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Module 1 Page 3 à 10 Les services écosystémiques des aires protégées Module 2 Page 11 à 18 Gestion des services écosystémiques des aires protégées Module 3 Page 19 à 26 Droits et avantages pour les communautés Module 4 Page 27 à 33 Tourisme dans les AP : gouvernance et impacts Module 5 Page 34 à 44 Aligner les objectifs de gestion des AP et du tourisme Module 6 Page 45 à 50 Renforcement des capacités et gestion des revenus du tourisme VALORISATION DES RESSOURCES DANS LES AIRES PROTEGEES

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Module 1 Page 3 à 10

Les services écosystémiques des aires protégées

Module 2 Page 11 à 18

Gestion des services écosystémiques des aires protégées

Module 3 Page 19 à 26

Droits et avantages pour les communautés

Module 4 Page 27 à 33

Tourisme dans les AP : gouvernance et impacts

Module 5 Page 34 à 44

Aligner les objectifs de gestion des AP et du tourisme

Module 6 Page 45 à 50

Renforcement des capacités et gestion des revenus du tourisme

VALORISATION DES RESSOURCES DANS LES AIRES PROTEGEES

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Ce BOOC résume les éléments essentiels du MOOC « Valorisation des ressources des aires protégées ». Il est là pour vous accompagner ou vous aider à réviser mais ne remplace pas le cours.

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MOOC Valorisation des aires protégées – Partie 1

Séquence 1.2 QU’EST-CE QU’UN SERVICE ÉCOSYSTÉMIQUE ?

Écosystème : communauté constituée de plantes et d’animaux vivants (composants biotiques), et de composants non-vivants (abiotiques) tels que l’air, l’eau et le sol. Ces différents composants ne sont pas isolés. Ils interagissent les uns avec les autres de façon complexe et traversent à certains moments donnés une période de changement et de régénération.

Écosystèmes naturels : écosystèmes se trouvant dans un état plus ou moins proche de celui dans lequel ils se trouveraient en l’absence d’interventions humaines. Cet état est bien évidemment une approximation, car tous les écosystèmes ont aujourd’hui une trace d’intervention humaine.

Écosystème culturel (ou paysage culturel) : écosystème ayant subi une altération plus sérieuse.

IMPACT DE L’HOMME En tant qu’êtres humains, nous avons déjà impacté la plupart des écosystèmes : en y retirant des espèces et en en ajoutant d’autres qui n’étaient pas initialement présentes, en libérant des polluants dans l’eau ou dans l’atmosphère, en fragmentant les écosystèmes par l’agriculture, l’exploitation forestière, les villes, les routes, et de manière plus complexe, en changeant les processus par lesquels les écosystèmes se régénèrent. SERVICE ÉCOSYSTÉMIQUE ET AIRES PROTÉGÉES

Service écosystémique : avantages que les êtres humains tirent d’écosystèmes sains fonctionnant correctement.

Aire protégée : un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés.

Fournir des services écosystémiques est un élément clé des objectifs d’une aire protégée, bien que cette activité ne doive pas compromettre les objectifs de conservation. Dans certains endroits, les aires protégées sont l’unique écosystème naturel restant, et donc l’unique source de certains services écosystémiques.

BOOC Valorisation des ressources dans les aires protégées

Module 1

Séquences 1.2 à 1.8

Les services écosystémiques des aires protégées

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MOOC Valorisation des aires protégées – Partie 1

Séquence 1.3 LES DIFFÉRENTS SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Quatre catégories de services écosystémiques (The Millennium Ecosystem Assessment, 2003) : les services de soutien, de régulation, d’approvisionnement et les services socioculturels.

Services de soutien : processus et fonctions écosystémiques qui maintiennent la vie sur la planète.

Par exemple :

- la formation des sols et le cycle des nutriments ; - le maintien des cycles de vie des espèces en mettant à disposition des frayères, une

meilleure dispersion des graines et autres interactions entre espèces ; - la conservation de l’ensemble de la biodiversité etc.

Services d’approvisionnement : ressources tangibles que les aires protégées fournissent directement ou qu’elles améliorent.

Ces services concernent généralement des contributions à la sécurité alimentaire ou en eau, à l’accès à différentes formes de matières premières, aux médicaments et autres ressources génétiques. Un nombre croissant de parcs accorde un certain niveau de prélèvements viables, généralement effectué par la communauté locale,

Services de régulation : rôle des écosystèmes naturels dans le contrôle des impacts à long terme des changements climatiques, des événements météorologiques, du cycle de l’eau, des mouvements terrestres, et des processus naturels clés ayant un impact sur l’agriculture telle que la pollinisation.

Services socio-culturels : avantages immatériels ayant une incidence sur l'identité culturelle, psychologique et spirituelle des personnes Le tourisme et les loisirs sont des facteurs essentiels.

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MOOC Valorisation des aires protégées – Partie 1

Séquence 1.4 LA SÉCURITE ALIMENTAIRE Se rapporte à la fois aux services d’approvisionnement et de régulation : les écosystèmes approvisionnent directement en nourriture ou permettent de créer les conditions pour une production alimentaire efficace. SOURCE DIRECTE D’abord, les aires protégées peuvent être une source directe de nourriture. La collecte de nourriture est autorisée dans de nombreuses aires protégées, à partir du moment où ce ramassage se fasse de manière durable, et qu’il ne sape pas les objectifs de conservation. De même, dans de nombreuses aires marines protégées, la pêche commerciale à grande échelle est interdite mais les communautés de pêche locales peuvent avoir l’autorisation de poursuivre une activité de pêche durable. Enfin, parfois, une aire protégée peut faire office de source alimentaire d’urgence en cas de mauvaise récolte ou de sécheresse. Bien sûr, la collecte de nourriture peut aussi devenir un problème. C’est le cas notamment avec les niveaux élevés de chasse illégale de viande de brousse. La production de nourriture au sein d’aires protégées ne signifie pas que tout peut être récolté, et c’est le rôle du gestionnaire de contrôler les extractions illégales. SOURCE INDIRECTE Même sans prélèvement direct les aires protégées sont des sources importantes de nourriture puisqu’elles permettent aux populations d’espèces comestibles de grandir, et de se déverser dans des zones où la récolte est autorisée, stimulant ainsi la disponibilité générale d’aliments sauvages. AMP et pêche. C’est souvent le cas dans les aires marines protégées, particulièrement si celles-ci protègent les lieux de reproduction et de croissance des poissons. Les communautés locales peuvent aider à suivre ces avantages, par exemple en gardant une trace écrite de leurs prises avant et après l’établissement d’une aire marine protégée. Matériel génétique et espèces sauvages apparentées à des espèces cultivées. En agriculture, les scientifiques développent continuellement de nouvelles variétés de cultures et de bétail, pour améliorer la productivité, contrer les parasites et les maladies, et être résistants aux phénomènes météorologiques. Nous dépendons toujours grandement de matériel génétique provenant de la nature et des espèces sauvages apparentées à des espèces de plantes cultivées et aux animaux d’élevage. Les aires protégées peuvent fournir des endroits où de telles espèces peuvent survivre, et donc protéger leur unique matériel génétique. Soutien à l’agriculture. Les aires protégées fournissent une variété de services écosystémiques qui aident à stimuler l’agriculture. Par exemple :

- les forêts de montagne, parfois appelées châteaux d’eau, fournissent des provisions d’eau aux fermiers en aval ;

- les aires protégées dans des zones arides peuvent aider à remplir les nappes phréatiques vitales utilisées pour l’irrigation ;

- en protégeant des pollinisateurs comme les abeilles, d‘autres insectes et certains oiseaux qui jouent un rôle essentiel dans la production de nombreux fruits et légumes.

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Séquence 1.5 LA SÉCURITÉ DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU La quantité d’eau présente sur la planète est constante, mais sa localisation, la fréquence à laquelle elle arrive et sa pureté varient dans le temps. Des phénomènes comme la pollution, les changements climatiques, des événements météorologiques de plus en plus extrêmes et la fonte des glaces polaires et des glaciers sont autant de facteurs qui créent des incertitudes sur les réserves d’eau, mettant en danger les populations et les écosystèmes. Les solutions axées sur la nature sont de plus en plus considérées comme une alternative viable et rentable aux solution techniques, et les aires protégées jouent un rôle clé. Elles peuvent aider à augmenter la sécurité hydrique de trois manières : 1 : AMÉLIORER LA QUALITÉ DE L’EAU Les bassins versant couverts de végétation, les forêts en particulier, libèrent de l’eau plus pure, contenant moins de sédiments et moins de polluants que l’eau traversant des terres agricoles, des pâturages, des villes et des zones industrielles. De la même manière, des zones humides naturelles ont un effet nettoyant, certaines plantes aquatiques absorbent les polluants et les processus naturels contrecarrent les impacts des eaux usées et d’autres formes de pollution. Les aires protégées sont l’une des manières les plus efficaces de maintenir la végétation naturelle, et par là de fournir des ressources d’eau de qualité. 2 : AUGMENTER LA QUANTITÉ D’EAU DISPONIBLE Les relations entre les écosystèmes naturels et la quantité d’eau disponible sont plus compliquées. De nombreux écosystèmes forestiers n’affectent pas ou ne réduisent même pas la quantité d’eau coulant dans le bassin versant, à cause de l’absorption par les racines et le relâchement de l’eau dans l’atmosphère. Mais certaines forêts, et quelques autres écosystèmes, augmentent le flux net d’eau dans le bassin, et par là peuvent être critiques pour l’approvisionnement en eau. 3 : LISSER LES FLUCTUATIONS DES RESSOURCES DISPONIBLES A cause des changements climatiques, les phénomènes météorologiques sont de plus en plus extrêmes et équilibrer l’approvisionnement en eau dans le temps est donc de plus en plus important. Les écosystèmes naturels, et donc les aires protégées, peuvent aider à atteindre cet objectif. Quelques exemples :

- protéger une plaine inondable peut contribuer au maintien de son rôle de protectioncontre les inondations, et mettre un terme aux développements présentant un risque pour les individus ; les forêts situées le long des rivières, aussi appelées forêts riveraines, permettent physiquement de bloquer et de ralentir l’eau débordant, et donc de protéger des fermes et des peuplements dans les environs ;les forêts situées sur des pentes raides permettent de consolider le sol et d’empêcher les glissements de terrains s’accompagnant souvent de pluies torrentielles ; les forêts et autres plantes permettent de stocker l’eau et de la libérer graduellement dans le temps ; non seulement cela permet de prévenir les inondations, mais aussi de maintenir un écoulement constant entre les périodes de pluies.

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Séquence 1.6 LA SÉCURITE HUMAINE

Catastrophe naturelle : phénomènes climatiques extrêmes ayant un impact sur les hommes ou leurs biens.

Les phénomènes climatiques extrêmes ont tendance à se transformer en catastrophe parce que les hommes vivent dans des endroits dangereux, ou parce qu’ils ont retiré les défenses naturelles qui auraient pu les protéger.

Réduction des risques de catastrophes (RRC) : mesures mises en place pour empêcher que les phénomènes météorologiques extrêmes ou les tremblements de terres ne se transforment en catastrophes.

