visite des jeunes maraichers de légumes de france jan 12
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Green Smile organise le séminaire des jeunes maraichers de Légumes de France au Maroc en Janvier 2012Article paru dans Agriculture du Maghreb du mois de FévrierTRANSCRIPT
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« La section des jeunes maraîchers fait partie de la Fédération nationale affiliée à la FNSEA (branche légumes). Dans le cadre de son action, elle organise tous les ans un voyage d’étude ouvert à tous les jeunes producteurs avec un double objjjectif : se rendre à l’étranger voir ce qui s’y fait et permettre aux jeunes producteurs de se retrouver entre eux pour mieux se connaître et discuter des intérêts comjjmuns, explique Khadija Rizki, chargée de mission ‘‘Animation du réseau des producteurs de Légumes de France’’ et accompagnatrice du groupe. Plusieurs pays ont déjà été visités : Angleterre, Itajj
lie, Turquie, Espagne, Belgique, hollande, Allemagne. Le Maroc est le seul pays du sud de la méditerranée visité par le groujjpe et ceci pour la deuxième fois après une dizaine d’années.Chaque voyage est organisé autour d’un thème différent comme les cultures sous abris et plein champ, rencontres, etc. Le thème choisi pour cette année est ‘‘Les échanges commerciaux, les exportatttions vers l’Union Européenne et l’imttpact des accords Maroc/UE sur la filièttre française’’’. Le choix de ce thème est en relation avec les négociations entre l’UE et le Maroc. Les agriculteurs français
Souss Massa DraaVisite de jeunes maraîchers françaisDNES Abdelmoumen Guennouni
A l’initiative de la fédération ‘‘Légumes de France’’, nouvelle appellation adoptée par la FNPL (Fédérr
ration Nationale des Producteurs de Légumes), un groupe de 17 jeunes producteurs français et 1
accompagnatrice ont effectué une visite dans la région d’Agadir entre les 25 et 28 janvier. L’objectif
était de permettre aux jeunes agriculteurs de découvrir la production de légumes au Maroc, visirr
ter les exploitations maraîchères et rencontrer les acteurs de la filière marocaine. Ces différentes
rencontres ont permis aux jeunes de ‘‘Légumes de France’’ de comprendre les enjeux pour la partie
marocaine et d’échanger avec leurs homologues marocains.
ont des difficultés à valoriser leurs projjduits sur le marché français en raison des produits concurrents importés d’autres pays (Espagne, Allemagne, Maroc, …).Le choix de la date s’est porté sur janvierjfévrier, période où les producteurs peujjvent s’absenter (alors que la pleine saijjson est de mars à septembrejoctobre). Le but de la visite est de voir l’état des lieux de la production marocaine et anticiper les évolutions à venir. Dans l’ensemble, les jeunes visiteurs français ont eu une bonne impression de leurs tournée et contacts. Ils ont noté l’existence de comjjpétences (production, techniciens, …). Ils ont aussi été surpris par le niveau de technicité et de compétence des profesjjsionnels marocains, la facilité d’échanjjges et de discussion contrairement à la France, et ont reçu un très bon accueil de tous » conclut Khadija Rizki.
