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DOSSIER L’accessibilité PATRIMOINE EN DANGER Médiation PRATIQUES EXEMPLAIRES Numérisation LE MAGAZINE DU CONSEIL INTERNATIONAL DES MUSÉES VOL 64 N° 2 JUILLET 2011 I CO M nouvelles de l’

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Page 1: ICOMicom.museum/fileadmin/user_upload/pdf/ICOM_News/2011-2/FRE/... · pamela@whoexec COLLABOrAteUr Léa Buadas Fleuriot AssistAnte COMMerCiALe Noémie Hadjedj ... Dr Leventis, Président

DOSSIER L’accessibilité

PATRIMOINE EN DANGER Médiation

PRATIQUES EXEMPLAIRES Numérisation

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2 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

ne plus grande affluence et une diversité accrue dans les musées ont amené à réfléchir en profondeur aux notions d’intégration et d’accessibilité. Cette diversité

croissante oblige les musées à revoir leur politique d’accessibilité et offre plus de choix aux publics non traditionnels, parmi lesquels les visiteurs atteints d’un handicap et ceux appartenant aux catégories socio-économiques les plus basses ou bien à des groupes ethniques et des classes d’âge marginalisés. Les publics défavorisés rencontrent sans cesse des barrières physiques et comportementales, et les musées peuvent mettre en place certaines approches permettant d’influer positivement sur leur vie à travers une programmation, une formation et des activités spécifiques. La technologie moderne peut être une aide précieuse, sous la forme notamment de systèmes d’écoute assistée et de guides multimédia, mais elle ne suffit pas. Le plus grand défi consiste à changer les attitudes et réussir à intégrer durablement ces publics dans les musées.

En ces temps de changements radicaux pour la société, nous devons garder l’esprit ouvert, embrasser de nouvelles idées et nous interroger sur le véritable rôle du musée aujourd’hui et sur la façon dont il peut favoriser l’intégration. L’un des domaines de développement mis en valeur par le Plan stratégique 2011-2013 récemment adopté par l’ICOM est la promotion de l’intégration, ce qui démontre l’engagement de notre organisation et de la communauté muséale dans son ensemble vis-à-vis de la question de la diversité. Notre Dossier pages 10 à 14 présente une étude approfondie sur le statu quo observé dans les musées en matière d’accessibilité.

Du 6 au 8 juin derniers, les membres de l’ICOM se sont retrouvés pour les réunions annuelles de

l’organisation. Les échanges de ces trois jours fort agréables ont été constructifs et prometteurs ; les discussions étaient centrées sur trois thèmes principaux : le développement durable, l’éthique ainsi que la recherche, la formation et les publications. Pour la première fois lors des réunions annuelles, des panels thématiques du Comité consultatif ont été organisés dans le but de fournir un panorama de la situation actuelle au sein de la communauté internationale des musées autour de ces trois thèmes. Des propositions ont été formulées et présentées par les modérateurs des différents groupes et seront examinées en détail afin d’aider l’ICOM et la communauté muséale à mettre en place des actions appropriées dans le futur. Le 8 juin, l’Assemblée générale a adopté à l’unanimité le nouveau Plan stratégique de l’organisation pour 2011-2013 (voir page 19).

Ces deux derniers mois ont également vu le lancement du nouveau programme de médiation, élaboré conjointement par l’ICOM et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), destiné à résoudre des cas difficiles de restitution de patrimoine culturel. L’édition 2011 de la Journée internationale des musées du mois de mai dernier a été un véritable succès ; la participation record à cet événement de près de 30 000 musées, situés dans 100 pays différents, témoigne des efforts croissants déployés par l’ICOM en faveur de la diversité et de l’intégration.

Nous vous invitons tous, membres de l’ICOM et professionnels des musées, à tirer le meilleur parti du potentiel qu’offre votre institution en ce qui concerne l’intégration et l’accessibilité et à commencer à préparer dans cet esprit la Journée internationale des musées 2012 : « Les musées dans un monde en mouvement ».

Hans-Martin Hinz Julien AnfrunsPrésident de l’ICOM Directeur général de l’ICOM

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Éditorial

4Actualités des muséesConférences, inaugurations...

6Pratiques exemplairesNumériser la collection

8FocusMusée et mémoire

10Dossier : L’accessibilitéLa quête de l’inclusionL’art à sensationsLe melting-pot des musées

16Patrimoine en dangerLe programme de médiation ICOM-OMPI

18Réunions annuelles de l’ICOM 2011 Les musées en action

20Communauté de l’ICOM Activités du réseau de l’ICOM

22PublicationsLa littérature muséale

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Président de L’iCOM Hans-Martin Hinz

direCteUr GénérALJulien Anfruns

direCtriCe de LA PUBLiCAtiOnNadine Amorim

rédACtriCe en ChefAedín Mac devitt

trAdUCtiOnsylvie Lucas

GrAPhisMepamela@whoexec

COLLABOrAteUrLéa Buadas Fleuriot

AssistAnte COMMerCiALeNoémie Hadjedj

iMPressiOn solink, 75012 Paris

©ICOM IssN 1020-6426

COUvertUre© NAtIONAL MuseuM OF KOreA

Les Nouvelles de l’ICOM, le magazine du Conseil international des musées, est pub-lié en français, en anglais et en espagnol, avec l’assistance financière du Ministère de la Culture française. Les opinions exprimées dans les articles signés n’engagent pas l’ICOM et relèvent de la seule responsabilité de leurs auteurs.

Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication reflète uniquement l’opinion de son auteur, et la Commission ne peut pas être tenue pour responsable pour l’usage qui peut être fait des informations qu’elle contient.

Prochain nUmÉroFocus : Musée et mémoireDossier : éducationPratiques exemplaires : Levée de fonds

si vous souhaitez contribuer au prochain numéro des Nouvelles de l’ICOM, contactez Aedín Mac devitt à [email protected] pour plus de détails.

iCOM Maison de l’uNesCO1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 France tel +33 1 47 34 05 00 Fax + 33 1 43 06 78 62 [email protected] http://icom.museum

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4 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

actUalitÉs dEs mUsÉEs

N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 54 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

l’Obafemi Awolowo University (OAU), à Ilé-Ifè au Nigeria, le nouveau complexe du musée (photo) a été inauguré le 25 février dernier. A cette occasion, Dr Leventis, Président de la fondation, a présenté le rôle clé du musée dans la préservation des espèces naturelles tout en associant à la recherche scientifique environnementale, la formation de futurs leaders en gestion durable des ressources naturelles du pays. Un bâtiment avait été créé en 1971 pour accueillir le Musée d’Histoire naturelle, mais celui-ci restant

inachevé, le personnel du musée et les collections ont dû temporairement être hébergés dans les locaux d’une autre faculté sur le campus universitaire dès le début des années 2000.

PersonnalitésLe promoteur immobilier new-yorkais Daniel Brodsky (photo) a été élu le 10 mai dernier Président du Metropolitan Museum of Arts à New York par le Conseil d’administration du musée. Il succède ainsi à James R. Houghton qui a pris sa retraite en mars 2011 après 13 ans à la tête de l’institution. Daniel Brodsky était un des administrateurs du musée depuis 2001 ainsi qu’un acteur

important de la vie culturelle new-yorkaise, étant également entre autre membre du conseil d’administration du New York City Ballet. Il prendra ses fonctions le 13 septembre prochain et occupera l’un des postes les plus renommés de la vie culturelle new-yorkaise.

M. Edward Dolman s’apprête à rejoindre l’Autorité des musées du Qatar, la Qatar Museums Authority (QMA), après plus de 27 ans en tant que directeur chez Christie’s une maison de vente aux enchères multinationale. Edward Dolman sera le nouveau Directeur général sous la Présidence de Sheikha Al Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani. La QMA décrit sa mission comme étant de « développer, promouvoir et apporter un soutien aux musées, en matière d’art et de patrimoine au plus haut niveau pour assurer l’implication, l’éducation et le plaisir de la communauté du Qatar et d’ailleurs. ». Edward Dolman sera désormais chargé de superviser un réseau de musées à Doha, la capitale du Qatar et s’occupera également de la préservation des collections de la QMA, des nouvelles acquisitions ainsi que de la promotion culturelle. Il prendra ses fonctions en septembre 2011.

RestitutionsLa ville de Berlin a accepté de restituer une statue antique de Sphinx à la Turquie. La pièce date de l’Âge de bronze et avait été découverte en 1915 par des archéologues allemands dans l’ancienne cité hittite de Hattusha en Turquie. Elle est depuis cette date conservée au Musée de Pergame à Berlin. La restitution est prévue pour le mois de novembre 2011 selon un communiqué du Ministère allemand de la Culture, date qui correspond au 25e anniversaire de l’entrée d’Hattusha dans

la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Un Bouddha de l’art du Gandhara, qui avait été volé au Musée national de Kaboul dans les années 1990 a enfin pu être restitué à son pays d’origine, l’Afghanistan. Il était détenu par un collectionneur privé au Japon et a été récemment racheté par un marchand anonyme passionné qui s’est associé avec le British Museum pour faire rapatrier cette antiquité. Jusqu’au 17 juillet prochain, cette statue représentant le Bouddha accomplissant un miracle, des flammes jaillissant de ses épaules et de l’eau coulant de ses pieds, est présentée dans le cadre de l’exposition que consacre le British Museum à l’art afghan, elle devrait ensuite réintégrer les collections permanentes du musée de Kaboul.

La police métropolitaine de Londres a remis le chapeau et l’épée qui appartenaient à Sir Roger Casement, un nationaliste et révolutionnaire irlandais, au Musée national d’Irlande, à la Collins’ Barracks. Ces pièces étaient entre les mains de la police depuis que R. Casement avait été arrêté en 1916 à Banna Strand, dans le comté de Kerry. R. Casement arborait l’épée et le chapeau quand il fut anobli en 1911 par le Roi George V. Le 10 mars 2011 lors d’une réception à l’ambassade d’Irlande à Londres, le sous commissaire John Yates a remis les objets à Pat Wallace, le Directeur du Musée national d’Irlande. Selon The Irish Times, l’ambassadeur irlandais en Grande-Bretagne, Bobby McDonagh, aurait déclaré que la vie et la carrière de l’homme ont été pendant longtemps représentatives de la relation étroite et complexe entre la Grande-Bretagne et l’Irlande.

Le 10 juin 2011, le gouvernement du Canada a remis à la République de Bulgarie 21 000 pièces archéologiques qui avaient été saisies grâce au travail des autorités canadiennes lors de leur importation illégale sur le territoire. Ces antiquités ont été remises à l’occasion d’une cérémonie donnée au Musée canadien des civilisations, en présence du Ministre bulgare de la culture, M. Vezhdi Rashidov (à droite sur la photo) et de la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova. La saisie et la remise de ces objets illégalement importés, qui couvrent plus de 2 600 ans d’histoire bulgare, constituent la plus grande opération de ce genre jamais réalisée au Canada. La collection était constituée d’antiquités

helléniques, romanes, macédoniennes, byzantines, bulgares et ottomanes. Les douanes canadiennes avaient tout d’abord intercepté deux colis contenant des pièces en provenance de Bulgarie. La Gendarmerie royale du Canada avait par la suite lancé une enquête qui a finalement abouti à la saisie de ces 21 000 objets. M. James Moore (ici à gauche), Ministre canadien du patrimoine, a déclaré que « le retour de ces objets sur le sol bulgare est une preuve de l’engagement pris par le Canada dans la prévention du trafic illicite de biens culturels et la récupération des biens illégalement importés. » n

Musée européen de l’année 2011

ÉvénementLes collections culturelles de l’Université de Yale, aux États-Unis, sont désormais disponibles gratuitement en format numérique. Les internautes pourront profiter d’un accès libre à des millions d’images d’objets de musées ainsi qu’aux archives et aux bibliothèques de l’Université. A ce jour, 250 000 images sont déjà disponibles sur un catalogue collectif. Aucune licence ne sera demandée pour diffuser ces contenus et ceux-ci ne seront pas soumis à une limitation d’usage. Les spécialistes, artistes et étudiants du monde entier pourront utiliser cette base de données dans le cadre de leurs études, publications ou encore de l’enseignement. Les collections de l’Université de Yale sont parmi les plus importantes et les plus complètes de toutes les institutions académiques du monde.

