utilisation d’apis mellifica en home´opathie

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Formation continue Clinique Utilisation d’Apis mellifica en home ´opathie D. Deswarte Service de me ´decine interne CHRU de Lille, 122, boulevard Vauban, F-59000 Lille, France Correspondance : [email protected] Re ´sume ´: Apis mellifica, l’abeille mellife `re, insecte entier avec son venin, est utilise ´e en home ´opathie sous forme de pre ´paration dilue ´e et dynamise ´e. Nous re ´fe ´rerons ici principalement a ` la matie `re me ´dicale du Dr Guermonprez, dont le travail conjoint avec Madeleine Pinkas et Monique Torck, pharmaciens des ho ˆpitaux et enseignants a ` la faculte ´ de pharmacie de Lille, a l’originalite ´ de faire le paralle ´lisme entre les sympto ˆmes connus de la matie `re me ´dicale et la composition chimique de la souche. Mots cle ´s : Venin – Phospholipase – Œde `me – Inflammation – Allergie Using Apis mellifica in homeopathy Abstract: Apis mellifica, the honey bee, consists of the whole insect including its venom, used in homeopathy in a diluted, dynamised preparation. We refer here primarily to the material medica of Dr Guermonprez, whose joint work with Madeleine Pinkas and Monique Torck, hospital pharmacists and teachers at the Faculty of Pharmacy at Lille University, is original in that it draws a parallel between the known symptoms in the material medica and the chemical composition of the strain. Keywords: Venom – Phospholipase – Œdema – Inflamma- tion – Allergy Description de la souche me ´dicamenteuse L’abeille mellife `re est un insecte de la famille des hyme ´nopte `res, du genre des Apinae. La partie utilise ´e est l’abeille ouvrie `re entie `re mace ´re ´e vivante dans une solution alcoolique. Le nom ge ´ne ´rique est Apis mellifica. Une autre souche Apium virus utilise uniquement le venin. La pre ´paration utilise, comme toujours en home ´opathie, des paliers de dilution et dynamisation au centie `me, d’une solution hydro- alcoolique, par la me ´thode des flacons se ´pare ´s, soit un choix de dilutions de 4 a ` 30 CH, dites dilutions cente ´simales. Composition La composition chimique est complexe. Nous en citerons les principaux constituants [4] : amines, dopamine, histamine, noradre ´naline, potassium, carote `ne, compo- sants du venin dont lipides, composants volatiles, en particulier l’ace ´tate d’iso amyle qui est la phe ´romone d’alarme de l’abeille, des oses, des phospholipases retrou- ve ´es dans les venins de serpent, de l’ace ´tylcholine, des acides amine ´s, des peptides basiques tels que des me ´littines et l’apamine, [3] respectivement he ´molytiques et neurotoxique. Les proprie ´te ´s radioprotectrices seraient dues a ` la me ´littine et a ` la phospholipase. Historique Le premier home ´opathe a ` expe ´rimenter cette souche fut Constantin Hering, me ´decin ne ´ en Saxe en 1800, apre `s avoir repris l’observation de Marcy, me ´decin ame ´ricain, en 1847. La piqu ˆre d’abeille provoquant une re ´action inflamma- toire de type allergique locale ou pouvant se ge ´ne ´raliser, il e ´tait logique, suivant le phe ´nome `ne de la similitude home ´opathique, de l’expe ´rimenter en dilution home ´opa- thique pour gue ´rir ces me ˆmes sympto ˆmes chez le patient. Utilisation actuelle C’est cette souche qui justement a e ´te ´ utilise ´e in vitro dans les expe ´rimentations de de ´granulation des basophiles [8]. Michel Guermonprez dans sa matie `re me ´dicale home ´opa- thique [4] de ´crit ce me ´dicament home ´opathique comme e ´tant un reme `de d’action limite ´e, dans le sens ou ` il n’est Phytothe ´rapie (2009) 7: 117–121 © Springer 2009 DOI 10.1007/s10298-009-0381-z

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Page 1: Utilisation d’Apis mellifica en home´opathie

Formation continue

Clinique

Utilisation d’Apis mellifica en homeopathie

D. Deswarte

Service de medecine interne CHRU de Lille, 122, boulevard Vauban, F-59000 Lille, France

Correspondance : [email protected]

Resume : Apis mellifica, l’abeille mellifere, insecte entieravec son venin, est utilisee en homeopathie sous formede preparation diluee et dynamisee. Nous refererons iciprincipalement a la matiere medicale du Dr Guermonprez,dont le travail conjoint avec Madeleine Pinkas et MoniqueTorck, pharmaciens des hopitaux et enseignants a lafaculte de pharmacie de Lille, a l’originalite de faire leparallelisme entre les symptomes connus de la matieremedicale et la composition chimique de la souche.

