valorisation de sous produit

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Introduction : Pendant les dernières années, le Secteur de Sciences et Technologies Agro-alimentaires, Environnementales et Microbiologiques (DISTAAM) de l’Université des Études du Molise (Italie) s’est intéressé de l’étude de la caractérisation de processus biologiques de traitement et de valorisation des résidus agroalimentaires, avec l’objectif d’en faciliter l’écoulement et, dans le même temps, obtenir un produit “sain” avec une très haute valeur ajoutée à remployer comme ressource dans des systèmes agricoles complexes (agriculture traditionnelle, biologique, floriculture, pépinières, autres) (RANALLI et al., 2003). Pour les huileries, la nécessité de produire une huile de qualité, avec le minimum d’impacts négatifs sur l’environnement, est essentielle pour qu’elles puissent rester concurrentielles sur le marché de l’huile d’olive. De plus l’image de pollueur peut nuire à l’entreprise et peut l’exposer à des sanctions en fonction de la législation qui devient de plus en plus astreignante (BENYAHIA et ZEIN, 2003). Plus en aval dans le processus de fabrication de l’huile d’olive, la production des margines, eaux usées très peu biodégradables, pose problème surtout lors de leur évacuation sans traitement vers des milieux naturels. Les eaux réceptrices sont fortement chargées en matières organiques et en polluant et n’ont plus la capacité de s’auto-épurer. Le cours d’eau se meurt. Or dans les pays du bassin méditerranéen, les ressources en eau sont rares et leur préservation, tant quantitativement que qualitativement, est capitale (BENYAHIA et ZEIN, 2003). Qu'il s'agisse des grignons sous leurs différentes formes, des feuilles et rameaux d'olivier ou des margines, chacun de ces sous-produits a une valeur alimentaire certes limitée mais non négligeable (SANSOUCY, 1991). 1

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Page 1: Valorisation de Sous Produit

Introduction :

Pendant les dernières années, le Secteur de Sciences et Technologies Agro-alimentaires, Environnementales et Microbiologiques (DISTAAM) de l’Université des Études du Molise (Italie) s’est intéressé de l’étude de la caractérisation de processus biologiques de traitement et de valorisation des résidus agroalimentaires, avec l’objectif d’en faciliter l’écoulement et, dans le même temps, obtenir un produit “sain” avec une très haute valeur ajoutée à remployer comme ressource dans des systèmes agricoles complexes (agriculture traditionnelle, biologique, floriculture, pépinières, autres) (RANALLI et al., 2003).

Pour les huileries, la nécessité de produire une huile de qualité, avec le minimum d’impactsnégatifs sur l’environnement, est essentielle pour qu’elles puissent rester concurrentielles sur lemarché de l’huile d’olive. De plus l’image de pollueur peut nuire à l’entreprise et peut l’exposer àdes sanctions en fonction de la législation qui devient de plus en plus astreignante (BENYAHIA et ZEIN, 2003).

Plus en aval dans le processus de fabrication de l’huile d’olive, la production des margines, eauxusées très peu biodégradables, pose problème surtout lors de leur évacuation sans traitement versdes milieux naturels. Les eaux réceptrices sont fortement chargées en matières organiques et enpolluant et n’ont plus la capacité de s’auto-épurer. Le cours d’eau se meurt. Or dans les pays dubassin méditerranéen, les ressources en eau sont rares et leur préservation, tant quantitativement que qualitativement, est capitale (BENYAHIA et ZEIN, 2003).

Qu'il s'agisse des grignons sous leurs différentes formes, des feuilles et rameaux d'olivier ou des margines, chacun de ces sous-produits a une valeur alimentaire certes limitée mais non négligeable (SANSOUCY, 1991).

Les agroressources désignent l’utilisation des ressources végétales, non plus pour l’alimentation animale et humaine, mais pour la production de biens industriels, dans les domaines de l’énergie, de la chimie et des matériaux. Elles permettent donc à la fois aux agriculteurs de trouver de nouveaux débouchés pour leurs cultures et, en tant que matières premières renouvelables et biodégradables, de contribuer à la préservation de l’environnement ainsi qu’à la maîtrise de l’énergie (GASET, 2005).

