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Vendredi 1 er avril 2016 : Mgr le duc d’Anjou vénère la Sainte Tunique du Christ à Argenteuil. J’ai souhaité, à l’occasion de cette ostension exceptionnelle, pouvoir vénérer à mon tour, la Sainte Tunique conservée dans la Basilique d’Argenteuil. Depuis le recueil de cette insigne relique par Charlemagne qui l’a reçue de l’impératrice Irène de Constantinople, nombreux furent les rois de France, mes ancêtres, qui vinrent l’honorer. Les annales ont retenu notamment Louis VII dont le règne marque la première ostension dont on ait la trace ; saint Louis dont la dévotion était si grande qu’il acquit les reliques de la Passion et fit construire pour elles la Sainte-Chapelle ; François 1 er sous le règne duquel eut lieu une grande procession réunissant la Couronne d’épines et la Sainte Tunique ; Henri III et Louis XIII vinrent (Suite page 2) Bimestriel N° 3 - Mars-avril 2016 Le vendredi 1 er avril, Monseigneur s’est rendu à Argenteuil pour participer à l’ostension de la Sainte Tunique du Christ prévue du 25 mars au 10 avril. Cette ostension exceptionnelle avait été décidée par Mgr l’évêque de Pontoise pour célébrer les cent cinquante ans de la construction de la nouvelle basilique, les cinquante ans de la création de ce nouveau diocèse et l’année de la Miséricorde proclamée par le Pape François. Accompagné du Père Augustin Pic, du comte de Beaumont-Beynac, de Jean-Christian Petitfils, du baron Pinoteau et de plusieurs membres de son secrétariat, le Prince fut accueilli par M. l’abbé Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique. Au premier rang, avaient pris place M. Georges Mothron, maire d’Argenteuil, ainsi que plusieurs ad- joints et membres du Conseil municipal. Son Président étant retenu en province par un deuil, l’IMB était représenté par son Secrétaire général, Laurent Legrip de La Rozière, son Trésorier, le baron de Maistre et de nombreux membres dispersés dans une foule très dense. Après une messe d’une grande solennité, le Prince et ses proches purent vénérer la Sainte Tunique dans un grand moment de recueillement et d’émotion. Lors de la sortie, le Prince échangea longuement avec les autorités et les pè- lerins. À l’occasion de cet événement, Mgr le duc d’Anjou a publié la déclaration que voici : Page 1 Vendredi 1er avril 2016 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 8 Lettre sur les ouvriers par M. le comte de Chambord Les Rois et la Musique à Évian-les-Bains, le samedi 23 janvier 2016 Andreï Makine, le nouvel Immortel Programme à venir Lectures recommandées Éditorial

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Page 1: Vendredi 1 avril 2016 - royaute.info · d’Andreï Makine et notamment de son livre Le Testament français. Cet auteur d’origine russe nous permet de mieux comprendre la magie

Vendredi 1er avril 2016 :

Mgr le duc d’Anjou vénère la Sainte Tunique du Christ à Argenteuil.

J’ai souhaité, à l’occasion de cette ostension exceptionnelle, pouvoir vénérer à mon tour, la Sainte Tunique conservée dans la Basilique d’Argenteuil. Depuis le recueil de cette insigne relique par Charlemagne qui l’a reçue de l’impératrice Irène de Constantinople, nombreux furent les rois de France, mes ancêtres, qui vinrent l’honorer. Les annales ont retenu notamment Louis VII dont le règne marque la première ostension dont on ait la trace ; saint Louis dont la dévotion était si grande qu’il acquit les reliques de la Passion et fit construire pour elles la Sainte-Chapelle ; François 1er sous le règne duquel eut lieu une grande procession réunissant la Couronne d’épines et la Sainte Tunique ; Henri III et Louis XIII vinrent

(Suite page 2)

Bimestriel N° 3 - Mars-avril 2016

Le vendredi 1er avril, Monseigneur s’est rendu à Argenteuil pour participer à l’ostension de la Sainte Tunique du Christ prévue du 25 mars au 10 avril. Cette ostension exceptionnelle avait été décidée par Mgr l’évêque de Pontoise pour célébrer les cent cinquante ans de la construction de la nouvelle basilique, les cinquante ans de la création de ce nouveau diocèse et l’année de la Miséricorde proclamée par le Pape François.