Patrimoine en dangerL’ICOM et son organisation sœur le Comité international du Bouclier Bleu (ICBS), actuellement présidé par Julien Anfruns, organisent la première conférence internationale de l’ICBS à Séoul, en Corée du Sud du 8 au 10 décembre 2011. La conférence, qui aura lieu au Musée national de Corée et aura pour thème la Protection du patrimoine culturel mondial dans un monde en constante évolution : préparation d’urgence et réponse, sera un évènement d’envergure internationale dans le domaine de la protection du patrimoine en situation d’urgence. L’évènement rassemblera des professionnels et experts dans de nombreux domaines liés au patrimoine, venus du monde entier pour pouvoir échanger des idées et études de cas sur les questions majeures liées à la protection du patrimoine à la suite de catastrophes naturelles, de conflits ou autres situations de crise.

Une série de vols de cornes de rhinocéros a été perpétrée dans différents musées européens. Au mois de mars dernier au Muséum

d’Histoire Naturelle de Rouen une corne de rhinocéros de 1830 estimée à plusieurs dizaines de milliers d’euros a été dérobée. D’autres vols ont eu lieu par la suite dans de petits musées de la chasse. Selon des experts d’INTERPOL il s’agirait de bandes organisées qui feraient du repérage dans les galeries puis s’introduiraient dans les lieux afin de s’emparer de véritables cornes de rhinocéros (photo). M. Pedro Casaleiro, Responsable des expositions et collections au Musée de la Science de l’Université de Coimbra au Portugal recommande aux musées qui possèdent de telles pièces de faire preuve d’une vigilence toute particulière afin de garantir leur sécurité, ces vols persistant dans le monde entier.

OuverturesLe Musée national de Chine à Pékin a ouvert ses portes en mars dernier après trois années d’importants travaux de rénovation et d’agrandissement. Il s’agirait désormais du second plus grand musée au monde après celui du Louvre. Le musée est situé à l’Est de la place Tian’anmen dans le quartier de Dongcheng dans le centre de Pékin. La collection permanente comprend désormais plus d’un million de pièces, selon le site officiel du musée, qui sont présentées dans deux expositions permanentes : l’une sur l’Histoire de la Chine depuis la guerre de l’opium et l’autre sur la Chine antique.

Grâce à une donation de 468 000 £ (soit 525 298 €) de l’organisation philanthrope, A.G. Leventis Foundation au Musée d’Histoire naturelle de

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Le Musée Gallo-romain de Tongres en Belgique s’est vu attribué le 21 mai dernier le titre de « Musée européen de l’année » (EMYA).

Ce prestigieux prix a été décerné au Centre allemand de l’émigration de Bremerhaven, dernier tenant du titre.

Depuis 1977, le Prix du Musée Européen de l’Année est décerné par le Forum Européen des Musées (EMF), organisation chapeautée par le Conseil de l’Europe.

L’EMYA a évolué de façon significative au cours des dernières années et aujourd’hui 47 états peuvent déposer leur candidature. Quarante musées se sont inscrits cette année et 34 ont été retenus. Les musées sont évalués selon des critères tels que la qualité publique, l’excellence professionnelle ou encore les projets innovateurs.

Le Musée Gallo-romain de Tongres, un musée archéologique qui date du milieu du 19e siècle, a été un véritable coup de cœur pour le jury. La collection du musée compte environ 170 000 objets et son exposition permanente plus de 2 300. La collection retrace l’histoire de cette région grâce aux objets attestant de la présence de l’homme de Neandertal et du premier Homo sapiens ; ou encore aux outils et pièces de monnaie d’or qui illustrent les hiérarchies sociales mises en place à l’Âge du fer ; ainsi qu’aux fragments architecturaux et bijoux sophisti-qués datant du début de l’ère Chrétienne.

Le jury de l’EMYA a déclaré que le musée Gallo-romain (Gallo-Romeins Museum) « ne craignait pas de faire face à l’incertitude et que ses présentations guidaient le visiteur d’un thème à un autre sans lui imposer de conclusions. ». En d’autres termes, ils mettent en évidence l’engagement du musée en ce qui concerne son rôle dans l’économie locale et l’éducation, auxquels il a offert d’excellentes installations.

L’EMF a également récompensé le Musée des amours brisés (Musej Prekinutih Veza) de Zagreb en Croatie, qui s’est vu décerné le prix Kenneth Hudson pour sa réflexion sur la fragilité des relations humaines et des circonstances politiques, sociales et culturelles qui les accompagnent. Le prix Silletto a été attribué au Watersnoodmuseum (le Musée de l’inondation) d’Ouwerkerk aux Pays-Bas, créé en mémoire de l’ancien Président du Manx National Heritage, Reginald Silletto, pour récompenser son imagination et son courage pour avoir transformé ce site, lieu d’une tragédie nationale, en un musée.

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scène de chasse interactive au Musée Gallo-romain de tongres en Belgique

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6 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

PratiqUEs ExEmPlairEs teCHNOLOgIe

Les cinq questions à se poser : identifiez votre contenuUne des premières étapes nécessaires à la résolu-tion de la plupart des problèmes juridiques consiste à identifier votre contenu. Qui est l’auteur du contenu : est-ce un individu ou a-t-il été créé au nom d’un musée ? Qui en détient les droits ? De quoi s’agit-il ? Le sujet représenté se rapporte-t-il à un objet d’art, à un contenu personnel, à un contenu sensible ? Quand a-t-il été créé ? S’agit-il de données histo-riques, entraînant des risques moins élevés ? Où le contenu a-t-il été créé et où est-il téléchargé ? De quelles lois dépend-il au vu d’éventuels risques ? Pourquoi numérisez-vous et rendez-vous ces données accessibles sur Internet ? Est-ce dans un but pédagogique, scientifique, commercial ?

Analysez votre contenuAu vu des cinq questions précédentes, quels risques juridiques votre contenu est-il susceptible d’entraîner ? Le plus souvent, les contenus numérisés disponibles sur Internet posent des problèmes de droit d’auteur, de protection de la vie privée ou de droit à l’image. Dans de nombreux pays, le fait de manipuler le contenu de quelqu’un d’autre peut soulever des problèmes de droit moral. Les lois sur le droit d’auteur requièrent que vous demandiez la permission au détenteur du copyright de reproduire, modifier et publier le contenu. Des lois relatives à la vie privée peuvent également protéger les individus contre la divulgation d’informations privées par un musée d’État ou par une tierce personne. Enfin, le droit à l’image permet à une personne célèbre de contrôler l’utilisation de son image.

Documentez votre contenuUne fois que vous avez identifié et analysé votre contenu pour y déceler d’éventuelles sources de litiges, consignez vos conclusions et vos décisions de la même façon que vous dressez le catalogue de vos objets. Ce dossier complet de vos recherches viendra ainsi s’ajouter aux métadonnées sur votre collection. Cela empêchera que votre travail ne soit perdu et, plus important, cela permettra au musée de prendre des décisions de façon cohérente face à d’éventuels risques et de minimiser les risques futurs.

Rina Elster Pantalony est enseignante à la Tisch School of Arts, département des études audio visuelles, à l’Université de New York ; elle exerce également en tant qu’avocate au ministère de la Justice du Canada, au Réseau canadien d’information sur le patrimoine. Elle expose ici brièvement quelques uns des points légaux que les musées devraient prendre en compte lorsqu’ils créent et hébergent des contenus numériques

La numérisation des collections

musée, d’autre part, qui eux manquent de compétences en matière de création graphique, des réunions régulières ont été programmées. des représentants des principaux départements du musée ont été consultés pour apporter diverses perspectives sur la réalisation du projet.

L’Open source a été la technologie choisie pour « Consultez les collections ». Le musée a utilisé également deux frameworks Web : django, qui fait fonctionner l’interface de programmation (API), ou, pour les profanes, le programme du moteur ; et symfony, qui régit la conception graphique. sphinx a été utilisé pour le logiciel de recherche, le même outil auquel a recours le site communautaire mondial craigslist.com. « Il était opportun pour nous de recourir aux logiciels libres de l’Open source, en partie à cause du coût, mais aussi parce qu’ils sont beaucoup plus flexibles », précise richard Morgan. « Cela nous évitait ainsi d’être tributaire d’une seule marque et à l’époque où nous planifions le projet, un grand nombre de ces frameworks évoluaient et commençaient à être utilisés pour d’importants sites Web. »

Le v&A a exploité également la révolution communautaire de la toile en mettant en place une opération d’externalisation ouverte par laquelle i l inv i te le pub l ic à s u g g é r e r d e s recadrages de photos. Contrairement à la plupart des institutions, le v&A encourage les visiteurs à prendre des photos dans l’enceinte du musée et ainsi de nombreux clichés de qualité se retrouvent sur des sites de partage de photos tels que Flickr. Cette initiative d’externalisation (ou crowdsourcing) ouverte a permis d’améliorer la qualité des images fournies tout en impliquant le public et en stimulant son intérêt pour le musée.

« Consultez les collections » a déjà eu un effet positif sur la fréquentation du site. grâce au système de taxonomie utilisé, tous les éléments sont reliés entre eux de façon beaucoup plus explicite et descriptive. Les pages sont par

conséquent plus accessibles, tant pour les moteurs de recherche que pour les personnes. « quand nous avons lancé le site, il y a eu une très nette augmentation de la fréquentation par la simple multiplication des entrées en ligne. Mais on a constaté qu’elle augmentait encore d’un tiers au fur et à mesure que les gens s’habituaient à utiliser le site. »

Le profil des utilisateursPlus de 70 % des visiteurs accèdent au site via une recherche sur google, sans qu’ils cherchent précisément le v&A. Il est plus difficile, en revanche, d’identifier le profil des utilisateurs. Le v&A souhaite avant tout toucher les industries créatives ; dans ce but il emploie des outils analytiques associés à des tests axés sur l’ergonomie du site qui permettent aux membres de ces industries d’exprimer leur opinion sur le site Internet principal du musée. d’après richard Morgan, cela permet de se faire une idée plus nuancée de l’utilisateur type et de la façon dont il interagit avec le site.

Les réactions suscitées par « Consultez les collections » sont pour l’instant très encourageantes. des personnes du public ont créé des applications liées au projet pour des téléphones Android et

l ’ iPhone, ce qui prouve qu’il existe de nombreuses personnes versées dans la technologie qui se passionnent aussi pour l’art et la culture. de plus,

le v&A et The Other Media ont remporté le « Prix spécial pour l’accessibilité et l’utilisabilité » décerné en 2010 par la British Interactive Media Association (BIMA) pour le site « Consultez les collections ».

