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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL ÉTUDE EXPLORATOIRE DES FACTEURS CLÉS DE SUCCÈS DE LA COLLABORATION: LE CAS DU SECTEUR TOURISTIQUE MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES PAR LOVA RAJAOBELINA FEVRIER 2007

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

ÉTUDE EXPLORATOIRE DES FACTEURS CLÉS DE SUCCÈS DE LA COLLABORATION: LE CAS DU SECTEUR TOURISTIQUE

MÉMOIRE

PRÉSENTÉ

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DE LA MAÎTRISE EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES

PAR

LOVA RAJAOBELINA

FEVRIER 2007

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques

Avertissement

La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire.»

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REMERCIEMENTS

En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser ici tous mes remerciements aux

personnes qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce travail.

Tout d'abord, je tiens à remercier ma directrice de recherche madame Line Ricard,

professeure en marketing à l'Université du Québec à Montréal, pour son immense

disponibilité, ses précieux conseils et ses pistes de recherche.

J'exprime toute ma gratitude à monsieur Guy Aubry qui m'a fait bénéficier de son

expérience et m'a prodigué ses conseils pédagogiques.

Je suis particulièrement reconnaissant envers les membres de mon comité de lecteurs

(monsieur François Marticotte de l'UQAM et monsieur Roy Toffoli de l'UQAM) pour leurs

conseils et commentaires ainsi que pour la formation reçue pendant le programme de MBA­

recherche.

Merci à toutes les personnes des différents secteurs de l'industrie touristique des

Cantons-de-l'Est de m'avoir accordé de leur temps dans le cadre des entrevues, sans quoi ce

mémoire n'aurait pas pu être ce qu'il est aujourd'hui.

Enfin, je ne pourrais passer sous silence le soutien inconditionnel et les

encouragements de mes parents et de ma famille au Canada qui m'ont toujours aidé et

encouragé tout au long de mes études. Merci à vous!

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TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES FIGURES v

LISTE DES TABLEAUX vi

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONyMES vii

RÉSUMÉ viii

INTRODUCTION 1

CHAPITRE 1 LA COLLABORATION EN TOURISME 3

1.1 La collaboration 3

1.1.1 Les définitions 4

1.1.2 Les types de collaboration 7

1.1.3 Les avantages et les inconvénients de la collaboration 10

1.1.4 Les facteurs clés de succès (FCS) 13

1.1.5 La mesure du succès 23

1.2 Le tourisme 25

1.2.1 L'importance du tourisme 26

1.2.2 L'évolution du tourisme 27

1.2.3 La structure d'organisation de l'industrie touristique 28

1.2.4 Les principaux intervenants touristiques et leurs interrelations au Québec .. 30

1.3 Le cadre conceptuel 33

CHAPITRE II LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE 36

2.1 Une démarche qualitative 36

2.2 Le choix des sujets 37

2.3 La réalisation des études de cas 39

2.4 L'analyse des données 40

2.5 Le processus de validation 40

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IV

CHAPITRE III RÉSULTATS DE LA RECHERCHE 42

3.1 La Carte napperon des Cantons-de-l'Est.. 42

3.1.1 Le contexte du projet... 42

3.1.2 La description du projet et de la collaboration 43

3.1.3 Les facteurs critiques de succès (FCS) de la collaboration et du projet.. .45

3.1.4 La performance 50

3.1.5 Conclusion 51

3.2 Le Trolley Magog-Orford 52

3.2.1 Le contexte du projet.. 52

3.2.2 La description du projet et de la collaboration 53

3.2.3 Les facteurs critiques de succès (FCS) de la collaboration et du projet.. 57

3.2.4 La performance 62

3.2.5 Conclusion 63

3.3 La Route des vins du Brome-Missisquoi 64

3.3.1 Le contexte du projet... 64

3.3.2 La description du projet et de la collaboration 66

3.3.3 Les facteurs clés de succès (FCS) de la collaboration et du projet 7 1

3.3.4 La performance 76

3.3.5 Conclusion 78

3.4 Synthèse des résultats 79

CHAPITRE IV DISCUSSION DES RÉSULTATS 84

CONCLUSION 93

APPENDICE A Les facteurs critiques de succès d'une collaboration performante 94

APPENDICE B Synthèse- les facteurs critiques de succès de la collaboration pour la

prestation des services publics- (Préfontaine, Ricard et Sicotte, CEFRIO 2002) 96

APPENDICE C Quelques intervenants en tourisme au Québec 99

APPENDICE D Guide d'entrevue 104

BIBLIOGRAPHIE 106

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LISTE DES FIGURES

Figure Page

1.1 Continuum de collaborations 8

1.2 Modèle en cinq niveaux de la collaboration 9

1.3 Emplois créés grâce aux activités touristiques en 2002 27

1.4 Aperçu du système actuel de gouvernance en tourisme au Québec 31

1.5 Cadre conceptuel. 34

3.1 FCS de la Carte napperon des Cantons-de-I'Est.. 46

3.2 FCS du Trolley Magog-Orford 58

3.3 FCS de la Route des vins du Brome-Missisquoi 72

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau Page

1.1 Quelques définitions de la collaboration 5

1.2 Types de collaboration ou partenariat en tourisme 11

1.3 Quelques définitions données par la littérature de la notion de facteur clé de succès 14

1.4 Tableau synthèse des facteurs clés de succès 15

1.5 Quatre dimensions des facteurs clés de succès selon la littérature 17

2.1 Catégories de participants 38

3.1 Gri Ile synthèse des entretiens 80

3.2 Synthèse des trois cas à j'étude 82

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ATR

CAE

CCIMO

CCT

CEFRlO

CLD

CRE

CLE

DEC

ET

FCS

FDOT

MCCQ

MDERR

MRC

OBNL

OLT

OMT

ONT

PDG

PIB

SADC

SDC

SODEC

TCE

TQ

LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES

Association touristique régionale

Centre d'aide aux entreprises

Chambre de commerce et d'industrie Magog-Orford

Commission canadienne du tourisme

Centre francophone d'information des organisations

Centre local de développement

Conférence régionale des élus

Centre local d'emploi

Développement économique Canada

Entreprise touristique

Facteur c lé de succès

Fonds de développement de l'offre touristique

Ministère de la culture et des communications du Québec

Ministère du développement économique et régional et de la recherche

Municipalité régionale de comté

Organisme à but non lucratif

Organisation locale de tourisme

Organisation mondiale du tourisme

Organisation nationale de tourisme

Président directeur général

Produit intérieur brut

Société d'aide au développement des collectivités

Société de développement commercial

Société de développement des entreprises culturelles

Tourisme Cantons-de-I' Est

Tourisme Québec

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RÉSUMÉ

Malgré l'intérêt grandissant pour l'étude de la collaboration et du partenariat, encore peu de recherches ont exploré toute la complexité des relations multiples dans une industrie comme celle du tourisme, qui regroupe des intervenants aux profils variés (entreprises ou organismes privés, publics ou à but non lucratif).

La présente recherche a pour principal objectif d'explorer les facteurs pouvant influer sur les choix de stratégie de collaboration et le succès de cette dernière dans un contexte touristique.

Plus spécifiquement, un examen de la littérature a été effectué, faisant ressortir pour cette étude, quatre dimensions relatives aux facteurs : l'environnement, les entités à la collaboration, les relations et le projet/produit

Une approche qualitative est privilégiée au moyen d'une étude de cas multiple, avec la réalisation de quatorze entrevues semi-dirigées et d'une recherche documentaire.

Les données recueillies auprès des intervenants ont été traitées grâce à une matrice ordonnée. Les résultats ont révélé des éléments nouveaux, notamment le recours à la consultation, la synergie, la concertation comme facteurs clés de succès de la collaboration. En outre, la compatibilité des personnalités des partenaires constitue un facteur essentiel pour la réussite d'une collaboration. Il en ressort que certains facteurs jugés importants au niveau de la littérature, la confiance ou la clarté de la mission, ont été peu soulignés.

Cette étude apporte deux contributions majeures. Elle permet d'enrichir le corpus théorique sur la collaboration dans une industrie complexe, diversifiée et fragile telle que l'industrie du tourisme et ce, en conciliant les points de vue de partenaires importants. D'une manière plus pragmatique, ces résultats sont profitables aux gestionnaires de projets œuvrant dans le public ou le privé.

Mots-clés: collaboration, partenariat, tourisme, relations multiples, facteurs clés de succès.

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INTRODUCTION

Depuis une décennie, beaucoup d'organismes ont recours à une forme de

gouvernance collaborative pour accroître leur efficacité dans un contexte de réduction des

ressources et afin de répondre aux exigences de la clientèle. De plus en plus d'entreprises ont

recours à des alliances, font des acquisitions et les partenariats à différents paliers sont

devenus fréquents. Les systèmes de réseaux sont de plus en plus fréquents, à savoir

l'assemblage de petites entités dispersées, reliées entre elles de façon plus ou moins formelle

et organisée, pour satisfaire des besoins communs (Rhodes, 1996).

Le tourisme suit cette tendance. Cette industrie regroupe une multitude d'entreprises

privées, de travailleurs, de regroupements sectoriels, régionaux et locaux ainsi que plusieurs

organisations publiques (fédérales, provinciales, régionales, municipales) qui touchent les

différents secteurs d'activité et qui doivent travailler ensemble (Bramwell et Lane, 2000). Au

niveau du Québec, ces organisations comprennent Tourisme Québec (TQ), les associations

touristiques régionales (ATR), les centres locaux de développement (CLD), les diverses

associations, les établissements hôteliers, les restaurants, les entreprises touristiques et bien

d'autres encore. Ce secteur se caractérise par sa complexité car il fait intervenir beaucoup

d'entités relatives au public et au privé ainsi que les organismes à but non lucratif ou

OBNL. Ainsi, il est devenu intéressant pour ces diverses organisations de joindre leurs

ressources, leurs savoirs, ou les deux, pour promouvoir le développement du secteur et ce,

dans une perspective de développement durable (Jamal et Getz, 1995). Cette approche

implique une gestion de toutes les ressources permettant à la fois de satisfaire les besoins

économiques, esthétiques et sociaux, et de préserver l'intégralité culturelle, les écosystèmes,

la biodiversité et les systèmes de soutien à la vie (Harribey, 1998).

En tourisme, comme dans de nombreux secteurs, la gouvernance suppose que les

partenaires des différents secteurs et paliers reconnaissent leur interdépendance. Ils

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2

conviennent, sur une base volontaire, de la répartition des rôles et responsabilités liés aux

fonctions de gestion de cette industrie hautement fragmentée (Tourisme Québec, 2005). La

présence des organismes à but non lucratif peut, quant à elle, avoir un impact sur la

performance de la collaboration. Selon Fowler (1998), les organismes à but non lucratif

(OBNL) ont en général une faible capacité à développer des partenariats entre eux. Pourtant,

leur soutien facilite la collaboration entre le public-privé puisque les membres/clients sont

souvent au cœur de leur mission (Préfontaine, Ricard et Sicotte, 2002).

Hormis sa complexité, le choix du secteur touristique comme domaine d'étude à la

collaboration est justifié par son importance dans l'économie. Le tourisme contribue à la

vigueur de l'économie canadienne. Ce secteur représentait 24 milliards de dollars ou 1,9% du

produit intérieur brut du Canada en 2004 et a généré des recettes totales de 57,5 milliards de

dollars la même année (Commission Canadienne du Tourisme, 2004).

L'objectif de cette étude est d'explorer les facteurs clés pouvant influer sur la

performance de la collaboration dans le secteur touristique. Pour cela, il faut, dans un premier

temps, saisir la notion de collaboration. Par la suite, les avantages et inconvénients seront

développés. Les facteurs clés de succès de la collaboration seront étudiés tout en essayant de

les adapter au contexte touristique. La place du tourisme sera considérée. Trois cas identifiés

comme performants seront analysés par le biais d'une approche qualitative. Enfin, cette

recherche se terminera par la présentation des résultats et par la discussion qui s'y rapporte.

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CHAPITRE 1

LA COLLABORATION EN TOURISME

Ce chapitre se subdivise en trois volets. Le premier volet fait état des connaissances

actuelles sur la notion de collaboration. Plus spécifiquement, une analyse des différentes

définitions apportées sur le sujet est effectuée, suivie d'une description des types de

collaboration. Les avantages et inconvénients de la collaboration sont exposés. Enfin, les

facteurs clés de succès, étant l'élément principal de cette recherche, sont à l'étude.

Le deuxième volet traite de l'industrie du tourisme. Dans un premIer temps,

l'importance du secteur est abordée. Par la suite, la structure de l'industrie est mise en

évidence. Enfin, un bref profil des intervenants dans l'industrie touristique au Québec est

dressé.

Le dernier volet est consacré à la présentation du cadre d'analyse et des définitions

des différents concepts, à savoir les facteurs clés de succès, la collaboration entre les entités et

la perception du succès.

1.1 La collaboration

Au cours des deux dernières décennies, les solutions de collaboration sont nées des

problèmes rencontrés dans plusieurs secteurs d'activité de la société (affaires, gouvernement,

travail et environnement) (Gray, 1989). Depuis la fin des années 80, les thématiques de la

collaboration et du partenariat connaissent un intérêt croissant, aussi bien de la part des

gestionnaires que des chercheurs (Selin et Beason, 1991). Le terme partenariat est

spécialement utilisé au niveau du gouvernement et du cercle des gestionnaires tandis que

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4

celui de collaboration est particulièrement commun dans la littérature (Bramwell et Lane,

2000). Dans le cadre de cette étude, les deux notions vont être reliées. Le regroupement des

deux notions a été notamment adopté par Bramwell et Lane (2000) dans leurs recherches en

tourisme. Bien qu'il soit de plus en plus utilisé, le terme collaboration reste ambigu. En

conséquence, il est nécessaire d'éclaircir sa signification.

1.1.1 Les définitions

Selon la définition fournie par le dictionnaire le Petit Larousse (2005, p.264), le verbe

collaborer se réfère à l'action de « travailler avec d'autres à une œuvre commune ». Comme

les racines latines l'indiquent (cum et laborare), la collaboration signifie « travailler avec ».

La recherche d'une définition plus élaborée conduit à une multitude de propositions

différentes, chacune apportant sa contribution à l'éclairage du concept.

Dans un contexte de collaboration pour la prestation des services publics, la

collaboration peut être définie comme un appui mutuel et volontaire que s'offrent deux ou

plusieurs administrations distinctes pour réaliser un objectif commun (Préfontaine, Ricard et

Sicotte, 2002, p.5). Peterson et Anderson (2001) la présentent plutôt comme l'implication

d'une équipe de personnes (personnes en opposition à administrations) qui développent et

partagent une vision commune et des objectifs communs. Les gens travaillent ensemble et

actualisent leurs objectifs.

Le tableau 1.1 met en évidence quelques définitions de la collaboration. Néanmoins,

il est difficile de trancher sur une définition unique de la collaboration, à savoir si c'est un

processus (Gray, 1989), une relation mutuelle (Winer et Ray, 1994), l'implication d'une

équipe (Peterson et Andersen, 2001) ou un appui mutuel (Préfontaine, Ricard et Sicotte,

2002).

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5

Tableau 1.1 Quelques définitions de la collaboration 1

Auteurs

Gray (1989)

Winer et Ray (1994)

Mattesich, Muray-Close et Monsey (2001)

Peterson et Anderson (2001)

Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002)

The Drucker Fundation (2002)

Définitions

Processus selon lequel les parties, qui voient différents aspects d'un problème. peuvent explorer constructivement leurs différences et cherchent des solutions qui vont au-delà de Jeur propre vision limitée du possible

Relation bien définie et mutuellement bénéfique entre deux ou plusieurs organisations afin de réaliser des meilleurs résultats qui seraient probablement impossibles à réaliser par une seule organisation

Relations mutuellement bénéfiques et bien définies instaurées entre deux ou plusieurs organisations afin de réaliser des objectifs communs. Ces relations comportent un engagement consistant : à déterminer des relations et des objectifs mutuels, à développer conjointement une structure et à se partager les responsabilités; à accepter une autorité commune; à accepter l'imputabilité mutuelle du succès; et à partager les ressources et les récompenses

Implication d'une équipe de personnes qui développent et partagent une vision commune et par extension, des objectifs communs. Ces personnes travaillent alors ensemble pour atteindre ces objectifs et par extension, pour voir leur vision se concrétiser

Appui mutuel et volontaire que s'offrent deux ou plusieurs administrations pour réaliser un objectif commun

Relation(s) qui fournit(ssent) des opportunités de bénéfices mutuels et résultats au-delà de ceux que pourrait réaliser une seule organisation

, Traductions libres sauf celle de Préfontaine, Ricard et Sicotte

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6

Dans le cadre de cette étude, mais surtout en se basant sur les différentes définitions

repérées dans la littérature, la collaboration définie comme étant une relation sera retenue.

Mattesich, Muray-Close et Monsey (2001) ou Winer et Ray (1994) qualifient la collaboration

de relation mutuellement bénéfique. Cette relation est mutuellement bénéfique car chaque

partie devrait tirer profit de la collaboration.

Concernant les entités à la collaboration, Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002) font

allusion à des administrations dans un contexte de services publics. Les autres auteurs

(Mattesich, Muray-C1ose et Monsey, 2001; Winer et Ray, 1994) parlent d'organisations. En

fait, il serait probablement plus adapté de garder le terme « entité» car des parties autres que

les administrations, les individus par exemple, peuvent adhérer à la collaboration. La

participation volontaire des parties à la collaboration est soulignée par Schrage (1990) qui

insiste sur la notion de relation intentionnelle.

Les auteurs, dont ceux du tableau 1.1, sont unanimes quant au nombre d'entités

participant à la collaboration et au partage d'objectifs communs. Pour qu'il y ait relation, au

moins deux entités joignent leurs efforts dans le processus de collaboration. Lorsque la

relation est moins formelle, la notion de réseau est mieux appropriée. Cette notion de réseau

est basée sur les échanges d'informations et d'autres ressources sans une mission

communément définie, ni une structure précise (Taylor-Powell et Rossing, 1996).

Quand les auteurs font référence aux objectifs communs, les parties prenantes

doivent-elles nécessairement avoir une vision commune pour que la collaboration soit un

succès? Taylor-Powell, Rossing et Geran (1998) considèrent qu'une vision commune facilite

la collaboration grâce à des activités comme une définition partagée des enjeux ou une

évaluation en commun des ressources afin d'atteindre les objectifs.

En somme, la lecture et l'analyse des définitions font ressortir les caractéristiques de

la collaboration suivantes:

relation mutuellement bénéfique et volontaire

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7

implication de deux entités ou plus

vision commune et objectifs communs (les -objectifs sont décidés conjointement

ou parfois par un partenaire mais partagés avec les autres par la suite)

partage de l'information, mais aussi des risques, des récompenses et des

responsabilités.

1.1.2 Les types de collaboration

Après avoir analysé la notion de collaboration à travers un rapprochement de

définitions dans différents contextes, il peut être utile d'en faire Je lien avec certaines notions

similaires.

Partenariat, coopération, consortium, alliance, coentreprise, réseau, coordination,

impartition, sont notamment des termes utilisés pour décrire des relations d'association

interorganisationnelles. Ces termes peuvent être interchangeables pour certains auteurs et

différents pour d'autres. Mattesich, Muray-Close et Monsey (2001) font par exemple la

distinction entre coopération, coordination et collaboration.

La coopération est une relation informelle à court terme qui existe sans une mission,

une structure ou un effort de planification bien définis. Les partenaires de coopération

partagent des informations mais les ressources de chaque entité sont pratiquement séparées

afin d'éviter les risques (Winer et Ray, 1994). La collaboration se distingue de la coopération

puisqu'elle est non seulement basée sur une relation plus durable mais aussi sur une mission

commune. Elle entraîne un niveau d'implication et d'engagement plus élevé que la

coopération (Mattesich, Muray-Close et Monsey, 2001).

En ce qui concerne la coordination, elle se présente comme étant une relation plus

formelle que la coopération. Les gens impliqués dans la coordination focalisent leur

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8

interaction à long terme sur un effort ou un programme spécifique. La coordination requiert

une planification et une séparation des rôles et nécessite une communication ouverte (Winer

et Ray, 1994). Toutefois, la collaboration entraîne des efforts plus soutenus que la

coordination.

Murray (1998) reconnaît qu'au lieu d'une seule définition de la collaboration, il y a

une typologie dans les formes de collaboration basée sur le degré d'interdépendance des

partenaires. Dès lors, la coopération ou la coordination sont des types de collaboration. Cette

pensée rejoint celle de Myers (1998) qui fait référence au modèle de continuum de

collaborations élaboré par Klein2 (figure 1.1).

Coopération Coordination Collaboration Restructuration stratégique

lnformel ...~------------------------- .... Formel

Figure 1.1 Continuum de collaborations3

Le terme « continuum» suppose que lorsque les relations passent d'une étape à une

autre, le niveau d'implication des partenaires à la collaboration augmente, l'étendue des

activités couvertes par la collaboration s'élargit et les interactions entre les partenaires

s'intensifient (Austin, 2000). La coopération est le type de collaboration dont la formalité des

relations est la plus faible tandis que la restructuration stratégique est la plus forte. Cette

dernière comprend, entre autres, l'alliance stratégique, la coentreprise et la fusion (Hayes,

Terk et La Piana, 2003).

Suivant l'intensité de la collaboration (incluant la conformité des buts partagés,

J'intensité des échanges, la confiance mutuelle ... ) et la nature des échanges (échanges

d'informations, échanges des plans, réalisation conjointe des opérations ... ), cinq niveaux de

2 Référence non disponible dans le texte de Myers 3 Traduction libre

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9

collaboration sont à distinguer d'après Frayret, D'Amours et D'Amours (2003) (figure 1.2) :

la relation transactionnelle, la relation d'échange d'information, la relation de planification

conjointe, la relation collaborative de planification et d'exécution des opérations et la co­

évolution.

Nature des échanges Co·évolution r

'r<c-------,4,

Alianan""t,;t d'É~niti:>t1 c:rJ:inle Relation collaboraüve de planification

,j:.; '51~atÉg~s et d'exécution des opérations

Réalisation œnjcirle Ô"-S Relation de planification 1\ opéJations conJ Olll te 1 \

.--'c------+----,l Ij31tifiŒltioo =joirt2œs

ri Relation d'é( hangeGtj2ctifs ~l œfi ni tion ronjointE d:s plans d'informatio

r II'

EcNmg'e-s Œ plSl1s d·utilisaH:·n œ la cs,."adtÉ

eld=s objed~5 Felation transactionnell

~ E&.arg5 d'jnfl'lJm31i:Jfls

CpE;aiioM€llës El tadiqœs

EdJarges dinfo:msticrt5 IIsnsadi oon eli es

faible forle

Intensité de la collaboration ./ intensité des buts partagês .( intensité des échanges ./ illlbriC3tion des procP-ssus intemes .( confiance mutuelle ./

Figure 1.2 Modèle en cinq niveaux de la collaboration. (Tirée de Frayret, D'Amours et D'Amours, 2003.)

La relation transactionnelle, par exemple, est celle où l'intensité de la collaboration

est la plus faible et où la nature des échanges se traduit par des échanges d'informations

reliées aux transactions, Cette forme de collaboration s'apparente beaucoup à la coopération

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10

de par l'intensité faible de la relation. Les partenaires se limitent aux échanges

d'informations.

Le ni veau de collaboration où l'intensité se trouve la plus forte est la co-évolution.

