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Deuxième degré - Heure commune UAA 2.1.1. Discours et pièges du discours a) Éducation à la Philosophie et à la Citoyenneté UAA 2.1.1. Discours et pièges du discours Évaluer la validité d’un raisonnement et la cohérence d’un discours Repérer les tentatives de manipulation dans les discours --- grille d’analyse iconographique + film et/ou textes politiques (chez nous et ailleurs) Appliquer À partir d’exemples*, amener les élèves à : Questionner les stratégies de persuasion d’un discours (textes, images, mise en scène…) Repérer les présupposés, les préjugés, les sophismes et paralogismes, la langue de bois, les mots mystificateurs ou source d’ambigüités, toute tentative de manipulation ou d’endoctrinement notamment dans les discours politiques, militants, religieux, idéologiques, sectaires… ainsi que dans les discours véhiculés par les médias (presse écrite, parlée, réseaux sociaux, publicité…) Identifier et expliciter les présupposés et les enjeux dans la formulation d’une question ; être capable de reformuler la question d’une autre Transférer À partir de situations nouvelles, amener les élèves à : Décrypter le message que tentent de délivrer une image, une caricature, une vidéo, une chanson, y repérer les éventuelles tentatives de manipulation Prérequis Socles de compétences EPC : 1.1 ; 2.2 ; 2.3 Savoirs Concepts et notions Règles de logique de base Validité d’un raisonnement et vérité d’une proposition Sophismes et paralogismes Discours sectaires, complotistes, manipulateurs Énoncé/énonciation Discours énonciatif et discours performatif Jugement descriptif, jugement évaluatif, jugement normatif Savoir-faire Questionner Attitudes Se distancier (à l’égard de modèles de pensée différents) Adopter une posture critique

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Deuxième degré - Heure communeUAA 2.1.1. Discours et pièges du discours a) Référentiel

Éducation à la Philosophie et à la Citoyenneté

UAA 2.1.1. Discours et pièges du discours

Évaluer la validité d’un raisonnement et la cohérence d’un discours Repérer les tentatives de manipulation dans les discours --- grille d’analyse iconographique + film et/ou textes politiques (chez nous et ailleurs)

AppliquerÀ partir d’exemples*, amener les élèves à : Questionner les stratégies de persuasion d’un discours

(textes, images, mise en scène…) Repérer les présupposés, les préjugés, les sophismes et

paralogismes, la langue de bois, les mots mystificateurs ou source d’ambigüités, toute tentative de manipulation ou d’endoctrinement notamment dans les discours politiques, militants, religieux, idéologiques, sectaires… ainsi que dans les discours véhiculés par les médias (presse écrite, parlée, réseaux sociaux, publicité…)

Identifier et expliciter les présupposés et les enjeux dans la formulation d’une question ; être capable de reformuler la question d’une autre manière

Identifier les émotions que mobilisent ou que veulent/ peuvent susciter des slogans, des publicités, des discours de propagande, des discours politiques ou médiatiques, etc.

TransférerÀ partir de situations nouvelles, amener les élèves à : Décrypter le message que tentent de délivrer une image, une caricature, une vidéo, une chanson, y repérer les éventuelles tentatives de manipulation

Connaitre Expliciter les concepts et les notions et les illustrer à partir d'un exemple Distinguer discours énonciatif et discours performatif, être attentif aux situations dans

lesquelles « dire c’est faire » Distinguer les discours qui énoncent ce qui est et ceux qui énoncent ce qui doit être et

être attentif au passage illégitime de l’un à l’autre.

Prérequis

Socles de compétences EPC : 1.1 ; 2.2 ; 2.3

Savoirs

Concepts et notions Règles de logique de base Validité d’un raisonnement et vérité d’une proposition Sophismes et paralogismes Discours sectaires, complotistes, manipulateurs Énoncé/énonciation Discours énonciatif et discours performatif Jugement descriptif, jugement évaluatif, jugement normatif

Savoir-faire Questionner

Attitudes Se distancier (à l’égard de modèles de pensée différents) Adopter une posture critique

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UAA 2.1.1. DISCOURS ET PIÈGES DU DISCOURSDeuxième degré – heure commune

Cette matière se fixe de nombreux objectifs parmi lesquels nous découvrons la didactique spécifique (développer les jugements normatif et évaluatif) et la déontologie spécifique (respecter le pluralisme éthique et éduquer sans moraliser, c’est-à-dire éduquer à l’autonomie du jugement).

ANALYSE ICONOGRAPHIQUE1 Première heure

Dans un premier temps, il est souhaitable d’initier l’élève à l’analyse esthétique. L’approche proposée est une version très simplifiée de la méthode enseignée aux élèves suivant un cursus en école d’art. Cette technique d’analyse s’acquiert comme en cuisine, en mélangeant délicatement une bonne pincée de temps à un soupçon de patience. Cette maîtrise pouvant être exploitée tout au long du cursus de l’élève doit faire partie intégrante des acquis utiles à ce chapitre « DISCOURS ET PIÈGES DU DISCOURS ».

Vivant dans une société hyper médiatisée, l’imagerie fait partie de notre environnement. Baignant depuis toujours dans ce monde, une assuétude, une accoutumance s’installe jusqu’à nous rendre aveugle de ce qui, par le passé, pouvait sembler évident. A l’inverse de nos ancêtres, nous sommes démunis devant l’image, incapables de percer les subtilités qui l’habitent : tâchons de nous réapproprier ce savoir nous permettant de décoder cet environnement qui nous manipule, qui nous déconnecte de la réalité. Montrons-nous plus intelligent en nous munissant d’un outil capable d’aiguiser notre approche critique à l’égard de l’image quelle qu’elle soit.

Via une projection en PowerPoint, différents exemples d’analyses sont explicités, détaillés, commentés afin de renforcer la bonne compréhension de la démarche à suivre. Cette démarche apparaît comme suit sous forme de slides.

1 Je me suis déjà permis de proposer une peinture à la classe et de leur demander : que s’y passe-t-il ? Quel message est véhiculé dans cette image ? Le but est de démontrer à l’élève que sans le respect scrupuleux d’une méthode d’analyse (outil proposé ici) iconographique, des erreurs sont indéniablement commises. En effet, l’analyse proposée ensuite par le professeur montre à tous l’utilité de cette grille d’analyse.

Grille d’analyse 1. Impression générale2. Analyse…

…de la composition, de la structure de l’œuvre / Entourez les éléments clés. …de la couleur. …de la lumière.

3. A l’aide des points 1 et 2, tentez de comprendre l’œuvre et d’émettre une hypothèse d’interprétation. Quel est le message véhiculé par l’image ? Cherchez à décoder, à découvrir la volonté sous-jacente de l’auteur. (effets recherchés et moyens plastiques mis en œuvre pour les atteindre)

4. Après une mise en commun, le contexte culturel est fourni aux élèves par le professeur. Ce contexte est une donnée supplémentaire non-négligeable à la bonne compréhension de l’image.

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1. Lorsque nous regardons une image, nous éprouvons instinctivement une impression générale. C’est à la fois le premier point à aborder et le moins évident à mettre en pratique. L’élève se limitera à deux, voir trois mots pour décrire son impression face à l’image observée, et ce dans les trente premières secondes. Dépassé ce laps de temps, le cerveau commence à analyser et à interpréter l’objet observé. C’est donc la première impression que nous ressentons au premier coup d’œil. Exemple ci-dessous 2 : Angoisse, calme, statisme, mystère, lumineux, fantomatique, souci

du détail, légèreté.

2. La composition est minutieusement étudiée par l’auteur. Le but est souvent de manipuler le spectateur, de véhiculer un message et de le communiquer. L’objectif de la grille d’analyse consiste à décoder, déstructurer cette composition afin d’en extraire l’essence même. Il est évident que les couleurs (chaudes, froides) et le travail de la lumière (diffuse, clair-obscur, etc.) influent sur l’impression générale. Exemples   : - une couleur chaude comme le rouge excite les sens alors qu’une couleur

froide comme le bleu calme, apaise ; - une lumière diffuse adoucit, apaise, à l’inverse d’un clair-obscur qui

dramatise, angoisse.

Il est utile d’informer l’élève que notre cerveau est formaté tel un ordinateur. Depuis notre plus jeune âge, nous apprenons à lire en partant du haut de la page à gauche et nous terminons la lecture en bas à droite. Il s’agit là d’une balise permettant à l’élève de point de départ pour la déstructuration de l’image. Afin de déstructurer l’image, il est primordial de faire abstraction à la représentation. Ne voyons l’image que comme un enchevêtrement de lignes droites (horizontales, verticales et obliques) et courbes (courbes et contre-courbes). Ces lignes sont soit visibles, soit invisibles (lignes de perspective, les regards, etc.). L’élève se doit de dessiner toutes ces lignes sur l’image qui lui est distribuée en classe. Une note explicative peut y être jointe ! En effet, dans l’élaboration d’une carte, le cartographe repasse sur une photographie aérienne ou une vue satellite. Il retrace chaque route en procédant de la même manière qu’un enfant apprenant à décalquer. Il en va de même ici. Le regard du spectateur suit intuitivement, inconsciemment ce réseau de lignes. Précisons que seul le traçage des lignes sur l’image est attendu de l’élève. Là où le regard accroche, là où il passe le plus souvent (tels de grands carrefours que nul ne peut éviter en traversant une ville), des éléments apparaissent tels des indices sur les lieux d’un crime. L’objectif est de repérer ces éléments clés et de les entourer.

2 A la demande, des exemples moins compliqués peuvent être fournis.

FICHE SIGNALÉTIQUEFICHE SIGNALÉTIQUE

Titre de l’œuvre : « La ville lunaire N°2 »Prénom et nom de l’artiste : Paul DelvauxDate de réalisation : juin 1956Nationalité de l’artiste : BelgeLieux et dates de naissance et de mort de l’artiste : né le 23 septembre 1897 à Antheit, en province de Liège, et mort le 20 juillet 1994 à FurnesDimensions de l’œuvre : 90cm*130cm Technique   : huile sur toile

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3. A partir de ces éléments clés, l’élève, l’enquêteur, tentera d’émettre des hypothèses quant au message transmis au spectateur. Via la projection PPT, un second exemple (ci-dessous) bien plus explicite à propos des éléments clés est proposé à la classe.

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4. Contexte culturel   : il est permis à tous de corriger et de compléter l’analyse à partir des éléments nouveaux apportés par le professeur. C’est ainsi que pour l’œuvre de Delvaux, nous pourrions ajouter :

L’artiste contemporain crée le plus souvent des œuvres en fonction de son inspiration présente. Cette toile ne fait pas l’objet d’une commande avec un thème imposé. La ville et plus particulièrement la lune sont deux thèmes récurrents chez Paul Delvaux. En 1944, il réalisa « La ville lunaire ». Comme dans « La ville lunaire n°2 » de 1956, nous retrouvons une ruelle avec des constructions de part et d’autre. Le point de fuite se situe au loin, à l’horizon, sur cette ruelle.

Paul Delvaux voyage à plusieurs reprises en Italie. En 1939, il visite Herculanum et Pompéi. A partir de ce moment, le décor constitué d’édifices antiques prend plus d’importance. Entre 1954 et 1956, le couple Delvaux s’installe dans la maison de l’avenue des Campanules n°34 à Boitsfort : les sujets de trains, de gares, de banlieue et de forêt se rencontrent souvent dans son œuvre. En 1955, son voyage en Grèce marque son œuvre. Les femmes drapées de blanc, placées dans un décor se référant à l’antiquité classique, datent de cette époque.Un autre thème présent dans son œuvre est l’attitude hiératique et figée du personnage au sein d'un paysage ou d'un milieu urbain tout aussi figé.

Lorsque la classe en a fini avec l’analyse, une mise en commun est réalisée. Ensuite, le professeur procède à une mise au point, corrigeant les erreurs si nécessaire. Voici ce qui peut apparaître dans cette analyse :

le cadre est une fenêtre qui s’ouvre à nous et nous invite à entrer dans un autre monde. Notre regard est amené à voyager à la fois à la verticale, à l’horizontale et à l’oblique. Tout semble statique, rien ne paraît bouger mais notre regard ne cesse d’avoir la bougeotte. Le spectateur pénètre dans l’œuvre, fait partie intégrante de ce monde fantomatique du rêve et finit par angoisser. Si tel est le cas, l’artiste est parvenu à communiquer une part de lui-même.

La lecture de l’œuvre commence en haut à gauche. Le ciel occupe une place importante. Une grande masse noire (ciel) horizontale amène le regard à voyager de gauche à droite. Sur ce fond noir (ciel), les lumières blanches des lampes attirent notre attention. De ces ampoules, des lignes verticales matérialisées par les poteaux des réverbères conduisent le regard à se déplacer du haut en bas. Nous butons sur la ligne d’horizon B. A nouveau notre regard ne cesse de se mouvoir de gauche à droite et de droite à gauche jusqu’à ce qu’enfin nous

Paul Delvaux a un grand attrait pour cette lune qui au travers des différentes cultures et civilisations symbolise la fertilité, la vie, la protection, le renouvellement… La lune incarne le principe féminin, maternel, passif, les ténèbres de l’inconscient,…l’Anima. En astrologie, elle symbolise l’âme, la vie féminine. La pleine lune correspond à la maternité, à la grossesse. La lune noire échappe au contrôle du conscient. Elle est le symbole de l’inaccessible.

Des analyses scientifiques ont été menées afin d’observer ce qui est imperceptible à l’œil nu, d’étudier l’histoire et l’évolution de cette œuvre. La pleine lune se dévoile dans le ciel à droite. « Le geste de P. Delvaux est perceptible : avec un pinceau chargé de matière picturale, l’artiste trace rapidement des lignes circulaires bien marquées 1». De nombreux personnages étaient prévus dans cette composition. Finalement, au cours de la réalisation, l’artiste a décidé de supprimer ces différents éléments pour des raisons probables de composition.

