universite d’antananarivo departement economie …

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCI OLOGIE

DEPARTEMENT ECONOMIE

MÉMOIRE DE FIN D’ETUDE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME

D’ETUDES APPROFONDIES (DEA)

OPTION ECONOMIE PUBLIQUE ET SOCIALE

Année Universitaire 2011 - 2012

LIENS ENTRE L’ELECTRICITE ET LES CONDITIONS DE VIE DANS LE MONDE RURAL

Cas de la biomasse de la commune rurale d’Anjiajia

Par RAZAFIMAHERY Aquine

Président du jury : Monsieur Eric Thosun MANDRARA – Maitre de Conférence

Encadreur : Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza – Maitre de Conférence

Examinateur : Monsieur Mamy Raoul RAVELOMANANA – Maitre de Conférence

Présenté le 27 Aout 2013

SOMMAIRE

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : CONTEXTE ET CADRAGE THEORIQUE ............................................. 6

I. ELECTRIFICATION RURALE A MADAGASCAR .................................................................... 7

I.1. Contexte sur l’électrification rurale à Madagascar ....................................................................... 7

I.2. La problématique de la pauvreté énergétique ............................................................................. 11

I.3.Le lien entre électrification rurale et réduction de la pauvreté ..................................................... 14

I.4. Justification du choix de la zone d’étude .................................................................................... 18

II. CADRAGE THEORIQUE ........................................................................................................... 21

II.1. L’approche de capabilité de Sen ou la liberté d’agir et d’entreprendre ..................................... 21

II.2. Notion de Développement Durable ........................................................................................... 26

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RES ULTATS ..................... 30

I. IMPACT DE L’ELECTRIFICATION SUR LE MILIEU RURAL .............................................. 31

I.1. L’électrification et l’accroissement de l’économie agricole ....................................................... 31

I.2. Conservation et transformation des produits agricoles ............................................................... 32

I.3. Électrification et développement des activités de services ......................................................... 33

I.4. Régression de l’exode rural ......................................................................................................... 35

II. LES RESULTATS OBTENUS SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES DANS LA

ZONE D’ETUDE .................................................................................................................................. 36

II.1. Cas des ménages raccordés ........................................................................................................ 36

II.2. Cas des ménages non raccordés ................................................................................................. 40

II.3. Le prix de l’électricité ................................................................................................................ 42

II.4. Conclusion ................................................................................................................................. 42

III. COMPARAISON DES REVENUS DES PERSONNES RACCORDEES AU RESEAU ET LES

NON RACCORDEES ........................................................................................................................... 43

III.1. Comparaison des revenus moyens des ménages raccordés et non raccordés ........................... 43

III.2. Etude des types d’activités de la population dans la commune ................................................ 44

III.3. Relation de causalité entre accès à l’électricité, revenu et condition de vie ............................. 46

IV. RELATION ENTRE L’UTILISATION DE L’ELECTRICITE PAR LES ETABLISSEMENTS

PUBLICS ET PRIVES ET LES AMELIORATIONS APPORTES DANS LEURS SERVICES ........ 47

IV.1. Les domaines d’étude ............................................................................................................... 47

IV.2. Relation de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services offerts dans les

établissements publics et privés ........................................................................................................ 50

V. MISE EN PERSPECTIVE DES ASPIRATIONS DE LA POPULATION .................................. 51

V.1. Pour les ménages ....................................................................................................................... 51

V.2. Pour les établissements publics et privé .................................................................................... 53

VI. RELATION ENTRE LA THEORIE DEBATTUE ET LES RESULTATS OBTENUS ......... 54

VI.1. L’aspect économique ............................................................................................................... 55

VI.2. L'aspect social .......................................................................................................................... 56

VI.3. L'aspect environnemental ......................................................................................................... 56

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................ 57

ACRONYMES

ADER : Agence de Développement de l’Electrification Rurale

BIOENERGELEC : Biomasse énergie pour la réduction de la pauvreté par l’électrification

rurale décentralisée

CASIELEC : Compagnie d’Amélioration et de Soutient de l’Electricité

CEG

CSB

: Collège d’Enseignement General

: Centre de Santé de Base

CSP : Catégories Sociaux-Proféssionnels

EPP

FOFIFA

: Ecole Primaire Publique

: Foibe Fikarohana amin’ny Fampandrosoana eny Ambanivohitra

(Centre national de la recherche appliquée au développement rural)

ERD

CIRAD

: Electrification Rurale Décentralisée

: Centre de Coopération Internationale de recherche agronomique pour le

développement

Ha

JIRAMA

: Hectare

: JIro sy RAno Malagasy

Km

KWH

: Kilomètre

: Kilowattheure

MW : Mégawatt

MWh : Mégawatheure

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OTIV : Ombon-Tahiry Ifampisamborana Vola

PPN : Produits de Première Nécessité

RN : Route National

w/m²

: Watt par mettre carré

GLOSSAIRE DES MOTS MALGACHES

Baiboho : Terre alluvionnaire, terre fertile de décrue

Dahalo : Bandits de grands chemins surtout spécialisés en vol de zébus.

Fokontany : Ancienne délimitation administrative correspondant au village

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : La situation d’électrification des communes rurales: .............................................. 9

Tableau 3 : Les commerçants d’Anjiajia .................................................................................. 45

Tableau 4 : Autres types d’activités commerciales .................................................................. 46

Tableau 5 : Taux de réussite en CEPE avant et après l’électrification du village .................... 48

LISTE DES SCHEMAS

Figure 1 : Capabilités, fonctionnements et bien-être................................................................ 24

Figure 2: Fonctionnements accomplis et potentialités ............................................................. 25

Figure 3 : Représentation du développement durable .............................................................. 27

Figure 4 : Les revenus moyens des ménages ruraux d’Anjiajia ............................................... 43

Figure 5 : Schéma de causalité entre accès à l’électricité, revenu et conditions de vie ........... 46

Figure 6 : Schéma de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services offerts 50

Figure 7 : Les avantages de la Biomasse ................................................................................. 55

REMERCIEMENTS

Je tiens à exprimer mes sincères et vifs remerciements à tous ceux qui ont, de près ou de loin

contribué à l’élaboration de ce mémoire.

Plus particulièrement à:

� Monsieur RAKOTOARISON Rado Zoherilaza pour son encadrement et sa disponibilité

� Le département Economie de la faculté de Droit, de Gestion, d’Economie et de Sociologie

� Tous les villageois d’Anjiajia à Madagascar ;

� Ma famille.

1

INTRODUCTION

2

Madagascar est un pays riche en ressources susceptibles d’être exploité et d’amélioré les

conditions de vie de la population tels les faunes, les flores, le sol, la variété du climat.

L’agriculture étant l’activité la plus dominante, de nombreuses opportunités méritent d’être

considérées.

Mais des défis sont à relever. Le plus pernicieux de ces défis est la pauvreté, qui se caractérise

aussi par une pratique culturale uniquement basée sur la traction humaine et quelques rares

fois appuyée par la culture attelée, entraînant ainsi une faible productivité agricole malgré

l’abondance de la terre qui est le capital principal dans le domaine de l’agriculture. Il faut

donc offrir aux paysans, moteurs principaux de notre économie des moyens leur permettant

d’augmenter leurs productivités à long terme.

Tout comme la pauvreté en général, l’impact de la pauvreté énergétique sur le milieu rural à

Madagascar est très accentué. Les difficultés d’accès des populations rurales aux services

électriques semblent hypothéquer leurs efforts visant l’amélioration de leurs conditions de vie.

Ce qui constitue un handicap pour la lutte contre la pauvreté.

L’électrification rurale est à l’état embryonnaire. Or, les populations ont droit de jouir des

services sociaux aussi vitaux que celui de l’électricité qui participe largement à l’impulsion du

développement économique et social. Dans cette optique, l’électrification rurale peut

apparaître comme un outil de développement humain et un instrument de renforcement de la

croissance économique.

Par l’évolution de la technologie, nombreuses sont les matériaux agricoles performantes

disponible sur le marché actuellement. Des matériaux qui permettraient d’augmenter la

productivité des agriculteurs. Mais pour permettre aux paysans d’accéder à ces matériaux, il

faut d’abord améliorer et même augmenter leur niveau de vie. Car seule une augmentation du

revenu peut permettre aux gens de faire des investissements. Une augmentation du revenu et

une ouverture à la nouvelle technologie.

Dans le cadre de ce mémoire, nous proposons en premier lieu l’électrification rurale pour

offrir une meilleure condition de vie, et en deuxième lieu, l’utilisation des énergies

renouvelables pour un développement durable.

En effet, il existe à Madagascar un ensemble d’énergies inépuisables à l’échelle humaine et

dont la plupart est issue de l’activité solaire, qui peuvent être exploitées pour l’amélioration

3

des conditions de vie et de travail tant en milieu rural qu’urbain. Ce sont les énergies

renouvelables1. Madagascar dispose d’importantes potentialités en matière d’énergies

renouvelables, mais l’accès aux services énergétiques de base que constituent la chaleur

nécessaire à la cuisson, l’éclairage, la force motrice, la communication et la réfrigération reste

très difficile surtout en zones rurales.

L’offre énergétique à Madagascar est dominée par le Bois Energie et les Produits Pétroliers.

La part des Energies renouvelables reste encore marginale car elle constitue moins de 1% de

cette de offre2.

Malgré ses nombreuses potentialités au plan énergétique, le taux d’électrification se situerait à

environ 39% en milieu urbain et moins de 5% en milieu rural3.

A Madagascar, plus de 75% des ménages vivent en milieu rural. Les villages sont isolés et les

habitations sont dispersées pour la plupart, ce qui rend complexe l’électrification rurale par

raccordement au réseau conventionnel national.

On observe une prédominance du bois-énergie (bois de feu et charbon de bois) dans le bilan

énergétique national. Le bois-énergie représente 92% dans les consommations totales finales

d’énergie, en 2012, tandis que les produits pétroliers représentent 7%4.

Malgré ses impacts économique, sanitaire, sécuritaire et sociétal, la lutte contre la pauvreté

énergétique ne figure pas parmi les huit objectifs du millénaire pour le développement

adoptés en 2000. Mais comment réduire la pauvreté, assurer l'éducation primaire pour tous,

lutter contre la mortalité infantile, permettre l'autonomisation des femmes lorsqu'il est

impossible de disposer de machines électriques, d'installer la lumière ou internet dans les

écoles, d'avoir un réfrigérateur pour stocker des médicaments, d'épargner aux femmes la

corvée de bois.

Plusieurs questions se posent alors en matière d’électrification rurale à Madagascar. On peut

se demander quelle est l’importance de l’électrification pour le développement rural ?

L’électrification ne constitue-t-elle pas un levier significatif du développement économique,

1 Voir Annexe 3

2 Ministère de l’énergie, 2012



4

social et de la réduction de la fracture spatiale du milieu rural ? En outre, on peut s’interroger

sur les facteurs qui freinent le développement de l’électrification rurale. Cette même

interrogation doit conduire à l’identification des leviers pouvant opérer le changement du

statu quo. Pour ce faire, un diagnostic sur l’électrification rurale s’impose. Enfin, pour le

développement de l’électrification rurale, il est indispensable de mettre en place des stratégies

adéquates et conformes aux enjeux et exigences du pays.

Plus largement, pour concilier bien être et développement durable, les efforts doivent donc

porter sur les grandes thématiques sociales, économiques et environnementales, dont

l'interdépendance est une marque identitaire du développement durable.

Ainsi notre choix s’est porté sur une source d’énergie, la biomasse, pour l’électrification des

communes rurales car la biomasse est à base de déchets agricoles qui se trouve être en

abondance pour les régions pratiquant l’agriculture.

L’énergie joue un rôle primordial pour accélérer le développement des pays les plus pauvres

du monde. Or ces pays consomment principalement des énergies d’origine fossile, dont les

prix ne cessent d’augmenter.

Les sources d'énergies renouvelables présentent l'avantage d'être disponibles en quantité

illimitée. Leur exploitation est un moyen de répondre aux besoins en énergie tout en

préservant l'environnement. Cependant, le fait de "capter" et de "transformer" cette énergie

renouvelable en énergie utile demande des ressources lors de sa fabrication, son installation,

sa maintenance, son recyclage sans oublier l'acheminement de l'énergie.

Face à ces réalités, la grande question est : l’électrification rurale par les énergies

renouvelables permet-elle de réduire la pauvreté en milieu rural ?

Les objectifs de ce mémoire sont de faire le lien entre la présence de l’électricité et la

pauvreté, de déterminer les rôles de l’électricité dans le développement et enfin d’évaluer les

opportunités dans l’utilisation des énergies renouvelables.

Et les hypothèses retenues sont les suivantes :

� L’absence de l’électricité aggrave la pauvreté

� L’électricité apporte des changements dans les conditions de vie des populations rurales

5

� L’utilisation des énergies renouvelables est un facteur de développement durable

Ce mémoire est subdivisé en deux grandes parties :

� Partie I : Contexte et Cadrage théorique

� Partie II : Analyse et interprétation des résultats

6

PREMIERE PARTIE :

CONTEXTE ET CADRAGE THEORIQUE

7

I. ELECTRIFICATION RURALE A MADAGASCAR

I.1. Contexte sur l’électrification rurale à Madagascar

La vision d’avenir de Madagascar présentée en 2004 par le gouvernement est claire: le monde

rural, représentant plus de 70% de la population, doit être le moteur du développement

national. Afin d’éviter à Madagascar les fléaux de l’exode rural, il est important de donner

aux paysans les moyens d’accéder à une vie meilleure en particulier en misant sur des

entreprises de transformation décentralisée valorisant les produits de la terre. L’électrification

rurale est l’un des piliers de cette politique.

Aussi, la volonté du Gouvernement d’accélérer l’électrification du pays, notamment les zones

rurales et certaines zones périurbaines, a conduit l’Etat à mettre en œuvre les dispositions des

lois, respectivement la Loi N° 98-032 du 20 Janvier 1999, portant Réforme du secteur de

l’électricité, fondée sur les initiatives privées et avec un mécanisme de financement durable

du secteur.

En 2003, 4% de la population rurale disposait d’électricité si en fin 2001, le taux d’accès à

l’électricité de la population rurale malgache était en dessous de 2%. Pour les autres, pas

d’autre éclairage que la bougie ou la lampe à pétrole, pas d’autres moyens de préparer les

mets que de brûler du bois, pas d’accès à la réfrigération et peu de possibilités de

transformation.

Le taux d’électrification rurale à Madagascar est très bas si on se réfère à celle de la France

qui a atteint les 96% rurale5 avant même la seconde guerre mondiale. Les résultats sont

éloquents : en 1932, 80% des communes françaises sont électrifiées. Cinq ans plus tard, 96%

des communes et près de 90% de la population ont l'électricité. Et ceci grâce à une subvention

globale de l'État supérieure à 50%, des emprunts locaux auprès des populations rurales ; des

prêts des établissements bancaires (comme le Crédit Foncier, la Caisse des dépôts et

consignations, les banques locales, etc.), les subventions et avances des départements, les

fonds propres des maîtres d'ouvrage, et les participations des concessionnaires prévues par les

cahiers des charges.

5 Gret, 2005

8

Pour améliorer la situation, le gouvernement malgache a décidé de mettre les moyens. Il s’est

donné comme objectif de connecter plus de 30’000 familles rurales chaque année pendant 5

ans.

Ce programme coûte cher. La faible densité des usagers empêche la mise en réseau et donc la

distribution et l’harmonisation. Il faut produire localement avec des petites centrales qui sont

souvent plus chères que les installations d’envergure régionale.

Pour canaliser les efforts liés à l’électrification rurale, le gouvernement à créé fin 2002

l’Agence pour le Développement de l’Electrification Rurale (ADER). Cet organisme placé

sous la tutelle du ministère de l’énergie et des mines, gère le Fonds National de l’Électricité

(FNE) qui lui permet d’attribuer des subventions à l’investissement pour des projets

d’électrification rurale, il sera chargé, entre autres, de piloter le développement de

l’électrification rurale et d’en assurer la gestion.

L’électrification rurale n’est pas une fin en soi. Elle doit faire partie de projets intégrés à

mettre en œuvre dans de vastes programmes nationaux de développement socio-économique

et culturel. Aujourd’hui le taux d’électrification rurale atteint 5% avec quelques 27 exploitants

déjà opérationnels, plus de 200000 habitants du milieu rural ont accès à l’électricité grâce à

140 projets produisant 4200 Kwh6. Car l’accès à l’électricité au plus grand nombre de

population rurale permet intègre la sécurité et le développement.

Le taux de couverture7 des communes rurales électrifiées de la région Boeny est de 33 %, 14

communes rurales sur 29 sont électrifiées. A l’échelle nationale, la région Boeny se situe à la

deuxième place derrière la région d’Analamanga qui a un taux de couverture de 56 % en

2007.

Sur les 1509 communes dans les zones rurales de Madagascar, seulement 291 ont accès à

l’électricité, soit un taux de 19%.

6 ADER, 2012

7 ADER, 2007

9

Tableau 1 : La situation d’électrification des communes rurales:

Régions Electrifiées Non électrifiées Taux de couverture

Alaotra Mangoro 21 50 30%

Amoron’i Mania 9 45 17%

Analamanga 78 61 56%

Analanjirofo 9 42 18%

Androy 7 38 16%

Anosy 6 52 10%

Atsimo antsinanana 5 85 6%

Atsinanana 11 79 12%

Betsiboka 7 28 20%

Boeny 14 29 33%

Bongolava 7 19 27%

Diana 11 54 17%

Haute Matsiatra 20 58 26%

Itasy 8 43 16%

Melaky 6 32 16%

Sava 7 72 9%

Sofia 8 100 7%

Vakinankaratra 19 67 22%

Vatovavy Fitovinany 8 131 6%

TOTAL 291 1218 19%

Source : ADER, 2007

L’électrification rurale constitue un des facteurs essentiels du développement rapide du pays

pour améliorer les conditions de vie du monde paysan.