Peut-on alors engager un processus de valorisation des sous produits qui pourrait déboucher, à long terme, sur une meilleure valorisation économique, environnementale et sociale ?

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I. La production d’huile dans le monde:

Avec 35.2 millions de tonnes en 1999/2000, c'est un peu plus de 30% de la production mondiale d’huiles végétales qui est échangé sur le marché international. Le palme, avec 14 millions de tonnes, et le soja, avec 7,2 millions, sont les deux produits leaders, mais ils ne représentent ensemble que 60% du total. Il reste donc une place importante occupée par les autres produits tels que les huiles de coton, de tournesol, de colza et d’olive (Anonyme, 2001).

Les sous produits organiques végétaux des industries agro-alimentaires proviennent de tous les niveaux de la chaîne de transformation, du stockage de produits agricoles jusqu'aux transformations avant la consommation (MUSTIN, 1987).

Les sous produits d’oléagineux sont représentés par les tourteaux  « résidus de graines, de fruits oléagineux utilisé comme aliment pour le bétail » (Larousse).

L’industrie oléicole quand à elle laisse deux résidus, l’un liquide (margine) et l’autre solide (grignons) (NEFZAOUI, 1991).

I.1. Production mondiale d’huile d’olive dans le monde:

La production d’huile d’olive se concentre principalement dans les pays du pourtour méditerranéen : Espagne, Italie, Grèce, Turquie, Syrie, Tunisie et Maroc. La production de ces pays représente 94% de la production mondiale. En 2001, la production mondiale atteignait les 2.5 millions de tonnes. Les pays producteurs sont aussi généralement les principaux pays consommateurs (BENYAHIA et ZEIN, 2003).

Répartition mondiale du verger oléicole

Espagne2150000

26%France200000

2%Italie200000

2%Grèce

6908008%

Turquie877700

10%

Syrie500000

6% Jordanie29421

0%

Israël17300

0%

Libye200000

2%

Algérie282348

3%

Tunisie1538000

19%

Maroc560000

7%

Portugal1114000

14%

Liban32000

0%

Croatie29960

0%

Chypre83000

1%

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Fig. 1 : Principaux pays producteurs d’huile d’olive en 2001

L’olivier, utilisé pour définir l’aire climatique méditerranéenne, est l’arbre emblématique de la Méditerranée. Il marque beaucoup les économies agraires traditionnelles (ANGELS, non daté).

Bien que la production de l'olivier soit répartie sur les cinq continents elle est surtout prédominante dans la zone du Bassin Méditerranéen qui représente 98% de la surface et des arbres en production et 97% de la production totale d'olives (SANSOUCY, 1984).

L’oléiculture nord-africaine est largement dominée par le verger oléicole tunisien avec 55 millions d’arbres et plus de 1.4 millions ha. Parallèlement le Maroc a une oléiculture en rapide extension. (SANSOUCY, 1984).

II. Procédé de fabrication d'huile:

Le procédé industriel de production de l’huile d’olive le plus commun est basé sur un systèmed’extraction en continu comprenant une centrifugation horizontale et une centrifugation verticale. La centrifugation horizontale peut séparer la pâte en trois phases (huile, margines et grignons) ou en deux phases (huile et pâte plastique) s’il n’y a pas d’injection d’eau ou peu (BENYAHIA et ZEIN, 2003).

La transformation des olives en huile s’effectue dans les huileries de type traditionnel, semi-automatique ou moderne à chaîne continue. Ces huileries font de la prestation de service aux oléiculteurs qui les paient soit en espèce, soit en nature (ILBERT, 2005).

D’après LAHLAH (2002) les différentes étapes de transformation des olives sont :

Tris des olives Stockage des olives Broyage Malaxage Séparation des phases solides et liquides

La figure suivante résume les différentes étapes de fabrication de l’huile. (BENYAHIA et ZEIN, 2003) :

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Fig. 2 : Processus d’extraction continu à trois phases

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III. les sous produits d’huilerie : Cas d’huilerie d’olive

L’industrie oléicole engendre, en plus de l’huile comme produit principal, de grandes quantités de sous produits. Cent kg d’olive produisent en moyenne 35 kg de grignon et 100 litres de margine (NEFZAOUI, 1991).