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aboutissions sur le point de fuite se situant au bout de la rue, au milieu de la ligne d’horizon B. La perspective joue un rôle primordial dans la composition. L’œil du spectateur aboutit systématiquement au bout de la rue, là où se rejoignent les lignes de fuite (ligne d’horizon B) sur l’axe de fuite (image 2). L’axe de fuite vertical divise le tableau en deux parties égales, la gauche et la droite. Cette rue suit l’axe de fuite vertical. Notre regard part aussitôt à la découverte, à la recherche d’un indice, d’un message, d’une anecdote. Le visiteur ne peut pas sortir du cadre. Il est piégé. A l’avant-plan, des planches de bois barrent le passage. Seule une petite ouverture (image 1) permet au visiteur de pénétrer l’œuvre. Les lignes verticales sont stoppées net par ces planches qui se croisent (image 1). Ces planches disposées de manière illogique sont la frontière entre le monde connu, le réel, et le monde inconnu, l’irréel. Telles des flèches de panneaux de signalisation, les planches invitent l’œil à repartir dans toutes les directions, vers le haut. Cet ensemble forme une horizontalité qui conduit le regard de gauche à droite. Quand le regard aboutit sur un édifice, la verticalité de celui-ci l’amène très haut dans le ciel (la partie noire). Le cycle est achevé et tout recommence. L’agencement des planches de gauche crée une mouvance qui nous amène soit dans le ciel et les ampoules des réverbères, soit vers la droite (image 1). Là, une planche est alignée dans l’axe d’une ombre qui conduit l’œil vers le haut par le biais des réverbères. A droite, un édifice antique et un mur blanc clôturent l’espace. La porte verte est fermée. Impossible de savoir ce qui se cache derrière. A l’intérieur de cet espace clos une construction ressemble étrangement à un monument funéraire. Est-ce porteur d’un message ? Par leur présence dans cette rue contemporaine, ces deux constructions sont énigmatiques. Il y a ici opposition et confrontation d’un monde antique, ancien, et d’un monde moderne avec ses éclairages électriques. A gauche, une habitation blanche et un long mur nous empêchent de fuir. Une porte ouverte semble être l’ultime échappatoire pour cette femme. Mais elle ne l’aperçoit pas. Dans les films d’horreur, les films fantastiques, il y a toujours un moment crucial où l’acteur reçoit un message l’avertissant du danger. Il ignore toujours cette mise en garde ! Sommes-nous dans un film d’horreur, dans un mauvais rêve ? Nul ne le sait ! Quel danger court cette femme ? Elle n’a plus d’autre choix que de continuer. Le bout de la rue ne semble pas un aboutissement, mais le début de l’inconnu, de l’impalpable.Deux choix sont possibles : emprunter l’un des trottoirs ou marcher au milieu de la route. Dans le premier cas, il y a un éventuel danger car nous ignorons ce qui se cache derrière les palissades de bois. Dans le deuxième cas de figure, la présence de l’éclairage publique peut rassurer. Malheureusement, cet éclairage n’éclaire rien ! Il n’est qu’illusion. Au contraire les ombres liées à une source de lumière puissante et mystérieuse (car non visible dans le tableau) nous rendent vulnérables. Elles ont l’apparence de grandes griffes cherchant à nous attraper, nous emprisonner, nous contrôler…, nous faire plus de mal que de bien. Elles semblent aussi nous protéger, nous dominer telles la mère et les tantes de Paul Delvaux quand celui-ci était enfant. Les palissades, les réverbères et les fils électriques nous forcent à avancer vers un but que nous ne percevons pas. Impossible de s’écarter du chemin. Le visiteur se trouve pris au piège d’un monde angoissant. Quand nous nous promenons dans cet espace, les lignes de fuite, les lignes obliques nous conduisent systématiquement au bout de la rue (point de fuite sur la ligne d’horizon B, image 1). Etrangement, les lignes obliques sont courbes. Ces courbes matérialisent la rue et ses abords que le visiteur se doit de grimper. Cet effet d’optique nous empêche de voir au loin l’éventuel danger qui guette et limite la portée du regard. Comme la femme, le spectateur n’a pas d’autre choix que de risquer de se jeter dans la gueule du loup. Si notre œil est attiré par les lampes, cette illusion nous conduira, non pas à être rassuré, ni à nous échapper de cette atmosphère oppressante, mais plutôt à aboutir à nouveau sur ce même

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point de fuite, ce but ultime, objet de questionnement et d’angoisse. Au fond de la rue, les réverbères créent une sorte d’entonnoir A’ (image 1). Au niveau terrien, les palissades et les réverbères se rétrécissent à fur et à mesure que nous progressons dans la rue. Le piège se referme sur sa victime. La palissade de gauche forme un angle qui nous indique une issue, la porte ouverte. Cette partie de la palissade fait écran et nous empêche de voir au-delà.

Au niveau chromatique, L’artiste joue sur l’opposition du froid et du chaud. Le noir, le brun (couleurs chaudes) tempèrent la froideur dominante de l’œuvre. Le bleu, le gris et le blanc renforcent cette atmosphère glaciale qui attise nos sens.

L’artiste joue de manière subtile sur les oppositions, la complémentarité et le rappel. La femme fait référence à la sculpture antique. La couleur de son vêtement, du mur et de la façade est lumineuse. Nous devons cette blancheur éclatante à la source de lumière que nous ne percevons pas. De l’autre côté, à droite, les édifices sont gris, ternes et sombres. La base du fronton est située sur la ligne d’horizon A (image 2) qui relie les deux édifices entre eux. La vie et la mort, le blanc et le gris, le monument funéraire et la femme, source de vie, sont en vis-à-vis. Cette femme est à elle seule une représentation entre la vie et la mort. Cette longue robe blanche peut faire penser à un fantôme. Il y a dans ce cas un rappel de ce que nous trouvons de l’autre côté de la rue : la mort. La femme évoque aussi cette lune inaccessible au travers de sa symbolique : l’âme, la protection, la fertilité...

La lune, par son absence matérielle dans l’œuvre, marque cet isolement qui met cette femme à la portée du moindre danger. Il en découle une toile dépouillée où l’unique personnage est isolé dans ce paysage nocturne.

Evaluation   : demander à l’élève de choisir librement deux publicités et de procéder à l’analyse comme proposée en classe. Certains élèves choisis au hasard présenteront à la classe leurs analyses au début de l’heure suivante. Ils tenteront de répondre à une question : par quel(s) procédé(s) l’auteur parvient-il à manipuler l’observateur ?

ESPÉRANT NE PAS M’ÊTRE MONTRÉ TROP CONFUS, JE ME TIENS À LA DISPOSITION DE TOUTE PERSONNE EN QUÊTE DE RÉPONSES ET DE SAVOIRS. DE CETTE MÉTHODE D’ANALYSE, IL EST POSSIBLE D’ÉVEILLER LE SENS CRITIQUE

À L’ÉGARD DE TOUTE IMAGE, PUBLICITÉ, PHOTOGRAPHIE DE MAGASINE, PEINTURE, ETC. DANS LE CADRE DE CE COURS, JE FOURNIRAI UN EXEMPLE

REMIS AU MRAH UN PEU PLUS TARD !PRÉCISONS QUE LE DISCOURS NE SE LIMITE PAS QU’À LA PAROLE OU À

Remarque : dans le dossier PPT, l’icone présentée à gauche indique une projection (trouvée sur youtube). L’icône de droite invite à la lecture du texte (dans ce dossier Word) en relation avec la matière vue.

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La vision du monde laisse place une très grande diversité de discours différents. Cette différence, nous la devons à la grande variété de cultures constituant notre humanité et façonnant une multitude de modèles de pensée aussi saisissants que nuancés. Chaque modèle

résulte d’une histoire, d’un parcours qui le caractérise, d’une culture et d’un patrimoine qui lui sont propres. Dans un souci de bonne entente et d’ouverture sur ce monde bigarré il est primordial de lutter contre les préjugés et les convictions qui portraient notre imperfection. Cette prise de conscience est l’unique issue pour accéder au statut de citoyen du monde. La mésentente doit faire place aux compromis et à la tolérance. (Slides 1-37 : notes explicatives et commentaires du professeur disponibles sur demande)

LE SOPHISME, QU’EST-CE ? (accroche) (slide 39) Deuxième heure

Présentation de la petite recherche (devoir) abordée à la page précédente. Dans ce discours non verbal, nous nous apercevons que l’art de la manipulation atteint son paroxysme.

Dans les discours et les débats télévisés, les personnalités politiques cherchent avant tout à convaincre leur public, quitte, parfois, à faire des erreurs de logique. Quand ces erreurs sont volontaires, ce sont des sophismes. Là, leur intention est de tromper leur auditoire. Mais heureusement, grâce aux recherches des philosophes et des linguistes, on sait comment ces erreurs de logiques sont construites.

Visionnage de quelques documents vidéo (tapez  sophismes et/ou politique  sur youtube.com). A chaque projection, place aux réactions et aux questions… (vidéos 1, 2 (slide 40) et 3 ( Donald Trump et les skittles   : slide 55 ) à la fin du sophisme )

Définition «   sophisme   » Etymologie : du latin sophisma, sophisme, venant du grec ancien sophisma, habileté,

invention ingénieuse, raisonnement trompeur, dérivé de sophia, sagesse, savoir.

Un sophisme est un raisonnement fallacieux, malgré une apparence de vérité, qui est délibérément conçu pour tromper ou faire illusion. Il peut cependant être utilisé intentionnellement pour montrer les limites des règles logiques ou les difficultés à les manier en créant un illogisme ou une antinomie.Synonymes : aberration, illusion.Le sophisme se distingue du paralogisme qui est une erreur involontaire dans un raisonnement sans intention d'induire en erreur. (slides 40-45)

Note explicative Présenté comme une démonstration rigoureuse et logique, parfois comme un syllogisme, un sophisme est en réalité faux car incomplet ou ambigu. Il est constitué d'une ou plusieurs prémisses vraies ou prétendues vraies, agencées dans un raisonnement séduisant mais erroné, qui ne respecte pas les règles de la logique, même si la conclusion est vraie. Les sophismes sont difficiles à réfuter si l'on ne maîtrise pas la logique.

ExemplesTout ce qui est rare est cher,Un cheval bon marché est rare, Donc un cheval bon marché est cher.

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Exercices   : - analyse d’une publicité à partir de la grille d’analyse iconographique (slide 61) ; - projection d’une publicité (slide 62) : une poire recouverte de chocolat… Le

chocolat étant de l’huile de moteur ;

Les Sophistes de l’époque antique se sont appliqués dans quatre domaines   : dans la pensée du droit 

Mettant en évidence l’opposition entre le droit naturel et la convention, quel est le fondement des lois en vigueur ? Calliclès enseigne le contraire, à savoir que la loi est un moyen qu’emploient les faibles pour se protéger des forts.

dans la philosophie morale  Même les valeurs morales n’existent pas par nature, mais sur la base de conventions. C’est pour cette raison qu’elles revêtent des significations différentes selon les époques et les lieux où elles sont en vigueur.

dans la religion  La religion est expliquée de la même façon que le droit, comme une invention de l’homme. Critias explique : « mais, puisque par les lois ils étaient empêchés par la force, au grand jour, d’accomplir leurs forfaits, mais qu’ils les commettaient à l’abri de la nuit, alors, je le crois, un homme à la pensée astucieuse et sage inventa la crainte des dieux pour les mortels, afin que les méchants ne cessent de craindre d’avoir compte à rendre de ce qu’ils auraient fait, dit, ou encore pensé, même dans le secret. »

dans la théorie de la connaissance C’est dans ce domaine que se fait sentir durablement l’effet de la relativité. Parmi les plus célèbres, Gorgias de Léontium affiche un nihilisme bien à lui. Poussant très loin le scepticisme, il établit successivement trois principes : le premier, qu'il n'y a rien, le second, que, même s'il y a quelque chose, ce quelque chose est inconnaissable à l'homme, le troisième, que, même si ce quelque chose est connaissable, il ne peut être ni divulgué ni communiqué à autrui. C’est pour cette raison que toute tentative pour trouver et pour

Les   Sophistes , (slides 46-54) qui sont à l'origine du mot sophisme, étaient des penseurs de la Grèce antique réfutés et discrédités par des philosophes comme Aristote, Socrate, Platon, Bacon, Mill ou Bentham. Professeurs d'éloquence, maîtres en rhétorique et en philosophie, ils allaient de ville en ville pour enseigner l'art de parler en public et les moyens de l'emporter sur son adversaire dans une discussion, un art bien utile dans le contexte des démocraties grecques qui impliquait une participation directe des citoyens. Les Sophistes donnent à Athènes l'éducation de l'esprit et du verbe nécessaire à un état démocratique où les charges étaient dévolues à ceux qui savaient le mieux convaincre. La persuasion étant une donnée fondamentale du jeu politique, il s'agit d'apprendre à organiser la joute oratoire et à soutenir thèse et antithèse avec un égal brio. Si l'on peut prouver une chose et son contraire, alors rien n’est stable. Ainsi les Sophistes ébranlaient-ils les vérités traditionnelles tant morales que religieuses. La porte était ouverte au relativisme, au scepticisme, voire au nihilisme : si tout est vrai, alors rien n'est vrai.Les Sophistes ont acquis une mauvaise réputation et dans le langage courant "sophiste" est devenu synonyme de raisonneur sachant par l'art de la parole

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- advertising (travail de groupe) (slide 63) ; - sophisme politico-économique (slides 64-71) : commenter chaque slide.Film long métrage «   The great debaters   » (slide 72)L'histoire vraie du professeur Melvin B. Tolson, qui forma une équipe de débat dans un petit lycée réservé aux Afro-Américains dans les années 30.Par débat, soulignons cet art de la rhétorique enseigné par les Sophistes de la Grèce antique mêlant habilement la thèse et l’antithèse. Les élèves produisent un travail titanesque afin de préparer leurs débats. Un travail de recherche les amène à une maîtrise totale du sujet qu’ils ont à traiter. L’un des objectifs de ces confrontations ne consiste pas à soumettre la vérité mais une vérité. Convaincre le public coûte que coûte reste le but ultime. Après visionnage demander aux élèves d’établir une synthèse (et non un résumé) dans laquelle apparaît clairement les trois séquences du film. Il est nécessaire d’expliquer à la classe avant projection la structure d’un film (trois séquence. En admettant que la première partie finisse bien, la seconde se clôturera de manière « désastreuse » et ainsi de suite. Tel un pendule, il y a une alternance entre bon moment et mauvaise passe… Dans un second temps il est demandé à l’élève de faire le parallèle entre le film et le contenu du cours.

L’ANALOGISME, QU’EST-CE ? (slides 56-60)

n.f. Du grec analogos, qui est en rapport avec, proportionnel. Sens ordinaire, logique et philosophique. 1. Egalité de rapport entre quatre éléments pris deux à deux (a/b=c/d). 2. Comparaison ou similitude entre éléments qui – semblables sous un certain angle- sont par ailleurs différents.

Exemple   : A l’origine, dénommée analogia en grec, ce mot caractérise les mathématiques de la proportionnalité. C’est ainsi que Thalés de Milet calcula la hauteur des pyramides d’Egypte d’après le rapport entre leur ombre et le corps humain. Première découverte de la géométrie grecque.En philosophie, Pythagore, ainsi qu’Héraclite, développèrent la notion de summetria (symétrie), comme un concept du rapport entre l’homme et l’univers.Ainsi le Soleil, et tout le cosmos, seraient selon eux proportionnés, en commune mesure par rapport à l’homme. Cette vision construite sur une illusion disparait au XVIIe siècle avec les progrès de la Science.Ainsi les médecins astrologues font une analogie entre beauté et santé. Mais cette approche aboutit aux erreurs de jugements fondés sur les apparences extérieures.En astrologie, géocentrique notamment, l’usage de l’analogie constitue une cause régulière d’erreurs. Parce que l’analogie est la première phase de l’induction, les astrologues géocentriques tiennent pour acquis que le futur ressemblera au passé. Ils prédisent ainsi le futur sur la base d’expériences passées. Selon la formulation A est à B ce que C est à D. Affirmation selon laquelle tout ce qui est vrai dans le rapport entre A et B l’est aussi dans le rapport entre C et D.

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Exemple   C’est ainsi que Nostradamus, se basant sur les prétendues relations corps humain, signes astraux et particularités morphologiques des signes, délivra l’horoscope d’Antoine Suffren à Salon de Provence, rapporté par Gassendi, dans ses lettres à Morin en 1649, ainsi que sa Biographie rédigée par le Père Pierre Bourgarel, selon lequel, pour l’apparence physique il porterait une longue barbe crépée. Suffren se faisait raser tous les jours fut imberbe sa vie durant. Qu’il aurait les dents malpropres et rongées par la rouille, jusqu’à sa mort sa dentition resta blanche. Qu’à sa 37e année il serait blessé par ses frères utérins. Il était fils unique, son père n’eut qu’une femme. Qu’il se marierait hors de sa province. Il se maria à Salon de Provence où il habitait. Qu’il étudierait la géométrie, la philosophie occulte, les sciences naturelles, il n’étudia que le droit et la jurisprudence. Qu’il mourrait en 1618, il trépassa en 1597.

DISCOURS ÉNONCIATIF ET DISCOURS PERFORMATIF (slides 117-120)

«   Quand dire c'est faire   » La performativité est le fait pour un signe linguistique (énoncé, phrase, verbe, etc.) d'être performatif, c'est-à-dire de réaliser lui-même ce qu'il énonce. Le fait de prononcer un de ces signes fait alors advenir une réalité. Par exemple, lors du jugement d’un accusé, la sentence décidée par le juge déterminera l’avenir de l’individu. Il deviendra soit coupable, soit innocent.  Certains scientifiques considèrent ce type de système comme des constructions sociales. En parlant de performativité, il faut prêter une certaine attention aux contextes dans lesquels se produit l’énonciation.Toute réalité sociale repose sur des actes performatifs et des « croyances partagées », c’est-à-dire, les représentations collectives qui façonnent nos manières de penser à l’échelle individuelle, et ce, souvent inconsciemment. Ainsi les idées, la pensée sont contrôlées par le contexte social et culturel, et en sont partiellement dépendantes.