Accompagné du Père Augustin Pic, du comte de Beaumont-Beynac, de Jean-Christian Petitfils, du baron Pinoteau et de plusieurs membres de son secrétariat, le Prince fut accueilli par M. l’abbé Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique. Au premier rang, avaient pris place M. Georges Mothron, maire d’Argenteuil, ainsi que plusieurs ad-joints et membres du Conseil municipal. Son Président étant retenu en province par un deuil, l’IMB était représenté par son Secrétaire général, Laurent Legrip de La Rozière, son Trésorier, le baron de Maistre et de nombreux membres dispersés dans une foule très dense.

Après une messe d’une grande solennité, le Prince et ses proches purent vénérer la Sainte Tunique dans un grand moment de recueillement et d’émotion. Lors de la sortie, le Prince échangea longuement avec les autorités et les pè-lerins.

À l’occasion de cet événement, Mgr le duc d’Anjou a publié la déclaration que voici :

Page 1

Vendredi 1er avril 2016

Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 8

Lettre sur les ouvriers par M. le comte de

Chambord

Les Rois et la Musique à Évian-les-Bains,

le samedi 23 janvier 2016

Andreï Makine, le nouvel Immortel

Programme à venir Lectures recommandées

Éditorial

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aussi se recueillir, ainsi qu’à la suite de Blanche de Castille, les reines Catherine et Marie de Médicis et Anne d’Au-triche. Au-delà de l’importance de la Sainte Tunique, relique permettant aux fidèles de renforcer leur foi en offrant à leur vénération un objet qui les relie directement au Christ, l’ostension suscite une communion comme peu d’événements en produisent.

Publique, elle permet à tout un peuple de s’associer dans une même prière. Il y a là un symbole très fort. Les ostensions permettaient à des dizaines de milliers, des centaines de milliers de Français, d’être réunis autour du souverain pour un acte commun. Cette année, ce seront entre 250 000 et plus de un demi-million de personnes qui participeront à cette présentation solennelle. Quel symbole pour notre époque ! Un

des événements majeurs de l’année sera religieux. Voilà qui remet bien des idées en place. Dans une société laïcisée dans laquelle d’aucuns voudraient n’attribuer à la religion qu’une dimension personnelle et indivi-duelle, il est important de donner l’occasion d’exprimer leur foi et leurs convictions à de nom-breux fidèles dans un esprit d’unité.

Plusieurs Évêques et Cardinaux, et il me plaît, tout particulièrement à cette occasion, de saluer

Son Éminence le Cardinal Philippe Barbarin, Primat des Gaules, se succéderont, durant ces deux semaines, pour présider les cérémonies. La présence de tous renforce le caractère universel de l’ostension de 2016. Il me paraissait important, à la fois comme chrétien et comme héritier des rois mes prédéces-seurs, d’y participer dans le même élan de partage avec le plus grand nombre d’une foi commune dans laquelle la France puise son identité et sa grandeur.

La messe du 1er avril est célébrée par Son Excellence Luc Ravel, Évêque aux Armées, aux intentions de la France. Dans ma position d’héritier de la dynastie qui a fait la France, j’ai tenu à m’y associer, souhaitant ainsi continuer à inscrire cette ostension de 2016 dans une tradition plus que millénaire.

Je remercie tout particulièrement Son Excellence Stanislas Lalanne, Évêque de Pon-toise, d’avoir pris l’initiative de permettre cette ostension exceptionnelle pour les cent cinquante ans de l’édification de la nouvelle Basilique Saint-Denys, les cin-quante ans de la création du diocèse du Val d’Oise et l’année de la Miséricorde. J’associe à mes remerciements l’ensemble des équipes paroissiales si dévouées. En-fin, j’adresse toutes mes félicitations au Père Ca-

riot, recteur de la Basilique, pour son rôle majeur dans l’organisation de ces cérémo-nies et la restauration exemplaire de la sainte relique. Qu’en cette occasion, qui nous permet de toucher jusqu’au plus profond du mys-tère de notre foi catholique et de notre histoire de France, saint Louis et saint Denis intercèdent afin que la France poursuive sa mission, si essentielle pour toute l’hu-

manité, de fille aînée de l’Église. Louis, duc d’Anjou 1er avril 2016

Crédit photo : Fabien Klotchkoff

(Suite de la page 1)

