tohu bohu 18 - novels

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n° 18 - automne 2010 - gratuit Djak Novels Akalmy Unit Dossier : Vous avez dit concert ?

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interviews : NOVELS, UNIT, AKALMY, DJAK portrait : Gérôme Guibert associations / structures : Culture Bar-Bars, Kizmiaz/Rigolboch Records nouvelles technologies : Du tag au tag dossier : Vous avez dit concert ? 24 chroniques de disques, des chroniques de livres, des playlists coup de coeur : Le site Tohu Bohu

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Unit Dossier :

Vous avez ditconcert ?

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10CultureBar-Bars

3 Gérôme Guibert4 brèves6 Novels8 Unit11 Du tag au tag12 Akalmy14 Vous avez dit concert ?20 livres22 Djak25 disques

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24le Chant de Foire

Le réseau Tohu Bohucoordination : Cécile Arnoux / T. 02 40 46 66 33 / [email protected]

CHABADA Jérôme [Kalcha] SimonneauChemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 AngersT. 02 41 34 93 87 / [email protected] / www.lechabada.com

BEBOP Emmanuel Bois28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans T. 02 43 78 92 30 / [email protected] / www.oasislemans.fr

FUZZ’YON Benoit Devillers18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedexT. 02 51 06 97 70 / [email protected] / www.fuzzyon.com

LES ONDINES Éric FagnotPlace d’Elva, 53810 ChangéT. 02 43 53 34 42 / [email protected] / www.lesondines.org

TREMPOLINO Lucie Brunet51 bd de l’Egalité, 44100 NantesT. 02 40 46 66 99 / [email protected] / www.trempo.com

VIPBase sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire T. 02 40 22 66 89 / www.les-escales.com

le site Tohu Bohu

Photo couverture : Novels (JP Bouix)Directeur de la publication : Vincent PriouRédactrice en chef : Cécile ArnouxOnt participé à ce numéro : Mickaël Auffray,Yasmine Bentata, Arnaud Bénureau, Jean-François Bodinier, Jean-Jacques Boidron,Emmanuel Bois, Lucie Brunet, Benoît Devillers,Denis Dréan, Jonathan Duclaut, Eric Fagnot,Georges Fischer, Gérôme Guibert, PatriciaGuyon, Marie Hérault, Cédric Huchet, GillesLebreton, Chloé Nataf, Emmanuel Parent,Benjamin Reverdy, Jérôme Simmoneau, Sociolog 2 L’West, Olivier Tura.Conception graphique : Christine Esneault Impression : Imprimerie ChiffoleauTirage : 13 000 exemplaires – Papier recycléSiret : 37992484800011ISSN : 2109-0904Tohu Bohu est une publication de Trempolino,51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseauinfo-ressources musiques actuelles des Pays dela Loire : Tohu Bohu.Prochaine parution : février 2011Bouclage : 4 janvier 2011

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Figure emblématique des musiques actuelles, Gérôme Guibert apporte sa contribution scientifique àun secteur toujours en quête de légitimité. Doté d'une solide culture musicale, cet encyclopédiste dela musique cumule les fonctions (chroniqueur, auteur, chercheur, docteur…) pour mieux servir lesmusiques populaires. Retour sur la trajectoire professionnelle de ce chercheur militant, fan de musique et fraîchement nommé Maître de conférences à la Sorbonne.

Qui n'a jamais entendu, au détour d'une rencontre, ce spécialiste des musiques populaires dissertersur l'apparition des premiers sound systems dans les fêtes foraines des années 50 ou sur l'importance des pratiques numériques dans l'économie de la musique. Devant un auditoire attentif,l'homme maitrise son sujet et sait de quoi il parle. Rien de plus normal puisque c'est son métier :chercheur en sociologie des musiques populaires.

“Quand j'ai commencé à bosser là-dessus en 1994, j'étais bien seul, à part deux ou trois articles, iln'y avait rien. À l'époque, la bibliographie en français sur les musiques populaires tenait dans un petitcarton. Or, je voyais bien que les sociologues parlaient de trucs intéressants mais pas concernant lamusique. J'avais donc envie de creuser ça, surtout qu'en entendant les gens parler, y compris lesprofessionnels, je me rendais compte qu'ils bloquaient sur plein d'incompréhensions. Il y avait quelque part un aspect citoyen et aussi un souhait de transmettre des clés pour les gens qui ne comprenaient pas les musiques populaires ou qui pensaient que c'était naze ou que c’était pour leursenfants…”

Cela fait donc plus de 15 ans que Gérôme Guibert observe le monde diffus des musiques populaires,notamment la diversité des scènes qui les composent. Du métal vendéen au rap underground, l'ethnographe noctambule a multiplié les enquêtes de terrain qu'il a, par la suite, restituées dans descolloques et ouvrages universitaires. Il en publia deux sur les musiques amplifiées. Avec d'autressociologues, il est aussi à l'initiative de la création de la seule revue de recherche française sur lesmusiques populaires Volume !, dont il codirigea le numéro sur le métal. Mais le point culminant deson parcours universitaire reste sa récente nomination à la Sorbonne comme Maître de conférencesen sociologie de la culture. Longtemps impensable, l'intégration des musiques populaires dans lehaut du pavé de la recherche française marque un changement important dans ce qu'elles peuventreprésenter dans la société. “En sociologie il n'y a jamais eu un seul poste de prof à la fac avec unprofil ‘sociologie des musiques amplifiées’. Mais bon, tout cela change pour plein de raisons. Les étudiants sont intéressés par ces sujets, les nouveaux enseignants-chercheurs écoutent du rock oudu rap, au moins en sociologie. Donc de l'eau a coulé sous les ponts mais ce n'est pas encore lapanacée. Heureusement, la sociologie compréhensive a mis en avant à quel point la musique étaitimportante, ne serait-ce qu'en terme de sociabilité, mais aussi peut être de manière fondamentalepour la construction de la personnalité.” C'est sans nul doute l'une des caractéristiques principalesdes travaux de Gérôme Guibert que de militer pour la reconnaissance et la valorisation des recherchessur les musiques populaires et les cultures musicales. Une forme de militantisme singulière mais terriblement probante dans sa manière de percevoir les musiques amplifiées aujourd'hui.

PAR ERIC FAGNOT

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EN CONCRET

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Hors-Sillon est le nouveaublog de Trempolino sur lesmusiques enregistrées* quepilote la spécialiste ChloéNataf. Il vous informe sur lesdispositifs en place (duplicationde disques…), les chantiersen cours de Trempolino etl'actualité (Hadopi…).N'hésitez pas à y faire untour, et à réagir ! * CD, MP3, vinyle...

www.trempo.com/hors-sillon

Nouveau fanzine, le MicMacest édité par le réseauHAMAC, qui regroupe plusieurs assos musicales du Pays Segréen. Ce réseaua pour missions de dynamiserle territoire, de soutenir les initiatives, et les associationsadhérentes. En plus d'uneversion papier, le Mic Mac aaussi son blog : www.lemicmac.blogspot.com

En dépit de la perte tragiquede Iain Burgess, le studioBlack Box (qui a vu, excusezdu peu, ses murs trembleraux sons de Shellac, Deus,Miossec, Sloy...) poursuit sesactivités de studio d'enregis-trement avec, pour cette rentrée, l'opération “Firstrecording at Black Box”. Une offre destinée aux jeunesgroupes et musiciens qui nesont jamais venus au studio.Plus d'infos sur :http://www.studioblackbox.fr

Bebop Festival - le 24e ! Auprogramme : 5 jours du 9 au13/11), 6 lieux, plus de 20groupes, des rencontres…Pour une programmation àl'équilibre astucieux entre

groupes, dont la renomméen'est plus à faire, et découver-tes artistiques pop, rock, chan-son, électro et set DJ.www.bebop-festival.com

Le label Irie Ites Records livreune perle du reggae roots70's revisitée et rejouée parles incontournables Mafia &Fluxy. Il s'agit d'une productionStudio 1 (Party Time Riddim)chantée à l'époque, et encoreaujourd'hui pour l'occasion,par Leroy Sibbles (Heptones).On y retrouve aussi :Spectacular, GlenWashington, Ilements, Perfectet bien d'autres… www.irieites.net

Une véritable caverne d'AliBaba ! Bientôt, nouvelle boutique située à Nantes,défend les petits : éditeurs,créateurs, musiciens, en plusde proposer de la créationgraphique. Vous y trouverezdes disques, des livres, dessacs, des badges, des cartespostales, des lithographies...et l'accueil de Medhi qui, lui,n'a pas de prix. www.toutbientot.fr

Saint-Nazaire et la musique,une thématique qui fera bientôt l'objet d'un livre éditépar Saint-Nazaire Associations.À pied d'œuvre depuis deux

ans, l'association Les MartinsPêcheurs recherche des “raretés” comme affiches, billets de concert, disques,fanzines, photographies, etc.Appel aux bonnes volontéspour fouiller leur grenier ! [email protected]

Malgré la sortie récente deleur album, les métalleux herbretais de Saw arrêtent legroupe après 5 ans d'activité.Mais ils ne jettent pasl'éponge pour autant,puisqu'on retrouve la plupartdes musiciens dans SoreBreathing Cold, nouveau projet plus mélodique. Un EPest en cours et sera téléchar-geable libre sur leur Myspace(en cours de création)...

Joli tour de quelque neuffestivals de l'Ouest en images.Ce hors série n°6 du HautParleur nous fait revivre oudécouvrir les artistes qui ontenjoué le public, et ce mêmepublic dont quelques clichésexpriment largement les émotions. Joli joli live report ! En ligne sur : http://www.lehautparleur.com

Un petit coup de coeur démoavec celle du projet angevinIntimacy. Des inspirations

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Boards of Canada, des côtésparfois Mice Parade, ouSavath and Savalas, desparallèles à faire avec SteveReich aussi, ce mélange électro/ambiant surprend.http://www.myspace.com/mickaelauffray

Bougez Citoyens ! Voici lathématique de la 19e édition dufestival nantais Tissé Métisse.Moment toujours très axéautour de valeurs collectiveset de solidarité, momentmusical riche et engagé(Mouss et Hakim, LokuaKanza..), moment qui met enlumière des associations,syndicats, organisations…Des groupements, qu'il faut,à l'époque formidable quenous vivons, urgemment soutenir ! www.tisse-metisse.org

Du 4 au 30 novembre sedéroule la 9e édition du festivalrégional Jazz Tempo portépar le Collectif régional de diffusion du jazz (CRDJ). DeNantes à Fontenay-le-Comte,en passant par Cholet, Saint-Nazaire ou encore Le Mans, 25 concerts ferontla part belle à la scène jazzligérienne et nationale.www.crdj.org

Concert de soutien à l'assoBô Soleil avec La RueKétanou, les Batignoles,Florent Vintrigner et À lagueule du Ch'val le 27novembre 10 au parc expode Segré (49)[email protected]

Saluons l'arrivée à Laval d'unnouveau studio d'enregistre-ment : Coreprod. Home-studioà l'origine, Coreprod c'estdésormais une régie de 18m2,une cabine d'enregistrementde 25m2, du matériel performant, le tout piloté parle maître des lieux : AmaurySauvé, le batteur énergiquedu groupe métal mayennaisAs We draw. Depuis sonouverture, le carnet de commandes ne désemplitpas. The Forks et Homestellsont au programme des prochaines sessions d'enregistrement. www.myspace.com/coreprodasso

Le fanzine mayennais Le Tranzistor vient de sortirson 40e numéro, avec unenouvelle maquette et unecouv' en couleur. Ça fait 10bougies sur le gâteau ! www.tranzistor.org. Le Scéno (Angers) fête quantà lui son 50e numéro et ses 5ans d'existence. www.sceno.fr

BB&PP propose aux artistesde disposer d'un service de“cd on demand” sur une plateforme de distributionpersonnalisable. Les internau-tes choisissent les titres, lesvisuels, le packaging, BB&PPs'occupe de la fabrication etde l'envoyer directement ! Le groupe Smooth s'est déjàlaissé séduire par cette formule, alors pourquoi pasvous ? http://www.bb-pp.fr/fr

Le 6PAR4 (Laval) organise,pour la deuxième annéeconsécutive, le dimanche 12décembre, la Journée duDisque. La salle de concertsaccueillera une dizaine d'exposants de microsillonsrares et précieux. Du CD,vinyle, DVD, de tous stylesorneront le lieu qui se transformera pour l'occasionen un véritable bric à bracsonore. De quoi satisfairel'appétit du connaisseur, maisaussi la curiosité de l'amateur.

La collection automne desZ’eclectiques présente debien beaux mannequins :Katerine, Beat Torrent, PublicEnnemy... les 11, 12 et 13novembre à Chemillé (49).www.leszeclectiques.com

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novels ROCK YOU !

Il y a 10 ans, vous répétiez entre deux cours à lafac et deux sessions de skateboard… Pouvez-vous nous raconter votre parcours depuis ?A la base Novels se nommait Nameless et David nefaisait pas encore partie du groupe, mais on répétaitensemble pour le plaisir et on se faisait quelquesbœufs. On faisait aussi des concerts avec d'autresgroupes avec qui on fonctionnait sur échange entrenos villes respectives. David jouait dans un groupeangevin The Red Lord Eskortt. Il y avait aussi Nolidavec qui on évoluait tranquillement. À cette époque,on apprenait et s'imprégnait de la musique qui nousfaisait vibrer.À la fin de Nameless, on commençait à avoir debelles dates. Et quand il fut question d'aller plus loin,notre batteur n'a pas souhaité passer le cap. Legroupe de David a splitté et il nous a rejoint pours'emparer de la batterie (à la base, il était auchant/guitare - NDLR). Puis, une interview dansGuitar Part a marqué un tournant pour nous et nousa fait prendre le pari de s'investir tous les trois à fond. En 2007, Franz étudiait aux Etats-Unis et continuaitde composer. David et Fred répétaient et maquet-taient. Franz faisait des rencontres, on nous a proposé de faire des dates et en février 2008 une

tournée de 10 dates était calée (New-York, Seattle,Los-Angeles…). C'était pour nous la concrétisation de nos rêves.Notre musique est fortement influencée par la culturerock américaine, mais nous y apportions une touche“éxotique”. On a ensuite été diffusé en radio, on estpassé sur Fox News… La rencontre avec des gensdu label Sub Pop (Nirvana…) et un concert au ElCorazon à Seattle fut un vrai symbole pour nous etune certaine reconnaissance pour ce que nous faisions.

