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UNIVERSITE NOTRE DAME D’HAÏTI UNITE DIOCESENE D’ENSEIGNEMENT
FACULTE D’AGRONOMIE DE RECHERCHE ET DE SERVICE
UNDH / FA UDERS DES CAYES
Diagnostic de l’écosystème de la mangrove de l’Islet (Ville des Cayes / Sud d’Haïti).
Mémoire pour l’obtention de la licence en science AgronomiquePrésenté par
Dutervil PIERRE
Sous la direction de Jean Bonhomme EDOUARD, Ingénieur-Agronome
Option: Ressources naturelles et environnement
Juillet 2009
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes i
Diagnostic de l’écosystème de la mangrove de l’Islet (Ville des Cayes / Sud d’Haïti).
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes ii
DEDICACE
Ce mémoire est dédié à mon infatigable et tendre mère Madame Marie Rose Jeannette
Etienne PIERRE.
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REMERCIEMENTS
Je remercie en premier lieu le grand Dieu Tout Puissant qui m’a animé de zèle tout le long
de ce travail.
Je tiens à remercier:
- L’agronome Jean Edouard BONHOMME, mon conseiller scientifique, pour tout son
appui documentaire et moral ;
- L’agronome Sorel FELIX, l’agronome Jean Arsene CONSTANT et le professeur Judex
EDOUARZAIN pour leur appui, leurs conseils scientifiques;
-Mon père et ma mère pour leur appui moral et financier ;
-Mes frères et sœur: Docteur Moïse PIERRE, Frère Elie PIERRE, Madame Rachelle
PIERRE, Infirmière sage femme pour leur appui documentaire et financier ;
-Mes cousins Rév. Père Pierre Pascal PIERRE et Rév. Père Phito RENDEL et mes
cousines sœur Rose Laure RENDEL et Rosela PIERRE pour leur soutien financier ;
-Mes camarades de promotion (2000-2005), membres de l’Organisation pour le
Développement, la Recherche et la Solidarité (ORDRES) ;
-Mes amis : Antoine BELLEVUE, Carline VALMOND, Jean Marie SIFRA, Pierre Audin
MEILLEUR, Charlemagne DESHOMME, Félix MERISE, … ;
-Enfin toutes personnes qui ont contribué à leur façon pour la réussite du mémoire.
Qu’elles trouvent ici ma pleine et entière reconnaissance !
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RESUME
Les pressions exercées sur l’environnement haïtien sont une crise nationale offrant un
tableau sombre à la communauté internationale pour ce qui est de la détérioration de nos
écosystèmes naturels. En vue de cela, nos régions côtières peuplées de palétuviers sont mal
menées, sous-estimées et exploitées à outrance, par la population locale. La mangrove de
l’Islet qui se situe à l’est de la ville des Cayes demeure manifeste de ces pressions
persistantes d’origine anthropique. Dans les limites de cette étude nous nous donnons pour
tache de dégager l’effet de la poussée démographique sur l’écosystème de la mangrove de
l’Islet en vue de faire des recommandations relatives à sa préservation.
Pour accomplir ce travail, des recherches bibliographiques, la cartographie et la photo
interprétation, une enquête exploratoire suivie d’une enquête formelle menée auprès de 77
habitants pour étudier leur implication dans le processus de la transformation de la
mangrove, voilà la méthodologie suivie. L’aire de la mangrove a été parcourue en vue de
répertorier et de caractériser les différentes espèces de palétuviers rencontrées et leur état
de détérioration.
Les résultats sont manifestement convaincants. Cette mangrove se trouve au niveau de la
mer. Sa superficie était de 130 ha environ en 2002, avec une pluviométrie annuelle
moyenne de 1545,578 mm. Cette région présente un relief extrêmement doux avec la
dominance des sols de type éocènes supérieurs. La mangrove de l’Islet commençait à
dégrader à partir des années 2002 avec la multiplication des lotissements dans la mangrove.
Or, 51,94 % de nos enquêtés analphabètes vivant une situation économique très difficile et
exerçant des pressions sur la mangrove entraînant son déséquilibre écologique. La
paupérisation, l’absence de service d’urbanisation, l’absence d’une politique globale
d’aménagement urbain et zones côtières sont les causes premières de ces pressions sur les
forêts de palétuviers de la région de l’Islet. Pour résoudre ce problème, on doit passer par
la promotion d’une gestion intégrée de l’écosystème de la mangrove, l’application de règles
concernant l’urbanisation et contre les lotissements, l’assistance économique des habitants.
En effet, les autorités concernées doivent élaborer en urgence un plan global
d’aménagement du territoire visant les mesures de protection de l’environnement avec
emphase sur les forêts intertidales qui ne sont pas estimées à leur juste valeur.
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Table des matières
DEDICACE.................................................................................................................................III
REMERCIEMENTS...................................................................................................................IV
RESUME.......................................................................................................................................V
TABLE DES MATIÈRES..........................................................................................................VI
LISTES DES TABLEAUX.........................................................................................................IX
LISTE DES FIGURES.................................................................................................................X
LISTE DES PHOTOS.................................................................................................................XI
LISTES DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS.........................................................................XII
LISTE DES ANNEXES...........................................................................................................XIV
1-INTRODUCTION......................................................................................................................1
1.1-PROBLÉMATIQUE....................................................................................................................11.2- OBJECTIFS DE L’ÉTUDE......................................................................................................2
1.2.1- Objectif général..............................................................................................................21.2.2- Objectifs spécifiques.......................................................................................................2
1.3- HYPOTHÈSE DE L’ÉTUDE.......................................................................................................21.4- INTÉRÊT DE L’ÉTUDE.........................................................................................................31.5- LIMITES DE L’ÉTUDE..............................................................................................................3
2-REVU DE LITTERATURE......................................................................................................4
2.1-DÉFINITION D’ÉCOSYSTÈME NATUREL...................................................................................42.2- COUP D’ŒIL SUR LES CAUSES DE LA DÉGRADATION DES ÉCOSYSTÈMES NATURELS.............42.3-LES PRINCIPALES CAUSES DE LA DÉGRADATION DES ÉCOSYSTÈMES NATURELS EN HAÏTI....5
2.3.1- La surpopulation.............................................................................................................52.3.2- La distribution de la population sur le territoire............................................................62.3.3- La situation socio-économique.......................................................................................62.3.4- Politique environnementale en Haïti..............................................................................6
2.4-MANGROVE-DÉFINITION ET SITUATION..................................................................................72.6.1- La mangrove sur sédiments argileux..............................................................................82.6.2- La mangrove sur sédiments argilo-sableux....................................................................9
2.5- Caractéristiques générales de la mangrove……………………………………………….. 8 2.6- Différentes espèces de la mangrove…………………………….…………………………9
2.7 FONCTION ÉCOLOGIQUE DE LA MANGROVE..........................................................................102.7.1-Des viviers aquatiques...................................................................................................102.7.2-Habitats de la faune.......................................................................................................102.7.3-Protection et stabilisation du littoral.............................................................................102.7.4- Maintien de la qualité de l’eau.....................................................................................10
2.9- INTÉRÊT ÉCONOMIQUE DE LA MANGROVE..........................................................................112.10 ACTIONS ANTHROPIQUES CONTRE LA MANGROVE.............................................................12
2.10.1 Production du charbon de bois....................................................................................122.10.2 La transformation en terres agricoles.........................................................................122.10.3 La transformation en zones habitables........................................................................122.10.4 L’accumulation de pollution d’origine humaine.........................................................13
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2.12 GESTION DES ÉCOSYSTÈMES DU LITTORAL.........................................................................142.13 ABSENCE DE POLITIQUE GLOBALE D’AMÉNAGEMENT URBAIN (PGAU)..........................16
3.- PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE......................................................................17
3.1.- ASPECTS PHYSIQUES...........................................................................................................173.1.1.- Situation géographique de la mangrove de l’Islet.......................................................173.1.2- Géologie........................................................................................................................183.1.3- Pédologie......................................................................................................................183.1.4- Hydrographie................................................................................................................183.1.5- Le relief.........................................................................................................................183.1.6- Climat...........................................................................................................................183.1.7- La végétation................................................................................................................203.1.8- Habitat..........................................................................................................................203.1.9- Cadre socio-démographique........................................................................................20
3.2- ASPECTS SOCIO-ÉCONOMIQUES...........................................................................................213.2.1- La population................................................................................................................213.2.2. Éducation......................................................................................................................223.2.3- Santé.............................................................................................................................233.2.4- Secteurs d’activités.......................................................................................................233.2.5- Cadre institutionnels.....................................................................................................23
4- MATERIELS ET METHODES.............................................................................................25
4.1- MATÉRIELS UTILISÉS...........................................................................................................254.2- MÉTHODES DE TRAVAIL......................................................................................................25
4.2.1- Consultation documentaire...........................................................................................254.2.2- Cartographie et photo interprétation...........................................................................254.2.3- Relevés satellitaires......................................................................................................264.2.4-Visite exploratoire.........................................................................................................264.2.5- Échantillonnage............................................................................................................264.2.6- Collecte des données sur le terrain..............................................................................274.2.7- Traitement et analyse des données...............................................................................27
5- RESULTATS ET DISCUSSION..…………………………………………………………………28 5.1- LA MANGROVE, UN ÉCOSYSTÈME NATUREL ORIGINALE À PROXIMITÉ DE LA VILLE DE CAYES.........................................................................................................................................28
5.1.1- Les espèces végétales....................................................................................................285.1.2- Les espèces animales....................................................................................................29
5.2- LA POLLUTION DE LA MANGROVE DE L’ISLET....................................................................315.2.1- Un écosystème qui a évolué depuis ces 50 dernières années.......................................315.2.2- Une pollution physique observable et quantifiable......................................................335.2.3.-Pollution des eaux de la mangrove de l’Islet................................................................355.2.3.1.- Résumé de l’analyse laboratoire..............................................................................355.2.4.-Des riverains inconscients de sa richesse écologique..................................................36
5.3- ASSAINISSEMENT.................................................................................................................375.3.1- Drainage des eaux pluviales.........................................................................................375.3.2- Ramassage des ordures................................................................................................375.3.3- Évacuation des déchets fécaux.....................................................................................38
5.4- L'AGRICULTURE, UNE ACTIVITÉ QUI SE PRATIQUE AUX DÉPENS DE LA MANGROVE..........38
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5.5- LA PRESSION URBAINE, L'UNE DES PRINCIPALES CAUSE DE LA DISPARITION DE LA MANGROVE.................................................................................................................................405.6- LE CHARBON DE BOIS, BOIS DE CHAUFFAGE ET MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION, DES
ACTIVITÉS RÉCENTES QUI ACCÉLÈRENT LA DISPARITION DE LA MANGROVE........................41
6- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS.....................................................................43
6.1- CONCLUSION.......................................................................................................................436.2- RECOMMANDATIONS..........................................................................................................43
7- BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................45
ANNEXE......................................................................................................................................49
ANNEXE A: QUESTIONNAIRE D’ENQUETE........................................................................................49ANNE B:CONSTRUCTIONS AUX ABORDS ET DANS LA MANGROVES DE L'ISLETS…………………….59
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Listes des tableaux
Tableaux 1:Données sur le débit de la Rivière de l’Islet et de la Ravine du Sud……………..……... ….18
Tableaux 2: Population de la ville des Cayes selon les projections de la IHSI de 1980 à 1995 et chiffres
obtenus par l’enquête réalisée par le B/J en 1996…………………………………………..21
Tableaux 3: Niveau d’instruction des riverains enquêtés………………………..……………………….23
Tableaux 4: Résumé de l’échantillonnage……...………………………...………………………………26
Tableau 5: Classification de la végétation de la mangrove de l’Islet…………….………………………28
Tableau 6: Liste de l’avifaune de la mangrove de l’Islet……………………….………………………...29
Tableau 7: Espèces d’élevage rencontrées dans la mangrove……………..……………………………..30
Tableau 8:Résultat de l'analyse physique de l'eau de la mangrove de l'Islet….………………………….35
Tableau 9: Cultures sarclées à coté et dans la mangrove………………………………..………………..38
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Liste des figures
Figure 1 Localisation de la zone de l’Islet………………………………………………..……..17
Figure 2 : Pluviométrie moyenne (Px) mensuelle de la ville des Cayes de 1999-2005………..19
Figure 3 : Evolution de la population de la ville des Cayes de 1980 à 2003…………………..21
Figure 4 : Répartition des riverains selon leur niveau de formation……………………………22
Figure 5 : Délimitation de la mangrove de l'Islet, année 1956………………………………….31
Figure 6 : Délimitation de la mangrove de l'Islet, année 2002………………………………….32
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Liste des photos
Photo 1 : Elevage de porc libre et Photos 2 : Elevage de bovin à la corde…………..…….…. ..30
Photo 3 : Riverain faisant ses défections dans la mangrove………………………......................34
Photo 4: polluants plastiques et ordures ménagères déversés dans la mangrove……………….38
Photo 5 Rizière à coté de la mangrove…………………………………………………………..39
Photo 6 et 7 : cultures sarclées dans la mangrove……………………………………………….39
Photo 8: Construction en cours au sein de la mangrove…………………………………………40
Photo 9: bois et de feuilles de palétuviers pour la fabrication du charbon de bois………………41
Photo 10: Porcherie construite avec les bois de palétuviers……………………………………..42
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Listes des sigles et abréviations
% : pourcentage
°C : Degré celcius
AOSE : Administración de las Obra Sanitarios del Estado
B/J : Binjamen/Jadotte
DD : Direction Départementale
DDT : Dichloro-diphényl-tricloréthane
EPPLS : Entreprise Publique de Promotion des Logements sociaux
etc. : Ecetera
FIC : Frère de l’Instruction Chrétienne
IDP : Inspection Départementale Sud
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Information
Kc : Coefficient de Compacité
Km : kilomètre
Km2 : kilomètre carré
M : mètre
m2 : mètre carré
m3 : mètre cube
MARNDR : Ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du
Développement Rural
Max. : Maximal
Min. : Minimale
MINUSTAH : Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti
Moy. : Moyenne
MSPP : Ministère de la Santé Publique et de la Population
ONG : Organisation non Gouvernementale
OTAS : Oganizasyon Tèt Ansanm nan Savann
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PX : Pluviométrie moyenne
Ml : Millilitre
RGPH : Recensement Général de la Population Hattienne
SH : Service d’Hygiène
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SNEP : Service National d’eau Potable
SNRE : Service National des Ressources en Eau
SPU : Service de Planification Urbaine
SU : Service d’Urbanisation
TX : Température moyenne
AUC : American University of the Caribbean
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
MDE : Ministère de L’Environnement
CARITAS : Charité
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Liste des annexesAnnexe A : Questionnaire d’enquête du mémoire……………………………....……...49
Annexe B : Constructions aux abords et dans la mangrove de l’Islet…………….…..55
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1.-INTRODUCTION
1.1-Problématique
L’être humain choisit en général son lieu d’habitat près des côtes ou dans le fond des vallées.