SOLUTIONS TECHNIQUES OU NATURELLES ? De nombreuses solutions techniques existent pour réduire les risques (construction de digues pour se protéger des tsunamis et des inondations, ou de barrières contre les avalanches et les glissements de terrain), mais l’intérêt pour des solutions axées sur la nature est croissant. Parfois, il est préférable d’associer une approche axée sur la nature à une approche technique : par exemple, protéger les forêts riveraines situées le long d’un fleuve, mais aussi construire une digue au-delà des extrémités de la forêt pour bloquer l’eau qui passerait outre. VENTS VIOLENTS ET LES TEMPÊTES Ces événements deviennent de plus en plus répandus avec les changements climatiques. Des barrières côtières naturelles, notamment les récifs et les bancs de sable, les mangroves et autres forêts, mais aussi les marais salants côtiers, bloquent les impacts directs des vents violents et permettent à l’eau de se disperser sans provoquer de dégâts. DÉSERTIFICATION La végétation réduit la dispersion des dunes de sable et la désertification, ainsi que la fréquence et l’ampleur des tempêtes de sable. Le contrôle du niveau de pâturage du bétail est souvent un facteur critique pour la réhabilitation des paysages. INCENDIES Les changements climatiques augmentent le rythme et l’intensité des incendies. Des écosystèmes fragmentés et dégradés ont tendance à prendre feu plus facilement que les écosystèmes plus anciens comme les forêts tropicales. INNONDATIONS ET GLISSEMENTS DE TERRAIN Les habitats naturels jouent un rôle important contre les inondations (voir séquence 1.5) et les glissements de terrain, de rochers ou de plaques de neige SANTÉ Les aires protégées, en particulier celles proches des centres urbains, peuvent jouer un rôle important dans le fait de fournir un cadre sûr, propre et agréable dans lequel les individus peuvent faire du sport ou se ressourcer, et où les enfants peuvent découvrir la nature. Elles jouent également un rôle très important dans la fourniture de médicaments. Des milliards de personnes sur terre reposent toujours principalement sur les médicaments récoltés

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directement dans la nature, et le reste du monde dépend de médicaments contenant des produits dérivés de matériel génétique naturel. De nombreuses aires protégées autorisent la récolte durable de plantes médicinales par les communautés locales, et il peut s’agir des derniers endroits où l’on peut trouver les espèces recherchées. À l’inverse, une récolte excessive peut devenir un problème de gestion.

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Séquence 1.7 CHANGEMENTS CLIMATIQUES : ADAPTATION ET ATTÉNUATION Les gestionnaires doivent faire face aux impacts potentiels des changements climatiques au sein de leur parc – et apprendre ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire pour minimiser les dégâts. Mais, si les aires protégées doivent faire face aux problèmes liés aux changements climatiques, elles font aussi partie de la solution. Elles remplissent deux rôles clés :

1. elles fournissent une variété de services écosystémiques qui nous aident à nous adapter aux impacts négatifs des changements climatiques ;

2. elles permettent d’atténuer les changements climatiques en stockant le carbone dans le sol et dans la végétation, et en capturant encore plus de carbone de l’atmosphère.

ADAPTATION En augmentant l’incertitude climatique, en propageant de nouvelles maladies, en augmentant l’acidité des océans entre autres, les changements climatiques réduisent la sécurité alimentaire, ils apportent de nouveaux dangers sanitaires, augmentent la fréquence de phénomènes météorologiques extrêmes ainsi que la sécheresse et la désertification. Ces changements climatiques rendent donc les services écosystémiques fournis par les aires protégées encore plus essentiels. ATTÉNUATION Environ un cinquième du dioxyde de carbone libéré dans l’atmosphère ne provient pas d’énergies fossiles, mais de l’incinération de biomasses vivantes ou mortes, notamment les forêts et les tourbières. Bien souvent, il s’agit de feux volontaires pour le défrichage des terres, la production de charbon ou des incendies criminels. Tout ce qui maintient le carbone en place dans la végétation ou le sol est bénéfique, et tout ce qui offre une opportunité pour le stockage de plus de carbone est doublement utile. Parmi les environnements particulièrement importants pour le stockage du carbone, on peut citer :

- les forêts, dont le déboisement relâche d’énormes quantités de carbone ; - la terre, en particulier la tourbe, peut-être le principal stock de carbone sur terre ; - les prairies, notamment les vastes savanes et Miombo d’Afrique ; - les océans eux aussi emmagasinent des quantités énormes de carbone grâce aux

microorganismes, algues, varech et herbiers marins. Les aires protégées entrent en jeu parce qu’elles sont des moyens efficaces pour maintenir la végétation intacte. Des études ont montré qu’au moins 15 % du carbone terrestre présent dans la végétation et dans les sols, se trouve dans les aires protégées.

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Séquence 1.8 AVANTAGES CULTURELS ET SPIRITUELS VALEURS HISTORIQUES ET CULTURELLES À l’intérieur de nombreuses aires protégées se trouvent des valeurs historiques et culturelles qui remontent à plusieurs siècles. L’entretien de ces valeurs peut être un avantage clé pour la conservation. Parmi ces valeurs, on peut citer :

- les vestiges préhistoriques ou bâtiments historiques ; - l’art rupestre ; - les techniques traditionnelles d’utilisation des terres.

Ces valeurs peuvent être un défi pour les gestionnaires, et c’est là où les discussions avec des experts reconnus, et surtout avec les communautés locales, peuvent permettre d’identifier la meilleure approche de gestion. VALEURS SPIRITUELLES Les valeurs spirituelles existent parce que l’aire protégée peut contenir un édifice religieux important ou des sites naturels sacrés. Certains sites naturels sacrés sont très anciens, d’autres apparaissent au fil du temps. La présence d’un tel site peut encourager les communautés locales à prendre en main la conservation. Incorporer un site naturel sacré à un système d’aires protégées est un moyen d’assurer que les aires protégées sont effectivement protégées. Les responsables religieux locaux acceptent souvent volontiers ces initiatives, puisqu’elles ajoutent un niveau de protection aux sites sacrés. Des valeurs spirituelles ou sacrées peuvent aussi se concentrer sur des espèces individuelles, et il est important de savoir ce qu’elles sont, mais aussi de les incorporer au plan de gestion. Mais le concept de lieux et d’espèces sacrés ne sont pas forcément simples à comprendre et à intégrer pour les gestionnaires d’aires protégées ; ils peuvent en effet être liés à une religion qui n’est pas celle du gestionnaire, ou que ce dernier ne comprend pas. Il faut alors avoir faire preuve de tolérance et d’empathie. VALEURS ESTHÉTIQUES Beaucoup de parcs ont été créés pour leur valeur paysagère, et encore aujourd’hui, cette valeur est un facteur important. Cet aspect est cependant très difficile à quantifier. La plupart des gestionnaires d’aires protégées comprennent le principe de valeurs esthétiques, et ils l’intègrent à la gestion. Par exemple, en dédiant un espace à la contemplation face à une vue imprenable.

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MOOC Valorisation des aires protégées – Partie 1

Séquence 2.2 COMPRENDRE LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Il faut comprendre les opportunités que créent ces services pour l’aire protégée, mais aussi les coûts et potentiels inconvénients associés à l’emploi de ces services et ce que cela signifie pour le gestionnaire et son personnel.

Valeurs d’usage direct : utilisations directes que nous faisons des services écosystémiques.

Elles font généralement référence à une forme de récolte, et fournissent donc souvent un service. Généralement, il est relativement simple de comprendre les valeurs d’usage direct et de leur attribuer une valeur socio-économique. Ces valeurs auront des avantages directs pour les communautés environnantes, donc, comprendre les valeurs d’usage direct peut contribuer à une forme de soutien pour les aires protégées. Mais les valeurs d’usage direct posent souvent problème aux gestionnaires. Les aires protégées bannissent ou restreignent souvent différentes techniques de récoltes, ou l’autorisent avec des conditions strictes et contrôlées. Cela peut créer de la rancœur, en particulier si par le passé, de telles ressources étaient librement disponibles. Les étapes nécessaires à la gestion des valeurs d’utilisation directe dépendent du type d’aire protégée dont il est question, et de la durabilité de la ressource utilisée. Cela peut inclure :

- la négociation d’accords d’utilisation durable de produits comme les plantes médicinales, ou s’assurer que les populations locales auront des opportunités d’emploi dans l’aire protégée ;l’application des lois pour empêcher la surexploitation ou le braconnage ;le suivi pour assurer des niveaux d’utilisation durables.

Valeurs d’usage indirect : valeurs moins évidentes, affectant souvent un grand groupe de personnes, y compris des populations se trouvant loin de la source de la valeur. Il s’agit souvent de services de régulation et non de valeurs destinées à la consommation.

Bien que les valeurs d’usage indirect aient des conséquences considérables sur le plan économique et du bien-être, il est parfois difficile de leur donner une valeur économique juste, et il est encore plus compliqué de les associer à des bénéficiaires particuliers.

Valeurs de non-usage et/ou d’option pour une utilisation future : valeurs consistant à laisser une espèce ou un écosystème naturel en place même si l’on ne profite pas de leur existence.

Différentes catégories existent : - les valeurs d’option portant sur la conservation d’une aire, au cas où elle pourrait être

utilisée pour ses ressources naturelles à l’avenir ; - les valeurs de legs consistent à maintenir les éléments en l’état pour les générations

futures ; - les valeurs d’existence que nous considérons importantes, même si nous-mêmes n’en

tirons pas de bénéfices.

Module 2

Séquences 2.2 à 2.8

Gestion des services écosystémiques

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Séquence 2.3 OPPORTUNITÉS – LES AVANTAGES PROPRES AUX AIRES PROTEGÉES Évidemment, des écosystèmes culturels et naturels loin d’aires protégées fournissent aussi des services écosystémiques vitaux, mais les aires protégées fournissent des avantages bien particuliers. GOUVERNANCE ET RECONNAISSANCE Les aires protégées entrent dans un cadre de gouvernance reconnu, et elles s’accompagnent de certaines garanties :

- elles ont des limites définies qui peuvent être utilisées pour mesurer les puits de carbone ainsi que les autres services écosystémiques rendus ;

- elles opèrent dans un cadre légal ce qui constitue un mécanisme stable et durable pour gérer les écosystèmes terrestres et marins avec des structures de gouvernance approuvées, dans le but de remplir des exigences sociales et culturelles variées ;

- elles sont aussi soutenues par des conventions et des accords comme la Convention sur la diversité biologique, le Patrimoine mondial de l’UNESCO, Ramsar etc., ainsi que par des accords régionaux comme la politique européenne Natura 2000.

- ceux-ci fournissent un cadre, des outils et du soutien politique. ÉCOSYSTÈMES NATURELS Dans beaucoup de régions du monde, il ne reste que très peu d’écosystèmes naturels, ou bien des écosystèmes dégradés ayant perdu beaucoup de services écosystémiques. Dans ces cas-là, les aires protégées sont vraisemblablement les seules terres et eaux naturelles restantes, ce qui rend leurs services écosystémiques rendus irremplaçables. ENGAGEMENT À LONG TERME A une époque où les conditions dans de nombreuses zones naturelles changent rapidement, les aires protégées sont fondées sur un engagement de permanence et de gestion à long terme des écosystèmes. La désignation d’une aire protégée attire l’attention locale, nationale et internationale, ce qui rend difficile pour l’organe exécutif de changer d’avis sur la conservation. GESTION Les aires protégées s’accompagnent de plans de gestion qui établissent les étapes nécessaires à l’efficacité, et peuvent contribuer à fournir des réponses rapides face aux nouvelles pressions. Le personnel et l’équipement apportent une expertise et une capacité managériale absentes de la plupart des autres écosystèmes naturels, mais aussi une compréhension concernant la gestion d’un écosystème pour générer une variété de services écosystémiques. FINANCEMENTS Les aires protégées peuvent s’appuyer sur des mécanismes de financement existants, y compris les fonds mis à disposition par le gouvernement et structures internationales. RÉSEAUX DE SPÉCIALISTES Les aires protégées sont aussi soutenues par des réseaux d’experts prêts à fournir conseil et assistance, en particulier la Commission mondiale sur les aires protégées et d’autres ONG.

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ÉDUCATION Des aires protégées gérées efficacement devraient aussi chercher à atteindre les communautés et les structures éducatives. Travailler avec les communautés peut aider les gestionnaires à évaluer, suivre et gérer l’accès aux avantages directs ou comprendre les coûts associés à la gestion de ces avantages.