Mots cles : Venin – Phospholipase – Œdeme – Inflammation –Allergie

Using Apis mellifica in homeopathy

Abstract: Apis mellifica, the honey bee, consists of thewhole insect including its venom, used in homeopathy ina diluted, dynamised preparation. We refer here primarilyto the material medica of Dr Guermonprez, whose jointwork with Madeleine Pinkas and Monique Torck, hospitalpharmacists and teachers at the Faculty of Pharmacy atLille University, is original in that it draws a parallelbetween the known symptoms in the material medica andthe chemical composition of the strain.

Keywords: Venom – Phospholipase – Œdema – Inflamma-tion – Allergy

Description de la souche medicamenteuse

L’abeille mellifere est un insecte de la famille deshymenopteres, du genre des Apinae.La partie utilisee est l’abeille ouvriere entiere maceree

vivante dans une solution alcoolique.Le nom generique est Apis mellifica. Une autre souche

Apium virus utilise uniquement le venin. La preparationutilise, comme toujours en homeopathie, des paliers de

dilution et dynamisation au centieme, d’une solution hydro-alcoolique, par la methode des flacons separes, soit un choixde dilutions de 4 a 30 CH, dites dilutions centesimales.

Composition

La composition chimique est complexe. Nous en citeronsles principaux constituants [4] : amines, dopamine,histamine, noradrenaline, potassium, carotene, compo-sants du venin dont lipides, composants volatiles, enparticulier l’acetate d’iso amyle qui est la pheromoned’alarme de l’abeille, des oses, des phospholipases retrou-vees dans les venins de serpent, de l’acetylcholine, desacides amines, des peptides basiques tels que desmelittines et l’apamine, [3] respectivement hemolytiqueset neurotoxique. Les proprietes radioprotectrices seraientdues a la melittine et a la phospholipase.

Historique

Le premier homeopathe a experimenter cette souche futConstantin Hering, medecin ne en Saxe en 1800, apres avoirrepris l’observation de Marcy, medecin americain, en 1847.La piqure d’abeille provoquant une reaction inflamma-

toire de type allergique locale ou pouvant se generaliser,il etait logique, suivant le phenomene de la similitudehomeopathique, de l’experimenter en dilution homeopa-thique pour guerir ces memes symptomes chez le patient.

Utilisation actuelle

C’est cette souche qui justement a ete utilisee in vitro dansles experimentations de degranulation des basophiles [8].Michel Guermonprez dans sa matiere medicale homeopa-thique [4] decrit ce medicament homeopathique commeetant un remede d’action limitee, dans le sens ou il n’est

Phytotherapie (2009) 7: 117–121© Springer 2009DOI 10.1007/s10298-009-0381-z

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pas considere comme un grand remede1 d’action generaleou polychreste2.

Rappel conceptuel a propos d’Apis

Faisons ici un rappel du principe homeopathique enprenant justement l’exemple de la piqure d’abeille. Parl’injection du venin dans le sang, nous constatons unedouleur inflammatoire avec un œdeme le plus souventbrutal et d’apparence rose translucide. Le medicamenthomeopathique donne en dilution dynamisation estcapable d’ameliorer ce meme etat quand on rencontredes symptomes similaires, meme s’ils ne sont pasprovoques par une piqure d’abeille. C’est ici l’applicationdu principe de la similitude avec inversion d’action dumedicament par sa dilution.

Rappelons que ce principe d’inversion d’action quis’applique ici ne sera pas obligatoirement retrouve pourtoutes les souches homeopathiques [5]. C’est l’application dela loi dite de Arndt-Schultz qui fait qu’un medicament, selonla dose, pourra voir ses effets inverses, tels un hypnotique quiempeche le sommeil, ou des produits cytostatiques quideviennent stimulants quand ils sont plus dilues. On parleactuellement du phenomene d’« hormesis » qui fait qu’unefaible dose d’irradiation prealable d’un produit radioactif apu proteger des ouvriers irradies, ensuite par une dose plusmassive du meme produit [7]. Ce serait un phenomeneadaptatif de l’organisme.