"Toutefois, ces espaces ne représentent que 10% de la surface de la terre, et, avec l’augmentation
de la population, ils sont de plus en plus soumis à la pression humaine qui les modifie et les
dégrade. Déjà, plus de la moitié de la population mondiale, soient 3.2 milliards d’habitants vit
sur une bande côtière de 200 km" (Don Hinrichsen, 1998).
Cette pression démographique est justement très importante en Amérique Latine et dans les
Caraïbes. En Haïti, pour des raisons historiques, les principales villes du pays sont côtières. Or,
avec l’exode rural, le développement urbain et la montée incontrôlée de la démographie, les
Haïtiens s’entassent dans les villes sans qu’aucune mesure de régulation de l’urbanisation et de
protection de l’environnement ne soit prise.
La ville des Cayes, chef lieu du département du sud du pays, est victime de cet exode rurale. Sa
population est passée de 29826 habitants en 1980 à 48.095 habitants en 2002 (IHSI, 2007), soit
une augmentation de 1.6 %. Lors des fortes précipitations, les instances gouvernementales
craignent des inondations et des catastrophes, par exemple le débordement de la Ravine du Sud,
de la Rivière de l’Islet et éventuellement par des raz-de-marée provoqués par les cyclones qui
sont très fréquents dans cette région du pays, et par un probable tsunami provoqué par un
accident technique en mer. Même si les autorités sensibilisent les habitants des risques qu’ils
encourent, et même si, l’ONU, lors de son mandat de stabilisation et de maintien de la paix 2004
et 2005 a mis en place un comité de gestion des risques et des désastres, rien n’est encore mis en
place pour éviter des catastrophes. Au lieu d’établir une politique de prévention de
l’environnement et de prévision des désastres, les instances gouvernementales ne pensent qu’au
post-désastre, alors que le vieil adage dit "prévenir vaut mieux que guérir ".
L’écosystème cayen est donc de plus en plus menacé par l’érosion, par des rejets des déchets
solides et effluents provenant de l’intérieur de la ville et le délestage en mer des navires, par
l’envasement dû aux apports des alluvions par les eaux de ruissellement qui perturbent l’eau de
la mangrove.
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Ainsi, à l’embouchure de l’Islet, une rivière qui se jette dans la mer, à l’est de la ville des Cayes,
un écosystème original de mangroves, s’était développé. Mais avec l’urbanisation, il est de plus
en plus menacé de disparition. Cette mangrove s’étendait sur environ 130 ha en 2002 et sert
d’habitat pour des espèces de faunes aquatiques comme les langoustes, les crabes, les écrevisses,
les poissons, etc. Elle se dégrade progressivement par l’exploitation abusive du bois de
construction et du bois de chauffage, par l’accumulation de déchets solides et par des pollutions
de toutes sortes, par l’urbanisation, par la mise en culture de certaines terres et la mise en place
de pratique d’élevage non rationnel.
Pourtant, cette mangrove constitue une originalité, elle joue un rôle important contre les raz-de-
marée et contre l’érosion marine. Nous sommes donc en droit de nous demander si nous ne
devons pas lutter contre sa disparition?
1.2- Objectifs de l’étude
Dans le cadre de cette étude nous poursuivons un double objectif :
1.2.1- Objectif généralEvaluation des causes de modification de la mangrove de l'Ilet en vue de proposer des
orientations pour sa restauration.
1.2.2- Objectifs spécifiques
De façon spécifique ce travail entend poursuivre les objectifs suivants :
- Les différentes espèces de palétuviers qui peuplent la mangrove de l’Islet sont répertoriées;
- Les déchets solides les plus importants qui parviennent aux écosystèmes sont identifiés;
- La dégradation de la Mangrove par des prises de vue réalisées au moyen d’un camera numérique
a été montrée;
- Les effets de la poussée démographique et de l’urbanisation incontrôlée sur les écosystèmes de la
mangrove de l’Islet sont déterminés.
1.3- Hypothèse de l’étude
La poussée démographique contribue à l’élimination progressive de la mangrove de l’Islet:
-par la pression due aux constructions de plus en plus nombreuses qui se font au détriment de ces
espaces naturels du littoral.
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-par les déchets solides résultant des activités humaines.
-par un manque d’éducation des habitants de la zone qui ne se rendent pas compte de l’importance
écologique de cette mangrove et qui s’auto-détruisent.
1.4- Intérêt de l’étude
Cette étude visant à proposer des éléments pour la gestion de la mangrove de l’Islet aidera à tracer
des lignes directives pour lutter contre la pression exercée sur les ressources naturelles de cette
mangrove. S’agissant de l’une des premières études menées au niveau de la zone, elle constituera
une référence en termes d’informations basiques pour les chercheurs, les organismes privés et
publics, les cadres qui s’intéressent dans le domaine de la protection des ressources du littoral. De
plus, elle ouvrira la voie à d’autres perspectives similaires tant à l’échelle régionale que nationale.
1.5- Limites de l’étude
Si la réalisation de cette étude permet d’établir des conclusions informatives et des
recommandations pour aider à la gestion durable des ressources naturelles de la mangrove de
l’Islet, elle comporte toutefois des limites:
-Nous n’avons pas pu tenir compte de l’analyse physico-chimique des déchets solides, faute de
laboratoire et de moyens financiers.
- Nous n’avons pas pu tenir compte de la migration de la population, car on ne dispose pas
d’information sur les entrées et les sorties des gens.
- Nous n’avons pas pu tenir compte de l’analyse chimique de l’eau, faute de laboratoire équipé.
-Cette étude devrait mettre en œuvre toute une équipe pluridisciplinaire afin de toucher les
problèmes dans les moindres petits détails. Ce qui n’a pas été fait.
L’étude porte sur les 50 dernières années. En effet, nous nous appuyons sur deux photos aériennes
qui datent respectivement de 1956 et de 2002. Et nous nous basons sur la mémoire des personnes
enquêtées, qui peut remonter à environ 50 ans.
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2.-REVU DE LITTERATURE
2.1-Définition d’écosystème naturel
"Du grec oïkos, maison et sustêma, ensemble, un écosystème est un ensemble formé par
l’association d’une communauté d’espèces vivantes nommées biocénose et d’un environnement
physique, biotope, en constante interaction" (MARCEL. M., 2002). "En 1935, le britannique
Arthur Georges Stanley définit les écosystèmes comme des entités constituant des unités à la fois
structurales et fonctionnelles qui sont caractérisés par un environnement physico-chimique
particulier, appelé biotope, auquel est associé une communauté vivante constituée par un
assemblage d’espèces, la biocénose" (Didier LAVERGNE et François RAMADE, 2005). Un
écosystème est avant tout un système dynamique, il naît, il se développe, il meurt. C’est un système
qui évolue naturellement et en permanence sous l’effet de perturbations naturelles, un système dont
on peut même dire qu’il ne survit que grâce à ces perturbations. Les crues, par exemple, sont
indispensables au maintien des cours d’eau car elles permettent un rajeunissement des végétations
riveraines, un remaniement des fonds qui évite leur envasement, ainsi qu’une régulation de la
dynamique des populations.
Ces perturbations sont d’ailleurs un facteur de maintien de la biodiversité : en leur absence, le
phénomène de compétition entre espèces peut en effet devenir prépondérant et permettre à l’une
d’elles de prendre le dessus. L’évolution d’un écosystème n’est pas régulière, elle se fait par à-
coups. Sous l’effet d’une perturbation, l’écosystème change d’état. Puis il se met à évoluer
progressivement de façon plus ou moins rapide, vers un nouvel état d'équilibre, processus dont il
sortira comme rénové. Cependant, "l'écosystème peut perdre parfois cette aptitude à retrouver un
état d’équilibre, on dit alors qu’il perd sa capacité de résilience. Cela se produit lorsque la
perturbation est trop importante, lors de certaines pollutions graves par exemple, et que les seuils
dits d'irréversibilité sont dépassés " (Richard B. et Gilberto C., 1990).
2.2- Coup d’œil sur les causes de la dégradation des écosystèmes naturels
Les récifs coralliens et les mangroves forment les écosystèmes littoraux les plus caractéristiques de
la zone intertropicale. La pression de l’homme sur ces milieux s’est considérablement accrue dans
les 50 dernières années, avec l’accroissement de la population mondiale et les progrès
technologiques. Elle revêt la forme radicale qui suit.
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Elle consiste à remplacer l’écosystème naturel par des aménagements urbains, portuaires et
aéroportuaires, industriels et aquacoles. Ces aménagements génèrent à leur tour des perturbations
sur les écosystèmes adjacents :
-La diffusion de polluants (composants organiques, pesticides, métaux lourds, hydrocarbures), de
particules terrigènes dans le cas de poldérisation, et de macro-déchets issus des décharges à ciel
ouvert ;
-L’érosion du trait de côte imputable aux modifications de direction et d’intensité des courants
marins locaux ;
-La destruction physique d’une partie de l’écosystème occasionnée par les coupes de bois dans le
cas des mangroves, et le bris des coraux branchus par le piétinement et les ancres des bateaux dans
le cas du récif ;
Une pression de pêche très forte au voisinage des quartiers urbains et périurbains, la pêche de
proximité étant pour les familles un moyen peu coûteux de diversifier leur alimentation et leurs
revenus jusqu’à ce que la ressource disparaisse, suite à sa surexploitation. " Il s’impose donc de
porter remède au plus vite à la dégradation des écosystèmes naturels et mettre en œuvre à l’échelle
globale, une stratégie de préservation des processus écologiques fondamentaux et de contrôle des
pollutions majeures. En effet, l’accroissement de la fréquence des catastrophes écologiques constitue
les prémices d’une banqueroute générale de l’environnement planétaire dont l’espèce humaine sera
l’unique responsable" (François RAMADE, 2005).
2.3-Les principales causes de la dégradation des écosystèmes naturels en Haïti
2.3.1- La surpopulation
Haïti est toujours en situation de croissance démographique importante. Sa population a l’une des
densités les plus fortes de l’Amérique Latine soit 324 hab. /km2. En 1982, on comptait en Haïti 4.3
millions d’habitants, l’IHSI l’a évaluée à environ 8.5 millions en 2003. Cette augmentation de la
population a pour conséquence directe une demande élevée pour les ressources naturelles qui
tendent à leur épuisement et leur disparition. "Avec de plus grandes opportunités éducatives, la
réduction des taux de mortalité, l’amélioration de la sécurité économique et une plus grande
participation des femmes à la vie active et à la vie politique, on peut s ‘attendre à des réductions
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 5
rapides du taux de natalité" tiré d’un article titré<Il n’y a pas de bombe démographique> rédigé
pour la revue Esprit (novembre 1995) par Amartya SEN (Prix Nobel d’économie 1998) et cité par
Bernard DELMAS en 2005.
2.3.2- La distribution de la population sur le territoire
Cette population est à 75% environ installée en milieu côtier et dont 70% sont inactifs et ne
disposent d’aucunes sources de revenu. L’importance de cette population côtière est encore un
facteur de la dégradation des ressources naturelles. Selon l’ONU, les habitats du littoral qui sont
généralement inactifs, vivent dans une situation socio-économique très grave.
2.3.3- La situation socio-économique
En 25 ans, selon l’ONU, le pays n’a connu aucune séquence durable de croissance économique.
LE PIB per capita, en 2002, ne représentait que 61 % de sa valeur en 1980. Des enquêtes révèlent
ainsi qu’en 2001 l’indice de pauvreté est de 76 % pour les catégories de revenu inférieur à 2 $,
55 % pour les revenus de moins de 1 $.
