADAMI, BUREAU EXPORT, CNV, CSDEM, FEVIS,

PRODISS, SACEM, SCPP, SPEDIDAM, SPPF

LES PROFESSIONNELS ESTIMENT QU’UNE CROISSANCE DE 4% DU CHIFFRE D’AFFAIRES DE LA FILIÈRE À 3 ANS EST ACCESSIBLE PAR UN RENFORCEMENT DES MOYENS DÉDIÉS À L’EXPORT, SOIT UN OBJECTIF DE 240 M€ DE CA GÉNÉRÉ SUPPLÉMENTAIRE À 3 ANS.

LA MUSIQUE À L’INTERNATIONAL : 8 X MOINS DE SOUTIENS PUBLICS QUE LE CINÉMA, ALORS QUE LE SECTEUR MUSICAL PÈSE 2 X PLUS (8,6 MILLIARDS D’€ CONTRE 4,4 MILLIARDS D´€)

Source : Rapport Attali sur la francophonie – Automne 2014

Modèle original créé en France, le Bureau Export a inspiré de nombreux pays

dans le montage de leurs dispositifs d’aides à l’export :

— La Grande-Bretagne vient d’engager près de 3 M€ supplémentaires pour

soutenir son industrie musicale à l’export soit 6,6 millions d’aides au

total.

— Music Norway (5M habitants) budget de 3,3 M€

— Music Export Denmark (5,6 M habitants) budget de 5 M€

— La Finlande (5 Mhabitants) budget de 1.5 M€.

En France, les 3.1 M€ (2,6 M€ cash) du Bureau Export, semblent bien maigres.

L’ensemble des acteurs de la filière de la musique enregistrée, du spectacle

musical et de variété, et de l’édition doivent disposer de moyens leur per-

mettant d’être compétitif sur un marché de la musique plus que jamais in-

ternational.

C| CHIFFRES CLÉS

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06 L E S E N J E U X D E L A F I L I È R E M U S I C A L E F R A N Ç A I S E À L ’ I N T E R N A T I O N A L — T O U S P O U R L A M U S I Q U EP A G E

01 / UNE STRATÉGIE GLOBALE POUR RELEVER LE DÉFI D’UNE DYNAMIQUE NOUVELLE À L’INTERNATIONAL

SENSIBILISER LES ENTREPRISES DU SECTEUR

PROPOSITION 1 / METTRE EN PLACE D’UN PÔLE DE RESSOURCES PRATIQUES DÉDIÉ AU SECTEUR

Publication d’une série de fiches pratiques ou de dossiers informatifs sur les aspects sociaux, fiscaux et administratifs liés à la circulation des artistes (visas, permis de séjour, permis de travail). Ces informations devront être complétées par des informations juridiques (cadres législatifs locaux, pra-tiques contractuelles, droits, contraintes). Ces documents mis à la disposi-tion de tous, synthétiseraient des analyses transverses

PROPOSITION 2 / METTRE EN PLACE DES ½ JOURNÉES DE « FORMATION-INTÉGRATION » DÉDIÉES AUX NOUVEAUX UTILISATEURS DES DISPOSITIFS DE SOUTIEN EXISTANTS

Ce décryptage est essentiel pour permettre aux professionnels de s’emparer rapidement et de manière optimale des services et outils à l’export

PROPOSITION 3 / METTRE EN PLACE D’UN FORUM INTERNATIONAL

Créer un temps annuel dédié à l’export : le forum international permettant notamment de promouvoir une communication sur les différents services offerts par les différents guichets existants (conseils, expertise, base de données, mise en relation, outils…)

COORDONNER TOUS LES DISPOSITIFS D’AIDES

PROPOSITION 4 / RENFORCER LA SYNERGIE ENTRE LES ORGANISMES INTÉGRANT DES PROGRAMMES DE SOUTIEN A L’EXPORT

A — avec partage d’outils communs de communication sur les aides, les services proposés, les actions… Publication mensuelle d’une newsletter commune. Exemple : Burex, Institut Français, Adami, Spedidam, Sacem, CNV, IFCIC, OIF, Association Jazzé Croisé…

B — Publication annuelle d’un guide pour l’export présentant les approches nécessaires, les organismes de soutien à l’export (fonctionnement, accès, services) et les lignes de programmes existants (process, critères pris en compte).

PROPOSITION 5 / RENFORCER L’IMPACT DE NOS ENTREPRISES À L’INTERNATIONAL PAR UNE COMMUNICATION FORTE ET UNIFIÉE

A — Adopter un nom générique, slogan et signalétique pour marquer la nouvelle dynamique de la filière musicale à l’international et labelliser les initiatives innovantes lancées en ce sens.

B — Création d’un site générique et fédérateur dédié à l’export et promotion forte sur les réseaux sociaux (FB, Twitter, Instagram…).

C — Soutien et mise en place d’un programme de communication interna-tionale par le ministère de la Culture autour de la MUSIQUE = nos talents, nos festivals, nos entreprises, à l’instar du modèle anglo-saxon.

D| Relever le défi de l’international 20 propositions

de la filière musicale

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PROFESSIONNALISER LES OUTILS DE L’EXPORT

PROPOSITION 6 / POUR UN BUREAU EXPORT OUVERT A L’ENSEMBLE DES ACTEURS DE LA FILIÈRE ET REPONDANT A LEURS BESOINS SPECIFIQUES

A — Construire pour les entrepreneurs de spectacles et les éditeurs un équivalent des dispositifs en place pour le secteur discographique (aides, accompagnement, gouvernance, interlocuteurs dédiés)

B — Préciser les conditions d’accès des managers aux services du Bureau Export

PROPOSITION 7 / OPTIMISER ET DECLOISONNER LES AIDES

A — Optimiser et décloisonner le fléchage des aides. Favoriser une ap-proche globale et transversale d’un projet, plus que par métiers. Flécher les aides à l’export sur la page d’accueil du portail www.monprojetmusique.fr

B — Favoriser l’information et la transparence de chaque organisme sur l’attribution des aides à l’export (politique, fonctionnement, éligibilité, cri-tères pris en compte, objectifs). Objectif : décloisonner et travailler par projet artistique.

