PAUSE PHILO Viroflay

SUJET du JOUR : Peut-on agir mieux ?PRÉCISION SUR LA PROBLÉMATIQUE :L’humanité n’agit-elle pas toujours au mieux ? On dit quelque fois « peut mieux faire », mais est-ce possible ? Qu’est-ce qu’agir « mieux » ? Est-ce que c’est agir « mieux » ou agir « plus » ? Quelle est la part de déterminisme et de libre arbitre dans nos actions ? Le mieux c’est peut-être parfois ne pas agir / Lâcher prise ? Est-ce que c’est moi ou les autres qui évalue(nt) l’action ? Comment ? Opposition objectif/subjectif ?

EXPLORATION DU SUJET : HYPOTHÈSES DE RÉFLEXION ET ARGUMENTATIONS EN CHERCHANT L’UNIVERSALITÉ DANS LE SUJET :

Hyp1 : Il existe des critères de jugements.

Qu’est-ce qu’un critère ? Un critère est une donnée objective. Il existe des critères relatifs (propre à l’individu, à l’Autre), des critères supérieurs à ceux de l’individu (comme le jugement d’un juge), des critères universels (propre à l’humanité). Quand j’agis je le fais en fonction de mes valeurs morales, de mes convictions, de mes désirs, et aussi en fonction de l’influence des autres qui me font relativiser mes propres convictions.

Si tous les autres sont contre mes convictions, que faire ? Agir ? Ne pas agir ? Agir en dépit des convictions des autres ? Les circonstances modulent les critères de jugements.

Qui édicte les critères ?

Hyp 2 : Il existe une autorité extérieure à l’homme, une autorité qui a toujours raison.Cette autorité c’est le Dogme, l’Histoire, le Passé. Un événement peut perturber cet ordre, c’est le chaos, la désorganisation, la mort. Dans cette hypothèse, du début à la fin de la vie, il n’y a que le Passé, on ne peut donc jamais faire mieux.

Hyp 3 : on joue des rôles, il y a un attendu (comme le trader qui doit gagner obligatoirement).Un rôle est une limite, une détermination, l’action peut être déterminée par le rôle. Peut-on sortir du rôle qu’on se donne ou que les autres nous donnent ?

Peut-on choisir ses rôles ? Un jugement a condamné un militant basque à retourner chez lui, il s’y est fait assassiner à son arrivée. Peut-on faire mieux qu’obéir à une injonction supérieure ?

- On peut choisir de ne pas jouer un rôle et de désobéir à l’autorité : à certains moments cruciaux, les plus fondamentaux, on peut se libérer des déterminismes du passé, des rôles, de l’autorité. Dans l’Histoire, il existe un moment où on dépasse les autorités.

- Dans le temps, à un instant donné on ne peut agir mieux que ce que l’on a fait. A l’instant où on agit, on agit en fonction d’un nombre déterminé de critères. On est déterminé par l’instant, par le temps.

- On peut également réfléchir à la barrière du temps : sur l’Impensable.António Marchado, « il n’y a pas de chemins, il n’y a que des sillages sur l’océan »Heidegger : il y a l’instant et le point de l’instant. Concept qui prétend sortir du Temps et de l’Ordre.

C’est une vanité que de chercher à agir « au mieux ». On n’agit pas toujours « au mieux » (dans la limite de nos capacités), mais on agit toujours « pour le mieux », c’est indépassable : c'est-à-dire qu’on agit en direction du mieux qui n’est jamais atteignable. Ce qui compte c’est d’agir juste (mais dans le temps les critères changent)

Est-ce que le « mieux » est le « juste » ? (les critères changent dans le temps, cf. le concept de « guerre juste ») ; le « juste » est-ce la « justesse (notion de mesure) » ?

2013-10-12 Animateur : Bruno MAGRET Page 1/3

PAUSE PHILO Viroflay

Quand on veut agir « pour le mieux », on sort du juste pour entrer dans la justesse (la moyenne, la norme). Le juste milieu aristotélicien c’est la moyenne.

