yves roïg des pistes quand des cm2 l’éducation, culture

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Portrait Yves Roïg Le maître du jeu Formation Des pistes pour les sportifs Parolesd’élèves Quand des CM2 écrivent un conte africain Actualités L’éducation, un chemin vers l’amour Culture Culture religieuse / Histoire / Livres / Multimédia www.scolanet.org Enseignement catholique www.scolanet.org Numéro 309, décembre 2006, 4,50 ACTUALITÉS La paix, ça se construit

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Page 1: Yves Roïg Des pistes Quand des CM2 L’éducation, Culture

PortraitYves RoïgLe maître du jeu

FormationDes pistes

pour les sportifs

Paroles d’élèvesQuand des CM2écrivent un conteafricain

ActualitésL’éducation,

un chemin vers l’amour

CultureCulture religieuse /Histoire / Livres /

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Numéro 309, décembre 2006, 4,50 €ACTUALITÉS

La paix, ça se construit

309 couv DER 7/12/06 10:52 Page 1

Page 2: Yves Roïg Des pistes Quand des CM2 L’éducation, Culture

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N° 309, DÉCEMBRE 2006 Enseignement catholique actualités 3

sommaire

ÉDITORIALMessage reçu 5

ACTUALITÉSEnseignement catholique 6Éducation 14Religion 16Revues express/Agenda/BO 20Partenariats 35

PORTRAITYves Roïg : le maître du jeu 36Ce ludologue, rencontré à Figeac, voit le jeu commeun espace de liberté, de gratuité, qui donne des règlesen faisant la part belle au plaisir.

INITIATIVES Mieux vaut prévenir que guérir 38Le lycée professionnel Saint-Vincent-de-Paul, à Versail-les (Yvelines), organise des journées santé ludiques et pédagogiques traitant d’addictions, de sexualité ou denutrition.

Le lycée de l’énergie verte 40Au lycée professionnel du Pinier-Neuf, à Beaupréau (Maine-et-Loire), les élèves se forment aux métiers dedemain, en lien avec des professionnels qui misent sur lesénergies renouvelables.

FORMATION Des pistes pour les sportifs 42Les filières sportives offrent de nombreux débouchés.Deux instituts de formation de l’enseignement catho-lique, l’Ileps et l’Ifepsa, présentent le cursus qu’ils pro-posent après le bac.

PAROLES D’ÉLÈVESQuand des CM2 écrivent un conte africain 44Depuis la rentrée, l’Afrique s’invite chez les CM2 deSainte-Geneviève-du-Marais, à Paris. Tant et si bien qu’ilsont gagné un concours d’écriture lancé sur ce thème parl’association Intervida.

L’ÉCOLE EN EUROPEL’école catholique en Pologneet en République tchèque 46Suite de notre panorama de l’enseignement catholique enEurope centrale et orientale avec deux pays qui vivent dessituations contrastées.

Histoire 53Une cathédrale en couleurs. Grâce à une technique de colo-risation par des jeux de lumière, la cathédrale d’Amiensretrouve son lustre du Moyen Âge. Une étonnante paged’histoire à voir tous les soirs de cette fin d’année.

Livres 54Une sélection de quinze titres.

Multimédia 57CD, cédérom et télévision.

REPORTAGEParis-Auschwitz aller-retour 48Un Train de la Mémoire est parti de Paris, à la fin d’octo-bre, avec à son bord 450 élèves. Destination Auschwitzpour un voyage « sur une tombe de l’humanité ».

RÉFLEXIONFaut-il enseigner le français autrement ? 50Hélène Merlin-Kajman enseigne la littérature à l’uni-versité Paris-III à des étudiants qui, pour certains, ontchoisi de devenir enseignants. Concernée par les diffi-cultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur métier,elle s’interroge. Et n’hésite pas à remettre en cause lesoptions prises par une génération : la sienne !

CULTURECulture religieuse 52Trois religions racontées aux enfants. Trois films d’animationabordent la fondation des trois religions monothéistes.Ils offrent un soutien pédagogique aux 7-10 ans, pourla compréhension de leurs racines religieuses.

Le 10 novembre 1998, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité une résolutionproclamant la décennie 2001-2010 « Décennie internationale pour la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde ». Résolution qui invite tous les Étatsmembres à « prendre les mesures nécessaires pour que la pratique de la non-violence et de la paix soitenseignée à tous les niveaux de leurs sociétés respectives, y compris dans les établissements d’enseignement ».Exemples d’initiatives, réflexions et outils : notre dossier apporte sa pierre à la construction de la paix.

DOSSIER La paix, ça se construit 22

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Ce numéro comporte un supplément de 8 pages (foliotéesde I à VIII) « Le Journal des assises » ; un encart jeté« Communication de Mgr Aumonier » ; un encart jeté« Notre école a besoin de vous » ; un encart jeté « Religio ».

Au centre de ce numéroUn cahier de 8 pages qui reflète

la « journée des communautés éducatives »du vendredi 1er décembre 2006.

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Nom/ Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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N° 309, DÉCEMBRE 2006 Enseignement catholique actualités 5

Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICEC

n Directeur de la publication > Paul Malartre n Rédacteur en chef > Gilles du Retail n Rédacteur en chef adjoint > Sylvie Horguelin n Ont participéà la rédaction de ce numéro > Élisabeth du Closel, Emmanuelle Diaz, Yvon Garel, Véronique Glineur, Bruno Grelon, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Virginie Leray,Irène de Palaminy, Mathilde Raive, Aude Raux, Françoise Récamier, Pierre Robitaille, Marie Schlosser, Étienne Verhack n Édition > Dominique Wasmer, Marie-Françoise Comte(rédacteurs-graphistes), René Troin (secrétaire de rédaction) n Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane et Jean-Noël Ravolet (commandes)n Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 n E-mail >[email protected] n Abonnement > 45 €/an n Numéro de commission paritaire > 0707 G 79858 n Imprimeur > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

Éditorial

« En développantl'expression

et en favorisant l'écoute,nous ouvrons

des chemins de paix. »

A u moment où l'on cherche à comptabiliser les actes de violencedans les établissements scolaires, où l'on parle plus d’agressionsautour des stades que de football, où l’on montre des conflits etdes attentats qui détruisent, tuent et blessent, il peut paraître à

la fois nécessaire et décalé de consacrer un dossier à la construction de laPaix. Pourtant, quelle que soit l’influence de l'actualité, l'un des préalableséducatifs est « d'en rester aux mots plutôt que d'en venir aux mains1 ». « Chaque foisque l'on permet à un enfant, à un adolescent de mettre des mots, des couleurs, desnotes de musique sur ce qu'il ressent, on fait reculer la violence2. » En dévelop-pant l'expression et en favorisant l'écoute, nous ouvrons des chemins depaix.

C'est bien ce qu'ont signifié des milliers de communautés éducativesréunies le 1er décembre 2006, qui, par une parole et une écoutepartagées, se sont interrogées sur le regard révélé par les pratiquesquotidiennes. Regard des adultes sur les élèves, des élèves sur les adultes,mais aussi regard des élèves sur les autres élèves et des éducateurs sur lesautres éducateurs. En invitant à partager des messages entre établisse-ments, nous avons voulu manifester la volonté commune de l'enseigne-ment catholique français de lier « le regard bienveillant qui fait vivre etl'exigence qui fait grandir3 ». Cette exigence sera d'autant mieux comprisequ'on aura su se parler. Les messages déjà reçus nous confirment, eneffet, la forte demande d'échanges et de dialogue pour, s'il en est besoin,dédramatiser l'école.

Ces messages prennent toute leur signification en ce temps d'Avent. Ilssont approche du Message, celui de Noël, où la naissance de Jésus, par ceRegard nouveau, nous invite à construire la Paix dans un monde non pascondamné mais déjà sauvé.

À tous, bon Noël !

1. Alain Bentolila, Tout sur l'école, p. 22.2. Jean-Marie Petitclerc, « La violence et les jeunes », Semaines sociales 2002.3. Christiane Conturie, Enseigner avec bonheur, p. 115.

Paul MalartreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

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Message reçu

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6 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

actus/enseignement catholique

Missions à accomplirLors de leur assemblée plénière, qui s’est tenue à Lourdes du 4 au 9 novembre 2006,

les évêques ont réfléchi sur l’enseignement catholique. Ci-dessous, les premières conclusions du groupe de travail, transmises par Mgr Éric Aumonier aux directeurs diocésains

et aux chefs d’établissement de l’enseignement catholique en France, ainsi qu’un extrait du discours de clôture prononcé par le cardinal Jean-Pierre Ricard.

Réunis à Lourdes en assem-blée plénière, les évêquesont pris acte de la réflexionengagée par le groupe

de travail sur la mission actuelle del’enseignement catholique dans lasociété française et dans l’Église, etl’ont chargé de poursuivre cetteréflexion. Cette réflexion s’inscrit dans unedouble perspective : 1. Renouveler notre confiance àl’égard des directeurs diocésainset des chefs d’établissement pourla manière dont ils exercentleurs responsabilités au servicede l’éducation des enfants et desjeunes, en tenant compte desévolutions auxquelles l’ensei-gnement catholique est aujour-d’hui confronté et des questionsqu’il se pose pour son avenir. 2. Appeler aussi l’enseignementcatholique à manifester son ca-ractère spécifique de l’intérieurde lui-même, c’est-à-dire de l’in-térieur de sa responsabilité édu-cative, en associant à ce travailceux et celles qui participent àl’exercice de cette responsabilité

avec les directeurs diocésains etles chefs d’établissement : ensei-gnants et enseignantes, anima-teurs pastoraux, associations deparents, organismes de gestion. Cette réflexion se réfère à uneconviction primordiale : l’ensei-gnement catholique – commel’ensemble du système scolaireen France – est soumis à des lo-giques institutionnelles fortes,qui sont d’ordre administratif,juridique, financier, économiqueet politique. Ces logiques nepeuvent pas être ignorées, maiselles doivent être subordonnéesà une logique plus fondamenta-le : celle de l’engagement édu-catif chrétien dans l’enseigne-ment catholique en France,avec deux éléments essentiels : – l’accueil sans discriminationdes enfants et des jeunes dont les

parents souhaitent qu’ils soientformés dans des établissementscatholiques d’enseignement(écoles, collèges, lycées) ; – une relation réelle et structu-rante avec la foi chrétienne qui ainspiré la fondation de ces éta-blissements et qui demande au-jourd’hui à être proposée à fraisnouveaux, précisément sur leterrain spécifique de l’éducationdes enfants et des jeunes, surtouts’ils sont en quête de repèrespour vivre. Ce travail d’éducation et d’évan-gélisation appelle à des confron-tations et à des échanges qui au-ront à être organisés au niveaulocal, provincial et national, enconcertation étroite avec les or-ganismes responsables de l’en-seignement catholique, avec lestutelles congréganistes, en y as-

sociant nos services diocésains,spécialement ceux qui sont char-gés de la pastorale des jeunes, ettout particulièrement les aumô-neries de l’enseignement public. Le groupe s’engage à poursuivresa tâche, en espérant qu’il serapour tous une occasion de com-prendre tout ce que représente ettout ce qu’exige cet engagementéducatif chrétien dans notre so-ciété et dans notre Église : il s’agitde progresser ensemble dansune véritable reconnaissance del’enseignement catholique et desa mission aussi bien à l’intérieurde notre société qu’à l’intérieurde nos Églises locales.

+ ÉRIC AUMONIER ÉVÊQUE DE VERSAILLES,

PRÉSIDENT DU GROUPE DE

TRAVAIL SUR L’ENSEIGNEMENT

CATHOLIQUE.

À propos du « caractère propre »sLe « caractère propre » est pour beaucoup de parents et d’enseignants

source d’interrogation et de perplexité. Il désigne pourtant ce qui faitl’originalité et la particularité de l’enseignement catholique : d’une part, un projet éducatif inspiré par une conception de l’homme qui a sa sourcedans l’Évangile, et, d’autre part, une proposition explicite de la foi chrétienneet de la vie ecclésiale. Nous sommes tous d’accord sur les principes. Mais ilnous faut voir comment ce « caractère propre » est mis en œuvre trèsconcrètement sur le terrain. Cela implique un souffle, un esprit,l’engagement chrétien des responsables, une traduction institutionnelle dansles propositions pratiques faites aux enfants et aux jeunes. Cela ne se fait passans tension car nos établissements sont ouverts à tous les jeunes et sontsouvent des lieux d’une première évangélisation. Nous sommes conscients que les chefs d’établissement et leurs collaborateurs sont engagés dans un travail exaltant mais difficile. Ils l’accomplissent et le vivent comme une mission reçue de l’Église.Nous les assurons à nouveau de notre confiance et de notre soutien, notamment dans l’exercice de la responsabilité pastorale et missionnaire qui est prioritairement la leur. Mieux que quiconque, ils savent qu’on n’a jamais fini d’évangéliser ni de se laisser évangéliser. Nous avons besoin de la collaboration de tous – communauté éducative, familles, enfants et jeunes – pour continuer à réaliser le projet de l’enseignement catholique, avec sa vocation propre et aubénéfice de toute la société. + JEAN-PIERRE CARDINAL RICARD

ARCHEVÊQUE DE BORDEAUX, PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE

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N° 309, DÉCEMBRE 2006 Enseignement catholique actualités 7

Pédagogues de la rencontre

milieux de l’humanité, et, par son impact, de latransformer du dedans, de la rendre neuve. Ils’agit de créer pour la communauté scolaire, uneatmosphère animée d’un esprit de liberté et decharité, car il est important, pour le jeune, decomprendre ce qu’est aimer, et aimer en liberté.L’école devient ainsi un lieu d’humanisation ins-piré par la foi. ».

Reste à déterminer comment assumer, enclasse, cette mission d’évangélisation. PourClaude Berruer, adjoint du secrétaire généralde l’enseignement catholique, « il convient,dans cette pédagogie de la rencontre, de mettrel’accent sur la première annonce. Une annoncecomplétée par la connaissance des grandes tradi-tions religieuses, car il faut au jeune un mini-mum de culture chrétienne afin que cette annoncesoit audible. L’objectif étant d’articuler, chez lui,savoir scolaire et culture ». Un souhait d’ailleursformulé dans le rapport Debray3. Loin d’être une intervention ponctuelle, cetteformation structurée incombe donc à tout

Ne parlez de Jésusque si on vous ledemande, mais fai-tes en sorte qu’il y

ait matière à ce qu’on vousinterroge », disait saintFrançois de Sales. D’em-blée, le ton de la sessionde l’Addec1, qui s’ouvrepour trois jours, àLourdes, en ce jeudi16 novembre 2006, estdonné. Le préambule duStatut de l’enseignementcatholique définit cetteinstitution comme « unecommunauté chrétienneayant pour base un projetéducatif enraciné dans leChrist et son Évangile ». Ils’agit donc d’éduquer,mais « selon une conceptiondu monde inspirée par lafoi », précise Mgr Henri Brincard2. Cette orientation, en donnant à la pédagogieainsi proposée un caractère propre, marquesa différence avec l’enseignement public.

Repères spirituels« Spécifique, sans aucun doute, mais aucunementcloisonné », poursuit l’évêque du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Le respect de la libertéde conscience de chacun restant un élémentessentiel de cet enseignement. Un point repris par Paul Malartre, secrétaire généralde l’enseignement catholique, qui tient àpréciser qu’« école catholique » ne signifie pas « école de catholiques ; l’accueil de tous, en tant quevaleur chrétienne fondamentale, rend ainsi la mis-sion de l’Église inséparable du service public ». Mais quelle forme donner à cette spécificité,dans les établissements scolaires ? Et commenttransmettre ces valeurs à des jeunes souventen perte de repères spirituels ? Autant dethèmes abordés lors de cette session de l’Addec. « Tout comme le catholicisme est l’adhé-sion au Christ, et non une idéologie, il ne s’agitpas pour nous de faire du prosélytisme, expliqueMgr Brincard. Il est cependant impossible de renoncer à la liberté de proposer le message duChrist, de porter la Bonne Nouvelle dans tous les

membre de l’enseigne-ment catholique. ClaudeBerruer précise qu’il estnécessaire de « rendre lesenseignants compétents à laprise en compte du fait reli-gieux ». Un point d’autantplus important que cettepremière annonce n’estpas une finalité en elle-mê-me. « On n’attend pas l’as-sentiment préalable de ceuxà qui on va annoncer, maison espère que cette annonceva faire des émules. Carnotre responsabilité en Égli-se, c’est d’être semeurs », ex-plique-t-il. Une semainede formation théologiqueest d’ailleurs organisée de-puis trois ans par l’Ifcec4, àl’intention des futurs chefsd’établissement.

Mais qu’en est-il du recrutement des ensei-gnants ? Paul Malartre souligne qu’« enseignerdans le privé avec le minimum requis, c’est, biensûr, être compétent dans sa discipline et convaincuqu’on ne peut pas enseigner sans éduquer. Et quedans l’enseignement catholique, éduquer, c’est vou-loir vivre et célébrer un sens de la personne de l’élè-ve éclairé par l’Évangile ». Des conditions souvent difficiles à vérifier lorsdu recrutement, compte tenu de la diversitédes itinéraires personnels des candidats. L’élé-ment sur lequel il ne faut pas transiger reste,pour le secrétaire général de l’enseignementcatholique, « le fait qu’on puisse imposer un en-seignant à un chef d’établissement contre son avissi ce dernier a une raison décisive de refuser la per-sonne ».Un point d’autant plus important que« ce sont les enseignants et le chef d’établissementqui, au jour le jour, font l’enseignement catho-lique », a-t-il conclu.

EMMANUELLE DIAZ

1. Alliance des directeurs et directrices de l’enseignement chré-tien. Site internet : http://addec.free.fr2. Évêque du Puy-en-Velay et président de l’Addec.3. « L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque », février 2002. Ce rapport de 35 pages peut être téléchargé auformat PDF sur le site internet de la Documentation française,à l’adresse : www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/024000544/index.shtml4. Institut de formation des cadres de l’enseignement catholique.

Comment assumer en classe une mission

d’évangélisation ?

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Pause. Les membres de l’Addec sur les marches de Notre-Dame-de-Lourdes.

Du 16 au 18 novembre 2006, s’est tenue, à Lourdes, la session annuelle de l’Addec1. L’occasion, non seulement, de faire le bilan de l’année, mais aussi de rappeler que les bases mêmes

de l’enseignement catholique sont fondées sur le respect d’une certaine éthique.

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8 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

actus/enseignement catholique

Donner sens à la culture scolaire, ins-crire les apprentissages fondamen-taux dans la perspective d’un ap-prentissage tout au long de la vie,

élever le niveau général de connaissance :telles sont quelques-unes des finalités viséespar le socle commun de connaissances et decompétences dont le principe a été arrêté parla loi d’orientation et de programme pourl’avenir de l’école du 23 avril 20051 et dont lecontenu a été défini en annexe au décret du11 juillet 20062. La mise en place du socle commun et celledes programmes personnalisés de réussiteéducative3 (PPRE), sont de nature à transfor-mer l’école : c’est là une des convictions affir-mées lors de la dernière commission nationa-le de pédagogie (CNP) qui s’est tenue à Bor-deaux du 17 au 19 octobre 2006. L’une etl’autre touchent, en effet, ce qu’Yves Dutercq4

appelle « le cœur de l’école » : d’une part, lesprogrammes articulés autour des disciplinesacadémiques et soumis à des découpages im-muables, d’autre part, la forme scolaire quiconjugue enseignement de type transmissif,rapport maître-élève distancié et place mo-deste accordée à l’activité de l’élève. D’autre part, cette réforme impliquera despratiques d’évaluation renouvelées permet-tant de mesurer l’acquisition des compé-tences du socle pour chacun des élèves. En-fin, parce que le socle commun clarifie ce quechaque jeune doit effectivement maîtriser, ildonnera aux parents des points de repère et,en ce sens, il pourra aider à la constructiond’un contrat clair entre les familles et l’école. Reste la question importante des élèves qui,en dépit de la mise en place d’un PPRE, ne

maîtriseront pas, au terme de la scolarité obli-gatoire, le socle commun. C’est une des inter-rogations formulées par la commission na-tionale d’adaptation et d’intégration sco-laires (Cnais), qui a eu lieu à Paris du 13 au15 novembre dernier. D’autant que l’analysedu document de référence ne permet pas detrancher cette autre question : est-on devantun texte définissant un « socle commun » ouune « culture commune » ? On peut penserque la vision se clarifiera grâce à la mise enplace de groupes de travail par le ministèrede l’Éducation nationale. Ils ont pour mis-sion de repérer dans les programmes sco-laires les éléments constitutifs du socle pourchaque cycle et chaque année de la scolaritéobligatoire.

ConvergencesLes membres de la Cnais, rodés au nécessairetravail de collaboration dans le domaine quiest le leur, ont souligné l’importance du tra-vail d’équipe, de la collaboration active entreles enseignants de l’école et du collège, dudialogue avec les parents…, mais égalementde l’acquisition d’une vision systémique pourentrer pleinement dans la logique du soclecommun.

Les compétences s’articulent les unes auxautres pour faire un tout, sans pour autant né-gliger la spécificité de chacune d’entre elles : « Chacun des domaines constitutifs du socle com-mun contribue à l’insertion professionnelle, socialeet civique des élèves, pour sa maîtrise à l’issue de lascolarité obligatoire, il ne peut donc y avoir decompensation entre les compétences requises quicomposent un tout, à la manière des qualités del’homme ou des droits et des devoirs du citoyen5. »Il revient également à la Cnais de mettre enlumière les convergences entre la philosophie

du socle commun et celle de la loi Pour l’égali-té des droits et des chances, la citoyenneté et laparticipation des personnes handicapées du11 février 2005 qui stipule : « L'action poursui-vie vise à assurer l'accès de l'enfant, de l'adolescentou de l'adulte handicapé aux institutions ouvertes àl'ensemble de la population et son maintien dans uncadre ordinaire de scolarité, de travail et de vie.»

VÉRONIQUE GLINEUR, PIERRE ROBITAILLE

1. Cf. article 9 : « La scolarité obligatoire doit au moins garantirà chaque élève les moyens nécessaires à l'acquisition d'un soclecommun constitué d'un ensemble de connaissances et de com-pétences qu'il est indispensable de maîtriser pour accomplir avecsuccès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son ave-nir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. »2. Décret 2006-830 du 11 juillet 2006 ; BOEN 29 du 20 juillet2006.3. Cf. circulaire 2006-138 du 25 août 2006, BOEN 31 du 31 août2006.4. Université de Nantes.5. Annexe au décret 2006-830 du 11 juillet 2006, BOEN 29 du20 juillet 2006.

Commissions nationales : le socle en commun

Comment mettre en place le socle commun, et que proposer aux élèves qui ne sont pas parvenus à le maîtriser ? L’enseignement catholique y réfléchit

au sein de la CNP et de la Cnais, deux de ses commissions nationales.

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Trois éléments, sept compétencesChacune des sept compétences du socle estconçue comme la combinaison de troiséléments :ldes « connaissances fondamentales pournotre temps »,ldes « capacités à les mettre en œuvredans des situations variées »,ldes « attitudes indispensables tout aulong de la vie » (ouverture aux autres, goûtpour la recherche de la vérité, respect de soiet d’autrui, curiosité et créativité).Le socle commun s’organise, quant à lui, en sept compétences :lla maîtrise de la langue française,lla pratique d’une langue vivanteétrangère,lles compétences de base enmathématiques et la culture scientifique ettechnologique,lla maîtrise des techniques usuelles del’information et de la communication, lla culture humaniste,lles compétences sociales et civiques,ll’autonomie et l’initiative des élèves.

actus/enseignement catholique

Est-on devant un textedéfinissant

un « socle commun » ou une « culture commune » ?

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Pour sa huitième édition, leSalon de l’éducation a réuniprès de 2 000 exposants,Porte de Versailles, à Paris,

sur une surface de 7 hectares. Du16 au 19 novembre 2006, il aaccueilli plus de 500 000 visiteursdont plus de 300 000 jeunes. Lepari engagé par la Ligue de l’en-seignement, épaulée par « L’Étu-

diant », qui vise à favoriser l’ap-propriation civique et populairedes questions éducatives et à offrirdes informations propices àl’orientation a donc été tenu unenouvelle fois. C’est ainsi que l’Oni-sep1, fortement sollicité, a conduitplus de 10 000 entretiens enquatre jours. De même, lesconférences organiséespar « L’Étudiant » sur lesmétiers et les filières deformation ont connuun vif succès.Quant au standde l’enseignementcatholique, desuniversités catho-liques et des gran-des écoles duréseau de la Fesic2,il a permis, cetteannée encore, à denombreux visi-teurs de découvrirla diversité de leurspropositions de for-

mation. Les pôles de renseigne-ments sur les BTS3, les classespréparatoires, les métiers de lanature et du vivant, les forma-tions pour devenir enseignant,les cursus universitaires et lesécoles d’ingénieurs ont été par-ticulièrement fréquentés le same-di et le dimanche. Il convientégalement de saluer les chefsd’établissement, les enseignants,les étudiants du CFP 4 Emma-nuel-Mounier venus renseigner

avec une très grande dis-ponibilité et un enthou-siasme inépuisable lesvisiteurs du stand.

GDR

1. Office national d'informationsur les enseignements et les pro-fessions. Sur internet, à l’adresse :www.onisep.fr2. Fédération d’écoles supérieuresd’ingénieurs et de cadres. Sur internet : www.fesic.org3. Brevet de technicien supérieur.4. Centre de formation pédagogique.

Sur internet : www.cfpmounier.net

En brefDE L’INTÉGRATION À LA SCOLARISATION.Le 9 octobre dernier, la direction diocésainede Tours a réuni ses troupes pour réfléchirsur le thème « De l’intégration à lascolarisation ». En lien direct avec la loi defévrier 2005, cette journée avait pour butd’anticiper les nécessaires changementsd’attitude vis-à-vis des jeunes handicapés,des élèves en difficulté, et finalement, detous. 1 200 personnels d’enseignement etd’éducation ont été invités à « changer deregard », en vue de la journée nationaledes communautés éducatives du 1er décembre 2006.

NAISSANCE D’UNE ASSOCIATION.L’Union nationale des instituts de formationcongréganistes (Unifoc) a été créée le 22 novembre dernier. Cette association veut rassembler les centres, instituts ouassociations de formation (initiale et/oucontinue) sous tutelle congréganiste.Quinze d’entre eux, missionnés parl’enseignement catholique, ont déjà adhéréà l’Unifoc. Son objectif ? Une meilleurereconnaissance institutionnelle et unéchange de pratiques. Contacts : Marie-Thérèse Michel (présidentede l’Unifoc), Centre d’études pédagogiques,14 rue d’Assas, 75006 Paris (tél. : 01 53 63 80 90)ou Philippe Mayté (secrétaire de l’Unifoc),Centre Angèle-Merici, 42 avenue del’Interne-Jacques-Loëb, 64115 BayonneCedex (tél. : 05 59 31 01 54. E-mail :[email protected])

UN NOUVEAU CENTRE À LYON.L’université catholique de Lyon a inauguré,le 24 novembre dernier, son centre d’étudesdes cultures et des religions (CECR). Il s’agitd’un lieu de réflexion et de productiond’outils pour les acteurs de terrainconfrontés à l’interculturel et àl’interreligieux. Trois pôles de réflexion ontété mis en place : entreprises, santé,collectivités publiques. Un pôleenseignement est en cours d’élaboration. Le CECR anime aussi deux laboratoires derecherche : « Islam et modernité » et « Juifs et chrétiens face à l’histoire ».Adresse : CECR, Michel Younès, 25 rue du Plat,69288 Lyon Cedex 02. Tél. : 04 72 32 51 31.E-mail : [email protected]

RECONSTRUCTION AU RWANDA.L’ensemble du réseau lasallien français estmobilisé pour financer la reconstruction du centre de formation rurale de Kisaro.Situé dans les collines du nord du Rwanda,ce centre a été détruit entièrement par la guerre interethnique de 1994. Il sera,comme avant la guerre, animé par les Frères.En initiant une cinquantaine d’agriculteursaux nouvelles méthodes de culture et de commercialisation, ce centre apportera sa contribution à l’autonomie du pays.

Salon de l’éducation 2006 : un bon cru

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N° 309, DÉCEMBRE 2006 Enseignement catholique actualités 9

Démonstration. Sur le stand de l’enseignementcatholique.

BON DE COMMANDE CALENDRIER DE LA RÉUSSITE / tarif réduitL’exemplaire : 4 € ; 3,50 € à partir de 5 exemplaires ; 3 € à partir de 10 exemplaires.Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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actus/enseignement catholique

la planète. « Dans la tradition orthodoxe, explique Jean-ClaudeGurnade, diacre de l’Église or-thodoxe de France, la nature n’estpas Dieu, mais Dieu est en toutechose. La Création est donc sacrée.L’homme doit la protéger. »Un souci de protection que l’onretrouve également chez les pro-testants. L’être humain n’est pas,contrairement au point de vuecatholique, propriétaire maisserviteur, avec pour tâche demettre les espèces en valeur. « C’est sans doute la raison pour laquelle l’écologie est tout d’abordapparue dans des pays protestants, telsque l’Allemagne, souligne OlivierPijeaud, pasteur de L’Église réformée de France. Ce qui ne si-gnifie pas que la nature soit divini-sée, car elle ne permet pas d’accéderà la foi ni ne donne d’indicationséthiques. Pour nous, il n’y a pas deloi naturelle. » En affirmant la su-

prématie de l’homme dans laCréation, la religion lui imposecertains devoirs. Mais il arriveque les bases mêmes de sa supé-riorité soient remises en cause,les critères extérieurs de l’hu-main s’estompant.

Du reculGuy Vidal, directeur de l’Institutde formation professionnelle(IFP)-Carfec, a conclu, au termede ces journées : « L’objectif est defaire de cette rencontre un moment deformation pour les participants afinqu’ils puissent confronter les grandesthéories religieuses à la société actuelle,prendre du recul et développer leur es-prit critique. Des atouts qui pourrontleur servir dans leur enseignement. »

EMMANUELLE DIAZ

1. Adresse : Carfec, Centre Cluny, 54 boulevardGodard, 33000 Bordeaux. Tél. : 05 56 69 76 33.

La 7e édition du colloque « Culture et religions » organisé par le Centre d'animation de recherche et de formation de l'enseignement catholique1 d’Aquitaine s’est déroulée à Bordeaux du 20 au 24 novembre 2006. Le thème choisi, « Nature et religions », a permis aux participants de confronter les grandes théories religieuses à la société actuelle.

Un moment de formation. Les participants trouvent dans les conférences et les ateliers des idéesqui pourront leur servir dans leur enseignement.

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La nature et les religions

L’Ispra vient de naître

sCréé par l’ensemble desacteurs de l’enseignement

catholique en Aquitaine, L’Insti-tut supérieur de pédagogie etreligions en Aquitaine (Ispra)vient de voir le jour. « Il s’agit dedévelopper de façon profane laformation et la recherche dansl’étude des religions », expliqueFrançoise Ladouès*. S’adressantaux étudiants et à tous les édu-cateurs et enseignants – y com-pris du public – qui s’intéressentau fait religieux, il vise à la miseen place de groupes de re-cherches, et de formations, dontcertaines, universitaires. Desconventions doivent prochaine-ment être signées, en vue d’unéchange de moyens et de for-mateurs, avec l’Institut catho-lique de Toulouse et L’InstitutPey-Berland de Bordeaux. Com-plémentaire de ce dernier, depar son approche non confes-sionnelle du fait religieux, l’Isprava devenir le deuxième organis-me de ce type sur le territoire**.L’Ispra est d’ailleurs chargé d’or-ganiser l’an prochain le colloque« Culture et religions ». ED

* Coordinatrice du colloque et formatri-ce spécialisée dans le fait religieux à la direction diocésaine de l’enseignementcatholique et au centre de formation pé-dagogique de Bordeaux.** Le seul qui existait jusqu’à présent étaitl’Institut de formation pour l'étude et l'en-seignement des religions (Ifer), basé à Dijon.

Appréhender le thème dela nature au travers desdifférentes religions, c’estaborder la question de

l’origine du monde et la place del’homme en son sein. Un sujet depolémique, chaque courant reli-gieux en donnant une interpré-tation qui lui est propre. Présentédans la Bible comme l’œuvre deDieu, au même titre que tout l’uni-vers, l’homme se distingue pour-tant du reste de la Création. Letexte de la Genèse le décrit com-me la seule créature dotée de« conscience », dans la mesure oùil peut nommer les animaux et êtreen dialogue conflictuel avec Dieu.

Dès lors, se pose la question desrapports que l’homme entre-tient avec son environnement.Doit-il regarder la nature com-me émanation de Dieu ? End’autres termes, existe-t-il uneloi naturelle permettant d’accé-der au Créateur ? Et en est-ilpropriétaire ou seulement legestionnaire ? Autant d’interro-gations qui posent le problèmede la prétendue supériorité del’homme et de ses rapports avec

En affirmant la suprématie de l’homme

dans la Création, la religion lui impose

certains devoirs.

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ECA continue sur internetDes compléments aux dossiers et aux rubriques,

l’index des personnes et des sites internet cités dans chaque numéro. Rendez-vous sur www.scolanet.org, cliquez sur l’ECA du mois, puis sur ECA +.

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Cent quatre-vingts participants – éducateurs etdirecteurs de centres scolaires, animateurs enpastorale – venus du monde entier se sontretrouvés à Rome, du 23 octobre au 4 novembre2006. Pourquoi ?

Frère Jean-Paul Aleth : Cette première assembléeinternationale de la mission éducative a été déci-dée en 2000,lors du cha-pitre généralde la congré-gation des Frè-res. L’objectifétait de tenircompte de laparticipationcroissante deslaïcs à notremission éduca-tive et de leurdonner la pa-role. À Rome,les laïcs étaientmajoritaires1.Ils sont venusavec les rap-ports élaborésau cours des16 assemblées préparatoires « régionales » qui sesont tenues dans le monde en 2005 et 2006. Àpartir de là, nous avons, ensemble, cherché à dis-cerner les priorités pour l’éducation lasallienneen Amérique latine, en Asie, en Afrique, en Amé-rique du Nord et en Europe.

Lesquelles avez-vous dégagées ?

Frère J.-P. A. : Continuer l’effort d’accompagne-ment et de formation de nos partenaires laïcspour mieux connaître et incarner les intuitionspédagogiques et spirituelles de notre fondateur ;partager de plus en plus mission éducative, priè-re et parfois vie communautaire entre frères

et laïcs, comme cela se développe un peu partout dans le monde, notamment en France(à Paris Lorient, Nîmes, Roubaix, Toulouse,Lyon, Reims…) ; assurer le service éducatif des plus pauvres et la promotion de la justice en essayant de trouver des réponses nouvelles2

à l’éclatement des familles visible sur tous les continents, à l’extension de la drogue et du

sida ; assurer le dialogue interreligieuxet l’annoncede la foi àtravers l’ac-cueil, dans le respect et le dialogue,comme le veutnotre missionfondatrice.

Prochainrendez-vousdans sept ans ?

Frère J.-P. A. :Oui, cette as-semblée de-

vrait se renouveler dans sept ans. Les choses bou-gent au rythme de la vie d’aujourd’hui, les délaisse raccourcissent, il faut ajuster les réponses édu-catives en pensant les choses ensemble, laïcs et frères. Comme le disait le frère Álvaro Rodriguez Echevarria en conclusion de notre as-semblée : « Notre mission est de découvrir qu’aujour-d’hui les pauvres sont nos maîtres et que demain ils seront nos juges. »

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Deux tiers de laïcs et un tiers de frères.2. Création de petites structures scolaires dans des camps de réfu-giés au Soudan, scolarisation des enfants des rues au Vietnam, auRwanda, en Côte-d’Ivoire…

Mission éducative lasallienne : les laïcs de plus en plus nombreux

Une idée, une actionCONSTRUIRE UNE ÉCOLE AU BURKINA FASO !