Le v& A accuei l le la révo lu t ion numérique à bras ouverts et semble en tirer certains bénéfices. et richard Morgan de conclure : « Le musée ne peut plus être un lieu coupé du monde. Il y a des gens à l’extérieur qui interagissent avec nos objets, et le mieux que l’on puisse faire, c’est de les y encourager et non de faire semblant de ne rien voir. » n

la numérisation des collections est l’un des plus grands défis que les institutions culturelles ont à relever

aujourd’hui. des initiatives telles que le Google Art Project et Wikipedia Loves Art démontrent que la culture occupe une place croissante dans le monde actuel, et les possibilités qui en découlent pour les musées sont tout à la fois stimulantes et intimidantes.

Beaucoup d’entre eux se lancent dans l’aventure en présentant leurs collections de manière attrayante et innovante sur leur site Internet. et au-delà des représentations numériques en ligne de leur contenu, les musées trouvent des plateformes supplémentaires sous la forme de médias sociaux, de blogs ou d’exposi t ions interactives sur la toile. Le Victoria and Albert Museum de Londres est l’un des précurseurs dans le développement numérique. Plus grand musée d’art décoratif et de design du monde, il abrite une collection permanente de plus de 4,5 millions d’objets, correspondant à près de 3 000 ans d’histoire. son site Web très élaboré fonctionne depuis de nombreuses années déjà, sa nouvelle version a été publiée en avril dernier ; et il y a près d’un an le musée a mis en place un site parallèle, spécialement conçu pour consulter ses immenses collections.

Partager les collectionsLa décision d’inclure l’intégrali té du catalogue sur Internet par le biais du site « Consultez les collections » est avant tout l iée à un problème d’espace et d’accessibilité. richard Morgan, directeur de la technologie au v&A, explique : « Nous disposions de toute cette information sur les

objets et nous avions la conviction qu’il fallait la mettre à la disposition du public et non la laisser au fond des placards, surtout dans la mesure où le musée n’offre pas assez d’espace pour exposer tous les objets. » Alors qu’auparavant le v&A ne publiait qu’un nombre restreint d’éléments de son catalogue, tous sont publiés dans « Consultez les collections » ; par conséquent, la base de données évolue sans cesse.

Le projet s’inscrit dans la stratégie globale du v&A qui est de toucher les visiteurs vir tuels du monde entier plutôt qu’un public restreint tourné vers la recherche. « Nous voulions pourvoir aux besoins des personnes qui sont simplement en quête d’inspiration ou de ressources en ligne susceptibles d’être réutilisées », précise richard Morgan.

Aujourd’hui, « Consultez les collections » comporte un million d’entrées, dont 170 000 présentent des images et des textes écrits par les créateurs. Ces notices ont tendance à être plus interprétatives et explicatives que de simples entrées de catalogue. Bien qu’il y ait un souci de cohérence, le musée n’a pas voulu se restreindre en imposant des normes strictes. « Nous souhaitions mettre le plus d’informations possible. Certaines entrées seront d’une plus grande qualité que d’autres [et nous n’y voyons pas d’inconvénient], mais les objets sont tous catalogués de la même façon, donc l’ensemble reste cohérent », remarque richard Morgan.

Pour mettre en œuvre ce projet, le v&A a eu recours à la fois à ses équipes internes et à une entreprise en sous-traitance. La conception globale du site a été confiée à The Other Media, une agence numérique plusieurs fois primée et basée à Londres. Le v&A avait déjà collaboré avec elle pour l’élaboration de son site principal ; cette fois il s’agissait d’actualiser et d’améliorer l’expérience en ligne des visiteurs du musée comme du grand public.

Accroître l’expériencetandis que The Other Media fournissait la structure et la ligne graphique, le personnel des collections et de la documentation du v& A produisait les données. Les équipes techniques, elles, s’attachaient à construire le site. « Nous avons monté deux programmes : l’un pour la consultation et l’information, l’autre pour la présentation visuelle », explique richard Morgan. Afin de faciliter la coopération entre l’agence, d’une part, qui n’a pas l’expertise nécessaire sur les collections, et les conservateurs du

Aujourd’hui, plus de 70 % des visiteurs accèdent

au site via une recherche sur Google

Le Victoria and albert museum à la pointe de l’ère numérique avec son projet « consultez les collections »par aedín mac Devitt

CONseIL d’exPert

Cet article représente le point de vue de rina elster Pantalony et ne reflète pas nécessairement l’opinion ou la position du ministère de la Justice canadien ou du gouvernement canadien.

N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 7

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8 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

l ’un des plus grands défis que notre époque ait à relever est la mise en place de pratiques viables dans les domaines

environnemental et social. Concernant les musées, la viabilité et le développement durab le indu isent des impl icat ions supplémentaires au regard de la mission de ces institutions, qui est de conserver la mémoire collective. de nouveaux modèles peuvent ainsi être appliqués aux pratiques des musées aujourd’hui.

Le concept de développement durable apparut en 1987 dans le Rapport de la Commission mondiale sur l’Environnement et le Développement : notre avenir à tous, é g a l e m e n t c o n n u sous le nom Rapport Brundtland. Cette étude, à l’initiative des Nations unies, fut conçue dans le but d’élaborer de nouvelles idées pour protéger l’environnement et parvenir à un meilleur équilibre entre les pays développés et les pays en voie de développement. elle fut suivie de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (rio, 1992). Cette même année, la Journée internationale des musées fut pour la première fois associée à un thème précis : Musées et l’environnement. Ce thème inspira bientôt les experts en muséologie qui se consacrent à la protection de l’environnement et au développement de la société. Les musées peuvent être considérés, désormais, comme des institutions qui contribuent à sensibiliser le public sur la nécessité de changer nos attitudes vis-à-vis de l’environnement, surtout en ce qui concerne la biodiversité, la politique énergétique, les besoins vitaux ou encore le niveau de pauvreté dans certains pays.

Les trois principaux aspects du développe -

ment durable sont l ’environnement, l’économie et la société. si les musées s’investissent en faveur de ce thème, leurs tâches propres ne concernent pas directement l’écologie, mais la conservation de la mémoire des sociétés et des communautés ou encore des différents domaines de connaissance. La préservation de la mémoire est essentielle pour assurer des conditions sociétales satisfaisantes. Il est par conséquent important pour la muséologie d’introduire un nouveau discours sur la durabilité, qui mette l’accent sur les aspects sociétaux, et en particulier sur la mémoire et

l’identité. La mémoire et le patrimoine culturel sont des éléments clés de notre bien-être : ils renforcent notre capacité à maintenir et interroger traditions et identités afin de façonner le futur. Le travail lié à la conservation de la mémoire devrait être

intégré à chacune des visions du monde associées au paradigme de la viabilité et du développement durable, avec pour objectif de promouvoir un sensus communis cosmopolite qui juge le patrimoine et la diversité culturelle aussi essentielles que la biodiversité.

Répondre aux besoins quelles sont les formes que le dévelop-pement durable peut donc prendre dans la sphère muséale aujourd’hui ? dans une optique de justice intergénérationnelle, le Rapport Brundtland considère la viabilité comme ayant une double structure temporelle : elle cherche à répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins.

Les missions des musées respectent cet impératif. dans leur contexte spécifique, les

besoins présents du Rapport Brundtland se rappor tent à la programmation, expositions, présentations, publications–ainsi qu’aux sites Internet. Les générations à venir, elles, pourront satisfaire leurs besoins grâce au soin systématique appor té aujourd’hui pour rassembler et sauvegarder objets et documents et grâce aux méthodes actuelles de recherche, visant à produire une mémoire durable.

La viabilité appliquée aux muséesrelier les tâches des musées à une vision d’un monde globalisé à travers des modèles de développement durable peut aider ces institutions à faire reconnaître le rôle croissant qu’elles jouent dans la société. Par ailleurs, associer la durabilité aux musées permet d’intégrer le concept plus étroitement à certains aspects de la société, cette valeur étant alors en passe de se généraliser bien plus tôt que prévu. selon Karl-Werner Brand, consultant, auteur et chargé de cours dans le domaine de la recherche sur la viabilité, le concept de développement durable nécessite la mise en œuvre symbolique constante de ses idées centrales et l’inclusion de ces symbolisations linguistiques et visuelles dans la communication publique.

Afin d’apporter au public des connais-sances sur le passé et de mesurer l’importance qu’il y a à conserver et présenter les témoins matériels et immatériels de ces époques révolues, la durabilité est intrinsèque à la transmission des traditions et des identités, mais c’est surtout une composante essentielle de notre responsabilité à l’égard des générations futures. n

La durabilité de la mémoire

Le rôle des musées dans la conservation de la mémoire collective à travers des

pratiques durables

par Lothar Jordan, professeur associé en muséologie Hermann Hettner, Université technique de Dresde (allemagne)

FocUs Musée et MéMOIre

Associer la durabilité aux musées permet

d’intégrer le concept à certains aspects de

la société

esprit à de nouvelles idées. Par exemple, les visiteurs doivent pouvoir apprécier les compétences et la dextérité qui étaient requises des civilisations de l’Âge de la pierre pour produire les outils en silex, mesurer l’importance de l’esprit communautaire en ces temps reculés ou encore imaginer la cruauté et l’anxiété qui devaient régner lors d’une bataille médiévale.

Un appel aux sensComment ces musées s’y prennent-ils pour élaborer de tels souvenirs ? Ils créent une image holistique qui fait appel à tous les sens des visiteurs : la vue, l’ouïe, l’odorat. L’écrit a, en revanche, moins d’importance que dans

un musée d’histoire.Lorsque le public

participe à des activités telles que le théâtre ou l’artisanat, l’expérience est plus intense encore et les souvenirs plus

frappants. dans un tel cadre, il est aisé de transmettre des messages subliminaux ; ils peuvent suggérer une certaine façon de vivre sans qu’il soit nécessaire de passer par une explication. Il en va donc de la responsabilité des musées d’avoir conscience de ces messages et, au besoin, de revoir leur présentation.

Le plus grand défi consiste à aider les visiteurs à trouver de nouvelles façons d’explorer un passé complexe et de l’amener, par un questionnement, à mieux comprendre le présent, générant ainsi des idées pour le futur.

Les musées archéologiques de plein air ont un rapport particulier avec la mémoire. Bien qu’ils offrent parfois une interprétation créative et artistique du passé, ils servent surtout à relier la réalité du passé au contexte présent. de plus, ils peuvent présenter aux visiteurs une autre vision du monde et leur permettre de trouver des réponses à la question « qui voudrions-nous avoir été dans le passé ? » mais aussi « qui souhaitons-nous être dans le futur ? » n

contrairement à l’histoire, l’archéologie s’intéresse à un passé très lointain dont nous n’avons aucun souvenir.

Les musées archéologiques de plein air ont pour vocation de faire revivre ces époques révolues. Les récits qu’ils proposent jouent un rôle crucial et servent de passerelle entre la science et le public. en tant que créatrices de souvenirs, ces institutions ont la responsabilité de transmettre un message précis aux visiteurs et d’apporter des réponses aux questions « qui souhaiterions-nous avoir été ? » ou « qui voulons-nous être à présent et dans le futur ? ».

Les musées d’histoire constituent des abris pour les souvenirs. Ils rassemblent et présentent des fragments du passé qui méritent d’être retenus afin d’expliquer l’univers et la vie quotidienne de civilisations disparues. Le présent est toujours lié au passé et chaque époque possède ses propres réponses et explications. Les musées d’histoire reposent essentiellement sur des souvenirs préservés et non sur des souvenirs personnels.