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Séquence 2.4 MENACES – RISQUES ASSOCIÉS AUX SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Le premier risque concerne l’enthousiasme porté aux services écosystémiques qui peut conduire à oublier les objectifs principaux de l’aire protégée, à savoir la conservation de la nature. Il est donc important de maintenir des objectifs clairs. CARBONE ET REFORESTATION Certains gestionnaires d’aires protégées publiques ou privées, pourraient être tentés de s’impliquer dans des projets de reforestation et de paiements carbone, même si ce n’est pas dans l’intérêt d’espèces rares au sein de l’AP. ÉCOTOURISME Il s’agit d’un service écosystémique important, puisqu’il finance la gestion des parcs et apporte des bénéfices aux populations locales. Mais certaines aires protégées reçoivent trop de visiteurs et cela peut se faire au détriment de la faune locale et créer des problèmes de pollution ou de surexploitation des ressources comme l’eau. BESOINS DES UTILISATEURS Un aspect clé de la gestion des aires protégées est donc de comprendre les besoins des différents utilisateurs et de gérer des attentes différentes, parfois divergentes sur les services écosystémiques, tout en gardant à l’esprit les implications pour la conservation. Une façon de faire face à ce problème est d’avoir des objectifs clairs, inscrits dans le plan de gestion, qui décrivent précisément ce qui peut être fait ou non dans ou à proximité de l’aire protégée. Pour des plans plus efficaces, il est préférable de les négocier avec les communautés locales. COMMUNICATION Problème plus général, la mauvaise communication entre le personnel des parcs et les communautés locales, les visiteurs ou autres utilisateurs du territoire. Tous ces groupes ont des besoins différents, et il faut donc des messages spécifiques pour répondre à leurs préoccupations. Pour commencer, il faut que tout le monde comprenne quels services écosystémiques sont fournis par l’aire protégée. Expliquer ce qui est produit et comment est un aspect critique et doit être communiqué par différents moyens comme les affiches, des interventions dans des écoles, la radio, ou lors de rencontre avec les communautés locales. Ce processus peut être lent, mais il finira par payer si les individus se rendent compte et apprécient ce que l’aire protégée fournit. CONFLITS Enfin, les aires protégées, comme tous les autres écosystèmes, sont sensibles aux pressions externes. Une bonne évaluation des services écosystémiques est donc essentielle et peut aider à limiter les conflits.

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Séquence 2.5 ÉVALUATION – COMPRENDRE LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES DES AIRES PROTÉGÉES De nombreuses solutions techniques permettent d’évaluer la quantité de services rendus par l’écosystème, ainsi que leurs avantages économiques. VALEURS INDIVIDUELLES Certaines peuvent être apportées par des experts n’ayant jamais visité le site : par exemple en utilisant des cartes représentant la valeur du carbone stockée dans les plantes à l’échelle nationale. Cela permet d’avoir une vague idée de la quantité totale de carbone stockée dans l’aire protégée, et donc du poids de l’AP en matière d’atténuation des changements climatiques Des approches similaires permettent de calculer la valeur de l’eau, de la récolte de produits forestiers non-ligneux, ainsi que d’autres valeurs de services écosystémiques similaires. Il est également possible de mesurer les retombées indirectes du tourisme pour les communautés locales en termes de création d’emplois et d’augmentation des revenus. VALEUR TOTALE De plus en plus de méthodes cherchent à obtenir la valeur totale des services écosystémiques d’un site. Beaucoup de méthodes exigent un certain niveau de connaissances en matière de modélisation informatique et ont aussi tendance à rester entre les mains d’experts et à être éloignées des communautés locales, des populations autochtones, et d’autres acteurs pouvant être directement touchés par les décisions de gestion dans et autour des aires protégées.

Savoirs écologiques traditionnels (TEK, de l’anglais Traditional Ecological Knowledge) : savoirs accumulés par les communautés locales concernant la durabilité des ressources locales. Dans une aire protégée, les TEK correspondent à la compréhension locale des valeurs contenues ou conservés par l’AP.

PA-BAT PA-BAT est une méthode participative permettant d’identifier et de prioriser la gamme de services écosystémiques fournis par l’aire protégée. Il identifie les perceptions des détenteurs de droits et des acteurs concernant les services écosystémiques légalement accessibles dans l’aire protégée, le tout appliqué au cours d’un atelier structuré. ÉVALUATION TECHNIQUE ET PARTICIPATIVE Dans la pratique, une bonne évaluation des services écosystémiques de l’aire protégée devrait idéalement contenir des éléments techniques, ainsi que des approches centrées sur la communauté. Des spécialistes peuvent contribuer à la fourniture de données concrètes concernant les montants et les valeurs de services particuliers, et les communautés peuvent donner des détails concernant une espèce locale, les valeurs spirituelles et culturelles ainsi que les priorités. Les gestionnaires d’aires protégées et le personnel auront leurs propres savoirs et points de vue.

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MOOC Valorisation des aires protégées – Partie 1

Séquence 2.6 GESTION DES VALEURS DIRECTES DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Les valeurs d’usage direct sont des avantages immédiats et tangibles obtenus directement de l’aire protégée. Il s’agit généralement de prélèvements ou de récoltes comme le poisson, le fourrage ou les plantes, mais il peut aussi s’agir de l’argent perçu pour être employé comme garde, dans le cadre d’une entreprise touristique, ou de la gestion d’un stand de nourriture à l’entrée d’un parc national. Beaucoup des valeurs d’utilisation directe atteignent les communautés locales, mais aussi des cibles au-delà. EMPLOIS L’avantage le plus tangible est la création d’emplois. Dans les zones rurales, avec moins d’opportunités d’emplois, travailler dans une aire protégée peut aider les familles à rester sur place, et à obtenir plus de sécurité des revenus. Les emplois doivent cependant être gérés soigneusement pour éviter les accusations de favoritisme, qu’une communauté profite plus qu’une autre etc. ENTREPRISES Les emplois ne concernent pas juste les employés, mais aussi la création de nouvelles entreprises profitant de l’afflux de visiteurs. Il peut s’agir de guides, de taxis, de stands de nourriture ou d’artisanat etc. FOURNITURE DE RESSOURCES Une aire protégée peut fournir des ressources telles que de la nourriture, des matériaux de construction, des produits à vendre etc. Cela peut être compliqué parce que les aires protégées sont parfois créées délibérément pour protéger ces ressources contre l’exploitation, par exemple dans le cas où elles sont surexploitées. Ici, le principal défi de gestion est celui de définir et ensuite de faire appliquer des critères liés aux lieux où la collecte est autorisée, ainsi que les quantités et les fréquences associées. REVENUS DU TOURISME L’avantage direct le plus important dans de nombreuses aires protégées est le revenu dérivé du tourisme basé sur les ressources naturelles au sein de l’aire protégée. Le fait que les communautés locales considèrent cela comme un avantage ou non dépend du poids du tourisme dans le profit généré : les entreprises touristiques locale, ou qui emploient des personnes locales, qui les traitent correctement et leur donne un rôle dans la prise de décisions, seront mieux appréciées.

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Séquence 2.7 GESTION DES VALEURS INDIRECTES ET DE NON-USAGE DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Si des valeurs indirectes proviennent d’un écosystème intact, il faut simplement laisser l’écosystème dans le même état. Si l’écosystème ou l’habitat dans une aire protégée est déjà dégradé, les services écosystémiques peuvent être une raison supplémentaire motivant les activités de restauration, et une potentielle source de financements. CARBONE Une valeur indirecte en particulier qui devient de plus en plus importante, est le rôle des écosystèmes naturels dans le stockage de carbone. C’est particulièrement vrai pour les forêts et les zones humides contenant des tourbières, mais ce rôle est aussi important pour d’autres écosystèmes, y compris les écosystèmes marins. Le financement qui est potentiellement lié à la séquestration de carbone signifie qu’il existe maintenant une variété d’outils et d’approches liés à sa conservation, sa gestion, au calcul de la quantité totale de carbone présente dans un écosystème, et au calcul des valeurs relatives de différents écosystèmes. VALEURS CULTURELLES ET RELIGIEUSES Beaucoup d’aires protégées contiennent des sites importants pour une ou plusieurs religions. Il peut s’agir de sites très localisés ayant de l’importance pour un groupe spécifique ou pour une grande religion, ce qui en fait donc une attraction pour des pèlerins à travers le monde. Des monuments culturels au sein d’aires requièrent parfois plus de soins, et sont aussi à même de devenir une attraction pour les visiteurs. Si les communautés locales estiment toujours ces endroits, ils peuvent contenir leurs propres mécanismes de conservation internes. Dans d’autres cas, des initiatives plus proactives doivent être prises. VALEURS ESTHÉTIQUES La préservation des valeurs esthétiques fait aussi partie de la gestion, en particulier dans le développement d’infrastructures pour que, par exemple, les établissements touristiques ou les cabanes de gardes ne viennent pas gâcher une vue particulièrement belle.

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Séquence 2.8 SUIVI ET ÉVALUATION POURQUOI ? POUR QUI ? Si une aire protégée investit du temps et surtout de l’argent dans les services écosystémiques, il faut aussi pouvoir mesurer l’efficacité de ces investissements, et connaitre les coûts et bénéfices associés, savoir qui en bénéficie etc. Cet aspect est essentiel dans le cas où des donateurs ou des entreprises par exemple, payent pour des services écosystémiques sous forme de droit d’accès, ou couvrent les frais de gestion en faisant des dons. Certaines évaluations de l’efficacité de la gestion donnent cette information, mais la plupart des évaluations ne détaillent pas les services écosystémiques rendus. ÉTAT DE L’AIRE Certains services écosystémiques peuvent être mesurés assez simplement par l’état général de l’aire protégée. Par exemple, si la couverture végétale reste intacte, le montant de carbone peut être calculé assez simplement sur la base de modèles déjà existants. Si l’eau d’une aire protégée est utilisée en aval, pour approvisionner une ville par exemple, l’administration des eaux en mesurera certainement l’écoulement et la pureté ; l’aire protégée devrait donc être en contact avec des fournisseurs d’eau pour obtenir un avertissement suffisamment à l’avance au cas où il y aurait du changement. QUI DOIT FAIRE LE SUVI ? Tout le suivi ne doit pas forcément reposer entre les mains du gestionnaire de l’aire protégée et du personnel lui-même. Des individus, l’État ou des entreprises bénéficiant des services écosystémiques ont un intérêt direct à les suivre, et devraient donc faire partie du processus. Dans la pratique, une équipe peut être chargée du suivi. Si des accords d’utilisation des ressources autorisent les villageois à ramasser certains produits traditionnels, ces habitants peuvent aussi jouer un rôle dans le suivi. Ils ont tout intérêt à ce qu’une collecte excessive ne réduise pas leurs ressources, et ils doivent donc enregistrer la quantité récoltée d’une certaine ressource, et surtout la quantité restante. D’autres acteurs peuvent aussi aider. S’il y a des hôtels ou des maisons d’hôtes à proximité, ceux-ci peuvent noter combien de leurs hôtes visitent l’aire protégée. Cela leur permettra aussi de voir les avantages que l’aire protégée apporte à la communauté. VALEUR PERÇUE Certaines valeurs sont difficiles à quantifier. Les valeurs sacrées, le sentiment de la communauté envers l’aire protégée ou encore la distribution d’avantages dérivés des services écosystémiques sont tous des éléments complexes et ne peuvent être réellement jugés qu’en s’adressant directement aux personnes impliquées.

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Séquence 3.2 DISTRIBUTION DES AVANTAGES Le simple fait qu’une aire protégée produise beaucoup de services écosystémiques devrait assurer le soutien des communautés locales. Mais cela ne fonctionne que si ces populations peuvent effectivement s’approprier certains des bénéfices produits. À long terme, cette situation peut se retourner contre la conservation.

Droits de la biodiversité : droits de l’écosystème global à subir un rythme d’extinction des espèces qui ne dépasse pas le processus naturel d’évolution.

IDENTIFIER LES BÉNÉFICES Il faut reconnaitre que les bénéfices prennent différentes formes. L’évaluation économique elle-même ne suffit pas, bien qu’elle puisse être un outil intéressant pour certains avantages. Des approches culturellement appropriées et diversifiées sont nécessaires pour identifier tous les bénéfices monétaires et non monétaires de l’aire protégée. Mais chaque culture est unique. Dans certaines, il sera préférable de faire des évaluations en séparant les hommes et les femmes, dans d’autres, les groupes pauvres et marginalisés seront ignorés lors d’assemblées publiques. Une certaine connaissance de la culture locale est nécessaire pour pouvoir choisir le meilleur moyen d’entamer une conversation, de sorte que tout le monde puisse s’exprimer. BÉNÉFICIAIRES Le choix des ayants droit devrait prioriser celles et ceux supportant les coûts de la conservation. Par exemple les gestionnaires, les communautés locales, les populations autochtones. NÉGOCIATION La négociation relative à la distribution des avantages implique une prise de décisions et souvent des concessions. La distribution doit être juste et équitable, et la négociation doit impliquer :

- le principe de consentement préalable libre et informé ; - la justice procédurale, notamment la participation, la représentation, la responsabilité et

la dignité ; - la justice distributive, notamment l’égalité homme-femme et intergénérationnelle ; - la prise en compte des droits fonciers et des zones de conflit.