Imaginez Sapong,en pleine brousse,

à 80 kilomètres deOuagadougou, lacapitale du BurkinaFaso, et à la mêmedistance du Ghana,pays voisin où les

Sœurs de l’Instruction chrétienne sont aussiimplantées. Des enfants, partout. Une nouvelleparoisse y est née en mai 2005. Et c’est danscette église que les Sœurs ont entendu desparents leur demander de s’occuper de leurspetits. Ils savent que l’instruction est le levier du développement. Ils y croient. Les écolespubliques ne sont pas assez nombreuses, même si elles comptent les anciennes écolescongréganistes reprises par l’État de Haute-Volta au moment de son indépendance1.Touchées, les Sœurs qui avaient plutôt le projetde créer un nouvel établissement en ville, ont décidé de répondre à cet appel. Pour le moment, rien n’existe, hormis l’actuel centrede santé qui aide les femmes à lutter contre la malnutrition. Et quelques tables et chaises,utilisées il y a quatre ans pour une petite halte-garderie. Elles serviront pour l’école maternelle.Car c’est une école à la fois maternelle etprimaire qui devrait voir le jour en septembre2008. Cinquante enfants en maternelle, unequarantaine au CP1, qui compte deux ans, car il faut, la première année, s’initier au françaisqui reste la langue nationale, au milieu de plusde 70 langues locales. La direction et une partiedes enseignements seront assurées par dessœurs burkinabées formées par les religieusesenseignantes venues de l’Ouest en 1958, maisqui ont renoncé à enseigner au moment de l’indépendance. Il faudra aussi faire appel à des enseignants du public, qui accepterontd’être moins payés que dans les écoles d’État,constate sur place sœur Madeleine Mellerin : « Les besoins sont les mêmes qu’en France il y acent ans ! » Les parents mettront, aussi, la mainà la pâte si besoin est. Il va falloir effectuer unforage et installer une pompe manuelle pourassurer assez d’eau à l’école maternelle. Fautede participation étatique, comme en France, il faut demander de l’argent aux familles pourpayer les enseignants. Des scolarités d’environ30 à 40 euros annuels seront nécessaires. Reste, d’abord, à ériger les murs. SœurMadeleine est optimiste : « Ici, on n’attend pasd’avoir pour avancer. On y va, et on verra bience qui viendra ! »Bonnes volontés, ne pas s’abstenir ! Et pourquoine pas envisager un parrainage avec une ou desécoles françaises ? MCJ

uLes dons sont possibles par virement CCP Sœurs de SaintGildas Afrique de l’Ouest, 99 81 37 R Nantes (préciser :

« École nouvelle »). Un reçu sera envoyé pour déduction d’impôts. On peut ausssi écrire à Sœur Madeleine Mellerin, BP 34, Koudougou, Burkina Faso.

1. Proclamée le 5 août 1960. Le pays sera officiellement rebaptisé Burkina Faso le 4 août 1984.

Les Frères des écoles chrétiennes, fondés en France au XVIIe siècle par saint Jean-Baptiste de La Salle, sont implantés sur les cinq continents. C’est « une grandefamille internationale qui évoque davantage la Pentecôte que la tour de Babel », explique

en souriant le frère Jean-Paul Aleth, visiteur adjoint. Il nous explique pourquoi s’est tenue, à Rome, la première assemblée internationale de la mission éducative.

Délégation française. Au premier plan (2e en partant de la gauche), frère Nicolas Capelle, Provin-cial du district de France ; au deuxième plan (3e en partant de la droite), frère Jean-Paul Aleth.

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ERRATUMAncien directeur diocésain de Rodez et Cahors, et nouveau directeur diocésain de Carcassonne et dePerpignan-Elne, M. Gainche se prénomme Yannick (et non Yves, comme on pouvait le lire en page 7 denotre numéro 307).

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actus/enseignement catholique

L’apprentissage, ça s’apprend ! Nicolas Vanier, parrain de « Terre d’enjeux »

une ou deux personnes, la collabora-tion continue de fonctionner. Avecdes jeunes qui n’ont parfois aucunereprésentation concrète du monde dutravail, on pose des objectifs réali-sables », a souligné Denis Lalande.Optimisme, aussi, du côté de la télé-phonie mobile, représentée parGeoffroy Roux de Bézieux, prési-dent de Virgin Mobile France et deCroissance Mobile, comme deBouygues Construction ou duClub Méditerranée dont MichelPerchet, ancien directeur des res-sources humaines, a dit : « Les jeuness’engagent si on trouve le moyen de lesmotiver ! » MCJ

1. Les actes du colloque sont en ligne surwww.fda-evenements.com2. Voir aussi ECA 307, dossier « S’ouvrir à l’ap-prentissage » (pp. 22 à 33).3. Chargé par Jean-Louis Borloo, ministre del'Emploi, de la Cohésion Sociale et du Loge-ment, d’une mission visant à développer l’ap-prentissage dans les grandes entreprises.

Au moment où les prises deparole sont nombreusessur la nécessité d’ap-prendre et d’agir pour le

respect de la planète et la pré-servation de l’environnement, l’Ugsel1 appelle toutes les com-munautés éducatives à se mobili-ser autour de son projet « Terred’enjeux ». Comment entretenirnos espaces alors que la planètecroule sous les déchets ? Commentrespirer à pleins poumons alorsqu’elle est suffoquée par la pollu-tion ? Comment préserver la qua-lité de l’eau alors que la terre sedessèche ?… Ces questions ne peu-vent rester sans réponse. L’écoledoit inviter les jeunes à porter denouveaux regards en s’appropriantles valeurs de respect, de respon-sabilité, de solidarité et de partage. Nicolas Vanier2 a accepté d’êtrele parrain de cette opération quis’inscrit dans la continuité desassises et dans la durée. Il seraun témoin particulièrement élo-quent de l’harmonie possibleentre l’homme et l’univers. À pré-sent, ce projet entre dans unephase de préparation active avecla constitution de groupes depilotage dans tous les diocèses etleur démultiplication au traversde la création d’équipes locales.Les correspondants départemen-taux qui se sont retrouvés le24 novembre 2006 ont ainsi une

Le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) a appris avec une profonde tris-tesse le décès de Philippe Farine. Cet homme visionnaire, qui fut son premier secrétaire général (1961-1968) et premier président laïc (1968-1977), a porté les intuitions fondatrices du CCFD. Comme il ledisait dans l’un de ses nombreux témoignages : « L’histoire du CCFD est celle d’une Église indissocia-

blement liée à l’histoire du genre humain, à ses souffrances, à ses luttes et à ses espoirs. » Sous l’impulsion de Vati-can II, de l’encyclique Populorum Progressio, en lien avec le père Lebret et les mouvements et services d’Église,Philippe Farine a contribué à créer une nouvelle relation avec les populations des pays du Sud, passantd’une assistance caritative à une véritable démarche de solidarité et de partenariat. Une démarche novatri-ce à l’époque, aujourd’hui largement partagée par de nombreux acteurs de la solidarité internationale.Après ce décès, le CCFD a la douleur d’annoncer la disparition de Xavier Lamblin qui présida l’association de 2000 à 2005. Il nous a quittés le 23 novembre 2006, emporté par une maladie fou-droyante. Sa foi chevillée au corps, son expérience au Tchad, à la Jeunesse agricole chrétienne (Jac), ausein du mouvement Chrétiens en monde rural (CMR) et à la Fédération internationale des mouve-ments adultes ruraux catholiques (Fimarc), son esprit d’analyse, son écoute, sa gentillesse, sa force, ontporté le CCFD durant tout son mandat de président. GDR

feuille de route pré-cise pour faire vivre cette démarche. Ils seront aidés prochainementpar plusieurs outils : blogs, lettresde diffusion, dossiers pédago-giques, journées de formation,cahiers de l’environnement poursuivre les projets menés locale-ment… GDR

1. Union générale sportive de l’enseignementlibre.2. Avec son attelage de chiens de traîneau, Nicolas Vanier vient de parcourir 8 000 km entraversant la Sibérie du lac Baïkal jusqu’à Moscou. Vous pouvez le retrouver sur son site : www.nicolasvanier.com

C’est au Conseil économiqueet social, à Paris, que la Fon-dation des Orphelins Ap-prentis d’Auteuil a organi-

sé un débat1, le 13 novembre der-nier, pour renforcer l’attention desentreprises sur la nécessité d’em-ployer les jeunes qu’elle remet enselle. Deux tables rondes ont réuni despédagogues de la Fondation d’Au-teuil et des acteurs du monde éco-nomique. Un bilan de la situationde l’apprentissage en France a étésuivi de propositions pour l’amélio-rer2. « Quand je vais voir nos parte-naires en leur proposant l’apprentissage,c’est comme si je leur parlais d’intégrationde handicapés ! » s’est exclamée unereprésentante de la Fondation Kro-nenbourg. Nous sommes, en effet,loin en France, avec nos 380 000 ap-prentis en 2005, de la situation denos voisins allemands qui en comp-tent près d’un million et demi. UnAllemand, justement, Dieter Latta,responsable de la formation profes-sionnelle chez BASF, a raconté, augrand étonnement de la salle, soninvestissement dans l’encadrementet l’orientation de plus de centjeunes par an. Néanmoins, la France avance ! Lecoup de pouce donné par le gou-vernement à ce qui devrait être,selon Henri Lachmann3, prési-dent du conseil de surveillance deSchneider Electric, « une formationet non un mode de recrutement », au-rait abouti à la « conversion »d’environ 1 200 grosses et trèsgrosses entreprises enfin déci-dées à intégrer des apprentis. D’autre part, les exemples de « ren-contres » entre employeurs et for-mateurs, comme celle qui a eu lieu ily a deux ans entre Denis Lalande,responsable des ressources hu-maines chez Sherpas (société de res-tauration collective, membre dugroupe Score), et Pierre Santini, di-recteur adjoint d’une unité de for-mation par apprentissage de laFondation d’Auteuil, donnent bonespoir. Quand l’un a du mal à recruter, et l’autre des difficultés àdessiner un avenir dynamique àdes jeunes blessés, la confiance s’ins-talle : « Même en cas de souci avec

Le CCFD en deuil

Envie de métier. Deux apprentis fleuristes du lycéeagricole Saint-Jean de Sannois (Val-d’Oise).

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u Contact Ugsel : Philippe Brault. Tél. : 01 44 41 48 50. Fax : 01 43 29 96 88.

Internet : www.ugsel.org

Savoir +

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c’est bien notre amour. Votreamour, chers amis…Et cette petite fille, prématuréeelle aussi, qui a subi une inter-vention chirurgicale à cœur ou-vert, elle n’est pas abandonnée.

C’est une petite Bédouine dontla famille vit en plein désert sousla tente. Je ne pouvais la rendreà ses parents avec un poids infé-rieur à 2 kg… Elle est gardée à laCrèche en attendant que sa san-té lui permette de rentrer chezelle en toute sécurité. Tout ce travail, nous n’aurionsjamais pu le faire sans vos dons.Il nous a fallu d’urgence chan-ger le faux plafond des cham-bres de l’internat. Paraît-il quede la matière émanait une finepoussière dangereuse, cancéri-gène, grave pour les enfants. Ilnous reste la petite école et lagrande salle, peut-être pourl’année prochaine ? Joyeux Noël à vous tous, chersAmis de la Crèche. Merci pourles écoles qui nous ont aidés (envendant des bougies, en organi-sant des courses d’élèves spon-sorisées…). Nous avons plusque jamais besoin de vos dons,si modestes soient-ils. Nousvous assurons de notre prière,et confions toutes vos intentionsau Seigneur.

Votre toute reconnaissante,SŒUR SOPHIE BOUÉRI,

Fille de la Charité.

« Nul ne peut atteindrel’aube, sans passer par lechemin de la nuit. » SœurSophie Bouéri aime à citerKhalil Gibran pour mettredes mots sur ce qu’elle vità Bethléem. Cettereligieuse libanaiseaccueille dans sa Crècheune cinquantaine d’enfantsabandonnés, auxquels se joignent 70 externesqui fréquentent sa petiteécole. Dans une situationde précarité absolue, elleprend soin d’eux, avec uncourage admirable. Voicile message qu’elle adresseaux écoles catholiques encette veille de Noël :

Nous approchons de lafête de Noël ! Et nous,où en sommes-nous àBethléem ? La situation

se dégrade considérablement. Letravail n’est plus un droit maisun privilège ! L’argent manquecruellement dans les familles,nous le constatons tous les joursdans notre structure éducativeet médicalisée. Le fait que lesfonctionnaires ne soient pas payésaccentue les tensions entre leshabitants. Dans ce contexte, laCrèche s’avère plus nécessaireque jamais. Accueillir un nou-veau-né, coupé de toute attachehumaine, c’est bien l’aube quichasse l’obscurité de la nuit, etnous voilà, éveillés à l’amour, àla tolérance, à l’espoir, à une vieplus belle encore !Regardez ce petit prématuréabandonné, il est en soins inten-sifs. Ce qui lui donnera le tonus,

Un message de Bethléem…Un début d’année inhabituel

7h 55, lundi matin. Lacloche sonne, lesélèves se rangent de-

vant leur classe et atten-dent, plus ou moins pa-tiemment, que le profes-seur leur demande derentrer. Les plus jeunessont assez dociles, maisles élèves de 3e ont par-fois du mal à former deuxrangées relativementdroites ! Nous sommes ici dans lecollège de brousse deToussiana, à l’ouest duBurkina. Et pour nous, larentrée est un peu diffé-rente de celle des ensei-gnants français. Premier objectif : parvenir à distinguer la cinquantaine d’élèvesde chaque classe… Nous avons l’impression qu’ils se ressem-blent tous ! Avec un défi supplémentaire : les listes de classe nesont pas encore imprimées. Souvent quelques élèves quittentle collège la première semaine et sont remplacés par d’autres,le frère directeur préfère donc attendre d’avoir les listes défini-tives pour ne pas gaspiller de feuilles de papier. Pour Matthieu, première responsabilité en tant que « titulaire »,c'est-à-dire professeur principal : la distribution des livres. Avant tout : indiquer l’état sur la petite fiche collée en premiè-re page. On découvre alors le nom des élèves qui ont travailléavec ce livre. Quelle surprise ! Nous pouvons lire une quinzainede noms, parfois 20 à 25…, ce qui nous renvoie au début desannées 80, alors que nous n’étions pas encore nés ! Ensuite, répartir ces livres dans la classe, un pour deux environdans chaque matière. Comme la majorité des élèves est inter-ne, cela ne pose pas de difficultés.Le vrai problème au collège, en ce début d’année, c’est le pa-ludisme. Dans chaque classe, il manque tous les jours trois ouquatre élèves, restés à l’infirmerie pour se faire soigner. Et il n’estpas rare de voir l’un ou l’autre, pendant le cours, s’écrouler defatigue sur sa table, sur l’épaule du voisin… ou sortir pour allervomir dans la cour ! La fin de la saison des pluies marque, paraît-il, le pic de cettemaladie, en raison du nombre important de moustiques qui pro-fitent de l’humidité ambiante. Le plus souvent, un traitementde trois à quatre jours suffit à remettre les enfants sur pied, maisil faut de temps en temps aller jusqu’à Bobo, la grande ville à80 kilomètres, pour les conduire à l’hôpital, ce qui donne beau-coup de travail aux frères de la communauté. Et dire que la sœurqui tient l’infirmerie du collège est partie une semaine à Oua-gadougou pour une réunion d’infirmières des écoles… Les frè-res n’ont pas vraiment compris l’opportunité de convoquer unetelle réunion à cette période !

NADÈGE DEMANGE

D.R

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Lettre duBurkina

u Pour aider la Crèche, contactez l’asso-ciation : « Les Amis de la Crèche de

Bethléem » c/o Arlette Lofficier, 17 boulevard desFilles-du-Calvaire, 75003 Paris. Tél. : 01 55 43 23 00. Internet : www.creche-bethleem.org

Savoir +

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14 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

actus/éducation

En aval, après l’année de forma-tion, il recommande d’élargir laformation professionnelle initialesur trois années : la deuxième an-née d’IUFM et les deux pre-mières années d’exercice du mé-tier. Pour que cette entrée pro-gressive dans le métier des jeunesenseignants soit effective, le HCEconseille que « la première affecta-tion [soit] encadrée et [que] toutprofesseur débutant [bénéficie]d’un accompagnement pendantdeux ans ». Pour ce faire, les nou-

veaux professeurs seront affectés,à l’issue de leur deuxième annéed’IUFM, dans leur académie deformation et « à des postes sélec-tionnés au préalable en fonction desformateurs de terrain ».Par ailleurs, ces deux premièresannées comprendront des stagesobligatoires relatifs à la « connais-sance du système éducatif », à la « découverte des partenaires del’école », ou encore à la « prise encharge du handicap ».La formation en IUFM doit enfinêtre fondée sur l’alternance : « Des savoirs déconnectés de la pra-tique sont inutiles pour la forma-tion, et, symétriquement, les situa-tions rencontrées sur le terrain nesont pleinement formatrices que sielles sont analysées à l’aide d’outilsconceptuels », rappelle le HCE.Les stages devront en conséquen-ce « être préparés, accompagnés, ex-ploités par des formateurs de terrainassociés à des formateurs d’IUFMet d’université ». Quant à la forma-tion théorique, elle devra « être enprise sur la réalité scolaire ». VG

1. Document disponible sur internet :www.hce.education.fr /gallery_files /site/19/33.pdf2. Institut universitaire de formation des maîtres.

Le 31 octobre 2006, le HautConseil de l’Éducation(HCE) remettait à Gilles deRobien, ministre de l’Édu-

cation nationale, de l’Enseigne-ment supérieur et de la Recherche,ses recommandations sur la défi-nition du cahier des charges de laformation des enseignants1.« De bonnes connaissances discipli-naires ne suffisent pas à faire unbon enseignant », affirme le HCEqui propose, en conséquence, de« raisonner […] en termes de com-pétences professionnelles des ensei-gnants ». Des compétences qu’ildéfinit comme « une combinaisonde connaissances, de capacités àmettre en œuvre ces connaissances,et d’attitudes […] ». « Prendre encompte la diversité des élèves », « gé-rer la classe », « travailler en équipeet coopérer avec tous les partenairesde l’école » figurent au nombredes dix compétences que « toutétudiant stagiaire devra maîtriser[sans exception et sans compen-sation entre elles] à la fin de sa for-mation initiale pour être titularisé ».Pour le HCE, « la préparation aumétier doit commencer avant et sepoursuivre après la formation endeuxième année d’IUFM 2». Aussi

le cahier des charges dessine-t-ilun parcours continu de forma-tion professionnelle. Pour ce quiest de l’anticipation de la forma-tion professionnelle en amont duconcours de recrutement, leHCE préconise la mise en placede licences pluridisciplinaires ouencore de stages d’observation,de telle sorte que « l’étudiant quienvisage de devenir enseignant [re-découvre] l’école dans sa diversité,depuis une autre place que celled’élève, la seule qu’il ait connue ».

Sur le terrain de la formation des maîtres

Dans la foulée de la crise des banlieues de l’automne 2005, leParlement adoptait la loi relative à l’égalité des chances. Aunombre des « mesures phares » contenues dans ce texte, lecontrat de responsabilité parentale1.

Présenté comme un « dispositif novateur d’accompagnement social »,le contrat de responsabilité parentale vise, soulignait Laurent Hénart2, à « apporter une solution équilibrée au problème de la “démission” des parents ». Concrètement, c’est le président du conseil général qui propose – desa propre initiative ou sur saisine de l’inspecteur d’académie, duchef d’établissement ou du maire – ce contrat aux parents « en casd’absentéisme scolaire […], de trouble porté au fonctionnement d’un établis-sement scolaire ou de toute autre difficulté liée à une carence de l’autoritéparentale ».Conclu pour une durée de six mois3, ce contrat rappelle aux parentsleurs droits et obligations. Il comporte les « engagements des parents […]pour remédier aux difficultés […] » rencontrées ainsi que les « mesuresd’aide et d’action sociales relevant du conseil général de nature à résoudre cesdifficultés ». En cas de refus délibéré des parents de s’associer à cette dé-marche, ou si ceux-ci n’ont pas respecté les termes du contrat, le prési-dent du conseil général peut soit demander « la suspension du versementde tout ou partie des prestations afférentes à l’enfant […] », soit demander

la mise sous tutelle des allocations familiales, soit encore « saisir le procureurde la République de faits susceptibles de constituer une infraction pénale ».Pour Yves George, vice-président de l’Unapel4, le contrat de responsa-bilité parentale, dans la mesure où il « reconnaît et encourage la responsa-bilité première des parents dans l’éducation de leurs enfants, et ce quelles quesoient les difficultés que ceux-ci rencontrent dans l’exercice de cette respon-sabilité », va dans le bon sens. Encore faut-il, souligne Yves George, que« ce contrat soit vécu par la famille – parents et enfant – non comme unesanction ou un déni de responsabilité, mais comme l’occasion d’un nouveaudépart, non comme une ingérence mais comme un soutien. Un soutien quidoit prendre en compte l’environnement social, économique et culturel de lafamille et qui doit être assorti d’aides au quotidien ». Et si sanctions il y a,poursuit le vice-président de l’Unapel, il conviendra de veiller à cequ’elles « ne constituent pas un handicap supplémentaire pour des famillesdéjà lourdement frappées par les aléas de la vie ». VG

1. Loi n° 2006-396 du 31 mars 2006, articles 48 et 49. Voir aussi le décret n° 2006-1104 du1er septembre 2006.2. Rapporteur de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale sur le projet de loi.3. Le contrat peut être renouvelé une fois, sa durée totale ne peut excéder une année.4. Union nationale des associations de parents d’élèves de l’enseignement libre.

Le contrat de responsabilité parentale

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En brefCLEF USB POUR LES ENSEIGNANTS.Priorité du ministre de l’Éducation nationale,la clef USB, dont seront bientôt dotés lesfuturs enseignants, commence à dévoiler soncontenu. Chaque clef, d’une capacité de deuxgigaoctets, permettra d'avoir accès à des liensinstitutionnels, des ressources pour enseigner,des exemples d'usages, un espace personnelet une boîte à outils. Certains éléments serontdirectement enregistrés sur la clef, mais laplus grande partie sera accessible en ligne outéléchargeable. Des accords avec des éditeurspublics ou privés rendront accessibles desdonnées qui ne le sont normalement que surabonnement ou après achat d'un produit.

RECYCLAGE DES ÉQUIPEMENTSÉLECTRONIQUES.Depuis le 1er juillet 2006, l’emploi de certainessubstances dangereuses dans les équipementsélectriques et électroniques est interdit. Aussi,à compter du mercredi 15 novembre 2006,pour l’achat d’un nouvel équipementélectrique ou électronique, lesconsommateurs doivent payer une « éco-contribution » destinée à couvrir les coûts des nouvelles opérations de collecte et derecyclage de ces déchets. En contrepartie, lesmatériels usagés sont repris gratuitement parles distributeurs lors de l'achat d'un matérieldu même type ou lors des collectes sélectivesorganisées par les collectivités locales.

OPEN SOURCE À L'ASSEMBLÉE.Un simple communiqué de presse d'unedizaine de lignes, et l'on apprend quel'Assemblée nationale a décidé « de doter les postes micro-informatiques mis à ladisposition des députés de la prochainelégislature de logiciels libres : systèmed'exploitation Linux, suite bureautique OpenOffice, navigateur internet Firefox et client de messagerie libre. C'est le résultat d'uneétude confiée à Atos Origin qui concluait :« Les solutions libres offrent désormais desfonctionnalités adaptées aux besoins desdéputés et permettront de réaliser desubstantielles économies en dépit de certainscoûts de mise en œuvre et de formation. »

Handicap : les enjeux de l'accessibilité numérique

Malgré l’existence de certaines obligationslégales, les améliorations nécessaires à une meilleure intégration des personneshandicapées dans les écoles interviennentdans des délais très longs. La faute – dit-on –à l’importance des coûts engendrés. Cette excuse est difficile à invoquer en ce qui concerne l’accessibilité numérique.

Formidable outil pédagogique, les nouvelles tech-nologies de l'information et de la communica-tion peuvent devenir un puissant facteurd'exclusion. Les personnes présentant un han-

dicap – environ 15 % de la population européenne –sont particulièrement exposées à ce risque si aucuneprécaution n'est prise lors de la mise en œuvre des ser-vices numériques. Il est, en effet, nécessaire qu’ellespuissent y accéder à partir de postes de travail adaptésà leurs besoins (terminal braille, souris ou claviers spé-ciaux...). La notion d'accessibilité numérique est née dece constat. C'est pourquoi, dès 1999, le World Wide WebConsortium (W3C) a publié une série de recommanda-tions1 reconnues par la plupart des pays, dont la Fran-ce. L’acessibilité concerne autant les sites webque l’ensembledes fichiers et services auxquels ils donnent accès.

Le cadre légal de l'accessibilitéAlors que l'ONU s'apprête à adopter la « Convention in-ternationale sur les droits des personnes handicapées »,qui vise notamment à « mettre l’internet à la portée de tous »,la situation française – et en particulier celle de l’internetéducatif – est loin d'être en adéquation avec une telle vo-lonté. On estime à quelques pour cent (sur plusieursmilliers) le nombre de sites web publics qui respectentpleinement les normes minimales d'accessibilité.Pourtant, la loi handicapde février 2005 disposeque « les services de commu-nication publique en lignedes services de l'État, descollectivités territoriales etdes établissements publicsqui en dépendent doiventêtre accessibles aux per-sonnes handicapées2 ». Ilest même précisé que lamise en conformité de cessites ne pourra excédertrois ans. La législationfrançaise pourrait appa-raître comme très ambi-tieuse puisque la déclara-tion européenne de Riga3

fixe cette échéance à 2010.

Le volontarisme a toutefois ses limites : le décret d’ap-plication prévu pour l'été 2005 se fait toujours attendre.

Une démarche de communicationRechercher l’accessibilité à tous de ses productions nu-mériques est à la portée de tout organisme. Nul besoind'investissements considérables, d'expertise pointueou de révolution technologique. Il ne s’agit pas decréer des sites ou des documents supplémentaires.Les mêmes contenus peuvent être proposés, seul lemode de consultation sera éventuellement différenten fonction du handicap, et des outils adaptés serontou non nécessaires. Il s’agit donc « simplement » derendre possible l’affichage, la représentation oul’énoncé de ces contenus pour l’ensemble des publicsen fonction de leurs compétences spécifiques et desaides techniques dont ils peuvent disposer. Les règlespour obtenir des résultats probants ont été formuléesdepuis longtemps : structuration des contenus et res-pect des standards. Il s’agit d'abord de réflexion préa-lable et de méthodologie : analyser, hiérarchiser et orga-niser les contenus, soigner l’expression, harmoniser lesmodes de navigation, intégrer les métadonnées, obser-ver les comportements... Il s’agit ensuite de respecterles normes techniques et les standards d'accessibilité,notamment en utilisant des outils d'édition ou de déve-loppement adoptant ces obligations. C'est alors quel'on s’aperçoit que les efforts fournis pour éviter l’ex-clusion des personnes handicapées se font au bénéficede tous : meilleure ergonomie, portabilité sur des sup-ports différents plus performants, possibilités de per-sonnalisation accrues, accès plus rapide à l’informationrecherchée, interopérabilité améliorée...N’est-ce pas là, après tout, une façon de répondre àl'une des résolutions de l'enseignement catholiquequi, dès 2001, recommandait d’« inventer de nouvelles

formes de décloisonnement,de faire tomber des bar-rières entre les structures, et surtout dans les menta-lités » afin de « donner les moyens à chacun d’êtreune personne dans l’établis-sement ».

JOSÉ GUILLEMAIN

1. Liens directs vers le texte en an-glais et les pages en français surECA +.2. Article 47 de la loi n° 2005-102du 11 février 2005 pour l'égalité desdroits et des chances, la participa-tion et la citoyenneté des personneshandicapées. Lien direct sur ECA +.3. Déclaration ministérielle euro-péenne signée le 12 juin 2006. Liendirect vers le texte intégral sur ECA +.

MILLIARDS D’EUROS. C'est le montantdes investissements prévus parl’Union européenne dans le domai-ne des technologies de l'information

et de la communication (TIC) jusqu'en 2013.Avec 18 % du budget total, il constitue le pos-te le plus important du 7e programme-cadrecommunautaire de recherche et développe-ment technologique. Il s’agit d’« inciter lesÉtats membres, les entreprises et les uni-versités à participer à notre lutte pour uneEurope plus compétitive », a déclaré VivianeReding, commissaire européen en charge dela société de l’information et des médias.

9LE CHIFFRE DU MOIS

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Distingué. Le site handicap.gouv.fr a reçu le label de bronze AccessiWeb.

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actus/éducation/religion

Essentiels enseignants Des pèlerinagesmieux adaptés

au public jeunedes systèmes éducatifs, maison met aussi l’accent sur lesprogrès effectués, les prisesde conscience et les initia-tives prises pour sortir d’uneimpasse. On entend parexemple le combat de l’In-dienne Ramadevi. Elle a for-mé dans sa région descomités éducatifs villageois(CEV) pour faire com-prendre aux parents l’im-portance de l’éducation,alors que ces derniersseraient tentés de faire tra-vailler leurs jeunes enfantsaux champs. En écho à cestémoignages, des adultes

évoquent l’apport que fut pour eux l’école.C’est ainsi qu’un jeune homme de 28 ansraconte qu’en pleine crise d’adolescence, « c’estgrâce à l’intervention de l’un de mes profs auprèsde ma mère que j’ai pu redresser la barre ». Etd’ajouter, avec le recul : « Les enseignants ducollège d’Antsirabe [à Madagascar] avaient biencompris que l’éducation n’est pas un produit, maisune question d’adaptation à l’élève ». EDC

1. Collectif, Vocation enseignant - des femmes et des hommesde tradition et de liberté – éd. Aide et Action, 2006, 12€. ¤2. Aide et Action intervient en Afrique, en Inde, en Asie etaux Caraïbes, au travers de 60 programmes qui permettentla scolarisation de plus de 2 millions d’élèves. Sur internet :www.aide-et-action.org

Enseigner, transmettre, éduquer : leplus beau métier du monde. Une voca-tion aussi. Être enseigné, un droit pourtous. Mais tous les enfants ne sont pas

égaux devant l’éducation. Trop en sont enco-re souvent privés. Nombreux aussi sont lesenseignants à qui l’on ne donne pas les moyensd’exercer dans des conditions décentes. Dansle livre Vocation enseignant1, des éducateurstémoignent. Ils sont en Guinée, au Cambod-ge, en Inde, à Madagascar, au Togo…, autantde régions où intervient l’association Aide etAction2. Sur le terrain, certaines réalités seressemblent, d’autres sont particulières à unpays. À travers ces récits, on découvre les failles

Le 59e congrès de l’Associationnationale des directeurs diocésains de pèlerinages(ANDDP) s’est tenu du 14 au

17 novembre 2006, au Centre de congrès et deséminaires de Valpré, près de Lyon, sur le thè-me « Jeunes et pèlerinages ». Il a réuni 230 par-ticipants : les membres de cette association (laïcset religieux, directeurs de pèlerinages diocé-sains et nationaux et recteurs de sanctuaires)mais aussi des responsables de la pastorale desjeunes. Tout au long de ces trois jours, des inter-venants se sont succédé pour faire part de leurexpérience. La première journée a permis dedéfinir la nature du questionnement spiritueldes jeunes. Puis les congressistes ont eu à bâtirun pèlerinage au cours d’un jeu d’entrepriseanimé par une équipe professionnelle. L’ob-jectif était d’inciter chacun à dépasser ses habi-tudes et imaginer d’autres thèmes. Chaqueéquipe a pu concevoir un programme origi-nal, proche de la demande d’une populationexigeante et très sollicitée. k

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Au Cambodge. Grâce au « jeu du labyrinthe », on s’y retrouve dans les chiffres !

u Contact : ANDDP, 27 rue Sarrette, 75014 Paris. Tél. : 01 45 42 32 10. E-mail : [email protected]

Internet : www.pelerinages.org

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Double DVD / États généraux de l’évaluation et de la réussite - 4 et 5 avril 2006 L’exemplaire : 25 €DVD / 3e journée des communautés éducatives L’exemplaire : 20 €Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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À l’image desAssises...

Revivez la préparation dela troisième journée des communautéséducatives

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Parler d’éducation comprise com-me « un chemin vers l’amour » –thème du colloque qui s’est tenuà l’Unesco, à Paris, le 9 novem-

bre dernier – n’est pas neutre, tant nousvivons « une crise de contenu et de moti-vation, ainsi qu’une fragmentation dusavoir », a souligné le cardinal ZenonGrocholewski, préfet de la Congréga-tion pour l’éducation catholique2. Celui-ci, comme de nombreux autresintervenants, a tenté de cerner à la foisl’urgence et les caractéristiques d’uneéducation qui doit faire face à de nom-breux dysfonctionnements. Il a rap-pelé les quatre piliers, précisés en 1997par Jacques Delors, autour desquelss’organise l’éducation : « Apprendre àconnaître, c’est-à-dire acquérir les instruments dela compréhension ; apprendre à faire, pour êtrecréatif dans son milieu de vie ; apprendre à vivreensemble, pour participer et collaborer avec les autresdans toutes les activités humaines ; et, finalement,apprendre à être. »

« Nous savons bien que la mondialisation vachanger le monde ! a martelé Boutros Boutros-Ghali, ancien universitaire et professeur,avant de devenir le sixième secrétaire généraldes Nations Unies, en 1992. Mais elle sera cequ’on en fera ! À nous donc de savoir si nousvoulons d’une mondialisation autorégulée, fon-dée sur la loi du plus fort, ou si nous voulonsconstruire un projet politique pour la société glo-bale, fondé sur le respect de la personne humai-ne, sur les valeurs de la démocratie, de la solida-rité et du respect de la diversité. » Pour juguler la menace de la dissolution desÉtats-Nations et de l’émergence de « commu-nautés agressivement repliées sur elles-mêmes aunom de la différence », il faut, a ajouté BoutrosBoutros-Ghali, « une éducation à la mondiali-

sation et à la citoyenneté. L’éducation doit déve-lopper la connaissance des différentes civilisa-tions, l’esprit de tolérance et un sentiment d’ap-partenance à la grande communauté des Nations. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle pourraconstituer ce chemin qu’évoquait le Saint-Pèredans son encyclique 3 : un chemin qui mène àl’amour de l’Autre ».« Chacun doit se demander : “Quelle est maplace dans cette réalité mondiale ?” » a insistéLuis Fernando Avalos Gimenez, déléguépermanent du Paraguay auprès de l’Unesco.Et ce, d’autant plus sereinement que l’écolese sera souciée de répondre aussi aux at-tentes profondes de l’homme. Car « la diffé-rence de l’école catholique, c’est le Christ. Il est àl’origine de cette volonté de répondre aux besoinsde la personne faite à l’image de Dieu », a souli-gné sœur Finola Cunnane, de l’université de Dublin. Des besoins psychologiques, affec-tifs – souvent mentionnés dans les interven-tions anglo-saxonnes –, mais aussi spirituels etesthétiques, a notamment souligné le cardinalEdward Egan, archevêque de New York, enrapportant cette anecdote révélatrice : visitantune école catholique de Harlem, il y fit laconnaissance d’un vieux monsieur en chaiseroulante qui lui murmura : « C’est sœur Catheri-ne qui a payé mes cours de piano ! » Le vieil hom-me s’appelait Lionel Hampton, bien connu

L’éducation, un chemin vers l’amourC’est à l’Unesco, carrefour de la collaboration culturelle et éducative entre les peuples et les nations,que s’est réuni, le jeudi 9 novembre 2006, un symposium international. Organisé par l’observateur

permanent du Saint-Siège, Mgr Francesco Follo, en partenariat avec l’université jésuite de New York – Fordham University –, il a été retransmis dans 14 universités catholiques américaines,

et, pour la francophonie, par le canal du Jour du Seigneur1.des amateurs de jazz, et la sœur est devenue sainte Catherine Drexel, canonisée par Jean-Paul II le 1er octo-bre 2000. « La religieuse qui avait com-pris que le jeune homme avait besoin deleçons de musique était une éducatrice ! »a souligné le cardinal Egan.

Voix différenteCette réflexion entraînait cette prisede position du révérend père FrancoImoda sj, recteur de l’université pon-tificale grégorienne, à Rome : « Si lesprojets éducatifs ne se basent pas sur unparcours d’amour, ils sont trahison ! » Une voix différente s’est aussi fait entendre, celle de Zobel Behalal.

Né au Cameroun, le secrétaire général duMouvement international des étudiants catholiques s’est interrogé sur les « individusqui sortent des écoles catholiques. Sont-ils des aidespour les autres ? Sinon, il faudrait revoir certaineschoses. La plupart des dirigeants africains qui ensortent s’en réclament ! » Et, a-t-il ajouté à l’inten-tion des responsables des écoles catholiques :« Donnez plus de temps aux étudiants pour qu’ilspuissent s’engager et apprendre autre chose que cequi est pris en compte par les diplômes… »Une façon de reprendre cette affirmationd’Hannah Arendt : « L’école est le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en as-sumer la responsabilité. »

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Cette diffusion par satellite constituait une première. Elle a to-talisé 1 300 consultations durant le direct, et 2 000 la semainesuivante, via le site www.lejourduseigneur.com2. Les écoles catholiques constituent un réseau international de210 000 établissements, 1 400 universités et 47 millions d’élèves.L’ex-Sacrée Congrégation des séminaires et universités est deve-nue Congrégation pour l’école catholique en 1967, avec Paul VI.Elle « traduit dans les actes la sollicitude du Saint-Siège pour la pro-motion et l’organisation de l’école catholique » (article 112).3. Lettre encyclique Deus Caritas, décembre 2005.

« Si les projets éducatifs ne se basent pas

sur un parcours d’amour, ils sont trahison ! »

u L’Unesco consacre chaque année 40 % de son budgetà l’éducation, soit 220 millions de dollars.

Il reste 780 millions d’adultes analphabètes dans le monde – les deux tiers sont des femmes.