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Éditorial

Chers Amis, Tant pour le bulletin que pour l’ensemble de nos activités, l’Institut a trouvé sa vitesse de croisière. Pour « Les Nouvelles », mes remerciements s’adressent à l’équipe qui a en charge notre périodique. Paraître régulière-ment n’est pas facile. Merci à eux. Mais c’est aussi à chacun des membres d’aider notre publication en diffusant Les Nouvelles et en incitant à s’y abonner. Nous connaissons tous des personnes qui ne veulent pas franchir le pas d’adhérer mais qui seraient heureuses de partager nos informations culturelles sur la tradition et celui qui l’incarne, le Prince Louis. Pour nos activités, ce numéro rend bien compte de leur diversité. L’institut poursuit ses activités régulières comme les conférences mensuelles qui attirent toujours un public fidèle et assidu et bien évidemment les activités spéciales liées aux anniversaires historiques ou à des manifestations particulières. Ainsi nombreux furent les membres de l’ins-titut qui purent se joindre à la venue du Prince Louis lors de l’ostension de la Sainte Tunique d’Argenteuil. La conti-nuité de la tradition a été, une nouvelle fois, assurée autour de cette relique dont la conservation à Argenteuil depuis Charlemagne a permis à de nombreux rois et reines de venir la vénérer au cours des siècles. Avec le compte rendu du concert donné à Évian sous le patronage de l’IMB transparaît une autre activité de notre institut culturel qui peut et doit développer ses parrainages donnés à des manifestations de qualité. Là encore le rôle de tous les membres, notamment ceux de province, est important. Ce sont eux qui doivent nous permettre d’at-teindre ces nouveaux publics et, par là, de développer notre rayonnement. Dans le même esprit, nous rendons compte, à l’occasion de son élection à l’Académie française en mars, de l’œuvre d’Andreï Makine et notamment de son livre Le Testament français. Cet auteur d’origine russe nous permet de mieux comprendre la magie de la France, de sa langue et de sa civilisation. Bel hommage à notre France ! Singulier exercice culturel donné par un étranger ! Beau moyen de ne pas désespérer de notre pays et de ce que sa culture représente aux yeux du monde ! Enfin l’histoire et le présent se rejoignent souvent. La première éclaire le second. Il y a cent cinquante ans, le comte de Chambord publiait sa célèbre Lettre sur les ouvriers. Nous étions alors au début de la société industrielle. Les juge-ments du Prince étaient justes. Parvenus au terme de ce cycle, il était intéressant de la lire. On y puise toujours beau-coup. Ainsi donc, à travers des activités variées, toutes faites au nom de la culture et de ce que celle-ci peut apporter à nos contemporains, l’Institut de la Maison de Bourbon poursuit son œuvre d’utilité publique. Vous continuerez à être sollicités pour participer à de nouvelles actions ou aider à leur financement. Nous savons que nous pouvons comp-ter sur vous et qu’avec vous l’IMB poursuit ses objectifs de service du Prince Louis et de réponse aux attentes et aux besoins de ses membres pour la défense des valeurs culturelles et spirituelles qui ont fait la France.

Prince de Bauffremont Président

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Lettre sur les ouvriers,

par M. le comte de Chambord - 20 avril 18651.

L’opinion pu-blique a le pressenti-ment d’une crise pro-chaine. Les ouvriers le partagent, et l’expres-sion de leurs vœux après l’exposition de Londres2 suffit pour nous en convaincre. Il m’a donc semblé que le mo-ment était venu de leur montrer que nous

nous occupons de leurs intérêts, que nous connaissons leurs besoins, et que nous avons à cœur d’améliorer, autant qu’il est en nous, leurs situation. En conséquence, j’ai pensé qu’il était utile d’ap-peler l’attention et la sollicitude de nos amis sur cette grave question. Essayons ici, après avoir signalé le mal, d’en indiquer le remède.

LE MAL 1° La royauté a toujours été la patronne des classes ouvrières. Les établissements de saint Louis, les règlements des métiers, le système des corporations en sont des preuves manifestes. C’est sous cette égide que l’industrie française a grandi, et qu’elle est parvenue à un degré de prospérité et de juste renommée qui, en 1789, ne l’a laissée inférieure à aucune autre. Qu’avec le temps et à la longue les institutions aient dégénéré ; que des abus s’y soient introduits, c’est ce que personne ne conteste. Louis XVI, un de nos rois qui ont le plus aimé le peuple, avait porté ses vues sur les améliorations néces-saires ; mais les économistes qu’il consulta servirent mal ses paternelles intentions, et tous leurs plans échouè-rent. L’assemblée constituante ne se contenta pas, ainsi que l’avaient demandé les cahiers, de donner plus de liberté à l’industrie, au commerce et au travail ; elle ren-versa toutes les barrières, et, au lieu de dégager les asso-ciations des entraves qui les gênaient, elle prohiba jus-qu’au droit de réunion et à la faculté de concert et d’en-tente. Les jurandes et les maîtrises disparurent. La liberté du travail fut proclamée, mais la liberté d’association fut détruite du même coup. De là cet individualisme dont l’ouvrier est encore aujourd’hui la victime. Condamné à être seul, la loi le frappe s’il veut s’entendre avec ses compagnons, s’il veut former, pour se défendre, pour se protéger, pour se faire représenter, une de ces unions qui sont de droit naturel, que commande la force des choses et que la société devrait encourager en les ré-glant. Aussi cet isolement contre nature n’a pu durer. Malgré les lois, des associations, des compagnonnages, des corporations, se sont ou rétablis ou maintenus. On les a poursuivis ; on n’a pu les anéantir. On n’a réussi qu’à