Il faut aussi se rappeler que l’utilisation des services écosystémiques ne doit pas diminuer la conservation de la nature dans les parcs, comme le prescrit la définition des aires protégées. IMPLIQUER LES COMMUNAUTÉS Là où l’utilisation et la maintenance des services écosystémiques exige une gestion active, le rôle des communautés locales et résidentes doit être reconnu, respecté, et soutenu. Il est particulièrement important que ces personnes soient pleinement représentées dans la prise de décision, évitant ainsi des pratiques discriminatoires contre par exemple les femmes ou encore la jeunesse.

Module 3

Séquences 3.2 à 3.7

Droits et avantages pour les communautés

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Si la réalisation des avantages des services écosystémiques exige la négociation avec des parties tierces (REDD+ par exemple), les négociations doivent être fondées sur des approches culturellement appropriées et localement légitimes, et impliquer des représentants de tous les groupes pertinents d’acteurs. DROIT COUTUMIER ET DROIT INSTITUTIONNEL Dans le cas où le droit coutumier et le droit écrit sont tous deux appliqués, les deux doivent être reconnus et pris en considération dans ces questions, le tout à la lumière de l’équité et de la justice procédurale et distributive. AUTRES MÉCANISMES DE COMPENSATION Si les services écosystémiques disponibles ne suffisent pas à compenser les communautés locales pour des bénéfices perdus, d’autres mécanismes de compensation seront nécessaires. L’accompagnement des aires protégées ne peut entièrement reposer sur des valeurs auto-générées ; certaines aires protégées sont très importantes du point de vue de la conservation, mais n’octroient que très peu de bénéfices aux communautés locales.

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Séquence 3.3 APPROCHES PARTICIPATIVES POUR COMPRENDRE LA VARIÉTÉ D’AVANTAGES FOURNIS PAR LES AIRES PROTÉGÉES Pour assurer le succès à long terme de la gestion d’une aire protégée, il est important d’impliquer les communautés locales à chaque étape : de la planification initiale de l’aire protégée, au développement du plan de gestion, en passant par l’évaluation des services écosystémiques, le choix des approches de gestion appropriées, la prévision des changements à venir et les questions de suivi et d’adaptation de la gestion. QUI IMPLIQUER ? Il faut d’abord identifier les différents groupes d’intérêt à inclure dans le débat. Puis identifier dans chaque groupe qui peut le mieux en défendre les intérêts. Il est impossible de parler à tout le monde, mais si l’on omet certains groupes ou sujets, alors certains éléments du contexte manqueront inévitablement. Par exemple, dans beaucoup de sociétés, il est difficile pour les femmes de parler dans une réunion publique si des hommes sont présents. Or souvent, leur intervention est nécessaire. Dans ce cas, il peut être plus simple de séparer les hommes et les femmes en deux groupes distincts. Il est important d’inclure les groupes pouvant objectivement créer des problèmes, ceux ayant des objections sur le parc, ainsi que les amis et les soutiens. Ces réunions peuvent être compliquées, et il faut parfois faire appel à un médiateur professionnel. Exclure les opposants ne fera que les conforter dans leurs idées, alors que leur inclusion peut permettre de construire un climat de confiance et de coopération. COMMENT ? Les ateliers sont des moyens traditionnels de rassembler du monde et de partager des idées, mais ils ont leurs limites. Ils peuvent facilement être dominés par un seul groupe, ils sont couteux en temps et en argent pour les participants et les organisateurs. Il est peut-être plus simple d’organiser une grande réunion pour identifier les individus pouvant représenter les différents secteurs de la société, et ensuite continuer de travailler avec ces personnes de façon régulière mais moins formelle. Les réseaux sociaux sont efficaces lorsqu’il s’agit d’informer, pourvu que tout le monde y ait accès. Les sites internet sont aussi utiles là où les personnes ont accès à une connexion. Mais des façons plus traditionnelles d’entrer en contact avec les intéressés peuvent aussi fonctionner : par la presse locale, la radio, la télévision. Tout moyen permettant l’accès à une communication verbale est particulièrement important dans les endroits où la lecture reste peu utilisée. Si les aires protégées ont un budget pour la signalétique, la création de posters par exemple peut être utile, et des affiches manuscrites ou des graphiques très simples peuvent faire passer des messages importants. Le manque de fonds n’est pas une excuse pour ne pas informer les communautés de ce qui se passe.

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Séquence 3.4 CONSENTEMENT LIBRE, PRÉALABLE ET ÉCLAIRÉ ET AUTRES PRINCIPES Certaines lignes directrices officielles, moins officielles et facultatives qui commencent à faire surface sur le thème des droits humains affectent les services écosystémiques dans les aires protégées et établissent de nouveaux standards et mécanismes pour assurer la légitimité et la responsabilité des actions de conservation. LA DÉCLARATION DES NATIONS UNIES SUR LES DROITS DES POPULATIONS AUTOCHTONES Cette déclaration stipule que les États doivent mettre en place des mécanismes de prévention et de réparation efficaces et elle identifie certaines activités concernées dont « Tout acte ayant pour but ou pour effet de déposséder les populations autochtones de leurs terres, territoires ou ressources ; » Cela inclut des ressources comme le matériel génétique, les plantes sauvages apparentées à des plantes cultivées, la médecine traditionnelle etc., pour que toute forme d’exploitation de services écosystémiques sur les territoires des populations autochtones, qu’il s’agisse d’une sorte d’aire protégée ou non, ne soit faite qu’avec leur plein accord et si nécessaire, avec une compensation financière ou autre. PRINCIPE DE CONSENTEMENT PREÉALABLE LIBRE ET ÉCLAIRÉ Il exige le consentement des populations avant que toute forme de développement, d’utilisation des ressources, ou d’installations ne soient imposée sur leurs terres.

- « Consentement » : la participation et la consultation avant toute prise de décision. - « Préalable » : le consentement doit être effectivement recherché avant le début ou

l’autorisation d’activités. - « Libre » : il n’y a pas de manipulation ou de coercition des personnes affectées par le

projet considéré ; - « Éclairé » : les propriétaires traditionnels reçoivent suffisamment d’information, y

compris les impacts possibles, pour qu’ils puissent prendre leur décision. Ce principe est révolutionnaire. En théorie, il remet le contrôle directement entre les mains des populations autochtones où qu’elles se trouvent, et qu’il s’agisse de propriétaires traditionnels de terres ou d’eau. Dans la pratique, tous les États n’appliquent pas ce principe, mais la pression pour l’appliquer augmente. LES LIGNES DIRECTRICES AKWE : KON DE LA CBD Ce sont des lignes directrices facultatives pour la conduite d’évaluations des impacts culturels, environnementaux et sociaux concernant les développements qui ont lieu sur ou qui pourraient avoir un impact sur les sites sacrés, et sur les territoires traditionnellement occupés ou utilisés par les communautés locales ou autochtones. Bien que récemment remplacées par de nouvelles directives, les lignes directrices Akwé : Kon de 2004 fournissent d’importantes considérations destinées spécifiquement à la question sensible du développement affectant des sites sacrés.

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LES PRINCIPES DU MALAWI Il s’agit de 12 principes qui furent établis en 1998 à Lilongwe au Malawi, appliqués dans le contexte de l’Approche écosystémique. Parmi les points importants on peut citer : les objectifs de gestion sont une question de choix sociétal ; la gestion devrait être décentralisée au niveau approprié le plus bas ; les écosystèmes doivent être gérés dans la limite de leur fonctionnement ; un aspect clé de l’approche écosystémique inclut la conservation de la structure et du fonctionnement de l’écosystème ; et l’approche écosystémique devrait impliquer tous les secteurs pertinents de la société et des disciplines scientifiques. AUTRES PRINCIPES Il existe bien d’autres lignes directrices, y compris les décisions de conventions internationales comme la Convention sur la diversité biologique, la Convention de Ramsar sur les zones humides et la Convention de l’ONU pour combattre la désertification. En fonction d’une aire protégée en particulier, celles-ci peuvent être plus ou moins importantes ; tout gestionnaire d’un site Ramsar par exemple devrait s’assurer de connaitre le contenu de la Convention du même nom.

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Séquence 3.5 ACCORDS D’UTILISATION DES RESSOURCES Il n’est pas toujours simple de répondre à la fois aux besoins des communautés locales et des populations plus éloignées : différents acteurs ont différents besoins, et ceux-ci peuvent changer au fil du temps. En conséquence, des accords doivent parfois être formalisés pour que tout le monde puisse savoir à quoi s’en tenir.

Accord d’utilisation des ressources : accord entre deux ou plusieurs groupes concernant l’utilisation de ressources naturelles.

FORME Il s’agira d’un accord entre la personne en charge de l’aire protégée et les personnes souhaitant utiliser une ou plusieurs ressources se trouvant dans l’aire. Le sujet doit avoir fait l’objet d’une discussion puis d’un consentement entre les deux parties, suite à quoi, l’accord doit être formalisé. Cela se traduit généralement par un accord écrit, signé par les deux parties. Toutefois, cette solution n’est pas toujours appropriée – par exemple, si l’une des parties est analphabète ou que la procédure est culturellement déplacée – et un accord obtenu lors d’une réunion publique ne suffit pas toujours. CONTENU Chaque accord doit contenir les mêmes éléments de base :

- description, en termes précis, du sujet de l’accord ; - liste des ressources en question ; - le niveau d’utilisation accordé ; - le lieu précis où les ressources peuvent être exploitées ; - à quels moments les ressources peuvent être exploitées ; - liste des personnes autorisées à prélever la ressource ; - description des responsabilités de ces personnes ;

UN ACCORD GAGNANT- GAGNANT ? Un bon accord peut permettre à l’aire protégée et aux communautés locales de sortir gagnantes toute les deux. Si les choses fonctionnent correctement l’aire protégée ne sera pas surexploitée. Les populations locales quant à elles, ont effectivement accès à une ressource protégée. Mais obtenir un accord n’est pas si simple, surtout si l’aire protégée régule l’accès à des ressources qui étaient librement disponibles par le passé. Les utilisateurs peuvent douter de l’idée que la protection d’une partie de l’aire résultera sur plus de poissons en général, cette idée semble absurde. Dans ces cas, les accords doivent être provisoires, ou renégociés après un certain temps lorsque les individus sont rassurés du fait qu’ils ne font pas l’objet d’une injustice. AVEC QUI ? Les accords ne sont pas seulement établis avec les communautés locales souhaitant extraire des ressources, mais peuvent aussi être utiles pour les entreprises touristiques et des entreprises commerciales (eau, ressources génétiques, etc.).