Ainsi, 40 % des ménages haïtiens souffrent-ils d’insécurité alimentaire chronique. 96 % de la
population utilise des combustibles traditionnels pour satisfaire leurs besoins énergétiques. Ce qui
les pousse à saccager, voire même sacrifier tout ce qui se trouve dans leur environnement pour
pouvoir subsister.
2.3.4- Politique environnementale en Haïti
Haïti cherchait à protéger son environnement par la législation : depuis 1926, plus d’une centaine de
lois, décrets et arrêtés tentent de protéger le milieu ambiant en circonscrivant les zones dont la
biodiversité doit être protégée.
En 2003, l’environnement représentait 0,05 milliards de gourdes du budget soumis au parlement
d’après l’ONU.
Toutefois, l’implication des collectivités territoriales dans la protection de l’environnement est
virtuelle, les instances sont peu structurées, et les luttes de conflits entre ceux qui exploitent
l’environnement et ceux qui sont chargés de le protéger sont nombreuses.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 6
L’un des objectifs pour le millénaire de l’ONU recommandé pour Haïti est « d’assurer un
environnement durable ». Auquel cas, l’ONU recommande entre autres de délimiter des espaces
d’aménagement urbain, de renforcer les règlements de protection pour que les écosystèmes naturels
se reproduisent, de mettre en place une politique de l’habitat, et de prévenir des désastres en mettant
en place un système d’alerte.
Il nous revient maintenant de définir la mangrove, de présenter ses caractéristiques et ses différents
aspects, sa fonction écologique, les différentes actions anthropiques contre elle ainsi que les
conséquences de ces actions.
2.4-Mangrove-définition et situation
La Mangrove est un écosystème caractéristique des zones intertropicales et de quelques régions
subtropicales. "La mangrove couvre une superficie d'environ 300.000 km² sur notre planète. Elle
se situe le long des zones côtières entre les 30° parallèles Nord et Sud" (Wikipédia, 2005). "Ce
type d’habitat commun des régions côtières, des embouchures des rivières et des lagons oȗ le sol
est inondé ou presque totalement toute l’année, se remarque aussi dans des zones intérieures le
long des berges des points d’eau douce ou salée oȗ le sol peut être immergé seulement en saison"
(Steven L. et Al, 2006).
"Elle n’existe que si les températures ambiantes sont supérieures à 18°C" (FOURNET J., 2002).
On la trouve le long des côtes basses et des estuaires : elle recouvre des étendues littorales
soumises à l’influence des marées. Elle abrite une faune et une flore surprenante, ainsi que des
paysages insoupçonnés. Les principaux arbres qui la composent sont les Palétuviers. Ils forment
ainsi une forêt inondée dont les caractéristiques évoluent en fonction de la distance du littoral. Les
palétuviers rouges aux racines échasses sont les plus nombreux. " Selon l’environnement où ils se
développent, les palétuviers, encore appelés « mangles », peuvent prendre des formes variées ; ils
peuvent croître et se transformer en arbres de plus de 40 mètres ou s’atrophier et ne pas dépasser 1
ou 2 mètres de haut dans les milieux marginaux" (Richard B. et Gilberto C., 1990). " Lorsqu’on
quitte la mer pour se rapprocher des terres, lorsqu’on pénètre dans « l’arrière mangrove », la forêt
se transforme en marécage où poussent de hautes herbes coupantes" (PINCHON RP R., 1973).
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La mangrove est souvent désignée par les termes de « forêt de palétuviers », « forêt intertidale »,
« forêt de mangliers » et enfin « écosystème de mangrove ». En Haïti, la flore et la faune associée
aux mangroves halophytes se nomment “mang”.
En revanche, les étendues de mangrove ont souvent été dans le passé considérées comme
répulsives, mais depuis quelques années, on commence à leur attacher l'attention qu'elles méritent.
En dépit de cette mauvaise réputation, la mangrove se présente comme un milieu " naturel " aussi
fascinant que potentiellement riche.
2.5-Caractéristiques générales de la mangrove
Par sa position, la mangrove offre un écosystème original. En effet, elle marque le lieu de
rencontre entre la mer et les eaux douces des terres. L’eau est donc salée et pauvre en oxygène. Le
sol est vaseux. Par ailleurs, les caractéristiques de la mangrove sont susceptibles de changer
momentanément puisque la mangrove est soumise aux variations de la marée.
"La faune et la flore qui composent la mangrove doivent posséder la faculté de s’adapter de façon
exceptionnelle à ces conditions de vie particulières. Peu d’espèces végétales sont donc capables de
supporter ces conditions. Il s'agit d'espèces ayant développé des caractères anatomiques et
physiologiques leur permettant de vivre en conditions hypertoniques. Elles peuvent transformer la
lumière du soleil, l’eau et les éléments minéraux en tissus végétaux à un rythme rapide grâce aux
minéraux et aux autres éléments nutritifs apportés sur la côte, en provenance de la montagne, par
les eaux de ruissellement, tandis que les courants des marées facilitent la circulation de ces
éléments à l’intérieur de la forêt de palétuviers. Ces processus naturels convergent et permettent de
conserver les taux élevés de photosynthèse. La grande quantité de lumière du soleil et des éléments
nutritifs conduit à la synthétisation de la matière organique qui sera alors transformée en racines,
tiges, branches et feuilles" (BRITHMER R., 1998).
"La caractéristique extraordinaire des mangroves réside donc dans sa faculté de s’adapter à des
milieux salins et de s’y développer. Elle arrive en effet à empêcher l’eau salée de pénétrer à
travers ses racines et à évacuer le sel absorbé grâce à des mécanismes physiologiques dont elle
dispose.
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Quand le relief de la côte avoisine le niveau de la mer, elle peut pousser à l’intérieur des terres à la
faveur de l’infiltration. Toutefois, elle s’épanouit mieux à l’endroit où elle recueille les eaux de
ruissellement et des crues périodiques des rivières" (Richard B.et Gilberto C., 1990).
2.6-Différentes espèces de mangroves
"Les espèces végétales qui constituent la Mangrove présentent une zonation fonction de leur
tolérance vis à vis du milieu salé et de la pauvreté en dioxygène (02). Les espèces varient donc en
fonction de la distance par rapport à la mer" (FOURNET J., 2002). Par ailleurs, en fonction des
caractéristiques des sols, on distingue différents types de Mangroves:
2.6.1- La mangrove sur sédiments argileux
"Le palétuvier rouge (Rhizophora mangle) pousse dans la zone inondée, en milieu marin ou à
l'embouchure des rivières. Cette espèce possède des racines échasses, en partie aérienne. La
germination particulière des fruits permet une colonisation vers le domaine maritime.
-Le palétuvier ou mangle noir (Avicennia germinans) partage des milieux partiellement inondés. Il
possède des pneumatophores.
-Le palétuvier ou mangle blanc (Laguncularia racemosas) occupe la zone plus en arrière. Il pousse
dans la vase, sur un sol partiellement inondé. Si les racines sont souterraines, il se caractérise par la
présence d'un important développement de pneumatophores" (BRITHMER R., 1998).
2.6.2- La mangrove sur sédiments argilo-sableux
"Des mangroves s'installent sur des sols plus sableux. C'est le cas à Sainte-Anne au niveau de la
Baie des Anglais et aux Salines. Les mangles gris (Conocarpus) y sont plus abondants.
Le palétuvier gris (Conocarpus erectus) pousse sur sol sableux ou vaseux plus souvent sec.
-Plus en arrière, on peut remarquer parfois la Grande Fougère Dorée (Acrostichum danaeifolium)
qui pousse en touffe"(BRITHMER R., 1998).
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2.7 Fonction écologique de la mangrove
Les forêts de mangroves restent largement sous-estimées et méconnues par un très grand nombre de
personnes qui les détruisent aveuglément. Elles sont malmenées, pourtant elles ont des fonctions
écologiques très importantes pour l’homme et l’environnement. Elles sont:
2.7.1-Des viviers aquatiques
Beaucoup de poissons et de mollusques peuvent se reproduire au sein d’une mangrove. La
morphologie des racines des palétuviers offre aux larves de ces animaux de quoi se nourrir et se
protéger contre les prédateurs. Le système vasculaire bien développé des mangliers abrite
fréquemment des communautés riches en algues et invertébrés marins. Une côte dont la mangrove
est protégée est plus riche en poissons.
2.7.2-Habitats de la faune
La faune des forêts de palétuviers est riche et diversifiée. On retrouve dans la mangrove des
animaux qui y habitent toute l’année et d’autres qui y vivent par saisons ou une partie de leur vie.
C’est le cas des hérons, du flamand rose et des canards migrateurs qui investissent les côtes durant
les périodes pluvieuses.
2.7.3-Protection et stabilisation du littoral
La mangrove représente un écran naturel qui protège la côte contre les assauts des tempêtes.
Lorsqu’elle se développe sur le littoral, elle protège la zone côtière contre l’érosion et des dégâts
dus à l’action des vagues. De plus, la mangrove joue un rôle de filtrage des eaux de ruissellement
provenant du bassin versant et des particules en suspension avant qu’elles n’atteignent la mer. La
destruction des mangroves entraîne des conséquences graves et inestimables sur les milieux marins
et côtiers. Cela conduit à l’érosion du littoral et permet l’augmentation de la turbidité des eaux
côtières par la mise en suspension des sédiments contenus dans le milieu. Quand l’eau de mer
contient trop de particules en suspension, ces dernières cachent la lumière du soleil dont a besoin la
portion végétale des récifs coralliens et des herbiers pour se développer.
2.7.4- Maintien de la qualité de l’eau
Les eaux usées provenant des ménages, les effluents des usines et les eaux de lessivage des sols
peuvent contenir des éléments nutritifs inorganiques, des métaux lourds et des résidus de pesticides
qui altèrent considérablement la qualité des eaux côtières. Étant donné que les sédiments
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 10
anaérobiques des palétuviers ont la capacité de maintenir les métaux lourds et les pesticides sans
nuire aux plantes, les zones de mangrove ont le pouvoir d’incorporer, de retenir et de fixer les
éléments nutritifs inorganiques, les métaux lourds ou les pesticides qui sinon se déverseraient dans
la mer. C’est enfin cette faculté d’assimiler les éléments nutritifs qui fait des zones de mangroves
des stations naturelles d’épuration des eaux usées.
2.8- L’avifaune de la mangrove
"La mangrove abrite plus de 80 espèces d'oiseaux. Les plus communs sont les hérons garde-bœufs,
Bulbucus ibis. Le soir, ils sont nombreux à s'installer sur les Rhizophora mangle pour y passer la
nuit. C'est au niveau des Avicennia, que vit le Kaïali, Butorides virescens. C'est le petit héron le
plus typique de la mangrove. Son cri est caractéristique et donne l'alerte dès qu'on s'y approche.
Cet oiseau de l'ordre des Ciconiiformes, construit son nid de branchettes dans les mangles. Il
capture les petits poissons, batraciens, crabes, insectes" (PINCHON RP R., 1973).
"Du point de vue écologique, les oiseaux jouent un rôle particulièrement important dans les
écosystèmes aquatiques. Ils tirent leurs aliments à partir de certaines communautés biologiques et
fertilisent le milieu par leur déjection. Par contre, ils sont aussi dans la plupart des cas, des hôtes
intermédiaires de beaucoup de parasites, des poissons et d’autres organismes aquatiques d’intérêt
économique" (RIED, 1987). "Certaines espèces d’oiseau sont aussi prédatrices de fait. Certes, ceci
peut être un inconvénient majeur pour certaines espèce de poissons, c’est un avantage pour d’autres
en ce sens que cela peut contribuer à éviter une surpopulation piscicole qui conduit
immanquablement à la réduction parfois catastrophique du taux de croissance et par conséquent à la
biomasse exploitable" (VIBERT et al, 1961).
2.9- Intérêt économique de la Mangrove
"La mangrove peut être utilisée comme bois d'œuvre dans de nombreux pays du monde. Pendant la
période coloniale, certaines mangroves, comme celles de la Martinique, ont subi des coupes
sauvages pour la construction de charpentes ou de tonneaux. Le bois de la mangrove est encore
utilisé pour réaliser des poteaux d'enclos ou de clôture" (BRITHMER R., 1998)
En Martinique encore, la pêche traditionnelle est encore pratiquée dans les eaux proches des
Rhizophora mangle. Plus en arrière, dans les zones à Avicennia, Laguncularia, Conocarpus, se
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 11
pratique la pêche des crabes Mantous (Ucides cordatus) et des crabes de terre (Cardisoma
guanhumi).
La mangrove peut aussi attirer de plus en plus des activités touristiques comme des visites en
kayak à partir d'aménagements.
2.10 Actions anthropiques contre la mangrove
Elles constituent le plus grand handicap pour les mangroves. L’homme intervient dans les forêts de
palétuviers de façon délibérée ou involontaire.
2.10.1 Production du charbon de bois
La production du charbon de bois demeure jusqu’à date un véritable problème, surtout dans les
régions où les gens n’ont pas de revenu fixe et régulier. Les mangliers représentent alors le seul
recours pour assurer leur survie familiale. Ils abattent ces plantes qu’ils appliquent dans des fours
en terre pour la fabrication du charbon.