Jugement de Salomon : 2 femmes se présentent devant Salomon s’accusent d’avoir volé l’enfant. Salomon menace de couper l’enfante n deux pour le partager, alors la vrai mère se manifeste pour s’interposer « donner lui ». C’est l’action juste par excellence. L’action motivée par l’Amour. La justice dépasse la justesse.

On agit sur soi, sur les autres, sur le monde. Avec sagesse, on trouve les critères de ce qui va vers le bien commun. Plus on est conscient des lois, du Dogme, plus on s’en libère, plus on peut choisir ; plus on arrive à la Liberté, à la libération. On ne peut avoir cette conscience tout le temps car on est envahit d’émotions. Salomon ne veut pas faire sortir le Vrai mais l’Amour (qui permet d’agir) : on veut savoir qui aime le plus l’enfant, et pas forcément qui est la vraie mère.

Les émotions empêchent-elles de connaître la loi ? L’Amour est-ce l’émotion ? Certaines femmes volent des bébés dans les maternités : il existe des émotions qui empêchent les émotions. L’Amour est au-delà du Vrai, du Calcul (Vérité, véracité). Les émotions empêchent ou permettent de dépasser le calcul. L’Amour que veut mettre en exergue Salomon est différent des émotions, de la raison calculante, du vrai. Il y a une égalité de principe entre les êtres humains face à la mort ; on a tous du « bon sens » (dans sa dimension la plus profonde), on est l’Humanité, on n’est pas séparés, il existe l’Amour.

Au-delà du temps il existe l’Etre, en dehors de l’Existence (l’Etre est éternel). L’Existence se manifeste par le temps. Exister est un être perçu. Immatérialisme, le monde se construit à chaque instant. Les sens assemblent le monde à chaque instant ; on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve (cf. le surmoi de Nietzsche). Pour Descartes, la perception est un malin génie et avant toute existence, il existe des principes qui existent de toute éternité. L’Amour est cartésien (vs empiriste). Le monde ne peut pas être enfermé dans le temps, l’action ne peut pas être enfermée dans des critères. La femme qui veut sauver son enfant agit au nom d’un lien idéal qui l’unit à son enfant, d’un lien en dehors de l’existence, en dehors du temps, elle agit au nom de l’Amour.

Dieu est le mouvement du mouvement, c’est l’existence de l’existence (cf. Paul), c’est l’excès, le plus, rien ne peut être limité, il y a une infinité de possibles, le monde est infini : il y a toujours plus que soit quand on agit, quand on s’est affranchis des limites. Il y a un insondable, un indicible : la femme doit faire le deuil de l’émotion (tristesse/douleur de donner son enfant à l’autre) au nom d’un lien éternel qui l’unit à son enfant, au nom de l’Amour.

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PAUSE PHILO Viroflay

POUR ALLER PLUS LOIN - NOTES POUR CREUSER CE SUJET :

1- L’opposition Mieux/Plus2- L’opposition Objectif/Subjectif3- L’opposition Individuel/Pluriel4- L’opposition Juste / Justesse5- L’opposition Cartésiens / Empiristes6- Lire Nietzsche « Ainsi parlait Zarathoustra »7- Lire Descartes et les cartésiens8- Voir les films « Matrix », « Matrix Revolution », « Matrix reloaded » de Andy et Lana Wachowski.

AUTRES SUJETS DU JOUR PROPOSÉS :

Suite du sujet précédent de Louis-Joseph : Qu’est-ce qui s’impose dans la Violence ?Jean-Yves : Les œuvres d’Art sont-elles des biens marchands comme les autres ?Anne-Marie :Qu’est- ce que l’indignation ?Patrick : Le mensonge est-il nécessaire à la Démocratie ?Martine : Quelles sont les limite de l’objectivité ?Chantal : La dénonciation(Le sujet du jour a été proposé par Ingried)

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