L’intensification des efforts de développement pour les années à venir replace alors la

problématique de l’électrification rurale comme une priorité nationale sans laquelle ces efforts

resteraient vains.

10

I.1.1. Le programme d’électrification rurale et ses conséquences sur la vie en milieu rural

Un des objectifs majeurs de l’amélioration de l’accès à l’énergie en milieu rural est la

réduction de la pauvreté. Les hypothèses faites sur l’électrification rurale8, montrent que

l’accès à l’électricité en zones rurales offre des opportunités, permet de nouvelles activités

marchandes, et est source de développement social et économique. L’accès à l’électricité des

zones rurales améliore aussi le bien être de la population. Et enfin, l’accès à l’électricité des

zones rurales contribue au développement institutionnel.

De ce fait, les différentes dimensions de la pauvreté comme la santé, l’éducation, le revenu,

les relations sociales interviennent dans la qualité de vie d’un individu et sont des facteurs

essentiels et déterminants dans l’évaluation du développement.

I.1.2. Etat des lieux du secteur de l’énergie

En milieu rural, la pauvreté énergétique empêche la population d’améliorer leurs conditions

de vie. Les sources d’énergie utilisées par la population rurale dans leurs activités génératrice

de revenu sont traditionnellement l’énergie humaine et la traction animale. Quant au bien être

domestique, ce sont surtout les bois, la lampe à pétrole et la bougie qui dominent. Il est

indéniable que l’accès à d’autres formes d’énergies (fossiles, renouvelables, etc.) peut offrir

des potentialités pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie.

Mais la rareté et la cherté des ces sources d’énergies est un obstacle pour le développement et

également source d’inégalité. Or l’énergie est un élément qui aide à la lutte contre la pauvreté,

elle occupe une place importante dans la mesure de cette dernière.

I.1.3. Production des opérateurs en électrification rurale

L’estimation de la production d’électricité atteint 5 000 MWh pour l’année 2011 en

considérant que les groupes fonctionnent durant 5 h par jour en moyenne. Les régions Alaotra

Mangoro et Boeny disposent les plus importantes puissances installées. Par ailleurs, 79% des

puissances installées proviennent des installations thermiques à Madagascar. Les installations

à partir des énergies renouvelables ne fournissent donc qu’une faible partie à savoir : 9% de la

puissance provenant des centrales hydroélectriques, 6% provenant de l’éolienne couplée par

8 Victor B., 2009

11

un groupe thermique, 4% provenant de l’éolienne, 2% provenant des installations

fonctionnant à partir du gaz pauvre9.

I.2. La problématique de la pauvreté énergétique

La pauvreté énergétique est l’absence de choix suffisant permettant un accès à des services

énergétiques adéquats, abordables, fiables, efficaces et durables en vue de soutenir le

développement économique et humain. A Madagascar, une importante fraction de la

population est entièrement privée d’accès aux services électriques modernes. Les pauvres

ruraux qui en bénéficient doivent généralement payer relativement cher pour obtenir des

services énergétiques de moindre qualité, irréguliers ou peu fiables.

Les ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part importante de leurs revenus et

leur temps. Le coût de la non-électrification crée une situation d’inégalité inacceptable. Quand

un ménage est sans électricité, et qu’il achète son pétrole, il paie en effet son kWh 200 à 500

plus cher que le ménage alimenté en électricité. En outre, même en cas d’électrification en

zones rurales, le paradoxe n’est pas pour autant lever. En effet, le tracé des réseaux de

distribution électrique est fait rationnellement, en fonction de l’existence des voies de

communication et d’une demande solvable. Or, plus les ménages sont pauvres, plus ils

résident à l’écart des routes et centres d’agglomérations, occupant les terrains moins coûteux

et de ce fait éloignés des réseaux électriques. Ils doivent alors supporter, en plus des coûts de

raccordement usuels, les coûts d’installation des poteaux et des lignes de raccordement depuis

le réseau jusqu’à leur compteur. Considéré comme service public, l’accès à l’électricité doit,

de ce fait, respecter les principes cardinaux de services publics : universalité (accès de tous au

service), équité (pas de discrimination liée aux ressources, péréquation tarifaire) de continuité

(pas d’interruption de fourniture) qui dessinent un paysage dans lequel le transfert social est

redistribué en même temps que l’électricité elle-même.

I.2.1. L’électrification et son impact sur le développement spatial

Le développement spatial10 peut être perçu en termes de développement économique et social,

comme le corollaire de la décentralisation.


10 Développement spatial est l’appellation allemande de l’Aménagement du territoire. Cette terminologie nous

paraît plus indiquée dans le cadre du présent travail car au sein d’un territoire il y a des différences entre espaces

12

Par ses bienfaits, l’électricité devrait être apportée partout et ce, au nom de la justice spatiale.

Les indicateurs du développement montrent un écart important entre les conditions de vie des

ruraux et celles des urbains. L’électrification rurale est un moyen de réduire les inégalités

d’opportunités entre ruraux et urbains. Elle permet d’atteindre un triple impact en termes de

réduction de la pauvreté. A savoir, une amélioration de la croissance en termes de pauvreté ;

un gain de croissance de long terme du à la diminution des inégalités ; et une réduction directe

de la pauvreté due à la redistribution11.

C’est à ce dernier impact que s’intéresse le développement du présent point. La question qui

se pose est de savoir comment peut se traduire cette redistribution en matière d’aménagement

du territoire par le canal de l’électricité ? Et quel peut être l’impact de l’électrification sur

cette approche ?

En milieu rural, l’absence de services énergétiques modernes décourage les travailleurs

qualifiés notamment les enseignants, infirmiers, médecins, etc… de s’installer dans ces zones.

En effet, certains fonctionnaires affectés dans les zones dépourvues d’électricité refusent de

s’y rendre. Pour ceux qui acceptent d’y aller, la plupart abandonnent leur poste ou y sont

réellement peu présents physiquement. Pour ceux dont le lieu d’affectation est proche des

villes et qui y résidaient après leurs études ou qui y travaillaient, ils y reviennent en week-end

et ne retournent pour la plupart du temps qu’en milieu de la semaine suivante. Pour ceux qui

sont affectés vers les localités non électrifiées, certains refusent purement et simplement de

s’y rendre en prétextant de la fragilité de leur état de santé. Or, les zones d’affectation sont

habitées par des hommes.

Électrifier le monde rural, c’est axer la politique d'aménagement du territoire sur

l'accessibilité des populations aux services de base. Cela pourrait permettre un rééquilibrage

du territoire et répondre aux besoins d'équité. L’électrification rurale demande des

investissements massifs dont la rentabilité dans la seule sphère de l’économie n’est pas

garantie ni réaliste dans une économie en développement comme celle de Madagascar mais

l’État doit s’investir dans un chantier pour lequel les critères d’intervention sont dictés par les

impératifs de développement du territoire.

proches, des fractures au sein d’unités territoriales. C’est ce dont traite justement ce sujet à savoir l’amélioration des conditions des pauvres quelque soit leur territoire. 11

L’électrification rurale opère une redistribution de la richesse nationale au profit des populations qui vivent souvent dans les localités rurales

13

Dans les pays européens, c’est l’intervention déterminante des pouvoirs publics qui a permis

de développer l’électrification rurale. La logique n’est pas sensiblement différente dans les

pays d’Afrique, et l’État doit s’investir dans un champ pour lequel les critères d’intervention

sont dictés par les critères de développement équilibré et harmonieux du territoire.

I.2.2 L’électrification dans le développement social

L’impact de l’électrification en milieu rural à long terme se traduit par la réduction de la

pauvreté, mais il est important d’exposer le même impact dans le court terme notamment

l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD).

Notre analyse axée sur le lien entre « énergie et OMD » va viser cinq des huit Objectifs du

Millénaire pour le Développement12 bien que tous les huit aient des liens avec l’énergie. Par

ailleurs, l’analyse sera à dessein suffisamment plus orientée vers les services électriques.

� OMD 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim.

L’accès aux services électriques est essentielle pour développer les entreprises pour les

activités industrielles, les activités génératrices de revenus et donc à la création des emplois.

� OMD 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous

L’éclairage permet d’attirer et de motiver les enseignants vers les localités rurales, et plus

encore si leur logement en est équipé. On a besoin de l’électricité pour étudier après la tombée

du crépuscule et beaucoup d’enfants particulièrement les filles ne vont pas à l’école à cause de

la corvée de l’eau qui avec l’exhaure d’eau sera substantiellement diminuée.

� OMD 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes

Les corvées quotidiennes notamment aller chercher de l’eau ou moudre les céréales sur les

meules traditionnels qui occupent les femmes leur prennent du temps les empêchant la

conduite d’autres activités productives.

12 1. Réduire l'extrême pauvreté et la faim ; 2. Assurer l'éducation primaire pour tous ; 3. Promouvoir l'égalité et

l'autonomisation des femmes ; 4. Réduire la mortalité infantile ; 5. Améliorer la santé maternelle ; 6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies ; 7. Assurer un environnement humain durable ; 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

14

� OMD 4 : Réduire la mortalité infantile

L’électrification permet la conservation des vaccins et médicaments des enfants dans les

localités rurales et évite aussi aux enfants les maladies respiratoires dues aux gaz à effet de

serres et pollution dus à l’éclairage par les bougies, lampes à pétrole et qui contribuent

énormément à la mortalité infantile. Les services et les agents de santé ont besoin d’électricité

pour l’éclairage, la stérilisation et la réfrigération afin de fournir les prestations efficaces.

� OMD 5 : Améliorer la santé maternelle

Les services électriques contribuent dans les centres de santé à mieux s’occuper des femmes

au cours des accouchements nocturnes pendant lesquels sans assistance médicale les femmes

succombent. En outre, ils facilitent l’accès à de meilleures installations médicales pour les

soins maternels, les équipements de conservation par le froid et les stérilisations

particulièrement dans les zones rurales.

Tel qu’exposé, il ressort sans ambages que les services électriques sont indispensables à

l’atteinte des OMD. Or, dans la situation actuelle de Madagascar, la mise en œuvre des

mesures visant l’atteinte les OMD doit être orientée vers les zones rurales qui se trouvent être

celles non électrifiées. Si des mesures urgentes ne sont pas prises en matière d’accès aux

services électriques des populations rurales, les dits objectifs ne sauraient être réalisés.

L’accès à l’énergie n’est pas une condition suffisante pour assurer un processus de

développement durable et atteindre les OMD mais il en reste une condition nécessaire.

I.3.Le lien entre électrification rurale et réduction de la pauvreté

Même si ce lien est évident, sa quantification pose d’énormes difficultés et n’est pas si

automatique.

L’électrification rurale peut être un vecteur important dans la lutte contre la pauvreté dans la

mesure où elle donne accès à des services énergétiques à des fins économiques et sociales.

L’utilisation finale qui en est faite traduit donc le facteur clé de son impact socio-économique.

Cette évidence se trouve être facile à décrire car on part du principe que l’électricité ne peut

ne pas avoir d’impact sur la pauvreté. Mais cette évidence, assez facile à décrire, se trouve

subitement assez difficile à quantifier. La difficulté est grande à vouloir quantifier le

15

qualitatif, le subjectif. Comment isoler, dans les impacts évalués, la part attribuable

exclusivement à l’électrification ?

En matière d’énergie, l’approche classique basée sur l’offre a prouvé que l’arrivée de

l’électricité dans une zone qui en a toujours été dépourvue, ne provoque pas automatiquement

le développement de ses usages productifs. Sans action d’accompagnement spécifique,

l’électricité en milieu rural reste longtemps confinée à la satisfaction des besoins domestiques

des familles qui peuvent financé leur raccordement. Amener l’électricité dans un village, puis

se désintéresser de la promotion de ses usages productifs se traduit par une stagnation de la

dynamique d’électrification et un impact restreint sur la pauvreté.

Sans usage productif, l’électricité ne provoque pas la création de richesse ni d’emplois, donc

pas de développement local. N’enclenchant pas un processus de développement local,

l’électricité ne sert alors à rien d’autre qu’à soulager la situation des populations les « moins

pauvres ». Mais elle est loin d’agir sur les composantes structurelles de la pauvreté

notamment le pouvoir d’achat et l’accès aux services sociaux de base. C’est justement dans ce

contexte que René MASSE13 affirmait que : « On gère la crise de la pauvreté en la rendant

plus supportable, mais on ne crée pas les conditions pour en sortir. On soulage mais on ne

guérit pas ». Même dans cette optique, le soulagement ne semble pas être équitable vis-à-vis

de tous les ménages des localités électrifiées dans la mesure où l’électricité bénéficie d’abord

à ceux qui peuvent se raccorder.

L’électricité est un bien indispensable à la vie sociale et dont le développement dépend de la

préservation d’équilibres économiques et sociaux que la pauvreté et l’exclusion sociale

menacent. Électrifier une campagne, c’est contribuer aux deux piliers du développement

durable que sont le développement économique et le progrès social.

I.3.1. L’électrification rurale peut-elle réduire substantiellement la pauvreté à long terme ?

Électrifier, c’est offrir une gamme de services améliorant les conditions de vie et les services

sociaux de base mais aussi lutter contre la pauvreté. L’analyse de la situation d’accès à

l’électricité à Madagascar montre de prime abord que les pauvres n’y ont pas accès.

13

René MASSE est Expert senior Énergie du GRET. Il a conduit des études d’impact de programmes d’électrification sur la pauvreté et aussi des études de programmes nationaux d’électrification rurale à la demande de la Banque Mondiale.

16

L’accès aux services électriques améliorent les conditions de vie à travers notamment :

� eau de qualité : réduction du temps à passer pour aller en chercher mais aussi la

prévalence des maladies liées à une eau insalubre ;

� santé : éclairage des dispensaires et salles d’accouchement permet de diminuer la

mortalité infantile et périnatale et la réfrigération de conserver les vaccins et les

médicaments ;

� éducation : éclairer les écoles et les foyers permet d’améliorer le niveau d’éducation

des enfants, les conditions d’études, la scolarisation des filles, les conditions de vie des

enseignants, l’alphabétisation des adultes ;

� agriculture : irrigation des cultures, multiplication des récoltes, mais aussi la

réfrigération des produits alimentaires issus de la transformation. Ce qui permet de

diminuer les pertes en augmentant les possibilités de commercialisation.

L’éclairage réduit l’insécurité en particulier le vol du bétail, phénomène qui prend de plus en

plus d’ampleur à Madagascar.

L’accomplissement des axes stratégiques de lutte contre la pauvreté requiert comme point de

départ indispensable la réponse énergétique. Les services électriques ont un impact direct sur

la pauvreté monétaire et d’autres dimensions de la pauvreté, telles que l’inégalité entre les

sexes, la mauvaise santé, le manque d’éducation ou l’accès insuffisant aux services

d’infrastructures et constitue pour cela une réponse aux impératifs de long terme.

I.3.2. Forces et Faiblesses de l’électrification rurale

Forces

Parler des forces de l’électrification rurale revient à énumérer les facteurs à même de lui

impulser une dynamique.

� La création de l’Agence de Développement de l’Electrification Rurale

� La coopération sous régionale et régionale en matière de l’énergie électrique

� Accompagnement international

17

Dans l’optique de l’atteinte des OMD, il y a une solidarité et forte mobilisation internationales

autour de la problématique de l’accès des populations rurales aux sources modernes d’énergie

perçues comme conditions nécessaires à leur réalisation.

Faiblesses

A Madagascar, l’électrification rurale est caractérisée par la faiblesse de la consommation : ce

constat découle de l’évaluation de la consommation dans les localités rurales électrifiées. En

effet, il ressort de cette évaluation que l’évolution d’une année à l’autre du nombre d’abonnés

est très négligeable et qu’il y a des localités où le taux d’électrification est stagné même avec

les années. Se pose alors la question de la capacité des clients ruraux à se raccorder et à payer

régulièrement leur consommation électrique. Cette question sera largement abordée dans les

stratégies à même d’assurer la viabilité de l’électrification en milieu rural dans la deuxième

partie de notre étude.

Il y a aussi la dispersion des habitats ruraux : il constitue un véritable problème car les

populations en milieu rural à Madagascar sont très dispersées. La question de la densité est

déterminante en matière d’infrastructures. Il est objectivement plus difficile de diffuser les

équipements dans un territoire dont certains endroits sont sous-peuplés. Ce phénomène est

encore plus important dans notre zone d’étude.

Nous constatons des difficultés majeures liées à la mise en œuvre du mécanisme de la

péréquation tarifaire entre la clientèle urbaine et rurale pour contrebalancer le surcoût de

l’électrification rurale car à l’inverse des pays développés, la grande majorité de la population

malgache habite en milieu rural.

Et en plus de l’absence d’une planification de l’électrification rurale à l’échelle nationale, il y

a des difficultés inhérentes au jeu des mécanismes du marché sans la régulation, de l’absence

d’une véritable politique de promotion de l’électrification rurale, l’existence de monopole, et

le caractère trop restrictif et coûteux des choix technologiques.

L’analyse de l’électrification dans les rares villages déjà électrifiés par réseau ou par

microcentrale permet de constater que l’évolution d’une année à l’autre du nombre d’abonnés

est très faible. Il y a des localités où le taux d’électrification n’évolue pas avec les années. Le

réseau basse tension est uniquement sur la route principale : les rues secondaires de la localité

ne sont pas électrifiées. L’éclairage public dans la majorité des localités électrifiées manque

18

de maintenance et d’entretien. Mais les villageois estiment que l’éclairage public est

primordial pour des raisons de sécurité et pour permettre l’intensification de l’activité

économique à la tombée de la nuit dans la place du marché. Le manque de volonté ou de

capacité des populations à contribuer au financement de l’électrification rurale.

De cette analyse un constat s’impose, le problème d’investissement est couplé de celui plus

pernicieux de gestion qui pose ainsi la question primordiale de la viabilité des projets

d’électrification rurale.