2.10.2 La transformation en terres agricoles
Certains exploitants ont décidé de transformer les terres des mangroves en terres agricoles.
Cependant, l’effort pour augmenter l’économie et pour faire pousser des ressources alimentaires
grâce à la transformation des forêts de mangroves en zones de production agricole conduit à
l’échec, étant donné des rendements faibles et des coûts élevés de production. En effet, ils veulent
transformer des sols salins pour y faire toutes sortes de culture. Or, la majorité des plantes
agricoles supportent mal la salinité et leur culture nécessite alors des dépenses énormes pour
l’acquisition des matériels de travail.
2.10.3 La transformation en zones habitables
"La République d’Haïti possédait 180 km2 de mangrove. Elle est après Cuba qui avait 4.000 km2
de mangrove, la république de la Caraïbe où évoluaient de plus vastes écosystèmes de mangrove
comparativement à la Jamaïque qui développait 70 km2, Porto Rico 65 km2, Martinique 19 km2,
République dominicaine 90 km2, etc." (Richard B. et Gilberto C., 1990). Ces pays de la caraïbe
protègent leur écosystème de mangrove en mettant en place des structures de conservation.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 12
Mais en Haïti, les riverains détruisent les mangroves pour y habiter. La mangrove de l’Islet à l’Est
de la ville des Cayes n’est pas exempte de cette situation. Du coté de Port-au-Prince, les
observateurs font la même constatation. La construction dans les zones de mangrove entraîne des
conséquences négatives pour les écosystèmes comme la transformation du milieu physique et la
migration des animaux, etc. En outre, cela constitue un grand danger pour les habitants parce
qu’ils n’ont aucun moyen pour se protéger contre les phénomènes naturels tels les ouragans, les
raz-de-marée, etc. qui sont très fréquentes sur les côtes haïtiennes.
2.10.4 L’accumulation de pollution d’origine humaine
"Le terme pollution désigne à la fois une multitude d’actions humaines qui, de façon très variable,
dégrade l’environnement et la dégradation même qui résulte de telles actions" (François
RAMADE, 2005)
Les mauvais usages que les humains font des mangroves se traduisent par de profondes
perturbations de l’équilibre de l’environnement des forêts de palétuviers.
Bien qu’il existe une pollution naturelle causée par l’accumulation et le séjour prolongé de certains
déchets organiques dans la mangrove, ce sont les activités humaines qui en provoquent la réelle
dégradation. "L’humanité est aujourd’hui exposée quotidiennement à une multitude de polluants.
En plus des problèmes d’hygiène du travail, ou parfois d’accidents désastreux provoquant une
pollution massive (catastrophe de Bhopal en 1984, par exemple), les risques toxicologiques
découlent essentiellement de la contamination de l’air, des eaux, des sols et de l’alimentation par
d’innombrables polluants à très faibles concentrations" (François RAMADE, 2005). Les déchets
déversés dans la mangrove sont surtout de type domestique, hospitaliers, les déchets industriels et
commerciaux qui sont très nocifs. Ces déchets constituent donc de sérieux problèmes pour
l’environnement aquatique et terrestre de la mangrove et peuvent entrainer de graves conséquences.
De plus, le déversement des eaux usées domestiques, l’utilisation de pesticides et d’engrais
chimiques, le déversement des eaux usées industrielles et le déversement des ordures ménagères
associés aux polluants plastiques provoquent la variation du taux d’acidité de l’eau, l’apparition des
bactéries pathogènes et une accumulation de chlore, de soufre, d’arsénite, de fluor, etc. dans l’eau
de ruissellement de la mangrove. Ces polluants qui s’y concentrent favorisent aussi un déséquilibre
du contenu chimique du sol et une variation de l’acidité du site.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 13
Ces déchets peuvent constituer une menace pour la vie de la flore et de la faune de la mangrove, et
une source de maladies infectieuses et intestinales pour les animaux qui y évoluent. Nous pouvons
ajouter à ces conséquences les maladies respiratoires, la contamination des végétaux et de l’eau
d’infiltration, et par conséquent de toute la chaîne alimentaire.
"La dégradation rapide de certaines mangroves est devenue inquiétante parce qu'elles constituent
des stabilisateurs efficaces pour certaines zones côtières fragiles qui sont maintenant menacées"
(Wikipédia, l'encyclopédie libre). "Pourtant, Un rideau-abri de 10 m de large doit être maintenu le
long des côtes, des rives, des estuaires et des cours d'eau, de façon à prévenir l'érosion et à
constituer une source de graines" (Corpuz et Al, 1977). Dans les pays du Nord, il existe des lois
visant à protéger la qualité de l’environnement. Cependant de telles mesures ne seront jamais aussi
efficaces que l’engagement de chaque citoyen et sa participation active à la protection de
l’environnement.
2.12 Gestion des écosystèmes du littoral
Depuis des siècles, les littoraux constituent un élément essentiel de la viabilité des îles du monde
intertropical. Avec le développement du tourisme, de l’aquaculture, de la pêche et des zones
franches industrielles, leur importance dans l’économie des pays insulaires s’est considérablement
accrue. Pour une large part, ces activités reposent sur le bon état de santé des écosystèmes
composant le littoral. Or, ces écosystèmes sont de plus en plus perturbés, que les causes soient
d’origine anthropique ou d’origine naturelle. " La prise de conscience du risque anthropique- qui
affecte non seulement la biodiversité, mais aussi les sols (érosion, altération), les eaux, l’atmosphère
(pollution), et la productivité des écosystèmes, et compromet l’équilibre même de la biosphère –
semble réelle aujourd’hui. La mise en œuvre de mesure qui assureront la pérennité des
écosystèmes, constitue donc le grand défi du XXIème siècle car elle conditionne les possibilités
mêmes d’un développement durable pour les générations futures" (Didier LAVERGNE et
François RAMADE, 2005).
En Haïti, les chercheurs se demandent est-ce que les autorités concernées s’inquiètent quant à la
dégradation des écosystèmes naturels. En effet, sa situation environnementale la fait jouir d'une
mauvaise presse à l'échelle régionale et internationale. De plus, Haïti n’a pas payé sa présence au
22ème forum ministériel sur l'environnement tenu du 3 au 7 février 2003 à Nairobi, au Kenya. Il
n’a pas eu de ministre de l'environnement, pas de délégations, pas d'Organisations non-
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 14
gouvernementales. Donc, aucune représentation. Pourtant, " La représentativité de la région
Amérique latine et Caraïbe a été très importante et venus de si loin, les délégations et responsables
ministériels de ces pays ont témoigné de leur implication dans la recherche de solutions ", a
souligné M. Falt, un participant au forum.
Or, le gouvernement haïtien a un projet de gestion durable des formations de mangrove les plus
importantes de la République qui a pour contenu opérationnel:
"Recherche participative autour de la mise au point de meilleures pratiques de gestion de
mangrove (parcellaire, rotation de coupes, temps de passage, mise en défense, etc.) ;
Établissement des lignes directrices de gestion;
Visite d’étude et d’échange d’expériences dans d’autres Iles de la Caraïbe avec Utilisateurs
de ressources Locales ;
Identification et mises en place des activités génératrices de revenus et de mesures
incitatives d’utilisation durable des ressources;
Création d’un centre national de Recherche-Action Communautaire sur la Gestion des
Mangroves;
Education relative à la gestion des zones humides" (PAE, 1999).
En effet, ce projet reste encore dans les tiroirs. De plus, les dirigeants ne font aucune preuve de
responsabilité. Par ailleurs, le pays ne possède aucun Service d’Urbanisme (SU).
"Le service d’urbanisme créé en 1971, avait pour responsabilité l’ensemble des travaux urbains. Il
avait pour mission principale l’exhortation technique des municipalités en leur donnant
l’approbation de permis de construire et du tracée des routes. Ce qui n’a pas été réalisé.
Revu en 1978, ce service a pris le nom de Service de Planification Urbaine (SPU), mais les
situations difficiles qu’il a connues ne s’éloignent pas de celles d’aujourd’hui. L’absence de capital
humain diminue dans son pouvoir de justifier l’analogie des constructions et des principes établis en
fait d’infrastructures, de services urbains et de maîtriser l’urbanisation dans le pays.
De plus, les mairies n’ont que des rôles très restreints comme enlèvement des ordures, entretient et
administration des écoles, des asiles, des dispensaires, des cimetières, délivrance de permis de
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construire après accord du MTPTC. Toutefois, elle n’assume pas ses responsabilités par manque de
volonté, de personnel qualifié et de ressources financières" (Gerald H., 1999).
2.13 Absence de Politique Globale d’Aménagement Urbain (PGAU)
"L’aménagement porte aussi bien sur des éléments du paysage (routes, zones d’activité,
habitations) qui sur des lieux géographiques, à différentes échelles, qui peuvent faire l’objet d’un
traitement spécifique : les littoraux, les montagnes, etc." (François TAULELLE, 2005). "Celle-ci
explique les problèmes auxquels se trouve confrontés la République d’Haïti. "Les constructions et
les lotissements sont établis sans aucun plan préalable et les règles les plus élémentaires
concernant l’alignement (articles 1 et 2), l’hygiène (articles 34, 35,58), et le drainage (articles 34,
35) du décret-loi du 22 juillet 1937 modifié en 1966 puis en 1977, sont totalement enfreints"
(Gérald Holly, 1999). Ces textes sont en général oubliés dans les tiroirs, ce qui traduit leur
inapplication.
"La lecture des articles de ce décret traitant des dispositions extérieures et intérieures des
constructions (articles 11 à 28), de l’évacuation des eaux pluviales (articles 34 à 45), des ordures
(articles 51), pour vérifier que si ce décret-loi n’était pas transgressé, l’air de la ville conviendrait
mieux et les problèmes urbains ne seraient pas si critiques"(Gérald Holly, 1999).
Or, l’article 64 stipule que : " Toute ville d’au moins 2000 habitants est tenue d’avoir un projet
d’aménagement, d’embellissement et d’extension comprenant un programme d’actions et un plan
de zonage". Pourtant, les chercheurs se demandent si cet article est passé totalement inaperçu sous
les yeux du MTPTC.
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3.-PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
La zone sous-étude, l’Islet, est située à l’Est de la ville des Cayes. Elle doit son nom à la rivière
qui la traverse "Rivière de l’Islet".
3.1.- Aspects physiques
3.1.1.- Situation géographique de la mangrove de l’Islet
La mangrove de l’Islet se localise aux Cayes, chef lieu du département du sud d’Haïti. Elle inclut
la mangrove de Moro, celle de Tagène et de Massey. Elle est comprise entre 73˚74’21’’ de
longitude Ouest et 18˚11’72’’ de latitude Nord. Cette mangrove est limitée au Nord par la zone de
Bergeau, au sud par la mer des caraïbes, à l’ouest par le centre-ville des Cayes et à l’est par la zone
de Massey. Sa superficie était estimée à environ 130 ha en 2002 (cf. figure 1).
Figure 1: Localisation de la zone d’étude
13.763 ha
108.973 ha
8.933 ha
3.1.2- Géologie
"Les terrains les plus anciens de la presqu’île du Sud sont les tholéitique du crétacé moyen daté
d’environ cent millions (100.000.000) d’années. Sur ces basaltes, sont déposés du crétacé au
miocène, des formations carbonées de plus de 300m, affleurant sur près de 70 % de la presqu’île du
sud. Dans la périphérie de la ville des Cayes: à l’Éocène moyen et supérieur. Se sont accumulées
des séries de calcaires pélagiques" (B/J, 1996).
3.1.3- Pédologie
"La plaine des Cayes est formée d’alluvion quaternaire résultant d’une sédimentation fluviale
alimentée par l’érosion des reliefs avoisinants. On a trouvé à l’entrée de la ville des Cayes en
bordure de la route nationale #2 (Cayes-Est) du massif calcaire crayeux blanc avec 95 % à 97 % de
CACO3. La zone du littoral est constituée de Eocène supérieure" (Mairie des Cayes).
3.1.4- Hydrographie
La plaine des Cayes est parcourue par un réseau hydrographique et par ď importantes nappes
phréatiques très proches du niveau du sol vu le nombre d’émergence et le caractère alluvial de la
région. La ville des Cayes se trouve localisée dans le bassin versant n0 21 conforme aux
appellations du Service d’Hydrologie de Damien (SHD). La ville est bordée par les estuaires de la
rivière de l’Islet à l’est et la ravine du sud à l’ouest. Le tableau1 fournit des informations sur ces
deux (2) rivières qui bordent la ville des Cayes.
Tableaux 1: Données sur le débit de la rivière de l’Islet et la ravine du sud
Superficie du BV Précipitation moyenne sur BV Débit moyenRavine du sud 65 km2 3368mm 4.88m3/s
Rivière de l’Islet 93 km2 2415 mm 2.52 m3/sSource: B/J, 1996
Légende: BV: Bassin versant
3.1.5- Le relief
La zone de l’Islet présente un relief très plat. Elle est située au même niveau que la mer. Sa
topographie est très régulière et se compose exclusivement de plaine.