«   Le roi de France est chauve   » On appelle énoncé tout message oral ou écrit produit par un locuteur (ou énonciateur) dans un contexte déterminé. L’énonciation est l’action (individuelle) qui a pour résultat la production de ce message. Relevant de l’implicite (ce qu'on dit sans le dire), l’énoncé peut être présupposé ou sous-entendu.Exemple   : - « Juliette fait toujours de la danse » (présupposé : Juliette faisait de la danse

avant).- « Alain ne déteste pas le vin » (sous-entend qu'Alain aime beaucoup le vin).

VÉRITÉ D’UNE PROPOSITION, VALIDITÉ D’UN RAISONNEMENT (slides 109-116)

LA LOGIQUE: VÉRITÉ ET VALIDITÉ3(slide 110)

3 Robert Blanché, Introduction à la logique contemporaine, Éd. Armand Colin, 1968, pp. 10-13.

Aristote (-3841 - -322) est un philosophe grec de l'Antiquité. Avec Platon, dont il fut le disciple à l'Académie, il est l'un des penseurs les plus influents que le monde ait connus. Précepteur d’Alexandre le Grand d’abord, il fonde ensuite vers -335 sa troisième école, le Lycée, sur un terrain loué (Aristote est un métèque, il n'a donc pas le droit à la propriété). Le Lycée est situé sur un lieu de promenade (peripatos), où le maître et les disciples philosophent en marchant. Les aristotéliciens sont donc « ceux qui se promènent près du Lycée » d'où le nom d'école péripatéticienne (Peripatêtikoi, se promener).

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Considérons le syllogisme 4 traditionnel Tout homme est mortel Socrate est homme (1) Donc Socrate est mortelIl est clair d’abord que la validité d’un tel raisonnement n’est nullement liée au personnage sur qui il porte: si ce raisonnement est valable pour Socrate, il le serait aussi bien pour Platon, pour Alcibiade, ou pour n’importe qui. Nous pouvons donc y remplacer le nom de Socrate par une lettre x jouant le rôle d’une variable indéterminée, et marquant seulement la place pour le nom d’un homme quelconque. Et même, il n’est pas nécessaire que ce soit un nom d’homme: car si j’écris « Bucéphale ou «l’Himalaya», ma mineure assurément sera une proposition fausse et ma conclusion risquera donc de le devenir aussi, mais mon raisonnement n’en demeurera pas moins valable, en ce sens que si les deux prémisses étaient vraies, nécessairement la conclusion le serait aussi. Cette variable x, qui représente un individu quelconque, nous l’appellerons une variable individuelle. Nous pouvons donc écrire notre raisonnement sous cette forme plus schématique:

Tout homme est mortelx est homme (2) Donc x est mortel

Faisons un second pas. La validité de ce raisonnement ne dépend pas non plus des concepts qui y figurent: homme, mortel. Il est donc permis de les remplacer par d’autres sans faire perdre de sa force au raisonnement. Pour marquer cette possibilité, je substituerai, là aussi, aux mots qui les désignent, des lettres symboliques, f, g, aptes à représenter des concepts quelconques : ce sont des variables conceptuelles. D’où cette nouvelle présentation…

Tout f est gx est f (3) Donc x est g

[…] Nous n’avons plus affaire qu’à un schéma de raisonnement ou, si l’on veut, à un moule à raisonnements, qui donnera un raisonnement lorsqu’on y coulera une matière. Seulement, quelle que soit cette matière, le raisonnement sera bon, parce que sa validité ne dépend que de la forme du moule, qui demeure invariante.On voit en quel sens on peut parler de la forme d’un raisonnement. Mais on voit aussi qu’avec cette forme, la notion de vérité semble avoir disparu. D’une part, notre schéma de raisonnement n’est pas plus susceptible de vérité que ne l’était le raisonnement initial, il est seulement, comme lui, susceptible de validité : la vérité et la fausseté ne peuvent convenir qu’aux propositions elles-mêmes, non à la manière de les organiser. […]Pour retrouver la notion de vérité, il faut passer de la forme inférentielle5 du raisonnement à l’implication qui lui correspond […] Si tout f est g et si x est f, alors x est gCette formule peut-elle être encore qualifiée de vraie ? […]Oui […] en ce sens que, contrairement aux trois schémas propositionnels précédents, celui-ci donnera une proposition vraie quelles que soient les valeurs qu’on assigne à ses variables. Cela ne fait qu’exprimer, en langage d’implication, ce que nous exprimions tantôt en langage d’inférence quand nous disions que la validité d’une inférence est indépendante de son contenu. On dira, par abréviation, qu’une telle formule est toujours vraie. C’est ce genre de vérité, qu’on appelle tautologique, qui constitue la vérité formelle ou, comme on peut aussi la qualifier, la vérité logique.

Si ces raisonnements sont parfaitement logiques, ils apparaissent souvent dans notre pensée de façon bâclée : un des problèmes principaux que l'on rencontre, réside dans le fait que la

4 En logique aristotélicienne, le syllogisme est un raisonnement logique à deux propositions (également appelées prémisses) conduisant à une conclusion, qu'Aristote a été le premier à formaliser dans le Livre III de l'Organum.5 Adj., relative à des inférences, conclusions à partir d'une assertion considérée comme vraie.

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prémisse conditionnelle peut être fausse tout en semblant correcte, comme le montre l'exemple suivant :

Si un groupe ethnique obtient, dans des tests de Q.I., des résultats inférieurs en moyenne à ceux d'un autre groupe ethnique, les membres du premier groupe peuvent être considérés comme étant d'une intelligence inférieure à ceux du second. Or le Q.I. moyen des Noirs américains, mesuré par ces tests, est inférieur à celui des Blancs américains. Donc, les Noirs américains sont moins intelligents que les Blancs américains.

On confond souvent des vérités établies avec des suppositions qui paraissent évidentes. En ces cas, la prémisse conditionnelle entraine une fausse conclusion d'apparence logique. La prémisse de cet exemple suppose que des résultats de QI dépendent uniquement du niveau intellectuel, propre à tout le groupe. Cette présupposition ne tient pas compte de différences culturelles qui peuvent biaiser les tests de QI, ni du type d'intelligence mesurée, etc., et le raisonnement, bien que logique, débouche sur une conclusion suspecte.

Projection d’une vidéo explicitant parfaitement ce qu’est ce syllogisme (La démonstration (1-3) Les règles de la déduction - Philosophie – Terminale).

Exercice à faire à domicile : inviter l’élève à trouver un exemple de syllogisme et un exemple de sophisme. Demande est faite de comparer les deux exemples en cherchant le(s) différence(s). Indice fourni à l’élève : pourquoi parlons-nous d’un faux syllogisme en présence d’un sophisme ? Certains élèves seront invités à présenter leur « découverte » devant la classe.

JUGEMENTS DESCRIPTIF, ÉVALUATIF ET NORMATIF (slides 121, 122)D'un point de vue épistémologique, on peut distinguer deux types de jugements : les « jugements de faits » et les « jugements de valeur ». Le jugement de fait implique une observation neutre et objective. Le jugement de valeur implique une évaluation et une appréciation subjective.Si je décris les scénarios possibles pour un voyage en Grèce, c’est une description. De même, si j’examine la faisabilité d’un trajet pour arriver à Athènes, c’est descriptif. Mais ce ne l’est plus quand j’essaie de démontrer que tel itinéraire est le meilleur. Lorsqu’on essaie de décrire de quoi il s’agit par rapport à une situation, il convient d’en rester le plus possible au descriptif, notamment en décrivant les points controversés et les arguments avancés, sans prendre position.Exemples  

Jugements de fait, DESCRIPTIFS , objectifs : « La portière de la voiture est mal fermée » « Il pleut ce soir, etc.»

Jugements de valeur, prescriptifs   et subjectifs  (prendre position) : « La plaisanterie musicale » est une des pièces les plus drôles de Mozart. « Ce peintre n'a aucun talent »

DÉVELOPPER LE JUGEMENT ÉVALUATIF (slides 123, 127)L’objectif d’une éducation morale est de former les jeunes à prendre position quant au bien-être et au devoir-être, bref à développer leurs jugements évaluatif.Développer un tel jugement consiste à :

1. leur faire identifier des valeurs et en particulier les leurs par analogie avec celles de leurs comparses mais aussi celles d’auteurs ou véhiculées par des textes et des images ;

2. leur faire hiérarchiser leurs valeurs (échelle de valeurs ou échelle axiologique) ;

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3. les amener à repérer le pluralisme des échelles axiologiques dont découle en démocratie profane le respect du pluralisme éthique.

«   Connais-toi toi-même   » Du point de vue pédagogique, il importe donc que l’enseignant mette les élèves en situation de clarifier leurs valeurs et de les hiérarchiser sans que le groupe-classe ne discute à proprement parler ces choix. La fonction déontologique est de respecter les choix de l’élève et de les faire respecter par les autres dans le groupe-classe, ce qui revient à faire découvrir par tous qu’il n’y a pas à priori de bonnes ou de mauvaises valeurs. Le professeur peut tout au plus faire découvrir par l’expérience que certains choix sont plus judicieux que d’autres pour le vivre ensemble. Cela revient à prendre la valeur comme le condensé d’une norme que l’expérience a validé ou non.

Exemples pédagogiques1. En éducation à la citoyenneté, pour différencier valeurs et normes, préférences

personnelles et objectivité juridique : on peut demander aux élèves de lire la Déclaration universelle des droits de l’Homme (document PDF téléchargeable à lire et/ou à imprimer) et de sélectionner les cinq articles qui leur semblent les plus importants ou auxquels ils sont le plus attachés. Ils doivent ensuite dégager la valeur qui sous-tend ces cinq articles et les classer dans un top 5 de leurs valeurs. Cette activité fait alors apparaitre la différence entre le point de vue axiologique subjectif et l’ordre logique qui prévaut dans tout texte juridique (le point de vue objectif du Droit). Le participant, quel que soit son âge, découvre alors que sa préférence va à la liberté, à l’égalité, à la solidarité ou à la justice, à l’asile, à la liberté de culte, au procès équitable… que son attachement aux droits peut être d’ordre biographique et relié au « Connais-toi toi-même » dans un ordre qui n’est pas celui de la Déclaration qui servira de référence, lui, dans le cas d’un procès par exemple.

2. L’élève peut aussi être conduit à clarifier ses propres valeurs en opposition ou par comparaison avec celles d’un auteur. Pour ce faire, la source peut être un texte philosophique ou un article de journal. L’objectif est, dans un premier temps, de faire retrouver par les élèves les valeurs défendues ou rejetées, explicitement ou implicitement, dans les différents textes (des aphorismes de Ainsi parlait Zarathoustra, le chant de l’Internationale, etc.) ; dans un second temps, de faire élire trois valeurs par chaque élève qui doit les classer par ordre d’importance parmi toutes les valeurs retrouvées dans un des textes.

ParolesDebout, les damnés de la terreDebout, les forçats de la faimLa raison tonne en son cratère,C'est l'éruption de la faim.Du passé faisons table rase,Foule esclave, debout, deboutLe monde va changer de base,Nous ne sommes rien, soyons tout.Refrain (répété deux fois) C'est la lutte finale ;Groupons nous et demainL'InternationaleSera le genre humain.

Il n'est pas de sauveurs suprêmesNi Dieu, ni César, ni Tribun,Producteurs, sauvons-nous nous-mêmesDécrétons le salut commun.Pour que le voleur rende gorge,Pour tirer l'esprit du cachot,Soufflons nous-mêmes notre forge,Battons le fer tant qu'il est chaud.L'État comprime et la Loi triche,L'impôt saigne le malheureux ;Nul devoir ne s'impose au riche ;Le droit du pauvre est un mot creuxC'est assez languir en tutelle,L'Égalité veut d'autres lois ;

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"Pas de droits sans devoirs, dit-elleÉgaux pas de devoirs sans droits."Hideux dans leur apothéose,Les rois de la mine et du railOnt-ils jamais fait autre choseQue dévaliser le travail ?Dans les coffres-forts de la banqueCe qu'il a crée s'est fondu,En décrétant qu'on le lui rende,Le peuple ne veut que son dû.Les rois nous saoulaient de fumée,Paix entre nous, guerre aux TyransAppliquons la grève aux armées,

Crosse en l'air et rompons les rangs !S'ils s'obstinent ces cannibalesA faire de nous des héros,Ils sauront bientôt que nos ballesSont pour nos propres généraux.Ouvriers, paysans, nous sommesLe grand parti des travailleurs,La terre n'appartient qu'aux hommes,L'oisif ira loger ailleurs.Combien de nos chairs se repaissent !Mais si les corbeaux, les vautours,Un de ces matins disparaissent,Le soleil brillera toujours.

DÉVELOPPER LE JUGEMENT NORMATIF (slides 128-129)L’éducation morale est essentiellement une éducation au jugement normatif, c’est-à-dire qu’il s’agit d’apprendre au jeune à décider d’obéir volontairement aux normes d’action parce qu’elles se justifient pour atteindre un but, une fin, voire préserver l’humanité de l’homme (prendre l’homme comme fin, dirait E. Kant).Développer le jugement normatif consiste à (Exercice à réaliser par groupes de 6 / Fournir des exemples / En tirer une conclusion / Echange avec les autres groupes) :

1. leur faire réfléchir à ce qu’il convient de faire pour atteindre un but ;2. leur apprendre à distinguer différents buts : un but simplement pratique (efficacité de

l’action), un telos (une fin, c’est-à-dire le but d’une existence, le bonheur, la réussite d’une vie, le salut dans un au-delà de la vie terrestre…), une finalité humaine (humanité de l’homme) ;

3. leur faire hiérarchiser des normes d’action en fonction des différents objectifs, découvrir que certaines normes sont plus générales (incluant le point de vue subjectif) que d’autres (excluant d’autres points de vue subjectifs) ;

4. leur faire comprendre que le vivre ensemble dans un État de droit suppose de pouvoir généraliser une norme pour tous à égalité ;

5. leur faire reconstruire la nécessité d’une sanction attachée à la transgression d’une norme juridique ;

6. les amener à distinguer le légal et le légitime (une norme juridique n’est pas forcément juste) ;

7. leur faire découvrir qu’un désaccord avec le législateur peut prendre la forme d’une désobéissance civile, sachant que celle-ci peut entrainer une sanction.

Plusieurs études et recherches montrent que le développement du jugement normatif s’opère lorsque les élèves recourent à l’échange d’arguments moraux entre les pairs.

Exemples pédagogiques « Choisir entre voler le pharmacien pour guérir sa femme ou la laisser mourir faute d’avoir les moyens de pouvoir acheter le médicament ». Le dilemme moral est plus contraignant parce qu’il décrit une situation dans lequel le « héros » du récit, que l’on appellera « X », se trouve face à deux issues contradictoires sans que l’une ne soit à priori meilleure que l’autre. Sous cette réserve, bien des dilemmes peuvent constituer la base d’une discussion normative. Dilemme d’Aisha : « Aisha est marocaine et sort avec Patrick. Une de ses amies lui apprend que Patrick fait partie d’une bande de “skins” et l’emmène dans un bistrot où ils se réunissent. Aisha assiste

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à une discussion dans un café entre Patrick et les “skins”. Il y est question de venger un des leurs, grièvement blessé, en organisant un attentat dans un établissement où se réunissent les amis et frères de Aisha. Aisha tente d’en empêcher Patrick, sans succès. Plus, celui-ci la menace de représailles si elle diffusait le secret. L’attentat projeté est imminent. Que doit faire Aisha, prévenir la police ou être fidèle à son ami ? »

DISCOURS SECTAIRE, COMPLOTISME ET MANIPULATION Le propos politique d’Abraham Lincoln (1809-1865), seizième président des États-Unis, peut aussi s’appliquer ici :« On peut tromper tout le monde un peu de temps, on peut tromper un peu de monde tout le temps, mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps ». (Accroche que les élèves tenteront d’expliciter) (slide 73) DISCOURS SECTAIRE- SECTE (slides 74-77)

Sectaire : se dit de quelqu’un qui, par intolérance ou étroitesse d’esprit, se refuse à admettre des opinions différentes (religieuses, philosophiques ou politiques) de celles qu’il professe.