N'êtes-vous pas nostalgiques d'un certain âged'or de la culture pop/rock/grunge américaine ?Comment faites-vous pour aller plus loin et nepas tomber dans le cliché ?Cliché ? C'est en France que ça pose problème, onest trop influencé par les phénomènes de mode, ona toujours besoin d'intellectualiser les choses… AuxUSA, cette culture est omniprésente, identitaire etintemporelle. En France, le rock des années 70 refaitsurface aujourd'hui, et on nous dit que ce que nousfaisons est “has been”… On fait avant tout cequ'on aime. On ne se pose pas de question desavoir si ça rentre dans les clous ou non !

Après un 1er EP, “Picture Perfect”, sorti en 2006, le trio rock manceau avance et confirme sa progression en sortant “Savior” en ce mois d'octobre 2010. Rencontre avec Fred (basse), Franz (guitare/chant) et David (batteur).

PAR EMMANUEL BOIS

PHOTO : JP BOUIX

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Infoswww.myspace.com/novelsmusic

Comment trouvez-vous que vous avez évoluédepuis “Picture Perfect” ?“Picture Perfect” a été enregistré en 3-4 jours, spon-tanément et avec peu de moyens. Aujourd'hui, on vaplus loin dans la démarche de création, on apporteplus de nuances. “Picture Perfect” était une étaped'humour, un pur délire, plus bourrin. Aujourd'huinotre musique est plus aérienne et pour surprendreon allie l'aérien et le bourrin.“Savior” est une nou-velle étape pour gravir une autre marche. Au début,la musique était plus un exutoire, maintenant on estplus dans le fun et on va à l'essentiel ! Côté scène,on joue plus sur l'humeur, on a su l'apprivoiser, onest plus à l'aise et plus libre.

Vous êtes allés faire le mastering de “Savior”au studio Sterling Sound à New-York... C'étaitune nécessité, une opportunité ?On avait envie de pousser les choses à leurparoxysme et réaliser un rêve d'ado. On a alorsscruté où nos références enregistraient, on a rêvé,développé le projet, et finalement on a rassemblésuffisamment d'argent pour le concrétiser. Il y a aussiune part d'histoire avec ce studio. Nous y avionsdéjà enregistré quatre titres et on a découvert qu'ilpouvait optimiser ce qu'on voulait faire ! On en estressorti avec l'objectif de repousser nos limites etdepuis nous composons énormément.

Vous avez fait un gros pari de dédier entière-ment votre temps à la musique. Comment s'estfait ce choix et comment on s'organise ?Le choix était évident ! Le plaisir de se lever le matinet d'y aller à fond même sans argent. On a un peuinvesti personnellement et fait quelques sacrifices,mais on a surtout fait les démarches nécessairespour équilibrer le projet et le rendre viable. Pour letravail de développement, on le fait nous-même. Onse répartit les différentes tâches (booking, manage-ment, communication, infographie…). On est allé de l'avant et on a appris à faire ce que nous neconnaissions pas. On ressent parfois une frustrationquand il y a des semaines où on est focalisé sur ledéveloppement et qu'on ne touche pas aux instru-ments. Mais, lorsqu'on arrive en répé, on y va àfond. Ça a l'avantage de nous rendre plus efficacedans le travail de composition et de répétition.

Qu'est-ce qui vous manque aujourd'hui pouraller plus loin ?Un appui en communication, des thunes et un tourneur ! On a décroché une distribution nationaleavec Anticraft et Believe Digital, mais on doit êtreplus fort sur la promo. Dans la perspective d'unautre album courant 2011, nous souhaitons travailler avec un réalisateur et développer le mix.

Vous êtes donc en pleine phase de dévelop-pement autour du disque et de la recherchede concerts… Vous avez joué aux USA, vousêtes passés par le Hellfest et Art Sonic cetété. Quelles sont vos perspectives ?Au niveau de la scène, on veut continuer à progres-ser et s'entourer pour pouvoir nous exporter. On acerné que la scène rock était omniprésente dans lenord, en Belgique… Pour les USA, on a envie d'yretourner c'est sûr. Le fonctionnement y est différentet le sens du partage très fort. T'es là pour jouer !On a envie de vivre notre rock comme une aven-ture. On joue rock et on vit rock ! On veut du fun ets'exprimer comme on l'entend.

Vous venez de diffuser votre 1er clip. On y voitla participation d'une violoncelliste. Y a-t-ild'autres expériences de ce genre à venir ?C'était une histoire de rencontre. Nous n'avons pasde plan précis pour le moment. C'était un one shotsans direction artistique vraiment pensée. On sou-haitait seulement marquer encore plus les extrêmes.

Si vous aviez quelque chose à rajouter…Laissez les Roms tranquilles et n’arrête d'êtrerockeur parce que t'as 29 ans ! Au début on nousdisait d'arrêter et maintenant que ça commence àfonctionner, on nous dit que nous avions raison. Ona besoin de le vivre jusqu'au bout. C'est notre modede vie… et de travail. On reste nous-même à toutprix. C'est ce qui nous aide à évoluer sans cesse.

Trois ans déjà que les frèresHugonnier avaient séduit la scènerock avec leur opus “PicturePerfect”. Quelques dates en France,Belgique et 2 tournées aux USAaprès, Novels revient avec Savior,un 1er album qui sent bon le grosrock 90's revu et corrigé. Ainsi, letrio a eu le temps et l'énergie de digérer ses influen-ces (allant de Rage Against The Machine à Björk),d'affiner son style. Novels passe l'essai du long for-mat haut la main : les 10 titres mêlant ambiances popet riffs métal destructeurs, sublimés par un chant enanglais, sont arrangés d'une manière qui fait d'eux ungroupe au son assurément reconnaissable. Rassurez-vous, le master de Ted Jensen (Muse, Deftones) negâche rien... Et Yr Letter Records ne s'est pastrompé : ces gars-là vont tout casser !

Julien Martineau

NovelsSaviorYr Letter Records - Anticraft / Believe Digital

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Quel est l'axe musical de Unit ?Sébastien : Le jouage, c'est-à-dire la focalisation, nonpas sur l'écriture, mais sur des espaces libres permettant aux solistes de s'exprimer le plus possible.Le groupe a vu quelques changements de line-up et le choix porté sur les musiciens est fondé sur leur ouverture musicale, leur qualité de soliste et d'improvisateur. Dans l'équipe de départ, il y a euLaurent Blondiau et Matthieu Donarier qui sont toujours présents, Gabor Gado et Stéphane Pasborg,batteur danois. Nous avons sorti un 1er disque sur lelabel hongrois BMC. Certains sont partis, Mika Kallioest arrivé. Unit est maintenant un quartet qui invite un5e élément, en l'occurrence l’accordéoniste finlandaisVeli Kujala sur leur nouvel album.

Et tu prends la posture de chef d'orchestre ?S : Disons que je porte la démarche, je suis un peufédérateur dans cette aventure, “leader” mais surtoutpas dictateur. Je compose autant la musique que la situation (choix des musiciens, de l'équilibreimpro/écrit, concerts avec ou sans sono). J'aimeautant l'improvisation à l'écriture. Je propose des

directions artistiques, j'apporte quelques morceaux,au même titre que les autres. Je m'occupe desconcerts, de l'enregistrement du disque, je l'ai produit, j'ai fait le choix des morceaux, j'ai mixé le disque avec l'avis des musiciens. J'aime englober les personnes avec lesquelles je travaille dans le processus. Pour Unit, je tiens un peu le cap.

En quoi Unit est différent des autres projets ?S : Je suis side-man dans plusieurs groupes, maisavec Unit, j'ai la liberté de pouvoir m'en occuper, detravailler quand j'ai le temps, l'envie, sans aucunepression car ce n'est pas le groupe qui me fait vivre. Matthieu : Unit a une vision globale avec la musiquecomme seul moteur. On y joue ce qui nous est propre, sans sophistication. C'est aussi le projet de Seb, et j'ai souvent remarqué que lesbassistes/contrebassistes avaient une vision globale,ils écoutent plus que les autres ce qui se passeautour d'eux. Et puis, nous composons tous desmorceaux. L'important, c'est bien ce qui se passeensemble sur le moment. Nous travaillons le soncomme matière, les épaisseurs de cette matière, et

FIGURES LIBRES

Unit ouvre ses petits yeux brillants et malicieux en 2003, à la suite d'une commande passée àSébastien Boisseau et Matthieu Donarier par le CRDJ (Centre régional de diffusion du jazz). Sébastiense lance dans la pérennisation du projet, avec Matthieu en second et la ferme idée d'y intégrer desmusiciens européens rencontrés au fil des tournées. Petit focus sur un projet cosmopolite par deuxporte-paroles bavards et heureux.

PAR CECILE ARNOUXPHOTO : MATTHIEU DONARIER

unit

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nous combinons des choses chargées ou épurées. S : J'ai la liberté de pouvoir explorer une musiquehors-format, de me rapprocher de l'essence du jazz.Ce n'est pas un projet foncièrement original ou innovant dans l'instrumentation, mais j'ai champ librepour travailler des textures dans l'instant, des alliagessonores, et soigner le mélange des timbres. Je défends la spontanéité et pas que dans la des-truction, terme qui colle un peu trop à l'improvisation.Pour moi, c'est tout l'inverse, il s'agit d'une architecturespontanée. J'aime l'énergie dans un groupe, j'aimeêtre touché par la musique. Un virtuose classique oude musique métal peuvent m'ennuyer malgré leurénergie, en revanche le minimalisme d'Alva Notoavec Ryuichi Sakamoto ou un groupe de rock au soncrade comme les White Stripes peuvent me scotcher,Meg White joue simple mais ça tue ! Cela pose laquestion de la justesse d'un propos. Faut-il apprécierla musique pour l'image qu'elle véhicule ou pour lesémotions qu'elles vous procurent ?

Qu'est-ce-que l'essence du jazz justement ?S : Ce serait mêler de la musique écrite et improvisée,avec des repères qui sont pour moi la façon d'aborderl'improvisation, la pulsation. Cette musique permetvraiment aux musiciens d'appréhender le morceau àjouer et l'instant de manière différente à chaque foiset d'offrir au public un instant différent. La partie écrituresert de prétexte et de lancement à des modes dejeux, on n'est jamais deux fois dans la même énergie.J'ai envie de jouer dans des projets où il y a cetteliberté de jouer avec l'instant, se mettre en danger, sejeter dans le bain sans connaître la température del'eau.M : Le fait de prendre un matériau et de le traitercomme on veut, c'est peut-être la définition du jazz.C'est une musique de liberté, nous ne sommes pasassujettis à la partition.

Comment travaille-t-on avec des musiciensétrangers ? Y-a-t-il des codes, des repères ?S : La culture musicale de chacun est source derepère. L'ouverture sur l'autre permet la rencontre.Ensuite, pour moi, la musique est comme un langage,j'ai appris à l'écrire, à la parler et lorsque l'on joueensemble, on utilise l'improvisation comme un langageuniversel. On communique en anglais, mais dans lejeu on comprend facilement l'autre dès lors qu'il ajoué trois notes (...). Même si l'accordéoniste VeliKujala peut nous surprendre parfois par son expressionavec l'accordéon en quart de ton.

Et comment vous jonglez entre ces improvisa-tions, ces personnes qui changent parfois, et lefait de devoir fixer des sons sur un disque ?M : On enregistre un étalon, pas un morceau tel qu'ildevrait être. L'enregistrement doit être dynamique,fluide, et mettre l'accent sur l'instant. Je crois qu'à chaque fois qu'on joue, on ne joue pas foncièrement

différemment le morceau ; on avance plutôt dans lanature même du morceau. S : Disons que les morceaux seraient des sujets, etnos manières de jouer des discussions autour dessujets. On n'a jamais la même discussion autour d'unmême sujet, c'est le choix du jazzman. Sachant cela,on sait qu'on ne va pas faire vingt prises du mêmemorceau. En général, on fait deux prises, ce qui explique la présence de prises alternatives sur certains disques anciens (...).

Le collectif musical que vous défendez dansUnit se retrouve aussi dans le collectif humainde Yolk ?M : C'est une communauté de pensée qui ne s'arrêtepas qu'à la musique. On diffère parfois plus sur nosgoûts musicaux que sur nos choix de vie. S : Oui, Yolk fédère de nombreux musiciens, pour travailler sur d'autres schémas de pensée et d'action.Parmi les applications concrètes, on peut évoquer ledisque à 10€. Il y aussi le fait que ce sont les musiciens qui produisent (...), pas d'intermédiairesentre le public et nous. On se positionne un peucomme un label équitable.

Des petits coups de coeur pour des jeunes formations en région ?S et M : Sidony Box de Nantes qui va prochainementsortir son 1er disque sur Yolk. Et puis Kokartet, un bongroupe de Cholet avec deux guitaristes très doués.

Retrouvez l’interview intégrale sur http://tohubohu.trempo.com

Unit fait le grand écart, Unit élargitle spectre musical du jazz. Si l'onpense parfois que certains titrespourraient illustrer des séquencesde film, si certaines pièces évoquentdes références du label américainThrill Jockey, si l'on est parfoisdérouté, puis raccroché par certainsthèmes, Unit a sans doute réussiquelque chose. Évocateur d'ambiances, d'images,“Wavin” est un recueil, un diaporama, un carnet debord, un livre de photographies, tout cela à la fois.Les pièces écrites alternent avec des petites virgulesimprovisées, et l'équilibre est trouvé. Les instrumentsque sont les percussions, cuivres, accordéon etdouble bass, rigolent ensemble, s'expriment indivi-duellement et parviennent à produire quelque chosed'assez envoûtant. Un véritable trip !