PROPOSITION 8 / DES AIDES PLUS REACTIVES EN ADEQUATION AVEC LES CALENDRIERS DES PROJETS ARTISTIQUES ET SIMPLIFICATION DES PROCEDURES ADMINISTRATIVES

PROPOSITION 9 / MISE EN PLACE DE NOUVEAUX SERVICES PROPOSÉS PAR LE BUREAU EXPORT

A — Veiller, au sein des équipes du Bureau Export, à la présence de champs de compétences opérationnelles structurés pour les besoins des profession-nels à l’export : problématiques sociales-fiscales-mobilité, promotion/mar-keting, musique enregistrée, spectacle, édition, synchros/musique à l’image, juridique, musique classique, etc.

B — Développer de nouveaux partenariats avec les places de marché en France (Midem, MaMA, Babel Med…), ainsi qu’un programme dédié aux fes-tivals, véritables places de marché à l’export, pour mieux utiliser ces outils

C — Favoriser les rencontres et échanges entre le secteur classique et le secteur musiques actuelles. En termes de pratiques et de problématiques à l’export.

PROPOSITION 10 / POUR UNE STRUCTURATION STRATEGIQUE DU MAILLAGE DES BUREAUX EXPORTS ET UNE MEILLEURE COORDINATION AVEC L’INSTITUT FRANÇAIS ET LE MAEDI.

A — Renforcer par la mise en place d’objectifs stratégiques rigoureux pour chacune des antennes du Bureau Export : priorités, développement ou redéveloppement sur certains territoires, ouverture de nouvelles antennes, marchés émergents, réaffectation, rayons d’action. Rester forts sur les prin-cipaux marchés (GB, Allemagne, Etats-Unis) et développer une présence sur de nouveaux marchés (Chine, Corée, Argentine, Australie, Nouvelle Zélande, Europe de l’Est, l’Afrique...). Favoriser la coopération avec l’Institut Français et le ministère des Affaires Etrangères (postes, objectifs, moyens)

B — Identifier un réseau pérenne de contacts-ressources sur les territoires non couverts par les antennes.

02 / UN RENFORCEMENT NÉCESSAIRE DES MOYENS POUR DÉPLOYER CETTE STRATÉGIE GLOBALE

PROPOSITION 11 / AUGMENTATION INDISPENSABLE DES BUDGETS ALLOUÉS PAR L’ÉTAT

dans le cadre de la nouvelle dynamique impulsée, dès le PLF 2016, et en par-ticulier un engagement financier formel des pouvoirs publics pour le déve-loppement des activités du Bureau Export au service des entreprises de la musique et aux côtés des organismes professionnels

PROPOSITION 12 / UNE MESURE FISCALE ESSENTIELLE ET STRUCTURANTE / UN CRÉDIT D’IMPÔT ÉTENDU À LA FILIÈRE, DOTÉ D’UN VOLET DÉPENSES EXPORT RENFORCÉ

PROPOSITION 13 / SOUTIEN DE L’EMPLOI ARTISTIQUE À L’INTERNATIONAL

A — Mise en place d’une aide au financement des charges sociales des ar-tistes et personnels des spectacles à l’export. Notamment lors de premières relations entre le producteur de spectacle et l’artiste, quand les moyens financiers sont très modestes et que la tentation est grande pour l’artiste d’accepter les conditions de la tournée à l’étranger sans respecter la législa-tion sociale française.

B — L’intégration dans le Pacte de responsabilité de l’emploi artistique per-mettrait une réduction des charges sociales avec un triple objectif : la conso-lidation de l’emploi artistique, la pérennisation de l’emploi sur l’ensemble du territoire et l’encouragement de la création artistique en France et à l’export.

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PROPOSITION 14 / FAVORISER LA CRÉATION DE POSTES DE RESPONSABLES AU DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL AU SEIN MÊME DES ENTREPRISES (AIDES A L’EMPLOI, FINANCEMENT)

PROPOSITION 15 / SIMPLIFICATION DES DISPOSITIONS FISCALES CONCERNANT LES ARTISTES ET LES STRUCTURES LES DÉVELOPPANT À L’ÉTRANGER POUR ÉVITER LA DOUBLE IMPOSITION QUI LES PÉNALISE

Prévoir une disposition assouplie suspendant le recouvrement de l’impôt en France jusqu’à l’obtention du reçu libératoire de l’imposition sur le territoire étranger.

PROPOSITION 16 / METTRE EN PLACE D’UN PROGRAMME TRANSVERSAL POUR LA FILIÈRE MUSICALE FACILITANT L’ACCÈS AUX RESSOURCES EXISTANTES POUR LES TPE/PME FRANÇAISES À L’EXPORT

01 — les spécificités du secteur sont actuellement un frein pour l’accès de nos entreprises aux soutiens existants mis en place par les autres ministères et secrétariats d’Etat au titre de l’export : Commerce extérieur, Francophonie, Numérique, Tourisme (pour le développement du tourisme culturel).

02 — le soutien de Business France (ex Ubifrance) au développement à l’export des entreprises françaises du secteur musique (prospection des marchés, déplacement sur les salons et rendez-vous professionnels, implan-tations).

PROPOSITION 17 / RATIONNALISER ET FLÉCHER

A — Rationalisation des dispositifs de soutien et aides financières des dispositifs connexes accessibles à nos entreprises (ifcic, cnc, …).

B — Développer des sources de financement complémentaire pour le Bureau Export A/ En ouvrant ses services et en les facturant aux non adhérents. B/ En publiant de guides pratiques, des guides marchés, un annuaire de l’export et en développant des formations à l’export.

PROPOSITION 18 / DES FINANCEMENTS EUROPÉENS ACTIONNABLES POUR LA FILIÈRE:

Mettre en place d’une cellule de travail par les professionnels favorisant leur accès aux aides existantes et au développement de programmes ad hoc.