Ce medicament trouvera donc ses indications principa-les dans les œdemes de toutes sortes, aigus ou chroniques,au niveau cutane ou des muqueuses, ou meme dessereuses. Les circonstances seront diverses dans tous lescas ou une inflammation, quelle qu’en soit l’origine,presentera les caracteristiques du medicament, en parti-culier le caractere œdemateux. Le plus souvent le contextesera l’allergie, les reactions anaphylactiques, certainesinflammations rhumatismales.

Les reactions plus graves, en rapport avec une reactionanaphylactique a la piqure d’abeille, outre le fait qu’elles

seront traitees par une therapeutique d’urgence du chocanaphylactique, ne seraient pas une indication de ladilution d’Apis. Ce serait une homeopathie mal comprisedite de l’identique ou du « mal » par le « mal » qui n’estpas du semblable par le semblable.

La similitude stipule en fait que l’action sera d’autantplus efficace qu’il y aura similitude entre une maladienaturelle et artificielle et d’autant plus que les maladiesseront differentes.

Kent d’ailleurs dans sa matiere medicale homeopathiquetrouve comme antidote principal a cette maladie aigue,Carbolic acidum, le phenol, connu comme medicamentpossible de choc septique et de collapsus brutal [6].

Pathogenesie3 d’Apis (Tableau 1)

Indications

Œdemes

Localisation a la peau, aux muqueuses et sereuses ; surtoutquand ils sont d’apparition rapide, d’apparence roseetranslucide et s’accompagnant de douleurs piquantes etbrulantes avec prurit. Aggravation generale mais aussilocale par la chaleur. Amelioration surtout locale par lefroid.

Amelioration par une diurese abondante.

Tableau 1. Pathogenesie d’Apis, symptomes principaux

Œdemes aigus et chroniques7

Œdemes aigus d’apparition rapideEtats febriles d’apparition rapide avec absence de soifAggravation par la chaleur locale et generale, le toucher,l’apres-midi, le retour de la merAmelioration par le froid local, une diurese abondanteLateralite droite ou de droite a gauche

1 Le terme remede est encore largement employe par beaucoup d’entre nous, au lieu de celui de medicament. Le medicament homeopathique est

effectivement inscrit au codex pharmaceutique depuis 1948, puis par l’Union europeenne en 1965. Le statut de medicament homeopathique a ete reconnu

officiellement en 1992 par deux directives portant sur les medicaments homeopathiques a usage humain et veterinaire. Officiellement donc nous devrionsutiliser preferentiellement ce terme, mais en ce qui concerne la singularite de notre approche specifique et holistique du patient au cabinet, nous

preferons parfois conserver ce terme de remede.2 Remede homeopathique de fond, ayant un champ d’action etendu et capable de modifier le terrain de l’individu. Definition Larousse.3 Le terme pathogenesie souvent employe dans notre discipline homeopathique, signifiant litteralement « ce qui genere des symptomes », nous faitremonter dans l’histoire au fondateur de l’homeopathie Samuel Hahnemann. Le terme pathogenese ou pathogenie decrit les facteurs qui expliquent

l’eclosion de la maladie. Le terme pathogenesie semble essentiellement utilise dans le vocabulaire homeopathique. Pour Hahnemann, il etait essentiel

d’experimenter l’action du medicament chez l’homme et non pas chez l’animal, et il recommandait l’usage de doses moderees qu’il dut au fur et a mesurede ses etudes attenuer au point meme de diluer jusqu’a des dilutions a 30 CH. Nos matieres medicales homeopathiques qui sont la base de notre

formation sont faites donc de pathogenesies qui incluent les effets des medicaments a doses toxiques, doses ponderales therapeutiques et de doses diluees

et dynamisees. Nous avons ainsi pour chaque medicament homeopathique une fiche de symptomes colliges d’apres ces anciennes experimentations sur

l’homme sain, actualises bien sur par nos observations cliniques et de nouvelles pathogenesies. Ces symptomes sont hierarchises suivant leur fiabilitestatistique. Pour de plus amples informations sur l’histoire du medicament reportez vous a l’ouvrage du Dr Denis Demarque : L’homeopathie, medecinede l’experience [2].