Cécile Arnoux

UnitWavinYolk / Fiasko 2010

Infoswww.yolkrecords.com

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culture bar bars

PAR LUCIE BRUNETPHOTOS : GUY YOYOTTE-HUSSON / VAL K

DES BARBARES INTELLIGENTS…

Infoshttp://www.bar-bars.com

Favoriser les rencontres et la convivialité, soutenir la création et la diffusion des culturesLes bars sont souvent associés à une image négative de lieux où les jeunes s'alcoolisent, où l'on fait dubruit… Mais ils jouent un rôle social primordial dans cette société individualiste... “Nous estimons qu'il vautmieux consommer dans un bar que seul dans la rue”, explique David Milbéo, chargé de l'animation et dudéveloppement du collectif. D'autant qu'à Culture Bar-Bars on souhaite assumer ses responsabilités. “Lesbars et les discothèques ont une grande importance dans la gestion de la vie nocturne, mais ils ne sont passeuls. Les collectivités, les voisins, les étudiants, les associations, les parents sont également concernés.” Le collectif défend également son rôle culturel : “Nous considérons que les bars sont des maillons essentielsde la chaîne de diffusion culturelle”. En effet, la plupart des adhérents proposent une programmation culturelle occasionnelle ou régulière qui permet à de nombreux artistes de se produire dans leurs murs,dans un contexte où les salles de spectacles sont sur-sollicitées…

Revendiquer un statut et des normes adaptées à la taille de ces lieuxLes cafés-cultures sont face à un contexte juridique compliqué et inadapté à leur activité culturelle. En1998, la Loi Anti-bruit a fait fermer beaucoup de bars. L'insonorisation des lieux est lourde et coûteuse. Lalicence d'entrepreneur (obligatoire pour les structures organisant plus de 6 évènements par an) et le salariatdes artistes (obligatoire car la pratique amateur n'est pas reconnue par la loi) ne permettent pas aux barsd'ouvrir leurs murs régulièrement aux artistes dans une légalité totale. “On considère qu'il peut y avoir dela culture dans tous les établissements même dans les plus petits et sans grands moyens techniques.L'essentiel est que l'accueil des artistes et du public soit de qualité !”, précise David.

Établir un dialogue, une concertation et une réflexion avec les administrations publiquesL'initiative nantaise a permis la mise en place d'une plate-forme nationale des cafés-cultures. “On travaillesur l'aspect juridique, l'aspect diffusion des pratiques amateurs/professionnelles. On est sur la mise enplace d'une fondation d'aide à l'emploi artistique direct, gérée par le Guso (Guichet unique du spectacleoccasionnel), afin d'aider les bars à payer les artistes”, déclare David.

Mettre en lumière le collectif via un festival engagéDès 1999, le festival Culture Bar-Bars a vu le jour afin de faire parler du collectif et de le développer. Chaquebar fait sa programmation. Le collectif assure la communication globale, la prévention (éthylotests, bouchons d'oreille) et un sevice de transport en soirée.

Les perspectives ?“Le but est de faire de la culture dans les bars tout au long de l'année, sans difficulté !”

En 1999, 14 patrons de bars de l'agglomération nantaise décident de se réunir pour former le collectifCulture Bar-Bars. Leur objectif était d'identifier leurs problématiques communes, de faire avancer leschoses sur les pratiques culturelles et sur l'aspect social (prévention et droit à la fête). Aujourd'hui, lecollectif regroupe près de 200 adhérents et s'est étendu sur 8 régions.

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Rares sont les lecteurs de fichiers audios numériques qui n'affichent pas, simultanément à la diffusion de ceux-ci,leurs informations descriptives appelées tags. Que ce soient les formats lossy comme le MP3, WMA, AAC, OGG ouencore les loss less tel que le FLAC, pour ne citer que les plus populaires, tous intègrent ces fameuses étiquettes.Essentiellement composés de champs de texte mais parfois aussi graphiques, ils contiennent le nom de l'interprète, le titre du morceau, le nom et la pochette de l'album, les paroles, etc. Ces métadonnées sont structu-rées suivant un standard propre à chaque format audio. L'ID3, précurseur dès 1996, est sans aucun doute le plusconnu. Inclus dans le dominant MP3, il n'a pas été adopté par les autres formats, mais le transfert de ces baliseslors d'une éventuelle conversion, est généralement compatible.

L'édition de ces données, peut s'opérer manuellement dans la plupart des logiciels qui acceptent lesfichiers audios. Cependant, cela peut s'avérer long et laborieux quand on souhaite intervenir sur un nombre important de titres. C'est pourquoi on lui préfèrera les méthodes automatiques, garantissantun peu plus d'uniformité.

Une première solution est envisageable dès la création du fichier. Lorsque que l'on “rippe” la piste d'unCD original vers un ordinateur, le logiciel qui vous assiste dans cette tâche1 propose d'importer toutesles infos sur l'album concerné, depuis une base de données spécifique et accessible via internet. Pourse faire, il analyse le CD (durée de l'album, nombre et position temporels des pistes) puis calcule unidentifiant que l'on nomme DiscId. La requête est alors possible, obtenant pour résultat l'import destags. Il existe plusieurs bases de tags à travers le web. La plus ancienne, donc la plus fournie, senomme Gracenote. D'abord libre sous le nom de CDDB, elle est rebaptisée lors de son rachat parSony, la multinationale contraignant au passage son usage par une licence propriétaire. Ce revirement,mal digéré par la communauté des défenseurs de l'open source, est à l'origine de l'autre grande base :FreeDB. Ce projet dissident n'est pas l'unique choix pour contrer la douteuse manœuvre nippone, surtout si l'on dispose de fichiers issus d'une autre source qu'un CD, un vieux vinyle par exemple.

Une autre technique de reconnaissance s'impose alors, l'audio fingerprint. Les possesseurs de smart-phones connaissent très bien le principe grâce notamment à l'application Shazam. Pour les autres,testez Tunatic2 ou bien encore le site web Midomi3, pour, à votre tour, découvrir l'incroyable champ d'actions que laisse entrevoir cette technologie. Elle utilise une méthode d'analyse acoustique dusignal audio4, afin d'obtenir une empreinte unique engendrant alors un identifiant, l'AudioID. Là encore,on soumettra le résultat à une base, recevant alors les tags en réponse. La base MusicBrainz se distingue dans ce domaine et son efficacité s'accroît au rythme de l'enrichissement collaboratif. Deplus, ce qui ne gâche rien, la participation des contributeurs, comparable à un Wikipedia, limite lesimperfections des gestions parfois anarchiques de certaines bases.

Les logiciels qui exploitent l'édition automatique ne sont pas encore légion. On notera le completJaikoz5 mais pour en profiter il faudra se délester de quelques euros. MusicBrainz, quant à lui, proposeson propre soft multiplate-forme, sous le nom de Picard, plus épuré mais suffisant pour geler efficacement les tags de vos MP3.

1 Exemples de logiciels http://www.freedb.org/en/applications__freedb_aware_applications.9.html2 http://www.wildbits.com/tunatic/3 http://www.midomi.com4 Pour plus de technique http://liris.cnrs.fr/m2disco/coresa/coresa-2006/files/127.pdf5 http://www.jthink.net/jaikoz/jsp/startup.jsp 11

du tag au tagPAR DENIS DRÉAN

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akalmy

GenèseLa pertinence d'Akalmy, et sa stature de groupede rap leader aujourd'hui dans l'Ouest, provientd'une conjonction de variables lui donnant un statut qu'il serait dorénavant difficile de remettre encause. Commençons par l'origine du groupe. Carcomme le dit Bob Marley : “Celui qui oublie sesracines ne prend pas le bon chemin”. Akalmy est composé de deux rappers, JM et Trez,originaires du Mans et basés à Nantes depuis la findes années 90 et soutenus par DJ Sandro, platinistede la scène nantaise et cheville ouvrière du beat-making au sein de Kontrat-Dixion depuis maintenantprès de 10 ans. Akalmy n'est pas né de la dernièrepluie. Ils ont la trentaine. Quand on les interrogesur leur rapport au rap en région et à son histoire,on se rend rapidement compte qu'ils en sontacteurs depuis longtemps.

JM est le maître. Il a commencé à rapper en 1993, à peine adolescent. Au Mans, il a étéformé à bonne école, au sein du possee des

leaders du rap de l'Ouest, son grand frère faisaitparti du mythique Baraka Possa, l'un des groupesdu label Angevin Sysmix Recordz et il fut un leaderde Balistik Escadron en compagnie de Messaoud(d'ailleurs en featuring sur l'album d'Akalmy). Decette période de gestation, JM a gardé une passion pour le flow. Tel un artisan, peut-être aussiporteur d'une certaine classe africaine, il estimeque la forme est décisive pour donner son impactau fond. Il déplore d'ailleurs le fait que nombre de rappeurs, précipités, brouillons, oublient de prendre en compte l'esthétique du contenant…Marshall McLuhan l'a pourtant dit : “The medium isthe message”. Mais aussi beau soit-il, le paquetcadeau n'est qu'un prétexte pour ce qu'il renferme, et Akalmy en a bien conscience, alignantdans son album un ensemble de bombes puissamment argumentées.

Un positionnement esthétique, un positionnement philosophiqueC'est là qu'entre en jeu Trez, le théoricien, formé

LA PUISSANCE EST LE PRODUIT DE LA FORCE

ET DE LA VITESSE

Pour ceux qui ne sont pas encore à la page, il est temps de se poser cinq minutes. Pour ceux quisavent, une piqûre de rappel est toujours positive. Il serait dommage en effet de passer à côtéd'Akalmy, un projet hip hop aussi résistant que l'adamantium de Wolverine. À cet égard,interviewer le groupe revient à prendre une leçon de vie inestimable.

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PAR SOCIOLOG 2 L'WESTPHOTO : STÉPHANIE VILLION

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à l'université et par ses lectures à la critique politique, mais aussi à l'importance de la culturedans ce processus militant (il a rédigé voilà quelques années un mémoire sur les films black-sploitation). Arrivé au rap peu après son actuelacolyte, il a été formé par JM, réalisant les backpour lui sur scène et sur son album “L'avenir desHommes” (2006). Une réciprocité solidaire a vouluque JM travaille ensuite sur l'album de Trez“Identité XIII” (2007), toujours en compagnie de DJSandro. Un accord était scellé, une mécanique enmarche, qui allait donner lieu au projet Akalmy,“dont la finalité est avant tout le partage”, selonJM, qui, fort de son expérience, possède un peude l'attitude zen des samouraïs d'Extrême-Orient.Il est vrai qu’Akalmy revendique une énergie positive. Ce qui ne veut pas dire abandonner lecombat face au contexte de crise. Ceux qui endouteraient n’ont qu’à écouter les très actuelstitres “Contrôles”, “Sous Pression”, ou encore“Télésurveillance” (survitaminé par la caution dePrince Da). Mais les contributions à la cause proposées par Akalmy ne se limitent pas auconstat, elles lui associent un message deconscience et d’action collective, comme le trèsbon refrain de “Précaire” que tout auditeur se surprendrait à chanter.“Jeune précaire, RMIste, insurgé, rebu, paria,exclu, main tendue - on dévoile les abusIntérimaire, chômeur, sans papier, crève la dalle,main levée – c’est maintenant ou jamais tu saisAltermondialiste, gauchiste, Artiste, tous en piste –la révolte gronde même du fond des abyssesTravailleur pauvre, endetté, smicard - la bagarre sefera, nos convictions sont claires”

Originaux - Réglos - ProfessionnelsAkalmy chez Kontrat-Dixion, c'est sûrement pasune solution par défaut. Ce sont des valeurs encommun avec Mossah et le collectif hip hop nantais. La solidarité comme élément primordialpour la révolte mais aussi pour la construction d'unmonde alternatif. Et aussi, un rejet de certainespostures du hip hop qui ont viré au cliché. Parexemple, Akalmy “reprezent” quoi ? Nantes ? LeMans ? L'Ouest ? La rencontre de l'Europe et del'Afrique ? Peut importe en fait pour le duo de rappeurs. “On sait d'où on vient, on connait lesnôtres, mais revendiquer comme ça un endroit forcément restreint face au reste du monde, c'estsûrement pas la priorité”. Le rap contre certains genres musicaux ? Le métalpar exemple ? Fausse question… Pour Akalmy : “Ily a des instrus qui claquent, et d'autres qui sonthors de propos. Il faut donc voir comment fonctionne un morceau par rapport à un texte, onne se pose de ce point de vue aucune contrainte”.

En général : “Quand tu travailles dans des rapportsde confiance et d'émulation avec des gens, c'estlà que ça sonne bien. Au-delà des contrats, fautvoir les rapports humains”. D'où deux morceauxavec des riffs coulés dans le plomb : “SousPression” et “Délétère” (feat. Gokan, groupe demétal justement) qui valent le détour.

L'intérêt d'Akalmy, sa pertinence au sein dumonde de la musique, c'est sa liberté d'action.“On écoute ce qui se fait en rap, et dans tous lesgenres, il y a du bon partout”. L'imprévisibilité etl'ouverture, n'est-ce pas ce qui a constitué le rapdès sa naissance avec les block parties ? Tout celafait que le groupe met les points sur les “i” aussibien sur scène (mémorable ouverture pour EPMDà L'Olympic en 2009) qu'en studio. Et une médailleaccroché sur leur poitrine conquérante, le featuringavec B-Real de Cypress Hill - excusez du peu -enregistré au states et édité cette année sur cepremier album. “Ce fut une aventure humaine, etun respect mutuel. On a rien contre son mode devie fondé sur l'herbe même si pour notre part, onreste straight concernant la drogue”. On ne va pascritiquer des gens qui savent ce que veut dire l'expression “opium du peuple”.

On s'étonnerait presque du nomde ce combo rap à l'écoute de leuralbum qui entend maintenir unepression explosive tout au longdes 17 titres qui le composent. De“Contrôle” à “Délétère”, les morceauxs'enchaînent et dressent un constatcritique et implacable des dérivessécuritaires et populistes de la société (la “télé-télé-surveillance” dénonce rageur et un brin ironiquePrince Da en featuring). Les refrains sont comme desbombes où se croisent, se claquent et se répondentavec tranchant les flows de JM et Trez. On reprochesouvent au rap français d'avoir oublié ses valeurs etses combats à l'issue des années 1990. Il n'en estrien dans ce projet solide où le fond et la forme seservent mutuellement pour entretenir le feu sacré durap conscient. “Akalmy dans la machine observe lefeu dans nos rétines !”