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Séquence 3.6 PAIEMENT POUR SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Les mécanismes de Paiement pour services écosystémiques, ou PES, reposent sur un principe très simple : les personnes utilisant un service écosystémique doivent payer un droit aux gestionnaires. Ce paiement incite la préservation du service écosystémique, et donc de l’écosystème lui-même. EXEMPLES DE PES Eau. L’eau provenant de bassins versants forestiers est généralement plus pure que l’eau de fermes, ce qui signifie qu’elle requiert beaucoup moins de traitement avant son utilisation, réduisant ainsi les coûts. Un nombre croissant d’autorités municipales reconnaissent la valeur de services écosystémiques provenant de châteaux d’eau dits naturels, et payent un droit annuel aux communautés résidant dans l’aire pour être sûrs que ces derniers ne défrichent ou ne dégradent pas la forêt. Mangroves. Des villes peuvent par exemple payer des communautés côtières pour entretenir la mangrove qui fournit une protection importante contre les tempêtes. Ressources génétiques. Les aires protégées commencent à imposer des frais aux entreprises pharmaceutiques pour collecter du matériel génétique ayant du potentiel pour de nouveaux médicaments. Tourisme. Certains frais touristiques sont considérés comme une forme de PES. Carbone. Il y a un marché important qui se développe pour le stockage et la séquestration du carbone par le biais du programme REDD PLUS, ainsi que divers autres mécanismes de stockage de carbone. IDENTIFIER LA SOURCE DE FINANCEMENT La première étape dans un mécanisme PES est d’identifier la source des financements. Dans le cas de l’exemple de l’eau cette étape est relativement simple : une seule entreprise s’occupe généralement de l’approvisionnement en eau de la ville, et il existe une forte incitation à payer pour l’entretien des ressources. Mais le PES peut aussi être beaucoup plus compliqué lorsque les bénéficiaires sont dispersés, comme les nombreuses personnes qui pourraient respirer un air plus propre si la désertification et les tempêtes de poussières étaient réduites. CHOISIR LES BÉNÉFICIAIRES Ensuite, il faut décider qui dans la communauté reçoit les financements : sont-ils versés dans un fonds commun pour les écoles ou la santé ? Vont-ils vers des individus ou des familles ? Décider de cela peut prendre du temps et exiger une négociation habile. ÉTABLIR UN ACCORD Une fois le fournisseur et le bénéficiaire identifiés, il faut qu’il y ait un accord relatif au paiement. Cet accord est similaire à celui relatif à l’utilisation des ressources mais requière de définir un prix et exige souvent des procédures légales pour protéger les droits de tous les acteurs impliqués.

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Séquence 3.7 GÉRER LES ATTENTES NE PAS EXAGÉRER LE POTENTIEL DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES Il est très important de gérer les attentes des communautés et bénéficiaires des services écosystémiques. Il ne faut pas exagérer ce que les services écosystémiques peuvent offrir, soit physiquement, soit en termes de finances, d’opportunités, d’emplois etc. Les populations locales se tourneront souvent vers l’aire protégée pour avoir du soutien, et exagérer son potentiel mènera forcément à la déception. Les écosystèmes naturels peuvent apporter une protection contre les mouvements terrestres, mais ils seront bien détruits par de fortes inondations ou des tsunamis. L’écotourisme peut apporter des avantages aux communautés, mais peut aussi mal se dérouler : l’instabilité politique, un accident ou une crise économique peut soudainement réduire le nombre de visiteurs. Les accords d’utilisation des ressources peuvent devoir être changés si les ressources en question chutent ou risquent de chuter. De même, les mécanismes de PES peuvent dans un premier temps être signés et les financements accordés, mais les bailleurs ne tiennent pas toujours leur parole. TRANSPARENCE ET COMMUNICATION Cela ne signifie pas qu’il faille décourager les opportunités qui se présente, mais il faut être clair lorsque le sujet des risques et des opportunités est abordé. Si tout le monde a conscience de la réalité, il y aura moins de surprises. Être ouvert et transparent est la meilleure manière d’instaurer la confiance : si les communautés savent que les avantages peuvent fluctuer dans le temps, elles seront mieux préparées pour les problèmes climatiques périodiques au lieu d’être découragées. La communication est toujours au cœur de la réussite.

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Séquence 4.2 APERÇU DU GROUPE TAPAS ET DES LIGNES DIRECTRICES GROUPE TAPAS DE LA CMAP

Le groupe des spécialistes du tourisme dans les aires protégées (ou groupe TAPAS) fait partie des groupes de volontaires réunis au sein de la Commission mondiale des aires protégées de l'Union internationale pour la conservation de la nature. C'est un réseau de plus de 500 volontaires engagés dans la promotion du tourisme durable dans les aires protégées du monde entier. Il produit et diffuse des connaissances sur le tourisme dans les aires protégées par le biais de l'UICN et de ses partenaires, travaille sur le renforcement des capacités à travers des

ateliers et webinaires et forme également des réseaux entre membres et plus largement, cherche à nouer des liens et à engager le dialogue avec d’autres personnes travaillant dans le domaine du tourisme et des aires protégées. LIGNES DIRECTRICES GESTION DU TOURISME ET DES VISITEURS

Ce document sert de base à la 2e partie du MOOC. Il s’agit de la 3e édition des lignes directrices, disponibles en anglais sur https://portals.iucn.org/library/node/47918.

Module 4

Séquences 4.2 à 4.6

Tourisme et visites dans les aires protégées, gouvernance et impacts

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Séquence 4.3 TOURISME DURABLE : OPPORTUNITÉS ET DÉFIS TOURISME DURABLE ET AIRES PROTÉGÉES Le tourisme est un sujet de débat important dans le milieu de la conservation. Avec l’augmentation de la population mondiale et le développement des transports permettant des déplacements rapides sur de grandes distances, le tourisme a prospéré et s'est de plus en plus concentré sur les derniers paysages naturels et culturels, souvent situés dans des aires protégées.

Le tourisme durable dans les aires protégées : Tourisme dans une aire protégée qui prend pleinement en compte ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, de l'industrie, de l'environnement et des communautés locales.

Il existe quatre caractéristiques clés du tourisme durable dans les aires protégées :

1 : Préserver les qualités environnementales et/ou culturelles qui attirent les touristes en préservant les processus écologiques essentiels et les qualités esthétiques et spirituelles, contribuant ainsi à la conservation du patrimoine naturel et de la biodiversité 2 : Respecter les droits des peuples autochtones et des communautés locales et leur authenticité socioculturelle. Il devrait conserver leur patrimoine culturel bâti et vivant et leurs valeurs traditionnelles, tout en contribuant à la compréhension et à la tolérance interculturelles. 3 : Assurer l’existence d’opérations économiques viables à long terme, offrant des avantages socio-économiques équitables à tous les détenteurs de droits et à toutes les parties concernées par le tourisme. 4 : Fournir des opportunités pour donner un sens à l’expérience des visiteurs et offrir à ces dernier une expérience de qualité qui leur apportera un sens accru de l'intendance de la nature et des aire protégées

OPPORTUNITÉS Partage de valeurs. Le tourisme dans les aires protégées peut être un support de la conservation de la nature et de la culture par le biais des aires protégées en fournissant des expériences exceptionnelles et significatives qui transmettent les nombreuses valeurs des aires protégées. Contribution matérielle. Il peut contribuer activement à la conservation en impliquant les visiteurs dans les tâches de gestion et en apportant une contribution financière directe (frais de visite, droits de concession, etc.) ou toute autre contribution en nature à la gestion. Soutien politique ou financier. Le tourisme peut justifier un soutien politique et un meilleur financement de la gestion grâce à l’importance du tourisme basé sur des aires protégées pour les économies locales et régionales. C'est ce type d'informations économiques que fournit le Service américain des parcs sur son site Web, par exemple. Réduction des impacts. Les opérateurs touristiques peuvent réduire les impacts du tourisme grâce à la planification d'infrastructures sensibles, à la réparation des dommages causés et aux

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techniques d'atténuation des impacts par les visiteurs (par exemple, le renforcement des pistes ou l'information des visiteurs). Avantages sociaux et culturels. Le tourisme peut améliorer les avantages sociaux et culturels des aires protégées en promouvant et en préservant leurs attractions culturelles, en mettant en valeur la culture locale - par exemple à travers l’utilisation d’histoires, d’œuvres d'art, de dessins, de musique et d’aliments - et en fournissant des services d'interprétation appropriés et des opportunités éducatives. Le tourisme dans les aires protégées peut constituer une incitation importante pour les communautés basées à l'intérieur ou à proximité des aires protégées afin de protéger la faune et de tolérer certains de ses impacts négatifs. Cela peut être par le biais d’avantages sociaux et financiers directs. Avantages économiques. Les liens économiques locaux peuvent également être stimulés par la propriété locale des avoirs touristiques, la gestion des entreprises touristiques, l'emploi, les moyens de subsistance alternatifs et l'entrepreneuriat dans la chaîne logistique du tourisme (par exemple, guides, artisanat, aliments et boissons, transports, etc.). DÉFIS Profits vs conservation. Par exemple, les aires protégées peuvent devenir simplement un autre « produit » ou une ressource à exploiter par une industrie davantage intéressée par les profits et la fourniture de nouvelles expériences que par le soutien à la conservation. Développement excessif. L'importance du tourisme basé dans les aires protégées peut conduire à un soutien politique en faveur d'un développement excessif dans ou autour de l'aire protégée. En outre, il peut y avoir des impacts négatifs directs sur l’environnement, tels que la pollution, l’utilisation non durable des ressources et les dommages causés aux zones sensibles. Impacts sur les populations. Des impacts négatifs sur les populations locales peuvent se produire. Cela peut inclure la marchandisation de la culture, la perturbation de la vie traditionnelle, la criminalité, la surpopulation, le déplacement des communautés locales pour le développement du tourisme, la perte d'accès aux ressources traditionnelles, les dommages ou la profanation des lieux sacrés, ou les pressions causées par une fréquentation élevée. Le coût de la vie élevé et l’inflation résultant du tourisme peuvent aussi avoir des conséquences.

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MOOC Valorisation des aires protégées – Partie 2

Séquence 4.4 COÛTS ET AVANTAGES ENVIRONNEMENTAUX Les gestionnaires d’aires protégées se demandent souvent comment mesurer un impact environnemental positif par rapport à des effets négatifs. IMPACTS POSITIFS Le tourisme et les visites dans les aires protégées peuvent générer de nombreux avantages environnementaux :

• informer le public sur les problèmes et les besoins en matière de conservation ; • transmettre une compréhension et une plus grande appréciation des valeurs et des

ressources naturelles à travers les expériences, l'éducation et l'interprétation ; • faire prendre conscience de la valeur des ressources naturelles et de l’importance de la

protection de ressources ; • soutenir la recherche et le développement de bonnes pratiques environnementales et de

systèmes de gestion pour influencer le fonctionnement des entreprises de voyages et de tourisme, ainsi que le comportement des visiteurs ;

• soutenir la surveillance de l'environnement et des espèces par le biais du volontariat des sciences citoyennes.

IMPACTS NÉGATIFS Le tourisme peut avoir de nombreux impacts environnementaux négatifs s'il n'est pas planifié et géré efficacement. Par exemple :

• la construction de logements dans des endroits inappropriés peut détruire l'ambiance et les habitats de la faune ;

• la gestion des eaux usées et des déchets peut être problématique ; • et les sites populaires des aires protégées peuvent devenir trop fréquentés, ce qui peut

nuire à la fois à l'environnement et à l'expérience des visiteurs. ÉVITER LES IMPACTS NÉGATIFS Évaluations d'impact environnemental. Il faudrait accompagner les propositions de développement touristique dans les aires protégées et/ou leurs zones tampons par des évaluations d'impact environnemental - ou EIE. Les EIE décrivent le projet ou le développement, prévoient les impacts environnementaux clés et leur importance, facilitent la consultation et la participation du public, suggèrent des méthodes d'atténuation appropriées et documentent le processus de prise de décision, de suivi et d'audits post-projet. Les cadres législatifs nationaux contiennent généralement des dispositions relatives aux EIE et des exigences strictes sont souvent imposées aux aires protégées ; ces exigences sont spécifiées dans les plans de gestion des aires protégées. Évaluations environnementales stratégiques. À plus grande échelle, les évaluations environnementales stratégiques - ou EES - évaluent les effets environnementaux d'une politique, d'un plan ou d'un programme et de ses alternatives. Dans les aires protégées, les EES peuvent être utilisées pour évaluer les impacts globaux de tous les développements et activités touristiques, puis utilisées, par exemple, comme un outil de planification préparatoire pour les concessions touristiques. Alors que les EIE sont utilisées pour évaluer les effets de projets individuels, les politiques relatives à plusieurs projets ayant des effets cumulatifs et synergiques au niveau mondial ou régional requièrent l’approche plus stratégique des EES.