III.1. Définitions :

SANSOUCY (1984) définit les différents sous produit d’huilerie comme suit :

le grignon brut : c'est le résidu de la première extraction de l'huile par pression de l'olive entière, ses teneurs relativement élevées en eau (24%) et en huile (9%) favorisent son altération rapide lorsqu'il est laissé à l'air libre.

le grignon épuisé : c'est le résidu obtenu après déshuilage du grignon brut par un solvant, généralement l'hexane.

le grignon partiellement dénoyauté : résulte de la séparation partielle du noyau de la pulpe par tamisage ou ventilation

o il est dit “gras” si son huile n'est pas extraite par solvanto il est dit “dégraissé ou épuisé” si son huile est extraite par solvant

la pulpe d'olive : c'est la pâte obtenue lorsque le noyau a été séparé de la pulpe préalablement à l'extraction de l'huile. Elle est riche en eau (60%) et de conservation très difficile.

les margines : c'est le résidu liquide aqueux brun qui s'est séparé de l'huile par centrifugation ou sédimentation après le pressage.

les feuilles collectées à l'huilerie : ce ne sont pas les résidus de la taille, mais des feuilles obtenues après le lavage et le nettoyage des olives à l'entrée de l'huilerie. Leur quantité est estimée, en Grèce, à environ 5% du poids des olives.

III.2. la valorisation des sous produits :

III.2.1. Intérêt de la valorisation

a- Intérêt pour la protection de l’environnement :

Le rejet des effluents des industries productrices d’huile d’olive est un problème majeur surtout dans les pays du bassin méditerranéen. Ces eaux fortement polluées causent de sérieux dégâts environnementaux. L’absence de méthodes de traitement adaptées pousse les propriétaires de

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moulins à huile à rejeter ces eaux dans la nature sans aucun contrôle ou à surcharger avec ces substances toxiques un réseau d’égout pas adapté (RANALLI et al, 2003) :

Pollution des eaux   : Les margines sont peu dégradables à cause des substances phytotoxique et antimicrobiennes (phénols, acides gras volatiles, insecticides, etc.) qu’elles contiennent. Elles sont le plus souvent rejetées dans des récepteurs naturels, des cours d’eau, sans aucun traitement préalable et nuisent fortement à la qualité de ces eaux de surfaces. La très forte charge en matières organiques empêche ces eaux de s’auto-épurer et la pollution peut s’étendre sur de très longues distances.

Pollution des sols Epandues sur les sols, les margines diminuent la qualité des sols. Les substances toxiques contenues dans ces eaux se fixent dans les sols. Certaines de ces substances telles que les phénols peuvent inhiber l’activité microbienne du sol, d’autres, des résidus de pesticides notamment, sont nocives aux plantes.

b- Intérêt économique :

La valorisation de ces résidus est devenue nécessaire pour éviter une pollution de plus en plus sérieuse, contribuer à l’amélioration de la rentabilité du secteur et contribuer à combler les déficits fourragers surtout des pays du Sud de la Méditerranée (NEFZAOUI, 1991).

III.2.2. Utilisation des sous produits d’huilerie:

Les champs d’application de sous produits d’olivier sont nombreux et variés. Les possibilités suivantes peuvent être évoquées (NEFZAOUI, 1991). :

o Utilisation des grignons, après épuisement et séparation de la coque, et des feuilles et brindilles comme aliment pour le bétail.

o Utilisation de la coque des grignons impropres à la consommation animale, comme combustible ou pour d’autre fins industrielles.

o Utilisation des margines comme fertilisant ou, après des traitements d’épuration appropriés, comme matières premières pour la production de biogaz, de protéines unicellulaires et voir même d’anti-oxydants.

Le tableau suivant résume les possibilités différentes sur le futur des résidus d’huile d’olive (RANALLI et al., 2003).

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Tableau I : résumé des possibilités différentes sur le future des résidus.

Traitements Avantages Inconvénients Coûts

1. Produits de la taille

1.2 -Combustible

Coût minime.