Elle se caractérise par la définition conjointe des stratégies. La coentreprise ou entreprise

commune (aussi appelée joint-venture en anglais) peut ainsi être le résultat d'une coévolution.

Une entreprise est créée par deux entreprises ou plus.

Cette typologie dans les formes de collaboration sera gardée pour cette recherche.

Comme l'illustre le tableau 1.2, il existe différents types de collaborations dans le secteur

touristique dont l'alliance stratégique, le consortium ou l'entreprise en participation.

Deux questions peuvent être formulées: existe-t-il un type de collaboration plus

performant qu'un autre? Les facteurs de succès seront-ils les mêmes pour les différents types

de collaboration en tourisme?

Peu d'études se sont intéressées à ces points qui pourront ainsi être des avenues de

recherche. Pour cette étude, le chercheur se limitera à explorer les facteurs clés de succès sans

un type de collaboration bien spécifique.

1.1.3 Les avantages et les inconvénients de la collaboration

Après avoir défini la notion de collaboration et abordé les types de collaboration, il

est indiqué de tenir compte d'un aspect essentiel de la relation: les avantages et les

inconvénients de la collaboration. En d'autres termes, les organisations doivent identifier les

raisons pour lesquelles elles désirent collaborer et penser aux éventuels inconvénients qui

peuvent se présenter. Une balance positive pourrait mener à une décision réfléchie de

collaborer.

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Il

Tableau 1.2 Types de collaboration ou partenariat en tourisme. (Tableau adapté de l'étude

réalisée par KPMG Management Consulting, 1995.)

Types de collaboration ou Descriptions

partenariat

~ Consortium Entreprises qui conjuguent leurs (technologie, services, etc.) pour obtenir

ressources un avantage

qui leur échapperait autrement

Entreprises qui œuvrent dans des secteurs différents, possèdent des compétences ou des ressources

Entreprise en participation différentes et s'intéressent à un regroupement constitue souvent

même créneau. Leur une «entité» à part

entière

Entreprises (petites ou moyennes entreprises dont les ressources ou les compétences se complètent) s'associent en général pendant une longue période, pour atteindre des objectifs communs. Ces alliances sontAlliance stratégique qualifiées de stratégiques parce qu'elles jouent un rôle essentiel dans l'ensemble de la stratégie commerciale ou de marketing des partenaires

Entreprises s'entendent pour faire conjointement la promotion de leurs produits ou services. Elles visent surtout, de la sorte, à exploiter pleinement leurs réseaux Marketing collectif de distribution et à se familiariser avec les marchés visés grâce à un partenaire qui est déjà présent

Entreprises (appartenant à des industries différentes et possédant des compétences uniques mais complémentaires) s'associent afin que leurs clients en

Relation de complémentarité aient plus pour leur argent. Il s'agit d'une relation très étroite, caractérisée par l'existence d'activités conjointes ou imbriquées dans de nombreux domaines

Plusieurs entreprises s'associent dans la poursuite Réseau commercial d'objectifs communs

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12

Il arrive qu'une société soit dotée de bonnes ressources humaines (de talents) alors

que les moyens financiers sont insuffisants. La collaboration pourrait être une solution par

l'apport de ressources humaines en compensation des ressources financières insuffisantes. Le

partage des ressources durant la collaboration peut améliorer la performance, le savoir ainsi

que la position concurrentielle. Selon Bramwell et Lane (2000), l'accès à la technologie et au

savoir, aux capacités et aptitudes, peut être partagé lors d'une collaboration. Mais les

compétences motrices partagées peuvent porter préjudice une fois la collaboration terminée.

L'entité ayant appris des autres pourrait essayer de les devancer en s'octroyant une

technologie nouvelle ou un savoir-faire nouveau.

Le partage de risques financiers peut aussi être un autre argument pour recourir à la

collaboration. Les entreprises veulent éviter les « flops » dans un contexte où elles se

retrouvent seules. Le fait de collaborer avec un partenaire permettrait d'atténuer les déficits

éventuels. La réduction et le partage de coûts semblent être des alternatives trouvées lors

d'une collaboration. À cet égard, Austin (2000) souligne les effets économiques de la

collaboration (avantages de coûts et économies d'échelle et d'envergure).

La recherche de crédibilité peut constituer une motivation de collaborer (Ekos

Research Associates, 1998). Deux ou plusieurs entreprises partenaires, connues et reconnues

par le public, gagneront davantage la confiance des clients. Cette collaboration améliorera

probablement le positionnement des entreprises ou des produits. Comme mentionné plus

haut, il arrive que deux entreprises engagées dans une collaboration créent ensemble une

nouvelle entreprise. Cette forme de collaboration est communément appelée coentreprise.

L'intensité de la relation est alors forte.

Des solutions plus constructives résultant d'un travail collectif peuvent constituer une

autre source d'avantages. Une synergie peut éventuellement être bâtie. Cela peut se traduire

par l'innovation et l'efficacité. Bloxhman (1997) souligne notamment l'amélioration du

processus de résolution de problème. L'auteur montre l'importance de la créativité à travers

le brainstorming de groupe. Les idées sont plus variées et plus riches. Aussi, le même auteur

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parle de la probabilité de rencontrer des clients variés souvent complexes qUI poulTaient

enrichir la collaboration. Finalement, il supporte l'idée que la collaboration permet la

réduction dans la duplication des efforts.

Mais au-delà de ces apparences profitables de la collaboration, des inconvénients

peuvent exister. Le conflit d'intérêt peut parfois se manifester. Les acteurs ne sont pas prêts à

réduire leur pouvoir pour travailler avec des partenaires non familiers (Bramwell et Lane,

2000). Les di vergences idéologiques et de valeurs sont difficiles à gérer. Les différences de

culture et de langage peuvent freiner la collaboration. Anderson (1996) cite d'autres barrières

qui pourraient nuire au succès de la collaboration: les conflits de personnalité, les

expériences négatives de collaboration en général ou entre les entités et la peur du risque.

Suite à la présentation des avantages et des inconvénients de la collaboration, un

premier constat peut être formulé. La collaboration est devenue une solution pour certaines

entités et ce, pour des fins stratégiques. Malgré les risques encourus, le bilan est positif dans

un contexte adéquat et respectant des conditions précises. Celles-ci constitueront d'ailleurs

les facteurs clés de succès de la collaboration développés dans la prochaine section.

1.1.4 Les facteurs clés de succès (FCS)

La notion de facteur clé de succès (FCS) trouve son origine dans l'étude réalisée par

Daniel (1961) sur l'inadéquation du système d'information en management, parue dans la

Harvard Business Review (Verstraete, 2001). Cette notion est utilisée dans toutes les

disciplines des sciences de gestion (la stratégie, le contrôle, la définition du système

d'information, le marketing ... ). Sa déflOition varie selon les auteurs (tableau 1.3) mais celle

fournie par Leidecker et Bruno (1984, p.24) paraît la plus explicite. Selon ces auteurs, les

facteurs clés de succès sont des « caractéristiques, conditions ou variables qui, lorsqu'elles

sont correctement suivies, maintenues et gérées, peuvent avoir un impact significatif sur le

succès d'une firme dans un secteur donné ».

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Tableau 1.3 Quelques définitions données par la littérature de la notion des facteurs clés de , 4

succes .

Auteurs Définitions

Leidecker & Caractéristiques, conditions ou variables qui, lorsqu'elles sont Bruno (1984) correctement suivies, maintenues et gérées, peuvent avoir un impact

significatif sur le succès d'une firme dans un secteur donné

Jenster (1987) Nombre limité d'événements, de conditions, de circonstances ou d' acti vités, dont les résultats, s'ils sont satisfaisants, permettent à l'organisation d'atteindre la performance conculTentielle

Stratégor (1993) Éléments sur lesquels se fondent en priorité la concurrence et qUI correspondent aux compétences qu'il est nécessaire de maîtriser pour être performant

Johnson & Composantes d'une stratégie par laquelle l'organisation doit se

Scholes (1999) surpasser pour vaincre la concurrence

Lynch (2003) Ressources, compétences et attributs d'une organisation qUI sont essentiels à l'atteinte du succès au niveau du marché

En raison des facteurs situationnels ou incontrôlables, les gestionnaires ne peuvent

être unanimes sur la liste des facteurs clés de succès. Les facteurs pourraient varier selon le

type de projet. Un projet de collaboration de grande envergure (montant de l'investissement

ou nombre de partenaires) nécessiterait des facteurs spécifiques en comparaison avec un

projet de plus faible envergure. Le « succès» reste ambigu et subjectif (Baker, Murphy et

4 Traductions libres

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Fisher, 1988). Les différents partenaires ou même les personnes qui appartiennent à la même

organisation risqueraient de citer des facteurs différents.

La liste des facteurs ne peut ainsi être exhaustive. Cependant, les facteurs clés de

succès trouvés dans la littérature (au niveau de la gestion de projets, des projets touristiques

ou autres projets de collaboration multisectorielle) sont présentés tout en gardant en tête que

ces dits facteurs devraient aussi cadrer dans un contexte de collaboration touristique.

Quatre études, deux reliées aux facteurs clés de succès de projets et deux autres aux

facteurs clés de succès de la collaboration, ont été empruntées pour effectuer la synthèse des

facteurs clés de succès présentée à J'aide du tableau lA.

Tableau 1.4 Tableau synthèse des facteurs clés de succès

Mattesich, Auteurs Pinto el Slevin Bissonnette Murray- Close Préfontaine, Ricard

(1986) (1996) et Monsey (2001) et Sicolte (2002)

Co Il aborat ion Collaboration Domaines Projets divers Projets touristiques pour projets pour la prestation des

divers services publics

1. Mission du projet 1. Pouvoir et enjeux - Coopération de la - Mission

<Il 2. Compétences du politiques communauté et légitimité

,<1) () chef de projet 2. Tâches techniques - Respect mutuel - Communication () ::3 3. Tâches 3. Soutien du client - Aptitude aux - Présence de <Il

<1) t~chniques promoteur compromis champion opérationnel -0 <Il 4. Ecoute des 4. Compétences du - Leadership et exécutif ~ ()

clients chef de projet - Communication - Appui politique <Il 5. Approbation des 5. Mission du projet - Vision commune .... ;:l <1) clients Ü ~ <Il <1)

.....:J Par ordre Par ordre Quelques éléments Quelques éléments

d'importance d'importance importants importants (5 premiers (5 premiers facteurs

facteurs sur 14) sur 14)

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La première étude associée à Pinto et Slevin (1986) traite des facteurs clés de succès

de 418 projets, dont des projets de construction, des projets informatiques et des projets

relatifs aux biens de consommation. La seconde étude, celle de Bissonnette (1996), considère

les facteurs clés de succès retrouvés dans 10 projets touristiques au Québec. La troisième

étude, de Mauesich, Murray-Close et Monsey (2001), aborde les facteurs clés de succès

d'une collaboration mutlisectorielle (santé, sciences sociales, éducation et affaires publiques)

grâce à l'analyse de 18 projets de collaboration (Appendice A). Finalement, la dernière étude,

de Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002), considère les facteurs clés de succès de 16 projets de

collaborations: 9 projets canadiens, 5 projets américains et 2 projets européens (Appendice

B).

Partant de cette synthèse et d'autres travaux, quatre principales dimensions (tableau

1.5) sont à distinguer pour cette recherche: l'environnement, les caractéristiques des entités à

la collaboration, les relations et le projet/produit.

Parmi les quatre dimensions, la dimension projet/produit a été incluse même si elle

est principalement reliée aux facteurs clés de succès d'un projet/produit plutôt qu'à la

collaboration. Tout comme Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002), le chercheur l'a intégrée

aux différentes dimensions pouvant agir sur la collaboration. Bien que cette dimension touche

principalement le projet/produit, elle peut avoir des répercussions sur la collaboration

proprement dite.

1.1.4.1 L'environnement

Bissonnette (1996) a adapté les facteurs clés définis par Slevin et Pinto (1986) dans

des projets uniquement touristiques. Ses résultats citent l'appui du gouvernement comme

facteur jugé le plus important. Ce facteur permet d'enclencher Je projet, soit d'en faciliter le

financement grâce, entre autres, à la contribution des investisseurs publics et de l'État.

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Tableau 1.5 Quatre dimensions des facteurs clés de succès selon la littérature

Les facleurs Auleurs

1. Projet Iproduit ou service Mission, des objectifs Pinto et Sievin, 1986; Bisonnelle, 1996; Gray, 1996; Austin, 2000; Mattesich,

Murray-Close el Monsey, 2001; Préfontaine, Ricard et Sicolle, 2002; Morrison, Lynch et Johns, 2004

Complexité (difficultés reliées à la technologie, politique, nombre de partenaires, ... ) Préfontaine, Ricard et Sicolle, 2002 Léoitimilé Nouveauté Processus de planification McNeil et Hanley, 1986; Pinto et Slevin, 1986; Bramell et Sharman, 1999;

Préfontaine, Ricard et Sicolte, 2002 Outils d'évaluation de l'atteinte des Costongs et Springell, 1997; Préfontaine, Ricard et Sicolte, 2002 objectifs, de suivi et contrôle Financement (prêts, subventions... ) Préfontainc, Ricard el Sicolte, 2002

2. Caractéristiques des partenaires Compétence du personnel (expertise, Pinto et Sievin, 1986; Bisonnelle, 1996; Costongs et Springelt, 1997 détermination, persévérance... ) Crédibilité et légitimité Roberts et Simpson, J999; Préfontaine, Ricard et Sicolle, 2002 Compatibilité et complémentarité des Gray, 1996; Wondolleck et Yaffee, 2000; Maltesich, Murray-Close et Monsey, partenaires (au niveau des personnalités, 200J des ressources ... ) Appui de la haute direction Pinto et Sievin, 1986; Préfontaine, Ricard et Sicolle, 2002 Leadership/champion Howell et Higgins, 1990;Gray, 1996; Wondolleck et Yaffee, 2000; Maltesich,

Murray-Close et Monsey. 2001; Préfontaine, Ricard et Sieolte, 2002; Morrison, Lynch el Johns, 2004

Expériences passées de collaboration Gulati, 1995; Préfontaine, Ricard et Sicolte, 2002 Flexibilité (capacité d'adaptation) Austin, 2000; Mallesich, Murray-Close et Monsey, 2001; Préfontaine, Ricard et

Sicolle, 2002 Stabilité du personnel Préfontaine, Ricard et Sicolte, 2002 Ressources organisationnelles, Winer et Ray, 1994; Gray, 1996; Wondolleck et Yaffee, 2000; Mallesich, Murray-financières et techniques Close et Monsey, 2001; Morrison, Lynch et Johns, 2004

3. Relations Confiance Gray, J996; Austin, 2000; Light, Bell et Halpern, 2001; Maltesich, Murray-Close

et Monsey, 2001 Communication Pinto et Slevin, 1986; Austin, 2000; Maltesich, Murray-Close et Monsey, 2001;

Préfontaine, Ricard et Sicone, 2002 Implication et engagement Selin et Beason, 1991; Milne, 1998; Buller, 1999; Timothy, 1999; Préfontaine,

Ricard et Sicolte, 2002; Morrison, Lynch et Johns, 2004 Respect mutuel Gray, 1996; Mallesich, Murray-Close el Monsey, 2001 Coordination Préfontaine, Ricard el Sicolte, 2002 Dépendance Jamal el Getz, 1995; Light, Bell et Halpern, 2001 Vision partagée Austin, 2000; Mallesich, Murray-Close el Monsey, 2001 Compromis Mallesich, Murray-Close et Monsey, 2001 Pou voir partagé Jamel et Gelz, 1995; Roberts et Simpson, 1999; Sullivan et al., 2001 Bénéfices mutuels Austin, 2000; Light, Bell et Halpern, 2001; Maltesicll, Murray-Close et Monsey,

2001; Morrison, Lynch et Johns, 2004

4. Environnement Politique Pinto et Sievin, 1986; flisonnette, 1996; Mattesich, Murray-Close et Monsey,

2001; Préfontaine, Ricard et Sicotte, 2002 Social et culturel Pinto et Sievin, 1986; Reed, 1997; Austin, 2000; Maltesich, Murray-Close et

Monsey, 200 1; Préfonlnine, Ricard et Sicolle, 2002 Economique Pinto et Slevin, 1986; Pré fontaine, Ricard et Sicotte, 2002; Institutionne.1 D'nffaires Technolo.gique·(+in f,.astructure)

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18

Ce constat vient appuyer les résultats de Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002) qui, dans le

cadre de la collaboration au niveau de la prestation des services publics, ont souligné

l'importance de l'appui politique pour la réussite du projet de collaboration.

Au niveau de l'environnement culturel, la perception du secteur touristique par la

communauté locale ou la population doit être prise en considération. L'intégration de la

communauté représente un aspect majeur dans la collaboration, conformément au type de

projet. Selon Reed (1997), les résidents locaux font partie des principales parties prenantes

dans le développement du tourisme. Par exemple, la solidarité de la communauté peut avoir

une forte influence dans le processus de prise de décision (Reed, 1997). De plus, une

sensibilité culturelle, une connaissance du milieu par les partenaires et une souplesse des

promoteurs vis-à-vis de leur projet par rapport aux priorités de la population pourraient être

profitables (Sullivan et al., 2001).

Il faut aussi prendre en compte les autres dimensions environnementales comme

l'économie ou la technologie. En ce qui concerne la dimension économique, le taux d'emploi

et de chômage, le PlB, le taux de croissance, le taux d'inflation et le taux d'endettement

pourraient, entre autres, avoir des répercussions sur le projet de collaboration (Préfontaine,

Ricard et Sicotte, 2002). Concernant la technologie, le développement des technologies

d'information peut avoir un impact sur la collaboration. L'Internet pourrait notamment

améliorer la communication à distance entre les collaborateurs.

1.1.4.2 Les caractéristiques des entités à la collaboration

Les personnes dotées d'un bon sens du leadership coordonneraient les tâches plus

facilement ou simplifieraient la participation de chacun des membres dans leurs

responsabilités respectives. D'après Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002), il faut exercer un

leadership souple en phase de démarrage et réduire le taux de roulement du personnel affecté

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aux projets. La stabilité du personnel constitue ainsi un élément dont il faut tenir compte pour

le succès de la collaboration.

Costongs et Springett (1997) suggèrent différentes pistes pour éviter les divergences

pouvant surgir pendant la collaboration. Ils recommandent essentiellement de veiller à ce que

les personnes qui participent aux groupes de travail disposent de l'autorité, des compétences

et des aptitudes nécessaires. Les compétences du responsable de projet (Bissonnette, 1996;

Pinto et Slevin, 1986) sont vues comme indispensables. Ces compétences désignent les

capacités à trouver des solutions et à motiver son équipe ainsi que l'excellence de ses

connaissances techniques et la bonne vision stratégique. Les partenaires, pour leur part, ne

devraient pas être trop timides, ni trop jeunes et devraient disposer d'un réel pouvoir de

décision et de représentation de leur institution. La présence de jeunes très dynamiques peut

être positive à la collaboration. Il ne faudrait toutefois pas qu'ils soient trop jeunes, surtout

dans un contexte de projet de grande envergure où l'âge pourrait faire douter de la crédibilité

et de l'expertise de la personne au pouvoir. Les collaborations réussies sont basées sur le

pouvoir légitime où l'autorité d'un partenaire particulier est acceptée par les autres groupes

comme représentative des intérêts communs (Roberts et Simpson, 1999).

La présence d'un ou de plusieurs champions peut être bénéfique pour le projet et la

collaboration. N'occupant pas nécessairement un poste formel de leader, le champion est

celui ou celle qui fait en sorte que les choses arrivent. Sa motivation, sa persévérance et sa

volonté de pousser au delà des normes, si nécessaire, forcent l'adhésion des autres au projet

(Howell et Higgins, 1990).Cet élément est ressorti comme un des facteurs clés de succès dans

les travaux de Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002) au niveau des prestations des services

publics. Deux types de champions sont à distinguer. Le champion exécutif gère les enjeux

politiques reliés au projet tandis que le champion opérationnel assure le leadership du projet

lui-même.

Il faut aussi jongler avec la diversité et la complexité des partenaires. Chaque entité a

des buts et des objectifs distincts, des pouvoirs inégaux, des structures et cultures différentes

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selon qu'elle se rattache au public, au privé ou aux üBNL. Ces divers partenaires ont

différents degrés de compréhension et d'acceptation des bénéfices mutuels de la collaboration

(Fowler, 1998).

Pour finir, l'expérience de collaboration peut figurer comme facteur essentiel dans la

réussite de la collaboration. Selon Gulati (1995), les entités ayant une expérience de

collaboration sont des partenaires désirés, peut-être parce qu'elles sont plus efficaces dans le

processus de collaboration et dans les relations interorganisationnelles. D'après leurs

expériences passées, les entités risquent moins de perdre temps et argent lors de la

planification et de l'implantation du projet de collaboration.

1.1.4.3 Les relations

Pour démarrer une collaboration, Roberts et Simpson (1999) et Sullivan et al. (2001)

recommandent principalement le partage du pouvoir dès le démarrage du projet, le respect

mutuel notamment au niveau des compétences individuelles et l'instauration d'un climat de

confiance. Le respect mutuel facilite une relation de confiance. La collaboration doit être

fondée sur les principes de confiance incluant la fiabilité, la consistance, la congruence (des

actions), la réciprocité dans le partage des risques et des gains (Light, Bell et Halpern, 2001).

li est nécessaire de poursuivre un (des) objectif(s) commun(s) qui ait(ent) été

détenniné(s), acceptées) et compris par l'ensemble du groupe. Daka-Mulwanda (1995) et

Light, Bell et Halpern (2001) font référence au développement et à l'acceptation d'un

ensemble de directions et d'objectifs communs. Ils recommandent de partager les

responsabilités et de travailler ensemble pour atteindre les objectifs tout en utilisant

l'expertise de chaque partie. Un des facteurs les plus importants dans le développement d'une

collaboration en matière de planification touristique selon Bramell et Sharman (1999) et

Jamel et Getz (1995) s'avère l'existence d'une vision commune pour le développement du

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tourisme ou d'un sentiment faisant en sorte que les parties prenantes partagent un problème

commun qu'elles ont besoin de résoudre ensemble.

Les partenaires devraient se percevoir comme gagnants au bout du compte, réaliser

que leur engagement est bénéfique et que leurs avantages dépassent les coûts (Mattesicb,

Muray-Close et Monsey, 2001). Ils devraient être disposés à faire des compromis. Des règles

rigides et des attentes trop élevées risquent d'entraver la collaboration (Mattesich, Muray­

Close et Monsey, 2001).

La communication représente lin autre facteur important pour la réussite de la

collaboration. Pour que la collaboration soit efficace, une communication ouverte et fréquente

doit être engagée. Il faut veiller à organiser des contacts fréquents et directs entre les

partenaires et les différents groupes de travail ou instances décisionnelles. Il faut partager et

échanger les informations de manière constante afin d'éviter qu'un groupe ne bénéficie que

d'informations de seconde main (Costongs et Springett, 1997). Il est important de prévoir,

entre tous les groupes, des canaux de communication dans les deux sens. Une structure de

communication ouverte et visible (transparente et bien identifiée par tous les partenaires)

accroît la confiance et réduit la possi bilité de conflits (Costongs et Springett ,1997).