Interpréter le passéLes musées archéologiques de plein air, quant à eux, ne présentent pas des collections d’objets. Ils offrent une pure interprétation du passé, basée, idéalement, sur les recherches

les plus récentes. Ils décrivent des périodes qui n’ont été transmises ni par écrit ni grâce aux traditions.

Lorsque les visiteurs se rendent dans un musée de ce genre, ils ont très souvent une conception figée du passé et de leurs ancêtres, issue de ce qu’ils ont appris à l’école ou par le biais du cinéma, des jeux vidéos, de la littérature ou encore de Hollywood. Leurs attentes découlent de leur expérience du monde moderne, sans la cruauté, la pauvreté ou les maladies qui prévalaient autrefois. Mais ces images ne reflètent-elles pas ce que nous aimerions avoir été ? Les présentations proposées par les musées archéologiques de plein air auraient très probablement amusé les populations de l’époque. On peut se demander si nous n’essayons pas de décrire un passé q u i n o u s s e m b l e attrayant ou si cette r e p r é s e n t a t i o n a réellement des fondements plus profonds.

Ces collections comportent plusieurs dimensions. elles traduisent avant tout l’interprétation des historiens et des archéologues, qui créent des images à partir d’un terrain de recherche complexe. Mais elles ont aussi pour mission d’informer le public sur des façons différentes de vivre ensemble tout en

cherchant à l’interroger sur son propre mode de vie.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où le diver tissement l’emporte sur l’éducation et af in d’at t i rer des visiteurs, les musées d’archéologie à ciel ouvert doivent prendre en compte cet impératif. Cependant, il ne suffit pas d’accueillir un large public ; il faut aussi lui présenter des façons de penser et de vivre distinctes des siennes et surtout des souvenirs. Ceux-ci, si possible, doivent différer de ses attentes et ouvrir son

Évoquer le passé, modeler le futurcomment les musées archéologiques de plein air créent de nouveaux souvenirs

* Organisation internationale des musées archéologiques de plein-air et d’archéologie expérimentale (Organisation affiliée de l’ICOM)

Les musées archéologiques informent le public sur des façons différentes

de vivre ensemble

Note de l’auteur : cet article est basé sur une communication que j’ai faite lors de la quatrième Conférence internationale du programme Mémoire du monde de l’uNesCO : Culture-Mémoire-Identités, qui s’est tenue à Varsovie, en Pologne, en mai 2011.

par roeland Paardekooper, coordinateur de l’EXarc* et Katrin Pres, archéologue

en dépit des technologies actuelles de conservation de la mémoire, les méthodes traditionnelles demeurent importantes

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Groupe de personnes travaillant sur l’histoire au château de Bachritterburg Kanzach, en Allemagne

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selon Nina Levent, directrice de l’association new-yorkaise collaborative Art beyond Sight, qui est coordonnée par l’organisation non-gouvernementale Art Education for the Blind, les musées américains commencent à ressentir l’impact positif de cette législation. en réponse à une enquête menée par l’association, le Metropolitan Museum of Art de New york affirmait qu’elle a permis de justifier et de maintenir certaines mesures malgré des contraintes financières dues à la crise. Le Gregg Museum, quant à lui, en Caroline du Nord, indiquait que la section 504 de la loi sur la réinsertion l’avait conduit à mettre en place un plan d’accessibilité prenant en compte la programmation, le marketing ainsi que certains services et équipements.

Au royaume-uni, la loi contre la discrimination envers le handicap adoptée en 1995, qui a depuis été intégrée dans la loi sur l’égalité de 2010, a mené en 2002 à la création du poste de responsable de l’accessibilité au Victoria and Albert Museum.

en dépit de ces évolutions positives, la législation dans de nombreux pays est avant tout axée sur l’accessibilité physique, notamment au Brésil et au Japon. Julia Cassim a vécu pendant 27 ans au Japon et a collaboré avec The Japan Times comme chroniqueuse artistique entre 1984 et 1998. durant cette époque, à laquelle elle se réfère comme au « second boom muséal » du Japon, elle a été frappée par l’absence de réflexion sur la nécessité de fournir un accès cognitif aux musées japonais, malgré une accessibilité physique irréprochable. « J’étais très étonnée de voir qu’à l’intérieur du musée, on avait peu pensé à la relation qui peut être nouée avec le public, commente-t-elle. Alors j’ai commencé à m’interroger sur la façon dont on pouvait illustrer l’importance de l’accessibilité cognitive. Il me semblait que les malvoyants étaient les personnes les plus exclues des galeries d’art et que si l’on trouvait le moyen de rendre les collections accessibles à ce groupe, d’un point de vue physique mais aussi cognitif, les mêmes mesures bénéficieraient à l’ensemble du public. Parmi tous les visiteurs, beaucoup n’étaient pas malvoyants mais manquaient peut-être de la culture visuelle nécessaire et se trouvaient de toute évidence démunis face à de nombreuses œuvres modernes. » en 1994, le Nagoya City Art Museum a fait appel à Julia Cassim pour concevoir et présenter une exposition d’art moderne qui lui a permis de confirmer son hypothèse. suite à cette expérience, elle a fondé Access Vision, un organisme à but non lucratif qui travaille avec voyants et malvoyants afin d’améliorer l’accès cognitif aux collections des musées japonais.

La réglementation de la langue des signesune loi adoptée en espagne en 2007 – la Loi 27, publiée dans le bulletin officiel de l’état – a rendu le langage des signes espagnol officiel, ce qui a eu un impact extrêmement positif sur la programmation à l’intention des malentendants. Paula susaeta Cucalón, chef de projet à l’Instituto de Cultura de la Fundación MAPFRE, une fondation privée basée à Madrid qui développe des activités d’intérêt général à travers cinq instituts spécialisés, nous explique : « dans le langage des signes, il existe un alphabet différent pour chaque pays. Il n’est pas possible, par exemple, de créer un guide visuel en anglais avec le système espagnol. Pour les sourds et les malentendants, des programmes spéciaux doivent être organisés à l’aide du langage des signes national, mais jusqu’en 2007 il n’y avait aucune législation à ce sujet. Bien qu’il existe un langage des signes international basique, chaque pays utilise son propre système. »

L’Instituto de Cultura de la Fundación MAPFRE comporte quatre

galeries, qui accueillent un éventail complet d’expositions centrées sur l’art visuel et la photographie, ainsi que des conférences et des rencontres sur une variété de thèmes culturels. Afin de rendre ces activités accessibles aux visiteurs atteints d’un handicap, la fondation collabore avec deux organisations à but non lucratif – la ONCe, pour les aveugles et les malvoyants, ainsi que la CNse, pour les sourds et les malentendants. Ces deux organisations ont été créées dans les années 1930 pendant la guerre civile espagnole. « Avec l’arrivée de la démocratie en 1974, on a eu le sentiment en espagne qu’on avait un important retard à rattraper dans le domaine de la culture, et plus tard, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, on a eu un gros travail à fournir pour permettre l’accès à l’art et à la culture, donc on n’a pas perdu de temps », précise P. susaeta.

Au-delà des stéréotypesun autre défi pour les musées face à l’accessibilité est d’éviter la catégorisation. Les musées qui offrent la gratuité pour tous les publics, par exemple, évitent la situation délicate de devoir demander la preuve du handicap, du statut professionnel ou de l’âge. L’interaction entre les différents groupes de visiteurs encourage également la compréhension mutuelle.

Le Museum of Fine Arts de Boston, aux états-unis, à travers ses programmes « Accès à l’art » et « La perception des formes », travaille avec une très grande variété d’adolescents et d’adultes, parmi lesquels des individus souffrant de démence ou bien de perte de la mémoire, de

lésions cérébrales, de déficiences intellectuelles, de handicaps physiques ou encore de troubles de la vue. d’après Hannah goodwin, directrice de l’accessibilité, les visites du musée, orientées vers les visiteurs, sont interactives et multisensorielles. « Nous pouvons par exemple recevoir la visite d’un groupe vivant dans une résidence médicalisée et atteint de divers handicaps, avec une ou deux personnes aveugles. Nous ne séparons jamais les

groupes, mais fournissons le matériel approprié », explique-t-elle.une telle interaction avec le public requière différents niveaux de

formation. « Nous insistons beaucoup sur la formation élémentaire tournée vers l’accueil des personnes atteintes d’un handicap et la communication. Les apprentis guides, eux, suivent une formation complète, qui va de la façon de structurer une visite jusqu’à l’ensemble des matériaux tactiles et des approches qui peuvent être utilisés pour donner une description. ensuite ils ont des mentors et travaillent aux côtés de guides expérimentés, participant de plus en plus jusqu’à ce qu’ils puissent mener leur propre visite », commente Hannah goodwin.

Le rapport mondial sur le handicap, le premier de son genre, produit conjointement cette année par l’Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale, suggère que plus d’un milliard de personnes dans le monde aujourd’hui sont en situation de handicap. selon ce rapport, les personnes souffrant d’un handicap sont en général en moins bonne santé, ont un niveau d’éducation et des perspectives économiques moins élevées et connaissent davantage la pauvreté que les personnes sans handicap, et ce en raison du manque de services disponibles pour elles et des nombreux obstacles auxquels elles font face dans leur vie quotidienne.

Il entre dans les attributions du musée de reconnaître la diversité de ses publics et d’adapter ses équipements et sa programmation. On peut constater à ce jour que si de nombreux progrès ont été effectués il reste encore beaucoup à faire. n

dossiEr L’ACCessIBILIté

N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 1110 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

La quête de l’inclusionL’accessibilité est un défi que les musées prennent au sérieux, mais jusqu’à quel point ?

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Dans de nombreux pays la législation est avant tout axée sur l’accessibilité

physique

endre les musées accessibles à tous est un défi à multiples facettes. en effet, il n’est pas aisé de transformer des institutions, qu’on estimait autrefois intimidantes et réservées à une élite, en un lieu où des groupes divers se rassemblent pour vivre une expérience culturelle. L’accessibilité physique de

l’édifice est bien sûr essentielle, mais les musées doivent également s’assurer que les visiteurs se sentent les bienvenus, à l’aise dans les lieux et impliqués vis-à-vis des collections. Les musées aujourd’hui cherchent à toucher un public plus large que jamais, mais l’accessibilité aux personnes handicapées et défavorisées présente un défi plus spécifique.

Les initiatives physiques telles que l’aménagement de l’espace pour permettre le passage des fauteuils roulants, l’attribution de places de parking spéciales ainsi qu’une signalétique en braille ne sont qu’un aspect d’une politique d’accessibilité efficace. Les

visiteurs se pressent aux portes de votre musée, mais disposez-vous de suffisamment de bancs pour les personnes atteintes de fatigue chronique ? Le musée est-il sécurisé pour les gens ayant des problèmes d’équilibre ? et si les populations marginalisées se déplacent sans difficultés, à quel point se sentent-elles les bienvenues ?

La législation est un levier important pour obliger les musées à rendre leurs collections accessibles à un public défavorisé. L’adoption de lois en ce sens conduit à la création de budgets et fait de l’accessibilité une priorité. Par exemple, aux états-unis, la loi pour les Américains souffrant de handicaps (dite AdA), votée en 1990, comporte plusieurs dispositions en lien avec les musées. Les institutions privées comme celles gérées par l’état ou les gouvernements locaux sont couvertes par les titres III et II respectivement. Les musées qui reçoivent un financement fédéral – qu’ils correspondent aux titres II ou III – sont également concernés par la section 504 de la loi sur la réinsertion.

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12 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011 N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 13

fructueux sur les thématiques des exposi-tions. L’itinérance permet aussi à des publics très éloignés du musée du Louvre d’accéder à la connaissance de chefs d’œuvres dont les originaux ne pourront très probablement jamais sortir des murs du palais parisien.