Savoir +

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Sur les écrans en ce mois dedécembre, La Nativité, del’Américaine CatherineHardwicke1. C’est « l’histoi-

re d’une grossesse miraculeuse, et celle,véridique, de la naissance de Jésus »peut-on lire dans l’album photos2

qui complète le film. On y retrou-ve les plus belles images de ce longmétrage, avec en légende des ver-sets de la Bible, tirés de l’Ancien oudu Nouveau Testament. Le film,présenté en octobre dernier auxévêques de France, à Lourdes, «doitêtre regardé comme une œuvre de fic-tion, certes inspirée des textes évan-géliques, mais avec la difficulté demettre en images un récit très inté-riorisé », explique Claude Berruer,adjoint de Paul Malartre. Dans uncourrier qu’il a adressé aux direc-tions diocésaines et aux écoles pri-maires, via la société de diffusiondu film, ce dernier a esquissé despistes pédagogiques pour « resituerles nécessaires repères de culture chré-tienne, mais aussi pour relire les événe-ments mis en scène à la lumière de notrefoi ». L’adaptation cinématogra-phique est, il est vrai, parfois fan-taisiste : tel ce fleuve tumultueuxque Joseph et Marie doivent tra-verser pour se rendre de Nazarethà Bethléem ! Une bonne occasionde présenter, par exemple, auxélèves quelques éléments de la géo-graphie d’Israël. SH

1. La Nativité (The Nativity Story), un film deCatherine Hardwicke, 2006, 1 h 41 mn, sortie le 6 décembre 2006. Site internet :www.lanativite-lefilm.com2. La Nativité, Bayard, 86 p., 15 €.

Il y a tout juste neuf mois,naissait www.exultet.net, lepremier site catholiquefrancophone de télé-

chargement en ligne. On ytrouve à ce jour plus de400 conférences donnéespar des personnalités aussivariées que l’abbé Pierre,les pères Jean-Marie Petit-clerc et Guy Gilbert, ou en-core Simone Pacot et Tim Gué-nard. D’ici à juin 2007, plus de 2 000 enseignements audio se-ront mis en ligne – car ce site nepropose que des enregistrements.Pour Timothée Berthon, l’un destrois créateurs d’exultet.net, avecSven Schaetzl et Gaëtan Guiboin(notre photo), il s’agit « d’une plate-forme au service de l’Église, où toutesles sensibilités sont présentes : pa-roisses, renouveau charismatique,Dominicains, Carmes… ». Des ru-briques permettent de se repérer.

La plus riche est sans nul doute « Enseignement », déclinée en sixsous thèmes : « Jeunes/Familles »,« Dieu et vous », « Psychologie et Foi », « Témoignages », « Viesde saints », « Formation ». Les ani-mateurs en pastorale scolaireiront d’emblée regarder ce qui estproposé aux enfants et aux ado-lescents sur les sacrements, lasexualité, la prière… Et mainte-nant, quelques conseils pour lesnon-initiés. On peut écouter uncourt extrait de la conférence

La Nativité en Technicolor

Conférences spirituelles en ligne

1946. La France entame une reconstructiondifficile. L’abbé Jean Rodhain fonde alors, à lademande des évêques, une association dont lebut est d’ « apporter partout où le besoin s’en fait

sentir, toute aide morale et matérielle, sans distinction deraces, de religions où de nationalités1 ». Le Secours catholique vient de naître. Son principal objectif estde distribuer nourriture et vêtements. Il est aussichargé des campagnes nationales à l’intention desplus vulnérables, tels que les nouveau-nés ou lesvieillards. Car pour son fondateur, « la charité d’au-jourd’hui est la justice de demain ». Durant les soixante années qui suivent, ce servicede l’Église va rester fidèle à cette idée, multipliantles actions en faveur des plus démunis. Mais si l’es-prit qui animait ses premiers bénévoles est encorele même aujourd’hui, les besoins, en revanche, ontbeaucoup évolué. Les méthodes aussi. « Il ne s’agitplus, actuellement, d’apporter avant tout une aide maté-rielle, mais aussi et surtout un accompagnement. L’impor-tant étant de prendre en compte la personne dans sa glo-balité, explique Christian Jarry2. Car nous n’agissonspas simplement “pour”, mais également“ avec” la person-ne, l’objectif étant de l’aider à retrouver ses repères. » Ce n’est donc plus du simple assistanat mais bienune véritable dynamique qui se crée autour du de-mandeur, ce dernier devenant acteur de son deve-nir. Et ce, tant par le biais de groupes conviviauxpermettant le maintien du lien entre les anciens bé-néficiaires et ceux qui les ont aidés que par la mise

en place d’actions communes. Ces dernières vontde l’organisation des courses et la confection des re-pas au sein de groupes de personnes à faibles reve-nus, à la formation de collectifs communaux degens vivant dans l’insalubrité, voire à la dénoncia-tion de « misères » auprès des services publics. Car « il n’existe pas de syndicat de précaires. Il importe doncde faire entendre leurs voix », souligne Christian Jarry.Une tâche ardue mais nécessaire dans un contexteéconomique où le travail ne garantit plus la survie etoù les difficultés liées à l’emploi entraînent des pro-blèmes de logement et de santé. « Pour des raisonsd’efficacité, une analyse de chaque cas et une bonne orga-nisation sur le terrain sont donc indispensables. Le Secours catholique n’intervient que lorsque les services sociaux s’avèrent impuissants. Les 67 000 bénévoles tra-vaillent aussi en partenariat avec d’autres organisationstelles que les Restos du Cœur ou Médecins du Monde. » Financé par des appels aux dons au sein des pa-roisses, le Secours catholique aide actuellement prèsd’un million et demi de personnes. Et les bénévolesviennent, eux aussi, chercher quelque chose, carsouvent « ils sont amputés de la capacité de donner,dans la société actuelle », précise Christian Jarry.Avant de conclure : « Aller vers le pauvre, c’est faire untravail de conversion permanente pour se départir de sespréjugés. C’est se laisser accueillir et recevoir. » ED

1. Article premier des statuts. Le Secours catholique est sur internet :www.secours-catholique.asso.fr2. Délégué diocésain de la Gironde.

60 ans de générosité

actus /religion

choisie pour décider del’acheter ou pas. Les troisquarts des titres sont en effetpayants, mais les tarifs restent raisonnables (enmoyenne 2,50 euros, à ré-gler par carte bancaire). Letitre arrive ensuite à uneadresse e-mail, sous la for-me d’un fichier informa-tique, et quelques minutes

suffisent pour télécharger unenseignement d’une heure.Reste à l’écouter directementsur l’ordinateur ou à le graversur un CD. Dernier détail : surexultet.net, on trouve aussi de lamusique avec la possibilitéd’acheter une seule chanson, aulieu d’un album entier. Autre projet : proposer des vidéos enligne… « pas avant un an », préci-se Timothée Berthon. Mais il y adéjà beaucoup à entendre avantde voir ! SH

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pour relire l’ensemble de l’action catéchétiquedans chacun de nos établissements, et ouvrir,sans peur, les mises à jour nécessaires, en y as-sociant tous les acteurs, et en ouvrant de nou-veaux chantiers de formation. Ce travail seraaussi l’occasion de vérifier comment c’est bien

la vie de la communauté de foi del’établissement qui soutient ce travaild’évangélisation (qui ne peut être àla seule charge de quelques spécia-listes). Ensuite, réfléchir à l’appel spé-cifique de nos évêques pour la pre-mière annonce. Cet appel ne peutnous surprendre complètement.

Tous les établissements assurentune première annonce, même sic’est parfois sans réellement le sa-voir, comme monsieur Jourdainfaisait de la prose. Mais ce qui s’estconstruit spontanément, au fur età mesure de l’évolution de notrerecrutement, et des mutations dela société, mérite d’être réfléchi. Les chantiers sont donc im-menses, mais exaltants, parce quejoyeux. Il s’agit pour les croyantsde permettre à Dieu d’initier à lajoie de croire. La joie de la catéchèseest le titre d’un ouvrage récent4,qui présente quelques grandstextes de l’Église sur la catéchèse.

On y relit, par exemple, l’homélie de Jean-Paul II du 10 décembre 2000, intitulée« À l’exemple de Jean-Baptiste » : « Le catéchistedoit être une voix qui renvoie à la Parole, un ami quiconduit à l’Époux. Toutefois, comme Jean, il est luiaussi, dans un certain sens, indispensable, car l’ex-périence de foi a toujours besoin d’un médiateur, quisoit dans le même temps un témoin. »

CLAUDE BERRUERADJOINT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRALDE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

1. Coédition Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2006, 11 €.2. Évêque de Limoges et président de la commission épisco-pale pour la catéchèse et le catéchuménat.3. Service national de la catéchèse et du catéchuménat, Bayard,2006, 9,80 €.4. Olivier Teilhard de Chardin, La joie de la catéchèse, Paroleet Silence, 2006, 169 p., 14 €.

De nouvelles orientations pour la catéchèse

des sacramentelles. Une première traductionconcrète est suggérée pour le troisième prin-cipe d’organisation, dans une publication ré-cente : Des temps de catéchèse communautairespour l’année liturgique3.

Double tâcheEt l’enseignement catholique ?Dans sa diversité, il peut êtreconcerné, en fonction des réa-lités locales, par tel ou tel moded’organisation. Néanmoins,un établissement catholique

d’enseignement est bien un lieu de vie, et c’estnaturellement dans le chapitre consacré àl’organisation de la catéchèse par lieux et re-groupements de vie qu’il est explicitementmentionné. Et le texte, prenant acte que l’en-seignement catholique, comme d’autres lieuxde vie ecclésiaux, est aujourd’hui ouvert àtous, confie une mission spécifique : « Nousappelons chacun de ces lieux et regroupementsde vie à développer davantage encore la préoc-cupation qui l’anime déjà à l’égard de la foi, enacceptant d’aller jusqu’à prendre en charge cetteforme du ministère de la parole appelé “premièreannonce”. » Voilà donc une double tâche quiattend l’enseignement catholique. D’abordaccueillir ce nouveau texte de nos évêques

À l’issue de plusieurs années de réflexion, les évêques de France viennent de publier le Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France et principes d’organisation1.

Un document qui fait déjà référence...

En 1997, l’Église universelle accueille leDirectoire général pour la catéchèse. Cetexte devait être lu par les évêques dechaque pays, au regard des situations

nationales particulières, afin qu’ils rédigentdes orientations. C’est l’objet du Texte nationalpour l’orientation de la catéchèse en France etprincipes d’organisation1 qui vient de paraître.Il ne s’agit pas d’un catéchisme mais d’orien-ter l’action catéchétique dans la situation fran-çaise d’aujourd’hui. Et les évêques ont tenu àce que leurs orientations s’appuient sur unelarge consultation des chrétiens ; d’où laréflexion proposée autour du document Allerau cœur de la foi (2003), travaillé par descentaines de groupes en divers lieux d’Église. Ce nouveau document comporte deuxensembles distincts : le « texte nationalpour l’orientation de la catéchèse » puisles « principes d’organisation ». Dans lepremier texte (chapitre 1), est soulignéel’importance de la vie des communautéspour le dynamisme de la catéchèse.Mgr Dufour2 illustre cette convictiondans le numéro spécial de la revueTabga, consacré à la présentation de cetexte : « La foi que vous voulons trans-mettre est d’abord une vie, et cette vie a be-soin pour grandir, de tout un environne-ment. » Les deux autres chapitres pré-sentent le choix d’une pédagogie de l’initia-tion. Avant de définir sept points d’appui àcette pédagogie (chapitre 3), le documentrappelle que le cœur de l’initiation est le mys-tère de Pâques (chapitre 2). C’était bien là lefondement de la démarche proposée par Aller au cœur de la foi, qui demandait de par-courir la liturgie de la veillée pascale.Le second texte expose « les principes directeursde quatre propositions concrètes d’organisation caté-chétique ». Il s’adresse ainsi aux communautéschrétiennes et à tous les services spécialisés,qui sont dès maintenant au travail pour four-nir tous les guides et documents utiles à cetteaction catéchétique renouvelée. Dans sadeuxième partie, il propose quatre modesd’organisation, pour tenir compte des diver-sités des cheminements dans l’Église d’au-jourd’hui : une organisation de la catéchèseordonnée à toutes les étapes de la vie ; parlieux et regroupements de vie ; articulée àl’année liturgique ; en réponse aux deman-

« Les chantiers sont doncimmenses, mais exaltants,

parce que joyeux. »

Vous trouverez une analyse plus détaillée de ce texte sur ECA + (www.scolanet.org).

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actus/revues express / agenda

– Le 14 mai 2007 : « Adolescentset culture numérique : le risquede la fracture générationnelle »,avec Serge Tisseron. Psychiatre,psychanalyste et directeur de recherche à l’université Paris-X,il est l’auteur de nombreux ou-vrages, dont Psychanalyse de l’ima-ge (Dunod, 2005).Toutes les conférences se déroulent de 18 heures à 20 heures. Autres renseigne-ments : 01 44 39 60 00. Internet : www.icp.fr(rubrique « Agenda »).

« Enjeux d’avenir »Lille (59)10 et 24 janvier 2007Université catholique, 60 bd VaubanCes deux débats ouverts à touss’inscrivent dans un cycle propo-sé par l’université catholique deLille dans la perspective deséchéances électorales de 2007 :– Le 10 janvier 2007 : « Enseigne-ment supérieur et mondialisa-tion », avec Christian Delporte,recteur des facultés universitairescatholiques de Mons (Belgique). – Le 24 janvier 2007 : « Dépensesde santé : quel financement ? Deschoix à faire, des valeurs à pré-server », avec Christian Prieur,ancien directeur de la Caisse na-tionale d'assurance maladie destravailleurs salariés (Cnamts).Les deux débats se dérouleront de 18 h 30 à20 heures. Autres renseignements : GenevièveBranquart au 03 20 13 40 91. E-mail : [email protected]

« Les dérives du religieux »Paris (75)20 janvier 2007 Grand amphi de Sciences-Po, 27 rue Saint-Guillaume, 75007L’association des amis de l’Insti-tut de formation pour l'étude etl'enseignement des religions(Ifer) organise ce colloque sur lethème : « Les dérives du reli-gieux - les radicalismes et leursconséquences sociales ». Au pro-gramme de la matinée : JeanBaubérot et Jean-Paul Guetnyposeront la problématique, puisPierre Gibert, Maurice Bellet,Guy Coq et Antoine Sfeir (sous ré-serves) traiteront des « trois mo-nothéismes et la modernité » ;l’après-midi, Alain Dieckhoff,Mokhtar Ben Barka et OlivierRoy parleront notamment des« radicalismes dans les trois

00000L’école en questions...

Les Français connaissent bien leurécole et y sont attachés. […] Mais

l’école de 2006, celle qui scolarise leursenfants et leurs petits-enfants, ne res-semble en rien à celle qu’ils ontconnue », soulignent Anne-MarieBardi et Dominique Borne1 dansleur introduction au numéro quela revue Problèmes politiques etsociaux consacre à l’école2.Au coursdes trente dernières années, cet-te dernière s’est, en effet, pro-fondément transformée.« L’École n’est plus ce qu’elle était »,« Que faut-il enseigner ? », « L’éva-luation des résultats », « Établisse-ments, professeurs, élèves… » :c’est via ces quatre entrées quela publication de la Documenta-tion française passe en revue lestransformations qui ont affectéle système éducatif français. Pource faire, elle met à la dispositiondu lecteur des analyses conduitespar des spécialistes de l’éduca-tion3 et des travaux menés parles différentes institutions char-gées d’éclairer les politiques édu-catives.Ainsi, alors que la loi d’orientationet de programme pour l’avenir del’école du 23 avril 2005 a posé leprincipe d’un socle commun deconnaissances et de compétencesque tous les élèves devront maîtri-ser à l’issue de la scolarité obliga-toire, ces pages soulignent que cequi doit être enseigné constitue, enFrance, une question récurrente.Des idées directrices pour les pro-grammes du collège du Conseilnational des programmes (1994)aux recommandations du HautConseil de l’éducation (2006), enpassant par le rapport de la com-mission de réflexion sur l’école(commission Fauroux, 1996) oucelui de la commission du débatnational sur l’avenir de l’école (com-mission Thélot, 2004), Problèmespolitiques et sociaux retrace les diffé-rentes étapes de la réflexion sur cequ’il convient d’enseigner.Autre question récurrente dansnotre système éducatif : celle del’évaluation. Statistiques, rapports,

enquêtes, résultats aux examens…,les outils et données statistiques nemanquent pas et « l’Éducation natio-nale française est dans une situationfavorable par rapport à la plupart dessystèmes éducatifs étrangers pour lavariété et la qualité des évaluations »,souligne Claude Pair. Reste, com-me le remarque la Cour des comptes,qu’« il est en l’état actuel particuliè-rement difficile de se prononcer, defaçon définitive, sur l’efficacité et l’ef-ficience du système éducatif françaiset des politiques éducatives qui y sontmises en œuvre ». En témoigne lerapport des inspections généralesde l’Éducation nationale qui déplo-re que l’on ne sache pas ce que lesélèves apprennent à l’école, et celaalors même qu’ils sont soumis à d’in-nombrables évaluations à chaqueétape de leur parcours.

VÉRONIQUE GLINEURProblèmes politiques et sociaux,

La Documentation française, 29 quai Voltaire, 75344 Paris Cedex 07.

Prix du numéro : 9,20 €.

1. Respectivement inspectrice générale de l’Éducation nationale et doyen de l’Inspectiongénérale de l’Éducation nationale.2. N° 928 (septembre 2006), « Comment val’École ? ».3. François Dubet, Marie Duru-Bellat, Jean Hébrard, Philippe Joutard, Louis Legrand, Claude Thélot, Bernard Toulemonde…

... Questions sur l’école

Avec son hors-série « L’École enquestion1 », Sciences humaines

s’inscrit dans la même démarcheque Problèmes politiques et sociaux (lireci-dessus). « Peut-on réformer l’éco-le ? », « Comment créer une vraieégalité des chances ? », « Commentapprend-on ? », « Que veulent lesparents ? »… sont autant de ques-tions que se pose tout acteur du sys-tème éducatif, mais aussi plussimplement le citoyen ordinaire.Elles sont abordées ici par des spé-cialistes reconnus – pédagogues,psychologues, sociologues – et desexperts de la sphère éducative2 qui« offrent leur point de vue argumenté,leur regard critique et exigeant, parfoisprovocateur ». VG

Sciences humaines, 38, rue Rantheaume, BP 256 - 89004 Auxerre Cedex.

Prix au numéro : 7,90 €.

1. N° 5 (octobre-novembre 2006).2. Éric Debarbieux, Yves Dutercq, Georges Felouzis, Hervé Hamon, Pierre Merle, Patrick Rayrou, Agnès Van Zanten…

« Les Fééries d’Auteuil »Paris (75)Jusqu’au 24 décembre 200640 rue Jean-de-La-Fontaine, 75016Ces « Fééries », « événement festifau bénéfice des jeunes de la Fondationd’Auteuil », proposent un marchéde Noël d’une quinzaine de cha-lets. Mais les réjouissances soli-daires se prolongent avec unecrèche géante. Ses 800 person-nages sont l’œuvre de la presti-gieuse maison Fouque qui expo-sera pour la première fois le san-ton du bienheureux Daniel Brot-tier (les visiteurs pourront l’ache-ter). Et aussi : des conférences,des spectacles, et la messe de clô-ture qui sera célébrée le 24 dé-cembre, à 21 heures. Programme détaillé sur www.fondation-auteuil.org/feeries/index.htm - Entrée : 5 € (gratuitpour les moins de 16 ans). Contact pour lesgroupes : 01 44 14 72 15. E-mail : [email protected]

Soirées-débats de l’ISPParis (75)Janvier-mai 2007Institut catholique de Paris, 21 rue d’Assas, 75006Suite et fin du cycle 2006-2007 or-ganisé par l’Institut supérieur depédagogie sur le thème « Réalitésde l’école, logiques d’acteurs » :– Le 15 janvier 2007 : « Aider l’en-fant à se construire : pourquoil’amour ne suffit pas. » Le titre decette conférence de la psychana-lyste Claude Halmos est aussi celui d’un livre qu’elle a publié enfévrier dernier aux éditions Nil.– Le 5 mars 2007 : « Le débat surl’école : faux problèmes et vraisenjeux », avec Michel Fabre. Lesrecherches et l’enseignement de ce professeur d’université etdirecteur du Centre de rechercheen éducation de Nantes (Cran)portent sur la philosophie del’éducation et de la formation etsur l’épistémologie des savoirsscolaires.– Le 3 avril 2007 : « L’école et lespratiques langagières : inégalitéssociales et scolaires », avec ÉlisabethBautier. Professeur de sciences del’éducation à Paris-VIII, elle estcoresponsable, avec Jean-YvesRochex, de l’équipe E.SCOL(Éducation et Scolarisation).

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Pour vous guider dans le BONovembre 2006

Voici les textes essentiels parus dans le Bulletin officiel del'Éducation nationale1. Pour en savoir plus, consultez le site :

www.education.gouv.fr

BO 40Activités éducativesOpération « Pièces jaunes » du 10 janvier au 17 février 2007. Son objectif : venir en aide auxenfants hospitalisés à travers divers projets de plusou moins grande envergure.

Programmes des lycéesDes modifications dans les programmesd’enseignement du français pour les classes de première des séries générales et technologiques,avec mise en application pour 2007-2008.

BO 42Brevet informatique et internetUn encart important apporte les informations sur la mise en œuvre du nouveau B2i. Il précisenotamment les connaissances et habiletés exigiblespour délivrer à l’élève l’attestation de maîtrise auxtrois niveaux de la scolarité : école, collège et lycée.À noter, dans ce même BO, les circulaires relatives à la généralisation du certificat informatique et internet (C2i) niveau 2 pour les métiers du droitet à l’expérimentation du C2i niveau 2 pour lesmétiers de la santé.

Baccalauréat STG 2

Trois textes concernent cette série du bac : définition des épreuves obligatoires de languesvivantes applicables à la session 2007 ; évaluation dela compréhension de l’oral des langues vivantes 1 et2 mise en place de façon expérimentale en 2006-2007 ; conservation des notes et dispensesd’épreuves pour certaines catégories de candidatsayant échoué au baccalauréat série STT3 et qui se présentent au bac série STG.

BO 43Le tabacUn décret précise les conditions d’application del’interdiction de fumer dans les lieux affectés à unusage collectif. Écoles, collèges et lycées, du publiccomme du privé, sont concernés.

Yvon GarelSecrétaire général de la DDEC

des Côtes-d’Armor

1. Les numéros non cités n’incluent aucun texte concernant l’enseignement privé.2. Sciences et technologies de la gestion.3. Sciences et technologies tertiaires.

monothéismes ». C’est René Rémond qui conclura cette jour-née très riche, ouverte aux ensei-gnants, formateurs, cadresd’éducation, etc.Renseignements : Claude ou Étienne Blocquaux, 23 rue Dérodé, 51100 Reims. Tél. : 03 26 07 69 88. E-mail : [email protected].

Salon Studyrama des collégiensParis (75)3 février 2007Espace Champerret« Favoriser la réussite scolaire etbien s’orienter après la 4e et la 3e » : les thèmes phares de ce sa-lon d’un jour devraient attirerles collégiens et leurs parents.Sur place, ils trouveront deuxgrands espaces : « Métiers etorientation » et « Réussite scolai-re ». Le premier regroupera deslycées et des centres de forma-tion d’apprentis ; le second desorganismes proposant du sou-tien scolaire et des séjours lin-guistiques. En complément : unpôle « Internats, séjours sportifs,colonies de vacances » et denombreuses conférences.Entrée gratuite, mais préinscription recom-mandée sur www.studyparents.com

Session Ceras 2007Paris (75)Du 5 au 8 février 2007Centre Sèvres, 35 bis rue de Sèvres, 75006« Banlieues : des cités dans la cité– pratiques de citoyenneté, pra-tiques d’Église », tel est le thèmechoisi pour cette session nationa-le de formation par le Centre derecherche et d’action sociales(Ceras) et ses partenaires, dontl’enseignement catholique. Avecla volonté de « s’adresser à tous,parce qu’il faut cesser d’isoler les“problèmes des banlieues” de l’en-semble des problèmes de solidarité et de cohésion sociale qui concer-nent toute la société ». Parmi lesquelque trente intervenants invi-tés, citons Mgr Jean-Luc Brunin,évêque d’Ajaccio, MustaphaBouras, président de l’associa-tion Rencontre, et ChristianeDurand et Yves Mariani de l’ob-servatoire pédagogique de l’en-seignement catholique. L’histoire(« La présence de l’Église au mon-

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de populaire depuis 1945 »…), lesreprésentations (« Les popula-tions des banlieues dans l’imagi-naire français dominant »…),l’habitat (« La lutte contre le lo-gement précaire »…), la religion(« Quelle place pour les commu-nautés dans la pastorale en ban-lieue », « Importance de la ren-contre interreligieuse »…) sontau programme. Sans oublierl’éducation (« L’enseignementcatholique dans les Zep »,« Scouts et Guides en quartierspopulaires »…). Session agréée pour la formation permanente. Programme détaillé sur le site internet :www.ceras-projet.com - Renseignements etinscriptions : Christine Ariste, Ceras, 4 rue dela Croix-Faron, 93217 La Plaine - Saint-Denis.Tél. : 08 70 40 63 89. E-mail : [email protected]

Questions actuellesBrive-la-Gaillarde (19)16 mars et 11 mai 2007Ensemble scolaire Edmond-Michelet, 11 rue BossuetCes trois conférences organi-sées par l’équipe de l’ensemblescolaire Edmond-Michelet et lacommunauté franciscaine deSaint-Antoine sont autant d’in-vitations à participer aux débatsqui traversent notre société. Le 1er décembre dernier, leDr Xavier Emmanuelli a inau-guré ce cycle sur le thème « Au-jourd’hui, notre société peut-elle vivre en excluant ses pau-vres ? » Deux autres questionssont au programme :– Le 16 mars 2007 : « Aujour-d’hui, notre société peut-ellevivre sans repères éthiques ? »,avec l’essayiste Jean-ClaudeGuillebaud et le romancier DenisTillinac.– Le 11 mai 2007 : « Aujour-d’hui, notre société peut-ellevivre sans se soucier de son en-vironnement ? », avec le biolo-giste Jean-Marie Pelt.Soulignons que cette initiativeaffiche, entre autres objectifs,celui de « permettre aux grands lycéens de l’ensemble scolaireEdmond-Michelet de participer à desconférences de type universitaire ».Pour tout renseignement : François David au05 55 86 74 00, ou frère Michel Hubaut au05 55 24 10 60.

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Dossier/

jourd’hui le slogan des paci-fistes, déjà utilisé par le papeJean XXIII : « Si tu veux la paix,prépare la paix. »Pas la paix des cimetières qui,comme celle obtenue par la ty-rannie, est une paix de mort. Pasla paix qui ne serait que « tran-quillité passive ou belle indifférenceconsommatrice des nantis », selon lemot de Bernard Paquereau, pro-fesseur de français au collègeSaint-Joseph, à La Pommeraye(Maine-et-Loire), qui vient de pu-blier Éduquer à la non-violence –découvrir les grandes figures depaix2 ». Et celui-ci d’ajouter : « Lapaix est un appel : elle réside dansune culture du souci de l’autre qui

d’une réalité peu porteuse d’es-poir, on trouve de plus en plusd’adeptes du développementdurable, d’associations ou d’or-ganisations non gouvernemen-tales (ONG) engagées au servicede la paix et de la non-violence –elles ont dorénavant une vitrinegrâce au Salon des initiatives depaix (cf.encadré, p. 24) –, de médiasencourageant l’information posi-tive1… Et les écoles sont invitéesà promouvoir la paix et la non-violence à l’occasion des journéesinternationales contre le racisme(21 mars), de la paix (21 septem-bre), de la tolérance (16 novembre),pour l’abolition de l’esclavage(2 décembre), des droits de l’hom-

me (10 décembre) ; et des semainesde la solidarité internationale (mi-novembre), du développementdurable (fin mai-début juin)…Autant de temps forts ponctuantl’année, autant de pas vers uneculture de paix, mais qui ne relè-vent cependant pas d’une véri-table éducation globale à la paixet à la non-violence.Car la paix n’est pas seulementl’absence de guerre, ou l’état denon-guerre. La paix, c’est aussipréparer le terrain pour éviterle conflit. Au vieil adage romain« Si tu veux la paix, prépare laguerre », qui a servi à une escala-de incessante des conflits et desmoyens de mort, répond au-

www.menapax.org. Des enfants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont écrit et dessiné des messages de paix.

Chaos en Irak, massacresà Gaza, reprise desessais nucléaires enCorée du Nord, guer-re civile au Sri Lanka,

conflit économico-politique auDarfour, terrorisme qui sème lapeur au sein des populations, tra-fic d’armes, enfants-soldats, vio-lences dans les banlieues françaises,incivilités croissantes, manuelsd’histoire qui font la part belle auxguerres, conflits justifiés au nomde la foi, famines, discriminationsraciales, populations déplacées…À regarder l’état du monde, onpourrait douter que la planèteTerre se dirige vers plus de paixet moins de violence. Mais, à côté

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enap

ax

À l’appel de tous les prix Nobel de la paix,le 10 novembre 1998, l’Assemblée

générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité une

résolution proclamantla décennie 2001-2010

« Décennieinternationale de la

promotion d’uneculture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du

monde ». Résolution qui invite tous les États membres à « prendreles mesures nécessaires pour que la pratique de la non-violence

et de la paix soit enseignée à tous les niveauxde leurs sociétés respectives, y compris dans les établissements d’enseignement ».

Si bon nombre d’initiativessont prises dans les écolespour lutter contre lesviolences et les incivilités,la Coordination françaisepour la Décennie estime

nécessaire de créer un véritable programme d’éducation à la paix et à la non-violence à tous les niveaux du système scolaire, tant l’enjeu est fondamental pour le monde de demain.

La paix,ça se construit

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nous invite à réfléchir sur nos com-portements et à agir ici autant quelà-bas. » Pas la paix imposée,mais celle que l’on fait advenirpar des méthodes et des actionsnon-violentes. « La non-violenceveut combattre la violence destruc-trice, c’est-à-dire l’acte programmépour obtenir la destruction del’autre, commente l’avocat GuyAurenche, président des Amisde la Vie. La paix est tout sauf unétat. C’est une tension, un but à at-teindre. Il est fondamental d’ajusternos pratiques quotidiennes par rap-port à des choix, des convictions affirmées que j’appelle les droits del’homme. Donner à un individu lemoyen de se nourrir au moins unefois par jour, le moyen d’être soigné,voilà des chemins de paix. » En ce sens, la paix durable n’estpas seulement une valeur. Et lecombat pour la paix est avanttout un combat pour la démocra-tie, les droits de l’homme et lajustice. La paix ne concerne doncpas uniquement les États. Elle estl’affaire de tous. Pour les respon-sables de la Coordination fran-çaise pour la Décennie (cf. enca-dré, p. 24), « la paix est personnelleet collective, économique, sociale, po-litique, culturelle, individuelle, struc-turelle. Elle ne peut exister sans justi-ce ni liberté. Elle culmine peut-êtredans la sérénité intérieure, mais nepeut se limiter à cette paix des cœurs etdoit passer par l’éducation à de nou-veaux comportements. »

Un chemin permanentÀ mi-parcours de la « Décennieinternationale de la promotiond’une culture de la non-violenceet de la paix au profit des enfantsdu monde », les interrogations etles prises de conscience se font deplus en plus nombreuses. Les de-mandes de formation à la gestiondes conflits ou à la médiation sonten nette augmentation, et denombreux organismes ou asso-ciations proposent des kits et sup-ports pédagogiques pour tous lesniveaux d’instruction. Le besoinde pacification dans les établisse-ments est tel que, dans le diocèsede Troyes (Aube), cette réflexionest devenue un véritable engage-ment lors des assises de décembre

2004. Dorénavant, la journée derentrée de septembre a été insti-tuée « Journée de la paix ». Quelques établissements ont repris cette thématique comme fil rouge de leurs actions. « Lapaix est une valeur importante pourtout homme, fait remarquer sœurGeneviève Agnès, directrice de l’ensemble scolaire Saint-François-de-Sales, à Troyes. Nousessayons d’amener les jeunes à s’in-terroger sur la façon dont ils peu-vent être artisans de paix. Et àprendre des engagements à leur me-sure dans ce sens. C’est, en effet, parde petits actes du quotidien que l’ondevient acteur de paix. » Car vivre en paix n’est pas natu-rel. Cela se conquiert, s’apprend.Et la paix reste toujours fragile,sans cesse à construire. « Il ne fautpas être simpliste, plein de bons sen-timents, commente JacquelineMadinier, ancienne professeurd’histoire, engagée depuis delongues années à Justice et Paix2. Action concrète. Donner l’accès à l’eau potable est un chemin vers la paix.

Il est bon de montrer la complexitédu concept. Vivre en paix ne va pasde soi. La violence est plus naturelle.Il faut en prendre conscience pourapprendre à la dominer. » La paixdonc est un chemin permanentvers plus de bien-être, un chemin

Engagement de jeunesEn 2001, Aurélie Royon a

17 ans. Peu satisfaite desinformations données par la pres-se sur les événements tragiquesembrasant le monde, elle se tour-ne vers le Mouvement de la Paix*qui propose des débats. De fil enaiguille, elle participe à des ren-contres internationales de jeunespour en savoir plus sur ce quitouche aux conflits et à leur gestion. En 2005, elle fait partie de la délé-gation qui participe à la commémoration des 60 ans du bombardementatomique d’Hiroshima et de Nagasaki. Moment d’émotion, découvertedu milieu antinucléaire, échanges avec des rescapés. « Ces moments per-mettent de se motiver dans une lutte qui peut sembler perdue d’avance,dit-elle. Sans compter l’inévitable réflexion sur soi qui se fait. Cela a don-né un autre sens à mon engagement. Je me suis sentie redevable de par-tager ce vécu avec l’ensemble du comité. Dorénavant, je suis plus active. »Aujourd’hui, à 22 ans, Aurélie, future professeur des écoles, est investiedans la promotion de la culture de paix et de la « non-violence active »,précise-t-elle. Responsable de la commission sur l’éducation à la culturede paix de son comité, elle passe dans les écoles, propose des débats, desidées concrètes pour évoquer ce sujet avec petits et grands. « On peutpartir d’histoires vécues, de tableaux, de photos, du cours d’histoire. Puiséchanger avec les jeunes, les accompagner dans leur réflexion et non leurimposer la nôtre. Nous aimerions créer des mallettes thématiques pourles sensibiliser. On peut aussi les impliquer, ils pourraient trouver des chan-sons touchant à la paix, par exemple. Ce serait un premier pas dans l’en-gagement. » Mais Aurélie a conscience que les conflits et la violence sontquotidiens, et qu’un tel engagement oblige à « se construire une véritableéthique personnelle et comportementale ». EDC

pour briser lesmurs entre lespersonnes,les mursde la pau-vreté, del’indiffé-rence,du racis-me, pour donnerconfiance en soi, res-pecter l’autre et se fairerespecter. « Si tu veux lapaix, pourrait-on ajou-ter, prépare la fraternité,prépare la solidarité,le dialogue – etnotamment entrecommunautés –, lajustice, la compas-sion. » L’école,dès lors, n’est-elle pas un terreau particulière-ment fertile pour inculquer toutesces valeurs et former de futurs ci-toyens responsables ?C’est en allant voir l’École de lapaix2 de Grenoble qu’Ariel Rogé,une des responsables de la pasto-rale au lycée Notre-Dame-des-Oiseaux, dans le XVIe arrondisse-ment de Paris, a choisi d’en créerune, à son échelle, avec un petitgroupe de quinze élèves de pre-mière. « Avant de lancer cette ini-tiative, dit-elle, j’ai cheminé pen-dant un an en rencontrant des ac-teurs de Pax Christi, de Sant’Egidio,des Quakers de l’Acat2 où je milite ;j’ai suivi des manifestations ; j’aiparticipé à des routes de la paix ; àParis, je suis allée au Mur pour la

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Dossier/La paix, ça se construit

Paix, au Champ-de-Mars ; j’ai visité le mé-morial de Caen, le Cen-tre mondial de la Paix, àVerdun. J’ai été envoû-tée par l’idée que la paixs’apprenait et que nousétions donc tous à l’écolede la paix. Dès lors, j’aipu proposer à mes élèvestrois pistes de réflexion,trois niveaux où l’onpeut vivre la paix : lapaix intérieure, la paixdans mon proche envi-ronnement, la paix uni-verselle. »Ce qui ne s’est pas faitsans mal. Pour lesjeunes avec qui elletravaille, la paix estune belle utopie, laquête d’un absolu im-possible à atteindre.Peu se sentent ca-pables ou désireuxd’en être acteurs.Pour les séduire, riende mieux que duconcret. L’école de lapaix passe donc avanttout par l’invention degestes de paix dansl’école. Cette année, cesera un lancé d’avionsde toutes les fenêtresdu premier étage del’établissement qui entourentune grande cour. Ils transporte-ront des messages de paix qui de-vront s’adresser aussi bien auxpetits de 6e qu’aux grands de ter-minale. « Ainsi, tout le monde serainterpellé. Cela donnera une existen-ce à notre petite unité de réflexion. Etcela donnera, je l’espère, le goût de lapaix. » Ce goût de la paix qui nes’apprend pas avec des recettestoutes faites, mais est un état d’es-prit vers lequel on tend.