La situation générale du secteur s’explique par la faiblesse des investissements consentis et le

faible niveau de valorisation du potentiel national d’énergie renouvelable. Elle est plus

marquée en milieu rural où l’électricité est perçue comme « un luxe ».

Au vu de l’état des lieux dressé, des stratégies contextuelles doivent être recherchées pour

qu’elles répondent aux exigences de Madagascar.

I.4. Justification du choix de la zone d’étude

La zone d’étude choisis est la région Boeny car elle est la région la plus avancée en matière

d’électrification rurale à Madagascar après Analamanga qui enregistre un taux de 61% en

2010 (on observe une augmentation de 5% en trois ans), Boeny en est à 34%

d’électrification14. Néanmoins, elle est la première à recourir à l’énergie renouvelable qu’est

la biomasse.

Une grande première dans l’histoire de l’énergie à Madagascar. La commune rurale

d’Anjiajia15, district d’Ambatoboeny, dans la région Boeny, est dotée d’une centrale

électrique d’une puissance de 80 KVa utilisant la biomasse comme alternative aux

combustibles traditionnels. Jusqu’ici, les machines fonctionnent en utilisant la balle de riz.

« L’utilisation de ces machines présente deux avantages majeurs, dont la diminution des

dépenses d’exploitation et la baisse du prix d’abonnement », déclare Patrick Randrianjanaka,

directeur administratif et technique de la société CASIELEC16, gérante de la nouvelle centrale

14

Tribune.com Madagascar, 2010 15

Voir Annexe 1 16La Casielec est l’un des partenaires de la JIRAMA en matière d’électrification rurale à Madagascar. Elle travaille dans 6 Communes de la Région du Boeny

19

électrique à Anjiajia. Cette technique permet aussi de valoriser les matières locales longtemps

négligées par la population.

Cette nouvelle infrastructure est le fruit du partenariat entre un trio composé du ministère de

l’Energie, l’Agence de développement de l’électrification rurale (ADER17) et la commune

rurale d’Anjiajia.

Selon les responsables, la centrale, dont le coût total de l’investissement s’élève

à 462 millions d’ariary, est opérationnelle depuis juin 2009. Depuis la mise en marche des

machines, quelque 130 ménages sont abonnés sur un total de 250 prévus au départ18.

Actuellement, le réseau est à la saturation et en attente d’élargissement pour pouvoir intégré

de nouveaux abonnés.

La production rizicole et la présence de décortiqueries, donc la disponibilité des combustibles,

qui est la balle de riz dans la commune rurale d’Anjiajia et ses environs, constitue l’une des

raisons ayant poussé l’installation de la centrale biomasse.

I.4.1. La place de la biomasse à Madagascar

Madagascar dispose d’importantes ressources en biomasse ; il existe en effet plusieurs types

de biomasse potentiellement valorisables pour la production énergétique.

Théoriquement, les surfaces disponibles sont largement suffisantes pour contribuer à la

production de la biomasse et à la fourniture de services énergétiques notamment

l’électrification rurale, la cuisson des aliments, la satisfaction des besoins industriels19.

Sachant que l’agriculture malgache repose essentiellement sur des exploitations familiales de

très petites tailles (moins d’1 ha de moyenne), elle pourrait aussi offrir un potentiel de

production de bioénergie. Dans le contexte actuel du pays pour la production d’énergie, on

peut considérer les matières premières suivantes :

� les produits oléagineux (graine de coton, arachide, soja, jatropha, etc. …). Ces

produits pourront être valorisés pour la production de l’énergie. Cependant, mis à part

le jatropha, l’accroissement de la demande en huiles essentielles et le détournement de

17

Voir Annexe 3 18

Expresse Madagascar, 2010 19

Rapport : les filières biomasses énergie à Madagascar, P. Burnod, L. Gazull, P. Girard

20

ces produits de l’alimentation pourraient être critiqué en considérant les enjeux actuels

de sécurité alimentaire.

� Les plantes sucrées et amylacées comme la canne à sucre, le manioc qui sont

abondantes peuvent être considérées pour la production de bioéthanol.

� Les essences forestières comme l’eucalyptus, le pin. Elles sont largement plantées

dans le pays.

� Les résidus agricoles. Ces ressources en biomasse sont importantes à Madagascar. Les

résidus issus de processus de transformation (balles de riz et coques diverses) peuvent

être valorisés pour la production énergétique. Leur production est concentrée et ils

sont généralement peu utilisés pour l’alimentation animale ou la fertilisation du sol.

I.4.2. Analyse de la Biomasse pour la commune rurale d’Anjiajia

Le besoin annuel pour la centrale électrique d’Anjiajia qui est à 100% déchets agricoles est de

360 tonnes de balles de riz pour un an. Ces déchets agricoles sont dus au décorticage du riz

principalement.

L’abondance, la disponibilité, et la gratuité de cette ressource font partie des avantages qu’elle

procure. Le prix est bas, et il y a peu de compétition par d’autres usages. Elle est moins dense

que le bois donc il ya plus de volume à stocker et à transporter. Et l’activité de dépaillage sur

chef lieu facilite le transport et la collecte.

Mais les inconvénients rencontrés sont suite à l’encombrement car la saisonnalité exige des

stockages pour la saison de pluie. Et la part de paddy décortiqué sur le chef lieu est faible,

l’implantation de machines et fournitures électriques devrait permettre un taux de

transformation plus élevé. La possibilité de rivalité avec les autres utilisateurs des déchets

agricoles comme les éleveurs, les fabricants de briques, sont aussi envisageable à long terme

par le développement de ces secteurs d’activité.

21

II. CADRAGE THEORIQUE

Pour le cadre d’analyse, notre choix s’est porté sur l’approche par les capabilités d’Amartya

Sen pour les réflexions à prendre en compte et les réponses à la problématique émise.

L’objectif de ce travail consiste à proposer une démarche méthodologique permettant

d’analyser le lien entre « l’électricité et les conditions de vie » des populations rurales. Or

selon A. Sen, l’amélioration de conditions de vie repose sur la capacité des gens à mener une

vie qu’ils considèrent comme valable ou, autrement dit, qui a de la valeur pour eux. Pour cela

il analyse la pauvreté de manière multidimensionnelle à travers ses travaux sur l’économie de

développement. Pour lui la pauvreté est à la fois un état et une action « un fonctionnement »

ce qui caractérise un individu c’est à la fois ce qu’il « est » et ce qu’il « fait ». Et en terme

dynamique, ce que l’individu est capable de faire ou capable d’être. Evaluer les possibilités

qu’ont les gens de vivre la vie qu’ils souhaitent vivre est le fondement de cette approche. Car

l’homme, en tant qu’individu responsable, élabore des stratégies destinées à se prémunir

contre le risque et améliorer ses conditions de vie. L’acteur est donc un individu conscient des

risques qu’il encourt et de ses possibilités d’agir sur son capital dans le cadre de stratégies

préventives et offensives. Dans ce contexte, l’approche des capabilités de Sen apparaît comme

la référence de base. Elle met l’accent sur la manière la plus efficiente de réduire la pauvreté

en améliorant les capabilités des individus à long terme. Par ailleurs ce cadre théorique sera

complété par l’analyse compréhensive des stratégies adoptées par les ménages ruraux de la

Commune rurale d’Anjiajia Madagascar.

Dans le contexte particulier de notre zone d’étude, nous nous trouvons face à des populations

rurales pauvres, et nous allons examiner si l’accès à l’électricité peut contribuer à une

amélioration de leurs conditions de vie. Dans ce cadre, l’électricité n’est pas qu’un besoin

primaire, mais avant tout un vecteur qui va permettre aux gens d’améliorer leur

fonctionnement régulier (état) mais aussi d’accéder à de nouvelles opportunités ouvrant les

variétés de choix possibles (capabilités). L’accès à l’électricité est donc un moyen qui peut

augmenter les dotations en capital de l’individu et lui permettre d’avoir une meilleure vie.

II.1. L’approche de capabilité de Sen ou la liberté d’agir et d’entreprendre

L’approche des capabilités telle qu’elle est présentée par Sen a pour objet l’évaluation du

bien-être, en donnant une place centrale à la liberté de choisir et d’entreprendre des individus.

Contrairement à la théorie classique de l’utilité et à la théorie des biens premiers (développée

22

par John Rawls20), le bien-être est analysé en fonction des libertés substantielles de choisir un

mode de vie souhaité. Pour définir la possibilité réelle qu’a un individu de poursuivre ses

objectifs, il faut alors prendre en compte non seulement les biens premiers détenus par

l’agent, mais aussi ses caractéristiques propres et son environnement social, politique et

économique puisqu’ils commandent la conversion des biens premiers en facultés personnelles

de favoriser ses fins.

L’approche des capabilités permet d’évaluer le bien-être d’un agent à partir de ses

fonctionnements réalisés ou fonctionnements accomplis mais aussi en prenant en compte ses

opportunités réelles, c’est-à-dire tous les vecteurs de fonctionnements qu’il a la possibilité de

mettre en œuvre et qui constituent son espace de capabilités.

II.1.1. Fonctionnement et Capabilités

L’espace des fonctionnements est défini par Sen par tout ce qu’il est possible de faire dans la

vie, toutes les façons d’être et d’agir des individus. Les fonctionnements peuvent être

élémentaires (être bien nourri, être cultivé, être bien chauffé) ou plus complexes (rester digne

à ses propres yeux, être en mesure de prendre part à la vie communautaire). L’espace des

fonctionnements regroupe toutes les possibilités d’être et d’agir des individus en tous lieux et

en tout temps, il est universel. Tous les individus ont donc le même espace des

fonctionnements.

Au sein de cet espace, on distingue certains fonctionnements dits incompressibles regroupant

les besoins essentiels. Ils forment un ensemble de fonctionnements que les personnes

chercheront toujours à atteindre. Cet ensemble de vecteurs de fonctionnements est également

appelé fonctions vitales21. Il est primordial que tous les individus, quelles que soient leurs

dotations puissent avoir les capabilités nécessaires pour atteindre ces fonctions vitales.

Les capabilités forment un sous-ensemble de l’espace des fonctionnements : les

fonctionnements réalisables par un individu particulier. Il s’agit donc d’une forme de liberté,

c’est-à-dire de la liberté substantielle de mettre en œuvre diverses combinaisons de

fonctionnements.

20

Auteur de la « La théorie de la justice » 21

Guérin, 2003

23

Pour analyser les capabilités, il faut donc introduire la notion de liberté. L’organisation

sociale offre un certain nombre de libertés (Sen les qualifie d’instrumentales) qui contribuent,

de manière directe et indirecte, à offrir aux individus la latitude de vivre conformément à leurs

aspirations. De même, certaines prédispositions propres aux caractéristiques personnelles

d’un individu lui permettront un plus large éventail de choix. Ces libertés offrent une grande

variété de droits, de possibilités et d’acquis, et donc de choix.

La capacité des individus à pouvoir choisir des fonctionnements particuliers dépend non

seulement des dotations de l’individu, mais aussi de sa capacité à convertir ses dotations en

fonctionnements réalisables (capabilités).

II.1.2. Processus de conversion

Pour analyser le processus de conversion des dotations de l’individu en capabilités, il faut non

seulement prendre en compte les potentialités mais aussi les capacités permettant de tirer

profit de ces potentialités et de les mettre en œuvre.

Les potentialités de l’individu regroupent ses dotations en capital mais aussi les aptitudes

particulières de l’individu qui ne peuvent être valorisées économiquement et ne constituent

donc pas du capital à proprement parler.

On parle de capital physique avec l’ensemble des actifs productifs, actifs ménagers et stocks

détenus par l’individu ; de capital financier ou monétaire sur les ressources provenant de

l’épargne ou de l’emprunt et destinées à acquérir des actifs réels ; de capital humain quand il

s’agit de stock des ressources personnelles économiquement productives ; et de capital social

dans le cas des ressources issues des interactions culturelles et structurelles générant des

externalités durables affectant la situation économique des individus.

Chaque individu dispose de potentialités particulières qu’il pourra mobiliser de façon à

atteindre certains fonctionnements potentiellement réalisables, ses capabilités propres. Les

caractéristiques personnelles et les opportunités sociales d’un individu définissent sa capacité

de conversion des potentialités en capabilités. Ainsi, deux personnes, bien que pourvues de

24

dotations initiales identiques, ne pourront les valoriser de la même façon22. Ce processus est

illustré dans le schéma suivant.

Figure 1 : Capabilités, fonctionnements et bien-être

Source : l’Auteur

II.1.3. L’action des agents dans l’espace des capabilités

L’action des agents, si elle n’apparaît pas explicitement dans le cadre de Sen, intervient au

niveau de la réalisation de certains fonctionnements appartenant à l’espace des capabilités.

Elle se traduit par une action sur les potentialités dont dispose l’agent. Ainsi, comme cela est

mis en évidence dans la figure 2, il existe des effets de rétroaction entre les fonctionnements

accomplis par l’agent et son niveau de potentialité. Ils sont le fait de l’accumulation ou la

décapitalisation des différents stocks de capital dont dispose l’agent, mais également de la

valorisation ou la dévalorisation de ses autres potentialités (effets d’apprentissage dans la

théorie du capital humain par exemple).

22

Guérin, 2003

CAPABILITES FONCTIONNEMENTS

BIEN- ETRE

Capacités : capacités individuelles et opportunités sociales

Potentialités : dotations en capital

« Doing »

« Being »

25

Figure 2: Fonctionnements accomplis et potentialités

Capitalisation/ décapitalisation Valorisation/ dévalorisation

Fonction d’utilisation Fonction de choix

Source : l’Auteur

Grâce à cette extension du cadre de Sen, nous sommes en mesure de saisir les effets de

l’action des individus sur leur niveau de capabilités et donc leur vulnérabilité. Les actions des

agents qui renforcent ou protègent leurs potentialités sont dites évolutives, quant à celles qui

réduisent les potentialités, elles sont appelées actions involutives. Notre critère

d’identification des comportements des ménages ne dépend donc pas de la nature des actions

menées par les individus mais de leurs conséquences en termes de potentialités.

Cependant l’ensemble des capabilités n’est pas directement observable dans sa globalité

puisqu’il regroupe les fonctionnements réalisables mais non forcément accomplis. Nous

sommes donc dans l’obligation d’observer indirectement cet espace. L’observation de

l’organisation productive et sociale des agents peut donner une idée des fonctionnements

qu’ils peuvent accomplir. En outre, l’observation des réactions des agents à la suite d’un choc

exogène sur leurs conditions de vie met en exergue leur capacité d’adaptation.

POTENTIALITES FONCTIONNEMENT ACCOMPLIS

CAPABILITES

• Caractéristiques personnelles

• Opportunités sociales

26

II.2. Notion de Développement Durable

Les analyses en termes de développement durable s’appuient sur une vision humaine du bien-

être et impliquent l’examen des capacités des personnes à réagir face aux situations. En effet,

les ratios de bien-être (ou de pauvreté) mesurés à un moment donné sont le résultat d’un

processus pouvant être analysé à travers le concept de capabilités tel qu’il est défini par

Amartya Sen. L’analyse de Sen complète l’analyse utilitariste en explicitant le processus par

lequel les agents atteignent un certain niveau de vie. Elle permet en outre d’intégrer dans une

même analyse les multiples dimensions (économiques, sociales, culturelles et

institutionnelles) du bien-être.

L’approche des capabilités de Sen constitue notre cadre théorique de référence. En soulignant

l’importance de la liberté d’être et d’agir au niveau personnel comme au niveau social dans la

dynamique du bien-être, elle propose de réduire la pauvreté en améliorant les capabilités des

individus à long terme. Ceci permet, au travers de l’accroissement des potentialités et des

opportunités sociales, de réduire la vulnérabilité face aux difficultés de la vie et donc de

mener une vie plus épanouissante.

II.2.1. Définition

Le développement durable23 se définit comme "un développement qui répond aux besoins du

présent sans compromettre la capacité des générations futures". Cette notion repose sur le fait

que le processus de changement par lequel l'exploitation des ressources, l'orientation des

investissements, les changements techniques et institutionnels se trouvent en harmonie et

renforçant les potentiels actuels et futurs des satisfactions des besoins humains.

Dans le long terme, le processus de développement doit répondre à des objectifs sociaux,

économiques et environnementaux complémentaires et interdépendants. Il y a un souci

d'équité intergénérationnelle et une idée d’altruisme.

II.2.2. Les systèmes de développement durable

Le développement durable exige de concilier les différents objectifs économiques,

environnementaux, sociaux, politiques, culturels lorsque cela est possible et de procéder à des

arbitrages dans les autres cas.

23

Rapport Brundtland, 1987

27

Il s'agit alors d'un développement équilibré assurant le bien-être de la génération actuelle et

celui des générations futures.

Figure 3 : Représentation du développement durable

Source : Wikipédia

Les systèmes de développement durable tiennent compte de toutes les différentes

composantes du bien-être. Celui-ci assure une situation optimale au sens de PARETO, non

seulement entre les membres d'une même génération mais aussi entre les générations

présentes et les générations futures. Il s'agit alors de satisfaire équitablement les besoins

relatifs au développement et à l'environnement des différentes générations. Bien entendu, ceci

n'est pas facile à réaliser parce que les objectifs de croissance économique ne se convergent

pas toujours avec les objectifs environnementaux. Par exemple la promotion de

l’industrialisation fournit des emplois mais elles sont causes de nombreuses pollutions.

Plusieurs conditions sont à rassembler pour assurer un développement durable.

Le processus de développement durable consiste à assurer un progrès économique, équitable

sur le plan social, tout en préservant la base de ressources et l'environnement des générations

futures. L'environnement est donc parti intégrante du processus général du développement. La

durabilité de ce dernier dépend en une partie du mode de gestion de cet environnement.