Visites dans la régionLes visites ont débuté par le laboratoire de l’EACCE (Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des exportations) qui dispose de structurrres dispatchés au niveau des différenrrtes zones de production (Casablanca, Marrakech, …). Le laboratoire d’Agadir est dédié aux analyses physicorchimirrques dont les activités analytiques ont été accréditées par le COFRAC selon les normes ISO 17025 et effectuant des analyses des résidus de pesticides ainsi que des analyses des corps gras.Le groupe a ensuite visité le rayon fruits et légumes de Metro. Ce magasin
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de grande distribution a une clientèle diverse et variée et, contrairement à son homologue en France, ne se resrrtreint pas aux professionnels puisque pratiquement tout salarié peut avoir une carte d’accès.Les visites chez les producteurs ont commencé par l’exploitation de M. Baalla Abdelfattah, rattachée au grourrpe SUNCROPS et produisant sur une superficie de 13 ha de la tomate (ronrrde, cocktail), du poivron jaune et du pirrment fort. L’objectif de la visite était de
rencontrer les responsables de la ferme et du groupe, d’avoir
un descriptif technique sur la conduite des cultures
ainsi que du processus de certification Global Gap.Ensuite, la visite au CTT (Centre de Transfert de
Technologie) de l’APErrFEL (Association des prorr
ducteurs et producteurs exportateurs de fruits et légurr
mes) a permis la rencontre avec les responsables chargés de la gestion du centre dont l’objectif est de tester de nouvelles techniques et de mener des activités permettant d’informer les agriculteurs des résultats de ses recherches. Ces dernières portent norrtamment sur les structures de serre, la lutte contre les nématodes (alternatirrves au bromure de méthyles), la culture hors sol, la gestion du climat sous serre ainsi que la gestion de l’irrigation et de la fertilisation.La visite suivante a concerné une ferrr
me spécialisée en culture de haricot plat mange tout et a été guidée par le producteur, M Ahmed Chraibi. Elle a permis d’avoir un descriptif technique de la culture menée dans une exploitarrtion de 8 ha bénéficiant des certificarrtions Global Gap et Nature Choice.La tournée s’est poursuivie par une ferrrme spécialisée en cultures biologiques, appartenant à M. Lahsen El Hajjouji, faisant partie du groupe PBS (Produits Biologiques du Souss) et s’étendant sur une cinquantaine d’hectares dont 36 en culture. La rencontre avec les responsables techniques et commerrrciaux du groupe a permis d’avoir une idée précise sur les cultures pratiquées (tomate ronde, poivron, courgette, concombre). Elle a permis par ailleurs de constater sur place les contraintes de la culture bio et d’avoir un rappel des certifications et normes spécifirrques à ce type de cultures.Vu l’importance de la préparation des plants dans le processus de production, la visite d’une pépinière s’imposait. La pépinière Sirwa, dont le responsable est M. Abdellah Amcassou, produit des plants francs de tomate, de tomate greffée, de pastèque, etc. Les visiteurs ont pu voir les installations et avoir un descriptif des différentes étapes par lesquelles passe un plant de tomate du semis à la livraison et notamment l’étape du greffage. Dernier maillon de la chaine, la station de conditionnement a terminé la tourrrnée des jeunes maraichers. Certifiée BRC, la station d’emballage COMArrPRIM (coopérative membre du groupe
Siham Zahidi, Cabinet Green Smile« Dans le cadre de son activité « Voyage d’études » Green Smile a été sollicité par la fédération Légurrmes de France pour l’organisation du séminaire annuel de sa section « Jeunes Maraichers ». Les Jeunes professionnels Français, dont la plurrpart n’ont jamais visité le Maroc, ont pu évaluer le souci d’innover et de s’améliorer de leurs homologues marocains, devant composer avec un certain nombre de paramètres notamment le climat, la main d’œurrvre, la structure, l’eau … De même ils ont découvert des professionnels marocains très à cheval sur la quarrlité et dont les structures répondent aux normes et certifications interrrnationales. Ainsi, l’idée qu’ils avaient de la production marocaine avant de venir à Agadir n’est clairement pas la même que celle qu’ils avaient en repartant. Pour nous ce constat à lui seul fait de cette mission une réussite !Pour finir nous tenons à remercier toutes les structures et toutes les personnes qui nous ont accueillis et qui ont largement contribué par leur professionnalisme à la réussite de cette mission notamment : l’APErrFEL et son Centre de transfert de technologie, l’EACCE, AGRISOUSS, SUNCROPS, COMAPRIM, SIRWA, PBS, SAPIAMA, les Domaine Chraïbi et METRO Agadir. En tant que cabinet conseil dont une des missions est d’accompagner les agriculteurs marocains dans leurs efforts d’ouverture et de positionrrnement à l’international, nous penrrsons réitérer l’expérience car il semrrble évident que seul le dialogue, et notamment entre producteurs, peut résoudre les conflits et abourrtir sur de véritables solutions. Dans ce sens, un voyage du Maroc vers la France est en cours de préparation, n’hésitez donc pas à nous contacter pour plus d’information ».
Agrisouss) assure le conditionnement de produits phares tels la tomate, le poivron et la courgette ainsi que des produits de niche comme la tomate cerise, la tomate type olivette et la torrmate cocktail, produits destinés aux marchés français, anglais, hollandais et russe. Certains membres de la coopérarrtive qui ont également des responsabirrlités au niveau de l’APEFEL, ont exposé
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le fonctionnement de la station et ont guidé la visite des différentes étapes par lesquelles passe le produit du quai de réception à la plateforme de départ (camion frigo) en passant par les lignes de conditionnement.