Entrer en relationPour sensibiliser les jeunes, il estdonc bon de les mettre en action.D’aborder la paix et la non-vio-lence par le biais de jeux derôles, du théâtre, des arts plas-tiques… C’est le choix fait par lelycée technique et commercialSaint-Pierre de Brunoy (Esson-ne). « La paix est un thème porteur et

suffisamment ouvert pour que tousles profs se sentent concernés et puis-sent s’en saisir chacun à leur manière,commente Dominique de Rive,la directrice. C’est notre thèmed’année, choisi par l’équipe pastora-le. Une multitude de petites créa-tions concrètes vont être réalisées :un spot, La paix dépend un peude toi ; une pièce de théâtre ; unemarche dans la ville ; un journal debonnes nouvelles… Tout sera mis encommun lors d’une manifestation defin d’année. On essaiera alors devivre vraiment cela dans le quoti-dien de l’établissement pour que cha-cun prenne conscience que la paix sejoue dans les petits gestes de chaquejour. »En effet, qui veut la paix doitapprendre à entrer en relation,cette relation souhaitée mais quifait peur, perturbe. Tout problè-me de conflit ne vient-il pas d’unedifficulté relationnelle qui dégé-

nère en violence ? Dèslors, la relation s’appren-drait-elle ? Existerait-ilune pédagogie de la rela-tion ? « Oui », répond avecconviction Marie Maquai-re, formatrice, qui a adap-té la méthode ESPERE deJacques Salomé3, et est in-tervenue4 l’an dernier aucollège Saint-Justin à Le-vallois-Perret (Hauts-de-Seine), à la demande de ladocumentaliste, Marie-Anne Bodenez. Une mé-thode très concrète, oùl’on utilise de nombreuxsupports pédagogiquesludiques qui permettentla visualisation et la sym-bolisation. « On apprendainsi à se responsabiliser età ne pas se positionner com-me victime. On apprend àparler en son nom propre,au “je”, en exprimant sonressenti et en écoutant leressenti de l’autre. » On ap-prend ainsi à aller versune paix relationnelle.Dès lors, on pourrachanter avec GeorgesBrassens : « Au lieu demettre en joue quelquevague ennemi / Mieux vaut

attendre un peu qu’on lechange en ami5. » ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Reporters d’espoirs est une association quirécompense des reportages ou des articlesporteurs de solutions de paix. Site internet :www.reportersdespoirs.org2. Voir page 25.3. Psychosociologue, formateur en relationshumaines, il a mis au point la méthode Espe-re pour mieux communiquer en rappelant quele système relationnel dominant entretientsouvent des rapports d’aliénation et de vio-lence.4. Dans le cadre de l’association Oasis des relations humaines. Tél. : 02 38 84 09 18.5. Les deux oncles.

La Coordination française

pour la DécennieCréée en 2000 par uncollectif d’associationsse référant à la non-vio-lence, la Coordinationfrançaise pour la Dé-cennie – qui organisetous les deux ans leSalon internationaldes initiatives de paix*– a élaboré et pré-senté, à la fin de l’an-

née dernière, à Paris, un « program-me pour l’éducation à la non-violenceet à la paix » destiné à faire entrer cesconcepts dans le système éducatif fran-çais. « Certes, il existe beaucoup d’ou-tils pour ceux qui veulent aborder cet-te réflexion et la mettre en œuvre, etde nombreux enseignants s’en sontemparés, commente Vincent Roussel,responsable de la commission éduca-tion. Il existe également à l’école destemps horaires qui privilégient l’ap-prentissage du vivre-ensemble et peu-vent servir de base à une éducation àla non-violence et à la paix. Mais la ré-forme doit être globale. Nous prônonsun temps hebdomadaire spécifique àl’école, ainsi que l’intégration de cetenseignement dans la formation desenseignants et dans la formation detoute personne intervenant dans unétablissement. Cela cadre bien avec lesnouvelles exigences du socle commun.»Pour se faire entendre, la Coordinationfrançaise poursuit ses actions de lob-bying auprès des parlementaires, avecl’idée de voir déposer une propositionde loi sur le sujet**. En attendant, el-le reste active et publie régulièrementune lettre illustrant par des récits d’ex-périences, des analyses, des ressourceset des fiches pédagogiques, les thèmesprésentés dans son programme. Carune telle éducation ne saurait se ré-duire à un cours traditionnel. « Enfantset adultes doivent être mis en situationconcrète, par le biais notamment dejeux de rôles ou de jeux coopératifs »,précise Vincent Roussel. EDC

* Il rassemble début juin, plus d’une centaine d’as-sociations œuvrant pour la paix. Au programme :tables rondes, carrefours, ateliers interactifs...** La dernière campagne s’est tenue le 9 décembre2006, à Paris, au Palais-Bourbon. Pour tout rensei-gnement : www.decennie.org

uUn rapport de The Human Security Center, Institut de recherche universi-

taire de Vancouver, au Canada, publié à la fin de2005, montre que le nombre de conflits armés adiminué de 40 % depuis 1992. Malgré la Bosnieet le Rwanda, le nombre de génocides et autresmassacres d’ampleur a, lui, chuté de 80 % depuisla fin de la guerre froide. L’archevêque DesmondTutu, dans le préambule du rapport, y voit un« rare message d’espoir ».

Savoir +

« L’unité dans la paix ». Ce monument se trouve dans le jardin de la chapelle de la Résurrection pour l’Europe, à Bruxelles.

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Des associations ressources,membres de la Coordinationfrançaise pour la Décennie1

L’ACAT – Action des chrétiens pourl’abolition de la torture (Paris)Association œcuménique, l’Acat s’engage auxcôtés de tous ceux qui luttent pour l’abolitionde la torture et des exécutions capitales. Sur internet : www.acat.asso.fr

École de la paix (Grenoble, Isère)L’École de la paix a pour objet d’informer etd’éduquer les citoyens en vue de construire lapaix et d’œuvrer à un monde plus juste enamenant personnes, groupes et États à élabo-rer des relations plus harmonieuses. Elle dis-pose de trois pôles de compétence : médiationet solidarité, animation pédagogique, recherche.Sur internet : www.ecoledelapaix.org

Génération Médiateurs (Paris) (Lire pp. 26-27.)

Graine de citoyen (Angers, Maine-et-Loire)Cette association propose des animations deprévention de la violence en sensibilisant lesenfants, dès 4 ans, aux solutions non-violentesqui peuvent être utilisées pour gérer lesconflits. Sur internet : http://perso.wanadoo.fr/grainedecitoyen

IFMAN - Institut de recherche et deformation du mouvement pour unealternative non-violente (Val-de-Reuil, Eure)Implanté dans six régions de France, l’Instituta pour ambition de construire des réponsespratiques aux réalités parfois violentes de lavie quotidienne. Sur internet : http://ifman.free.fr

Justice et Paix France (Paris)Justice et Paix a reçu de la commission épisco-pale française la mission d’aider les chrétiens àêtre actifs et vigilants sur toute question relati-ve à la justice et à la paix dans le monde.Sur internet : www.justice-paix.cef.fr

Pax Christi (Paris)Mouvement catholique international pour lapaix, Pax Christi dispose du statut consultatifauprès des Nations-Unies et de l’Union euro-péenne. Le mouvement ne sépare pas la spiri-tualité, la réflexion et l’engagement. La paix

indivisible se construit à tous les niveaux, ens’appuyant sur les « 5D » : droits de l’homme,désarmement, développement, dialogue inter-national, défense de la création. De nombreuxoutils et fiches pédagogiques sont disponiblespour animer des sessions avec les jeunes.Sur internet : www.paxchristi.cef.fr

Unipaz France (Versailles, Yvelines)Unipaz a été fondé au Brésil par Pierre Weil.L’association propose des formations sur « l’artde vivre en paix » selon trois angles : la paix avecsoi, avec les autres, avec l’environnement.Grâce à des méthodes actives, chacun exploreles sources de ses conflits et cherche lesmoyens de les transformer. Sur internet : www.unipaz-europe.org

1. Les 58 associations membres sont recensées dans le cata-logue du 2e Salon international des initiatives de paix (2, 3 et4 juin 2006). Site internet : www.decennie.org

Lieux incontournablesCentre mondial de la paix, des libertés et des droits de l’homme (Verdun, Meuse)Lieu d’échanges, de rencontres et de ré-flexion au service de la paix, le Centre présen-te de nombreuses activités tout au long del’année : expositions, conférences…www.centremondialpaix.asso.fr

Mémorial de Caen (Caen, Calvados)Un musée consacré à l’histoire du xxe siècleoù un vaste espace est dédié à la paix. Le Mé-morial organise tous les ans le concours lycéens sur les droits de l’homme.www.memorial-caen.fr

Des revues, des ouvragesNon-violence actualité – Centre deressources sur la gestion non-violente desconflits (Montargis, Loiret)Cette revue bimestrielle de réflexion et d’in-formations pratiques n’est que l’un des outilsproposés par ce centre spécialisé dans la pré-vention des violences de proximité (école, fa-mille, quartier…). Il diffuse également, parcorrespondance, des livres, DVD, jeux coopé-ratifs et mallettes pédagogiques. www.nonviolence-actualite.org

Ensemble pour la paix Très documenté et abondamment illustré,ce livre veut aider les enfants à cerner la si-gnification de la paix pour mieux en saisir

la réalité contempo-raine, historique,philosophique, ar-tistique, politique,militante, éducativeet pédagogique.Dans un style trèssimple, l’auteur,Claude Faber, avoulu montrer lacomplexité deschoses. Dès 10 ans.Éditions Milan, 2006,12,90 €.

Mieux vivre ensemble dès l’écolematernelleL’auteur, Jacques Fortin, pédiatre et profes-seur en sciences de l’éducation, souligne que,dès la petite enfance, la violence peut êtrecombattue. Programme pour les 4-12 ans.Éditions Hachette Éducation, 2001, 18,80 €.

Des mots à dess-e-in – parcours civique Un outil pédagogique pour apprendre àvivre ensemble, exprimer sa pensée, nommerson comportement. Programme pour lagrande section de maternelle et le primaire.Collectif, Éditions Scéren/CNDP, 2004, 22 €.

Éduquer à la non-violence – découvrir les grandes figures de paixL’auteur, Bernard Paque-reau, a voulu aller àcontre-courant des ma-nuels d’histoire qui lais-sent si peu de place aux fi-gures de paix. Dans celivre-jeu et livre pédago-gique, il propose, au fil dechapitres d’une ou deuxpages, de découvrir ceshommes et ces femmes,souvent restés dansl’ombre, qui ont avancéet avancent des propo-sitions pour résoudreles conflits par la non-violence.Éditions Chronique sociale, 2006, 12,90 €. Lemême éditeur propose, entre autres ouvrages sur lemême thème : Jean-Luc Mermet, Deux bouts, larelation ! être à l’écoute, enrichir les rela-tions, 2006, 15 € ; Université de paix de Na-mur, Jeux coopératifs pour bâtir la paix,2005, 18,90 € ; Élisabeth Maheu, Sanction-ner sans punir, 2005, 16,30 €.

Des associations, des lieux, des livres

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Dossier/La paix, ça se construit

Situé dans une rue calmede Saint-Jean-de-Luz(Pyrénées-Atlantiques), lecollège Sainte-Marie n’estpas vraiment un lieu où

sévit la violence scolaire. Ici, pointde menaces pour tenter d’extor-quer un blouson, un lecteur MP3ou quelques pièces. Quant auxinévitables conflits entre élèves,ils se limitent généralement à desimples disputes pour des motifssans gravité. Bref, on l’aura com-pris, la nervosité des collégiensest davantage due au prochaincontrôle de mathématiques oud’anglais qu’à une ambiance délé-tère au sein de l’établissement.C’est pourtant dans ce collègeque, voilà deux ans, Babeth Diaz2

est venue former une quinzained’adultes à la médiation scolaire.« Non pour mettre un terme à une cri-se réelle, mais pour apporter un plus,enseigner une technique facilitant lagestion des conflits à venir », ditMarie-Christine Brachet, média-trice et responsable de la vie sco-laire.

CharpentierMais de quoi s’agit-il exactement ?« Conçue initialement pour desjeunes, cette formation se veut avanttout ludique. Elle se décompose enune série de jeux qui aident l’enfantou l’adolescent à acquérir un com-portement et une capacité d’analysequi lui permettront de résoudre lesconflits », explique-t-elle. La pre-mière de ces étapes, c’est laconnaissance de soi et d’autrui.Par des devinettes et des cha-rades, le jeune apprend toutd’abord à se présenter. Suiventun questionnaire sur l’estime desoi, ainsi que des jeux destinés àlui permettre de mieux seconnaître. Tel celui de la « mai-

son en feu ». « Dans ce test, préci-se Marie-Christine Brachet, lamaison de l’enfant est en flammes, etsa famille déjà à l’abri. Le jeunepeut y retourner, mais pour ne sau-ver qu’un seul objet. Certains, dansun premier temps, choisissent sanshésiter leur ordinateur ou leurconsole de jeux. Puis, voyantquelques-uns de leurs camarades quiont préféré sauver la photo d’un pa-rent dont ils sont séparés ou le “dou-dou” de leur petit frère, ils révisentleurs priorités. » L’objectif étant depermettre à chacun de mieuxcerner les valeurs qui sont lessiennes, et donc sa personnalité,

et de le faire réfléchir sur lui-même. Le respect de l’autre et de sa dif-férence sont aussi mis en avant.Par le biais d’un charpentier quidoit se défaire d’un outil, mais nesait pas lequel choisir, ils com-prennent que la contribution dechaque membre du groupe estindispensable pour parvenir aubut. Chacun apporte sa pierre àl’édifice, en révélant ainsi l’im-portance du travail en commun.Dès lors le regard porté surl’autre évolue. Bien que diffé-rent, ce dernier a également desqualités et elles lui sont propres.

À l’automne 2004, Génération Médiateurs a formé à la médiation une quinzaine d’enseignants du collège Sainte-Marie de Saint-Jean-de-Luz, afin qu’ils transmettent ces techniques aux élèves.

Une méthode de gestion des conflits qui fait aujourd’hui partie intégrante de la vie de l’établissement.

« Des différences d’autant mieux ac-ceptées que chacun se dévoile en ate-lier, le jeune étant invité à parler li-brement de lui. C’est l’occasion pourles autres de comprendre les raisonsde son comportement, et pour lui, deprendre du recul face à une situa-tion personnelle parfois difficile.Cela favorise la cohésion dugroupe », ajoute Marie-ChristineBrachet. Et ce d’autant plus quetout jugement est exclu et que laconfidentialité est de mise. Au-tant de principes que les élèvesmettront en pratique en tant quemédiateurs. Sens de l’écoute, respect des

Qualités indispensables. L’altruisme, la tolérance et la maîtrise de soi font les bons médiateurs. Sans compter le sourire…

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La médiation n’attend pas le nombre des années

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Paroles de jeunes médiateurssSept élèves du collège Sainte-Marie de Saint-Jean-de-Luz s’ex-

priment sur leurs motivations et leurs actions de médiateurs. Sandra (4e) : « Je l’ai fait parce que j’aime aider les gens. On ap-prend à ne pas juger. »Tony (4e) : « Ça permet de mieux se connaître et connaître les autres. »Bastien (4e) : « La formation de médiateur m’a aidé à devenir plus cal-me. Régler les conflits des autres aide à régler ses propres conflits. »Nelson (4e) : « J’ai bénéficié d’une médiation en 6e et j’ai voulu com-prendre comment ça se passait. »Jules (4e) : « On parle plus facilement avec des jeunes de notre âge. »Uhaina (4e) : « Cette formation m’a appris à devenir plus patiente,plus à l’écoute des autres. Le plus important, c’est de ne pas prendreparti. »Paul (3e) : « On devient plus vigilant dans la cour. On se sent res-ponsable. C’est une expérience à vivre. »

points de vue différents et reculface aux événements semblentdonc être à la base d’une média-tion réussie. Répartie sur troismois à raison de séances hebdoma-daires de 50 minutes, cette forma-tion est obligatoire en classe de cin-quième dans ce collège. Sixséances supplémentaires sont pré-vues en quatrième pour les jeunesqui souhaitent poursuivre danscette voie. Il s’agit d’ailleurs de lamême formation que celle que Gé-nération Médiateurs propose auxenseignants. À deux différencesprès : pour ces derniers, elle est re-groupée sur trois jours et les outilsspécialement élaborés pour un pu-blic jeune en sont écartés.

« Pour les enfants, la cinquième estla classe idéale pour commencer, carils ont déjà le minimum de maturitésans lequel ils ne pourraient être réceptifs à cet enseignement », explique Bixente Minondo, mé-diateur et professeur d’éducationphysique et sportive. « Favoriser lagestion des dilemmes entre élèves parleurs pairs comporte de nombreuxavantages, notamment celui de ren-forcer leur appartenance au groupeet de contribuer à les rendre plus au-tonomes et plus responsables. D’autrepart, un jeune s’exprimera plus faci-lement avec quelqu’un de son âge. Ilse sentira mieux compris », souligneMarie-Christine Brachet. Ce type de médiation génère cependant ses propres limites.Ainsi, « un médiateur ne peut pastraiter un conflit entre deux élèves desa classe ou même de son niveau, et ce,afin de respecter la clause de neutrali-té. Et certains problèmes trop sérieux,

tels que la dépression, le suicide ou lesdifficultés familiales, échappent à sajuridiction. Il sait que là, il doit passerla main », souligne la médiatriceet responsable de la vie scolaire. Il n’en reste pas moins que la mé-diation a un impact très positifsur la vie du collège. « Bien qu’ap-pliquée à titre préventif, cette dé-marche permet d’aplanir les tensionsavant qu’elles ne dégénèrent enconflit. Le jeune qui participe à la for-mation va avoir une relation privilé-giée avec les autres membres du grou-pe, même s’ils n’étaient pas amis audépart. Cela contribue à supprimerles clivages et donc les clans au sein del’établissement. Quant au simple faitd’accepter le médiateur lors d’un dé-mêlé, il suffit généralement à calmerle jeu », fait encore remarquerMarie-Christine Brachet. Une influence bénéfique à laquelleest également sensible le corpsenseignant. Ainsi, « cette formationfavorise les relations humaines entreles élèves futurs médiateurs et lesadultes qui les forment. Une discus-sion libre et ouverte s’établissantentre eux en dehors du cadre plusstrict de l’école. Elle facilite aussi letravail des enseignants. Certains deceux qui n’ont pas suivi la formationnous accompagnent donc durant lesmédiations, afin d’utiliser cette tech-nique dans leur classe », exposeMarie-Christine Brachet. Néces-sitant des qualités telles que l’al-truisme, la tolérance ou la maîtri-se de soi, la fonction de média-teur permet à l’élève de dévelop-per sa confiance en lui ainsi quesa force de caractère. Autantd’atouts qui pourront lui servirdans sa vie d’adulte. Pour Bixente Minondo, « le conte-nu même de la formation vise àtransmettre les valeurs que l’on es-saie de développer à l’école. Car lerôle de tout enseignant est de formerles citoyens de demain. Au cours decette formation, ils vont apprendre àréagir face à une situation difficile.Quant à la pratique, elle les aide àdevenir responsables et accélère leurmaturité ». Un exercice qui s’ef-

fectue toujours par groupes dedeux. « Les médiateurs sont ainsiplus efficaces. Ils accroissent leurcapacité d’écoute et respectent plusfacilement la condition de neutralitéindispensable au traitement du pro-blème », enchaîne-t-il.

BémolLes conflits sont traités à froid, sipossible dans les heures qui sui-vent. Le médiateur ne proposepas lui-même de solution, maisamène les parties en présence àtrouver un compromis. Un bé-mol, cependant. Car si la média-tion est à la base même de la pro-fession d’enseignant – toutes ma-tières confondues –, comment ex-pliquer l’intérêt de lui consacrerune formation spécifique ? Un im-pératif qui, pour Bixente Minon-do, réside dans « une carence du sys-tème éducatif français ». De nom-breux enseignants, peut-être parmanque de préparation, n’utili-sent pas la médiation de façon ré-gulière et préventive au sein deleurs classes. D’autres, bien queformés, ont du mal à la mettre enpratique, notamment par manquede temps. Car « trouver deux profes-seurs dont les heures de disponibilitécoïncident, relève parfois de la gageu-rer», précise Marie-Christine Bra-

chet. La médiation s’effectuant,comme nous l’avons dit plus haut,toujours en binôme, certains en-seignants n’ont pas pu s’y essayer. Même si elles constituent, au collè-ge Sainte-Marie, la principale diffi-culté, ces questions d’organisationsemblent secondaires en compa-raison d’un éventuel refus de lamédiation par les jeunes en conflit.Une situation cependant peu envi-sageable dans cet établissement. Iln’en reste pas moins que des pro-grès semblent encore à faire. « L’éta-pe suivante serait que les jeunes pren-nent eux-mêmes l’initiative d’aller voirdes médiateurs… ou que ces dernierss’adressent directement aux acteursd’un conflit », conclut la médiatriceet responsable de la vie scolaire.

EMMANUELLE DIAZ

1. Adresse : 30 rue Saint-Jacques, 64500 Saint-Jean-de-Luz. Tél. : 05 59 26 20 35.2. Élaboratrice du programme avec Brigitte Liatard (cf. ECA 305, p. 14).

pas le nombre des années

La fonction de médiateur permet

à l’élève de développersa confiance

en lui ainsi que sa force de caractère. uDepuis 1993, Génération Médiateurs inter-

vient dans les établissements scolaireset les structures sociales pour mener un travailde prévention de la violence. Sa spécificité consis-te, par une méthode ludique, à former à la ges-tion non-violente des conflits et à la médiationpar les pairs.Contact : 39 rue des Amandiers, 75020 Paris.Tél. : 01 56 24 16 78. Internet : www.gemediat.org

Savoir +

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Dossier/La paix, ça se construit

Pouvez-vous nous dire qui vous êtes, et la réflexion qui vous a amené à penser la non-violence et à la mettre en actes ?Jean-Marie Muller : Deux élémentsfondamentaux sont à l’origine demon engagement. La guerre d’Algé-rie, d’abord. Après avoir intégrél’école des officiers de réserve, je suisarrivé en terre d’Algérie au momentdu cessez-le-feu. Quand j’ai réalisé àquelles incohérences et quelles inef-ficacités avait abouti la violence, j’aipris conscience que cette dernière nepouvait mener qu’à une impassepour régler les conflits humains. Ledeuxième élément est le fait que jesuis tombé tout petit dans le christia-nisme. Le témoignage et l’enseigne-ment de Jésus de Nazareth ainsi que la lecture de l’Évangile m’ontconvaincu que la violence était encontradiction avec la vocation spiri-tuelle de l’homme. L’Évangilen’étant cependant ni un traité denon-violence ni un manuel de straté-gie de l’action non-violente, je suisallé voir du côté de Gandhi. Pour cedernier, la non-violence est à la foisune sagesse fondée sur une expé-rience spirituelle et une stratégiefondée sur le réalisme politique. Ilm’est dès lors apparu évident que la non-violence était à la fois l’espérance et le réa-lisme.

En 1974, le MAN, Mouvement pour une alternative non-violente, est créé, et vous en êtes l’un des membresfondateurs. Quel en était l’objectif ? J.-M. M. : De nombreux groupes prônantla non-violence s’étaient formés en Francedans la foulée de 1968 et de la mort de MartinLuther King. L’idée nous est venue de fédé-rer ces groupes sur la base d’un « manifestepour une alternative non-violente » afin dedonner plus de cohérence à cette mouvan-ce. Nous voulions aller à l’encontre de laculture de violence qui est le fait de notresociété et faire valoir l’apport spécifique dela non-violence d’un double point de vue :philosophique (pris dans le sens de l’amour

« Déconstruisons les murs et construisons les ponts »Infatigable militant et théoricien de la non-violence, Jean-Marie Muller1 nous livre

ses réflexions pour délégitimer et déconstruire tout ce qui justifie la violence.

de la sagesse) et stratégique pour laconstruction d’une société de justice et deliberté.

En quel sens peut-on dire que nos culturessont dominées par une culture de violence ? J.-M. M. : Parlons d’abord de la manièredont on nous a enseigné et dont on conti-nue à enseigner l’histoire, en passant par leprisme de l’idéologie de la violence, en sebasant sur les faits guerriers et en considé-rant la pratique de la guerre comme l’ex-

pression du plus haut courage. Pla-ton et Aristote considéraient déjà le courage comme étant la vertu de l’homme fort qui n’a pas peur de prendre le risque de mourir à la guerre. Nous perpétuons cetteidée qui structure notre identité citoyenne. On ne peut passer sous silence, en-suite, le rôle des traditions religieusesqui, bien que prônant la paix, onttoutes élaboré des doctrines de la vio-lence légitime, des théologies de laguerre juste. Y compris le christianis-me. Dans la mesure où les religions,par ailleurs, prétendent exprimer lapart spirituelle de l’homme, etqu’elles ont largement intégré la vio-lence comme étant une des normesdu comportement non seulement ducitoyen mais du croyant, commentespérer voir les hommes surpasser etdépasser la culture de la violence ? Certes Jésus a opéré la rupture avecle châtiment de l’enfer en affirmantau malfaiteur qui s’était adressé à lui :« Aujourd’hui même, tu seras avec moi

dans le paradis. » Mais l’Église n’a pasopéré cette rupture. Il serait donctemps de « désarmer Dieu ». Car Dieu,en toute hypothèse, ne peut être tout-puissant. Il ne peut être que toute

« bonté », terme que je préfère à celuid’« amour », tant dévoyé.

Pourriez-vous définir la « non-violence »,concept sujet à bien des ambiguïtés etparfois mal compris, voire considéré parcertains comme négatif ? J.-M. M. : Le mot « non-violence » nous aété offert par Gandhi. C’est la traductiondu terme sanscrit « a-himsa », « a » étant lepréfixe négatif et « himsa » signifiant la capa-cité de violence existant en tout homme vis-à-vis de l’autre homme. Nous sommes desêtres de relation. L’homme ne structure sapersonnalité qu’en construisant avecl’autre une relation de réciprocité et de res-pect mutuel. Notre première rencontreavec l’autre ne se fait cependant pas aisé-ment dans l’harmonie, mais dans le conflit.L’autre est perçu comme une menace. La

Jean-Marie Muller membre fondateur du Mouvement pour une alternative non-violente

Toute violence est un viol, le viol de l’humanité de l’autre homme.

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première réaction seradonc d’hostilité, de peur,de malveillance qu’il fautreconnaître, apprivoiser,surmonter. Le « non » de« non-violence » ne s’op-pose donc pas au conflit,celui-ci étant nécessairepour faire reconnaître sesdroits et créer les condi-tions de la justice. Il s’op-pose à la violence et au dé-sir de violence qui existeen tout homme et qu’il nefaut surtout pas ignorer,mais dominer et trans-former.

Pourriez-vousdéfinir cette violence ?J.-M. M. : Touteviolence est un viol,le viol de l’humani-té de l’autre hom-me. Je dirai plus :toute violence est leviol de la dignité del’humanité de l’hom-me. Et non seule-ment la violence porte atteinte à la dignité del’humanité de celui qui la subit, mais la violen-ce porte d’abord atteinte à la dignité de l’hu-manité de l’homme qui l’exerce. J’ai eu lachance de rencontrer le général de Bollardiè-re, cofondateur du MAN. Il a refusé la tortureen Algérie. Il m’a dit : « J’ai refusé la torture biensûr par respect pour la dignité des Algériens, maisd’abord par respect pour ma propre dignité. Car enacceptant la torture, je renonçais à ma dignitéd’homme. » Il nous faut récuser tous les processus de jus-tification et de légitimation de la violence. Cequi caractérise précisément la culture de laviolence que j’appelle la culture de la violen-ce « nécessaire, légitime et honorable », cen’est pas tant la violence elle-même que sajustification. Le « non » de la non-violenceest un « non » de délégitimation, un « non »de résistance. Le grand défi lancé auxhommes pour le XXIe siècle devrait être dedéfinir une sagesse universelle.

Y a-t-il un peuple, une culture plus avancéesur la voie de la non-violence ?J.-M. M. : Je ne le crois pas. Il n’y a pas de

peuple naturellementnon-violent. Pas de cultu-re qui ait une traditionde non-violence. La vio-lence est la voie de la

facilité. Il faut une volonté très fortepour surmonter cette tentation. Nous ne sommes pas préparés à cela. On com-mence cependant à voir émerger des demandes de formation, de réflexion unpeu partout. Dans les écoles, les familles,les entreprises. Mais aussi dans les paysqui vivent des conflits armés, comme ces terres meurtries du Moyen-Orient. Le réalisme oblige à reconnaître la faillitede la violence.

L’efficacité de la non-violence a-t-elle étéprouvée dans l’histoirerécente ?J.-M. M. : Un des plusbeaux exemples en est lachute du mur de Berlin.Quand nous disions auMAN, dans les années1980, que la plus grandechance pour les peuplesde l’Est de se libérer del’oppression communisteétait la non-violence,nous n’étions pas pris ausérieux. Nous sommes allés voir en Pologne.J’ignorais que mon livreStratégie de l’action non-vio-lente avait été traduit etdiffusé clandestinementpar Solidarnosc. C’étaitdevenu leur manuel debase. Ils avaient constaté

qu’en employant la violence, ils n’attiraientque la répression, et qu’il y avait une in-compatibilité totale entre violence et démo-cratie. Or, ils voulaient construire la démo-cratie. L’histoire leur a donné raison. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin ne s’estpas effondré sous l’effet des armes de des-truction massive de l’Occident, mais sous lapression de la résistance non-violente desfemmes et des hommes des sociétés civilesde l’Est.

L’école ne devrait-elle pas être le premierlieu d’éducation à la non-violence ?J.-M. M. : Bien sûr que si ! Les jeunes ontl’expérience des conflits. Ils en vivent par-

Murs. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin (ci-contre) s’effon-drait sous la pression de la résistance non-violente. Le mur quise dresse entre Israël et la Palestine connaîtra-t-il la même fin ?

urs et construisons les ponts »

Un livre fondamentalsCe Dictionnaire de la non-violence* est un livre fondamen-

tal pour qui veut comprendre et entrer dans le cheminementphilosophique et stratégique de la non-violence. En 108 mots clefs– « clandestinité », « courage », « désarmement », « grève de lafaim », « intervention civile »… –, Jean-Marie Muller a voulu ouvrir l’accès à la compréhension de la véritable signification dela non-violence. Un travail concis, précis, qui synthétise une réflexion entamée il y a près de 40 ans. L’auteur nous montreainsi que la non-violence est une force de proposition pour vivreen société et construire un avenir libéré de la violence.

* Le Relié Poche, 2005, 412 p., 12 €.

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Dossier/La paix, ça se construit

Israël-Palestine. Violence au quotidien.Aux jets de pierres et aux tirs de roquettespalestiniens, répond la répression deschars israéliens. Et chaque tir d’obus del’armée israélienne provoque un appel

aux attentats suicides, côté palestinien. L’es-calade sans fin. Avec, de part et d’autre, soncortège de morts de civils. Des femmes, desenfants, des hommes qui n’aspirent qu’à unechose : vivre en paix sur leur terre. Dans les deux camps, pourtant, on le sait. Iln’y aura pas de solution militaire au conflit. « La violence a échoué, constate Jean-MarieMuller. Il ne devrait même plus être nécessaired’argumenter pour le voir, le comprendre. » Dansles deux camps, on voit aussi se lever des ac-teurs de paix et de non-violence qui es-saient de faire entendre leurs voix. On veutpenser le rapprochement des deux com-munautés autrement. Aller vers une issueréaliste du conflit qui permette à chacun deretrouver sa dignité. S’éloigner de la pro-pagande et des clichés. Découvrir l’autre,son voisin, que l’on ignore ou que l’on neperçoit qu’à travers des stéréotypes qui en-ferment, sclérosent. Travailler à des solu-tions de paix comme l’initiative de Genèveen décembre 20031. Histoire de l’autre2 est une illustration de cepas vers un rapprochement. Une partitionà douze mains – six Palestiniens, six Israé-liens – que l’on doit à l’initiative de l’ONGPrime3, fondée par des professeurs d’uni-versité des deux bords avec l’aide de l’Insti-tut de recherche sur la paix de Francfort.Le résultat : un ouvrage qui met en parallè-le la double histoire palestinienne et israé-

On ne peut évoquer la paix et la non-violence sans parler

du conflit emblématique entreIsraël et la Palestine.

Conflit qui déborde parfois de ses frontières et peut avoir

des répercussions dans nos établissements en France.

Comment, dès lors, faire un pas vers l’autre, pour

désamorcer les « bombes » ?

La voie du dialoguefois de très durs. La règle d’or devrait êtrela règle fondamentale du vivre ensemble : « Ne fais pas à l’autre ce que tu ne veux pas quel’autre te fasse. » Tu ne veux pas que l’autre tecasse ton stylo-bille ? Alors, ne casse pas lestylo-bille de l’autre. Les jeunes compren-nent cela. Sans aller jusqu’à la forme positi-ve de la règle d’or – « Fais à l’autre ce que tuvoudrais qu’il te fasse » –, car cela est très diffi-cile…, commençons par refuser la violence.Ensuite, il est fondamental de briser la loidu silence. Personne ne devrait avoir à subirla violence sans pouvoir en parler. On voitsouvent des rapports de force, de domina-tion, se créer. Les victimes des conflitsn’osent pas parler. Car on les menace. Les communautés éducatives doivent êtrevigilantes, à l’écoute. Je fais confiance auxenseignants. Ils savent que la violence estdans leur classe, dans la cour, dans l’établis-sement. Ils peuvent aussi pratiquer la mé-diation. Les jeunes savent très bien trouverdes solutions « gagnant-gagnant » à unconflit quand on privilégie le dialogue. L’ap-prentissage de la citoyenneté devrait égale-ment être prioritaire à l’école. Pour mettretout cela en œuvre, il serait bon que les en-seignants soient formés à la non-violence.Dans certains IUFM 2, des sessions de l’IFMAN3, l’institut de formation du MAN,se sont mises en place. Mais ce n’est pas en-core systématisé. Peut-être y viendra-t-on…C’est une question de volonté politique. Caril ne suffit pas que l’option non-violente soitle choix d’une poignée d’enseignants dansun établissement. Elle doit être l’affaire detoute la communauté éducative.

Comment Jésus a-t-il témoigné de la non-violence ?J.-M. M. : Toute la pédagogie de Jésus estune attitude non-violente. Jésus abolit lavieille loi du talion : « Œil pour œil, dent pourdent, mort pour mort. » C’est quelque chose defondamental. Tendre l’autre joue, c’est bri-ser l’engrenage de la violence, briser lecercle des vengeances et des revanches. Latranscendance de l’homme, c’est prendre lerisque de mourir pour ne pas tuer, plutôtque de prendre le risque de tuer pour nepas mourir. On pourrait multiplier les exemples d’atti-tudes non-violentes de Jésus. La manièredont il chasse les marchands du Temple,l’habileté avec laquelle il propose à chacunde jeter la première pierre sur la femmeadultère, la façon dont il désarme Pierre,dont il prône l’amour des ennemis, ce quiest le sommet de la non-violence. Et il va jus-qu’à récuser la vengeance éternelle en par-donnant à ses bourreaux. La Croix de Jésusest la victoire suprême de l’homme sur la

violence, le symbole universel de la non-violence.

Au regard de l’état du monde aujourd’hui,peut-on dire que la non-violence a fait du chemin dans les mentalités ?J.-M. M. : Quand je mesure tout le poidsavec lequel la violence pèse sur notre histoi-re collective et notre existence personnelle,je ne peux être optimiste. La violence a dessiècles d’avance. Et des siècles d’investisse-ment en argent, en armes. Mais je ne suispas pessimiste parce que je ne crois pas quela violence soit une fatalité. Si elle est une fa-talité, c’est une fatalité tout entière construi-te par l’homme. Cela veut dire qu’avec nosmains d’homme, nous pouvons la décons-truire. Entre l’illusion de l’optimiste et ledésespoir du pessimiste, je crois qu’il y a dela place pour une espérance. J’aimerais ter-miner sur une image très forte pour moi, etque j’ai intériorisée au Moyen-Orient. Laviolence construit des murs et détruit lesponts. Pensons au mur de Berlin, au mur deJérusalem, au mur entre le Mexique et lesÉtats-Unis. Pensons aux ponts détruits auLiban dernièrement. La non-violence, elle,déconstruit les murs et construit les ponts.Déconstruire les murs, construire les pontspour que les hommes se rencontrent, se re-connaissent, se parlent, se respectent, secomprennent… et, j’ose à peine le dire, s’ai-ment. Les murs ne sont pas seulement ceuxde béton qui martyrisent la géographie etdivisent une terre qu’il faut partager. Cesont tous les murs de l’incompréhension,du mépris, de la haine, de la caricature. À lalimite, le programme des militants de lapaix, fussent-ils ou non chrétiens, est le mê-me : partout où nous pouvons, à notre me-sure, déconstruisons les murs et construi-sons les ponts. Après cela, le monde devraitse porter moins mal…

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Membre fondateur du MAN en 1974, Jean-Marie Muller estaujourd’hui directeur des études à l’Institut de recherche sur larésolution non-violente des conflits (IRNC). Depuis plus de 30 ans, aussi bien à travers ses écrits que ses actions, il tentede relever le défi de la non-violence, défi qui l’a mené à par-courir le monde. Il aime se référer à Gandhi, à la philosophe Simone Weil, ou à Georges Bernanos. Il est l’auteur de nom-breux ouvrages dont L’évangile de la non-violence (Fayard,1969), Stratégie de l’action non-violente (Seuil, 1981, coll.« Points/Politique ») ; Gandhi, la sagesse de la non-violence(Desclée de Brouwer, 1994) ; Les moines de Tibhirine, « témoins» de la non-violence (Témoignage chrétien, 1999) ; De la non-violence en éducation (Unesco, 2002).2. Instituts universitaires de formation des maîtres. 3. Sur internet : http//ifman.free.fr.