PROPOSITION 19 / METTRE EN PLACE D’UN GUICHET UNIQUE RÉUNISSANT EN UNE SEULE DEMARCHE TOUTES LES FORMALITÉS REQUISES LORSQU’UN ARTISTE SE PRODUIT HORS DE SON PAYS D’ORIGINE

La circulation des artistes et de leurs équipes donne lieu à des difficultés administratives pour lesquelles les entreprises ont besoin d’être accompa-gnées (fiscalité, droits sociaux, visas). Ce guichet unique servirait également de point d’information permettant de faciliter l’accès aux informations régle-mentaires relatives à la mobilité internationale.

PROPOSITION 20 / METTRE EN PLACE D’UN RÉSEAU DE COORDINATION AVEC LES AUTORITÉS NATIONALES EN CHARGE DES QUESTIONS ADMINISTRATIVES ET RÉGLEMENTAIRES PORTÉ PAR LES ANTENNES FRANÇAISES LOCALES

La filière musicale française demande l’engagement du gouvernement pour la mise en place d’une véritable politique de soutien à l’international : à l’égard de nos artistes et de la compétitivité de nos entreprises.

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LIVRE BLANC TOUS POUR LA MUSIQUE

« LES ENJEUX DE LA FILIÈRE MUSICALE FRANÇAISE À L’INTERNATIONAL » Extrait des entretiens 2015

CENTRALISATION

L’idée d’une centralisation des dispositifs d’aides à l’international a été évo-quée par un certain nombre de professionnels. Une perspective à laquelle les esprits se sont préparés avec le projet du Centre National de la Musique (CNM) lancé et validé par le gouvernement Sarkozy puis abandonné par Aurélie Filippetti.

En ce qui concerne l’export, les avis sont partagés. Pour les uns, une cen-tralisation serait une bonne initiative, permettant de regrouper toutes les énergies et de représenter une force de frappe plus importante. « L’idée de regrouper les financements est de dégager des moyens supplémentaires Mais du côté des professionnels, le traumatisme causé par l’abandon du pro-jet CNM est tellement fort que ça va prendre un peu de temps ». « Qu’on ne sache pas, du côté de l’Etat, appréhender le secteur de la musique dans sa diversité de métiers, de pratiques, de possibilités et d’enjeux, c’est insensé. Le CNM était sans doute la première tentative de réponse d’une articulation globale entre l’appareil de l’Etat et notre secteur ».

Concernant l’idée d’un CNV élargi, la perspective d’un guichet unique, s’il se traduisait par une réelle efficacité et une redynamisation des actions à l’export, suscite des interrogations, compte tenu des politiques et philoso-phies de chaque organisme concerné. Comment concilier les enjeux culturels et économiques ? Une partie des professionnels interrogés n’est pas contre l’idée d’une structure principale si elle n’empêche pas les différents orga-nismes impliqués de conserver leur propre stratégie. En tout cas, avant d’en arriver à une centralisation des aides et des dispositifs, il y a une large majo-rité à souhaiter une centralisation des données, des actions et des résultats pour donner une vision globale et agrégée de l’export, aujourd’hui diluée entre les différents opérateurs impliqués. Et tous demandent davantage de

coordination et d’échanges entre eux (Bureau Export, CNV, Institut Français, sociétés civiles…), d’une part par souci de cohérence entre les différentes aides attribuées à un même projet et, d’autre part, pour une meilleure visibi-lité des politiques et actions menées.

LE RECOURS AUX DISPOSITIFS

Force est de constater, selon les propos tenus lors des différents entretiens, qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de communication interne à la filière. Un certain nombre de professionnels avouent ne pas bien connaître les différents dispositifs d’aide existants, leur fonctionnement, leur politique et leur utilité.

Une partie d’entre eux, même s’agissant de personnalités ou de structures connues, installées et actives, déclare ne pas demander d’aides. Pour des raisons aussi diverses que « je ne connais pas », « j’en ai entendu parler », « je ne sais pas si je peux y avoir accès », « je ne sais pas si mes projets sont éligibles », « je n’ai pas eu le temps de m’y intéresser », « je n’ai aucune chance d’avoir une aide », « ce sont toujours les mêmes qui sont privilégiés ou « ce n’est pas dans ma philosophie »…

D’autres ont sollicité des dispositifs et ont déclaré forfait, suite au refus d’un dossier, à un manque d’écoute ou de réponse adaptée à leur problématique, à un manque de réactivité (retour tardif à leur demande, voire sans avoir eu le moindre retour), parce que leur projet sort des schémas habituels, parce que rebutés par l’aspect « administratif » du process, parce que jugeant le montant de l’aide accordée insuffisante, voire ridicule par rapport au budget global du projet. Beaucoup de petites structures indépendantes (TPE), qui ont pourtant besoin d’aides en regard de leur fragilité, ne prennent pas le temps de faire les dossiers ou avouent ne pas oser.

Qu’elles soient justifiées ou non, toutes ces raisons évoquées, tant par ceux qui ne font aucune demande que par ceux qui n’en font plus, traduisent un déficit d’information sur et par les dispositifs.

E| Paroles de professionnels Les dispositifs de soutien

à l’international

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CLOISONNEMENT DES AIDES

EST ÉGALEMENT MIS EN QUESTION, LE « CLOISONNEMENT » DES AIDES, EXPRIMÉ DE 2 FAÇONS :

– EN CE QUI CONCERNE L’ACCÈS AUX DIFFÉRENTS DISPOSITIFS

– EN CE QUI CONCERNE LES AIDES ATTRIBUÉES À UN MÊME PROJET (PAS D’INFOR-MATION GLOBALE SUR L’ENSEMBLE DES AIDES PERÇUES SUR UN MÊME PROJET PAR LES DIFFÉRENTS INTERVENANTS).

Les entrepreneurs de spectacles par exemple, déplorent de ne pas savoir, quand ils sollicitent le Bureau Export pour un projet x, si le label de l’artiste a aussi sollicité de son côté le Bureau Export et obtenu une aide et de combien. Et réciproquement.

Ce « compartimentage » résulte d’une approche « métiers ». Cela s’observe non pas particulièrement pour les aides à l’export mais pour toutes les aides en général.