Les intervenants sont interdépendants, ils peuvent compter les uns sur les autres en

termes de talents, de ressources, d'expertise, de savoir et d'autres formes de contribution. Les

habiletés individuelles sont diverses mais doivent être complémentaires (Wondolleck et

Yaffee, 2000). Les partenaires doivent avoir des ressources adéquates et complémentaires

pour la bonne marche de la collaboration. Les ressources comprennent l'argent, le personnel,

la technologie, la formation, l'information, le temps et les contacts (Winer et Ray, 1994). Le

manque d'intérêt ou d'engagement des parties prenantes peut constituer une barrière à la

collaboration (B utler, 1999; Milne, 1998; Selin et Beason, 1991 ; Timothy, 1999).

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1.1.4.4 Le projeUproduit

Dans leur étude scientifique pionnière sur les facteurs clés de succès des projets,

Pinto et Slevin (1986) notent l'importance de la mission du projet et de la planification dans

les phases de conception du projet. La planification détaillée se veut un aspect nécessaire de

la vie des projets et de leur succès (McNeil et Hartley, 1986). Étant donné le caractère

généralement ponctuel, novateur, unique et multidisciplinaire du projet, le recours à des outils

et techniques de planification ou de gestion de projet est fréquent. Lors de la planification, il

faut reconnaître le degré élevé d'interdépendance des partenaires pour la réussite du projet

(lamai et Getz, 1995).

Le deuxième facteur se réfère à la disponibilité des techniques, à la technologie

requise et aux expertises nécessaires au projet (Bisson nette, 1996). L'importance de la

technologie est moins marquée dans le secteur touristique mais les expertises nécessaires au

projet constituent un élément clé au succès des projets touristiques. Le manque d'expertise et

de formation de la part des autorités en tourisme crée une barrière à la collaboration (Butler,

1999; Milne, 1998; Timothy, 1999).

Il est aussi judicieux de consacrer du temps pour une réévaluation permanente du

programme et de penser aux réajustements (Costongs et Springett, 1997).

La légitimité du projet figure comme un élément incitatif à l'intégration des parties.

Elle suscite la convergence des intérêts des partenaires vers une mission commune et partagée

(Préfontaine, Ricard et Sicotte, 2002).

Le financement apparaît comme un facteur critique dans le succès d'un projet. Son

adéquation avec les besoins du projet garantit une certaine pérennité, surtout s'il est

disponible pour une période de temps suffisamment longue (Préfontaine, Ricard et Sicotte,

2002). Enfin, l'ampleur et la complexité du projet peuvent avoir une incidence sur la

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collaboration (Préfontaine, Ricard et Sicotte, 2002). Par exemple, un grand nombre de

partenaires nécessiterait un niveau de coordination plus élevé.

Après la présentation des facteurs clés de succès regroupés en quatre principales

dimensions, il faut se rendre à l'évidence que ces facteurs ne sont pas exhaustifs. D'ailleurs,

le but de cette recherche exploratoire est aussi de trouver des facteurs peu ou pas mentionnés

dans la revue de la littérature. Mais une question peut légitimement se poser: comment

qualifie-t-on le succès? Plus précisément, grâce à quels indicateurs peut-on dire que la

collaboration est réussie? Les éléments de réponse seront fournis dans la section qui suit.

1.1.5 La mesure du succès

Après avoir étayé les différents facteurs clés de succès, il est pertinent d'en faire un

lien avec les critères de succès. Rares sont les études empiriques établissant le lien, pour

autant nécessaire, entre les critères de succès et les facteurs critiques de succès (Tan, 1996).

Alors que les facteurs critiques de succès des projets renvoient plutôt à des

conditions, des faits, qui concourent aux résultats des projets, les critères de succès des

projets désignent un ensemble de caractères ou de principes pour estimer ou juger le succès

des projets (lka, 2005).

D'après Belout (1998), le succès des projets correspond à l'efficience et à ['efficacité

des projets. L'efficience se réfère à l'utilisation adéquate des ressources et ['efficacité se

rattache à l'atteinte des objectifs ou des buts du projet.

Baker, Murphy et Fisher (1988) pensent qu'il n'y a probablement pas de « succès

absolu» mais plutôt des « succès perçus ». En outre, le point de vue est loin d'être le même

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pour toutes les parties prenantes (Lim et Mohamed, 1999). Enfin, il n'y a pas non plus

constance dans l'évaluation du succès dans le temps (Hazebroucq, 1993).

Sur quels critères les gestionnaires doivent-ils alors se baser pour qualifier un projet

de succès? Atkintson (1999) a initié le « triangle: délai, coût, qualité» ou le « triangle de fer

» pour évaluer le succès des projets. D'autres critères, la réalisation des objectifs, la

satisfaction des utilisateurs finaux et la satisfaction des autres parties prenantes se sont ajoutés

ultérieurement (Baccarini, 1999; Lim et Mohamed, 1999 et Shenhar, Levy et Dvir, 1997, lka,

2005).

Autant que les recherches sur les facteurs de succès, celles qui ont trait aux critères

de succès des projets montrent qu'il est aussi impossible d'en obtenir une liste exhaustive. La

raison en est que les facteurs et critères de succès diffèrent d'un projet à l'autre, compte tenu

de l'envergure, de l'unicité et de la complexité des projets (Wateridge, 1998).

Dans le cadre de cette étude, le chercheur tentera de mesurer le succès du projet mais

principalement le succès de la collaboration. Sur quels critères faut-il alors mesurer le succès

de la collaboration?

Si différents auteurs apportent des critères spécifiques comme le triangle -délai, coût,

qualité- dans le cadre de la gestion des projets (Atkinson, 1999; Baccarini, 1999; Lim et

Mohamed, 1999 et Shenhar, Levy et Dvir, 1997), les critères pour évaluer le succès de la

collaboration restent un champ peu exploré par les chercheurs. L'évaluation de la

collaboration devrait se faire à l'aide d'un procédé à long terme et non à court terme et avec

plus de résultats mesurables (Roberts et Simpson, 1999). Préfontaine, Ricard et Sicotte

(2002), dans leurs travaux sur la collaboration pour la prestation des services publics, ont

mesuré la performance selon quatre dimensions: la relation, le projet, le service ou le produit

et les personnes. Plus précisément, la relation de collaboration est jugée satisfaisante si les

partenaires ont développé un sentiment de confiance mutuelle. Le projet est considéré comme

un succès s'il a été réalisé en respectant les critères de coûts, de temps et de qualité

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2S

préalablement fixés. Le servIce offert satisfait les citoyens s'il répond à leurs besoins et

constitue une nette amélioration par rapport au service offert antérieurement. Enfin, les

personnes ayant participé activement au projet sont fières de leur réalisation si elles ont le

sentiment d'avoir relevé un défi et qu'elles considèrent leur travail d'autant enrichi.

Pour cette étude, le projet est considéré comme un succès s'il répond aux attentes des

citoyens (touristes). Concernant la mesure de la collaboration, la satisfaction des partenaires

de la relation ainsi que leur probabilité de poursuivre la relation sont vérifiées.

La mesure du succès est un processus assez complexe étant donné qu'elle est basée

sur une vision subjective. La mesure de la collaboration est un domaine peu exploré par les

chercheurs. Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002) sont les rares auteurs qui ont traité de la

mesure de la collaboration. Cette recherche s'affirme ainsi comme étant un précurseur en

matière de mesure de la collaboration, notamment par l'ajout d'un nouveau critère, à savoir

l'intérêt et la probabilité de poursuivre la relation de collaboration. Mais il faut mentionner

sous réserve, que ces critères ne sont pas universels et que d'autres critères pour mesurer la

collaboration ne sont pas à exclure.

1.2 Le tourisme

Le choix du secteur touristique comme domaine d'étude est justifié par sa

complexité, par son importance économique et par son caractère novateur en matière de

collaboration. D'une part, les différents acteurs appartenant au public ou au privé ainsi que

les OBNL peuvent avoir des objectifs distincts rendant leurs relations plus complexes.

D'autre part, les ressources limitées et les exigences des touristes rendent la collaboration

plus difficile. Les entités touristiques doivent alors jongler avec ces différents paramètres et

ce, dans le but de faire croître l'industrie de manière durable.

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26

Dans les sections qui suivent, l'importance du tourisme, son évolution ainsi que sa

structure seront discutées afin de mieux comprendre le rôle de la collaboration en tourisme.

1.2.1 L'importance du tourisme

Souvent qualifié d'activité économique à forte croissance, le tourisme contribue à

10,4 % du PNB mondial et génère 215 millions d'emplois (Tourisme Québec, 2005).

Selon la Commission Canadienne du Tourisme (2004), le produit intérieur brut (pm)

touristique s'est élevé à 24 milliards de dollars en 2004, soit 1,9% du PIB du Canada et les

dépenses touristiques au Canada ont atteint 57,5 milliards de dollars la même année.

Au Québec, le tourisme est un important moteur économique. Il figure au sixième

rang des produits d'exportation et représente 2,8 % du PIB (Tourisme Québec, 2005). Près de

330000 personnes travaillent dans cette industrie. Ces employés œuvrent dans plus de 34 000

entreprises touristiques québécoises. En moyenne 27,5 millions de touristes visitent la

province (extrait de l'économie québécoise apparu dans le portail du gouvernement du

Québec, 2005).

L'influence économique du tourisme se répercute sur d'autres industries, surtout

celles des loisirs et du divertissement. Elle touche aussi les services des agences de voyage,

les provisions, les boissons alcoolisées, l'essence, le transport en commun local et le

stationnement. D'ailleurs, 108 900 emplois sont reliés à ces autres industries grâce au

tourisme (Figure 2.1).

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27

108900

78700

o Hébergement Restauration o Transport o Autres industries du tourisme • Autres industries

Figure 1.3 Emplois créés grâce aux activités touristiques en 2002

Source: Statistique Canada, Système de comptabilité national, indicateurs du tourisme national, quatrième trimestre 2002.

1.2.2 L'évolution du tourisme

L'industrie touristique traverse une période de mutation. Comme l'a reconnu

l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) dans son rapport de 2000, deux forces

principales, la mondialisation et la technologie, transforment le secteur touristique en une

force économique dynamique impo11ante pour les différents pays. En plus de la technologie

qui évolue et de la concurrence qui se mondialise, il est possible de constater que les finances

gouvernementales s'amenuisent alors que les clients deviennent mieux informés et exigeants.

Les voyageurs sont de plus en plus avertis grâce à l'accès aux informations multiples et sont à

la recherche d'expériences personnalisées entraînant la création de produits sur mesure.

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28

D'autres facteurs sont importants dans ce contexte touristique, il n'y a qu'à penser à

l'impact du terrorisme, à la Guerre en Irak, au SRAS, aux crashs aériens des dernières années,

à l'accroissement des coûts du carburant, à la fluctuation de la valeur du dollar et aux goûts

changeants des voyageurs (Tourisme Québec, 2005).

Aujourd'hui, une nouvelle forme de tourisme vient s'ajouter à cette période de

mutation du secteur: le tourisme durable. Le tourisme engendre à l'occasion des

développements et aménagements qui ont des répercussions néfastes sur l'environnement

naturel et sur le bien-être des communautés hôtes (Tourisme Québec, 2005). Il y a ainsi perte

de biodiversité, épuisement des ressources naturelles et réchauffement planétaire. Une

responsabilisation de tous les intervenants dans la recherche d'un équilibre profitable à tous

est de mise. Le tourisme durable est un tourisme qui consiste à exploiter de façon optimale les

ressources de l'environnement, à respecter l'authenticité socioculturelle des communautés

d'accueil et à offrir à toutes les parties prenantes des avantages socioéconomiques (Tourisme

Québec, 2005).

C'est pourquoi, à travers les différents projets de partenariats passés ou à venir, les

acteurs ont la responsabilité de respecter les lignes du tourisme durable afin d'assurer la

viabilité de l'industrie touristique (Tourisme Québec, 2005).

1.2.3 La structure d'organisation de l'industrie touristique

L'industrie du tourisme au Canada est composée principalement de grandes chaînes

hôtelières, de sociétés de transport, d'entreprises de location de voitures, de Parcs Canada, et

des PME (centres de villégiature, pavillons de chasse et pêche, entreprises d'aventure de plein

air, circuits locaux, attractions, spectacles, divertissement. .. ) (The Economie Planning Group,

2005).

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29

Les PME5 constituent le plus gros de l'industrie touristique. En 2000, 158600

établissements commerciaux sont recensés au sein du secteur du tourisme au Canada (The

Economie Planning Group, 2005). Même si, individuellement, les PME peuvent ne pas

représenter des facteurs importants dans l'ensemble de l'industrie touristique du Canada,

collectivement, elles constituent la partie la plus importante de l'industrie touristique.

Nonobstant le fait que ces PME aient le sens de l'entrepreneuriat, il est intéressant de savoir

si elles sont disposées à la collaboration. Ces entreprises fonctionnent beaucoup plus au jour

le jour, bon nombre d'entre elles réagissent seulement aux événements qui leur procurent des

ventes à court tenne et la plupart ont un budget marketing limité (The Economie Planning

Group, 2005). Ces raisons font que la collaboration, quoique utile avec ses entités, risque

d'être complexe.

L'industrie touristique, bien qu'elle soit composée d'une majorité de petites et de

moyennes entreprises privées, compte aussi de nombreux organismes à but non lucratif

(OBNL) et des organismes gouvernementaux impliqués dans la gestion de différentes

composantes de l'offre, notamment les attraits. En dehors du privé et du public, un ensemble

de groupes d'intérêts s'est développé depuis quelques années : les organisations non

gouvernementales ou OBNL (Ladkin et Bertramini, 2002). Généralement, ces organisations

ont une faible capacité à développer des pa11enariats entre elles (Fowler, 1998). Il convient de

voir comment ces entités vont s'insérer dans des collaborations avec le privé et le public.

Quelle est leur part d'influence?

En matière de collaboration en tourisme, le secteur a été critiqué, par le passé, pour

l'absence de communication et de collaboration entre les organisations (Selin et Chavez,

1995). Au niveau du corpus théorique, la collaboration en tourisme est un domaine d'études

négligé par les académiciens (Morrison, Lynch et Johns, 2004). Peu de travaux ont été

publiés dans le secteur même si un intérêt grandissant s'installe en matière de réseaux et de

partenariats.

5 Selon l'Office du tourisme et des congrès de Québec, les PME ont moins de 50 employés.

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30

La réalité du tourisme fait en sorte qu'un intervenant agit rarement seul de manière

efficace, qu'il s'agisse d'offrir des services, de promouvoir des produits et des destinations ou

d'accueillir des clientèles. Les alliances dans le secteur du transport aérien ainsi que dans les

secteurs des agences de voyage, des résidences et des technologies d'information (par

exemple, les systèmes de réservation) mettent en lumière la tendance croissante des

entreprises du secteur à rechercher les collaborations (Go and Williams, 1993).

Le secteur public cherche de nouvelles façons de s'associer avec le secteur privé pour

développer et commercialiser le tourisme. Les principaux domaines de coopération entre ces

deux secteurs sont le marketing, la promotion et le c1éveJoppement de forfaits. En effet, ces

domaines coûtent cher, en particulier sur les marchés internationaux (OMT, 2000).

1.2.4 Les principaux intervenants touristiques et leurs interrelations au Québec

L'industrie du tourisme au Québec fait intervenir beaucoup d'entités, il serait

impossible de les énumérer de manière exhaustive. Quelques intervenants jugés importants

dans le cadre du tourisme au Québec sont présentés (appendice C). Tourisme Québec, les

ATR (Association touristique régionale), les CLD (Centre local de développement), les

municipalités, les chambres de conunerce, les entreprises touristiques dans les domaines de

l' hébergement, de la restauration et du transport figurent parmi les principaux intervenants de

cette industrie bien diversifiée par ses acteurs. Hall (1994) parle de la dynamique des

interactions entre plusieurs groupes d'intérêts différents impliqués dans le développement du

tourisme. Les relations entre ces entités sont diverses comme en témoigne la figure 1.4 qui

donne un aperçu du système actuel de gouvernance en tourisme au Québec.

En matière de gouvernance en tourisme au Québec, trois différents paliers sont à

distinguer: le palier provincial, le palier régional et le palier local.

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31

Gouvernements Industrie Gouvernemenllèdéral Gouvemement provincial PALIER PROVINCIAL Associalions provinciales

Autrcs 1T''''....slèfes et agences tnl'IÏQ\.."ésenlOuris.me

Conseil québécois de l'industrie touristique·,, ­,·, 1 1 _

Associations / conseils / fédérations impliqués , en/ourisme,

_ r ­~ "

:, { ATR Associées du Québec

Q) ,

'0 ---: ~==============~ t: ,2 ' Fédération des organisations locales de

• o ,­ tourisme (FQOLT)u..: ,,•Développemenl · ,, Association des bureaux de congrés duéconcmique Canada ·•• ·, ­ Québec (ABCQ)

·· ..,

, · .·

,

, Prolocole d'entente, $ et Loi 76.. ,

PALIER RÉGIONAL

Autres organismesBureaux de DÉC Bureaux de MDÉRR règionaux 1,

dans les régions du dans les rég ions du imphquésen ,Québec (15) Québec (17) lOuJ'isrnelULS ,,

"CAC) ,, ... '

Conseils régionaux des ~~~\::'~:e"es uuuuuu[ ATR ~ jPPI" élus (CRE) il précise. '-------•.------',, ,, , ,

·•• ·· • 0

-------------------~----------- I~--------~-------· · ·

PALIER LOCAL ET SUPRA LOCAL

,, r - - - - - - - - - - - - - - - - - - -1- - - - - - - ­

1 , , OLT, , · ~ ~-4 t

, __________________ ~ L : ~~~~~~~~~~~~~~~~~ , , · ,, • Bureaux de congrès , • L_

, , Chambres de: : r SADC-CAE commerce: ~-:~

L • ~========~ 1

~ ~-:~ CDÉC · : ~-----'

Relation hiérarchique ..~~ Re/alion rormelle de collabora/ion e/ de partenariat et / ou de financement ~

Figure 1.4 Aperçu du système actuel de gouvernance en tourisme au Québec. (Figure tirée de Tourisme Québec, 2ûû4a, p.28) (Légende à la page suivante)

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Légende de la figure 1.4 :

CCT : Commission canadienne du tourisme ONT: Organisation nationale de tourisme MDERR : Ministère du développement économique et régional et de [a recherche ATR : Association tourisme régionale DEC : Développement économique Canada CLD : Centre local de développement MRC : Municipalité régionale de comté OLT: Organisation locale de tourisme SADC : Société d'aide au développement des collectivités/ CAE : Centre d'aide aux entreprises CDEC : Corporation de développement économique et communautaire

Une relation formelle de collaboration et de partenariat peut être constatée entre la

plupart des acteurs. Par exemple, l'ATR est en collaboration avec Tourisme Québec, les

bureaux de DÉC (Développement économique Canada), les ATR associés du Québec et les

CLD. Le volet touristique des CLD entretient des liens fréquents avec les municipalités.

Au palier provincial, Tourisme Québec assume un rôle de coordination, afin que les

efforts de financement, de promotion et de gestion des attraits soient dirigés vers les priorités

de \' industrie. Il travaille avec les regroupements, les associations sectorielles et les

associations touristiques régionales (ATR).

Au palier régional, les 21 ATR du Québec consacrent environ 70% de leur budget,

soit plus de 42 millions de dollars, à des activités de promotion. Les ATR doivent aussi

composer avec une nouvelle dynamique régionale depuis la création des Conférences

régionales des élus (CRE) (Tourisme Québec, 2004a).

Au palier local, un nombre croissant d'offices de tourisme, de bureaux de congrès et

de CLD investissent aussi en tourisme, notamment en accueil et renseignements touristiques,

en soutien au développement de l'offre et en promotion. De leur côté, les municipalités

auraient effectué des dépenses de plus de 18 millions de dollars liées à la promotion, aux

renseignements touristiques, à la tenue de congrès et à des services de guides touristiques

(Tourisme Québec, 2004a).

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Bref, le tourisme est une industrie où les collaborations jouent un rôle important. La

multitude des acteurs impliqués dans les différents secteurs du tourisme et l'existence de

divers paliers nécessitent en conséquence des mécanismes de coordination. Il faut définir et

reconnaître les rôles et compétences des partenaires et ce, à chaque palier.

1.3 Le cadre conceptuel

L'objectif de cette étude est de découvrir les facteurs critiques de succès de la

collaboration dans le domaine touristique. À travers les différents facteurs de succès repérés

dans la littérature, le chercheur veut les valider et tenter d'en trouver d'autres dans un

contexte touristique grâce à une approche qualitative. Dans un premier temps, les facteurs

clés de succès développés par Pinto et Slevin (1986) ont permis de se forger une première

idée. Cette étude a servi à B issonnette (1996) pour dresser les facteurs clés de succès au

niveau des projets touristiques. Toutefois, l'objectif principal est de trouver les facteurs

critiques de succès liés à la collaboration et non ceux du projet uniquement. Par conséquent,

le chercheur s'est référé aux études réalisées par Mattesich et Monsey (2001) ainsi que par

Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002) pour finaliser le cadre conceptuel schématisé à la figure

1.5. Ces études touchent aux facteurs clés de succès de la collaboration respectivement

relatifs à différents projets et aux prestations de services publics.

Le cadre conceptuel comporte trois principaux blocs: les facteurs clé de succès, la

collaboration entre les entités et la perception du succès. Les facteurs clés de succès sont

regroupés en quatre dimensions conformément à ceJJes qui sont définies dans la revue de la

littérature.

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34

COLLABORATION Exemple de réseau d'entreprises

touristiques (Au Québec)

SUCCÈS (Selon les partenaires)

1) Collaboration satisfaction des partenaires de la relation

intérêt et probabilité de poursuivre la relation

2) Projet satisfaction du client (besoins)

FACTEURS

1) Environnement 2) Entités à la collaboration 3) Relations 4) ProjeUproduit Politique Leadership Pouvoir partagé Mission Socio-cullurel Compétence du personnel Respect mutuel PIani fïcation Économique Stabilité du personnel Communication Expertise Technologique Légitimité/crédibilité Confïance Temps

Présence d'un (de) champion (s) Buts communs et vision Légitimité Type d'entreprise (privé, public. partagée Financement OBNL) Gagnant-gagnant Ampleur! Expérience de collaboration Aptitude aux compromis complexité

Interdépendance! complémentarité Engagement

Légende: TQ : Tourisme Québec ATR: Association régionale Touristique CLD : Centre local de développement DEC : Développement économique Canada ET : Entreprise Touristique (Hôtels, restaurants, agem:es de voyage, ....) Le schéma n'inclue pas: Les autres entités auU'es que touristiques! L'importance des facteurs! L'interrelation des facteurs

Figure 1.5 Cadre conceptueJ

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35

En ce qui concerne la collaboration entre les entités, elles diffèrent selon le projet.

Dans la présente étude, les projets de faible envergure ont été choisis, à savoir ceux dont les

coûts sont évalués à moins d'un million de dollars (Bisonnette, 1996). Ces projets sont

représentatifs des différents projets de collaboration touristiques de la région des Cantons-de­

l'Est. L'exemple présenté dans le cadre conceptuel regroupe à la fois les entités appartenant

au public, au privé ainsi que les üBNL. Il est à noter que la présentation des diverses

institutions n'est pas exhaustive et que les formes de relations n'ont pas été prises en compte.

La perception du succès sera mesurée à deux niveaux selon les parties prenantes de la

collaboration: au niveau de la collaboration et au niveau du projet. Le chercheur s'intéressera

davantage à la mesure de la performance de la collaboration. La satisfaction des partenaires et

leur intérêt à poursuivre la relation seront examinés.