Par ailleurs, relève Cyrille gouyette, « cette collaboration avec les musées partenaires initie un partage de la réflexion sur l’accessibilité, la médiation vers le public handicapé et la pédagogie liée au moulage. un cahier des charges est fourni à chaque partenaire lui proposant des dispositifs prenant en compte tous les handi-caps et susceptibles de s’adresser au plus grand nombre, des sessions de formations sont proposées aux personnels de musées, enseignants et éducateurs spécialisés sur la politique d’accessibilité et d’éducation artistique par le toucher. Ces formations sont l’occasion de repenser l’accessibilité architecturale et une médiation adaptée à l’ensemble des espaces muséographiques (ascenseurs, rampes d’accès, écrans en langue des signes, panneaux en braille, etc.) et permettent de réfléchir à la réalisation d’outils d’aide à la visite adaptés aux visiteurs nationaux. »

Avec plus de 350 000 visiteurs, cette itinérance connaît un grand succès et devrait se prolonger très prochainement en Afrique.

Autre actualité de la galerie, un nouveau parcours tactile est proposé aux visiteurs du Louvre depuis le 4 mai 2011. Il est consacré à la thématique de la représentation de l’enfance, à travers 17 œuvres de l’Antiquité au xIxe siècle.

c ’est en 1995, lors du réaménagement du département des sculptures, que naît la galerie tactile au musée

du Louvre. Lieu spécifiquement conçu pour le public non et malvoyant, mais bien sûr ouvert à tous, la galerie abrite une sélection thématique de moulages de chefs d’œuvres de la sculpture exposés au Louvre. Cette sélection est renouvelée régulièrement. Chacun y est invité à toucher les moulages présentés à l’échelle 1, permettant ainsi une appréhension différente, plus sensorielle, de la sculpture. Les parcours thématiques retenus (D’après l’antique en 2000 puis Le Mouvement sculpté en 2005 et Les Animaux symboles de pouvoir en 2008) permettent à des visiteurs non-voyants, souvent peu familiers des musées, de découvrir des formes, des matériaux, des techniques, des artistes et des styles variés.

« différents niveaux de lecture sont alors envisageables selon les publics, du simple

Là encore, cette exposition s’accompagne de choix muséographiques et d’outils d’aide à la visite visant à une accessibilité maximale et qui ont fait le succès des précédentes éditions : signalétique en braille et en gros caractères, audiodescription, visites guidées adaptées pour les personnes déficientes visuelles, etc.

Au-delà de la médiation tactileen effet, l’accessibilité est une priorité pour le Louvre. elle s’incarne dans une politique insti-tutionnelle qui se décline sous plusieurs axes : accessibilité du bâtiment d’abord, mais aussi proposition d’une offre culturelle dédiée (telle que des visites guidées en langue des signes, des parcours conçus pour les personnes à mobilité réduite ; des éditions d’ouvrages en relief etc.).

Comme le souligne Marina-Pia vitali, Chef de l’unité « l’aide à la visite et accessibilité » au service education / dPPeA, la galerie tactile a aussi permis au Louvre d’« instaurer une nouvelle dimension dans la médiation », en ouvrant la voie à d’autres dispositifs dédiés à l’accessibilité

de ses collections : ainsi, « le futur département des Ar ts de l’ Islam [réouver ture prévue en 2012] comportera un parcours tacti le autour du thème du décor, accompagné

d’audiodescriptions spécifiquement conçues pour les publics en situation de handicap visuel ». référente du Louvre auprès du reCA (réunion des établissements culturels pour l’accessibilité), Marina-Pia vitali évoque aussi des pistes pour l’avenir, développées en concertation avec d’autres grandes institutions culturelles françaises : parmi celles-ci, la création d’applications mobiles à télécharger, qui constitueraient des outils privilégiés pour les personnes en situation de handicap, qui consacrent souvent beaucoup de temps à la préparation de leur visite au musée.

Comme bien souvent, les solutions inven-tées en faveur d’un public handicapé – et l’approche tactile en est un exemple probant – connaissent ainsi un usage bien plus large, au bénéfice du plus grand nombre, qui y trouve là une façon nouvelle d’aborder le musée. n

La visite de la galerie tactile constitue souvent une première approche pour certains publics

L’art à sensationsFavoriser l’accès de tous à ses collections : tel est l’objectif du concept d’exposition tactile développé par le musée du Louvrepar alice rambert

Art Beyond Sight est une organisation non-gouvernementale qui coordonne depuis dix ans un réseau international de plus de 250 musées œuvrant à rendre leurs collections accessibles aux visiteurs en situation de handicap. Parmi ses membres, deux musées se distinguent tout particulièrement : la Galerie nationale d’Afrique du Sud (musées Iziko), qui s’est tournée vers l’accessibilité dès 1977 et le Musée

métropolitain de Manille, qui s’est illustré par un programme destiné à 3,7 millions de Philippins malvoyants.

Il y a un an environ, un groupe d’éducateurs de Manille s’est déplacé à New York afin d’étudier avec Art Beyond Sight la possibilité d’accroître l’accessibilité dans les musées de la capitale philippine. Peu après, le Musée métropolitain de Manille a lancé un vaste programme novateur intitulé Au contact de la vision de l’artiste, qui inclut des œuvres d’art pouvant être touchées, des images tactiles d’œuvres ne pouvant être touchées, des textes en braille ainsi que des audiodescriptions. Ce programme organise des ateliers de formation professionnelle pour les employés et les éducateurs du musée, mais plus important encore, il promeut

l’éducation culturelle au-delà de l’enceinte du musée à travers une série de livres tactiles destinés aux étudiants malvoyants de tout le pays.

Le Programme d’accès au sens (MAP) offert par la Galerie nationale d’Afrique du Sud cherche quant à lui à transmettre la pleine signification de l’art, de l’inspiration et des procédés artistiques, à travers une variété de méthodes multisensorielles, de discussions et d’ateliers grâce auxquels les participants explorent les matériaux et les techniques de l’art ainsi que leur propre créativité. Ces initiatives attirent des visiteurs issus de groupes d’âge, d’ethnies et de milieux économiques très divers.

Bien que ce programme soit étroitement lié à la Galerie nationale, c’est un groupe indépendant

d’éducateurs et de thérapeutes à la retraite qui dirige la trentaine de projets multisensoriels qui se déroulent dans plusieurs musées du Cap à l’aide d’un budget réduit. Au cours de certains ateliers, les participants ont décoré des tambours dans le cadre d’une exposition d’instruments de musique traditionnels africains ; ils ont aussi créé des sculptures représentant la liberté dans le cadre d’une exposition centrée sur la vie des trois lauréats sud-africains du prix Nobel : Albert Luthuli, Frederik Willem de Klerk et Nelson Mandela.

La sensibilisation à ces programmes est essentielle et ne peut qu’encourager l’émulation dans d’autres pays.

Initiatives pour l’accessibilité à Manille et au Cap

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Prière de toucher : les jeunes visiteurs de la Galerie tactile

par Nina Levent, Directrice générale d’art Beyond Sight www.artbeyondsight.org

dossiEr L’ACCessIBILIté

repérage formel au discours savant », indique Cyrille gouyette, Chef de l’unité de l’education artistique à la direction de la politique des publics et de l’education artistique du musée du Louvre.

Première approcheLa visite de la galerie tactile, peut-être moins intimidante que le reste du musée, constitue également bien souvent une première approche pour certains publics. Muséographie et outils d’accompagnement à la visite ont été spécialement pensés pour cet espace : des bandes podotactiles jalonnent le sol, les cartels en braille et gros caractères présentent des échantillons du matériau de l’œuvre originale, tandis qu’un audioguide spécifique et une rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite permettent à tous une autonomie dans la découverte de la galerie.

« si le public déficient visuel reste le destinataire prioritaire de cette exposition

tactile, la médiation tactile apporte toute-fois une approche originale qui satisfait un large public en développant une approche sensorielle nouvelle de la sculpture dans un esprit d’intégration des publics », relève Cyrille gouyette.

depuis 2005, le Louvre diffuse ses exposi-tions tactiles à travers le monde : europe, Amérique latine et Asie. Cette itinérance est mise en œuvre en partenariat avec des musées étrangers. Le Louvre leur propose non seulement de s’approprier ces exposi-tions innovantes, mais aussi de leur imprimer un caractère propre : ils sont en effet invités à les enrichir d’œuvres de leurs propres collec-tions. Ainsi s’instaure un dialogue interculturel

N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 13exploration d’un nu fait de pneus à la Galerie nationale d’Afrique du sud

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14 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

l’ouverture des collections du musée à des publics qui de par leur situation sociale et culturelle ignorent son existence ou pensent ne pas pouvoir y accéder. Ces personnes d’horizons très variés sont soit d’or igines immigrées récentes ou très anciennes, soit d’origine belge mais vivent dans des situations de grande précarité sociale et économique. L’expérience de travail du programme sésame s’inscrit à la fois dans la pratique sociale et culturelle et s’appuie sur les spécificités de l’œuvre d’art.

A travers l’œuvre d’art les personnes précarisées regardent et sont regardées. Ces expériences les concernent particulièrement car elles sont souvent mal ou peu regardées.

Le contact des œuvres d’art ne gomme pas les difficultés, les situations d’humiliation et d’épuisement de ces personnes liées au logement, à la rupture scolaire, à la santé, à la recherche d’emploi, etc. elle ne résout rien, matériellement, aux conditions de vie et de survie. Citons à titre d’illustration le vécu d’une femme d’origine kurde devant le tableau de La trappe aux oiseaux de Pierre Bruegel l’Ancien. Le commentaire du guide lui apprend que la

trappe aux oiseaux est utilisée pour capturer les oiseaux et les manger en hiver. elle prend alors la parole, pour la première fois dans le groupe et révèle qu’elle a dû faire la même chose pour survivre. selon sa formatrice, cette femme a pu enfin trouver les mots pour révéler son histoire et sa souffrance d’exilée et de misère et ensuite entrevoir un avenir en Belgique. Ce tableau de Bruegel en a été le déclencheur.

Paradoxalement, c’est

nous éprouvons tous des émotions aux regards des œuvres d’art. Les personnes précarisées, les personnes

en apprentissage de la langue ou les personnes réfugiées, vivent ces émotions qui passent par le regard avec puissance. Le musée conserve matériellement des créations qui mettent en scène des valeurs immatérielles : des croyances culturelles, religieuses, politiques, sociales, des émotions, des rêves, des dérisions, des absurdités, des attentes, des mystères, etc.

Les œuvres d’art peuvent dès lors être considérées comme des miroirs reflétant des points de vue subjectifs de la vie collective et en cela elles tissent la vie culturelle.

L’accessibilité à l’art est une priorité pour un grand nombre d’institutions culturelles aujourd’hui et notamment pour les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MrAB). Au sein des son service éducatif educateam, il existe une cellule « Musée sur mesure » qui regroupe les programmes s’adressant à des publics spécifiques : la langue des signes pour le public malentendant et sourd, equinoxe pour les visiteurs malvoyants et aveugles, Comète pour les personnes avec des handicaps physiques, mentaux et relevant de la santé mentale et sésame pour les personnes en précarité sociale et culturelle.

depuis huit ans, sésame travaille à

Le melting-pot des muséesLes musées, des lieux de tissage de liens sociaux et de dialogue interculturel

justement parce qu’il n’y a pas d’enjeux que ces moments culturels sont vécus comme des expériences existentielles.