En témoigne le portail internet www.monprojetmusique.fr qui recense les différents programmes d’aides aux projets (177 actuellement). Lancé à l’ini-tiative des sociétés civiles et principaux organismes de la filière musicale, et piloté par la Sacem, ce site d’information a vocation à présenter et valoriser les dispositifs existants mais n’en donne pas une liste exhaustive, incitant tout organisme ou collectivité disposant d’un programme d’aide à venir l’en-richir. Le tout avec la simplification et la transparence de l’information pour ambitions.

Le site est basé sur d’une approche « métiers » puisque la page d’accueil oriente l’internaute selon son profil : « Je suis… » et, au choix : Artiste/Créa-teur, Producteur de spectacle, Producteur de festival, Producteur de musique enregistrée, Producteur audiovisuel, Exploitant de lieu de spectacle, Diffu-seur, Editeur… Certains regretteront au passage que les aides à l’export ne soient pas fléchées.

Un certain nombre de porteurs de projet estime que ce compartimentage – qui conditionne les procédures de demandes d’aides - n’est plus adapté, en ce qu’il fragmente la perception qu’on peut avoir des besoins pour un projet (les différents partenaires professionnels pouvant solliciter une aide selon leurs profils respectifs et leur éligibilité).

Par ailleurs, la porosité constatée entre les métiers semble rendre cette ap-proche de moins en moins pertinente. En effet, de plus en plus de structures ou de personnes endossent aujourd’hui diverses casquettes, se faisant à la fois tourneur, manager, producteur phonographique et éditeur, cumulant les rôles dans ses activités quotidiennes, ou selon les projets.

La prise en compte de cette nouvelle donne pourrait conduire à adopter une autre grille de lecture et à flécher différemment les demandes d’aide pour considérer les projets dans leur globalité (en termes de stratégie et de bud-get), quels que soient les différents partenaires susceptibles de solliciter des aides. Et elle conduirait à une meilleure lisibilité et cohérence.

MOYENS FINANCIERS

TOUS LES PROFESSIONNELS SONT UNANIMES À RÉCLAMER QUE DAVANTAGE DE MOYENS SOIENT CONSACRÉS À L’EXPORT. LA QUESTION EST DE SAVOIR OÙ TROUVER DES FINANCEMENTS SUPPLÉMENTAIRES. PLUSIEURS PISTES ONT ÉTÉ ÉVOQUÉES AU FIL DES ENTRETIENS :

– DEMANDER AUX ORGANISMES PROFESSIONNELS QUI CONTRIBUENT AU BUDGET DU BUREAU EXPORT UN EFFORT SUPPLÉMENTAIRE.

– DEMANDER AU MINISTÈRE DE LA CULTURE D’ABONDER DAVANTAGE SA CONTRI-BUTION, AINSI QU’AU MAEDI (SECRÉTARIAT D’ETAT EN CHARGE DU COMMERCE EXTÉRIEUR ET SECRÉTARIAT D’ETAT AU DÉVELOPPEMENT ET À LA FRANCOPHO-NIE INCLUS)

– SOLLICITER L’INTERVENTION D’AUTRES MINISTÈRES :

❙ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique,

❙ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation,

❙ministère du Tourisme (au titre du développement du tourisme culturel)

– FAIRE CONTRIBUER LES OPÉRATEURS INTERNET ET TÉLÉCOMS.

– SOLLICITER DES PARTENAIRES PRIVÉS (ENTREPRISES AYANT UN INTÉRÊT DIRECT OU INDIRECT AVEC LE SECTEUR MUSICAL, MARQUES, SOCIÉTÉS DE TECHNOLOGIE, START-UPS…).

Développer le recours au mécénat (fondations privées) sur l’export, tel qu’il est pratiqué dans le secteur de la musique classique.

– DÉVELOPPER L’AUTOFINANCEMENT :

❙prestations de services du Bureau Export et ses antennes ouvertes mais facturées à tout porteur de projet non adhérent (conseil, expertise, contacts, mises en relation…),

❙recours à des prestataires de service tiers sur les territoires non couverts par une antenne, qui seraient labellisés par le Bureau Export, en imagi-nant une commission prise sur les services facturés en échange d’un volant d’affaires apporté.

– DÉGAGER DES RECETTES PROPRES, PAR EXEMPLE :

❙Publication de guides pratiques (guides marchés…),

❙Publication d’un annuaire de l’export (à l’instar de L’Officiel édité par l’IRMA) et de tutoriels qui pourraient être vendus en version print ou en numérique (eBooks)

❙Formations à l’export (stratégies, développement de projets, aides…).

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S’INSPIRER DU DISPOSITIF CANADIEN MUSICACTION :

❙Sur son volet production de disques, la subvention accordée pour aider à produire un album devait être remboursée dans le cas où l’album gagnait de l’argent (au-delà du point mort). Au bout d’un certain nombre de pro-jets non rentabilisés, le demandeur ne pouvait plus solliciter d’aides.

❙Appliquer un tel principe sur les aides accordées par le Bureau Export aurait un triple effet vertueux :

● Celui d’autoalimenter l’enveloppe budgétaire consacrée aux aides,

● Celui de mutualiser les risques (les recettes générées par les projets à succès permettant d’aider les projets non rentables),

● Celui de faire cesser les critiques récurrentes sur l’attribution des aides aux artistes confirmés.

❙On notera qu’un tel principe n’a rien d’innovant en soi, il s’agit juste d’une péréquation que ne saurait contester la filière musicale dont le fonctionnement est basé sur la fameuse règle des 80/20 (sur 100 disques produits, 80 sont déficitaires mais les pertes sont compensées par les bénéfices générés par les 20 autres).