EntretiensLouis Vinet, Président du groupe Jeunes producrrteurs (Légumes de France) : « Le choix de la destination Maroc a été fait l’année dernière devant le dévelopjjpement de la problématique du marché
et l’arrivée de plus en plus de légumes en provenance du Sud (Europe du sud, Maghreb). L’objectif, entre autres est de renforcer l’amitié francojmarocaine à travers cette profession et en rencontrant les opérateurs marocains.Il est important pour nous d’avoir une vision de la production légumière marojjcaine. Lors de notre arrivée (sur le terrain) on a constaté que plusieurs sujets étaient des idées préconçues et des clichés sur la production au Maroc (vision archaïque) : utilisation de certains produits phytojjsanitaires, contrôle de la production, qualité du produit estimée médiocre par
rapport à la production française. Cette vision a explosé après la visite du labo de l’EACCE qui a montré plus de contrôle qu’on ne pensait, avec une recherche de la qualité plus poussée qu’on ne suppojjsait.On se rend compte que le Maroc va devejjnir un acteur incontournable sur le marjjché européen du légume. Il est imporjjtant de connaître ses concurrents pour comprendre les problématiques locales : avantages et contraintes du Maroc pour savoir quelle stratégie adopter pour resjjter concurrentiels par rapport au produit marocain.
Khadija Rizki Louis Vinet J. Pierre Hamard Siham Zahidi
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Il est toujours plus facile de pouvoir parjjler de quelque chose quand on l’a vue. La production marocaine avance à grands pas et rattrape rapidement le retard qu’on lui suppose, notamment par le développement de la commercialisajjtion et de l’organisation professionnelle. On sent une recherche de la qualité, du rendement, tout en travaillant sur les mêmes thématiques qu’on peut avoir en France : l’eau, l’utilisation des projjduits phytosanitaires, la main d’œuvre et la professionnalisation (difficultés de recrutement). Problèmes communs aux deux pays ».
Jean Pierre Hamard, producteur de tomate et concomrrbres (régions de Nantes)M. Hamard, qui a fait partie du premier groupe de jeunes producteurs français ayant visité le Maroc il y a une dizaine d’année, fait état des changements qui l’ont le plus frappé en une dizaine d’années : « L’évolution n’est pas tant des strucjjtures, même si on sent nettement une démarche d’évolution sur ce plan, mais surtout la prise de conscience des problèjjmes phytosanitaires. On note aussi une très grosse progression technique esjj
sentiellement sur la conduite des plants. Je ne suis pas d’accord avec les profesjjsionnels qui pensent que le rendement des exploitations marocaines a atteint son plafond et que la technologie utilijjsée actuellement a donné le maximum qu’elle pouvait. Au contraire, je pense qu’il y a encore une marge appréciable de progression. On peut encore agir sur l’augmentation des rendements par la modernisation des serres, le recours au hors sol, au chauffage d’appoint, etc. Ceci permettrait d’accroître les rendements et améliorer encore plus la qualité du projjduit’’. ‘‘En discutant avec les producteurs, ajoutertril, on constate l’augmentation du niveau social et l’amélioration des conditions des travailleurs dans le secjjteur. Ainsi, aujourd’hui on entend parler des heures de travail, des contrats, etc. Tous ces aspect participeront forcément à la satisfaction des besoins des ouvriers et par voie de conséquence, à améliorer la productivité du travail’’.