3.1.6- Climat
Nous avons choisi de prendre en considération les données climatiques de la plaine des Cayes. Nous
disposons donc parmi les composantes du climat des données sur la température et la pluviométrie.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 18
3.1.6.1- La température
Aux Cayes, la valeur moyenne de la température (TX) est de 27°.C Les moyennes mensuelles sont
comprises entre 20°C et 31°C (AVSI, 2008).
3.1.6.2- La pluviométrie
La pluviométrie moyenne interannuelle pour la plaine des Cayes est d’environ 1643 mm et inter-
mensuelle de 65 mm (décembre) et de 236 mm (octobre). Les mois les plus pluvieux sont mai,
septembre et octobre, les plus faibles quantités de pluies sont enregistrées au cours des mois de
janvier, février et juillet. Cependant, signalons que pendant la période allant de juillet-décembre
2002, il y a eu 701 mm de pluie avec le mois de novembre sec. En 2003, de janvier-novembre, il y a
eu une pluie totale de 1354 mm (AVSI, 2008).
Les frères de l’Instruction Chrétienne (FIC), offrent un travail plus complet et plus fiable pour la
pluviométrie. Ils donnent la pluviométrie typique de la ville des Cayes, la zone d’étude (cf. figure
2).
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
29.5
60.0541.15
115.8
233.35
168.125
99.8
153.449999999996171.65
429
89.564.6499999999999
Figure 2: Pluviométrie moyenne mensuelle en mm de la ville des Cayes de 1999 a 2008
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Aout
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Qua
ntité
de
plui
es e
n m
m
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct Nov. Déc.Source : (FIC, 2009)
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 19
3.1.7- La végétation
La végétation est inégalement répartie au niveau de la zone de l’Islet et elle diminue
considérablement à mesure que l’on s’approche des maisons. Dans les aires résidentielles de l’Islet
où l’habitat est concentré le couvert boisé est faible. Toutefois, on rencontre des espèces comme les
palétuviers, l’amandier, le cocotier, le manguier, etc.
3.1.8- Habitat
3.1.8.1- Types et états des bâtiments
Les constructions dans la zone de l’Islet sont surtout de type paysan. On y rencontre des bâtiments
en tôles de forme traditionnelle, des maisons en bloc et en brique. Le reste est constitué de maisons
en bois en tuf et torchis.
Ils sont légion les problèmes enregistrés au niveau des maisons. Cette situation rend un peu
précaire les conditions de l’habitat. On a identifié l’existence de fissures, de l’humidité, des
gouttières, etc. Ces phénomènes peuvent occasionner la prolifération des germes de maladies et
entravent les habitants de la zone.
3.1.9- Cadre socio-démographique
Les données sur la démographie représentent un élément important pour l’élaboration des projets et
des programmes de développement.
Selon les projections de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI), la population de
la ville des Cayes était de 29.826 habitants en 1980 pour atteindre 46.075 habitants en 1995, soit
un taux moyen annuel d’accroissement de l’ordre de 2.9 %. En 1996, l’effectif de la population
urbaine était de 47681 habitants d’après les résultats de l’enquête menée dans la ville des Cayes
par le firme Benjamin-Jadote, (cf. Figure 2: Population de la ville des Cayes de 1980 à 2003).
En 2002, elle accusait un total de 48.095 habitants selon les données du lVème Recensement Général
de la Population haïtienne (RGPH) (cf. figure 3).
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 20
Source: IHSI, 1980-1995 et B/J, 1996
En 23 ans, la population de la ville des Cayes a presque doublée. Elle est passée de 29 836
habitants en 1980 à 48 095 habitants en 2003. Ce qui indique un taux de croissance annuel
supérieur à 2%. Dans ces conditions, il faut s’attendre à un doublement de la population au cours
des 20 prochaines années.
Tableaux 2: Population de la ville des Cayes selon les projections de l’IHSI de 1980 à
1995 et chiffres obtenus par l’enquête réalisée par le B/J en 1996
Ville des Cayes 1980 1985 1990 1995 1996Population 29826 34417 39892 46075 47681
Taux moyen annuel d’accroissement 2.9 3.0 2.9 Source: IHSI, 1980-1995 et B/J, 1996
Cependant, rien n’est fait pour permettre à la ville des Cayes de jouer pleinement son rôle de pole
de croissance. Ainsi, le B/J présume que la population de la ville atteindra les 62.559 habitants en
l’an 2010.
3.2- Aspects socio-économiques
3.2.1- La population
La zone de l’Islet abrite une population d’environ 6 % de celle des Cayes, soient 2.885 habitants
(Mairie des Cayes/IHSI, 2003).
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 21
3.2.2. Éducation
D’après l’Inspection départementale du sud (IDS) et la Direction de Planification et de Coopération
Externe (DPCE), la ville des Cayes compte soixante-six écoles primaires dont treize sont reconnues
par le Ministère. Les écoles secondaires sont au nombre de trente (30) dont dix-huit (18)
fonctionnent légalement selon le Ministère de L’Éducation Nationale. Par contre, notons que ces
données ne sont pas actualisées. Ce sont des statistiques réalisées depuis l’année 2003.
Dans certaines de ces écoles les élèves sont encadrés par des professeurs insuffisants en nombre,
peu qualifiés avec des locaux très peu équipés et en mauvais état.
Par contre, il existe 5 écoles primaires et 4 écoles secondaires au niveau de la zone de l’Islet. Les
enfants scolarisables n’ont pas accès à l’école du fait que leur famille ne dispose pas d’une
capacité économique pouvant répondre à tel besoin. La figure 4 et le tableau 3 dévoilent que 51.94
% de nos enquêtés sont analphabètes.
Source : Tableau
3
Tableaux 3: Niveau d’instruction des riverains enquêtés
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes
0
5
10
15
20
25
30
35
40
4540
25
9
3
Figure 4: Répartition des riverains selon le niveau de formation
Aucun
Primaire
Secondaire
Universitaire
Niveau de formation
Nom
bre
de ri
vera
ins
1 2 3 4
22
Niveau de formation Nombre % totalAucun 40 51.94
Primaire 25 32.47Secondaire 9 11.69
Universitaire 3 3.90Total 77 100
Source: Enquête de l’auteur, (février 2007)
3.2.3- Santé
La ville des Cayes est dotée d’un nombre relativement faible d’infrastructure médicale publique
tenant compte de sa forte population. En effet, elle dispose de quatre (4) hôpitaux, quatre (4)
centres de santé, et de deux (2) dispensaires et 8 cliniques privées. L’un de ces dispensaires,
Lakay Timoun Bon Diye, est localisé dans la région de l’Islet. Les patients, pour les cas
compliqués, se rendent à l’Hôpital Immaculée au centre de la ville. Selon les informations
fournies par nos enquêtes et deux (2) agents de santé de la zone, la malaria et la typhoïde sont les
maladies les plus courantes. Elles y sévissent à l’état endémique. C’est, en fait, la conséquence
du mauvais drainage de la zone et de la consommation d’eau polluée.
3.2.4- Secteurs d’activités
Selon nos enquêtés, la pêche est la principale activité au niveau de la zone de l’Islet. Ainsi, elle
contribue à augmenter les revenus des ménages, quoiqu’elle demeure une activité de faible
productivité. A part l’agriculture, les habitants pratiquent d’autres activités économiques comme
l’ébénisterie, la maçonnerie, la couture, le transport public, le commerce, etc. Ces riverains,
surtout d’origine des communes avoisinantes, vivent des fruits de mer, de la vente des lots boisés
de palétuviers et du transfert de la diaspora pour ceux qui ont des proches à l’étranger.
3.2.5- Cadre institutionnels
3.2.5.1- Organisations étatiques
Les organisations étatiques ne sont pas remarquées dans la zone de l’Islet. La population qui y
loge est privée de toutes sortes de services publiques (état civil, contributions, tribunal de paix,
etc.). Pour avoir accès à ces services, les citoyens doivent se rendre au centre de la ville des
Cayes.
3.2.5.2- Organisations non gouvernementales
Actuellement, on remarque dans la zone de l’Islet la présence de la MINUSTAH (Mission des
Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti), de l’EPPLS (Entreprise Publique de Promotion des
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 23
Logements Sociaux), de l’OIM (Organisation International pour la Migration) et de la CARITAS
dont le domaine d’intervention est le microcrédit et l’assistance en urgence aux riverains victimes
après le passage des intempéries. Les deux (2) premières œuvrent dans le domaine de la
construction, la MINUSTAH qui a édifié six (6) latrines qui ne sont pas utilisées jusqu’à date et
l’EPPLS qui construit des maisons pour affermer aux riverains à des prix dérisoires. La OIM qui
intervient dans le domaine d’infrastructure et de l’approvisionnement en eau potable.
3.2.5.3- Organisations sociales
On trouve dans la zone de l’Islet quelques groupements tels OTAS (Oganisasyon Tèt Ansanm nan
Savann), ITAK, Gwoupman fanm nan Savane. Ces groupements d’effectif d’une vingtaine à une
centaine de riverains orientent leur débat autour du développement communautaire et de la
politique surtout à l’approche des joutes électorales. La mangrove ne fait jamais l’objet d’un point
de discussion, malgré sa dégradation. Et le grand problème de ces organisations reste et demeure
la non-structuration.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 24
4.- MATERIELS ET METHODES
4.1- Matériels utilisés
Notre travail a nécessité pour sa réalisation les matériels suivants:
Une carte topographique datant de 1956 et un orthophotoplan de 2002 à l’échelle 1/100000
pour évaluer la superficie de la mangrove de l’Islet;
Un GPS (Global Position System) pour la localisation de la mangrove;
Un camera numérique pour les prises de vue;
Logiciels utilisés: Word, Excel et Arcview pour le traitement des images satellitaires;
Des photos aériennes pour l’observation du relief et la vitesse de la dégradation de la
mangrove.
4.2- Méthodes de travail
La méthodologie est orientée vers le traitement d’une carte topographique et d’un
orthophotoplan, des données pluviométriques, vers une consultation des documents existant sur
le thème étudié et une analyse physique de laboratoire de l’eau de la mangrove. Les travaux de
terrain sont axés sur des visites de sondage, des travaux de vérification et des observations
personnelles lors de nos enquêtes.
4.2.1- Consultation documentaire
Lors de cette étape, des documents comme les ouvrages, les articles, les revues, les journaux
traitant de l’urbanisation, de la croissance démographique, de la pollution de l’eau, des effets de
déchets solides, des effluents sur l’environnement des zones humides et côtières et, en bref, des
écosystèmes naturels ont été examinés dans le but de rassembler, de traiter et d’interpréter les
données qui se rapportent aux domaines d’intervention. Cette étude s’est manifestée de façon
fondamentale pour la maîtrise de certains termes et la collecte des informations des différents
aspects physiques et socio-économiques de la zone cible.
4.2.2- Cartographie et photo interprétation
Les données cartographiques et l’interprétation des photos nous ont permis de collecter les
premières informations sur la zone de l’Islet, de délimiter la mangrove et connaître sa superficie.
Elles nous ont permis d’observer l’état de la Mangrove à un moment donnée et l’état
aujourd’hui.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 25
4.2.3- Relevés satellitaires
Ces relevés ont permis d’observer l’évolution de la mangrove pendant une durée de 47 ans, soit de
1956 à 2002. Les relevés satellitaires proviennent de l’UTSIG et nous présentent des cartes à une
échelle de 1/1000000 qui ont été reproduites à l’échelle 1/25000 pour former nos propres cartes
(voir figure 6).
4.2.4-Visite exploratoire
En vue de comparer les données documentaires à celles du terrain, trois (3) visites exploratoires ont
été réalisées dans la zone sous-étude le 8, 16 juillet entre 7 et 10 heures du matin et le 28 juillet
2007 entre 3 et 6 heures de l’après-midi. L’opportunité nous a été offerte de contacter des
personnes ressources, de les informer de l’objectif de notre travail et de manière informelle
d’interviewer une vingtaines d’habitants de la zone afin de les sensibiliser pour les démarches
futures que nous aurons à mener au cours de notre étude.
4.2.5- Échantillonnage
L’aire d’étude est subdivisée en cinq (5) sites dont Bas-l’Islet, Cité EPPLS, la zone de Massey, la
Tourterelle et Ti-Coq. La zone sous études compte 768 maisons dont 10% ont été enquêté en
tenant compte de la densité des maisons dans les différentes zones de la Savane. Ainsi, on a pu
constituer un échantillon de façon raisonnée dans chaque zone pour pouvoir toucher des adultes
et des anciens dont la mémoire peut remonter à environ 50 ans. Le chef du ménage ou son
représentant a été interrogé dans chaque bâtiment. A cette fin, il a été pris de manière résonnée 50
habitants là où la densité est plus élevée (Cité EPPLS), 11 habitants à l’endroit où elle est
moyenne (La Tourterelle et Ti-Coq), 8 habitants dans la zone de Massey, 8 habitants au Bas l’Islet
là où la densité est faible. Ce procédé nous a permis de recueillir des données suffisamment
crédibles auprès de 77 habitants (cf. tableau 4)
Tableau 4: résumé de l’échantillonnage
Zones Densité de maisons Nombre d’habitants à enquêterEPPLS Elevée
50150
La Tourterelle et Ti-Coq Moyenne115
11
Zone de MasseyBas l’Islet
Faible7775
88
Total 768 77Source: Enquête de l’auteur
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4.2.6- Collecte des données sur le terrain
Vingt-deux (22) jours après les visites de reconnaissance, soit le 20 aout 2007, une enquête a été
menée formellement pendant deux (2) semaines en vue d’interroger la population en question.