INCITER DES PLATEFORMES DE CROWDFUNDING À OUVRIR UN VOLET SPÉCIFIQUE POUR LES PROJETS À L’EXPORT. DE PLUS EN PLUS UTILISÉ (NOTAMMENT POUR LES PROJETS MUSIQUE) CE TYPE DE FINANCEMENT PARTICIPATIF (DONC INDO-LORE POUR LA FILIÈRE MUSICALE ET SES PARTENAIRES) N’EST PLUS À NÉGLIGER. S’AGISSANT D’UNE PLATEFORME D’ENVERGURE EUROPÉENNE OU INTERNATIO-NALE, CELA CONSTITUERAIT PAR AILLEURS UN OUTIL PRÉCIEUX ET DÉCLENCHEUR PERMETTANT DE MESURER L’ADHÉSION DES INTERNAUTES À TEL OU TEL PROJETS SELON LES TERRITOIRES.

La chute des ventes de disques et le nouvel écosystème de la musique ame-nant les labels et producteurs phonographiques à adopter de plus en plus une approche multi-revenus, dite « 360 degrés » - imités en cela par d’autres structures (de spectacle, de management, d’édition…) et par de plus en plus d’artistes entrepreneurs, il ne serait pas insensé que la politique à l’export s’en inspire en diversifiant elle-même ses sources de financement à 360°, lui permettant ainsi d’être moins soumise aux arbitrages budgétaires et po-litiques.

Il serait bénéfique pour l’image de la filière musicale française, notamment vis-à-vis des pouvoirs publics et en période de lobbying, qu’elle puisse affi-cher sa dynamique (car c’est bien de ça dont il s’agit) en démontrant aussi – au-delà de sa capacité de création et de production – sa capacité à mobiliser des moyens pour se développer à l’export.

LES AIDES

Leur existence fait bien entendu l’unanimité, face aux besoins. « On a presque plus besoin d’aide à l’export qu’en local » considère une major de l’édition. « On a certes un réseau d’affiliés mais on ne peut compter sur eux que dans une certaine limite. Il faut un levier qui structure ». Pour les structures indépendantes – dont la plupart sont des TPE, les aides sont d’autant plus cruciales que tous, quelle que soit leurs moyens, appréhendent l’export comme un investisse-ment. Mais les budgets dédiés sont insuffisants.

Ce n’est pas nouveau, l’attribution des aides – quels que soient les critères pris en compte – a toujours suscité des critiques. Tant sur leur destination que sur leur montant. Pourquoi un tel a été soutenu et pas tel autre ? Pour-quoi a t’il obtenu tel montant par rapport à tel autre ?

Certains vont jusqu’à s’interroger sur le fonctionnement des commissions, subodorent des pressions, imaginent des votes « géopolitiques » (comme à l’Eurovision), des choix guidés par le poids de telle structure ou le fait qu’elle contribue financièrement au budget export et qu’en retour il serait bienvenu qu’elle soit avantagée,

Mais c’est surtout la pertinence des aides qui est mise en doute, tant parmi ceux qui sollicitent les dispositifs d’aide que parmi ceux qui ne les sollicitent pas, ou qui en sont observateurs. « Je ne suis pas certain qu’on fasse les investissements aux bons endroits. » commentent des professionnels. Ils s’étonnent que le Bureau Export n’utilise pas assez les outils tels que les plateformes et marchés situés en France. « Nous n’avons pas de demande du Bureau Export pour y exposer des artistes français, alors que sont présents de nombreux acteurs venus du monde entier. Ce n’est pas dans son périmètre d’action. C’est, de mon point de vue, une absurdité administrative et une grande erreur. » « On reçoit tout au long de l’année les infos du Bureau Ex-port. Ils organisent ici et là des événements et logiquement on ne comprend pas pourquoi cette dynamique export n’est pas valable sur un événement or-ganisé en France, où de surcroît ils pourraient bénéficier d’un service encore plus fort plutôt que de ne considérer que certaines plateformes étrangères telles que South by South West.... C’est une certaine frustration de constater que ces évènements localisés en France ne sont pas du tout utilisés par les Français ». « C’est pour nous incompréhensible que le Bureau Export n’utilise pas tous les leviers export »

La question de la pertinence des aides est par ailleurs exprimée à plusieurs niveaux

POURQUOI EN ATTRIBUER AUX MAJORS ET GROS LABELS, EN ESTIMANT QU’ILS N’EN ONT PAS BESOIN ?

❙« Qu’il y ait des entreprises qui soient mieux loties du fait qu’elles sont plus productives et plus actives ne me parait pas indécent », estime un label indépendant.

❙Pour un représentant d’une major de la production, « certes, nous sommes moins dépendants des aides que d’autre ». Mais Le pro-jet d’une major peut être locomotive pour les autres sur un territoire. Je trouve que c’est assez équilibré. En général, il y a un ou deux projets par major qui sont aidés, le reste allant à plein de labels indépendants. C’est aussi cela le paysage de la musique. Ce serait absurde de ne pas aider parce qu’il s’agit d’une major, même si elle finance le Bureau Export »,. Il précise que c’est surtout lorsque ses affiliés ne jouent pas le jeu qu’une major recourt aux dispositifs d’aide. « Il y a toujours un moment de doute où il faut investir, prendre un risque. Ce sont aussi des aides qui peuvent faire bouger les choses, quel que soit le projet ».

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ENJEUX CULTURELS VS. ENJEUX BUSINESS

❙Il est plus qu’utile de communiquer (vis-à-vis de tous ceux qui sont amenés à solliciter des aides et de ceux qui en observent l’attribution) sur ces deux aspects, lesquels ne sont pas antinomiques mais peuvent être complé-mentaires, tout en induisant des approches, des logiques et des arbitrages différents.

❙Les propos qui nous ont été formulés révèlent une grande ambiguïté à ce sujet. Ambiguïté dont se servent d’ailleurs largement certains porteurs de projet dans leur communication ou dans le montage de leur dossier pour optimiser leurs chances d’obtenir des aides.

❙Eclaircir cet aspect permettrait aussi de gommer la perception caricaturale des dispositifs (L’Institut Français, c’est le culturel ; le business c’est le Bureau Export), d’autant que la porosité existe aussi dans les enjeux.