Il serait plaisant de croire que le discours sectaire est caricatural et absurde. Tel n’est pas le cas. Le plus souvent parfaitement cohérent, il résulte d’un juste dosage entre des proportions qui savent se rendre attirantes et qui dissimulent ce qui fait peur. Comme pour toute organisation sociale, la capacité d’une secte à recruter est déterminante pour sa survie. L’auteur s’interroge : « Comment la langue peut-elle contraindre la liberté de nos choix et l’intégrité de notre personne ? Comment identifier ces pièges pour s’en protéger ? » Un des mérite de cette étude compétente et rigoureuse est de donner des clés de compréhension, des mécanismes de séduction, sachant que la langue constitue pour celui qui l’utilise une prise de pouvoir, même bienveillante, sur le destinataire du message.Un discours sectaire est donc la tentative de remplacer la croyance par l’adhésion à un savoir cristallisé dans un langage idéalisé et dans un système stable de signes et de règles, que rien ne peut remettre en cause, dans la mesure même où ils sont destinés à éviter tout changement et toute émergence d’un conflit dans le groupe, d’où qu’il vienne. «   Secte   » désigne de nos jours un groupe ou une organisation, le plus souvent à connotation religieuse, dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou malveillants par le reste de la société. Généralement, les responsables de ces groupes sont accusés d’une part de brimer les libertés individuelles au sein du groupe ou de manipuler mentalement leurs disciples, afin de s’approprier leurs biens et de les maintenir sous contrôle, et d’autre part d’être une menace pour l’ordre social. Le mouvement utilise des techniques de conditionnement. Les dirigeants cherchent d’abord leur profit personnel en adoptant de beaux discours, de belles paroles, de grandes exhortations contredites par leur comportement. Ces escrocs vendent un produit de type religieux personnes souvent déséquilibrées entrainant leurs adeptes dans leur perception religieuse délirante. Ainsi il leur est possible d’amener certaines personnes à commettre des actes dommageables pour elles-mêmes ou pour d’autres alors qu’elles ne les auraient pas commis avant leur entrée dans le mouvement. Tenant compte des avancées scientifiques actuelles, les victimes ayant vécu un véritable lavage de cerveau ne peuvent être déprogrammées. Par contre, il est possible de déplacer le système de valeurs qui détermine le jugement et donc le comportement de la personne par un travail à la fois sur l’intellect et l’affectif de la personne.

Commenter les slides 78-80 à l’aide du texte 4 en annexe.Visionner les documentaires sur la scientologie (slide 81). Commentaires et discussion libre s’en suivront. Il sera demander de réaliser un devoir dans lequel l’élève comparera le contenu

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du (des) documentaire(s) avec le contenu d’un article choisi librement et parlant de la scientologie.

DISCOURS COMPLOTISTE Le point de départ de chaque théorie du complot est le doute : se méfier de la version officielle est devenu le moteur rhétorique de ceux qui diffusent les théories du complot. Douter de quelque chose est un réflexe utile, ne pas croire de manière aveugle à tout ce qu’on lit ou écoute constitue la base même de ce qu’on appelle l’esprit critique. Ce principe est pourtant dénaturé dans le cadre du complotisme. On parle alors d’hypercritique, ce qui peut être défini comme une méthode d’argumentation consistant en la critique systématique et excessive des moindres détails d’une affirmation. Ce doute toujours présent est le symptôme d’une rupture majeure de la confiance de la part des citoyens.  Cette rupture est certainement due à de réels abus6.

Rapidité d’apparition Ce qui caractérise en premier lieu les thèses complotistes qui se propagent à travers les médias, c’est la rapidité foudroyante avec laquelle ces théories sont produites et diffusées suite à des événements dits « suspects ». Or, la démonstration de complots ayant réellement existé a pris chaque fois plusieurs années de recherche historique7. 

Opposition systématique à la «   version officielle   » L’argumentaire conspirationniste fait la part entre la « thèse officielle » - la thèse validée par ceux qui tirent les ficelles du complot – diffusée par certains médias, et la version « alternative », véritable et dénonciatrice, soutenue par leur nébuleuse. 

«   À qui profite le crime   »   ?   Cause, conséquence et corrélation se confondent Souvent, derrière cette question rhétorique, se cache le début d’un discours conspirationniste. Il s’agit souvent de renverser la logique binaire cause-conséquence pour donner de la plausibilité à des théories : les conséquences d’un événement deviennent autant d’indices pour pointer du doigt les prétendus « commanditaires », ceux qui sont à la base de l’acte. Parfois, la confusion entre causalité et corrélation s’opère également dans ce type de discours. Or, si deux événements se succèdent ou se produisent en même temps, l’un n’est pas forcement la cause de l’autre. Un exemple de cette confusion se trouve  dans une théorie qui a circulé suite aux attentats du 13 novembre 2015. L’État français aurait organisé les attentats de Paris pour pouvoir justifier la mise en place de lois restrictives, ce qui a en effet eu lieu avec le dispositif de l’« état d’urgence » déclaré par les autorités françaises suite à ces attentats. Ici on peut remarquer que la conséquence des faits – l’état d’urgence déclaré suite aux attentats – en devient la cause (les attentats sont organisés pour justifier l’état d’urgence). 

       

6 Il suffit de penser aux mensonges construits par l’administration américaine, dans la période de la présidence Bush Junior, pour justifier son intervention en Irak en 2003 ou à la collusion évidente entre lobbies industriels et décideurs politiques.7 Thierry Meyssan : le jour même de l’attentat à la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, il publiait un article visant à démonter l’hypothèse d’un acte de terrorisme de matrice islamiste. Meyssan affirmait que les commanditaires de l’attentat se trouvaient plutôt du côté du gouvernement américain. Meyssan est aussi à la base de la diffusion, dans le monde francophone, des théories conspirationnistes autour des attentats du 11 Septembre 2001.

Les théories du complot se concentrent sur des événements souvent très différents mais elles présentent des CARACTÉRISTIQUES RÉCURRENTES, des signaux à travers lesquels on peut facilement repérer la nature conspirationniste d’une publication ou d’un

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L’impossible hasard et la parfaite cohérence Dans la rhétorique complotiste, les argumentaires se basent sur une série de détails qui sont présentés comme liés les uns aux autres. Tous les éléments analysés participent à expliquer la thèse de fond d’une conspiration. Le hasard n’est pas considéré comme un facteur pouvant expliquer un fait. D’ailleurs, les expressions « tout est lié » et « rien n’arrive par hasard » se retrouvent souvent dans les discours complotistes. En ce sens, le complotisme est une scénarisation du réel. Or, dans la vie de tous les jours, les événements se succèdent sans que personne n’ait une réelle maîtrise sur eux. 

Ignorer les témoignages à l’encontre de la théorie du complot Toujours dans le but d’apporter de l’eau au moulin de leur argumentation, les adeptes des théories des complots présentent une sélection souvent incomplète des données et témoignages. En ignorant ou dénigrant les sources qui contredisent leurs démonstrations, « le conspirationniste est imperméable à la contre-démonstration et ne retient que ce qui va dans le sens de la théorie du complot ».

Utilisation particulière de l’avis d’experts (argument d’autorité). S’appuyer sur la science et la raison

Les complotistes recourent de manière constante à l’utilisation de l’avis d’« experts » pour valider leurs théories. Ils font appel à l’« argument d’autorité » : un raisonnement qui s’appuie sur l’avis d’une autorité reconnue en termes de connaissance ou de pouvoir. 

Exemple   : la Fraternité de la Mort, Skull & Bones (slide 83)L’ordre de Skull & Bones est une société secrète américaine basée sur le campus de l’université de Yale, dans le Connecticut. Elle a des connexions avec la franc-maçonnerie, les Jésuites et les Illuminatis (explications plus bas !). C’est aussi une des plus vieilles sociétés secrète pour étudiants aux USA. Les membres de l’ordre du Skull & Bones sont appelés bonesmen.

On affuble aussi cette organisation d’un autre pseudonyme, sans équivoque : The Brotherhood Of Death (La Fraternité de la Mort)... Rappelons-nous que la société secrète Thulé, où Hitler fut initié, portait également le même nom et avait les mêmes armoiries ! On retrouve d’ailleurs l’un et l’autre sur ce qu’était son extension physique et visible, la SS.

L’ordre de Skull & Bones recrute 15 nouveaux membres par ans, ce qui fait un très petit nombre de membres actifs. Il y a aujourd’hui moins de 800 membres dans l’ordre.

Les vidéos complotistesLes vidéos complotistes sont produites avec une véritable mise en scène : les effets présents dans ces vidéos sont conçus pour semer le doute parmi les spectateurs. Les caractéristiques décrites ci-dessus s’y retrouvent… On verra, dans la construction des phrases énoncées par la voix-off, une utilisation importante des modes  conditionnel et impératif, ainsi que la présence de nombreuses questions rhétoriques (qui resteront donc sans réponse) visant à plonger les spectateurs dans l’incertitude. Certains mots et expressions tels que « comme par hasard » ou « coïncidence » sont  récurrents.De plus, dans la construction de la vidéo, le choix du son et des effets d’image n’est pas non plus laissé au hasard. La musique est utilisée pour donner un ton dramatique ou inquiétant à la vidéo. La voix qui commente la vidéo est anonyme et sombre. Les couleurs utilisées dans les montages sont sombres, ce qui accroît la sensation de menace.  

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Lors de l’initiation, les 15 nouveaux membres se jurent fidélité jusqu’à  la fin de leurs jours. Ce qui veut dire que dans leur mentalité, si quelque chose arrive à  l’un de ces membres, les 14 autres seront là  pour le supporter et l’aider. « Un pour tous et tous pour un ».La plupart des membres du club sont en position de pouvoir incroyable. C’est d’ailleurs le but de Skull & Bones : recruter un maximum de gens en position de pouvoir. Ils ont beaucoup de membres ayants une grande influence. Tout le monde se rappelle très bien des élections présidentielles aux USA en 2004, où les deux adversaires étaient George Bush et John Kerry. Les 2 candidats font partis de Skull & Bones, et tous n’y ont vu que du feu !

Phrase célèbre de George Bush«La dernière année (de mes études à  Yale), je suis devenu membre de Skull and Bones, une société secrète, si secrète en vérité que je ne peux en dire davantage. Je m’y suis fait 14 nouveaux amis»8. Cette phrase résonnante telle une confession est en nette contradiction avec son interview retranscrite au slide 93.

Petite Histoire et Origine du Nombre 322L’histoire de l’ordre commence en 1832. Énervé par le processus d’élection de Phi Beta Kappa9, un sénior de Yale appelé William Huntington Russell et un groupe d’étudiants ont décidé de former le club Eulogien Skull & Bones. Le club paye obédience (obéissance) à Eulogia (= bénédiction en grec), la déesse de l’éloquence. Elle prit sa place au panthéon à la mort de l’orateur Démosthène en -322 AJ. D’autres interprétations viennent se greffer à ce nombre 322. C’est ainsi que ce nombre 322 est un hommage probable à Adam Weishaupt, fondateur des Illuminés de Bavière. Il est mort le 18 Novembre 1830 à Gotha. Ce 18 Novembre était le 322e jour de l’année ! L’Ordre de Yale serait donc une véritable extension de l’Ordre des Illuminés de Bavière fondé au XVIIIe siècle. On y voit très clairement les connexions existantes entre les Illuminés, certaines Loges Noires disséminées dans le monde et le Skull & Bones.

Le Rituel D’initiation 10 (slides 84-88)Tous les Bonesmen ne doivent jamais révéler les secrets qui sont racontés dans le sanctuaire de Skull & Bones, qui est une Tombe sans fenêtres Le rituel d’initiation sort tout droit d’Harry Potter rencontre Dracula. Il y a un petit démon, un Don Quichotte et un pape, qui a une pantoufle percé d’un blanc monogramme le tout basé sur une tête de mort. Dans la tombe, il y a un crâne que tous les bonesmen appellent Géronimo11.Cette préoccupation des os, des tombes, d’être allongé dans une tombe, de se tenir debout à  côté d’une tombe ou d’un tas d’os, toutes ces choses sont censées montrer aux bonesmen, « je pense à  quel point la vie est courte12 …On peut passer sa vie à  s’amuser, à  contribuer, ou bien à  ne rien faire du tout. »

8 G W BUSH, Avec l’aide de Dieu, Paris, éditions Odile Jacob, 20009 Regroupe des élèves très brillants élus au cours de leur troisième ou quatrième année d'études universitaires.10 Alexandra Robins a écrit un livre sur ses découvertes s’intitulant « Secret of the Tomb ». 11 Prescott Bush, le grand père de George Bush Junior et une bande de bonesmen, ont creusé la tombe de Geronimo (le grand chef Apache) afin d’y dérober son crâne et d’autres reliques personnelles. Ils auraient installé le crâne dans la Tombe…12 Ron Rosenbaum, auteur et éditorialiste pour le ‘New York Observer’, a une obsession sur Skull & Bones et leur nombre fétiche 322.

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Monsieur Bush, comme son père et son grand père avant lui, ont refusé de parler ouvertement à  propos de Skull & Bones. Mais en tant que Bonesman, il a été obligé de

dévoiler tout ses secrets à  ses 14 autres compagnons initiés.En effet, ils sont supposés raconter l’entière histoire de leur vie sexuelle, contant en détail leurs expériences sexuelles, tout en se masturbant dans un coffre, dans une ambiance peu lumineuse. Les 14 autres membres sont assis dans des peluches et se relayent à  tour de rôle. Ce rituel peut durer entre 1 et 3 heures.Les initiés sont conduits chacun leur tour dans une pièce. Une fois que l’initié est dans la pièce les autres bonesmen hurlent sur lui de manière folle ! Puis, finalement l’initié est poussé par les bonesmen et est agenouillé en face de Don Quichotte. Au même moment les hurlements de la foule se dissipent. Puis Don Quichotte sort son épée et tape l’épaule gauche de l’initié et dit : « Par l’ordre de l’ordre, je vous surnomme Chevalier D’Eulogia ». 

ObservationBon… Maintenant il faut se poser la question suivante : Est-il normal qu’une société secrète étrange ait comme membre les personnes les plus puissantes des USA ? Après avoir lut tout ça essayez d’imaginer Bush entrain de jouer à  touche pipi avec ses 14 camarades pendant 2, 3 heures.

Skull & Bones connexion avec les Nazi et les Jésuites (slides 89-90)Historiquement, le crâne et os est un vieux symbole  qui a son origine en Egypte. En effet, on enterre les morts en CROIX chez les égyptiens. C’est ce que représente le symbole. Il est également la marque des Jésuites depuis fort longtemps !

Ce symbole a aussi été porté par la Waffen SS, la Gestapo et de nombreux chefs nazis durant la seconde guerre mondiale.

La fortune des Bush entachée du sang des déportésPrescott Bush, était un sénateur américain. Il était aussi administrateur et actionnaire de plusieurs sociétés qui ont tiré profit de leurs liens avec les bailleurs de fonds de l’Allemagne nazie13. Prescott Bush et ses partenaires avaient pris pied en Allemagne, dès les années 20, en rachetant la compagnie de navigation Hambourg-America Line, qui détenait la quasi-exclusivité du trafic maritime allemand vers les Etats-Unis. Il s’agissait

13 http://questionscritiques.free.fr/Bush/Prescott_Bush_Hitler.htm

Heinrich Himmler, sur son képi on peut voir le crâne et les os

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là d’une première étape. La banque installa son antenne européenne à Berlin et élabora de nombreux partenariats avec le troisième Reich.Le 20 octobre 1942, peu après l’entrée en guerre des Etats-Unis, l’Union Banking Corporation fit l’objet d’une saisie du gouvernement fédéral pour « commerce avec l’ennemi ». Prescott Bush était le directeur de l’établissement, et ses principaux associés et actionnaires, outre Roland Harriman, étaient trois cadres nazis.D’après des documents des services secrets hollandais et des archives gouvernementales U.S, Prescott Bush a fait de considérables bénéfices sur le dos du travail des esclaves du camp d’Auschwitz. 