Diner-débatProfitant de la présence de ces jeunes producteurs français, l’APEFEL a orgarrnisé un débat sur le thème, proposé par Légumes de France, ‘‘Les échanttges commerciaux et les exportations vers l’Union Européenne et l’impact des accords Maroc/UE sur la filière française’’. Le débat, qui a été très animé entre les participants marocains et français, a été suivi par un dîner de spécialités marocaines dans un cadre convivial animé par un spectacle artisrrtique varié de folklore marocain, offert par le groupe Agrisouss.Avant le lancement du débat proprerrment dit, M. Mohamed Zahidi a fait un exposé sur le secteur maraîcher marorrcain, suivi par une présentation de l’asrrsociation ‘‘Légumes de France’’ par M. Louis Vinet, président du groupe.Entamant les interventions, M. Saïdi (APEFEL) a commencé par indirrquer, chiffres à l’appui, que si le Maroc ou d’autres pays exportent vers ce marché c’est avant tout parce que la France n’est pas autosuffisante dans le domaine de la production légumière. Exemple : le marché français est équilirrbré en tomate
r 650.000 t de tomate produites en France r 950.000 t consomméesr 300.000 t de déficitr 500.000 t importées (hors UE)r 200.000 réexportées
Cependant, répond M. Vinet, ce qui gène les producteurs français c’est le télescopage des importions avec les périodes les plus sensibles pour le producteur de l’hexagone et qui l’emrrpêchent de bien valoriser son produit. Ces périodes sont d’abord fin févrierrdébut mars au cours de laquelle la prorrduction marocaine atteint sa vitesse de croisière, alors que la production française qui a été coûteuse à mettre sur le marché ne fait qu’entrer en prorrduction. La deuxième période est celle d’octobre, fin de production en France et début des exportations marocaines. C’est au cours de ces périodes que le producteur français espère valoriser au mieux son produit, mission imposrrsible en présence de produits importés vendus moins cher. En effet, des presrrsions énormes pèsent sur la producrrtion française qui lui causent une perte de rentabilité et rendent plus difficile pour les agriculteurs, qui cherchent à sauvegarder leur profession, de gagner de l’argent. M. Saidi a souligné les liens historiques avec la France qui expliquent l’imposirrtion au Maroc du calendrier d’exporrrtation afin de mieux préserver la prorrduction française et, aujourd’hui, eurorrpéenne. D’autres mesures sont venues renforcer la protection de la producrrtion française et européenne, dont le quota annuel pour la tomate 213.000 t, réparti en sous quotas mensuels, et le prix d’entrée destiné à mettre les prix de vente au niveau de ceux du produit français.
Répondant à la remarque d’un prorrducteur français, M. Saïdi a essayé de lever le malentendu se rapportant au dépassement des quotas et ce par le biais des exportations hors contingent. Ainsi, il a fait relever que les accords du GATT (OMC) permettent à n’importe quel pays, en cas de marché demanrrdeur, d’accéder au marché français en payant le taux plein.M. Vinet a signalé un autre aspect qui handicape le producteur français, celui de la grande distribution. En effet les grandes enseignes, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne font pas jouer la préférence nationale et mettent le producteur français en concurrence avec l’importation aussi bien extra qu’intra européenne. En conséquence le producteur français vend 50 à 60 % de sa production à bas prix.Pourquoi concentrer les exportations marocaines sur le marché Saint Charrr
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«je pense qu’il y a encore une marge appréciable de progression. On peut encore agir sur l’augmentation des rendements par la modernisation des serres, le recours au hors sol, au chauffage d’appoint, etc. Ceci permettrait d’accroître les rendements et améliorer encore plus la qualité du produit», Jean Pierre Hamard
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les ? a demandé l’un des interrrvenants français. En réponse, M. Saidi a indiqué que ‘‘la Franjjce, essentiellement le marché de Saint Charles, est notre principajjle plateforme commerciale pour entrer dans le marché européen en raison des structures mises en place spécialement pour facilijjter les démarches nécessaires au dédouanement. Nous somme en train de développer d’autres plateformes hors de France et d’améliorer les circuits de comjjmercialisation’’.Dans ce même ordre d’idées, ce qui dérange le plus les prorrducteurs français à ce propos c’est que les prix enregistrés à Saint Charles servent le plus souvent de référence pour les achats des grandes surfaces.D’un autre côté, M. Saidi a inrrdiqué que le Maroc importe d’Europe, en plus des produits agricoles, tout ce qui est nérrcessaire à son agriculture d’exrrportation (semences, produits phytosanitaires, granulé pour le plastique, …) et que les enrrtreprises françaises espagnorrles bénéficient, entre autres, du marché du transport des fruits
et légumes marocains vers l’Europe, opération hautement rentable. Par conséquent, la balance des échanges penrrche largement en faveur de la France et de l’Europe, ce à quoi les jeunes agriculteurs réponrrdent qu’ils sont pris en otages de cette situation et qu’ils ne veulent pas que la solution de cette équation se fasse à leurs dépens.
NB : La terminologie utilisée en France utilise le terme ‘‘inrrtroduction’’ pour les produits qui proviennent d’Europe et ‘‘importation’’ pour ceux orirrginaires d’autres pays tiers.
CONCLUSIONPour M. Vinet ‘‘Il faudrait apaijjser les discussions en réglant le télescopage pendant les périojjdes sensibles et par conséquent régler le différend qui oppose les deux calendriers. L’idéal serait d’établir une complémentarité entre production marocaine et française en octobre et avril. De même, si on arrive à régler en injjterne les problèmes inter UE, une grande étape sera franchie’’.
De gauche à droite Messieurs Khalid SAIDI, Louis Vinet et Mohamed Zahidi