LE MONTANT DES AIDES

Le montant des aides est trop faible. Ils sont nombreux à le dire. Même si c’est inévitable dans une enveloppe budgétaire qui n’est pas extensible (d’où les pistes évoquées sur les sources de financements possibles), cela fait naître dans l’esprit de certains des doutes sur l’utilité du Bureau Export en la matière, sur les choix d’attribution des aides (« c’est parce que les gros projets se taillent la plus grosse part que les petits n’ont plus que des miettes à se partager ! »).

« Dans l’ensemble des dispositifs mis à disposition pour la création, la part réservée à l’export est jugée beaucoup trop faible. Alors que l’export de la musique française rapporte plus d’argent que le cinéma français à l’étranger. C’est un vrai sujet. Le pire ennemi, c’est le saupoudrage, cela ne sert à rien » estime un producteur indépendant. « Il faudrait beaucoup plus de moyens au Bureau Export. C’est du saupoudrage » considère une major de l’édition. Le constat est largement partagé : « Parlons du risque, ce n’est pas avec 4 000 euros d’aides sur un tour support de 60 000 euros qu’on peut y arriver ! », « ça m’a pris un temps fou pour finalement obtenir 400 € sur un déplacement qui m’en coûte 7 000, ça paye tout juste le supplément bagage… ».

C’est d’ailleurs pour cette raison que certains ont arrêté de solliciter le Bu-reau Export, considérant l’enjeu ridicule, tant en regard du budget total que du temps passé à monter les dossiers.

LOURDEUR ADMINISTRATIVE

C’est l’autre raison qu’évoquent le plus souvent les professionnels qui ne font pas, peu, moins ou plus du tout appel aux dispositifs.

Les demandes de subventions sont perçues comme compliquées à mettre en place et les aspects administratifs en rebutent plus d’un. Ce reproche concerne d’ailleurs tous les organismes (« Indépendamment du Bureau Ex-port, les autres sociétés civiles, même la Spedidam, ont des programmes à l’export mais on n’arrive pas avec les critères qui nous sont demandés ».

Certains ne manquent pas d’ironiser sur cet effet dissuasif, se demandant s’il n’est pas volontairement entretenu pour limiter le nombre de demandes, déjà nombreuses, pour des enveloppes budgétaires globales déjà jugées in-

suffisantes. Ce qui en réjouit d’autres qui considèrent que tous ces découra-gements signifient davantage d’aides à partager pour ceux continuent à les solliciter…

On notera que dans le secteur musical, l’administratif n’est pas l’aspect préféré de nombreux professionnels qui privilégient au quotidien, par nature ou par nécessité, l’opérationnel. D’autant que la population des porteurs de projet est essentiellement composée de TPE. Une grande majorité explique ne pas avoir le temps nécessaire à y consacrer (ou au détriment d’autres prio-rités) ou les moyens d’affecter une personne aux demandes de subvention.

Par exemple, le fonctionnement des commissions est ici et à critiqué pour son manque de flexibilité, ou son rythme jugé pas assez adapté au tempo opérationnel des acteurs à l’export, fréquemment contraints à des prises de décision rapides, par rapport aux imprévus, aux opportunités et à la flexibilité de leurs activités. La remarque « On ne fonctionne pas sur la même horloge » nous a été faite à plusieurs reprises.

LES SERVICES DU BUREAU EXPORT

Les aides attribuées par le Bureau Export – si elles focalisent l’attention - ne constituent qu’un pôle de ses missions. L’organisme a un rôle essentiel de veille sur les marchés, d’information, de conseil, de mises en relation. Si la majorité des professionnels en sont conscients, les avis sont partagés sur l’efficacité de ces services et leurs limites.

FLORILÈGE :

❙« Le conseil est précieux ».

❙« C’est d’expertise dont on a besoin, plus qu’autre chose. C’est très important ».

❙« L’information, un point fort ? « Ça devrait l’être. En ce qui nous concerne, on n’en a pas besoin, parce qu’on pourrait leur donner des infos plus qu’ils nous en donnent. L’implantation sur les territoires, on connait par cœur ».

❙« La base de données ? Un outil en or. Elle est monstrueuse mais personne n’y va ! »

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On notera que cela dépend des interlocuteurs qu’ont eus les porteurs de pro-jet, de leurs champs de compétences respectifs, des attentes et besoins… Compte-tenu de l’hétérogénéité de demandes, on ne peut satisfaire tout le monde. D’où une demande pour un service « sur mesure », à la carte, une ré-ponse davantage personnalisée, adaptée à chaque projet et à sa spécificité.

Donc des outils utiles mais pas assez sollicités ou mis en avant, et diverse-ment appréciés quant à leur efficacité. C’est en tout cas la perception qu’en ont un certain nombre de professionnels, selon leurs projets et leurs besoins.

Ressort par ailleurs une frustration sur le manque d’informations et d’ana-lyses transversales sur les dispositions fiscales et sociales des différents pays, des cadres juridiques et des pratiques contractuelles et usages selon les territoires.L’intégration de Francophonie Diffusion, motivée par des rai-sons politiques et budgétaires, en interpelle plus d’un quant à sa pertinence, estimant que les deux services ne sont pas sur la même longueur d’ondes. « J’ai du mal à voir à quoi ça sert et quel est l’impact de leur travail. Ils envoient des playlists aux radios francophones qui ont besoin de contenus, et après ? Est-ce suffisant pour déclencher l’intérêt d’un territoire ? » s’interroge un producteur major.

LES ANTENNES À L’ÉTRANGER

L’importance des antennes du Bureau Export à l’étranger est souli-gnée par tous ceux qui travaillent avec l’organisme. C’est d’ailleurs le principe même du Bureau Export, tel que l’a mis en place feu Jean-François Michel, et ce que nombre de pays nous envient. D’où le souhait clairement et fortement exprimé de souhaiter leur dévelop-pement. Les uns préconisent l’ouverture de nouvelles antennes, les autres une extension du rayon d’action des antennes existantes, en leur donnant davantage de moyens.

EST NOTAMMENT POINTÉ « UN VRAI MANQUE AUX ETATS-UNIS. « C’EST ABSURDE, SUR UN MARCHÉ AUSSI GRAND ET AUSSI DUR À PÉNÉTRER DE N’AVOIR QUE 2 PERSONNES SUR PLACE, ET SEULEMENT À NEW YORK » ?