les forcer de se réfugier dans l’ombre du mystère, et l’individualisme proscrit a produit les sociétés secrètes, double péril dont soixante ans d’expérience ont révélé toute l’étendue. L’individu, demeuré sans bouclier pour ses inté-rêts, a été de plus livré en proie à une concurrence sans limites, contre laquelle il n’a eu d’autre ressource que la coalition et les grèves. Jusqu’à l’année dernière, ces coali-tions étaient passibles de peines sévères, qui tombaient la plupart du temps sur les ouvriers les plus capables et les plus honnêtes que la confiance de leurs camarades avait choisis comme chefs ou comme mandataires. C’était un tort ; on crut le faire cesser en autorisant lé-galement la coalition, qui, de délit qu’elle était la veille, est devenue le lendemain un droit : faute d’autant plus grave qu’on a négligé d’ajouter à ce droit ce qui aurait servi à en éclairer la pratique. En même temps se constituait, par le développe-ment de la prospérité publique, une espèce de privilège industriel qui, tenant dans ses mains l’existence des ou-vriers, se trouvait investi d’une sorte de domination qui pouvait devenir oppressive, et amener par contre-coup des crises funestes. Il est juste de reconnaître qu’il n’en a pas abusé autant qu’il l’aurait pu. Mais, malgré la gé-néreuse bienveillance d’un grand nombre de chefs d’industrie et le zèle dévoué de beaucoup de nobles cœurs, malgré la création des sociétés de secours mutuels, des caisses de secours, des caisses d’épargne, des caisses de re-traite, des œuvres pour le logement, pour le service des malades, pour l’établissement des écoles dans les manu-factures, pour la moralisation des divertissements, pour la réforme du compagnonnage, pour les soins aux infirmes, aux orphelins, aux vieillards, malgré tous les efforts de cette charité chrétienne qui est particulièrement l’hon-neur de notre France, la protection n’est pas encore suffi-samment exercée partout et les intérêts moraux et ma-tériels des classes ouvrières sont encore grandement en souffrance. Voilà le mal tel qu’une rapide et incomplète es-quisse peut en donner l’idée. Il est évidemment une menace pour l’ordre public. Aussi convient-il avant tout de l’examiner avec la plus sérieuse attention.

LES REMÈDES 2° Quant aux remèdes, voici ceux que les prin-cipes et l’expérience paraissent indiquer : À l’individua-lisme opposer l’association ; à la concurrence effrénée, le contre-poids de la défense commune ; au privilège industriel, la constitution volontaire et réglée des corpo-rations libres. Il faut rendre aux ouvriers le droit de se concer-ter, en conciliant ce droit avec les impérieuses nécessi-tés de la paix publique, de la concorde entre les ci-toyens et du respect des droits de tous. Le seul moyen

(Suite page 5)

1) Paris. - Imp. St-Generosus. - J. Mersch, 33, b. d’Enfer. 2) Exposition universelle de 1862 qui s’est tenue à Londres du 1er mai au 1er novembre.