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Urticaire. Œdeme de Quincke

L’erytheme noueux quand on retrouve le bourreletœdemateux. La comparaison pourrait se faire avec d’autresmedicaments comme Rhus toxicodendron, mais la chaleurici ameliore, et on trouve plus volontiers des vesicules.Belladona aussi pourrait etre compare, mais dans ce cas larougeur est plus intense et les douleurs sont battantes,ainsi qu’une chaleur radiante a la palpation.Nous rappelons ici que ces indications inflammatoires

ou infectieuses ne dispensent pas de l’indication du bilandiagnostique et paraclinique et de la prescription anti-biotique adaptee4. Toutes affections ORL quand on y trouvedes œdemes. Sinusite avec œdeme de la face. AmygdaliteŒdeme de la luette ressemblant a un sac translucide. Nouspourrons dans ce cas comparer a Kalium bichromicum,mais, ici, on trouve volontiers des secretions filantes jauneset collantes.L’œdeme sous-glottique ou larynge avec obstruction

respiratoire brutale peut nous le faire comparer aSambuccus, souvent indique chez le petit enfant qui aune dyspnee expiratoire laryngee reveillant l’enfant aminuit ou Drosera dont le symptome toux est predomi-nant, par quintes apres minuit, ou encore Spongia en casde toux laryngee bruyante et rauque.– Pleuresies ou pericardites de constitution rapide. La

rapidite d’installation en est une indication, et permetd’eliminer Bryonia qui est un remede d’exsudation dessereuses, mais dont le debut d’installation des symptomesest plus progressif, ainsi que l’association a une secheressedes muqueuses avec soif, ce qui n’est pas le cas ici, ou il y aabsence de soif.

Distension aigue gastrique

Desir5 de lait froid. Ce desir se rencontre aussi dans desmedicaments homeopathiques tels que Phosphorus, Rhustoxicodendron et Tuberculinum residuum.Syndrome digestif avec reaction peritoneale, avec

abdomen tendu et dur, douloureux a l’effleurement(China).Le malade hesite a tousser ou a pousser pour aller a la

selle, de crainte que quelque chose se brise ou n’eclate al’interieur6.

Indications possibles dans des processus infectieux,de type salmonellose, typhoıde, toxi-infection.

Mastites et mastoses

Seins durs tendus, œdematies, douloureux, dans lecontexte de la montee de lait ou du syndrome premens-truel (Bryonia, Conium, Phytolacca).Une experimentation menee en double insu au CHU de

Toulouse, positive en faveur de l’homeopathie, a confirmel’action antalgique et anti-inflammatoire de l’associationd’Apis et Bryonia dans le cadre de la montee laiteuse dupost-partum [1].– Hydroceles, balanites, vaginites a caractere œdemateux ;– Rhumatisme avec œdeme periarticulaire ou

epanchement intra-articulaire. Les crises sont aigues etbrutales. Une indication peut etre retrouvee de rhumatismeschroniques avec œdemes.Maladies rhumatismales inflammatoires telles que le

rhumatisme articulaire aigu, les rhumatismes infectieux,les nodules rhumatismaux periarticulaires.Hydarthrose brutale et importante du genou. De nouveau,

Bryonia peut etre compare ici, mais dans ce cas le debut n’apas la meme brutalite, au contraire il est progressif. Ledumpalustre aussi, mais le mode est plus chronique, certesaggrave a la chaleur, mais l’aspect est blanc et froid, etameliore par les applications froides. Le contexte est ici del’hyperuricemie, sur un sujet plus plethorique et dans lessuites de piqures avec tendance ecchymotique.– Phlebite profonde aigue avec œdeme predominant.

Phlebites superficielles et periphlebites. Lymphangite etlymphœdeme chronique.Michel Guermonprez nous fait part de son experience

positive dans les gros bras postoperatoires.– Maladies oculaires avec œdeme, orbitaire, periorbitaire ;

blepharites, conjonctivites, keratites. Œdeme papillaire.Hypertension oculaire, glaucome de constitution rapideavec douleurs aigues du sujet jeune.

