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Sociologie : intégration, conflit, changement social
Quels liens sociaux dans des sociétés ou s’affirme le primat de l’individu ?
Sociabilité : ensemble des relations sociales d’un individu et des différentes formes qu’elles prennent. La sociabilité est ce qui crée le lien social.
Lien social : ensemble des relations/valeurs/normes qui assurent la solidarité et la cohésion sociale dans une société/ groupe social.
On distingue des liens sociaux :
-horizontaux : famille/amis/groupes sociaux (groupe d’individus partageant des liens sociaux entre eux, une situation et/ou des activités communes, ainsi qu’un sentiment d’appartenance).
-verticaux : entre l’individu et la société, le champ politique.
Types de liens protection reconnaissance
De filiation (famille) intergénérationnelle affective
Electifs (couple, amis) interindividuelle réciprocité affective
Organique (travail, marché) contractualisée stmt d’utilité, statut social
Estime de soi
De citoyenneté égalité juridique reconnaissance de l’ind. souverain
Interrogations qui ont donné naissance à la sociologie :
Questions posées par la Révolution (conflit gauche/droite ; idée de progrès social/liberté de l’individu…)
Q posées par l’affirmation de la démocratie et les libéralistes comme Tocqueville qui voient en elle la possibilité d’une tyrannie
Q posées par la révolution industrielle (classe ouvrière et sa misère, chômage, division du travail, anomie…)
Comment une société individuelle peut-elle garder une cohésion sociale ?
Cohésion sociale : situation dans laquelle les membres d’une société partageant les mêmes valeurs et normes ont le sentiment d’appartenir à une même communauté et entretiennent des liens entre eux. Elle permet la durabilité de la société.
Pour Emile Durkheim elle nécessite :
-intégration : appartenir à un groupe social dont on partage les normes et valeurs. On adopte et est adopté par le groupe.
-régulation : la société impose des normes et valeurs que les individus sont forcés par le contrôle social d’adopter.
Contrôle social : ensemble des moyens matériels et symboliques mis en œuvre par une société pour s’assurer de la conformité de ses membres aux normes et valeurs en vigueur. Il est à la fois formel (institutions spécialisées) et informel (groupes sociaux, il peut être inconscient). Il faut que l’ordre social soit légitime et respecté. (cf.expérience de Milgram, 1974).
Durkheim : de la division au travail social 1893
Montre qu’avec les transformations de la société la solidarité ne disparait pas mais change de nature.
Augmentation de la taille de la société= autonomisation des individus et division du travail=interdépendance.
Les individus fonctionnent comme des organes.
Solidarité mécanique :
-taille réduite
-faible
-sang, sol (ethnoculturelles)
-collective
-coutume
-informel
Solidarité organique : les individus sont liés car nécessaires comme les organes du corps humain
-société moderne, de grande taille
-division du travail forte
Liens sociaux sociétaires (interdépendance)
-conscience sociale individuelle
-comportement des ind déterminés par l’intérêt
-contrôle social formel
Durkheim est conscient que la solidarité organique n’est pas toujours vérifiée, du fait d’une mauvaise division du travail, défaillante :
-Inégalité des chances
-bureaucratie
-anomie
-Loi d’airain de l’oligarchie
-travail en miettes (aliénant)
Durkheim pense qu’il faut créer des nouveaux sentiments collectifs : morale laïque. Remplacer l’amour de dieu par l’amour de la nation, en développant le patriotisme.
Son modèle est un idéal type : la solidarité organique peut coexister avec la mécanique.
La force du sentiment national s’affaiblit, moins de participation à la vie de la nation. Les individus se tournent vers d’autres mouvements d’appartenance (religieuse, ethnique, régionale). Ils vont partager des normes et valeurs communes : persistance possible de la solidarité mécanique.
Le « look » est à la fois imitation et distinction. Il est normatif, au risque de la stigmatisation et de l’exclusion.
Avec l’élargissement de la taille de la société, l’individu est amené à fréquenter plusieurs cercles : professionnels, d’étude, relation amicale, associatif, de loisirs. A la différence de la société traditionnelle aux cercles concentriques, en société moderne ils sont distanciés, disjoints : suivant les activités on ne fréquente pas les mêmes personnes. Cela amène à un affaiblissement du contrôle social informel. Plus les cercles sont distincts plus l’individu est autonome.
2 étapes de l’accélération de l’individualisation :
-passage à la société industrielle (déclin des autorités traditionnelles, exode rural, baisse contrôle social informel…).
-a partir des 60s avec l’émancipation des femmes (naissance, marché du travail): nouvelle baisse du contrôle social informel ; émergence des médias de masse, nouveaux modèles culturels, consommation de masse, extension de l’état-providence, libéralisme culturel.