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Séquence 4.5 COÛTS ET AVANTAGES SOCIAUX ET CULTURELS Le tourisme dans les aires protégées peut avoir divers impacts sociaux et culturels, à la fois positifs et négatifs. EXEMPLES D’IMPACTS Niveau de vie. Le tourisme peut améliorer le niveau de vie des populations locales. Cet objectif peut être atteint grâce à diverses initiatives, comme le développement des infrastructures et des télécommunications, l'éducation, les formations et l’accès aux soins. Valorisation de la culture. Il peut aussi encourager les gens à valoriser et à être fiers de leur culture locale et de leurs aires protégées. L’éducation environnementale des visiteurs et de la population locale améliore la compréhension des valeurs et des ressources du patrimoine culturel. Le tourisme peut par exemple mettre l'accent sur la valeur des arts et de la culture locale, ainsi que sur l'importance des sites environnementaux et de la faune locale. Partage. Le tourisme peut améliorer le partage interculturel par le contact social et peut encourager les gens à apprendre les langues et les cultures des autres. Santé. Il peut avoir de multiples effets bénéfiques sur la santé, notamment la santé spirituelle et physique, par le biais d'exercices de loisirs et de santé mentale qui réduisent le stress et la fatigue. Parallèlement, il peut promouvoir l’accès aux soins pour les communautés locales éloignées. Déterminer si les impacts sur une communauté sont négatifs, bénins ou positifs dépend en partie des échelles temporelles ou spatiales choisies. ÉVALUATIONS D’IMPACT SOCIAL Des évaluations d’impact social (EID) peuvent être utilisées pour estimer les conséquences sociales susceptibles de survenir à la suite d'une politique, d'une action ou d'un développement dans la législation.

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Séquence 4.6 COÛTS ET AVANTAGES ÉCONOMIQUES IMPACTS ÉCONOMIQUES POSITIFS ET NÉGATIFS Le tourisme peut avoir divers impacts économiques positifs ou négatifs sur les populations locales, les femmes, les jeunes et les autres membres de la société. Génération de revenus et d’emplois :

+ : Le tourisme peut générer des revenus dans un pays, une région ou une communauté afin de renforcer l’engagement en faveur de la conservation de la zone naturelle et de sa faune. Il peut ainsi augmenter le nombre d’emplois et les revenus des résidents locaux. - : Il arrive que les opportunités d’emploi soient modestes, accompagnées de salaires trop bas, nécessitant peu de compétences, offrant peu de possibilités d’avancement et de formation pour la population locale. Il peut aussi y avoir des pertes d'emplois saisonniers en période de saison basse.

Génération d’opportunités :

+ : Le tourisme peut également encourager la création de nouvelles entreprises touristiques et diversifier l’économie locale, notamment dans les domaines du divertissement, des visites guidées, de l’artisanat ou de la restauration. Il peut mener au développement des installations locales, des transports et des moyens de communications de manière durable, améliorant ainsi les conditions de vie locales. Il encourage la fabrication et la vente locales de biens et la fourniture de services. - : En termes de diversification, renoncer au développement d’industries génératrices de revenus avec lesquelles le tourisme peut être incompatible, telles que l'agriculture ou les mines, peut avoir un coût d'opportunité important. En outre, une économie trop dépendante du tourisme peut être vulnérable et met en péril les fournisseurs de services et de produits en cas de baisse de la popularité de la destination. Dans certains cas, on assiste à une distribution inégale des avantages qui sont le monopole d’un petit groupe d'élite. Enfin, l’inflation peut rendre les biens ou les produits trop coûteux pour le personnel et les habitants.

Devises et recettes fiscales :

+ : Le tourisme peut donner accès aux entrepreneurs touristiques à de nouveaux marchés et devises. Cela peut être particulièrement important dans les pays en développement. Il peut générer des recettes fiscales locales pouvant être utilisées pour financer des services sociaux et les services à destination d’une région ou même du pays dans son ensemble. - : Il peut être entravé par le rapatriement des recettes en devises tirées du tourisme.

L’ampleur de l’impact économique du tourisme peut être affectée par de nombreux facteurs : la nature de l’aire protégée, ses installations, son accessibilité et son attrait pour les touristes ; le volume et l'intensité des dépenses touristiques dans la région visitée ; le niveau de développement économique et la taille de la base économique de l'aire protégée ; et enfin le taux de circulation et de réinvestissement au sein de la région visitée.

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ÉVALUER L’IMPACT ÉCONOMIQUE Des outils de planification et de diagnostic tels que les analyses de chaîne de valeur et le modèle économique du tourisme pour les aires protégées - Tourism Economic Model for Protected Areas en anglais TEMPA - peuvent être utilisés pour évaluer l’impact économique des activités touristiques mais aussi pour identifier les opportunités d'amélioration de ces impacts.

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Séquence 5.2 PRINCIPES 1 ET 2 SUR LES OBJECTIFS DE GESTION ET LA PLANIFICATION PROACTIVE Le tourisme et les visites dans les aires protégées, quand ils sont gérés de manière durable, peuvent avoir un impact positif pour la conservation de la nature et, le cas échéant, le développement de la communauté. En promouvant de meilleures pratiques, le tourisme durable peut également bénéficier à de nombreuses valeurs naturelles et sociales qui contribuent à la fois à l’objectif de conservation de l'aire protégée et, dans la mesure du possible, aux bénéfices perçus par les communautés locales. PRINCIPE N ° 1 : LA GESTION DOIT S’ADAPTER AUX OBJECTIFS ET VALEURS DES AIRES PROTÉGÉES Pour assurer la durabilité du tourisme dans les aires protégées il faut définir des objectifs de gestion du tourisme clairs liés à des valeurs de conservation tout aussi claires. Un cadre de gestion du tourisme peut faciliter l’établissement d’un lien explicite et répété entre les objectifs et les valeurs dans la pratique. Un cadre de gestion du tourisme peut être utile pour soutenir et défendre les décisions de gestion. On y aborde typiquement les sujets suivants :

- stratégies et plans de développement du tourisme compatibles avec la conservation ; - nature et mesure du développement touristique pour des lieux particuliers, et délimitation

de zones où le tourisme n'est pas autorisé (zonage) ; - description des mesures de gestion des impacts - réels et anticipés - du développement

et des activités touristiques ; - plan de suivi du développement et des activités touristiques et des impacts associés ; - mesures visant à assurer le respect des accords concernant le développement et les

activités touristiques autorisés ; - partage des bénéfices et avantages avec les populations autochtones et communautés

locales ; - partage des avantages pour la conservation et la protection des services écologiques.

LE PRINCIPE N°2 : PLANIFICATION PROACTIVE DE LA GESTION DU TOURISME ET DES VISITEURS La gestion du tourisme commercial repose sur trois piliers : le cadre stratégique, l’élaboration du projet et la phase opérationnelle. Cadre stratégique. Le cadre stratégique décrit les meilleures pratiques en matière de définition et de réglementation des programmes. Il fait généralement référence contexte de l'administration publique et aux stratégies de mise en œuvre qui répondent à la fois à l'intérêt public et aux besoins collectifs, tels que la propriété des terres et l'étendue de la participation du secteur privé. En outre, un cadre juridique fait référence à l’ensemble hiérarchique de règles et de règlements. Élaboration du projet. Le développement du projet est la phase durant laquelle les opportunités commerciales sont définies, structurées, tarifées et présentées sur le marché. C’est aussi l’étape durant laquelle les opérateurs sont sélectionnés via un appel d’offres. Ces appels à propositions peuvent également offrir des incitations aux opérateurs de haut niveau. Phase opérationnelle. La phase opérationnelle fait suite à la signature du contrat commercial. Cette période, au cours de laquelle le contrat/la concession est gérée, peut être longue (elle peut

Module 5

Séquences 5.2 à 5.9

Aligner les objectifs de gestion des AP et du tourisme

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durer entre 10 et 30 ans). La gestion du contrat ne concerne pas seulement ses clauses techniques, mais également les relations entre les contractants. Au cours de la phase opérationnelle, l'autorité de gestion des aires protégées a besoin d'outils et de mécanismes pour gérer et surveiller les opérations commerciales afin de garantir que les performances sont satisfaisantes et pour mettre en œuvre les incitations convenues. Infrastructures. L’impact des infrastructures de tourisme commercial sur une aire protégée dépend en grande partie de l’emplacement des installations. Centres d’interprétation, installations sanitaires, hôtels, chalets et terrains de camping, restaurants, zones de stationnement, etc. : toutes ces installations peuvent être considérées comme des infrastructures touristiques. Le principal défi consiste à s'assurer qu’elles sont durables et adaptées aux écosystèmes et aux cultures locales.

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Séquence 5.3 PRINCIPE N°3 SUR LES CONDITIONS D’UTILISATION DES VISITEURS Les types de tourisme et de loisirs qui conviennent à des aires protégées individuelles varient considérablement d’un endroit à l’autre et peuvent changer avec le temps. La demande de nouvelles activités touristiques est un défi pour les gestionnaires d’aires protégées, mais aussi une opportunité d’accepter et de faciliter de nouvelles expériences de visite pouvant contribuer à la conservation. RECREATION OPPORTUNITY SPECTRUM Le Recreation Opportunity Spectrum (ROS) est un cadre de gestion largement appliqué qui favorise la diversité du tourisme et des loisirs de plein air dans les aires protégées grâce à une approche de zonage. ROS applique des indicateurs et des normes de qualité à chacune des trois composantes des parcs et des loisirs de plein air - ressources, expériences et gestion - pour illustrer un large éventail d'opportunités de loisirs. Cette approche structurée peut être utilisée par les gestionnaires d’aires protégées pour identifier différentes zones qui répondent aux diverses demandes des visiteurs avec des possibilités de loisirs adaptées aux objectifs de conservation et de gestion de chaque zone, ainsi qu’aux conditions sociales et aux ressources.

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Séquence 5.4 PRINCIPE N°4 SUR LES IMPACTS DES RESSOURCES ET LES CONDITIONS SOCIALES APPROCHE DES LIMITES DES CHANGEMENTS ACCEPTABLES L'approche des limites des changements acceptables établit des limites mesurables des changements induits par l'homme dans les environnements naturels et sociaux des aires protégées. On utilise ces limites pour créer des stratégies de gestion appropriées afin de maintenir ou de restaurer des conditions acceptables. Il s’agit d’une approche de gestion par objectifs ; c’est également un cadre dit « fondé sur des indicateurs » ou « fondé sur des normes ».

Indicateurs de qualité : reflètent l’essence des objectifs de gestion ; ils peuvent être considérés comme des approximations quantifiables des objectifs de gestion. Normes de qualité : condition minimale acceptable des indicateurs.

Lorsqu’on applique cette méthode de limites des changements acceptables aux aires protégées, les objectifs de gestion définissent les conditions souhaitées pour les aires protégées et les loisirs de plein air, y compris le niveau de protection des ressources ainsi que la nature et la qualité de l'expérience de loisirs afin que la conservation soit toujours une priorité. SUR-TOURISME Au cours des dernières années, le débat a été relancé avec l’apparition du terme « sur-tourisme ». Cette expression a été utilisée dans le cadre de plusieurs sites naturels et culturels telles que l'Antarctique, des Galapagos et du site du patrimoine mondial du Taj Mahal. APPROCHE GLOBALE Récemment, les pratiques dans le domaine des aires protégées et des loisirs en plein air ont évolué, passant d’une approche centrée sur les ressources à une approche plus globale. Ces approches reconnaissent trois préoccupations cadres et prennent en compte tous les éléments de gestion que nous avons évoqués. Elles appliquent une approche de gestion adaptative passant par les trois étapes suivantes :

1 : les objectifs de gestion, les indicateurs et les normes sont formulés. 2 : on contrôle les indicateurs de la qualité du tourisme et on vérifie le respect des normes. 3 : si les normes ne sont pas respectées, la direction doit agir pour les restaurer.

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Séquence 5.5 PRINCIPE N°5 SUR LES PRATIQUES DE GESTION Les activités touristiques dans les aires protégées peuvent affecter négativement les valeurs naturelles de la région. Plusieurs types de stratégies de gestion ont été développés pour faire face à ce problème. ÉQUILIBRE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE Les deux premières stratégies influencent l'offre et la demande, en augmentant l'offre de possibilités touristiques soit pour permettre une utilisation accrue soit pour promouvoir une répartition plus équitable. Augmenter l’offre. L'offre de possibilités touristiques peut être accrue dans le temps ou dans l’espace.