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d’y parvenir est la liberté d’association sagement réglée et renfermée dans de justes bornes. Or, il est à remar-quer que c’est là précisément la demande instante par laquelle se terminent les vœux de tous les délégués à l’exposition de Londres. Ce ne sera, du reste, que la régularisation légale d’une situation qui, à propos de cette exposition, s’est révélée tout à coup, à la grande surprise de l’administra-tion alarmée. Car on a bien été obligé de reconnaître alors que, par le fait, malgré la législation et contre elle, ces associations existaient déjà, qu’elles s’étaient refor-mées sous l’abri du secret et en dehors de toute garan-tie. Les rapports des délégués ont été publiés, et ils con-cluent tous à la constitution libre des associations et des syndicats. La couleur dont ces rapports sont parfois empreints est une raison de plus pour qu’on s’en oc-cupe, qu’on s’en inquiète, et qu’on cherche à dégager de ce qu’ils ont de faux et de pernicieux ce qu’ils peuvent avoir de juste et de vrai. En un mot, ce qui est démontré, c’est la nécessi-té d’associations volontaires et libres des ouvriers pour la défense de leurs intérêts communs. Dès lors il est naturel que dans ces associations il se forme, sous un nom quelconque, des syndicats, des délégations, des repré-sentations, qui puissent entrer en relation avec les pa-trons ou syndicats de patrons pour régler à l’amiable les différends relatifs aux conditions de travail, et notam-ment au salaire. Ici, la communauté d’intérêts entre les patrons et les ouvriers sera une cause de concorde, et non d’antagonisme. La paix et l’ordre sortiront de ces délibérations, où, selon la raison et l’expérience, figure-ront les mandataires les plus capables et les plus conci-liants des deux côtés. Une équitable satisfaction sera ainsi assurée aux ouvriers ; les abus de la concurrence seront évités autant que possible, et la domination du privilège industriel resserrée en d’étroites limites. L’autorité publique n’aura rien à craindre, car, en sauvegardant les droits d’autrui, loin d’abandonner les siens, elle en maintiendra au contraire l’exercice avec la haute influence comme avec les moyens de force et de précaution qui lui appartiennent. Toute réunion devra être accessible aux agents du pouvoir. Aucune ne se

tiendra sans une déclaration préalable, et sans que l’autorité, si elle le juge à propos, aît la faculté d’être présente. Les règlements devront lui être communi-qués, et elle aura soin que jamais le but et l’objet des réunions ne puissent être ni méconnus ni dépassés. Laissant une entière liberté aux débats et aux transac-tions, elle n’interviendra qu’amiablement, et à la de-mande des deux parties, pour faciliter leur accord. Elle sera toujours en mesure de réprimer sévèrement les troubles, les manœuvres et les désordres. Des commis-sions mixtes, des syndicats de patrons et d’ouvriers pourront se rassembler sous son égide pour entretenir les bons rapports et prévenir ou vider les différends. Enfin l’intervention généreuse des particuliers devra être admise pour venir en aide aux ouvriers, et pour exercer à leur égard, en toute indépendance et avec la pleine liberté du bien, les ministères de protec-tion et de charité chrétienne mentionnés plus haut.

CONCLUSION En résumé, droit d’association sous la surveil-lance de l’État, et avec le concours de cette multitude d’œuvres admirables, fruits précieux des vertus évangé-liques, tels sont les principes qui semblent devoir servir efficacement à délier le nœud si compliqué de la ques-tion ouvrière. Qui ne voit d’ailleurs que la constitution volon-taire et réglée des corporations libres deviendrait un des éléments les plus puissants de l’ordre et de l’harmonie sociale, et que ces corporations pourraient entrer dans l’organisation de la commune et dans les bases de l’élec-torat et du suffrage ? Considération qui touche un des points les plus graves de la politique de l’avenir. En présence surtout des difficultés actuelles, ne semble-t-il pas que, fidèle à toutes les traditions de son glorieux passé, la royauté vraiment chrétienne et vrai-ment française doive faire aujourd’hui, pour l’émanci-pation et la prospérité morale et matérielle des classes ouvrières, ce qu’elle a fait en d’autres temps pour l’af-franchissement des communes ? N’est-ce pas à elle qu’il appartient d’appeler le peuple du travail à jouir de la liberté et de la paix, sous la garantie nécessaire de l’autorité, sous la tutelle spontanée du dévouement et sous les auspices de la charité chrétienne ?

(Suite de la page 4)

Les Rois et la Musique mis à l’honneur,

à Évian-les-Bains, le samedi 23 janvier 2016.

Dirigés et présentés par la pianiste Émilie Couturier, Les Salons d’Émilie sont des concerts théma-

tiques produits par l’association Terres Musicales1, basée à Évian. Les concerts se déroulent tous les

mois au casino d’Évian et s’adressent à un public varié, du néophyte au mélomane, du jeune audi-teur au plus âgé. Pour chaque concert, le philosophe, Jean-Michel Henny, réalise une chronique philosophique et littéraire autour du thème de la soirée.