1. Augmentation des charges à la production.

2. Valeur calorifique modeste (3600Kcal/kg).

bas

2. Grignon

2.1 - Alimentation animale

1. Digestibilité élevée des matières grasses(60 à 80%)

1. Digestibilité de la MO faible (de 20 à 40%).

2. La digestibilité de la cellulose brute ne pas dépasse 40%.

3. Très hautement lignocellulosique, les grignons ont une dégradabilité dans le rumen très lente.

4. La dégradabilité des matières azotées est aussi très faible et explicable par le fait que 70 à 80% de l’azote est lié à la fraction lignocellulosique entraînant une faible solubilité de l’azote.

5. La valeur énergétique des grignons est faible. Elle varie de 0,32 à 0,49 unités fourragères «lait» 6. L’amélioration de la digestibilité des grignons est possible par le traitement aux alcalis.

bas

2.2 - Combustible

1. Valeur calorifique moyenne (2950 Kcal/kg).

2. La coque qui représente 60% du total a un pouvoir calorique relativement élevé (4000 Kcal/kg).

1. Émission de fumées.

2. Émission d'odeurs bas

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2.3 - Utilisation des grignons en génie civil

Matériaux isolants pour l'industrie de bâtiment

1. Aspects hygiéniques.

2. Substances biodégradables.

3. Substances inflammables

moyens

3. Margines

3.1 - Évaporation naturelle

1. Absence de technologie, une fois les bassins aménagés, le processus se fait naturellement.

2. Coût limité, normalement une installation en service ne demande aucun travail à l’exception d’un peu de maintenance. Dans une station de traitement par évaporation libre, les coûts se limitent presque exclusivement à ceux de l’infrastructure de collecte-transport qui, eux, peuvent toutefois être élevés.

1. Nécessite une surface importante. Vu les bilans d’évaporation existants et les rendements escomptés, requise une surface d’environ 1 m2 par m3 de margine traitée sur un cycle annuel.

2. Période oléicole durant l’hiver, saison pendant laquelle le bilan d’évaporation est nul voire légèrement négatif.

3. Vu la composition de l’effluent, risque de formation d’une croûte à la surface des bassins limitant l’évaporation. Il faut donc mettre en place un système permettant de l’éliminer et de brasser lesubstrat.

1. Élevés pour l'éventueltransport des margines;

2. Bas pour la gestion de l’installation;

3. élevés pourl'immobilisation devastes aires

3.2- Séparation par gravité

1. Processus basé sur l’application de principes physiques.

2. Absence de réagents

1. dispositif pénalisant du point de vue de la consommation énergétique pour arriver au résultat qui est le concentrat.

moyens

3.3.Incinération Constitue une des principales alternatives à l'élimination des concentrats obtenus par un traitement primaire.

Technique coûteuse, complexe et extrêmement gourmande en énergie.

élevés

3.4- Lagunage 1. L’eau obtenue est de qualité physicochimique acceptable et peut être rejetée dans le milieu naturel.

1. Ce mode de régénération des eaux nécessite de grandes surfaces car les bassins de rétention doivent avoir une faible profondeur.

2. Pollution de l'environnement en raison des problèmes de manque d'esthétique et de mauvaises odeurs que présentent les bassins d’évaporation

1. Élevés pour l'éventueltransport desmargines;

2. bas pour la gestion de l’installation;

3. élevés pourl'immobilisation de vastes aires

3.5- Distillation1. L'addition de l'extrait des margines protège de l'oxydation l'huile de manière plus efficace que l'addition du BHA.

2. Le coût de production de ces extraits de

1. La méthode est pénalisée à la base par laconsommation en énergie que sa mise en oeuvre demande

2. Limites du système tant au niveau de la élevés

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margine est inférieur à celui des antioxydants de synthèse.

sophistication du matériel que des problèmes d'exploitation

3.6. Le compostage

1. Ce type de technologie à bas emploi de technologie permet de faire des investissements économiques et infrastructurals de basse étendue.

2. Écoulement éco-compatible des margines oléicoles et définition de solutions au faible impactenvironnemental relatif à leur gestion; cela se traduit aussi en des initiatives qui, sur une plus large échelle, concourront à la sauvegarde des ressources naturelles et à la réduction de phénomènes tels que la désertification.

3. Valorisation et récupération énergétique des margines qui, à travers la production de compost mûr, aux qualités fertilisantes et d’amendement, peuvent être destinées à la distribution en plein champ contribuant à l'entretien de la fertilité des sols, avec des reflets non négligeables sur la qualité des produits agricoles (huile d'olive).