L’esprit de travail du programme sésame est basé sur une pédagogie de la réciprocité. Pendant les visites guidées la place est donnée au sur-mesure, à la personnalisation afin d’installer un climat de convivialité permettant la rencontre avec ces publics cibles.

un important travail de préparation est réalisé avec les personnes relais des associations sociales : les formateurs, édu-cateurs, assistants sociaux, bénévoles, etc. qui constituent la clef de voûte du programme.

I l est également nécessaire de sortir des murs du musée, de rencontrer les personnes dans leur lieu de vie, dans leur association. Ainsi la valise musée, est le support d’animation hors-les-murs et propose

des illustrations d’œuvres d’art d’excellente qualité permettant la découverte des collections et des coulisses du musée, des livres d’art, des jeux, etc. Ce dispositif pédagogique permet de préparer la visite, d’exprimer les résistances, de susciter la curiosité qui sera le levier pour mobiliser les personnes.

Le musée est aujourd’hui encore perçu comme un lieu non accessible pour un grand nombre de personnes. Cependant, lors d’une enquête réalisée en 2005 auprès de 200 adultes du public de sésame, la question des représentations a été analysée. Cette enquête révèle clairement que pour deux tiers du public interrogé le musée représente d’abord et de manière positive un lieu de savoir avec des attentes cognitives fortes. Cette petite phrase résume l’ensemble des représentations : « Pour moi aller au musée, c’est apprendre, comprendre, m’instruire, m’ouvrir l’esprit. »

travailler à l’ouverture et l’accessibilité du musée est un travail sur le long terme. Les effets ne se produisent pas uniquement dans la sphère muséale. Les témoignages du style « etre avec des belles choses au musée est important pour avoir la force de lutter contre les découragements, pour rester debout » ou « Je n’ai plus peur de parler devant un patron » sont des expressions de reliance sociale et culturelle. Ils révèlent l’institution muséale dans son identité, dans ses priorités comme un acteur social vivant dans la cité et contribuant de manière spécifique et originale à « produire du sens ». n

dossiEr L’ACCessIBILIté

par anne Querinjean, coordinatrice du programme Sésame aux musées royaux des Beaux-arts de Belgique

C’est parce qu’il n’y a pas d’enjeux que les moments

culturels sont vécus comme des expériences

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visite au musée avec un groupe d’apprenantes

14 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

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accorder ses violons

Dans le cadre de leur partenariat et de la mise en œuvre du Programme de médiation en art et patrimoine culturel, l’ICOM et l’OMPI proposent des formations spécialisées visant à informer et promouvoir largement ce nouveau programme. Un cycle d’ateliers de formation à la fonction de médiateur et de sensibilisation au processus de médiation en art et patrimoine culturel sera très prochainement organisé à Paris, dans les locaux de l’ICOM.

L’atelier de formation à la fonction de médiateur visera à former les potentiels médiateurs ou candidats à la liste de médiateurs en les introduisant aux techniques de médiation en art et patrimoine culturel du modèle ICOM-OMPI.

Les participants seront mis en situation pratique et projetés dans les rôles des parties respectives pour la résolution de cas fictifs. Cette formation sera assurée par des intervenants extérieurs experts en patrimoine culturel et ayant une grande expérience en médiation.

L’atelier de sensibilisation au processus de médiation en art et patrimoine culturel sera spécialement destiné aux professionnels des musées

amenés à avoir recours à ce mode alternatif de règlement des différends et désireux de se familiariser avec la procédure de médiation. Les participants seront invités à se prêter à un jeu de rôle.

Cet atelier sera organisé conjointement par les responsables de projets de l’ICOM et de l’OMPI.

Les programmes détaillés de ces ateliers ainsi que les formulaires de candidature seront prochainement disponibles en ligne sur le site internet de l’ICOM. L’ICOM et l’OMPI étant deux organisations internationales à but non lucratifs, les frais d’inscription à ces formations serviront à couvrir les seuls frais d’intervention des formateurs. Les tarifs seront mentionnés sur les formulaires.

comment l’icOm et l’OmPi créent un programme pour faciliter la résolution des différends par Samia Slimani

c omme le Bouddha de l’art du gandhara restitué au Musée national de Kaboul ou une tête

Maori rapatriée en Nouvelle-Zélande, les restitutions de biens culturels font la une de l’actualité et rappellent à quel point les professionnels des musées ont besoin d’assistance dans la résolution de leurs litiges.

Fort de sa fonction traditionnelle de facilitateur, notamment déployée pour le don du masque Makondé en mai 2010, l’ICOM en partenariat avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) lance à partir de juin 2011 un programme de médiation ouvert à tous les acteurs du secteur de l’art et du patrimoine culturel. Appelé des vœux de la Présidente de l’ICOM alors en exercice, Alissandra Cummins, dès 2006, ce programme concrétise des années de collaboration entre l’ICOM et l’OMPI portant sur divers

domaines tels que les droits d’auteur ; les savoirs traditionnels et expressions du folk lore et plus largement la propriété intellectuelle.

La médiation en art et patrimoine cul turel const i tue une solut ion sat is fa isante de r è g l e m e n t d e s différends, régie par le Code de déont-ologie de l’ICOM pour les musées. C e p r o c e s s u s s’inscrit dans la mission de service public international de lutte contre le trafic illicite de biens culturels de l’ICOM.

Une alternative consensuelle Les musées et autres acteurs du sec-teur de l’art et du patrimoine culturel sont de plus en plus impliqués dans différents types de litiges : provenance, retour, resti tution, conservation,

propr iété d’objets au se in des collections, problématique de propriété intellectuelle, revendication concernant le patrimoine immatériel. La complexité de ces litiges tient à la multiplicité des questions de nature juridique, cultur elle,

écono mique, éthique, historique, morale, politique, religieuse ou spi r i t ue l le qu’i ls impliquent.

L a méd ia t ion p e r m e t d ’év i te r

d’avoir recours à la justice et de trouver des solutions alternatives satisfaisantes pour les par ties aux l i t iges qui surviennent entre elles. elle s’adresse aux professionnels des musées et à tous les acteurs du secteur de l’art et du patrimoine culturel matériel et immatériel.

grâce à ce dispositif, l’ICOM et l’OMPI mettent à disposition des parties qui s’engagent dans la voie

PatrimoinE En dangEr MédIAtION

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Formation à la médiation en art et patrimoine culturel

vue de l’exposition Jaume Plensa Jerusalem, es Baluard Museu d’Art Modern i Contemporani de Palma, Majorca 2006

La médiation permet de trouver des solutions

alternatives satisfaisantes

de la médiation, une liste de médiateurs constituée par leurs soins sur la base de critères objectifs (qualifications, formation et expérience dans le domaine de l’art et du patrimoine culturel ainsi qu’en médiation, etc.). Le médiateur choisi intervient de façon neutre et son rôle est d’amener les parties à un compromis acceptable.

Le règlement de médiation ICOM-OMPI offre une option de règlement des litiges sur mesure prenant en compte les besoins spécifiques dans du domaine de l’art et du patrimoine culturel et en garantissant le respect de l’impartialité, de l’indépendance et des règles éthiques. Les parties doivent s’entendre sur le principe de la médiation. L’accord sur la médiation peut être obtenu de deux façons : en amont, par une clause générale stipulée dans un contrat conclu entre les parties ; ou bien après la survenance du litige, par un contrat de recours à la médiation relatif au litige en cause. A cet égard, l’ICOM et l’OMPI offrent aux parties qui souhaitent se rapprocher l’assistance nécessaire pour aboutir à un accord dans cette phase de pré-médiation.

Vers un accord La saisine par l’une ou toutes les parties concernées par le différend s’effectuera auprès du secrétariat de l’ICOM, au moyen d’un formulaire indicatif facultatif, ou par tout autre moyen. Après analyse du cas soumis, l’ICOM transfèrera la requête au Centre d’arbitrage et de médiation de l’OMPI, dans un délai de 30 jours. Le début de la procédure de médiation sera fixé à la réception de la requête par le Centre, la fin de la médiation intervient à la signature d’un accord qui règlera toutes les questions l i t igieuses. Les par ties demeureront libres d’interrompre temporairement ou définitivement la médiation engagée à tout moment et pour tout motif, le caractère non contraignant de cette procédure étant l’un de ses avantages majeurs.

Il faut noter que le choix d’un médiateur s’avère crucial. en effet, par principe, les parties doivent s’entendre sur la personne du médiateur dans un délai de sept jours. en l’absence d’accord uniquement, le Centre et le secrétariat de l’ICOM interviendront et coopèreront avec les parties afin de trouver un arrangement, en vue de la désignation d’un médiateur qui conviendrait aux parties. La conduite de la médiation sera

ensuite facilitée par la mise à disposition de moyens logistiques par l’ICOM et l’OMPI, notamment l’accès à des salles de réunion avec interprètes qui proposent un service de traduction simultanée, si nécessaire.

Favoriser la confidentialité enfin, les par ties peuvent bénéficier du système eCAF (système de gestion électronique des litiges) de l’OMPI leur permettant de soumettre les documents par voie é lectronique de manière à faciliter la communication à distance. Ce système dématérialisé de traitement des pièces et suiv i de la procédure garantit parfaitement la confidentialité des données et informations transmises, règle de principe en médiation. Ainsi, les rencontres entre les parties et le médiateur se déroulent à huis clos et ne font l’objet d’aucun enregistrement audio. toutes les personnes impliquées dans le règlement par médiation sont tenues à la plus stricte confidentialité. Ce qui implique que même en cas d’échec ou d’interruption de la

médiation à la faveur d’une procédure juridictionnelle, les parties ne pourront pas fonder d’arguments sur des éléments issus de la médiation, de son existence même, ou encore de ce qui aura pu y être exprimé.

C o m p a r a t i v e m e n t a u x r e c o u r s traditionnels tels que les actions en justice ou l’arbitrage, l’avantage de la médiation en art et patrimoine culturel réside dans ses faibles coûts de procédure. Il convient de distinguer les frais administratifs très peu élevés versés à l’ICOM et l’OMPI, des honoraires du médiateur qui lui seront directement versés. Les honoraires du médiateur sont proposés sur la base d’un tarif horaire ou forfaitaire librement consenti par les parties.

A i n s i , c o n s c i e n ts d e s b e s o i n s particuliers à prendre en compte dans les litiges relatifs au patrimoine artistique et culturel l’ICOM et l’OMPI proposent désormais un programme innovateur qui permettra de privilégier des approches c réat r i ces à t rave rs un règ lement extrajudiciaire, un bon accord valant mieux qu’un mauvais procès. n

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18 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011 N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 19

rÉUnions annUEllEs dE l’icom PArIs 2011

Du 6 au 8 juin 2011, les réunions annuelles du conseil international des musées ont eu lieu à Paris, au siège de l’UNEScO, afin de considérer l’année écoulée et débattre des objectifs futurs. Des représentants et professionnels de musées ont réfléchi ensemble à certains points de discussion importants pour la communauté muséale actuelle

Photos © ICOM / V.GREMILLET le développement durable, l’éthique des musées et les standards de recherche ont été quelques-uns des thèmes abordés cette année lors des réunions

de l’ICOM. durant trois jours, plus de 200 membres de l’organisation issus de presque tous ses Comités nationaux et internationaux, Alliances régionales et Organisations affiliées ont assisté aux divers événements et conférences, qui consistaient aussi bien en des assemblées administratives plénières qu’en des ateliers pratiques axés sur les problèmes auxquels est confrontée la communauté muséale aujourd’hui. dans son discours introductif, l’artiste et réalisateur britannique Peter greenaway a offert à l’assistance un brillant spectacle multimédia, tandis que la réception traditionnelle s’est tenue au Musée guimet, qui abrite l’une des plus grandes collections d’art asiatique hors du continent. n

Orientations de l’organisationLa séance plénière du Comité consultatif s’est tenue le 6 juin, suivie le lendemain de deux séances séparées pour les Comités nationaux et internationaux. Au cours de la séance plénière, des rapports ont été présentés sur plusieurs questions d’organisation, le développement de certains programmes, le soutien au réseau ou encore l’évaluation du Plan stratégique 2007–2010. Un rapport final sur la 22e Conférence générale à Shanghai a également été présenté par le comité organisateur chinois. Durant les réunions séparées, d’intenses débats très constructifs se sont déroulés au sujet de la structure des Comités nationaux et internationaux ainsi que sur leur développement futur.