Emmanuel Parent

AkalmyAkalmyDixit-Records 2010

Infoswww.myspace.com/akalmy44

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PAR KALCHA

ILLUSTRATIONS : GROMIK

Le batteur hirsute martyrise ses balletssur son tambourin. Derrière lui le bassistese dandine. Sur le côté, trois guitaristesassis sur une fesse s'énervent surleurs six-cordes. L'un deux soufflemême dans une trompette quand ilne chante pas. Ah, et il y a une jolievioloniste aussi. Bref, un concertpresque normal pour le grouped'americana/folk chicagoan JonDrake & The Shakes. À ce petit détailprès qu'ils jouent dans une baignoire (!!!).Qui elle-même se trouve dans la petitesalle de bain de l'appartementd'Audrey, une jeune demoiselle quis'est proposé pour accueillir le groupesur www.scenedebain.com, commeles sept autres chanceux qui ontassisté à la prestation ce jour-là. Le restedu monde peut se consoler sur le site, oùce concert en salle de bain, et plusieursautres, sont à visionner librement. Concertrock, performance arty, vidéo clip, actepolitique, coup de com' ou simple boutade ? Onne sait plus trop où ranger cette nouvelle offre culturelle. Quels critères permettent de trancherde toute façon ? Le nombre de personnes dans lepublic ? Le lieu ? La notoriété de l'artiste ? ArcadeFire jouait sur un parking à Montréal il y a quelquesmois, et on a tous malheureusement vu des bonsgroupes jouer devant 10 personnes dans descafés-concerts. Toujours est-il que les alternativesau show “classique” (comprendre pour le coupsur une scène surélevée dans une salle identifiéepar un public qui a payé pour s'y rendre) se multiplient, du concert chez l'habitant au spectaclevirtuel sur Internet, en passant par le concert envoiture ou l'appropriation d'un lieu étranger aumonde de la musique (entrepôt, cave à vin, etc.).Aussi étonnant que cela puisse paraître de primeabord, ce n'est pourtant pas la première fois dansl'Histoire que les musiciens et le public se retrouvent ailleurs que dans une salle de concert.Mais est-ce différent aujourd'hui? Quelles sont les motivations des organisateurs ? Du public ?

Des artistes ?Est-ce une réelle alternative ? Le sujet n'ayantencore été que peu traité par nos sociologues, cedossier n'aura pas la prétention d'apporter desréponses définitives à ces questions. Il se pourraitmême qu'il en soulève d'autres auxquelles iln'avait pas pensé. Nous vous laisserons donc en débattre entre la brosse à dents et le sèche-cheveux de votre voisine de palier.

Vous avez dit Histoire ?Si aujourd'hui nous pouvons être surpris de trouver un batteur dans notre baignoire, c'est surtout parce que nous sommes devenus le produit de deux bons siècles de concerts en salle.Avant la Révolution Française, et ce pendant plusieurs siècles, les musiciens se produisaienttrès fréquemment chez l'habitant, même si cethabitant était en général noble et riche. On invitaitalors ses amis et/ou sa cour à venir se distrairedevant le spectacle d'artistes dont on était lemécène. La révolution ayant quelque peu fait le

VOUS AVEZ DITCONCERT ?

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ménage chez les habitants nobles et riches, lesmusiciens ont dû trouver d'autre moyens de seproduire, et donc de subsister. Au XXe siècle, avecla popularisation de la musique comme divertisse-ment des masses, monsieur tout-le-monde a euplus souvent l'occasion d'associer la notion deconcert à un stade surpeuplé plutôt qu'à une sallede bain. Notons pourtant qu'au départ l'un n'étaitguère plus approprié que l'autre pour accueillirdes musiciens. Dans l'ombre, des courants musi-caux underground ont néanmoins régulièrementinvesti des endroits insolites pour rencontrer leurpublic. Les jazzmen de Harlem jouaient déjà chezles habitants du quartier quand ils n'arrivaient pasà trouver de contrats dans les clubs. Plus tard, lespremiers rappeurs ont envahi les parcs du Bronxpour organiser leurs block-parties. Au mêmemoment, les punks arty du mouvement No Waveimprovisaient des salles de concert dans degrands lofts ou des galeries d'Art de l'East Village.Dans les années 80 les rockeurs alternatifs pouvaient traverser l'Europe en faisant la tournéedes squats. Dix ans plus tard, les premières ravesparties effrayaient le monde entier par leur capacité à rassembler des milliers de personnesdans les endroits les plus incongrus. Ces pratiquesavaient néanmoins toutes en commun de participerà l'émancipation d'un mouvement musical, alorsencore ignoré par le grand public. Ce qui n'estplus du tout le cas avec nos concert à domiciled'aujourd'hui. Vous pourrez en effet facilemententendre du folk, de la chanson, du jazz, du blues,des musiques du monde ou de l'expérimental enappartement. Mais toutes ces musiques existentdepuis plusieurs décennies et ont toutes leursstars. Elles ont surtout en commun d'être peu oupas amplifiées, ce qui est bien souvent (mais ilexiste des contre-exemples) une des conditionssine qua non pour pouvoir organiser un concertchez soi en ville sans risquer de se brouiller avectout le voisinage.

Après avoir connu son apogée lors des deux dernières décennies du XXe siècle - cf. les grands-messes en 5.1 devant 200 000 personnes ou lesémissions de télé-réalité qui voudraient fabriquerun artiste accompli en trois mois - la starificationà outrance du musicien a aujourd'hui fini par lasser

une bonne partie du public. Ces spectateurspotentiels sont des consommateurs comme lesautres, et ils suivent la tendance actuelle du retourà une certaine proximité du produit. Tout commeil a précipité (nous n'avons pas dit causé) la crisedu disque, Internet et ses réseaux sociaux ontmodifié notre façon d'appréhender les autres. Lesinternautes ont en effet vite compris qu'il étaitdésormais possible de se passer de beaucoupd'intermédiaires, qu'on pouvait organiser et communiquer sur des événements (cf. les apérosgéants) auprès de gens qu'on ne connaissait pasforcément auparavant. Tout est désormais possible.Ajoutez à cela une crise du secteur des musiquesactuelles depuis quelques années (modificationdu régime de l'intermittence, crise du disque,diminution des subventions…) et vous obtenez unboulevard pour des gens qui ont envie de proposerquelque chose de différent.

Vous avez dit organisateurs ?Qui sont-ils ? Vous, nous, eux. Très souvent l'organisation d'un concert à domicile part d'uneinitiative individuelle. On connaît un artiste qu'onestime méconnu, on a la place chez soi, et on sedit qu'on trouvera bien une quarantaine d'amisqui seront intéressés. Il ne s'agit donc pas d'unréseau organisé. Bien entendu, il n'est pas rare deretrouver des personnes qui font déjà partie ducircuit culturel traditionnel (programmateur de salle,

“Un boulevard pour des gens quiont envie de proposer quelquechose de différent”

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tourneur, professeur, etc.) parmi les organisateurspuisqu'ils sont en contact avec beaucoup d'artis-tes dans leur vie professionnelle. “Le but premierest vraiment de se faire plaisir, affirme VirginieGuilmault qui fait par ailleurs tourner des artistesdont Marc Morvan et Ben Jarry. Dans mon métier,je vois tous les jours la difficulté qu'ont les programmateurs des vraies salles à se faireencore plaisir à cause de l'obligation de rentabilitéà laquelle ils sont tenus. Quand tu organises unconcert chez toi, il n'y a pas d'enjeu financier,donc tu choisis l'artiste que tu as envie de faireconnaître à tous tes amis, c'est un vrai momentde partage. Et puis on organise environ deuxconcerts par an, donc ça ne devient pas non plusune routine.” L'obligation de rentabilité est loind'être la seule à laquelle est tenue une véritablesalle de concert. Il lui faut déclarer les artistes, lestechniciens, respecter certaines règles de sécu-rité… Autant de choses déjà difficiles pour uncafé-concert. On imagine donc que c'est encoreplus compliqué pour un particulier. Frédéric Roy, régisseur de production/program-mateur au Pannonica et organisateur de concertschez lui, confirme : “Pour les règles de sécurité,c'est très clairement impossible. Qui a des trappes d'évacuation et des extincteurs chez lui? Qui a calculé le nombre de personnes qu'il pouvait accueillir et les unités de pas-sage qui vont avec ? Au sujet de lapartie administrative, je pense qu'ily a différents cas defigure : soit le groupea une structure quirémunère les artistesavec ses subsides et l'argent glané pendant les concerts chez l'habitant, soit çapasse par une structure aveclicence quidemande classiquementdes subventions à desc o l l e c t i v i t é s ,cette structureorganisant latournée du ou des artistes chez l'habitant et le(s)rémunérant (comme pour Chant'Appart parexemple, voir ci-dessous), soit encore les artistesse rémunèrent avec la recette et là c'est à peuprès sûr qu'ils ne peuvent pas se faire un cachetdigne de ce nom.”

Bien souvent les concerts chez l'habitant frisentdonc l'illégalité totale (sauf si le concert est gratuitet que les règles de sécurité sont respectées). Il existe néanmoins quelques cas de figures où leconcert à domicile est organisé dans les règles del'art. Depuis 17 ans, l'association vendéenneChants Sons propose un véritable réseau alternatifavec ses Chant'Appart. Entre le 6 février et le 29mars 2011, une trentaine d'artistes axés sur lachanson francophone au sens très large produirontainsi 80 spectacles chez l'habitant un peu partoutdans la région des Pays de Loire. Avec à chaquefois à l'affiche un artiste régional et un artiste horsrégion (voire étranger). L'association a ainsi uneréelle volonté de connecter des artistes entre euxpour que les échanges se poursuivent après leconcert et que les groupes régionaux aient desopportunités de jouer hors de nos frontières.

Les 27 personnes du conseil d'administration del'association doivent construire leur programmationparmi des centaines de disques arrivant de tout lemonde francophone, et aussi faire face à des tas de

demandes d'accueil de concert. “La personneaccueillant le concert est chargée d'hébergerles groupes et de préparer

un buffet pourles specta-teurs quenous luirembour-sons. Laf o r m u l ep l a i ténormé-

ment, nouss o m m e s

même obligés d'imposerun turnover des maisons

accueillantes car nous avonstrop de demandes. Accueillants, musiciens etpublic sont tous ravis…”, explique ChristianGervais, le président de Chants Sons.La Mairie d'Indre, petite bourgade de 3 700 habitants de Loire-Atlantique, a quant à elle eu

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“La personne [qui accueille unconcert] est chargée d'héberger lesgroupes et de préparer un buffetpour les spectateurs que nous lui remboursons. La formule plait énormément”

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l'idée du SIÈCLE : plutôt que d'investir dans unesalle de spectacles, le service culturel proposedans sa programmation officielle des concertschez l'habitant, dans la rue ou sous chapiteau.“On s'est dit que c'était un moyen pas plus bêtequ'un autre pour que les habitants de la ville sesentent concernés par nos projets. On croit beau-coup à cette idée du lien social par la culture,même si c'est une idée parfois galvaudée dansles discours politiques”, explique Olivier Langlois duservice culturel de la Mairie d'Indre. “Nous avonsaujourd'hui 80 bénévoles et une vingtaine de mai-sons qui accueillent des spectacles. La Ville assurela rémunération des groupes et récupert la billet-terie qui est à 8€”.

Est-ce que ces nouvelles formes de concert nerisquent pas de faire de la concurrence aux salles de concert qui ont déjàbien des difficultés à atteindreleurs jauges de rentabilité ?“Personnellement, je ne croisdéjà pas beaucoup à cettehistoire de concurrence entreles structures traditionnelles,alors entre lesconcerts en salle etles concerts chez l'habitant... C'estsûr et certain queça complète.D'une part parceque les artistes quenous avons accueillis nejouent pas tous les jours, parce que c'est une autre forme de concert, parce que le coût est plus abordable.Ensuite, les artistes que nousavons accueillis sont plutôt descitadins qui se produisent très peu à lacampagne, là où nous habitons”, résume FrédéricRoy du Pannonica à Nantes. Stéphane Martin, programmateur du Chabada à Angers, va dans lemême sens : “Dans l'absolu, je trouve que cesconcerts à domicile sont une bonne chose : plus lamusique circule et mieux c'est pour tout le mondede toute façon. Le public y découvrira des artistesqu'il viendra peut-être revoir chez nous dans d'autres conditions. Il y découvrira peut-être mêmetout simplement le plaisir de voir un concert…”

Vous avez dit public(s) ?“Le public varie énormément selon les territoiresoù nous organisons un Chant'Appart. On n'aurapas le même type de public selon qu'on se trouvedans une grande ville ou dans un petit village.N'allez d'ailleurs pas croire qu'il y a moins de gensdans ce deuxième cas. Au contraire, les offresculturelles étant plus rares et les gens se connais-sant souvent mieux, on fait régulièrement le pleinen zone plus rurale”, s'enthousiasme ChristianGervais.

En règle générale, le public qui se déplace à unconcert à domicile connaît davantage

l'organisateur que l'artiste.On connaît beaucoup de

programmateursde salles deconcert tradition-nelles qui rêveraient

d'une telle relationde confiance. “Lesgens qu'on croiseaux concerts quenous organisonssont pratiquementtous des amis oudes amis d'amis.

Ce sont des gensqui ont ou qui onteu des pratiquesculturelles plus clas-siques mais dont lavie quotidienne est

devenue aujourd'huitrop remplie pour qu'ils

continuent à se tenir au fait.Du coup, ils nous font confiance…

Pour l'instant, les gens ont toujours été trèscontents du spectacle qu'ils voyaient. Ils aimentpouvoir aller discuter avec l'artiste après le concert,échanger. Il y a une dimension émotionnelle qu'ilest forcément plus difficile à recréer dans le cadred'un concert plus classique”, explique VirginieGuilmault. “Nous le voyons bien sur les concertsau Chabada. La scène a un côté intimidant. Ça créeune distance difficilement franchissable entre l'artiste et le public. Donc je comprends tout à fait

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“Les gens qu'on croise auxconcerts que nous organisons sontpratiquement tous des amis ou desamis d'amis”

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qu'une fois cette barrière brisée - au proprecomme au figuré - dans un concert chez l'habitantl'ambiance soit très différente, et par conséquentque la proposition artistique soit aussi différente”,analyse Stéphane Martin.