La soirée du 23 janvier, placée sous le patronage de l’IMB et titrée « Musiques des Rois, propo-sait une vision atypique de l’Histoire : de Louis XIII de France à Frédéric II de Prusse, il s’agis-

(Suite page 6)

1) Terres Musicales, avenue du Commandant Madelaine 74500 Évian-les-Bains - Tél. : 09 81 12 59 91 - Site : www.terresmusicales.org.

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sait de montrer l’influence des rois dans l’art musical. En effet, les rois se sont souvent montrés comme de grands mélomanes et d’aucuns se sont même essayés à la composition musicale. C’est aussi en tant que mécènes que nous

les rencontrons. Le violoniste Adrien Madaffari et Émilie Couturier présentaient des œuvres de Mozart, du chevalier de Saint-George et de Lully, illustrant, ainsi, les commentaires de Didier Dutailly, historien invité. Les thèmes abordés étaient les suivants :

* Louis XIII, le roi compositeur ;

* Le cardinal de Richelieu, vers une musique Royale ;

* Louis XIV et Lully, l’Académie de Musique, les compositeurs de la Cour ;

* Frédéric II de Prusse et la composition musicale ;

* Marie-Antoinette et les Arts; Le chevalier de Saint-George, « le Mozart noir », Madame Vigée Lebrun, première femme admise à l’Académie Royale de peinture et de sculpture.

Jean-Michel Henny étudiait, quant à lui, la notion de « monarchie » dans la littérature et la philosophie. « La royauté est un thème qui domine largement l’histoire des institutions européennes et, parmi la trentaine de pays qui compose aujourd’hui l’Europe, une douzaine sont des monarchies. Bien sûr, ces monarchies sont différentes de celles du temps du Roi-Soleil… Il n’empêche que la figure du roi ou de la reine conserve une forte symbolique et une aura religieuse qui remontent au Moyen-Âge. Cette aura est particulièrement manifeste dans la cérémonie du sacre, le pouvoir attribué aux monarques de « guérir les écrouelles » ou, encore, dans la double nature du corps du roi : un corps mortel et un corps sacré, chargé notamment d’assurer la continuité du pouvoir... ».

La « Vocalise de Rachmaninov » clôturait la soirée et rendez-vous était pris pour le mois suivant.

(Suite de la page 5)

Andreï Makine, le nouvel Immortel.

« L’Académie française (26 votants), dans sa séance du jeudi 3 mars 2016, a procédé à l’élection au fauteuil de Mme Assia Djebar (F5)… M. Andreï Makine est élu au premier tour par 15 voix »1. Qui est Andreï Makine ?

Né en Sibérie le 10 septembre 1957, Andreï Makine devient rapidement bilingue français-russe grâce à sa grand-mère française, Charlotte Lemonnier. Auteur d’une

thèse de doctorat d’État sur la littérature française con-temporaine, il enseigne bientôt la philologie à Novgo-rod. Collaborateur de plusieurs revues littéraires, il a quelques ennuis pendant l’ère Brejnev, puis s’exile pen-dant la période Gorbatchev. Il débarque à Paris en 1987 et obtient l’asile politique. Il y mène d’abord une vie précaire : il aurait été contraint de dormir, pendant plusieurs semaines, dans un caveau au Père-Lachaise... Petit à petit, sa situation s’améliore…

Écrivant en français, il réussit, en 1990, à publier chez Robert Laffont La Fille d’un héros de l’Union soviétique. En 1992, il soutient une thèse de doctorat en Sorbonne, une thèse intitulée « La prose de I. A. Bounine : la poétique

de la nostalgie ». En 1995, il reçoit le prix Goncourt, le prix Goncourt des lycéens et le prix Médicis (ex æquo avec Vassi-lis Alexakis) pour Le testament français. Ces succès lui permettent d’obtenir en 1996 la nationalité française.

Andreï Makine est, aujourd’hui, l’auteur de plus vingt ouvrages dont quelques-uns ont été publiés sous les noms d’Albert Lemonnier et de Gabriel Osmonde.

Nous avons été tenté de lire Le testament français !

Dans ce roman d’inspiration auto-biographique, le narrateur nous conte sa vie, une vie qui, au fil des pages, s’entrelace avec celle de sa grand-mère maternelle, Charlotte Lemonnier.

« Elle [ma grand-mère] était née en

France, au début du siècle [le XXème], dans la famille de Norbert et d’Albertine Lemonnier »2. Nous

(Suite page 7)

1) Source : http://www.academie-francaise.fr/actualites/election-de-m-andre-makine-f5. 2) Makine Andreï, Le testament français, Mercure de France, folio, 1995, p. 17.