Temps : l'utilisation des aires protégées a généralement lieu certains jours ou certaines heures uniquement. Si certains pics d'utilisation peuvent être décalés vers des périodes de plus basse utilisation, une partie de la pression liée à la surutilisation peut être soulagée. Espace : la manière la plus courante d’augmenter l’offre consiste à élargir la surface matérielle disponible pour les visiteurs, par exemple en créant davantage d’aires ou d’installations protégées.

Réduire la demande. Une autre option consiste à réduire la demande grâce à des mesures ne se basant pas sur des limites formelles ou d'interdictions absolues. Cela peut être fait en modifiant le caractère de l’utilisation afin d’atténuer ses impacts. De cette manière, les activités potentiellement dommageables ne devront peut-être pas être éliminées ou limitées, mais plutôt modifiées en faisant évoluer leur calendrier. DILUER L’IMPACT Il s’agit de disperser les activités pour qu’elles aient lieu dans une zone plus large, ce qui permet de « diluer » l’impact. La dispersion des loisirs repose sur l’hypothèse selon laquelle répartir l’utilisation sur une zone plus large ou la partitionner de telle sorte qu’elle ait lieu à des moments différents pour différents groupes d’utilisateurs à deux impacts : 1 – aucun espace n’est soumis à un niveau inacceptable d’impacts, et - 2- les conflits entre groupes d'utilisateurs sont réduits, voire disparaissent. RÉDUIRE L’IMPACT Cette stratégie considère que l'offre et la demande sont fixes et vise à réduire les impacts de l'utilisation en modifiant le comportement des visiteurs ou en améliorant la durabilité des éléments sensibles de l’aire protégée. On parle généralement de « durcissement » parce qu’il faut souvent créer une surface dure pour absorber les impacts physiques directs des activités des visiteurs, telles que la conduite, la marche et le camping. Un exemple très courant consiste à construire des plateformes en bois traversant des zones humides fragiles. LIMITES STRICTES Cette stratégie considère également l'offre et la demande comme fixes. C'est aussi la stratégie la plus couramment utilisée.

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Des limites strictes sont imposées aux utilisations problématiques des visiteurs. Celles-ci peuvent inclure des règles la taille maximale des groupes, les emplacements de camping et/ou itinéraires de voyage, les zones exclues des visites, la durée maximale des séjours, ainsi que les restrictions ou interdictions relatives aux activités et comportements de loisirs ayant des impacts importants sur les ressources ou l'expérience. ZONAGE Le zonage est l'un des outils les plus couramment utilisés pour gérer les impacts du tourisme et constitue un élément essentiel de tous les processus de gestion du tourisme et des visiteurs. Dans sa forme la plus simple, le zonage assigne des activités de loisir à des zones sélectionnées ou à des plages horaires données. LIMITER LE TOURISME Limiter le tourisme et les activités de loisirs est une autre option. Les éléments critiques de l'utilisation de cette méthode et de l’allocation par tirage au sort et autre sont l’impartialité, l'efficacité et l'équité. Par exemple, l’augmentation des prix pour limiter le tourisme peut être considérée comme une discrimination à l'encontre de certains groupes de statut socio-économique plus bas.

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Séquence 5.6 PRINCIPE N°6 SUR L’IMPACT Le principe 6 porte sur les facteurs qui influent sur les impacts du tourisme, ainsi que les options de gestion qui s’offrent à nous pour y faire face. Dans de nombreux cas, le simple fait d'imposer des restrictions à un usage problématique des visiteurs peut ne pas régler le problème de fond. D’autres pratiques de gestion directes et indirectes peuvent donner de meilleurs résultats en influençant les décisions des visiteurs relatives aux activités à mener, au moment et au lieu. TARIFICATION Une stratégie alternative indirecte visant simplement à limiter les utilisations consiste à mettre en place des systèmes de tarification pour gérer les visites.

Tarification par paliers : fixer des prix en fonction de l’âge des visiteurs, de leur lieu de résidence et d’autres facteurs, ce qui peut encourager certains types de visiteurs à visiter l’aire protégée

Tarification différentielle : différences de prix en fonction des services offerts.

Faire payer des prix plus élevés en saison haute ou pour accéder à des sites très fréquentés peut réduire la sur-fréquentation. ÉDUCATION ET INFORMATION Des programmes d'éducation et d'information, ainsi que des réglementations limitant le comportement des visiteurs, peuvent être nécessaires.

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Séquence 5.7 PRINCIPE N ° 7 SUR LE SUIVI L’engagement en faveur d’un suivi continu est un élément essentiel de toute stratégie de gestion du tourisme. Ce suivi permet de suivre les conditions actuelles, d’évaluer l’efficacité des mesures prises par la direction et de jeter les bases d’une action corrective appropriée et de tout ajustement nécessaire aux plans de gestion. Pour concevoir un programme de suivi efficace avec des résultats utiles, les responsables doivent examiner six questions de base.

1 - Pourquoi faire le suivi ? 2 - Que faut-il suivre ? 3 - Où et quand le suivi doit-il avoir lieu ? 4 - Qui doit être en charge du suivi ? 5 - Qui analysera les données ? 6 - Comment les données seront-elles utilisées ?

Un examen approfondi de ces questions permet de garantir que le suivi est efficace et génère des avantages à un coût raisonnable. PRINCIPAUX TYPES DE SUIVI Les principaux types de suivi pertinents pour la gestion du tourisme sont le suivi de l’utilisation par les visiteurs, suivi de l’impact des visiteurs, suivi de l’expérience des visiteurs et efficacité de la gestion. Suivi de l’utilisation. La quantité, le type et la répartition des visites de loisirs et de tourisme sont des données fondamentales, même si ces données ne sont pas systématiquement collectées dans de nombreuses aires protégées. Parmi les variables d'utilisation les plus courantes des visiteurs ou des touristes, on peut citer :

- nombre de visiteurs : nombre de visiteurs individuels entrant ou sortant d'une aire protégée, quelle que soit la durée de leur séjour ;

- nombre de nuits que les visiteurs passent dans l’aire protégée ou le nombre de personnes

passant la nuit dans une aire protégée ;

- durée, en heures, du séjour des visiteurs dans l’aire protégée ;

- nombre de jours passés par les visiteurs dans l’aire protégée ;

- dépenses des visiteurs, autrement dit les dépenses de consommation totales effectuées par un visiteur, ou pour son compte, en biens et services au cours de son voyage et de son séjour dans une aire protégée.

Suivi de l'impact des visiteurs. Le suivi peut porter sur l’état des infrastructures de loisirs, dont la conception et la gestion doivent pouvoir supporter les impacts des visiteurs. Les programmes à faible coût impliquent généralement des photographies prises à plusieurs reprises à partir du même lieu, souvent appelé photopoint. Les programmes à coûts moyens et élevés nécessitent du matériel de terrain tels que des unités GPS, des caméras infrarouges, des rubans à mesurer, des outils d'analyse du sol et des quadrats de végétation.

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Le suivi des impacts sociaux sur les communautés locales est également un élément important du suivi de l'impact des visiteurs. Le Tourism Impact Attitude Scale teste les effets de nombreuses variables sur les attitudes des résidents à l'égard du tourisme, tels que la dépendance économique vis-à-vis du tourisme, la participation des résidents à la prise de décisions concernant le tourisme et le niveau de contact avec les touristes. Suivi de la qualité de l'expérience. La qualité de l'expérience des visiteurs est un indicateur essentiel du tourisme durable dans les aires protégées. Les données informelles fournies par les visiteurs sur formulaires, sites ou les médias sociaux fournissent quelques indications sur l'expérience des visiteurs. Parmi les méthodes plus systématiques de suivi on peut citer des enquêtes sur site, généralement effectuées dans les centres de visiteurs ou les principaux points d’accès touristiques. Ainsi que des enquêtes par voie postale, courrier électronique et sondage Internet après la visite. Efficacité de la gestion des aires protégées. La Commission mondiale des aires protégées de l’UICN a établi un cadre d’évaluation en six étapes ainsi que des directives détaillées pour sa mise en œuvre. Les indicateurs de fréquentation et de tourisme peuvent constituer d’importants critères d’évaluation.

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Séquence 5.8 PRINCIPES 8 ET 9 SUR LA PRISE DE DÉCISION ET LES GROUPES CONCERNÉS PRINCIPE 8 Le principe 8 porte sur la façon dont on aborde les problèmes de gestion du tourisme. Cela peut sembler une décision purement technique, mais elle est sous-tendue par d’autres facteurs et valeurs. Chaque décision technique repose sur un jugement de valeur et les valeurs humaines sont le moteur de nos préoccupations, y compris pour les gestionnaires d’aires protégées. PRINCIPE 9 Le principe 9 porte sur l’établissement d’un consensus et la création de partenariats pour la mise en œuvre. Les partenariats sont un élément important du tourisme durable dans les aires protégées. Pour qu'un partenariat réussisse vraiment, les gestionnaires doivent s’assurer que :

- tous les partenaires décident, comprennent et acceptent leurs rôles et leurs responsabilités, qui sont ensuite écrits ;

- les devoirs et engagements sont équitablement répartis entre les personnes impliquées ; - le partenariat doit être mutuellement bénéfique.

Les partenariats entre les agences des aires protégées et les ONG, les peuples autochtones, les communautés locales et le secteur privé, bien que difficiles, peuvent être très enrichissants. Des processus de planification participative pour élaborer des plans et des activités de gestion et des partenariats efficaces peuvent être établis entre de multiples parties prenantes et avec les communautés locales.

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Séquence 5.9 PRINCIPE N° 10 SUR LA COMMUNICATION Les gestionnaires d'aires protégées doivent élaborer une stratégie de communication claire pour soutenir le tourisme durable. TÉLÉPHONES, GPS, INTERNET Les téléphones satellite, les smartphones avec GPS et d'autres appareils de navigation aident les rangers, les gardes-chasse et les gardes chargés de l'application de la loi, et permettent aux visiteurs du parc de se déplacer plus facilement dans les régions éloignées. L’accès à internet sans fil dans les aires protégées présente à la fois des avantages et des inconvénients. D'un côté, l’accès à internet et aux médias sociaux peut inciter les jeunes à se rendre dans les aires protégées. D’un autre côté, être constamment connecté au monde extérieur peut limiter les propriétés réparatrices de la nature, les opportunités de création de liens sociaux et décourager l'activité physique. ÉDUCATION ET INTERPRÉTATION L'éducation et l'interprétation sont des objectifs clés de nombreuses aires protégées. Les aires protégées ont une valeur considérable car elles permettent aux gens d’en apprendre davantage sur la nature et la culture et d’avoir une attitude positive à l’égard de la conservation. Les programmes d'éducation et d'interprétation facilitent ce processus tout en fournissant des outils précieux pour aborder le comportement des visiteurs et ses impacts. MARKETING Le marketing est une forme de communication spécialisée qui consiste à créer et à transmettre des messages qui ont une valeur pour les clients et la société en général. Cela implique traditionnellement de se concentrer sur les quatre P, à savoir les produits, le prix, la promotion et la position. Les agences peuvent utiliser cinq types de marketing :

- le marketing social : donne la priorité aux résultats qui bénéficieront à la société et à l’individu ;

- le marketing relationnel : repose sur des relations à long terme et mutuellement bénéfiques entre les agences des aires protégées et les groupes de détenteurs de droits et intervenants ;

- le « démarketing » : stratégie utilisée lorsque les gestionnaires d'aires protégées doivent décourager la demande liée à un lieu ou un service particulier pour réduire les impacts environnementaux ou améliorer l'expérience des visiteurs ;

- le co-marketing : les gestionnaires des aires protégées et leurs partenaires s'unissent pour promouvoir une offre et en tirer profit mutuellement ;

- le marketing via l’expérience : permet aux visiteurs de s'immerger dans une expérience au sein d’une aire protégée, ce qui produit un résultat mémorable et pertinent qui peut à son tour générer des liens affectifs positifs, un changement de comportement et un soutien à la direction.