Vous avez dit artistes ?Unanimement les artistes disent en effetapprécier cette très grande proximité avec lepublic. Le fait d'être au même niveau qu'eux,sans piédestal. En gros, ils apprécient le faitde ne plus être considérés commedes Artistes. De se mettre suffisammenten danger pour se sentir pleinementdans leur art. “C'est un brin intimidantcette proximité, on sent les gens, onsaisit le moindre regard… C'est assez

particulier mais finalement super appré-ciable de jouer pour quelqu'un qu'on ressent aussi près” explique JC de GongGong qui a eu plusieurs expériences avecson groupe ou en accompagnateur de The Healthy Boy. “C'est aussi l'occasionparfois de roder un set qu'on joueradans une salle plus tard, mais c'estavant tout une rencontre particulière,la garantie d'un accueil soigné, ungrand partage parce que le publicreste, les échanges se créent...”Cette notion d'échange est vécue partous ceux qui ont tenté l'expérience. L'artiste pianiste improvisateur POL y voit même unmoteur pour son travail : ”La proximité avec lespersonnes tisse des liens forts. Les personnes quim'ont accueilli en résidence suivent mon parcoursd'artiste depuis. Elles me soutiennent pour beau-coup à distance ou concrètement en participant àla mise en oeuvre de nouvelles rencontres”.

L'autre intérêt que vantent tous les artistes interrogés est la grande liberté qui leur est offerte.Flo, batteur du groupe math-noise The Forks(comme quoi les concerts chez l'habitant peuventaussi parfois faire du bruit), opine : “Jouer dans

une salle, surtout en compagnie d'autres groupes,demande une organisation nécessaire mais parfois difficile à intégrer pour nous. Chez l'habitant,la liberté logistique et horaire nous permet d'êtretotalement investi dans notre musique. On peut

décider de jouer à n'importe quelmoment, n'importe où dans la

maison, c'est énorme !”

Doit-on comprendre à cet enthousiasme que le réseau des

salles traditionnelles ne réussitpas pleinement sa mission : à

savoir offrir les meilleures dispositionspour qu'un échange puisse avoir

lieu entre un artiste et son public ?“Bien sûr, le formatage de l'industrie musicale lors de laseconde moitié du 20e sièclea été très puissant.” C'estVincent Moon qui parle. Ceréalisateur a longtempsapprovisionné le site de La

Blogothèque en “Concerts àemporter”. Ces vidéos mettent enscène un artiste, parfois trèsconnu (REM, Arcade Fire, Liars,etc.), dans une situation totale-ment inhabituelle pour lui : jouerdans un camion, dans le métro,

dans un ascenseur… “Avec ces petitsfilms, le but est bien de renouer avec une pratiqueoriginelle (que l'on continue, bien entendu, detrouver dans d'autres cultures, africaines ou arabes) et non de prétendre à quoi que ce soit denouveau. Mais l'idée du challenge est bien présente un peu partout, mettre en danger la musique mais aussi, espérons-le, se mettre soi-même en danger à chaque fois.”

Vous avez dit alternative ?Quand un système ne marche pas (ou mal), lesalternatives se développent naturellement. Leconcert chez l'habitant est la quasi-certitude pourl'artiste de jouer devant du public. Ce qui - pourles groupes qui évoluent dans une niche assezspécialisée - est une motivation moteur. Flo deThe Forks s'emballe : “On réfléchit à plein demanières de renouveler l'expérience le plus souvent possible, notamment par la distributionde golden tickets dans les albums. Le but est dejouer le plus possible chez les gens en leurconfiant l'organisation, la personne qui écoutenotre musique connaît forcément d'autres

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“Chez l'habitant, la liberté logistique ethoraire nous permet d'être totalementinvesti dans notre musique. On peutdécider de jouer à n'importe quelmoment, n'importe où dans la maison,c'est énorme !”

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personnes qui peuvent aimer et est capable detrouver un lieu de diffusion adéquat.” POL posemême le débat sur des bases plus politiques :“L'offre musicale exponentielle versus le réseaude diffusion scénique limité structurellement : lesconcerts à domicile ou autre lieu de proximitéconstituent une voie tangible et économiquementviable si elle est accompagnée. Elle sera de plusen plus exploitée c'est sûr. La question est plutôt :cette formule servira-t-elle le développement de ladiversité culturelle ou les seules logiques du marché ? Il y a des citoyens qui programmentrégulièrement des artistes dans leur salon et rémunèrent au chapeau. C'est leur initiative, ilsfont leur programmation et partagent avec leurentourage... Ça, c'est de la diversité culturelle, lapolitique culturelle est alors reprise par ceux quisont concernés plutôt que des élus ou ‘experts’qui décident pour ces administrés. Là est la based'une véritable révolution du système pour plus dediversité.”

Est-ce pour autant une réelle alternative ? Ou entout cas une alternative viable ? Stéphane Martin“bémolise” : “Je ne doute pas que beaucoup despersonnes qui organisent des concerts chez eux lefont pour proposer des choses différentes, pourfaire partie d'un mouvement alternatif, et doncd'une certaine manière comme un acte politique.Mais je reste aussi persuadé que d'autres le fontde manière un peu plus bobo. Avant on passaitdes disques chez soi pendant les soirées entreamis, puis il a été de bon ton de faire venir des DJ,et aujourd'hui on invite peut-être aussi des groupes pour épater ses amis ? Ce petit côté élitiste, ou en tout cas restrictif, me dérange unpeu quand même…”. Cette vision des chosesrappelle étrangement nos musiciens qui jouaientchez l'habitant noble et riche. Virginie Guilmault admet également : “C'est sûr

que c'est ultra-réjouissant de pouvoir organiserdes concerts chez soi. Mais c'est aussi frustrantparfois. Car on a vite conscience que ça sera difficile de pousser les choses plus loin pour l'artiste. À défaut de trouver un moyen simple etlégal de payer les groupes, et de construire unréseau qui leur permettrait de jouer en dehors denos frontières locales, comme ça pouvait l'êtrepour le réseau des squats à l'époque du rockalternatif. Il y a très peu d'associations commeChant'Appart qui ont passé le cap. Ça reste desactions très individuelles, et donc fragiles.”“L'entrée d'un Chant'Appart est de 15€ pour undouble plateau. Mais il faut savoir que chaquespectacle est déficitaire de 800 à 1200€. Nous nepourrions pas continuer sans nos différents subventionneurs”, précise aussi Christian Gervais.Un discours qui rappellera quelque chose à tousceux qui fréquentent des administrateurs de salles de concerts plus traditionnelles. Olivier Langlois de la Mairie d'Indre soulève mêmeun souci plus surprenant : “Après quatre ansd'activité, on se rend compte qu'on a beaucoupde mal à renouveler le public. On retrouve toujours les mêmes têtes. On croise beaucoup depersonnes sur les manifestations qu'on organisesous chapiteau ou autre qui nous expliquentqu'elles ne se voient pas venir chez quelqu'unqu'elles ne connaissent pas. C'est comme aller àune fête chez des gens qu'on ne connaît pas etoù on risque d'être le seul à ne connaître personne. Il y a une sorte de blocage. Et commeles groupes sont rarement assez connus pourfaire franchir le pas, le problème est difficilementsoluble”.

Solutions d'avenir ou feux de paille ? Difficile à diredonc. Quoi qu'il en soit, ces concerts différentsont le mérite de questionner nos vieilles habitudeset de remettre en cause nos systèmes. N'est-cepas ce qui a motivé les premiers artistes à se produire devant un public ?

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TOHU BOHU SUR LES ONDESVous avez-dit concert ?

vendredi 12 novembre 2010de 18h30 à 20h, Le Bar’Ouf (Le Mans), à l’occasion du festivalBebop, en direct sur Jet FM et Radio Alpa.

À retrouver sur :

“Je ne doute pas que beaucoup despersonnes qui organisent des concertschez eux le font pour proposer deschoses différentes, pour faire partied'un mouvement alternatif, et doncd'une certaine manière comme un actepolitique. Mais je reste aussi persuadéque d'autres le font de manière un peuplus bobo.”

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On célébrait, le 18 septembre dernier, le quarantième anniversaire de la disparition de JimiHendrix. La simple évocation de son nom fait ressurgir l'image du guitariste possédé quifaisait hurler sa guitare avec les dents. Pourtant Hendrix n'était pas qu'un technicien degénie. De Miles Davis à Four Tet, on ne compte plus les musiciens qui louent aussi l'avant-gardisme du gaucher en termes de production, d'arrangements, de mélodies ou de poésie. Un tel talent attire toujours les vautours. Il y a aujourd'hui beaucoup plus d'albumsde Hendrix sortis post-mortem que publiés de son vivant. Pas simple donc de savoir si telou tel disque a vraiment un intérêt artistique ou purement commercial. Le Choletais RégisCanselier, administrateur du forum francophone de référence dédié au Voodoo Child etguitariste du groupe Pangaea (Saint-Nazaire), propose un véritable guide dans la junglehendrixienne, analysant et documentant minutieusement une discographie pléthorique etses concerts les plus prestigieux pour enfin appréhender un musicien aujourd'hui occultépar sa légende. Un ouvrage passionnant, qu'on conseillera quand même plutôt aux initiés, et qui devrait vous donner envie de ressortir vos vieux vinyles.

Kalcha

ARTÈRES SOUTERRAINESWarren Ellis, Éditions Au Diable Vauvert, 2010.

JE NE SAIS PASMathieu Booagerts, Éditions La Machine à Cailloux, 2010.

JIMI HENDRIX LE RÊVE INACHEVÉRégis Canselier, Éditions Le Mot et le Reste, 2010.

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Depuis 2006 La Machine à Cailloux édite des ouvrages dédiés à la création à travers sacollection “Carré” dans laquelle elle propose à des musiciens d'écrire sur leur métier.Après les essais d'Albin de la Simone ou de Dominique A, elle invite cette fois-ci MathieuBoogaerts à venir s'exprimer sur la manière de réaliser un album. L'exercice peut s'avé-rer périlleux. Rompre avec l'éternel silence du mystère de la création revient en quelquesorte à dévoiler une partie de son intimité créative. Sans se mettre totalement à nu,Mathieu Boogaerts réussit dans ce premier livre “Je ne sais pas” à nous transmettre avechumilité le long processus de fabrication d'un album. Découpées en 4 phases distinctes,l'artiste revient sur les différentes étapes de réalisation. Des premières maquettes à l'en-registrement, il nous livre ses secrets de fabrication : la guitare et l'exil pour l'inspiration,un dictaphone pour s'en souvenir et des heures de travail pour finaliser le tout. La plumedouce et facétieuse de Mathieu Boogaerts contraste avec le besogneux travail de matu-ration pour arriver à la réalisation d'un album. Monté comme un “work in progress”, celivre passionnant foisonne de conseils utiles pour un musicien qu'il soit débutant ouconfirmé. À dévorer à pleines oreilles.

Eric Fagnot

Y aurait-il quelque chose de faisandé au Royaume d'Amérique ? À lire ce roman noir, on sedit que oui. Warren Ellis, britannique, compère de Nick Cave, musicien et scénariste deComics, dépeint ici l'Amérique du vice, des damnés, des rejetons de l'american dream. Ici,les super-loosers ont remplacé les super-heroes, les garçons en quête de virilité s'injectentdes solutions salines dans les couilles et le Gouvernement est à la recherche d'uneConstitution pirate rédigée à l'encre alien. Mike, détective privé et son acolyte féminine Trixsont chargés de retrouver ce document classé top secret, et, pour se faire, doivent traverserles Etats-Unis. Ils croiseront sur leur route des geeks, des sadiques, des vieux richardscomplètement cinglés. Mais n'ayez pas peur, même si ce roman, le premier d'Ellis, estvraiment barré, il n'en ait pas pour autant privé d'humour. On y sent un arrière-goût de Dick,un peu de Bukowski, voire même des dialogues à la Audiard (oui, bon, peut-être un Audiardsous amphets !). C'est drôle, jouissif par son immoralité, terriblement percutant. L'Évangileselon Ellis se mange chaud, sur une bande-son de Nick Cave, assurément !

Benjamin Reverdy

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Infoswww.myspace.com/rigolbochricordzwww.myspace.com/kizmiazrecords

rigolboch ricordzkizmiaz Rds VOIX DE GARAGE

Quelle est la différence entre le rock et le garage rock ? Bonne question. Usons d'une petite métaphorecapillaire : le rock, c'est Elvis qui remue de la guibole, la banane gominée bien en place ; le garage rock,c'est Elvis qui se déboîte un genou, la banane complètement partie en sucette ! Vous visualisez mieux ?

“À l'origine, c'est une appellation donnée aux groupes de rock'n'roll qui répétaient dans leur garage durantles années 60. C'est avant tout une histoire de son plus sale que la norme, une sorte de rock'n'roll quirevient à la source, une voix sauvage, puissante, des guitares qui déchirent, et souvent un orgue un peufunky”, précise David du label nantais Kizmiaz Records. Une attitude, un son, plus qu'un genre en soidonc. On trouve en effet des groupes très différents derrière l'étiquette garage : certains ont un côté plusvoodoo blues, d'autres rockabilly, d'autres encore psychédéliques, surf ou même soul punk. RigolbochRicordz et Kizmiaz Rds, tous deux créés en 2008, sont les plus ardents propagateurs de cette vision durock'n'roll dans nos contrées.

“Je suis un passionné de musique, j'ai touché à l'organisation de concerts, je tenais les baguettes dans diversgroupes rock, j'ai travaillé dans une radio associative et participé à des émissions, je fais régulièrement leDJ… Il manquait le label !!!”, se marre Johnny de Rigolboch. Les deux labels dégotent donc des artistesaux noms improbables (allez voir leur playlist en fin de Tohu Bohu) sur la Toile et sortent aussi souvent quepossible albums, compilations et 45-Tours pour tous les mordus du genre qui vivent dans l'ombre. Unetroisième compilation, “The astounding freak party : Dance with the ghoul”, sort d'ailleurs à l'automne chezRigolboch.