La version intégrale de cet entretien est sur ECA+(www.scolanet.org)

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lienne autour de trois dates clefs – la décla-ration Balfour en 1917, la guerre de 1948 etla première Intifada de 1987. Pourquoi ce livre ? Dans quel but ? « Pourformer les professeurs à être des bâtisseurs de paix,nous dit Sami Adwan, de l’université deBethléem, l’un des acteurs du projet. Dansles périodes de guerre et d’affrontements, lesélèves des écoles ne connaissent qu’une partie del’histoire, la leur, qu’ils supposent être vraie. Sou-vent l’enseignement se trouve engagé dans unprocessus d’endoctrinement qui a pour but dedonner raison à une des parties et de présenter demanière négative la position de la partie adverse.Les héros des uns sont les terroristes des autres, etvice-versa. Le premier objectif de ce livre est defaire reconnaître dès l’école qu’il y a plusieurs lec-tures de l’histoire. Nous souhaitons en faire unoutil de paix. Car il faut considérer l’enseigne-ment de l ’histoire comme une tentative deconstruire un avenir meilleur en “retournantchaque pierre” et non en la lançant à la tête del’autre. À l’origine,ce livre était prévupour exister dansune situation post-conflictuelle. Voyantqu’après Oslo 4 leconflit continuait,nous en avons fait unprojet d’espoir. » Ce livre, véritablechallenge, est utiliséaujourd’hui dans uncertain nombre delycées en Israël et enPalestine. À titre ex-périmental. Mais il aaussi traversé les frontières. Traduit notam-ment en français, il est devenu rapidementun outil pédagogique pour des professeursqui peuvent ainsi amener leurs élèves à unemeilleure compréhension du problème et àdépassionner les débats. Une enseignantede philosophie d’un lycée de Saint-Ouen l’autilisé avec un professeur d’histoire dansune classe où il devenait difficile d’évoquerla Shoah. Elle s’est confiée à L’Express5 : « Ona vu discuter entre eux des élèves qui n’avaientenvie de connaître que l’une des versions. Décon-certés, ils ont échangé sans éclats de voix, avecgravité. Le fait de travailler sur la subjectivité del’histoire, de la justification des luttes, d’entendrela douleur de l’autre, leur a permis de prendre durecul par rapport au conflit. » Marie-Paule Hervieu, historienne aujour-

d’hui à la retraite, ensei-gnante jusqu’à l’annéedernière au lycée Edgar-Quinet dans le IXe ar-rondissement de Paris,un lycée à forte popula-tion musulmane, l’aégalement utilisé : « Mesjeunes n’ont guère de culture historique fami-liale. L’opinion qu’ils sefont des événements duProche-Orient est réfrac-

tée par les images de la télévision. Il y aun énorme travail à faire pour remettre ce confliten perspective. J’y ai passé des heures, allant jus-qu’à utiliser les temps d’instruction civique. Maisc’est fondamental pour fournir les repères indis-pensables et mettre un frein aux réactions pure-ment émotives. »

Malgré les obstacles…Ce fort engagement personnel est lié au faitque Marie-Paule Hervieu était partie pre-nante d’un projet de partenariat franco-israélo-palestinien lancé en 2004 par legroupe Éducation à la paix du mouvementLa Paix Maintenant6. « Face aux tensions néesen écho au conflit du Proche-Orient qui se fai-saient jour dans nos établissements, nous avonsvoulu réagir, commente Hélène Miara, pro-

viseur adjointe d’un lycée du XVIIIe arron-dissement de Paris, également engagéedans ce partenariat. Comment ? la question seposait, car nous n’allions pas parler politique.Nous avons décidé de prendre la situation de lamanière la plus simplifiée possible, avec pourpostulat, celui prôné par les accords de Genève :deux peuples, deux États. Très vite, nous sommesarrivés à la conclusion que nous ne pouvionstravailler que dans le tripartisme, en créantdonc des ponts entre nos trois pays, et des projetstrès concrets et variables selon la discipline desprofs. » Malgré des obstacles évidents, dus notam-ment au barrage de la langue, et les regainsde tension au Proche-Orient, la créationd’un site internet avec des rubriques scien-tifiques est en cours, de même que laconstruction d’un lexique des mots de lapaix et la réalisation d’un film sur la célé-bration des anniversaires… Autant d’ac-tions pouvant se faire à distance avec lestechniques modernes de communication,et qui, selon les responsables du groupeÉducation à la paix, « tendent des passerellesréelles qui n’ont pas qu’une valeur symbolique,mais constituent des acquis partiels significatifsen vue d’acquis majeurs de dimension histo-rique ». Le soutien des autorités ministérielles etacadémiques de l’Hexagone a favorisé lavenue en France, en mai 2005, d’ensei-gnants d’Israël et de Palestine pour un sé-minaire et des rencontres avec les jeunes.Cela a permis de faire sauter bien des blo-cages et de créer bien d’autres passerelles.Car rien ne peut se faire, et surtout pas lapaix, sans franchir physiquement la distan-ce qui nous sépare de l’autre.

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Signé le 1er décembre 2003 à Genève, ce plan de paix alternatif pour résoudre le conflit est fondé sur le principe« Deux peuples, deux États ».2. La version française est parue aux éditions Liana Lévi en 2004(96 p., 10 €). Deux autres tomes, en hébreu et en arabe, n’ontpas encore été traduits dans notre langue.3. Peace Research Institute in the Middle East. 4. Les accords d’Oslo du 13 septembre 1993 ont été signés enprésence d’Yitzhak Rabin, de Yasser Arafat, et de Bill Clintonpour poser les premières pierres d’une résolution du conflit israélo-palestinien.5. Numéro du 29 novembre 2004.6. Sur internet : http://lapaixmaintenant.org

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Sur ECA+ (www.scolanet.org), quelques initiativesde paix et de non-violence en Israël-Palestine,

notamment des créations d’écoles bilingues.

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Dossier/La paix, ça se construit

La Bible pose d’emblée le problèmede la violence des hommes…Jesús Asurmendi : En effet, la Bible nese fait pas d’illusions sur le caractèreviolent des humains. Elle l’y inscritdans l’un des mythes fondateurs, celui du meurtre d’Abel par son frèreCaïn. Le mythe, tel qu’il fonctionnedans la Bible et ailleurs, n’est pas cequi s’oppose au réel. Il est une tenta-tive d’explication d’une réalité humaine fondamentale que leshommes n’arrivent pas à com-prendre rationnellement. Pour ten-ter un éclaircissement, ils « montent »un récit dans lequel interviennent lesdieux et les hommes. Mais le mythene désigne pas ce qui fut une fois (quiensuite se transmet). Il dit ce qui est.En constatant la présence constituti-ve de la violence entre les hommes etdans les hommes, la Bible, commetoutes les civilisations, tente de « trai-ter » le problème.

Quelles solutions sont proposées pour l’endiguer ?J. A. : Il y a une volonté manifeste de lacontrôler par tout un arsenal juridique. Ontrouve, dans l’Exode et le Deutéronome,un corpus législatif qui va dans ce sens. La « loi du talion » est, à cet effet, significative.Dans le contexte de l’époque (Ier millénaireavant J.-C.), elle apparaît déjà comme unemanière de contenir la violence. L’expres-sion « loi du talion » est d’ailleurs inadéqua-te, car il ne s’agit pas d’une loi mais d’unprincipe de proportionnalité entre délit etchâtiment, emprunté aux cultures voisines.Autre initiative biblique pour arrêter la vio-lence : l’institution des villes-refuges (Dt 19)pour les gens ayant commis un crime invo-lontaire, surtout de sang. Dans l’enceintede ces villes, ils sont hors de la portée des« vengeurs ». De même, on peut ajouter le

rôle des sanctuaires comme lieux d’asile.Cela n’empêche pas Salomon de faire exé-cuter Joab, le chef de l’armée de son père àqui il devait tant (mais qui avait eu la mau-vaise idée de prendre le parti de son frèrepour la succession au trône). Joab espère sesauver en s’agrippant à l’autel du sanctuai-re, mais Salomon envoie le tuer sur place !(1 R 2,28-35).

La Bible n’est pas tendre avec les puissants…J. A. : La violence royale est décrite sans camouflage par les livres bibliques. Elle jalonne l’histoire de la monarchie en Israëlet Juda. Pensons à David et à la manièredont il s’attribue la belle Bethsabée, en pla-çant son mari en première ligne, lors d’unebataille, pour qu’il meure (2 S 11). Pensons

également à la succession au trône deDavid, faite de viols, de meurtres etde complots (2 S 8 – 1 R 2). Autre épisode célèbre : la vigne de Nabot (I R 21) : le récit raconte les mani-gances du pouvoir royal pour s’ap-proprier la vigne de ce paysan, aveccomme seule raison de ce vol « le caprice royal ».

Le pouvoir, mais aussi l’argent, sont à l’origine de la violence...J. A. : Il aurait été surprenant quel’argent n’ait pas été un instrumentde violence dans la Bible. Avec lepouvoir, et intiment lié à lui, il appa-raît comme un véritable « dieuoublié ». Cette calamité est ample-ment prise en compte dans les diffé-rents corpus législatifs qui tentent derestaurer la justice. Il faut se tourner

vers les textes prophétiques pourtrouver des tableaux peu édifiants dela dictature de l’argent (Is 1,21-26 ; Jr 7,1-14 ; Am 2,6-16).

Le discours prophétique est de ce point de vue d’une étonnante modernité…J. A. : Les prophètes mènent un combatsans merci contre la violence de la loi, dupouvoir et de l’argent ; car si la loi peut ca-naliser la violence, elle peut être aussi sour-ce de violence. C’est pourquoi les pro-phètes ne sont pas des défenseurs de la loicoûte que coûte. Un exemple : Jérémie (21-23,8) constitue ce qu’on appelle « le livretdes rois ». Les rédacteurs du livre (qui por-tent le nom du prophète) y ont réuni un en-semble d’oracles contre les rois. Celui quigagne la palme de la corruption et de laviolence n’est autre que le roi Joachim (Jr 22,13-23). La liste des attaques des pro-phètes contre la violence du pouvoir royalest interminable. C’est une constante deslivres prophétiques !

À l’origine, était la violence…

La Bible ne cache pas la violence présente en tout homme. Mais, plus étonnant, elle semble l’assumer pour la traverser. Jesús Asurmendi1, spécialiste de l’Ancien Testament, nous propose

un itinéraire lucide qui conduit à la Croix… celle du Ressuscité.

Jesús Asurmendi professeur à l’Institut catholique de Paris,

spécialiste de l’Ancien Testament

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Pourquoi une telle insistance ?J. A. : Les prophètes effectuentun travail théologique qui, àmon avis, n’a été réalisé parpersonne d’autre. Ils définis-sent ainsi les caractéristiquesmajeures de la foi d’Israël.Quelles sont-elles ? En désa-cralisant l’institution royale, ilssuppriment toute possibilitéde prendre le pouvoir royalcomme référence ultime de lasociété. Ils mettent aussi le culte à une place seconde parrapport à la justice et donc à lanon-violence. Enfin, en pla-çant la fraternité au centre desrapports entre les hommes et Dieu, ils donnent à la foid’Israël un visage unique. Tou-tefois il existe une tension dansles livres prophétiques. Lesprophètes cultivent une vio-lence certaine contre les autrespeuples, mais ils placent claire-ment la non-violence comme horizon d’Israël et de l’humain (comme le mon-trent, entre autres, Mi 4,1-5 et Is 19,19-25).

Plus dérangeante est sans doute, dans l’Ancien Testament, l’image d’un Dieuviolent, lui aussi…J. A. : Nul ne peut nier qu’une des représen-tations importantes du Dieu d’Israël dans laBible est celle d’un Dieu guerrier. Une desconfigurations des rapports entre Israël,Dieu et les autres peuples, prend corps dansce qu’on appelle la « guerre sacrale » : elle estconduite par la divinité contre les ennemisde son peuple. Le Deutéronome, au cha-pitre 20, en donne les contours ; le livre deJosué et celui des Juges sont remplis de récits fonctionnant à partir de cette configu-ration idéologique et religieuse. Bien que dupoint de vue archéologique, il faille réduirela dimension triomphante des livres de Josué et des Juges, l’histoire ne peut pas exclure une part de violence guerrière dansl’appropriation de ce qui deviendra Israël etJuda de Canaan. Et il ne suffit pas de direque le pays était vide ! La Bible affirme exac-tement le contraire et tente de justifier laconquête par le péché des peuples de Canaan. Mais il est vrai que ce qui a été sansdoute une réalité modeste est devenu par lasuite (Deutéronome et Josué surtout) un paradigme, la représentation exemplairedes rapports entre Dieu, Israël et les autres.Autrement dit, Israël s’est représenté sonDieu comme un Dieu guerrier, une de sesépithètes, d’ailleurs, n’est autre que « Dieu Sabaoth », « Dieu des armées ».

Cette représentation traverse les Psaumesdont certains versets nous dérangent...J. A. : Ainsi en va-t-il du Psaume 2 : « Tu esmon fils, aujourd’hui je t’ai engendré. Deman-de-moi et je te donne les nations en héritage, enpropriété les extrémités de la terre. Tu les écrase-ras avec un sceptre de fer, et comme un vase depotier, tu les mettras en pièces ». (Ps 2,7-9). Ona beau s’élever, d’un point de vue chrétien,aux sphères divines des rapports trini-taires, la représentation de Dieu ne semblepas être un exemple de douceur !

Comment le comprendre ? J. A. : Si les textes bibliques sont des témoi-gnages de la rencontre avec Dieu, ils retra-cent aussi l’itinéraire qu’Israël a parcourudans la compréhension de Dieu. On note ain-si une évolution qui va de la représentationd’un Dieu violent, tel qu’il apparaît en Deuté-ronome 7 (écrit autour du VIIe siècle av. J.-C.),à celle d’un Dieu de douceur et d’amour, pré-senté en Genèse 1,1-2,4 (écrit autour de500 av. J.-C.). Et cette évolution n’est ni linéai-re ni acquise une fois pour toutes !

Comment comprendre aussi dans lesPsaumes la prière contre les ennemis ? J. A. : Comme le dit l’exégète Paul Beauchamp,les psaumes ne maudissent pas, ils prient. Etprier, c’est mettre son désir de violence entreles mains de Dieu, en sachant qu’on ne peutpas réduire Dieu à nos désirs. Dans ce sens, lechrétien doit d’abord assumer sa propre vio-lence, explicitée dans les Psaumes, car le che-min de l’homme de l’Ancien Testament estaussi le sien. Mais la Croix du Christ ressuscité

lui offre une autre clef de traite-ment de la violence singulièreet essentielle. En effet, dans un premiertemps, la Croix est là pourrévéler sa violence dont elleest la manifestation. Ensuite,la Croix invite le croyant àpasser sur son autre versantqui n’est autre que l’amour.Car si elle est la manifesta-tion de la violence, elle estaussi et encore plus le signede l’amour qui a vaincu la violence. Dans la Croix du Ressuscité, le chrétientrouve la clef du traitementde sa violence. Elle amène à prendre en compte la pro-position faite à tous d’ai-mer ses ennemis – non pascomme une condition pourêtre chrétien mais comme unhorizon pour dépasser lahaine.

Quelles réponses la Bible nous apporte-t-elle en définitive ?J. A. : La Bible n’est pas une « brique divi-ne » toute faite et toute cuite, tombée duciel, avec les recettes nécessaires pour édu-quer à la non-violence. Dans l’Écriture, il ya deux dimensions aussi importantes l’uneque l’autre : c’est une parole des hommessur les hommes et sur Dieu et, en mêmetemps, le croyant y reconnaît la trace et lamatrice de la Parole de Dieu, Jésus-Christ.Dit autrement : la Bible s’enracine profon-dément dans l’humain. Mais il y a aussi ladimension spirituelle qui pointe vers uneréalité qui dépasse l’homme : Dieu, qui,pour les chrétiens, s’est définitivementmanifesté en et par Jésus-Christ. C’estdans ce débordement de l’humain que lecroyant trouve un horizon qui lui permetde jouer autrement que s’il restait ancréuniquement dans l’humain de la violence,composante incontournable de son être etde son faire. Pour pouvoir sortir de la vio-lence, il faut un horizon qui la dépasse et latransforme et les moyens pour y arriver.Cela ne se traduira jamais par un nouveaucorpus législatif ni par quoi que ce soit deconcret et définitif. L’horizon chrétien dela non-violence invite à une constantecréativité.

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

1. Jésús Asurmendi a publié : Isaïe 1-39, Cahiers Évangile n° 23,Cerf, 1978 ; Ezéchiel, Cahiers Évangile n° 38, Cerf, 1981 ;Amos et Osée, Cahiers Évangile n° 64, Cerf, 1988 ; Job, édi-tions de l’Atelier, 1999.

« Assassinat d’Abel. Reproches de Dieu à Caïn ». Une image de la Bible historiale traduite par Guiard desMoulins (France, XVe siècle).

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Partenariats

Le temps est venu dese réinterroger surles enjeux et les défisque posent l’audio-

visuel et le multimédia auxpratiques pastorales et caté-chétiques. Notre culture est profondé-ment marquée par les sup-ports de communication etd’information. Les imageset les sons participent à laconstruction des personnes,de leur conscience, de leursmanières d’être au monde, de leurs relations,de leurs comportements et de leurs langages.L’action catéchétique ne peut donc échapper àce contexte. Elle doit être capable d’entrer enrésonance avec cette culture médiatisée et s’in-téresser aux images et aux environnements so-nores que des créateurs produisent au serviced’une démarche qui permet la découverte, l’en-racinement et l’édification de la vie de foi. C’estpourquoi le Service national de la catéchèse etdu catéchuménat (SNCC) organise le vendredi2 et le samedi 3 février 2007 les assises de l’au-diovisuel et du multimédia. Elles ont pour ob-jectif d’entamer une réflexion prospective sur lestatut de l’image et de l’environnement sonoredans notre culture et ses implications dans le re-nouvellement des pratiques pastorales et caté-chétiques. Mais aussi de réfléchir à l’impact deces langages ; de partager des expériences deréalisation et d’utilisation en vue d’identifier desrepères pratiques ; de lancer des bases de pro-ductions nouvelles.Ce temps de réflexion s’adresse aux personnesen responsabilité dans l’action pastorale et caté-chétique, aux acteurs de la communication etde l’information, aux documentalistes, aux au-

teurs, réalisateurs, produc-teurs et éditeurs de docu-ments audiovisuels catéché-tiques, aux réalisateurs desites internet et aux web-mestres.Plusieurs interventionsviendront enrichir les ate-liers, les projections, lesprésentations d’initiativesde cet événement qui setiendra à l’Institut catho-lique de Paris. DominiqueWolton, sociologue en com-

munication et directeur de recherche auCNRS1, parlera de « l’audiovisuel et le multimé-dia dans notre culture : constats, analyse, en-jeux, défis ». Serge Tisseron, psychiatre, psycha-nalyste et directeur de recherche à l’universitéParis-X, abordera « les langages audiovisuel etmultimédia : entre raisonnement et résonance,saturation et liberté ». Jérôme Cottin, pasteur,responsable de la communication multimédiapour l’Église réformée de France, enseignantaux facultés de théologie protestante et catho-lique de Paris, et le frère Arnaud de Coral, directeur du CFRT2 et producteur du Jour duSeigneur, préciseront « les statuts de l’image et del’environnement sonore dans les logiques detransmission ». Enfin, le père Jean-Claude Rei-chert, directeur du SNCC, montrera comment« les langages audiovisuel et multimédia sontune chance pour l’action catéchétique ». GDR

1. Centre national de la recherche scientifique.2. Comité français de radio-télévision.

La pastorale et la catéchèse face aux images et aux sons

« Oane »,un nouveau

sésameinformatique

Le 25 novembre 2004, le secrétaire général de l’enseignement catholique et le directeurgénéral de la Fondation d’Auteuil signaient un accord-cadre pour unir les efforts del’enseignement catholique et de la Fondation. Deux ans après, où en sommes-nous ? Telétait le sens des rencontres proposées par les responsables de la Fondation d’Auteuil aux

directeurs diocésains, le 27 novembre 2006. Elles ont permis de constater que de nombreusescoopérations avaient lieu dans chaque région. Cependant, ainsi qu’Yves Doubliez, responsablede la Direction qualité et recherche de la Fondation d’Auteuil, l’a souligné, il convient à pré-sent d’imaginer de nouvelles collaborations. Et ce, pour mieux assurer des parcours person-nalisés pour les jeunes en difficulté, pour renforcer l’aide à la parentalité, pour intervenir ensoutien dès la petite enfance, pour proposer aux futurs enseignants des formations et des ana-lyses de pratiques à partir de ce qui est vécu dans la Fondation, pour imaginer de nouvellessolutions pour les internats… Autant de questions à reprendre entre les Comités académiquesde l’enseignement catholique et les directions régionales de la Fondation. GDR

Avec la Fondation d’Auteuil

Un grand pasvient d’êtrefranchi versla « gestion

globale de l'informa-tion » et sa problé-matique spécifiquedans les établisse-ments, avec un nouveau produit Aplonbaptisé Oane.Il ne s'agit pas d'une nouvelle version delogiciel, ni d'une nouvelle application ausens habituel du terme, mais d’un conceptnovateur. Jusqu’à ce jour, chaque métierexercé dans un établissement utilise desinformations aux origines diverses à tra-vers des logiciels variés. Leur hétérogé-néité peut entraîner des difficultés denavigation et de mise en rapport des unsavec les autres. Le portail Aplon Oane permet désormaispour chaque métier un point d'accès uni-fié à toutes les informations qui lui sont né-cessaires, issues de logiciels Aplon et deceux d’autres éditeurs..., issues aussi d’ou-tils de communication internes et ex-ternes, de la bureautique, etc.Oane est mis en place lors de l'installation.Une personnalisation variable selonchaque « profil métier », bien évidem-ment, mais aussi selon chaque établisse-ment en fonction de la stratégie de mana-gement du responsable autour de sa ges-tion de l'information.D'un point de vue technique, cette appli-cation répond aux normes informatiquesactuelles et futures :– architecture orientée services ;– intégration de logiciels libres (OpenOffice,MySQL...) ;– mise en place possible de serveurs Linux ;– syndication de flux RSS /Really SimpleSyndication (en français : souscriptionvraiment simple) ; – liaison avec l'annuaire de l'établissement.La seconde tranche de ce produit; qui seraachevée à la fin de l’année 2007, permet-tra aux membres de communautés éduca-tives une exploitation par accès Web (déjàopérationnelle sur les notations élèvesavec Scolinfo, un produit Aplon exploitéactuellement par les enseignants et les pa-rents de plus de 350 établissements). k

uInscriptions avant le 15 janvier 2007. Prix : 130 €. Autres rensei-gnements : SNCC, 6 av. Vavin, 75006 Paris. Tél : 01 42 34 93 45.

E-mail : [email protected] - Internet : http://sncc.cef.fr

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L'INGÉNIERIE AU SERVICEDES RELATIONS HUMAINES

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YVES ROÏGLe maître du jeu

Yves Roïg mène sa vie comme un jeu. Un jeu espace de liberté, de gratuité, qui donne des règles en faisant la part belle au plaisir. Ce ludologue avait toute sa place

au festival du jeu de Figeac où nous l’avons rencontré.

portrait

ÉLISABETH DU CLOSEL

Jouer pour garder sa part d’enfance.Jouer pour dépasser les contraintes del’existence. Jouer pour le plaisir, pours’évader, ne pas se prendre au sérieux,

pour vivre mieux. Jouer pour voir la vie côtépile, pour garder sa spontanéité. Jouer pourne pas vieillir, peut-être. Jouer pour créerdu lien social, certainement. Jouer : un étatd’être au monde. Tout cela définit en par-tie Yves Roïg, devenu ludologue après avoiremprunté des chemins de traverse. « Ludologue », étrange terme qui n’a pasd’autre définition dans les dictionnairesque « personne qui crée des jeux pour lesmédias » – tel le célèbre Des chiffres et deslettres 1. Yves Roïg se définirait plutôt com-me un « généraliste du jeu », capable de l’in-troduire dans tous les milieux comme sup-port pédagogique. Mais d’où lui vient cettepassion ? C’est un enfant du Sud. Né dans un petitvillage près de Perpignan, entre mer etmontagne, au milieu des vignes du Rous-sillon. Grosses chaleurs l’été. Les adultes ti-rent les chaises sur les trottoirs, à la nuittombée. La rue devient salon. On y parle,on y échange les dernières nouvelles. Petitgarçon en culottes courtes, Yves dévale lesruelles avec ses copains, joue aux cow-boyset aux Indiens, saute dans sa voiture à pé-dales ou sur sa trottinette. L’Espagne est àportée de roue. Les accents sont voisins, leslangues se mélangent : l’occitan avec le ca-talan, le français avec le castillan. Cette ron-de des mots est peut-être le premier jeuconscient du petit Yves, après « Sophie lagirafe », ce hochet en caoutchouc si connudes tout-petits dans leur berceau, et « lejouet le plus vendu au monde », fait remarquernotre ludologue. À l’école, ébahi devant les religieuses por-tant encore la cornette, il bâille parfois surson banc et s’évade du cours de maths en©

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rêvant au prochain jeu : vélo, cabane, partiede cache-cache dans les roseaux, Tour deFrance dans les escaliers, circuit de petitesvoitures, chasse à la taupe. Ah ! la chasse à lataupe : creuser des galeries, aller jusqu’à s’yenfouir… Jouer avec pas grand-chose, avec« quelques jouets, mais surtout des objets de la na-ture », dit-il. Et puis se souvenir de cette im-mense crèche de Noël, construite dans ungrand recoin de la maison avec des « pierresmagiques2 », que tout le village est venu ad-mirer. « Je n’ai pas été manipulé par les adultes,voilà ce que je retiens d’essentiel. J’étais libre dejouer comme je voulais, c’était un plaisir. Jejouais, et je joue encore, pour entrer en contactavec les autres. Aujourd’hui, on laisse beaucoupmoins d’espace de liberté aux gamins. Par peurconsciente ou inconsciente. On passe donc à l’objetde jeu, on entre dans la consommation. Or, l’espa-ce de liberté est fondateur du jeu. Les jeux éduca-tifs sont devenus très prisés. Tels qu’ils sont perçusen France, ce sont des jeux de connaissances“questions-réponses”. Ils sont déclinés de la ma-ternelle au CM2. On veut rendre les jeux utiles.On cherche la rentabilité. J’estime, pour ma part,qu’on ne joue pas pour apprendre, mais que l’onapprend en jouant. Bien que tous les jeux permet-tent un apprentissage. »

Rien ne prédisposait notre homme à deve-nir ludologue. Le bac en poche, il fait deuxannées de médecine. Sans conviction. Il ar-rête. Il est tenté par l’éducation, mais setourne vers une formation de cadre com-mercial en fruits et légumes. Il conçoit sonmémoire de fin d’études sous la forme d’unjeu de simulation qui servira à former lesfuturs cadres. Premier pas dans le « profes-sionnalisme » de ce domaine bien spéci-fique. Mais du travail l’attend aux halles deRungis. Trop loin de son « pays », malmenépar un style de vie qui ne lui convient pas etoù tout est tourné vers une forme de renta-bilité, il arrête. Négocie une place sur lemarché bihebdomadaire de son villagepour vendre… des escargots – « J’avais desramasseurs » –, de l’ail, du persil, des œufs etdes citrons. On le débauche. Une agence depublicité lui demande de créer des sup-ports de jeux pour des animations com-merciales. De fil en aiguille, il se retrouve àassurer des formations pour adultes au seinde divers organismes. Son approche à par-tir du jeu intrigue. « Jouer était la seule chosequi m’intéressait. J’avais fini par me forger mon

propre modèle de ce qu’est le jeu en lisant tous lesthéoriciens, Winnicott, Henriot, Caillois3… Au-cun ne me donnait pleinement satisfaction. Cha-cun avait sa propre définition. J’ai pris ce quileur était commun. Quatre points émergeaient :la liberté, la gratuité, la règle, le plaisir. Donnerdu jeu, c’est donc donner du plaisir (notre mo-teur), de la liberté (le mot est pris dans le sens duchoix), des règles (un cadre et pas une grille), etc’est un acte gratuit (le fondement de l’individu ;il n’est pas demandé d’avoir une production, unrésultat). J’ai toujours fonctionné sur le plaisir etla non-contrainte. »Ce modèle, basé sur ces quatre points, sous-tendra dès lors toutes les activités de forma-tion et les interventions d’Yves Roïg. De-viendra son art de vivre et d’enseigner.Avec l’association Jalons de la réinsertionqu’il fonde en 1990, il travaille essentielle-ment avec les professionnels du social et dela petite enfance – assistantes maternelles,éducateurs spécialisés de la PJJ 4, ensei-

gnants. Il crée des ludothèques : deuxdans le quartier gitan de Perpignan, là oùles centres de loisirs avaient du mal à fonc-tionner, puis trois autres, confiées à desdétenus, dans les centres pénitentiaires dela même ville. Les détenus, Yves Roïg lesaide également à leur sortie de prison.« Utiliser le jeu permet de porter un autre regardsur ces personnes. D’observer des compétences et des habiletés qui n’ont jamais été remarquéesauparavant. » On le demande dans des établissementsscolaires, mais trop souvent pour desimples animations. « Avec le jeu, on est dansla médiation. Je veille à ce que les enseignantsaient un objectif précis. Je viens avec des jeux quipermettront une prise de conscience afin d’at-teindre le but souhaité. Si on laisse l’enfant jouervraiment, sans intervenir, on peut voir des com-pétences non perçues dans l’éducation se révéler.Et dès lors s’interroger sur les raisons pour lesquelles elles se mettent en place dans ce cadre-là et pas dans un autre. Ce que je souhaite, c’estparvenir à un résultat par le concept “jeu”, par lefait même de jouer ; alors que souvent, les ensei-gnants souhaiteraient arriver à ce même résultatpar les objets de jeu. »

Dans ses rêvesImaginons un moment Yves dans son inti-mité. On se croirait dans une ludothèque.Des jeux partout, jeux de plateaux essen-tiellement. Les nouveautés qu’il traque.Pour les déchiffrer. En percer le mystère.En trouver la clef. En découvrir les méca-nismes. Créer lui-même ? Il ne le fait guère,faute de temps. Et quand il le fait, c’est tou-jours à plusieurs. Qu’est-ce qui le séduitdans la création ? Pas tant les jeux basés surdes connaissances – acquises ou que l’on acquiert par ce biais – que ceux qui font ap-pel à la prise de conscience, beaucoup pluséducatifs. Mais Yves voudrait aller encoreplus loin dans ses rêves. Créer une écolequi fonctionnerait autour du jeu. « J’ai envie d’aller au bout de ma démarche. Iln’existe pas de pédagogie ludique en tant que telle. Pour affirmer qu’une pédagogie est lu-dique, il est bon de s’interroger sur ce qui est gra-tuit, libre, donne du plaisir et fournit une règledans sa manière de fonctionner. Réfléchissonsdonc à l’organisation à mettre en place pour re-trouver ce modèle du jeu qui est mien. » k

1. Créé le 4 janvier 1972 par Armand Jammot, ce jeu basé surles compétences en calcul et les connaissances en vocabulai-re des candidats, est actuellement diffusé sur France 3 et rediffusé par TV5 Monde.2. Jeu de construction de même style que les Lego.3. Donald Woods Winnicott a écrit Jeu et réalité (Folio/Essais),Jacques Henriot, Sous couleur de jouer (José Corti), et RogerCaillois Les jeux et les hommes (Folio/Essais). 4. Protection judiciaire de la jeunesse.

« On ne joue pas pour apprendre,

on apprend en jouant. »

La fédération Partirjoue ses cartes

s Installée à Figeac (Lot), la fédération Par-tir s’occupe des loisirs enfance-jeunesse

dans la région Midi-Pyrénées. Parmi ses pro-positions, une ludothèque. Riche de quelque1 500 jeux, elle est à l’origine du festival dujeu qui a lieu tous les ans à Figeac pendant lesvacances de la Toussaint. Yves Roïg, notre lu-dologue, intervient pour optimiser les jeux au-près de tous les publics, et notamment desparents. À ces derniers, il a le souci de pré-senter, peu avant Noël, des jeux rares et dequalité que l’on ne trouve pas dans la grandedistribution. Il intervient encore auprès de laludothécaire de la fédération, Muriel Goulu. Gérante du ludobus (notre photo), elle va, parles routes du pays de Quercy-Rouergue, à larencontre des publics les plus défavorisés : han-dicapés, malades des hôpitaux psychiatriques,pensionnaires des maisons de retraite.

L’an prochain, Yves Roïg prendra la directiondu Sénégal pour aider à la création d’une lu-dothèque montée par Solange Calmette, do-cumentaliste au lycée agricole de la Vinadieprès de Figeac. Ludothèque qui devrait pro-fiter aux enfants des rues et des écoles. EDC

Contact : Fédération Partir, Centre social, Place Vival, 46100Figeac. Tél. : 05 65 50 91 76.

DR

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Mieux vaut prévenir que guérir

rer aux lois en vigueur et à venir »,conclut Joëlle Houdas. Mais at-tention, sans jamais sombrerdans le discours moralisateur quibraque. « Il s’agit de leur apporter,de manière ludique et pédagogique,les outils pour se forger leur pro-pre opinion », précise BéatriceBerthelot qui dresse un paral-lèle avec le tout nouveau statut

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partagée entre l’incrédulité etune légère inquiétude. C’est quece test, amusant mais néanmoinsefficace, démontre les effets,qu’elle ne soupçonnait pas, du ta-bac sur son organisme.Joëlle Houdas s’emploie ainsi àrétablir quelques vérités essen-tielles sur les 4 000 produitscontenus dans la fumée de ciga-

les soucis quotidiens d’un écran defumée ». Enfin, la consommationrégulière crée la dépendancephysique qui rend les tentativesd’arrêt si difficiles.

Jeux de rôlesLorsque Joëlle Houdas insistesur la nocivité particulièrementforte des narghilés et des ciga-rettes roulées, Rémi tombe desnues : « Au goût, c’est plus doux…Je pensais que c’était moins mau-vais ! » Même étonnement lors-qu’elle démonte les stratégiesmarketing et les publicités ca-chées. « L’information permet desensibiliser à l’arrêt et de faire adhé-

Le lycée professionnel Saint-Vincent-de-Paul1, à Versailles (Yvelines), organise des journées santé ludiques et pédagogiques qui traitent d’addictions, de sexualité ou de nutrition.

Pour provoquer des prises de conscience sans sombrer dans un discours moralisateur.VIRGINIE LERAY

Parler de la santé des jeu-nes, aux jeunes, avec leursmots. C’est l’objectif desdeux journées de pré-vention organisées en

octobre dernier au lycée profes-sionnel Saint-Vincent-de-Paul, àVersailles (Yvelines). Sur ce temps,banalisé pour les 325 élèves, unedizaine d’intervenants extérieurstraitent de dépendance, de diété-tique ou de sexualité. Une initia-tive chère à la directrice, BéatriceBerthelot : « Les jeunes se soucientpeu de leur santé, alors que c’est main-tenant qu’ils peuvent acquérir de bonsréflexes. En plus, l’enseignement pro-fessionnel me semble profiter moinssouvent d’opérations de sensibilisa-tion si intensives. » Pour rencontrer des terminales « communication et services », auprofil bien éloigné des 35-60 ansqu’elle reçoit d’habitude enconsultation à l’hôpital André-Mignot2, l’infirmière et tabaco-logue Joëlle Houdas a « tombé » lablouse blanche. « À cet âge, effrayeren parlant de maladie ne marche pas.Je rappelle juste que 90 % des patientsen pneumologie sont des fumeurs,mais, avant tout, j’informe sur le tabacet les dépendances qu’il crée. »Sur 25 élèves, une quinzaine sedéclarent fumeurs, et parmi eux,dix viennent d’écraser leur pre-mière cigarette de la journée. Lestaux de monoxyde de carboneenregistrés chez quelques volon-taires, curieux de souffler dansune espèce d’éthylomètre du fu-meur, oscillent donc de 1 à… 21. « Ah, oui, tout de même… », mur-mure la détentrice du « record »,

Initiatives / lycée professionnel / santé

rette, sa combustion à 850°, la vul-nérabilité plus grande des fillesau produit. Elle explique aussicomment s’installe une redou-table dépendance. D’abord, insi-dieusement, la cigarette devientun réflexe. Puis la nicotine, en in-fluant sur le circuit de récompen-se du cerveau, amène une dépen-dance psychologique « qui masque

Peser ses actes. Exposés, jeux de rôles : les intervenants donnent des outils pour analyser ses comportements et conserver son capital santé.