4. Usage de grignons compostés pour laformulation de terraux innovants pour les pépinières en substitution partielle de la tourbe.

5. Réelle contribution à la lutte biologique à l'égard de parasites et microorganismes phytopathogènes des cultures agricoles,

1. Nécessite de surface adéquate;

2. nécessite d'investissements initiauxlimités pour la mise en œuvre et laréalisation de la machine à retournement

Moyen à moyen-bas

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IV. La situation en Algérie :

IV.1. la filière oléicole en Algérie :

Dans le cadre du Plan National de Développement Agricole (PNDA) dont l’objectif est de parvenir à intégrer l’agriculture dans l’économie nationale et de mieux tirer parti des ressources naturelles du pays en adaptant les systèmes de production aux conditions pédoclimatiques, les autorités algériennes ont adopté un programme de modernisation de l’industrie de l’huile d’olive et de l’huile de grignons d’olive) et de traitement des sous -produits, dans l’objectif de disposer en 2004 de 201 unités modernes d’extraction d’huile d’olive équipées d’un système continu.

IV.1.2. Historique :

L’olivier est l’arbre qui a toujours bénéficié d’une attention particulière de la part des paysans et surtout des paysans montagnards. L’oléiculture, qui est une activité ancestrale, constitue un moyen de satisfaction des besoins alimentaires et un patrimoine culturel en Algérie. L’huile d’olive y est un produit de haute qualité gustative, nutritionnelle et sanitaire. (ILBERT, 2005). La culture de l'olivier remonte en Algérie à la plus haute antiquité. Nos paysans s'y consacraient avec art durant plusieurs siècles. L'olivier et ses produits constituaient alors l'une des bases essentielles des activités économiques de nos populations rurales.

IV.1.2. La production oléicole :D’après ILBERT (2005), au cours de la dernière décennie :

la production oléicole se situait à hauteur de 2.200.000 quintaux par an en moyenne. La production nationale montre cependant une variation interannuelle assez importante, fortement liée aux conditions climatiques et à l'effet de raisonnement de l'olivier

La superficie totale du verger nationale s'élève à 177.220 ha pour plus de 17 millions d'arbres dont 15 millions sont en production.

Le rendement moyen obtenu au cours de ces dix dernières années est de 13,1 q/ha toutes espèces confondues.

Les produits obtenus de l’olivier sont :L’huile d’olive : Elle reste le produit essentiel de l’olivier dans la région de Kabylie, par contre dans la région Ouest elle vient en 2ème position après l’olive de table (la Sigoise).

Les grignons d’olives : ils sont parfois utilisés comme aliment de bétail.Les margines : c’est un sous produit, souvent jeté dans les oueds et donc pas valorisés.

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Les régions potentielles :Le Centre : 90% du verger est détenu par les wilayates de Béjaïa, Tizi-Ouzou, BouiraL’Est : 40% du verger est implanté au niveau des wilayates de Guelma, Jijel, Skikda.L’Ouest : 89% du verger se trouve dans les wilayates de Mascara, Sidi Bel Abbés, Relizane, Tlemcen.

IV.1.3. Les huileries : Il existe en Algérie 1.705 huileries dont 85% sont des huileries traditionnelles et 10% des huileries modernes, et 45 unités de conditionnement pour ce qui concerne l'olive de table (ILBERT, 2005).

Tableau II : les différents types de huilerie en Algérie.

Nombre- huileries traditionnelles- huileries avec presses ou super-presses- huileries modernes--------------Total huileries

1 40085

165

1 650

IV.2. La valorisation des sous produits en Algérie:

Les travaux réalisés en Algérie font état d’une seule valorisation en alimentation animale.

Ainsi ROUINA (1996) a démontré à travers un essai de valorisation du grignon dans l’alimentation du animale au niveau de la wilaya de Mascara que le grignon est intéressant du point de vue économique puisqu’il permet de d’utiliser un résidu industriel abandonné et de diminuer la part de l’aliment concentré dans la ration.