28

Le développement durable propose un modèle de croissance et d'activité humaine qui inclut

explicitement les considérations environnementales et le principe d'une allocation et d'une

utilisation optimale, progressive et donc durable des ressources. Pour maintenir ou plutôt

accroître le bien être en songeant à celui des générations futures, plusieurs conditions existent.

Ceci consiste à une relance économique, une augmentation du niveau de vie des personnes,

une amélioration de leur pouvoir d'achat. Il faut noter quand même que la croissance

économique ne peut être profitable si elle épuise partiellement ou totalement le capital naturel

de la société ou si elle impose à d'autres membres de cette société le coût de réparations du

capital naturel qu'elle ait exploité au delà de ses capacités limites.

Le DURABLE, c'est ce qui est à la fois VIABLE, EQUITABLE et VIVABLE.

II.2.3. Conservation et développement de la base des ressources

Une exploitation rationnelle peut être considérée comme l'utilisation progressive de

ressources qui respecte leur fonction écologique et sans dépasser leur capacité de

reconstitution. Elle recouvre la notion de conservation.

Les ressources ont un rendement maximum quand elles sont bien gérées, lorsqu'elles

contribuent à l'équilibre écologique et lorsqu'elles sont utilisées de manière durable et que leur

spécificité écologique est respectée.

Alors, il faut conserver et développer la base des ressources pour assurer un développement

contribuant à la production du bien-être, et répondant aux besoins actuels sans entraver

l'aptitude à répondre aux besoins des générations futures.

Cette conservation suscite l'encouragement du changement technique, c'est-à-dire la recherche

et l'utilisation de nouvelles technologies et méthodes qui permettent de réduire les impacts

négatifs de la croissance sur l'environnement.

Elle va de pair avec la recherche des matériaux de remplacement et de technique de

réutilisation et de recyclage des ressources.

29

II.2.4. Alliance entre environnement et économie dans les prises de décisions

L'interdépendance entre l'environnement et la croissance économique est irréfutable si on veut

assurer un développement durable. Il faut noter que non seulement l’environnement se

détériore sous l’effet d’une croissance rapide, mais que la croissance elle-même se heurte à

des contraintes environnementales.

Lors des prises de décision, il faudrait alors procéder à des arbitrages pour résoudre les

conflits entre les priorités environnementales et économiques si on n’arrive pas à concilier les

différents objectifs dans le but d’assurer un développement durable. Les droits et les besoins

éventuels des générations futures doivent impérativement y figurer.

30

DEUXIEME PARTIE :

ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS

31

I. IMPACT DE L’ELECTRIFICATION SUR LE MILIEU RURAL

Contrairement en milieu urbain, pour lequel l’électrification est perçue comme une nécessité

absolue même dans les pays en développement comme Madagascar, l’électrification rurale

semble être reléguée au second plan. Même dans les pays développés, l’électrification du

milieu rural n’a pas connu la même fortune que celle de la ville. Si on considère que

l’électricité est utile en ville, l’interrogation est de savoir si elle l’est moins au village ? La

réponse à cette interrogation commande d’analyser l’utilité de l’électricité dans le milieu rural

du point de vue économique, de l’aménagement du territoire et du développement social.

Pour mieux cerner l’impact de l’électrification sur l’économie rurale, l’analyse est orientée sur

l’effet de l’électrification sur l’économie agricole, sur la transformation et conservation des

produits agricoles, les activités de service en milieu rural mais aussi son impact sur l’exode

rural.

I.1. L’électrification et l’accroissement de l’économie agricole

Le milieu rural a toujours joué un rôle primordial dans le développement des activités

économiques nationales en raison de la place stratégique qu’il occupe dans la sphère de

production. Le secteur agricole constitue un axe important de relance économique pour

Madagascar. Il occupe une place prépondérante dans l’économie Malgache car en 2007, le

secteur agricole représente 27% du PIB et emploie 70% de la population24. La production

agricole est essentiellement assurée par des agriculteurs locaux qui utilisent la plupart du

temps la force physique musculaire. L’augmentation de la production agricole et donc de

l’accroissement de l’économie locale est fortement dépendante de l’accès aux services

électriques par le monde agricole.

Avec des perspectives attrayantes de rentabilité, la riziculture, le maraîchage, ainsi que

d’autres productions vivrières, l’utilisation de l’électricité dans le secteur agricole contribuera

à accroître les revenus ruraux et à améliorer la disponibilité alimentaire.

L’accroissement de la productivité agricole peut être induit par la présence de l’électricité

d’origine biomasse. Cette situation se présente dans le cas de l’option d’un stockage de

résidus agricole visant surtout à la production de l’électricité dans le but de faciliter

24

Banque Mondiale, 2008

32

l’agriculture par l’utilisation des matériels tels les pompages d’eau ou les outils motorisés. Les

femmes n’étant pas du reste dans la production maraîchère à Madagascar, le développement

de cette activité par le biais des services électriques va contribuer à promouvoir

l’autonomisation de ces dernières. Ce qui est en phase avec l’objectif N°3 du Millénaire pour

le Développement.

La présence de l’électricité dans le monde rural induit une véritable dynamique économique

qui se manifeste par l’apparition de nouveaux secteurs d’activités. La valorisation

économique de l’électrification rurale entraîne un développement socio-économique des

zones rurales. L’approvisionnement en électricité permettra l’expansion des occupations

professionnelles. Nous voyons bien que l’électrification peut entraîner un accroissement

spectaculaire de l’économie agricole et résoudre donc dans le contexte malgache, la limitation

de production agricole imposée par l’existence d’une seule saison pluvieuse.

I.2. Conservation et transformation des produits agricoles

Dans les localités rurales, se pose avec acuité le problème de conservation des produits

agricoles. En absence d’électricité, il y a des difficultés inhérentes au stockage et la

conservation des produits surtout ceux à caractère hautement périssable comme les fruits, les

légumes, les produits maraîchers, etc. Si les populations rurales ont un accès aux moyens

modernes de conservations à l’instar des chambres froides, ils pourront conserver une partie

de leur production en période de surproduction ou d’abondance pour la revendre au cours des

périodes de soudure. Ceci va rapporter un prix de vente supérieur aux paysans qui souvent,

sont obligés de vendre à bas prix à cause des difficultés liées à la conservation des produits. Il

en découlera une amélioration de leurs revenus.

Pour faire face aux problèmes de conservation, il est nécessaire d’avoir des usines de

transformation. Dans le cadre de la transformation des produits, l’électrification des milieux

ruraux va encourager les industries de transformation des produits agricoles telles que les

huileries, égrenages de coton, fabrication de jus de fruits et autres à s’installer dans les zones

rurales. Ceci va réduire le coût de transport de ces produits jusqu’à l’usine et donc améliorer

leur rentabilité. La situation de l’emploi de ces milieux sera améliorée et il en découlera une

croissance plus forte dans le secteur agricole où il y a une forte concentration de pauvres. De

l’agriculture de subsistance, l’électrification peut opérer un changement vers l’agrobusiness.

33

En effet, certaines localités à Madagascar sont des zones à fort potentiel de production des

fruits comme l’ananas, l’avocat, la mangue, etc.

Si l’électrification permet aux entreprises de s’installer ou d’installer une filiale au lieu de

production des dits fruits, elles ne n’ont plus à transporter les fruits jusqu’aux usines situés la

plupart du temps dans les centres villes. L’entreprise va gagner en termes de coût de transport

et les producteurs vont vendre à un meilleur prix. Ainsi, les agriculteurs pourront cultiver

davantage ou multiplier la taille de leurs champs étant donné qu’il y a un débouché pour la

vente. Cette situation va entraîner le développement du travail des ouvriers et l’amélioration

de revenus des paysans.

La croissance de revenus dans ce secteur permettra de réduire sensiblement la pauvreté dans

toutes ses dimensions. Une meilleure commercialisation pose le problème de la nécessité de la

transformation sur place. C’est l’implantation d’une unité de transformation sur place qui

génère la profitabilité de la part des populations qui, non seulement ont fourni la matière

première, mais engrangent d’autres bénéfices tout au long de la chaîne de production par le

truchement des différentes valeurs ajoutées incluses. Avec une usine de transformation ou de

conservation, les producteurs sont plus motivés à accroitre leur production car convaincus de

ne pas souffrir de la mévente liée à la surproduction.

L’électricité est donc vitale pour la conservation et la transformation des produits mais aussi

le développement de l’activité agro-alimentaire. Sa disponibilité à l’échelle rurale peut opérer

des profondes mutations en termes de développement avec de multiples effets d’entraînement.

Outre, le secteur agricole, l’électrification engendre le développement des activités de services

aussi dans la zone rurale.

I.3. Électrification et développement des activités de services

La valeur économique de l’électricité dans les zones rurales peut se mesurer à travers le

bénéfice induit par la naissance mais aussi l’accroissement des activités génératrices de

revenus.

Le petit commerce est une activité importante dans les localités rurales de Madagascar. Rares

sont les localités non électrifiées qui ne disposent pas de boutiques. Les zones rurales

fournissent divers produits agricoles et non agricoles intégrés dans les circuits commerciaux.

34

Les boutiques constituent surtout la principale source d’approvisionnement des populations en

denrées de première nécessité comme le riz, le sucre, les conserves, le savon, le pétrole

lampant, etc … Les commerces des localités non électrifiées sont la plupart éclairés à l’aide

de lampes à pétrole ou à bougie. L’électrification de ces zones permettra aux détenteurs de ces

boutiques de prolonger leurs activités au-delà des heures du jour. Cela leur permettra

également de dépenser moins pour l’éclairage des boutiques. Ils vendront plus et

engrangeront des revenus conséquents et pourront s’approvisionner plus fréquemment. Ils

seront même tentés d’élargir leur gamme de produits. L’électrification peut donc, dans une

large mesure, contribuer à dynamiser l’activité économique de ces petits commerçants qui

constituent de ce fait, une clientèle potentielle pour l’électrification.

L’artisanat en zones rurales non électrifiées est beaucoup moins développé. Les ateliers sont

plus concentrés dans celles électrifiées qui, à la faveur de l’électrification, comptent une

demande plus importante et aussi des revenus plus conséquents. L’artisanat joue un rôle de

premier plan dans la création d’emplois et donc de revenus au niveau rural. Dans ce domaine,

les services électriques permettront l’installation d’ateliers d’artisans formés dans les centres

urbains qui, confrontés aux difficultés d’installation dans les grandes agglomérations,

préfèrent se rabattre sur les centres ruraux où ils espèrent supporter des charges d’installation

moindres. Que ce soit dans le domaine de la couture, celui de la coiffure, de la mécanique,

l’électricité permettra d’améliorer leur rendement et donc leur niveau de vie. Beaucoup de

gens ont appris des métiers mais devant des difficultés de s’installer en ville et l’impossibilité

d’exercer leurs métiers dans les zones plus favorables mais dépourvues d’électricité se sont

reconvertis dans d’autres activités moins porteuses et certains s’adonnent à des actes

répréhensibles qui menacent la société dans son ensemble tel que le vol et le grand banditisme

pour les hommes et la prostitution pour les femmes.

Au niveau des centres d’accueil, les localités non électrifiées sont très peu pourvues. Ce qui a

pour corollaire la fréquentation de peu de visiteurs et de touristes et par ricochet, une entrée

limitée de l’argent dans ces localités.

Il y a unanimité autour du constat que la pauvreté frappe davantage les femmes que les

hommes. Dans une situation de pauvreté, les femmes paient un lourd tribut.

Il y a lieu de souligner que l’électrification semble plus servir les femmes et moins les

hommes dans la création des activités génératrices de revenus. En effet, la fabrication des jus

35

de fruits, de l’eau glacée ou de yaourt qui ne nécessite pas un investissement important sont

les activités courantes auxquelles se livrent les femmes à l’aide de l’électricité. D’une façon

générale, l’électrification constitue un levier significatif pour le développement des activités

de services dans le monde rural où, en l’absence des unités industrielles de production ou de

transformation ou des moyens modernes de production agricole, la frange de la population qui

ne veut pas s’adonner à l’agriculture jugée trop pénible se rabat sur l’artisanat, le petit

commerce et autres petites activités génératrices de revenus. L’accès des populations aux

services énergétiques reste intimement lié aux femmes qui sont les premières à ressentir les

contraintes de l’absence d’une énergie moderne dans le cadre de leurs activités. Les femmes

ne parviennent pas, dans un contexte de manque d’énergie et des services appropriés à se

libérer de la lourdeur de tâches quotidiennes qui les occupent toute la journée sans possibilité

de pouvoir initier des activités productives. L’absence de temps, lié à la satisfaction de ces

activités lourdes et non rémunérées, occulte toute possibilité de satisfaire des besoins

stratégiques encore plus pressants.

Le développement de l’économie agricole et des activités de services retiennent de plus en

plus de jeunes dans les localités rurales. Ce qui contribue à réduire l’exode rural.

I.4. Régression de l’exode rural

La stimulation du développement économique des petites et moyennes entreprises induit la

création d’emplois qui réduit l’exode rural. L’intensification de ce phénomène est liée à la

conjugaison d’un certain nombre de facteurs dont le plus important demeure l’absence d’une

politique et stratégie de développement volontariste du monde rural. Ce qui conduit

malheureusement, à hypothéquer gravement l’évolution du pays ainsi que les conditions

d’existence de sa population surtout en milieu rural. L’électrification est un facteur clé de

stabilisation de l’exode rural. Le constat selon lequel le taux moyen d’émigration au niveau

des localités électrifiées est un peu plus faible qu’au niveau localités non électrifiées est

largement vérifié dans le contexte national. L’apport de l’électrification à la stabilisation des

populations en milieu rural est donc substantiel. Lorsque les localités sont électrifiées, non

seulement, elles ne se voient plus dépeuplées mais encore, elles voient le retour de ceux qui

étaient partis à la recherche du mieux-être. En effet, l’apparition des activités génératrices de

revenus dans les localités rurales électrifiées dissuade les candidats à l’exode rural.

36

II. LES RESULTATS OBTENUS SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES

DANS LA ZONE D’ETUDE

II.1. Cas des ménages raccordés

Dans la Commune rurale d’Anjiajia, 56% des ménages des deux hameaux électrifiés sont

raccordés au réseau. Notons que le nombre d’habitant de ces deux hameaux est de 12 930,

avec une moyenne de 5 personnes par famille25. Ces deux hameaux sont les plus habités de

cette commune par la présence de nombreux établissements.

Le raccordement du ménage au réseau a permis aux ménages d’initier de nouvelles activités,

23% ont eu des changements quant à la diversification ou amélioration de leur activité

génératrice de revenu en 2 ans. Ce qui leur a permis éventuellement de générer une autre

source de revenu. Mais il faut souligner que ce changement se manifeste différemment selon

les catégories26 des ménages.

II.1.1. Catégorie A

Malgré le fait qu’Anjiajia est la commune qui a le plus bas prix d’électricité parmi les

emplacements de CASIELEC à Madagascar, le raccordement des ménages pauvres au réseau

reste difficile. La cherté du cout de raccordement et l’abonnement mensuel se trouve être les

principales raisons qui empêchent les gens de se raccorder au réseau électrique. En effet, dans

le contexte socio économique actuel27 et selon mes observations un ménage pauvre n’a pas les

moyens de payer le coût de raccordement ni le coût de consommation d’électricité.

Les ménages de catégorie A sont le plus souvent des locataires de maison déjà raccordés par

le propriétaire.

Il est difficile d’évaluer l’impact de l’électricité sur le revenu des ménages de catégorie A car

le seul usage régulier est l’éclairage.

Exemple de ménage enquêté :

RAMANAMBOHITRA Robson, est marié et a 9 enfants, il est locataire d’une maison en

terre battue de deux pièces électrifié qu’il a loué récemment. Il est agriculteur et gagne en

25

Voir Annexe 1 26

Voir Annexe 1 27

EPM, 2010

37

moyenne chaque année 1 350 000 Ariary. Il ne possède aucun appareil électrique mais

seulement un radio cassette à pile. Il n’utilise l’électricité que pour l’éclairage et seulement

quelque heure le soir pour ne pas faire augmenter la facture qui est en moyenne de 10 000

Ariary. Il se plaigne de la cherté du prix de cette électricité et affirme avoir beaucoup de

difficulté à payer la facture. Pourtant, il dit aussi que l’électricité leur a apporté du bien être

car ils ne sont plus obligés de manger très tôt et les enfants ne sont plus obligé d’étudier à la

lueur d’une bougie.

II.1.2. Catégorie B

L’électrification a pour les ménages de revenu moyen apportée des changements réels,

notamment : la diversification de l’activité génératrice de revenu avec l’achat de nouveaux

équipements électriques, la création et le développement de nouvelles activités. 7 ménages sur

10 enquêtés ont répondu avoir perçu des changements.

Comme exemples :

� L’achat d’un brushing par une mère de famille pour ouvrir une coiffure

Ce sont des activités qui n’existaient pas avant l’électrification du village.

� Prolongement des heures d’ouverture de l’épicerie le soir,

� Fabrication et vente de yaourt,

� Le développement des activités de divertissements : projection vidéo le soir avec plus

d’éclairage, plus d’animation et de musique pour attirer les gens.

L’activité commerciale est l’une des plus avantagées par l’électrification du village qui a

permis une augmentation des chiffres d’affaires de vente par l’extension des horaires

d’ouverture le soir, la vente de boissons fraîches, la suggestion de nouveaux produits. La

capacité des ménages à faire un surplus d’économie par la diminution des dépenses en

électricité pour ceux qui utilisaient le groupe électrogène a été observé. Par contre, certains

ménages ont rencontré des difficultés dans l’exercice de leur fonction par l’arrivée de

nouveaux concurrents. En effet les activités telles la projection vidéo, ou encore le

chargement des téléphones voient leurs chiffres d’affaires diminuer car la concurrence

augmente et les clients diminuent car nombreux sont ceux qui ont déjà l’électricité et la

télévision chez eux.