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ne saurons jamais la raison de la venue en Russie de ce Norbert Lemonnier, médecin, de son épouse et de sa fille, Charlotte ! Peu importe…

Au cours de vacances passées chez cette grand-mère en Sibérie et accompagné de sa sœur, notre jeune héros découvre la France à travers les souvenirs de Charlotte, des souvenirs matérialisés par des documents contenus dans une valise, sans doute un peu mythique, « pleine de vieux papiers qui, lorsque nous nous aventurions sous le grand lit dans la chambre de Charlotte, nous angoissait par sa masse ob-tuse »3.

Des tranches de vie vécues tantôt en France, tantôt en Russie...

Le récit commence par l’évocation de deux événe-ments, espacés dans le temps mais enchevêtrés dans la mémoire de Charlotte (ou dans celles des deux en-fants), des événements qui ont dû être racontés à Char-lotte elle-même : la visite à Paris du tsar Nicolas II en 1896 et la crue de la Seine en 1910. Le narrateur est particulièrement scandalisé par le contraste entre l’ac-cueil réservé au tsar et, quelques années plus tard, « l’explosion de joie délirante »4 que provoque la nouvelle de sa chute « chez ceux qui, hier soir, seulement, l’acclamaient en lui souhaitant un règne long et prospère »4. « Un tel retournement me paraissait inconcevable. Je ne pouvais croire à une trahison aussi basse. Surtout de la part d’un président de la Répu-blique »5. « Ce menteur à moustaches… Un Président, tu parles ! Mensonges... »6. Les enfants apprendront plus tard ce qu’est devenu Félix Faure : « Il est mort subitement, à

l’Élysée. Dans les bras de sa maîtresse, Marguerite Stein-heil... »7.

Après des séjours en France, Charlotte revient définiti-vement en Russie en 1921, où elle croit « connaître l’en-fer ». Et si elle en réchappe « c’est que l’immense continent qu’elle traversait était repu de sang ».

Charlotte épouse un certain Fiodor, « juge du peuple », qui, trois mois après le mariage, est nommé « à l’autre bout de l’empire ». Fiodor est arrêté un soir de réveillon et ne reverra Charlotte que quatre ans plus tard…

Au contact de sa grand-mère, notre narrateur éprouve

rapidement une véritable passion pour la France, son histoire, sa littérature : « Je lus tout ce que la bibliothèque de notre école possédait d’intéressant sur la France »8. « Bien sûr, la bibliothèque, otage de l’idéologie, était très inégalement fournie : je n’y trouvai qu’un seul livre sur le temps de Louis XIV, tandis que l’étagère voisine offrait une vingtaine de volumes consacrés à la Commune de Paris et une douzaine sur la naissance du parti communiste français. Mais, avide de connaître, je sus déjouer cette manipulation historique. Je me tournai vers la littérature »9.

Sa mère, dont il ne parle presque pas, décède bientôt. Quelque temps après, c’est le tour de son père. Ces deux deuils le transforment brutalement : « La Russie, tel un ours après un long hiver, se réveillait en moi. Une Russie impitoyable, belle, absurde, unique… »10. « Oui, j’étais Russe. Je comprenais maintenant… Connaître la résignation d’un trou-peau humain violé par un satrape. Et l’horreur de se sentir parti-ciper à ce crime »11. Il finit par s’accepter et ne plus se dé-battre entre ses « identités russe et française »12...

Puis, c’est l’exil et, à Paris, « l’illusion fugitive d’un vrai re-tour... »13, la vie précaire, les nuits passées dans un ca-veau au Père-Lachaise, la tentation du suicide…

Et soudain, « une pensée impossible, insensée »14 lui traverse l’esprit : « Et si Charlotte vivait encore ?... Retrouver Charlotte, la faire venir en France... »14. Et notre narrateur de prépa-rer le voyage de sa grand-mère à Paris, de louer un ap-partement dans lequel il lui aménage une chambre, d’accomplir les démarches nécessaires pour retourner en Russie et y aller la chercher…

Mais Charlotte est décédée. Avant de mourir, elle lui a préparé un colis qu’elle a réussi à faire parvenir en France, un colis dans lequel il y a une lettre, une lettre qui raconte la vie d’une femme, fille d’un koulak, qui, enfant, avait connu l’exil en Sibérie occidentale et, en-suite, s’était retrouvée dans un camp… Et la lettre se termine ainsi : « Cette femme, qui s’appelait Maria Stepanov-na Dolina, était ta mère. C’est elle qui a voulu qu’on ne te dise rien le plus longtemps possible... »15.