EXERCICE Rechercher un exemple de discours sectaire et un exemple de discours complotiste dans lesquels vous soulignez les mots, les phrases propres à chaque discours. Vous tenterez de démontrer en quoi chaque texte appartient à l’un ou à l’autre type de discours. Dans le discours complotiste, insistez d’avantage sur les caractéristiques abordées au cours.

10 STRATÉGIES DE MANIPULATION QUE LES POLITIQUES ET LES MÉDIAS UTILISENT POUR NOUS CONTRÔLER (SLIDES 93, 94)

Les politiques nourrissent les médias, mais ces derniers leur rendent bien. Lorsqu’un politique veut faire passer un message, influencer le peuple, redorer son image, c’est les médias qu’il appelle.Comment ces deux acteurs de la vie publique se moquent-ils de vous chaque jour ? Voici 10 techniques que les médias et les politiques utilisent chaque jour pour vous manipuler :

Exercice : à chaque technique, fournir plusieurs exemples concrets liés à l’actualité de ces dernières années.

1. La stratégie de la distractionÉlément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. Cette stratégie est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles.

2. Créer des problèmes, puis offrir des solutionsCette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté ; ou encore, créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3. La stratégie de la dégradationPour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en «dégradé», sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990 : chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

4. La stratégie du différéUne autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme «douloureuse mais nécessaire», en obtenant l’accord du public dans le présent pour une

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application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat (le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain).  Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement.

5. S’adresser au public comme à des enfants en bas-âgeLa plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisant, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans. 

6. Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexionFaire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7. Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtiseFaire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.

8. Encourager le public à se complaire dans la médiocritéEncourager le public à trouver cool le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9. Remplacer la révolte par la culpabilitéFaire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10. Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmesAu cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

Exercice : projection de plusieurs documentaires (cités dans le PPT) et publicités à commenter et à analyser en tenant compte de la matière vue au cours (oralement ou par écrit).

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MANIPULATION, CENSURE ET CONDITIONNEMENT (slides 98-105)

De nombreux articles, quantité d’études ont démontré que nous tous, citoyens du monde, sommes manipulés, souvent de manière très habille, par les dirigeants qui nous gouvernent. Tous les moyens sont bons pour « guider » nos pensées. Qui contrôle les médias, contrôle les cerveaux… Ce constat, nos instances politiques le connaissent depuis longtemps. C’est ainsi qu’en Chine plus de 10000 policiers sont employés à contrôler et à surveiller le net, sans omettre le rôle de l’armée qui y répertorie de nombreuses informations économiques dans un but purement lucratif (mon épouse y travaillait). Rien n’échappe à la surveillance de l’Etat du soleil couchant : conversations téléphoniques, gestion des entreprises, médias, etc. A titre d’exemple, le 20 janvier 2009, le discours d’investiture de Barack Obama fut censuré par Pékin. En effet, il n’a fallu que quelques secondes pour que la transmission télévisée soit interrompue après que le président ait prononcé le mot communiste (interdit en Chine. Ce mot est remplacé par socialisme). Des affiches, des écrits et des peintures murales conditionnent les habitants sur les vertus de la nation chinoise. A mon arrivée à l’Université de Yichun, dans le Jiangxi, je me suis vite aperçu que le contrat stipulait qu’il m’était interdit de parler de certains sujets aux élèves (révolte estudiantine de 1989 à la place Tiananmen est inconnu des jeunes Chinois, Nobel ne fait pas partie de leurs connaissances, etc.). La censure d’internet est telle qu’il me fallait contacter la famille en Belgique pour me procurer certaines informations sur la Chine. Nombre de mes recherches se soldaient par le message « erreur ». En terme de manipulation, les articles et les textes qui suivent, ne représentent qu’une fraction infime de la partie visible de l’iceberg.

ANNEXES   : TEXTES ET ARTICLES

Quelques pensées sur Hannah Arendt et la vérité en politiqueBeaucoup de discours tournent actuellement autour de la vérité et du mensonge en politique. Il est souvent difficile de les séparer, de les reconnaitre. Ce qui rend la tâche plus ardu est la confusion entre vérité et réalité. La vérité n’est pas donnée ; elle est créée. La réalité est ce

En 1980, Stanley Kubrick signe Shining, qui deviendra un classique du cinéma d'horreur. A la fois admiré et vilipendé, le film est considéré comme une oeuvre marquante du genre par de nombreux experts, tandis que d'autres estiment qu'il est le résultat du travail bâclé d'un cinéaste de légende se fourvoyant totalement. Entre ces deux extrêmes, on trouve cependant les théories du complot de fans acharnés du film, convaincus d'avoir décrypté les messages secrets de Shining.ROOM 237 mêle les faits et la fiction à travers les interviews des fans et des experts qui adhèrent à ce type de théories, et propose sa relecture du film grâce à un montage très personnel. ROOM 237 ne parle pas seulement de fans d'un film mythique – il évoque les intentions de départ du réalisateur, l'analyse et la critique du film.

Projection du documentaire ROOM 237 (slide 97)

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tout auquel nous appartenons, d’où nous tirons les morceaux, pour  faire des constructions qu’on appelle vérités.L’éléphant et les quatre aveugles est la parabole Bouddhiste qui l’explique le mieux. Chaque aveugle croit savoir à quoi ressemble l’éléphant : l’un tâte la jambe et croit que c’est un arbre ; l’autre caresse l’oreille et croit tenir un parchemin ; le troisième, tenant la queue, pense tenir un chasse mouche ; le quatrième, tâtant la trompe, pense que c’est un long tuyau. Sans l’homme il n’y a nulle vérité ; elle ne peut exister que grâce à l’intervention de l’homme, a son interprétation d’éléments tirés de la réalité. « Tous les hommes naissent » est une vérité de fait, construite à partir de données objectives ; « tous les hommes naissent égaux » est une vérité construite à partir de données subjectives ; c’est une vue de l’esprit, si l’on veut. La réalité n’a nullement besoin de l’homme pour exister. Elle Est, tout simplement, tel ce pachyderme incompris.La réalité c’est l’objet. La vérité est dans les détails que nous organisons autour de notre objet. Napoléon est né en Corse, le héros de la Campagne italienne, L’Empereur sanguinaire, le fuyard de la Berezina ; toutes sont des vérités de fait pour la première, et d’opinion pour les autres. La vérité est dans les détails. La vérité de fait : un enfant naquit, un homme vécut et mourut. Même cette vérité-là ne prend pas en compte tous les éléments : la terre, le ciel, le climat, le sourire d’une mère, l’école militaire, les relations amoureuses.L’idéal et l’ombre : ceci n’est pas un bison.Hannah Arendt rappelle la métaphore Platonique de la grotte et des ombres projetés contre les parois par le foyer. Les habitants de la grotte voient les ombres et les prennent pour la réalité. D’après Platon, cela est notre sort à tous, qui ne peuvent voir l’idéal qui est la réalité ultime. C’est là le fondement de toute la pensée occidentale. Sans cela aucune théologie chrétienne ni Cartésianisme de la Cause première. Spinoza, Kant, Hegel et Marx n’y échappent pas. La vérité est dans une réalité idéale à définir sans connaître. Ainsi l’Idéal s’impose au monde imparfait qui nous entoure.Donc l’ombre n’est pas l’Idéal/réalité ; le monde est une apparence, une illusion - le maya des Hindous - et la réalité se trouve dans l’aveuglement du foyer. Quelle réalité ont les peintures rupestres de Lascaux ? Autant d’ombres que nos ancêtres ont admirées et sanctifiées ; autant d’intermédiaires entre le monde du ressenti et celui de l’imaginé. C’est là que l’homme crée la vérité du symbole, la vérité de la représentation, la vérité de l’interprétation, la vérité virtuelle. La vérité est une médiatrice entre le monde et l’homme, crée par apprentissage pour dominer le monde. La vérité devient ainsi enjeu et outil du pouvoir.Certaines vérités se réduisent à des formules. E= MC² est une vérité scientifique : l’énergie égale la masse multipliée par la vitesse au carré. C’est la formule à la base du fonctionnement de l’univers, de son existence et de son expansion et évolution. Mais quel pouvoir y a-t-il dans ces lettres imprimées sur ce papier ?  Aucun pouvoir autre que représentatif. Cette vérité scientifique n’est pas la réalité elle-même. La vérité n’est qu’une transposition de la réalité en signes compréhensibles et utilisables ; ainsi cette formule qui nous immisce dans le fonctionnement de la réalité. Cette formule, cette vérité-là, nécessaire pour comprendre la réalité, nous en rapproche. Il n’y a pas de vérités latentes, absolues, imprescriptibles. Elles doivent être déchiffrées, comprises et conçues.Arendt affirme qu’il y a trois types de vérités de raison qui se distinguent de la vérité de fait : (The modern age, which believes that truth is neither given to nor disclosed to but produced by the human mind, has assigned, since Leibniz, mathematical, scientific, and philosophical truths to the common species of rational truth as distinguished from factual truth./ L'Age moderne, qui croit que la vérité n’est ni donnée ni révélée, mais produite par le cerveau humain, a assignée, depuis Leibniz, les vérités mathématiques, scientifiques, philosophiques à la forme commune de la vérité de raison, à distinguer de la vérité de fait.)  L’homme est une usine à vérités. Nous voyons que même la vérité de faits dépend de la raison pour exister : ces

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vérités sont produites ou découvertes par un raisonnement volontariste, qui cherche activement les faits qui constituent la vérité. Ainsi l’exemple du triangle, dont les trois angles sont égaux à deux angles droits, est une vérité de fait, qui n’admet aucune contradiction. C’est une construction intellectuelle, une vérité créée. La mystique Pythagoricienne, voyait là – en géométrie - LA vérité absolue et indépassable, qui rapproche de Dieu et donc de la création. Ainsi les vérités mathématiques sont restées l’expression d’une vérité absolue que l’homme cherche pour d’autres constructions moins évidentes.Déchiffrer l’idéal x 2Hegel et Marx ont bâti leurs idéaux sur une dialectique binaire qu’ils ont renforcée et léguée au monde. Ce sont des constructions de raison, des structures historico-déterministes, telle le maître-esclave de Hegel ou capital-prolétariat de Marx. Ils ont imposé leur dialectique comme interprétations d’une Histoire structurée vers un but. Dans la théorie de Hegel le pouvoir des monarchies (le pouvoir en place) était légitimé par un jeu d’oppositions qui franchissait les stades de maturité d’un peuple pour finir confortablement dans un statu quo. Selon Marx la fin est la prise de l’outil et le control du capital par les ouvriers – (le pouvoir idéalisé à venir). Une structure identique pour deux interprétations, l’équilibre entre forces opposées, qui débouchent sur deux déterminismes contraires : l’un respectueux de l’ordre établi et l’autre prédisant son renversement par les forces jusque-là opprimés. Ce sont là deux vérités, deux raisonnements logiques mais contradictoires. C’est la subjectivité des vérités d’opinions.Les vérités politiques se divisent largement entre ses deux schémas. Chacun s’affirme détenteur d’une vérité raisonnée et raisonnable. Les faits sont impitoyables pour le Socialisme réel de la sphère Soviétique ; et autant pour les sociétés dites libres ou capitalistes. L’Idéal, quel qu’il soit, n’est qu’un concept nébuleux qui abuse des vérités de fait, ainsi que le font les vérités divines révélés, qui ne sont que des interprétations du réel, des ombres auxquelles seule la foi peut donner consistance. S’en sortir est difficile malgré l’intérêt d’une réévaluation des préceptes dominant l’analyse de l’action collective.Vérité du mensonge, Mensonge de la véritéLa méfiance règne. Le mensonge est soupçonné à chaque phrase ou affirmation d’un politique ou de journaliste. Le rejet des politiques, et la défiance envers les politiciens est très nettement majoritaire chez les citoyens. Cependant cette vérité-là est aussi une construction de la raison. La loupe de l’immédiateté médiatique fait que chaque évènement, chaque politicien mis en cause, chaque mise en examen, chaque mensonge avoué s’ajoute aux méfiances naturelles. La vérité d’opinion qui voudrait que « tous les politiciens sont corrompus » est une extrapolation généralisé à partir de données partielles – et donc partiales.   Cette vérité d’opinion est plus puissante que beaucoup de vérités de faits.Notre société est donc une société de l’opinion. C’est une chose mal comprise par les citoyens, qui confondent souvent opinion et vérité. Les opinions sont des constructions rationnelles qui reposent sur un mélange de désirs et de bons sens, ainsi que sur une agglomération de faits, qui ne se prêtent pas à une seule vérité artificielle. Par exemple, dans l’actualité : entre l’hypothèse d’un archétype familial et l’invocation de millénaires d’histoire il y a le désir d’une conformité aux traditions judéo-chrétiennes. Les faits donnent l’apparence de la raison et de la logique, en ignorant la multiplicité des traditions, en détournant le regard de pratiques sexuelles toutes aussi « millénaires » et « naturelles. » A l’inverse, en se fixant sur les tortures, buchers, autodafés commis par l’église on se réfère à des faits qui ignorent le message d’amour dans l’évangile et prêché dans de nombreuses paroisses. En regardant les faits historiques que l’on veut on prouve ce que l’on veut. C’est là un mensonge de la vérité.L’opinion qui se présente comme vérité, la rhétorique qui défigure les faits est le danger qui nous a toujours guettés depuis l’âge de Socrate et ses ennemies les Sophistes. Notre tendance à vouloir connaitre des opinions, et le fait de connaitre leur répartition nous donne

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l’impression que les statistiques sont des faits, ou même des vérités. La statistique ne nous dit rien de la Vérité malgré les chiffres et leur rigueur mathématique. Le nombre qui partage une opinion n’implique pas la justesse d’une opinion.  Le malentendu qu’une opinion majoritaire reflète la vérité est très répandu ; pourtant elle ne reflète que l’extension d’une opinion donnée. Les opinions sur les opinions et les commentaires qui se suivent et se ressemblent,  s’affirment comme une part de vérité, n’étant toujours que des opinions. Arendt a vu que l’opinion devenait un des nœuds du problème de la vérité. L’opinion est la pierre angulaire de la démocratie, d’où la complexité de la question et l’importance de trier entre manifestations d’humeur et la toile de fond, qui reste la réalité.Les vérités économiques sont parfois de même nature : une soumission à la véracité des chiffres entraine une soumission aux affirmations des économistes et autres experts. Même si les chiffres s’avèrent justes, les propositions qui se bâtissent dessus ne sont ni des évidences ni indiscutables. Il faut identifier les opinions qui s’affirment sur le dos de vérités mathématiques et les confronter à la réalité, telle qu’elle peut se vérifier dans de nombreux pays.Mensonges politiques et politique du mensongeHannah Arendt a fait une analyse probante et détaillée du mensonge et de la vérité en politique, mais ses exemples renvoient surtout aux régimes totalitaires et leurs mensonges historiques et programmatiques. Ce sont des régimes qui ne peuvent exister sans une généralisation du mensonge de fait et de raison. Mensonge de fait : « Les vaches Soviétiques produisent plus de lait que les vaches capitalistes. » Autre mensonge de fait et de raison : qui réécrit son histoire et efface des personnages, tel Trotski. Le mensonge devient une nouvelle vérité impérative. Le raisonnement étant que le discours et l’histoire doivent être en parfaite symbiose, unilatérales et déterministes. C’est ainsi qu’Arendt voyait le mensonge politique : une manipulation des faits pour mieux asseoir un pouvoir absolu.L’absolu religieux fait aussi partie de ces tentatives d’accaparer la vérité. L’enjeu du pouvoir en est une des raisons principales. Pouvoir sur le monde temporel avec l’impératif théologique qui ne repose aucunement sur la raison, ni sur les faits, mais sur la foi en une parole dite divine. Cette auto-sanctification d’une parole toute humaine (les intermédiaires sont des hommes, que ce soient dans l’Ancien Testament, les évangiles ou le Coran) s’affirme supérieure à toute autre parole. Ce n’est pas une preuve. Ce n’est ni fondé sur la raison ni sur des faits. Il n’y a que l’affirmation d’une opinion, et l’interdiction d’aller voir ailleurs ;  ce qui n’est pas un argument. Au contraire. C’est dans l’interdiction de penser, de raisonner ou de douter que se retrouvent ces deux types mensonges « politiques. » Totalitarisme et religion partagent les mêmes ressorts pour affirmer une ligne impérative ou dogme : censure, propagande/texte canoniques, héros/martyrs, disparition des hérétiques, réécriture de l’histoire.Vérité et mensonge d’opinionLes mensonges sont de toutes sortes : des mensonges d’intention et des mensonges intentionnels ; des mensonges sur des opinions (la mauvaise foi) ou sur les faits. Déterminer la gravité d’un mensonge est aussi œuvre de raison et de subjectivité pour déterminer des vérités d’interprétation.  Beaucoup de ce dont parlent les médias sont des mensonges personnels et non politiques. Le cas Cahuzac, qui a menti sur des faits, n’est nullement un mensonge politique – ou en politique – tel que le définissait Arendt. Au contraire, c’est le mensonge d’un individu sur un compte bancaire personnel, et une fraude fiscale individuelle. C’est un mensonge qui est devenu politique par la carrière du coupable, mais qui l’est nullement à son origine, vingt ans plus tôt. (Médiapart imagine des aboutissants plus anciens et plus politiques, selon une construction rationnelle qui n’est pas  la Vérité, mais n’est qu’une vérité possible.) D’où les soupçons grandissants des uns et des autres : le foisonnement