Étonnamment, le mouvement garage rock est aujourd'hui confiné à un petit réseau d'irréductibles activistesalors qu'il a connu des heures de gloire. Ça n'empêche pas Johnny de philosopher : “Des titres comme‘Surfin' Bird’, ‘Louie Louie’, ‘Psycho’, ‘Wild Thing’ restent pourtant des titres mondialement connus et passeulement d'un public spécialisé. Combien de films ont dans leur B.O. un de ces titres ? Combien de groupesconnus les ont repris ? Quand The Sonics, The Seeds, The Kinks ou The Trashmen se produisaient, les salles étaient pleines !!! Les radios internationales diffusaient leur musique et les singles se vendaient bien.Tu pouvais entendre leurs morceaux sur RTL, Europe 1 au même titre que Sheila, Ringo, Mireille Mathieuou Dalida…. Dorénavant les groupes garage rock passent dans des émissions radio spécialisées, réaliséespar des amateurs éclairés. Mais, après tout, une diffusion pour le grand public est-elle réellement nécessaire,du moment que les groupes tournent, que les labels vendent leurs disques, et que le public concerné soittenu au courant ?”. C'est sûr.

Bon, et si on se déboîtait un genou maintenant ?

PAR KALCHAPHOTOS : DR

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Djak HIT THE ROAD DJAK !

Récemment un journaliste anglais du NewMusical Express a dit de vous - dans le cadred’un concours organisé par les TransMusicales - que vous étiez probablement laprochaine sensation de la pop française. Çafait quoi ?C’est très flatteur, même s’il y a beaucoup d’autresgroupes qui peuvent prétendre à ça. En tout cason va tout faire pour confirmer.

Paradoxalement, même si les retours prossont souvent très bons, on a l’impression quec’est encore difficile de faire décoller les cho-ses. Il vous manque quoi aujourd’hui pourque la mayonnaise prenne vraiment ? De lapresse ? Des dates ? Des passages radio ?Au niveau des dates, on en a pas mal et dans deslieux intéressants. On pourrait peut-être viser un

peu plus loin, aller nous tester à l’étranger parexemple. Mais ce sont certainement les médiasqui propulsent définitivement les groupes sur ledevant de la scène. On a de bons retours des professionnels et du public mais pour accélérer les choses c’est sûr que la radio ou certains magazines pourraient nous aider. Et puis il y a toujours une rencontre, un coup de chance quipeut tout changer. On fait de notre côté le maximum, mais il n’y a pas de la place pour tout lemonde, l’industrie musicale est assez frileusedepuis l’ère numérique. C’est pourtant bien unappui dans le domaine qui nous manque mais certaines accroches nous laissent tout de mêmeoptimistes. Peut-être aussi qu’on a encore unpalier à franchir au niveau de notre musique pourque ça “décolle”. Bref beaucoup de facteurs rentrent en jeu mais on y croit.

Ils sont programmés en découverte des prochaines Trans Musicales de Rennes (scène Focus* au4Bis/Crij Bretagne). Espérons que le célèbre festival breton fasse office d’étincelle pour mettre le feuaux poudres de la reconnaissance publique pour Djak. Le quatuor angevin a vraiment tout ce qu’il fautsous le pied pour devenir The next big thing : du style, une voix, du groove et des mélodies imparables ! Matthieu (chant) répond à nos questions.

PAR KALCHAPHOTO : LOUISE POULAIN

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Pendant plusieurs années, il a fallu chanteren français pour espérer avoir du succès.Est-ce encore le cas aujourd’hui ? On a l’impression que toute une scène pop française qui chante en anglais commence àfaire son trou ?Il y a une culture mainstream, une mondialisationindiscutable qui fait que chanter en anglais devientplus simple pour tout le monde. C’est aussi claire-ment LA langue qui correspond à la musiquequ’on veut faire. Mais j’aurais personnellementadoré relever le défi du français lié à la pop, simplement on se rend vite compte que notre lan-gue influence la musique, le flow n’est pas lemême. On avait rapidement tenté l’expérience audébut, ça n’était pas vraiment concluant. Il auraitfallu réadapter notre musique. En tout cas il estclair que de plus en plus de groupes rock-pop fontnaturellement ce choix de l’anglais, et que celacommence à fonctionner en France. Certains sontlà pour le prouver, Stuck In The Sound, Pony PonyRun Run, Cocoon, The Dodoz. L’avantage de l’anglais c’est qu’il s’exporte plus facilement. Jecrois savoir par exemple que Phoenix connaîtautant de succès en France qu’au Japon ou auxEtats-Unis.

Y a-t-il des noms que vous voyez apparaîtredans vos chroniques dont vous ne comprenezpas ce qu’ils ont à voir avec votre musique ?Et au contraire y a-t-il des groupes dont on ne parle jamais et qui sont pourtant trèsimportants dans votre background musical ?On a vraiment baigné dans le rock anglo-saxon, dela période 70’s jusqu’à aujourd’hui, on appréciebeaucoup certains groupes mais on est parfoissurpris de voir des références à Muse, Radiohead,qui sont d’une part tout simplement monstrueux,et qui n’ont pas grand chose à voir avec ce qu’onveut faire. On est plus dans ce qu’on ressentquand on voit apparaître Bloc Party, FranzFerdinand, Arctic Monkeys, même si là encore onest assez éloignés. En vérité on est très influencéspar la musique format radio, et on est aussi curieuxde tout globalement. On va donc dire qu’on essaiede faire une pop radiophonique alambiquée, sansinfluence claire.

Il y a quelques années un groupe de votreniveau aurait déjà un ou deux albums à sonactif. Vous n’avez pourtant sorti que quelquesdémos, pour des raisons financières, on imagine. Quel est votre rapport au disque ? Est-ce que c’est encore une finalité ? Voire

même un passage obligé pour un groupeaujourd’hui ?C’est clair qu’on a changé d’époque, un albumn’est plus une finalité pour beaucoup de groupesaujourd’hui, on est dans l’immédiat, le mp3, le web2.0, l’enregistrement sur le fil avec les moyens dubord, mix-mastering, et on envoie ça sur la toile.Bien sûr on presse quelques galettes qu’on venden concert et qu’on envoie aux pros. Dans la situation actuelle, on a ni le temps ni les moyensfinanciers d’aller enregistrer une dizaine de titres enstudio. Il nous faudrait tout simplement signer surun label pour pouvoir faire un album. Et puis, unalbum c’est un véritable projet qui doit être homogène, et se tenir du début à la fin. On espèrey parvenir un jour.

Depuis une petite dizaine d’années, le rock a retrouvé le chemin des dancefloors, brouil-lant un peu plus les frontières entre pop etelectro. Pensez-vous à vous faire remixer ?Des noms en tête, même inaccessibles ? Etaimeriez-vous remixer le travail de quelqu’und’autre ?On a déjà eu quelques propositions de remixes quin’ont jamais abouti, peut-être parce que notremusique n’est pas forcement adaptée pour cegenre d’exercice, ou que les mecs manquaientd’inspiration. Mais le pied serait de se faire remixerpar Justice, MSTKRFT, Vitalic, The BloodyBeetroots, ou un de ces grands noms de l’électro.Remixer un groupe pourrait aussi être intéressantmais je crois sincèrement que ça n’est pas faisableà plusieurs. Ça se ferait plus dans un esprit individuel, une personne du groupe s’attacherait àfaire un remix avec une vision bien à lui. Ce qu’onpeut faire avec le groupe c’est une reprise, mais ona encore jamais trouvé celle qui nous colle bien.Mais si la motivation pour un remix se fait sentir, jechoisirais personnellement un groupe avec deslignes de chant bien prononcées, avec des voixpuissantes et une énergie musicale rock, typeGossip, ou Cold War Kids, et j’essaierais d’en faireun truc lancinant et bien dansant.

Focus* : dispositif piloté par Trempolino, en partenariat avec LeChabada, Le 6PAR4, Le Fuzz’Yon, le VIP, Le Silo, L’Excelsior, quiaccompagne des groupes dans le cadre des Trans Musicales deRennes. Ce dispositif est soutenu par la Région Pays de la Loire.

Infoswww.myspace.com/djakrecords

http://wearedjak.tumblr.com

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15e édition, 300 bénévoles, 4 200 personnes réunies les 23 et 24 juillet derniers dans le petit village deBournezeau (85) au Festival du Chant de Foire, qui réitère son savoir-faire indiscutable : proposer une affiche fédératrice et exigeante en pleine campagne vendéenne.

Quelques années que je fréquente cette jolie Prairie aux Papillons (où je n'ai d'ailleurs jamais croisé un papillon, au pire quelques poulets…), en plein cœur du village de Bournezeau. Une grosse fête dans uncadre verdoyant, genre de Garden party sans chichi en compagnie d'inconnus bien urbains. Pas dégueuen plus puisqu'on y mange bien, qu'on y apprécie les spécialités locales (parfois traîtres au discernement)et surtout qu'on y voit de bons concerts, attirant à la fois le chaland avide de têtes d'affiche et le “pointard” en quête de pépites.

15e édition du Chant de Foire pour l'association La Belle Équipe. On pourrait croire la manifestation ancréedans le paysage festivalier de l'Ouest. C'est pourtant un challenge tous les ans renouvelé : l'autofinancementest fort (plus de 90%) et le subventionnement des collectivités faible, même si la tendance est à l'augmentation - timide - mais réelle. On ne saurait assez rappeler la nécessité de ce type d'évènement, fédérateur et exigeant, dans un milieu rural assez déserté par la chose culturelle. Mais la marge de manœuvrereste faible quand la jauge est limitée (2 500 places) et que les cachets explosent. Il s'en est fallu de peu qu'iln'y ait pas d'édition 2010 suite au gadin de 2009. Un concert de soutien des Ogres de Barback a permis deremettre le navire à flot, au moins pour que cette savoureuse édition puisse avoir lieu.

Le contraire eut été déprimant puisque cette année, du côté des squatteurs d'affiches estivales, on prônait àla fois l'abus de sexe, d'accordéon et d'alcool (Java) et la lutte contre le cholestérol (Danakil), on tapait dansla restauration rapide de monument bordelais (Eiffel), on dégustait du beat chinois au sérieux arrière-goûtd'anis (Chinese Man) et on digérait le tout à grands coups de basses massives (High Tone). Voilà pour lavitrine. Mais comme dans toutes les bonnes enseignes, c'est en “farfouinant” qu'on trouve les bonnes affaires, notamment au rayon local, avec les prometteurs Von Pariahs de Fontenay-le-Comte et les Nantaisd'Elephanz. La bête de scène était lâchée avec Casey qui, bien qu'étant un peu l'ovni de la party, a su dompter le public par sa force de persuasion scénique. Et côté import, il y avait vraiment de quoi se faire plaisir, “Made in Canada” en tête, avec l'électro hip hop foutraque 8Bit de Misteur Valaire et la grosse machinefusionnante de Beast. Excellente surprise reggae/soul de la généreuse Jaqee, qui fait d'ailleurs regretter lemanque de voix féminine dans ce genre finalement assez macho… Deux regrets : l'annulation de Miss Li,remplacée par la pop belge un peu formatée de My Little Cheap Dictaphone, et mon craquage sur AliHarter : arrivé à la bourre. Dommage, elle qui a en plus donné un mini-concert à la maison de retraite du coinqu'il m'eut été plaisant de rapporter. J'aurais pu parler du off du festival, qui a pris une réelle ampleur avec groupes locaux, perfs et concert jeune public des excellents Wackids. Mais j'étais pas là non plus… Nul ! Par contre j'ai appris un truc essentiel : je dors très bien dans ma nouvelle Clio.

PAR BEN DEVILLERS

PHOTO : DAVID GALLARD (MR GUEP)

le chant de foireGarden party sans chichi

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Force est de constater qu'avec LES ALLUMÉSDU BIDON, le steel-drum ne se cantonne passeulement aux sons traditionnels de Trinidad-et-Tobago, il explore d'autres contrées musicalesallant de Goran Bregovic à Kassav. Enregistré auThéâtre de Laval en novembre 2009, cet albumlive vous invite à un voyage sensoriel. Un espritfestif traverse les 11 plages de ce live savammentorchestré, renforcé pour l'occasion par une section cuivre endiablée. Accompagné parDuvone Stewart, le véritable maître à jouer dusteel-drum, les Allumés nous livrent là un showdes plus déjantés au fil de l'écoute. Et pour ceuxqui aiment allier le son à l'image, vous prendrezégalement plaisir à visionner le DVD qui accom-pagne le CD live. Un spectacle décapant devantlequel votre corps aura bien du mal à rester inactif au fond du canapé.Jean-François Bodinier

Avec sa voix de vieux baroudeur des MontagnesRocheuses, Thierry Gautier nous assène un bluesen apparence musclé, bien servi par une rythmiquetonique. Et pourtant les trémolos de sa voix trahissent une belle sensibilité propre au bluespour un rendu sobre non dénué de personnalité,la part instrumentale étant suffisamment gourmande et variée pour ne pas laisser s'installerle convenu. Malgré cela, les mélodies sont repérables et on en vient très vite à les fredonner(comme dans “Chooolaba Woman”). Mais pourquoidiable utiliser une voix féminine de déco d'arrière-plan quand le blues est résolument féminin (pourpeu qu'elles prennent une vraie place). La bonnesurprise sera pour la fin, dans deux bonus trèsoriginaux ou plutôt originels avec un jeu primitif qui nous emmènerait dans l'Afrique nourricière. Et là BACK DOOR MEN sort de l'ombre.C'est lumineux et d'une grande inspiration.