Somme toute, la collaboration, les facteurs clés de succès et la perception du succès

sont trois concepts liés. Pour que la collaboration soit un succès, des facteurs précis sont

nécessaires. Pour mesurer la performance de la collaboration, il faut se doter de bons

indicateurs. Le lien étroit entre ces trois notions devra ainsi être gardé tout au long de la

recherche. Il faut aussi se rappeler que les facteurs clés de succès seront non exhaustifs et que

la mesure du succès de la collaboration sera subjective. Cette recherche se distingue des

précédentes par son domaine novateur, les facteurs clés de succès des collaborations en

tourisme, et elle est une des rarissimes qui traite de la mesure de la collaboration.

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CHAPITRE II

LA MÉTHODOLOGJE DE RECHERCHE

La présente étude fait partie d'un programme de recherche sur la collaboration

touristique. Le chercheur s'est particulièrement occupé de la phase préliminaire. Au-delà de

l'exploration de la revue de littérature sur la collaboration, il a notamment participé à la

collecte de données dans une région touristique donnée (les Cantons-de-l'Est) en

collaboration avec le chercheur principal du projet de recherche. Dans les sections à venir, la

démarche qualitative et le choix des sujets seront présentés. Ensuite, la réalisation et l'analyse

des données seront décrites. Enfin, le processus de validation sera exposé.

2.1 Une démarche qualitative

Cette recherche a pour objectif d'explorer les facteurs clés de la collaboration dans le

secteur touristique pour des projets de faible envergure. En vue de la mener à bien et

considérant sa nature exploratoire, une étude qualitative a été privilégiée.

Plus spécifiquement, une étude de cas multiple est réalisée. Elle est mise en œuvre

grâce à la recherche documentaire et à la réalisation d'entrevues semi-dirigées effectuées

auprès des différents organismes intégrés dans des projets de collaboration. L'étude de cas

comme méthode de recherche donne accès, entre autres, à une compréhension profonde des

phénomènes, des processus qui les composent et des acteurs qui en sont les parties prenantes

(Gagnon, 2005). Cette méthode cadre bien avec les caractéristiques de cette étude, celles

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37

d'explorer les facteurs clés de succès de la collaboration tout en connaissant les acteurs et

leurs relations.

2.2 Le choix des sujets

Les Cantons-de-l' Est sont choisis comme région à l'étude. Cette région est dotée

d'un potentiel touristique reconnu. Elle a reçu environ 2,3 millions de touristes et a généré

327 millions de dollars en recettes en 2004 (Tourisme Québec, 2004b). De plus, des contacts

avec différents responsables d'organismes rattachés au tourisme ont déjà été établis. À l'aide

des avis de quelques partenaires de l'industrie touristique (l'équipe de direction de

l'association touristique régionale, des commissaires touristiques des sous-régions

sélectionnées), trois cas de collaboration perçus comme réussis sont portés à l'étude: la Carte

napperon des Cantons-de-l'Est, le Trolley Magog-Orford et la Route des vins du Brome­

Missisquoi. Plusieurs auteurs consultés au sujet de la conduite d'études de cas privilégient la

sélection de cas multiples de préférence à un cas unique pour réaliser leurs études de cas

(Eisenhardt, 1989; Yin, 2003; Miles et Huberman, 2003).

Les personnes les plus impliquées dans le projet ainsi que les décideurs de

l'entreprise ou de l'organisme ont été identifiés et contactés (voir tableau 2.1) grâce à la

méthode de jugement. À la fin de l'entrevue, nous avons demandé aux répondants s'ils

pouvaient nous identifier quelques personnes importantes à rencontrer pour bien comprendre

le processus de réalisation du projet. D'autres personnes n'ont pas été citées. Nous avons

ainsi pu confirmer notre échantillonnage.

Les répondants ont tous été contactés par courriel ou par téléphone par le chercheur

ou la directrice de recherche. Le chercheur et l'interviewé devaient tous deux signer un

formulaire de consentement. Ceci s'inscrit dans le cadre du respect de l'éthique et donne le

droit, entre autres, pour le participant, de retirer son entrevue de la base de données après

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avoir reçu la version préliminaire du projet. Initialement, une dizaine de jours était accordée

aux intervenants pour faire des commentaires ou pour réclamer le retrait de leur entrevue.

L'absence de nouvelles pouvait être considérée comme une acceptation tacite. Néanmoins,

des démarches plus poussées ont été accomplies (rappel via courriel ou téléphone de certains)

afin d'obtenir la rétroaction des répondants. Aucun participant ne s'est retiré du processus.

Tableau 2.1 Catégories de participants

Trolley Magog- Route des vins duCarte Napperon Orford Brome-Missisquoi

Centre Local de 311 110 *2/0Développement

Association Touristique *2/0 011

Régionale

Entreprises 1/0 *2/0 2/0 touristiques

1/0Autre partenaire

x/y: x indique le nombre de personnes interrogées et y le nombre de personnes non interrogées mais à qui les cas ont été soumis pour la confirmation.

* Leader initial du projet

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2.3 La réalisation des études de cas

Cette phase consiste à réaliser des entrevues individuelles en profondeur (45 à 75

minutes) auprès d'intervenants touristiques. Les rencontres se sont déroulées essentiellement

au lieu de travail des répondants qui sont des gestionnaires de l'entreprise ou des

représentants de l'organisme dans le projet. Avec la permission des sujets, les entrevues ont

été enregistrées en format audio. Le verbatim a été conservé dans un fichier Word. Certains

auteurs suggèrent de ne pas transcrire entièrement le verbatim des entretiens mais plutôt de ne

noter que les éléments clés afin de gagner du temps (Deslauriers et al., 1991). Même s'il

s'agit d'une tâche fastidieuse, le chercheur a opté pour la solution longue afin de mieux

appréhender les cas et d'en retirer les bénéfices de l'analyse. Après chaque écriture des cas,

deux personnes, incluant le chercheur, relisaient les entrevues pour confirmer l'analyse

effectuée.

La poursuite de nouvelles entrevues (au total quatorze), quant à elle, a été arrêtée

lorsque les propos des répondants devenaient redondants.

Les entrevues sont axées sur les intervenants, sur le déroulement du projet de

collaboration, et sur ce qu'ils considèrent être les facteurs de succès et d'échec du projet et de

la collaboration. Finalement, leur évaluation du projet a été abordée. Un guide d'entrevue

(Appendice D) a servi à structurer la rencontre.

La recherche documentaire a aussi été utile pour concevoir les différents cas. La

consultation de documents pertinents, lorsque disponibles et reliés au projet, a pu faciliter la

compréhension du chercheur. Pour ce faire, les courriels échangés entre les membres et les

bulletins de certains organismes en tourisme ont été analysés. Des recherches sur Internet,

notamment dans les revues de presse sur le Trolley et la Route des vins, ont été effectuées.

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40

2.4 L'analyse des données

L'analyse des données s'est déroulée en deux étapes. Premièrement, chaque cas est

étudié en partant du contexte pour aboutir aux principaux résultats. Par la suite, les 14

entrevues recueillies auprès des intervenants sont analysées grâce à une matrice ordonnée

telle que suggérée par Miles et Huberman (1994). La matrice choisie est une tabulation de

deux variables (tableau 3.1, p.80). En colonnes, on trouve les 14 répondants associés aux 3

cas et en lignes, on distingue les facteurs clés de succès regroupés en 4 dimensions. Cette

matrice sert à donner une vue d'ensemble des facteurs clés de succès cités par les répondants.

À travers cette matrice, les facteurs clés de succès de la collaboration pour chaque cas mais

également les facteurs les plus cités pour les 3 cas peuvent être dégagés.

2.5 Le processus de validation

Afin d'assurer la validité des résultats, le chercheur a eu recours, en premier lieu, à

l'évaluation par des pairs. Non seulement la directrice de mémoire a vérifié les résultats mais

un lecteur externe, étudiant au doctorat, a également concouru à cette tâche. L'examen par les

pairs permet aux collègues (qui n'ont pas participé directement à l'étude) de faire ressortir des

aspects importants susceptibles d'avoir été négligés par le chercheur (Miles et Huberman,

2003).

Fortement impliquée dans la région des Cantons-de-l'Est, la directrice de mémoire a

une bonne connaissance de l'industrie touristique. Son aide a ainsi permis d'approfondir les

cas et d'amener plus loin la discussion. La présence du chercheur, externe à la région, a

permis d'encadrer l'analyse et de limiter les biais personnels que la directrice de mémoire

aurait pu avoir.

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41

En second lieu, le chercheur a procédé à la vérification et à l'interprétation des

données par les sujets eux-mêmes. Une version préliminaire des cas a été soumise aux

différents participants afin d'obtenir leur rétroaction et ainsi de valider les résultats. Ce

procédé permet de vérifier si les participants sont d'accord avec la perception du chercheur

(Miles et Huberman, 2003). Par cette activité, le chercheur a renforcé les rapports avec les

participants en leur démontrant que leur avis et leurs commentaires sur les résultats sont

importants.

En définitive, la méthodologie suivie démontre une rigueur apparente et ce, dans un

contexte qualitatif.

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CHAPITRE III

RÉSULTATS DELA RECHERCHE

Ce chapitre présente les trois études de cas réalisées dans la région des Cantons-de­

l'Est: la Carte napperon des Cantons-de-I'Est, le Trolley Magog-Orford et la Route des vins

de Brome-Missisquoi. Une synthèse des résultats est esquissée sous forme de tableau à la fin

du chapitre.

3.1 La Carte napperon des Cantons-de-l'Est

3.1.1 Le contexte du projet

L'industrie touristique présente un contexte bien particulier. Le client final, le

touriste, peut arriver dans un endroit qu'il connaît peu ou pas du tout. Il ignore les activités

proposées dans la région, les attraits ou le trajet pour s'y rendre. De plus, certaines entreprises

touristiques désirent plus de visibilité.

Ce contexte a initié, il y a plus de six ans, le projet de la Carte napperon. C'est une

carte géographique d'une région, par exemple celle des Cantons-de-l'Est, avec la localisation,

dans certains cas, de quelques entreprises touristiques. Son nom, Carte napperon, à l'image

d'un napperon, trouve son origine dans la possibilité de la distribuer dans les restaurants. Le

but est de pouvoir donner l'information au touriste et ensuite lui remettre la carte pour raider

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43

à trouver son chemin. Cette carte pourrait aussi lui permettre de découvrir des entreprises

intéressantes à visiter dans la région, avec leur localisation.

Le produit n'est pas complètement nouveau. Avant l'arrivée du projet de la Carte

napperon, il existait, dans certaines sous-régions des Cantons-de-I'Est, des versions

différentes de cette carte. Par exemple, Granby-Bromont avait une carte pour localiser ses

principaux attraits. De même, dans la région de Magog-Orford, l'association des marchands

du centre-ville de Magog (SIDACG) offrait gratuitement une carte de la région du centre-ville

avec la localisation des principaux sites d' hébergement du secteur. Ces cartes étaient

distribuées au bureau d'accueil et d'information touristique de la région de Magog.

3.1.2 La description du projet et de la collaboration

a. Le projet

L'idée de la Carte napperon, de format 11 x 17 pouces, a été initiée par les centres

locaux de développement (CLD) et encadrée ensuite par Tourisme Cantons-de-l'Est (TCE).

La carte comprend deux côtés. Le premier côté relève de la responsabilité de Tourisme

Cantons-de-l'Est. Ce côté présente une carte de la région dans son entier avec une photo et les

coordonnées des entreprises touristiques de la grande région qui ont décidé d'investir dans cet

outil de promotion. L'autre côté est mis à la disposition de chaque CLD intéressé qui devra

financer les cartes et s'occuper de remettre à TCE les documents requis pour l'impression de

son côté de carte. Il y aura au moins autant de versions de ce recto que de CLD qui décident

d'opter pour la Carte napperon.

6 Devenue Société de développement commercial (SDC)

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44

La calie est fabriquée sur un type de papier qui permet l'utilisation du surligneur. Elle

est imprimée en plusieurs copies regroupées en paquets de 100 feuilles. Les copies sont

ensuite distribuées majoritairement par les CLD dans les bureaux d'information touristique

des régions participantes. Certains ont accru la distribution en les offrant ou en les vendant

aux attraits ou aux établissements hôteliers.

La Carte napperon a plusieurs objectifs. Elle permet à différents attraits de se faire

connaître. Elle s'avère un outil d'accueil intéressant puisqu'elle sert au préposé à l'accueil,

dans les bureaux d'information ou dans les lieux touristiques, à diriger efficacement les

touristes dans la région en surlignant le trajet concordant avec ses besoins.

Au fil des ans, certaines régions décideront d'utiliser leur côté pour promouvoir les

pistes cyclables de leur région (Sherbrooke) ou pour mettre en exergue l'agrotourisme

(Coaticook). D'autres régions vendront des espaces promotionnels aux entreprises

touristiques pour aider à financer la carte (Memphrémagog).

b. La collaboration

Dès la première année, le projet a été encadré par Tourisme Cantons-de-I 'Est. Par la

suite, le projet est discuté lors de rencontres annuelles avec les CLD. Tous les ans, chaque

CLD décide s'il collabore au projet. Lors de l'édition 2005 de la carte, sept versions ont été

réalisées en collaboration avec TCE. Lorsque le CLD embarque dans le projet, il est libre de

gérer et de financer son côté comme il le souhaite. Enfin, il a aussi la possibilité de faire plus

d'une version de son côté.

Il arrive que des CLD ne se joignent pas au projet, parfois parce qu'il leur reste des

cartes. À d'autres occasions, le CLD a décidé de produire seul une carte parce qu'il avait

besoin de pl us d'espace ou parce qu'il voulait offrir des coupons-rabais à découper

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permettant ainsi d'autofinancer différemment la carte. Dans certains cas, des raisons

politiques ou de positionnement peuvent expliquer le choix des sous-régions de construire

leur propre carte.

Les relations entre les CLD et TCE sont fréquentes durant l'année et des échanges

constructifs sur le projet peuvent s'effectuer à l'extérieur des rencontres annuelles. Des

suggestions sont aussi émises par les gens de l'industrie ou des CLD. Par exemple, un CLD a

reconunandé à TCE un imprimeur moins coûteux: « cette année, je leur avais donné des

noms d'imprimeries où moi j'avais eu des meilleurs prix qu'eux ».

TCE gère le verso et s'occupe de trouver des partenaires (entreprises touristiques)

pour financer une partie du projet. Les partenaires touristiques sont globalement les mêmes,

année après année. TCE propose aux gestionnaires d'attractions et d'activités touristiques

d'acheter un espace sur le verso de 2 118 x 5/8 pouces comprenant « photo-nom-coordonnées­

identification de la carte ». Il y a de la place pour une vingtaine d'annonceurs et le principe du

« premier arrivé, premier servi» est mis à l' œuvre. Cette approche a causé, principalement au

début du projet, quelques conflits avec au moins un CLD. Ce CLD devait, pour autofinancer

le projet, approcher les entreprises touristiques de sa région qui pouvaient préférer le côté

TCE pour sa plus grande visibilité. Alors que les CLD ont distribué de 10000 à 60000

copies, TCE a réalisé 238 000 copies en 2004 et 250000 copies en 2005. Le tarif pour

l'entreprise touristique qui voulait s'annoncer avec TCE était à peine le double.

3.1.3 Les facteurs critiques de succès (FCS) de la collaboration et du projet?

Les facteurs expliquant le succès de la collaboration de la Carte napperon sont divers

et peuvent être regroupés en trois dimensions (voir la figure 3.1) : la dimension relative aux

? Il est important de spécifier que la distinction entre les FCS de la collaboration et ceux du projet n'est pas toujours très claire. Par conséquent, ces dimensions seront quelque peu confondues durant les prochains paragraphes et aussi dans les deux autres cas à ['étude.

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46

COLLABORATION Carte napperon

Entreprise touristique

(ET)

FACTEURS

1) Environnement 2) Entités à la 3) Relations 4) Projett produit Politique collaboration Pouvoir partagé Mission Socio-culturel Leadership Respect mutuel Planification Économique Compétence du personnel Communication Expertise Technologique Stabilité du personnel Confiance Temps

Légitimité/crédibilité Buts communs Légitimité (plus­Présence de cha mpion (s) et vision partagée value) Type d'entreprise (privé, Gagnant-gagnant Financement public, OBNL) Aptitude aux compromis Ampleur et Expérience de Interdépendance/ complexité collaboration complémentarité

/ compatibilité Engagement

Les relations: Collaboration reliée à une implication directe dans le projet

--------- Collaboration reliée à une implication indirecte dans le projet CLD : Centre local de développement / ET : Entreprise touristique / MRC : Municipalité régionale de comté SDC : Société de développement commercial / TCE : Tourisme Cantons-de-l'Est En gras: les facteurs clés de succès retrouvés En italique: les facteurs clés nouveaux ou peu cités dans la littérature

Figure 3.1 FCS de la Carte napperon des Cantons-de-l'Est

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caractéristiques des entités à la collaboration, la dimension des relations et celle du

projet/produit. La dimension reliée à l'environnement n'a pas été considérée par les

partenaires dans la réussite de la collaboration.

Dans un prerllier temps, au ni veau des caractéristiques des entités à la collaboration,

les facteurs suivants ont été à l'origine du succès de ladite collaboration selon les

responsables rencontrés: la crédibilité des partenaires et l'expérience de collaboration, la

stabilité du personnel et le leadership.

Grâce à leur crédibilité acquise dans les différents projets de collaboration réalisés

dans le passé, TCE et les CLD se sont «unis» plus facilement dans le projet. Il était facile

pour les intervenants de croire qu'ils pouvaient réaliser un projet intéressant et qui serait

mené à terme. Par ailleurs, ces intervenants avaient l' habitude de travai 11er ensemble bien

avant le projet de la Carte napperon

Le manque de stabilité au niveau du personnel dans quelques CLD pourrait figurer

corrune une entrave à la réussite de la collaboration. « Dans certains CID, parfois, le

responsable de projet peut changer [. ..} ».

La présence d'un ou de leader(s) pour rallier tout le monde est utile pour mener à

bien le projet de collaboration. Dans la majorité des projets, il ressort que la présence d'au

moins une personne qui coordonne le tout est majeure. Cet élément a été souligné comme

important, surtout durant les prerllières années. Maintenant, le projet est bien connu et tous

connaissent bien leur rôle. Le projet a été bien encadré et les membres de l'équipe ont été au

courant des différentes étapes du processus de collaboration.

En ce qui a trait aux relations entre les entités à la collaboration, la complémentarité

de partenaires, la confiance, l'aptitude aux compromis, la perception d'une relation gagnant­

gagnant et la communication sont les facteurs explicatifs du succès de la Carte napperon.

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Dans un projet de collaboration et notamment celui à l'étude, la complémentarité des

partenaires, notamment au niveau de leur personnalité, est de mise. La présence d' « atomes

crochus» est nécessaire et il est important de ne pas penser « concurrents» mais bel et bien

« partenaires ». TCE travaille normalement au niveau régional (Cantons-de-l'Est) alors que

les CLD sont plus actifs au niveau local. Néanmoins, tel que mentionné ci-dessus, il a été

possible de constater certaines frictions, au début, avec au moins un CLD qui devait

autofinancer la carte et qui voyait TeE solliciter ses partenaires. Le contexte devenait alors

un peu plus concurrentiel, même sans le vouloir.

La confiance permet de faciliter la nature des relations. Chacun sait que l'autre sera

respecté et que le projet final sera efficace. Il faut que chaque partie tire profit de la

collaboration et parfois, des compromis doivent être faits. Dans le cadre de ce projet, TCE a

dû revoir son objectif de distribution dans les restaurants et s'en tenir à une distribution dans

les bureaux d'information touristique puisqu'un CLD avait alors entrepris de telles

démarches.

Puis on s'est dit pourquoi cette carte napperon là, qui sert pour le moment juste dans les bureaux d'information touristiques, ne pourrait pas devenir pour certains CLD qui désirent le faire une distribution via les restaurants. Mais pour ça, c'est sûr qu'il fallait, entre autres, changer la qualité du papier. Dans un restaurant, il faut que ce soit facilement froissable, jetable à la poubelle, tandis que celui-là étant un format très épais qui se plie, qui se garde dans le coffre à gant, mais qui est plus difficilement utilisable au niveau de la restauration.

Des plaintes sur le non-respect de l'environnement avaient été formulées quand le

type de papier dans les bureaux d'information avait été appliqué dans les restaurants. Il

faudrait alors un autre type de papier plus mince pour les restaurants et garder ce type de

papier où on utilise un surligneur pour les bureaux d'information.

La communication, quant à elle, a aussi contribué au succès. À travers les différents

appels téléphoniques, les échanges de courriels, la mise en place de bulletins, le contact entre

les partenaires devient fréquent. De plus, une rencontre générale de TCE avec les CLD se fait

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une fois par an (généralement au mois de novembre). À cette occasion, le projet de la Carte

napperon figure à l'ordre du jour et les suggestions aussi bien que les critiques sont les

bienvenues. TCE assure subséquemment le suivi. L'écoute a été privilégiée pour la bonne

marche des échanges d'information.

Quant à la dimension projet/produit, la légitimité du projet, la complexité et la gestion

du temps auraient un impact sur le succès.

Un « bon» produit facilite la collaboration. Dans le cadre de ce projet, le produit est

non seulement apprécié par le client touriste, mais également par le préposé au bureau. La

carte est belle, de bonne qualité et peut être surlignée afin de diriger le touriste. La création de

la collaboration devrait créer une perception de plus-value par le touriste. Cette dimension est

ressortie comme primordiale lors de plusieurs rencontres. En d'autres termes, ce qui est mis

en commun doit présenter un avantage pour Je touriste, sinon celui-ci n'adhérera pas

entièrement au projet. Dans ce projet, non seulement cette carte sert de repère pour le touriste

(comme une carte routière) mais elle est également utile pour connaître les différents attraits

de la région. En fait, c'est un projet dont la légitimité ne fait aucun doute. Cette dimension

revient souvent comme facteur favorisant le succès d'un projet de collaboration.

Mais malgré cela, la tâche n'a pas été facile à cause du grand nombre de participants

dans le dossier, rendant ainsi la collaboration complexe.

La gestion du temps aurait un impact sur le succès. D'ailleurs, la gestion du temps est

critique puisqu'il faut répondre au plus vite aux délais: « certains se plaignent fréquemment

de cette impression d'être toujours à la dernière minute ».

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50

3.1.4 La performance

La Carte napperon est un beau produit pour la majorité des intervenants. Les touristes

héritent d'une carte de la région et peuvent découvrir la route à prendre pour se rendre à

destination. Aussi, les attraits, mêmes petits, peuvent promouvoir leur activité à faibles coûts.

Le personnel à l'accueil détient un outil qui permet d'expliquer plus facilement la route à

prendre. Enfin, les hôteliers qui possèdent la carte ont un moyen facile de présenter quelques

activités de la région avec leur emplacement.

La Carte napperon est une très bonne idée. Pourtant, celle-ci engage des frais pour

certains CLD qui n'avaient initialement rien à payer grâce au soutien de certains groupes

associatifs, par exemple. Au moins une personne rencontrée mentionnait que ce projet n'était

pas nécessairement un bon exemple de collaboration. «Initialement, on n'avait rien à payer

et maintenant nous sommes obligés de financer la carte et de travailler en collaboration ».