Appuyée sur des rencontres concertées, cette enquête a offert l’opportunité de mieux connaître
l’exploitation sous-étude, les différentes manières dont elle intervient pour modifier la mangrove de
l’Islet et quelles sont les mesures faut-il prendre pour freiner la dégradation de cet écosystème
naturel qui s’empire. En ce temps, nous avons profité de réaliser une quinzaine de photos dans les
zones de mangroves les plus directement dégradées.
4.2.7- Traitement et analyse des données
Les informations recueillies dans les questionnaires ont été groupées dans des tableaux, puis
traitées par le biais du logiciel WORD, EXCEL et ARCVIEW.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 27
5- RÉSULTATS ET DISCUSSION 5.1- La mangrove, un écosystème naturel original à proximité de la ville des Cayes
5.1.1- Les espèces végétales
Malgré les pressions exercées par les riverains sur ces écosystèmes naturels, la mangrove représente
un couvert boisé selon nos observations personnelles et les deux photographies aériennes recueillies
de la UTSIG: une carte topographique datant de 1956, et un orthophotoplan réalisé en 2002.
Lors de notre enquête, nous avons répertorié quatre espèces de palétuviers au niveau de la
mangrove.
Tableaux 5: Classification de la végétation de la mangrove de l’Islet pour une superficie
de 50 m 2
Genre Espèce Famille Nom commun Superficie de 50 m2 Zone dense Zone moins dense
Rhizophora mangle Rhizophoraceae palétuvier rouge 160 44 Avicennia germinans Avicenniaceae palétuvier noir 203 146Laguncularia racemosa Combretaceae palétuvier blanc 212 105Conocarpus erectus Combretaceae palétuvier gris 198 97Source : enquête de l’auteur (février, 2008)
Nous avons mesuré leur densité au niveau de deux zones respectives, une dans laquelle les
mangliers sont détruits par les charbonniers ou naturellement et une autre où la végétation est plus
ou moins normale. Ainsi, nous avons constaté que les différences de densités sont beaucoup plus
élevées pour les palétuviers rouges et gris. Elles sont moindres pour les deux autres noirs et blancs.
En effet, la densité varie de 32.000 à 42.400 palétuviers/ha pour les zones densément peuplées et
dans les zones faiblement peuplées, elle varie de 8.800 à 29.200 arbustes/ha.
Chacun de ces palétuviers pousse à une place déterminée :
Les palétuviers constituent une sorte de rideau, barrière ou écran naturel qui protège les zones
avoisinantes contre les raz-de-marée et les assauts des tempêtes. Le palétuvier rouge, encore appelé
espèce colonisatrice, est le moins résistant à la salinité et le moins peuplé. Il se développe en bord
de mer. Le palétuvier noir qui est le plus abondant, se développe juste en arrière suivi des
palétuviers blancs.
Enfin croissent les palétuviers gris qui ne sont pas adaptés à l'immersion mais, qui supportent une
salinité très élevée. C’est la raison pour laquelle, en allant du côté Est de la rivière de l’Islet, on peut
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 28
constater des milliers de palétuviers gris desséchés après le passage des intempéries. Tel est le cas
enregistré dans la mangrove de l’Islet au niveau de la zone peuplée de palétuviers gris, après le
passage des cyclones Gustave et Anna respectivement le 26 Août et le 02 septembre 2008. Cette
diversité en type de palétuviers constitue une richesse écologique pour la mangrove. Toutefois nous
ne disposons pas de données scientifiques à l’échelle nationale nous permettant de la comparer à
d’autres sites de mangrove du pays.
5.1.2- Les espèces animales
Pendant toute la durée de l’étude, la région était surtout prédominée par une espèce de poule d’eau
identifiée localement selon la tournure vernaculaire sous le nom de «poul dlo». D’après les
riverains, elle est présente toute l’année. Le tableau ci-joint présente la liste des oiseaux vivant dans
la mangrove temporairement ou en permanence.
Tableau 6: Liste de l’avifaune de la mangrove de l’Islet
Genre Espèce Famille Ordre Nom créole Nom français Séjour dans la mangrove
Gallinula chloropus Ralidae Gruiformes Poul dlo Poule d’eau **Fileca caribean Ralidae Gruiformes Poul dlo tèt
blanchFoulque *
Podilymbus
podiceps Podicipedidae Podicipilifomes Plonjon Grand plongeon *
Butorides virescens Ardeidae Circoniiformes Ti Krabye Crabier **Aix sponsa Anatidae Ansériforme Kana Mawon Canard Branchu *
Source : Enquête de l’auteur, (février 2008)
Légende: **Permanence *: Temporairement
En dépit des nombreux écoservices que leur procure la mangrove par exemple la purification de l’air
et de l’eau, la détoxication et la décomposition des déchets, la régulation du climat, la production et
le maintien de la biodiversité, 8 riverains sur 77, soit 10.4 % des personnes interrogées, pratiquent
l’élevage du gros et menu bétail et des volailles au sein de la forêt marécageuse de palétuviers (cf.
tableau 7).
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 29
Tableaux 7: Espèces d’élevage rencontrées dans la mangrove
Espèces Abondance Mode d’élevageGros bétail + (7) A la corde
BovinsPetits bétail +++ (22) Libre et à la corde
CaprinsPorcins ++ (14) Libre, à la corde, en stabulation entravée
Volailles - - (60 poules et 6 canards
LibrePoules, canards
Source : Enquête de l’auteur, (février 2008)
Légende : +++ Abondant ++: peu abondant
+ : très peu abondant - -: insignifiant
Les chiffres entre les parenthèses indiquent le nombre de têtes de bétails rencontrées dans la
mangrove. Le nombre de volailles (66) est insignifiant par rapport aux gros et petits bétails
respectivement Bovins (7), Caprins (22), Porcins (14) quand on met l’emphase sur la quantité de
dégâts que chacune de ces espèces peut causer dans l’environnement de la mangrove. Par exemple,
selon nos constats, un bovin ou un porcin ligaturé au sein de la mangrove peut causer des dégâts
considérables. Les animaux sont élevés libre (cf. Photo 1) ou attachés à la corde (cf. Photo 2) et
(cf. Annexe B, photo 1).
Photos 1 :Elevage de porc libre Photos 2 : Elevage de bovin à la corde
Ces bétails peuvent provoquer de grands dommages lorsqu’on ne contrôle pas leurs effets sur les
écosystèmes de mangrove. Ils peuvent effectivement casser de grosses branches de palétuvier et
même déraciner des jeunes arbustes de mangrove sur leur passage. En outre, les porcins et les
bovins sont les animaux qui endommagent le plus la mangrove, car ils sont pour la plupart élevés à
la corde au sein de cet écosystème.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 30
Après le passage de ces animaux, il faudra à la mangrove plus d’une dizaine d’années pour se
remettre des dommages causés selon nos enquêtés. Par conséquent, les autorités municipales
devraient prendre les mesures nécessaires pour interdire l’élevage dans la ville et les zones fragiles
en particuliers.
5.2- La pollution de la mangrove de l’Islet
5.2.1- Un écosystème qui a évolué depuis ces 50 dernières années
Les autochtones les plus âgés interrogés nous ont dit que la mangrove existait déjà bien avant les
années 1956. Lors, elle occupait une superficie d’environ 122.111 (cf. figure 5). A cette époque,
elle se développait seulement à la partie Est de la rivière de l’Islet où elle ne subissait généralement
aucune pression d’origine humaine pouvant porter atteinte à son intégrité écologique. A cette
époque, la pollution la plus marquée était d’origine naturelle.
Figure 5:Délimitation de la mangrove de l'Islet, année 1956
La mer
Par ailleurs, après les années 1978, il y a eu une inondation dans la région des Cayes qui a
occasionné l’entrée de l’eau de mer au niveau de La Savane. Puisque certaines espèces de
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 31
mangrove comme l’Avicennia et plus particulièrement le rhizophora peuvent produire une grande
quantité de propagules nommées embryons ou plantules qui sont capables de migrer sur de longues
distances au gré des marées. De plus, l’abondance d’embryons produits par les plantes-mères est
propagée grâce aux marées. Les plantules s’établissent et se développent à l’endroit où sont
déposés de nouveau sédiments dans la vasière de La Savane qui existait avant les années 1956
selon la mémoire des vieillards et la carte topographique de 1956. D’où la formation d’un
écosystème original de mangrove évalué à 8.933 ha à l’Ouest de la rivière de l’Islet dans la vasière
de La Savane qui était, dans les années 1956, d’une superficie d’environ 13.829 ha. Ces deux
écosystèmes constituent alors la mangrove de l’Islet (cf. figure 6).
Figure 6:Délimitation de la mangrove de l'Islet, année 2002
Or, ces deux photos aériennes (la carte topographique de 1956 et l’orthophotoplan de 2002)
prélevées de la UTSIG ne nous permettent pas d’évaluer la dégradation de l’écosystème de la
mangrove de l’Islet. Car jusqu’en 2002, au moment de la dernière couverture aérienne du pays, la
mangrove était encore florissante et accusait une superficie d’environ 130 ha (cf. figure 6). A partir
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 32
des années 2003, la ville des Cayes a connu une explosion démographique, ce qui entraîne de
profonds changements dans la zone de l’Islet. Selon les anciens, les constructions anarchiques au
niveau de la mangrove ont intensifiée au cours des années 2003-2008 à la faveur des troubles
sociopolitiques des chefs de groupements de la zone qui ont investi les mangroves et l’ont
transformées en lotissement. Et depuis, la mangrove tend à disparaitre de façon spectaculaire.
Il faut aussi mentionner que le Fort l’Islet qui avait pour rôle du temps de la colonie de surveiller
les cotes, se trouve actuellement à plus de 100 mètres de la côte au niveau du plateau continental.
Ce fait prouve l’existence d’une érosion marine plus ou moins agressive.
Cette érosion marine, si elle n’est pas maîtrisée par des mesures de correction appropriées risque à
terme de menacer l’intégrité de la partie basse de la ville des Cayes (zone La Savane). D’où
l’importance de sauvegarder et de renforcer cet écosystème qui constitue une barrière naturelle
contre l’effet des vagues et des marrées.
Commencent alors les pressions d’origine humaine : les déchets solides s’accumulent de plus en
plus sur ces écosystèmes de mangrove par une population en moyenne 6 personnes par famille. A
l’heure actuelle, cette pollution est beaucoup plus marquée par la prolifération des lotissements aux
abords et dans la mangrove. Donc, le processus de dégradation de la mangrove s’accélère. La
quantité de détritus produits par famille est estimée en moyenne à 3,6 kg/jour (enquête de l’auteur).
Cependant, la mairie n’arrive pas à déterminer la quantité de déchets produits par les riverains du
fait qu’elle n’assume pas ses responsabilités de ramassage des ordures au niveau de la zone de
l’Islet, il y a environ 8 ans selon nos enquêtés.
5.2.2- Une pollution physique observable et quantifiable.
La mangrove de l’Islet est marquée par une pollution physique très poussée. Elle est égale à 14
kg/m2 (enquête de l’auteur), soit 140,000 kg/ha. Tous les riverains avouent qu’ils déversent leurs
déchets solides au sein de la mangrove (cf. photo 4). Lesquels abandonnés dans les forêts de
palétuviers peuvent être classés comme suit:
ordures ménagères : déchets dégradables de l’alimentation ;
détritus : combustibles (comme le papier, le bois et le tissu) ou non combustibles
(comme le métal, le verre et la céramique) ;
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 33
cendres : résidus de la combustion de combustibles solides ;
déchets volumineux : débris de démolition et de construction et arbres ;
cadavres d’animaux ;
déchets agricoles : fumier d’animaux de ferme et résidus de récolte ;
polluant plastique : sachets, contenant de gina, tampico, etc.
En effet, les constructions dans la mangrove sont mal planifiées et constituent de problèmes sérieux
pour l’environnement des palétuviers. Les eaux usées sont directement déversées dans les plans
d’eaux (Moro et Tagène). Ce qui traduit l’altération de la qualité de l’eau. Ces plans d’eaux
gravement pollués peuvent avoir un impact important sur la mangrove en les faisant perdre toutes
ses valeurs pour les processus de pêche.
L’un des signes les plus dégradant contre la mangrove est que 95% de nos enquêtés, soient 73
foyers ne disposant pas de latrines ou n’ayant pas d’accès aux six (6) latrines édifiées par la
« MINUSTAH » en 2005, utilisent la mangrove pour leurs défections (cf. Photo 3).
Photos 3 :Riverain faisant ses défections dans la mangrove.
Par ailleurs, 98 % des 73 foyers interrogés ne possédant pas de latrines souhaiteraient en avoir. Ils
sont bien conscients des bienfaits hygiéniques de telles structures. Cependant, faute de moyens, ils
ne peuvent en installer. De plus, d'après nos entretiens, la majorité attend qu'une ONG ou que l'État
leur mettent en place des latrines. Ils ont une attitude passive au lieu d’agir eux-mêmes.