Déception ? Sans doute ! Mais, peu importe, l’adoles-cent, qui, au fin fond de la Sibérie, écoutait Charlotte égrener ses souvenirs, a réalisé son rêve : il est en France !

Dominique Coudé

(Suite de la page 6)

3) Makine Andreï, op. cit., p. 31. 4) Makine Andreï, op. cit., p. 60. 5) Makine Andreï, op. cit., p. 61. 6) Makine Andreï, op. cit., pp. 61-62. 7)Makine Andreï, op. cit., p. 111. 8) Makine Andreï, op. cit., p. 153.

9) Makine Andreï, op. cit., p. 156. 10) Makine Andreï, op. cit., pp. 204-205. 11) Makine Andreï, op. cit., p. 211. 12) Makine Andreï, op. cit., p. 263. 13) Makine Andreï, op. cit., p. 299. 14) Makine Andreï, op. cit., p. 310.

Page 8: Vendredi 1 avril 2016 - royaute.info · d’Andreï Makine et notamment de son livre Le Testament français. Cet auteur d’origine russe nous permet de mieux comprendre la magie

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Institut de la Maison de Bourbon Association régie par la loi de 1901 et reconnue d’utilité publique

Programme à venir.

Conférences organisées par l’IMB, à Paris : • 2 mai - Maître Daniel Heck traitera : « Sainte Thérèse d’Avila » ; • 6 juin - Marie-Josée de Boisdeffre traitera : « Les rois de France et la vénerie ».

Événements organisés par l’IMB : • 8 mai - Inauguration de la statue de saint Louis restaurée, en la collégiale de Poissy, sous le patronage du

Prince Louis. • 24 et 25 août - Fête de la Saint-Louis en Touraine.

Événements culturels organisés en dehors de l’IMB : • 21 mai - Déjeuner-débat : « Autorité et Liberté sous la monarchie française », par M. & Mme Jean-Pierre Brancourt,

organisé, à Ste-Foy-lès-Lyon, par PSB en Lyonnais - Forez - Beaujolais.

• 7 juin - « Expédition de la nouvelle France à la Louisiane », causerie programmée à Nice, par PSB en Côte d’Azur.

• 8 octobre - « Sur les pas de Jean-Pierre Calloc’h », journée organisée à l’île de Groix en Bretagne, par le Cercle Jean-Pierre Calloc’h de Vannes.

Autres :

• 10 mai - Messe à Sainte-Élisabeth de Hongrie à l’occasion du 222e anniversaire de la mort de Madame Élisabeth.

• 21 mai - Grande Procession en l’honneur du 1300e anniversaire de la naissance de saint Martin, de Sainte-Élisabeth de Hongrie à Saint-Germain l’Auxerrois (vêpres et vénération des reliques de saint Martin), à Paris, organisée par l’Association Oriflammes.

• 18 au 22 juillet - Université Saint-Louis, organisée par l’UCLF.

Siège social : 81, avenue de la Bourdonnais 75007 Paris � : 01 45 50 20 70 - � : [email protected]

Site Internet : www.royaute.org

Les Nouvelles de l’Institut Directeur de la publication : Prince de Bauffremont

Rédacteur en chef : Dominique Coudé Dépôt légal à parution

I.S.S.N. : 2490-6700 - CPPAP : 0121 G 92953 Le numéro : 5 euros - Abonnement : 20 euros

Lectures recommandées.

• La Révolution française, par Philippe Pichot-Bravard, Via Romana, 2014.

• Sainte Thérèse d’Avila, par Louis Bertrand de l’Académie française, préface du P. Jean-François Thomas s.j., avertissement de Me Daniel Heck, réédition de l’ouvrage de 1927,Via Romana, 2015.

• Le synode sur la famille en 100 questions Trois évêques témoignent, par Mgr Aldo di Cillo Pagotto, s.s.s., archevêque de Paraíba, Brésil, Mgr Robert Francis Vasa, évêque de Santa Rosa, Californie, Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana, Kazakhstan, préface du cardinal Jorge A. Medina Estévez, Contretemps, 2015.

• La famille, source d’espérance - Dialogue avec le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, Le Laurier, Paris, 2015.

• Saint-Denis, la basilique des rois de France, sous la direction de Mgr Pascal Delannoy, Place des Victoires Eds, La Grâce d’une Cathédrale, 2015.

• La Sainte Eucharistie Sacrement de l’amour divin, par le cardinal Raymond Burke, traduction du P. Jean-François Thomas, s.j., Via Romana, 2016.