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apprendre à les décrypter. Je comptepoursuivre cette réflexion par un tra-vail sur l’analyse de la presse. »

Démarche primordialeSimplement, en faisant parler lesuns et les autres de leurs pra-tiques, des avantages et des in-convénients qu’ils y trouvent, l’in-tervenant d’« Accro aux écrans »parvient à faire passer des mes-sages : que la mode du portabledès la 6e fait entrer de plain-pieddans la société de consommation,qu’un Texto ne vaut jamais uncontact direct ou que trop de jeudéconnecte de la réalité. La preu-ve, avec Laure, en BEP vente, quis’est reconnue dans les exemplescités : « Comme tout le monde, je passebeaucoup de temps sur MSN, et je suisperdue quand je n’ai pas mon por-table… Dans le débat, j’étais pour lerespect de certaines limites. Et j’ai réa-lisé que j’éprouve un soulagementquand j’arrive à me détacher du por-table ! » Encore une fois, l’infor-mation transmise sert davantageà se positionner qu’à faire adhé-rer les jeunes à une norme. « Cetteopération a d’autant plus d’impactqu’elle n’est pas menée par des parentsou des profs, des symboles d’autoritésouvent remis en cause. La paroleest plus libre. Les jeunes sont moinsdans l’opposition », analyse JeanGrabowski, professeur de droit,économie et vente. Ainsi, poser laquestion de la santé à l’école par-ticipe aussi d’une démarche d’ou-verture, primordiale pour laconstruction de l’avenir. k

« complètement non fumeur » de sonétablissement : « Cela n’aurait pasété possible sans l’adhésion des per-sonnels fumeurs qui ont eux-mêmesdécidé de montrer l’exemple. L’ostra-cisme ne vaut rien. Chacun doit fairesa prise de conscience » (cf. encadré).

Même souci de responsabilisationen matière de sexualité. Dansl’amphithéâtre prêté par l’établis-sement voisin de Notre-Dame-du-Grandchamp3, la compagnieEntrées de jeu4 enchaîne les say-nètes très concrètes : « Commentamener la question du préservatifau moment crucial ? », « Com-ment rompre ? », « Que se passe-t-il la première fois ? ». À la fin duspectacle, des jeux de rôles per-mettent aux élèves de rejouerleurs sketchs préférés. Les fousrires fusent. Et les affirmations àl’emporte-pièce aussi : « À partirdu moment où une fille va dans lachambre, elle ne peut plus reculer ! »ou « Il n’y a qu’une fille facile pourdemander le préservatif ! ». Des bou-tades qui permettent à Maria, lacomédienne modératrice, de re-mettre les pendules à l’heure :« Attention, si la fille n’est pasconsentante, même au dernier mo-ment, même avec son mari, il y aviol », assène-t-elle. Nous sommesloin des traditionnelles cam-pagnes d’affichage sur le port dupréservatif…

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« Sur ce sujet, engroupe, on préfèreplaisanter, maiscertaines scènesfont réfléchir, ad-met Antoine, enpremière annéede bac pro vente.Et puis j’ai apprisdes choses, parexemple sur la pi-lule abortive, queje ne connaissaispas. » Pour Ma-ria, « il faut ques-

tionner ce que véhiculent leursblagues. L’idée est d’enlever le tabouafin qu’ils puissent poursuivre la dis-cussion. Entre eux ou avec un adulte,un médecin… ».À Saint-Vincent-de-Paul, ce sontles professeurs qui assistent auxéchanges afin de les réinvestirplus tard, en vie de classe ou dansdes séances organisées selon lesbesoins. Et surtout, les ensei-gnants se montrent attentifs à ceque telle ou telle interventionpeut révéler de mal-être.À l’heure du déjeuner, Alain Desgris, professeur de français,discute ainsi avec le formateurd’Olympio5 qui intervient surl’addiction informatique, un nou-veau module né du constat queles ordinateurs peuvent avoir uneffet désocialisant. « La séance étaittrès intéressante. D’autant qu’un élè-ve a témoigné avoir du mal à gérersa consommation de jeux vidéo. Plusgénéralement, ces jeunes sont bom-bardés d’une foule d’informationsvia la télé ou internet. Il faut leur

L’information transmise sert davantage

à se positionner qu’à faire adhérer

les jeunes à une norme.

sÀ compter du 1er février 2007, « il sera totalement interdit de fumer dans les enceintes (bâtiments etespaces non couverts) des établissements d'enseignement et de formation, publics ou privés, destinés

à l'accueil, à la formation ou à l'hébergement des mineurs, notamment les écoles, collèges et lycées publicset privés, y compris les internats, ainsi que les centres de formation d'apprentis. Cette interdiction s'appliqueaux personnels comme aux élèves*. » La circulaire ajoute qu'« aucun fumeur ne devra plus être toléré dansles cours de récréation ». Elle rappelle qu'il est « interdit d'aménager des espaces réservés aux fumeurs » dansces établissements et indique que « la signalisation sera téléchargeable à compter du 15 décembre 2006 surle site www.tabac.gouv.fr ». Les chefs d'établissement doivent notamment veiller à « faire adopter par leconseil d'administration [...] les modifications éventuellement nécessaires dans le règlement intérieur de leurétablissement » et « informer les personnels, les parents, les élèves et les apprentis qu'un site d'accompa-gnement et de conseils sera mis en ligne sur Eduscol** ».

* Selon la circulaire relative à l'interdiction de fumer pour les personnels et les élèves dans les établissements d'enseignement et deformation publiée au JO du 5 décembre 2006 (qui renvoie au décret n° 2006-1386 du 15 novembre 2006).2. Adresse : www.eduscol.education.fr

Lycées sans tabac au 1er février 2007

sCette deuxième édition desjournées santé a coûté un mil-

lier d’euros et nécessité une cin-quantaine d’heures de préparation.Le budget a été allégé par les sub-ventions accordées par la région Ile-de-France pour certaines presta-tions (Crips*, Olympio**). Les autresintervenants ont été trouvés par re-lations, le président d’Ogec***,Jacques Roussot, invitant parexemple les secouristes de la CroixBlanche****. Localement, la briga-de canine de la caserne de Versaillesou la tabacologue et la diététicien-ne de l’hôpital voisin André-Mignot*****ont été sollicités. VL

* Cf. note 4 de l’aricle.** Cf. note 5 de l’article.*** Organisme de gestion de l’enseignementcatholique.**** Comité Yvelines : 5 rue des Frères-Lumière, 78370 Plaisir. Tél. : 01 30 55 02 02. Internet : http://croixblanche78.org***** Cf. note 2 de l’article.

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Taux de monoxyde de carbone. Un test amusant mais efficace...

1. Adresse : 44 avenue de Saint-Cloud, 78 000Versailles. Tél. : 01 30 21 42 03.2. Adresse : 177 rue de Versailles, 78150 LeChesnay. Tél. : 01 39 63 95 59.3. Adresse : 97 rue Royale, 78009 VersaillesCedex. Tél. : 01 39 24 12 80.4. Adresse: Compagnie Entrées de jeu, 35 vil-la d’Alésia, 75014 Paris. Tél. : 01 45 41 03 43. Internet : www.entreesdejeu.net - Préventionthéâtrale en milieu scolaire, notamment à la de-mande du Centre régional d’information et deprévention sur le sida d’Ile-de-France : 33 ave-nue du Maine, BP 53. 75755 Paris Cedex 15. Tél. : 01 56 80 33 33. Internet : www.lecrips.net5. Interventions sur l’alcool, la drogue, la violence etles écrans (TV, ordinateur...). Tél. : 01 45 06 12 08.Internet : http://olympio.info.free.fr

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Le lycée de l’énergie verte

des nuages et les rayons de soleilstriés de rafales de pluie. Pour leconstruire, on a utilisé des bio-briques, des bardages de bois etdes menuiseries mixtes bois-alu-minium. Il est équipé de dou-bles vitrages et de panneaux so-laires (pour l'eau chaude des sa-nitaires). Quatre forages de80 mètres de profondeur per-mettent le chauffage géother-mique. Grâce à un petit carré deverre découpé dans le sol, onpeut voir les serpentins d'eauqui courent sous les salles, etdans la « salle des machines »quatre panneaux, réalisés avecles élèves, éclairent les curieuxnon avertis sur les énergies nou-velles mises en œuvre.Le principe « On fait ce qu'on ditet on dit ce qu'on fait ! » est appli-qué depuis dix ans à Beaupréau.Depuis les salles de classe (touteséquipées de deux poubelles pourassurer un tri sélectif entre papieret tout-venant) jusqu’aux ateliersoù l’on trie les matériaux bonspour la revente. Sans compter

Retour au forum : devant un trac-teur au moteur Pantone5, se tien-nent deux professeurs en mainte-nance de matériels, Gilles Allain,lauréat de la Fondation Pierre-Sarrazin6 pour une machine à épandre du lisier (bientôt commercialisée), et Jean-LouisBelliard. Ils expliquent aux ba-dauds et aux élèves qui l'ignorentle fonctionnement particulier dece mécanisme : « Depuis bientôt deuxans, les agriculteurs cherchent à rem-

placer les carburants devenus très chers.Il faut donc des techniciens capablesd'entretenir ces nouvelles machines quifonctionnent à l'huile végétale. Les mu-tations et les changements de comporte-ments sont possibles, à condition de s'endonner tous les moyens. »Devant le stand de l'entreprise « Jacques Coudrais - Électricité,climatisation », qui accueille vo-lontiers des stagiaires et est sou-cieuse de s'adapter au « boum pro-chain de l'énergie solaire », on croi-se Aurélien, Romain et Baptiste.Élèves en électrotechnique, ilsdécouvrent les diodes électrolu-minescentes, une techniqued'éclairage qui permet deconsommer 15 watts au lieu de300 pour le même résultat. Cet-te nouvelle technologie commele parcours de l'entrepreneur(nanti d'un CAP7 et d’un BEP

Au cœur du projet du lycée professionnel du Pinier-Neuf, à Beaupréau (Maine-et-Loire) : le respect de l’environnement. Les élèves s'y forment aux métiers de demain,

en lien avec des professionnels qui misent sur les énergies renouvelables.MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

C'est par où le Forum ? »Essoufflé, un grandgaillard cherche l'en-trée du Salon de l'éner-gie verte. Organisé du

17 au 19 novembre 2006, à Beau-préau, non loin de Cholet, par lelycée professionnel du Pinier-Neuf1, avec le syndicat du Paysdes Mauges, il témoigne de l'ou-verture de l'établissement sur larégion. Les habitants des envi-rons le visitent (au total, ils serontplus de 5 000 !) et une cinquan-taine d'entreprises y exposent. Ilrend compte aussi de la moder-nité des formations proposéesdans ce lycée. Si le bac pro « Élec-trotechnique, énergie, équipe-ments communicants » ou le BEP2

« Métiers de l'électrotechnique »sont souvent plus connus des entre-prises que du grand public, lesjeunes qui s'y inscrivent sont moti-vés. Et ils viennent souvent de loin: sur les 385 élèves de l’établisse-ment, 102 sont internes3.

Rouge, miel et vertDernier message, et non desmoindres, de ces journées denovembre : au Pinier-Neuf, lalutte contre l'effet de serre, c'estdu concret4 ! Et une affaire col-lective. À l'entrée du tout nou-veau foyer des lycéens, labellisé« Haute qualité environnementa-le » (inauguré le 17 novembre), setient le directeur. Michel Tricoireexplique l'esprit qui anime leprojet d'établissement : « Il est denotre responsabilité éducative, péda-gogique, d'éduquer les jeunes au dé-veloppement durable. Ce foyer estun exemple de respect de l'environ-nement. » Rouge, miel et vert,l’endroit attrape au vol la course

Initiatives /lycée professionnel / développement durable

l'équipe des adul-tes, constituéepour une bonnepart d'écologis-tes passionnésqui n'hésitentpas à parler avec leurs élèves desvertus de la conduite douce (éco-nomique en carburant), du choixde la géothermie (que l’on peutfaire quand la chaudière familiale

casse), de la collecte des eaux depluie… Toutes les formations, desplus pointues – comme celles ci-tées plus haut – aux plus tradition-nelles – « Mécanicien en tracteurset matériels agricoles », « Installa-tion en équipements élec-triques »… – sont traversées par cesouci de développement durable.

« Ici, on travaille pour un métier,

pas pour nos parents,comme au collège. »

Attractif. Exposants et habitants des Mauges... apprécient le Forum del’énergie du Pinier-Neuf. Pour les enseignants comme Édouard Elegbé (à gauche) et Éric Fillaudeau, c’est « un élément moteur de la formation ».

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Thibault et Florian présentent,quant à eux, leur exposé sur le« mur trombe 10 » autour d’undiaporama de leur confection.Grâce aux recherches d’OlivierPorcheret, ils vont travailler à laréfection d'un mur capteur dechaleur solaire pour une entre-prise voisine de transports sco-laires : « Ça va chauffer les locauxadministratifs, et en même temps on vaapprendre. » À côté d'eux, un pan-neau également confectionné pardes élèves, prévient : « Il devienturgent de respecter l'environnement etde limiter la pollution. Tout le mondedoit s'y mettre ! » Une convictionque le lycée du Pinier-Neufcontribue fortement à ancrerdans les comportements ! k

1. Lycée et centre de formation professionnel-le (à distance pour certaines spécialités). Adresse : Avenue Gontaut-Biron, BP 61,49600 Beaupréau. Tél : 02 41 71 35 35. Deux site internet : http://www.lepinierneuf.org et http://perso.orange.fr/cfp-le-pinier-neuf 2. Brevet d’études professionnelles.3. Ne possédant pas de chambres en nombresuffisant, (même avec celles que le lycée voisin,Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles, a mises à sa

d'électricien et d'un solide goûtpour l'innovation) sont, poureux, instructifs. S’intéresser àdes entreprises qui marchent estune façon de se projeter dansl’avenir. Et ils en profitent pourparler avec ces clients potentielsque sont tous les visiteurs venusdécouvrir au forum commentisoler, repeindre, chauffer leurmaison, ou jardiner sans abîmerla terre.« Ici, on travaille pour un métier,pas pour nos parents, comme aucollège », dit en souriant Quentin,19 ans, élève en bac pro « Techniques du froid et du

conditionnement d’air ». Il severrait bien, plus tard, vivre à lacampagne dans une maison en-tièrement bio qui ressembleraità la maquette exposée un peuplus loin.

ConvictionLoïc, 18 ans, dans la même clas-se que Quentin, a découvert lemétier en discutant avec untechnicien venu régler le chauf-fage géothermique de ses pa-rents. Lui aussi voit l'avenir envert : il aimerait travailler dansles énergies renouvelables. Lau-rent, 17 ans, suit la même forma-tion qu’il a découverte lors desjournées portes ouvertes du ly-cée du Pinier-Neuf8 : « C'est l'ave-nir ! On en parle tout le temps à latélé, mais il faut passer aux actes.Plus tard, je veux créer mon entre-prise. » Pour déterminer quelsréfrigérateurs de classe A ou Bsont les plus économes, il est im-battable : « Mes parents sont déjàbranchés. » Comme manifeste-

ment nombre d'habitants de cet-te région riche en associationspionnières.« Nous essayons de sensibiliser nosélèves au fait que les métiers chan-gent très vite, souligne OlivierPorcheret, professeur en élec-tricité. Rendez-vous comptequ'EDF, qui ne date que de 1946,rachète aujourd'hui de l'énergie so-laire à des particuliers ! » Etd’ajouter : « Celui qui s'en sortmaintenant n'est pas le bon élèvequi a ingurgité ce qu'on lui a dit,mais celui qui aura appris à cher-cher les informations utiles. » Ap-plication pratique avec les pro-jets pluridisciplinaires à carac-tère professionnel (PPCP). Nel-son, Laurent et Mikaël sontfiers d'avoir intéressé « même desadultes » en présentant un systè-me de climatisation réversiblebaptisé « puits canadien 9 ».Pour élaborer leur PPCP, ils ontfait les recherches documen-taires, dessiné un schéma et cal-culé le coût : 300 euros pourune maison en construction.

sLes petits primaires de Beau-préau* sont, eux aussi, sen-

sibilisés à l'écologie, comme onpouvait le découvrir lors du Forumévoqué dans notre article. Les pa-rents y présentaient « Pedibus »,une association de bonnes volon-tés (souvent féminines, mais passeulement) qui, à l'initiative del'Ogec** de l’école Saint-Joseph,organisent, depuis septembre 2005,un roulement de parents acteursd'un ramassage scolaire… à pied(d’où son nom). L'itinéraire et leshoraires sont fixes. C'est bon pourla santé, ça économise un car sco-laire à la mairie, on attrape moinsde rhumes en cultivant sa formephysique, et il n'est même pas interdit de sauter dans les flaquesles jours de pluie ! Comme àl'époque du Grand Meaulnes MCJ

* École Saint-Joseph – Saint-Martin, 23 ave-nue du Grain-d’Or, 49600 Beaupréau. Tél. : 02 41 63 02 35.** Organisme de gestion de l’enseignementcatholique.

Quand les parentss'y mettent !

Comment ça marche ? En haut : Sébastien Bréchet, chef de travaux, devant le schéma explicatif de la pompe à chaleur. En bas : Aurélien, Romainet Baptiste découvrent les diodes électroluminescentes. Quant au « mur trombe », il n’a plus de secret pour Thibault et Florian.

Les bons gestes. Au Pinier-Neuf, le tri sélec-tif commence dans les salles de classe.

disposition), le lycée du Pinier-Neuf propose auxhabitants de Beaupréau d'accueillir des jeunes,qui prennent tous leurs repas au lycée et payenttous le même tarif à leurs logeurs.4. « Effet de serre et environnement » était lethème des 12 conférences proposées cetteannée dans le cadre du forum. Le sénateurChristian Gaudin, ancien élève du lycée, avantd’y être enseignant, a présenté une expédi-tion scientifique en Antarctique à laquelle il aparticipé en 2005.5. Ce moteur qui doit son nom à son inven-teur américain, Paul Pantone, utilise 25 %d’hydrocarbures pour 75 % d’eau. Ses per-formances sont sujettes à controverse. Cf.http://fr.wikipedia.org/wiki/Moteur_Pantone6. Prix récompensant des projets innovants enrespect de l'environnement.7. Certificat d’aptitude professionnelle.8. Les prochaines auront lieu le 3 mars 2007.9. Sur internet, on peut consulter le sitewww.fiabitat.com/puits-canadien.php10. On trouvera une photo et un schéma dece dispositif à l’adresse : www.outilssolaires.com/Glossaire/pop-Trombe.htm

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Cependant, la filière Staps n’est pas unique-ment dédiée à la préparation du métier d’en-seignant. Elle représente plus de 350 000 em-plois sur le territoire français. « Les autres dé-bouchés sont nombreux et porteurs, précise en-core Florence Hélaine. L’enquête de l’Observa-toire des métiers de l’animation et du sport, réali-sée en avril 2005, révèle un taux d’insertion desjeunes diplômés en Staps supérieur à celuid’autres filières. L’étude que nous avons réaliséeà l’automne 2005 confirme que nos “ilepsiens”diplômés sont très rapidement en activité dans lesecteur correspondant à leur choix d’études etmajoritairement en contrat à durée détermi-née6. »

Succès À l’Ifepsa, on ne s’inquiète pas non plusquant à l’insertion professionnelle des étu-diants. « La variété des emplois sportifs est très lar-ge, ajoute Philippe Mathé, et nos formationssont adaptées aux besoins. Il est aussi nécessairede nous adapter à d’autres filières. Ainsi, depuis2005, nous avons ouvert un cursus danse,sports et chorégraphie qui, sur trois années deformation, intègre aussi la préparation au diplô-me d’État de professeur de danse. »Même évolution du côté des masters : à Angers,on a ouvert « Sports et territoires », pour for-mer, entre autres, des cadres de la fonctionpublique territoriale, et « Sports et loisirs » pourformer des cadres polyvalents dans les centresde sports-loisirs. L’Ileps ouvre un master en économie-gestion,mention management et ingenierie écono-mique intitulé : « Expertise sportive, culturemanagériale ». Il est orienté vers la gestion etle développement de structures commerciales,touristiques ou de loisirs pour l’option mana-gement ou de structures d’accueil pour les per-sonnes en situation de vulnérabilité sociale.Au-delà du droit, de la gestion et des ensei-gnements spécifiques à ces deux spécialités,l’accent est mis sur la place de la personne dansl’organisation. C’est une entrée « ressourceshumaines » qui fait une large place aux fon-dements éthiques et anthropologiques de toutes

BRUNO GRELON

On constate, il est vrai, une baissesignificative des étudiants en pre-mière année de Staps2. Et pour-tant, les demandes de spécialistesdes métiers du sport s’accroissent

au fur et à mesure que l’on s’aperçoit que lesvrais professionnels sont indispensables. Cequi est certain, c’est qu’entre 2006 et 2014,dans l’enseignement catholique, un ensei-gnant d’EPS3 sur quatre partira à la retraite. « Il va falloir pallier ce futur manque, estimePhilippe Mathé, directeur de l’Institut deformation en éducation physique et sporti-ve d’Angers /Les Ponts-de-Cé (Ifepsa), en Maine-et-Loire. Et c’est maintenant qu’il fauts’y prendre, car les besoins nationaux vont êtrede 170 enseignants par an, à partir de 2010.Malgré un taux de réussite de 43 % de mes étu-diants4 au Cafep.Capeps5 à la session 2006, onpourrait, si l’on n’y prend pas garde, se trouveren déficit notable dans les années à venir. »

Même son de cloche à l’Institut libre d’éduca-tion physique supérieure (Ileps), situé à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), où, si l’on affiche la mê-me satisfaction devant les résultats, on s’in-quiète du nombre de postes qui est en baissedepuis plusieurs années : « L’augmentationdes recrutements en EPS à partir de 1997, allant jusqu’à offrir 1 700 postes en 2003,n’avait pas de fondement en terme d’accroisse-ment des départs ou d’augmentation des ho-raires d’EPS, explique la directrice FlorenceHélaine. Des surnombres sont donc apparusdès 2002. La baisse du nombre de postes de-vrait les résorber. les départs en retraite ycontribueront également. »

les démarches de développement personnel.En contact avec de multiples partenaires(collectivités locales, conseils généraux, direc-tions départementales de la jeunesse et dessports, conservatoires, universités, parcs deloisirs, réseaux de professionnels du tou-risme sportif, etc.), les instituts de forma-tion sont à même de suivre et d’appréhenderle marché. Des professionnels aussi, comme Jean-Marc Cammarata, intervenant à l’Ileps etresponsable de la base de loisirs de Cergy-Pontoise 7, mettent les étudiants face à laréalité : « Lors de leurs stages, ils trouvent surplace une véritable illustration des métiers dusport, aussi bien dans l’animation que dans lacommercialisation de séminaires. »Pour Florence Hélaine : « Il y a un décalage pro-fond entre la réalité de ces formations et leur image.Notre filière manque d’intelligibilité : philo ou droitse comprennent mieux que Staps ! A partir de là,chacun construit sa représentation et les idées reçuesvont bon train, les caricatures allant de celle dupauvre sportif analphabète à celle du scientifiqueenfermé dans son laboratoire… Mais entre les deux,il y a des jeunes, souvent passionnés, et qui saventtrouver leur équilibre par la confrontation aux exi-gences d’une pratique qui raisonne nécessairementavec des enseignements théoriques extrêmement ouverts,puisqu’au carrefour des sciences expérimentales etdes sciences humaines et sociales. »C’est en fait l’excellent niveau de profession-nalisation de ces filières qui fait leur succès surle marché du travail. k

1. On peut aussi préparer une licence Staps dans une UFRStaps, en université, et le Cafep.Capeps dans un IUFM.2. Sciences et techniques des activités physiques et sportives. 3. Éducation physique et sportive.4. Moyenne nationale de réussite au concours : 6,3 %.5. Certificat d’aptitude aux fonctions d’enseignement dansles établissements privés du second degré sous contrat. Cer-tificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et spor-tive. 6. L’étude, intitulée « Insertion professionnelle des jeunes di-plômés Ileps depuis 2002 », a porté sur cinq promotions, de2001 à 2005, et sur les différentes filières. Elle est disponiblesur le site internet de l’Ileps : www.ileps.org7. Jean-Marc Cammarata est très précisément directeur gé-néral des services du syndicat mixte d’études, d’aménage-ment et de gestion de la base de loisirs de Cergy-Pontoise.

formation

La filière Staps n’est pasréservée aux seuls futurs

enseignants. Elle représenteplus de 350 000 emplois.

Les filières sportives offrent de nombreux débouchés. On y forme les remplaçants des professeurs d’EPS qui vont partir à la retraite, mais aussi des entraîneurs, directeurs

de centres de loisirs, chorégraphes, gestionnaires… Deux instituts de formation de l’enseignement catholique, l’Ileps et l’Ifepsa, nous présentent le cursus qu’ils proposent après le bac1.

Des pistes pour les sportifs

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Pour prendre un bon départQuels secteurs ? Quels métiers ?Secteur public :Ministère de l’Éducation nationale ; ministère de la Jeunesse et des Sports(missions nationales, missions déconcentrées) ; fonction publique territoriale ;services territoriaux des APS* ; développement local ; gestion d’équipements et destructures (loisir sportif, seniors, secteurs médico-éducatif et médico-social). Secteur associatif et fédéral :Fédérations, ligues, comités ; animation, tourisme sportif, intégration par le sport ;organisation d’événements. Secteur privé :Commercialisation des produits sportifs ; commercialisation des équipements ;gestion et développement d’équipements (sport loisir, tourisme sportif,hébergement) ; communication par le support sport, organisation d’événements ;développement des services sportifs ayant trait à la santé (services à la personne,handicap, vieillissement) ; encadrement ou interventions en structures d’accueil(seniors, post-cure, remise en forme, loisir sportif).Métiers :Professeur d’EPS en collège et lycée. Chargé de mission, chargé de développement,chef de service, attaché ou adjoint de direction pouvant conduire à des emplois de :directeur ou fonctions de direction d’établissements commerciaux, d’établissementsd’accueil (publics, privés, associatifs) ; directeur ou fonctions de direction deservices sociaux et/ou sportifs dans les collectivités territoriales et locales.Concours et diplômesAccès aux concours : Cafep.Capeps** ; Cafdes (certificat d’aptitude aux fonctions de directeurd’établissement ou de service d’intervention sociale) ; inspecteur Jeunesse etSports ; cadre administratif de la fonction publique ; conseiller territorial des APS*.Diplômes : – Licences Staps*** : éducation et motricité (Angers, Cergy) ; activités physiquesadaptées (APA) et santé (Angers, Cergy) ; management du sport (Angers, Cergy) ;entraînement sportif (Angers) ; entraînement sportif « danse, sport etchorégraphie » (Angers).– Masters Staps : sport et territoire (Angers) ; sport et loisirs (Angers).– Master d’économie et de gestion : expertise sportive et culture managériale (Cergy).Admission aux deux instituts – En 1re année : bac + dossier et entretien.– En cours de cursus : sur dossier.Les équivalences ou VAE**** font l’objet d’un traitement individuel.Les instituts de formation– IFEPSA–Les Ponts-de-Cé, 4 rue des Perrins, BP 40071 – 49136 Les Ponts-de-CéCedex.Tél. : 02 41 45 26 40 - Fax : 02 41 45 26 44 – Internet : www.ifepsa.org– ILEPS - 13 boulevard de l'Hautil, 95092 Cergy-Pontoise. Tél. : 01 30 75 60 50 - Fax : 01 30 75 60 51 – Internet : www.ileps.org* Activités physiques et sportives.** Cf. note 5, p. 42.*** Elles permettent de se présenter au concours de professeur des écoles.**** Validation des acquis de l’expérience.

Christine Rigot, aux côtés des handicapés

Son parcours, à 30 ans, est déjà exceptionnel. Et s’il est fait d’opportu-nités que cette jeune femme a su saisir, il est avant tout construit parquelqu’un qui sait où il veut aller. « Ma nature me pousse à bouger, c’est tou-jours ce qui a guidé mes choix, raconte en riant Christine Rigot. Bien sûr,

j’étais branchée sport, quand sitôt le bac passé, je suis entrée à l’Ifepsa1, en septembre1994. Mon intention était de devenir prof d’EPS. » Cette carrière lui semblait tou-te tracée, pourtant un doute s’est glissé : « J’aime bien les défis, et surtout être enaccord entre mes besoins et mes envies. J’avais besoin de me sentir utile, justifie-t-elle. Des événements dans ma vie personnelle m’ont poussée à orienter mes choixautrement. » Elle prépare ainsi une maîtrise « Activités physiques adaptées » (APA) tout ensuivant la formation au concours d’enseignement – « au cas où ». De nombreuxstages pratiques l’amènent à connaître son premier employeur, le centre de ré-éducation et de réadaptation fonctionnelle, au Mans (Sarthe), où elle se trouveface à des accidentés de la route et de la vie et à des pathologies lourdes. « Ce tra-vail était passionnant, explique Christine. Il s’agissait en fait d’une création de poste deprofesseur d’activité physique adaptée, et il fallait tout organiser, en étroite collaborationavec les équipes médicale et paramédicale. » Au bout de quatre ans, la jeune femme al’impression d’avoir fait le tour de la question. Elle souhaite aller au-delà de laprise en charge à court terme pour intervenir sur l’après-rééducation. Alors qu’elle vient de préparer un DEA2 de physiologie et biomécanique dumouvement, à la rentrée 2001, l’Ifepsa lui propose de devenir coordinatricede formation de la filière « Activités physiques adaptées ». Le mi-temps de lapremière année lui permet de compléter sa formation par un DESS3 ingénie-rie des ressources humaines. En 2004, c’est le retour à l’entreprise, avec uneembauche chez France-Télécom : « Un gros travail, précise-t-elle. Je devaism’occuper de la politique de réinsertion des employés handicapés, soit 3 000 à4 000 personnes ! »Forte de cette nouvelle expérience professionnelle, Christine Rigot a pris unnouveau pari sur l’avenir : se mettre à son compte. « C’est avant tout un choixpersonnel, pour envisager une vie de famille équilibrée. J’ai donc créé mon entre-prise pour devenir consultante handicap. Je fais du conseil et des formations pourles entreprises qui ont plus de 2 000 employés. » Un domaine encore très peu exploité : « Nous ne sommes pas nombreux dans ce secteur », ajoute encore Christinequi confirme que ses journées sont bien remplies. BG

1. Institut de formation en éducation physique et sportive d’Angers/Les Pont-de-Cé.2. Diplôme d’études approfondies. 3. Diplôme d'études supérieures spécialisées.

D.R

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Le point

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Julien : Je suis content parce qu’il y avaitbeaucoup d’écoles et très peu de chances degagner. On a travaillé pour écrire le deuxièmechapitre du conte Mina [cf. encadré] et ça nousdonne envie de continuer.Maxime : Je trouve qu’on a eu de la chance,mais on l’a bien mérité. On a mis longtemps àle faire, on avait beaucoup d’idées. Silvana : On a écrit trois pages !Éléonore : On a d’abord fait un recto-versoavec nos idées, on a écrit notre chapitre per-sonnel, et après on a essayé de prendre desidées de tout le monde. Bartholomé : Dans l’atelier qui corrigeait, ona souligné les bonnes idées, puis on a rédigéun grand mélange [pour le texte présenté auconcours].Maxime : Dans notre groupe, on aimait bienl’histoire d’un frère banni de Mina qui se serait caché dans la forêt…, mais l’idée a étérejetée. Je pourrai peut-être la réécrire pour le troi-sième chapitre… [cf. enca-dré].Suzanne : On a rejeté cetteidée parce que cela faisaittrop roman policier. Unconte, c’est imaginaire.Robin : Il y a tout de mê-me du suspense parcequ’à la fin de notre deuxiè-me chapitre, Moussa, legarçon arrogant de la clas-se de Mina qui doit prépa-rer le kotéba [spectacle demusique, théâtre et danse quitraite de la vie du village]avec elle, se demande quelsecret lui a confié le sorcierdu village. C’est une tran-sition pour la suite…Manon : Le maître d’éco-le a dit que ce kotéba est

Depuis la rentrée, l’Afriques’invite chez les CM2 de

Sainte-Geneviève-du-Marais, à Paris1. Tant et si bien qu’ils ont

gagné le concours d’écriturelancé par l’association Intervida2.

Rencontre avec des lauréats qui ont beaucoup travaillé.

Julien : J’ai appris des choses sur moi en écri-vant avec les autres : j’ai appris à mettre lespoints et les virgules, je savais pas vraiment àquoi ça servait, et un peu sur mes erreursd’orthographe.Bartholomé : Moi, j’ai vu que je faisais desphrases trop longues. Constance : Je me suis aperçue que j’entretrop dans les détails. Quand je parle, mes pa-rents me disent toujours : « Au fait ! Au fait ! Vadroit au but ! » Mais quand on écrit, ça permetdes descriptions assez précises.Luca : Quand on est lancé, c’est comme si onétait dans un trou noir, on y est aspiré, com-me un astronaute, et on sait qu’à la fin on serarécompensé…Maxime : J’ai beaucoup parlé du conte avecmes parents qui en ont parlé à tout le monde.Toute la famille le sait et on est tous contents. Joséphine : Moi, j’en ai pas parlé, sinon ils allaient me donner des idées. Ils veulent tou-jours entrer dans les détails.Bartholomé : J’ai pas mal parlé avec mon cou-sin et mon oncle qui connaissent bienl’Afrique.Emmanuel : J’ai eu beaucoup d’idées sur lespaysages et les mots qu’on a vus dans leslivres. J’imagine que le Mali [où se passe leconte] est un peu différent de l’Égypte et duMaroc où je suis déjà allé.Bartholomé : J’ai beaucoup rêvé des pay-sages, grâce aux photos, et maman m’en amontré une du Kilimandjaro.

Maxime : Je trouve quedans le deuxième chapitreque nous avons créé, on étaitvraiment dans l’histoire, ettout ce qu’on a fait en classenous a permis de découvrirun monde nouveau.Eléana : Ça nous apprendbeaucoup de choses surl’Afrique, comment ils viventlà où je ne suis jamais allée.J’ai de la famille au Maroc,mais c’est pas l’Afrique ! Louise : J’ai eu l’impressionde visiter l’Afrique.Thomas : Avant, je savaisjuste que c’était un pays pastrès riche, j’ai découvertcomment ils vivent.Silvana : Le plus différentpar rapport à nous ? C’est lapauvreté. Nous, on a plusd’argent.

celui de Mina et Moussa. C’est ensemble oupas du tout…Julien : … même si Mina a peur de Moussa etn’ose le contredire qu’une fois dans le cha-pitre II et pas du tout dans le premier.Agathe : On a lu beaucoup de livres afri-cains3pour le vocabulaire avec madameCharles ; elle nous a dit qu’on pourrait aussifaire un kotéba dans notre école à la fin del’année sur la faune et la flore ! Ça tombe bienparce que demain, Louise et moi, on fait unexposé là-dessus !Manon : C’était nouveau qu’on parle de lamême chose [l’Afrique] dans toutes les ma-tières. Tout ce qu’on étudiait en géographie,ça nous servait en français.Agathe : On voit le français d’une autre ma-nière parce qu’on a fait en même temps de laconjugaison, du vocabulaire...Constance : Écrire, c’est pas nouveau pourmoi parce que quand je me sens seule ou queje m’ennuie je peux m’exprimer dans desphrases qui reflètent ce que je ressens. Monpapa m’a appris à le faire.Julien : Un conte, ça donne envie de faire dufrançais. Au lieu de dire « Prenez votre ma-nuel et faites tel ou tel exercice », on écrit unchapitre ! J’aime bien écrire, même si des foisj’abandonne parce que j’ai pas beaucoup detemps.Luca : Une fois que j’ai commencé une pagequi me plaît, je me lance, je m’exprime à fondet c’est pas du tout le même français.

Quand des CM2 écrivent un conte africain

44 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

paroles d’élèves

La classe lauréate avec son enseignante de français et directrice de l'école, Stéphanie Charles.