La mangrove a la capacité de tolérer des quantités énormes de nutriments, or les matières fécales,
les eaux usées des établissements urbains, et tous les effluents qui nécessitent des taux importants
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 34
d’oxygènes dissous sont à base de la disparition des poissons, des crevettes, des crabes, etc. et de la
propagation des gaz nocifs tel sulfure d’hydrogène très toxique pour la faune aquatique.
5.2.3.-Pollution des eaux de la mangrove de l’Islet
5.2.3.1.-Analyse de l’eau des mangroves
Pour l’analyse de l’eau de la mangrove, nous avons fait 1 prélèvement d’1 litre d’eau dans chaque
site peuplé de palétuviers le 16 juillet 2007 : la mangrove de Moro à 10 heures 30, celle de Tagène
à 11 heures 5 et celle de Massey à 11 heures 45. Dans ce travail, nous avons tenu compte des
caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques de l’eau. C’est dans ce contexte que les
analyses de laboratoire ont relevé le degré de concentration de ces eaux, leur pH, la turbidité, et la
quantité de bactéries se trouvant dans l’eau situant sur le site d’intervention.
Cette analyse a été réalisée par l’Entreprise Administración de las Obra Sanitarios del Estado
(AOSE) qui travaille pour la MINUSTAH.
Tableaux 8: Résultat de l’analyse physique de l’eau des différents sites de la mangrove
Eau bruteMangrove Turbidité en UTN Concentration en m.éq/g/l PH Bactéries
Moro 400 240 5.1 Hautement contaminéeTagène 13.7 190 7.1 Escherichia Coli MPOMassey 13.7 230 7.6 Escherichia Coli MPO
Sources (AOSE, 16 juillet 2008)
« Si la concentration d’une eau est inférieure à 5,0 m.éq/gr/l, l’eau est de faible concentration, pour
une fourchette de 0,5 à 5,0 m.éq/gr/l, la concentration est moyenne et supérieure à 5,0 m.éq/gr/l, la
concentration est élevée » (Pascal Renaud et Al, 2006). La concentration des eaux des mangroves
de Tagène, Moro et Massey est hautement élevée car, elle a cependant des écarts très larges par
rapport à 5.0 m.éq/g/l.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 35
Pour une turbidité, d’après (METROMED, 2006) comprise entre 5 - 50 Unité de Turbidité
Néphélométrique (UTN), l’eau est légèrement trouble, de 50 –500 UTN, l’eau est trouble et une
turbidité supérieure à 500 UTN caractérise une eau extrêmement trouble. Mais les turbidités
standards sont de 5 UTN, 50 UTN et 500 UTN. Les eaux des mangroves de Tagène et de Massey
ont une turbidité se situant dans une fourchette de 5-50 UTN, soient 13,7 UTN chacune, cela
traduit qu’il y a une faible quantité de matières en suspension qui rend les eaux de ces mangroves
légèrement troubles. La lumière peut donc traverser ces eaux sans trop grande difficulté. Or, la
turbidité de l’eau de la mangrove de Moro est de 400 UTN et se trouve dans l’intervalle de 50 –
500 UTN qui est l’indice d’une eau trouble. L’eau de cette mangrove est caractérisée par une
grande quantité de matières en suspension qui rend difficile la pénétration de la lumière. Toutefois,
La limpidité des eaux est un facteur écologique important. Dans une eau claire; " 40% des rayons
Ultra Violet conservent un pouvoir désinfectant à 1 m de profondeur " (Pascal Renaud et Al,
2006). La turbidité réduit fortement ce pouvoir.
Le pH de la mangrove de Moro est à la limite du niveau tolérable pour la survie de plusieurs
espèces aquatiques comme les anguilles, les crabes, etc., car " le pH optimum se situe entre 6.0 et
7.2 ; un pH inferieur à 5.0 est trop bas en raison de son effet sur la dissolution des métaux lourds et
de la toxicité du sulfure de sodium, tandis qu’un pH supérieur à 8.0 augmente les risques de
toxicité ammoniacale" (Université Laval, 1996). Ainsi des mesures devraient être prises pour le
traitement des eaux usées avant leur rejet dans la mangrove.
5.2.4.-Des riverains inconscients de sa richesse écologique
D’après l’entretien que nous avons réalisé avec nos enquêtés, 95 % ne savent pas ce qu'est
l'environnement. A la question" qu'est-ce que l'environnement pour vous" ils répondent que c’est
un endroit pour déverser leurs déchets (cf. photo 4).
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 36
Photo 4 : polluants plastiques et ordures ménagères déversés dans la mangrove
Ils sont donc totalement en décalage avec la réalité. En effet, ils coupent les arbres sans se rendre
compte qu'ils sont responsables de la déforestation.
En outre, ils sont inconscients de la richesse écologique de la mangrove. Ils ne reconnaissent pas
que la mangrove, en tant que capital naturel peut fournir des services écologiques tels que la
purification de l’air et de l’eau, la détoxication et la décomposition des déchets, la régulation du
climat, la régénération de la fertilité du sol, ainsi que la production et le maintien de la biodiversité.
De plus, elle peut servir pour eux un écran naturel pouvant atténuer la vitesse du vent et les raz-de-
marée. En effet, c’est une population dans laquelle les instances concernées doivent faire un
travail de mobilisation et de conscientisation dans le domaine environnemental avec emphase sur
la mangrove.
5.3- Assainissement
5.3.1- Drainage des eaux pluviales
Le réseau de drainage de la zone de l’Islet est quasi inexistant. L’écoulement des eaux pluviales se
fait à même la chaussée et le long des caniveaux.
L’absence de drainage se fait particulièrement sentir lors des inondations causées par la Ravine du
sud et la Rivière de l’Islet.
Dans les rues possédant un canal de drainage, l’écoulement des eaux se fait difficilement à cause de
la faible différence du niveau existant entre la ville et la mer. Par ailleurs, les canaux sont remplis
de détritus qui sont très irrégulièrement ramassées par la Mairie. Cependant, au cours de cette étude
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 37
la mairie n’a été présente pas même une fois pour le curage des canaux. Ces canaux sont pour la
plupart en terre battue. Ce qui fait que l’écoulement des eaux se fait très lentement, et l’on peut
remarquer la formation des mares stagnantes et malodorantes qui sont de véritables marécages à
moustiques.
5.3.2- Ramassage des ordures
Le ramassage des ordures relève de la Mairie de Cayes et du Service d’Hygiène (SH) du MSPP.
Ces deux (2) institutions se disent qu’elles ne disposent pas de matériels suffisants pour effectuer ce
travail. Pourtant, la mairie des Cayes possède deux camions de 12 m3 et un camion de 5 m3 pour
l’évacuation de 120 m3 de déchets par jour.
Or, nos enquêtés notent qu’il y a plus de cinq (5) ans la Mairie ne déverserait pas de déchets urbains
au niveau de tourterelle et de Bas-l’Islet. Depuis, ils n’ont jamais observé la présence des camions
de voiries pour l’évacuation des ordures de toutes sortes abandonnées dans la mangrove, à travers
les rues et dans la plage de la Tourterelle. Par ailleurs, selon une entrevue que j’ai eue avec
l’ingénieur chargé de fournir des informations au niveau de la mairie, celle-ci dépense une somme
qui oscille les 293.905 gourdes et 358.905 gourdes le mois, soit une moyenne de 194.105 gourdes
par rapport à un budget qui reste catégoriquement non souligné.
5.3.3- Évacuation des déchets fécaux
L’évacuation des déchets relève de la Direction Départementale du ministère de la Santé Publique
et de la population (DDMSPP). Pourtant ce personnel est insuffisant et le matériel inexistant. Le
curage des fosses se fait à bras d’homme et à bras, l’aide des sceaux et les lieux de dépôts ne sont
pas souvent appropriés. En outre, ce service desservait moins de la moitié de la population urbaine
en 1982.
Vers le début des années 1980, un programme conjoint UNICEF/MSPP a permis la réalisation des
milliers de latrines aux Cayes et dans ces environs, mais pas le quartier de la Savane. Au niveau de
cette dernière, les gens satisfont leur besoin physiologique n’ importe où. Il est important de faire
très attention en foulant les zones de mangrove pour ne pas écraser des matières fécales fraîchement
déposées ou abandonnées sur le terrain depuis des jours.
5.4- L'Agriculture, une activité qui se pratique aux dépens de la Mangrove
6.5 % de riverains soit 5 riverains sur 77, reconvertissent des terrains de la mangrove en des
parcelles agricoles de 100 m2 environ pour se procurer de denrées. Ces terrains ne constituent pas
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 38
une empreinte écologique car, ils sont insignifiants et ils ne sont pas biologiquement productifs et
ne peuvent non plus pourvoir aux besoins de cette population. Ces riverains ont parfois échoué
dans ce processus étant donné que les cultures sarclées (cf. tableau 9) ne tolèrent presque pas la
salinité. Or, contrôler cette dernière n’est pas chose facile. Ils ont enfin perdu leur petit
investissement.
Tableaux 9: Cultures sarclées à coté et dans la mangrove
Dans la mangrove
Types de cultures Nom scientifique Calendrier culturalMaïs Zea mays Toute l’année
Patate douce Ipomea batatas Toute l’annéeManioc Manihot utilisima Toute l’année
A coté de la mangrove Riz Orisa sativa Toute l’annéeMalanga Colocacia esculenta Toute l’année
Source : Enquête de l’auteur, février 2008
En effet, les sites de mangroves une fois transformés en des zones agricoles, ne peuvent pas se
remettre de perturbation en raison des modifications intenses apportées dans la composition
chimique et hydraulique du sol survenant suite la reconversion.
De plus, les mauvaises pratiques culturales dans les hauteurs de Camp-Perrin, l’utilisation d’engrais
chimiques et pesticides (chlordane, DDT) en vue d’un meilleur rendement agricole en amont de la
plaine des Cayes, dans des rizières (cf. Photo 5) à coté de l’exutoire de la rivière de l’Islet et des
pesticides dans des cultures sarclées (cf. Photo 6 et 7) dans la mangrove peuvent agir négativement
sur l’écosystème des palétuviers.
Photos 5 :Rizière à coté de la mangrove
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 39
Photos 6 et 7: cultures sarclées dans la mangrove
Ces produits en pénétrant dans la mangrove peuvent détruire la faune aquatique de cette forêt
intertidale et peuvent même atteindre les eaux de l’estuaire et le reste de la côte.
Pourtant, à coté de la méconnaissance de l’importance écologique des écosystèmes de mangrove par
certains habitants de la région de l’Islet, d’autres reconnaissent leur intérêt dans la protection de
cette barrière naturelle. Car, elle joue un rôle d’épurateur de l’environnement, d’écran naturel,
d’habitat de la faune, etc.
5.5- La Pression Urbaine, l'une des principales cause de la disparition de la Mangrove
Aux Cayes dans la région de l’Islet, les riverains construisent sans aucun plan préalable et sans
aucunes règles élémentaires concernant l’alignement (cf. Annexe B, photo 2 et 3). La plupart de ces
habitants qui n’ont pas conscience des avantages et des services fournis par les écosystèmes naturels
vont jusqu’à établir leur demeure au sein de la forêt de mangrove (cf. photo 8). Actuellement, on
identifie 71 maisons aux abords et dans la mangrove.
Photos 8: Construction en cours au sein de la mangrove
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 40
Leur implantation dans cet écosystème a pour résultats le remblayage de la vasière de la mangrove
de l’Islet pour la construction de maisons surtout de type campagnard, la coupe des palétuviers qui
peuvent préserver le reste de la région des assauts des tempêtes, de l’érosion marine, etc. En effet,
l'urbanisation côtière (constructions des maisons, routes...), dans la zone de l’Islet, est réalisée au
détriment de la mangrove. Les remblais sur la mangrove, pour gagner des terrains à coté de la mer,
assurent la modification totale de la mangrove sur l'ensemble de la surface remblayée et perturbent
l’interrelation mer-mangrove.
De plus, la prolifération des agglomérations se fait à un rythme inquiétant (cf. Annexe B, photo 4).
Le manque de revenu de la population met celle-ci en quête des terrains à prix dérisoires ou des
terres du domaine publique non gérées par l’État haïtien en particulier celles bordant la mangrove
ou plus précisément celles se trouvant à l’intérieur des écosystèmes des palétuviers.
Cependant, en Haïti, il revient au MTPTC et les Municipalités de planifier et de gérer le coté
physique des agglomérations urbaines. D’une part, les Municipalités n’ont pas de compétences
techniques pour endosser leurs responsabilités; d’autre part, le MTPTC ne réalise pas de dossier sur
l’évolution de l’agglomération au niveau de la ville des Cayes. Ajoutons à cette sombre situation
que la mairie des Cayes a élaboré un plan d’urbanisation qui a disparu dans les tiroirs de SNEP.