Si, au début du projet, le financement de la carte était difficile, il devient de plus en

plus facile pour les différentes sous-régions de financer leur carte. Il arrive même que certains

CLD refusent certaines entreprises pour des raisons d'espace. « Il n 'y a aucun annonceur

établissement d'hébergement ou autre. Ce ne sont que des attraits qui apparaissent. Et ça, on

n'a jamais de problème à renouveler chaque année. Même, je dirai qu'on est obligé d'en

refuser ».

Mais au-delà de ces quelques problématiques, la collaboration est perçue conune une

réussite par TCE, certains responsables des CLD et les autres entreprises touristiques.

Nonobstant le fait que certains CLD se retirent du projet, une certaine fidélité des partenaires

subsiste.

En définitive, la Carte napperon est un projet qui répond aux attentes des

consommateurs (touristes) et des préposés au bureau d'information. Les prix pour les

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51

entreprises sont abordables et c'est un outil pratique distribué à grande échelle, créant ainsi

une belle économie de volume.

3.1.5 Conclusion

Le projet est reconnu par la majorité des partenaires comme étant un succès. Le

touriste y trouve son compte. Cette collaboration regroupant des intervenants à profils

différents (pri vé, OBNL) se révèle comme une réussite. Les facteurs de légitimité, confiance,

bonnes interrelations et communications, un contexte gagnant-gagnant sont tous des facteurs

majeurs pouvant expliquer ce succès.

Le projet suscite néanmoins quelques questionnements: y a-t-il des choses qUl

devraient être faites différemment? Serait-il pertinent, à ce stade, de prendre un temps d'arrêt

et de repenser le produit? Qu'est-ce qui pourrait être fait pour s'assurer que la collaboration

permette aux différents partenaires de revoir certaines stratégies, comme la distribution dans

les restaurants, qui pourraient s'avérer rentables pour l'industrie? Des rencontres spécifiques

pourraient-elles aider? Qu'est-ce que cela implique?

La Carte napperon semble se situer dans sa phase de maturité. Les régions ne

risquent-elles pas de vouloir se retirer et gérer elles-mêmes ce produit et s'approprier les deux

côtés de la carte? Un minimum de deux ou trois régions ont réalisé seules au moins une Carte

napperon. Le retrait de certaines régions touristiques pourrait réduire grandement l'intérêt du

produit.

Avec l'essor d'Internet, les gens pourraient être moins nombreux à se rendre dans les

bureaux d'information car les cartes routières ainsi que les attraits peuvent être regardés en

ligne. Toutefois, les touristes n'imprimeront pas nécessairement les cartes trouvées en ligne.

Ainsi, l'idée de Carte napperon continue à être intéressante. Elle devrait être davantage

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disponible dans les sites d' hébergement, par exemple. Mais il faut tout de même réfléchir à

cette nouvelle tendance et voir comment s'adapter.

Certains facteurs de succès (la communication et la complémentarité), pourraient

orienter quelques pistes de travail ou de réflexion sur ce projet, notamment sur la distribution

dans les restaurants de la carte.

3.2 Le Trolley Magog-Orford

3.2.1 Le contexte du projet

La région Magog-Orford, située dans les Cantons-de-I'Est à un peu plus d'une

centaine de kilomètres de Montréal, est une région touristique quatre saisons reconnue. EUe

accueille environ 700 000 visiteurs/touristes chaque année8 et possède deux attraits naturels

importants: le Lac Memphrémagog et le Parc du Mont-Orford.

Avant le début du projet en 2003, peu de projets avaient été réalisés en collaboration

avec Mont-Orfard inc. Pourtant, « Depuis la création du parc national du Mont-Oiford

comme parc de récréation, en 1938, celui-ci a toujours été reconnu comme possédant unforl

potentiel récréotouristique... En 1985, notre regwn [Cantons-de-l'Est} confirme

unanimement le parc comme projet moteur et structurant ... »9. Ainsi, en 2000, plusieurs

espèrent que le changement de propriétaire au Mont-Orford, et l'arrivée d'un nouveau PDG,

amèneront les gens à travailler ensemble et permettront de créer une synergie. En parallèle à

ce projet, les gens du milieu des affaires et principalement les propriétaires du Mont-Orford

sont en attente d'une réponse du gouvernement sur l'acceptation de l'échange de terrain entre

le Mont-Orford et ce même gouvernement. Ce projet permettrait, notamment, de faciliter la

8 Synthèse de "impact du tourisme, MRC Memphrémagog, Pragma Tourisme-Conseil, 30 septembre 2002. 9 La Presse, Forum, samedi Il mars 2006, p. A34.

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53

rentabilisation du centre de ski par l'ajout d'unités d'hébergement au pied de la station lO .

Aussi, le promoteur avait un projet de train touristique reliant Sherbrooke et Bromont, en

passant par Magog ll . Le Trolley pourrait faire la navette entre le train, le Mont-Orford et

certains points touristiques importants.

Finalement, la ville de Magog, tout comme celle d'Orford, n'offre aucun transport en

commun. Pourtant, à travers les années, Magog a vu sa population croître et ses limites

frontalières se déplacer, surtout avec la fusion de Magog, en 2002, du Canton de Magog et du

village d'Omerville I2 .

Ces différents éléments ont créé un contexte propice pour initier le projet de Trolley

Magog-Orford, un autobus stylisé. La réalisation du projet nécessitait des fonds importants

pour l'achat du bus ainsi que pour son exploitation. Mont-Orford inc. participait au

financement d'une partie du véhicule mais il fallait trouver le reste et s'assurer de couvrir les

frais d'exploitation de l'autobus. Il semblait que réunir plusieurs partenaires serait la

meilleure façon d'obtenir ce financement. La collaboration était ainsi primordiale.

3.2.2 La description du projet et de la collaboration

a. Le projet

Le Trolley vise à favoriser le transport de la clientèle touristique et locale de la région

Magog-Orford entre les différents attraits touristiques, les sites d'hébergement, et les centres­

10 Une réponse viendra en mars 2006. Elle propose la vente, par appel d'offre, du terrain où se situent la station de ski et le golf du Mont-Grford. A l'écriture du cas, la version finale de la décision du gouvernement n'est toujours pas disponible.

Il Le projet de train s'est réalisé en 2006 bien qu'il ne circule toujours pas entre les villes (lors de la finalisation de ce cas).

12 <httR:I/www.tourisme-memphremagog.com/re!!ion.php?cid=5l >. Consulté le 5 mai 2006.

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villes de Magog et d'Orford. Le but premier du projet est de desservir les touristes qUi

voudront se déplacer aisément entre des pôles touristiques. Il permettra aussi à la clientèle

locale d'en bénéficier.

En ce qui concerne les caractéristiques du produit, le Trolley se distingue par son

style tramway et ses bancs en acajou:

Le Trolley affiche une robe rouge parée de dorures. Il peut accueillir jusqu'à 47 personnes assises, en plus d'environ une vingtaine debout. En incluant les divers arrêts, le trajet prend environ 25 minutes à parcourir dans chaque direction. Le trajet comprend une boucle de 30 kilomètres et un service régulier aux heures est fourni. La tarification est fixée à 1 $13.

Le Trolley présente plusieurs avantages. Dans un premier temps, le bus permet une

facilité d'accès à certains sites et attraits touristiques. Il est sécuritaire et diminue les effets

polluants provoqués par la multiplication des automobiles au centre-ville. De surcroît, le bus

réduit l'engorgement au centre-ville et au stationnement du Mont-Orford. Enfin, selon la

responsable du CLD de J'époque, le projet se veut un outil de promotion qui concorde avec

J'image marketing de la région, un endroit authentique privilégié par la belle nature.

b. La collaboration

Le projet nécessitait la collaboration de plusieurs intervenants de l'industrie

touristique (CLD, municipalités, hôteliers ... ). En 2003, le PDG de Mont-Orford inc. a réuni

un groupe de gens d'affaires de l' ind ustrie touristique, principalement des gestionnaires

d'établissements hôteliers de moyenne envergure localisés entre les deux pôles touristiques. Il

fallait évaluer la réceptivité des acteurs touristiques à s'investir dans un tel projet. Le projet

avait fait l'unanimité.

13 <http://www.trolleymagogorford.comldocuments/planvisibilite 2006.pdf>. Consulté le 6 mars 2006.

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Deux organismes regroupent une partie importante des entreprises de la région: le

CLD touristique et la Chambre de commerce Magog-Orford. Ceux-ci ont été approchés par le

consultant bénévole du Mont-Orford inc. aussitôt que le milieu a indiqué son intérêt à

s'investir dans le projet. Cette participation, et tout particulièrement celle de la commissaire

touristique du CLD, a permis la mise en place d'un projet pilote en décembre 2003, soit

seulement deux mois après la première rencontre avec des gens de l'industrie.

Comme les moyens financiers n'étaient pas suffisants pour acquérir un Trolley, les

responsables, avec la collaboration financière de partenaires, ont décidé de procéder à une

location de Trolley pour assurer la navette. Pour ce projet pilote, Mont-Orford inc. a engagé

15200 $ et les hôteliers de la région ont contribué jusqu'à 14000 $. Les villes de Magog et

d'Orford ont respectivement accordé des montants de 10000 $ et de l 200 $. La Société de

Développement Commercial (SDC) du centre-ville a octroyé une somme de 3 300 $14.

Ce bus permettait aussi de tester l'intérêt envers le projet. Ce n'était ni le bon bus, ni

le circuit final et le service était gratuit pour les passagers, en revanche le projet était déjà en

marche. Lors de cette première étape, deux personnes se sont fortement impliquées: la

commissaire touristique et un consultant bénévole du Mont-Orford. Au cours du projet pilote,

ces deux personnes ont participé activement au développement du plan d'affaires et au

montage financier de l'acquisition du Trolley.

Par la suite, il est apparu que la création d'un OBNL spécifique au projet pourrait

amener davantage de gens à travailler ensemble. « Ça devait devenir le projet de tous! »

déclare le promoteur initial du projet. Grâce à l'implication de différents acteurs des milieux

économique et touristique, une nouvelle société à but non lucratif, Corporation Trolley

Magog-Orford, a vu le jour en 2004. Elle devait procéder à la collecte de fonds nécessaires à

l'acquisition du véhicule et s'assurer de la conformité aux exigences des différentes

réglementations gouvernementales au niveau du transport de personnes.

14 La Tribune, 20 décembre 2003, Sherbrooke.

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Dans un projet d'une telle envergure, le financement est souvent un enjeu important.

Dans ce cas précis, le projet a coûté plus cher que prévu. Pour les frais d'acquisition, les

partenaires avaient estimé 200 000 $ alors qu'en réalité le véhicule a été acheté à 330 000 $.

Quant aux frais d'exploitation, le budget attendu était de 100 000 $ annuellement.

Finalement, ce budget a aussi été révisé à la hausse.

Tout le monde a mis la main à la pâte pour le financement.

On a financé tout cela comme cela, des partenaires [une vingtaine}, principalement les hôteliers, quelques restaurants, le centre-ville, l'association du centre-ville, les municipalités, le Mont-Orford qui avait sa quote-part à payer pour le fonctionnement». «On était allé chercher 50 000 $ du fonds d'économie sociale ici, on était allé chercher 120 000 $ en subvention du fonds de développement de ['offre touristique en Estrie. La municipalité d'Orford s'est également investie

Des subventions en économie sociale ont pu être obtenues parce que Je Trolley n'était

pas juste un projet pour les touristes mais également pour la communauté.

Comme l'exploitation du Trolley occasionne des frais importants, il fallait trouver

des partenaires qui achètent la publicité et qui sont intéressés à ce que le Trolley passe dans

leur coin. La publicité permet à la population locale de prendre connaissance de l'existence

du produit et de pouvoir changer leurs habitudes de transport. Les touristes, quant à eux, sont

informés par les hôteliers. Les moyens utilisés pour la promotion étaient essentiellement les

affiches et les dépliants ainsi que le site Internet de Tourisme Memphrémagog.

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3.2.3 Les facteurs critiques de succès (FCS) de la collaboration et du projet

Les facteurs justifiant le succès de la collaboration et du projet sont multiples et

peuvent être regroupés en quatre dimensions (voir la figure 3.2): la dimension relative à

l'environnement, celle reliée aux caractéristiques des entités à la collaboration, la dimension

des relations et celle du projet/produit.

En ce qui concerne la dimension relative à l'environnement, l'appui politique a

contribué au succès du projet. La municipalité de Magog a soutenu le projet. Elle voyait ce

projet comme une grande première puisqu'il a permis d'évaluer l'intérêt de la population

pour un tel moyen de transport. Elle a d'ailleurs participé financièrement avec la municipalité

d'Orford.

Au niveau des caractéristiques des entités à la collaboration, les facteurs suivants ont

été à l'origine du succès de ladite collaboration selon les responsables rencontrés: le

leadership, le fait qu'une entreprise privée ait initié le projet, la notoriété et la crédibilité de

cette entreprise et de ses partenaires, la compétence du personnel et la collaboration

antérieure.

Dans ce projet, l'initiateur du projet tient un rôle important. Il a su convaincre les partenaires

d'adhérer au projet grâce à son sens du leadership. «Sans lui, le projet n'aurait pas été mis

de l'avant »,« c'est un homme d'affaires, c'est un homme d'action» ont exprimé certains. Le

promoteur du projet avait suffisamment de volonté pour développer le projet d'autant plus

qu'il avait les ressources financières. «Ça prenait quelqu'un qui voulait suffisamment le faire

et qui avait les moyens pour mettre cela de l'avant ». Cette volonté de développer la

montagne devait selon lui se faire en synergie avec les partenaires de la région. «C'est une de

ses volontés de développer la montagne, oui, mais pas de le développer de façon isolée mais

en synergie avec la réalité de la région» a mentionné un hôtelier. Il est possible de retracer

deux principaux leaders: M. L'Espérance et son consultant bénévole.

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58

COLLABORATION Trolley

Chambre de Commerce et

industrie Magog- Corporation

orford Trolley

------G Promenade de l'Estrie

FACTEURS

1) Environnement 2) Entités à la collaboration 3) Relations 4) Projet/produit Politique Leadership Pouvoir partagé Mission (appui politique) Compétence du personnel Respect mutuel Planification Socio-culturel Stabilité du personnel Communication Expertise Économique Légitimité/crédibilité Confiance Temps Technologique Présence d'un (de) champion (s) Buts communs et vision Légitimité

Type d'entreprise (privé, partagée Financement public, OBNL) Gagnant-gagnant Ampleur et Expérience de collaboration Aptitude aux compromis complexité

Interdépendance/ Recours à un complémentarité consultant Engagement

Les relations: Relation de partenariat Relation financière Relation financière et de partenariat .... Fournisseur

CLD : Centre local de développement / CRE: Conférence régionale des élus de l'Estrie/ ET: Entreprise touristique/ FDOT : Fonds de développement de l'offre touristique de TCE/ MRC : Municipalité régionale de comté de Memphrémagog / SDC : Société de développement commercial du centre-ville/ TCE : Tourisme Cantons-de-I'EsU TQ : Tourisme Québec En gras: les facteurs clés de succès retrouvés En italique: les facteurs clés nouveaux ou peu cités dans la littérature

Figure 3.2 fCS du Trolley Magog-Orford

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59

La commissaire touristique a également joué un rôle important malS à un nIveau plus

opérationnel. Par la suite, la corporation Trolley a pris la relève au niveau du leadership. «

Quand l'organisme à but non lucratif est arrivé, il y avait des règles de jeux où on perdait

notre leadership et c'est devenu cet organisme là qui gérait tout ». Mais les leaders initiaux

ont directement ou indirectement continué à contribuer au projet.

Le fait que l'initiateur (Mont-Orford inc.) soit une entreprise privée, sa notoriété et sa

crédibilité sont aussi des facteurs clés. Cela a facilité l'adhésion de tous. «C'est certain qu'on

a une capacité d'entraîner les gens ». Les organismes publics doivent trouver \' intérêt de tout

le monde avant d'initier un projet. Leur structure ne leur donne pas la même liberté de

langage qu'une entreprise privée, cette dernière étant indépendante.

De plus, Mont-Orford inc. est une entreprise connue pour sa volonté à vouloir

s'impliquer dans la région au cours des dernières années selon certains répondants. Sa

présence se veut de plus en plus importante. Par exemple, l'entreprise a contribué au

développement du Mont-Orford et participe à la mise en place du train touristique entre

Bromont et Sherbrooke l5 .

Outre la crédibilité du Mont-Orford, celle du CLD et de la Chambre de commerce

(CCIMO) est non négligeable. Ces deux organismes ont également eu une facilité à inciter

ses membres (hôteliers) à s'engager dans le projet. « C'est plus facile de faire embarquer les

gens ». Enfin, la création d'un OBNL (La Corporation Trolley) chargé de gérer le projet

rassure aussi les intervenants. « Ce n'est pas quelqu'un qui va mettre de l'argent dans les

poches ». Cet organisme représente les intérêts de tous.

Le groupe de collaboration est doté de personnes d'action et compétentes dans leur

domaine respectif. Cette compétence du personnel figure alors comme étant un point

important dans le succès du projet.

15 Certaines personnes qui n'ont pas été impliquées dans le projet du Trolley perçoivent différemment l'implication du PDG.

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60

En plus du fait que les entités impliquées dans le projet aient l' habitude de réaliser

des collaborations en général, ces partenaires ont aussi l'habitude de collaborer entre eux.

Mont-Orford inc. a travaillé en collaboration avec les hôteliers, par exemple dans la

proposition de forfaits. Le CLD et la Chambre de commerce sont souvent en concertation

avec leurs membres, incluant les hôteliers.

En ce qui a trait aux relations entre les entités du projet, la perception d'une relation

gagnant-gagnant, la vision commune et la communication sont les facteurs explicatifs du

succès du Trolley.

Au niveau du concept gagnant-gagnant, tous les partenaires ont trouvé leur compte.

Mont-Orford inc. a initié un projet rassembleur faisant le lien entre deux pôles touristiques

importants: Magog et Mont-Orford lui-même. Le Trolley permettait non seulement de

faciliter l'accès à la montagne mais aussi de lui donner une belle image. De leur côté, grâce

au Trolley, les hôteliers pouvaient créer un lien plus étroit avec la montagne. Cette situation

permettait d'attirer plus de touristes d'hiver puisque ces derniers en ont fait la demande

depuis plusieurs années. En outre, le lien entre la montagne et le centre-ville de Magog était

aussi une requête formulée depuis longtemps par les commerçants de la place.

Finalement, même la population y trouve son compte puisque les personnes qui ne possèdent

pas de voitures pourront prendre Je bus pour le prix modique de 1 $.

Une vision commune est un gage de succès. Les gens, pour travailler ensemble,

devaient avoir une vision commune, celle de faire de ce projet un projet pour tous et qui

contribuerait au développement de la région.

La communication a contribué au succès. Les partenaires du projet ont essayé de

communiquer le plus ouvertement et le plus fréquemment possible. « L'information devait

être visible, claire et précise ». Une fois le projet lancé, il fallait transmettre l'information à

un plus grand nombre de personnes et ce, de la bonne façon. Les touristes devaient être mis

au courant par les employés à la réception des hôtels. La population locale devait être

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'informée par le biais de l'affichage. Il faut ainsi créer une habitude et promouvoir davantage

le Trolley. Et même s'il y a des semaines où les gens sont moins nombreux dans la région, il

faudrait que le Trolley roule pour que les gens le voient.

Au regard de la dimension projeUproduit, la légitimité du projet, le financement, le

type de projet, la gestion du temps, et la présence d'un consultant auraient un impact sur le

succès.

Le Trolley répond à un besoin explimé: une navette assurant les deux pôles Magog­

Orford. De plus, le produit est attrayant. Il est un peu à l'image du tramway dans les villages

touristiques aux États-Unis. C'est un véhicule de qualité (moteur Mercedes), convivial et qui

colle à l'image de la région à caractère canado-américaine au niveau de j'architecture. Le

projet d'ensemble est voué à plusieurs groupes (population locale et touristique). C'est une

collaboration régionale nécessitant la mobilisation de différents organismes pour son succès.

Il fallait chercher la mobilisation de tout le monde pour faire les forfaits, pour partager de

l'information, pour cibler la clientèle au niveau de la publicité et faire du partenariat pour de

la publicité conjointe. « Il faut utiliser l'effet de levier de tout le monde et intégrer les

différents concepts publicitaires ». La légitimité du projet est par conséquent un facteur dont

il faut tenir compte car il revêt une importance économique et touristique. Le projet profite à

tous et agit comme moteur de développement de la région.

Le financement est souvent un point important dans la réussite d'un projet. Dans ce

caS-Cl, la subvention obtenue de différents organismes mais aussi la participation du

promoteur ont facilité le démarrage du projet.

La gestion du temps est essentielle dans le cadre de ce projet. Comme l'achat d'un

bus est onéreux, il fallait être patient. C'est pourquoi la location du bus a été effectuée. De

plus, la première année a été difficile en termes d'achalandage et de financement. Il fallait ne

pas se décourager mais continuer les efforts de promotion et la recherche de subvention.

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Enfin, la présence d'un consultant pour mettre le projet en branle a été importante.

Un consultant bénévole, expert en la matière, a été engagé pour effectuer le travail. II a

notamment participé au développement du train touristique du Haut-St-François '6 et à la mise

en place d'un train entre Sherbrooke et Bromont qui est devenu la propriété du PDG de

Mont-Orford inc. Au niveau du projet Trolley Magog-Orford, le consultant avait pour mandat

de participer à l'étude de faisabilité et de former une équipe de travail. II est de ce fait un

pilier essentiel du succès du projet.

3.2.4 La performance

Bien que le projet soit encore jeune et que l'exploitation de tout son potentiel soit

encore à venir, le Trolley est un projet que tous les partenaires s'accordent à qualifier de

succès. C'est un projet qui évolue lentement mais dans le bon sens.

Moi je crois plus aux petits projets qui évoluent lentement mais toujours. C'est la technique des petits pas, un pas, un autre pas mais on ne s'écarte pas de notre objectif; des fois on peut contourner les obstacles mais on garde le cap et on avance continuellement (membre de la corporation).

« Il a de plus en plus de gens qui utilisent le service probablement parce que les

clients sont mieux informés» (hôtelier). Il faut donc continuer dans cette voie, parler encore

plus du produit. « Plus il y aura de gens qui vont en parler, plus il y aura de gens qui vont

dire que c'est un atout pour notre région» (hôtelier).

Le projet en tant que tel est une réussite grâce à la nouveauté et à la qualité du

produit. « C'est un beau véhicule, c'est un beau projet au niveau touristique» mentionne

l'une des personnes rencontrées. Le bus est très accessible et satisfaisant tant pour le touriste

16 <http://www.townshipsheritage.comIFRJArchives/Nouvelies/trnin.magog.html>. Consulté le 26 mars 2006.

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que pour la population locale puisque le prix d'un passage est de 1$, donc symbolique.

Comme le bus passe par de nombreux arrêts, le touriste pourra découvrir la ville. Cependant,

un petit bémol subsiste selon une responsable du projet: la fréquence du bus (toutes les

heures). Elle pourrait toutefois être améliorée avec le temps. De plus, il ne faudrait pas que le

trajet soit trop long sinon les gens opteront pour leur voiture.

C'est un bon exemple de collaboration puisque des gens de différents milieux ont pu

être regroupés et ont participé ensemble à la réussite du projet. Ce projet est une bonne

référence pour le travail d'équipe. Dès le début, plusieurs ont décidé de relever les manches

pour trouver le financement. Il est certain que Mont-Orford inc. en donnait une partie, mais

ce n'était pas suffisant. Le promoteur du dossier Trolley a joué un rôle important, mais on ne

peut passer sous silence la collaboration de tous, l'implication de nombreux partenaires qui

croient à la réussite du projet ainsi qu'au développement de la région. Ces partenaires ont

spécialement été efficaces dans la recherche de subventions et dans la création d'une

association (Corporation Trolley) qui gère les intérêts de tous.