Comme chaque année, l’Assemblée générale, qui s’est tenue le 8 juin, a passé en revue les actions entreprises au cours de l’année écoulée par l’ICOM et

ses membres sur d’importants sujets en lien avec la commu-nauté muséale internationale et l’organisation elle-même. L’Assemblée a approuvé les comptes pour l’année 2010 et donné quitus aux dirigeants avant d’adopter le nouveau Plan stratégique pour 2011–2013.

Plan stratégique de l’ICOM 2011 - 2013Le Plan stratégique de l’ICOM 2011–2013 a été adopté le 8 juin par l’Assemblée générale. Ce nouveau plan vise à faire face aux défis et à saisir les opportunités qui s’offrent dans un monde muséal en constante évolution. La réflexion du Comité d’évaluation du Plan stratégique et du Groupe de travail du Plan stratégique a mené à l’élaboration de la proposition initiale, qui a été finalisée lors de la 116e session du Conseil exécutif. Afin de répondre aux nouveaux défis et servir les intérêts de la communauté des professionnels de musées au meilleur de ses capacités, le Plan

stratégique 2011 – 2013 de l’ICOM est axé sur quatre domaines de développement principaux : valoriser l’adhésion et renforcer la transparence pour les membres de l’ICOM ; développer l’expertise dans le secteur du patrimoine et des musées ; consolider la position mondiale de l’ICOM en tant que leader dans le secteur du patrimoine ; développer et gérer les ressources nécessaires à la réalisation du Plan stratégique. Certains de ces objectifs sont censés être atteints au cours des trois années à venir tandis que d’autres continueront à inspirer l’action de l’ICOM durant de nombreuses années.

Le 8 juin, plus de 30 participants ont assisté à un atelier centré sur l’application du nouveau Plan stratégique, démontrant ainsi l’empressement du réseau de l’ICOM à le mettre en œuvre dans leurs comités. Les participants, répartis en quatre groupes, ont reconnu l’existence de différences entre les divers comités et pays et ont réitéré un

appel pour l’intégration et la mise en place de partenariats. Des propositions ont été avancées afin d’adapter le nouveau Plan stratégique à des contextes variés.

Explication des activitésL’équipe du Secrétariat général de l’ICOM a dévoilé certains projets actuels et à venir à travers une série d’ateliers ouverts aux participants. Une présentation de la base de données des membres et des sites Web des comités a éveillé un intérêt particulier auprès des représentants des comités, tandis que les ateliers organisés par le Secrétariat ont attiré les membres intéressés par les problématiques liées au patri moine. Depuis que ces ateliers ont été testés à la Conférence générale de Shanghai, le Secrétariat général a vu croître les demandes pour ce type de séance de la part de la communauté de l’ICOM, qui désire vivement bénéficier de la large gamme d’activités de l’organisation et des services offerts à ses membres.

Discours principal : La nouvelle littéracie visuelleL’artiste et réalisateur Peter Greenaway, invité d’honneur cette année, a fait une présentation intitulée La nouvelle littéracie visuelle. Déployant son bel esprit et son amour de la scène, il a évoqué un analphabétisme visuel très répandu en raison d’une culture essentiellement basée sur l’écrit et a parlé de l’obligation mondiale des musées de promouvoir le visuel, dans cette nouvelle ère numérique. À travers une démonstration spectaculaire centrée sur sa réinterprétation de plusieurs œuvres de peinture classique telles que La Ronde de nuit de Rembrandt, La Cène de Léonard de Vinci et Les Noces de Cana de Véronèse, il a illustré ce qui pouvait être mis en œuvre pour encourager la conscience visuelle et confirmer ainsi la maxime : « l’image a toujours le dernier mot ».

Cette présentation très évocatrice (photo), qui a provoqué une réaction enthousiaste de la part des membres de l’ICOM, a offert une perspective originale sur le potentiel qu’ont les nouvelles technologies audiovisuelles dans l’évolution future des musées.

Les musées en action

Un rappel de ShanghaiLes participants des réunions de juin se sont rendus le 6 juin au Musée Guimet (photo) pour un cocktail où ils ont pu échanger dans un cadre plus informel. Marie-Claude Vitoux, Administratrice générale du musée, a accueilli les membres de l’ICOM présents aux rencontres annuelles, et le Président de l’organisation, Hans-Martin Hinz, a prononcé un bref discours, souhaitant à tous des journées agréables et enrichissantes. Clin d’œil à la Conférence générale de Shanghai, les invités ont pu visiter les collections asiatiques très étendues du musée ainsi que trois expositions temporaires s’inscrivant dans la Saison indienne printemps-été 2011 du musée.

Des échanges constructifsAfin d’encourager le dialogue et les échanges d’idées entre les représentants de la communauté des musées, des sessions de travail interactives ont été ajoutées cette année au calendrier. Trois panels thématiques ont ainsi été constitués avec pour objectif d’obtenir un panorama de la situation actuelle au sein de la communauté muséale internationale.

Les participants ont été invités à s’associer aux débats par groupes de cinq à huit personnes (photo). Les trois thèmes abordés étaient : les musées et le développement durable ; l’éthique des musées ; la recherche, la formation et les publications. Chaque groupe représentait un large

éventail de zones géographiques et de langues qui témoignait d’un fort souci d’intégration. Les membres qui ne s’étaient pas préinscrits se sont inscrits le jour-même, attestant la popularité de cette initiative.

Les résultats de ces groupes de discussion ont été présentés le lendemain, le mercredi 7 juin, par leurs modérateurs. Les besoins qu’ont certains collègues et musées dans les domaines spécifiques abordés ont été soulevés pour lesquelles des propositions concrètes ont été présentées. Elles seront examinées en détail et devraient aider l’ICOM et la communauté muséale internationale à élaborer des actions appropriées pour l’avenir dans ces domaines.

18 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

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N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 2120 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

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comme tous les ans depuis 1977, l’ICOM a organisé autour du 18 mai dernier

la Journée internationale des musées, événement devenu incontournable dans le calendrier culturel et muséal international. Pour la première fois cette année, l’ICOM s’est entouré de nombreux partenaires institutionnels* car tous sont concernés par la question de la mémoire et de la transmission du patrimoine. enfin, l’ICOM a patronné la Nuit européenne des musées le 14 mai, dont le programme « une œuvre, une histoire » a fait écho à la Journée internationale des musées, créant ainsi un fort dynamisme autour de la thématique « Musée et Mémoire, les objets racontent votre histoire ». Cette thématique a mis l’accent sur le rôle des musées et de leurs

collections dans la préservation et la transmission de la mémoire collective et individuelle.

dans le monde entier, les musées ont redoublé de créativité illustrée au travers d’expositions et d’activités souvent pédagogiques. en effet, de nombreux musées ont ouvert leurs portes gratuitement à cette occasion. Ainsi, le Nigeria National Museum à Oshogbo a proposé un quiz destiné aux écoliers afin de les sensibiliser à la préservation de leur patrimoine, tandis qu’au Canada, au Sundre Museum, était présentée une exposition de souvenirs. en Nouvelle-Zélande, le Whanganui Regional Museum a célébré les traditions musicales de son pays à travers son programme « Mémoire et musique ». en Argentine, au Museo Argentino de Ciencias

Naturales Bernardino Ridavia à Buenos Aires, c’est le concept de musecuentos qui a été créé pour l’occasion des conteurs racontaient des histoires à travers les objets du musée. enfin, l’Arkeologi Museoa de Bilbao en espagne a organisé un jeu intitulé « sur les traces du passé » pour ses visiteurs, suivi d’un spectacle.

Pour aider les musées et institutions à organiser cette journée et offrir une meilleure visibilité à l’événement, l’ICOM a mis en place une série d’outils de promotion et de communication. Pour la première fois, un site internet dédié à l’événement a été créé (http://imd2011.icom.museum) sur lequel pas moins de 212 musées se sont inscrits auprès de l’ICOM pour y faire apparaître leur programme d’activités. Ces programmes ont

été repris dans le dossier de presse, envoyé aux journalistes puis largement relayé par les participants et les comités nationaux dans leur pays. Outre les programmes d’activités des musées, répertoriés par continent, on y retrouvait également le kit de communication, donnant des informations et outils utiles pour organiser et promouvoir l’événement, mais aussi l’affiche officielle traduite en 37 langues, du kirghize au basque, en passant par le japonais, le visuel de la Journée internationale des musées 2011 a fait le tour du monde !

en mars dernier, l’ICOM a créé une page Facebook pour la JIM 2011, celle-ci a suscité l’intérêt de plus de 1 200 internautes, à raison de 2 500 utilisateurs actifs par mois et plus de 32 000 publications affichées en mai. Cette page continue à fonctionner et rassemble les témoignages, impressions, suggestions et photos des visiteurs de la Journée internationale des musées.

un bilan très positif donc pour l’édition 2011. Le thème de la Journée internationale des musées 2012 a d’ores et déjà été choisi et approuvé par le Comité consultatif de l’ICOM : « Les musées dans un monde en mouvement. Nouveaux défis, nouvelles inspirations ». L’ICOM vous invite dès à présent à préparer l’édition 2012 et félicite l’enthousiasme ainsi que l’implication des musées pour cet événement. n

30 000 musées dans près de 100 pays : la Jim 2011 a connu un véritable succès grâce à l’engouement suscité par la thématique « musée et mémoire, les objets racontent votre histoire »

Journée internationale des musées 2011 suite aux événements qui ont agités

l’egypte en début d’année, l’ICOM a rapidement mobilisé ses ressources afin de protéger le patrimoine culturel du pays. en situation d’urgence, l’obtention d’information fiable représente la première des néces-sités, mais aussi, dans certains cas, la plus grande des difficultés. C’est ainsi que l’ICOM, son groupe d’intervention de secours aux musées en cas de catastrophes (drtF) et son Comité international pour l’égyptologie (CIPeg) ont mis leurs ressources en commun afin d’analyser le plus fidèlement possible la situation du patrimoine égyptien et des risques encourus dans les musées et sur les sites du pays ; en collaboration avec le Ministère d’etat pour les Antiquités égyptiennes.