38


Monsieur TIANJARA Santos est un migrant venu s’installer dans le village à cause de la

présence de l’électricité et l’abondance de terre et de bœufs dans la commune. Il est marié et a

4 enfants. Propriétaire d’une maison en tôle de 2 pièces, il est maintenant raccordé depuis plus

d’un an. Il travail comme forgeron dans le village et gagne environ 2 100 000 Ariary chaque

année. Comme activité secondaire, il pratique l’agriculture pour avoir un peu de sécurité

alimentaire et compléter son revenu. En effet, l’agriculture lui apporte un revenu brut de

600 000 Ariary chaque année. Avec l’électricité, il a acheté une télévision et un lecteur DVD

pour la famille. Actuellement, il est encore obligé d’utiliser un groupe électrogène pour son

travail suite à l’insuffisance de la puissance du réseau mais il espère qu’il y aura une

amélioration pour fournir une grande puissance et ainsi, il pourra utiliser le réseau comme

source d’énergie dans son travail.

II.1.3. Catégorie C

Les ménages dans cette catégorie sont abonnés au réseau électrique pour leur confort, la

sécurité, et le divertissement. Jusqu’à présent seulement 37.5% ont eu l’initiative de

développer leur activités génératrice de revenu ou de crées une nouvelle activité.

En effet, ces changements ont été observés sur 3 ménages seulement sur les 8 enquêtés.

Parmi ces activités ont a observé :

� L’ouverture d’un magasin de services bureautique (photocopie, impression, plastification,…)

� le rechargement de téléphone mobile en utilisant l’électricité du réseau pendant les heures de

fourniture d’électricité et avec leur propre groupe électrogène en dehors de celles ci.

� Le prolongement de la durée de l’activité de commerce avec plus d’éclairage et

l’investissement dans de nouveaux équipements électriques (réfrigérateur, congélateur,

mixeur, four électrique,…)

Le fait d’avoir apporté des changements dans leurs activités a permis à ces ménages d’avoir

une nouvelle source de revenu supplémentaire leur permettant de faire d’augmenter leur

épargne, et de diminuer leurs dépenses en électricité car ils utilisaient le groupe électrogène

auparavant.

39


RAKOTOMANGA José, un décortiqueur s’est installé dans le village depuis déjà 8 ans pour

le travail. Il est marié et a un enfant. Il a une maison en dur de deux pièces qui est électrifié

depuis l’arrivé de l’électricité. Avec son activité principale, la décortiquerie, il gagne un

bénéfice de 3 120 000 Ariary chaque année. Il pratique aussi l’élevage porcin comme activité

secondaire qui lui fournit un revenu brute de 6 000 000 Ariary en une année. A la maison, il

possède une télévision, un lecteur DVD, un four électrique, en réfrigérateur, un brushing pour

sa femme et un fer à repasser. Il affirme que l’arrivé de l’électricité leur a permis d’utiliser

librement ces appareils et ne plus se soucier de la dépense extravagante que leur a infligé

l’utilisation du groupe électrogène. Car avant, ils consommaient en moyenne 10 litres

d’essence par jour, alors que maintenant, ils ne payent qu’environ 50 000 Ariary par mois.

Pour lui, seule l’insuffisance de la puissance du réseau reste le seul inconvenient.

II.1.4. Discussion

L’accès à l’électricité a permis aux ménages riches de diminuer leur dépense en terme de

consommation énergétique. Par contre les ménages pauvres rencontrent des difficultés car la

possession de l’électricité est une dépense de plus à leur charge. Néanmoins, le type d’énergie

qu’il utilise, une énergie renouvelable leur donne des avantages significatifs par rapport aux

autres communes rurales qui ont des sources d’électricité par des centrales thermiques. Le

prix est plus abordable et la conséquence sur l’environnement est minime.

Les ménages moyens qui ont fait usage de groupe électrogène auparavant bénéficient d’une

diminution des dépenses et ainsi une possibilité d’épargne. Et ceux qui ont pratiqué de

nouvelles activités ou amélioré leur activité ont bénéficié d’un surplus de revenu.

Mais les ménages qui n’utilisaient pas auparavant de groupe électrogène font face à une

augmentation des dépenses. Et ceci devient une charge s’ils n’ont pas utilisé l’électricité pour

développer de nouvelles activités ou améliorer leurs activités existantes.

Les ménages riches sont les avantagés de l’arrivé de l’électricité car ils font de grande épargne

en utilisant le réseau électrique pour satisfaire ses besoins en électricité sans avoir recours à

l’usage de groupe électrogène qui représente une grande dépense par l’achat de carburant

40

régulièrement. En effet, l’enquête à montrer qu’un ménage riche consomme 10 litres de gasoil

par jour pour son usage personnel.

Les surplus d’argent sont pour tous le monde investit dans les matériels agricoles ou les

terrains ou encore dans de nouveaux équipements.

II.2. Cas des ménages non raccordés

Le même questionnaire28 est utilisé pour analyser la situation des personnes non raccordés au

réseau électrique.

Les raisons de non raccordement sont différentes selon les catégories des personnes

enquêtées.

La totalité des ménages pauvres et le quart des personnes de catégorie B déclarent ne pas

avoir les moyens d’introduire l’électricité chez eux et n’ont pas la possibilité de payer la

facture mensuelle même si l’abonnement était gratuit.

Contrairement aux personnes riches et le reste des ménages moyens qui sont non raccordés

malgré eux, soient par le non électrification de leur hameau, ou l’inaccessibilité de leur

emplacement, et récemment, par la saturation du réseau qui oblige l’opérateur à refuser les

inscriptions jusqu’à l’arrivé de nouveaux matériaux complémentaires.

II.2.1. Exemples de ménages enquêtés :

� Catégorie A :

La famille GILBERT est un agriculteur, il est marié et a 8 enfants. Il est propriétaire d’une

maison en planche d’une pièce qui est situé au centre du village. Malgré son emplacement, il

n’est pas raccordé au réseau électrique. Il se plaigne de la cherté du raccordement et est

suspicieux sur la difficulté qu’il aura à payer la facture mensuelle étant donné que son revenu

est annuel. Son revenu annuel est estimé à 3 100 000 Ariary avec l’agriculture et il ne pratique

aucune activité secondaire. Mais pour lui, la récolte constitue surtout une sécurité alimentaire

pour sa famille. Il ne possède aucun appareil électrique et aucun meuble. Il envisage de

construire une nouvelle maison en dur et ensuite d’intégrer l’électricité chez lui si il arrive à

28

Voir Annexe 4

41

faire suffisamment d’épargne pour. Pourtant, selon les observations, la famille arrive à peine à

satisfaire leur besoin essentiel et aucune possibilité d’épargne n’est considérée

� Catégorie B :

Théophile BERNARDIN, est un enseignant du CEG d’Anjiajia. Il est marié et a 5 enfants. Il

est propriétaire d’une maison en terre battue de deux pièces et n’est pas encore raccordé au

réseau électrique à cause de l’éloignement de son domicile. Il gagne environ un salaire annuel

de 4 610 000 Ariary et pratique l’agriculture comme activité secondaire. Une activité qui lui

rapporte 1 200 000 Ariary chaque année et fournit à sa famille une sécurité alimentaire. Il ne

possède aucun appareil électrique à part la radio à pile mais est dotée d’équipement mobilier

comme le salon. Il aspire l’électricité pour pouvoir jouir des biens être qu’il apporte au foyer

mais son éloignement l’en empêche. Par contre, il témoigne que depuis l’électrification du

village, ses élèves ont pu obtenir de meilleurs résultats scolaires par des cours du soir que lui-

même s’est chargé de fournir.

� Catégorie C :

François d’Assise est un des grands agriculteurs du village. Il est marié et a 5 enfants.

Propriétaire d’une maison en dur de 3 pièces qu’il vient juste de faire construire pour quitter

son ancien domicile à « Ambahibo » suite à des attaques fréquents des « dahalo », il n’est pas

encore raccordé au réseau. Il a déjà établi une demande mais est toujours en attente de

nouveaux compteurs de l’entreprise responsable. Il gagne un revenu annuel estimé à

12 800 000 Ariary chaque année par son activité principal. Une activité qu’il trouve très

rentable dans la région. Et avec les biens faits que l’électricité apporte à ses voisins, il

envisage d’investir dans un panneau solaire si le retardement de son raccordement se

prolonge. Il a choisi le panneau solaire au groupe électrogène pour éviter la charge que le prix

du carburant apporte. Il envisage d’acheter la télévision, d’installer une antenne parabolique

pour suivre les actualités et un réfrigérateur pour avoir des boissons fraiches, de conserver les

aliments et pour permettre à sa femme de lancer une petite commerce selon son choix.

II.2.2. Discussion

Pour la majorité, l’arrivé de l’électricité n’a pas entrainer un grand changement dans leur

revenu, sauf pour quelque un qui ont su profiter de l’électrification du village.

42

Comme par exemple :

� Il a des marchands qui prolongent leur horaire de travail en profitant des éclairages publics

� Il y des mères de famille ou des commerçantes qui fabriquent des yaourts ou des clarinettes et

les déposent chez des personnes qui ont des réfrigérateurs pour les revendre après.

II.3. Le prix de l’électricité

Le paiement de l’électricité se fait par KWh consommé. Le prix de l’électricité est de 950

Ariary le KWh consommé en plus des redevances (5500 Ariary), et la location du compteur

(1500 Ariary), la taxe communale (1000 Ariary), les autres29 taxes (23.75% des dépenses).

C’est le plus bas prix de l’entreprise CASIELC dans la région Boeny, pourtant la plupart des

abonnées, les personnes privées de dépenses électriques (groupe électrogène) auparavant se

plaignent de sa cherté.

En plus du prix concurrentiel de l’électricité à Anjiajia, son heure fonctionnement est le plus

long. Si l’électricité de tous les autres communes rurales électrifiées par des centrales

thermiques de CASIELEC dure 5 heures de temps, celui d’Anjiajia est de 14 heures, de 8 à 13

heure et de 15 heure à minuit.

L’entreprise productrice d’électricité au village déclare chaque mois la facture, et jusqu’à

maintenant aucun non paiement n’a encore nécessité une coupure de l’électricité.

II.4. Conclusion

Au vue des discussions précédentes, la population veut utiliser l’électricité au sein de leur

foyer et dans leur activité génératrice de revenu. Cependant, la puissance des appareils des

opérateurs et le coût de l’électricité restent un frein pour les consommateurs. En effet, la

redevance fixe et les taxes représentent plus de 800% du prix du KWh et il y surtout le

problème de location du compteur chaque mois après l’avoir acheté pour le raccordement, ce

qui entraine une difficulté pour les personnes ayant des CSP30 moyen ou bas d’introduire

l’électricité chez eux.

29 FNE : fond pour subventionner les travaux d’infrastructures pour l’électrification rurale et le TVA : taux des valeurs absolues 30

CSP : Catégories Sociaux-Professionnelles

43

III. COMPARAISON DES REVENUS DES PERSONNES RACCORDEES AU

RESEAU ET LES NON RACCORDEES

III.1. Comparaison des revenus moyens des ménages raccordés et non raccordés

Figure 4 : Les revenus moyens des ménages ruraux d’Anjiajia

Source : l’Auteur

R : les ménages raccordés NR : les ménages non raccordés

En effet, suite à l’évolution et les développements apportés à leurs activités génératrices de

revenu, les ménages raccordés au réseau électrique gagnent en moyenne 2 fois plus que les

personnes non raccordées.

Un ménage raccordé au réseau gagne au total par an dans les 10 000 000 Ariary et un ménage

non raccordé, la moitié.

Ce graphe représente la moyenne de tous les catégories de ménages, ce qui explique la

raisonnabilité des chiffres trouvés.

-

2 000 000,00

4 000 000,00

6 000 000,00

8 000 000,00

10 000 000,00

12 000 000,00

REV 1 REV 2 TOTAL

R

NR

44

III.2. Etude des types d’activités de la population dans la commune

III.2.1. AGRICULTURE

L’agriculture est encore l’activité la plus pratiquée dans la zone d’étude, en effet, 56% le

pratique comme activité principale génératrice de revenu et 22% en activité secondaire31. Les

cultures pratiquées sont le riz, le mais, le black eye, l’arachide, et le haricot.

La commune a de grande potentialité dans le domaine de l’agriculture grâce à l’existence des

« BAIBOHO » dans la région. En effet, pour l’année 2011, la Commune a produit 9000

tonnes de riz, 1400 tonnes de mais, 1500 tonnes de black eye, 750 tonnes d’arachide et 200

tonnes de haricot sur une superficie de 39 000 ha alors que la superficie aménageable est de

45 500 ha32. Cette sous exploitations des terrains est surtout dû au manque d’équipements

agricoles des paysans. Le « baiboho », ne nécessitant pas de grand entretien, les paysans en

profite pour maximiser leur production en ignorant que la productivité du terrain diminue à

chaque récolte si un ajout d’engrais n’est pas effectué de temps en temps.

La riziculture cultivée dans la commune est de 3 000 ha alors que la surface cultivable est de

3 500 ha. Encore une sous exploitation due au manque d’équipements. Pour l’année 2011, la

commune a produit 12 000 tonnes de riz33.

III.2.2. ELEVAGE

La Commune rurale d’Anjiajia est aussi réputée de sa possession de bétails. Un atout

considérable mais à risque par la présence des « dahalo ». Pour l’année 2011, 12 000 têtes

bovines et 2600 têtes ovines ont été enregistrés dans le registre communal de ristournes. Les

destinations de ces « produits » sont Mahajanga, Marovoay, Antananarivo et les communes

avoisinantes.

III.2.3. COMMERCE

Le commerce est la deuxième activité la plus pratiquée après l’agriculture, elle est surtout une

activité secondaire que principale. Par l’étude menée, ont a constaté que près de 22% le

31

Voir Annexe 5 32

Anjiajia, 2011 33

Anjiajia, 2011

45

pratique comme activité secondaire contre seulement 8% en activité principale34. Notons que

80% des commerçants sont raccordés au réseau électrique35.

Tableau 2 : Les commerçants d’Anjiajia

Catégories Formels Informel

Détaillants 36 10

Grossistes 01 _

Collecteurs 12 04

Bouchers 16 _

Source : Monographie de la commune rurale d’Anjiajia

Ce tableau montre que la population exerce plutôt dans le formel que dans l’informel. Notons

que ce chiffre ne tient pas en compte les marchands du jour du marché ou des petits

commerçants mais seulement ceux qui font de cette activité une occupation permanente. Pour

ces derniers, ce sont des tickets que les agents communales leurs distribuent.

Par un entretien avec la responsable des tickets de marchés, RAMANANTENASOA Pauline,

le prix des tickets varient selon les produits des commerçants. Pour les petits commerçants de

brèdes, de poissons, et de riz, il est à 200 Ariary, et pour les commerçants de PPN36, de tissus,

de vêtements, et de différentes fournitures, il est de 500 Ariary. Durant la période de récolte,

la recette s’élève à 250 000 Ariary par jour de marché si elle seulement de 16 000 Ariary

pendant la période de pénurie. Elle affirme aussi que les recettes des tickets représentent une

grande partie de la recette de la commune.

Sur ce tableau 2 on constate que les activités commerciales sont centrées dans les parties

électrifiées de la commune, à dire le hameau de Anjiajia Centre et Lagara. Ceci est la

conséquence de l’électrification. On peut envisager que l’électrification des autres hameaux

de la commune leur permettra aussi d’améliorer et d’élargir leurs activités commerciales.

34

Voir Annexe 5 35

Voir Annexe 6 36

PPN : Produits de Première Nécessité

46

Tableau 3 : Autres types d’activités commerciales

Fokotany Décortiquerie Bar Epicerie Vidéo

Anjiajia Lagara 04 12 16 03

Anjiajia Centre 02 02 03 01

Antsoherinakanga, 01 01 03 01

Ampanitapaka - - - 01

Betanatanana - 01 01 -

Tsilakanina - 01 01 -

Madiorano - - - -

Ambalakazaha 01 01 02 01

Mangalilo - - - -

Antanandava 02 01 03 01

Morafeno - - - -

Source : Monographie de la commune rurale d’Anjiajia

III.3. Relation de causalité entre accès à l’électricité, revenu et condition de vie

Figure 5 : Schéma de causalité entre accès à l’électricité, revenu et conditions de vie

Source : l’Auteur

Accès à l’électricité

OUI

NON

Amélioration, développement ou création

d’activité

Aucune amélioration d’activité

Amélioration d’activité

Aucune amélioration d’activité

Augmentation du revenu

Pas de changement dans le revenu

Diminution du revenu

Epargne

Amélioration de la condition de

vie

Dégradation de la condition de

vie

Pas d’épargne

47

L’accès ou non à l’électricité détermine le niveau de revenu gagné par le ménage. Si le

ménage est raccordé et a réformé son activité génératrice de revenu ou en a créer, alors son

revenu augmente et il sera en mesure de faire des épargnes et d’améliorer sa condition de vie.

Par contre, même s’il est raccordé et n’a réalisé aucune modification sur son activité, il fera

face à des dépenses supplémentaires qui peuvent dégrader sa condition de vie.

Le non raccordement ne peut pas dans tous les cas engendrer une dégradation de niveau de

vie des ménages car si le ménage en question sait profiter de l’existence de l’électricité autour

de lui, son revenu peut augmenter.

Il est à noter que les gains obtenu par celui qui ne possède pas l’électricité n’est pas égal à

celui qui en a.

IV. RELATION ENTRE L’UTILISATION DE L’ELECTRICITE P AR LES

ETABLISSEMENTS PUBLICS ET PRIVES ET LES AMELIORATIO NS APPORTES

DANS LEURS SERVICES

IV.1. Les domaines d’étude

IV.1.1. SANTE

Dans la zone d’étude, le CSB37 n’est pas raccordé au réseau électrique mais à l’aide d’un

panneau solaire qui lui fournisse de l’électricité. Les trois chambres des malades, la

pharmacie, le bureau et la maison du médecin sont électrifiés par cette source d’énergie.