CERTIFICATION Aujourd'hui, la certification touristique implique généralement une évaluation volontaire par une tierce partie de la conformité d'une entreprise de tourisme à un ensemble de normes, comprenant des objectifs de durabilité spécifiques.

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Séquence 6.2 RENFORCEMENT DES CAPACITES DES GESTIONNAIRES, DES COMMUNAUTÉS LOCALES ET DES PARTENARIATS Développer les compétences professionnelles est un moyen de gagner en efficacité dans la prise de décision et la mise en œuvre.

Renforcement des capacités : processus par lequel les personnes acquièrent les moyens et la capacité d’atteindre un ensemble d’objectifs ou de mener à bien un projet.

DOMAINES DE COMPÉTENCES Le Registre mondial des compétences pour les aires protégées de la CMAP de l’UICN liste les compétences en matière de gestion du tourisme, des loisirs et de l’utilisation publique des aires protégées. Il existe quatre domaines de compétences principaux et 25 compétences spécifiques. Les compétences principales sont :

1 - Permettre la création d'opportunités pour un tourisme et des loisirs durables sur les plans environnemental et économique, à l'échelle du système.

2 - L'élaboration et la mise en œuvre directes de programmes de tourisme durable et de loisirs adaptés à l'aire protégée.

3 - La planification, la gestion et le suivi des programmes, activités et services destinés aux visiteurs de l’aire protégée.

4 - Guider, assister et superviser les visiteurs des aires protégées.

RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DES GESTIONNAIRES Si le personnel des aires protégées n'est pas formé à la gestion du tourisme et des visiteurs, mais est affecté à de telles tâches, il est extrêmement important de lui donner l'opportunité d'acquérir l'expertise nécessaire. RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DES COMMUNAUTÉS Il faut aussi que des opportunités de renforcement des capacités soient disponibles pour les communautés locales. Il est important de partager des informations avec les membres de la communauté pour leur permettre de réfléchir aux impacts potentiels du tourisme, y compris les opportunités et les menaces, ainsi que pour développer une vision future du tourisme qu'ils soutiennent. PARTENARIATS La formation de partenariats est aussi de plus en plus utilisée promouvoir le renforcement des capacités. Tirer parti des expériences, des compétences et des connaissances des organisations non gouvernementales, des gouvernements, des universités et du secteur privé pour renforcer les capacités peut être bénéfique aux aires protégées car cela favorise la diversité des compétences, de la formation et de l’éducation.

Module 6

Séquences 6.2 à 6.7

Renforcement des capacités et gestion des revenus du tourisme pour la conservation

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Séquence 6.3 GÉNÉRER DES RECETTES TOURISTIQUES A PARTIR DE REDEVANCES ET DE DONS DIVERSIFIER LES SOURCES DE REVENUS Les gouvernements et donateurs traditionnels dominent le paysage actuel du financement de la conservation. Pour assurer les objectifs de conservation il faudrait que ces financements soient doublés et que les investissements du secteur privé soient multipliés par 20. Une diversification des sources de revenus est importante pour que les budgets des aires protégées soient protégés des chocs externes, tels que les crises financières ou d’autres événements impactant le nombre de visites payantes. REDEVANCES Les redevances offrent aux autorités des aires protégées un mécanisme leur permettant de tirer des bénéfices financiers du tourisme. Elles sont souvent payées par le secteur privé et peuvent être utilisées pour gérer des sites très fréquentés ou restaurer des zones endommagées, ainsi que pour la gestion en générale. DROITS D’ENTRÉE Les droits d'entrée sont les frais facturés aux visiteurs pour accéder à l’aire protégée et peuvent avoir différentes formes. Ils peuvent être forfaitaires ou varier en fonction de la résidence (par exemple, les ressortissants étrangers paient davantage), du revenu ou d’autres facteurs. Ils peuvent inclure une taxe de conservation (une surtaxe directement liée à la conservation de l’aire protégée) ou des cartes d’accès multiples pour encourager les visites répétées. Les prix peuvent être soit fixés en fonction de la demande, soit à un niveau permettant d’atteindre les objectifs de gestion. REVENUS DES ACTIVITÉS TOURISTIQUES Parmi les revenus directement liés à des activités de loisirs touristiques on peut citer des services tels que des visites ou safaris guidés, des permis de randonnée ou d'escalade et l'hébergement. Ces services peuvent être facturés à la place ou en plus du prix d'entrée. Dans certains cas, il peut être plus rentable et acceptable pour les touristes d’imposer un droit unique pour l’accès à un ensemble d’activités plutôt que de faire plusieurs demandes répétées de petit paiement. DONS Les touristes visitant les aires protégées constituent une importante source de donations potentielles pour la conservation. Les gestionnaires peuvent proposer aux touristes de faire un don à une cause spécifique ou de protéger une espèce donnée. Dans certains pays, les entreprises peuvent également faire des dons aux aires protégées et les déduire de leurs impôts.

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Séquence 6.4 GÉNÉRER DES RECETTES TOURISTIQUES A PARTIR DE CONCESSIONS PARTENARIATS PUBLICS PRIVÉS ET CONCESSIONS Les partenariats public-privé sont des accords formels entre l'autorité des aires protégées et le secteur privé dans lesquels le partenaire privé est en mesure de fournir un produit ou un service touristique particulier avec une qualité et une efficacité accrues, permettant aux gestionnaires d'aires protégées de se concentrer sur leurs fonctions essentielles. Le « secteur privé » peut être une entreprise commerciale, une ONG ou une organisation communautaire. Les accords de concession conclus avec des entreprises opérant dans des aires protégées peuvent passer par des partenariats public-privé, baux, licences, permis ou servitudes. DROITS DE CONCESSION Les droits de concession sont un type de frais d’utilisation, car les concessionnaires paient pour le droit exclusif d’utiliser l’aire protégée pour leurs activités commerciales. Une concession peut impliquer la fourniture de services tels que l’hébergement, la restauration, les activités de loisirs, les programmes d’éducation et d’interprétation et la vente au détail. Différents frais peuvent être facturés à un concessionnaire. On peut citer, entre autres :

• les redevances d'utilisation ; • garanties de performance ; • frais d'entretien ; • des amendes pour les infractions.

Les redevances d'utilisation constituent la principale source de revenus. Ces frais peuvent avoir un taux forfaitaire, ce qui est généralement la méthode la plus simple car l’alternative, un taux variable basé sur les revenus, implique de suivre et calculer les bénéfices, le revenu et la fréquentation, ce qui peut être difficile. IMPACT SUR L’EÉCONOMIE LOCALE En plus des aspects commerciaux liés aux concessions, les impacts sur l'économie locale peuvent être considérables en termes de partage des revenus, d'implication des entreprises locales et d'emploi.

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Séquence 6.5 RÉDUCTION DES COÛTS ET EFFICACITE LA SOUS-TRAITANCE DE LA GESTION DU TOURISME Il n’est pas toujours souhaitable ni possible pour les aires protégées de gérer leur propre programme de tourisme. L’avantage de sous-traiter la gestion du tourisme est que les gestionnaires des aires protégées font ainsi appel à des spécialistes beaucoup plus susceptibles de disposer des connaissances nécessaires pour gérer avec succès une entreprise touristique. Les gains financiers des activités de tourisme sont alors bien plus probables, bien que par garanties. Il faut cependant aussi prendre en compter les inconvénients de la sous-traitance. Le problème fondamental étant que les gestionnaires de l’aire protégée perdent le contrôle quotidien direct d’une partie importante des opérations. LA COLLABORATION AVEC DES OPÉRATEURS TOURISTIQUES Les opérateurs touristiques privés travaillant dans les aires protégées ont tout intérêt à améliorer l'efficacité financière de la gestion de ces aires. Ils font aussi face à un certain nombre de coûts similaires à ceux de l’équipe de gestion des aires protégées. Il est donc possible de partager les ressources ou les coûts afin de réduire le prix unitaire pour chaque organisation. VOLONTARIAT Le « volontourisme » est une tendance en pleine croissance : les touristes choisissent de visiter un site afin d’apporter une contribution significative à la destination. Un certain nombre d’organisations privées à but lucratif et non lucratif offrant ce type d’expérience. Les aires protégées peuvent en bénéficier en offrant aux volontaires la possibilité de s’engager dans des activités de conservation, gratuitement ou pas.

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Séquence 6.6 AVANTAGES ÉCONOMIQUES ET LIENS AVEC LES RÉSULTATS DE LA CONSERVATION Même s’ils ne génèrent pas de revenus ou coûts à proprement parler, les avantages économiques plus larges générés par le tourisme sont une considération importante car ces avantages - s'ils sont reconnus comme provenant des aires protégées - peuvent se traduire par un soutien public accru à la conservation. Dans les régions où les alternatives économiques sont limitées, un tourisme bien géré peut réduire les tensions résultant de taux de chômage élevés. PRIVILEGIER L’ÉCONOMIE LOCALE Veiller à ce que la part la plus élevée possible des recettes touristiques reste dans l’économie locale et à ce que le plus grand nombre de possibilités liées au tourisme économique soient offertes de manière préférentielle aux communautés locales, sont deux moyens de maximiser les avantages économiques. Un certain nombre d'études ont montré que lorsque les communautés bénéficient du tourisme et/ou de la présence des aires protégées, les gens ont une attitude plus positive à l'égard des aires protégées. MEILLEURES PRATIQUES Les meilleures pratiques de gestion des revenus et des coûts incluent :

• entreprendre une évaluation financière systématique de l'aire protégée, ou du système d'aires protégées, avant d’établir les droits d'entrée. Il faut analyser les conditions actuelles, les revenus et les coûts, et utiliser ces informations pour comparer différentes options permettant de déterminer les tarifs, tels que le lieu de résidence, l'âge, la popularité du site, ou une combinaison de ces facteurs ;

• annoncer son soutien aux pratiques durables et aux objectifs de conservation de l'aire protégée dans le cadre de contrats avec des opérateurs touristiques ;

• conclure des accords avec les concessionnaires afin d'employer un certain nombre d'employés locaux, de dépenser localement si possible et de sous-traiter des services à des entreprises locales.

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Séquence 6.7 L’AVENIR DU TOURISME DANS LES AIRES PROTÉGÉES Certains problèmes critiques doivent être pris en compte par les agences de protection de la nature et les gestionnaires d’aires protégées lorsqu’ils identifient, évaluent et gèrent le tourisme dans leurs aires protégées. CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET CONSOMMATION Les gestionnaires d'aires protégées doivent penser au futur du tourisme dans un monde qui pourrait compter entre 9 et 10 milliards de personnes d'ici 2050 et une consommation croissante de ressources. Une question d’éthique fondamentale se posera également aux gestionnaires : doivent-ils promouvoir les déplacements dans des aires protégées éloignées dans un monde où la consommation d’énergie et de matériaux menace de dépasser les limites de notre planète. URBANISATION Dans un monde de plus en plus urbanisé, de nombreuses inquiétudes ont été exprimées à la distanciation des citadins, et des jeunes en général, et de la nature. Ce phénomène est connu sous le nom de « trouble de déficience en nature ». AUTRES DÉVELOPPEMENTS DÉMOGRAPHIQUES ET JURIDIQUES La situation démographique du monde change rapidement et cela a de réelles implications pour le tourisme durable. L'essor rapide de la classe moyenne de pays très peuplés tels que la Chine et l'Inde peut générer des dizaines de millions de touristes supplémentaires. Par ailleurs, on assiste à des revendications grandissantes des peuples autochtones et communautés locales qui, dans certains endroits, obtiennent la reconnaissance légale de leurs droits fonciers, ce qui peut aussi affecter les aires protégées et le tourisme CHANGEMENTS CLIMATIQUES Les changements climatiques affecteront la demande touristique et les attractions touristiques, ce qui aura un impact sur les aires protégées. La périodicité, la nature et la qualité des activités devraient évoluer - par exemple, les saisons plus courtes impacteront les activités liées la neige et les écosystèmes altérés seront moins propices à l'observation de la faune. L’industrie du tourisme elle-même contribue de manière significative aux émissions annuelles de gaz à effet de serre, notamment par le biais des transports, et devrait jouer un rôle de premier plan dans toute stratégie d’atténuation des changements climatiques.