5.6- Le charbon de bois, bois de chauffage et matériaux de construction, des activités récentes qui
accélèrent la disparition de la mangrove
La mangrove qui était considérée dans le temps comme un écosystème insalubre qu’il fallait
éradiquer, représente de nos jours pour 50 % des riverains une source de combustibles, pour 15.1 %
une source de matériaux de construction. C’est ainsi que le bois des palétuviers est utilisé comme
combustible pour les foyers ou pour le fonctionnement des Dry Cleaning, des boulangeries, de la
région des Cayes. Aussi à l’intérieur de la forêt de mangrove, on peut trouver des tas de bois de
palétuviers en vue de construction des fours à charbon (cf. voir Photo 9).
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 41
Photos 9: bois et de feuilles de palétuviers pour la fabrication du charbon de bois
Ce type de charbon est reconnu d’excellente qualité grâce à sa combustion lente et son absence de
fumée. Presque toutes les espèces de palétuviers sont utilisées par les riverains comme bois de feu.
Mais, ont-ils déclaré que le bois de Rhizophora mangle est généralement plus apprécié car, son bois
est lourd, brûle en donnant une chaleur uniforme et peu de fumée.
Les bois de mangrove mélangés avec des roches calcaires peuvent être appliqués dans des fours en
terre pour la fabrication de la chaux par deux (2) de nos 77 enquêtés. Ils représentent également des
matériaux de construction, car ils sont considérés comme durables et résistant aux termites. Ce qui
fait que 12.9 % utilisent le bois de la mangrove comme des poutres et des poteaux pour les cuisines,
les maisons, les porcheries (cf. Photo 10), des piquets pour les clôtures, etc.
Photos 10:
Porcherie construite avec les bois de palétuviers
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 42
Le braconnage du bois dans la mangrove est fréquente, car cette dernière est relativement peu
étendue et située dans des zones fortement peuplées. Souvent, il existe un réseau dense et secret de
canaux qui rend l'extraction facile et le contrôle difficile.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 43
6- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
6.1- Conclusion
Notre travail sur l’effet de la pression démographique sur l’écosystème de la mangrove de l’Islet
prouve de toute évidence les pressions exercées par les riverains sur son milieu biophysique. Ces
pressions exercées sur la mangrove ont atteint leur paroxysme après l’année 2002 lorsqu’on sait que
la population des Cayes passait de 29.826 habitants en 1980 à 48.095 habitants en 2003 pour être
prévue en 2015 à 60.000 habitants. Les riverains interviennent dans la mangrove par la construction
anarchique et l’abandon de déchets solides de toutes sortes (100 %), l’agriculture (6.5 %), l’élevage
des gros et menus bétails et par la coupe des palétuviers pour la combustion (50 %). Or, la carte
topographique de 1956 et l’orthophotoplan de l’année 2002 présentent une croissance de la
mangrove au cours de cet intervalle de temps. La dégradation de cette forêt intertidale commence
après l’année 2002, avec la prolifération des constructions aux abords et dans la mangrove. La
turbidité de l’eau et le pH de la mangrove de Moro est à la limite du tolérable pour la plupart des
espèces de poissons qui se reproduisent dans le plan d’eau.
Ces pressions exercées sur l’écosystème de la mangrove pâlissent déjà le visage de la région. Le
constat est accablant au regard de la démographie sans cesse croissante et de la régression de la
mangrove.
Les actions à poser doivent être vues suivant une perspective globale des points sensibles du
problème de la dégradation des ressources naturelles en déterminant les besoins prioritaires de tous
les secteurs séparément.
Il est urgent de dégager cette conscience collective à l’échelle tant locale que nationale afin de
barrer la route à cette crise qui assombrit le visage environnemental d’une Haïti dont un peu partout,
on voit le squelette.
6.2- Recommandations
En attendant la mise en place d’une politique nationale de gestion des zones côtières et de la
pollution, les actions importantes suivantes doivent être prises en compte:
1. Promotion du système de gestion intégrée de la mangrove, tenant compte des traditions et des
intérêts de la population côtière de la zone de l’Islet.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 44
2. Sensibilisation de toutes les parties concernées par la gestion de la mangrove (communautés et
collectivités locales, ONG, industriels, coopératives d’agriculteurs, de pêcheurs etc.).
Sensibilisation des opérateurs économiques et autres investisseurs sur les liaisons entre
environnement continental et marin, ainsi que sur le développement économique écologiquement
durable. Sensibilisation des populations en amont sur l’impact de certaines de leurs activités de
production (dont les défrichements) sur l’environnement général des populations côtières qui
conduisent à la dégradation de la mangrove.
3. Prise en compte de la sécurisation, la régulation et la diversification de la ressource pour
répondre aux besoins sans porter atteinte aux milieux, avec le souci d'un développement durable
à fin de mieux connaître, de valoriser, de respecter et de protéger ces ressources naturelles en vue
d’une exploitation durable de la mangrove de l’Islet .
4. Création d’un service d’Urbanisme et l’élaboration d’un plan d’urbanisation afin d’éviter la
prolifération anarchique des lotissements aux abords et dans la mangrove de l’Islet.
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 45
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Sites d’internet visités
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La mangrove se développe sur le littoral dans des zones calmes et peu profondes.
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LA MANGROVE
La mangrove a été particulièrement touchée par le passage de l’ouragan Hugo ...
www.vttdesmers.com/ecosystemes/mangrove/mangrove.htm - 23k
la mangrove est une forêt qui empiète sur le domaine marin, la ...
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La mangrove (espèces et répartition)
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Rôle de la Mangrove
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IRD - Audiovisuel
www.audiovisuel.ird.fr/fiches_film/mangrove.htm - 15k
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La mangrove ...
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La mangrove en guadeloupe : faune et flore
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De la vertu de la mangrove et du corail
www.scienceshumaines.com/de-la-vertu-de-la-mangrove-et-du-corail_fr_4895.html - 15k
Dossier - Les pressions : causes de dégradation des récifs ...
www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier255-5.php - 51k
[ruoso-grundmann.com], photographe et reporter naturalistes
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[Hérodote, Revue de géographie et de géopolitique] De l'importance ...
L’urbanisation et l’industrialisation rapide des littoraux et des deltas ...
www.univ-paris8.fr/geopo/herodote_site/article.php3?id_article=232 - 51k
Lurbanisation littorale au Brésil : Ubatuba (So Paulo)
mappemonde.mgm.fr/num1/articles/art04107.pdf
L'évaluation du risque
Nous concluons que la mangrove est menacée par l'urbanisation envahissante et que les sites
industriels devraient être bien contrôlés et même déplacés avant.
www.uqar.uquebec.ca/jpellerin/seme/07_evaluation_risque/evaluation_risque_intro.htm - 42k
DEVELOPMENT GATEWAY SENEGAL - ETAT DE L'ENVIRONNEMENT
www.senegaldeveloppement.com/page_std.php?id=109 - 30k
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 49
Annexe A
THEME: Effet de la poussée démographique sur l’écosystèmes de la mangrove de l’Islet(Ville
des Cayes/ Sud d’Haïti).
QUESTIONNAIRE D’ENQUETE
No:…
Date:…/…/…
Enquêteur: ..............……..
A-Identification de l’habitant
1-Nom:..................Prénom:..................Sexe: M F Age:……
2-Localité/habitation:...............................
3- Etes-vous originaire de la zone ? Oui non
Si oui, depuis quand :……..
3:Niveau d’étude:Primaire Secondaire Universitaire Autre :………………
4-Profession/Activité Principale: …………………………………………………….
5- Nombre d’enfants : ………………………………………………….
6- Avez-vous accès au crédit ? Oui Non
7- Sources de revenu :
Hasard dons d’amis autres
B-Généralité sur le milieu (enquêteur)
1- Type de sol: ..............................................
2-Population/habitat: Dispersé Groupé
3-Piste d’accès/Type: Terre battue Autre
4-Piste d’accès/Type: Etat: bon Mauvais
5- Le climat :
-Mois les plus pluvieux :……………………. Mois les moins Pluvieux :
……………………………
-Température : Minima :……………. Maxima :………………………
-Désastres naturels : Inondations Cyclone tempête autres
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 50
C-Infrastructure et communication
Type Nombre Etat
Ecole Primaire
Ecole secondaire
Eglise
Dispensaire
Aduction d’eau
Route
Groupement
Organisation
Médias (radios, télévisions)
D- présentation du ménage
Nombre de
personnes
Nombre actif Lien avec le
chef du ménage
Formation
académique
Activités
1
2
3
4
5
6
7
E- Soins sanitaires en cas de maladies
Maladies Fréquence Personnes cibles Source de soins
Naturelle Médicale
F- Source d’énergie
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 51
Type Acquisition/prix Utilisation Disponibilité Quantité
G- Intervention de l’agriculture dans la mangrove
1- Travaillez-vous les terres de la mangrove ? Oui Non
Si non /raison :……………………………………………………….
Si oui, pourriez-vous expliquer comment vous transformez le terrain de la mangrove en des
terres agricoles ?
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
2-Avez-vous fait l’usage des pesticides ou d’engrais dans la mangrove ? Oui Non
Si non/ raison : ……………………………………………………………………………...
Si oui, quel type d’engrais ou de pesticides utilisez-vous ? ………………………………...
3-Quels types de cultures pratiquez-vous dans la mangrove ? ………………………………
Types de
cultures Espèces
Nom
scientifique
s
Calendrier cultural
J
F M A M J J A S O N D
Dans la
mangrov
e
A coté de
la
mangrov
e
Raison du choix de ces cultures : …………………………………………………………..
4- Irriguez-vous les terres de la mangrove ? Oui Non
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 52
Si non/raison : ………………………………………………………………………………
Si oui, expliquez le processus : ……………………………………………………………
5-Quels problèmes rencontrez-vous dans l’agriculture au sein de la mangrove?
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
I- Intervention de l’habitat dans la mangrove
1- Depuis combien de temps habitez-vous dans la mangrove ? ………………………………
Comment avez-vous aquis votre terrain ?
Achat Don Mains mises
2- Expliquez le processus par lequel vous convertissez le terrain de la mangrove en zone
constructible :
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
3- Pourquoi faites-vous choix de construire dans la mangrove ?
………………………………………………………………………………………………
4- Où déversez-vous les déchets ménagers ? Dans la rue dans la mangrove Autre :………
-Quels genres de déchets domestiques produisez-vous? ……………………
………………………………………………………………………………………
- Quantité d’ordures produites par jour : ……….. kgr/j (enquêteur)
5- Où déversez-vous les eaux usées domestiques ?
Dans la rue dans la mangrove Autre : ………..
6- Construisez-vous des latrines ? Oui Non
Si oui, où la construisez-vous ? ……………………………………………………………
Si non, où faites-vous vos besoins physiologiques? ………………………………………
7- Où procurez-vous l’eau de boisson ? ………………………………………………….
8- Où procurez-vous l’eau de bain, l’eau de lessive ? ……………………………………
9- Où déversez-vous l’eau après la lessive ? ……………………………………………..
10- Avez-vous vu évoluer ou disparaître la mangrove ? Oui Non
Si oui, expliquez le pourquoi de votre choix :
………………………………………………………………………………………………………
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Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 53
11- Avez-vous entendu parlé d’un projet visant à la protection de cette mangrove?
Oui Non Si oui donnez un peu d’explication sur ce projet.....................................
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12- Etes-vous au courant de l’intervention d’une organisation publique ou privée dans le
domaine de la protection de cet écosystème de mangrove ? Oui non
Si oui,
Types d’organisations Noms Secteurs d’activités
Publiques
Privées
Avez-vous déjà pris part aux activités entreprises ?oui non
13- Connaisez-vous un peu de l’importance de la mangrove?
Oui Non Si oui, donnez quelques
explications : .....................................................................................................................................
..................……………………………………………………………………………...
14- Qui vous a appris son importance?
Expériences Projets Parents Autres :..............
15- Qu’est-ce que l’environnement pour vous ?
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J- Usage direct de la mangrove
1- Coupez-vous le bois de la mangrove ? Oui Non
Si non/ raison : ……………………………………………………………………………...
Si oui, à quelle fin utilisez-vous le bois de la mangrove ? ………………………………….
2- Pratiquez-vous l’élevage dans la mangrove ? Oui Non
Si oui, quelles espèces d’animaux élevez-vous ? …………………………………………...
Comment élevez-vous ces animaux ? Libre A la corde
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 54
3- Est-ce qu’il vous arrive souvent de vendre un animal ou un jardin pour répondre à un besoin
pressant ? Oui Non
4- Pourriez-vous énumérer le non des arbres qui peuplent cette zone ? Oui Non
Si oui, lesquels : …………………………………………………………………………….
5- Pourriez-vous énumérer les espèces d’oiseaux qui vivent temporairement ou toute leur vie
dans la mangrove ? Oui Non
Si oui,
Durée de vie Ordres Noms
scientifiques
Espèces Familles Nom
Créole
Noms
français
Temporairemen
t
En permanence
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 55
Annexe B : Constructions aux abords et dans la mangrove de l’Islet
Photo 1 : porcin ligaturé dans les racines des palétuviers
Photo 2 : Maisons de type campagnard à coté et dans la mangrove
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 56
Photo 3 : Construction au sein de la mangrove
Photo 4 : Agglomération aux abords de la mangrove
Dutervil PIERRE, mémoire de fin d’études, Faculté d’Agronomie, Université Notre Dame d’Haïti, UNDH-FA, Redon, Torbeck, Les Cayes 57