Aucun changement n’a été apporté aux services offerts par cet établissement. Néanmoins, le

nombre de malade a évolué depuis l’électrification du village car les habitants des hameaux

voisins y vont pour se soigner.

Outre le CSB, le Maire de la commune, un médecin et deux infirmiers retraités exercent dans

le secteur privé. Selon leur témoignage, ils ont pu améliorer leur service depuis l’arrivé de

l’électricité grâce à l’achat de nouveaux équipements. Comme les fours micro-onde pour la

stérilisation des matériaux, les réfrigérateurs pour le stockage de vaccins. Auparavant, seul le

CSB pouvait faire la vaccination.

37

CSB : Centre de Santé de Base

48

La commune possède aussi une pharmacie communautaire, et trois (3) centres de dépôts de

médicaments récemment ouverts par l’augmentation de la population ayant recours à la

médecine moderne.

IV.1.2. EDUCATION

La Commune rurale d’Anjiajia possède 19 EPP non électrifié avec 72 enseignants prenant en

charge l’éducation de 3970 élèves, ce qui fait en moyenne 55 élèves pour un enseignant ; un

CEG récemment électrifié par l’établissement, contenant 353 élèves et 13 professeurs donc

dans les 30 élèves pour un enseignant et un collège privé (Saint Michelle) raccordé au réseau.

L’amélioration de la qualité de l’école est une condition nécessaire à la réussite des enfants.

Tableau 4 : Taux de réussite en CEPE avant et après l’électrification du village

Taux de réussite 2009 2011 EPP 48,90% 49,60% St Michelle 83% 100%

Source : Monographie d’Anjiajia

Avec l’électricité, on a pu constater que :

� les taches quotidiennes sont plus facile en utilisant des versions imprimées des cours,

des devoirs, des sujets d’examens et il a gain de temps,

� les enseignants sont plus motivés,

� l’effectif des élèves augmente car les parents d’autres villages voisins y inscrivent

leurs enfants.

� des cours du soir sont attribués aux élèves de la classe de troisième, ce qui a largement

contribué dans les résultats des examens

� les fêtes organisées par l’école sont à succès

Pour les écoles non électrifiés, aucun changement n’a été observé sauf sur la diminution des

effectifs des élèves. En effet, les parents préfèrent inscrire leurs enfants dans les

établissements électrifiés suite aux améliorations apportées à l’éducation et les résultats

obtenus38.

38 Voir Tableau 1

49

Ainsi, seuls les parents qui n’ont pas les moyens pour payer les frais de scolarité inscrivent

ses enfants dans l’EPP. Car on a constaté que les horaires d’étude de ces enfants dépendaient

de la saison. Ils terminent les études très tôt en hiver.

Par ailleurs on a pu remarquer que le fait d’avoir l’électricité à la maison motive les enfants à

faire leur devoir le soir. Et avoir un devoir bien fait les motive à aller à l’école. Le taux de

scolarisation des enfants dans la Commune est arrivé à 88% depuis l’électrification du village.

Seul un enfant sur dix ne va pas à l’école.

IV.1.3. SECURITE

La commune rurale d’Anjiajia est qualifiée comme une zone rouge dans la partie Boeny, elle

n’a qu’un poste fixe de gendarmerie. Les types de crimes fréquents sont les attaques des

« dahalo », le meurtre et les vols surtout durant les périodes de récoltes, durant notre terrain

qui a duré deux semaines un personnel de la commune a été attaqué par les « dahalo », et une

femme aussi a été assassinée par des bandits. Mais les gendarmes ont affirmé que ce taux de

criminalité à diminué de 50% depuis la présence de l’électricité. Les « dahalo » agissent

surtout à partir de la coupure de l’électricité, à environ une heure du matin.

Le Maire de la Commune cherche déjà un moyen pour maintenir l’éclairage public jusqu’au

matin mais c’est encore à discuter avec l’entreprise CASIELEC.

Les gendarmes affirment que la présence de l’électricité a faciliter leur travail car si avant ils

devaient commencer les rondes à partir de 19 heure, maintenant c’est à partir de minuit

jusqu’à 5 heure du matin.

IV.1.4. COLLECTIVITE

Les principales recettes communales d’Anjiajia portent sur :

� les ristournes sur les produits locaux

� les taxes sur la vente des bétails

� et les droits de place sur le marché

Sur les exercices de l’année 2011, la commune a pu tirer un volume budgétaire de 147 481

442 Ariary. Une somme phénoménale pour une petite commune telle qu’Anjiajia. Le maire de

50

la Commune, Simon RANDRIAMIFIDY, a investit ce budget dans la réparation de la route

menant dans la commune ainsi que le paiement des salaires des personnels de la commune.

Sur l’usage de l’électricité, la commune prélève 1000 Ariary à chaque facture de la

consommation mensuelle du ménage. Cette nouvelle source de revenu est destinée pour

l’éclairage public et à l’entretien de la commune. La collectivité possède deux ordinateurs

destinés au service administratif. Et des cours d’informatique sont attribués au personnel de la

commune chargé par le Maire lui-même et à titre gratuit.

IV.2. Relation de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services offerts

dans les établissements publics et privés

Figure 6 : Schéma de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services

offerts

Source : l’Auteur

Pour tous établissements, la possession et l’usage de l’électricité est toujours bénéfique. On

observe une amélioration des services offerts suite à des investissements sur des équipements

de bureau. Par contre, les établissements non raccordés font face à de rude concurrence avec

les établissements raccordés et affrontent une diminution de leurs chiffres d’affaires.

Accès à l’électricité

Investissement dans des équipements de travail

Aucun investissement

Amélioration des services

Aucune amélioration

Augmentation du chiffre d’affaire

OUI

NON Diminution du chiffre d’affaire

Concurrence

51

V. MISE EN PERSPECTIVE DES ASPIRATIONS DE LA POPULATIO N

Les questions relatives aux aspirations de la population ont été élaborées en se basant sur les

théories de capabilité d’Amartya Sen.

Les questions ont été formulées comme suit :

« Quels sont vos souhaits qui ne sont pas encore réalisés ? »

« Quelles sont les freins qui vous empêcheraient de les réaliser actuellement ? »

« Quelles sont vos aspirations vis-à-vis de l’électricité ? »

V.1. Pour les ménages

V.1.1. Aspirations

Avant toute chose, les gens pensent que l’accès à l’électricité peut leur permettre d’initier ou

de développer des activités génératrices de revenus. Ainsi, ils n’iront plus travailler chez les

autres comme employés mais créer leur propre emploi.

Selon eux une augmentation du revenu, leur permettra d’avoir plus d’argent disponible et

nécessaires à d’autres budgets familiaux

Pour la catégorie C : Les aspirations tendent ainsi vers l’achat de tracteur, l’augmentation de

la main d’œuvre, l’investissement. Cette catégorie aspire en premier lieu à diversifier et

intensifier ses activités agricoles. En second lieu viennent les aspirations à l’amélioration du

confort. Enfin, 50% d’entre eux aspirent à développer des activités extra agricoles n’existant

pas dans le village. Il faut rappeler que ces ménages riches disposaient déjà pour la plupart

d’entre eux de groupes électrogènes et d’une télévision.

Concernant la demande en électricité, elle s’oriente vers la diversification et accroissement

des activités économiques de type agricoles. Les aspirations sont axées vers le développement

des activités génératrices de revenu. Mais on trouve également des souhaits sur l’amélioration

du bien être.

Pour la catégorie B : les aspirations sont en premier lieu axées sur l’amélioration du confort

au travers de biens matériels comme des équipements mobiliers, les automobiles…

52

L’amélioration du bien être arrive en première position des aspirations des ménages. Ils

souhaiteraient améliorer leur bien être c'est-à-dire avoir plus de conforts et une bonne qualité

de vie en achetant plus d’équipement dans leur maison. On retrouve ensuite des souhaits sur

le développement d’activité non agricole génératrice de revenu comme la création

d’entreprise.

Pour la catégorie A: les aspirations correspondent prioritairement à l’acquisition de biens

domestiques (meubles, ustensiles de cuisine,…) En second lieu viennent l’emploi et les

revenus, une forte aspiration vers la stabilité financière c'est-à-dire avoir plus de revenu,

pouvoir faire un peu d’épargne et de ne plus vivre au jour le jour.

Dans cette catégorie, la demande en électricité s’oriente vers l’allègement de la pénibilité des

conditions de vie. Car ce sont des gens qui sont souvent habitués soit à ne pas avoir de

l’électricité, soit des gens qui vivent difficilement leur vie. Leurs aspirations se basent alors

sur le fait qu’avoir l’électricité leur permettra d’alléger les taches quotidiennes, moins de

fatigue physique. On retrouve également des aspirations sur le développement des activités

non agricoles génératrices de revenu comme l’achat des matériels pour développer une

activité de commerciale, etc.…

V.1.2. Les freins qui empêchent les ménages de réaliser leurs souhaits

Les principaux freins qui empêchent les ménages de concrétiser leurs souhaits quelques soit

leur catégorie et type d’activités sont les manques de moyens financiers. Ils pensent que

l’insuffisance des moyens financiers, le non accès au microcrédit les empêchent de s’investir

et de développer des activités génératrices de revenus. On constate également comme frein à

l’amélioration des conditions de vie de la population, l’absence d’usine ou d’occupations

rémunérées, le manque d’offre d’emploi dans le village, l’absence d’investisseurs pouvant

créer des emplois. Certains ménages se trouvent en situation de chômage incapable de trouver

de l’emploi car les offres n’existent pas.

L’irrégularité des horaires de fournitures d’électricité constitue également pour le ménage un

obstacle dans la réalisation de leurs souhaits. Ils pensent que l’accès à l’électricité 24h sur 24

leur permettra d’exercer plus d’activités régulières, rémunérées, et d’augmenter le revenu et

ainsi d’améliorer les conditions de vie.

53

V.1.3. Conclusion

Si les ménages peuvent accéder à l’électricité et avoir des moyens financiers disponibles grâce

à celle-ci, ils souhaiteraient améliorer leurs conforts quotidiens. A leur avis, l’accès à

l’électricité leur apporte dignité, reconnaissance et sécurité.

Au niveau éducation, l’absence de lycée au village oblige les parents à envoyer les enfants

pour continuer leurs études en ville. Ce qui nécessite de dépenses connexes (transport,

logement, nourriture, etc.…) Aussi, pour les ménages, faute de moyens financiers et l’absence

de lycée au village constituent un frein à la réussite de leurs enfants. Une solution

envisageable est le fait d’avoir accès à l’électricité, pouvoir développer une activité

génératrice de revenu et pouvoir faire des épargnes. Ceci constitue pour eux une opportunité

pour la progression scolaire de leurs enfants.

V.2. Pour les établissements publics et privé

V.2.1. Aspirations

Pour les établissements publics et privés, les aspirations tendent surtout dans les acquisitions

de matériels électriques adéquats au type de service à offrir et surtout dans la diversification

des services et leur élargissement. Par exemple, les écoles souhaiteraient investir dans des

ordinateurs pour l’étude de l’informatique et l’accès à l’internet pour les enfants, des

matériaux audio-visuels pour faciliter l’apprentissage. Les médecins aspirent surtout dans les

appareils de haute technologie comme les échographies, les scanners, les centres de

laboratoire pour éviter d’envoyer les malades à Majunga à chaque difficulté. Il y a aussi le

grand intérêt pour l’eau potable car jusqu’à maintenant, la population utilise des puits et sont

obligées de faire des kilomètres à la recherche d’eau durant les périodes de sècheresse car les

puits du village sont à sec. Pour les collectivités, l’amélioration des services publics tels que :

l’éclairage public, la sécurité publique, les divertissements collectifs, la multiplication des

activités au village, font baisser les prix de certains produits et services et permet de réduire

les inégalités entre les villageois.

Certes, l’accès à l’électricité apporte plus de sécurité au village. Les rues, les ruelles, les

places publiques seront éclairées le soir et la nuit, protégeant la population ainsi des

agressions, des vols, des actes de banditismes nocturnes. Même chez eux, les ménages auront

54

un peu plus de sentiment de sécurité. Et l’image collectif vis-à-vis des villages voisins va

changer. Ce sera l’image d’une population qui a fait un progrès de développement.

V.2.2. Les freins qui empêchent les établissements à réaliser leur souhaits

Le principal obstacle est l’inexistence de moyen financier suffisant pour des investissements

de grande envergure. De plus l’inexistence des institutions bancaires ou de microfinances

restent un handicap. Outre l’argent, les personnels n’ont pas encore la maitrise des nouvelles

technologies.

VI. RELATION ENTRE LA THEORIE DEBATTUE ET LES RESULTAT S

OBTENUS

Selon Sen, l’élaboration des institutions et des politiques sociales, ainsi que l’évaluation du

bien-être, de l’inégalité, de la pauvreté et de la justice sociale, devraient se baser sur l’étendue

des capabilités des personnes, c’est-à-dire l’étendue de leur liberté réelle d’accomplir certains

fonctionnements.

Dans ce cadre théorique, les ressources, biens et services, ou les droits formels accordés par

les institutions sont à analyser au regard des réalisations que la personne peut accomplir grâce

à eux. Les personnes n’ont pas toutes la même capacité de convertir un bien, par exemple une

aide sociale, ou un droit formel, comme le droit à l’éducation supérieure, en réalisations

comme être inséré professionnellement ou avoir une qualification reconnue. C’est pour cette

raison que Sen propose de quitter la base informationnelle des biens, des ressources et des

droits formels pour passer à une base plus complexe mais plus riche, qui considère en premier

lieu les opportunités réelles des individus. Ces opportunités diffèrent d’une personne à l’autre,

quand bien même les ressources sont identiques, en raison de plusieurs types de facteurs de

conversion : des facteurs personnels de conversion (par exemple, le métabolisme, la condition

physique, le sexe, l’aptitude intellectuelle, etc.), des facteurs sociaux de conversion (par

exemple, les politiques publiques, les normes sociales ou religieuses, l’existence de rôles

sexués, les hiérarchies sociétales, les relations de pouvoir, etc.) et des facteurs

environnementaux de conversion (par exemple, l’influence du climat ou de la géographie). On

voit que Sen ne se limite pas aux seules contraintes provenant du système de prix ou du

budget. Il inclut dès le départ les structures de contraintes, les conventions en vigueur, les

normes sociales, les idéologies dominantes pouvant toutes rétrécir l’espace des possibles des

55

personnes, et généralement négligées de l’analyse économique. Il considère alors les

ressources comme des « inputs » et ne leur accorde qu’une valeur instrumentale ; le véritable

objet de l’évaluation, ce sont les réalisations que la personne peut choisir d’accomplir.

L’utilisation de la biomasse s’inscrit dans une démarche de développement durable, elle

concilie les trois piliers qui sont l’économique, le social et l’environnemental.

Figure 7 : Les avantages de la Biomasse

Source : l’Auteur

VI.1. L’aspect économique

Le prix de revient de la biomasse est très inférieur à celui des combustibles fossiles. Elle

permet donc de réduire les coûts énergétiques. Il s’agit d’une énergie à moindre coût, par

exemple dans les communes à source d’énergie thermique dans la région Boeny (obtenu par

une descente sur le terrain), le prix du KWh est plus de 1650 Ariary, ce qui représente le

double du prix en biomasse.

BIOMASSE

L’aspect économique L’aspect social L’aspect environnemental

Stabilité du cout

de l’énergie

Développement

économique local

Indépendance aux

énergies fossiles

Création

d’emploi

Lutte contre

l’effet de serre

Une

énergie

renouve

Compétitivité

de l’énergie

Un combustible

naturel et

écologique

Optimisation

et utilisation

de la

biomasse

Diversifica

tion des

activités

Création de

nouvelles

activités

56

Et contrairement aux prix des produits pétroliers qui sont soumis aux aléas des marchés

internationaux, la biomasse a une grande stabilité de prix principalement car elle fait partie

d’un marché local.

La biomasse est aussi une énergie de proximité. Elle permet un système économique local

direct, que ce soit au niveau de la collecte, de la transformation, de la distribution et de la

consommation. Elle contribue ainsi au maintien des économies rurales.

Et enfin, la biomasse nous permet d’éviter la fluctuation des prix des énergies fossiles

VI.2. L'aspect social

C’est une énergie dont la valorisation est créatrice d’emplois locaux et incite aussi les

institutions sociales que financière à s’installer dans la commune. Comme le cas d’Anjiajia,

l’institution de micro-finance OTIV projette d’ouvrir un bureau dans la commune.

Actuellement, les responsables passent chaque jour du marché, le mardi, pour attirer la

clientèle et faire des transactions. Et pour ceux qui ont besoin de recourir à leurs services hors

de ce jour, ils doivent se déplacer dans la commune rurale d’Andranofasika qui se trouve à 26

km du village. Le service de microfinance y a débuté en mars 2012.

VI.3. L'aspect environnemental

L’utilisation de la biomasse permet de lutter contre l’effet de serre car elle émet moins de

CO2 et c’est aussi une énergie renouvelable. Avec la biomasse agricole, l’aspect

renouvelable est obligatoirement respecté d'autant plus que le cycle annuel des grandes

cultures offre une ressource annuelle inépuisable.

57

CONCLUSION GENERALE

58

L’électrification est une bonne solution à la pauvreté car elle introduit le développement

économique et social des communes rurales.

D’après les travaux d’enquête et les observations sur le terrain, nous avons pu constater que

l’absence de moyens financiers constitue un obstacle majeur pour la population des zones

d’étude pour ce qui est d’investir dans des matériels électriques pour une amélioration des

activités principales et même en usage domestique. C’est donc la pauvreté monétaire qui

domine. Elle se manifeste par une insuffisance de revenu.

Les trois hypothèses ont été vérifiées : l’absence de l’électricité aggrave la pauvreté,

l’électricité apporte des changements dans les conditions de vie des populations rurales, et

l’utilisation des énergies renouvelables est un facteur de développement durable.