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Julien : C’est leur façon de vivre. Ils ne sontpas pauvres car ils ont une autre façon devivre, ils sont plus solidaires. Mais ils n’ontpas la même civilisation, pas de grands im-meubles comme nous.Luca : Je crois qu’ils sont beaucoup plus nom-breux que nous, et moins industrialisés, mais

pourtant, avec peu de moyens, ils arri-vent à être évolués.Emmanuel : C’est la chaleur qui les em-pêche un peu de se développer. Il fautbeaucoup arroser et ils n’ont pas d’arro-sage automatique.Maxime : Ils n’ont pas de chance car déjà, nous, on a des moustiques pas trèsforts, mais chez eux, ils sont trois fois pluspuissants ! Ils ont trois fois plus de mala-dies, et nous trois fois plus de soins !Joséphine : Tous les Africains ne sont paspauvres, ça dépend. Il y en a qui vien-nent chercher du travail en France et gagnent beaucoup d’argent.Agathe : En tout cas, moi, j’aimeraisbien vivre là-bas, dans le village deMina, mais pas plus de cinq ans !Bartholomé : C’est pas toute l’Afriquequi habite dans des cases. À Kinshasa, ily a des quartiers comme chez nous, eten Afrique du Sud, Le Cap, Port Eliza-beth, c’est assez riche. C’est vrai qu’onse dit qu’on pourrait y vivre, mais ce se-rait dur et ça prendrait beaucoup detemps de nous déshabituer d’ici.Eléana : Moi, je pourrais pas m’atta-cher à l’Afrique. J’emmènerais Minaavec moi, si elle existait, et je lui feraisvisiter l’Europe.Elieh : En tout cas, les Africains sontbeaucoup moins tentés que nous…Constance : Moi j’aimerais y aller, peut-être pas y vivre, mais je n’ai jamais vucomment ça se passait dans les moin-dres détails…Robin : Pour découvrir leurs coutumes,oui, mais je ne voudrais pas faire troiskilomètres à pied pour aller à l’école !Lara : Parfois il n’y a pas d’eau potable,et si on en boit, on peut mourir !Joséphine : D’un côté ça doit être beau,mais des classes de 70 élèves, c’est trop !Et puis ici les garçons ont la possibilitéd’avoir plein de vidéos.Luca : On est habitués à avoir tout sousla main, à faire les courses par internet,tandis que pour eux tout dépend des

récoltes du mois ou de la semaine…Bartholomé : Je connais des associations unpeu comme Intervida. Mon oncle a tra-vaillé à aider beaucoup de gens en Afrique.On essaie d’y apporter l’eau potable, maisc’est difficile au Mali. Le problème, c’estles guerres et que notre mode de vie lesfait rêver.

Julien : Je crois qu’ils préfèrent leur mode devie. Si on les force à avoir une autre culture, ilsn’en ont plus du tout.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Adresse : 9 rue du Foin, 75003 Paris. Tél. : 01 42 72 61 43.E-mail : [email protected]. Association dont le but est d’améliorer, via le parrainage, lesconditions de vie des enfants et de leurs familles dans les zonesles plus défavorisées de la planète. 400 000 familles en Europeaident plus de 4 millions de personnes dans ces pays grâce à Intervida.3. Parmi les livres utilisés, citons : La musique africaine - Timbé-lélé et la Reine Lune (Gallimard, coll. « Mes premières décou-vertes de la musique »), Épaminondas (Père Castor- Flammarion),Jujube (Kaléidoscope-L’École des loisirs), L’oiseau de pluie (PèreCastor-Flammarion), Sous l’arbre à palabres (Vilo Jeunesse).

Quand des CM2 écrivent un conte africain

Le concours a stimulé un travail interdisciplinaireStéphanie Charles, directrice de l’école Sainte-

Geneviève-du-Marais, à Paris, et enseignante deuxjours par semaine, s’est saisie de la proposition faite auxécoles par l’association Intervida : prolonger le premierchapitre, mis en ligne, des aventures de l’écolière Mina,par un récit écrit par les élèves et nourri de leurdécouverte de l’Afrique : « Un travail d’écriture qui faitsens. » L’enseignante a proposé ce thème de travailinterdisciplinaire à sa collègue (chargée de la géographie,des sciences et des mathématiques) dès le mois de juindernier. À la rentrée, elles l’ont présenté aux élèves. Enpetits groupes, ils ont analysé en détail le premier chapitre,puis travaillé le temps du récit, le vocabulaire etl’orthographe, les différents types de phrases, et découvertla faune, la flore et la géographie. L’islam, ils l’ont étudié enculture religieuse. Dès la fin de septembre, ils avaientterminé leur « premier jet » individuel, qui a ensuite étéretravaillé en petits groupes puis en grand groupecomportant un rapporteur de chacun des groupes. La versionfinale a été envoyée à l’association, le 21 octobre, par courrierélectronique. Le mardi 7 novembre au matin la classe décou-vrait son succès ! MCJ

Le concours ne sera closque le 30 avril 2007 (il res-

te trois chapitres à écri-re). Les écoles intéressées

peuvent trouver toutes les informationsnécessaires et lire le chapitre écrit parl’école Sainte-Geneviève sur internet, àl’adresse www.associationintervida.orgIntervida, 47-49 avenue du Docteur- Arnold-Netter, 75592 Paris Cedex 12.

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Éleana, Elieh et Bartholomé

Manon et Constance

Luca et Maxime

Suzanne et Emmanuel

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46 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

ÉTIENNE VERHACK2

La Pologne comp-te actuellement 38 millions d’ha-bitants dont plus

d’un million et demi dansla capitale, Varsovie. Cepays a connu une histoi-

re extrêmement mouvementée due à sa posi-tion géographique qui le place face aux paysbaltes (la Lituanie est catholique, mais les pro-testants, à peine plus nombreux que les catho-liques en Lettonie, sont largement majoritairesen Estonie), au monde orthodoxe (Russie, Bié-lorussie et Ukraine) et à la sphère musulmane(turco-mongole). Au XVIe siècle, la Pologne estexemplaire en matière de tolérance religieuse.À la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l’is-sue des conférences de Yalta et de Potsdam, lesSoviétiques annexent la partie orientale du pays,et la Pologne elle-même se voit attribuer la Prus-se Orientale, la Poméranie et la Silésie. Ces chan-gements de frontières ont pour conséquencela présence de nombreuses minorités au seinde la population polonaise – Allemands, Bié-lorusses et Ukrainiens formant les groupes lesplus nombreux. Enfin, on ne peut pas conclu-re cette introduction sans évoquer la diasporapolonaise qui compte aujourd’hui quelque20 millions de représentants dans le monde. En 1989, dès la chute du communisme, l'ensei-gnement catholique polonais s'est réorganisé etdéveloppé sans limites, indépendamment despartis politiques qui se sont succédé au pouvoir.À ce jour, à travers tout le pays, plus de 465 éta-blissements accueillent quelque 60 000 élèves.Mais ni ces établissements, à titre individuel, nile Conseil des écoles catholiques, en tant qu'or-ganisation les regroupant, ne s'expriment pu-bliquement sur des questions de politique nimême d’éducation. C'est la Conférence épisco-pale qui, en cas de nécessité, se fait leur porte-parole auprès des autorités du pays. Soulignonsque ces dernières sont plutôt bienveillantes àl’égard d’un enseignement catholique dontelles apprécient la qualité. Le Conseil des écoles catholiques qui, commenous l’avons vu, les réunit, coopère avec l’en-semble des écoles qui peuvent être dirigées parun diocèse, une paroisse, une congrégation re-ligieuse ou une associations de laïcs. La gestion

du Conseil des écoles ca-tholiques est confiée à uneéquipe élue par les chefsd'établissement. Son direc-teur (dont le choix est sou-mis à l’approbation de laConférence épiscopale) estun prêtre diocésain, et sesautres membres deux Sa-lésiens, une Sœur qui re-présente les ordres reli-gieux féminins, et deuxlaïcs chefs d'établisse-ment. Dernier détail : lacomptabilité du Conseilest tenue par un laïc quin'a aucun lien avec lesorganisations catho-liques.

IdentitécatholiqueLa loi polonaise permet aux écoles catholiquesde travailler correctement, malgré une bu-reaucratie parfois très lourde. Les établisse-ments non publics reçoivent tous des subven-tions. Les écoles catholiques sont, pour la plu-part, accessibles aux familles qui n'ont pas lesmoyens de payer des frais de scolarité. D’autrepart, en matière de projets et de propositionsde loi, la Conférence épiscopale peut émettreun avis. Et généralement, il est écouté.

Formation des enseignants et des chefsd'établissementLa direction du Conseil des écoles catholiquesorganise, en partenariat avec Pro Formatione,son centre de formation des enseignants :l le « Forum national des écoles catholiques ».Depuis trois ans, c’est le thème « La dimensionpersonnelle de la culture » qui est exploré sousdifférents angles : en 2003, « La foi comme fon-dement de la culture » ; en 2004, « La dignitéde la personne comme source et la valeur de laculture chrétienne » ; en 2005, « La conceptionpersonnaliste de l’école dans le contexte del’enseignement de Jean-Paul II » ;l des formations de professeurs et de chefsd'établissement qui ont pour objectif le déve-loppement de l’instruction ;

l des cours de qualification en or-ganisation et gestion de l’éducation. Répartissur deux semestres, ils sont fondés sur le pro-gramme du ministère de l’Éducation, adapté àla situation juridique des écoles dirigées pardes personnes ou des organisations non pu-bliques et à la mission d’Église assurée par lesécoles catholiques. La théorie de la gestion estcomplétée par une dimension personnaliste.Au chapitre de la catéchèse, les chefs d'établis-sement, qui sont des laïcs, attendent desévêques diocésains qu'ils leur adressent des ca-téchistes, généralement des prêtres, pour leurcommunauté scolaire. L'Église, de son côté,accentue le rôle et la responsabilité des chefsd'établissement et des enseignants en matièred'instruction religieuse dans les écoles catho-liques. Et le Conseil des écoles catholiquesmultiplie ses efforts pour les aider en leur pro-posant des sessions de formation.

Cours de religion Deux heures hebdomadaires de cours de reli-gion sont au programme des écoles catholiquesqui ne se distinguent en rien, sur ce point, desécoles publiques. Le Conseil des écoles catho-liques organise des séminaires et des stagespour les chefs d'établissement et pour les ensei-gnants. Premier objectif : les sensibiliser davan-tage à l'identité de l'école catholique. Les docu-ments sur ce thème, élaborés pour les écoles,

L’école catholique en Polog ne et en République tchèqueAprès la Lituanie1, nous poursuivons notre panorama de l’enseignement catholique en Europe centrale et orientale, avec deux pays qui vivent des situations contrastées.

Faire l’école en Europe

France-Pologne. À l’automne 2004, des élèvesde 2de du lycée Saint-Jean-Baptiste-de-La-Sallede Rouen, ont rendu visite à leurs correspon-dants du lycée Traugutt, à Czestochowa.

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constituent une petite bibliothèque spécialisée.Un séminaire national a été organisé au débutde l'année scolaire 2005-2006 à l’intention deschefs d'établissement et des responsables de laformation. Et un programme spécial de forma-tion a été développé sur la base des textes deJean-Paul II sur l'Eucharistie.

Et l’avenir ? Les chefs d'établissement et les enseignants sou-haitent que leurs écoles soient réellement catho-liques. L'Église estime que la situation actuelleest bonne, mais qu’elle peut être améliorée.Indépendamment de l’évolution des compor-tements et du déclin démographique, la va-leur des écoles catholiques est reconnue. Ellesont beaucoup d'élèves et d'excellentes oppor-tunités de développement. De nouveaux éta-blissements catholiques sont régulièrementcréés. Et ce mouvement se poursuivra, selonles Polonais, si l'identité de l'école catholiqueest préservée. Malgré les problèmes qui peu-vent se présenter, un point important augurebien de l’avenir : l'enthousiasme des chefsd'établissement et des enseignants qui veulenttravailler dans les écoles catholiques.

Dans ce pays qui est, avec les Pays-Bas, l’un desplus sécularisés d'Europe, ces établissementssont ouverts aux enfants des familles catho-liques, mais aussi à ceux de familles d’autresconfessions ou athées. L’Église y trouve la pos-sibilité d'avoir une influence pastorale, et sou-vent même missionnaire. Cette présence estd’autant plus nécessaire que les deux der-nières générations de parents, qui ont passéleur enfance dans une société athée, n’ont paseu l’opportunité de connaître la traditionchrétienne et ses valeurs dans le cadre de leurformation scolaire.

Il s’ensuit un grand manque d’enseignantschrétiens qui, sous l’ancien régime, ne pou-vaient pas s’inscrire en faculté de pédagogie.Grâce à la possibilité de faire des études dansd’autres facultés spécialisées (sciences natu-relles, par exemple), des enseignants catho-liques ont pu obtenir une licence. Mais leurnombre est insuffisant pour satisfaire aux de-mandes de tous les établissements.

En bonne placeC’est pourquoi les équipes pédagogiques sontcomposées non seulement de catholiques,mais aussi d’enseignants d’autres confessionset d’athées ; ce qui entraîne de grandes com-plications pour le développement et la crois-sance spirituelle des écoles catholiques. Lesprêtres et membres de congrégations oud’ordres religieux ne sont guère nombreux.Mais malgré tout, on constate que, dans lesécoles catholiques, la dimension spirituelle del’éducation et de l’instruction est présente. Etles lycées catholiques sont régulièrement clas-sés en bonne place lors des enquêtes faites parl’administration pour comparer le niveau desétablissements scolaires.

16 000 élèvesDepuis 1990, sur le territoire de la Républiquetchèque, ont été créés 14 écoles maternelles,18 écoles primaires, 15 écoles professionnellessecondaires, 16 lycées, 5 écoles profession-nelles supérieures, 2 écoles de musique et

log ne et en République tchèque18 autres structures (internats, centres de loi-sirs, centre chrétien de consultation pédago-gique et psychologique). Ces établissementscatholiques d’enseignement accueillentquelque 16 000 élèves, soit 0,8 % de la popula-tion scolaire du pays.

FinancementLe problème permanent, c’est le manque d’ar-gent pour assurer l’existence et le développe-ment des écoles catholiques. Selon la loi, l’Étatest obligé de garantir économiquement leurfonctionnement. Mais, généralement, le bud-get de l’Éducation nationale est insuffisant.Quant au volet confessionnel, il est bien assurépar l’Église qui dispose pour ce faire demoyens financiers également alloués par l’État. Mais ces moyens ne comprennent pas lefinancement des écoles. Et si L'État prend bienen charge les salaires, les frais de fonctionne-ment (qui représentent 66 à 77 % du budgetd’un établissement) et surtout de rénovationou de construction de bâtiments posentd'énormes problèmes. Et ils ne sont pas prèsd’être résolus. Depuis plusieurs années, le mi-nistère de l’Éducation travaille à une nouvelleversion de la loi scolaire, mais son projet, quin’a toujours pas reçu l’aval du Parlement, doitêtre remanié.

OuvertureDepuis plusieurs années aussi, sont organiséesdes rencontres de chefs d’établissement prési-dées par l’évêque responsable de l’enseigne-ment catholique auprès de la Conférence épis-copale tchèque. Rencontres auxquelles sontdésormais conviés les directeurs d’écoles fon-dées par des Églises d’autres confessions. C’estce même esprit qui a présidé, en 2000, à la pre-mière Journée des écoles confessionnelles. Desreprésentants des différentes Églises ont parti-cipé à la conférence inaugurale, et sainte Ludmila, la grand-mère de saint Václav (Wenceslas), patron de la Bohême, a été pro-clamée patronne des écoles catholiques. k

1. Cf. ECA 308, pp. 44-45.2. Secrétaire général du Comité européen pour l’enseignementcatholique (CEEC).

Le problème permanent, en République tchèque, c’est

le manque d’argent pour assurerl’existence et le développement

des écoles catholiques.

uPour contacter le Conseil des écoles catholiques :Rada Szkól Katolickich, Father Sylwester JEZ, Pré-

sident / Father Adam Kostrzewa, Relations Européennes,Skwer Kard. Wyszynskiego 6, PL - 01-015 Warszawa. E-mail: [email protected] [email protected] - Internet : www.rsk.edu.pl

Savoir +

uPour contacter le secrétariat des écoles catho-liques de la République tchèque : Ceská Biskupská

Konference - církevního skolství CR, Mme VeronikaHubicková, Relations Internationales, Thákurova 3, CZ - 160 00 Praha 6. E-mail : [email protected] Internet : www.cirkev.cz

Savoir +

La Républiquetchèque compteactuellement prèsde 10 300 000 ha-

bitants. C’est en 1989 quele régime communiste ya été renversé. Václav

Havel, héros de la « révolution de velours »,devient alors président de la République deTchécoslovaquie. En 1993, la Tchéquie et la Slovaquie se séparent d'un commun accord. La modification de la loi sur l’éducation, en1990, permet l’ouverture d’établissementspréscolaires et scolaires catholiques en Répu-blique tchèque. À l’initiative de leur création,on trouve des individus ou de petits groupesde personnes. Le désir et le besoin de fonderces écoles émanent surtout de laïcs et, pourquelques-unes d’entre elles, de la volonté del’Église.

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Paris-Auschwitz aller-retourUn Train de la Mémoire est parti de Paris, à la fin d’octobre, avec à son bord 450 élèves.

Destination Auschwitz pour un voyage « sur une tombe de l’humanité ».

reportage

AUDE RAUX

La connaissance doit sefaire en deux temps :l’étude historique puisl’expérience avec la réa-

lité. L’important, c’est que ceslycéens réalisent que des gens“normaux” dans une cultureavancée ont pu commettre detelles atrocités. Nous ne cher-chons surtout pas à les choquer,encore moins à les culpabiliser.D’ailleurs, on ne les oblige pasà tout voir. Ce que nous sou-haitons, avec le Train de laMémoire, c’est qu’ils s’interro-gent sur leur humanité. Qu’ilssortent grandis », explique lepère Jean Dujardin, théolo-gien. Dimanche 22 octobre 2006, 17 h 30, gare del’Est, à Paris. Un train pas comme les autress’ébranle1. À son bord, 450 élèves venus de 14 établissements de toute la France. À chacunses raisons pour faire ce voyage aller-retour àAuschwitz : « Pour mettre des images sur ce quel’on apprend en cours » ; « Pour aller sur une tombede l’humanité » ; « Pour ne pas refaire les mêmes erreurs du passé » ; « Pour pouvoir avancer dans lavie »… Dans l’esprit de Martine Quérette, chef d’éta-blissement du lycée Notre-Dame-de-Sion2, àÉvry (Essonne), « l’idée d’un tel périple estd’amener les jeunes à se poser les vraies questionspour prendre conscience de leurs engagementsprésents et futurs. Et il faut du temps. Voilà pour-quoi nous faisons une longue préparation et nousvoyageons en train. Dans notre lycée, depuis lemois de mars, nous étudions des témoignages dedéportés ; nous sommes allés au Mémorial de laShoah3 ; nous avons édité un recueil de toutes nosrecherches historiques ».Durant les 28 heures de trajet, le travail de mé-moire se poursuit. À tour de rôle, des groupesd’élèves prennent la parole pour lire à hautevoix les exposés qu’ils ont préparés, puis dé-battre de « la barbarie des Nazis », « la résistan-ce allemande », « le pardon » ou encore « l’im-plication de l’État français dans la déporta-tion ». Autant de réflexions retransmises parhaut-parleurs dans l’ensemble des comparti-ments. « J’ai été frappée par la profondeur de

leurs questions. Par exemple celle-ci : “Pourquoiavoir créé un univers de souffrance, alors quel’homme cherche à être heureux ?”,si philoso-phique. Je suis tellement fière d’eux. Ils me don-nent confiance par leur esprit de citoyenneté cri-tique, leur aspiration à construire un monde plusjuste », analyse Magali Sonntag, professeur defrançais au lycée Itec-Boisfleury4, à Grenoble,qui accompagne 24 élèves de son établisse-ment. Elle ajoute : « Quand j’étais en prépa,

j’avais fait un voyage aucamp du Struthof. J’étaisressortie extrêmement émue.Je me souviens qu’une demes enseignantes m’avaitdit : “Tu pleures, maisaprès il faudra que tu in-tellectualises ce que tu asvu.” C’est la même démarcheavec le Train de la Mémoire.Les jeunes peuvent bien sûrexprimer leur émotion, maisl’objectif c’est de les amener àréfléchir et à s’interroger.C ’est pourquoi, avant departir, nous avons étudié Sic’est un homme de PrimoLevi et La nuit d’Élie Wiesel.Nous avons rencontré la

fondatrice de l’association Isaï pour l’amitié judéo-chrétienne, Maryvonne Juhel, qui nous apermis d’approfondir la notion de “Shoah”. Noussommes allés au Mémorial des enfants juifs exter-minés d’Izieu5. Et puis nous avons rassembléleurs travaux de recherche et leurs questions dansun recueil : Pourquoi aller à Auschwitz ? »« L’expérience avec la réalité » se fait au rythmede chacun. Après avoir marché tous ensemble,pendant trois kilomètres, dans un profond

À haute voix… Durant tout le trajet, les lycéens présentent des exposés diffusés dans tout le train.

Le silence et les mots… Des élèves écoutent, tandis que d’autres lisent les noms de déportés morts à Auschwitz, que leursproches leur ont donnés avant le départ.

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silence vers le camp en ruines de Birkenau, lesélèves s’éparpillent. Certains pour peuplerd’ombres cet espace aujourd’hui vide. D’autrespour tenter d’appréhender l’incompréhen-sible. Avant de se retrouver autour d’une célé-bration du souvenir. Dans l’air froid de l’au-tomne polonais, des élèves juifs récitent le Kaddish, la prière pour les morts. Au loin, onentend les sirènes des trains qui traversent lescampagnes. Puis, à tour de rôle, d’autres ly-céens lisent les noms de disparus exterminés àAuschwitz-Birkenau que leurs proches leur ontdonnés avant leur départ. Le groupe se retrou-ve ensuite le long de la voie ferrée qui traversele camp de Birkenau. Au creux de leur main,ils tiennent une petite bougie à la flamme va-cillante qu’ils essayent de maintenir en vie. Letemps de dérouler un long calicot sur les rails.Y sont inscrits dans toutes les langues ces mots :« Souviens-toi. »

Yeux sans regard« C’est étrange, raconte Domitille, 16 ans, élèvede terminale au lycée Itec-Boisfleury. J’ai eul’impression, quand j’étais au milieu du camp,d’être dans un décor, une maquette géante. Jen’arrivais pas à imaginer qu’il y ait eu des êtreshumains. Tout est tellement froid, fonctionnel, symétrique. Rien n’est laissé au hasard. Lemoindre détail est conçu pour ce seul but : extermi-ner. J’ai tellement entendu parler de ce lieu, pour-tant. J’aurais dû réussir à y transposer la douleurdes déportés. Mais non. Je ne sais pas pourquoi, jeme suis rabattue sur le côté matériel, je m’y suis même retranchée. Peut-être que pour échapper à ladifficulté de m’imaginer l’atrocité, j’ai préféré nerien imaginer du tout. Je me suis sentie complète-ment à côté de la plaque. Je n’ai pas su comment mepositionner. J’avais pensé que j’allais être émue dèsque j’allais franchir la porte d’entrée du camp. Jem’étais dit que cela allait me bouleverser. En fait,c’est l’absurdité qui m’a saisie. »Le lendemain, le second rendez-vous avecl’Histoire, au musée d’Auschwitz, est marquépar l’émotion. Derrière des vitrines, des mon-tagnes de cheveux, de lunettes et de valises.Aux murs, des photos de visages aux yeux sansregard. « J’avais pris mon appareil photo. J’aifait une photo des miradors. Je suis entrée dansun baraquement. Et puis j’ai rangé mon appa-reil. Ces images, je ne les voulais pas sur du papier. Elles doivent rester dans ce lieu. C’était

comme si j’avais envie degarder le souvenir de ma première impression.J’aurais eu peur de per-dre l ’unicité de ce mo-ment. Et peur de ne pasbien rapporter ces imagesà Grenoble », préciseDomitille. Avant de

poursuivre : « Pour la première fois, je reliais ceque j’avais étudié dans les livres à ce que j’étais entrain de découvrir en vrai. Tout concordait. J’aitrouvé des réponses à mes questions sous la formed’autres questions. Avant, je me demandais :“Comment des hommes peuvent-ils organi-ser la déshumanisation ?” C’était une questiondétachée, abstraite, théorique. Bizarrementdésincarnée. Une question que l’on se pose en lisant des livres d’histoire. Après, je me suis demandée : “Comment un homme peut-il ordonner à un autre de mettre la femme qu’ilaime dans un four crématoire ?” Ça, c’est unequestion incarnée. »

Mercredi 25 octobre 2006, 17 h 30, le Trainde la Mémoire s’ébranle. À son bord,450 élèves reviennent d’un voyage intérieur.« Grandis dans leur humanité. » Dans le com-partiment de Domitille, ses copines, Alix,Clotilde et Cécile sont lancées dans un vif débat : « Cela peut recommencer à n’importe quelmoment. Il faut qu’on soit tous vigilants. » « Maisnon, ça c’est déjà passé, et puis de toute façon, il n’ya plus de Nazis, on ne risque rien. » « Pas forcé-ment sous la même forme, mais il faut bien serendre compte que le monde devient de plus en plusdangereux. Quand tu vois les extrémismes monterdans tous les pays, du côté des musulmans commedes juifs en Israël, ou des chrétiens avec l’Amériquede Bush qui vient de légaliser la torture. » « Le pro-blème avec les terroristes c’est qu’ils ne sont pas ras-semblés dans un seul pays, alors c’est dur de lescombattre. » « Déjà, en France, on entend tellementde propos racistes. Écoute Le Pen qui dit qu’il y atrop d’immigrés. Et il est arrivé au deuxième tourde l’élection présidentielle en 2002. N’oublie ja-mais qu’Hitler est arrivé au pouvoir en 1933 parles urnes. » « Et qu’en trois ans seulement, on estpassé de la privation des droits des Juifs à leur ex-termination. » « Et puis il y a Sarkozy, même si c’està une tout autre échelle. Quand il annonce qu’ilfaut nettoyer les cités au Kärcher, Il risque d’attiserla haine. » « Mais à notre niveau, c’est difficiled’agir. C’est dur de se retrouver face à quelqu’un

qui tient des propos racistes, parce que soit tu lui expliques et il se braque, soit c’est toi qui exploses devant tant d’injustice. »

En parlerAutre compartiment, autres réflexions : « J’ai-me tellement la vie. Au point que je peux haïr tout cequi l’enlève. C’est pourquoi je voulais participer auTrain de la Mémoire. Car c’est là-bas que la vie s’estarrêtée, raconte Benjamin, 17 ans, élève de 1re au lycée Notre-Dame-de-Sion. Quand j’étaisdans le camp vide de Birkenau, je le remplissais detous ces hommes à qui les Nazis avaient enlevé la vie.C’est une expérience unique. Tellement à part, que sion me demande : “Alors c’était comment ?”, le seulmessage que je voudrais faire passer c’est : “Allez-y.” » À ses côtés, une amie, Amandine, 15 ans,élève de 1re dans le même lycée, explique : « Jene suis pas allée là-bas pour savoir mais pour confir-mer ce que j’avais appris en cours. Dans ma famille,il y a eu une victime de la Shoah. La tante de mongrand-père a été déportée à l’âge de 14 ans. Elle estrevenue des camps, mais n’a jamais pu en parler. Ellecompte sur moi. Maintenant que j’ai vu de mespropres yeux, je peux le faire. » k

1. Le premier Train de la Mémoire à destination d’Auschwitz,est parti en 1995. 2. Adresse : 1 avenue Ratisbonne, 91024 Évry Cedex. 3. Adresse : 17 rue Geoffroy-l’Asnier, 75004 Paris. Internet :www.memorialdelashoah.org4. Adresse :118 avenue de l’Eygala, BP 23 - 38701 La Tronche Cedex.5. Dans le département de l’Ain. Internet : www.izieu.alma.fr

« Pour la première fois, je reliais ce que j’avais étudiédans les livres à ce que j’étais

en train de découvrir en vrai. »

Les JustessEn 1942, à quelques

jours de la rafle du Vél’ d’Hiv’, Maurice Arnoult,un cordonnier de Belleville,va risquer sa vie pour sau-ver Joël, son petit voisin de11 ans. Maurice Arnoult estl’une de ces 20 000 per-sonnes vivant alors en Eu-

rope à qui le Mémorial de Yad Vashem a attribuéla médaille de Juste parmi les Nations. Cet épiso-de de la vie dans le Paris de l’occupation et de lacollaboration est raconté en bande dessinée parBéatrice Guthart (récit) et Erwann Surcouf (illus-trations). À découvrir dans un numéro excep-tionnel de Je lis des histoires vraies*. On y trou-vera d’autres témoignages, une présentation duMémorial de la Shoah… et une carte pour écrireà Maurice Arnoult (aujourd’hui âgé de 98 ans) ouà Joël Krolik. RT

* N° 156 (novembre 2006), 4,60 €. Publié par Fleurus Presse, enpartenariat avec le Scérén [CNDP] et la Fondation pour la mémoi-re de la Shoah. Cette dernière a soutenu la diffusion de ce numé-ro en l’envoyant gratuitement, avec un message de sa présidente,Simone Veil, à toutes les écoles primaires et CDI des collèges deFrance. On peut en commander d’autres exemplaires par e-mail –[email protected] – ou par téléphone – 0 825 851 853.

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réflexion

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

Les professeurs de français sont placés,selon vous, devant un dilemme. Lequel ?Hélène Merlin-Kajman : D’un côté, ils vou-draient faire étudier à leurs élèves deschefs-d’œuvre de la littérature, et de l’autre,ils craignent d’être élitistes. Ce dilemme seretrouve dans l’enseignement de la langue :doit-on opter pour un français standard ouun français « populaire » ? Autant de ques-tions qu’on ne se posait pas vraiment avantles années 70. On était dans une logique detransmission, sans trop d’états d’âme.

Que s’est-il passé dans les années 70 ?H. M.-K. : J’étais alors étudiante de lettresmodernes. Il régnait une fièvre critique,suscitée par un sentiment exaltant d’appar-tenir à « l’avant-garde ». Les notions de chef-d’œuvre, d’auteur, de personnage, de styleétaient déconstruites sous l’effet de la lin-guistique, de la psychanalyse et du marxis-me. Le nom de Roland Barthes emblémati-sait à lui tout seul ce mouvement. Nouscroyions à l’avenir, à l’écriture (contre la lit-térature) et à la linguistique (contre lagrammaire, la rhétorique, la stylistique).C’est ainsi que j’ai commencé à enseigner lefrançais en collège et au lycée, puis la littéra-ture dans le supérieur, en particulier à desétudiants préparant les concours d’enseigne-ment. Les doutes sont venus progressive-ment des résistances de mes élèves et de mesétudiants, et aussi des difficultés que mes an-ciens étudiants me disaient rencontrer dansl’exercice de leur métier d’enseignant.

Qu’avez-vous globalement constaté ?H. M.-K. : J’ai vu, autour de moi, des en-fants grandir gavés de livres pour les rejeterà partir du collège, rester en panne dansleur scolarité, refuser la culture des parents,et plus généralement la culture transmisepar l’école. Les garçons, surtout, se tour-nent vers les sorties en bande, la musique,les jeux vidéo, le cannabis aussi, conformé-ment aux analyses que Dominique Pasquier

présente dans son livre Cultures lycéennes : latyrannie de la majorité2. Or ce constat écorcheune loi à laquelle nous avons cru dur com-me fer et sur laquelle sont fondées, non seu-lement toute la littérature enfantine, maistoutes les activités d’éveil. Non, l’imprégna-tion précoce de la lecture ne fabrique pas ensoi de prédisposition à lire ! Pas plus quetous les poèmes, contes de fées, nouvellespolicières… que l’école s’acharne à faireécrire aux enfants dès leur plus jeune âge,n’ont l’air de les conduire à « maîtriser lalangue française » !

Vous notez, par ailleurs, que cette nouvelle façon d’aborder le français n’a pas profité aux enfants des couches sociales défavorisées…H. M.-K. : Découvrir que certains jeunes decités vivent avec 400 mots3, au lieu de 2 500 enmoyenne, permet de mesurer la distance

qui nous sépare des utopies révolution-naires ! Et il ne faut pas croire, pour soula-ger notre tourment, que cette situation estsans lien avec les options que nous avonsprises dans le passé.

Quelles erreurs auraient été commises ?H. M.-K. : Face à une langue, à une littératu-re classiques que nous avons considéréesavec Barthes être celles des oppresseurs,nous avons opposé une autre langue, uneautre littérature destinées aux dominés – enparticulier les enfants. Une littérature donton a emprunté le langage à la culture carna-valesque et populaire (calembours, registredu bas corporel et insultes pour rire). Ren-verser les hiérarchies et les bienséances étaitde l’ordre du combat : c’était rendre la pa-role à tout le refoulé de la culture bourgeoi-se. Cette double tâche a envahi toute la pé-dagogie.

Faut-il enseigner le français autrement ? Hélène Merlin-Kajman enseigne la littérature à l’université Paris-III1 à des étudiants qui, pour certains, ont choisi de devenir enseignants. Concernée par les difficultés

qu’ils rencontrent plus tard dans l’exercice de leur métier, elle s’interroge. Et n’hésite pas à remettre en cause les options prises par une génération : la sienne !

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Hélène Merlin-Kajman Professeur de littérature française du XVIIe siècle à l'université de Paris-III - Sorbonne nouvelle

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Que préconisez-vous concernant la grammaire ?H. M.-K. : Il faut recourir au sentiment de lalangue des élèves, leur faire prendreconscience qu’en parlant, ils obéissent déjàà des règles. Si les exercices du Bled sontaberrants du point de vue d’une théorie lin-guistique, ils sont pourtant efficaces. Dans larépétition, quelque chose se passe. Prenonsl’exemple très controversé de la dictée. Iln’est pas prouvé qu’elle aide à améliorerl’orthographe. Mais elle permet une impré-gnation du texte long. Elle transmet unelangue belle. Et elle joue un rôle importantpour organiser l’espace et le temps.

Et concernant la littérature ?H. M.-K. : J’écarterai la littérature jeunesse,trop centrée sur l’idée que les textes doiventparler du vécu des enfants, souvent présen-té de façon sinistre. Je crois plutôt qu’il fautles faire rêver, nourrir leur imaginaire, élar-gir leur monde intérieur ! Mais il faut aussichoisir des œuvres accessibles – Corneilleest, par exemple, trop difficile, hormis Le Cid. Leur proposer des textes où ils puis-sent transférer, dans le jeu libre de la méta-phore, leurs propres impasses, leurspropres souffrances, pour y trouver une res-source, y puiser une force pour se recons-truire. La littérature, comme le pensait Aris-tote avec la catharsis, a une potentialité tran-sitionnelle essentielle. Si notre société se pri-ve de la médiation de ce langage exception-nel, nous n’aurons aucune chance d’aiderles élèves à échapper aux identificationsmassives ou communautaires. Des identifi-cations qui si elles les protègent de la « fatigued’être soi5 » en agglutinant leur faible « je » àun « nous » rassurant, se révèlent un vraidanger pour l’avenir de la démocratie. k

1. Normalienne, agrégée de lettres modernes, Hélène Merlin-Kajman a créé, en 2002, un « observatoire de l’éducation »avec un groupe d’enseignants, pour la plupart d’anciens étu-diants, afin de réfléchir à la pratique du métier. Elle a, parailleurs, mis en place cette année le séminaire « Violences,normes, civilités » qui se tient à Paris-III, dans le cadre du toutnouveau master de recherche « Le français, discipline d’en-seignement ». Elle est l’auteur de La langue est-elle fasciste ?langue, pouvoir, enseignement, Seuil, 2003, 416 p., 24 € ;« Combien de mots ? La maîtrise du français n’est pas un buten soi », Le Débat, mai-août 2005.2. Paris, Autrement, 2005, 180 p., 16,95 €. 3. « Vivre avec 400 mots », Le Monde, 18 mars 2005.4. Méthodes et activités littéraires. Français Lycées (sous la dir.d’Alain Pagès), Paris, Nathan, 2001, pp. 120-121.5. Alain Ehrenberg, La fatigue d’être soi - dépression et société,Paris, Odile Jacob, 2000, 414 p., 22,90 €.

tel univers d’autorité sabordée — d’incivi-lité généralisée, à commencer par nous-mêmes — , des messages de citoyennetépourraient être transmis et reçus. Je penseà un autre album de l’École des loisirs pu-blié en 1991, La bergère qui mangeait ses mou-tons. Une bergère tyrannique est mangéepar un loup avec l’aide de ses moutons, etle troupeau reste seul. Enfin autonomes,les moutons vont pouvoir se « construire toutseuls ». En toute bonne conscience, nousdonnons ces livres à nos enfants pour qu’ilsne deviennent pas des moutons !

Qu’en conclure ?H. M.-K. : Dès lors, la question n’est peut-être pas celle des contenus à transmettre,mais celle de la posture éducative de celuiqui les transmet aux enfants. Tant que lesadultes que nous sommes continueront àdéserter leur place en la parodiant et encompatissant avec eux comme s’ils étaienttoujours menacés par notre pouvoir, nousles pousserons dans une fuite en avant horsde la culture pour se construire indépen-damment de nous. Mais s’il peut être légiti-me qu’ils se construisent en dehors denous, voire « contre » nous, il n’est pas légi-time qu’ils ne puissent plus trouver d’appuisymbolique en nous et soient obligés de seséparer en prenant seulement appui sur la« bande de copains » et la culture de masse. Or ce que révèlent les exercices de françaispratiqués en classe, ces lectures effectuéesdans les familles, les crèches, les écoles,c’est que la langue ne s’offre plus pour euxcomme un support, un appui symbolique.C’est à cela qu’il est urgent de remédier,par une reconfiguration de la parole, plu-tôt que par la transmission obligée de cer-tains contenus. Cela engage, bien sûr, laquestion de la grammaire et de la littératu-re, mais implique de la poser en des termesnouveaux.