Gilles Lebreton

Quand j’ai écouté Sweet Angel Dust, j’ai pris unegrosse claque. Il a fallu m’asseoir quelques minu-tes sur mon canapé. Ce disque tue tout. Si legroupe est aussi bon sur scène qu’en studio,voici le futur du métal. C’est tellement beau qu’ils’agit quasiment d’une preuve que Dieu existe.On pourrait parler d’intelligent death metal, pour reprendre le vocable utilisé par Gojira,puisqu’ARCANIA ferait concurrence aux meil-leurs morceaux de nos champions nationaux.Eux préfèrent parler de thrash progressive metal,ce qui convient également aux complexes et solides constructions à tiroir qui renvoient notamment au Metallica d’And Justice For All.Les riffs en doubles croches sont dévastateurs ethyper élaborés, les arpèges cristallins sont àpleurer, le son est mat, sec et brut. Trop bien.

Gérôme Guibert

Colored vinyl - 25 cm - 100% rock'n'roll garage :voici les signes particuliers du trio nantais JORGEBERNSTEIN & THE PIOUPIOUFUCKERS. Un brinironique dans les patronymes, les textes, l'imageque le groupe donne de lui-même (http://super-apes.blogspot.com), ces déjantés interprètent unpunk-garage au son très saturé et assez grave,ce qui les démarque un peu de cette famille musicale.Inutile de dire qu'énergie et fougue sont au rendez-vous de ce second album qui sort sur leur proprelabel. Une voix à faire pâlir Jon Spencer, unebasse qui groove un peu les compos, des guitaressaillantes, Monsieur Bernstein et ses “sodomiseurs”de poulets prend le meilleur du rock, y met beau-coup d'âme, et le résultat est plus que convaincant !“Qu'est ce que le garage punk sinon des guitarescheap et des gros mots en langue étrangère”,comme ils le déclament !

Cécile Arnoux

Les allumés du Bidon

Steel band liveAP 2010

Back Door MenWhat's new in the blue world

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Jorge Bernstein& thePioupioufuckersJoin the BernsteinCorporationSuper Apes Records 2010

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Arcania Sweet angel dust, AP/Greatdanerecords 2010 CD CD

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VINYLE

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Après un premier essai de 7 titres en 2008, lesManceaux de CHARIVARI reviennent en 2010avec leur 1er album, Manège. Toujours fidèles àleur répertoire aussi bien léger que profond dansle texte, les charivariens nous livrent ici une play-list orchestrée entre les joies et les délires deleurs humeurs changeantes, et leurs amours etpeines de cœur. Leur chanson française métisséeaux accents rock, devenue électrique et plus percutante, est une invitation à la danse telle unevalse festive parfois mélancolique sans être nostalgique. Quelques changements opérésdans la formation se font entendre et la font évoluer : le lègue de la voix principale, l'arrivéed'une batterie et une “électronisation” des guitaresapportent de l'ampleur aux compositions etmétamorphosent la fougue de leurs premiersamours en une énergie maîtrisée.

Emmanuel Bois

Depuis quelques années, ce jeune artiste autodi-dacte Degiheugi sème sur la toile d'excellentesproductions en libre téléchargement. Particularitépar rapport à ces précédents albums,DEGIHEUGI met en avant la voix en invitant pléthores de mcs, chanteuses et beatboxeurs,suivant le fil rouge : des cuts et de vieux samplesvenus de tous horizons. Si certaines composi-tions relèvent de la préference française WaxTailor en matière d’abstract hip hop, il faudra plutôt lorgner du coté des artistes de Ninja Tuneou d'Anticon pour réellement comprendre larichesse des productions et du travail de ce beat-maker. Autre particularité, ce dernier album n'est disponible qu'en cd, à commander sur internet.Qu'à cela ne tienne, en attendant d'être livré,vous pourrez toujours vous procurer les précédents opus en libre télechargement sur

www.degiheugi.comYasmine Bentata

CharivariManège, R & Cie

Syncope Management - MosaïcMusique 2010

DegiheugiAbstract symposium AP 2010

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En deux albums remarquables,le quatuor s'est fait une bellepetite réputation, reflétant lescontre-jours éléctros d'un Warp, les audaces rythmiques d'un Anticon, voire même les mélodiesciselées d'un Morr Music. Et c'est Autres Directionsin Music qui les accompagne depuis le début,jusqu'à l'arrivée de Chorea, EP tout aussi fin etingénieux que ses prédécesseurs, grâce au subtilemélange de beats hip hop triturés, de fines pincéesd'electronica, de nappes aériennes ou de stratesfrénétiques. Après les collaborations passées avecAwol One, Subtitle, Alias et Cyne, c'est au tour deRiddlore ?, rappeur de Los Angeles d'appuyer letubesque “Else's Vision”. De leurs platines, machi-nes, claviers, sortent des ambiances singulières,qualifiées de neo-pop, qui révèlent dans ces enche-vêtrements de sons synthétiques, toujours un sensaffûté de la mélodie et dont on se prend maintenantà dire : “Tiens, ce ne serait pas le dernier DEPTHAFFECT ?”. De quoi leur augurer un bel avenir…

Cédric Huchet

Voisin de la bête, GRANIT665 nous propose un sonsorti tout droit des entrailles

de la terre et des tréfonds de l'âme. Une âme plutôt tourmentée, on l'aura compris, errant dansun registre sludge/doom/stoner/post hardcore, àla croisée des compos d'Eyehategod et des titresles plus lourds d'Unsane. Si la formation ducombo vendéen reste fraîche, on n'a pas nonplus ici affaire à des lapins de six semainespuisqu'on retrouve dans le line-up Lionel Fahi,ancien gratteux des Portobello Bones et Maël LeGallo (ex-U'ZY) derrière les fûts. Sorti sur le labelpunk Chanmax Records, d'ailleurs lancé dans lemétal avec un split Granit 665/Goudron, “TheFine Art of Poisoning” répand 10 plages lancinantes,hors format, aussi insidieuses que toxiques. Ànoter la présence des Granit sur la compil'Psychotic Reactions, aux côtés des JunkyardBirds, Mudweiser, Cafe Flesh, Kubota ou Karmato Hell.

Benoît Devillers

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Autres Directions in Music / La Baleine 2010

Granit 665The Fine Art ofPoisoningChanmax Records 2010

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Alors que le volcan Belone Quartet était toujoursen activité rock, Antoine Bellanger avait déjà initié un side project : Cheval Monamour. Avecune approche ultra lo-fi et ultra confidentielle, cedernier préfigurait ce qui allait devenir GRATUIT.En ce sens où il mettait déjà du français dans legrand shaker de la musique indé. Les bidouillagesélectroniques étaient également de la partie !Malgré tout, avec Gratuit, le Nantais a radicalisésa vision de l'indie musique. Le temps d'un disque,dont on saluera la qualité de l'objet, il abat toutesles cloisons à grands coups de batte de baseball.Gratuit, c'est punk, rock, électro, dark et surtoutpassionnant ! On pense bien évidemment à SexySushi. Mais Bellanger se révèle aussi être le filscaché de Programme et Orelsan. Il dissèquel'époque comme personne. Et, tout le mondeprend cher.Arnaud Bénureau

Hamon au coffre, Martin auxsoufflets, ces deux-là ne man-quent pas d'air. Ni de doigts àcourir les boutons et les clés pour donner à leur nou-veau souffle des reliefs inattendus. Flûte, bombarde,diatonique, trio sonnant pour couple de sonneurs etpublic un peu sonné par l'écho. Sans doute unbesoin de se retrouver à 2, pour faire le point avec lesinstruments du bord, sortir les vieilles cartes destiroirs, et tirer de nouveaux plans, sur de nouvellespistes. On sait bien ce qu'on doit au trad' et combienil a nourri le parcours, on sait aussi qu'on a mûri,qu'on sort des sentiers battus pour dessiner sonpropre chemin. Un art consommé qui atteint dessommets, des attaques toujours plus incisives, desaccroches qui retiennent jusqu'au bout des phrases,des rythmes qui s'endiablent à damner nos oreilles,ou qui se posent pour reprendre haleine. 13 mor-ceaux à la douzaine, comme tout ce qui est essen-tiel, comme une cerise sur la galette d'argent desmagiciens d'An Naer, petit éditeur trégorrois aussidiscret que pertinent. Une eau-forte en couleurs devérités premières, à distiller de la tête aux pieds...

Jean-Jacques Boidron

Démarrage en trombe pour ALEX GRENIER dansune performance à la Bjorn Berge, sur un jazz-guitare, et bottle-neck incisif, au phrasé bienenlevé, dont la maîtrise laisse poindre un soup-çon de retenue. Puis changement de couleurpour la suite qui se veut plus électro-jazz. Avecses phrases musicales en répétition à la guitare,sur une rythmique mécanique aux samples, Alexcherche à nous hypnotiser. Son jeu s'arronditparfois, se fait velours, aux notes de fruits rouges,mais le métronome de la boîte à rythme nousretient dans l'envoûtement. Peut-être manque-t-ilencore à cette musique hybride qu'est l'électro-jazz une âme pour qu'elle devienne Vaudou.Malgré cela, le son de sa guitare, somme touteclassique dans le répertoire du jazz, révèle sesqualités incontestables de guitariste. Cela créeun contraste frémissant avec les sons synthétiques

des machines pour noussouffler le chaud et le froid.

Gilles Lebreton

Après avoir tenu la bassedans Earl et les Zetlas, se la

jouer Rémy Bricka version blues cradingue dubayou dans Hungart Thorsen, Gib is back avecun nouvel EP d'HATEBONZ… Ce projet, initialementsolo et issu des âges farouches adolescents, adésormais mué en un vrai groupe (avec desmembres d'Earl et Daria) pour débiter en 6 titresplus de rondins qu'un bûcheron de Winnipeg. Auprogramme un hardcore plus conventionnelqu'avant mais un hardcore++, invoquant à la foisl'urgence rock'n'roll, la nervosité punk, la puissancemétal et dévoilant un petit horizon southern rock.On le situerait bien entre Nailbomb, Unsane ouDillinger Escape Plan… Avec en sus la scansionsingulière de Gib, entre croon rugueux et raclagede gorge exulté. Ajoutez à cela un packaging trèsclasse, fait maison comme tout ce qui sort dechez “La Machine Folle”, voilà un objet bienréjouissant, dans le fond comme dans la forme.

Benoît Devillers

GratuitRien

Ego Twister / Kythibong / Les Pourricords / Hang up the

DJ / Tool Box Records 2010

Alex Grenier WasabiAP 2010

Hamon & MartinSous le Tilleul

An Naer Produksion 912

HatebonzScreenplay for a Dead CitySquealophrenic Treatments / La Machine Folle 2010

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On démarre ce EP de 4 titres avec un morceau àl'ambiance “monstres gentils” qui s'inviteravolontiers dans votre salon lors du prochainHalloween. État d'esprit plus grave sur ledeuxième titre guidé par le train de notes du bassiste qui cherche à nous extirper des lieuxcommuns. On fait endosser au quatuor de nom-breuses influences plus ou moins pertinentes,mais une chose paraît évidente sur le titre“Songes”, c'est la filiation avec des groupescomme Portishead. Ce morceau très bien menédu début à la fin marque le climax de ce EP. Surles autres titres, j'y trouve parfois un certain attachement avec le “becoming X” de SneakerPimps. Toujours est-il qu'il y a petit air de Bristolqui souffle dans les amplis de ces enfants terribles. Phénomène musico-climatique quicherche à créer son propre courant, Romy-Alysée (la chanteuse) et ses acolytes attendentcertainement un vent favora-ble avant de nous proposerun album.Mickaël Auffray

Dans ce disque à orientationvariable, LEMURYA voustransporte sur la planèteElcmar. Délire tragique aux frontières de la littératurefantasy. Sublimé par un jeu incisif doublé d'unvéritable savoir-faire de guitariste, les hommes deLemurya livrent ici un premier album patchworkqui ne manque pas d'idées bien senties. Tantôtprog, tantôt free, situé quelque part entreRadiohead et Mars Volta, l'opus regorge deconstructions mélodiques étonnantes habilementsoutenues par un jeu des plus sérieux. Les signa-tures rythmiques proposées sont d'une qualitépeu commune, et ce grand huit du métronomeévoque le rock foutraque de Mr. Bungle, son leader Mike Patton, et ses délires qu'on luiconnaît. Pourquoi faut-il acheter ce disque ? Toutsimplement parce que les membres de Lemuryaproposent autre chose; parce qu'ils ont choisi ladifficulté, par goût, et qu'ils maîtrisent remarqua-blement leur création.

Jonathan Duclaut

La pochette comme le titre en dérouteront plusd’un. Et avant même de l'écouter, cette immaculéeconception s'annonce auréolée de gloire : Victoirede “Vive la reprise 2010”, prix de l'UNAC, prix “LeMans Cité Chanson”..., rien que ça. Assurément, lecontenu vaut le veston d'officier couvert demédailles. Les 3/4 du temps, on grince des dentslorsqu'on lit “fils spirituel ou digne héritier deBrassens”. Sauf que cette fois-ci c'est vrai. Fils deBourvil aussi, digne héritier de Chasseloup ou deBobby Lapointe. Voilà un album qui s'écoute et quis'imagine, les textes sont tendres et coquins, voirefaussement grivois. La drôlerie et parfois lamélancolie des textes se font plus profondes grâceaux quelques touches impressionnistes d'une voixféminine. Chaque bouchée est un morceau de viequ'on souhaiterait voir mis en scène, “Vierge” est unalbum-théâtre pour le spectacle, à voir vite enconcert pour une satisfaction et une digestion

complète (le 22 octobre 2010au Chabada).

Marie Hérault

Wok'en'woll on the roadagain yeah ! L'ambiance dugrenier magique de chez

mémé a bien changé et a pris un sacré coup dedépoussiérant ! Grosse gratte, harmonica etinfluence folk, le “Grenier magique” tiré du spectacledu même nom, raconte l'histoire de 4 potes(Brutos, La Frousse, Ouin-Ouin et Dodo le couchetôt) qui se retrouvent après 25 ans dans un grenier.Ils y échangent leurs souvenirs et tout ce qui faitle sel (et le poivre…) de l'enfance : l'école, lesvacances, les mercredis pourris chez la grand-mère, la soupe traumatisante, les histoires quifont peur, les chevaliers, les “Fais-pas ci, fais pasça !”, etc. Toutes simples et super entraînantes, lesmélodies donnent envie aux minots de se démenersur dancefloor, et alternent avec quelques morceaux plus doux. Seul bémol, les textes sontparfois un peu sombres et un chouïa tristou-nets… En effet, même si les 4 compères chantentl'enfance et ses réminiscences, on se demandedu coup si être un adulte n'est pas plus sympa.