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d’hypothèses qui nuisent à la vérité : un tel savait-il ; l’autre est-il complice etc. ? La vérité devient l’otage des particuliers ; ce qu’Arendt cite dans Léviathan de Hobbes : que les hommes n’acceptent aucune vérité qui est contraire à leur pouvoir ou intérêts.Entre la mauvaise foi d’une rhétorique abusive et les bonnes intentions qui deviennent promesses non-tenues, la vérité et le mensonge s’entremêlent ; les démêler est parfois une gageure. Le public semble plus sensible aux hésitations, qui sont interprétées comme autant de renonciations, que comme temps de réflexion, ou temps de préparation politique. Le discours politique n’est plus respecté. Pourtant le public réclame des paroles fortes et encourageantes ; ce qui parait en totale contradiction avec le peu de crédit que l’on donne à ces mêmes paroles.Dires et faitsOn reproche souvent aux politiciens de ne pas tenir parole ou de se contredire, pourtant il n’y a pas de mandat impératif. L’histoire en cours est en mouvement perpétuel, donc imprévisible au-delà d’une certaine marge raisonnable. Prévoir n’est pas prédire, d’où les variations ou renoncements constatés à chaque mandature. C’est un état de fait, une vérité qui s’impose à tous. En revanche la réalité n’est pas une chose immuable. Se dire réaliste n’entraine pas une soumission ad vitam aeternam au statu quo, a une réalité figée. Etre réaliste implique simplement voir les faits et comprendre leur fragilité. La vérité en politique ne peut se réduire à la concordance entre intentions et réalisations législatives. Il y a aussi le comportement par rapport aux faits, qui entraine une action aménagée.La réalité est multiple sinon, infinie. On ne peut la réduire à une dichotomie entre deux options, deux vérités en conflit. Quand un politicien dit avoir une intention il le dit dans un contexte de politique interne au pays, au parti, ou d’un poker menteur, où ses intentions ne peuvent être dévoilées. Un candidat peut promettre plusieurs choses et affirmer plusieurs intentions. Ce ne sont pas encore des vérités, mais au mieux des volontés. Une fois élu, il doit faire face aux contingences du moment, ainsi qu’aux attentes de chacun. La réalité des faits s’impose pour modifier la vérité appliquée – ce qui peut devenir trahison et mensonge pour l’opinion publique. Mais ceci ne peut être considéré un mensonge de fait. C’est l’opinion déçue qui en fait un mensonge. Mais la vérité n’est pas où on la cherche ; elle devient tout autre. Le jugement ne se fait plus entre vrai ou faux ; l’habileté, l’intelligence, la sagesse et l’efficacité rentrent aussi en jeu.Le candidat Sarkozy promettant de ne pas revenir sur la retraite à soixante ans et faisant l’inverse est une négation de l’intention première. Est-ce un mensonge ? Seulement si l’intention première l’était. Sarkozy affirmant passer par le Parlement pour ratifier le Traité Européen pendant la campagne présidentielle est une intention réalisée, donc une vérité. François Hollande promettant le mariage pour les homosexuels a tenu une promesse. En modifiant la taxe à 75% pour en faire des cotisations patronales le président Hollande fait face aux contingences. Trahison ou pragmatisme ? A chacun sa vérité.Le mensonge politique – ou l’abus de vérité – peut surtout se voir à l’œuvre aujourd’hui en Syrie, où la ligne officielle de Damas est que l’armée ne tire pas sur son peuple mais sur des terroristes étrangers. Voilà un mensonge politique à la hauteur des analyses de Mme Arendt. Voilà une négation de la réalité et une manipulation de l’histoire. Sans rentrer dans les détails ni dans les accusations réciproques, les faits restent d’une cruauté inimaginable. Que la réalité soit complexe – sans nul doute – mais 100,000 morts ne peuvent pas être qu’une « tentative de déstabilisation » ; c’est une guerre faite de massacres. Que des étrangers se soient joints aux rebelles donne une part de vérité au discours d’Assad. Cela n’a pas toujours été le cas ; c’est une déformation des faits, une négation de la réalité générale. La vérité est aussi qu’une soif de liberté a longtemps été étouffée et que la répression atteint un niveau jamais encore vu dans les printemps arabes. L’utilisation de chasseurs bombardiers et de gaz contre des civils

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nous rappelle Saddam et les Kurdes. Le vrai mensonge politique qui s’affirme comme vérité cache toujours les crimes du pouvoir.Identifier vérité et mensonge, le travail de chacunFace à la multiplication des discours, de l’utilisation subjective des faits, face à la rhétorique du mensonge chacun doit être en éveil. Il faut décortiquer les dires pour voir les faits qui se cachent derrière. La vérité n’est pas toujours aussi simple à identifier – surtout quand le mensonge peut paraitre plus agréable ou plus mordant. C’est selon les envies et besoins de l’opinion générale, cette chose très volatile et imprévisible, que la confusion se fait entre opinion et vérité. Ce sont des considérations qui devraient nourrir la compréhension de chacun pour la chose politique, de ses discours et débats. Etendre le champ du réel et voir ce qu’Edgar Morin appelle la complexité des choses. Le travail du journaliste est de les démêler, plutôt que d’amplifier les opinions au détriment de la vérité.

CHINE: EXEMPLES DE MANIPULATION DE L'INFORMATION SUR LE TIBET les mensonges des grands médias – 08 avril 2008

La récente révolte au Tibet a occupé des centaines d’heures dans les médias audiovisuels dans le monde. Presque la totalité des informations paraît avoir été écrite par le même et médiocre scénariste. Loin d’approfondir les informations, le message a été complètement manipulé : les victimes « les bons » sont les tibétains et les chinois sont les « méchants ». Les images que montrent les différents médias, sont des révoltes de moines bouddhistes au NÉPAL et en INDE. Mais celles qui proviennent du Tibet ont également fait l’objet de manipulation. Nous pouvons en voir quelques exemples :

Sur la gauche nous avons l’écran Internet du journal allemand Bild. Sur celui-ci, il y apparaît un moine blessé et un appel au boycott des jeux Olympiques en Chine. Sur la droite se trouve la photographie originale sur laquelle on peut apprécier clairement qu’il s’agit d’une photo prise au Népal comme on peut également le lire sur le bouclier du policier…

LA VÉRITABLE HISTOIRE DE PEARL HARBOUR(Extrait du livre « Reinhardt Tarkand » de Max Montgomery, avec son aimable autorisation.)

Pearl Harbour, la plus extraordinaire des arnaques militairesNote de fin du livre « Reinhardt Tarkand, tome 3 »:

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Acculée par les Etats-Unis, décidément sûrs d’eux, la Marine japonaise lança le 7 décembre son offensive sur Pearl Harbour, sur l’île Oahu (atoll d’Hawaï), plus proche du continent américain que des îles japonaises. C’est à partir de ce moment-là que la guerre devient mondiale.Or, nous avons un signe, un détail, qui trahit quelque chose de mystérieux : les Américains tentent dès le départ de cacher le fait qu’ils savent d’où vient le coup. C’est ce qui, pour de nombreux chercheurs, journalistes puis historiens, va remettre en cause toute l’affaire : s’il y a mensonge quelque part, il y a peut-être mensonge partout. La version officielle va dès le départ prendre du plomb dans l’aile. Le Secrétariat d’Etat aurait pu se contenter d’affirmer qu’il était parfaitement au courant, ce qu’il est aisé de prouver, de l’opération dont la base de Pearl Harbour avait été victime, et les débats n’auraient porté que sur le degré de responsabilités des deux parties. Il pouvait dire simplement « nous avons piégé les Nippons » et tout était dit. On aurait conclu que les USA maîtrisaient mieux la guerre secrète que les Japonais mais que, malgré cette science, ils avaient été les victimes d’un conflit qu’ils n’avaient pas déclenché. Et l’affaire était jouée.Mais voilà, commettant une erreur incroyable,  l’Amérique a nié totalement ce qu’elle savait, ce qui signifiait : « Ne regardez pas par ici, j’ai quelque chose à cacher ». Ce qui laisse entendre qu’il lui a fallu esquiver une responsabilité plus grande qu’elle ne veut l’assumer dans son entrée en guerre. On va s’apercevoir que cette responsabilité est non seulement plus grande mais complète: c’est elle qui provoque le Japon et le piège.

C’est l’erreur classique des gouvernements d’amateurs ou trop sûrs d’eux, comme l’étaient les USA en 1945 [note actualisée: on a observé la même grossière erreur après le 11 Septembre 2001 : négation totale alors que tout le monde sait que les USA ont été avertis, notamment par les services français].C’était l’erreur capitale qui mettait les fins limiers des universités américaines et quelques indépendants perspicaces sur la trace de l’affaire.Il faut dire aussi que les USA se trouvaient alors face à un nouvel ennemi, l’URSS, qui n’aurait eu aucun mal à exploiter les faits auprès d’une jeunesse occidentale fascinée par le communisme*.L’Amérique des dirigeants et conglomérats industriels a préféré nier tout en bloc, parce qu’elle craignait d’abord, avant décembre 1941, que l’on découvrît comment on cherchait à abroger la vieille Loi de Neutralité, mais ensuite, après 1941, qu’on découvre, non pas seulement qu’elle avait sacrifié les soldats de Pearl Harbor, mais aussi qu’elle avait forcé la main au Japon.Quels éléments permettent d’affirmer que l’agression fut entièrement voulue, préparée, encouragée, suivie et sous contrôle ? Prenons Pearl à rebours…Contrairement à ce qu’on pense généralement, à cause de l’image véhiculée par le cinéma et les séries américaines, le Japon, privé de ressources (notamment de pétrole) et de débouchés économiques, soumis au blocus, perdant un à un ses partenaires économiques sous la pression de Londres et de Washington, encerclé économiquement et militairement depuis Vladivostok jusqu’en Malaisie, n’a pas été qu’un assoiffé de conquêtes.

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En 1941, un certain Mac Collum, capitaine de corvette de l’US Navy, fut chargé par le Président Roosevelt de mettre au point une stratégie consistant à pousser le Japon à la guerre. Né à Nagasaki, il connaissait très bien le pays. Il supervisait les rapports de renseignements ultra-secrets.Le Mémorandum de Mac Collum, daté du 7 octobre, tient en huit points. Tout était fait pour exacerber la position nippone. Toutes les tentatives de médiation des Japonais étaient rejetées. Le Japon se retrouvait en situation de casus belli.Les services du Kampeitai, le service secret japonais, avaient déchiffré de nombreux messages faisant état de manœuvres américaines visant à forcer la main à la Marine japonaise. En septembre, le Japon avait rejoint l’Allemagne et l’Italie au sein d’un traité d’assistance mutuelle, et donc de l’Axe, qualifié de Tripartite : « Rome, Berlin, Tokyo ».Les membres de l’Etat-major japonais ignoraient complètement les documents secrets américains. Pourtant, des navires américains s’étaient introduits entre Kyûshû et Shikoku. L’amiral Richardson, commandant de la flotte de guerre de Pearl Harbor, avait indiqué qu’il refuserait le « sacrifice d’un seul navire américain, même si cela devait entraîner les Etats-Unis et la nation dans l’acceptation d’une guerre contre le Japon. » Il fut été privé de son commandement en février.Yamamoto, amiral commandant en chef la flotte impériale, et Oikawa, ministre de la Marine, sont convenus d’attaquer. Apparemment, plusieurs diplomates sont au courant dans le monde.Le Japon est en train d’étouffer, il a besoin de ressources extérieures. L’Amérique va s’engager contre le Japon : elle doit décidément diminuer la menace japonaise en Asie, ne serait-ce que pour libérer les possessions occidentales et rassurer les Soviétiques. Par ailleurs et surtout, le Japon étant l’allié de l’Allemagne, on aura le motif incontestable justifiant l’entrée en guerre des Etats-Unis en Europe.Or, le Congrès américain et la population refuseront l’envoi de troupes en Europe tant qu’un événement grave ne modifiera pas la situation. Les USA sont une démocratie, ils ont besoin du soutien de leur population. Ajoutons au crédit de Roosevelt que la défaite anglaise signifierait sans aucun doute une menace renouvelée, avec une Europe entièrement allemande et devenue la première puissance navale mondiale, donc capable de s’attaquer directement aux intérêts américains partout dans le monde. Le gouvernement américain doit provoquer la guerre pour obtenir l’adhésion de son opinion publique, mais sans avoir l’air de la déclarer.Point n°8 du rapport Mac Collum : « Imposer un embargo total sur les échanges avec le Japon, en coordination avec la Grande-Bretagne. »Chose intrigante : en dépit de l’embargo, les navires japonais se ravitaillent pourtant en Californie, à la raffinerie de Port Costa notamment ! Si les Etats-Unis souhaitaient que le Japon persiste dans sa guerre et conserve assez de carburant pour déclencher une guerre, ils ne s’y prendraient pas autrement. Néanmoins, les quantités de pétrole livrées sont insuffisantes pour réapprovisionner décemment le Japon et, a fortiori, pour lui permettre de gagner la guerre. Le stock de pétrole au Japon est de sept millions de tonnes, de quoi tenir deux ans. Le blocus aidant, le Japon n’a pas d’autre issue que se procurer des ressources lui-même, par voie d’opérations militaires.Roosevelt a beau le nier, il veut la guerre et cherche à préparer l’opinion américaine à une agression japonaise. Le Neutrality Act, qui définit la position de neutralité des USA, est chaque jour un peu plus grignoté par des décisions de financements aux armées. Le Japon devrait en prendre acte, mais ses dirigeants sont alors non seulement aveugles, mais arrogants et décidés à établir leur sphère de prospérité asiatique sous la domination du yen, la monnaie japonaise.Dans le courant de l’année 1941, le Japon avait fait revenir de Chine la plupart de ses navires de guerre ; en juillet, il avait également demandé à ses navires marchands naviguant sur toutes les mers du monde de rejoindre incessamment leurs ports d’attache. La marine marchande