Le développement durable appelle encore d'autres modalités pour la prise de décision

publique. Dans le cadre classique des démocraties représentatives, les choix publics relèvent

des seuls élus, éclairés par la rationalité technique que les services administratifs sont censés

leur procurer. Or cette approche de la décision est de plus en plus contestée, surtout lorsque

celle-ci doit être arrêtée dans un contexte d'incertitude scientifique et à propos de projets

affectant, via l'environnement, la vie quotidienne des gens. Est alors de plus en plus exigée la

participation des citoyens à l'amont du processus décisionnel. Cette approche plus horizontale

et « dialogale » de la décision s'impose aussi aux agents économiques : ceux-ci doivent alors

composer avec les parties concernées par leurs activités (organisations non gouvernementales,

associations, porteurs d'intérêts divers). L'encadrement juridique de l'essor technologique, par

le principe de précaution, relève encore de cette nouvelle approche, concertée, de la prise de

décision.

Enfin, il y a désormais une contradiction patente entre l'organisation de nos sociétés et la

préservation de l'habitabilité de la Terre. Héritiers que nous sommes de la philosophie

contractualiste, nous pensons que ce qui fonde la légitimité de l'organisation politique du

corps social est de garantir à chacun la possibilité de maximiser son avantage, à savoir de

produire et consommer de plus en plus. Or force est de constater aujourd'hui que

l'accumulation de ces productions-consommations dégrade de façon accélérée les biens

communs qui conditionnent la viabilité de la planète, et, au premier chef, la stabilité du climat

et les services écologiques.

59

Le développement durable concerne ainsi toutes les dimensions et les grandes orientations de

nos sociétés. Au-delà même des implications politiques, environnementales et économiques,

l'enjeu est celui d'une civilisation nouvelle.

Madagascar a tous les atouts pour suivre la tendance mondiale vers l’utilisation des énergies

renouvelables au service du développement socio-économique en exploitant ses potentielles

ressources énergétiques locales dans ses projets pour une électrification rurale. L’île pourrait

donc développer et assurer un accès à une énergie propre et durable pour tous à l’échelle du

pays.

TABLES DES MATIERES

SOMMAIRE

ACRONYMES

GLOSSAIRE DES MOTS MALGACHES

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES SCHEMAS

REMERCIEMENTS

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : CONTEXTE ET CADRAGE THEORIQUE ............................................. 6

I. ELECTRIFICATION RURALE A MADAGASCAR .................................................................... 7

I.1. Contexte sur l’électrification rurale à Madagascar ....................................................................... 7

I.1.1. Le programme d’électrification rurale et ses conséquences sur la vie en milieu rural......... 10

I.1.2. Etat des lieux du secteur de l’énergie ................................................................................... 10

I.1.3. Production des opérateurs en électrification rurale .............................................................. 10

I.2. La problématique de la pauvreté énergétique ............................................................................. 11

I.2.1. L’électrification et son impact sur le développement spatial ............................................... 11

I.2.2 L’électrification dans le développement social ..................................................................... 13

I.3.Le lien entre électrification rurale et réduction de la pauvreté ..................................................... 14

I.3.1. L’électrification rurale peut-elle réduire substantiellement la pauvreté à long terme ? ....... 15

I.3.2. Forces et Faiblesse de l’électrification rurale ....................................................................... 16

I.4. Justification du choix de la zone d’étude .................................................................................... 18

I.4.1. La place de la biomasse à Madagascar ................................................................................ 19

I.4.2. Analyse de la Biomasse pour la commune rurale d’Anjiajia ............................................... 20

II. CADRAGE THEORIQUE ........................................................................................................... 21

II.1. L’approche de capabilité de Sen ou la liberté d’agir et d’entreprendre ..................................... 21

II.1.1. Fonctionnement et Capabilités ............................................................................................ 22

II.1.2. Processus de conversion ..................................................................................................... 23

II.1.3. L’action des agents dans l’espace des capabilités............................................................... 24

II.2. Notion de Développement Durable ........................................................................................... 26

II.2.1. Définition ............................................................................................................................ 26

II.2.2. Les systèmes de développement durable ............................................................................ 26

II.2.3. Conservation et développement de la base des ressources ................................................. 28

II.2.4. Alliance entre environnement et économie dans les prises de décisions ............................ 29

DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS ..................... 30

I. IMPACT DE L’ELECTRIFICATION SUR LE MILIEU RURAL .............................................. 31

I.1. L’électrification et l’accroissement de l’économie agricole ....................................................... 31

I.2. Conservation et transformation des produits agricoles ............................................................... 32

I.3. Électrification et développement des activités de services ......................................................... 33

I.4. Régression de l’exode rural ......................................................................................................... 35

II. LES RESULTATS OBTENUS SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES DANS LA

ZONE D’ETUDE .................................................................................................................................. 36

II.1. Cas des ménages raccordés ........................................................................................................ 36

II.1.1. Catégorie A ......................................................................................................................... 36

II.1.2. Catégorie B ......................................................................................................................... 37

II.1.3. Catégorie C ......................................................................................................................... 38

II.1.4. Discussion ........................................................................................................................... 39

II.2. Cas des ménages non raccordés ................................................................................................. 40

II.2.1. Exemples de ménages enquêtés : ........................................................................................ 40

II.2.2. Discussion ........................................................................................................................... 41

II.3. Le prix de l’électricité ................................................................................................................ 42

II.4. Conclusion ................................................................................................................................. 42

III. COMPARAISON DES REVENUS DES PERSONNES RACCORDEES AU RESEAU ET LES

NON RACCORDEES ........................................................................................................................... 43

III.1. Comparaison des revenus moyens des ménages raccordés et non raccordés ........................... 43

III.2. Etude des types d’activités de la population dans la commune ................................................ 44

III.2.1. AGRICULTURE ............................................................................................................... 44

III.2.2. ELEVAGE......................................................................................................................... 44

III.2.3. COMMERCE .................................................................................................................... 44

III.3. Relation de causalité entre accès à l’électricité, revenu et condition de vie ............................. 46

IV. RELATION ENTRE L’UTILISATION DE L’ELECTRICITE PAR LES ETABLISSEMENTS

PUBLICS ET PRIVES ET LES AMELIORATIONS APPORTES DANS LEURS SERVICES ........ 47

IV.1. Les domaines d’étude ............................................................................................................... 47

IV.1.1. SANTE ............................................................................................................................. 47

IV.1.2. EDUCATION ................................................................................................................... 48

IV.1.3. SECURITE ........................................................................................................................ 49

IV.1.4. COLLECTIVITE .............................................................................................................. 49

IV.2. Relation de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services offerts dans les

établissements publics et privés ........................................................................................................ 50

V. MISE EN PERSPECTIVE DES ASPIRATIONS DE LA POPULATION .................................. 51

V.1. Pour les ménages ....................................................................................................................... 51

V.1.1. Aspirations .......................................................................................................................... 51

V.1.2. Les freins qui empêchent les ménages de réaliser leurs souhaits ....................................... 52

V.1.3. Conclusion .......................................................................................................................... 53

V.2. Pour les établissements publics et privé .................................................................................... 53

V.2.1. Aspirations .......................................................................................................................... 53

V.2.2. Les freins qui empêchent les établissements à réaliser leur souhaits ................................. 54

VI. RELATION ENTRE LA THEORIE DEBATTUE ET LES RESULTATS OBTENUS ......... 54

VI.1. L’aspect économique ............................................................................................................... 55

VI.2. L'aspect social .......................................................................................................................... 56

VI.3. L'aspect environnemental ......................................................................................................... 56

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................ 57

TABLES DES MATIERES

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :

� AMARTYA Sen, Inequality reexamined, Russel Sage Fondation New York,

Clarendon Press, Oxford, 1992, 104 pages

� AMARTYA Sen, La démocratie des autres. Pourquoi la liberté n’est pas une

invention de l’Occident ?, Éditons Payot & Rivages, 2005, Paris, 86 pages.

� BOURG Dominique, Le Développement durable. Maintenant ou jamais, Gallimard,

Gallimard 2006, Paris, 88 pages

� DAMIEN, La Biomasse Energie: Définitions, Ressources et Usages, Edition DUNOD

2008, 248 pages.

� FARVAQUE Nicolas et ROBEYNS Ingrid, L’approche alternative d’Amartya Sen,

Edition L’Harmattan 2005, Paris, 349 pages

� GNOS Claude., Les grands auteurs en Economie, Editions EMS 2000, 18, rue Claude-

Bloch, 284 pages

� GONDARD-DELCROIX Claire et ROUSSEAU Sophie, Vulnérabilité et Stratégies

durables de gestion des risques : Une étude appliquée aux ménages ruraux de

Madagascar, L’Harmattan 2004, Paris, 243 pages

� GUERIN Isabelle., Femmes et économie solidaire, Editions La Découverte 2003,

Paris, pages 61-83

� RENE Massé, Histoire de l’électrification rurale en France, Edition « Etudes et

travaux en ligne » du Gret N°03. 2005, pages 1-15

Articles et Rapports:

� COMMUNE RURALE D’ANJIAJIA, 2012, Monographie de la Commune rurale

d’Anjiajia, 4 pages

� INSTAT Madagascar, 2011, Enquêtes périodique auprès des ménages 2010, 378

pages

� INSTAT, 1998, Structure et Facteurs Déterminants de la Pauvreté à Madagascar,

DOROSH Paul, HAGGBLADE Steven, RAJEMISON Harivelo,

RALANTOARILOLONA Bodo, SIMLER Kenneth, 97 pages

� MINISTERE DE L’ENERGIE, 2012, Diagnostic du secteur énergie à Madagascar,

251 pages

� ONUDI 2009, The potential for renewable energies in rural areas of Madagascar,

BEGUERIE Victor et BLANCHARD. Kevin, 131pages

� Rapport ENERGIE, juillet 2010, Energies nouvelles, BIO YATOKPA. Adrien,

MAHMAN. Sakariyou, ABBLE. Koffi, 112 pages

� WORLD BANK, 2008, Impact Analysis of Rural Electrification Projects, Key

findings and evidences from Sub-Saharian countries, LAURENT. Gazull, ALBERT.

Fallot, 23 pages

Revues :

� Express de Madagascar - Edition n° 4568 du 19-03-2010, Une centrale électrique à

biomasse, 1 page

� Séminaire GREEN, vendredi 29 juin 2012, Pour ou contre les bioénergies? Eléments

de réponse à partir de travaux multidisciplinaires en Amérique Latine, 25 pages

� VertigO – La revue en sciences de l'environnement, Vol 5, No 1, Mai 2004,

L’électrification rurale décenttalisée dans le sud, 14 pages

Sites :

�� http://developpementdurable.revues.org/1143

�� [email protected]

�� Rapport Mondial sur le Développement Humain 2009 (chiffres de 2007)

�� tribunemadagascar.com

�� www.haute-normandie.pref.gouv.fr

ANNEXES

LISTES DES ANNEXES

ANNEXE 1 : Méthodologie de recherche

ANNEXE 2 : Etat des lieux du sous-secteur Energie Renouvelable

ANNEXE 3 : ADER

ANNEXE 4 : Le questionnaire

ANNEXE 5 : Interview des collectivités

ANNEXE 6 : Les activités principales et secondaires de la population représentative

ANNEXE 7 : Le raccordement et les types d’activités exercées

ANNEXE 1 : METHODOLOGIE DE RECHERCHE

I. Définition de la zone d’étude

Dans le cadre de ce mémoire le choix de la zone d’étude est élaboré dans la perspective de

développer le thème choisi et suivant les objectifs visés. Pour son potentiel économique et sa

source d’électricité par la biomasse mon choix s’est porté sur la commune rurale d’Anjiajia

qui reste encore la seule commune de Madagascar à bénéficier d’une source d’électricité par

la biomasse fonctionnelle.

I.1. Monographie de la commune rurale d’Anjiajia

I.1.1. Localisation

La commune rurale d’Anjiajia se trouve à 58 km du chef-lieu de district, à une distance de 11

km de l’axe d’entrée RN4. Ses communes limitrophes sont au Nord, la commune rurale

d’Andranofasika, à l’Est celle d’Andranomamy et de Tsaramandroso, au Sud le District de

Maevatanana, et à l’Ouest les communes rurales d’Ambato Ambamiray et d’Ankijabe.

Elle a une superficie de 650 km2 avec 11 fokontany qui sont : Anjiajia Lagara, Anjiajia

Centre, Antsoherinakanga, Ampanitapaka, Betanatanana, Tsilakanina, Madiorano,

Ambalakazaha, Antanandava, Morafeno, Mangalilo.

Le nombre d’habitant recensé en 2011 est de 32100 avec 5980 ménages.

Figure 8 : Evolution de la population

Source : l’Auteur

-

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

1999 2001 2003 2005 2006 2008 2010 2011

Année

Nd d'habitant

La population de la commune rurale d’Anjiajia présente donc un taux d’accroissement de

2,73% par an.

Tableau 5 : Répartition de la population par sexe et par fokotany

Fokotany HOMME FEMME TOTAL

Anjiajia Lagara 3 210 3 190 6 400

Anjiajia Centre 3 275 3 255 6 530

Antsoherinakanga, 3 450 3 432 6 882

Ampanitapaka 659 639 1 298

Betanatanana 740 731 1 471

Tsilakanina 998 995 1 993

Madiorano 337 315 652

Ambalakazaha 504 481 985

Mangalilo 1 029 981 2 010

Antanandava 1 559 1 550 3 109

Morafeno 306 265 571

TOTAL 16 067 15 834 31 901

Source : Monographie d’Anjiajia

Parmi les 11 fokontany d’Anjiajia 02 fokontany seulement sont électrifiés (Anjiajia Lagara et

Anjiajia centre) par CASIELEC et les autres fokontany n’utilisent que des groupes

électrogènes (qui appartiennent à des particuliers).

Elle a été électrifiée en Aout 2009. La centrale électrique à biomasse dont elle dispose tourne

par le biais de balles et son de riz que l’on transforme en gaz à l’aide de turbines qui à leur

tour, fournissent de l’électricité d’une puissance de 40 KWH. 64 sacs de balles et de son de

riz sont nécessaires pour assurer la fourniture journalière de 14 heures d’électricité. Le coût

du KWH est de 950 Ariary sans la redevance fixe.

II. Choix de l’échantillon

II.1. Mode d’échantillonnage

Compte tenu de la non disponibilité des données de base et au vu des hypothèses à vérifier, le

choix de l’échantillon sur le terrain s’est fait par tirage aléatoire sans remise. C’est un tirage

basé sur une stratification sous deux (2) critères: (i) la possession de l’électricité, et (ii) le type

d’activités génératrice de revenu exercé, (iii). Trois (3) groupes de ménages ont été définis à

savoir les agriculteurs, les commerçants et/ou les artisans et les ménages exerçant d’autres

activités.

Ainsi un seuil a été déterminé pour la classification de l’échantillon. Trois catégories ont été

prises en considération.

� Catégorie C : riche si le ménage est propriétaire d’une terre de plus de 5ha et possède plus de

4 bœufs,

� Catégorie B : moyen si le ménage est propriétaire ou locataire d’une terre de 1 à 5 ha et

possède au moins de 4 bœufs

� Catégorie A : pauvre si le ménage ne possède pas de terre ni bœuf ou si le ménage est

locataire d’une terre de moins de 1 ha

Ces catégories ont été choisies avec une analyse personnelle de la population en milieu rurale.

Car la possession de terre et de cheptel détermine encore le niveau de vie de la population

rurale. La terre constitue la principale source de revenu et les bœufs l’épargne.

Etant donné qu’il n’y a pas de bases de données informatisées dans la commune pour

sélectionner les ménages à enquêter, on a établi une liste du nombre des ménages suivant

chaque strate.

Théoriquement, l’enquête devrait être menée auprès de tous les ménages habitants cette zone.

Selon les documents de recensement de la commune, elle est composée de plus de 5980

ménages. Cependant, faute de moyens financiers et de temps disponibles l’enquête n’a pas pu

se faire sur l’ensemble de la population mais seulement sur un échantillon.

II.2. Représentativité de l’échantillon

L’échantillon représente 2,5% de l’univers. S’il n’est pas représentatif de la distribution de

l’univers l’échantillon donne des éléments de compréhension sur les caractéristiques de vie de

la population et donne également des éléments indispensables pour analyser la problématique

et les différents questionnements.

L’échantillon de ménages enquêtés est de 50. L’enquête a également touchée tous les

services publics et privés de la commune (8). Et Il est classifié en 3 catégories A, B, C selon

les critères retenus dans la stratification.

III. Approche méthodologique

Cette étude a un caractère, analytique et inductif sur toute la population malgache, et toutes

institutions et autres structures indirectement liées au secteur de l’énergie.

Elle s’est déroulée de la manière suivante:

III.1. La revue documentaire

Cette étape a été l’une des étapes déterminantes de cette mission. Elle a consisté en la

collecte, à la lecture et à la synthèse des documents d’informations existants sur

l’électrification rurale et l’énergie renouvelable à Madagascar.

Elle a permis de :

1. faire l’état des lieux de la politique énergétique

2. s’approprier le programme d’électrification rurale et de son impact sur la vie des

populations vivant en zone rurale ;

3. recueillir les données primaires pour l’évaluation du potentiel des différentes formes

d’énergies renouvelables ;

4. identifier les conditions pour l’estimation à court, moyen et long termes et dans

l’espace des potentiels des différentes formes d’énergies renouvelables

III.2. L’élaboration des outils de collecte des données et l’état des lieux

Les outils de collecte des données ont été élaborés tout en tenant compte des objectifs visés

par ce mémoire. L’outil est élaboré de manière à recueillir des données pertinentes. Il s’agit

des données suivantes:

1. caractéristiques du ménage enquêté ;

2. différents types d’énergies utilisées par les ménages ;

3. niveau de développement des activités génératrices de revenu ;

4. différentes sources de revenus des ménages.