Marie Hérault

Hell NinoCivil Disobedience

AP 2010

Henri, Leon etles Autres56 min 12 chansonsAP 2010

LemuryaSomaAP 2010

Machin BidulleChouette Le Grenier magiqueMus'azik 2010

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“La certitude d'être dans le doute” voilà comment cequatuor se présente. Un quatuor bigarré puisqu'ilréunit deux danseurs de la Cie KLP, et deux musi-ciens de MIX CITY. “A story about... being free” n'estautre qu'une fusion artistique, sonore et visuelle, oùchacun des deux sens sert l'autre. Spectacle maisaussi disque puisque la musique imaginée pour l'oc-casion s'en retrouve gravée. À la croisée du jazz, dela soul, d'un hip hop assez abstrakt, des musiquesdu monde, de l'ambient, façonnée via batterie, cla-viers, samples et scratches, la sculpture est protéi-forme. On imagine aisément les danseurs se laissermouvoir sur ces mélodies rythmées ou, à l'inverse,l'inspiration née ou l'interprétation musicale induitepar deux corps appliqués. Les incursions vocales(choeurs ou voix tirées de dialogues de film) et larichesse des sons les rapprocheraient musicalementde Cinematic Orchestra ou plus largement des pro-ductions Ninja Tune. Reste à découvrir la formulescénique qui doit nul douteamplifier une coalescence auservice de l'art.Cécile Arnoux

Le ciel est bas, les nuagesmenacent, le paysage n'estque désolation autour de moi, et je roule, je rouleau milieu des grands espaces américains, sansâme qui vive autour de moi, je roule sans savoiroù aller avec l'impression d'être actrice d'un filmde David Lynch, coincée entre deux mondes, nesachant pas où le prochain virage me mènera...Vous trouvez que j'en fais trop ? Et pourtant...Une batterie lourde, des envolées de guitares,des bruits d'insectes non répertoriés, tout estdans l'ambiance chez PILLOW PILOTS, duo nantais,formé par JF Lecoq (Margo) et JC Beaudoin(Gong Gong). Les spectres de Sonic Youth et deLabradford rôdent tout au long de cet EP 5 titressortis sur le label Twin Daisies, et malgré cetoscillement continu entre cauchemar éveillé etréalité subjuguée, je suis persuadée que biencalée sur mon oreiller, par aucune ortie je ne meferais piquer.

Chloé Nataf

NIOBÉ, c'est la générosité. Générosité de cesmots accueillants, bienveillants, entraînants quelui taille sur mesure Lionel Tua ; générosité decette voix chaude ; générosité des orchestrationsoù ses cuivres croisent leur métal avec les peauxdes percus, le bronze des guitares et desscratchs électriques. Avec ses acolytes et quelques invités, dont l'imposant René Lacaille,le chanteur, musicien, comédien, Niobé porteavec force un univers unique. Il y a quelque chosede François Béranger dans la fougue de ce chantre des petits matins qui feront peut-être desgrands soirs. Mais le propos est personnel aussi.Ainsi, cette remarquable “Petite fleur sauvage”dont la poésie intimiste trouve de belles traductions sonores, ou ce duo “Sur le quai”, rupturetendue sur le fil de quelques notes de la trompettede Niobé. Aimez-le, il vous le rend bien.

Georges Fischer

Si parmi les amis Myspacedes RHUM FOR PAULINE,

on retrouve Daniel Johnston, Curtis Mayfield,Coco Rosie ou encore les Beastie Boys, c'estdéjà admettre que ces quatre apaches sont plu-tôt curieux. Et pour résumer en un mot ce premieralbum, parlons de “désinvolture”. Rock désinvolteoù se mêlent le psychédélisme des années 70,des mélodies et sonorités garage, surf ou punk,bref peut-être les sous-familles du rock les plusénergiques. Mais ce “Miami” s'octroie aussi lesbienfaits de la soul et du funk, avec ne le nionspas une voix digne d'un Neil Hannon ou d'un JimMorrison parfois (cf. “Goog player in the wronggame”). Une simplicité dans le son, dans le jeu,Rhum for Pauline semble prendre du plaisir, et setarguer d'une étiquette qu'on va chercher à leurcoller. Mais sur le sens de la mélodie, ils mettent tout le monde d'accord !!!

Cécile Arnoux

Mix CityA story about...

being freeAP 2010

NiobéManifesteAP2010

Pillow PilotsWe used to dive

in the nettlesTwin Daisies Records 2010

Rhum ForPaulineMiami, Futur La Baleine / Believe Digital 2010

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SINSCALE n'est pas le nom d'un portail webpour no-life monomaniaque de Final Fantasy,mais bien celui d'un nouveau combo métal vendéen sur lequel il va falloir désormais compter !En guise de premier méfait, ils nous ont concoctéun très bon EP 5 titres où s'enchaînent fulguran-ces black & death, avec déluge de riffs et blastbeats à n'en plus savoir où secouer la tête. Maiss'arrêter là serait réducteur. N'étant pas un grandamateur de cette corpo du métal, c'est surtout larichesse des compos qui m'a séduit, faisantnotamment appel à des pulsions primaires pourun résultat des plus jouissifs, proche d'un sonvoisin de Trepalium, dont ils sont par ailleurs proches. Une voix bien plus hardcore que chew-baquesque, s'autorisant quelques heureusestocades mélodiques, sur fond de bons grosbreaks bien plus power que ranger (…) et de salves hardcore/métal àvous retourner un pit en moinsde deux.

Benoît Devillers

Je n'écoute plus d'ambient.Ce courant musical me fatigue, asphyxié par seshéros momifiés et sa jeune garde sans ambition.Alors quand un nouvel album déroge à la règle,parlons-en ! Les Français d'ULTRA MILKMAIDS sortent Medecine, une nouvelle production chezAnt-Zen et affirment une fois encore leur singularitéau sein de la famille indus/noise du label allemand.Rien n'est simple dans cet album : les guitaressont saturées et rappellent The Charalambides(Cotton Energy), les violons sont liturgiques et nedénoteraient pas chez Arvö Part (Elixir). Cetteambiguïté entre sacré et contemporain, disparaîtpeu à peu pour faire place à un mouvement musical cohérent, où souvent des éclairs dronesurgissent (“Injection N°1” et “N°2”). Le classicisme,assumé ici, est clairement le véhicule adéquatpour une musique qui déjoue intelligemment lesraccourcis, pour émouvoir et stimuler tout simplement.

Olivier Tura

SWING : style jazz illustré par Django Reinhart -SOFA : mot turque pour une estrade avec destapis. Un joli son acoustique constitue l'écrin folk,groove et parfois latino d'une chanteuse decaractère. Il faut attendre la dernière plage pourdécouvrir une chanson swing aux accentsmanouches toniques. Deux guitares, basse, quelques chœurs et percussions : la pâte sonorehomogène et parfois virtuose sait se couler sousla voix et les textes oniriques d'Aurélie Breton.Celle-ci porte ceux-là d'une voix tendue, puissanteet aventureuse jusqu'à des vocalises hardiessoutenues par un chœur de voix mâles dans lefinal de Natzalémo. Pourtant, toutes ces qualitéspeinent à trouver le souffle de liberté dont cetteproduction appliquée manque aux instants où onl'attendrait. Quand on entend le son beaucoupplus rock de certains titres sur le Myspace, il nous

manque. À suivre à la scène. Georges Fischer

Heu... comment dire, uneénorme surprise ! Les VONPARIAHS font parler d’eux

(en décembre aux Trans Musicales). L’heure est audisque et quel disque bluffant ! From Fontenay-le-Comte, capitale du rock dans les années 90, à labonne école donc, ces jeunes gars qui, à l'époquedu mythique Festival Rock n'avaient pas le droit desortir, ont dû malgré tout respirer un air denovembre à pleins poumons. Cet oxygène lesamène aujourd'hui à composer des titres sauva-gement rock'n roll, sans tomber dans le rock sirépété et pâlichon du moment. Non, les VonPariahs sortent de ce lot, ils construisent destitres alambiqués, varient les ambiances, puisentdans la fougue des Thugs ou de Joy Division,dans l'énergie du Blues Explosion, cassent lesrythmes, et surprennent. Avec un chanteur d'origine écossaise, on aurait pu croire à uncombo anglais tant leur répertoire est fourni etrudement accrocheur. Préparez-vous à êtreconquis, et ce, avec seulement quatre morceaux !

Cécile Arnoux

SinscaleNight speculations

AP 2010

Swing SofaPirato-bohèmeAP 2010

Ultra MilkmaidsMedecine

Ant-Zen Records 2010

Von PariahsEp#01AP 2010

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Le site Tohu Bohu, c’est un support de valorisation des artistes, des assos, festivals...de la région, et un outil d'informations, de ressources.

- un annuaire régional (le tout premier en région) qui propose déjà plus de 1 700 fiches structures issuesdes contacts des membres du réseau. Vous cherchez un label, des lieux pour jouer, un studio d'enregis-trement, un groupe à programmer... Tout est dans l'annuaire. N'hésitez pas à vous inscrire et à le mettreà jour ! Cet annuaire est mutualisé et doit être utile à tout le monde. Il est important que ses donnéessoient justes. Si vous êtes un artiste ou un groupe, vous pouvez aussi déposer des morceaux, desphotos, une bio, etc.

- des petites annonces. Vous pouvez consulter les offres, et déposer gratuitement une annonce si vousvendez un instrument, louez un camion, cherchez un trompettiste...

- un fonds documentaire. Réseau Docs vous proposera des références bibliographiques, avec les bouquinsconsultables dans les centres-infos du réseau.

- le magazine que vous tenez entre vos petites mains (souvent épuisé ou quasi) en téléchargement. En complément des articles papiers, nous allons mettre en écoute des interviews, proposer des versionslongues de certaines interviews, etc.

- un flux Twitter avec des infos en continu (tremplins, sorties de disques...)

Et puis, et puis, plein d'idées pour développer ce nouvel outil, un partenariat avec la Frap Music(Fédération des radios associatives en Pays de la Loire) pour proposer de nouveaux contenus. À terme, le site Tohu Bohu proposera un lien pour acheter les références régionales (autoproduits ousignés) : une véritable plate-forme de la musique en région !

A vous de vous approprier le site, toute remarque est la bienvenue !

http://tohubohu.trempo.comréseau ressources musiques actuelles des Pays de la Loire

L’OUTIL RÉGIONAL QUI MANQUAIT !

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Gérôme Guibert, sociologue

Playlists

THE SWINDLERS, First Issue, Dig It, 1997 (garage)“Un garage band de Fontenay-le-Compte qui, en gravant quelques vinyles, dont ce premier album,

portait la quintessence du festival alternatif de l'ancienne capitale vendéenne. Ils obtinrent mêmeun papier dans le mythique fanzine américain Maximum Rock'n'Roll. Bon, j'aurais aussi pu choisir

Réseaux d'Ombres de Laval ou les Thugs d'Angers mais c'est un top 3… Alors.”

Franz et David, chanteur et batteur du groupe NOVELS

HIPBONE SLIM & THE KNEE TREMBLERS, The Kneeanderthal Sounds Of, Voodoo Rhythm Rds, 2010 (rock'n'roll)

“4e opus des 3 briscards anglais. Du rock'n'roll à l'ancienne : son chaloupé, voix 50's, contrebasse et uneclasse naturelle, toujours sur le très recommandable label suisse du Rev. Beatman, ‘Voodoo Rhythm’.”

KING SALAMI & THE CUMBERLAND THREE, Fourteen Blazin' Bangers !!!,Soundflat Records / Dirty Water Records, 2010 (rock'n'roll)

“Parce que leurs compos bourrées d'énergie puisent dans les racines du rhythm'n'blues, durock'n'roll et parfois même du Calypso, cet album restera un bon moment sur ma playlist. Leur

show au Cosmic Trip 2010 n'aura fait qu'amplifier mon addiction. Shake it! Shake it! Shake it wild!”

SLIM WILD BOAR HIS FORESAKEN SHADOW, Water On A DirtyGround, Beast Rds, 2010 (country)

“Le duo renno-angevin signe ce 2e album de country/dark folk aux mélodies classieuses. Un chanteur à la voix imparable. Un des plus beaux albums de l'année !”

Johnny Buenda, Rigolboch Ricordz et Yannick, Kizmiaz Rds

THE PATRIOTIC SUNDAY, Lay Your Soul Bare, Effervescence 2005 (pop folk)“Pour moi, avec ce disque, l'indie folk nantaise tutoyait la perfection et Eric Pasquereau posait

les premiers jalons d'une production impressionnante. J'hésitais entre ce disque et, dans un style proche, ‘Jusqu'à ce que nous soyons repus’, le second disque de Healthy Boy (2008) qui a

également marqué durablement ma vie.”

MASTODON, Crack the Skye, Reprise Records, 2009 (métal psyché)“J'ai découvert cet album lors de notre tournée aux USA. On écoutait la radio dans la voiture et ontombe sur ce son vraiment bizarre au premier abord. Je n'ai toujours pas décroché de cette musiquehallucinogène : aérienne, puissante... Des zicos qui mettent la technique au service des morceaux, çafait plaisir !”

THE SHINS, Oh, Inverted World, Sub Pop, 2001 (pop indé)“Ecoute ça, ça va changer ta vie !” (cf. Natalie Portman dans le film “Garden State”)

LTSP, My Time, autoproduit, 2010 (power pop)“Premier single de ce jeune trio manceau pas comme les autres. Une batterie marimba électro, un clavier-chant et une guitare-chant. Un résultat mélodique, noise, prometteur !”

KATERINE, Allô la France ?... Moshi Moshi ?, BMG Japon, 1999 (chanson, pop, rock...)

“En 1999, la branche japonaise de BMG commandait à Philippe Katerine (qui était déjà une star là-basaprès ses compositions pour Kahimi Karie) une compilation des artistes français à découvrir. On retrouve

notamment sur le disque les Nantais Little Rabbits, Pierre Bondu, Françoiz Breut ou Yann Savel…”