Nephropathies aigues ou chroniques

Anurie ou oligurie d’apparition brutale. La comparaisonpeut se faire avec Phosphorus, remede beaucoup plusetendu et profond d’action, mais il y a ici une tendance

4 C’est une remarque que nous ne repeterons pas pour les autres contextes de maladie organique, mais a l’inverse nous pouvons aussi faire remarquer que

l’homeopathie devrait aussi trouver sa place en pathologie quotidienne et hospitaliere dans beaucoup de pathologies organiques aigues. Tout etudiant,des les premieres annees de medecine, devrait beneficier d’un enseignement minimum de cette discipline, quitte a se former en fin d’etude pour

l’obtention d’un diplome validant. L’homeopathie peut donc etre associee aux therapeutiques indispensables de type allopathique quand la situation

clinique le necessite.5 Parmi les signes importants pour choisir le medicament homeopathique adequat, les desirs et aversions sont pris en compte. Dans les matieres

medicales et dans les repertoires symptomatiques, ces signes sont ranges dans la rubrique estomac (stomach).6 C’est un signe subjectif signale par Kent dans sa matiere medicale. Nous soulignons ici l’importance des signes subjectifs spontanement exprimes par le

patient dans l’individualisation du medicament homeopathique.7 L’utilisation de caracteres gras dans le cours du texte signifie que le symptome note est particulierement caracteristique. Rappelons que les signes

caracteristiques des medicaments homeopathiques sont ranges en trois a quatre degres dans les repertoires suivant leur importance.

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hemorragique marquee, en particulier l’hematurie.Apocynum est un autre medicament, d’oligurie maisd’œdemes d’installation plus progressive et s’accompa-gnant de diarrhee. C’est un medicament d’appoint utiliseen tres basse dilution ou en phytotherapie.

Retention hydrique, avec œdeme et ascite.Absence de soif dans des maladies renales.Proteinurie massive et brutale.Syndrome nephrotique.Toutes les proteinuries des adolescents, ainsi que les

gravidiques.Signes biologiques d’insuffisance renale d’autant plus si

la biopsie confirme l’œdeme renal.

Syndromes encephaliques et neurologiques

Œdeme cerebral, hydrocephalie, meningites et reactionsmeningees.

Cri encephalique. La tete roule sur l’oreiller.Convulsions febriles apres un bain chaud.Hemiplegies avec secousses du cote sain.Oligurie dans les syndromes neurologiques.Cephalees congestives, avec sensation de pression, chez

les renaux, par arret des regles (Lachesis).Maladresse des mains. Comparaison avec Agaricus qui a

une tendance aux tics, Bovista qui a des œdemes et/ou dessensations de gonflement d’une partie du corps qui n’estparfois que subjective, mais parfois qui est le premierremede auquel on pense pour les gros bras lymphœdema-teux ou les lymphangites.

Grincements des dents dans un contexte neurologique acomparer a Cina dans un contexte de verminose.

Insomnie.

Syndrome febrile

La fievre est d’installation brutale avec un maximum vers15 heures. Le principal remede a comparer est Aconitum,avec une aggravation a minuit.

Absence de soif pendant la fievre (comparaison avecGelsemium et Pulsatilla).

Alternance de peau seche et d’acces de transpiration.Medicament de scarlatine avec atteinte renale, articu-

laire et evolution brutale.Oreillons avec douleur, œdeme important, meningite,

ovarite, orchite.Maladies aigues au retour de la mer, en particulier chez

ces enfants qui ont des syndromes febriles brutaux enrevenant d’un week-end a la mer. Ce sont des sujets quiseront souvent justiciables et representatifs du medica-ment Natrum muriaticum qui sera alors le plus souvent lemedicament principal de fond du patient.

Autres indications

Cystites ou uretrites avec oligurie. Cystites des gens quiboivent peu.

Les suites de deshydratation aigue ou chronique. Lesconsequences de vie en climat chaud.

Ovaralgies, ovarites a lateralite droite (Palladium).Les douleurs y sont aigues, precises, ameliorees par la

pression forte comme Bryonia.Les kystes sont de constitution rapide.Amenorrhee et oligomenorrhee de la jeune fille (Natrum

muriaticum, Kali carbonicum, Pulsatilla).

Signes psychiques

Autant les medicaments dits polychrestes ou grandsremedes de terrain necessitent l’etude du profil comporte-mental ou psychique, autant ici pour Apis, ils sont peudeveloppes. Dans la pratique de l’homeopathie francaisedite pluraliste, Apis est utilise surtout en considerant sessymptomes generaux pour la valorisation symptomatique.Par contre, dans la pratique dite uniciste ou classique, enl’occurrence dans le courant historique des eleves de Kent,la valorisation des signes psychiques peut passer aupremier plan. Nous les decrirons donc :

Se tourmente a propos de tout.Constant besoin de pleurer sans raison apparente.Depression psychique avec pleurs jour et nuit par

pensees torturantes.Pressentiment de la mort (a comparer avec Aconitum).Tristesse irritable.Jalousie pathologique (Lachesis, Stramonium).Obnubilation et confusion.Maladresse.Ne connaıt aucune joie.Indifference a tout ce qui pourrait le ou la rendre

heureux(se).Conduite ou bavardages illogiques ou enfantins.Delire en particulier dans les formes d’atteinte neuro-

logique infantile.Etat de stupeur ou de semi-inconscience, yeux mi-clos,

la tete roulant d’un cote et de l’autre.Cri encephalique, cris percants, peur de la mort.Amenorrhee suite de frayeur ou vexation.Aggravation de l’ensemble de ces symptomes par la chaleur.