3.2.5 Conclusion

Le Trolley Magog-Orford figure comme un succès dans la région grâce à la

collaboration de nombreux partenaires. Un facteur qui s'avère avoir été important dans

l'avancement de ce projet est la présence d'une entreprise privée financièrement crédible. La

légitimité du projet et de ceux qui sont en liens directs ou indirects avec le Trolley

(implication et développement de la montage, train touristique, ... ), la présence et la

compétence du consultant bénévole et l'implication importante de la commissaire touristique

sont tous des facteurs majeurs pouvant expliquer ce succès.

Le projet Trolley est encore relativement jeune (4e année) et quelques

développements pourraient devenir intéressants. Par exemple, il est possible d'établir un lien

avec le projet en cours du train touristique reliant Sherbrooke et Bromont, un autre ouvrage

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du PDG du Mont-Orford Inc. Une éventuelle collaboration avec le Trolley serait envisageable

dans ce projet de train touristique. Le touriste pourra prendre le train et ensuite le Trolley

pour se rendre au Mont-Orford. Le but est de permettre au touriste de vivre une expérience

différente. Cependant, il faut que cette éventuelle collaboration reflète l'image de la région.

Malgré sa réussite, le projet suscite certains questionnements. Dans la région,

plusieurs personnes reprochent que le Trolley est souvent vide. Quelles actions pourraient en

faire une expérience touristique intégrée? Pourquoi le projet n'est-il pas plus intégré dans la

promotion du milieu? Par exemple, peu de mentions de ce Trolley sont faites dans la

brochure touristique de la région par la corporation touristique et par les partenaires hôteliers.

Comment pourrait-il être mieux intégré dans l'offre touristique?

En somme, c'est un beau projet, encore Jeune, qUi aura à poursuivre son

développement dans un contexte en forte mouvance actuellement avec le dossier d'une vente

possible du Mont-Orford, l'arrivée d'un nouveau produit touristique important (train

touristique) et une économie touristique de plus en plus difficile. Les gens du milieu devront

se l'approprier et l'exploiter à sa juste valeur.

3.3 La Route des vins du Brome-Missisquoi

3.3.1 Le contexte du projet

La MRC de Brome-Missisquoi, dans les Cantons-de-l'Est, est située à 45 minutes

entre Montréal et Sherbrooke '7 et au sud de la région touristique de Granby-Bromont. Les

17 <http://www.brome-missisguoi.ca/fr/region/description.html>. Consulté la dernière fois en septembre 2006.

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gens qui circulent sur l'autoroute 10 n'y ont pas un accès direct. Avant le développement de

la Route des vins, reconnue par le Ministère et l'ATR (J'association touristique régionale des

Cantons-de-l'Est), la région était moins connue touristiquement. « ... habituellement Brome­

Missisquoi recevait officiellement deux journalistes. L'année passée [en 2004) on en a reçu

36 à 38 ... dans la région ».

« Celte région est la meilleure au Québec pour faire pousser le vin selon le Ministère

de l'agriculture» a mentionné un intervenant. « La composition du sol et le microclimat du

Brome-Missisquoi sont autant d'éléments qui enfont une terre de prédilection pour la culture

de la vigne »18. Après 15 ans d'exploitation de la vigne, « il y avait un essoufflement du

milieu, on commençait à trouver qu'on tournait en rond, qu'on avait mis beaucoup d'efforts

puis les retombées étaient de plus en plus stagnantes ». Les vignobles commencent à

reconnaître que la vente directe à la ferme pourrait être intéressante. « Il n 'y a rien de mieux

car il n 'y a pas d'intermédiaire ». Mais la signalisation est fortement contrôlée. Il est défendu

d'installer des panneaux sur le bord de la rou te.

Pendant cette période de questionnement et de recherche d'alternatives, le

gouvernement accorde le droit à chaque association touristique régionale de signaliser trois

routes. « Ce programme de signalisation, implanté à l'été 2000, dirige les automobilistes

circulant sur les grands axes routiers vers une route ou un circuit touristique »19. En

parallèle, la MRC de Brome-Missisquoi reconnaît l'intérêt de l'industrie touristique pour le

développement de la région.

C'est dans ce contexte qu'est né le développement de la Route des vins, une route

signalisée.

18 <http://archi ves.cbc.cafIDC-0-1O-1143-6274/vie societe/canada vinlclip3>. Consulté la dernière fois en juin 2006. 19 <http://www.bonjourgllebec.com/mto/pllblications/pdf/programmes/routes.pdf>. Consulté le 14 juin 2006.

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3.3.2 La description du projet et de la collaboration

a. Le projet

La Route des vins est une route touristique qui a permis de relier douze vignobles de

la région du Brome-Missisquoi. La route agrotouristique s'étend sur 132 kilomètres. «

Comparée aux autres régions, on a beaucoup de vignobles, beaucoup de vins, beaucoup de

diversités de produits sur une belle région ». C'est la première route des vins identifiée par

des panneaux bleus (aux 10 kilomètres) au Québec et reconnue par le Ministère.

La Route des vins est plus qu'une route composée de différents vignobles. Dans

l'objectif de bien se positionner et de rallier les gens de l'industrie touristique, l'animation a

été ajoutée. Au vin se sont adjointes des activités connexes qui se renouvellent chaque année

afin de faire vivre une nouvelle expérience aux touristes mais aussi pour susciter l'attention

des médias.

On s'est dit: il faut aussi que les vignobles se créent une niche pour que chacun ait un peu sa particularité. Pour pas que les gens aient l'impression que faire la route des vins c'est de voir 3 ou 4 entreprises identiques, de goûter les mêmes vins puis de retourner chez soi. On voulait que les gens aient des expériences différentes dans chacun des vignobles, goûtent des produits différents, qu'ils puissent s'approprier l'un ou l'autre des vignobles mais qu'ils voient qu'il y a une authenticité bien différente (selon la responsable du secteur touristique du CLD).

Le vin à lui seul ne suffit pas pour combler 4-5 jours de visite selon la responsable du

CLD. Au tout début, ce sont les produits du terroir qui ont été ajoutés au vin, puis l'art et

ensuite le plein air. Cette année (2006), des alliances avec les restaurateurs ont été effectuées.

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Plus particulièrement, les thèmes exploités sont:

1re année: les produits du terroir (2003)

La Route des vins se passionne des produits du terroir!

Les producteurs de la région offraient un grand choix de produits fins durant toute la

saison estivale et pour certaines occasions comme le réveillon. Ces produits pouvaient aussi

servir pour confectionner les paniers cadeaux, tel que confits, confitures, terrines, coulis,

vinaigres fins et plus encore ....

2e année: l'art et la culture (2004)

La Route des vins s'enivre d'art et de culture!

Seize ateliers d'artistes et d'artisans, galeries d'art et musées se sont joints à la Route

des vins. Certains artistes, par exemple, se sont installés au vignoble de l'Orpailleur. Des

artisans professionnels y offrent des objets d'art, bijoux, poterie, laine, chapeaux, fourrures

recyclées, jouets, chevaux de bois, meubles et illustrations. Du vin et des cadeaux originaux

élaborés par des artisans sont proposés.

3e année: le plein air (2005)

La Route des vins prend l'air!

Les vignobles offrent au public, en plus des dégustations, visites, repas champêtres et

activités culturelles, des activités de plein air tel le kayak, la randonnée pédestre, le camping,

le golf dans Je décor verdoyant de la magnifique région de Brome-Missisquoi. « Des circuits

vélo se trouvent autour des vignobles. Il y a des endroits pour laisser la voiture en accord

avec les vignobles. Les touristes laissent leur voiture et continuent en vélo ».

4e année: la restauration (2006)

La Route des vins à la table!

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En 2006, de mai à octobre, la Route des vins invite le touriste à découvrir les

restaurants de la région viticole. « Après les études, on a conclu que ça pouvait être un

prétexte à une destination. que le vin allié à unefine cuisine avait du potentiel ». Les chefs de

17 restaurants et auberges de campagne concocteront des assiettes Route des vins avec les

produits régionaux et proposeront les vins de la région dans leur menu.

Normalement, l'activité reviendra aux 4 ans, du mOins pour Je moment. Il est

possible de constater que le «produit» évolue. Par exemple, à l'hiver 2005, la Route des vins

a initié un très beau projet juste avant les fêtes, «le marché de Noël de Brome-Missisquoi»20

permettant aux vignobles et aux artisans de la région de rencontrer des touristes durant le

mois de décembre. Une activité en éternel renouvellement depuis quatre ans!

La Route des Vins est ainsi devenue le produit d'appel, celui qui amène les touristes

dans cette région et celui que les médias citent régulièrement.

b. La collaboration

Il existait une route des vins informelle depuis déjà plusieurs années21 . Au début de

l'année 2002, deux études ont été commandées par des intervenants différents. Une première

étude, commandée par le CLD et les vignobles, sur la création d'un événement, n'a pas

donné de résultats concluants. Une seconde étude, lancée par un regroupement d'une

cinquantaine d'entreprises sous le nom de «La Vallée de Dunham », a donné à la firme

Robert Janody Market le mandat d'évaluer le potentiel touristique de la zone comprise entre

Dunham, Freligshburg, Brigham, Bedford et St-Armand pour essayer de trouver une vocation

ou une personnalité à cette zone. Les conclusions de cette étude ont été très significatives

pour la suite des événements; entre autres, on relevait dans ce rapp0l1 que: «que 24% de la

20 <http://www.ledevoir.com/2005/l2/l6/97818.html?299>. Consulté la dernière fois en juin 2006.

21 <http://archives.cbc.ca/IDC-O-l 0-1143-6274/vie societe/canada vin/cli03>. Consulté la dernière fois en juin 2006.

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population [québécoise} serait sujette à avoir un intérêt pour la viticulture ». Ces

conclusions ont été essentielles car elles ont permis de reconnaître le potentiel du vin et de

nommer pour la première fois le concept innovateur de Région viticole, un positionnement

unique au Québec.

Au même moment où les conclusions de cette étude laissaient envisager le

développement des lieux de ventes de vins et du concept de région viticole, un nouveau

règlement restreignant la vente de vins a freiné l'essor du projet de région viticole tel que

décrit dans le rapport de la firme Robert Janody. En même temps que ce nouveau règlement

nuisait au projet de la zone dite « Vallée de Dunham », l'ATR ouvrait la possibilité de

développer une « Route » en collaboration avec le Ministère des Transports. Dans ce

momentum et grâce à l'étude Janody, le CLD pouvait non seulement croire au potentiel relié

au vin mais également convaincre les vignobles de se regrouper. Afin de peaufiner le projet

la Route des vins et de le mettre en branle, 7 à 10 rencontres se sont déroulées entre le CLD

et les vignobles. Dans cette collaboration, beaucoup de gens sont impliqués, ceux des anciens

vignobles comme ceux des plus récents. Il devait y avoir un maximum de gens qUi

s'approprient le projet. « Il fallait prouver aux vignerons que cela valait la peine de

s'embarquer, aux entreprises que ça valait la peine de payer et aux élus de s'embarquer ».

Il fallait concilier les visions différentes des vignerons. «Au début c'était difficile

avec 10 vignerons qui avaient des visions complètement différentes. Ça prenait une tierce

partie pour trancher ». Pour cela, le rôle du CLD dans la collaboration a été convaincant. La

détermination de certains acteurs, notamment celle de la responsable du CLD, a été

primordiale dans ce succès. Plusieurs l'ont souligné lors des rencontres.

Le trajet a été dessiné par le CLD en collaboration avec les vignerons. « On s'est

assis les vignerons ensemble et on a décidé du circuit ». L'idée n'était pas juste de faire une

belle route mais surtout d'attirer une nouvelle clientèle et de la consolider. Il fallait proposer

aux clients la sortie d'autoroute la plus pertinente, donc la plus proche. « Tu ne peux pas

amener les clients de Montréal sur l'autoroute pour lesfaire revenir ».

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Un autre problème est survenu lorsque le premier viticulteur de la Route des vins a

décidé de ne pas prioriser l'agrotourisme. Après négociations, il a été décidé qu'il poursuivait

)' accueil des touristes, mais uniquement sur réservation.

Initialement, le Ministère des Transports avait établi certaines exigences à respecter.

Il voulait que toutes les rues soient asphaltées, ce qui était assez complexe du fait que les

vignobles se trouvaient en campagne. La route ne devait pas faire une boucle.

Ça ne devait pas tourner, il fallait que ce soit un début et une fin. Il ne fallait pas que le circuit se recoupe. Nous avions comme but stratégique de circuler dans toute la MRC. Un peu comme la route des baleines, c'est arrêter de penser petit circuit.

Ainsi, le trajet comprenait un départ et une arrivée en traversant toute la MRC. La

route devait aussi pouvoir être allongée dans un sens ou l'autre des Cantons-de-l'Est.

Une autre embûche à laquelle les partenaires ont dû faire face est la perception

mitigée de la conununauté face aux touristes: « Le problème aussi c'est la population peut

dire: moi je ne veux pas de touristes dans ma cour. Ça vient défaire mon paysage ». Le CLD

a dû rassurer la population locale. « Il faut donc veiller à ce que les touristes ne détruisent

pas l'environnement ».

Une fois le circuit de la route conclu, il a été présenté aux différents maires de la

MRC qui ont, d'une part, vu le positif de ce projet et qui ont accepté que le circuit passe dans

chacune de leurs municipalités. D'autre part, ces politiciens ont voulu participer

financièrement au projet.

Une fois le consortium mis en place et la Route des vins implantée, il fallait en faire

la promotion. La première année, lors du lancement de la Route des vins avec les produits du

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terroir (le thème de la première année), une relationniste engagée en a parlé sur les fils de

presse. Grâce à son travail, la Route des vins a eu beaucoup de visibilité.

Enfin, le projet a pu être mIs sur pied grâce à la participation de nombreux

partenaires financiers. La Route des vins et son animation ont été financées par plusieurs

intervenants dont les maires et les municipalités. Le CLD a investi un montant de 60 000 $, le

Fonds de Développement de l'Offre touristique22 (Tourisme Cantons-de-l'Est et le Ministère

du Développement régional et du Tourisme) 43 000 $, et 4 000 $ sont venus du pacte rural de

la MRC23 . La SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), le MCCQ

(Ministère de la culture et des communications du Québec) et le CLE (Centre local d'emploi)

ont également participé financièrement. Le prix à payer par les vignobles pour être sur la

Route était de 255 $ par an.

3.3.3 Les facteurs clés de succès de la collaboration et du projet

Les facteurs justifiant le succès de la collaboration et du projet sont variés et peuvent

être regroupés en quatre dimensions (voir la figure 3.3): la dimension relative à

l'environnement, celle relative aux caractéristiques des entités à la collaboration, celle des

relations et enfin celle du projet/produit.

En ce qui a trait à l'environnement, le timing, l'arrivée d'un nouveau conseiller au

Centre local d'emploi (CLE) et la perception locale auraient façonné le déroulement du projet

selon certains.

22 <http://www.cantonsc.lcJcst.com/ATRCE/c.locuments/listc tous projcts.pdf>. Consulté la dernière fois en juin 2006. 23 <btlp:l/www.brorne­missi sguoi .calrxlf/frlprojelspou rweb2006.pdf?P HPSESSI 0=7a9cb3a6e36f52 f6612dab67 d753929a>. Consulté le 15 juin 2006.

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COLLABORATION Route des Vins

Ministère des transports

Vignoble

CLD Brome­Missisquoi

TCE Vignoble

FACfEURS

1) Environnement 2) Entités à la collaboration 3) Relations 4) Projet/produit Politique (nouveau Leadership Pouvoir partagé Mission conseiller) Compétence du personnel Respect mutuel Planification Sodo-culturel (Conricrronetpersévérance) Communication Expertise Économique Stabilité du personnel Confiance Temps Technologique Légitimité/crédibilité Buts communs et vision Légitimité Timing Présence d'un (de) champion partagée Financement

(s) Gagnant-gagnant Ampleur et Type d'entreprise (privé, public, Aptitude aux compromis complexité OBNL) Interdépendance/ Recours aux Expérience de collaboration complémentarité consultants

Engagement Synergie Concertation

Les relations: ==== Relation de partenariat Relation financière _ Relation financière et de partenariat Fournisseur

CLD : Centre local de développement! CRE : Contërence régionale des élus de 1'Estrie/ ET : Entreprise touristique/ Artisans et artistes/ FDOT : Fond de développement de l'offre touristique de TCE/ MRC : Municipalité régionale de comté de Memphrémagog/ SODEC : Société de développement des entreprises culturelles/ TCE : Tourisme Cantons-de-l'Est TQ : Tourisme Québec En gras: les facteurs clés de succès retrouvés En iialique : les facteurs clés nouveaux ou peu cités dans la littérature

Figure 3.3 FCS de la collaboration de la Route des vins du Brome-Missisquoi

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Tout d'abord, connaissant bien le milieu et ce pour avoir travaillé pour le CLD

pendant 9 ans, la responsable estime que c'est une question de timing. Le projet est arrivé au

bon moment car il y avait un besoin dans la région. L'environnement a aussi été propice au

succès du projet par l'arrivée d'un nouveau conseiller travaillant fortement en concertation

avec le CLD. « Quand on a changé de conseiller, la porte s'est ouverte mais pas à n'importe

qui et sous conditions. On a commencé à pouvoir faire des choses, des partenariats, entre

autres, avec Développement économique ». Toutefois, le CLD a dû rassurer la population

locale qui était réticente à la venue de touristes dans la région.

Au niveau des caractéristiques des entités à la collaboration, les facteurs suivants ont

été à l'origine du succès de ladite collaboration selon les responsables rencontrés: le

leadership et la présence d'un champion, la conviction et la persévérance de certains acteurs

et la collaboration antérieure.

Le leadership assuré par le CLD Brome-Missisquoi et par quelques viticulteurs a

fréquemment été mentionné comme facteur de succès au projet et à la collaboration. Ce sont

ces gens, avec une bonne crédibilité, qui ont coordonné les activités et qui ont réussi à

regrouper les partenaires. Le CLD a participé à la recherche de financement et a « vendu» le

dossier au Ministère des Transports afin d'obtenir leur ava1. La collaboration proprement dite

est un succès puisque le CLD a su consolider les vignerons. « C'est le CLD qui a fait le gros

travail de vendre ça aux MRC, de vendre ça à l'ATR, de présenter le projet au Ministère des

Transports. Et puis c'est eux aussi qui ont aidé à solidifier un peu les vignerons ». Le CLD

est un leader reconnu dans ce projet. Enfin, le CLD, par le biais de sa commissaire

touristique, a encadré efficacement le projet qui regroupe des partenaires d' horizons

différents (vignobles ou entreprises touristiques).

La compétence du personnel comme facteur clé du succès de la collaboration est

perçue grâce à la conviction et la persévérance de certains partenaires. Tout d'abord, la

conviction de deux viticulteurs a contribué au succès. « Simon et Charles-Henri de

Coussergues (orpailleur) continuent de croire en l'idée et à y réfléchir, à refaire des réunions

Page 83: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

74

ou d'appeler individuellement les vignobles afin de recueillir leurs avis ». Ces deux

personnes demandent même à avoir des rencontres en petits groupes pour discuter des

problèmes, chaque vignoble ayant ses propres idées d'affaires. La persévérance de certains

acteurs a, elle aussi, concouru au succès. Deux personnes peuvent être citées: la première,

Line Brault, responsable au CLD de Brome-Missisquoi depuis 9 ans et la seconde, Danielle

Bilodeau24, la consultante en coaching de gestion de la Route des vins. Madame Brault, du

CLD, a été un pilier dans le succès de la collaboration. Non seulement elle croit beaucoup au

projet mais elle a su encourager les vignobles. « Elle est dynamique cette madame et elle nous

a vraiment poussés à le faire. Elle nous proposait quelque chose en fonction des idées

positives qu'elle voyait dans nos réunions ».

La responsable du coaching de gestion, Madame Bilodeau, avait pour mission de

soutenir les vignobles dans la structuration des attraits touristiques dans les vignobles de la

Route des vins.

Au niveau de l'expérience de collaboration, les vignerons ont l'habitude de travailler

ensemble.

Il y a toujours eu des collaborations des vignerons de Brome-Missisquoi pour régler notamment le problème de marketing et c'est de là que la Route de vins est jïnalement arrivée. Au niveau de l'association de vignerons il y a quand même toujours des attraits qui se font ensemble COmme vignerons. Il y avait aussi un rassemblement, pas juste des vignerons mais d'autres producteurs, des restaurateurs qui voulaient créer un genre d'association.

De plus, le CLD avait déjà des collaborations réussies avec l'AIR notamment pour

faire des promotions. Il avait aussi conclu des alliances réussies avec des partenaires

extérieurs. Pour toutes ces raisons, les vignobles n'ont pas hésité à travailler avec le CLD.

24 Mme Bilodeau fait partie des fondateurs de l'organisme « La Vallée de Dunham » à J'origine du concept de région viticole.

Page 84: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

75

En ce qui a trait aux relations entre les entités à la collaboration, le respect, la vision

commune, l'aptitude aux compromis, la synergie et la concertation sont les facteurs

explicatifs du succès de la Route des vins.

Les vignobles se respectent dans leur façon de commercialiser leurs produits. « Les

vignobles sont ouverts à se faire des outils communs ». Ils se nomment un porte-parole selon

la responsable du CLD. Néanmoins, certains vignobles, notamment les nouveaux adhérents

au projet, souhaitent plus de temps pour se structurer avant de prendre la décision

d'embarquer ou non dans la Route des vins.

La réussite de ce projet repose essentiellement sur une vision commune, la volonté de

plusieurs personnes qui veulent faire de la région un grand espace viticole. « On veut devenir

d'ici 2008, la région viticole du Québec ».

Le dessin du trajet fut un processus complexe puisque chacun aurait aimé que le

trajet commence chez lui. Il fallait trouver un circuit qui plaise à tout le monde par sa logique.

Ce problème a notamment été réglé grâce à la discussion et aussi parce que chacun a accepté

de faire des compromis. « Probablement parce que le dossier a été bien monté puis bien

dirigé par les gens du CLD », selon un viticulteur.

La synergie est un facteur important dans la réussite de cette collaboration. « Quand

tout le monde y met l'épaule à la roue pour la promouvoir, ça a un impact de beaucoup

supérieur ». Au niveau des vignobles du Brome-Missisquoi, une solidarité existe. Plusieurs

entreprises (restaurants, galeries, auberges ... ) se sont approprié la Route des vins afin de

développer leur commerce et par ricochet le tourisme de la région.

Enfin, la concertation a été un élément important dans ce projet. II n'y a pas

d'attitude opportuniste selon les dires de la responsable du CLD. « On a travaillé sur le plan

d'affaires avec les entreprises, travailler sur les opportunités pour l'exportation ».

Page 85: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

76

Quant à la dimension projet/produit, la légitimité du projet/produit et la participation

de consultants. La responsable du CLD pense que les produits, en l'occurrence le vin et les

activités connexes, sont bons. «À un moment donné, j'étais à rencontrer les vignobles... ils

ont tous de bons produits ». Le vin est un produit de ralliement et les partenaires doivent se

structurer pour en faire la promotion. Ce projet est alors légitime. Tous y ont finalement

adhéré et y voient son grand potentiel. Il répond à des besoins et beaucoup de gens peuvent

en tirer profit. « Messieurs les politiciens, il va y avoir des emplois, et puis il va y avoir du

retour sur votre investissement. Oui les entreprises vous allez faire de l'argent mais il faut

participer à un réseau aussi ».