III.3. L’enquête

Après analyse des nombreuses méthodes de collecte de données, il a été déduit que l’outil le

plus approprié pour collecter les données nécessaires à l’étude est l’enquête par questionnaire.

En effet, le questionnaire permet d’enquêter plusieurs ménages dans un délai assez court ; il

apporte aussi des réponses précises tout en ciblant des individus et des sujets différents. Le

contenu est composé de trois formes de questions : la forme binaire ou question fermée

(oui/non), celle à choix multiples, celle ouverte permettant à l’enquêté de répondre librement

aux questions posées. Avec cette dernière forme de question, les informations obtenues sont

plus riches, mais certainement plus difficiles à traiter statistiquement.

Notons que ce questionnaire a ses limites. Vu sa longueur, l’entretien dure en moyenne une

heure et trente minutes et certaines personnes sont réticents face à cette longueur de temps. Il

y a aussi certaines questions que les enquêtés jugent trop personnels.

III.4. La saisie et l’analyse statistique des données

Cette phase est celle qui a fourni le plus d’éléments d’aide à la décision pour la formulation

des recommandations de cette étude. Elle a consisté au classement et au dépouillement des

fiches d’enquête par rapport aux données recueillies. Les données contenues dans les revues

et les travaux déjà exécutés n’ont plus fait objet d’un retraitement.

III.5. La rédaction et la finalisation du mémoire

Après toutes ces étapes, la rédaction du document s’en est suivie. Elle n’a consisté qu’en la

compilation des résultats d’analyse des données de terrain et de la revue documentaire.

ANNEXE 2 : ETAT DES LIEUX DU SOUS-SECTEUR ENERGIE RENOUVELABLE

I. Définition et classification des énergies renouvelables déjà exploités à Madagascar

On range sous le terme d’énergies renouvelables un ensemble d’énergies inépuisables à

l’échelle humaine, la plupart issue de l’activité solaire, mais qui se manifeste à travers des

phénomènes physiques très divers.

� Energie solaire : L’énergie solaire qui provient de réactions thermonucléaires du soleil

qui provoquent l’émission d’un rayonnement électromagnétique ;

� Energie éolienne : Energie cinétique de masses d’air mises en mouvement entre

régions de l’atmosphère ou résident des pressions inégales ;

� Energie biomasse : Matières organiques susceptibles d’être sources d’énergie;

I.1. Etat des lieux de l’Energie solaire

Selon plusieurs études, Madagascar possède un important potentiel en Energie solaire avec

une Energie incidente de l’ordre de 2 000 kWh/m²/an et presque toutes les régions du pays ont

plus de 2 800 heures d’ensoleillement annuel, soit une puissance solaire de 750 w/m². Les

régions les plus intéressantes disposant d’un niveau de rayonnement supérieur à 5 500 W/m²

sont Diana, Sava, Sofia, Boeny, Melaky, Menabe, haute Matsiatra, Amoron’i Mania, Anosy,

Androy, Atsimo Andrefana, Vakinankaratra, Bongolava, Atsimo Atsinanana. L’Energie

solaire est valorisée en Energie électrique grâce aux installations photovoltaïques, et en

Energie pour la cuisson, grâce au cuiseur solaire ou au solaire à concentration.

Malgré les potentiels existants, ces ressources restent encore sous-exploitées. Leurs

valorisations restent très restreintes, au niveau des CSB, Ecole et particulier.

I.2. Etat des lieux de l’Energie éolienne

Madagascar possède un potentiel important en matière de production d’Energie éolienne. Il y

a 3 sortes de vents dans le pays : les vents des côtes, les vents locaux, les vents provenant de

l’océan dont les alizés et les cyclones.

Les vents des côtes et locaux peuvent avoir une variation d’intensité journalière, les vents

alizés ont des variations saisonnières. Mais ils constituent les vents potentiels pour la mise en

place d’une installation éolienne.

Globalement, les régions Nord, Sud et la côte Est constituent les zones favorables où la

vitesse de vent est intéressante, atteignant 7,5 à 9 m/s dans le nord, 6 à 9 m/s dans le sud. En

considérant les zones du Nord au Sud longeant la côte Est, ayant une vitesse de vent aux

environs de 6,5 m/s,

Madagascar dispose d’un potentiel de 2 000 MW d’Energie éolienne.

Le montage des installations éoliennes peut être réalisé localement à partir des matériaux

importés notamment la turbine même si certaines entreprises importent la totalité des pièces.

I.3. Une comparaison de l’impact des sources d’énergie sur l’environnement

Les différentes sources d’énergie ont chacun leurs avantages et inconvénients. Le tableau

suivant monte les usages de chacun des énergies et les impacts qu’ils attribuent à notre

environnement. Ce tableau est élaboré pour prendre en compte les conséquences des sources

d’énergies utilisées.

Tableau 6 : Source d’énergie et leur rapport avec le Changement climatique pour Madagascar

Source d’énergie Usage Impact de l’utilisation de la source d’énergie sur le climat

Energie fossile Electricité Carburants Chauffage Eclairage Domestique (cuisson, éclairage) Transport

Emission GES 39du fait de la consommation d’énergie

Bois énergie et charbon de bois

Domestique Chauffage industriel /domestique

• Emission GES du fait de la consommation d’énergie • Emission GES du fait de la déforestation associée à l’exploitation du bois énergie

Hydroélectricité Electricité Faible impact sur le climat par rapport aux centrales thermiques

39

GES : Gaz à effet de serre

Solaire Electricité Chauffage Domestique (cuisson) Pompage

Faible impact

Eolien Electricité Faible impact

Agrocarburant Carburant Domestique (Eclairage, cuisson)

• En fonction du mode de production de l’agrocarburant tout au long de la chaîne : changement dans l’utilisation des terres (déforestation directe/ induite), l’utilisation des terres (déforestation directe / induite et autres), utilisation d’engrais chimiques : motorisation de la production

Biomasse (déchets agricole) Electricité Faible impact

Source : Analyse personnelle

ANNEXE 3 : L’AGENCE DE DEVELOPPEMENT DE L’ELECTRIFI CATION

I. Présentation de l’ADER

L’ADER est un établissement public à caractère administratif. Créée en 2002 par le décret N°

2002-1550 et opérationnelle en Juin 2004, elle est chargée, pour le compte de l’Etat à travers

le Ministère de l’Energie, de :

� Promouvoir l’émergence et le développement rationnel d’installations électriques en milieu

rurale, notamment à travers de l’attribution de subventions d’équipements prélevées sur le

Fonds National de l’Electricité pour alléger le tarif appliqué aux consommateurs ;

� Assurer les conditions de viabilité technique, économique et financière des exploitations en

milieu rural, notamment par la promotion et l’émergence de nouveaux exploitants ainsi et par

l’offre d’assistance technique ;

� Instruire les demandes d’Autorisation ou de Concession portant sur des activités de

production et de distribution d’énergie électrique, avec la proposition d’octroi éventuel de

subventions ;

� Assurer le suivi et le contrôle technique de l’exploitation.

Sa principale mission est d’accélérer l’électrification rurale et périurbaine pour accroître le

taux d’accès à l’électricité de la population rurale de 3.9% en 2004 à 10% en 2015.

I.1. Les ressources financières de l’ADER

Les ressources financière du Fonds National de l’Electricité proviennent de :

� Prêts et dons émanant d’institutions financières et d’organisations internationales octroyées à

l’Etat ou aux collectivités locales de Madagascar destinés uniquement aux investissements en

électrification rurale ;

� Une contribution spéciale prélevée sur chaque kilowattheure consommé dans tous les centres

d’exploitation ;

� Les dotations versées au titre des pénalités financières infligées aux permissionnaires et les

concessionnaires du secteur de l’électricité ;

� Les dotations versées au titre des redevances acquittées par les permissionnaires et les

concessionnaires du secteur de l’électricité ;

� Les crédits et dotations supplémentaires inscrits, le cas échéant, au budget de l’Etat ;

� Les dotations versées au titre des frais d’instruction et/ou frais d’inscription et/ou redevances

acquittées par les permissionnaires et les concessionnaires ;

� Toutes autres ressources autorisées par la Loi des Finances.

C’est à partir de ces ressources que sont financées les activités de l’ADER.

I.2. Les Acteurs et les Partenaires de l’ADER

Les principaux acteurs et partenaires de l’ADER qui interviennent dans le développement du

secteur de l’électricité en milieu rural sont :

� L’Etat, représenté par le Ministère de l’Energie,

� L’Office de Régulation de l’Electricité,

� La Collectivité Locale (REGIONS+COMMUNES),

� Les Partenaires techniques et financiers,

� Les Permissionnaires et Concessionnaires,

� Les Bureaux d’études,

� Les Clients finaux.

I.3. Les Investissements effectués et leurs évaluations

Depuis sa création, l’ADER a réalisé 140 projets d’électrification rurale en partenariat avec la

JIRAMA et le secteur privé. Ces projets desservent 215 880 habitants et 183 villages ruraux.

ANNEXE 4 : LE QUESTIONNAIRE

Commune : N/

Fokontany :

Chef du ménage : Nom………………...………………………………………………………..

Situation matrimoniale : Célibataire � Marié(e) � Divorcé(e) �

Nombre d’enfants vivants :……

Origine du ménage : Descendant d’autochtone � Migrant � Affectation �

Motif d’installation au village : ………………………………………………………….

I Famille : Composition du ménage

Nom

membre

du

ménage

Relation Sexe Age Présent

ou

Absent

Etude Actif OBS

II Habitat actuel

Statut d’occupation : Location � Propriétaire � Logement de fonction �

Hébergement gratuit � Autre �

Nature des murs du bâtiment principal :

Dur � Terre battue � Tôle � Planches � Autres �

Nombre de pièces occupées :……

Latrines/toilettes :

Latrine moderne � Latrine traditionnelle � Sans latrine �

Quelle est votre source d’alimentation électrique ?

Réseau public ou privé � Groupe électrogène individuel � Panneau solaire �

Batteries rechargées � Autre �

III Activités et sources de revenu actuel

Actifs Activité

I

Temps

passé/mois

/an

Revenu

moyen

annuel

Activité

II

Temps

passé/mois

/an

Revenu

moyen

OBS

Chef de

ménage

Conjoint

Avez-vous choisi ces activités

1. Activité principale : OUI � NON �

2. Activité secondaire : OUI � NON �

S’il y a au moins une activité non choisi, quel type d’activité auriez vous aimé exercer ?

Parmi les équipements en votre possession, quels sont ceux qui vous semblent importants ?

………………

………………

………………

……………….

Quel équipement auriez-vous aimé acquérir ?

…………………………………………………………………………………………………

…………….……………………………………………………………………………………

………………………….

Quels sont les obstacles/freins qui vous empêchent de les acquérir ?

� Financier � Non prioritaire � éloignement géographique � autre à préciser

VI Electricité

Quelle est la source de votre électricité ?

Freq d’utilisation Préférence

d’utilisation

Raisons

de préférence

Réseau

Groupe électrogène

Solaire

Batterie

Autre

Si la source d’électricité n’est pas celle que vous utilisez. Quelles sont les raisons qui vous

empêchent de l’utiliser ?

…………………………………………………………………………………………………

………………...............................................................................................................................

.........................................

S’il y déjà un réseau électrique et que le ménage n’est pas raccordé

Pourquoi n’êtes-vous pas raccordé au réseau. Expliquez :………………...……………………

� Coût de branchement élevé � Incapable de payer la facture � Réseau éloigné � Trop de

problème sur le réseau

Quel est le montant qui vous est demandé pour être raccordé au réseau :

…………………………Ar

S’il y a déjà un réseau et que le ménage est raccordé

Avez-vous pu grâce à l’électricité générer de nouvelles activités ou améliorer des activités

existantes

OUI � NON �

Si OUI,

lesquelles……………………………………………………………………………………...…

….………...………………………………………………………...……………………………

……………………………..

Depuis l’arrivée de l’électricité avez-vous acheté de nouveaux appareils ou équipements

fonctionnant à l’électricité

OUI � NON �

Lesquels ?......................................................................................................................................

........................

L’arrivée de l’électricité a-t-elle entraîné :

Une baisse de vos dépenses � Une hausse de vos dépenses �

Pas de changement � Ne sait pas �

Quelles en sont les raisons ?

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

………………………….

Croyance et aspirations vis-à-vis de l’électricité

Avez-vous été connecté à un réseau électrique au cours de votre vie ?

� OUI � NON

Qu’est ce qui vous a poussé à vous raccordé et dans quel ordre d’importance

VII Dépenses du ménage

Montant (Ar)

Electricité

Eclairage

Cuisson

Activités agricoles

AGR

Transport

TOTAL

Est-ce que l’électricité représente une part importante de vos dépenses ?

OUI � NON �

Quelles en sont les raisons ?

…………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………

Si vous avez à classer vos dépenses par ordre d’importance, laquelle se place en premier lieu ?

ORDRE

Dépense alimentaires

Dépense en produits de bases non

alimentaires

Dépenses énergétiques

Dépenses en équipement agricole

Dépenses en construction

Dépenses en biens durables

Dépenses en éducation

Dépense en santé

Autre

Quels sont vos souhaits qui ne sont pas encore réalisés ?

Quelles sont les freins qui vous empêcheraient de les réaliser actuellement ?

Quelles sont vos aspirations vis-à-vis de l’électricité ?

ANNEXE 5 : INTERVIEW DES COLLECTIVITES

Les grandes questions dans l’interview des personnes responsables des établissements publics

et privés en milieu rural

1. Utilisez-vous l’électricité dans votre établissement?

2. Si non, pourquoi?

3. Quels sont les effets positifs de l’arrivée de l’électricité ?

4. Quels sont les effets négatifs de l’arrivé de l’électricité ?

5. L’électricité a-t-elle permis à l’établissement de générer de revenus supplémentaires ?

Si oui par quels canaux ?

6. Comment voyez-vous votre établissement dans 5 ans ?

7. Quelles sont les avantages de l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie ?

8. Quelles sont vos perceptions sur l’utilisation et le développement de l’électricité ?

ANNEXE 6 : TABLEAUX SUR LES ACTIVITES PRINCIPALES E T SECONDAIRES

DE LA POPULATION REPRESENTATIVE

Tableau 7 : Les activités principales et secondaires de la population représentative

Acticités AP Fréq. AS Fréq.

Agriculture 28 56% 11 22%

Commerce 4 8% 11 22%

Décortiquerie 3 6% - -

Elevage - - 4 8%

Enseignant 1 2% 1 2%

Forgeron 5 10% - -

Guérisseur - - 1 2%

Maçon 4 8% - -

Médecin - - 2 4%

Menuiserie 2 4% - -

Ouvrier 1 2% - -

Pasteur 1 2% - -

Soudure - - 1 2%

Tailleur 1 2% - -

Vidéo - - 1 2%

Pas d’activité - - 18 36%

TOTAL 50 100% 50 100%

Source : Enquête personnelle de l’Auteur

AP : Activité Principale

AS : Activité Secondaire

Fréq : Fréquence

ANNEXE 7 : TABLEAU SUR LE RACCORDEMENT ET LES TYPES D’ACTIVITES EXERCEES

Tableau 8 : Le raccordement et les types d’activités exercées

Acticités R1 NR1 R2 NR2

Agriculture 15 13 7 4

Commerce 3 1 9 2

Décortiquerie 3 0 - -

Elevage - - 3 1

Enseignants 1 0 0 1

Forgeron 3 2 - -

Guérisseur - - 0 1

Maçon 1 3 - -

Médecin - - 2 0

Menuiserie 1 1 - -

Ouvrier 1 0 - -

Pasteur 0 1 - -

Soudure - - 1 0

Tailleur 0 1 - -

Vidéo - - 1 0

Pas d’activité - - 5 13

Source : Enquête personnelle de l’Auteur

R1 : Activité principale des ménages raccordés

NR1 : Activité principale des ménages non raccordés

R2 : Activité secondaire des ménages raccordés

NR2 : Activité secondaire des ménages non raccordés

RESUME

L’accès à l’énergie renouvelable, est d’une part un facteur clef au développement local et

d’autre part une opportunité pour relever le niveau de vie des gens.

Dans ce cadre, le présent mémoire propose d’analyser une méthodologie d’évaluation des

effets de l’accès à l’électricité sur les conditions de vie des populations rurales pauvres. Nous

avons comme terrain d’expérimentation le village d’Anjiajia qui se trouve au Nord Ouest de

Madagascar. Il s’agit de vérifier et tester des hypothèses selon lesquelles l’utilisation des

énergies renouvelables offre des potentialités pour contribuer à l’amélioration des conditions

de vie de la population et d’instaurer un développement durable.

Des enquêtes ont été menées, et les questions de recherche touchent particulièrement les

dimensions socio économiques, les aspirations et les perceptions des ménages. La démarche

méthodologique a permis de dresser une typologie des ménages enquêtés suivant des critères

biens distinctifs, de mettre en exergue les impacts de l’utilisation de l’énergie en milieu rural

pauvre et d’émettre des nouvelles hypothèses sur les relations énergie et conditions de vie.

ABSTRACT

Access to renewable energy, is as well a key for local development, as an opportunity to raise

the living standards of people.

In this context, this thesis aims at studying a methodology for assessing the effects of access to

electricity on the living conditions of poor rural population. We have as a testing ground

Anjiajia village located on the North-West of Madagascar. This is to verify and test

hypotheses which suppose that the renewable energy supply potentialities to contribute to the

improvement of living conditions and to establish a sustainable development.

So, investigations were conducted. Inquiries were particularly concerning the socio economic

dimensions, aspirations and perceptions of households. The methodological approach has

permitted to set up a typology of households surveyed following distinct criteria, to highlight

the impacts of energy use in poor rural areas, and allowed to adopt new hypotheses about the

link between energy and the conditions of life.

universite d’antananarivo departement economie …

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