Parmi les points faibles du secteur oléicole et qui freinent la valorisation des sous produits, on peut citer:

les carences structurelles, telles que l’extrême pulvérisation des exploitations et la forte dépendance des productions annuelles des conditions climatiques saisonnières (pluviosité);

L'absence d'une réglementation spécifique appropriée dans chaque Pays, ou le plus fréquemment le non respect des lois, même quand il y en a (Ceux qui polluent, paient) causent d'une part, l'aggravation immédiate de la qualité de l’environnement et des ressources naturelles et de l'autre, une augmentation des charges liées à la dépollution de corps hydriques (fleuves, lacs).

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l'emploi limité d'innovations technologiques dans le processus productif, pour cette raison, la culture reste ancrée aux techniques traditionnelles avec des reflets négatifs sur les niveaux de production et sur les coûts;

l'emploi limité d'innovations technologiques dans le processus de transformation (cueillette, modalités et temps de stockage, systèmes d'extractions, etc.).

les actions d'information et de promotion sont insuffisantes et inadéquates,

Ces différents problèmes engendrent entre autre :

une impossibilité de l’emploi agronomique (fertilisation/irrigation, fumage organique végétal, etc.) des margines et des résidus huiliers à cause de leur salinité élevée, engendrée et mise en évidence par la présence de sel (NaCl) ajouté aux olives pendant les longs temps de stockage,

un risque environnemental élevé: si les résidus huiliers contenant le sel (NaCl) étaient destinés et écoulés dans le terrain, ils engendraient une consécutive accélération de dangereux phénomènes de désertification. Il faut considérer cet aspect très attentivement, parce que souvent la progression des déserts et l’augmentation de zones les plus sensibles sont aussi le résultat d'activités négatives d'utilisation impropre des sols par l’homme, et la conséquence d'activités anthropiques polluantes.

l’emploi non adéquat des margines devient, pour les administrations locales ou privées, une charge insoutenable du point de vue de la gestion économique, si les ressources hydriques sont destinées à la potabilité.

une forte pollution environnementale (pollution des cours d’eau superficiels - fleuves, lacs, mer), excessive augmentation de la charge polluante des margines (hautes valeurs en BOD, COD, substance organique, pH, etc.),

IV.2. Solutions possibles :

Le secteur des industries agro-alimentaires a été réorganisé récemment dans le cadre de la politique de restructuration des entreprises publiques et la libéralisation progressive des marchés agricole et alimentaire. Dans ce secteur évoluent désormais de nombreuses PME dynamiques qui ouvrent de nouvelles perspectives de promotion de nouvelles méthodes de production et de promotion de produits nouveaux (ILBERT, 2005).

Du côté officiel, les textes et les institutions se mettent peu à peu à niveau et s’adaptent aux règles internationales. (ILBERT, 2005).

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Les stratégies et les solutions aux problèmes typiques du secteur de l’huile d’olive et des résidus devront être fondées sur des critères éco-compatibles et économiquement soutenables et sur la réduction de l’impact environnemental.

IV.3. Actions à entreprendre pour la modernisation de la filière oléicole (amélioration de la qualité) et pour la sauvegarde de l’environnement (gestion des résidus) :

A la lumière des considérations précédentes, on propose ci-dessous de possibles solutions compatibles avec les niveaux actuels de développement, dans la perspective d'un respect des ressources environnementales, économiques, culturelles et sociales.

Pour atteindre cet objectif un travail considérable de recherche et de vulgarisation reste à faire.

RANALLI et al. (2003) pensent q’au niveau du secteur oléicole méditerranéen, il serait souhaitable que les administrations compétentes et les associations de producteurs du secteur puissent planifier la réalisation d'un programme commun qui prévoit des mesures de défiscalisation ou l’accès à des financements très favorables ou à fond perdu afin de permettre:

la modernisation des installations de transformation des olives, privilégiant des techniques de façonnage en continu de capacité de travail élevé, à trois ou à deux phases, qui permettent une plus haute productivité, des temps di stockage réduits, l'élimination du sel (NaCl) pour la conservation des drupes et, par conséquent, une amélioration générale des caractéristiques physico-chimiques et organoleptiques de l’huile d'olive;

la destination de ressources économiques pour la réalisation d'installations communes de compostage (sur échelle pilote et sur échelle industrielle) pour la récupération, la valorisation et le traitement des margines de pressoir pour la production de compost mûr.

une considération plus grande des ressources naturelles (sol, eau, air) et le respect pour l’environnement.