« ON POURRAIT AVOIR UNE AUTRE APPROCHE DU MARCHÉ NORD-AMÉRICAIN, UNE ALLIANCE USA / CANADA AVEC UN BUREAU EN CALIFORNIE POUR GÉRER TOUTE LA CÔTE OUEST DES DEUX TERRITOIRES ET UN BUREAU À MONTRÉAL POUR TOUTE LA CÔTÉ EST ».

D’AUTRES INSISTENT SUR LE MAINTIEN D’UNE PRÉSENCE SUR LES MARCHÉS IMPORTANTS MAIS AVEC UN REDÉPLOIEMENT.

« PAS FORCÉMENT PLUS D’ANTENNES MAIS MIEUX. AUJOURD’HUI IL FAUT RE-VOIR L’INVENTAIRE. IL Y A DES PAYS QUI N’ONT PLUS D’INTÉRÊT. LE JAPON, PAR EXEMPLE, EST NETTEMENT MOINS INTÉRESSANT QU’AVANT » (QUAND D’AUTRES REGRETTENT DES FERMETURES DE CERTAINS BUREAUX PAR LE PASSÉ). POUR CERTAINS, IL FAUDRAIT CEPENDANT UNE ANTENNE POUR COUVRIR L’ASIE (CHINE, HONG KONG, TAIWAN, CORÉE DU SUD…). CE SONT D’AILLEURS DES MARCHÉS EN PLEIN DÉVELOPPEMENT QUI SONT DE PLUS EN PLUS PRÉSENTS AU MIDEM.

LA PRÉSENCE DE L’ANTENNE AU BRÉSIL, OÙ BRUNO BOULAY FAIT UN TRAVAIL TRÈS

APPRÉCIÉ, N’EST PAS JUGÉE PRIORITAIRE POUR TOUS LES PROFESSIONNELS (ÉVI-

DEMMENT CEUX QUI N’ONT PAS D’INTÉRÊT NI D’OBJECTIF SUR CE TERRITOIRE).

CERTAINS PRÉFÈRERAIENT UNE ANTENNE AMÉRIQUE DU SUD COUVRANT TOUS LES

TERRITOIRES HISPANOPHONES, IMPLANTÉE EN ARGENTINE OU AU MEXIQUE.

« L’AVENIR, CE SONT LES PAYS ÉMERGENTS. L’AMÉRIQUE DU SUD EST TRAIN D’EX-

PLOSER, L’ARGENTINE EST TRÈS IMPORTANTE. LE JAPON, CE N’EST PAS L’ASIE. IL

FAUT DÉPLACER LE BUREX À HONG KONG ET AVOIR UNE STRATÉGIE SUR L’ASIE DU

SUD-EST. LE CANADA EST IMPORTANT, IL Y A UNE ÉNORME MISSION À FAIRE AU

QUÉBEC. ».

ONT ÉGALEMENT ÉTÉ ÉVOQUÉS : UNE CENTRALISATION POUR LES PAYS D’EUROPE

DE L’EST, UNE PRÉSENCE EN AUSTRALIE – NOUVELLE ZÉLANDE (OÙ EST INSTALLÉ

JEAN-FRANÇOIS PONTHIEUX / CARTELL MUSIC) AINSI QU’EN AFRIQUE, CONTINENT

LE PLUS DÉLAISSÉ À L’EXPORT OÙ UNIVERSAL MUSIC FRANCE VIENT POURTANT DE

S’IMPLANTER EN CRÉANT UNIVERSAL AFRICA, AVEC DES BUREAUX À DAKAR ET

ABIDJAN, UNE ÉQUIPE DÉDIÉE ET DES STUDIOS D’ENREGISTREMENT.

Les relations avec les antennes dépendent aussi pour beaucoup des per-

sonnes en place. Souvent cités lors les entretiens, pour leur efficacité : Bruno

Boulay au Brésil, Daniel Winkel en Allemagne, ou Patrice Hourbette quand il

était en poste (il a depuis monté Music LX, le bureau export du Luxembourg).

« Nous sommes dans un secteur qui marche surtout à l’humain. C’est sûr

que si on met des gens qui ne connaissent rien dans les antennes, c’est pro-

blématique » explique un représentant d’une major de la production, qui dit

avoir été beaucoup aidée par le bureau de Londres. Pour d’autres, « il faut

développer les bureaux, en appuyant sur le côté promoteurs locaux, et les

rendre plus solides, avec davantage de personnel, et élargir les territoires. Il

y a certains bureaux qui ne veulent rien dire ».

Un label indépendant confirme avoir été très satisfait d’avoir travaillé avec

le bureau allemand (« ils sont très bons, toutes les recommandations qu’ils

ont faites étaient pertinentes. Ils peuvent nous expliquer le marché (live,

single, albums de majors ou d’indépendants), quels sont les projets qui ont

fonctionné, la mentalité du pays par rapport aux projets, les festivals impor-

tants, comprendre comment fonctionne chaque territoire pour trouver les

clés d’entrée… Un manager se dit très content du bureau au Brésil et de

l’efficacité de Bruno Boulay (« en effet ça tient à des personnes »)

Pour une major de l’édition, « le système d’une personne dans un pays, qui

doit absorber tous les projets, c’est super, mais c’est quand même limité ».

