Honoré Vinck

ChypreSource: Aequatoria, 18e Année, No. 4 (1955), p. 146Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25838499 .

Accessed: 15/06/2014 06:55

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Chypre. Quoique situee en dehors du cadre territorial de cette revue, cette ile nous parait offrir

une legon tres instructive dans son histoire recente. La situation est decrite succinctement avec

objectivite et pertinence par Lena Jeger, M.P., dans Venture, April 1955, dont void tessentieh

Des propositions de constitution pour Chypre ont ete annoncees au parlement, et des

pourparlers seraient en cours, mais on ne voit pas avec qui. D'ailleurs les elemants repre sentatifs du peuple dans toutes les spheres et de tous les partis s'y refusent carrement. La

situation n'a pas ete amelioree par des menaces de renforcer les lois anti-seditieuses.

II vaut la peine de rechercher pourquoi tant le present gouvernement que celui du La

bour ont echoue dans leurs efforts pour obtenir l'assentiment du peuple Cypriote. Plusieurs raisons sont indiquees par la generalite des Cypriotes. La formule habituelle

du Labour preconisant l'introduction d'un systeme de gouvernement par vote est humiliante

pour un peuple cultive dont la civilisation est bien plus ancienne que la notre et la mere de

la democratic comme aussi ils ont ete christianises longtemps avant l'Angleterre. Proposer une independance graduelle les irrite. Tout journal, toute association politique, commerciale, voire sportive (qu'ils soient de droite ou de gauche) demandent la libre disposition d'eux

memes; ce qui signifie pour eux l'union avec la Grece.

Ceci n'est pas nouveau. Un mouvement indentique a existe dans les lies Ioniennes que

l'Angleterre a cedees a la Grece en 1864, malgre Topposition des Strateges. Depuis 1878

lorsque le traite de Berlin remit Chypre a la Grande Bretagne Tagitation en faveur de l'U

nion avec la Grece n'a pas cesse. La promesse faite par Lloyd George en 1915 ne fut pas tenue parce que la Grece extenuee par les guerres balkaniques ne put participer a la guerre mondiale immediatement Mais cette promesse prouve pour les Cypriotes (et pour d'autres)

que l'union est pratiquement possible. Le peuple de Chypre aspire a l'union avec le reste de la communaute nationale, pour

la raison bien simple que, a part une minorite turque de 18 %, le peuple est Grec: ?il parle

grec, pense grec, sent grec, ? comme disait en 1931 le Gouverneur Ronald Storrs lui-m?me.

Les arguments cites contre 1'Union sont:(l)la Grece est reactionnaire; (2) elle ren

forcerait le pouvoir de l'Eglise (orthodoxe); (3) la strategic Deja le fait d'avancer pareils

arguments montre l'approche ?colonialiste? du probleme. Les Cypriotes repondent que c'est

leur propre affaire s'ils auront a souffrir par l'union.

La tradition anti-clericale du Labour lui rend difficile l'intelligence du role joue par

l'Eglise dans cette ile. Le pouvoir temporel de l'archeveque lui a ete impose par la domi

nation turque* C'est la raison de son titre d'ethnarque ou chef du peuple. Cette situation

disparaitra avec l'union, car elle est essentiellement liee a l'occupation etrangere.

Quant aux considerations strategiques on ne voit pas bien l'importance d'une petite ile dans la guerre moderne surtout avec une population hostile* D'ailleurs, a part les com

munistes, le peuple admet que Tile, incorporee a la Grece, ferait partie de 1 OTAN.

En attendant un compromis pourrait etre l'offre d une constitution avec des membres

elus dans toute assemblee legislative et un terme pour une decision au sujet de l'union avec

la Grece. Plus de positions responsables devraient etre donnees aux Cypriotes (maintenant une municipalite ne peut meme pas changer le nom d'une rue!). Les Anglais de l'adminis

tration qui meprisent ?les indigenes* devraient etre renvoyes chez eux. ?Eventuellement nous

devons abandonner Chypre et il est dans l'interet de tous de nous quitter en amis.. . Le

temps estrevolu ou les minuscules postes avances de f Empire ont encore quelque contri

bution a faire a la securite du monde ou au progres d'une vie civilisee. ?

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