L’individu est plus libre de ses choix, il peut basculer dans l’anomie. Aujourd’hui l’individu serait complètement libéré des carcans traditionnels et pourrait choisir ses normes/valeurs, religion mode de vie…
On peut distinguer deux analyses de l’individualisme :
-un individualisme positif/émancipateur/optimiste/universaliste : permet une égalité politique et économique ; peut choisir ses normes, sa religion, son mariage…
-un individualisme négatif/pessimiste/particulariste : chacun revendique ses particularités en oubliant les valeurs collectives : revendique une égalité publique de ses choix privés. Conduit à l’affaiblissement du lien politique (vote, militantisme, syndicats, rejet des élites). Un affaiblissement du lien familial (baisse mariage, hausse divorce et célibat, distanciation avec famille éloignée) ; du lien civique (montée des incivilités, hausse petite délinquance) ; du lien sociétaire (séparatisme entre les classes sociales doublé parfois d’un séparatisme ethnique) ; de la sociabilité (à nuancer) R.Putnam Bowling alone : moins d’associations, moins d’amis.
Individualisation du religieux : on choisit sa religion, ou on n’en choisit pas. Un modèle à la carte de la pratique. On adapte la religion à son style de vie, on construit sa propre religion.
Autre exemple d’individualisation des pratiques : le vote, l’affiliation politique.
Selon Tocqueville l’individualisation conduit à des comportements égoïstes et peut conduire à une tyrannie de la démocratie, les individus se désintéressant de la vie publique pr leurs propres intérêts.
Le multiculturalisme renforce l’individualisme (déclaration de l’UNESCO 11/2001) passage en France d’une politique d’assimilation à une politique d’intégration : possibilité d’un repli communautaire. Coexistence plus que fusion.
3 risques des sociétés modernes :
-isolement relationnel : vie solitaire, baisse de la sociabilité, notamment familiale et effritement du lien social (processus de désaffiliation sociale théorisé par robert castel)
-incivisme : anomie, rapports moins courtois, car plus anonymes (moins de contrôle social)
-délinquance
Pour F de singly l’état providence favorise l’émancipation de l’individu. Pour L. Baune (le lien social, ciment du vivre ensemble) l’individualisme s’accompagne aussi d’une montée des actions altruistes et du bénévolat. L’individualisme ne remet pas en question nécessairement la cohésion sociale, même si les liens deviennent électifs, cette évolution n’est pas négative.
Internet présente une possibilité de rupture avec les cercles sociaux (geek,otaku), mais en réalité on conserve une forte sociabilité et permet l’apparition de nouveaux liens (mark granovetter, Getting a job)
A priori la religion et la famille protègent l’individu du suicide car elles fournissent intégration et régulation.
Emile Durkheim dans Le Suicide (1897) propose quatre causes du suicide, qui n’est pas selon lui un choix personnel mais déterminé par la sociabilité de l’individu :
-suicide égoïste (manque d’intégration)
-suicide altruiste (excès d’intégration ex : kamikaze !)
-suicide anomique (manque de régulation)
-suicide fataliste (excès de régulation)
Famille : instance de socialisation primaire qui fournit les normes et les valeurs premières. Joue un rôle dans l’intégration professionnelle (éducation), fournit des solidarités financières, morales, des services…
Evolution des formes familiales en FR depuis 1968 : hausse célibat, hausse divorce (1975 : divorce par consentement mutuel), hausse famille atypique baisse du nombre d’enfants.
Au sens de l’Insee une famille est composée de deux adultes, avec ou ss enfant, ou un adulte avec enfant.
Désinstitutionalisation partielle du mariage : n’est plus une obligation morale, n’est plus un acte préalable aux enfants : dans les 60s 5% d’enfants avant mariage ; 55% aujourd’hui.
Auj les liens familiaux sont plus électifs/affinitaires. Les individus sont plus autonomes. Ex : en Algérie, plus de 75% des individus estiment devoir accueillir chez soi un parent dépendant, 22% en Europe du nord. Ce n’est pas une différence de conception de la famille. C’est du à une baisse de la religion, individualisation, hausse des niveaux de vie, état providence.
Contrepartie : le couple est plus fragile, les unions sont moins stables. Augmentation des familles monoparentales et atypiques (recomposées).
Le divorce est une source d’appauvrissement économique, et de la sociabilité. C’est un des premiers facteurs avec la perte d’emploi, de l’exclusion sociale. Il diminue l’ampleur des solidarités familiales.
La famille monoparentale cumule les difficultés économiques, de temps (pas de loisir pour l’individu), psychologiques (absence de figure paternelle symbole d’autorité). Conduit plus facilement à la déviance. (Drogues, suicides, délinquance).
Dans les familles recomposées, l’imposition de l’autorité peut être plus difficile. Possibilité de concurrence entre les normes/valeurs. Les relations ne sont pas définies par le droit : les beaux parents n’ont pour l’instant aucun statut.
Pour E. Todd (Le rendez-vous des civilisations 2000s) l’augmentation de l’éducation en particulier chez les femmes aboutit systématiquement au recul du religieux et de la fécondité, donc à un modèle de famille individualiste.
On explique généralement la délinquance par les inégalités économiques et sociales. H.Lagrange (sociologue culturaliste) pense lui qu’il faut intégrer la culture à l’analyse. Les données ethnoculturelles ne sont en effet pas prises en compte. Il pense que la déviance s’expliquer par la différence de culture entre la société d’accueil et la société d’origine. Acculturation : processus par lequel une culture s’adapte à une autre.