Commentaires

Le grand remede de fond complementaire d’Apis estNatrum muriaticum, correspondant a des sujets plutotamaigris du haut du corps, malgre un appetit conserve. Ladiathese correspondante est le tuberculinisme. Bryoniadevra souvent etre compare, mais le debut des symptomesest plus progressif.

Dans les suites de piqure d’insecte, Ledum palustre peutetre preferable ou associe, a prescrire dans ce cas en 9 CHrepetes et a espacer des amelioration.

Apis en 5 CH et Ledum palustre en 5 CH, respectivementmatin et soir, semblent efficaces dans la prevention despiqures d’insecte et de moustiques.

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Apis serait un remede de tendance a l’avortement aupremier trimestre, a donner en dose moyenne en 9 CH etespacees.

Comparaisons basees sur la composition [4]

La presence de dopamine, de noradrenaline, d’acetylcho-line, d’histamine, de serotonine rend compte des œdemes,inflammations, congestions localisees, et de la rapidited’action. On trouve ces composants dans les venins deserpent tel Lachesis, d’araignee tel Latrodectus, dans Serumd’anguille qui est un medicament de proteinurie recente etmassive sans œdeme. Egalement Bufo rana, le venin decrapaud. Urtica urens ainsi que Dolichos pruriens etAgaricus completent le tableau de compositions analogues.La presence de potassium peut le rapprocher de

Natrum muriaticum et surtout Kali carbonicum ou lesœdemes sont chroniques et localises.La phospholipase rapproche Apis de Phosphorus, de

Bothrops et encore de Lachesis.

Comparaisons suivant la matiere medicale

Grands remedes complementaires : Natrum muriaticum,Natrum sulfuricum, Kali carbonicum.Medicaments homeopathiques des œdemes : Phospho-

rus, Kali carbonicum, Arsenicum album.Inflammation et œdeme : Heparsulfur, Rhus toxicoden-

dron, Cantharis.

Conclusion

Apis mellifica est un des premiers medicaments etudiesdans notre matiere medicale pour les debutants enhomeopathie comme medicament indique dans les etatsaigus, au meme titre que Aconitum, Belladona, Bryonia ouFerrum phosphoricum.En etat aigu, il devra etre repete souvent pour etre

efficace. L’œdeme, la brutalite de survenue des symptomes,l’aggravation par la chaleur en sont les symptomesprincipaux. Le contexte de l’allergie et des reactionshistaminiques est principal, mais il faut y penser aussidans des contextes organiques ou il peut trouver sa placeen complement des therapeutiques classiques indiqueesmedicalement.

Comme tous les venins, nous nous posons la question desavoir si le mode de preparation ne serait pas plus adequatsi nous evitions de chauffer la souche lors de lapreparation homeopathique, condition indiquee pour lasecurite virale. Un autre mode de sterilisation seraitsouhaitable pour pouvoir beneficier d’un medicamentpleinement actif.Toutes les dilutions peuvent donc etre prescrites de la

4 CH a la 30 CH. La basse dilution ayant une action locale,l’augmentation de la dilution se faisant au fur et a mesureque la similitude est plus caracteristique. La 9 CH estla plus couramment utilisee. Tout depend aussi de lareactivite specifique du sujet a certaines dilutions.Chez la personne tres agee nous preferons utiliser des

dilutions basses 4 CH moins reactives, mais tout aussiefficaces.L’etude d’Apis nous revele ainsi que l’homeopathie

n’utilise pas uniquement des souches d’origine vegetale,mais aussi du regne animal, mineral ou meme des metauxou metalloıdes et des substances complexes.L’etude de ce medicament nous montre aussi la facon

tout a fait singuliere de prescrire les doses dilueesdynamisees, suivant les principes de la similitude sympto-matique, grande caracteristique, avec le concept deglobalite, de la discipline homeopathique.

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