Ce travail d’investigation a conduit à répertorier des vols qui avaient été perpétrés et de recenser l’état des principaux sites archéologiques du pays. Le fruit de ces efforts a permis à l’ICOM de répondre aux besoins de la communauté internationale en codiri-geant une mission d’évaluation de la situation sur place au mois d’avril dernier.

suite à plusieurs échanges avec les autorités égyptiennes, les experts du patrimoine national et les membres du CIPeg, le secrétariat de l’ICOM a décidé de lancer la publication d’une nouvelle Liste rouge : la Liste Rouge d’urgence des biens culturels égyptiens en péril. Cette nouvelle Liste rouge sera réalisée grâce au généreux soutien du Bureau des Affaires éducatives et culturelles du département d’etat des etats-unis d’Amérique. elaborée en étroite collaboration avec une équipe d’experts égyptiens et internationaux, cette Liste rouge répertoriera les catégories de biens culturels égyptiens les plus exposés au trafic illicite : objets archéologiques datant de l’antiquité pharaonienne et gréco-romaine, œuvres coptes et islamiques et biens culturels nubiens. en lançant ce nouveau projet de Liste rouge d’urgence, l’ICOM réaffirme son engagement pour la protection du patrimoine culturel, notamment dans des contextes faisant suite à des situations de crise. n

action en Égypte

s statue de groupe de Kaemheset avec sa femme et son fils, Ancien empire, 6e dynastie, vers 2323-2150 avant J-C© the egyptian Museum

Après le tremblement de terre dévastateur qui a frappé les côtes japonaises le 11 mars dernier, et le tsunami et la menace nucléaire qui s’en sont suivis, l’ICOM a mobilisé ses ressources afin d’évaluer la situation des musées dans les régions les plus touchées du pays. grâce à la communication avec son groupe d’intervention de secours aux musées en cas de catastrophes et avec les professionnels des musées japonais, l’ICOM a réussi à rassembler quelques données afin d’estimer l’ampleur des dégâts.

Le Japon compte plusieurs milliers de musées dont très peu sont des institutions nationales. Plus de 2 000 installations sociales publiques d’enseignement ont été gravement endommagées, dont 648 bâtiments officiels, 189 bibliothèques et 204 musées (tels que le Rikuzen Takada City Museum, le Musée d’Histoire locale Wakayanagi, l’Aquarium Souterrain Moguranpia Kuji et le Centre de science ou encore le Ishinomaki Art Center Museum). de plus, cinq trésors nationaux, 144 biens culturels et 80 sites historiques ont été touchés par ces catastrophes. Le besoin de mettre à l’abri les biens culturels endommagés, de réhabiliter et récupérer les propriétés mobilières mais aussi immobilières telles que des édifices historiques est urgent.

Les autorités culturelles japonaises ont appelé à la coopération internationale en vue de préserver et reconstituer le patrimoine national affecté. une campagne d’appel aux dons a été récemment lancée et des boîtes permettant d’effectuer des dons se trouvent dans de nombreux musées du pays. des organisations à but non lucratif et des bénévoles apportent également leur aide afin de sauver le patrimoine culturel du pays.

*Les partenaires institutionnels de la Journée internationale des musées 2011 : le programme Mémoire du monde de l’uNesCO, le Conseil de coordination des associations d’archives audiovisuelles, le Conseil international des archives, le Conseil international des monuments et des sites et la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions.

La Conférence générale de l’ICOM est un événement crucial qui rassemble l’ensemble de la communauté muséale internationale sur un thème choisi par des professionnels de musée.

Le lieu où est organisé la Conférence générale de l’ICOM change tous les trois ans et l’évènement part aux quatre coins du monde. La 22e Conférence générale de l’ICOM s’est déroulée à Shanghai en 2010 sur le thème « Musées pour l’harmonie sociale ». Cet événement a réuni plus de 3 000 participants. La 23e Conférence générale de l’ICOM aura lieu en 2013 à Rio de Janeiro, au Brésil.

Tous les Comités nationaux actifs peuvent désormais déposer leur candidature afin d’héberger la Conférence générale de l’ICOM en 2016. Un appel d’offre sera prochainement envoyé à tous les Présidents des Comités nationaux de l’ICOM. Le Secrétariat général de l’ICOM doit recevoir un courrier d’attention signé par le Président du Comité national avant le 30 octobre 2011. Les candidatures, complètes, devront être transmises dans les meilleurs délais, au plus tard le 15 janvier 2012 (fuseau horaire de Paris, GMT+1) au Secrétariat général de l’ICOM. Une liste de trois candidats sélectionnés maximum sera dressée par le Bureau du Conseil exécutif de l’ICOM. L’inspection des sites des villes dont la candidature aura été retenue sur cette liste sera réalisée au cours du premier trimestre de l’année 2012. En juin 2012, le Comité consultatif votera une motion de recommandation pour l’hôte de la 24e Conférence générale de l’ICOM en 2016. La recommandation sera ensuite soumise à l’approbation du Conseil exécutif en juin 2012.

appel à candidature pour l’accueil de la conférence générale icom 2016

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musées japonais

shabti d’heqareshu, nouvel empire, 18e dynastie, 1550-1295 avant J-C© the egyptian Museum

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N°2 2011 | LES NOUVELLES DE L’ICOM 21

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icom cc, comité international de l’icom pour la conservation Glass and Ceramics Conservation 2010 / Hannelore Römich. Corning : The Corning Museum of Glass, ICOM Committee for Conservation, 2010. 240 p., ill. ISBN 978-0-87290-182-7 (en anglais)

Cette publication rassemble les communications présentées à la réunion intérimaire du groupe de travail verre et céramique du Comité de l’ICOM pour la conservation (ICOM CC), qui s’est tenue au Corning Museum of Glass (états-unis) en

2010. tous les aspects de la conservation du verre et de la céramique ont été abordés. Cette publication donne un aperçu de la recherche actuelle dans le domaine de la conservation de la céramique, de la pratique professionnelle et de la formation. Les différentes sessions traitaient de l’histoire, des techniques et de la formation, de collections spécifiques, des traitements, des examens scientifiques, de l’utilisation du verre en architecture, des carreaux de céramique et terracotta.Prix : 49,80 € ou 45 £Pour commander : Anton siegl Fachbuchhandlung gmbH, Kirchenstr.7, d-81675 München, Allemagne email : [email protected]

icom EuropeReflecting Europe in its museum objects / Udo Gösswald ; Isabelle Benoit (scientific ed.) ; introduction par Krzystof Pomian. Berlin : ICOM Europe, [2010]. 134 p., ill. (ICOM Europe views and activities ; 2) (en anglais)

Actuellement, les européens s’inter-rogent sur leur identité et leur spécificité. ICOM europe a demandé à des conserva-teurs de musées européens de choisir et de commenter brièvement un objet parmi les collections de leur musée qui reflète, selon eux, l’identité, la diversité de l’europe, mais aussi la communauté d’esprit ou de culture en raison même de l’origine européenne de l’objet concerné. ICOM europe a reçu l’aide du musée de l’europe de Bruxelles pour mener à bien le projet de cette publication. C’est le deuxième volume de la collection ICOM Europe views and activities.Pour commander : ICOM europeemail : [email protected]

icomam, comité international de l’icom des musées d’armes et d’histoire militaireICOMAM Rio 2008, Diretoria do Patrimônio Histórico e Documentação da Marinha / ICOMAM. Rio de Janeiro : Serviço de Documentação da Marinha, 2010. 394 p., ill. ISBN 978-85-7047-090-4. (en anglais et portugais)

La conférence annuelle d’ICOMAM de 2008 s’est tenue pour la première fois en Amérique du sud, à rio de Janeiro, du 25 au 29 août. Cette publication rassemble les communications présentées sur le

thème général « Planifier des stratégies pour un avenir positif ». guy Wilson, Président d’ICOMAM, introduit le thème. Les communications abordent des questions d’organisation et de gestion, mais aussi les aspects pratiques de mise en valeur d’objets particuliers, des techniques d’exposition et de conservation dans les musées d’histoire militaire. deux communications abordent le thème de la musique militaire.Pour commander : Armando de senna Bittencourt, diretoria do Patrimônio Histórico e documentação da Marinha – Museu Naval, rua dom Manuel 15 – Centro, rio de Janeiro - CeP 20010-090, Brésil Fax : +55 21 2533 6696

critique de michael Houlihan, Directeur du te Papa tongarewa museum, Nouvelle-Zélande

comment une maison fictive à propos d’un personnage de fiction peut être peuplée de souvenirs fictifs.

Nombre de chapitres traitent de la présentation de la mémoire mais ne l’examinent pas dans toute sa complexité. Même Adrian Kerr, dont le propre Museum of Free Derry illustre comment les objets quotidiens peuvent raconter une histoire de façon crue et éloquente, se perd dans une critique du traitement récent effectué par l’Ulster Museum sur « les Troubles » en Irlande du Nord. Il refuse de reconnaître que, trop souvent, les musées nationaux optent pour une position neutre et non-conflictuelle parce qu’en s’efforçant de refléter une mémoire nationale plutôt que celle, viscérale, d’individus ou de communautés, ils se retrouvent en général cantonnés à des sujets inoffensifs. Toutefois, la stratification de la mémoire et ses usages contrastés sont abordés avec intelligence et précision par Sophia Milosevic Bijleveld, qui offre une étude comparative de deux musées en Afghanistan : le Jihad Museum et le Victims Museum.

Plusieurs bonnes idées retiennent l’attention. Tout d’abord, le chapitre de Lydia Johnson intitulé « Staying True to Innovation », qui nous fournit un manuel fort utile pour mettre en œuvre les valeurs de notre propre institution, en l’occurrence le Tech Museum of Innovation dans la Silicon Valley. Ensuite il faut citer, bien qu’il ne s’agisse pas d’un musée, le chapitre de Marzia Gigli, « Mechanisms of Violence », sur le développement de l’éducation aux droits humains. Ces pages pénétrantes cherchent à différencier la mémoire du devoir de mémoire. Si la plupart des contributions de cet ouvrage sont dominées par le mantra « plus jamais ça ! », l’École de paix de Marzia Gigli à Monte Solo nous pose à tous une question encore plus brûlante : « et pourquoi ça continue ? » C’est pour ces pépites qu’il vaut la peine de se plonger dans Museums of Ideas.

Museums of Ideas: Commitment and Conflict éditeur : Museumsetc

ne certaine conception du musée place celui-ci à l’intersection des collections, des individus,

des connaissances et des idées : une zone pouvant offrir à la fois savoir, divertissement, co-création et même transformation personnelle. L’ouvrage collectif Museums of Ideas: Commitment and Conflict suggère une nouvelle configuration autour de la vive passion qui préside à l’engagement : la fiction, les moralités contemporaines et la subjectivité assumée de la mémoire. Mais il ne s’agit pas là d’un voyage vers la découverte de soi, la pensée libre et le dialogue. Les leçons à tirer et les orientations morales ici sont déterminées à l’avance. Les musées d’idées, semble-t-il, ne sont pas toujours les musées de la pensée libre.

Les diverses contributions de Museums of Ideas (ou faudrait-il dire Musées des Polémiques ?) révèlent tour à tour une réflexion superficielle, une attitude qu’on pourrait qualifier de naïve, des points de vue parfaitement farfelus mais aussi des analyses très perspicaces qui auraient mérité d’être davantage mises en valeur. La plupart des auteurs font peu de cas des objets et se contentent de dénoncer l’impuissance des collections à énoncer des idées. Ils se penchent à peine sur la pratique et sur la façon dont la recherche et le travail des conservateurs ont abouti à des idées fort complexes. Le chapitre de Silvia Casini, « Giving Corto Maltese a House », cependant, éclaire cette philosophie sous un nouveau jour quand elle décrit

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inventer la roue

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22 LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2011

Page 13: ICOMicom.museum/fileadmin/user_upload/pdf/ICOM_News/2011-2/FRE/... · pamela@whoexec COLLABOrAteUr Léa Buadas Fleuriot AssistAnte COMMerCiALe Noémie Hadjedj ... Dr Leventis, Président

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