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nippone est, en 1938, la quatrième du monde, après celles de la Grande-Bretagne, de la Norvège et de l’Allemagne. En 1940, elle est la deuxième du monde, après celle des Etats-Unis.C’est un ordre grave. Tous les navires de l’Atlantique étaient tenus de franchir le canal de Panama avant le 1er août. Les Etats-Unis, conscients de ce que ce type de rapatriement signifiait, avaient fait interdire le canal aux navires japonais, qui se trouvaient contraints de passer le cap Horn. En juillet, ils décrétaient l’embargo sur le pétrole vendu au Japon. Ils faisaient aussi saisir les avoirs japonais dans le monde entier. Les Japonais faisaient bientôt de même avec les avoirs américains au Japon et dans l’empire, y compris en Chine et au Mandchoukouo. Toutes les opérations commerciales japonaises à l’étranger avaient été suspendues par Tokyo qui pratiquait, à l’égard des USA, la même politique qu’eux. Les visas japonais pour les continentaux (y compris les Shanghaïais) qui souhaitaient se rendre au Japon ou pour les voyageurs qui souhaitaient transiter par les ports nippons, n’étaient plus délivrés qu’au compte-gouttes, de même que les informations au sujet des mouvements de navires japonais, civils ou militaires. Les Britanniques, au cours de l’été, dénoncent leur traité de commerce avec le Japon, de même les accords contractés avec lui par l’Inde et la Birmanie. Les Canadiens et les Australiens s’alignent. L’étau se resserre autour de la sphère de co-prospérité japonaise. Le commerce est tari avec les pays anglo-saxons, leurs dominions et colonies. Si rien ne se passe, le Japon périra économiquement. C’est une évidence pour tous les observateurs.Afin que le mythe perdure, le cinéma officiel entretient la version officielle sans nuance.Le 18 octobre, tous les navires américains sont confidentiellement invités à quitter les eaux territoriales chinoises et japonaises.Sur le théâtre des opérations, le Japon en était, le 1er décembre, à la reprise des bombardements de la Birmanie, à Yunnan-Fou. Roosevelt revenait de ses vacances en Floride et Chiang Kai-shek faisait passer une note « énergique » demandant aux Etats-Unis « de ne pas ralentir leur aide à la Chine. » A Singapour, où une imposante escadre parviendra le 3, les forces britanniques sont en état d’alerte maximale. En Birmanie, d’importants renforts anglais et hindous débarquent à Rangoon. A Manille, le président Quézon accuse les « impérialistes » anglo-américains d’avoir laissé sans préparation militaire et sans protection la population des Philippines, anciennement sous leur souveraineté, tandis qu’une escadre japonaise est aperçue au large des côtes. Les Indes néerlandaises, qui n’ont, à la demande des Anglo-Américains, que partiellement cédé aux demandes japonaises de leur vendre du pétrole et d’autres biens, ont fait savoir que leur position s’alignerait sur celle des USA si cette dernière venait à changer. L’on parle beaucoup d’une éventuelle attaque du Japon contre la Thaïlande, démentie par M. Kurusu, diplomate japonais en visite officielle à Washington. Le chef du gouvernement, le général Tojo, déclare qu’il souhaite voir le Japon libérer l’Asie orientale de l’influence anglo-saxonne. A Hawaï, les troupes ont été mises en alerte d’entraînement.Sur l’escalade des tensions, l’essentiel est dit.Que disent les journaux ? Le journal japonais Dai Asia (Grande Asie) rapporte les propos de M. Matsumoto, à l’automne : « Les Etats-Unis ne voudraient-ils plus nous vendre du pétrole, qui constitue le sang de notre vie nationale, nous devrions nous en procurer ailleurs, par n’importe quel moyen. »

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Le New-York Times du 31 octobre rapporte que les milieux japonais les mieux avertis estimaient que « les sanctions économiques appliquées par les Etats-Unis au Japon tendent à mettre ce dernier dans une situation intenable, dont il ne pourra sortir qu’en prenant à brève échéance des mesures de légitime défense » et reconnaît que « le problème le plus urgent est celui du ravitaillement en pétrole pour sa défense nationale. »Le Journal de Genève du 13 novembre écrit : « M. Tojo [chef du gouvernement japonais] fait appel à M. Roosevelt pour qu’il intervienne personnellement afin de faciliter une entente rapide entre les deux pays. Dans le cas contraire, le Japon serait obligé de prendre des mesures militaires pour faire face à la guerre économique commencée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. »Le 22 novembre, le même quotidien cite le Giornale d’Italia, quotidien de l’Italie fasciste : « La Maison Blanche ne veut reconnaître aucun des besoins vitaux du Japon et pas davantage le caractère des actions qu’il a déployées jusqu’ici en vue de la résolution des problèmes qui se posent à lui. »Bien sûr, pendant ce temps, malgré les demandes pressantes faites par le Japon, les Etats-Unis poursuivent leur effort de soutien à Chiang Kai-shek, dans sa lutte contre les troupes nippones.Depuis le mois de juillet, enfin, il serait vain de citer tous les articles qui les évoquent, qu’il s’agisse des journaux occidentaux ou des journaux japonais, tels Asahi, Kokumin, Yomiuri, Nichi-Nichi, Dai Hon Hei, Hochi, Japan Times and Advertiser ou l’agence japonaise Domei : il n’est question que des relations nippo-américaines, qui ne sont, malgré de pâles décontractions, qu’une longue suite de dégradations, soulignant les demandes pressantes formulées de part et d’autre, et sempiternellement repoussées.Dès lors, personne n’ignorait l’imminence d’une action, et les services secrets étaient doublement requis de faire leur travail. D’autant que l’ambassadeur des Etats-Unis au Japon, Joseph Grew, avait câblé à Cordell Hull, le Secrétaire d’Etat (qui demeurera le personnage central de la diplomatie américaine jusqu’au-delà de la déclaration de guerre japonaise) : « MON COLLEGUE PERUVIEN A RACONTE A UN MEMBRE DE L’AMBASSADE QUE LES FORCES ARMEES NIPPONES PREMEDITAIENT UNE ATTAQUE-SURPRISE CONTRE PEARL HARBOR EN CAS DE DIFFICULTES ENTRE LES ETATS-UNIS ET LE JAPON, QUE L’ATTAQUE IMPLIQUERAIT L’UTILISATION DE TOUTES LES FORCES JAPONAISES. »Aux Etats-Unis, la bataille parlementaire faisait rage. De nombreux hommes politiques dénonçaient les manœuvres du président Roosevelt tendant à rendre caduc le Neutrality Act, la Loi de Neutralité, finalement abrogée le 9 novembre (par le Sénat, à 50 voix contre 37 : 43 Démocrates, 6 Républicains, 1 Indépendant), et accusaient une attitude qui semblait tout faire pour que l’Amérique entre en guerre. En novembre, gagnée par la crainte d’être surprise en état de faiblesse, choquée par le torpillage allemand de navires de guerre et marchands américains, la nation se déclarait aux deux tiers favorable à l’abrogation historique. Néanmoins, du point de vue de l’opinion publique, il fallait une sérieuse raison à Franklin D. Roosevelt pour déclencher les hostilités.Tout interdit de croire à la thèse selon laquelle « l’Amérique a été surprise » par l’attaque, ou que les services secrets ont « commis une bévue » en ignorant les messages de l’automne. Mais il y a plus précis encore.L’ambassadeur Oshima, informé en tant qu’allié, à Berlin tantôt par Hitler lui-même, tantôt par ses proches collaborateurs, transmettait naturellement ses informations à Tokyo, au moyen du Code « Pourpre ». C’est ce qui avait permis à Roosevelt, dont les services déchiffraient très bien « Pourpre », d’apprendre le plan d’attaque allemand contre l’Union Soviétique le 14 juin 1941, soit une semaine avant le déclenchement de « Barbarossa ». Les autorités

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américaines ne peuvent en aucun cas nier qu’elles étaient informées des plans japonais, en affirmant à tort que les Japonais avaient respecté un silence radio total à la veille de « Pearl Harbor » (c’est-à-dire l’attaque de cette base), et au contraire se féliciter des prouesses et de l’organisation de leurs services. Eux-mêmes, les Britanniques, les Hollandais et les Chinois de Chiang étaient capables de « casser » les codes japonais Kaigun Ango. Ce sont les codes qui ont été employés par Yamamoto de juin à décembre 1941, et notamment le 26 novembre et le 6 décembre, pour les messages révélant les mouvements de l’attaque : deux flottes principales, comportant d’une part six porte-avions, deux cuirassés, deux croiseurs lourds et un croiseur léger se dirigeant vers Hawaï, commandés par le vice-amiral Chuigi Nagumo et, d’autre part, des sous-marins tenant le centre du Pacifique, sans compter des destroyers et des ravitailleurs. Le message de Yamamoto à Nagumo, le 2, donne l’ordre convenu et attendu : « Grimpez sur le Mont Niitaka. »Le réseau d’écoute hollando-américain s’étendait de Dutch Harbor en Alaska jusqu’à Batavia dans l’île de Java, vingt-deux stations alliées, dont dix-sept américaines. La station Cast, la plus proche du Japon, disposait de soixante-quinze spécialistes en écoute, radiogoniométrie, décryptage et traduction. La station Hypo, à Pearl Harbor, possédait cent quarante spécialistes. Rien qu’à Hypo, un millier de communications étaient traitées chaque jour. De plus, les Alliés détenaient tous les codes japonais et quand ceux-ci, le premier décembre, modifient les codes de leurs navires, les antennes directionnelles permettent de réattribuer ces codes aux navires dans les 24 heures qui suivent. De même, toutes les modifications de codes apportées par les Japonais seront déjouées, au pire, dans les quarante-huit heures, le plus souvent dans la journée. Bien sûr, si les messages demeurent cachés aux militaires américains sur le terrain ou en mer, la Maison Blanche reçoit par télétype l’ensemble des données et les structure. Les messages de Yamamoto ont été interceptés et décryptés par Hypo et Cast. Après de longs mois d’une préparation japonaise qui avait été très bien déchiffrée, les personnels spécialisés de ces deux stations ont immédiatement été avertis de l’attaque, sans compter le personnel de Washington et des services spéciaux aux Etats-Unis.Les Etats-Unis repoussent les propositions d’arrangement présentées par les délégués japonais le 20 novembre, qui envisagent l’évacuation du sud de l’Indochine en échange de l’arrêt du ravitaillement américain à la Chine, le rétablissement de relations économiques normales et la réouverture de relations avec les Indes Néerlandaises. Naturellement, il n’est pas question pour les Japonais de renoncer à la Chine ni de freiner leur expansion vers les mers du sud, et leurs propositions ne les dédouanent pas d’intentions cachées. En outre, les Américains sont contraints d’embarquer les approvisionnements destinés au continent asiatique dans leurs ports de l’Atlantique, de passer le canal de Panama et traverser les 180 degrés de longitude du Pacifique, trop investi par les navires de guerre japonais, pour atteindre Vladivostok.Le refus des Etats-Unis montre néanmoins leur détermination.Le 25 novembre, le général Marshall déclarait à des journalistes, sous le sceau du secret, que « les Etats-Unis sont au bord de la guerre avec le Japon » et que la guerre éclaterait « dans les dix premiers jours de décembre. » Pour une surprise, Pearl Harbor est une surprise très attendue.Le 27, le contre-amiral Kimmel et le major-général Short reçoivent l’ordre de se tenir en alerte à Pearl Harbor. Il ne semble pas qu’on leur ait indiqué le caractère urgent de cet ordre. Apparemment, il était important que les Japonais n’apprennent pas ce que les Américains savaient. L’explication probable est qu’on ne tenait pas à ce que Nagumo et Yamamoto renoncent.Il n’y a aucune reconnaissance aérienne ni aucune patrouille navale. La moitié des batteries de DCA était désarmée. Les navires en rade et les avions étaient alignés au grand jour, comme au casse-pipe. La mise en scène était parfaite. Elle plaidait si bien l’innocence américaine que Washington déciderait de maintenir cette histoire officielle gravée dans le marbre des

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monuments aux morts, que reproduiraient indéfiniment les scénarios autorisés du cinéma hollywoodien. Pendant ce temps, les porte-avions avaient quitté Pearl Harbor pour Wake et Midway…S’il fallait insister, nous ajouterions que Takeo Yoshikawa, pseudo-chancelier du consulat (d’ailleurs inconnu des annuaires diplomatiques et donc très suspect au moment où il débarque), reconnu dès la mi-mai comme espion japonais à Pearl Harbor, avait communiqué d’avril à novembre ses informations au moyen du code « J » du Ministère des Affaires Etrangères, décrypté par les Américains, puis le 3 décembre au moyen de « Oite », un code moins élaboré, encore plus aisé à déchiffrer. Il lui était interdit, comme à tout civil, de se rendre directement sur les sites militaires pour prendre des photos, mais cela ne lui était pas nécessaire : il lui suffisait d’acheter et d’expédier des cartes postales sur lesquelles s’étalaient avantageusement les installations portuaires et les navires ! Suivi, photographié, filé, sous écoute téléphonique, il révélait impunément, et sans intervention des services secrets américains, le détail des installations à détruire. Ce n’est pas un touriste qui évolue incognito. Dès le 7 août, Hoover, chef du Bureau Fédéral de l’Intelligence (FBI), informe la Maison Blanche que Yoshikawa est « l’officier japonais traitant à Honolulu ».Le 2 décembre, celui-ci indique au vu et au su de tous les services américains concernés que « Pearl Harbor n’est pas en état d’alerte ».Le 3, les représentations diplomatiques japonaises dans les Indes Néerlandaises, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis recevaient l’ordre de Tokyo de détruire leurs matériels et les documents de chiffrage, sauf l’ambassade de Washington et le consulat d’Honolulu. Cet ordre, intercepté, ne laissait aucun doute au sujet de l’attaque sur le centre-Pacifique, où la base principale est Pearl Harbor. Il s’agissait pour Tokyo de conserver une liaison avec Yoshikawa jusqu’au dernier moment. L’Amiral Turner explique alors : « La destruction des codes signifie sans équivoque la guerre. »Le 6 décembre enfin, Yoshikawa communique, toujours écouté par les décrypteurs : « Il n’y a pas de barrage de ballons (aérostats) à proximité des objectifs, rien ne s’oppose à l’attaque surprise. » Le jeune Yoshikawa devait être, sur l’île, l’un des seuls à croire au phénomène de surprise. Néanmoins, pour ceux qui l’écoutent, l’emploi de cette expression signifie clairement qu’il ne s’agit pas d’une opération anodine ou hypothétique.Le 6 décembre, donc la veille de l’attaque de Pearl Harbor, toutes les positions des navires de Nagumo étaient actualisées, ce qui sera consigné noir sur blanc par l’attaché naval hollandais, Ranneft. J’insiste : à la veille de Pearl Harbor, les navires d’attaque japonais étaient suivis à la trace par les stations goniométriques, branchées aux antennes directionnelles qui ont localisé chaque porte-avions japonais et décrit leurs déplacements. Aucun ordre de dispersion n’a été donné.Les comptes-rendus radio et gonio n’étaient ni fragmentaires, ni erronés. Tous se recoupaient, même au cas où un message aurait été mal intercepté, car les radios japonais répétaient plusieurs fois chaque message.Il n’a été donné aucun ordre de dispersion, en dehors des gros navires modernes, qui s’étaient éclipsés depuis belle lurette, comme on l’a dit.Le 7 au matin, le Ward, un destroyer américain, entre en contact avec l’un des sous-marins japonais. Il transmet. On ne décrète pas d’alerte. A 7 h 02, Joseph Lockard et George Elliott, devant leur écran radar en surface, détectent une importante formation aérienne en approche. Ils ne savent pas qu’en sous-sol, les hommes du secret d’Hypo sont depuis longtemps au courant de l’attaque. Le lieutenant de service dit à Lockard et Elliott : « Oubliez ça. » On ne sait pas si le lieutenant savait quoi que ce soit, s’il ne croyait pas ce qu’il voyait ou s’il pensait à l’approche d’une douzaine de bombardiers qui devaient arriver ce matin-là des Etats-Unis.Voilà ce que contient le rapport de Teddy Valli.