D’autres sont plus circonspects. « Sur l’international, on ne travaille pas avec

le Burex, alors qu’on travaille très bien avec les bureaux export internatio-

naux, qu’ils soient nordiques, belges, suisses, hollandais, allemands, cata-

lans, autrichiens. On travaille très bien avec tout le monde, sur le Portugal,

la Slovaquie, la Chine, le Brésil... Quand le projet est monté, ils prennent en

charge la venue de l’artiste, on paye le cachet, ils payent le transport. L’inté-

rêt, ce n’est pas seulement qu’il y ait les artistes, mais qu’il y ait des pros. Ils

le comprennent très bien »

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« J’ai bien connu Jean-François Michel et lui ai présenté des gens qui voulaient monter leur Bureau Export dans leur pays. Je l’ai déjà dit : avant, la France avait dix ans d’avance sur l’export et aujourd’hui elle a dix ans de retard. Quand on voit ce que font aujourd’hui les pays nordiques, d’Europe de l’Est, etc., en termes d’aides financières également mais surtout de dynamisme, ils sont présents partout. Quand ils développent un territoire, ils y vont à fond. C’est ainsi que ça marche. Les résultats export des artistes belges, suisses, nordiques ou hollandais, ont explosé en dix ans. Chez nous, de plus en plus d’artistes français marchent aujourd’hui à l’export sans que ça passe par le Bureau Export. C’est positif parce que le Bureau Export n’est pas là pour tout faire. Je pense qu’aujourd’hui il devrait tout remettre à plat et se réinventer. Il y a des aspects où le Burex est totalement absent. Il s’est un peu endormi sur ses lauriers. ».

INSTITUT FRANÇAIS

Les professionnels interrogés en parlent moins, soit parce qu’ils iden-tifient moins le rôle que peut jouer l’organisme par rapport à leurs problématiques, soit parce qu’ils le perçoivent comme trop institu-tionnel.

« Les Instituts Français sont très utiles pour les premiers petits concerts des artistes qui veulent se faire connaître dans un pays. Ils démarrent souvent par l’Institut Français ou via les ambassades, et trouvent ensuite par ce biais, des tourneurs locaux ».

« On a beaucoup travaillé avec l’Institut Français sur des tournées à l’étran-ger. On est davantage sur des logiques culturelles mais c’est intéressant et cela peut générer du business ». « Nos artistes en ressortent enrichis, cela renforce la cohésion avec leurs musiciens, ravis d’avoir partagé quelque chose ».

« C’est un partenaire solide, présent dans tous les pays. Financièrement ce ne sont pas des moyens énormes mais ils sont les bienvenus », en mettant l’accent sur l’importance de réseau d’Instituts Français à travers le monde.

Certains s’interrogent là aussi sur la pertinence des aides, citant par exemple des artistes qui ont pu faire une tournée en Inde avec les Instituts Français, sans stratégie définie ni de travail en amont (en vue d’une sortie d’album sur le territoire ou de trouver un tourneur, agent ou promoteur local) et avec un impact très limité puisque jouant principalement devant la diaspora fran-çaise. Les artistes et musiciens sont ravis de leur séjour (certains – artistes ou professionnels y voient simplement du « tourisme culturel »…). D’où la question plusieurs fois exprimée : pour quelle utilité, alors que les aides pour-raient être utilisées pour d’autres projets avec un enjeu plus clair ?

Les uns considèrent que les Instituts Français et les Alliances Françaises sont là pour diffuser la culture française, que cette diffusion passe par la péren-nité et qu’une action ponctuelle, sans préparation ni suivi, n’a aucun sens (« Faire des concerts pour se faire des vacances, ça ne sert pas à grand-chose. Cela ne nous aidera pas, ni mon label, ni les artistes dans une perspective de revenir et de construire un développement sur le territoire… »).

Pour d’autres, l’enjeu est ailleurs : la musique française et les artistes fran-çais circulent, et c’est important de maintenir cette activité, qui maintient la diversité. Le secteur classique – qui se développe davantage sur l’institu-tionnel et l’approche culturelle – défend ce réseau. « Ce sont des partenaires importants, surtout dans des pays où il y a moins de structures stables » .

FINANCEMENTS EUROPÉENS

L’ensemble des professionnels interrogés avouent leur ignorance par rapport aux programmes de financements européens. Ils se disent « pas assez » ou « pas du tout » informés à ce sujet. Quelques-uns en ont entendu parler mais ne vont pas au-delà, préférant s’intéres-ser aux aides plus facilement captables, s’avouant dissuadés par les démarches administratives, la complexité du montage de dossiers et les contraintes qu’ils imaginent. Entre la bureaucratie bruxelloise et leurs préoccupations quotidienne, il y a un grand fossé que beaucoup, qui se définissent comme « artisans », ne veulent franchir. Mais c’est surtout un manque de temps et de ressources humaines qu’ils mettent en avant (« il faudrait que j’embauche une personne à plein temps pour monter les dossiers »). Là aussi, le frein est essentielle-ment administratif.

« Ceux qui sont déjà dans le moule institutionnel peuvent avoir les moyens pratiques et humains pour aller chercher ces financements. Nous, on voit ça de loin, on travaille presque au jour le jour. Et au niveau européen, c’est plus compliqué, ce sont des sommes beaucoup plus importantes, des réponses qui interviennent beaucoup plus tardivement, des paiements qui arrivent encore plus tard. Les temps européens sont longs et favorisent vraiment les struc-tures qui ont déjà les moyens » résume un responsable de festival.

Si certains en ont entendu parler, la quasi majorité des professionnels n’a pas le réflexe de s’intéresser à ces programmes bien dotés mais se dit cepen-dant ouverte à davantage d’information à ce sujet, renvoyant sur le CNV ou le Bureau Export la mission de décrypter l’accès à ces programmes, voire de gérer les dossiers.

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CRÉDIT D’IMPÔT

Les dépenses à l’export y sont éligibles mais elles ne doivent pas dépasser 25% des dépenses totales de production à l’année, ce qui pénalise les structures investissant fortement à l’export.

Un label qui fait du 360° défend l’idée d’un crédit d’impôt à l’export et au spectacle. « C’est pour moi une évidence. Nous somme de plus en plus à avoir notre société de spectacle… Pourquoi les producteurs de disques l’auraient et pas les producteurs de spectacles. On devrait se battre tous ensemble pour l’obtenir. C’est fondamental. Nous faisons travailler des musiciens français, des techniciens français, des équipes françaises »…

Un autre indépendant souligne que le crédit d’impôt a un effet vertueux, en ce qu’il a « vocation à créer de l’emploi et à créer de la valeur et de la taxe, donc un circuit qui s’alimente et qui a un impact positif à terme ».

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