Les études menées ont démontré que le projet était faisable et qu'il présentait

beaucoup d'opportunités. « Il y avait les statistiques pour dire qu'il y avait du potentiel ».

Deux firmes de consultants ont été embauchées afin d'aider les partenaires dans le

positionnement du produit. L'une a été très utile étant donné qu'elle a permis de démontrer

]' importance de la concertation et le potentiel de positionnement de la région en viticulture.

3.3.4 La performance

Le projet est bien perçu par les touristes. Les commentaires sont élogieux. Aussi, les

propos des journalistes sont flatteurs et ils sont plus nombreux à se rendre dans la région.

C'est un très beau projet pour plusieurs.

Coordonner 12 agriculteurs sur la gestion de l'horaire n'est pas une tâche facile. Les

vignobles doivent respecter les heures d'ouverture sinon les clients risquent d'être déçus, une

fois sur place, si le site est fermé.

Page 86: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

77

Les vignobles doivent s'assurer de la qualité des produits offerts. Une approche

client avec les touristes est de mise. En dehors du fait que le produit de base (le vin) doive

être bon, il est tout indiqué de bien accueillir les clients.

Les activités connexes au vin proposées aux touristes font la différence. On ne vend

pas seulement du vin mais une expérience. Il faut alors constamment innover et continuer de

développer la Route des vins, le but étant d'alimenter la curiosité des touristes. « L'autre

chose qui est importante c'est de renouveler la Route des vins pour pouvoir avoir une

couverture médiatique intéressante et que les gens la redécouvrent sous différents aspects,

sous différentes thématiques ». Au départ, les produits de terroir étaient associés au vin,

ensuite aux arts, au plein air et en 2006 à la restauration. Comme le souligne la responsable

du CLD, il fallait trouver une valeur ajoutée au produit, soit les attraits.

En ce qui concerne la collaboration proprement dite, la Route des vins du Brome­

Missisquoi est un bon exemple de collaboration. Il a fallu regrouper des vignobles ayant des

visions différentes mais aussi toute l'industrie locale. Il n'est pas facile d'annoncer à un

commerçant que le positionnement choisi n'est pas en lien direct avec son entreprise. Un

excellent travail a été réalisé. « Celte collaboration profile alors au tourisme local et pour la

viticulture en général ».

Ce projet est une bonne référence pour le travail d'équipe. « Dès le début, plusieurs

ont mis l'épaule à la roue pour trouver le financement et faire face aux différentes embûches

». Le travail accompli par la responsable du CLD a été bénéfique. On ne peut passer sous

silence la collaboration de tous, ['implication de nombreux partenaires qui croient à la

réussite du projet ainsi qu'au développement de la région. La coordination d'entités ayant des

visions différentes relève de l'exploit.

Page 87: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

78

3.3.5 Conclusion

La Route des vins du Brome-Missisquoi est un bon modèle de succès, tant au niveau

du produit que de la collaboration, surtout sachant que cette collaboration se poursuit

activement.

Des facteurs spécifiques ont été importants dans ce succès. La commissaire

touristique a joué un rôle primordial grâce à son leadership et à ses convictions. La légitimité

et l'importance du projet pour l'ensemble des partenaires ont été des facteurs clés. La

présence d'un intervenant externe recommandant de miser sur la viticulture a permis le

regroupement des gens du milieu. Plusieurs diront que le « timing » était bon. Le respect

entre les partenaires était présent alors que plusieurs sont des « concurrents ». Enfin, la

concertation a conduit à la réussite de ce projet de collaboration.

Le projet soulève néanmoins quelques questionnements:

Est-il judicieux de procéder à un cycle de quatre ans plutôt que de poursuivre

l'élaboration de nouvelles thématiques à chaque année? Ce renouveau a certainement été un

élément décisif de la visibilité média de la Route des vins durant les dernières années. II est

certain que la création de nouvelles thématiques est coûteuse tant en ressources humaines que

monétaires, mais elle permet aussi d'amener les gens à travailler ensemble.

Les outils de commercialisation (carte, guide, site web) permettront-ils facilement

l'arrivée de nouveaux exploitants?

Devrait-on favoriser l'ajout de nouveaux vignobles ou partenaires permettant

d'allonger la Route des vins ou serait-il préférable de renforcer la Route actuelle?

Page 88: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

79

3.4 Synthèse des résultats

Après avoir vu séparément les 3 cas, incluant leur analyse, il est à propos de faire une

synthèse des résultats (tableau 3.1) et ainsi de présenter les points qui méritent notre attention.

Dans cette étude, le chercheur a regroupé les facteurs clés de succès en 4 dimensions.

Pour chaque dimension, voici les points importants qui sont ressortis:

La dimension Environnement:

Pour cette dimension, les facteurs politiques et sociaux sont ressortis comme

importants à la réussite de la collaboration en tourisme. L'élément le plus souvent mentionné

dans les différents projets à l'étude est l'appui politique (n=4). Ni l'environnement

technologique, ni l'économie n'a été cité dans les projets de collaboration étudiés. Le recours

à la technologie est peut-être moins fréquent dans les projets de collaboration en tourisme et

encore moins dans les projets de faible et moyenne envergures, comme ceux à l'étude, car il

requiert un investissement assez considérable.

La dimension Entités à la collaboration:

Les éléments qui ont été le plus cités dans cette dimension sont l'expérience de

collaboration (n=9), la légitimité et la crédibilité des partenaires (n=7) et enfin le leadership

(n=6). Le facteur « présence d'un champion» n'est apparu qu'une seule fois vu que le

champion et le leader sont souvent regroupés par les intervenants. Deux éléments nouveaux

sont apparus dans cette dimension: la conviction et la persévérance de certaines personnes

clés.

Page 89: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

80

Tableau 3.1 Grille synthèse des entretiens

Carte napperon Trolley Magog-Orford Route des Vins Facteurs clés de succès R1 R2 R31 R4 R5 R6 R7 1 R8 R9 1R10 R11 R12 R13 R14

1. Facteurs liés à l'environnement Politiaue 1

Social et culturel :

Economiaue Technoloaiaue Timina (NOUVEAU! .. -2. Facteurs liés aux caractéristiques des partenaires Leadership Compétence du personnel

l,' 1· 1 . .' ~,

1

Stabilité du personnel Légitimité et crédibilité des partenaires ., -.. , -­. .. _.

1 ~

o'·..,. , Présence d'un champion l Type d'entreprise (présence d'une OBNL) Expérience de collaboration , ~

"':" ._­ -. ;;.~> l:' . - 1 -

1

Conviction et persévérance (NOUVEAU! 1

3. Facteurs liés aux relations -Pouvoir partaaé Respect mutuel Communication ~

.­,. ,­

',.

Confiance Buts communsNision partagée

- .. .. 1. - 10< T'

Gagnant-gagnant l-' '1

Aptitude aux compromis "

Interdépendance/ complémentarité/compatibilité (NOUVEAU! '1 • ~ 1 1

Engagement Coordination/ Concertation (NOUVEAU! Syneraie (NOUVEAU! 1

4. Facteurs liés au projet/produit Mission Planification Expertise ' ..1 ...... ~

Temps - '. "

Légitimité du projet/produit Financement

." : . .: . '

;: .. ... : .'

. - 1

Ampleur et complexité ~

Recours à des consultants (NOUVEAU! o'

, ."

Fréquence in)

4 2 0 0 2

6 8 1 7 1 1 9 3

0 3 8 3 5 3 5 4 0 2 2

0 0 5 4 10 5 1 5

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81

La dimension Relations:

Les éléments sur lesquels les intervenants ont mis l'accent sont la communication

(n=8), l'aptitude aux compromis (n=5) et la vision partagée (n=5). Cette dimension dégage 2

éléments nouveaux: la compatibilité des partenaires (surtout au niveau de leur personnalité)

et la synergie. Ces 2 facteurs sont essentiels surtout dans un contexte où le nombre de

partenaires est élevé. Mais 2 éléments souvent cités par la littérature, la confiance et le

pouvoir partagé, sont peu marqués dans les résultats. La notion de confiance n'a été citée que

dans Ides 3 projets à l'étude. Des hypothèses à ce constat seront énoncées dans le prochain

chapitre, celui de la discussion. Aucun intervenant n'a mentionné la nécessité du pouvoir

partagé. Pour un projet de faible envergure, les relations de pouvoir semblent moins

accentuées.

La dimension Projet/produit :

Les éléments mis en évidence par les intervenants pour cette dimension sont: la

légitimité du projetJproduit (n=lO), l'expertise (n=5) et le financement (n=5). Ces facteurs

touchent principalement le succès du projet qui a une incidence sur celui de la collaboration.

La mission et la planification du projet n'ont pas été évoquées. Par contre, l élément

nouveau, le recours à la consultation, apparait dans les résultats.

Le tableau 3.2 fait une synthèse des 3 projets de collaboration en tourisme à l'étude.

Les résultats mis en évidence dans cette recherche devront être considérés comme

exploratoires. Les facteurs permettront d'ouvrir la voie à d'autres recherches plus

approfondies, plus quantitatives.

Page 91: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

82

Tableau 3.2 Synthèse des trois cas à l'étude

Carle Napperon Trolley Magog-O'ford Roule des Vins

Brome-Missisquoi

Description Carte géographique avec

la localisation de certains attrai ts

Transport de la clientèle touristique et locale entre les pôles touristiques de Magog

et d'Orford

Itinéraire touristique qui comprend les vignobles de

la région

- Publicité pour les attraits - Permet une facilité d'accès - Faire connaître les - Outil pratique pour le à certains sites et attraits vignobles

préposé à J' accuei 1pour toutistiques - Amener les amateurs de diriger le touriste - Diminue les effets vins et les touristes dans

polluants provoqués par la la région grâce à ce Objectifs multiplication des produit d'appel

automobiles au centre-ville

- Outil de promotion qui concorde avec l'image marketing de la région

- Verso de la carte: en - Bus: couleur rouge, style - Première route officielle charge par TCE tramway au Québec

- Recto de la carte: en - Tarification: 1$ - Vins et activités Caractéristiques charge par CLD - Trajet: boucle de 30 km connexes (produits du

- 2005 : 7 versions de la terroir, arts, plein air et

1 carte restauration)

- 12 vignobles

1 1 • TCE • Mont-Orford.lnc • CLD Brome-Missisquoi • CLD (7 en 2(05) • Corporation Trolley • Les vignobles • Entreprises • CLD Memphrémagog ·MRC

Principaux

Partenaires

touristiques

• MRC • CCIMO • Les hoteliers • TCE (FDOT-TQ)

• CLE • Ministère des transports • TCE (FDOT-TQ)

• Ville de Magog • Entreprises touristiques 1 • Canton d'Orford

1 ·SDC

Facteurs clés de

succès Carte Napperon Trolley Magog-Oiford

Roule des Vins Brome-Missisquoi

• Politique • Politique

1. Environnement • Socio-culturel • Bon timing (nouveau)

• Crédibilité/légitimité • Crédibilitéllégitimité • Conviction et • Leadership • Leadershi p persévérance de certains

2. Entités à la c'ollaboration

• Expérience de collaboration

• Présence d'une OBNL • Compétence du personnel • Expérience de collaboration

acteurs (nouveau) • Leadership • Expérience de collaboration

Page 92: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

83

• Confiance • Vision commune • Respect mutuel • Communication • Communication • Synergie (nouveau)

3. Relations • Compromis • Relation gagnant-gagnant

• Relation gagnant-gagnant

• Vision commune • Communication

• Complémentaritél • Concertation (nouveau) compatibilité (nouveau)

• Légitimité • Légitimité • Légitimité: produit de • Complexité • Financement ralliement

4.Projetfproduit • Gestion du temps • Gestion du temps

• Recours à 1a • Recours à la consultation (nouveau)

consultation (nouveau)

- C'est un beau produit pour - La majorité des - Le projet est bien perçu par certains intervenants partenaires les touristes

- Le projet répond aux s'accordent à dire - C'est un bon exemple de attentes des consommateurs que c'est un succès collaboration (regrouper des (touristes), des préposés au - Le projet en tant que visions différentes) bureau d'information, ainsi tel est une réussite - La réussite de ce projet repose que des attraits grâce à la nouveauté essentiellement sur la volonté

- Les prix pour les entreprises et la qualité du de plusieurs de faire de la sont abordables et c'est un produit région un grand espace ou li1pratique distribué à - Le bus est très viticole grande échelle (belle accessible et - Les activités connexes au vin économie de volume) satisfaisant tant pour proposées aux touristes font la

- Bémol: la carte engage des le touriste que Ja différence (expérience)

Performance frais pour certains CLD qui n'avaient initialement rien à

population locale - C'est un bon

- Le produit est devenu le produit d'appel fort

payer grâce au soutien de exemple de - Bémol: J'expansion de la certains groupes associatifs collaboration route et l'effet cyclique des

puisque des gens de thèmes différents milieux ont pu être regroupés

- Le promoteur du dossier Trolley a joué un rôle important

- Bémol: La fréquence du bus est

l à améliorer

Page 93: Étude exploratoire des facteurs clés de succès de la ... · universitÉ du quÉbec À montrÉal . Étude exploratoire des facteurs clÉs de succÈs de la collaboration: le cas

CHAPITRE IV

DISCUSSION DES RÉSULTATS

Ce dernier chapitre aborde la discussion au sujet des résultats de la recherche. Par la

suite, les implications à l'endroit des gestionnaires en tourisme sont brièvement discutées.

Enfin, les limites de l'étude et les avenues de recherches futures sur le sujet sont esquissées.

L'industrie du tourisme est composée de partenaires issus du public, du privé et des

OBNL. Les résultats ont permis de constater que Je type d'entreprise dans le secteur

touristique peut avoir une influence sur la collaboration. Une entreprise privée, lorsqu'elle est

crédible et légitime, peut initier la collaboration et entraîner sa réussite. La présence des

OBNL, quant à elle, semble également profitable. Fowler (1998) juge que les OBNL ont une

faible capacité à développer des partenariats entre eux. Ce point de vue n'a pu être vérifié

puisque les collaborations étudiées font intervenir également le privé. Certes, en observant les

résultats, les OBNL jouent un rôle important dans la réussite des collaborations en tourisme.

Ce constat rejoint la perception de Préfantaine, Ricard et Sicotte (2002) qui mettent en relief

l'efficacité des OBNL dans leurs travaux. Dans le cas du Trolley Magog-Orford, la présence

d'un OBNL (Corporation Trolley) chargé des intérêts de tous a concouru au succès. Cet

OBNL est perçu comme légitime puisqu'il ne tire pas financièrement profit de la situation.

Dans le secteur touristique, les OBNL sont de plus en plus nombreux. Certains figurent

comme des piliers de la collaboration et contribuent au développement du secteur. Par

exemple, les CLD qui œuvrent au niveau local ou les ATR au niveau régional, sont des

OBNL qui agissent pour le compte de leurs membres et travaillent souvent en collaboration.

Quel type d'organisation, un OBNL ou une entreprise privée, serait approprié pour démarrer

une collaboration ou bien pour la gérer? Aucune réponse toute faite ne peut être fournie. Il

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85

faut se focaliser sur la légitimité de l'organisme. Celle-ci est essentielle et elle varie selon le

contexte. Par exemple, pour réunir les vignerons de la Route des vins, le CLD était légitime et

crédible alors que pour initier le projet Trolley, la participation d'une entreprise privée

financièrement crédible, celle du Mont-Orford inc., a été utile.

Au niveau des caractéristiques des entités engagées à la collaboration, les résultats

indiquent que les partenaires doivent être crédibles, avoir le sens du leadership. Les

collaborateurs doivent être compétents et compatibles, voire complémentaires. La présence

de leadership est essentielle tout au long du processus de collaboration même si Préfontaine,

Ricard et Sicotte (2002) ont mentionné qu'elle est surtout préconisée lors de la phase de

création et de démarrage de la collaboration. Pour appuyer leurs propos, ces auteurs ont

précisé qu'un leadership souple conviendrait au début de la relation. Selon le chercheur, il

devrait également être présent sinon renforcé durant le reste du processus car il permet de

coordonner les actions des membres. Il faut néanmoins faire attention au taux de roulement

des membres qui risque de rendre l'efficacité du leadership caduque. Selon Préfontaine,

Ricard et Sicotte (2002), une forte rotation du personnel peut nuire à la collaboration. Cette

situation est pourtant fréquente au sein de certains organismes. Dans quelques CLD, la

rotation du personnel paraît élevée, peut-être parce que bon nombre d'emplois sont

saisonniers. De ce fait, au niveau du secteur touristique, il faut être attentif à ce problème. Il

est nécessaire de réduire le taux de roulement du personnel. Pour un projet de grande

envergure, il serait judicieux d'assigner une personne de façon permanente. En sachant que la

main d'œuvre est vieillissante, il ne faut pas hésiter à embaucher des jeunes remplis de

dynamisme. Ces derniers pourront être formés par les plus âgés. Il serait pertinent d'avoir

recours au partage de postes. Un employé pourrait faire le travail d'un autre afin de diminuer

les délais d'exécution des tâches.

Dans un groupe, la compétence du personnel est un facteur essentiel de réussite car

les qualifications et l'expérience de chaque individu sont indispensables. Cette compétence

légitime les partenaires et par ricochet, renforce le climat de confiance.

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Enfin, il s'avère que la compatibilité/la complémentarité des partenaires influent sur

le succès. La compatibilité des personnalités a été soulignée dans les résultats. La compétence

constitue souvent un critère primordial pour le choix d'un nouveau membre. Une équipe peut

souvent être efficace avec des membres peut-être moins compétents mais mieux assortis. Il

serait alors à propos pour les partenaires d'évaluer leur degré de compatibilité et ce, dès le

début de la collaboration. Une vision commune et une implication équilibrée des partenaires

seraient de bons éléments pour vérifier cette affirmation.

En ce qui concerne les relations entre les partenaires, une expérience antérieure de

collaboration est avantageuse comme le mentionne Gulati (1995). Elle est perçue comme un

facteur clé dans le secteur touristique et notamment dans nos résultats. Cette expérience

passée de collaboration entre les partenaires ou bien avec d'autres entités, peut conduire à une

certaine légitimité. Elle peut même mener à une confiance mutuelle, essentielle à la bonne

marche de la collaboration. Quelles peuvent être les conséquences pour les entreprises

touristiques ayant peu d'expérience ou pire, ayant connu un échec de coiJaboration? Pour ces

organisations, la tâche s'annonce plus compliquée, comme le signale Anderson (1996). EiJes

devront se doter d'une structure qui inspire confiance pour pouvoir intégrer le groupe de

travail. Par exemple, posséder les ressources financières appropriées les rendrait crédibles.

Une relation gagnant-gagnant doit être ressentie par chaque partenaire car la

collaboration naît d'une intention volontaire où les partenaires devraient trouver leurs propres

avantages. Cette perception de relation gagnant-gagnant rejoint un peu la définition même de

la collaboration, à savoir une relation mutuellement bénéfique (Mattesich, Murray-Close et

Monsey, 2001). Il faudrait encourager le partenariat public-privé en tourisme, le public ayant

besoin d'argent et le privé désirant une cohésion des membres. L'Organisation mondiale du

tourisme cite principalement le marketing et la promotion comme domaines de collaboration.

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La communication entre les partenaires devrait être fréquente, ouverte et dans les

deux sens. Le groupe de collaboration doit impérativement cultiver un environnement qui

soutienne une critique constructive sans toutefois offenser personnellement les intervenants.

Il faut prévoir des rencontres formelles et informeJles. Souvent, les échanges informels

aboutissent à de nouvelles idées, telle cas de la Carte napperon où un intervenant du CLD a

recommandé des noms d'imprimeurs à TCE.

Les analyses ont aussi démontré qu'une synergie favorise la collaboration, comme

le cas des vignerons de la Route des vins. Les partenaires sont nombreux et proviennent de

différents milieux, chacun ayant ses propres intérêts. La vision commune et la

complémentarité des partenaires sont des catalyseurs pouvant mener à une synergie. Elles

facilitent la réalisation des objectifs communs. Cet argument confirme alors une interrogation

émise au tout début de ce mémoire.

Au regard des résultats, certains facteurs, dont la confiance ou la clarté de la mission,

certes importants pour de nombreux auteurs (Austin, 2000; Gray, 1989; Mattesich, Murray­

Close, Monsey, 2001; Pinto et Sievin, 1986, Bissonnette, 1996, Préfontaine, Ricard et Sicotte,

2002), n'ont pas été assez mis en valeur. Parmi les 2 des 3 cas à l'étude, aucun répondant n'a

cité l'élément de confiance. Toutefois, l'élément de confiance est implicitement perçu par la

présence des facteurs comme les valeurs communes (vision partagée) ou une bonne

communication, éléments préalables à l'apparition de la confiance (Roberge, Ricard et

Rebolledo, 2003). La clarté de la mission, quant à elle, n'a été mentionnée dans aucun des

cas. Les répondants les ont peut-être tenus pour acquis ou bien les autres facteurs sont tout

simplement plus importants.

L'environnement politique constitue aussi un élément qui influe sur la collaboration.

Dans le cadre de la Route des vins, l'arrivée d'un nouveau conseiller a permis l'ouverture

d'esprit et a conduit à un travail en commun. À travers les cas étudiés, les projets devaient à

la fois satisfaire les touristes mais aussi les politiciens (maires, par exemple). Les

gestionnaires en tourisme doivent alors tenir compte du facteur politique, comme l'invoquent

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Bissonnette (1996) et Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002). Le climat sociopolitique doit être

examiné. Par exemple, les événements au Mont-Orford auraient-ils eu un impact sur le

Trolley et plus particulièrement sur la collaboration? En d'autres termes, la collaboration

aurait-elle été possible?

Bien que la dimension projeUproduit des FCS touche plus le projet et le produit,

d'une manière indirecte, elle agit sur la collaboration. En ce qui concerne le produit, dans les

3 cas étudiés, les partenaires ont mis l'accent sur la valeur du produit ou sa qualité comme

FCS. Pour la Carte napperon, c'est la belle qualité du support papier accompagné de belles

images qui ressort. Quant au bus Trolley, son design se fait remarquer. Enfin, le bon vin et

ses activités connexes du Brome-Missisquoi s'illustrent. Un beau produit facilite la

collaboration. Les partenaires pourront être davantage motivés à travailler ensemble. Par

conséquent, il faut prévaloir la légitimité du projet et s'assurer que les intervenants soient

convaincus de l'intérêt du projet pour s'en faire des partenaires.

Le recours aux consultants a eu un impact positif sur le succès. Ce point est peu

évoqué dans la littérature, pourtant la consultation a été utile dans 2 des 3 cas à l'étude. Au

niveau du Trolley Magog-Orford, le consultant bénévole a travaillé d'arrache-pied pour la

réussite du projet. Quant à la Route des vins, les études fournies par les firmes de consultants

ont permis de croire au potentiel du projet. On peut légitimement se questionner sur le rôle du

consultant, même dans le domaine touristique. Souvent, les gestionnaires s'interrogent sur la

pertinence des consultants, surtout s'ils ne proviennent pas de la région comme dans le cas de

la Route des vins. La consultation est souvent usitée pour étudier la faisabilité du projet mais

pourrait-elle l'être pour celle de la collaboration? Dit autrement, est-ce qu'il existe des

consultants qui vont analyser les partenaires et leurs relations?