Il est recommandé de définir avec précision les résidus de récolte et sous-produits.

la diffusion des connaissances et de la pratique du compostage, afin de favoriser le retour en agriculture des résidus organiques préalablement compostés avec une conséquente épargne de l’emploi de fertilisants et une efficace lutte contre la désertification.

. encourager des programmes de coopération entre les opérateurs du secteur oléicole-

huilier, les instituts de recherche, les administrations locales compétentes pour la constitution d’un consortium destiné à la récolte, à la récupération et à la valorisation, à travers le compostage, des margines oléicoles et des résidus agricoles.

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placer ces structures de récolte et de récupération des margines oléicoles dans des aires à une distance appropriée des centres urbains. La gestion de ces sous-produits serait plus facile dans des aires éloignées des centres urbains.

Des précautions à prendre :

Le sel (Na Cl) est phytotoxique pour les cultures agricoles

On doit éviter l’ajout de sel dans le stockage des olives destinées à l’extraction de l’huile.

Le sel présent comme résidu dans les eaux de végétation (margine) et dans les grignons est dangereux pour l’environnement car il cause la pollution et favorise la désertification.

Les margines en tant que naturelle, si elles ne contiennent pas de sel ajouté, peuvent être distribuer sur le sol agricole (ex : olivaie), de façon contrôlée, avec des avantages agronomiques.

Les grignons, si ne contiennent pas de sel ajouté, peuvent être différemment utilisés et valorisés en agriculture notamment en alimentation animale.

Les grignons humides et les margines (obtenues par des systèmes d’extraction en continu, avec économie d’eau), s’ils ne contiennent pas de sel, peuvent être soumis à un processus biologique accéléré de compostage et le produit final valorisé (compost stable et mûr) peut être utilisé dans des secteurs productifs divers (agricole, horticole, pépinière, etc.) avec d’énormes avantages économiques, sociaux et environnementaux.

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Conclusion :

Dans le bassin méditerranéen, la production d’huile d’olive représente un secteur économique important pour certains pays. Actuellement, la production est en constante croissance et se fait audépends de l’environnement (BENYAHIA et ZEIN, 2003).

Il apparaît clairement que les sous-produits de l'olivier représentent pour le Bassin Méditerranéen un potentiel de ressources fourragères considérable mais insuffisamment exploité (SANSOUCY, 1991).

Le développement agricole sera raisonné en fonction du potentiel mobilisable par système, en tenant compte des contraintes liées à la préservation de l'équilibre environnemental, et des impératifs de durabilité (RANALLI et al., 2003).

Par ailleurs, l'espace rural algérien n’a jusque là pas été encore assimilé à un territoire dynamique au profit duquel on pouvait allouer des ressources importantes pour le développement. Il n'a pas non plus fait l'objet d'un examen attentif en termes d'identification de ses potentialités et de ses ressources. En réalité, peu de chose a été fait en matière de valorisation des produits de terroir. A l'intérieur des zones qui constituent la totalité de cet espace, on trouve peu de traces d'actions économiques où sont réellement impliqués les populations et les institutions locales (RANALLI et al., 2003).

Les rares programmes dits de «développement local» ont concerné certes une partie importants des zones qui constituent cet espace, mais cela a été fait uniquement dans une optique d'équipement matériel, sans démarche économique claire et sans implication des populations locales (RANALLI et al., 2003).

Il faut cependant éviter les erreurs des périodes précédentes, et prendre réellement en charge le volet de l’intégration économique et de l’articulation entre amont agricole et entreprises de transformation. A cet effet, il est vital de poursuivre avec persévérance l’adaptation des systèmes de production agricole entamée dans le cadre du Plan National de Développement Agricole, en tenant compte des réalités propres à chaque région, ainsi que de la modernisation agricole en général (CHERFAOUI, 2003).

Le développement et la revalorisation de l'important potentiel de production de cet espace passent donc par une revue complète de la situation de crise qui le touche. Il reste donc un long chemin à parcourir (RANALLI et al., 2003).

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