Donnez-nous un exemple…H. M.-K. : Un livre pour tout-petits illustrecette nouvelle « culture ». Caca Boudin deStéphanie Blake [L’École des loisirs, 2002] estl’histoire d’un petit lapin qui ne sait direque… « caca boudin ». Le langage « adulte »,trop normé, y résonne de façon parodique.Et c’est le fils qui réprimande le père, selonun schéma devenu stéréotypé dans la litté-rature de jeunesse. Avec la complicité mo-queuse de l’auteur (et de l’adulte qui le liraà l’enfant), le petit lapin affirme, contre lasyntaxe ridicule de la langue littéraire, lesdroits de sa langue enfantine et scatolo-gique, en destituant l’autorité du père. Bonnombre d’albums de jeunesse mettent ainsileurs jeunes lecteurs en présence d’un dis-cours parodique ou burlesque et d’une satiredes figures éducatives.

La crise du français commencerait ainsi en amont de l’école…H. M.-K. : Je le pense. Par le biais de ces lec-tures, l’éducation que nous donnons auxenfants s’accompagne immédiatement desa critique. Mais prenons un autre exemple, tiré cettefois d’un manuel de français pour leslycéens4. Un exercice d’invention demandede s’appuyer sur un extrait de Mateo Falconede Mérimée. C’est le récit de l’exécution deson fils par Mateo : échange dialogué entrele père et le fils suppliant ce dernier del’épargner, coup de feu, arrivée de la mère.Et voici le sujet : « Imaginez cette fin sous laforme d’un discours rapporté à la première per-sonne : le récit sera fait soit par Mateo lui-même,soit par son épouse, à votre choix. » On voitbien ce que l’exercice isole : le droit de vieet de mort du père sur son fils, le pouvoirpatriarcal sous sa forme hyperbolique,atroce. L’adulte est désormais présentécomme l’ennemi potentiel de l’enfant. Etce sont les adultes qui diffusent ce sinistremessage de méfiance. Une place, une posi-tion se vide. Ce processus est à l’œuvre par-tout.

Quel impact ce message de méfiance a-t-il sur les jeunes ?H. M.-K. : Nous communiquons, par unesorte d’abus d’autorité, une autorisation àl’outrage, à la force, à l’irresponsabilité, au-torisation dont il n’y a pas lieu de s’étonnerqu’elle finisse par produire des passages àl’acte. Et l’on ne voit pas comment, dans un

« Si les exercices du Bledsont aberrants

du point de vue d’unethéorie linguistique,

ils sont pourtant efficaces. »

çais autrement ?

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culture /culture religieuse

au Golgotha. Claude, 12 ans, vit avec son grandfrère, le soldat romain Rufus. Avec son amie Gela,d’origine juive, Claude est témoin d’une décou-verte incroyable : il surprend les disciples de Jésusqui annoncent sa résurrection et reconnaissent enlui le Messie. À quelles difficultés les disciples se-ront-ils confrontés ?Pour l’islam : le petit Ahmed vit à la Mecque, unecité de pèlerinage encore façonnée par le poly-théisme ambiant. Alors que Mahomet reçoit sapremière révélation et commence à transmettre laParole de Dieu, les habitants le dénoncent et l’obli-gent à fuir vers Médine. Ahmed accompagné deson ami Cyrille, un jeune chrétien, décide de parti-ciper à la fuite de Mahomet vers Médine. Petit àpetit, il découvre cette nouvelle religion.

Pourquoi avoir choisi des marionnettes pourreprésenter les personnages ?N. C. : Ces marionnettes permettent réellementaux enfants d’investir leur imaginaire dans les per-sonnages et de se les approprier. Elles mettent enrelief des émotions, des interrogations à partir deregards, d’attitudes, de mouvements particulière-ment forts. Réalisée à Prague, cette série s’inscritdans la grande tradition tchèque d’animation, ré-vélée par Jiri Trnka en 1947. Son école est aujour-d’hui très réputée, et la République tchèque re-connue comme terre d’élection de l’animation devolumes. Une technique et un art ramenés au pre-mier plan, dans les années 90, par l’irruption surles écrans de Wallace & Gromit.

Ces films ont-ils été « validés » par les religionsprésentées ?N. C. : Trois responsables tchèques ont validé lesscénarios : le rabbin Karol Sidon, grand rabbin dePrague, le pasteur Milos Rejchrt de l’Église desFrères de Bohème et le docteur Vladimir Sanka,

chef du centre islamique de Prague.PROPOS RECUEILLIS PAR

GILLES DU RETAIL

1. Comité français de radio-télévision, 45 bis rue de la Glacière, 75013 Paris. Tél. : 01 44 08 88 78. Internet : www.lejourduseigneur.com

Trois religions racontées aux enfants

Comment ce projet est-il né ?Noël Choux : Après les tragiques événements du11 septembre 2001 et l’engrenage de la violencequi a suivi, le dialogue interreligieux a semblé deplus en plus vital. Seul l’apport d’une meilleureconnaissance des croyances et des traditionsconfessionnelles peut instaurer le respect et favo-riser la tolérance entre les hommes. C’est de ce constat qu’est né, au sein du CFRT1, le projetLe Temps des Fondations.

Quelle est l’idée qui a présidé à la conception de ces trois films ?N. C. : Pour permettre aux enfants de découvrirles origines de leur patrimoine culturel, nousavons choisi de leur proposer un voyage dans letemps. Nous suivons ainsi la vie de trois héros, Jacob, Claude et Ahmed qui, à trois époques dis-tinctes, vont nous faire vivre les premiers pas deleurs communautés religieuses : en Égypte autemps de Ramsès II, en Palestine sous le règne del’empereur Auguste, et en Arabie au VIIe siècleaprès Jésus-Christ. Il nous est apparu indispensable de présenter lafondation de ces trois religions au travers de la viedes premières communautés et de la vie quoti-dienne de croyants. Pour les enfants, il est impor-tant de comprendre qu’une religion est une dé-marche personnelle qui se situe dans un rassem-blement de croyants, dans une communauté. À lafois en référence aux textes et traitées d’une fa-çon romanesque, les aventures des trois hérospermettent aux jeunes d’aujourd’hui de s’identi-fier à eux et de découvrir l’histoire de leur reli-gion.

Parlez-nous du découpage...N. C. : Chaque film compte 9 séquences de 7 mi-nutes. Un format idéal pour maintenir l’attentiondes jeunes et favoriser une animation pédagogique. On peut résumer latrilogie comme suit.Pour le judaïsme : au temps de la libération du peuple hébreu en Égyp-te, le jeune Jacob et sa famille suivent la tradition et la foi d’Abraham. Malgré les difficultés culturelles et religieuses, Jacob se lie d’amitié avecNephtah, un petit Égyptien emprisonné avec son père par Pharaon. Ilsse sauvent ensemble et traversent la mer Rouge et le désert avec Moïse,vers la Terre promise. Quels dangers devront-ils éviter ?Pour le christianisme : à Jérusalem, Jésus de Nazareth vient d’être crucifié

uLa série Le Temps des Fondations, éditée par Voir & Dire sous la forme d’un coffret de 3 DVD,est parue le 3 décembre 2006. Elle est commercialisée dans les librairies du réseau « La Procu-

re » et les librairies Siloë. Prix : 47,50 €.

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D.

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En produisant trois films pour aborder la fondation des trois religions monothéistes, le CFRT1 offre un soutien pédagogique aux jeunes de 7 à 10 ans, pour la compréhension

de leurs racines religieuses. Rencontre avec Noël Choux, producteur délégué du Jour du Seigneur et producteur de cette série.

Trois personnages au cœur du Temps des Fondations. De haut enbas : Claude, le chrétien, Ahmed, le musulman, Jacob, le juif.

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culture /histoire

Une cathédrale en couleurs

La nuit vient tout juste de tombersur Amiens, et, dans le ciel encorepâle, la plus grande des cathédralesgothiques du monde dresse sonimpressionnante silhouette en

contre-jour. Le parvis se remplit peu à peud’un public qui parle bas, subjugué par lamajesté du lieu. Quand la musique s’élèveet que la lumière apparaît, ce n’est qu’émer-veillement. Les rouges, les bleus, les roses...et même les ors, toute la palette des couleursemployée par les peintres du Moyen Âge,rehausse la dentelle de pierre. Les person-nages, qui reprennent vie, magnifient l’ex-traordinaire travail des sculpteurs, maçons,tailleurs de pierres et autres bâtisseurs del’édifice religieux.Entre les statues des Petits Prophètes, s’ou-vrent les trois porches polychromés. Sur ladroite, le portail de la Mère Dieu, tel quel’appellent les Amiénois, est dédié à la Vier-ge, présente au trumeau, entre les deuxportes. Annonciation, Visitation et Présen-tation au Temple se succèdent, telle unebande dessinée en relief. Ces groupes font face à la visite de laReine de Saba au Roi Salomon et à celle des Mages à Hérode. Au centre, le portail du Beau Dieu est dédié au Sauveur. Au tru-meau, le Christ est reconnaissable à son geste de bénédiction. Iloccupe, parmi les statues monumentales, la place centrale du cor-tège des Apôtres et des Grands Prophètes. Le Jugement dernierdu tympan est évoqué par des scènes réalistes : saint Michel pèseles âmes, les ressuscités sortent des tombeaux, les élus se dirigentvers le Paradis, et les damnés, nus, gagnent l’Enfer. Quant auportail nord, il est consacré aux saints du diocèse. Dominé parsaint Firmin, considéré comme le premier évêque d’Amiens, ilprésente douze personnages dont les reliques étaient conservéesdans la cathédrale, comme saint Ache et saint Acheul qui portentleur tête entre leurs mains. Au niveau du soubassement, sur deuxrangs, les signes du Zodiaque et les activités desmois correspondants s’inscrivent dans un « calen-drier picard ». Cette mise en couleurs hyperréaliste retient long-temps les spectateurs qui ne se lassent pas de regarder les personnages, les frises, les ébrase-ments, les voussures… Depuis sa création, en1999, Amiens, la cathédrale en couleurs, a vu défilerprès d’un million et demi de visiteurs.Révélées en 1992, lors du chantier de restaurationde la cathédrale, ces polychromies, sans doute négligées depuis le XVIe siècle, ont fasciné les his-toriens comme les responsables régionaux. La

mise au jour de ces peintures réalisées auXIIIe siècle, apportait la preuve que les fa-çades des cathédrales gothiques d’Europeétaient peintes.

Reconstitution spectaculaireUne fois acquis le principe de la restitutionde ces merveilles, restait à faire un choixtechnique. S’il était inimaginable de re-peindre la totalité de la façade occidentalede Notre-Dame d’Amiens, on pouvait, enrevanche, concevoir de recourir à d’autresmoyens, comme la lumière. La reconstitu-tion spectaculaire de la société Skertzò1, re-pose donc sur la projection d’images. Lesportails et la façade ont été photographiés.Les clichés ont été traités numériquementpour corriger les effets d’optique, les sculp-tures colorisées, les ombres travaillées. Etles images ainsi produites furent ensuiteprojetées. Au fil des représentations, quelques chan-gements ont été apportés. « Les projecteurs

d'images fixes, précédemment utilisés pour les portails, sont désormaisremplacés par des projecteurs d'images défilantes, expliquent les res-ponsables d’Amiens Métropole. En effet, la durée de vie desfilms photographiques et des pigments exposés à la forte chaleurdes lampes était très courte. Neuf projecteurs au total sont néces-saires2. Mais ils sont disposés de telle façon qu’ils n’entrent jamais dans le champ de vision des spectateurs. Amiens, la cathédrale en couleurs est une invitation exceptionnelleà remonter le temps, à se plonger dans l’univers des fidèles duMoyen Âge… L’histoire plein les yeux !

BRUNO GRELON

1. On peut voir des images de quelques-unes de leurs créations sur www.skertzo.com2. Un (placé à l’intérieur de la cathédrale) pour l’éclairage de la rose, six pour chacun desportails et deux pour l’éclairement de la façade.

Grâce à une technique de colorisation par des jeux de lumière, la cathédrale d’Amiens retrouve son lustre du Moyen Âge. Une étonnante page d’histoire à voir tous les soirs de cette fin d’année.

uAmiens, la cathédrale en couleurs.Parvis de la cathédrale Notre-

Dame d'Amiens. Jusqu’au 1er janvier 2007, à19 h (représentations supplémentaires le

24 décembre à 23 h et le 31 décembre àminuit). Durée : 40 minutes. Accès libre.

L’été, le spectacle est présenté du 15 juin au15 septembre environ. Renseignements :Office de tourisme d'Amiens Métropole,

6 bis, rue Dusevel, BP 1018 – 80010 AmiensCedex 1. Tél. : 03 22 71 60 50.

E-mail : [email protected]

Jeux éphémères. Des pinceaux de lumière colorient la façade.

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54 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

RELIGIONDE CONVICTIONdNe l’oublions pas : la Passion

est d’abord le récit de la mortd’un homme, d’un être de chair.Spécialiste de la naissance et du développement de la penséechrétienne dans l’Antiquité romaine et de la mutation des religionsantiques, y compris celle d’Israël,l’auteur inscrit la trajectoire des textes réunis ici dans l’émergence « d’une religion dont le rituel ne connaît pas les sacrificessanglants ». En huit doctes chapitres, il se propose de livrer les divers états d’une recherche sur l’évolution de la pensée chrétienne dans l’Antiquitétardive au moment où l’Église explorede nouvelles façons « d’intégrer les différentes cultures dans sonmessage traditionnel ». MR

Guy StroumsaLe rire du Christ - essai sur lechristianisme antiqueBayard283p., 34€

dPrêtre, psychanalyste, théologien et philosophe, MauriceBellet interroge l’injonction contemporaine au dialogue,

au sein d’un univers mondialisé, et néanmoins bousculé dansses prétentions à l’universalité. Le « meurtre de la parole »renvoie bien sûr à la Croix, « meurtre du verbe, du logos, de latoute première clarté devenue vie humaine ». Le dialogueinterdit l’exclusion ou l’assimilation de l’autre qu’on peut vomirou dévorer. Le dialogue est consentement à la désappro-priation, « pure disposition » pour se faire don de présence etaccueil de la présence de l’autre. Le dialogue est écoute etparole offerte. Il est aussi parole tranchante parce qu’ouvrantun espace où l’autre peut, par lui-même, comprendre et juger.Comme à l’habitude, la parole de Maurice Bellet est dense et

exigeante. Une méditation, plus qu’une analyse, qui convie,dans le silence, à un dialogue intérieur pour réfléchir sapropre parole. Pour le chrétien, elle met en tension dialogueet mission. Rappelons-nous que notre Dieu se fait d’abordécoute : « J’ai entendu les cris de mon peuple », nous dit-Ildans l’Exode (Ex 3,7), avant de se faire présence : « Je suis celuiqui suis » (Ex 3,14).

CLAUDE BERRUER

Maurice BelletLe meurtre de la parole ou l’épreuve du dialogue

Bayard, 160p., 13€

SIMPLE HISTOIREDE DIEUdPrêtre du diocèse de Paris,

habitué des baptêmes et des personnes qui redécouvrent la foichrétienne, l’auteur de ce petit manuel à l’usage des croyants ou des béotiens en sait long en matièrede pratique religieuse au quotidien.Nul besoin d’envolées lyriques ou dethéories sophistiquées pour raconterl’histoire de Dieu. Ce sont des motssimples que l’auteur utilise pourrépondre point par point à une sériede questions : « Comment concilier le message de Jésus et certainespratiques de l’Église ? », « Peut-on êtreheureux sans Dieu ? », ou encore« Est-il nécessaire d’avoir une religionpour croire ? ». « Oui, Dieu dérange et déroute », conclut MauriceFourmond. Mais, il faut apprendreà L’écouter. MR

Maurice Fourmond Quoi de neuf sur Dieu ?L’Atelier200p., 17€

CINQ CLEFS POURL’APOCALYPSEdMême si la fièvre

« apocalyptique » est retombée après le passage dans le XXe siècle, l’Apocalypse garde toujours son pouvoir defascination. Cet ouvrage propose une lecture sereine du dernier livre du Nouveau Testament. Quinze ans après sa premièreédition, l’auteur a choisi de procéder à sa mise à jour en tenant compte du foisonnement des recherches exégétiques consacrées à l’œuvre de Jean. Cinq clefs (christologique, historique, symbolique, apocalyptiqueet évangélique) permettent une lecture globale avant d’explorerles vingt-deux chapitres du texte écrit par le disciple favori du Christ sur l’île de Patmos. MR

Jean-Pierre PrévostPour lire l’Apocalypse Novalis/CerfÉdition revue et augmentée, 139p., 19€

LES MOTSDES PRIANTSdRecueillies au sein de quatre

communautés monastiques très différentes, par leurs lieuxd’implantation géographique, leurs règles de vie et de subsistance ou les grandes figures spirituellesauxquelles elles se réfèrent, les parolesde prière réunies ici puisent pourtant à la même source. Toutes ouvrent aucroyant des pistes pour oser s’adresserà Dieu. Que ce soient les sœurs du Carmel de la Paix, à Mazille, dans la campagne bourguignonne, lesbénédictins bretons de Landévennec, à l’extrémité de la rade de Brest, les frères cisterciens de Tamié, dans la montagne savoyarde, ou les moines pour la ville du prieuré de Saint-Benoît d’Étiolles, en régionparisienne, ces priants nous offrentleurs mots. MR

Tamié, Étiolles, Mazille, LandévennecTrésors de la prière des moinesBayard384p., 29€

UNE INVITATION AU DIALOGUE INTÉRIEUR

culture /livres

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N° 309, DÉCEMBRE 2006 Enseignement catholique actualités 55

CARTOGRAPHIEDE LA SAINTETÉdDe la très sainte Marie jusqu’à

la bienheureuse Teresa de Calcuttaen passant par saint Jean Chrysostome,patriarche de Constantinople, ou sainteClaire d’Assise, née dans une famillenoble en 1193 et qui lutta toute sa viepour « obtenir le privilège de la pauvreté »jusqu’alors interdit aux femmes, ce sont114 biographies de saints qui sontréunies dans cet album. La prestigieuseiconographie – 500 photographies et150 cartes – vient compléter lesinformations relatives à ces personnalitésconnues ou moins connues. Pourchacune, l’auteur a mis en valeurl’origine, la vie, mais également l’actionet l’héritage. Nouveau Testament,martyrs ou premiers Pères de l’Église en Méditerranée, c’est une véritablecartographie de la sainteté qui se dessineau fil des pages. MR

Antonio Maria SicariLe Grand Atlas des SaintsRouergue260p., 42€

UN HOMMEDISCRETdJeune rescapé du camp de

Buchenwald, Elie Wiesel a séjournédurant deux ans à la Maison de l’Œuvrede secours aux enfants (OSE), « Cheznous », à Versailles. Il ne savait rien alorsdu passé de Félix Goldschmitt, chaleureuxdirecteur de ce lieu d’accueil pour lesenfants survivants de l’Holocauste. C’est àla lecture de ce livre que l’auteur de La nuita pu mesurer l’engagement et le courageexemplaire dont cet homme discret fitpreuve durant les années de guerre. Écritcomme un roman, il a été composé à partir de témoignages, de lettres,d’entretiens et de journaux intimes réunispar Yael Vered, ancien ambassadeurpermanent d’Israël à l’Unesco, puisconseillère pour les relations avec lesÉglises et adjointe à la Direction généralepour les organisations internationales. MR

Yael Vered (préface d’Élie Wiesel)Là où il n’y a pas d’hommes, tâched’être un hommeParole et Silence366p., 25€

LE MALDANS LA TÊTEdLors d’une expérience, quarante

individus tout à fait « normaux »ont infligé à d’autres des chocsélectriques puissants. Malgré lessupplications (feintes) des victimes, seuls six « tortionnaires » ont refusé depoursuivre leurs sévices. Sous prétextequ’ils obéissaient aux consignes descientifiques, les autres ont continué. Onsait jusqu’à quelles conséquences cette« obéissance destructive » a pu conduireavec le régime nazi. Sans aller jusqu’à cesextrémités, notre société a tendance àvaloriser la méchanceté. En témoigne legoût du public pour certains animateursde télévision qui, sous prétexte d’humourdécapant, agressent leurs invités. À traversla religion, la philosophie, la littératureet des témoignages anonymes, l’auteuranalyse les raisons de ce mal. MR

Michel FizeMais qu’est-ce qui passe par la tête desméchants ?Les Éditions de l’Homme188p., 18,85€

DERRIÈREL’ÉCRANdQue faut-il pour qu’un bon

comédien devienne un bondoubleur ? « Qu’il crève la faim »,répond du tac au tac Patrick Poivey,« voix » de Bruce Willis, Don Johnson,Tom Cruise, entre autres starshollywoodiennes. Pourtant, il est de ceux qui excellent dans ce domaine trèsparticulier du doublage de films ou de séries dont notre télévision est de plusen plus gourmande. D’autres comédiensde l’ombre livrent leurs souvenirs, conseilset trucs de métier dans cet ouvrage très accessible et abondamment illustréqui s’attache également à présenter lesautres métiers du doublage (traducteur,monteur son, calligraphe, directeur de plateau...). De quoi intéresser lescinéphiles et ceux qui cherchent leur...voie professionnelle. MR

François Justamand (sous la dir. de)Rencontres autour du doublage desfilms et des séries téléObjectif Cinéma218p., 25 €

dUn certain nombre de témoignages ont été écrits par dessurvivants du génocide perpétré par Pol Pot entre 1975

et 1979. Celui-ci est un peu particulier. C’est une mère quiprend la plume. Elle raconte non pas ce qu’elle a vécu, maisl’épopée dramatique de sa toute petite fille, Soma, qui traversal’enfer et survécut grâce à l’amour que lui vouaient ses tanteset sa grand-mère, sa « Mac Yey ». À l’époque des faits, l’auteurest donc une jeune maman réfugiée en France avec son mari etses deux fils. En 1973, elle rentre accoucher au Cambodge,comme le veut la tradition, et met au monde une petite fille. Safamille la réclamant à Paris, elle doit se séparer très vite de sonenfant. Quand elle est en mesure de regagner le Cambodge,les Khmers rouges viennent d’envahir la capitale. Plus aucune

nouvelle ne filtre du pays. Commence alors pour Daravichet Chaiet les siens une attente interminable. Ce n’est que quatre ansplus tard que Soma pourra rejoindre la France, quatre anspendant lesquels elle aura été confrontée à la mort au quo-tidien, à l’exode, à la faim, à la maladie, au travail forcé. Ce livreémouvant vient à point nommé alors que se déroule, enfin, auCambodge, le procès des derniers acteurs du génocide.

ÉLISABETH DU CLOSEL

Ung Daravichet ChaiSoma, l’enfant de l’Angkar - dans l’apocalypse khmère rouge

Éditions du Rocher 160p., 13€

UNE ENFANT DANS L’ENFER KHMER

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ZENVEUT PLAIREdComment se faire des amis ?

Dès la rentrée, « on pouvaitcomprendre qui avait choisi qui, qui serait cette année son ami », écritClaude Helft de sa plume à la foissimple et incisive. Dans ce délicieux petitlivre, bref mais dense, elle met en scènele désarroi d'un enfant dont la sensibiliténe trouve pas un écho immédiat dans sa classe. Il essaie bien, Zen, de plaireaux autres... Y compris en se moquantde ceux qu'il aime, histoire de faire rirel'assemblée cruelle de la cour de récré.Mais rien n'y fait… Jusqu'à la nuit où il accepte d'être lui-même et de faireconfiance à ses propres dons. Un beaumessage de confiance, une leçond'intériorité pour petits et grands tropsouvent tentés par le conformisme! À partir de 9 ans. MCJ

Claude Helft (texte), Sandrine Martin (ill.)Les amis de ZenLe Baron PerchéColl. « Les Orpailleurs », 48p., 7,90 €

dÀ première vue, avec ses dessins naïfs, ses cartes géo-graphiques aux couleurs vives, ses portraits de person-

nages célèbres ou de monuments, ses plats du terroir et sonannuaire départemental, cet album à spirale pourrait semblerdémodé. Il n’en est rien. Divisant la France en cinq grandesparties – Ouest, Nord, Est, Centre et Centre-Est, Sud-Est etSud-Ouest – avant de s’intéresser à chaque région, les au-teurs offrent au jeune lecteur la possibilité de dresser une vé-ritable carte d’identité de l’Hexagone grâce à une séried’informations distillées à la faveur de textes brefs et de vi-gnettes égrenés au fil des chapitres de ce livre ludique. Enmultipliant les astuces – pages qui se déplient, cartes à colo-

rier, recettes de cuisine, etc. –, cet atlas permet de se faireune idée de notre pays dans sa globalité. Certes, il n’y a niviolence, ni chômage, ni pollution, ni barres d’HLM dans cepanorama idéalisé. Mais les enfants ont encore le droit de rêver... À partir de 6 ans.

MATHILDE RAIVE

Pascale Estellon et Anne Weiss (conception graphique),Sonia Goldie (texte)

Mon Atlas de FranceMila Éditions68p., 19,95€

UN LOUPAU MUSÉEdOn ne le sait pas toujours,

mais le plus grand musée du monde est construit à l’endroit où des hordes de loups se rassemblaientautrefois sur les berges de la Seine. Ce lieu, baptisé « Lupara », est àl’origine de notre Louvre actuel. Il était donc tout naturel qu’AnneLetuffe s’inspire du canidé pourimaginer une étonnante visite de lavénérable institution. En compagnied’un de ces redoutables carnassiers etd’un joli chaperon – rouge –, la visitese déroule au fil des salles et au grédes découvertes faites par les deuxamis qui n’hésitent pas à détourner les œuvres d’art grâce à l’imaginationet au graphisme débridé de ladessinatrice. Dépoussiérant. À partir de 8 ans. MR

Anne LetuffeLe Loup du LouvreL’atelier du poisson soluble/Musée du Louvre Éditions44p., 14,20€

ALLERVERS NOËLdDans le numéro « spécial Noël »

de Filotéo, une magnifique BD de 14 pages nous raconte la naissance de Jésus d’après l’évangileselon Matthieu. Un dossier très riche et vivant, « C’est quoi être chrétienaujourd’hui ? », livre les témoignagesd’enfants, de catéchistes, d’un clown, d’un médecin… et répond auxnombreuses questions des lecteurs.Et en cadeau : 24 cartes de l'Avent à découper avec chaque jour un bricolage, une recette ou une prière pour préparer Noël en famille.Pour les plus petits, Pomme d’Api Soleiloffre la messe de minuit en famille enBD et une belle histoire de la Bible : la naissance de Jésus. Et en cadeau :un CD de six chansons de Noël et une crèche-poster. FR

Filotéo n° 182, 6,50€.Pomme d’Api Soleil n° 63, 5,90€

Bayard Jeunessesur internet : www.bayard-jeunesse.com

COMMENTVIS-TU ?dSelon que l’on naîtra au sud

ou au nord de la planète, on ne grandira pas de la même façon.En effet, comment imaginer qu’un enfant de Cuba, habitué à vivre en fonction de la libreta,sorte de carte de rationnementalimentaire distribuée chaque moisaux familles pour leur assurer l’accès aux denrées de base – quandelles sont disponibles –, puisse avoirles mêmes valeurs qu’un petit Irlandaisqui découvre tous les matins sur le pasde sa porte, le lait livré à domicile ? En quatorze pays et autant devariations, les modes de vie desenfants sont ici examinés à la loupesans céder à la naïveté d’un proposédulcoré. À partir de 7 ans. MR

Estelle Vidard (texte), Mayalen Goust (ill.)Enfants du monde - se nourrir, se loger, s’instruirePère Castor-Flammarion96p., 18€

LES CHARMES DE LA GÉOGRAPHIE

culture /livres jeunesse

56 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

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UN CORPS,DES CLICSdLe rouleau d’argile utilisé par

les Romains pour accentuerl’ondulation de leur barbe en témoigne : l’homme s’est très tôtintéressé à son corps. Et il trouvera de quoi assouvir sa curiosité surce sujet inépuisable grâce aux 18 chapitres et aux nombreux sous-dossiers de ce cédérom. De la tête jusqu’aux pieds, en passantpar les articulations, le systèmerespiratoire ou le foie, quelquescentaines d’articles, de dessins, de photos, de vidéos, d’animations et de schémas explorent l‘anatomie,l’histologie, la biochimie ou laneurologie de la mécanique humaine.Sans oublier les principales légendes et problématiques (drogues, maladies,avancées scientifiques) qui s’yrapportent. MR

CollectifEncyclopédie du corps humainMindscape1 cédérom, PC Windows XP, 29,99€

CONTESDE LA ROUTEd« Il était une fois deux frères

jumeaux. Ils se ressemblaientcomme deux gouttes d’eau. Ilss’appelaient Fedma et Rojo. »Comme dans tous les contes, les deuxpersonnages vivront des aventuresextraordinaires. Ils rencontreront dessorcières, des princesses, des paysagesde glace et des brigands. Narrés d’une voix rocailleuse par la chanteuseet musicienne Djaïma, accompagnéecomme il se doit de guitares,cymbalums et violons endiablés, ces récits et chansons virevoltent aurythme des gens du voyage. Ils sonttempérés par les accents mélancoliquesdu guitariste ukrainien VyacheslavMikhailyuk qui puise dans ses originestsiganes pour faire vivre l’âme de son peuple. MR

Contes tsiganesLes contes de la poule noireARB Musique1 CD (+ textes des contes et chansons enfichier PDF), 15€

REGARD CHRÉTIENSUR L’ACTUALITÉdÀ nouvelle année, nouveau

rendez-vous pour lestéléspectateurs du Jour du Seigneur.« Mag Actu », premier magazinechrétien d’actualité sur le réseau hertzienverra le jour le dimanche 28 janvier 2007à 10h 30. Et il reviendra chaquequatrième dimanche du mois.L’objectif de la rédaction : ouvrir undossier sur un thème qui « faitl’actualité ». Et, durant 26 minutes,décrypter, interroger, faire progresser la reflexion, comprendre les faits, enrésonance avec la dynamique et latradition chrétienne. En privilégiant lereportage et le témoignage. Sans oublierl’analyse : en fin d'émission leprésentateur de « Mag Actu » recevraun intervenant qui reprendra, dans unesynthèse, les éléments essentiels et lesenjeux de l'actualité traitée. Et, trois foisdans l’année, c’est la parole qui seramise à l’honneur dans une formule« Club de la presse ». MS

www.lejourduseigneur.com

LE TRAVAIL, UNEAVENTURE HUMAINEdEn 1999, en Lorraine, non loin

de Metz, près de 200 personnesâgées de 50 ans et plus sont menacées de licenciement à la suite du rachat d’Unimétal par un groupeanglo-indien. Trois personnes imaginentalors la création d’une entreprise, H&E,qui permettrait à ces hommes et à cesfemmes de rebondir et de garder uneactivité professionnelle jusqu’à leurretraite. Cinq ans plus tard, H&E estdevenu l’un des principaux acteursfrançais dans le domaine de lanumérisation... Parti à la rencontre desacteurs de cette aventure humaine, lecinéaste Philippe Berrier en a rapporté Du bleu sur les hauts-fourneaux.Ce documentaire, diffusé sur KTO le 16 janvier 2007, à 20 h 50, constitueral’un des temps forts d’une semainethématique qui, du 13 au 19 janvier, verra toutes les émissions de la chaînes’intéresser au thème « L’homme,le travail et l’entreprise ». IDP

www.ktotv.com

dPour se lancer dans la création d’un opéra inspiré des aven-tures de Pinocchio, le pantin de bois imaginé en 1883 par

l’écrivain italien Carlo Collodi, il fallait de l’audace. Romain Didieret Pascal Mathieu n’en ont pas manqué pour concevoir ce spec-tacle musical. Le résultat est à la hauteur de leurs ambitions. Lepremier a puisé sans complexes dans le registre de la musiqueclassique ou de variétés. Le second n’a pas hésité à détourner lestextes, à jouer avec les mots. Enfin, les deux hommes se sont ac-cordés pour réunir autour d’eux un casting éblouissant piochédans tous les genres musicaux. Ainsi Sanseverino endosse le rôledu Grillon grognon. Pierre Perret lui donne la réplique dans celuidu menuisier Gepetto. Enzo Enzo interprète la jolie fée. Jean

Guidoni se transforme en chat. Et Mustapha Kelaï, chanteur dugroupe métal Mass Hysteria, fait un fugace Bonimenteur. Tous lessolistes sont soutenus par le Chœur Tous en scène, les Enfants duConservatoire de Courbevoie et l’Ensemble orchestral des Hauts-de-Seine. Une réussite. À partir de 4 ans.

MATHILDE RAIVE

Romain Didier (musique), Pascal Mathieu (livret)Laurent Brack (direction de l’orchestre et des chœurs)

Pinocchio court toujoursEMI/Odéon

1 CD (+ 1 livret de 8 p.), 14€

PINOCCHIO FAIT SON OPÉRA

culture /multimédia

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À votre serviceCette page est à la dispositiondes chefs d’établissement et

des responsables d’organisme del’enseignement catholique, pourfaire connaître des offres d’emploi,des recherches de partenariat pourune initiative pédagogique, éduca-tive, pastorale... sans caractèrecommercial. La rédaction se réservele droit de refuser une annonce.

pratique /petites annonces

58 Enseignement catholique actualités N° 309, DÉCEMBRE 2006

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äCherche poste cadre édu-cation sur Toulouse. Diplômebac + 5 droit et sciences del’éducation. Formateur Ispec.E-mail : [email protected]

SOLIDARITÉ

ä Grâce à son réseau de15 000 bénévoles, le Comitécatholique contre la faim etpour le développement (CCFD)s’attache à sensibiliser lesjeunes à la situation des popu-lations des pays pauvres et auxdifférents aspects du déve-loppement. Pour ce faire, ilorganise des rencontres, desexpositions et des événementssur le thème « Éduquer à lasolidarité ». Ces actions s’ap-puient sur des outils pédago-giques, tels que Shamira (unebande dessinée qui permet

d'éveiller les adolescents auxinjustices du commerce inter-national) ou Rencontrer pourpartager (un carnet de prépa-ration au voyage solidaire)... Liste complète et coordonnéesdes comités diocésains du CCFDsur internet : www.ccfd.asso.fr(rubrique « Éduquer à la soli-darité »).

DOCUMENTATION

äLa revue Projet, dans sonnuméro295 (novembre 2006),revient sur le colloque orga-nisé en octobre dernier sousson égide : « Les émeutesurbaines, un an après » (cf.ECA 308, p. 17). Au sommai-re : une interview de PierreTrits, Fils de la Charité et coor-dinateur de l’association« Chrétiens en banlieue » ; lerécit de la paroisse Marcel-Cal-lo de Nantes qui tente de fai-re face aux difficultés depuis

plus d’un an, et une réflexionde Christian Bardet, un jésui-te qui vit en communauté dansles quartiers nord de Marseille.Commandes : Projet VPC,14 rue d’Assas, 75281 ParisCedex 06. Prix : 11 € (10 % deremise à partir de dix exem-plaires).

äVoulez-vous aider vos élèvesfuturs mécaniciens, vendeurs,concessionnaires... à parlerl’anglais professionnel auto-mobile ? Alors, le nouvel outilpédagogique proposé gra-tuitement sur son site inter-net par l’Association nationalepour la formation automobi-le (Anfa) est fait pour vous. Ilcomprend 28 modules multi-médias interactifs. 14 per-mettent de travailler lacompréhension (autour dethèmes comme « Airbags »,« Car painting can be a riskyjob »...). 14 insistent sur des

notions de grammaire incon-tournables («La structure inter-rogative», «La comparaison»...)L’ensemble, conçu à l’atten-tion des jeunes préparant unbac pro en maintenance ouen carrosserie-peinture peutaussi être exploité avec despublics en fin de BEP ou endébut de formation BTS.Sur internet :www.anfa-auto.fr/anglais

äÉcotoxicologue, conseilleren hydraulique agricole, psy-chologue environnementalis-te..., tous les métiers du déve-loppement durable sont dansun même guide.Caroline Guicheteau, Travaillerpour le développement dura-ble, Studyrama, 2006, 252 p.,15€.

TÉLÉVISION

äLa Bible dévoilée, enquê-te archéologique et historiqued’Isy Morgensztern et ThierryRagobert, s’appuie sur le livreéponyme d’Israël Finkelsteinet Neil Asher Silberman, publiéen 2002 chez Bayard. Réali-sée en 2005, elle a connu unepremière diffusion sur Fran-ce 5 il y a un an. Arte a choi-si de la rediffuser la veille etle soir de Noël 2006. Le 24 dé-cembre, on pourra voir lesdeux premiers épisodes : « LesPatriarches » et « L’Exode ».Et le 25 décembre, « Les Rois »et « Le Livre ».Plus de détails sur www.arte.fr(rubriques « Programmes »).

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Les hors-série de la rentrée

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Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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