Le flOancement et la gestion du temps ont été d'autres éléments d'importance cités

par les collaborateurs. L'argent est souvent un enjeu crucial. En tourisme, la cotisation des

partenaires, la recherche de subventions et la paliicipation pécuniaire des municipalités sont

notamment autant de moyens pour financer les projets. Pourtant, on s'aperçoit que les

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collaborateurs peinent à fïnancer adéquatement leur projet. Environ 26 millions de dollars des

dépenses ont trait au programme de subvention en 2002-2003 au Québec (Tourisme Québec,

2004a). Comparée aux autres industries, l'industrie du tourisme figure parmi celles qui

reçoivent le moins d'argent car elle comporte beaucoup de risques. Heureusement,

l'encadrement est souvent présent au sein de cette industrie. Citons, par exemple, les AIR ou

les CLD qui supervisent leurs membres, respectivement aux niveaux régional et local, au

Québec. Enfin, le temps s'avère une ressource importante. Dans le cadre de la Carte

napperon, il fallait respecter les délais d'impression des copies. Pour le Trolley, il a fallu être

patient, puisque la location d'un bus a été nécessaire avant l'acquisition du bus final afin de

jauger l'intérêt des gens.

Comme dans les résultats de Bissonnette, le facteur lié à la mission du projet ou la

clarté des objectifs, n'est pas ressorti de manière aussi marquée que dans l'étude de Sievin et

Pinto (1986) ou que dans celle de Préfontaine, Ricard et Sicotte (2002). Les personnes

œuvrant dans les projets touristiques sont-elles moins centrées sur les buts et objectifs de

leurs projets que celles œuvrant dans d'autres secteurs? Est-ce que cette mission est claire

pour les parties prenantes? Une explication plausible serait que d'autres facteurs sont

seulement plus importants. Il est difficile pour les intervenants de citer les facteurs clés à pied

levé, surtout de manière exhaustive.

À la lumière des résultats, il convient de citer quelques implications qui pounaient

être utiles aux gestionnaires en tourisme impliqués dans des projets de collaboration. Dans un

premier temps, les collaborateurs devraient privilégier la communication fréquente et ouverte,

la critique constructive étant recommandée. La communication est d'autant plus importante

car les intervenants, selon qu'ils proviennent du public ou du privé ou même les OBNL, ont

souvent des objectifs variés. Il faudrait que les partenaires éclaircissent leurs relations de

pouvoir. Ils devront notamment établir et approuver la manière dont les décisions seront

fixées. Cela permettra d'éviter les éventuels conflits, qui, d'ailleurs, devraient être absents

avant même le début de la collaboration.

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Pour coordonner les activités, il est nécessaire d'avoir un bon leader. Ce dernier

devrait être capable de cultiver l'engagement des entités à la collaboration. Dans cette étude,

le chercheur avait fait la distinction entre le leader et le champion comme facteurs clés de

succès. Notons que ces 2 facteurs peuvent se trouver chez une seule personne. En d'autres

termes, le responsable de projet ou un partenaire impliqué peut être doté d'un sens du

leadership et figurer comme un champion. Ainsi, pour faire de la collaboration une réussite,

les qualités d'un leader suivantes seraient nécessaires. Tout d'abord, le leader doit être

capable de prendre des décisions. Ensuite, il doit posséder les qualités d'un rassembleur.

Enfin, à titre de facilitateur, il faut qu'il soit apte à résoudre les éventuels conflits et surtout ne

pas les générer (ne pas être en conflit de personnalité avec d'autres). Les champions, quant à

eux, qui peuvent être aussi les leaders, doivent être en faveur des effotts de collaboration et

encourager les autres à participer au processus.

Il est important de faire connaître la collaboration et ses avantages à tous les

employés et de recevoir Je feedback des touristes sur le projet. Les partenaires doivent

également tenir compte de l'avis de la population locale comme Reed (1997) le souligne à

juste titre.

Nonobstant le fait que la confiance ne soit pas un facteur souvent cité par les

partenaires dans nos résultats, ce facteur demeure essentiel au succès de toute collaboration.

Aussi, comme implication, il faudrait instaurer un climat de confiance entre les partenaires,

en patticulier grâce au partage et à la transparence d'information. Bien sûr, cela nécessitera

du temps et un minimum de respect entre les collaborateurs est souvent requis. Il n'y a pas de

recette miracle mais sûrement grâce aux interactions répétées, les entités se feront confiance.

Cette confiance, une fois établie, devrait aussi être maintenue. Il faut faire attention au taux

de roulement du personnel affecté aux projets. Comme mentionné au préalable, dans certains

CLD par exemple, ce taux paraît assez élevé. Cela risquerait d'altérer la confiance déjà

installée et pourrait amener les partenaires à tout recommencer à zéro dans l'établissement de

la confiance.

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Le responsable de projet, ou le leader en général, devrait établir une vision

d'ensemble. Des valeurs communes devraient alors être partagées surtout si les partenaires

sont nombreux ou s'ils proviennent de différents milieux (public, privé, üBNL). Citée

comme facteur de succès, la complémentarité des partenaires est souhaitable. Les

gestionnaires devraient trouver des collaborateurs complémentaires sur qui ils peuvent

compter en termes de talents, de ressources, d'expertise et de savoir. Non seulement cette

complémentarité peut mener à une certaine légitimité des partenaires, mais il leur serait plus

facile de travailler de concert. La création d'une synergie ne fera que renforcer la

collaboration.

Ce mémoire de maîtrise comporte évidemment certaines limites. Au niveau de la

sélection des répondants, certains intervenants importants n'ont pu être rencontrés. Pour

remédier à cette lacune, le chercheur a soumis le cas rédigé à ces intervenants non

interviewés afin d'obtenir leur avis et leurs commentaires. Malgré tout, certains n'ont pas

réagi.

L'intervenant aura tendance à louer le projet puisque le succès est basé sur une vision

subjective, essentiellement « la sienne ». La perception du succès diffère d'une personne à

l'autre même si elles appartiennent à une même organisation (Buot, 2002). Aussi, la

distinction entre le succès du projet et celui de la collaboration n'est pas évidente, les

intervenants ayant tendance à les regrouper.

L'étude de cas comme méthode de recherche comprend quelques faiblesses. Elle est

onéreuse en temps, et pour le chercheur et pour les sujets. De plus, la validité externe de ses

résultats pose problème, une étude de cas pouvant difficilement être reproduite par un autre

chercheur. Enfin, elle présente des lacunes quant à la généralisation des résultats (Gagnon,

2005). De ce fait, il serait judicieux de procéder à une étude quantitative, plus précisément à

l'élaboration d'un questionnaire afin d'inférer éventuellement les résultats. Cette phase de la

recherche sera effectuée dans le cadre d'un projet ayant obtenu un financement.

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Quelques avenues de recherche se dessinent à la suite de ce mémoire. Il serait

intéressant de voir la présence et l'influence des nouveaux facteurs trouvés dans cette

recherche (la synergie, la conviction, la persévérance, le recours à la consultation, ... ) dans

d'autres projets de collaboration en tourisme. Aussi, les études ultérieures pourraient viser,

d'une part, à analyser les facteurs clés de succès de la collaboration en tourisme selon les

différentes étapes du processus. D'autre part, il conviendrait d'explorer les facteurs clés selon

les types de collaboration et les secteurs en tourisme ainsi gue l'ampleur des projets. En effet,

cette recherche s'est intéressée aux facteurs clés de succès de collaboration dans un contexte

de petits projets, inférieurs à un million de dollars. Les résultats seront-ils les mêmes pour les

projets de plus grande envergure? Enfin, il serait pertinent d'évaluer l'importance des

facteurs, notamment grâce à une approche quantitative.

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CONCLUSION

Cette étude se veut, à notre connaissance, l'une des premjères à explorer les facteurs

clés de succès de la collaboration en tourisme. Ses résultats doivent être considérés dans un

contexte exploratoire. Ils contribueront à l'avancement des connaissances dans le domaine et

serviront à alimenter les recherches futures.

Ce mémoire a perrrus d'amener des éléments nouveaux, soit l'importance de la

perception de la population locale, la présence d'OBNL, la compatibilité des personnalités en

guise de facteurs clés de succès. Certains éléments dont la confiance ou la rrussion, même

s'ils ont été peu accentués au niveau de cette étude, restent importants pour la réussite de la

collaboration.

Notre étude a confirmé que l'industrie touristique est une industrie bien complexe et

diversifiée par ses acteurs. Réunir ces acteurs de terrain issus d'horizons différents, ayant des

objectifs et missions variés, comporte des risques et requiert au rrunimum d'engagement et

des compromis. Pourtant la collaboration en tourisme est requise pour faire face à la

concurrence grandissante et pour améliorer l'offre. Les différents paliers, provincial, régional

et local, au Québec, doivent coordonner efficacement leurs efforts. De plus, les partenariats

publics-privés pourraient être envisagés. Les facteurs clés mis en lumière dans cette étude

pourront servir d'indicateurs à la bonne marche des relations interorganisationnelles dans

l'industrie touristique. Cependant, il est risqué de penser que recourir à la collaboration

constitue une panacée à tout problème. Il faut par conséquent analyser scrupuleusement les

avantages et inconvénients. Un ensemble de questions doit être considéré dans le processus

de collaboration: pourquoi et avec qui collaborer? Quand? Comment? Quel type de

collaboration engager? Pour combien de temps?

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APPENDICE A Les facteurs critiques de succès d'une collaboration performante25

1- Les facteurs liés à l'environnement

A- Histoire de la collaboration ou coopération dans la communauté

B- Groupe vu comme étant un leader légitime dans la communautéz

C- Politique favorable et climat social

2- Les facteurs liés aux caractéristiques des membres

A- Respect mutuel, compréhension et confiance

B- Représentativité appropriée des membres

C- Les membres voyant la collaboration comme leur propre intérêt

0- Aptitude aux compromis

3- Lesfacteurs reliés aux processus et structure

A- Les membres partagent l'enjeu du processus et des résultats

B- Niveaux multiples de participation

C- Flexibilité

0- Développement des rôles définis et politiques des directives

E- Souplesse

F- Allure appropriée de développement

4- Lesfacteurs reliés à la communication

A- Communication ouverte et fréquente

B- Établir des relations informelles et des liens de communication

25 Traduction libre adaptée de Collaboration: What Makes Il Work, 2nd ed., by Paul W. Mattessich, Marta Murray-Close, and Barbara Monsey, 200 l, Amherst H. Wilder Foundation.

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5- Les facteurs reliés aux objectifs

A- Buts et objectifs concrets et réalisables

B- Vision partagée

C- Objectifs uniques

6- Les facteurs reliés aux ressources

A- Fonds suffisants, équipe, matériel et temps

B- Bon leadership

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APPENDICE B Synthèse- les facteurs critiques de succès de la collaboration pour la prestation des services publics- (Préfontaine, Ricard et Sicotte, CEFRIO 2002)

La dimension 1 : les environnements politique, social, économique et culturel

L'environnement politique L'histoire Le pouvoir Les institutions et biens publics Les politiques gouvernementales

L'environnement social Le nombre de langues Le niveau moyen national d'éducation. La distribution de la population Les valeurs sociales

L'environnement économique Le taux d'emploi et de chômage Le PIB, Je taux de croissance, le taux d'inflation Le taux d'endettement et la structure de capital Le niveau de modernité et de technicité

L'environnement culturel La distance entre le citoyen et le pouvoir L'orientation individualiste versus collectiviste Les rôles des hommes et des femmes L'aversion au risque Le rythme de vie Les préceptes et croyances religieuses

La dimension 2 : les environnements institutionnel, d'affaires et technologique

L'environnement institutionnel Les lois commerciales Les lois régissant les droits de propriété Les lois relatives aux droits des citoyens Les lois régissant le processus d'acquisition Toutes les mesures de renforcement de ces lois Les autres types d'intervention de l'État

L'environnement d'affaires La nature du secteur

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La structure du secteur Le financement disponible Le service public offert

L'environnement technologique La nature de la technologie Le niveau actuel d'utilisation des TIC L'infrastructure technologique La sécurité

La dimension 3 : les objectifs et caractéristiques des partenaires

Les objectifs et motivations La nature des objectifs poursuivis Le niveau de partage de ces objectifs La présence et la participation de citoyens clients

Les caractéristiques La structure, la culture et le climat organisationnels La capacité d'adaptation, d'absorption, et les compétences de base du partenaire La stratégie organisationnelle Le leadership Les expériences passées de collaboration L'expérience et les compétences technologiques du partenaire Les différences de profil entre partenaires

La dimension 4 : le processus de collaboration

À l'étape # 1 d'initiation du projet Le rôle de l'initiateur La nature du projet L'ampleur du projet

À l'étape # 2 de recherche de partenaire Le processus de recherche Le leadership

À l'étape # 3 de création et démarrage du projet Le nombre et le type des partenaires retenus La complémentarité des paJtenaires Le type d'entente Le leadership

À l'étape # 4 de l'implantation du projet La présence d'un champion

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Le support de la haute direction L'équipe d'implantation La communication avec les clients et leur participation L'implication des employés La formation

À l'étape # 5 de l'exploitation et de la gestion du projet L'utilisation d'outils de gestion de projet Les mécanismes de contrôle et de coordination Le SUPPOlt organisationnel et technique

À l'étape # 6 de fin du projet Les possibilités et conditions de retrait d'un partenaire Les conditions de cessation de l'entente

La dimension 5 : les modes de collaboration

Le mode de gouverne La structure de gouverne Le climat, la culture et les relations entre les partenaires Le degré de palticipation

La nature de la collaboration La nature et l'ampleur des activités reliées au projet Le paltage des risques Le partage des bénéfices Le partage des ressources La pertinence et l'équité de ces partages

Le mode d'organisation Le mode de financement et d'allocation des ressources La localisation de l'équipe de gestion et du centre de service Le processus de planification et de veille commerciale et technologique Le processus de gestion et de contrôle Le processus d'évaluation de la performance Les modes de communication et l'utilisation des TI

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APPENDICE C Quelques intervenants en tourisme au Québec

Tourisme Ouébec26 (TO):

Tourisme Québec a pour mission de favoriser l'essor de l'industrie touristique du Québec en

concentrant ses ressources et ses efforts sur trois actions:

1- orienter et concerter l'action gouvernementale et privée en matière de tourisme;

2- susciter et soutenir le développement de l'offre touristique;

3- assurer la mise en marché du Québec et de ses expériences touristiques.

TQ a un contact très limité avec les PME; il travaille presque exclusivement avec les

regroupements, les associations sectorielles et les associations touristiques régionales (ATR).

Les principales exceptions sont les grands intervenants (Fairmont, VIA, Air Canada, la

SEPAQ (parcs provinciaux)) et des entreprises comme les sociétés de tourisme d'accueil et

de motivation.

Ses principaux champs d'activité27 consistent à:

• Promouvoir la destination touristique québécoise sur les marchés

• Aider à la commercialisation des produits

• Informer les touristes et touristes potentiels

• Aider l'industrie à s'organiser et à se développer

• Aider à l'amélioration de la qualité des services

• Développer la connaissance du secteur

• Planifier et coordonner ('action gouvernementale

26 Tendances et pratiques en matière de gouvernance en tourisme: Enjeux et défis pour un modèle adapté au Québec. Version finale, juin 2004.

27 Le centre d'affaires électronique de l'industrie touristique québécoise (Henri Chapdelaine, Tourisme Québec, Le 5 novembre 2003).

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Association touristique régionale (ATR) :

(http://www.atrassociees.comlcgi -cs/cs. waframe.content?topic= 13770&lang= 1)

Les associations touristiques régionales, dont la structure a été reconnue officiellement par le

gouvernement en avril 1979, sont des organismes privés sans but lucratif et autonomes, créés

par leur milieu régional et regroupant des membres provenant des divers secteurs touristiques

(hébergement, attraits, équipements touristiques, événements, COmmerces et services divers).

Interlocuteurs régionaux privilégiés en matière de tourisme auprès du gouvernement du

Québec et de Tourisme Québec, les ATR sont maîtres d'œuvre en matière de concertation

régionale, en accueil, en information, en signalisation, en promotion et en développement

touristique.

Les 21 ATR regroupent au total plus de 8 700 organisations et entreprises, contribuant ainsi

au développement et à la mise en valeur de l'industrie touristique québécoise.

De façon plus spécifique, les ATR assument la responsabilité du marketing régional et leurs

différents mandats des ATR sont les suivants:

• Assurer l'accueil et diffuser l'information touristique;

• Réaliser la promotion et la commercialisation de leur région COmme destination touristique;

• Soutenir, stimuler et animer le développement de l'offre touristique;

• Promouvoir et défendre l'industrie touristique.

• Recevoir toute demande de signalisation touristique sur son territoire et faire des

recommandations à Tourisme Québec en fonction des politiques de signalisation touristique;

• Coordonner la mise en place du programme de signalisation des routes et circuits

touristiques aux niveaux régional et interrégional.

Outre la production de leurs différents outils et activités de promotion, les ATR conçoivent à

chaque année leur guide touristique régional et elles organisent leurs Grands Prix du tourisme

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régional qui récompensent l'excellence des entreprises, organismes ou individus se

distinguant dans leur secteur.

Afin de créer une nouvelle source de financement et ainsi rendre le Québec encore plus

concurrentiel sur les marchés internationaux, le gouvernement proposait aux ATR en 1997

l'application d'une taxe d'hébergement de 2 $ / nuitée. Cette dernière est perçue par le

ministère du Revenu et les fonds sont directement retournés aux associations touristiques

adhérentes. En 2004, la taxe de 2 $ est appliquée dans 14 régions et elle représente au total

quelques 19,8 M $ de nouvel argent investi en promotion et en développement de l'offre

touristique québécoise.

Centre Local de développement (CLD) :

(http://www.ac/dg.gc.ca/francais/i ndex ok.cfm)

Les CLD assurent aussi un rôle de soutien technique et d'accompagnateur dans le

cheminement des demandes d'aide financière auprès des entrepreneurs et entreprises de leur

territoire. Ils contribuent ainsi au développement de l'offre touristique. Les organisations

locales de tourisme sont aussi très actives au niveau de l'accueil et des renseignements

touristiques.

La mission:

Le CLD a pour rrusslon de promouvoir le développement économique du milieu et de

favoriser la création et l'expansion des entreprises par le soutien de J'entrepreneuriat

individuel et collectif, et des intervenants en économie sociale.

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Les services:

Le CLD offre un soutien technique et financier avantageux en mettant à votre disposition un

éventail de services pour vous aider à démarrer, consolider et développer un projet

d'entreprise.

Des services tels que:

• des activités de consultation, d'orientation et de référence;

• l'aide nécessaire pour réaliser un plan d'affaires, incluant les études préliminaires de

faisabilité;

• la recherche de financement;

• l'encadrement et le suivi de votre entreprise;

• de l'aide financière sous forme de prêts ou de subventions;

• la formation en entrepreneuriat;

• la référence à des services spécialisés, notamment en matière d'exportation et de

développement technologique

Le volet touristique des différents CLD a plusieurs fonctions qui varient selon la Municipalité

Régionale de Comté (MRC). Certains aident au développement des entreprises tel que

spécifié précédemment, mais plusieurs s'occupent aussi de l'accueil et de la promotion

touristique.

Les représentants du volet touristique des CLD travaillent beaucoup en collaboration. Leurs

partenaires sont multiples, mais parmi ceux-ci on trouve fréquemment les entreprises

touristiques et l'ATR.

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Chambre de Commerce (CC):

La CC a pour mission de promouvoir et de défendre les intérêts de ses membres dans les

dossiers à caractère économique et politique, et de réaliser diverses activités de réseautage

afin de regrouper les gens d'affaires.

Pour atteindre ses objectifs, la CC travaille généralement dans certains dossiers en

concertation avec les membres ainsi que les intervenants tels: SDC centre-ville, CLD,

Emploi-Québec, le Centre d'Aide aux entreprises, ATR. C'est un organisme qui a ['habitude

de travailler en collaboration.

Entreprises touristiques:

Elles peuvent être tout simplement des entités privées, publiques ou à but non lucratif qui

sont reliées aux domaines du transport, de l' hébergement, de la restauration, (associations

hôtelières, compagnies aériennes, agences de voyages, hôtels, restaurants), de la culture

(musées). Ces entreprises touristiques sont majoritairement composées de PME qui travaillent

principalement avec les ATR ou les associations sectorielles.

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APPENDICE D Guide d'entrevue

Salutations, remerciements. Lire le formulaire de consentement.

Présentation de la recherche.

Les objectifs de la recherche (théoriques et pragmatiques).

1) Informations sur le répondant et l'entreprise (remplir, en partie, avant la rencontre):

Nom

Secteur d'expertise

Type d'entreprise (OBNL, Privé, Public)

Fonction actuelle depuis .

Description de l'entreprise

Expérience de collaboration antérieure

2) Le projet de collaboration (objectifs et principaux résultats)

Pouvez-vous me parler du projet de collaboration sur NOM DU PROJET, i.e. nous parler du

projet, ses objectifs, les partenaires, leur implication, le déroulement du projet, etc.

Exemples de questions supplémentaires si les éléments ne sont pas abordés:

- Quels sont les points marquants de ce projet?

- Quels sont les éléments qui ont favorisé ou limité le déroulement du projet selon vous?

- Selon vous, qu'est-ce que ce projet a permis de faire mieux ou autrement que ce qui se

faisait avant?

- Comment se sont déroulées les relations avec les gens du projet?

Comment évaluez-vous les résultats du projet? Du processus de collaboration? Pourquoi?

Quel est votre niveau de satisfaction par rapport :

a) au déroulement du projet? b) au service disponible actuellement? c) à ce qui est prévu?

(Projet non terminé)

Quel est le niveau de satisfaction, selon vous,

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a) Des partenaires qui ont géré le projet? b) Des utilisateurs du service? c) Du ou des

commanditaires du projet?

3) Les facteurs de succès:

Thèmes à vérifier, au besoin:

1. Facteurs personnels (ex: compétence du chef de projet? Compétence du personnel et

complémentarité? Présence d'un champion ?)

2. Facteurs organisationnels (ex: clarification des objectifs? Implication du groupe?

Transmjssion de l'information aux collaborateurs (à temps, précision, fjabilité ... )?

Communication ouverte et fréquente? Coordination des tâches ?)

3. Facteurs liés au projet /produit (ex: simplicité, technologie requise, coûts, nombre de

partenaires.... )

4. Facteurs exogènes (ex: situation écononùque du pays, contexte politique, ... )

Quels sont, selon vous, les facteurs critiques de succès de cette collaboration? Sont-ils les

mêmes, selon vous, pour tous les types de collaboration en tourisme? Pourquoi?

Si on devait refaire ce projet, que devrait-il faire de la même manière ? Que devrait-on

changer?

4) Questions à poser en fin d'entrevue

1) Pouvez-vous nous identifier quelques personnes importantes à rencontrer pour bien

comprendre le processus de réalisation de ce projet?

2) Y a-t-il des documents que nous devrions tenter de nous procurer pour nùeux comprendre

le projet et ses étapes? Quj pourraient nous y donner accès? (Contrat; résumés de réunion;

vidéo promotionnel interne ou externe; coupures de presse; site Internet. .. )?

Au besoin, pourrions-nous vous recontacter pour préciser quelques points?

MERCI POUR VOTRE COLLABORATION

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