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Le lendemain, le Président Roosevelt, qui s’y entendait, déclarait : « Hier, 7 décembre 1941, une date qui restera marquée par l’infamie, les Etats-Unis d’Amérique ont brusquement et délibérément été attaqués pas les forces aéronavales de l’Empire japonais. » Pour ce qui est de la seconde partie de la phrase, elle est rigoureusement exacte. On ne voit d’ailleurs pas comment une telle attaque aurait pu ne pas être « délibérée ». Mais son mot d’ »infamie » est un jugement moral sévère. N’était-il pas « infâme » de laisser faire, et de faire croire qu’il n’en savait rien ? Plus tard, les pilotes de bombardiers américains tairaient leurs propres scrupules, lorsqu’ils matraqueraient les villes de l’archipel japonais, en pensant à « l’infâme attaque surprise de Pearl Harbor ».La machination, à cause de laquelle périrent deux mille quatre cent soixante-seize personnes (plus 900 disparus et 1172 blessés), fut entièrement destinée à forcer l’opinion mondiale, et surtout américaine, en faveur de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Avant-guerre, certains officiers s’interrogeaient au sujet de l’affaire du Lusitania, qui avait provoqué la participation des Etats-Unis à la Première Guerre Mondiale. On sait maintenant que ce fut une manipulation des Américains. 20 ans plus tôt, un autre navire, le Maine, dont la chaudière avait accidentellement explosé en 1898, avait donné aux Etats-Unis le motif de l’entrée en guerre contre l’Espagne. Plus tard, dans les années 70, l’affaire du Tonkin fut elle aussi un montage américain, qui permit l’entrée en guerre au Vietnam. Enfin, lorsque eurent lieu les attentats du 11 septembre, le président Bush eut ce mot extraordinaire: c’était un « nouveau Pearl Harbour ». Il faut voir là un aveu parfaitement explicite.

A l’avenir, il sera sage d’étudier de très près ces sortes d’entrées en guerre retentissantes de « la plus grande démocratie du monde ».

Remarques supplémentairesNaturellement, une quantité de personnes affirment que cette étude des événements de Pearl Harbour relève du « conspirationnisme ». Dire que Roosevelt ne savait rien est pour le moins malhabile. Plus personne n’ose nier que Washington déchiffrait parfaitement les communications japonaises. Mais la volonté de nier les faits passe depuis longtemps par l’accusation de « conspirationnisme » ou de « théorie du complot ». Technique qui, on le sait, conduit très vite à l’accusation de « négationnisme » et de « nazisme », sensée éteindre tout débat. Elle a un avantage: ceux qui réagiront trop épidermiquement se lanceront dans des spéculations douteuses ou des réactions violentes, les manipulateurs officiels le savent, et dès lors cela disqualifiera cette recherche historique qui ne doit pourtant jamais s’éteindre, quel que soit l’événement. Cependant, le problème posé désormais par cette technique de la « vérité officielle par le vide » et tuant tout débat, c’est qu’elle est un va-tout; comme la mitraille sur le champ de bataille, si elle fait taire le premier rang, touché par la salve, elle galvanise le second rendu furieux mais ayant appris à mieux progresser. Et elle conduit inéluctablement à s’interroger sur… ces accusations de négationnisme et de nazisme. Et là, les étouffeurs de vérité ont des cheveux à se faire non seulement parce que le public a besoin de remettre en cause les institutions, mais aussi parce que les historiens authentiques (non pas forcément diplômés et accrédités) sont capables d’aller voir là où personne n’a osé jusqu’ici.

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Les lois interdisant les recherches n’ont aucune chance de vaincre, aucune vérité n’ayant besoin de loi.*: Qu’eut-il fallu faire ? Cacher et mentir, certes, c’est la règle, mais sur quelles bases ? De bonne foi, le Secrétariat d’Etat américain pouvait rappeler que le Pacte Tripartite entre Japonais, Allemands et Italiens, menaçait les intérêts américains au premier chef ; que l’expansion japonaise menaçait de faire capituler la Chine et de se saisir des anciennes colonies européennes, et toutes sortes d’autres choses que le Japon ne pouvait aisément justifier, telles que l’attitude de ses troupes et ses manquements perpétuels aux conventions internationales. Elle pouvait tout simplement affirmer qu’elle réprouvait la guerre japonaise en Chine ou l’annexion de la Corée, qui ne trouvent moralement de raison d’être ni dans leurs motifs, ni dans leur exécution.Le Japon n’avait pas ratifié la Convention de Genève.Voici les huit points du mémorandum : 1/ Conclure un accord avec la Grande-Bretagne pour l’utilisation de ses bases du Pacifique, dont Singapour. 2/ Conclure un accord avec les Pays-Bas pour l’utilisation de ses installations et l’approvisionnement depuis les Indes Orientales. Ceci est en cours. Les Hollandais disposent d’une station d’écoute à Java et interceptent les messages japonais. 3/ Aider au maximum Chiang Kai-shek. 4/ Expédier une division navale en Extrême-Orient. Y compris dans les eaux territoriales japonaises. 5/ Envoyer deux divisions sous-marines au même endroit. 6/ Maintenir le gros des forces navales dans la région des îles Hawaï. 7/ Pousser les Pays-Bas à refuser les exigences japonaises, en particulier concernant la fourniture de pétrole. 8/ Imposer un embargo total sur les échanges avec le Japon, en coordination avec la Grande-Bretagne.Au mois de septembre précédent, près de 90% des Américains étaient favorables aux isolationnistes, conduits par le pilote Charles Lindbergh et l’industriel John Ford. Roosevelt dut promettre que les jeunes gens du peuple « ne seraient pas envoyés pour faire la guerre à l’étranger. » Mais il déclarait à ses conseillers : « Si nous sommes attaqués, il ne s’agira plus de guerre étrangère. » F. D. Roosevelt était, semble-t-il, informé de l’existence des camps d’extermination hitlériens, mais il s’est longtemps heurté à une opinion publique hostile à l’entrée en guerre, inévitable à ses yeux.La presse américaine parle également de livraison de contre-torpilleurs américains à la flotte britannique. Washington aurait décidé l’allocation de crédits atteignant cinq milliards de dollars pour le renouvellement de sa flotte de guerre, qui inclurait cent porte-avions.Aux Etats-Unis, des grèves avaient lieu fréquemment. A Panama, il y eut des retards. En juillet, une immense bagarre impliquant trois mille ouvriers opposait les travailleurs sud-américains et d’autres venus des Antilles britanniques, lors des travaux d’aménagement du système défensif du canal.L’ensemble des avoirs japonais bloqués aurait dépassé deux milliards de dollars, dont 31 millions aux Etats-Unis, auxquels il faut ajouter les navires japonais saisis.Le premier convoyage de ravitaillement à l’Union Soviétique en guerre date de la fin juin 1941.La consigne donnée par Roosevelt lui-même obligeait à « considérer tout citoyen japonais débarquant à Hawaï comme espion et […] à interner en camp de concentration en cas de trouble. »

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COMMENT BIEN GÉRER SA SECTE ? (slides 78-80) 

Rares sont les secteurs qui s’épanouissent en temps de crise. Comme les fabricants de tabacs, les sectes font partie de ces exceptions qui parviennent à faire fructifier la morosité ambiante. Si toutes les sectes ne sont pas tournées vers la recherche du profit, des hommes comme Ron Hubbard ou Dieunedort Kamdem ont pondu de fascinantes machines spirituelles. Se remplir

les poches de fric en remplissant des têtes de vide, voilà ce que permettent les sectes. L’équipe du Délit vous donne quelques clés pour vous lancer.

    

Bien choisir son terrain     Il est crucial de bien choisir son point de départ pour une croissance rapide de votre culte. Une secte est une entreprise très particulière, qui s’épanouit dans la détresse ambiante. Si la plupart des entrepreneurs privilégient les zones économiques les plus dynamiques pour se lancer, il vous faudra prendre le contre-pied de cette tendance. La stagnation économique en Europe fait du continent une terre riche en opportunités pour les gourous en herbe. Eloignez-vous des pôles de compétitivité et soyez attentifs au chômage, à la pauvreté et la maladie : ce sont autant de facteurs qui favoriseront l’expansion de votre culte. De manière générale, plus une population est en détresse, plus elle constitue un terreau favorable à l’émergence de sectes. C’est d’ailleurs pour cela que la moitié Sud de l’Afrique foisonne de sectes en tous genres à l’Image de la Cathédrale de la Foi au Cameroun fondée il y a une dizaine d’année par Dieunedort Kamdem, un modèle de réussite sur lequel nous reviendrons.

S’inspirer des religions mais pas trop    Une fois votre terrain de jeu choisi il est temps d’élaborer ce qui constituera l’essence de votre culte et ce qui le distinguera des autres hormis la volonté d’empocher un maximum d’argent sur le dos de vos fidèles. Pour cela il n’est pas nécessaire d’élaborer toute une mythologie ni d’inventer une histoire qui expliquerait l’univers de ses origines à nos jours. Il est plus efficace de partir d’une référence solide, présentez votre secte comme une nouvelle branche du christianisme, de l’islam ou de toute autre religion déjà bien implantée sur place. Vous pourrez alors vous reposer sur toute une base de personnes qui croient déjà en Dieu, il s’agit simplement de les persuader que leur foi a désormais un prix.Néanmoins profiter de la crédibilité de religions séculaires ne suffit pas. Votre discours doit être adapté à vos proies. Insistez sur le côté communautaire et miraculeux de votre culte, vos victimes recherchent souvent de la compagnie et des solutions à leurs problèmes. Il est impératif d’inventer de nouveaux rituels, plus rock’n’roll que la messe du dimanche autrement personne ne vous prendra au sérieux. Il n’y a pas de limite au n’importe quoi dans ce domaine. Pour preuve, voilà à quoi ressemble une cérémonie de la Cathédrale de la Foi présidée par Dieunedort :A première vue cette secte a l’air d’une sympathique boîte dans l’évènementiel à ceci près qu’elle chasse les clients les plus vulnérables. Ceux qui n’ont que la foi pour espérer, disposés à payer pour entendre un néo-prophète leur prescrire un miracle comme remède à leur misère.

Viser les faibles    Il est maintenant temps de garnir les rangs de votre secte. Gardez en tête que vous êtes un vendeur de miracles, il faut donc viser prioritairement ceux qui sont à la fois suffisamment désespérés pour en avoir besoin et naïfs pour y croire. Une astuce consiste à monter parallèlement à votre culte une association fictive qui vous servira de tremplin de recrutement. Proposez-vous par exemple d’apporter un soutien psychologique aux malades dans les hôpitaux ou d’organiser des séances de méditations pour des patients en cure de désintoxication. Vous aurez ainsi accès à une audience particulièrement sensible au discours sectaire. Le démarchage personnalisé comme celui pratiqué par les témoins de Jéovah est une

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autre piste, l’important est de ne pas se présenter directement en tant que secte mais plutôt d’offrir aux personnes fragilisées une aide fictive qui ne sera en fait qu’un moyen de les manipuler.

Tirer le maximum des dons    On en vient à l’étape la plus gratifiante pour un gourou. Vous avez fondé votre doctrine et recruté des adeptes, il est maintenant temps de profiter de vos efforts. Les dons des fidèles sont la source principale des revenus des sectes, le hic est qu’il doit reposer sur l’initiative spontanée du donneur pour être légal. Pour contourner la législation il faut donc inciter les fidèles par des contreparties. Le meilleur outil pour cela est de hiérarchiser vos fidèles, créer une véritable microsociété où les élites, ceux qui donnent le plus, sont récompensés de titres honorifiques ou responsabilités bidons. On peut citer comme exemple le gouvernement mondial des géniocrates , plus haute instance du mouvement raëlien qui, derrière ce nom pompeux, cache la crème des faibles d’esprits du culte. Pour intégrer ce gouvernement mondial qui ne gouverne rien d’autre que lui-même, le naïf doit être prêt à s’acquitter d’une dime s’élevant à 10% de ses revenus. Une méthode redoutable sur des personnes en manque de progrès social.    Véritable impôt sous couvert d’offrandes, le don doit être central dans la pratique de votre culte. N’hésitez pas à lui donner un nom mystique comme « remerciement pour la lumière reçue » voire à menacer les radins en vous réappropriant la parole divine comme Dieunedort pour qui « si vous ne donnez pas 10% à Dieu, le Diable prendra 90% ».

Soigner son image de chef    Pour vos fidèles, vous êtes en tant que gourou, une partie intégrante de la mythologie de votre secte, un modèle de réussite, celui dont il faut s’inspirer pour espérer améliorer sa vie de merde. Partant de là il ne faut pas hésiter à étaler la richesse que vous procure cette activité, une manière efficace d’accroître la frustration des suiveurs, le cœur de leur loyauté. Officialisez votre supériorité par un titre qui en jette. Dieunedort se présente ni plus ni moins comme le Général de Dieu, le croira qui veut mais ce qui est sûr c’est qu’il est bien à la tête d’une armée de 10 000 illuminés. La mégalomanie est un atout dans l’industrie sectaire.

Monter la gamme de ses adeptes    Après avoir recruté une masse conséquente de personnes en situation de précarité économique ou mentale qui formeront la couche basse de votre arnaque spirituelle, il est temps de s’entourer de cadres.    En effet si vous avez l’ambition de dépasser le stade d’attroupement de marginaux il vous faut recruter des personnes plus à même d’évangéliser de nouveaux adeptes. Et ce n’est pas le ramassis de quarantenaires dépressifs au chômage recruté en premier lieu qui constituera des apôtres dignes de ce nom.  Certaines professions en particuliers peuvent constituer de véritables atouts. Les professeurs, formateurs et autres conférenciers par exemple, de par l’aura qu’ils peuvent avoir sur leurs élèves, sont de véritables faire-valoir pour votre culte. Ils sont évidemment plus difficiles à convaincre mais le jeu en vaut la chandelle car si un docteur en histoire est capable de croire à vos conneries son diplôme apportera une certaine crédibilité à votre mythologie.    De manière générale, toute personne exposée à des personnes immatures ou instables psychologiquement est à considérer. Un psychologue par exemple pourra garnir votre toute nouvelle école privée d’enfants en difficulté scolaire et du même coup les comptes de votre secte de l’argent de parents crédules.

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Diversifier son arnaque   Quand le gisement de débiles à portée de votre secte commence à se tarir, c’est qu’il est temps de proposer une offre marchande parallèlement aux dons comme relai de croissance à votre arnaque si bien partie. Pour ce faire, inutile de dépenser des millions en R&D, vendre des séances d’ « élévation de soi » ou des potions à base de plantes pour lutter contre le cancer suffiront amplement. Ce second axe de développement vise à extorquer de l’argent à tous ceux qui ne sont pas suffisamment cons pour croire en bloc à votre histoire de Paradis à 150€/mois tout en étant assez désespérés pour penser qu’une crème au ginseng les soignera de leur tumeur du foie ou que des séances de méditation répétées sont à même de faire revenir leur ex-femme. De plus, il y a parmi vos fidèles une pléthore d’exclus du monde du travail qui ne demande qu’à se sentir utile. C’est une formidable opportunité pour votre secte qui pourra ainsi constituer une force de vente servile et bon marché.    Les grandes entreprises doivent être des cibles prioritaires. La richesse des relations sociales qui y règne et le prestige qu’elles véhiculent donneront un coup de fouet à la propagation de vos idées. Pour les infiltrer, présentez votre secte comme une société de coaching ou toute autre activité qui vous permettra d’avoir un contact privilégié avec des salariés à la merci de votre propagande. C’est là que le recrutement des cadres supérieurs lors de l’étape précédente prend tout son sens. Ce sont eux qui pourront vendre les mérites de vos formations bidons aux dépens des véritables formateurs professionnels auprès de leur entreprise. Un jackpot pour votre secte qui y gagne à la fois de l’argent et une estrade pour son prosélytisme. C’est la méthode qu’a choisi d’employer la Scientologie via sa société de formation Landmark Education International qui propose des cours aux intitulés plus vagues les uns que les autres tel « expression et exploration de soi » qui ne sont que des façades cachant des rites d’initiation inspirés de la doctrine scientologue.

Se détendre…Enfin amusez-vous ! Gourou est un métier stressant qui demande beaucoup d’investissement, le tout entouré de cas sociaux qui n’arrêtent pas de vous demander pourquoi leur situation ne s’arrange pas. Néanmoins vous êtes le seul prestataire à n’offrir ni plus ni moins que le Paradis et cela comporte un certain nombre d’avantages. Il serait en effet regrettable de ne pas profiter de la masse d’illuminés qui vous suit pour vous divertir un peu. Faites leur faire des courses de roulades à poil dans le métro ou applaudir avec les pieds à la fin de chacune de vos phrases en leur expliquant que Dieu l’a voulu. Le septième ciel se mérite, à défaut d’y parvenir ces abrutis auront au moins réussi à égayer vos journées.

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Discours non verbal