Certaines cultures seraient plus ou moins adaptées : sont sur-adaptées en France les cultures asiatiques, tout comme la culture maghrébine (un peu moins). A l’inverse la culture sahélienne n’est pas adaptée. (Formes familiales très différentes : polygamie, autorité absolue du père). Il y aurait ainsi un disfonctionnement en occident car les mères, sans savoir, seraient disqualifiées (par exemple convoquées à l’école elles ne pourraient rien faire), et les pères le sont aussi car ils n’incarnent plus l’autorité (sont dévalorisés vis-à-vis de leurs enfants). Donc déviance des enfants. Les processus d’intégration et de régulations sont fragilisés par la difficulté de l’acculturation. Il nuance ainsi la thèse selon laquelle c’est l’excès d’individualisme qui conduit à la désaffiliation.
E. Todd et H. Le Bras dans Le Mystère français constatent qu’il y a deux types de France :
-la FR révolutionnaire qui a longtemps cru à l’idéal socialiste, déchristianisée. Elle est en difficulté dans la mondialisation : les niveaux de diplômes sont + faibles, le chômage + élevé ; + de déviance, Front National.
-une FR plus marquée par le catholicisme, mieux diplômée qui réussit mieux dans la mondialisation, car le catholicisme offre un modèle fort de solidarité familiale. L’idée d’un « catholicisme zombie ». L’empreinte de la religion structure les familles françaises.
Aujourd’hui les solidarités demeurent très fortes, sous de multiples formes : financières, morales, de service. Les nouvelles normes et valeurs transmises par les familles sont tolérance et autonomie. Moins d’injonction et plus d’interaction lors de la socialisation de l’individu : épanouissement et autonomie de l’individu. Ces mutations sont en accord avec la montée de l’individualisme, et la facilitent. L’individualisme a changé les relations familiales et l’éducation. Plus la famille est grande plus la sociabilité de la famille augmente. La sociabilité des ménages avec enfants est plus grande que sans enfants (mais elle diminue à partir de trois enfants).
L’école permet de développer son réseau social. Le diplôme confère des savoirs faires : intégration professionnelle, solidifie la cohésion sociale en transmettant des normes communes. Permet la vie collective le respect de l’autorité et des convenances.
Mais élitisme républicain : culture de la compétition (napoléon) former une élite pour gouverner : pas juste et pas efficace. Résultat : la FR baisse chaque année dans le classement Pisa, le taux de chômage des jeunes est de 25%. 40% des élèves avec moins de 10 de moyenne sont défavorisés socialement. L’école FR favorise la reproduction sociale. Possible développement d’une culture anti scolaire.
Les différents milieux sociaux vont avoir des stratégies de calcul coûts/avantages. Les classes favorisées cherchent la performance. Choisissent les meilleures filières et disposent d’informations. Les moyennes cherchent la protection : éviter le déclassement et garantir ascension : évitent les établissements populaires, comptant beaucoup d’immigrés (moins adaptés à l’école) : séparation ethnique. Offre scolaire très différente selon les territoires. Creusement des inégalités, affaiblissement de la cohésion sociale : rejet de l’école par les classes populaires. L’école a plus de mal qu’avant a transmettre les normes et les valeurs communes du fait de la massification scolaire, et parce qu’elle peut être en contradiction avec ses idéaux : égalité des chances. Du coup on insiste sur la transmission des valeurs : éducation civique, histoire, sociologie… cas d’anomie à l’école : absentéisme, violence, décrochage, échec scolaire.
Le travail est essentiel à l’intégration sociale :
-fournit un revenu (société de consommation, de loisir, prestige, accès au logement/propriété
-emploi stable : vie familiale, éducation des enfants
-protection sociale
-statut social
-réseau social
-stabilité psychologique : repères temporels, sentiment d’utilité = estime de soi.
Pour Robert Castel l’intégration sociale est basée sur l’emploi et la sociabilité. Il distingue ainsi 3 zones de cohésion sociale : -d’intégration (emploi stable) insertion relationnelle solide
-de vulnérabilité (emploi précaire)= fragilité relationnelle
-de désaffiliation (chômage) = isolement relationnel qui peut conduire à l’exclusion totale.
Augmentation de la désaffiliation depuis 80s : hausse de l’emploi atypique.
Serge Paugam distingue lui 3 phases de la disqualification sociale :
-phase de fragilité concerne les personnes aux difficultés économiques : apprentissage de la disqualification durant lequel les individus prennent progressivement conscience de leurs différences vis-à-vis du reste de la population possédant un travail stable.
-phase de dépendance : personnes aux difficultés physiques ou morales avec un suivi social régulier : considèrent d’abord l’assistance comme une situation humiliante et adoptent une attitude de distanciation, avant d’accepter leur statu d’assisté.
-phase de rupture : cumul des handicaps accumulation d’échecs conduisant à une forte marginalisation. Phase ultime du processus de disqualification.
Depuis les 80s on observe un changement des méthodes de management dans les entreprises. Individualisation du management. Les salariés sont plus individualisés, isolés, les collectifs de travail affaiblis : plus de risques pour les salariés (pas de défense collective).